Conception Des Ponts 6

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2022/2023 Conception des ponts

Présenté par : BAKHAT Yahya


Ingénieur à la Division des Travaux et de la Maintenance des Ouvrages d’Art
- Direction Générale des Routes - Rabat
Principaux modes d’exécution des ponts
• Construction sur étaiements
• Construction par préfabrication
• Construction par encorbellements successifs
• Construction par poussage
• Autres modes de construction
Le mode de construction d’un pont est décisif autant lors de son exécution que lors
de sa conception, ce mode de construction intervient notamment dans :

- Le choix de la conception générale de l’ouvrage (biais, courbure, gabarit…)


- Le schéma statique de l’ouvrage (hyperstaticité, renforcements nécessaires…)
- Le système de fondations et les soutènements possibles
- Le phasage de construction à prévoir (étapes…)
- Les déviations de réseaux nécessaires (route, oued…)
- Le coût du pont…
Les principaux modes de constructions des ponts peuvent être résumés en :
• La construction sur étaiements (échafaudages porteurs ou cintres)
• La préfabrication et mise en place par grutage
• La construction par encorbellements successifs
• La construction par poussage

D’autres modes de construction moins courants peuvent être entrepris,


notamment :
• Le ripage longitudinal ou transversal
• La mise en place par rotation
• La construction par haubanage provisoire
• …
1. La construction sur étaiements
C’est la méthode à priori la plus simple :
Les étaiements supportent, en construction,
les charges de coffrages, de service et le
poids propre de la structure avant que le
béton n’ayant pas encore atteint une
résistance suffisante pour pouvoir
supporter seul ces charges.

Ils doivent répondre à des critères de


résistance mais aussi de déformabilité
pour permettre, après leur démontage, de
respecter les tolérances géométriques de
construction.
La construction sur étaiements permet de réaliser des ouvrages de dimensions
modestes et de formes simples, comme les ponts cadres, les portiques ou les
ponts dalles.

Elle s'impose en général pour les brèches de faible longueur et de faible


hauteur, lorsqu'il n’y a pas de contrainte d'occupation majeure de l'espace
entre l'ouvrage et le sol.
On distingue les échafaudages et les cintres qui diffèrent
par le mode de transmission des charges aux sol :

• Un échafaudage est constitué de pièces élémentaires qui


reportent directement les charges sur le sol par
l'intermédiaire d'éléments de répartition (bastaings ou
longrines). Ils sont réalisés par des tours métalliques ou
de bois qui supportent directement les coffrages.

• Les cintres sont des structures porteuses dont le rôle est


de transmettre les charges à des appuis ponctuels qui
peuvent être provisoires ou définitifs, ils remplacent les
échafaudages en cas de sols de caractéristiques médiocres
ou lorsqu’on est contraint à libérer le gabarit de
circulation sous l’ouvrage à construire
Il est possible, par souci
d’économie d’envisager la
réutilisation des cintres en
prévoyant un phasage de
bétonnage, soit un phasage
transversal ou longitudinal.

Ce phasage est particulièrement adapté au longs ouvrages en béton


précontraint, par le biais de mise en tension successifs des câbles
Avantages :
• Non nécessité de justification complémentaire de
la structure
• Non nécessité d’une aire de préfabrication,
bonne adaptation au site accidenté
Inconvénients :
• Risques liés aux étaiements (sensibilités aux
déplacements et tassements du sol…)
• Encombrement du gabarit, mauvaise adaptation
au sites urbains ou à une construction sous
circulation
En bref :
• S’adapte aux ouvrages tel que les PICF, PIPO,
POD, PSIDA et PSIDP
La construction sur étaiements
La construction sur étaiements
2. La préfabrication des éléments de tablier
La mise en place par préfabrication des éléments
du tablier est une technique très couramment
utilisée et présente des intérêts majeurs :

• La standardisation des éléments préfabriqués


en conférant au chantier un caractère
industriel
• L’optimisation du mode de fabrication et
d'assemblage en limitant les opérations sur
chantier à de simples opérations de ferraillage
et de bétonnage
• La fabrication en usine, à l’abri des
intempéries, garantissant une maîtrise
meilleure des délais et de la qualité
Compte tenu de la limitation imposée par les engins de manutention, on est
amené à découper l'ouvrage en morceaux, puis à les assembler en place.

Le découpage en éléments peut être :


- En éléments longitudinaux : des poutres dont la longueur est celle des travées.
Plusieurs poutres seront assemblées transversalement pour constituer le tablier.
(PSIBA, VIPP, PRAD…)
- En éléments transversaux : (voussoirs) principalement utilisée dans la
construction par encorbellements successifs. Les éléments à assembler ont cette
fois la largeur du tablier et sont assemblés longitudinalement.

Dans les deux cas, la rentabilité liée à la préfabrication ne se conçoit que pour des
ouvrages importants, pour lesquels les investissements (cellules de préfabrication
et engins de levage) pourront être amortis sur le chantier.
La construction par préfabrication des
poutres englobe les deux types de
poutres :
- Poutres armé : PSIBA
- Poutres précontraintes : soit par fils
adhérents en pré-tension (PRAD)
ou bien par câbles en post-tension
(VIPP)

Pour les poutres en béton armé, elles


sont préfabriquées sur chantier puis
posées simplement par grue, leurs
dimensions ne nécessitent pas le
recours à des modes d’exécution plus
sophistiqués
La préfabrication des éléments de tablier
i. La préfabrication des poutres :
Pour les poutres précontraintes par câbles en post-tension, on réalise une travée
suivant les étapes suivantes :

• Préfabrication des poutres sur une aire de préfabrication,


• Mise en tension de quelques câbles de précontrainte, le plus tôt possible, pour
permettre de libérer les coffrages,
• Mise en attente des poutres sur une aire de stockage,
• Mise en œuvre d'un complément de précontrainte sur le stock,
• Mise en place des poutres sur appuis définitifs par des moyens de levage adaptés,
• Réalisation en place d'entretoises reliant les poutres (mise en précontrainte
éventuelle des entretoises),
• Coffrage, ferraillage et bétonnage en place du hourdis,
• Mise en tension d'une deuxième famille de câble de précontrainte lorsque le
hourdis a acquis une résistance suffisante (et dans certains cas d'une précontrainte
transversale).
Les poutres des VIPP sont très lourdes,
dépassant parfois une centaine de tonnes,
nécessitent pour leur mise en place soit :
- Un grutage, par une grue dont la flèche et
les dimensions sont adaptées à ces poutres
lourdes
- Un lançage par le biais d’un lanceur,
constitués généralement de deux poutres
métalliques en treillis dont la longueur est
le double de la portée, qui portent la
poutre et se déplace le long des travées déjà
posées afin d’accoster les travées restantes
Pour les poutres précontraintes par fils adhérents en
pré-tension, la préfabrication en usine est préconisée,
permettant la maîtrise des différentes phases de
fabrication.

L’acheminement vers le chantier ainsi que la mise sur


appuis définitifs par grutage sont facilitée par les
dimensions faibles (ne dépassant pas 30m) et le poids
modéré de ce type de poutre.
ii. Le grutage des éléments préfabriqués:
Avantages :
• Adapté aux sites qui nécessitent une
libération de gabarit
• Ne nécessitant pas d’équipage mobile
sophistiqué
Inconvénients :
• Limité par les dimensions des pièces et leur
poids
• Risques de déversement, défauts de pose…

En bref :
S’adapte aux PSIBA, VIPP, PRAD et PPE
(poutrelles métalliques enrobées en béton)
iii. La construction par encorbellements successifs:

La construction par encorbellements successifs consiste à réaliser un tablier par


éléments successifs longitudinaux, appelés voussoirs, en s'appuyant sur la partie
du tablier déjà construite :
- La construction débute par la réalisation des appuis

- A partir d'une pile, on réalise un premier voussoir (Voussoir Sur Pile), qui
s'appuie sur la tête de pile. A partir de cette amorce, on construit le tablier en
porte à faux, de part et d'autre de ce VSP.
- A chaque étape, dès que le béton a acquis une résistance suffisante, la nouvelle
paire de voussoirs est solidarisée au tablier par précontrainte. Cette opération
est répétée jusqu'à ce qu'un fléau soit terminé. Un fléau a donc sensiblement la
longueur d'une travée.

- On peut alors passer à la réalisation d'un autre fléau, à partir d'une pile voisine,
après avoir démonté les coffrages outils permettant de réaliser les voussoirs.
Pendant cette opération, la travée de rive peut être prolongée jusqu’à la culée,
cette partie de tablier étant généralement coulée sur cintre. Des câbles de
continuité, intérieurs au béton, permettent de solidariser cette partie de tablier
au fléau adjacent.
- Lorsque deux fléaux contigus sont achevés, on réalise une continuité en
bétonnant un joint ou voussoir de clavage, puis on met en tension quelques
câbles réalisant une précontrainte dite de continuité.

- Cette précontrainte est ensuite complétée par la mise en tension de grands


câbles extérieurs, filants sur deux ou trois travées, pour reprendre les charges
d'exploitation.
Les ponts construits par encorbellements
successifs sont décomposés en voussoirs
préfabriqués de hauteur variable
(paraboliquement avec la longueur en général),
qui sont en général bétonnés sur un banc ou une
cellule de préfabrication implantés sur une
plateforme dédiée à cette opération proche de
l’ouvrage à construire.

L’acheminement des voussoirs et leur pose


définitive peut se faire par plusieurs moyens selon
les possibilités qu’offre le site :
- Par grutage, lorsque le site le permet
- Par ponton flottant, si en site aquatique
- Par poutre de pose, adapté à l’ensemble des cas
Les ponts construits par cette technique
sont en général des caissons uni ou
multi-cellulaires, précontraints par des
câbles intérieurs et extérieurs au béton.
Le câblage comprend un câblage
intérieur pour la construction et un
câblage complémentaire extérieur pour
la phase d ’exploitation

En bref :
C’est une technique adaptée aux grands
ponts-caissons en béton précontraint,
mais peut être utilisée également pour
les ponts à béquilles et les ponts arcs de
grande portée
iv. La construction par poussage:

Le principe de la construction par


poussage résulte de l'idée de réaliser
le tablier à proximité de la brèche,
puis de le déplacer à son
emplacement définitif par poussage.
La brèche franchie est ainsi
totalement dégagée pendant la
construction, ce qui peut se révéler
particulièrement intéressant
(gabarits de circulation)
Cette technique s’adapte également
à l’exécution d’ouvrage courbe
Cette technique de construction consiste à
fabriquer le tablier par tronçons, à une aire de
préfabrication située à l'arrière des culées, puis
de le pousser ou de le tirer vers sa position
définitive, par étapes successives en le faisant
glisser sur les culées et piles définitives.
Le poussage peut être d’un seul côté ou des deux
côtés.

L’accostage est assuré en général par le biais d’un


avant-bec, et la hauteur du tablier est en général
constante, ce qui limite l’emploi de la technique
pour des portées de 70m (en béton précontraint)
Une des difficultés majeure de ce procédé de construction est liée à son phasage relativement
compliqué puisque le schéma statique de la partie de l’ouvrage construite et mise en place change
en permanence, ce qui peut justifier la mise en place de palées ou d’haubanage provisoires
L’opération du poussage est assurée par le biais
d’un vérin pousseur.
La précontrainte de ce type d'ouvrage se
compose de deux familles :
- La précontrainte de poussage, dont une
fraction est provisoire, et donc détendue
lorsque l'ouvrage a atteint sa position
définitive, peut être intérieure ou extérieure au
béton.
- La précontrainte de continuité mise en œuvre
lorsque le tablier est en position définitive doit
permettre à la structure de supporter les
superstructures et les charges d'exploitation.
v. Autres modes d’exécution

Ce sont des modes moins courants et rarement utilisés, sauf pour des ouvrages à
contraintes exceptionnelles, il s’agit notamment de :
• le « ripage » transversal
• le « levage » vertical
• la « rotation » autour d’un axe vertical
• le « basculement » autour d’un axe horizontal
Bibliographie
• Cours de ponts – M. RGUIG (EHTP)
• Cours de ponts – MM. PAILLUSSEAU, LACOSTE et MICHOTEY (ESTP)
• Cours d’ouvrages d’art – M. BEN OUEZDOU (ENIT)
• Cours de conception et construction des ponts – J.A. CALGARO (ENPC)
• Guide du projeteur des ouvrages d’art courants (SETRA)
• Guides Sétra : VIPP, PRAD, Ponts-dalles…
• Ponts à poutres préfabriquées précontraintes par adhérence (PRAD) –
CimBéton
• Bridge Design : Concepts and Analysis – MM. A. REIS & J. OLIVEIRA
PEDRO

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