DAGUEY - GAGEY, L'arc Des Argentiers À Rome
DAGUEY - GAGEY, L'arc Des Argentiers À Rome
DAGUEY - GAGEY, L'arc Des Argentiers À Rome
http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=RHIS&ID_NUMPUBLIE=RHIS_053&ID_ARTICLE=RHIS_053_0499
2005/3 - n° 633
ISSN 0035-3264 | ISBN 9782130550440 | pages 499 à 518
Anne DAGUET-GAGEY
* Cette étude a fait l’objet d’une communication présentée le 22 janvier 2005, dans le cadre
du programme de recherche no 4 (L’Empire romain en mutation) de l’UMR 8585. Il s’est enrichi des
discussions qui ont suivi.
1. Sur le règne de cet empereur, voir Anthony R. Birley, Septimius Severus, the African Emperor,
Londres, B. T. Batsford, 1988 (réimpr., Londres-New York, Routledge, 1999) ; Anne Daguet-
Gagey, Septime Sévère. Rome, l’Afrique et l’Orient, Paris, Payot, 2000.
2. Sur ces titres décernés à Septime Sévère et à Caracalla à partir de 201, voir Anne
Daguet-Gagey, Septime Sévère et ses fils, Restitutores Vrbis. La personnalisation des mérites impé-
riaux, Revue numismatique, 2004, p. 175-199.
3. Sur l’heureux contexte des années 202-204, voir Stéphane Benoist, Le retour du prince
dans la Cité (juin 193 - juillet 326), Cahiers du Centre Gustave-Glotz, 10, 1999, p. 154-158 et 168-169,
et Id., Rome, le prince et la Cité, Paris, PUF, 2005, particulièrement p. 73-75, 224-225, 284-288. Sur
les jeux séculaires, voir l’ouvrage de John Scheid, Quand faire, c’est croire, Paris, Aubier, 2005, p. 97-
110 et 306-314 ; voir aussi Giovanni Battista Pighi, De ludis saecularibus populi Romani Quiritium,
Amsterdam, P. Shippers, 19652, particulièrement p. 137-194.
4. Zosime, Histoire nouvelle, 2, 5, 1.
5. Sur le Forum Boarium, voir Filippo Coarelli, Il Foro Boario, Rome, Quasar, 1988.
6. Sur cet arc, voir Barbara Tasser, L’Arco degli Argentari, Forma Urbis, 9, 1999, p. 22-27 ;
Sylvia Diebner, Arcus Septimii Severi (Forum Boarium), dans Eva Margareta Steinby (ed.), Lexikon
Topographicum Urbis Romae (LTUR), I, Rome, Quasar, 1993, p. 105-106 ; Jacques Heurgon, L’Arc
des changeurs à Rome, Revue archéologique, 6e série, 28, 1947, p. 52-58 (à propos du titre suivant) ;
Massimo Pallottino, L’arco degli Argentari, Rome, Danes, 1946 ; D. E. L. Haynes - P. E. D. Hirst,
Porta Argentariorum, Papers of the British School at Rome, Suppl., Londres, Mac Millan & Co., 1939 ;
Jacques Madaule, Le monument de Septime Sévère au Forum Boarium, Mélanges de l’École française
de Rome (MEFR), 41, 1924, p. 111-150.
L’arc des argentiers, à Rome 501
7. Idée défendue par Filippo Coarelli (Il Foro Boario, p. 10) ; la rue qui prolongeait le uicus
Iugarius s’achevait au niveau de l’arc : « Ce dernier devait constituer, de ce côté, l’entrée monu-
mentale de la place. » Il reprend la même idée p. 11. Sylvia Diebner (LTUR, I, p. 105) suit
F. Coarelli.
8. Voir Barbara Tasser, loc. cit., p. 27 : « Interpréter l’arc des argentiers comme un arc de
triomphe se justifie difficilement car il manque plusieurs éléments fondamentaux, tels que la
voûte, la décoration architectonique sur toutes les faces et l’indispensable sénatus-consulte. Contre
l’hypothèse selon laquelle il s’agirait d’une porte libre, sans contexte architectonique, conçue
comme un passage monumental mettant en communication le Forum Boarium et le Vélabre, il faut
souligner l’absence de toute décoration sur l’arrière du monument ; par ailleurs, n’est confortée
par aucun rapport de fouille accessible la théorie suivant laquelle passait sous l’arc une petite
voie menant au Vicus Iugarius. Enfin, l’idée qui veut que l’arc des argentiers ait servi de base
monumentale à des statues n’est confirmée par aucune preuve matérielle telles que des traces
d’emplacement dans le toit. »
9. Sur les collèges en général, voir Francesco M. de Robertis, Storia delle corporazioni e del regime
associativo nel mondo romano, Bari, Adriatica Editrice, 1973 ; Frank M. Ausbüttel, Untersuchungen zu den
Vereinen im Westen des römischen Reiches, Kallmünz, Michael Lassleben, 1982. Sur les collèges des
argentarii et des boarii, voir Jean-Pierre Waltzing, Étude historique sur les corporations professionnelles chez
les Romains, depuis les origines jusqu’à la chute de l’Empire d’Occident, Rome, L’Erma di Bretschneider,
1968, t. II, p. 89 (boarii) et p. 114 (argentarii) ; t. IV, p. 8 b (argentarii) et p. 9 (boarii). Sur les argenta-
rii, voir surtout Jean Andreau, La vie financière dans le monde romain. Les métiers de manieurs d’argent
(IVe siècle av. J.-C. - IIIe siècle apr. J.-C.), Rome, EFR, 1987, p. 124 : « Les argentarii du Forum Boa-
rium étaient des manieurs d’argent ; il est exclu qu’ils aient été des orfèvres. Leur spécialité com-
portait très probablement, entre autres choses, le crédit d’enchères. Ils pratiquaient en outre l’essai
des monnaies et le change. »
10. Nous ne mentionnons ici que les collèges de Rome et d’Ostie, mais c’est à travers tout
l’Empire que des collegia choisirent d’honorer les empereurs. Voir Jean-Pierre Waltzing, s. u. Colle-
gium, dans Ettore de Ruggiero (ed.), Dizionario epigrafico, Rome, Pasqualucci, 1910, p. 356.
502 Anne Daguet-Gagey
195 (11 avril) Corpus fabrum naualium Ostiens(ium) CIL XIV, 168-169
(mention du sénatus-consulte)
Sous Septime Saccarii salarii totius urbis (et) camp(i) BullCom, 1888,
Sévère sal(inarum) Rom(anarum) p. 83
L’arc des argentiers, à Rome 503
11. Voir Anne Daguet-Gagey, Septime Sévère, un empereur persécuteur des chrétiens ?,
Revue des études augustiniennes, 47, 2001, p. 14-22 ; nous préparons une étude sur la législation sévé-
rienne consécutive aux guerres civiles ; le Digeste se fait, en effet, l’écho d’une série de décisions
(rescrits) impériales relatives au droit associatif, au crimen maiestatis, à la confiscation des biens...,
tous sujets sur lesquels Septime Sévère fut incité à légiférer une fois ses compétiteurs éliminés.
12. Sur cette lex, voir Suétone, Vies des douze Césars, Aug., 32 ; FIRA, III, no 38 (= CIL VI,
2193 = 4416 = ILS 4966) : Dis Manibus. / Collegio symphonia/corum qui sacris publi/cis praestu sunt, qui-
bus / senatus c(oire) c(onuocari) c(ogi) permisit e / lege Iulia ex auctoritate / Aug(usti) ludorum causa. La loi, si
elle est bien augustéenne et non julienne, pourrait avoir été promulguée en 7 apr. J.-C. Voir Jean-
Pierre Waltzing, loc. cit., p. 352-353 ; Francesco M. de Robertis, Storia delle corporazioni, p. 195-237.
13. On ignore, au demeurant, s’il s’agissait de la schola des banquiers, de celle des commer-
çants en viande bovine, ou bien encore si les deux collèges partageaient la même schola ou enfin si
l’arc/porte servait d’entrée commune. Sur les liens entre les deux collegia, voir Massimo Pallottino,
L’Arco degli Argentari, p. 34. Sur les raisons qui incitèrent les argentiers et les négociants en viande
bovine à ériger ce monument, voir infra, n. 19, p. 504.
14. Sur l’identification des différents reliefs que l’arc comportait, voir fig. 5.
504 Anne Daguet-Gagey
21. Dietmar Kienast, Römische Kaisertabelle. Grundzüge einer römischen Kaiserchronologie, Darmstadt,
Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1990, p. 150.
22. Ibid., p. 163.
23. Ibid., p. 166-167. Sur la date de la mort de Géta, voir Timothy D. Barnes, Pre-Decian
Acta Martyrum, Journal of Theological Studies, N. S. 19, 1968, p. 522-524. ; Id., Tertullian. A Historical
and Literary Study, Oxford, Clarendon Press, 1985, p. 264-265 ; Attilio Mastino, L’erasione del
nome di Geta dalle iscrizioni nel quadro della propaganda politica alla corte di Caracalla, Annali
della Facultà di Lettere di Cagliari, N. SL II, 39, 1978-1979 [1981], p. 52.
24. Attilio Mastino, loc. cit., p. 47-81, particulièrement p. 56 et 62-65.
25. Il paraît difficile de restituer intégralement les noms et titres de Géta, qui excéderaient
les limites autorisées de l’espace martelé ; on peut abréger soit nobilissimo en nob(ilissimo) ou
nobil(issimo), soit, plus volontiers, Caesari en Caes(ari).
26. H. Dessau, dans l’apparat critique de l’inscription ILS 426 (p. 103, n. 2), propose de res-
tituer seulement ET P. SEPTIMIO GETAE CAESARI, soit 23 lettres, alors qu’il semble possible, par
comparaison avec les autres lignes du texte, d’en insérer une trentaine dans l’espace martelé.
27. Voir Gerard M. Murphy, The Reign of the Emperor L. Septimius Severus from the Evidence of the
Inscriptions, Philadelphia, Univ. of Pennsylvania, 1945, p. 105.
L’arc des argentiers, à Rome 507
28. Michel Christol, L’épigraphie de Thugga et la carrière de Plautien, dans Dougga (Thugga).
Études épigraphiques. Textes réunis par M. Khanoussi et L. Maurin, Bordeaux, Ausonius, 1997,
p. 127-140.
29. H. Dessau, dans l’apparat critique de l’inscription ILS 426 (p. 103, n. 2), propose la
restitution suivante, qui ne suffit pas à combler l’espace martelé : FVLVIAE ⋅ PLAVTILLAE ⋅ AVG ⋅
IMP ⋅ CAES ⋅ M ⋅ AVRELI ⋅ ANTONINI ⋅ PII ⋅ FELICIS ⋅ AVG ⋅ VXORI ⋅ FILIAE ⋅ P ⋅ FVLVII ⋅ PLAVTIANI.
La précision uxor paraît inutile ; en revanche, il faut assurément restituer à Plautien un certain
nombre de ses titres.
30. Sur cet exil, voir Dion Cassius, Histoire romaine, 77, 6, 3 ; Hérodien, Histoire des empereurs
romains, 3, 13, 3 (cet auteur parle d’un exil en Sicile).
31. Voir infra, n. 58, p. 514.
32. Theodor Mommsen, Römisches Strafrecht, Berlin, 1899, p. 987 (= Le droit pénal romain, trad.
J. Duquesne, Paris, A. Fontemoing, 1907, t. 3, p. 337).
33. Voir Attilio Mastino, Annali della Facultà di Lettere di Cagliari, N. SL II, 39, 1978-1979
[1981], p. 66.
508 Anne Daguet-Gagey
34. Hérodien, 3, 10, 6 : PlautianqV dA Yn unoma a£tÑ. To¢ton t1 mAn pr²ta tRV TlikBaV e£telR
(tinAV a£tqn kaa pefugade¢sqai Elegon 4lpnta CpB st0sesi kaa pollobV 4martPmasin), unta dA polBthn
Dauto¢ (LBðuV g1r k3kainoV Yn), ´V m@n tineV Elegon, prqV g@nouV a£tÅ ¤p0rconta, ´V dB Gteroi m2llon
di@ballon, 3kmazoAsx tv TlikBk genpmenon paidik0, plQn 3llB t SeðRroV Ck mikr2V...
« Ce personnage, nommé Plautien, avait eu une jeunesse obscure (selon certains, il avait
connu l’exil pour avoir fomenté des complots et commis nombre de forfaits) ; compatriote de
Sévère, il était, comme lui, originaire de Libye. Aux dires de quelques historiens il était apparenté
à l’empereur ; mais selon d’autres, plus malveillants, il avait, dans l’épanouissement de son âge,
entretenu des rapports amoureux avec lui. »
35. Sur la préfecture des vigiles de Plautien : CIL XIV, 4380, Ostie (195 apr. J.-C.) ; voir
Robert Sablayrolles, Libertinus miles. Les cohortes de vigiles, Rome, EFR, 1996, p. 493-495, no 21. Le
1er janvier 197, Plautien est déjà préfet du prétoire : AE, 1935, 156, Rome. Ces deux inscriptions
portent des traces de martelage ; c’est bien la mention de Plautien qu’il convient de restituer.
36. La date de la mort de Plautien est fournie par le Chronicon Paschale (éd. Ludwig Dindorf,
coll. « Patrologia Graeca », 92, Paris, 1860, c. 645-646) : « PlautianoV t §patoV Csfvgh prq i3
Kaland²n FebrouaBwn / Plautianus consul ex a(nte) d(iem) XI Kalendas Februarii necatus est. »
Le Chronicon Paschale commet une erreur sur l’année en datant la mort de Plautien de 203 et non
de 205.
37. Necessarius : AE, 1903, 282, Viminacium (necessarius dominorum nnn) ; AE, 1906, 24, Bulla
Regia ([[c u praefectus praetorio et necessarius]] dominorum nostrorum imperatorum Auggg), et 25, Timgad
([[c u praefec praet et necessa(sic)]] dominorum nn[n]) ; AE, 1914, 177, Dougga ([[c u praefectus praetor ac
necessarius]] dominorum nnn,[[ socer et consocer]] Augg) et 178, Dougga ([[praef praet ac necessarius]] domino-
rum nnn Augg[[g, socer et consocer]] Augg) ; AE, 1922, 34, Ostie ([c u] socer et [consocer Augg necessarius]
domino[rum nnn imperatorum Augg]) ; AE, 1951, 228, Lepcis Magna ([[pr pr c u necessarius Auggg]]) ; AE,
1952, 83, Lepcis Magna (c. u. praef. praet. ac [ne]cessarius dominorum nostrorum ; AE, 1967,
537, Lepcis Magna ([[ [praef] praet co[nsocer e]t necessarius]] dominorum nostrorum imperatorum Auggg) ;
CIL VI, 227 (pr pr c u et necessarius [Augg]) ; CIL VI, 1074 ([c u] pontifex nobilissimus pr pr necessarius
Augg et comes per omnes expeditiones eorum) ; CIL XI, 1337, Luna (praef [praet]... ac n[ecessarius] dom[inorum
nn]) ; CIL XI, 8050 (= ILS 9003), Tuficum (cos II, adsumptus inter patr famil, necessarius dd nn
Augg) ; CIL XIII, 1681 sans doute ([praef praet c u cos II adfinis ?] dominor nn).
38. P. Columbia, 123, l. 45-49, éd. William Linn Westermann - Arthur Schiller, Apokrimata.
Decisions of Septimius Severus on Legal Matters, New York, Columbia University Press, 1954, p. 7
(... kaa ockeioV Sm²n).
L’arc des argentiers, à Rome 509
39. Adfinis : CIL III, 6075, Éphèse (adfinis domin[orum nostr]orum Augustor[um]) ; CIL V, 2821,
Patavium (adfinis impp).
40. Socer et consocer : AE, 1914, 177 ([[... praef praet ac necessarius]] dominorum nn[[n]] Augg[[g, socer
e[t] consocer]] Augg) et 178 ([[c u, praefectus praetor ac necessarius]] dominorum nnn, [[socer et consocer]] Augg),
Thugga ; AE, 1922, 34, Ostie (socer et consocer augg, necessarius dominorum nnn imperatorum Auggg).
41. Voir Michel Christol, L’épigraphie de Thugga et la carrière de Plautien, p. 137, n. 63.
Ginette Di Vita a présenté l’inscription de Lepcis dans le cadre de la journée organisée le 22 jan-
vier 2005 par les membres du programme no 4 de l’UMR 8585.
42. Fulvio Grosso, Ricerche su Plauziano e gli avvenimenti del suo tempo, Atti della Acc. Naz.
dei Lincei, ser. 8, vol. 23, 1968, p. 7-57, particulièrement p. 17-20.
43. AE, 1935, 156.
44. CIL VI, 224.
45. Fulvio Grosso, loc. cit., p. 35 et n. 150. Dans la foulée de son adlectio inter consulares, Plau-
tien obtint d’être coopté dans le collège des pontifes ; nombre de consulaires étaient, en effet,
membres de collèges sacerdotaux et Plautien pouvait difficilement ne pas l’être. Le titre est attesté
sur l’inscription romaine, CIL VI, 1074 (l. 5-6 : ... pontificis, nobilissimi pr(aefecti) pr(aetorio), necessa-
rii / Augg(ustorum) et comitis per omnes expeditiones eorum) ; voir Christophe Badel, La nobilitas dans
l’épigraphie latine impériale, MEFRA, 114, 2002, p. 969-1009, particulièrement p. 970-971 :
« ... sous Septime Sévère, le préfet du prétoire Plautien porte le titre de nobilissimus praefectus...
Beau-père de l’Auguste Caracalla, fils aîné de Septime Sévère, Plautien la doit à son lien de
parenté avec la famille impériale, à son statut de necessarius Augustorum, mentionnée aussitôt après.
Le titre de nobilissimus praefectus est donc à rapprocher de celui de nobilissimus Caesar, adopté par
510 Anne Daguet-Gagey
l’héritier du trône impérial à la même époque [Géta]. Il s’inscrit dans le contexte de la noblesse
impériale. » Ces remarques nous semblent convaincantes ; elles n’ont qu’une incidence limitée sur
les restitutions proposées pour la dédicace de l’arc des argentiers ; voir infra, p. 511-513.
46. CIL XI, 8050 (= AE, 1894, 144 = ILS 9003).
47. Il s’agit là d’une erreur, le prénom de Plautien étant Caius.
48. Voir supra, n. 44, p. 509.
49. Voir infra, p. 512, nos réserves quant au bien-fondé de cette restitution.
L’arc des argentiers, à Rome 511
Cette proposition est, avec la proposition c), celle qui a notre préfé-
rence. Elle combine le titre de pontife et les liens d’étroite amitié unis-
sant Plautien aux Sévères.
Proposition b) Imp(eratori) Caes(ari) L(ucio) Septimio Seuero Pio
Pertinaci Aug(usto), Arabic(o), Adiabenic(o), Part(hico) Max(imo)
Fortissimo Felicissimo, / Pontif(ico) Max(imo), trib(unicia) potest(ate)
(hedera) XII, Imp(eratori) XI, co(n)s(uli) (hedera) III, patri patriae
et / Imp(eratori) Caes(ari) M(arco) Aurelio Antonino Pio Felici
Aug(usto), trib(unicia) potest(ate) VII, co(n)s(uli) et P(ublio) Septimio
Getae, nobilissimo Caes(ari) et / Iuliae Aug(ustae) matri Augg(ustorum
duorum) et Fuluiae Plautillae Aug(ustae) Imp(eratoris) Caes(aris) M(arci)
Aureli Antonini Pii Felicis Aug(usti), / filiae C(ai) Fului Plautiani,
c(larissimi) u(iri), pr(aefecti) pr(aetorio), co(n)s(ulis) II, soceri et consoceri Augg,
amici et necessari dominorum nn(ostrorum duorum), / argentari et negotian-
tes boari huius loci qui inuehent, deuoti numini eorum.
Les restitutions de la l. 5 comportent quatre-vingts lettres, ce qui semble
être un maximum. La mention du pontificat de Plautien disparaît, ce
qui pose problème vu l’esprit du monument et les reliefs intérieurs de la
baie. On peut se demander si la formule socer et consocer est à retenir,
dans la mesure où les liens de parenté unissant Plautien aux Sévères
sont sous-entendus à la ligne précédente par la mention de Plautilla,
femme de Caracalla et, par conséquent, belle-fille de Septime Sévère.
Proposition c) Imp(eratori) Caes(ari) L(ucio) Septimio Seuero Pio
Pertinaci Aug(usto), Arabic(o), Adiabenic(o), Part(hico) Max(imo)
Fortissimo Felicissimo, / Pontif(ico) Max(imo), trib(unicia) potest(ate)
(hedera) XII, Imp(eratori) XI, co(n)s(uli) (hedera) III, patri patriae
et / Imp(eratori) Caes(ari) M(arco) Aurelio Antonino Pio Felici
Aug(usto), trib(unicia) potest(ate) VII, co(n)s(uli) et P(ublio) Septimio
Getae, nobilissimo Caes(ari) et / Iuliae Aug(ustae) matri Augg(ustorum
duorum) et Fuluiae Plautillae Aug(ustae) Imp(eratoris) Caes(aris) M(arci)
Aureli Antonini Pii Felicis Aug(usti), / filiae C(ai) Fului Plautiani,
c(larissimi) u(iri), pontif(icis), nobil(issimi) pr(aefecti) pr(aetorio), co(n)s(u-
lis) II, soceri et consoceri Augg, necessari ddd(ominorum) nnn(ostrorum
trium), / argentari et negotiantes boari huius loci qui inuehent,
deuoti numini eorum.
Cette formule comporte soixante-dix-neuf lettres ; elle fait disparaître le
titre d’amicus et reproduit la titulature la plus fréquemment attestée,
tout en maintenant le titre de pontife.
Proposition d) Imp(eratori) Caes(ari) L(ucio) Septimio Seuero Pio
Pertinaci Aug(usto), Arabic(o), Adiabenic(o), Part(hico) Max(imo)
Fortissimo Felicissimo, / Pontif(ico) Max(imo), trib(unicia) potest(ate)
(hedera) XII, Imp(eratori) XI, co(n)s(uli) (hedera) III, patri patriae
L’arc des argentiers, à Rome 513
51. Voir supra, p. 500. Voir infra, n. 58, p. 514, l’opinion contraire de M. Pallottino.
52. Sur les reliefs, voir en dernier lieu Barbara Tasser, Forma Urbis, 1999, fasc. 9, p. 24-26. On
observera que, sur le relief intérieur droit, Septime Sévère accomplit un sacrifice, capite uelato, selon le
rite romain par conséquent. Or les sacrifices accomplis dans le cadre des jeux séculaires étaient célé-
brés selon le rite grec (John Scheid, Quand faire, c’est croire, p. 19). Cette scène ne pourrait donc pas se
rapporter directement aux ludi saeculares ; M. Pallottino a cependant observé que, sur les monnaies
émises à l’occasion des jeux séculaires, l’empereur est représenté capite uelato. L’argument n’est donc
pas probant. Sur le panneau de gauche, Caracalla sacrifie tête nue, comme le prescrivait le rite grec ;
514 Anne Daguet-Gagey
Julia Domna et d’un personnage qui a disparu, après avoir été déli-
bérément effacé ; il pourrait s’agir de Géta53 ; sur le côté gauche, un
relief similaire met en scène Caracalla, accompagné de deux person-
nages, eux aussi effacés, dont on pense qu’ils pourraient être Plau-
tilla et Plautien54. C’est bien l’ensemble de la famille impériale qui
aurait été ainsi représentée dans l’exaltation de sa pietas et, secondai-
rement, de sa concordia55. Reliefs et inscription semblent donc parler
à l’unisson. Ces remarques n’impliquent pourtant pas qu’il faille
voir dans l’arc des argentiers la version figurée du protocole, en
partie conservé, des jeux de 20456. J. Gagé a jadis émis l’hypothèse
selon laquelle l’arc des argentiers pourrait avoir été inauguré à
l’occasion des ludi saeculares de 204 apr. J.-C57. Si les reliefs des parois
internes de la baie n’imposent pas cette conclusion, il reste que les
grandes festivités qui débutèrent dans la nuit du 31 mai 204 ont pu
constituer une occasion rêvée d’exalter la pietas et la concordia des
princes, auxquelles venait s’ajouter la uirtus liée à leurs récents succès
militaires58.
mais, comme le rappelle encore J. Scheid (op. cit., p. 92), « la règle du sacrifice tête découverte ne
constitue pas une preuve suffisante pour postuler une origine grecque, car elle existait dans d’autres
vieux cultes romains », tels que Mars, Honos et Saturne. On ne peut donc affirmer que les reliefs de
l’arc des argentiers offrent une version figurée de certaines des célébrations accomplies dans le cadre
des jeux séculaires. Il est certainement préférable de considérer que ces reliefs exaltent plus large-
ment la pietas de chacun des membres de la domus Seueriana, la représentation des deux scènes de sacri-
fice, l’une – celle de droite – ritu Romano, l’autre vraisemblablement ritu Graeco, étant une évocation
des différents rites susceptibles d’être adoptés. Le contexte des jeux séculaires, célébrés en 204, se prê-
tait merveilleusement à une telle exaltation. Outre la pietas, d’autres reliefs de l’arc des argentiers (voir
infra, fig. 4) célébraient plus particulièrement la uirtus des princes, rentrés d’Orient couverts de lau-
riers et d’acclamations impériales. Pietas et uirtus sont avec la iustitia et la clementia deux des quatre
grandes vertus impériales ; ce sont celles qui figuraient sur le clipeus uirtutis offert en 27 av. J.-C. à
Auguste ; les argentiers et les negotiantes du Forum Boarium auront retenu celles qui convenaient le
mieux aux premiers Sévères ; ce sont celles que les grandes célébrations des années 202-204 avaient
choisi d’exalter. Cf. Robert Turcan, L’art romain dans l’histoire. Six siècles d’expression de la romanité, Paris,
Flammarion, 1995, p. 267 : « Les souverains sacrifiants sont en somme magnifiés en donnant
l’exemple d’une dévotion qui les déifie au regard des changeurs et marchands de bœufs, “dévoués”
eux-mêmes à leur numen. Sur ce monument se conjuguent donc deux fonctions de l’art impérial : glo-
rification de la victoire romaine grâce à l’appui des dieux, exaltation des charismes de l’empereur et
de sa maison, sorte de mystique augustale en image et par l’image. »
53. Massimo Pallotino, L’Arco degli Argentari, p. 80.
54. Ibid., p. 81.
55. Sur l’exaltation de la concordia impériale, voir Attilio Mastino, Annali della Facultà di Lettere
di Cagliari, N. SL II, 39, 1978-1979 [1981], p. 57-59.
56. Voir Giovanni Battista Pighi, De ludis saecularibus, p. 140-175 ; John Scheid, Quand faire,
c’est croire, p. 306-314.
57. Hypothèse formulée dans MEFR, 51, 1934, p. 60-61 et qui a été reprise ensuite par Mas-
simo Pallotino (L’Arco degli Argentari, p. 34 et p. 100 et s.). Cette idée a été, en revanche, contestée
par Gilbert-Charles Picard, Origine et sens des reliefs sacrificiels de l’arc des argentiers, Hommages
à Albert Grenier, éd. M. Renard, Bruxelles, Latomus, 1962, p. 1254-1260, particulièrement p. 1260.
58. Massimo Pallotino, L’Arco degli Argentari, p. 101-103. Pour cet auteur (p. 101), l’arc aurait
été érigé après la célébration des jeux séculaires ; il faudrait alors en conclure que la disgrâce de
Plautien a été rapide. En réalité, rien ne permet de justifier une telle opinion ; il est probable que
l’édification du monument avait commencé avant l’ouverture des cérémonies de 204.
L’arc des argentiers, à Rome 515
RÉSUMÉ
L’arc dit des argentiers, élevé à Rome sur le Forum Boarium, fut offert en 204
à l’empereur Septime Sévère et aux membres de sa famille. L’inscription de
l’architrave (CIL VI, 1035 = 31232 = ILS 426) porte la trace des martelages des noms
de Géta, fils cadet de l’empereur, de Plautien, préfet du prétoire entre 197 et 205, et
de Plautilla, sa fille, par ailleurs épouse de Caracalla. L’auteur revient sur certaines
des restitutions jadis proposées par les éditeurs du CIL, suggère de renoncer au titre
de comes prêté à Plautien et de lui préférer un titre témoignant de l’étroitesse des
liens unissant le préfet du prétoire à la famille impériale. La dédicace prouve que, au
moment de sa gravure, Plautien et sa fille avaient encore les faveurs des empereurs.
Cette remarque incite à dater l’inauguration du monument du premier semestre de
l’année 204.
Mots clés : Rome, Septime Sévère, arc des argentiers, titulatures martelées,
Plautien.
ABSTRACT
The Arcus argentariorum, built in Rome on the Forum Boarium, was offered in
204 AD to the emperor Septimius Severus and the members of his family. The names
of Geta, the youngest son of the emperor, of Plautianus, the pretorian prefect be-
tween 197 and 205, as well as Plautilla, his daughter and spouse of Caracalla, are
hammered on the inscription of the architrave. The author is revisiting a few restitu-
59. Dion Cassius, 78, 1, 1. Voir Attilio Mastino, Annali della Facultà di Lettere di Cagliari,
N. SL II, 39, 1978-1979 [1981], p. 66 ; l’auteur pense que Plautilla fut mise à mort juste après la
mort de Septime Sévère plutôt qu’en 212.
516 Anne Daguet-Gagey
tions proposed a long time ago by the editors of CIL. She suggests to renounce to the
title of comes granted to Plautianus in favour of a title illustrating the tight links be-
tween the pretorian prefect and the imperial family. The dedication proves that,
when engraved, Plautianus and his daughter were still supported by the emperors.
This remark conduces to date the inauguration of the monument around the first
semester of the year 204.