N Jean-Pierre-Bacon 333
N Jean-Pierre-Bacon 333
N Jean-Pierre-Bacon 333
Deuxième édition
Une philosophie scientifique et globale
pour aujourd'hui et pour l'avenir,
Deuxième édition, Essai, Jean-Pierre Bacon,
Fondation littéraire Fleur de Lys,
Lévis, Québec, 2020, 138 pages.
ISBN 978-2-89612-598-2
9
SOMMAIRE
LE COMPORTEMENT VERBAL....................................................................... 59
(1) Trois groupes de comportements verbaux et une définition
du comportement verbal ................................................................ 60
(2) Cinq importantes considérations au sujet
des comportements verbaux .......................................................... 63
A) L’unité du comportement verbal............................................. 63
B) L’émission du comportement verbal....................................... 64
C) Le comportement verbal émis................................................. 65
D) Le « signe » .............................................................................. 66
E) Les comportements contrôlés par une « règle »
et le renforcement................................................................... 68
(3) Le « langage », la « signification », la « vérité », etc. ...................... 70
(4) Quelques amusants problèmes relatifs au langage ........................ 73
Conclusion .............................................................................................. 84
LA DÉPRESSION ............................................................................................ 87
(1) La nature de la dépression et ses « causes » .................................. 88
(2) Le traitement de la dépression au niveau individuel ...................... 89
(3) Le traitement de la dépression au niveau collectif ......................... 92
(4) « L’épidémie contemporaine de la dépression » ............................ 93
A ) Un exemple de formulations béhavioristes radicales ............. 93
B ) Un exemple de formulations énumératives : le dossier au
sujet de « L’épidémie contemporaine de la dépression »....... 94
C ) Une traduction explicative de la description
des événements ...................................................................... 95
Conclusion .............................................................................................. 96
GRANDE CONCLUSION................................................................................. 99
AU SUJET DE L'AUTEUR.............................................................................. 107
COMMUNIQUER AVEC L'AUTEUR .............................................................. 109
BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................... 111
INDEX DES MATIÈRES................................................................................. 113
10
INTRODUCTION
Qu’ils soient laïcs ou religieux, les grands mythes de l’Histoire sont en
rapport avec des problèmes qui préoccupent les philosophes encore de nos
jours. Cela va de la possession accidentelle d’un « état d’esprit », par un
individu, jusqu’à des choses très générales comme l’origine de l’Univers,
« l’essence des divers objets et phénomènes physiques et de l’esprit », le
problème philosophique de la « liberté » (opposée à une fatalité ou au
déterminisme de la physique), les lois de la nature et les principes de vie, les
« valeurs », la « signification » et la nature de l’Histoire. Les rares mythes qui
sont examinés encore aujourd’hui, dans le cadre de la philosophie, sont ceux
qui nous séduisent toujours ou qui, par des interprétations par exemple,
peuvent aider à faire avancer notre connaissance ou à la mettre en évidence.
*
Il est vraisemblable que les plus anciens des hommes aient inventé à
la fois la parole, les cultes religieux, les danses « sacrées » … et la philosophie.
Considérons une traduction française d’un extrait de L’inscription de
Chabaka, un texte, très ancien, qui évoque la cosmogonie memphite. Son
origine est incertaine et pourrait bien appartenir à la préhistorique africaine.
Les yeux voient, les oreilles entendent, le nez respire. Ils informent le
cœur. C’est lui qui donne toute connaissance, c’est la langue qui répète
ce que le cœur a pensé. Ainsi tous les Dieux furent-ils mis au monde, et
l’Ennéade fut complétée. Et toute parole du dieu s’est manifestée selon
ce que le cœur concevait et ce que la langue ordonnait. Or donc on
dénomme Ptah « l’auteur de tout, qui a fait exister les dieux ». [Car] c’est
lui la Terre-qui-se-soulève, [c’est lui] qui a mis les dieux au monde, dont
toute chose est issue […], toute chose bonne. Ainsi, l’on trouve et l’on
reconnaît que sa puissance est plus immense que celle des autres dieux.
À son sujet et à celui de plusieurs autres propos de la même famille
des penseurs ont parlé en termes de « sagesse populaire », opposés à
« sagesse philosophique », ou en ceux de « métaphysique mythologique
irrationnelle », comparés, eux, à « véritable métaphysique philosophique ».
11
INTRODUCTION
Mais ce qui importe, ici, est de savoir si, à l’origine, la parole examinée
était clairement une fiction, ou si elle comprenait une véritable proposition
explicative de choses en cause (ce qui semble clairement avoir été le cas de
la citation en question ci-dessus). Ensuite, il est pertinent de demander si ce
récit était à prétention descriptive, ou s’il était symbolique. En ce dernier cas,
enfin, on peut questionner le sens, la cohérence, le réalisme, la rationalité et
la vérité de son interprétation : par exemple ici, « l’invalidation de l’existence
du Chaos, de l’Irrationnel ou du Mal avant celle de l’Être, du Rationnel ou du
Bien » ou « la préexistence de l’être solaire Rê, en tant que symbolique de
l’Existant, sur une opacité originaire, qui n’était pas Apopi, mais Rê en
personne, sous la forme archaïque d’Atum ou de Noum (Océan primordial
obscur, car inconscient de lui, et enveloppant le monde, mais dont la
conscience s’éveillera sous la forme Rê, la lumière de la Raison et du Bien »).1
On dit aussi que la pensée de la plus lointaine Antiquité, délaissée par
les philosophes occidentaux, comprend de nombreux discours où les objets
les plus abstraits sont rendus en des termes qui sont concrets et particuliers.
À leur sujet des penseurs sentent même l’obligation de dire des choses
comme la suivante : bien que certaines particularités culturelles notables de
cette pensée primitive (symbolisme, initiation, style aphoristique, grande
présence de mythes auprès des concepts, etc.) ne permettent pas de lui
donner tout son plein épanouissement, elle obéit à l’obligation de la
conviction et de l’argumentation, non pas à un simple sentiment irrationnel.
La philosophie appartient à une étape préalable à l’établissement de
la véritable connaissance, et des propositions en font partie même quand
elles ne sont pas à un haut niveau de conscience réfléchie. Il en va ainsi de
celles à notre actuel examen. De plus, en toute apparence et vraisemblance,
ces discours, comme d’ailleurs ceux de l’Orient, ont influencés les penseurs
occidentaux et permettent, dans plusieurs cas, d’ajouter du poids au doute
raisonnable quant à l’idée que certains d’entre eux seraient d’origine divine.2
Au sujet des antiques mythes grecs et romains, disons que peu
intéressent vraiment les philosophes modernes. Rares sont comme le dit
« mythe de la caverne » ou comme celui, au sens propre, de dieux moqueurs
figurant les accidents. (Les objets philosophiques y sont bien les corps en tant
12
INTRODUCTION
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INTRODUCTION
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INTRODUCTION
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INTRODUCTION
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INTRODUCTION
1
Voyez, par exemple, le texte de M. Nsame Mbongo : Naissance de la philosophie et renaissance africaine.
2
Le Dieu des philosophes occidentaux est presque toujours celui de la Bible. Voir Les erreurs, les plagiats et
les fausses prédictions de la Bible (http://www.bible.chez-alice.fr/erreurs.htm) et Inédit, contradictions et
erreurs apparentes de la bible — réponses des experts (https://www.rencontrerdieu.com/project/inedit-
contradictions-et-erreurs-apparentes-de-la-bible-reponses-des-experts01/), en exemples d’écrits opposés.
Certains font même un lien entre « Amen » et « Amon, entre le Dieu « Lumière du monde » et le dieu Soleil.
3
Il n’y a peut-être pas trop de mal à dire que le panthéisme, le rationalisme, l’empirisme et le scepticisme
ont été établis en réaction fondamentale à l’idéalisme et au matérialisme, auxquels sont liées les doctrines
et écoles mentionnées dans la classification : https://www.espacefrancais.com/histoire-de-la-philosophie/.
Pour une nomenclature plutôt détaillée et quelques commentaires au sujet de ces doctrines et écoles, voir
https://www.universalis.fr/classification/philosophie/doctrines-et-ecoles-philosophiques/. Pour un grand
exposé, voir Histoire de la philosophie I, en deux tomes, Histoire de la philosophie II, en deux tomes, et
Histoire de la philosophie III, en deux tomes, coll. Folio/essais, éd. Gallimard, direction Y. Belaval et B. Parain.
De grandes questions comme les classiques « D’où venons-nous? », « Qui sommes-nous? » et « Que
devons-nous faire? » peuvent aider à évaluer ces constructions philosophiques, particulièrement quant à
leurs caractères rationnel et totalement compréhensible, qui sont escomptés. Les philosophies
mentionnées ci-haut font appel à au moins une chose mal définie ou dont le concept ne peut être construit,
parfois en droit même. Il en est ainsi des Idées platoniciennes, du Dieu infini des penseurs occidentaux, de
l’atome (éternel et insécable) des Grecs de l’Antiquité et de celui des philosophes de la mécanique
quantique, des sensations et des données appelées « phénomènes » … En terminant, notons qu’une
philosophie n’a pas à être un système hypothético-déductif, et qu’il n’est pas pertinent de dire que les
constructions en question ici sont en des mots qui ne sont pas tous définis ou qui le seraient d’une façon
circulaire, ce qui, soit dit en passant, n’a rien à voir avec ce qu’on appelle classiquement « le cercle vicieux ».
4
BACON, Jean-Pierre. Tous les grands problèmes philosophiques sous l’éclairage de la science des
contingences de renforcement, la Fondation Littéraire Fleur de Lys, Québec, Canada, 2017, 3 tomes, 1484 p.
5
Les mots « réflexe » et « instinct » renvoient aux contingences de la survie. En toute apparence et en toute
vraisemblance, l’histoire évolutive a fait en sorte que des réponses sont « provoquées » par des stimuli
présents dans le milieu environnant et que d’autres y sont « évoquées », produites d’une façon souple et
adaptée aux accidents, pour ainsi dire. Le mot « instinctif » est descriptif d’événements, non pas explicatif :
contrairement à ce qu’il en est avec « réflexif », on ne peut présentement que faire des hypothèses sur le
type du système que le comportement implique. Ce système n’en est pas « la cause » et peut être expliqué.
Vraisemblablement, le comportement instinctif émis est fonction du milieu et d’une sensibilité « innée »
de celui qui le produit. Cet état ressenti est à expliquer par l’histoire d’exposition à l’environnement de cet
organisme en tant que membre d’une espèce. D’ailleurs, dire qu’un homme a un « instinct » de juger sans
réfléchir, par exemple, est « métaphorique » de ce qui est profondément enraciné et inconnu (voir B. F.
SKINNER, pour une science du comportement : le behaviorisme, éd. Delachaux & Niestlé, 1979, pp. 41 à 45).
Ajoutons qu’au niveau phylogénétique, l’adaptation est le résultat de la sélection des réponses adaptées
(adéquates, couronnées de succès), comme c’est le cas au niveau ontogénétique. Cette sélection renvoie à
l’analyse fonctionnelle : celle-ci est l’affaire de relations univoques, entre, ici, les variables « historiques »
dépendantes que sont ces réponses et les variables « historiques » inconditionnelles qui représentent les
facteurs environnementaux qui précèdent ces réponses émises et ceux qui les suivent. Et elle rend même
compréhensible le problème du passage du non-vivant au vivant, en permettant de définir cette dernière
classe. L’analyse formelle (celle structurale même) ne livre pas, actuellement, cette compréhension.
Comme on le voit, la fonction en cause ne se réduit pas à une forme (activité), à une cause finale (son effet)
ou à un besoin ou raison d’être (manque). Ceux-ci sont postérieurs à un organisme, qui, s’il survit en raison
d’un avantage adaptatif, a au moins la possibilité de transmettre cet avantage aux générations ultérieures.
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CHAPITRE I
L’UNIVERS
Dans ce bref chapitre, nous allons parler de l’Univers, l’univers
astronomique, dont les connaissances scientifiques nous incitent à dire qu’il
n’aurait pas toujours existé et même qu’il se serait complexifié, à la suite du
Big Bang, à partir de choses simples, pour aboutir à ce que nous connaissons
aujourd’hui. Nous allons en parler en rapport avec ce prétendu dilemme
métaphysique : avant le multiple, ou il n’y avait rien, ou il y avait une chose,
unique, existant, donc, depuis toujours. Notons que ce « dilemme » peut
impliquer l’argument moderne suivant, en faveur de l’existence d’un Dieu
éternel : si un jour absolument rien n’avait été, toujours rien n’aurait été; or
étant donné que l’Univers existe et qu’il a commencé à être, nous avons
toutes les raisons de croire qu’il aurait été précédé d’une Chose éternelle,
que nous pourrions vraisemblablement appeler « Dieu » de ce qu’il serait au
moins pertinent de penser que cet Être serait la cause du Multiple (l’Univers).
Sous l’éclairage de la science des contingences de renforcement,
appelée aussi « analyse expérimentale du comportement », (1) nous
analyserons les mots « néant », « infini » et « éternité », (2) nous tenterons
d’apporter la conscience réfléchie de ce qu’est un ensemble et (3) nous
parlerons de l’Univers, de sa nature, de sa vraisemblable origine et de ce qu’il
est sensé, cohérent, rationnel et même réaliste de penser d’elle et de ce qu’il
y avait avant, d’une façon permettant d’écarter le prétendu dilemme énoncé
précédemment ainsi que ses implications métaphysiques. L’auteur est bien
conscient de proposer ici un point de vue, établi sous l’éclairage scientifique.
(1)
Une analyse des mots « néant », « infini » et « éternité »
Pour un philosophe de la science des contingences de renforcement,
le mot « néant » sert non pas à « désigner » ou à « identifier » une chose,
mais à écarter la suggestion de l’existence d’un objet. Nous pouvons analyser
à peu près ainsi tous les mots ayant approximativement les mêmes effets,
comme « non-être », « inexistence », « rien », « vide absolu ». Par exemple,
dire que chacun des martiens de La Guerre des mondes de Herbert George
19
CHAPITRE I - L'UNIVERS
Wells est du domaine du néant, c’est dire qu’il n’existe pas, que « les mots
qui en suggèrent l’existence n’ont aucun référent ». Nous pouvons dire cela
aussi du martien de H. G. Wells, au sens de l’espèce des êtres décrits par cet
auteur, ainsi que de l’événement qu’est La Guerre des mondes. Dans le
cadre logique de cette fiction, nous disons certes que ces martiens, leur
espèce et La Guerre des mondes existent, mais ces « vérités » ne sont que
l’affaire de mots, non pas d’objets existant indépendamment de ceux-ci (et
indépendamment aussi des comportements non verbaux de tout être). On
verra que la métaphysique aussi tient à des suggestions opérées par les mots.
Pour sa part, le mot « infini » semble servir à identifier une propriété.
Mais les métaphysiciens eux-mêmes disent : nul homme ne peut découvrir
cette entité, car elle échappe à toute expérience possible. Conséquemment,
elle ne serait pas même du type des objets abstraits (propriétés, etc.). Le mot
« infini » sert à écarter la suggestion de l’existence de la fin (l’achèvement)
définitive d’une chose ou de l’accessibilité de celle-ci dans au moins une de
ses limites, en raison de l’immensité ou de l’infime petitesse de cette chose.
Même le mot « fini », qui est proche de « achevé », ne sert pas à identifier
une propriété physique; il indique la fin d’un processus de production d’un
objet, souvent en suggérant une « valeur »1, non pas une propriété physique.
Nous pouvons parler à peu près ainsi du mot « éternité » défini être
« un infini temporel » dans le passé (l’éternité a parte ante) et/ou dans
l’avenir (l’éternité a parte post) dans le cadre de la prétendue métaphysique.
(2)
Ce qu’est un ensemble
L’homme, comme beaucoup d’autres organismes, a appris à se
comporter, en de nombreuses occasions, d’une façon différente selon qu’il
est en présence de plusieurs objets observés ou d’un seul. Il peut même
donner des réponses différenciées à deux, à trois, à quatre objets… Et il peut
faire cela bien avant qu’un ensemble soit quelque chose pour lui et, à plus
forte raison, avant qu’il ne comprenne ce qu’il en est de l’important aspect
du monde sous lequel sont appris les différents actes mentionnés ci-dessus.
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CHAPITRE I - L'UNIVERS
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CHAPITRE I - L'UNIVERS
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CHAPITRE I - L'UNIVERS
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CHAPITRE I - L'UNIVERS
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CHAPITRE I - L'UNIVERS
1
Pour un behavioriste radical, une valeur est l’affaire de renforcements. Comme une propriété physique,
un renforcement est une condition d’existence d’un acte « volontaire » (comportement opérant). Une
propriété physique est du domaine des facteurs environnementaux préalables à ce comportement émis,
dont elle devient une condition, alors qu’un renforcement est de celui des facteurs environnementaux qui,
en suivant ce comportement, sont une condition de l’existence d’un comportement ultérieur de la même
classe, un comportement produit dans de semblables circonstances, sous ces mêmes propriétés physiques.
2
En analyse simple, la singularité en question est une expression comme « 1/0 ». Il n’est pas sensé de la
traduire par « une unité en aucune partie », par « le néant » ou par « la limite de l’infiniment grand », entre
autres. C’est une réponse verbale à un événement (constitué par deux informations, en relation). Même
quand c’est possible, réduire utilement à un seul nombre un rapport numérique est perdre de l’information.
3
Voir ce qui est dit au sujet de ce qu’on appelle « le jugement fictif », dans l’ouvrage intitulé Tous les grands
problèmes philosophiques sous l’éclairage de la science des contingences de renforcement, entrée no 3468.
4
Considérons des exemples. Le nom « la licorne » est bien associé à une classe construite en termes d’un
concept — non d’une négation. La caractéristique formelle est celle des « représentations d’une licorne » :
la forme d’un cheval avec une longue corne torsadée au milieu du front. Pour sa part, le nom « la sphère
infinie » est construit avec le nom « la sphère » qui identifie une classe de solides creux et avec le mot
« infinie », qui sert à écarter la suggestion de l’existence d’une caractéristique — non pas à identifier une
telle chose. Réaliser, en passant, que la sphère infinie n’existerait nulle part! L’expression « le cheval non
noir » est une réponse verbale à tout cheval qui n’est pas noir. Elle n’identifie pas une classe, bien définie,
sous-classe du cheval. Nous pouvons dire quelque chose de semblable du nom « l’espace absolu », qui sert
bien le propos général. Ajoutons que le terme « cercle-carré » est construit avec des mots incompatibles
pour identifier la forme d’une chose, et que le « ertênon » laisse perplexes ceux qui ne savent pas qu’il est
fait des lettres inversées de « non-être », dans un cadre où il est illégal de même lui associer une définition.
25
CHAPITRE II
L’OBJET ET LA CONSCIENCE
Il y a plusieurs années déjà, alors que je commençais à m’intéresser
aux grands problèmes philosophiques, les questions suivantes m’ont occupé
plus particulièrement : « Qu’est-ce qu’un objet? » et « Qu’est-ce que la
conscience? ». Ces deux questions sont « proches » des suivantes, un peu
plus classiques : « Qu’est-ce que la matière? » et « Qu’est-ce que l’esprit? ».
Dans ce chapitre, nous parlerons (1) de l’objet, matériel, concret,
physique…, classiquement opposé au sujet, (2) des sensations visuelle,
tactile, etc., des propriétés physiques et de la matière, (3) des illusions et des
perceptions sujettes à diverses « interprétations », (4) des sensations
comme le plaisir et la douleur, des émotions, des sentiments, des besoins,
etc., (5) de la conscience et (6) des autres objets dits de « l’esprit ». En
conclusion, nous appliquerons ce qui aura été proposé, en disant quelques
mots1 au sujet de plusieurs grands systèmes d’idées élaborés dans l’histoire.
Soulignons que nous présentons ici un point de vue, établi sous
l’éclairage de la science des contingences de renforcement, appelée égale-
ment « analyse expérimentale du comportement » ou « analyse opérante ».
Les affirmations qui suivent sont un avant-goût de cette présentation.
— Les objets physiques, qui sont de divers genres, n’ont peut-être en
commun que d’occuper une position indiscutable dans l’espace et le temps.
— Ce qui est vu, touché… est dans l’environnement, comme il semble.
— Une sensation visuelle, tactile ou autre est un objet abstrait, c’est-
à-dire une caractéristique du monde, qui, à la fois, est exercée par un ou par
plusieurs objets physiques et est le « référent » d’un « mot », dit « abstrait ».
— La partie de l’univers qui est sous la peau d’un organisme n’est pas
d’une nature radicalement différente de celle qui est à l’extérieur de lui; elle
est uniquement plus difficile d’accès, pour les membres de la communauté.
— Exercés par l’organisme qui les éprouve, les plaisirs, les douleurs…
sont des objets abstraits, comme le sont les sensations visuelle, tactile, etc.
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CHAPITRE II - L'OBJET DE LA CONSCIENCE
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CHAPITRE II - L'OBJET DE LA CONSCIENCE
pouvons répondre à plus d’un corps (au système Terre-Lune ou à une pile de
pièces de monnaie, par exemple) comme à un objet, mais aucun ensemble,
quel qu’il soit, n’est réductible aux éléments qui le constituent. Nous
pouvons expliquer aussi qu’un corps puisse, lui, perdre ou gagner des
« éléments » tout en continuant à exister, comme il en était antérieurement.
Au sujet de l’énergie, disons que le terme scientifique se réfère à une
large classe de concepts2, que les physiciens ont construits avant de les
découvrir, dans le monde, défini ici comme l’ensemble des « expériences »
des différents types. On peut dire cela de la puissance, de la force, etc. La
physique est ce que l’homme a de mieux pour rendre compte de la réalité et
la science des expériences (contingences), pour le compte rendu du monde.
Enfin, notons que des objets spatiaux et temporels pourraient ne pas
être physiques. Ce serait le cas s’ils ne montraient aucune régularité
permettant leur connaissance par la physique. Les objets de la mécanique
quantique sont de l’univers physique, mais du fait que la matière au niveau
impliqué est présentement inaccessible directement, elle n’est connue que
par ses manifestations et à l’aide d’instruments complexes, dont certains
théoriciens posent qu’ils interfèrent et interféreront toujours avec ce que
l’on cherche à connaître par eux. Peut-être en raison de cela et de moins de
régularités, d’invariances, etc., à ce niveau rudimentaire, les physiciens
arrivent à des propositions très étranges. Des penseurs tentent de justifier le
tout en faisant appel à « un monde hors du temps et de l’espace », accessible
par des manifestations dans l’Univers, dit « sensible ». Mais ce qui est sensé,
cohérent, rationnel et même réaliste, c’est que ces difficultés sont tributaires
de l’inaccessibilité directe de la matière à ce niveau, plutôt que de sa nature.
Les concepts sont en évolution. Certains (incluant des entités
découvertes « dans des objets de notre connaissance passée ») disparaissent
à la suite de l’observation de nouveaux faits, et des mieux adaptés à nos
pratiques sont construits, en attente souvent de les découvrir, dans un
monde qui ne cesse d’être plus complexe pour celui qui l’élabore de la sorte.
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CHAPITRE II - L'OBJET DE LA CONSCIENCE
(2)
Les sensations visuelle, tactile, etc.,
les propriétés physiques et la matière
Pour le philosophe de l’analyse expérimentale du comportement, ce
qui est vu, touché, etc. est là où il semble être, à savoir dans l’environnement.
Un grand mur gris fer collé au nez d’un observateur en train de le
regarder constitue pour ainsi dire toute l’image visuelle qui est relative à la
vision qu’il en a. Cette « image » n’est certes pas réductible à un objet
physique, mais non parce qu’elle serait bidimensionnelle et sans contour
déterminé ou bien défini : elle est un objet abstrait, comme l’est sa couleur.
Dans son histoire personnelle et dans celle évolutive, l’homme
(comme l’organisme de plusieurs autres espèces) apprend à donner des
réponses différentes à un objet gris et à un d’une autre couleur. Il le fait bien
avant que cette propriété ne soit un objet pour lui, et, à plus forte raison,
avant qu’il ne comprenne la « nature » de cet important aspect de ce monde.
Pour faire en sorte qu’un individu découvre l’entité qu’est le gris fer,
en l’occurrence, sa communauté verbale peut, en plus d’une occasion, dire
« gris fer » en présence d’un corps ayant cette propriété et, par exemple,
dire « non gris fer » devant un objet d’une autre couleur, que cet homme
observe. Rapidement, l’importante propriété physique sous laquelle il agit
différemment comme il est mentionné ci-dessus devient un objet (abstrait),
à savoir le « référent » d’un mot (dit ici « abstrait »). Le gris fer, comme
n’importe quelle autre propriété, est un aspect important de ceux qu’a un
corps qui exerce la condition préalable de l’émission des conduites en cause.
Contrairement à une sensation visuelle, tactile ou autre, mais
conformément aux objets abstraits des autres catégories ici, une couleur
n’est la condition spécifique d’aucun acte non social (on identifie cette entité
abstraite alors que l’on voit un objet ayant d’autres propriétés, ne serait-ce
qu’une étendue spatiale et une durée certaines). Elle l’est du comportement
social (précédemment, le mot « gris fer ») qui en fait une entité « abstraite ».
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CHAPITRE II - L'OBJET DE LA CONSCIENCE
Ce qui est dit ici du gris fer peut l’être de n‘importe quelle matière (par
exemple, le fer) en tant que concept (ensemble de propriétés physiques).
C’est cet objet que les physiciens reconstruisent en termes des atomes.
Notons que nous pouvons parler d’une matière comme d’un objet matériel :
c’est le cas lorsque nous disons « apportez-moi du fer », en l’occurrence.
Mais aucune matière n’est réductible à une chose comme un objet matériel.
Au passage, précisons que le terme général « la matière » se « réfère »
au type des objets abstraits que sont les diverses matières, tout comme le
nom « le gris » sert à « référer » au type des gris qui existent dans le monde.
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CHAPITRE II - L'OBJET DE LA CONSCIENCE
Les figures « ambigües » sont utiles ici pour expliquer les phénomènes.
Par exemple, un célèbre cube de Necker (deux carrés aux arêtes liées
par des segments) peut être perçu comme étant un cube vu du dessus ou
comme étant un cube vu du dessous. Ce qu’on appelle classiquement
« l’interprétation » de la figure n’est pas une réponse visuelle, au schéma :
c’est sa compréhension, qui est l’affaire d’actes expliqués non par des objets
imaginaires, comme les Gestalts, mais par les déterminants de ces conduites.
Ainsi, la vision discriminative préalable d’un des carrés, parmi les autres, peut
mener à l’une de ces compréhensions (et celle-là est « favorisée » quand l’un
des carrés est un peu plus foncé dans ses côtés, par exemple). En chaque cas,
on peut réaliser que rien ne change alors dans ce qui est vu, dans le milieu.
Ajoutons que les illusions où tout semble constant par ailleurs sont diverses.
Or je pense que le lecteur sera intéressé ici à faire l’expérience de voir
une figure tournée vers le haut ou tournée vers le bas, indifféremment, tout
en réalisant, clairement, que rien ne change, pour autant, dans ce qui est vu.
Considérer cette construction de mon cru, « favorisant » ces « vues ».
↑9↑
Il est difficile de voir ces flèches pointées vers le bas. Mais quelqu’un
peut d’abord regarder le tout alors que sa tête est tournée vers le bas : il
pourra facilement observer alors un « 6 » encadré de deux flèches vers le
bas, puis un « 9 » encadré de flèches tournées vers le haut et, enfin, l’un ou
l’autre cas, indifféremment, tout en réalisant, à nouveau, que rien ne change
dans le milieu extérieur. Avec la répétition de réponses renforcées, des gens
peuvent arriver à faire cela alors que leur tête est dans la position habituelle.3
Aux fins de la compréhension de la section, ajoutons ceci. Une image
photographique d’un objet est exercée par cette photo, qui réfléchit vers
l’observateur la lumière de sa provenance. Une image virtuelle obtenue par
un miroir plan est constituée par l’objet vu grâce au miroir, comme on peut
le constater en s’approchant progressivement pour toucher le lieu où elle est
exercée, lequel n’est pas derrière ce miroir, ni à sa surface, mais au verso de
l’objet vu. Cette image est l’une des faces virtuelles du corps vu directement
(approximativement, celle qui est alors cachée). Une image télévisuelle est
33
CHAPITRE II - L'OBJET DE LA CONSCIENCE
formée par l’écran du téléviseur qui projette de la lumière vers nos yeux.
L’image réelle de l’objet vu par un système de lentilles appropriées est
exercée, elle, par l’objet vu à travers les lentilles qui transmettent la lumière
provenant de cet objet, en la réfractant. Enfin, une image holographique est
constituée par un hologramme, qui transmet la lumière en provenance de
l’objet (ou d’un système de formation d’images de synthèse) en ne faisant
passer qu’une partie d’elle, celle dont on dit qu’elle conserve la phase et
l’amplitude de l’originale, en employant les termes du modèle ondulatoire
de la lumière. Telle une image dite « réelle », par transmission de la lumière
à travers un système de lentilles, ou une dite « virtuelle », par sa réflexion
sur un miroir, celle « holographique » n’est pas exercée où elle semble l’être.
Comprenons que la présence et la présente existence même de l’objet
vu ne sont nécessitées que dans le second et dans le quatrième de ces cas.
Avec la photographie et avec la télévision, les images sont des sensations
constituées respectivement par la photo et par le téléviseur, à son écran. En
ce qui concerne l’holographie, disons qu’un hologramme est un objet de la
grande classe des photos, lequel ne réfléchit pas de la lumière ambiante vers
nos yeux (contrairement à ce qui se passe avec une photo classique), mais
transmet des faisceaux cohérents de photons. Ceux-ci sont émis dans des
tubes à laser (Light Amplification by Stimulated Emission of Radiations),
comme les flux d’électrons du téléviseur le sont dans des tubes cathodiques.
Pour sa part, l’image visuelle qu’un sujet aurait en lui-même à
l’occasion de la vision d’un objet en son absence serait une représentation :
son concept est construit, en attente de sa découverte. Or son existence est
suspecte, car ce sujet devrait avoir de nouveaux sens pour la voir. En toute
vraisemblance, ce sont des conditions comme des mouvements oculaires,
des réponses ou des états privés qui incitent à parler ici d’une image visuelle.
Par comparaison, au niveau auditif nous pouvons prendre conscience de
parler, de chanter, d’entendre des sons en privé (implicitement) en réalisant
facilement que rien, hors de nous ou en nous-même, n’a alors les propriétés
sonores dont il est possible de parler, sous d’autres conditions que des sons.
Comme on le voit, nous n’avons pas à faire appel à un imaginaire objet
intangible (spirituel, mental, etc.) pour expliquer une propriété physique, la
34
CHAPITRE II - L'OBJET DE LA CONSCIENCE
35
CHAPITRE II - L'OBJET DE LA CONSCIENCE
carie) alors même qu’il ne la voit pas. Dans ce cas-ci, la connaissance est
publique, et elle peut être dépourvue de presque toute influence subjective.
Pour un behavioriste radical, une sensation existe, en tant qu’aspect
d’au moins un objet, uniquement quand au moins un sujet « observe » l’un
d’eux de la façon impliquée. Lorsque personne ne le fait, la sensation
n’existe, éventuellement, qu’en tant que les objets qui l’exerceraient dans le
cas contraire. La possibilité de parler à tout moment de cet aspect tient à la
caractéristique du comportement verbal de pouvoir être produit sous
d’autres conditions qu’un tel objet. L’existence d’une sensation en tant
qu’objet (abstrait) est tributaire de ce fait : elle est le « référent d’un mot ».
Ce qui précède peut se dire des émotions et des sentiments, même
quand ces sensations sont plus diffuses, moins localisées, dans l’organisme
(la différence entre ceux-ci et celles-là est généralement d’ordre temporel).
En passant, réalisons qu’un organisme qui serait à base de silicium, par
exemple, ne se sentirait pas comme un être charnel (constitué de carbone).
Les envies, les désirs, les pulsions, les besoins, etc. sont en quelque
sorte, eux aussi, des aspects d’un organisme, qui se sent tandis qu’il est dans
un état relatif à une privation ou à une stimulation aversive. Celui-ci, dans
cet état, est susceptible d’être affecté avec force par ce dont il est privé et
par le retrait ou par l’éloignement de ce qui lui est aversif, respectivement.
Le mot « envie » a parfois l’effet de « besoin », et « besoin » de « manque ».
Mais « besoin » suggère souvent une action renforcée positivement, et
« envie », une inaction aux effets négatifs. Ajoutons qu’un individu ne mange
pas parce qu’il a faim et ne fuit pas parce qu’il a peur, par exemple. Il peut
manger sans avoir faim ou ne pas le faire affamé, et s’éloigner rapidement
d’un lieu sans être apeuré ou demeurer sur place alors qu’il est mort de peur.
La connaissance qu’un organisme a de lui-même tandis qu’il est dans un tel
état favorise ses réponses appropriées de recherche ou de fuite, selon le cas;
elle ne les provoque jamais. Ainsi, la faim et la peur (c’est-à-dire l’organisme
en tant que les « aspects » sous lesquels il se sent, lui-même, quand il est
dans un état de privation et de stimulation aversive, respectivement) sont
chacun à expliquer, vraisemblablement en termes de l’histoire évolutive,
tout comme le sont la recherche ainsi que la fuite loin de ce qui est aversif.4
36
CHAPITRE II - L'OBJET DE LA CONSCIENCE
(5)
La conscience
Quand on comprend bien ce qui précède, il reste beaucoup moins de
choses à expliquer concernant la conscience, et en rapport avec « l’esprit ».
Pour un behavioriste, la conscience est affaire de comportements. Il
en est ainsi de la conscience sensorielle (celle des objets externes, par les
sens) et de la conscience sensitive (celle que, par d’autres « voies », un
organisme a de son corps, dans des états ou dans des événements internes).
Pour avoir la conscience intime d’un objet, il ne suffit pas d’être en
contact avec lui ni d’y réagir, sinon on dirait que les corps inanimés seraient
alors conscients, du moins minimalement. La conscience est l’affaire ici non
pas même de « réflexes », mais de réactions dont les conséquences font en
sorte que leur production (émission) est plus probable dans de semblables
circonstances ultérieures. Ces comportements sont appelés : « opérants »5.
Rapportons un certain nombre d’analyses relatives à la conscience.6
Évidemment, nous ne proposons ici que quelques grandes idées directrices.
Il importe de distinguer la conscience d’une chose et la conscience de
la conscience de cette chose : tout comportement est d’abord inconscient,
et la conscience de celui-là est tributaire des réponses qui lui sont données.
En passant, disons qu’il ne faut pas confondre cette conscience-ci et la
conscience réfléchie (voir ce qui est dit de la réflexion à la section suivante).
Le rêve est constitué de comportements émis par l’organisme
endormi, dans les limites impliquées par cet état. Des mouvements rapides
des yeux, des muscles de l’oreille moyenne, etc., appuient cette proposition.
Penser est se comporter d’une certaine façon. Soulignons que ce n’est
pas un esprit, prétendu, qui se comporte ainsi. On peut souligner aussi
qu’une pensée a les dimensions d’un comportement, non pas celles d’un
processus interne imaginaire qui s’extérioriserait avec cette conduite. Par
exemple, penser à haute voix est se comporter verbalement, et il est possible
de penser verbalement de façon implicite (« en miniature », pour ainsi dire).
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(6)
L’esprit
Le mot « esprit » des métaphysiciens peut souvent être traduit à peu
près ainsi : un lieu non physique dans lequel les phénomènes obéissent à des
lois non physiques. L’esprit immatériel remplacerait le cerveau matériel, le
milieu physique y deviendrait expériences, les comportements y seraient
projets, intentions, idées, les réponses s’y réduiraient à des activités de
volonté, cognitives, intentionnelles et générales, et là seraient les concepts
et les autres objets abstraits, qui n’auraient donc pas de référence externe.
Autrement l’esprit ne serait plus ou moins qu’un « homoncule immatériel ».
L’analyse opérante explique ces phénomènes de façon bien différente.
Dans cette section, nous allons parler de dits « objets de l’esprit » qui
sont l’affaire de comportements sans être strictement des conduites. Encore
ici, nous ne proposerons que quelques grandes idées directrices. Rappelons
qu’un but de ces dernières sections est d’attirer l’attention des lecteurs pour
qu’ils aillent approfondir ces idées, en étudiant les ouvrages de B. F. Skinner.
Pour un philosophe de la science des contingences de renforcement,
la mémorisation est un processus faisant en sorte qu’une réponse accroît sa
probabilité d’émission en certaines circonstances. Pour lui, les expériences
ne sont pas comme les « mémoires d’un défunt » (ses écrits, présents en un
lieu donné) : elles ne s’y trouvent nulle part; elles modifient l’organisme de
sorte qu’il se conduise d’une façon particulière sous des conditions d’un type
particulier. Le rappel de cette conduite consiste à « favoriser » son émission.
La discrimination est le processus qui, impliquant plus d’une réponse
à plus d’un objet (stimulus), donne, au terme, une réponse efficace à l’un
d’eux. Elle est à distinguer d’une action facilitant cette réponse. Ainsi,
regarder un corps « favorise » la vision qui est au terme de sa discrimination.
L’attention n’est pas une activité, mentale ou cognitive, qui a pour
effet de surélever des stimuli dans leur intensité, dans leur définition
(précision), etc., et d’en abaisser corrélativement d’autres, ni un changement
de stimuli observés. C’est, plutôt, un « état » occasionné par le changement
dans les expériences qui sous-tendent tout le processus de la discrimination.
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directement par l’environnement que lorsqu’ils sont régis par des règles,
comme ceci est le cas dans un cadre logique de manipulations d’énoncés. Ce
premier processus comportemental, présupposant la modification du milieu,
est à distinguer aussi de l’analyse des expériences positives (les contingences
de renforcement) dans lesquelles les réponses sont renforcées. Celle-ci, à
son tour, est distincte du processus du renforcement (le processus de
l’accroissement de la probabilité de l’émission d’un comportement opérant).
Globalement, l’intelligence est la susceptibilité aux « expériences »
(contingences personnelles), conduisant à une grande rapidité d’apprendre
(rapidité de conditionnement) et à la capacité de maintenir un plus grand
répertoire d’actions, sans confusion. Les contingences remplacent le talent
et la compétence du constructivisme. Le bien (renforcement) définit la vertu.
L’imagination n’est pas une faculté. Le nom se réfère à une grande
classe comprenant des choses n’ayant à peu près rien en commun : par
exemple, a) la vision d’un objet en l’absence de celui-ci, b) la vision de choses
réelles dans une proximité irréelle, c) la construction d’une définition
favorisant la découverte qui est au terme du mécanisme de l’abstraction
(celle-ci est un trait caractéristique du comportement verbal : voyez
l’identification du gris, à la seconde section), et, d) la « création » ci-dessous.
La création, elle, est tributaire de l’émission de conduites à probabilité
faible, dans les circonstances impliquées, ou, uniquement, de la production
de choses nouvelles, originales, pouvant ne pas résulter de l’application de
règles, voire apparaître ne surgir de rien. C’est souvent le cas dans un nouvel
environnement. Mais pour un behavioriste radical, les comportements
impliqués ici résultent, eux aussi, de l’organisme qui les émet, tel qu’il est au
moment où il agit, son « état » étant le produit de son exposition antérieure
à l’environnement, en tant que membre d’une espèce et en tant qu’individu.
Conclusion
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CHAPITRE II - L'OBJET DE LA CONSCIENCE
1
Pour les détails, voir : Tous les grands problèmes philosophiques sous l’éclairage de la science des
contingences de renforcement, gratuit en cliquant : http://manuscritdepot.com/a.jean-pierre-bacon.1.htm
2
Par exemple, le concept de l’énergie cinétique est construit en termes de la masse et de la vitesse (au
carré) d’un corps. De tels concepts sont représentés par des variables, qui constituent les lois de la physique.
3
Voir aussi les expériences de Stratton https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_1896_num_3_1_1862
4
« Certains stimuli peuvent rester réflexogènes, et ne pas engendrer directement de sensations, mais
arriver à s’intégrer toutefois dans la régulation du comportement par l’effet des réponses réflexes primaires
susceptibles d’engendrer à leur tour des sensations et contribuant ainsi à une connaissance indirecte du
milieu. » (Piéron, Henri. La sensation, Coll. Que sais-je, PUF, Paris, 1967, pp. 14-15). « Il y a ainsi une
spécificité que l’on peut qualifier de pré-sensorielle dans les voies de la sensibilité , et elle se manifeste déjà
dans certaines modalités de réponses réflexes déclenchées au niveau de centres d’étape : suivant qu’en
une région de la peau se produit une stimulation chaude ou froide, une vaso-constriction ou une vaso-
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dilatation locale est déclenchée, sans compter certaines modifications respiratoires et métaboliques, et
cela alors même qu’une interruption haute des voies afférentes ou une destruction de la station réceptrice
terminale empêche toute sensation d’être éveillée. » (Ibid, pp. 15-16.) Dans un autre travail, l’auteur dit
qu’une grenouille, décérébrée, fait un geste de retrait de sa patte sur laquelle on a mis une goutte d’acide.
5
Un opérant est une classe de réponses qui est définie par la caractéristique de ses cas réels d’avoir des
conséquences qui font que des circonstances semblables à celle de leur propre apparition rendent probable
la production d’une réponse ayant ces conséquences. Il est établi par ces cas du renforcement, qui suivent
les cas de l’opérant émis, produits dans les cas réels de la circonstance de son émission. Il est déterminé en
termes de l’ensemble des relations mutuelles entre cet opérant émis, sa circonstance et son renforcement.
6
À partir d’ici, nous procédons à un résumé personnel de travaux de B. F. Skinner, dont, principalement,
de : pour une science du comportement : le behaviorisme, traduit de l’anglais par F. Parot sous les conseils
scientifiques de Pierre Mounoud et de Jean-Paul Nronckart, avec l’accord de Alfred A. Knopf, Inc., en 1974.
7
Vivre une expérience positive est d’abord constituer une réponse ou une séquence d’opérants, renforcée.
8
Ajoutons ce qui suit. L’opérant verbal « je » est caractérisé par la propriété d’avoir le locuteur pour facteur
d’émision. Notre corps est le seul objet constamment présent pour nous depuis notre naissance, dans notre
milieu changeant. C’est même la seule chose à laquelle nous répondons depuis ce jour, souvent
inconsciemment. Un homme amputé de ses bras et de ses jambes peut continuer à répondre à lui-même,
incluant en des termes personnels, ce qui n’est pas le cas de ses membres amputés, qui, pour un court
temps du moins, sont quatre nouveaux objets, inertes. D’un organisme humain devenu poussières nous
pouvons dire « il n’existe plus », dans des conditions que ne changerait pas l’apparition même d’un être
qui, « en son corps et en son âme », s’identifierait au défunt à un moment de sa vie, achevée. On ne pourrait
donc pas dire qu’il serait alors ressuscité ou réincarné, sinon d’une façon symbolique, comme il est facile
de le voir quand on peut imaginer les deux présents au même moment, et, dans le cas opposé, du fait que
chacun serait bien distinct de l’autre, en raison de sa propre position indiscutable dans l’espace et le temps.
9
Le behaviorisme méthodologique (voir l’ouvrage de Skinner qui est mentionné à la note no 6, p. 20 à 23).
10
Certains de ces courants sont appelés « behavioristes » (de l’anglais behavior), mais le comportement,
très loin d’y être l’objet principal de l’analyse, n’y est qu’un indicateur de ce qui ne va pas au niveau cognitif.
11
La prédiction est bien sûr possible dans le cadre du structuralisme, mais elle est basée sur la narration
(description narrative) de ce que les gens font souvent (à un certain âge ou à un moment déterminé dans
l’histoire du groupe, par exemple). Elle n’est pas fondée sur une explication (description explicative) de ce
comportement, en termes des conditions dont la manipulation permet sa prédiction ainsi que son contrôle.
12
Cette mise entre parenthèses exprime un scepticisme face à la métaphysique, dont est le criticisme, et
au psychologisme, dont le nom, péjoratif, renvoie à la psychologie cognitive ou à une pseudo-science, non
réductible à l’anatomie, à la physiologie, à la neuroscience, pour laquelle le monde est ma représentation,
les concepts sont dans l’esprit, il existe une autonomie de l’esprit, de la logique, du langage, des différents
processus mentaux et donc des lois psychologiques souveraines, etc., ce qui, au moins, n’est pas en termes
de la transcendance. Ici il est pertinent de noter que c’est la connaissance d’un objet qui peut être objective.
Un phénomène, lui, est un objet abstrait. Quand on dit qu’il est observable, il est question de lui en tant
que les stimuli qui l’exercent. Il n’est pas réductible à ceux-ci. De plus, un tel objet n’est jamais découvert
dans le hic et nunc! Le rôle joué par des stimuli sur une réponse nécessite plus d’une occasion pour devenir
un objet (abstrait), le « référent » d’une réponse (réponse verbale, abstraite). Cela étant dit, considérons la
description suivante : le corps chute. Nous avons là une réponse verbale à un événement (constitué par
plus d’un objet : ici un corps et un référentiel en une relation que les physiciens peuvent établir plus
précisément). L’événement décrit est le même peu importe que les stimuli impliqués soient vus, ou
entendus, ou sentis, etc. Par contre, les phénomènes visuel, sonore, tactile, etc. exercés par ces stimuli
diffèrent : il en est question ici en tant que facteurs d’émission de réponses sensorielles. Au moins l’une de
ces réponses (émise en plus d’une occasion, répétons-le) est préalable à l’identification de ce qui est décrit,
puis à la description de cette chose, qui s’avère être un genre (l’événement) d’objets abstraits (contrôles).
Des réponses au corps qui chute peuvent certes être les mêmes que celles, par exemple, à ce corps
immobile. Ajoutons que la réponse (verbale ou non) qu’un individu donne à un événement résulte de cet
individu même, tel qu’il est au moment où il agit. Terminons cette note en remarquant l’incongruité des
tentatives de reconstruire la science en termes non pas de réponses aux corps, renforcées dans l’espace et
le temps, mais de leurs contrôles, dont sont les perceptions, réduits et dits « objectifs », en lieu de ces savoirs.
46
CHAPITRE III
LA « LIBERTÉ » ET LE DÉTERMINISME
Le « problème de la liberté » a clairement à voir avec les oppositions
entre « les maîtres » et « les esclaves » (opprimés, pauvres, etc.). Notons que
ceux-ci n’ont pas la prétention que ces appellations renvoient à des natures.
Mais il fut rapidement le dilemme entre l’immanence et la transcendance.
De nos jours il est d’apparence scientifique, en termes du déterminisme (qu’il
soit dit « de fait » ou « de droit ») et de l’indéterminisme (qu’il soit dit « de
fait » ou « de droit »), ou de l’opposition entre le fait et le droit (ici, le légal).
Ce premier dilemme, « métaphysique », peut se poser ainsi : ou bien
la liberté est transcendante, et on ne peut pas en rendre compte, ou bien
elle est immanente, et, conséquemment, elle n’échappe pas aux lois de
l’Univers. Ce pseudo-problème est proche du suivant : ou bien la liberté est
transcendante, et on ne peut pas l’identifier, ou bien elle est immanente, et,
conséquemment, la chose de ce nom a la nature de tous les autres
phénomènes dont on parle sans conscience d’un niveau supérieur. (De tels
dilemmes peuvent être construits pour tout ce qui nous semble fantastique.)
La difficulté métaphysique est de convaincre de l’existence d’une
Raison, qui livrerait la cause et la fin de la vie, ou de justifier une apodictique
aux savoirs communs. Le problème philosophique est celui de construire une
notion de liberté véritable ou la plus utile possible. Pour sa part, la
perspective scientifique est « par-delà l’idée de liberté », comme on le verra.
Dans ce chapitre, nous présenterons (1) le point de vue du philosophe
de la science des contingences de renforcement sur ces choses, puis (2) une
vingtaine de propositions établies à leur sujet, au cours de l’Histoire. La
conclusion du chapitre dirigera l’attention du lecteur vers un tout nouveau
système de « valeurs », en montrant qu’il y a là aussi du neuf en philosophie!
(1)
Le point de vue behavioriste radical
Pour le philosophe de la science des contingences de renforcement
(appelée également « analyse expérimentale du comportement » ou
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1
Par exemple, voir Les thérapies behaviorales modifications correctives du comportement et behaviorisme, Gérard
MALCUIT, Luc GRANGER et Alain LAROCQUE, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 1972, 215 pages.
Voir aussi le texte en pdf intitulé Un regard behavioral sur les troubles du comportement : ce pdf donne les
références de certaines applications actuelles de la science des contingences de renforcement, en thérapie.
2
Voir par exemple B. F. Skinner, The behavior of organisms, Copley Publishing Group, Acton Massachusetts.
3
Pour des explications, voir les ouvrages de B. F. Skinner, l’article dont les coordonnées sont à la note 1 et
Tous les grands problèmes philosophiques sous l’éclairage de la science des contingences de renforcement.
4
Ce principe contribue à écarter un certain nombre de problèmes, comme celui exprimé par la question :
pourquoi l’univers physique est-il ordonné, plutôt que chaotique? Notons qu’un actuel chaos universel n’est
pas ce que nous observons : il n’est pas une donnée de la science. De plus, la question suggère une mauvaise
compréhension de la part des mathématiques dont les objets sont les rapports appelés « probabilités ». Un
niveau plus complexe s’établit sur une base, antérieure, où les choses se déroulent de façon relativement
plus simple. Au comble n’y a-t-il pas un illogisme du type du cercle vicieux à proposer une solution au dit
« problème de l’improbabilité du complexe » en suggérant l’être d’un plus complexe, et moins probable
encore, selon l’argument? Par ailleurs, il est peu crédible que les choses soient sciemment créés (sortis du
Khaos) pas à pas, d’où la vraisemblance de l’immanence de leur formation. Et l’organisé (satisfait à des lois
nécessitant une régularité qui) persiste quand rien (nulle chose relative aux contingences) ne le perturbe
(vers le plus organisé ou vers le chaos). C’est ce qu’exprime déjà le principe d’inertie, à la base de la
physique. En bref serait doublement inconséquent, par exemple, un physicien qui dirait : l’existence même
d’une molécule est un miracle (fait irrationnel). Pour l’examen de ce problème, voir le livre mentionné note
7 : l’entrée no 3151 y donne accès, ainsi qu’à quatre autres du même type. Les fiches nos 2692, 2723, 3057,
3434, entre autres, donnent une idée de ce qui ne va pas avec les métaphysiques en termes de probabilités.
5
La structure de l’Univers que recherchent les physiciens est une construction qui leur permettrait de
prédire et de contrôler les phénomènes physiques. Par exemple, la relativité fait appel à un espace-temps,
qui est un système à quatre variables. Celui-ci est un cas des espaces courbes. Ce dernier terme se réfère
non pas aux concepts communs, constitués par ce qui existe indépendamment de nos réponses, mais à des
constructions (aux propriétés) mathématiques, dans le cadre desquelles le repérage se fait à l’aide des
classiques coordonnées spatiales liées dans une fonction (non plus indépendantes entre elles, comme en
physique classique), pour la maîtrise des phénomènes dans un monde qui est de plus en plus « complexe ».
6
La science des contingences de renforcement n’est pas un système hypothético-déductif. Ce n’est donc
pas un déterminisme au sens de la physique, ni, certes, un dit « déterminisme probabiliste »! On peut noter
cela aussi de sa philosophie (théorie.) En bref, c’est une description scientifique, en termes de fréquences,
d’une part du monde que ne peuvent actuellement expliquer ni la physique, ni l’anatomie, ni la physiologie.
7
Ces propositions ont été examinées dans : Tous les grands problèmes philosophiques sous l’éclairage de la
science des contingences de renforcement, J.-P. BACON, Fondation littéraire Fleur de Lys, mai 2017, 1484 p.
8
Voir un intéressant livre : CLÉMENT, Élizabeth, La liberté, lequel, dans le format pdf, est tout à fait gratuit,
en cliquant sur http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/wp-content/uploads/ebooks/liberte_clement.pdf.
9
Le mot « absence » sert non pas certes à identifier une propriété définissant un type ou une classe
d’objets, mais à écarter la suggestion de la présence, l’existence ici et maintenant, la réalité de ce qui établit
les « expériences » responsables de la connaissance telle que l’étudie l’analyse opérante. Le mot
« indépendance » sert, lui, à écarter la suggestion de l’existence d’un lien, d’une dépendance, à un objet, à
un événement, etc. Le mot « autonomie » fait de même, tout en indiquant que les phénomènes relatifs à
une chose satisfont à des lois pouvant être établies par l’observation de cette seule chose. Et le mot
« spontanéité » sert à écarter la suggestion de l’existence d’une loi ou d’un autre détour ou intermédiaire.
La forme mathématique de ces idées a été proposée dans notre ouvrage principal, fiche 124 — voir note 7.
10
C’est la mauvaise compréhension de ces choses qui est manifestée par les « philosophes de la liberté »,
dont plusieurs dénigrent le contrôle du comportement renforcé sous le mode négatif même quand les
mesures sont pour protéger notre espèce de graves dangers, voire pour sauver des vies dans notre présent!
58
CHAPITRE IV
Le comportement verbal1
Dans son histoire personnelle, l’homme se comporte d’une façon non verbale bien
avant de le faire verbalement. Il a sûrement fait cela aussi dans son histoire évolutive. Or
cela est significatif à bien des égards, comme nous le réaliserons au cours de ce chapitre.
En tant que phénomène physique, un comportement verbal émis est constitué par
l’être qui se comporte ainsi : il a une position indiscutable dans l’espace et le temps et il
peut être décrit en termes de la physique. Par comparaison, ce locuteur en tant que
membre d’une espèce animale est décrit par les propriétés anatomiques et
physiologiques qu’il a en commun avec ses congénères. En tant que phénomène opérant,
il est un membre d’une classe descriptible par la part récente de la biologie qu’est la
science des contingences de renforcement (appelée également « analyse expérimentale
du comportement » et « analyse opérante ») : celles-ci sont l’ensemble des relations
mutuelles entre le comportement émis (à savoir n’importe quel être se comportant ainsi,
en tant que ce comportement), ses circonstances d’émission et ses conséquences qui le
renforcent. En toute apparence et vraisemblance, ce sont les histoires personnelle et
évolutive qui sont responsables de l’existence de nos différents comportements verbaux.
Comme un grand nombre de réponses non verbales, une parole émise est suivie
de conséquences qui augmentent la fréquence de l’émission du comportement (opérant),
dans de semblables circonstances ultérieures. Le fait décrit est scientifique.2 Ces
conséquences sont appelées « renforcements ». Pour un behavioriste radical, elles
transforment l’organisme qui a parlé ainsi, d’une façon telle que des stimuli semblables à
ceux présents lors de l’émission acquièrent le rôle de conditions de sa production future.
En considérant donc l’action de l’environnement après une telle conduite émise,
non seulement avant et/ou pendant, il devient facile d’expliquer, objectivement, ce qui
différencie deux actes de la même forme apparente, produits en des contextes semblant
indiscernables. Ainsi, deux gestes de la main apparemment identiques qui sont produits
par un homme dans des situations similaires diffèrent selon, par exemple, que la
conséquence définissant l’un est d’arrêter quelqu’un se rapprochant et celle qui définit
l’autre est d’initier son rapprochement, en le saluant. Pour l’expliquer, il n’est donc nul
besoin de faire appel à une idée ou, de surcroît, à une entité qui nous serait inaccessible.
Dans ce chapitre, nous présentons (1) les comportements verbaux, en trois grands
groupes sommaires, et une définition de l’opérant verbal, (2) cinq importantes
considérations au sujet de ces conduites, (3) une traduction de quelques termes
appartenant au langage commun (comme « langage », « signification » et « vérité ») et
(4) quelques grands problèmes écartés par une analyse opérante de la conduite verbale.
59
CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
(1)
Trois groupes de comportements verbaux
et une définition du comportement verbal3
La définition qui consiste à affiner, par renforcements dans l’environnement, une
réponse « inconditionnée » d’une façon telle qu’elle devienne une certaine parole (un
certain comportement verbal) est distincte de sa définition qui est la production d’une
règle comportant une description de la classe opérante. Ainsi, un parent qui encourage le
babillement d’un enfant, qui lui présente un échantillon de ce qu’il peut dire en une
situation donnée, parfois aménagée pour cela, qui l’encourage à le répéter, qui le parfait,
etc. définit un comportement comme il est mentionné initialement. Celui qui donne à un
adulte une règle, pour le comprendre, fait une autre chose, identifiée par un homonyme.
Le premier grand groupe de paroles proposé ici peut être assez bien défini en
disant que les membres de celles-ci agissent à la place de ce qui est nommé, identifié,
décrit. Ce qu’on appelle communément « un nom propre », comme « B. F. Skinner », a
pour facteur préalable d’émission un être, un particulier, celui dont on dit qu’il en est le
« référent ». Le facteur préalable d’émission (contrôle) d’un mot tel que « rouge sang »
est tout stimulus, incluant bien sûr du sang, en tant que la propriété physique, importante
parmi celles sous lesquelles des réponses non verbales sont émises. Pour sa part, un
comme « mal de dents » agit à la place de l’organisme qui sent sa dent, en tant qu’agent
du renforcement négatif. Le mot « bon » se réfère, lui, à une large classe d’objets en tant
qu’agent de renforcements positifs. Un nom tel que « le salut » fait de même pour une
grande classe d’êtres en acte, en tant que ce comportement. Quand on dit « l’objet est
rouge sang », « c’est un mal de dents », « l’aliment est bon », « il salue », on émet une
conduite descriptive dont le facteur d’émission est un objet ou un être dans le fait qu’il a
telle propriété physique, qu’il exerce telle sensation, qu’il renforce positivement et qu’il
émet telle conduite, définie par des propriétés, respectivement. Une désinence
morphémique caractéristique du passé et une du pluriel sont de cette catégorie. Notons
que l’homme répond verbalement aussi à plus d’un objet à la fois (stimulus, propriété,
etc.) et qu’il le fait souvent en des termes qu’il n’a pas eu l’occasion d’émettre isolément
avant la codification de ses paroles grâce à l’alphabet. Il en va ainsi quand il dit « il y a un
chien dans la pièce adjacente » ou « la pomme est passée du vert au rouge » par exemple.
Cette grande catégorie a été appelée le « tact », en aphérèse du mot « contact ».
Notons que les facteurs responsables d’un comportement, verbal ou non, sont
souvent partagés entre un locuteur, qui a accès à ce qui est à nommer, à identifier, à
décrire, et l’auditeur, qui agit sous cette réponse émise et en est renforcé. Émettre une
conduite verbale et répondre à cette conduite émise sont des comportements différents,
même quand cette réponse est verbale. Une conduite verbale et la réponse à celle-ci sont
déterminées par des expériences positives (contingences de renforcement) qui diffèrent.
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
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comme bien d’autres, peut être émis, ensuite, de façon implicite.) Une autre peut-être
est la manipulation de stimuli verbaux sous leur forme, comme dans un cadre logique où
on pose « a est b » et « tout b est c », ou inclusivement y conclut « a est c », sans peut-
être connaître ce que représentent, éventuellement, a, b et c. (Notons que les
mathématiques consistent, très généralement, en la traduction d’énoncés en d’autres
d’apparence souvent éloignée des premiers. Cela est fait dans un cadre logique, système
de contingences comprenant des règles, pour minimiser les erreurs.) Ces réponses utiles,
non toutes linguistiques, ont en commun d’être données à des « signes » (appelés,
techniquement, « stimuli discriminatifs verbaux »), lesquels sont à distinguer, dans
l’éventualité, des comportements verbaux dont l’émission est « favorisée » par ces signes.
Notre troisième grand groupe d’opérants verbaux, eux aussi différents les uns des
autres, peut être décrit par leur propriété commune d’être à la fois contrôlés par d’autres
conduites verbales et renforcés par un effet particulier comme la modification, la
clarification…, l’appel de la réponse de l’auditeur. Dans ce groupe, il y a les négations,
comme « il n’y a pas un chien dans la pièce adjacente », les assertions et les formules
d’énonciation (comme « je fermerai la porte aussitôt que vous en enverrez le signal », « je
pense que j’ai fermé la porte », « je suis sûr que je l’ai fermée » ou « il est possible que la
porte se ferme ») et les descriptions d’une conduite qu’elles comportent (tel « je vous
ordonne de fermer la porte »). Un comportement de ce type est appelé « autoclitique »
(le locuteur « tique », verbalement, dans une conduite globale qui a pour facteur
d’émission un autre comportement verbal, qu’il comporte). Il y a aussi ce qu’on appelle
« mand » (en aphérèse du mot « command »), comme le commandement « Fermer la
porte de cette pièce! » et une question comme « Vous avez fermé la porte de la pièce? ».
Pour un exemple plus complexe ici, considérons l’expression « la falsifiabilité
d’une construction verbale » qui peut être traduite par « la possibilité que la construction
ne passe pas l’épreuve des faits ». Celle-ci est contrôlée par « la construction ne passe pas
l’épreuve des faits », laquelle est sous le contrôle de « la construction passe l’épreuve des
faits ». Les mots « la possibilité que » et « ne pas » favorisent des effets
comportementaux particuliers de l’auditeur, lesquels définissent ces expressions. En
passant, notons que le mot « falsifiabilité » (« réfutabilité ») sert non pas à identifier un
concept définissant une classe ou un critère tributaire de propriétés (conditions
antérieures au comportement), mais à annoncer une « valeur », laquelle est l’affaire de
renforcements (conditions postérieures à un opérant). La valeur, annoncée, tient à ce que
la construction est « vraie », et donc ici la plus utile possible pour diriger des conduites
appropriées à un ensemble d’expériences, ou est « fausse » et donc utilement rejetée.
Cette dernière proposition est « autoclitique », elle aussi. Ajoutons qu’une construction
n’est pas falsifiable (réfutable) quand, par exemple, elle est contradictoire, c’est-à-dire
permettant de déduire une proposition et sa négation, dans son cadre logique, ou qu’elle
n’est pas en termes de conditions que l’on peut soit manipuler, pour contrôler des faits
accessibles, soit à tout le moins connaître, pour prédire de tels événements ultérieurs.
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
Réalisons que ces formalités non remplies ne sont que des cas particuliers de celles qui
peuvent nous faire délaisser une construction, comme le fait, a) qu’elle soit partiellement
insensée, parce que certains de ses termes essentiels sont incompréhensibles ou que leur
manipulation montre une mauvaise compréhension des véritables mots auxquels ces
termes appartiennent, b) qu’elle soit irréaliste ou irrationnelle, à savoir clairement en
opposition avec ce que nous savons sans grande conscience réfléchie ou avec une analyse
appropriée des « expériences » impliquées, c) qu’elle soit « fausse », au sens ici que des
déductions établies à partir de ses prémisses ne passent pas l’épreuve des faits, ou, d)
qu’elle ne soit pas satisfaisante, en pratique, ou, uniquement, pas la plus simple possible.
Terminons cette section en disant qu’une classe comportementale est comme une
espèce animale en ce que ses membres potentiels n’existent pas et que ce sont ceux qui
existent qui lui permettent d’exister. Or étant donné que le nom « le répertoire verbal »
se réfère à l’ensemble des comportements verbaux, incluant à ceux potentiels, notons
que ceux-ci, en tant que plausibles états par exemple, sont en attente qu’on en construise
le concept, en termes de l’anatomie ou de la physiologie vraisemblablement, et qu’on le
découvre, en en faisant l’abstraction dans un organisme qui le constitue, en l’occurrence.
(2)
Cinq importantes considérations au sujet des comportements verbaux
A) L’unité du comportement verbal
La première de ces cinq grandes considérations a pour objet la notion d’unité
comportementale. Celle-ci sous-entend la continuité d’une action d’un individu qui ne
peut être interprété comme étant un ensemble d’éléments (tendons, muscles, organes
et, bien sûr, membres), indépendants les uns des autres. Considérons le comportement
d’un singe qui touche une partie d’un écran représentative d’un morceau de banane, qu’il
obtient en conséquence de son geste. Ce singe a été conditionné par des étapes qui sont
toutes renforcées par un échantillon du même aliment, et une unité de son
comportement peut même ne jamais apparaître isolément. De plus, un comportement
différent de ce singe peut être exécuté par le même ensemble de muscles. Aussi, sa
conduite est facilement généralisée à des situations différentes, montrant des similitudes.
Notons que c’est à une époque plutôt tardive de son évolution que la famille
humaine a connu le changement remarquable consistant à être finement conditionnée,
sous le mode opérant, dans sa musculature impliquée dans son comportement vocal,
entraînant l’apparition d’un nombre important de caractéristiques de la conduite
humaine. Cette musculature est un produit de l’histoire évolutive des êtres vivants. Or les
membres des autres espèces connues ne semblent pas avoir un équipement (par exemple
une musculature de leur larynx) pouvant être affecté sous un aussi fin conditionnement.
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
Il est tentant de penser que la majorité de nos mots simples et de nos autres
paroles soient des variables et des formes propositionnelles respectivement, mais ces
termes-ci renvoient à des « signes », non pas à des conduites verbales. Le stimulus verbal
qui constitue un « signe » peut être « manipulé », sous sa forme. C’est le cas dans les
cadres d’une mathématique, d’une logique et d’une linguistique formelles, et c’est cette
manipulation qui est un comportement verbal ou sinon un processus du large type verbal.
C) Le comportement verbal émis
Lors de la troisième considération, nous allons différencier le comportement émis
en tant que stimulus, cette conduite en tant qu’organisme verbal, et elle-même en tant
que membre d’une classe définie par des propriétés. (Il en va ici comme avec l’être qu’est
un professeur donné, que nous pouvons décrire en tant que stimulus, objet de la
physique, ou en tant qu’être humain, qui est un objet de l’anatomie et de la physiologie,
ou en tant que membre de la classe des professeurs, laquelle est un objet de la science
des contingences de renforcements. Comprenons qu’un individu est un membre de la
classe des professeurs en raison de son rôle, de sa propriété sociale d’exécuter certaines
conduites, le tout descriptible en termes de l’analyse expérimentale du comportement.)
Cela va permettre d’éclaircir un certain nombre de choses au sujet de la conduite verbale.
Considérons ces deux exemples. Un homme peut ne pas dire qu’il a soif alors qu’il
est assoiffé et le faire, avec force même, quand il n’a pas soif. Il lui est possible de même
crier « J’ai peur! » sans être apeuré et de ne pas le faire lorsque mort de peur. La force
d’une parole émise est ici un aspect de celle-ci en tant que stimulus. Quand on considère
qu’un état de privation ou de stimulation aversive appartient à une certaine parole émise,
il en est question en tant que l’organisme qui la produit. Lorsqu’on dit que toutes ces
paroles ont pour facteur d’émission (contrôle) un organisme, en tant qu’un état privé,
ressenti, il est question d’elles à titre de membres de leur classe respective. Celle-ci n’est
pas déterminée par cet état, et son émission, parfois anormale, résulte non de celui-ci,
mais du locuteur tel qu’il est en raison de son exposition antérieure globale à
l’environnement. Ajoutons que de telles sensations existent uniquement lorsqu’un sujet
ressent, sous elles, son propre corps, dans l’état impliqué, et que l’émission de leur
identification est inappropriée dans le cas contraire. (Par comparaison, un aveugle de
naissance peut nous identifier la couleur de ses cheveux, alors qu’ils ne les voient pas,
sous l’information que des membres de sa communauté verbale lui ont déjà fait acquérir.)
Ce qu’on dit être « vraie », « fausse », est une parole, en tant que membre d’un opérant.
À nouveau ici, les trois choses que doit spécifier la formulation adéquate de toute
parole qui résulte d’un organisme en fonction de son état interne (un de privation ou un
de stimulation aversive) sont cette réponse émise, les circonstances dans lesquelles elle
survient et ses conséquences qui la renforcent. L’ensemble des relations mutuelles entre
ces trois variables est ce qu’on appelle, communément et sans grande conscience
réfléchie, « expérience positive », et, techniquement, « contingences de renforcement ».
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
Des choses comme l’état privé du locuteur et la force de sa parole émise ne sont pas de
ces trois éléments; chacune n’est qu’un aspect de la parole émise dans une de ses natures.
D) Le « signe »
Nul comportement verbal ne se réduit à un stimulus (sonore, écrit ou autre) : il n’y
a aucunement ici un passage d’un système dimensionnel à un autre. Tout au plus, un
stimulus verbal est l’affaire d’un comportement émis : il en est ainsi, par exemple, du son
constitué par l’individu qui parle ou par l’appareil qui l’a enregistré, ou de l’écrit qui est
produit par un homme, ou par une machine, qui consigne un comportement verbal émis.
Le mot « SORTIE CENTRE-VILLE » apparaissant sur un panneau de signalisation
d’une grande route est un « signe », une « annonce », un stimulus verbal qui « favorise »
la conduite d’un automobiliste sur cette voie de sortie. Par cette sortie réussie, la voie,
qui en a les propriétés adéquates, devient le facteur, antérieur, de l’émission de cette
conduite du conducteur. Techniquement parlant, il est appelé « stimulus discriminatif »
au sens proche, ici, de « stimulus faisant augmenter la probabilité d’émission de la
conduite contrôlée par ce facteur, antérieur ». Le mot « VILLE DE MONTRÉAL » écrit sur
un semblable panneau est, lui aussi, un « signe », une « annonce », un stimulus verbal qui
« favorise » la conduite d’un automobiliste dans une direction donnée. Ce lieu est une
condition, postérieure, de la conduite dans cette direction : il est l’endroit qui renforce ce
comportement, ou qui acquière ce « rôle » en y menant. Techniquement parlant, il est
appelé « stimulus discriminatif » au sens proche, ici, de « stimulus faisant augmenter la
probabilité d’émission de la conduite définie par cette condition, postérieure à ce
comportement émis ». Le mot « ARRÊT » qui apparaît sur un panneau de signalisation au
coin d’une petite route est, lui également, un « signe », une « annonce ». Mais ce stimulus
verbal « favorise » le freinage entraînant l’arrêt de la conduite de l’automobiliste.
Techniquement parlant, il est appelé « stimulus discriminatif » au sens proche, ici, de
« facteur faisant augmenter la probabilité d’émission du comportement dont la condition
ultérieure est la disparition de stimuli aversifs ou la baisse de leur intensité ». Autrement
dit, les deux premiers « signes » ci-dessus sont des facteurs différés respectivement du
contrôle (facteur antérieur d’émission) et du renforcement (condition postérieure
d’émission, sous le mode positif) de la conduite de l’automobiliste, et le troisième l’est du
renforcement (condition postérieure d’émission, sous le mode négatif) du freinage, total
ou partiel, relatif à cette conduite. Le premier est comme une piste (stimulus non verbal)
d’un animal à observer, le second, comme un ciel ennuagé précédant une pluie
bénéfique, et le troisième, comme un nuage menaçant, précurseur d’un dangereux orage.
(À titre comparatif, un éclair est un stimulus inconditionnel d’un « réflexe » d’évitement.
Un « réflexe » est ce qu’on appelle « un répondant ». Une telle réponse est à distinguer
d’un comportement appelé « un opérant », comme ceux analysés ci-dessus.) Enfin,
réalisons que le mot « POLICE » écrit sur un panneau en bordure d’une avenue est,
comme le mot « SORTIE CENTRE-VILLE » ci-dessus, un « signe », une « annonce », un
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
stimulus discriminatif verbal différé d’un renforcement positif (ici un lieu où on trouve de
multiples services), mais qu’il peut occasionner des effets d’un terme comme « ARRÊT ».
(Au passage, notons que toutes ces conduites de l’automobiliste sont médiatisées
par des réponses visuelles et par des comportements verbaux émis en public ou en privé.)
Par comparaison, les sifflements qui dirigent le chien d’un berger, dans la maîtrise
de son troupeau, sont des comportements verbaux (non linguistiques), non des stimuli
discriminatifs verbaux. Pour sa part, une cloche qui sonne est un stimulus discriminatif
verbal avec un chien qui a appris qu’elle annonce de la nourriture, par exemple, et elle
est un stimulus conditionnel d’un stimulus inconditionnel pour son « réflexe » de saliver à
sa vue, s’il a été conditionné comme dans la plus célèbre expérience de Pavlov. Le chien
comprend les comportements sifflés de son berger : sa compréhension est l’affaire de sa
probabilité d’agir adéquatement et de sa tendance de plus en plus forte à le faire, par des
renforcements venant du berger et, sûrement aussi, par ses effets sur les moutons, dont
ses ancêtres étaient des prédateurs. Cependant, le chien ne parle pas en répondant ainsi.
Un animal parle quand il émet des sons spécifiques définis par autrui, pour avertir
de certains dangers par exemple. Lorsqu’un singe émet une telle conduite pour faire
s’éloigner ses semblables d’un objet qu’il ne pourrait s’approprier en leur présence, il se
comporte comme un homme qui ment en disant, par exemple, « Adolf est ici » dans le
« but » qui n’est pas la conséquence définissant la réponse descriptive. Précisons que le
comportement verbal émis qui est de la classe ayant pour facteur d’émission l’homme de
ce nom est une description tout à fait appropriée en sa présence, non pas un mensonge.
Terminons cette quatrième considération en notant qu’il n’y a pas trop de mal à
dire que les objets comme les conjonctions (« quand », « et », « mais », « si », « alors »,
etc.), comme les adverbes (« ne », « pas », « nécessairement », « probablement », « vice-
versa », « jamais », etc.), comme les prépositions (« avant », « voici », « après », etc.),
comme les désinences du futur, à titre d’exemples, comme les correspondants des signes
de ponctuation (virgule, points de suspension, parenthèses, etc.), comme les intonations
et comme les dépendances intraverbales que sont les règles grammaticales et
syntaxiques, bref que tous ces mots appartiennent à la « structure du langage » pour
signaler que ce sont des unités ou des aspects comportementaux liés à des conduites
antérieures, servant à clarifier ou à modifier leur effet sur les hommes qui répondent
(auditeur, lecteur, etc.). Mais nulle conduite ne se réduit à un élément d’une structure
physique ou à un stimulus en usage sous des lois d’un monde inaccessible : elle est une
classe opérante, un objet dont l’abstraction est un trait caractéristique du comportement
verbal. Elle n’existe, en tant que tel, que lorsqu’elle devient le « référent » d’un « mot ».
Tout point de vue structuraliste d’un processus comportemental est incomplet s’il
néglige les histoires génétiques et individuelles. Les supposées caractéristiques
universelles des langues résultent de celles des comportements linguistiques, tributaires,
67
CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
elles, du rôle du comportement verbal dans la vie quotidienne. Autrement dit, ces traits
ne supposent pas un équipement inné. Ce sont les expériences positives (contingences
de renforcement) aménagées par les communautés verbales qui ont des traits universels.
E) Le comportement contrôlé par une règle et le renforcement
Comprenons d’abord ceci. De la réponse d’un auditeur qui n’est que favorisée par
une parole d’un locuteur nous ne disons pas qu’elle est contrôlée par celle-ci (voire par
une autre). Ce n’est qu’à la suite d’un renforcement que cet opérant, agissant d’abord à
titre de stimulus discriminatif, acquière le rôle de facteur d’émission (ici un contrôle réglé).
Puis considérons une situation qui permettra de parler du comportement contrôlé
par une règle et du renforcement, ainsi que de résumer ce qui précède : après avoir pris
connaissance des choses, un individu dit « le chien A est dans le lieu B » au propriétaire
de l’animal, qui, anticipant avec tristesse ce qui va se produire, s’éloigne de l’endroit
mentionné et transmet l’information, d’abord à sa femme, qui s’y précipite pour cajoler
une dernière fois son animal chéri, puis à un professionnel, qui va dans le lieu et maîtrise
tant bien que mal le chien agressif envers les étrangers, pour l’amener dans une fourrière.
Les comportements d’éloignement et de rapprochement de l’endroit mentionné
sont non verbaux, et certes distincts, déjà par la forme, du comportement, verbal, qu’est
l’information au sujet de l’animal en ce lieu. Bien sûr, ils sont différents aussi entre eux.
Les comportements de rapprochement de la femme du propriétaire et ceux de l’employé
de la fourrière sont définis par des renforcements différents. Les premiers sont sous le
mode positif (le chien, en sa présence, fait augmenter la fréquence de la séquence des
actes de la femme) et les seconds, sous le mode négatif (ce chien, en son éloignement du
lieu ainsi que par sa présence dans la fourrière, fait cela pour la séquence de l’employé).
Les comportements en direction opposée du propriétaire et de l’employé de la
fourrière sont produits dans des états de stimulation aversive (engendrant de la tristesse
chez l’un et de l’anxiété chez l’autre). Ceux de la femme, qui sont dans la direction du
déplacement de l’employé et à l’opposé de celui du mari, sont émis dans un état de
privation du contact avec l’animal. On voit encore qu’un état ressenti ne fait qu’influencer
l’émission d’un acte, laquelle résulte de l’organisme entier, tel qu’il est au moment où il
agit. Les conduites de son répertoire sont, en quelque sorte, en lutte pour leur émission
dans une situation donnée. Donc ici aussi, aucun de ces états n’est l’un des trois éléments
qui déterminent la conduite ni ce qui est appelé « son facteur d’émission ». Celui-ci est le
chien, qui est dans les circonstances d’émission des conduites déterminées directement
par l’ensemble des contingences de renforcement. Notons que les états des deux types
impliqués correspondent à des comportements de recherche et de fuite, respectivement.
Pour leurs parts, les trois échantillons de la conduite verbale « A est dans le lieu
B » qui sont mentionnés diffèrent en tant qu’objets de la physique (ne serait-ce que du
fait qu’ils occupent des positions indiscutables dans l’espace et le temps) et en tant
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
(3)
Le « langage », la « signification », la « vérité », etc.
Le langage est constitué d’éléments qui ont les caractères des objets que l’on peut
acquérir, manipuler, transmettre… Or bien que nous répondions toujours d’abord à une
parole émise comme à un stimulus, il y a tout avantage, comme on continuera à le voir
par la suite, à considérer une parole comme elle est, à savoir un comportement opérant5.
Ce qu’on appelle communément « la signification » d’un comportement verbal
est la caractéristique non pas d’un mot ou de plusieurs, ni d’une situation, mais d’un
ensemble d’expériences. Ce rôle, acquis, est ce qui le caractérise. Cet ensemble comprend
les déterminants de cet opérant, émis par les locuteurs, et ceux du contrôle que celui-ci
exerce sur les réponses renforcées des auditeurs.6 La règle appelée « sa définition »
comporte une description de cet ensemble. Ainsi, on peut certes dire que la signification
de « rouge sang » est tout stimulus en tant que sa propriété identifiée, mais c’est d’une
façon « métonymique ». Sa signification est plutôt son rôle d’agir à la place du rouge sang,
une propriété importante dans la pratique. Elle est définie par les renforcements. Pour sa
part, la signification du commandement « Lever le bras! » peut-être interprétée comme
étant l’action potentielle que le locuteur suggère fortement de faire, ou comme étant
cette action réalisée (on parle plutôt, en ces cas, de sens, terme proche de « direction »,
vers un effet). Mais, ici encore, sa signification est ce qui caractérise l’ensemble des
déterminants qui sont impliqués, à savoir, en ce cas, que tout échantillon de l’opérant
favorise la conduite de l’auditeur qui définit le commandement. L’ordre est renforcé sous
le mode positif, par cette conduite de l’auditeur, et celle-ci l’est sous le mode négatif, par
l’évitement de la punition conséquente au fait de ne pas obtempérer au commandement.
La signification d’un mot n’est donc ni « l’intention » du locuteur, ni « la
compréhension » de l’auditeur (ni, non plus, « l’extension » de celle-ci : l’acte émis) : cela
impliquerait de la subjectivité, de la relativité ou de l’arbitraire dans sa détermination. Le
mot « intention » tourne l’attention vers l’avenir, mais, comme le but, l’intention est
l’affaire d’effets ultérieurs au comportement émis par le locuteur dans le passé. Ces effets
sont dans le milieu, non dans son cerveau ni de surcroît en son esprit ou dans un autre
monde inaccessible. Pour sa part, la compréhension de l’auditeur est l’affaire de ses
réponses appropriées au mot émis et de sa tendance de plus en plus forte à les produire.
Un opérant verbal n’a pas une signification différente selon les locuteurs, ou selon
les auditeurs. Il est modelé dans la culture, par un ensemble d’expériences positives
(contingences de renforcement) « dans lesquelles » nous pouvons découvrir cette
caractéristique. Par contre, cette parole émise a parfois ce qu’on peut appeler différents
« sens », ce dernier terme étant « proche » ici du mot « direction » vers un effet
expliquant le « but » du locuteur, comme lors du mensonge, ou vers les renforcements
dont est affaire la « valeur » qu’il a pour l’auditeur, à cause de sa « force » ou de son type.
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
opposée sont des réponses émises, communément. Leur « vérité » tient non pas au
« point de vue », différent, des observateurs sur le même objet, mais au fait qu’elles sont
appropriées pour agir à la place d’objets différents, à savoir ce qui y arrive aux locuteurs
ou, dit autrement, les événements différents à y décrire. La « vérité » des descriptions
« l’aliment est bon au goût » et « l’aliment ne l’est pas » émises par deux sujets tient à
l’objet, dans le fait qu’il est respectivement un renforcement positif (ici un stimulus en
tant qu’agent de renforcement sous le mode positif) et un renforcement négatif (ici un
stimulus « aversif », un stimulus en tant qu’agent de renforcement sous le mode négatif).
On peut dire que toutes ces réponses, en tant qu’opérants, sont relatives à (en
relation mutuelle avec) leurs circonstances d’émission et conséquences qui renforcent.
Leur vérité (caractère approprié), elle, n’est relative qu’au fait que la part de
l’environnement à décrire exerce le rôle de facteur d’émission de cette règle-là. Celle-ci
est totalement déterminée, et son rôle est conditionné par le renforcement qui la définit.
Cela étant dit, comprenons que, par exemple, la description « l’objet est troué »
produite dans une situation impliquant un instrument de grossissement très puissant est
la réponse commune généralisée à des conditions d’émission inhabituelles. Sa « valeur de
vérité » n’est pas à opposer à « celle » de la réponse « l’objet n’est pas troué » émise
communément. Pour leurs parts, les lois « la probabilité d’obtenir pile en lançant la pièce
de monnaie est un demi » produite en relation avec des jets habituels et « la probabilité
d’obtenir pile en lançant la pièce est approximativement l’unité » produite en fonction de
situations de jets finement contrôlés sont des constructions, établies pour diriger des
réponses appropriées à des objets bien différents (ensembles d’expériences différentes).
Au sujet du mot « fait », disons qu’il peut sembler décrire un « référent » de ces
descriptions, à savoir un événement, alors qu’il suggère la vérité par opposition à l’erreur.
Dans un autre domaine d’idées, relatives à la vérité, notons qu’un homme qui
donne une réponse descriptive directement à ce qui est à décrire a généralement une
« motivation » et une « force » plus grandes à soutenir ce qu’il dit qu’un autre qui émet
une description de la même classe après une information reçue d’une source susceptible
d’avoir subi des influences subjectives. Les comportements dirigés par des règles et ceux
déterminés directement par l’ensemble des déterminants sont aux extrêmes entre les
conduites dites « mixtes », émises à différents niveaux de « motivation » et de « force ».
La croyance qui est opposée à la vérité par certains penseurs l’est comme la
subjectivité à l’objectivité. La connaissance est subjective au sens trivial d’être produite
par un sujet. Mais l’environnement qui détermine cette connaissance est extérieur à ce
sujet. L’objectivité différencie le comportement dirigé par des règles et celui déterminé
directement par ses déterminants : cette connaissance-là accroît l’environnement des
sujets ainsi que bénéficie de la sélection qu’ils peuvent opérer sur elle. Elle est accrue par
les tests de validité, les preuves, les pratiques ainsi que par la méthode scientifique, qui
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
première conduite verbale, « Hespérus est Phosphorus », est contrôlée par des
noms différents, mais dans le fait qu’ils ont le même « référent ». La deuxième,
« Vénus est Vénus », peut l’être par des noms émis, dans le fait qu’ils sont de
la même classe. (Mais une évidence, pour clore une conversation, peut avoir
cette forme.) Pour sa part, la conduite verbale « l’étoile du matin » est un
opérant dont le membre agit en lieu et place de l’élément dont on parle parmi
ceux de la classe des étoiles du matin. Le nom propre « L’étoile du matin » est
la conduite précédente passée sous le contrôle strict du corps qu’est Vénus. Et
il est possible de dire une chose semblable du nom propre « L’étoile du soir ».
Pour un behavioriste radical, le nom d’un être a pour facteur d’émission cet
être. Celui-ci contrôle une description qui gouverne des comportements
renforcés, verbaux ou non, comme il les contrôle par ses propriétés qui sont
les aspects en termes desquels il est décrit. Cet être existe indépendamment
de nos réponses et constitue ces « apparences », dont l’abstraction est un trait
caractéristique du comportement verbal. Les entités abstraites et les concepts
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
Il est vrai que différentes communautés verbales engendrent des types et des
niveaux différents de conscience ou d’attention. De même, les philosophies
orientales, la phénoménologie, la psychologie expérimentale et les discours
sur les affaires donnent assurément lieu à l’observation de sentiments et
d’états d’âme différents. Des paroles comme « the red blood » et « le sang
rouge » sont dans des mondes qui, peut-être, font que leurs penseurs sont
incités à privilégier l’essence par rapport à l’être et réciproquement. Cela dit,
comme l’énonce B. F. Skinner9, un savoir objectif complètement autonome de
l’expérience subjective n’aurait pas plus de rapport avec une science du
comportement qu’une analyse expérimentale de ce que les gens éprouvent
face au feu n’en aurait avec une connaissance scientifique de la combustion.
(Celle-là équivaudrait à une science autonome des communautés verbales!)
Ajoutons ceci : une chose est de décrire, objectivement, un sujet dans sa
propre connaissance; une autre chose est de décrire, ainsi, cette connaissance.
I) Une phrase comme « l’actuel roi de France est chauve » n’est ni vraie ni fausse.
Il faut considérer une nouvelle colonne dans la table des « valeurs de vérité ».
J) Il tient au langage, et à lui seul, qu’il n’y ait pas de bleu-rouge. Or que les cerises
bien mures soient rouges tient aussi à cette entité structurée, non aux fruits,
eux-mêmes, ou au fait que ce seraient des « représentations » qui le seraient!
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
K) Le néant est ce qui n’existe pas. Or ce qui n’existe pas n’existe pas! Donc le
néant n’existe pas et, de là, le mot « néant » n’a pas vraiment une signification!
La « signification » d’un mot comme « néant » est assez bien décrite en disant
qu’il est contrôlé par d’autres mots et renforcé par la réaction d’autrui qui
écarte la suggestion de l’existence opérée par ceux-ci (bien déterminés, sans
nécessairement être explicités dans toutes les circonstances de son émission).
L) Dieu qui embrasse tout est l’Amour. Comment embrasse-t-Il le mal et la haine?
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
Dans une réponse verbale de la forme « A aime B », ce terme est « aime », qui
donne « naissance » à « amoureusement », à « amoureux » … et à « amour ».
Notons que des amoureux sont des individus qui se renforcent mutuellement.
D’un homme qui dit « je pense » nous disons qu’il est. Mais nous ne faisons
pas cela du robot cartésien d’Asimov : du « je pense » en cause on ne peut
conclure en l’être du robot, qui est fictif. En plus, une telle fiction n’est pas
rationnelle quand elle implique que la « parole » proposée n’est pas un
opérant verbal. Au comble, un simulateur de paroles peut se causer (se rendre
effectif) en ces mots (sons) : je ne pense pas, donc je suis! Bref la règle « je
pense » peut bien être manipulée sans que son présumé locuteur ne soit (ce
qui est le cas d’un défunt par exemple, comme le René Descartes auquel on
accorde à tout le moins le baptême du cogito). De plus, prendre conscience de
penser ne suffit pas à un locuteur pour être conscient qu’il est. Il doit répondre
à lui-même dans le fait d’être — non de penser. La réponse verbale « je suis »,
comme « j’existe », est contrôlée par le locuteur et renforcée par la réaction
de l’auditeur (pouvant être le locuteur, lui-même) à qui il est témoigné que le
terme « je » appartient à une véritable réponse verbale, donnée par un sujet
à lui-même. Or le mot « fait » précédent suggère la vérité par opposition à
l’erreur de l’assertion « je pense »; il ne sert pas à identifier un événement en
cause. La réponse d’un quelconque sujet à lui-même dans l’événement (le fait)
de penser, ou dans celui de croître, de respirer, d’assimiler, bref de vivre, voire
dans la sortie de lui (comme le suggère l’étymologie du mot « exister »), est un
tact — non un autoclitique, comme ce qui est en cause ici. En passant, réalisons
l’inconsistance de la reconstruction de l’univers physique sur la base du
principe d’existence de l’entité « éthérée » que serait la substance pensante
(à la place du Moteur-premier, dont le terme peut suggérer un être physique).
N) La Perfection existe puisqu’une entité qui n’existerait pas ne serait pas parfaite.
Le mot « parfait » sert à identifier une « valeur » — non une « nature », sans
laquelle une chose ne serait pas parfaite. La perfection est l’affaire des plus
grands renforcements escomptés et ceux-ci sont des conditions postérieures
aux réponses à la chose jugée « parfaite », non une condition préalable à elles.
78
CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
La conduite verbale « je mens » est contrôlée par une conduite verbale émise
et renforcée par la réaction d’autrui. C’est un membre de cette classe qui est
vrai, ou faux, selon que la conduite verbale émise (celle qui est son contrôle,
son facteur d’émission) est bien un mensonge, ou une vérité, respectivement.
Or on peut dire cela dans le cas même où la conduite analysée est sous le
contrôle exercé par un « je mens » émis, comme lorsque le locuteur peut
expliciter ses paroles en disant « je mens quand je dis que je mens dans cette
mention de mon âge », par exemple. Les affirmations examinées ici sont des
« signes » (stimuli discriminatifs verbaux) manipulés dans des cadres où ils ne
peuvent être considérés appartenir à de véritables conduites verbales émises.
La réponse verbale « moi » a pour facteur d’émission tout locuteur qui l’émet.
Une bouteille pleine de liquide, ou celui-ci, n’est pas un locuteur. Le « Bois-
moi! » qui est dans le cadre d’une prosopopée ne cause pas de malaise, de ce
qu’il y est admis qu’une telle chose puisse parler. Ce « Bois-moi! » est un
stimulus discriminatif d’un ordre qui a cette forme, celui que peut émettre un
locuteur de façon « métaphorique », sous son « flot » de paroles, par exemple.
Q) La phrase « je suis allé au parc hier, mais je n’y crois point » est problématique.
Une réponse verbale descriptive comme « je suis allé au parc hier » a pour
contrôle un événement que le locuteur, lui-même, a constitué, en relation
avec d’autres objets. La connaissance de cette topographie est subjective au
sens trivial qu’elle est émise par un sujet. Mais l’environnement qui établit
l’ensemble des déterminants de cette conduite commune est extérieur à
l’individu. Cet ensemble est responsable de la « motivation » qui accompagne
son émission et de la « force » que le sujet peut employer pour la défendre.
Un comportement verbal comme « je n’y crois point », lui, est contrôlé par une
règle et est renforcé par une réaction de l’auditeur. Dans le cas considéré ici,
celle-ci est à l’opposé de celle escomptée par un sujet « motivé » à défendre
le caractère approprié de son affirmation, le concernant. Un homme à
personnalités multiples pourrait produire ces deux comportements. Aussi, la
première conduite est à distinguer d’une réponse de même topographie
produite « en écho » d’une autre. Un sujet peut donc émettre le
comportement « échoïque », puis dire, de façon « métonymique », qu’il n’y
croit pas, ne croit pas en la vérité opposée à l’erreur de la description émise
qu’il aurait donnée, à lui-même et au lieu mentionné, mais sans s’en souvenir.
79
CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
S) Comment peut-on prétendre que Pluton n’a plus la nature qu’elle avait avant?
T) De ce que la sphère est le solide limité par une surface courbe dont tous les
points sont à égale distance d’un objet intérieur appelé « centre », on peut dire
qu’il n’existe aucune sphère tangible, du fait qu’aucun solide n’a ces propriétés.
Dans le monde sensible, la sphère est « dégradée » par de nombreux accidents.
Sous des propriétés visuelles et tactiles, les hommes ont identifié la sphère
bien avant d’avoir la conscience réfléchie du mot impliqué. Ce mot est
évidemment défini par des renforcements, en relation avec des circonstances
courantes de l’émission du comportement. Un concept, celui de la sphère en
l’occurrence, est un ensemble de propriétés définissant une classe. C’est une
caractéristique importante parmi les propriétés sous lesquelles des réponses
non verbales sont produites. En tant qu’objet abstrait, un concept existe dans
le monde à partir du moment où il est le « référent » d’un mot. Avant, il existait
en tant que les stimuli comme ceux qui l’exercent actuellement. Par la suite,
le mot (stimulus discriminatif verbal) « sphère » a été manipulé dans le cadre
rigoureux de la géométrie. Le nom émis du concept de la sphère peut bien être
80
CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
« une idée » (au sens ici de « un mot produit en privé »), mais ce concept est
constitué dans l’environnement et n’existe pas quand aucun objet ne l’exerce.
Par exemple, la large classe et des oiseaux et des poissons n’est pas définie car
ses membres n’ont apparemment rien en commun à l’exception d’être des
organismes. Mais on peut dire que cette classe construite existe bien. Le nom
« la conscience » se réfère à une semblable classe. Ses objets sont tous bien
définis, par un ensemble de propriétés. Chacun l’est avant que nous en ayons
une conscience « réfléchie » de la forme d’une règle appelée « sa définition ».
Une réponse verbale comme « tous les ensembles sont dans l’ensemble » est
contrôlée par la règle « les ensembles sont dans l’ensemble » et est renforcée
par la réponse de l’auditeur à qui il est précisé qu’aucun des ensembles en
cause n’est exceptionnel. Tous ces ensembles n’en forment un que lorsqu’ils
81
CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
exercent un contrôle sur une réponse. Ils sont antérieurs à eux-mêmes en tant
qu’ensemble. Les trois derniers termes du nom « l’ensemble de tous les
ensembles » ne désignent pas un ensemble ni donc ne représentent un
ensemble représenté en lui-même. En somme, cela justifie que nul ensemble
ne se contient. Par ailleurs, même un ensemble défini par des propriétés,
comme une espèce animale, n’existe pas quand aucun de ses membres
n’existe. Mais si certains ont existé, on peut en parler sous d’autres conditions.
Y) Possiblement tous les corbeaux sont noirs, mais nécessairement tous sont
étendus. Ces deux connaissances sont universelles, mais celle-ci a une nature
différente. Elle est nécessaire : nul corps n’est sans étendue! Donc l’expérience
la suppose et ne peut l’expliquer. Nous avons la conscience réfléchie d’une telle
connaissance d’une façon analytique. Nous découvrons l’étendue, corporelle,
des corbeaux en décomposant le concept du corbeau. Sa couleur n’y est point.
82
CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
Z) Peut-être suis-je seul à exister et que, tout compte fait, je rêve depuis toujours!
On a dit que le solipsisme est la doctrine la plus ridicule de toutes et, en même
temps, la plus difficile à écarter. Des propos semblables ont été faits en termes
d’un cerveau dans une cuve et, de façon plus moderne, en ceux d’une
simulation d’un super ordinateur ou d’une « image » dans un Univers
holographique, par exemple. La proposition à notre examen serait contrôlée,
elle, par la règle : je suis seul à exister et, tout compte fait, je rêve depuis
toujours. Elle ne le serait pas par le locuteur, dans un événement bien défini
qui en serait le facteur d’émission. Une telle règle serait renforcée par une
réaction de prise en considération de celle-ci à titre de vérité, par un auditeur.
Mais ce sujet même, en tant qu’auditeur, ne considère pas la vérité de sa règle!
On peut dire que celui-ci n’est pas illogique en remettant tout en doute à
l’exception de sa propre existence, mais que, ce faisant, il est à tout le moins à
l’extrême opposé de la rigueur, en n’incitant pas à écarter la règle qui dirige
son propos. Personnellement, je lis cette proposition; je n’émets pas le dire (la
conduite verbale) dont l’écrit est le « signe », car je dirais plutôt : assurément
que je ne suis pas seul à exister et que, tout compte fait, je ne rêve pas depuis
toujours. En passant : comment un sujet connaîtrait-il ce que signifie « je
rêve » et pourrait-il rêver si tout en était ainsi depuis toujours. On répliquera
que la proposition émise est une « métaphore ». Et elle l’est, de ce qu’elle est
« généralisée » en raison des ressemblances qu’il y a entre le comportement
émis quand on rêve et celui produit lorsqu’on est éveillé. Or ce comportement-
ci est au niveau supérieur de conscience qui permet d’écarter la vraisemblance
83
CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
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CHAPITRE IV - LE COMPORTEMENT VERBAL
cohérent qui soit, afin de décrire le comportement d’une façon permettant le contrôle et
la prédiction et, en passant, d’écarter la métaphysique et les diverses fictions explicatives.
1
Ce titre renvoie à l’ouvrage de B. F. Skinner : Verbal behavior, Martino Publishing, Mansfield Centre, CT,
2015. Ce chapitre est la présentation d’un point de vue behavioriste strict sur le comportement verbal. Je
le crois conforme aux travaux postérieurs de Skinner, plus radicaux, quant au rôle joué par les états privés.
2
Pour des recherches expérimentales le confirmant : http://aba-sd.info/documents/cours_aba_vb_1.pdf.
3
Pour une comparaison, voyez L’analyse du comportement et ses applications, un texte d’Olivier Bourgueil.
4
Par exemple, l’identification « Lever le bras. » est à distinguer de l’ordre « Lever le bras! » même quand le
« but » de l’identificateur est que l’auditeur exécute l’acte identifié (l’acte qui définit cet ordre). Ce « but »
et pour ainsi dire le « sens » de l’identification émise sont tributaires d’effets particuliers dans l’expérience
globale de l’individu dont elle résulte à ce moment, alors que le conditionnement et de là la « signification »
de son opérant (l’identification) sont fonction de la conséquence qui le renforce, dans la culture du groupe.
Profitons de l’occasion pour montrer encore que l’analyse du comportement verbal est difficile. Bien que
nous contrôlions aisément, et de façon souvent non réfléchie, les facteurs environnementaux dont est
fonction l’apprentissage d’une parole à acquérir, il est souvent difficile de découvrir ceux qui « libèrent »
ou qui expliquent une réponse émise anormalement, surtout quand le locuteur est anormal ou qu’il est en
apprentissage du non verbal même, comme un enfant. Pour sa part, la compréhension d’une parole émise
est un objet d’étude qui peut donner lieu plus facilement à la découverte de lois, relatives à la seule forme
parfois, quand les phrases impliquées ne sont pas comme « le boucher regarde le coiffeur quand il prend
son déjeuner ». Non seulement celle-ci est complexe, mais elle appartient à une description dont un des
contrôles, un individu qui déjeune, peut être un boucher, un coiffeur ou un quelconque être non explicité
ici. Cette analyse est encore plus difficile quand on cherche les éventuelles implications de « l’inné » dans
le processus en cause (et, de surcroît, ce qui tient à lui dans le fonctionnement du système nerveux). Ici
notons uniquement ceci. Premièrement, un répondant (comme la baisse des paupières sous un jet d’air)
qui est « déclenché » par un stimulus conditionnel (un stimulus verbal, par exemple) est à distinguer d’un
acte « volontaire » similaire dont l’émission est « favorisée » (elle pourrait être « défavorisée ») par un
stimulus discriminatif de la forme de ce stimulus conditionnel. Ce comportement-ci peut être à différencier,
lui, de la réponse (de la même classe) qui est « contrôlée » par le comportement verbal auquel appartient
ce stimulus discriminatif verbal. Deuxièmement, l’existence d’un comportement (répondant ou opérant)
dans le répertoire d’un organisme est tributaire d’une partie de l’exposition de celui-ci à l’environnement,
en tant que membre d’une espèce et en tant qu’individu, alors que le comportement émis résulte de
l’organisme tel qu’il est au moment où il agit et est fonction de son exposition globale au milieu environnant.
5
Pour un examen des notions que sont l’objet et la conscience, consultez le chapitre L’objet et la conscience.
6
La caractéristique est donc à différencier de l’ensemble des propriétés qui définit l’opérant verbal (à savoir
celui qu’a tout membre de cette classe d’être interrelié aux circonstances d’émission de la conduite et aux
conséquences qui la renforcent) et de la caractéristique de l’autre ensemble de déterminants qu’est le
contrôle que cette parole émise, par le locuteur, exerce sur la réponse renforcée produite par son auditeur.
7
De nombreux autres sont examinés dans notre ouvrage principal, mentionné dans la bibliographie du livre.
8
Échapper présentement à la physique n’est pas être hors de la présente portée de la science, dont est
l’analyse opérante. Il serait intéressant de classer les constructions philosophiques. Le classement le plus
important serait un ordre qui permettrait de dégager leur totale compréhensibilité ou non, leurs cohérence,
rationalité, susceptibilités de passer l’épreuve des faits, d’être satisfaisante, globale, la plus simple qui soit.
9
B. F. Skinner, pour une science du comportement : le behaviorisme, traduit de l’anglais par F. Parot,
Delachaux & Niestlé, Neuchatel, Paris, conseillers scientifiques P. Mounoud et J.-P. Bronckart, 1974, p. 224.
10
On peut penser aussi au mélange de choses comme de l’eau et du sable, du sable à gros grains et du sable
à petits grains, au coût global d’objets, moins grand quand achetés en masse plutôt qu’en petites quantités.
11
L’objet de l’esthétique est l’affaire des renforcements directs des réponses sensorielles (et indirectement,
des conduites, préalables, qui les favorisent), par-delà les propriétés physiques de ce qui est beau (à la vue,
à l’ouïe, au toucher) et bon (au goût et à l’odorat) pour un individu. Voir Tous les grands problèmes
philosophiques sous l’éclairage de la science des contingences de renforcement entrée no 4124 par exemple.
85
CHAPITRE V
LA DÉPRESSION
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CHAPITRE V - LA DÉPRESSION
(1)
LA NATURE DE LA DÉPRESSION ET SES « CAUSES »
Pour un behavioriste radical, tout comportement émis (un « réflexe »
ou un acte « volontaire », qu’il soit privé ou public, implicite ou explicite)
résulte de l’organisme tel qu’il est au moment où il agit, l’état de celui-ci
étant le produit de son antérieure exposition environnementale, en tant que
membre d’une espèce et en tant qu’individu. Or cela explique entre autres
choses la différence des conduites des organismes dans une même situation.
Dans ce cadre, le mot « dépression » renvoie à un état biologique qui
est descriptible en ne faisant appel ni à la physique des objets matériels, ni à
une inaccessible métaphysique des objets de l’esprit, ni, présentement, à
l’anatomie et à la physiologie. Il l’est en termes du produit de l’antérieure
exposition du déprimé à l’environnement, qui engendre la dépression, à
savoir l’abaissement de la probabilité d’émission et de la « force »3 de ses
comportements. Cette dépression peut certes occasionner des choses aussi
graves que le suicide4, celui où l’individu se laisse mourir et l’autre, où il fait
un acte « volontaire » mettant fin à sa vie. Cet acte-ci apparaît être celui qui
est devenu le plus probable, dans son répertoire, parmi les conduites
susceptibles d’apporter des plaisirs (agents du renforcement positif) et
d’éliminer ses tourments (stimuli aversifs), ne semblant pouvoir être réduits.
Cela étant dit, il est alors facile de réaliser que les comportements d’un
déprimé, ainsi que ses attitudes négatives, résultent de lui, non d’un
sentiment de mal-être. Il en va un peu comme pour les effets indigestes
d’une pomme verte, qui sont « causés » par celle-ci, non par sa couleur :
celle-ci n’est qu’indicatrice du caractère du fruit de cette catégorie (tout
étant constant par ailleurs). Autrement dit, un sentiment ou une émotion
n’est pas la « cause » d’une partie de l’histoire ultérieure d’un organisme; il
est « l’effet » de son histoire antérieure. Les membres de la communauté
peuvent arriver à découvrir cet état privé, par ses manifestations publiques.
Nous pouvons dire quelque chose de semblable à propos du
comportement verbal du déprimé, public ou privé (ses « pensées »). Pour un
behavioriste radical, ce comportement est fonction d’événements
observables directement. Certes, un mot émis peut rappeler de mauvais
« souvenirs » et l’état d’un individu qui rumine ou ressasse des événements
est nuisible, mais pour s’occuper de cela, il vaut mieux aller directement aux
« causes », sans recourir à des concepts mentalistes, comme mentionné
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91
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(3)
LE TRAITEMENT DE LA DÉPRESSION AU NIVEAU COLLECTIF
Ce traitement est plus difficile à établir, car il implique un changement
plutôt général. Mais nous pouvons en mentionner quatre grands principes11 :
a) utiliser la « récompense », plutôt que la « punition » (le
renforcement plutôt que l’usage des stimuli aversifs ou le retrait de
renforcements positifs) : la première est un instrument de « motivation »,
alors que la seconde génère l’anxiété, la duplicité et même la contre-attaque,
b) faire le moins possible intervenir les renforcements artificiels et
différés (ce qu’est l’argent), car un comportement est mieux défini et
maintenu par des conséquences comportementales qui sont directement
tributaires de notre histoire évolutive (par exemple, le pêcheur qui opère
pour survivre est davantage investi dans son travail que celui qui pêche pour
l’obtention de choses qu’il va, peut-être, échanger, un jour, pour des biens),
c) privilégier le « vécu » des individus, plutôt que les directives
verbales : cela assure d’un comportement d’une plus grande « force » et
« plus enclin » à être répété (la conduite d’un automobiliste qui se dirige vers
un lieu de loisirs dont il connaît le chemin est plus fort, moins accompagné
d’anxiété…, que celle d’un homme conduisant sous des directives verbales),
d) faire en sorte que les renforcements suivent immédiatement les
comportements, car les « récompenses » qui ne sont pas contingentes sont
moins fortes et de moindre importance au niveau biologique que celles qui
le sont (ainsi, une friandise pour renforcer la conduite d’un enfant est plus
efficace si elle suit immédiatement l’action que si elle est donnée quelques
minutes plus tard, et n’a aucun effet si elle n’est pas en relation avec elle).12
Pour arriver à « traiter » la dépression au niveau collectif, il faut bien
sûr une réforme générale, mais celle-ci est loin de devoir passer par
l’établissement d’une communauté expérimentale, telle que Walden 2,13 et,
encore moins, par un changement tributaire d’une révolution politique,
comme dans Walden 3.14 Serait déjà très fonctionnelle une démarche, disons
« Walden 2,5 », consistant à établir et à maintenir le milieu approprié partout
dans la présente communauté où il est facile de le faire (comme dans
l’environnement personnel d’un célibataire, comme dans une famille,
comme dans une école ou comme dans un petit milieu de loisirs ou de
travail).15 Cette démarche pourrait faire intervenir des spécialistes du
comportement. Il serait même possible d’établir une culture (à distinguer
92
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93
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même (il n’est plus renforcé par l’admiration des autres, et l’extinction qui
en résulte a des effets émotionnels); il devient hypocondriaque (il conclut
qu’il est malade) ou névrotique (il s’engage dans diverses formes de fuites
inefficaces); et il éprouve une crise d’identité (il ne reconnaît plus la
personne que jadis il appelait « Moi »). (Livre cité ci-dessus, à la page 179.)
94
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Quoi qu’il en soit, il est possible de ne pas adhérer à ces dernières idées
sans pour autant devoir délaisser les premières, qui, réalisons-le, sont sans
comparaison avec celles-là au niveau entre autres de l’importance de leurs
objets (la « nature » de la dépression, ce qui l’occasionne, ce qui peut être
fait à l’encontre d’elle aux niveaux individuel et collectif) et de la productivité
qu’il est sensé, cohérent, rationnel et, même, réaliste d’en attendre, en fait.
CONCLUSION
Comme il a été dit, l’environnement social a changé rapidement, avec
la vraisemblable conséquence d’une apparition subite d’un grand nombre de
dépressions « psychologiques ». Or le fait que de la position cohérente
soutenue dans ce travail on puisse contrôler et prédire des événements au
niveau collectif même, non au seul niveau individuel, tend à justifier, d’une
autre façon encore, cette prise de position. Ici l’explication implique une
formulation différente du problème de la dépression. En bref : la formulation
classique est en termes des états du corps, mais ceux-ci sont à considérer
comme étant des « indicateurs » de ce qui ne va pas dans les déterminants
externes, à changer, pour que le comportement, lui-même, soit bien modifié.
1
Thiriart, Philippe. L’épidémie contemporaine des dépressions psychologiques, IN le Québec sceptique, no
85, pp. 44-52, gratuit en cliquant sur l’hyperlien https://www.sceptiques.qc.ca/assets/docs/Qs85p44-52.pdf.
2
Voir pour une science du comportement : le behaviorisme, B. F. Skinner, DELACHAUX & NIESTÉ,
éditeurs, Neuchâtel-Paris, traduit de l’anglais par F. Parot, 1979, 263 p., pour distinguer le behaviorisme
radical de diverses autres positions, comme le structuralisme, le behaviorisme méthodologique et le
cognitivisme, et pour dissiper des critiques sans fondements que, malheureusement, on entend encore parfois.
3
La probabilité d’émission d’un comportement est l’affaire de sa fréquence d’apparition, en certaines
circonstances, et sa « force » est celle de la forme tridimensionnelle (topographie) du « phénomène opérant ».
4
L’idée du suicide est au cœur de la célèbre question « Être ou ne pas être? », laquelle renvoie aux grands
déprimés et, indirectement, aux penseurs qui la considèrent à titre de la question philosophique fondamentale.
Être est ici vivre. Or au sujet de la vie, notons certaines choses qui ne sont pas sans rapport avec l’objet de
ce chapitre. Sans grande conscience, l’homme, comme bien d’autres organismes, se conduit différemment
selon qu’un objet en sa présence bouge (change, se déplace) ou non. Puis il apprend à donner des réponses
différentes à un stimulus dont le mouvement est expliqué par la physique et à un qui l’est en termes de la
biologie. À ce stade, les conduites en question sont sous des caractéristiques publiques des stimuli en cause.
Mais celles-ci manifestent des choses cachées ou moins apparentes, comme des constituants moléculaires —
biologiques (ARN, ADN, protéines, acides gras) ou non — et des structures internes — compartimentées ou
non — ainsi que des phénomènes, tous relevant, pour les uns, de l’histoire astronomique et, pour les autres,
de la phylogenèse ou de l’ontogenèse. Les philosophes de la science ont d’abord cherché ce qu’il y avait de
commun aux différents animaux (mammifères, oiseaux, insectes, reptiles, poissons, etc.). Ils ont découvert
qu’ils avaient, tous, les propriétés relatives au déplacement, à l’assimilation, à la respiration, à la croissance…
et à la reproduction. En étudiant les végétaux et des êtres microscopiques nouvellement observés, ils ont
trouvé des similitudes, avec les animaux, et ont reconstruit, à des fins d’une généralisation utile, le concept
du vivant en termes de propriétés relatives à la métabolisation, à la croissance… et à la reproduction. Puis la
découverte du virus a engendré des confusions, dans le projet scientifique de reconstruire le concept qu’est
la vie. Au sujet de celui-là, disons que sa reproduction est certes un phénomène tributaire du vivant, mais il
importe de distinguer « se reproduire », comme le fait une cellule, de « être reproduit », comme c’est le cas
pour un virus, car on veut dire « vivant » un « serrurier », mais non une « clé » qu’il duplique. Des
96
CHAPITRE V - LA DÉPRESSION
découvertes continuent à complexifier les choses de nos jours, mais elles le font quant à l’explication des
origines des vivants au sens commun, non quant à ce qui les caractérisent. Ajoutons ceci. On a opposé le
mouvant (vivant ou non) à l’immobile. Mais le mot « mouvement » vient de « mouvoir » et celui-ci n’a pas
été émis isolément avant la codification de la réponse verbale à un événement constitué de plusieurs faits, en
relation temporelle, exercés par un mobile et par une position spatiale. Le mot « immobile » sert, lui, à écarter
la suggestion de l’existence d’un mouvement donné. La reconstruction du concept du vivant a évolué. Mais
ce qu’il faut arrêter de considérer, c’est non pas le clivage entre le vivant et l’inerte, mais la reconstruction
du concept qui permettrait d’intégrer, dans le vivant, des objets nouvellement découverts, qui, par contact,
par partage, par union, sont peut-être à l’origine des vivants. Ajoutons que des découvertes comme celles de
parasites qui occasionnent des comportements étranges de la part des mammifères mêmes, en changeant des
sensibilités innées, montrent, elles aussi, la pertinence de considérer des liens entre les concepts de l’être
social (avec ses problèmes, dont est la dépression) et de l’être physique, en passant par celui de l‘être vivant.
5
Le livre suivant est à consulter ici Science and human behavior, B. F. Skinner, The free Press, USA, 449 p.
6
Le renforcement sous le mode positif est le processus par lequel la fréquence d’un comportement est accrue
à la suite de la présentation d’un stimulus. Il est défini par cet effet, sur le comportement. On distingue
généralement deux grandes catégories d’agents du renforcement positif : les agents primaires, qui sont dits
« non conditionnés », comme la nourriture, et les agents secondaires, dits « conditionnés », comme l’argent.
7
Le renforcement sous le mode négatif est le processus par lequel est accrue la fréquence d’apparition d’un
comportement à la suite du retrait ou de la diminution d’un stimulus aversif. Il y a deux grandes catégories
de stimuli « aversifs » : les primaires, comme les punitions corporelles, et les secondaires, comme les blâmes.
8
Le mot « punition » se réfère à une grande classe, comprenant deux types de choses : l’administration d’un
renforcement négatif et le processus de la suppression d’un renforcement positif. La suppression d’un
renforcement positif occasionne la disparition, l’extinction, de la réponse dans le répertoire de l’organisme,
alors que l’administration d’un renforcement négatif ne fait qu’engendrer la cessation plutôt immédiate de la
conduite, laquelle risque d’être produite à nouveau, en des situations non menaçantes, à savoir en des
circonstances où la punition ne semble pas être octroyée. Pour un behavioriste radical, nulle punition n’est
positive : aucune ne fait acquérir une conduite renforcée (sous le mode positif ou sous le mode négatif). La
punition n’est pas le contraire du renforcement et engendre des sous-produits nuisibles, comme l’anxiété, qui
est un état « privé » dans lequel un organisme a souvent des difficultés à faire des apprentissages par exemple.
9
Pour des exemples, très pertinents, voir Les théories behaviorales, modifications correctives du
comportement et behaviorisme,Gérard MALCUIT, Luc GRANGER et Alain LAROCQUE, éd. PUL, 1972.
10
M. Philippe Thiriart, mentionné précédemment dans le chapitre de ce livre, vient de me soumettre le résumé
d’une recherche, récente, qui montre, à nouveau, qu’une personne se connaît souvent très mal, elle-même.
Entre autres choses, on y prouve que la relation est faible entre les déclarations d’intention et les
comportements effectifs une fois que l’individu est en situation : The person and the situation (perspcetives
of social psychology), Lee ROSS & Richard NISBETT, GB, Peter and Martin, Ltd, (1991) 2011, 288 pages.
11
Ces principes sont plus fondamentaux que les lois d’un quelconque droit juridique : ils sont extraits,
expérimentalement, de l’ensemble des expériences positives déterminant directement les conduites que l’on
trouve dans toutes les cultures, incluant celles rudimentaires, proches de ce qu’on appelle « l’état naturel »
(lequel est aussi difficile à considérer dans son existence que la survie d’un homme seul dès la naissance).
Une culture qui est planifiée sous l’éclairage de l’analyse expérimentale du comportement appartient, elle, à
l’utopie d’un par-delà les États, aux problèmes millénaires, basés, non accessoirement, sur un droit politique.
12
Voir, par exemple, Science et comportement humain, B. F. Skinner, 3e édition, traduit de l’anglais par
André et Rose-Marie Gonthier-Werren, préface de Marc Richelle, introduction de A. Dorna, IN Press, 2011.
13
B. F. Skinner. Walden 2 communauté expérimentale, 2e édition, Éditions IN Press en 2012. (Walden 2
communauté expérimentale est un ouvrage de la grande catégorie des fictions, et particulièrement une utopie.)
14
ARDILA, Rubin. Walden trois, traduit du castillan par Raphaël Villatte, son téléchargement est gratuit sur
le site freixa.over-blog/article-22392940.html (Walden trois est de la grande catégorie des textes de fiction).
15
BACON, Jean-Pierre. Tous les grands problèmes philosophiques sous l’éclairage de la science des
contingences de renforcement, la Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis, 2017, 1484 pages, gratuit en PDF.
16
B. F. Skinner, Par-delà la liberté et la dignité, traduction, Éditions Robert Laffont, Paris 6e, 1971, p. 179.
17
Un système punitif est, par exemple, une partie de l’environnement naturel, un dispositif expérimental ou
une communauté verbale qui fait suivre de punitions certaines conduites émises. Il existe sans ces dernières.
18
Un système de renforcement est, par exemple, une partie de l‘environnement naturel, un dispositif
expérimental ou une communauté verbale qui établit des « expériences » comportant des conduites suivies
de renforcements. Tout comme un système punitif, il existe indépendamment de tout effet sur les organismes.
97
GRANDE CONCLUSION
Ce livre est l’exposé d’une nouvelle philosophie, scientifique et globale.
Elle est nouvelle par la façon même de penser qui y est proposée : elle ne
ressemble à aucune des autres propositions, basées, au mieux, sur les
connaissances du XIXe siècle. Cette nouveauté est pleine de promesses. La
physique moderne, elle-même, n’annonce pas ces attentes, d’autant plus
qu’un grand nombre de ses philosophes lorgnent vers la métaphysique, en
raison de l’inaccessibilité de la matière aux échelles des investigations qui les
occupent. Elle est scientifique au sens qu’elle est établie sous l’éclairage de
la part récente de la biologie qu’est l’analyse expérimentale du
comportement. Elle appartient à la théorie de cette science et n’est donc pas
une simple interprétation (herméneutique), comme l’idée de Wegener,
avant la tectonique des plaques, ou comme ce qu’on appelle à tort la théorie
de l’évolution. Elle est globale du fait que le comportement est ce à quoi
nous renvoient l’examen des mythes, des religions, de la théologie et de la
métaphysique même, l’épistémologie, les philosophies de la logique, des
mathématiques, des sciences pures, de la biologie et de la médecine, les
sciences humaines et les sciences sociales, les discours au sujet des
techniques et de l’intelligence artificielle, l’éthique, etc. L’histoire également
est l’affaire de comportements et la philosophie de l’histoire nous y renvoie.
*
L’Histoire est certes constituée de nombreux événements singuliers et
évanescents. Heureusement, beaucoup d’autres, comme le passage d’une
comète dans le ciel et même un comportement produit par des organismes,
appartiennent à des classes définies par des propriétés et satisfont à des lois
permettant la prédiction et le contrôle de similaires phénomènes ultérieurs.
On peut dire que l’Histoire est l’ensemble des événements, passés
principalement. Il est possible d’en parler en termes universels. Mais du fait
que nous pouvons considérer les phénomènes historiques en tant que les
stimuli qui les constituent, sa description peut se faire également en termes
particuliers, individuels, singuliers. Précisons que c’est en tant que stimuli
que les événements auxquels personne ne répond ni n’a répondu sont dits
appartenir à l’Histoire. Mais celle-ci n’est pas réductible à ces stimuli. En
99
GRANDE CONCLUSION
100
GRANDE CONCLUSION
101
GRANDE CONCLUSION
différents membres de l’espèce humaine qui naissent et, une seule fois, par
le ou les premiers hommes engendrés ou par un individu donné. Et il ne faut
pas plus mettre au même niveau catégorique un objet et une classe de ces
objets quand celle-ci n’en contient qu’un. Un tel dire ne permet en rien de
différencier les objets des historiens et ceux des scientifiques, contrairement
aux prétentions de certains penseurs de l’Histoire. De plus, une connaissance
peut être objective sans être scientifique. La science est l’affaire de
comportements dont l’objectivité est accrue par les tests, les preuves… et la
méthode scientifique, minimisant les influences subjectives. Les documents
historiques diffèrent certes des données scientifiques (résultats de mesures,
d’observations, etc.), mais par leur degré d’objectivité, non par leur nature.
Le processus de l’extinction et le mécanisme du conditionnement expliquent
les évolutions personnelles et culturelles — dues à la disparition accidentelle
de renforcements, à l’affermissement d’actes inconditionnés ou émis
anormalement, à des effets différés qui sont planifiés… Cela dit, les difficultés
à définir l’Histoire n’amènent pas à proposer un système de règles en termes
de conditions métaphysiques, ne serait-ce qu’à titre de préalables « utiles ».
Il suffit simplement ici de réaliser que les faits historiques (les phénomènes,
aléatoires, physiques, comportementaux ou autres) n’ont peut-être en
commun que d’être des objets abstraits (événements, pouvant comprendre
plus d’un stimulus, plus d’une propriété, etc., en relation), auxquels nous
répondons verbalement. Notons que toute durée même est exercée par des
stimuli et que la « temporalité » n’est que l’aspect temporel de ces éléments.
L’histoire humaine comprend, elle, spécifiquement, les phénomènes
qui concernent les hommes (dans leurs histoires évolutive, personnelle et
sociale) et, plus particulièrement, les événements qui sont exercés par les
autres êtres humains, parmi d’autres « objets ». Les notions de progrès et de
décadence chères à certains penseurs de l’histoire peuvent être rapprochées
ici du concept du renforcement et de l’idée de l’extinction de leurs conduites.
Enfin, notons que deux questions semblent permettre de classer les
penseurs de l’Histoire en quatre groupes : « Est-ce que l’Histoire est sensée
(a une signification, ou un sens dans la direction d’un renforcement)? » et
« Est-il possible de décrire certains ensembles d’événements historiques ou,
à tout le moins, de les reconstituer? ». Pour un philosophe de l’analyse
102
GRANDE CONCLUSION
103
GRANDE CONCLUSION
104
GRANDE CONCLUSION
105
GRANDE CONCLUSION
106
AU SUJET DE L'AUTEUR
107
COMMUNIQUER AVEC L'AUTEUR
bacon.jean-pierre@videotron.ca
http://www.manuscritdepot.com/a.jean-pierre-bacon.2.htm
109
BIBLIOGRAPHIE
B. F. Skinner. Par‐delà la liberté et la dignité, Coll. Libertés 2000, éd. Hurtubise HMH.
111
INDEX DES MATIÈRES
A
Absence 34, 41, 54, 58
Absolu 13, 19, 24, 51, 52, 61, 71, 104
Abstraction 43, 63, 67, 74, 75
Absurde 105
Achevé 20, 23
Adaptation 17
Agent de renforcement 16, 60, 72, 100
Âme, personne 39, 46, 49, 56, 76
Amour 77, 78
Analyse 15, 17, 19, 37, 40, 42, 43, 45, 57, 64, 73,74, 76, 79, 84, 102, 106
Analyse expérimentale du comportement 15, 19, 27, 31, 35, 38, 47, 59, 64, 65, 73, 76,
87, 96, 99, 101, 102, 106, 111
Anatomie, physiologie, neuroscience 39, 46, 63, 65, 69, 88
Angoisse 53
Animaux 96
Anormal, qui n’a pas une valeur de survie dans l’évolution75, 95
Antiquité 12, 13, 15, 23, 51
Antimatière 28
Anxiété 68, 92, 93, 96
Apparence, aspect : voir concept, contrôle, donnée, forme, image, objet abstrait,
perception, phénomène, représentation ou manifestation, sensation
Apprentissage 42, 64, 96
A priori 23, 77, 82, 83
Arbitraire 52, 70
113
INDEX DES MATIÈRES
Artificiel (terme associé à une problématique qui disparaît quand, bien distingué de « culturel »,
il sert à identifier le fait qu’un comportement émis a une raison qui n’est pas le renforcement
qui définit l’opérant qui est modelé directement par les contingences) 47, 65, 92, 99
Assurance 93
Attention 40, 41, 48, 61, 76, 89
Atomes 17, 23, 29, 32, 50, 84
Au-delà 56, 57, 74, 77,84, 97
Autoclitique 62
Autonomie 38, 46, 49, 53, 54, 58,76
Autorégulation 101
B
Beau 84, 85
Behaviorisme méthodologique 46, 96
Behaviorisme radical 7, 14, 45, 69, 84, 91, 96
Besoin 27, 33, 35, 36, 44
Bien, juste, moral, vertueux, vrai 12, 43, 44, 56, 61, 91,92, 95, 103
Bien-être 56, 84, 89, 103
Big Bang 19, 22
Biologie 15, 54, 57, 59, 87, 88, 92, 96, 99, 100
Bon 11, 39, 55, 56, 60, 72, 84, 85, 89, 93
But 41, 49, 64, 67, 68, 70, 75, 93, 111
C
Ça 39
Causalité 38, 48, 100
Cause 12, 13, 17, 38, 39, 42,47, 48, 51, 53, 69, 78, 88, 89, 95, 100, 101, 120
Cause aléatoire 12
114
INDEX DES MATIÈRES
115
INDEX DES MATIÈRES
Contrôle 14, 16, 46, 49, 57, 60, 61, 62, 66, 68, 69, 72, 73, 74, 75, 77, 78, 79, 81, 82, 83,
85, 90, 95, 99, 100, 103
Corps 21, 22, 23, 29, 30, 31, 32, 35, 37, 40, 45, 60, 65, 74, 75, 83, 84, 89, 97, 100
Cosmogonie 11
Couleur 22, 31, 35, 60, 64, 65, 70, 76, 82, 83, 84, 88
Création 22, 24, 43, 58, 84, 93, 103
Crise d’identité 94
Criticisme 46
Croissance personnelle 91
Croyance 72, 73, 82, 106
Cube de Necker 33
Culture 12, 51, 55, 56, 57, 70, 73, 75, 81, 84, 92, 95, 97, 102, 103
D
Daltonisme 32
Déception, dégoût 93
Découragement, insatisfaction 93
Déduction 17, 42, 58, 63, 81, 82
Définition 13, 17, 20, 22, 23, 24, 29, 40, 41, 42, 43, 46, 54, 55, 58, 59, 60, 61, 62, 64, 65,
66, 67, 68, 68, 70, 72, 75, 76, 77, 80, 81, 82,2, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 72, 75, 76, 77,
80, 81, 82, 83, 84, 91, 92, 96, 99, 100, 101, 102, 104
Dépression 14, 41, 41, 93-97
Description 12, 23, 35, 38, 46, 50, 59, 60, 64, 65, 67, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 79, 81,
82, 83, 87, 88, 93, 95, 99, 101, 103
Déterminisme 11, 13, 14, 31, 38, 39, 41, 45-58, 60, 61, 64, 65, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74,
75, 77, 79, 80, 81, 96, 101, 103, 105
Dieu, dieux 11, 12, 13, 17, 19, 50, 52, 53, 77, 101, 103
Dieu ne joue pas aux dés 50
Différé 55, 61, 66, 67, 69,92, 100
116
INDEX DES MATIÈRES
E
Effet, variable dépendante, effectivité 45, 51, 69, 92, 100
Ego, sujet 13, 27, 34, 35, 36, 45, 49, 53, 54, 56, 65, 71, 72, 76, 77, 78, 79, 83, 89
Élan vital 101
Émotion 9, 27, 35, 36, 44, 68, 88, 89, 90, 93, 94
Empirisme 17, 45
En acte 24, 25
Énergie 30, 45, 73
Énoncé 19, 42, 43, 50, 62, 82
En puissance 25
Enseigner 73, 106, 111
Ensemble, classe 19, 20, 21, 22, 24, 29, 30, 32, 42, 81, 82,
Entité 12, 21, 24, 30, 31, 36, 38, 39, 52, 59, 71, 73, 75, 76, 77, 78, 84, 105
Environnement 16, 31, 35, 39, 41, 43, 44, 49, 57, 59, 61, 64, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 79,
80, 81, 83, 88, 89, 97, 106
Épidémie 10, 87, 93, 95, 96
117
INDEX DES MATIÈRES
Épigénétique 100
Épiphénomène 44
Épistémologie 99
Espace 16, 22, 23, 24, 25, 27, 28, 29, 30, 32, 45, 52, 57, 58, 59, 61, 68, 74, 84, 100, 101
Espace-temps 52, 58, 74
Espèce 20, 23, 31, 42, 43, 49, 55, 57, 59, 63, 75, 80, 82, 83, 88, 89, 100, 102, 103
Esprit, spiritualisme 9, 11, 14, 27, 37, 40-43, 44, 46, 49, 52, 57, 70, 71, 84, 88, 100, 101,
104
Essence 17, 25, 47, 51, 52, 53, 54, 55, 57, 63, 74, 76, 77, 84, 103, 105
Esthétique 85
État 13, 34, 36, 37, 40, 41, 43, 48, 50, 54, 56, 65, 66, 68, 69, 85, 88, 89, 94, 96, 97, 104
État de la matière 29
État d’esprit 11, 57, 76, 89
Éternité 9, 13, 17, 19, 20, 21, 23, 103
Éthique 17, 53, 55-57, 92-93, 99, 103, 104
Éthologie 87, 100
Esclavage 47, 51, 53
Être 9, 12, 13, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 52, 53, 59, 60, 63, 75, 76,
78, 80, 84, 97, 100, 101, 102, 105
Événement 10, 20, 37, 38, 41, 42, 46, 48, 49, 50, 51, 54, 55, 58, 61, 62, 72, 74, 77, 78, 79,
83, 84, 88, 95, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 105
Évolution 17, 30, 31, 36, 48, 55, 59, 63, 69, 80, 92, 96, 97, 99, 100, 102, 104, 105
Existence 11, 12, 13, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 29, 32, 36, 42, 45, 49, 50, 52, 53, 54, 58, 63,
65, 67, 71, 74, 75, 76, 77, 78, 80, 81, 82, 83, 84, 101, 104,105
Existentialisme 45
Expérience, empirisme 16, 17, 20, 30, 39, 40, 42, 44, 55, 58, 67, 75, 76, 77, 82, 97
Extinction 39, 41, 75, 81, 93, 94, 96, 100, 102
118
INDEX DES MATIÈRES
F
Faculté 43, 54, 91
Faim 36
Fait 23, 24, 47, 50, 51, 54, 62, 72, 74, 78, 99
Falsifiabilité 23, 46, 62, 64
Fatalité, destinée, fatalisme 13, 14, 51
Fictif 71
Figures ambigües 33
Fini 20
Foi, salut 13, 47, 73, 103
Fonction 17,41, 44, 61, 64,65, 66, 72, 83, 88, 100
Force 28, 30, 36, 38, 41, 65, 70, 72, 73, 79, 88, 92, 96, 101
Forme, structure 11, 12, 17, 25, 29, 34, 35, 41, 46, 48, 52, 58, 59, 62, 65, 77, 78, 84, 96,
119
Forme propositionnelle 65, 81
Fréquence 16, 48, 55, 58, 59, 68, 69, 96
Frustration 93
Fuite 36, 57, 68, 94
Futur 23, 45, 48, 50, 52, 55, 57, 59, 67, 74
G
Généralisation 35, 41, 63, 64, 71, 72, 83. 84, 85
Global 46, 99
H
Habitude 42
Hasard, contingence 12, 14, 50, 51, 58, 72, 84, 103, 105
119
INDEX DES MATIÈRES
I
Ici et maintenant 13, 45, 46, 58, 105 et voir spontanéité
Idéalisme 17, 46, 51, 103, 104
Idée 15, 17, 20, 27, 38, 40, 44, 47, 59, 81, 84, 104
Identification 19, 20, 22, 24, 29, 35, 43, 50, 54, 58, 60, 62, 64, 65, 71, 74, 77, 78, 80, 83,
101
Illusion 9, 27, 32, 33, 58
Image 6, 31, 32, 33, 34, 83
Image en l’absence d’un objet vu 34, 91
Image holographique 34, 83
Image photographique 33
Image télévisuelle 33
Image réelle 34
Image virtuelle 33
Imagination 23, 34, 37, 41, 42, 43, 50, 89, 91
Immanence 47, 51, 58, 104, 105
Immatériel, non composé de baryons ou de leptons 40, 73, 84
120
INDEX DES MATIÈRES
Impénétrabilité 29
Impératif 53, 56, 64, 69, 79, 84
Implicite 16, 34, 37, 38, 62, 83, 88
Incomplétude (théorème de Göedel, en rapport avec une interprétation de son objet
principal) 78-79
Inconscient 12, 37, 39, 45, 49, 101, 105
Indéfini 24, 53, 81
Indépendance 13, 45, 50, 54, 58, 61, 63, 64, 69, 84, 100, 101
Indéterminisme 14, 38, 47, 50, 51,52, 58
Indiscernable 59
Individuel 14, 21, 43, 45, 48, 49, 53, 55, 56, 65, 66, 67, 75, 76, 77, 79, 87, 88, 89, 91, 92,
96, 99
Induction 23, 42, 82
Inertie 28
Inexistence 19
Infini 9, 13, 19, 20, 24, 25
Inné 39, 44, 68, 89, 91
Instinct 17, 53, 85
Institution 104, 105
Intelligence 43
Intelligence artificielle (intelligence simulée, par un produit d’une technique) 78, 99
Interprétation : voir herméneutique
Intrapsychique 45
Introspection 45, 91, 97
Intuition 14, 29, 38, 44, 45, 64, 71
Invariant 29
Irréel 43
121
INDEX DES MATIÈRES
J
Jugement 41, 91
Jugement analytique 82, 83
Jugement fictif 25
Jugement synthétique 82, 83
Jugement synthétique a priori 83
Justification 30, 45, 81, 91
K
Khaos : voir chaos
L
Langage 10, 14, 15, 46, 57-92,
Liberté 9, 11, 13, 14, 41, 45-58, 61, 93, 97, 104, 111
Libre-arbitre 52
Liquide 29, 79, 83
Linguistique 62, 64, 65, 67
Logique, propédeutique 43, 44, 46, 47, 51, 58, 62, 65, 73, 78, 81, 82, 83, 99, 100
Lois de la Nature 11, 45, 46, 50, 58, 97
M
Mal, injustice, péché 12, 52, 60, 77, 88, 90, 93, 103
Malléabilité 29
Machinal (qui satisfait à des lois), homme-machine 48, 53 (T), 53 (Z), 78 (M), 99
Mand 62
Manque 36
Masse 28, 29
122
INDEX DES MATIÈRES
123
INDEX DES MATIÈRES
N
Naturaliste 104
Nature 11, 50, 52, 53, 57, 65, 97, 100, 101, 103, 105
Naturel par opposition à artificiel 51, 56, 57, 65, 83, 97, 100, 104, 105
Nécessité 51, 52, 67, 77, 82, 83
Néant 9, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 77
Négation 13, 54, 62
Névrose, maladie 94
Nihilisme 105
Nombre, ici nom (réponse verbale abstraite ou son stimulus discriminatif) d’une quantité ou
stimulus apparenté qui est manipulé dans un cadre logique quantitatif : voir quantité
Nominalisme 71
Non-être 19, 24
Normal par opposition à anormal : voir anormal
Noumène 71, 75
O
Objectivité 12, 46, 72, 73, 77, 82, 93, 102
Objet 9, 20, 21, 24, 27-34, 37, 40, 45, 46, 65, 68, 72, 73, 88
Objet abstrait 13, 21, 22, 23, 27, 31, 32, 35, 46, 67, 71, 80, 101
Objet fictif 71
Objet matériel 9, 27, 28-30, 32, 37, 73
Objet physique 9, 27, 28-30, 73, 101
Ontogenèse 43, 84, 96
Ontologie 24, 78, 97
Opérant 16, 25, 37, 38, 46, 59
124
INDEX DES MATIÈRES
Opérationalisme 44
Ordre : voir commandement et utiliser la fonction de recherche dans le document
P
Panthéisme 17
Particulier 12, 49, 60, 99
Passé 41, 45, 49, 52, 60, 70, 74, 75, 76, 89, 99, 105
Passion : voir sentiment
Pensée 37, 44, 78, 88, 89
Perception 9, 27, 32-35, 72
Perfection 50, 60, 78
Personnalités multiples 49, 79
Pesanteur 28
Peur 36, 65
Phénomène 17, 23, 40, 44, 46, 48, 49, 50, 71, 77, 84, 100, 101, 102
Phénoménologie 45, 76, 105
Philosophie, théorie, méthodologie 11, 13, 16, 17, 44, 46, 47, 55, 87, 96, 99, 104, 106
Philosophie économique et politique 97, 100, 104, 105
Phrase 64, 76, 78, 79
Phylogenèse 84, 96
Physique 9, 16, 21, 24, 27, 28-30, 31, 32, 38, 39, 45, 48, 51, 54, 56, 59, 60, 65, 67, 68, 73,
78, 84, 99, 100, 101, 102, 107
Plaisir 9, 27, 35, 88, 93
Politique 56, 92, 97, 101, 105
Positivisme logique 44
Potentiel 63, 70, 91
Pragmatisme, utilitarisme 71
125
INDEX DES MATIÈRES
Prescience 52
Présence 54, 58 et voir le mot « présent »
Présent : voir durée, moment, instant, exercé, au moins en partie, par ce qui existe
maintenant, voire ici quand c’est aussi en relation avec l’idée d’une présence spatiale
Principe de la suffisance du présent 50
Principe de Lavoisier et principe d’inertie 24, 58
Principe de parcimonie 23, 63, 77
Principe de raison 50
Principe de vie 11, 14, 76, 92
Principe d’imperfection de la connaissance 50
Principe d’indétermination 50
Privé 16, 34, 35, 44, 65, 67, 68, 69, 77, 81, 85, 88, 89, 96
Probabilité 58, 72, 96
Problème 7, 10, 15, 42, 56, 73-83
Processus 20, 24, 33, 40, 41, 42, 43, 46, 58, 65, 67, 71, 82, 84, 96, 100
Projet 40, 41, 49, 53
Proposition, état de choses 62, 71, 81
Propriété 9, 13, 20, 24, 25, 27, 31, 32, 46, 60, 61, 62, 64, 65, 69, 70, 80, 84, 102
Psyché 38, 46
Psychiatrie 45
Psychologie 44, 50, 76, 105
Psychologisme 46
Psychophysique 44
Pulsion 36
Punition 16, 39, 41, 69, 70, 89, 92, 95, 96, 97
Puissance 11, 30
126
INDEX DES MATIÈRES
Q
Qualité 20, 21 et voir propriété
Quantité, nombre 20, 21, 23, 25, 62
R
Raison, rationalisme 12, 17, 43, 44, 46, 47, 50, 53, 56, 73, 84, 104
Rationnel 11, 12, 14, 17, 22, 46, 63, 81
Réaction 37, 74, 77, 78, 79, 83, 84, 89, 93
Réaliste 14, 19, 23, 24, 30, 50, 63, 96, 103
Réalité 44, 58, 71, 74, 84, 106
Recherche 36, 68
Récompense 16, 39, 41, 49, 55, 89, 90, 92
Réduction, réductionnisme 30, 31, 32, 40, 46, 53, 66, 67, 69, 99
Réflexe 16, 45, 48, 66, 67, 88, 100
Réflexion 37, 42
Référent 60 et utiliser la fonction de recherche dans le document
Réfutabilité : voir falsifiabilité
Regarder 40
Règle 10, 38, 42, 43, 44, 47, 51, 60, 61, 62, 67, 68, 70, 71, 72, 73, 74, 78, 79, 81, 82, 83,
91, 102
Régularité 21, 22, 30, 50, 58, 103
Relation 13, 25, 74, 77, 79, 102 et utiliser la fonction de recherche dans le document
Relativisme 70, 71, 75 (D), 76 (G), 77 (J), 78-79. 79 (Q), 81 (U), 82 (X), 82 (Y), 83 (Z), 84,
94, 104, 104, 105 (Q), 105 (R), 105 (T), 105 (W), 105 (X), 106 (Y)
Religions, qui ont en commun de parler d’un au-delà 13, 14, 99, 104
Renforcement 7, 10, 15, 16, 17, 19, 25, 27, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 45, 46, 47, 51, 54, 55,
56, 58, 59, 60, 61, 62, 64-75, 77, 78, 80, 83, 84, 87, 88, 91-97, 100, 102, 103
127
INDEX DES MATIÈRES
Répertoire 15, 39, 43, 49, 51, 63, 68, 71, 73, 88, 96
Répondant 16, 44, 48, 66, 67, 84, 100
Représentation, manifestation 32, 34, 46, 57, 76, 101
Reproduction 96
Résolution de problèmes 42
Responsabilité 49, 53, 58, 59, 60, 77, 79, 84, 107
Résurrection, réincarnation 46
Rêve 37, 83, 84
Révolution 92, 97, 105, 106, 111
Rien 19, 22, 33, 34, 43, 52, 103, 105
S
Sagesse 11, 104
Satisfaisant 46, 73, 103, 104
Scepticisme 17, 46
Science 7, 13, 14, 15, 19, 23, 28, 38, 39, 41, 44, 45, 46, 47, 48, 54, 56, 57, 58, 59, 69, 72,
76, 82, 85, 87, 99, 101, 102, 106, 107, 111
Sélection 17, 69, 72, 81, 100
Sélection naturelle 17, 100
Sens, sensé 9, 12, 14, 21, 22, 34, 37, 54, 64, 70, 75 (D), 84, 91, 102 104
Sensation 9, 17, 21, 27, 31-36, 44, 45, 46, 60, 65
Sensibilité 17, 39, 45, 97
Sentiment, affectivité 9, 12, 27, 35, 36, 44, 53, 57, 68, 76, 88, 93
Signe 10, 19, 61, 62, 65, 66-68, 71, 76, 79, 83, 106
Signification 10, 11, 14, 51, 59, 64, 70, 71, 73, 74, 75, 77, 83, 84, 102, 103, 104, 105
Simplicité 15, 19, 21, 23, 27, 28, 46, 50, 58, 63, 77, 84, 99, 100, 102, 106
Singulier, singularité 22, 25, 60, 99
128
INDEX DES MATIÈRES
Social 21, 28, 31, 39, 47, 49, 57, 91, 94, 97, 99, 102, 104
Sociologie 28, 99, 105
Soi 13, 14, 53, 71, 75, 90, 91, 94, 104
Solide 29, 80
Solipsisme 83
Somatique 45, 89
Soumission 16, 51, 54, 73
Spontané 39, 41, 48, 49, 52, 54, 58, 64, 71, 100, 101
Stimulus 16, 38, 40, 41, 42, 44, 45, 46, 48, 54, 57, 59, 60, 64, 65, 66, 69, 70, 71, 72, 77,
80, 96, 99, 100, 102,
Stimulus aversif 16, 57, 66, 88, 92, 97, 100
Stimulus conditionnel, stimulus inconditionnel 66, 67, 100
Stimulus discriminatif 16, 50,62, 65, 66, 67, 76, 79, 100
Stimulus verbal 61, 62, 65, 66, 67, 78, 79
Structuralisme, structure 45, 46, 58, 96
Structure, Gestalt 14, 15, 17, 29, 67, 76, 77, 104
Subjectivité 35, 36, 70, 71, 72, 73, 76, 82, 102
Substance 24, 54, 78
Suicide 88, 96
Surmoi 39
Survie 53, 56, 57, 65, 84, 97, 103
Synonyme 71, 74
Synthèse 34, 106
Système de renforcement 95, 97
Système économique 94, 101, 104, 113
Système punitif 95, 97
129
INDEX DES MATIÈRES
T
Table des valeurs 76
Tact 60, 61
Talents 43, 91
Tautologie 51, 71, 82
Technique 14, 15, 16, 21, 33, 46, 48, 57, 62, 65, 66, 71, 73, 87, 91, 95, 99, 105, 106, 107
Temporalité 102
Temps 16, 20, 22, 23, 24, 27, 28, 29, 30, 32, 36, 45, 52, 56, 59, 61, 68, 74, 83, 84, 87, 93,
94, 96, 100-105
Termes de relation 13, 74, 77, 78
Test de Turing 44
Théorème d’incomplétude de Göedel : voir incomplétude
Topographie 46, 96
Toucher 33, 35
Tout 13, 42, 50, 51, 62, 81, 82, 83
Traduction 59, 62, 71, 74, 78, 93, 95
Transcendance 20, 47, 51, 71, 101, 103, 104, 105
U
Un 13, 19
Univers, universel 9. 11, 14, 19-25, 27, 30, 35, 48, 50, 52, 53, 67, 68, 77, 78, 82, 83, 84,
89, 93, 96, 99, 100, 101, 103, 105
Usage 42, 67, 92, 95
Utile 15, 45, 51, 62, 63, 71, 74, 77, 80, 81, 82, 102, 103
Utopie 92, 93, 97
V
Valeur 11, 14, 20, 25, 47, 55, 56, 57, 62, 64, 70, 78, 84, 94, 103, 104, 106
130
INDEX DES MATIÈRES
W
Walden 92, 97, 111
X, Y
« X », « y », « z », « t », etc. : voir variable
Z
Zéro : voir le mot « rien », son analyse, et 25
131
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