ACCORD POLITIQUE POUR UNE TRANSITION PACIF Condi

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ACCORD POLITIQUE POUR UNE

TRANSITION PACIFIQUE ET ORDONNÉE

Les représentant.e.s des organisations politiques, économiques, de la société civile et


religieuses, soussigné.e.s :
Vu la Constitution en vigueur ;
Vu la loi du 12 février 2008 portant Déclaration de Patrimoine par Certaines Catégories
de Personnalités Politiques, de Fonctionnaires et Autres Agents Publics;
Vu la loi du 16 janvier 2014 portant Formation, Fonctionnement et Financement des
Partis Politiques ;
Vu le décret du 31 décembre 2020 modifiant celui du 25 novembre 2020 créant le Conseil
National de Sécurité et de Défense (CNSD) ;
Vu l’arrêté du 5 avril 2017 Relatif au Train de Vie de l’État;
Vu la résolution 2699 (2023) du Conseil de Sécurité de l’ONU adoptée le 2 octobre 2023 ;
Vu les résultats des pourparlers obtenus entre les parties prenantes lors de la réunion du
11 mars 2024 avec la facilitation de la CARICOM ;
Confronté.e.s à l’extrême urgence de la situation actuelle, au vide créé par la caducité
du Parlement et l’assassinat du Président de la République Monsieur Jovenel Moïse, à
la dégradation accélérée des conditions de sécurité et aux graves violations des droits
humains dans le pays ;

Voulant mettre un terme à la situation de violence et de chaos préjudiciable à l’ensemble


de la population et préserver la souveraineté nationale ;

Déterminé.e.s à agir sur les causes du délabrement institutionnel actuel et à promouvoir


une véritable solution nationale fondée sur une réappropriation de notre souveraineté à
travers un consensus national respectueux de l’intérêt général ;

Guidé.e.s par le souci de mobiliser toutes les énergies positives disposées à mettre de
côté les considérations partisanes pour sortir le pays de cette impasse ;
Convaincu.e.s que la protection des droits fondamentaux des citoyennes et citoyens
ainsi que la transparence dans la gouvernance démocratique doivent être instituées, sur
la base de leur participation inclusive à la construction des institutions étatiques et au
contrôle de leur fonctionnement ;
Soucieux.ses de représenter l'Haïti que nous construisons avec des personnes de
réputation et de casier judiciaire irréprochables, compétentes, honnêtes et
respectueuses de leurs obligations envers l’État et la société ;

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Engagé.e.s dans la lutte contre la corruption en général, notamment contre tous ceux
et toutes celles qui se servent de leur position de pouvoir dans l’État pour s’adonner à
des activités politiques partisanes, encourager le clientélisme, ou entretenir des
connivences avec la criminalité sous toutes ses formes ;
Décidé.e.s à travailler ensemble à la reconstruction du pays, tout en reconnaissant de
ce fait le droit de tout.e citoyen.ne de vivre et de circuler librement dans son pays ;
Resolu.e.s à jeter les bases de justice et d’équité pour faciliter la réconciliation de la
Nation avec elle-même ;
Imbu.e.s du droit intangible du peuple haïtien de déterminer, de manière souveraine,
son régime politique, tel que consacré par la Constitution haïtienne, basé sur les libertés
fondamentales et le respect des droits humains, la paix sociale, l’équité, la concertation
et la participation, conformément à l’Acte de l’Indépendance d’Haïti, à la Charte des
Nations Unies et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui
consacrent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ;
Fort.e.s des engagements, des luttes permanentes et de la quête incessante d’une
solution haïtienne à la crise ;

Engagé.e.s dans la recherche et l’élaboration d’un compromis raisonnable et


opérationnel ;

Considérant que le vide créé à la tête du Pouvoir Exécutif depuis l’assassinat du


Président de la République le 7 juillet 2021 n’a pas été comblé jusqu’à date ;
Considérant que la Constitution de 1987 amendée par la loi constitutionnelle du 9 mai
2011 interdit tout recours à la Cour de Cassation pour combler les cas de vacance
présidentielle dûment constatée ;
Considérant que la loi constitutionnelle du 9 mai 2011 qui a déjà produit des effets
juridiques sur l’ensemble de la vie nationale a abrogé la version créole de la constitution
de 1987 ;
Considérant le non-renouvellement des deux branches du Parlement devant se réunir
en Assemblée nationale pour élire un président provisoire pour combler la vacance
constatée depuis l’assassinat du Président Jovenel Moise le 7 juillet 2021 ;
Considérant que le pays fait face à une crise politique depuis plus de 31 mois et qu’en
l’absence d’autorités constituées, il incombe aux forces politiques, économiques, sociales
et religieuses de trouver un accord politique pour restaurer l’ordre démocratique et les
institutions républicaines ;
Considérant que l’installation du gouvernement de transition doit être gérée de manière
ordonnée afin de ne pas prolonger le vide qui allongerait les souffrances du pays et
rendrait plus difficile le chemin vers la stabilité ;
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Considérant le communiqué du Gouvernement sortant en date du 1e avril 2024 relatif au
processus en cours pour la passation du pouvoir ;
Considérant qu’il y a lieu de mettre en place un Pouvoir Exécutif conforme à l’esprit de
la constitution ;
Réuni.e.s à Port-au-Prince le 4 avril 2024 ont décidé ce qui suit :

Section I : De la vision et la mission de la transition

Article 1er.- La vision de la transition est la réconciliation de l’État avec la Nation, le retour à
l’ordre constitutionnel et la défense des intérêts d’Haïti dans le nouvel ordre mondial.

Article 1.1.- La mission de la transition s’articule autour de trois priorités principales : Sécurité,
Réformes Constitutionnelle et Institutionnelles, Élections.

Article 1.2.- La période de la transition sera consacrée à la restauration de la dignité nationale,


à l’établissement de la paix et des fondements de la stabilité pour la population et à la réalisation
d’élections démocratiques, libres et crédibles.

Section II : De la Gouvernance et des organes de la transition


Article 2.- Il sera établi trois instances de gouvernance
• Le Conseil Présidentiel ;
• Le Gouvernement dirigé par un Premier ou une Première ministre;
• L’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale.

Section III : Du Conseil Présidentiel

Article 3.- Le Conseil Présidentiel est composé de 9 membres dont sept (7) membres
votants et deux (2) observateurs ou observatrices sans voix délibérative.

Article 4.- Le Conseil Présidentiel assume de manière collégiale l’orientation et le


pilotage de la transition.

Article 4.1.- Le Conseil Présidentiel est coordonné par un de ses membres faisant office
de Président du Conseil et choisi/élu conformément au « Document portant organisation
et fonctionnement du Conseil présidentiel ».

Article 5.- Les membres du Conseil Présidentiel sont désignés dans le cadre du
processus de négociation entre les parties prenantes :

Les Membres à voix délibérative


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• M. Smith Augustin désigné par la Plateforme Résistance Démocratique
(RED/EDE) et le regroupement politique Compromis Historique ;
• M. Fritz Alphonse Jean désigné par l'Accord du 30 août 2021 dit Accord de
Montana ;
• M. Louis Gérald Gilles désigné par l’Accord du 21 Décembre 2022 ;
• M. Edgard Leblanc Fils désigné par le Collectif des Partis Politiques du 30 Janvier
2023 ;
• M. Laurent St Cyr représentant des associations patronales et regroupements
d’hommes et de femmes d’affaires haïtiens ;
• M. Emmanuel Vertilaire désigné par le Parti Pitit Desalin ;
• M. Leslie Voltaire désigné par l’Organisation Politique Fanmi Lavalas ;

Les Membres observateurs sans voix délibérative

• Mme. Régine Abraham, de Rassemblement pour une Entente Nationale (REN) /


Inter-Foi ;
• M. Frinel Joseph, du Groupe de la Société civile

Les membres du Conseil Présidentiel ne peuvent pas se présenter aux prochaines


élections.

Section IV : Du Gouvernement de transition

Article 6.- Le/la Premier.ère ministre est nommé.e par le Conseil Présidentiel de la
Transition en consultation avec les signataires du présent Accord et d’autres structures
politiques et de la société civile intéressées à adhérer audit Accord, sur la base d’une
liste d’un (1) nom soumis par chacun des secteurs, ne dépassant pas un total de 15
candidatures, conformément aux mécanismes et critères établis dans le document
portant « Organisation et Fonctionnement du Conseil Présidentiel de la Transition »,
faisant partie intégrante de l’Accord.
Article 7.- Le/la Premier.ère ministre doit avoir les compétences nécessaires, présenter
un profil (correspondant aux critères établis) non partisan. Le/la Premier.ère ministre ne
pourra pas participer aux prochaines élections.

Article 8.- Le/la Premier.ère ministre en accord avec le Conseil Présidentiel choisit les
membres du cabinet ministériel conformément aux mécanismes et critères établis. Les
secteurs signataires de l’Accord politique et d’autres secteurs seront sollicités pour une
liste de compétences en fonction de la feuille de route du Gouvernement.

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Section V : De l’Organe de contrôle de l’Action Gouvernementale
(OCAG)

Article 9.- L’organe de contrôle de l’Exécutif dénommé Organe de Contrôle de l’Action


Gouvernementale (OCAG) sera constitué sur la base de larges consultations du Conseil
Présidentiel avec les organisations haïtiennes de la société civile dans la capitale, les
départements et la diaspora.

Article 10.- L’OCAG sera composé de quinze (15) membres, choisis conformément au
Document portant organisation et fonctionnement de l’OCAG, dont deux désignés par la
diaspora, deux par les organisations de défense des droits des femmes et de jeunes, deux pour
le département de l’Ouest et un pour chaque autre département. La constitution des membres
de l’OCAG s’efforcera de respecter la parité de genre.

Section VI : De la Mission et des responsabilités du Conseil


Présidentiel
Article 11.- Le Conseil Présidentiel veille au respect et à l’exécution de la Constitution dans tous
ses articles applicables à la période spécifique de la Transition, des lois de la République et du
présent Accord politique, en ce qui le concerne.

Article 12.- Le Conseil Présidentiel veille à la stabilité des institutions et à la continuité de l’État.
Article 12.1.- Le mandat du Conseil Présidentiel prend fin le 7 février 2026.

Article 13.- Le Conseil Présidentiel ne peut bénéficier de la prolongation de son mandat qui
démarre à la date de sa prestation de serment.

Article 14.- Le Conseil Présidentiel nomme et publie la liste des membres composant le
Conseil Électoral Provisoire dans l’esprit de la Constitution de 1987 dans un délai ne dépassant
pas 60 jours, à compter de la date de l’installation du Gouvernement.

Article 15.- Avant d’entrer en fonction, chacun des membres du Conseil Présidentiel
prête le serment suivant « Je jure, devant la Nation, d'observer fidèlement la Constitution
dans les limites applicables à la transition et les lois de la République, l’Accord politique
du 4 avril 2024, de travailler sans relâche au rétablissement de l’ordre constitutionnel, de
respecter et de faire respecter les droits du peuple haïtien, de travailler à la grandeur de
la Patrie, de maintenir l'indépendance nationale et l'intégrité du territoire ».
Article 16.- La mission du Conseil Présidentiel consiste à remettre Haïti sur la voie de
la dignité, de la légitimité démocratique, de la stabilité et de la souveraineté et à s’assurer
du bon fonctionnement des institutions de l’État.

Article 17.- Les fonctions principales du Conseil Présidentiel sont :

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i. S’assurer de concert avec le gouvernement du développement et de la mise en
œuvre des grandes orientations énoncées dans le présent Accord, autour de 5
grands axes ou chantiers, à savoir : a) la sécurité publique et nationale ; b) le
redressement économique, la réhabilitation des infrastructures, la sécurité
alimentaire et sanitaire ; c) la conférence nationale et la question
constitutionnelle ; d) l’État de droit et la justice ; e) les élections pour le
renouvellement du personnel politique ;
ii. Mettre en place un Organe de Contrôle composé de personnalités
représentatives de la diversité géographique et sociale du pays, impartiales,
honnêtes et compétentes ;
iii. Assurer le suivi et la mise en œuvre de toutes les dispositions de l’accord
politique de la transition ;
iv. Toutes autres fonctions que la Constitution et les lois de la République confèrent
à la Présidence dans les limites de l’applicabilité du présent accord.

Section VII : De la mission et des responsabilités du Gouvernement


de transition
Article 18.- Le Gouvernement, ayant à sa tête un Premier ministre ou une Première
ministre, exerce toutes les attributions conférées par la Constitution et le présent Accord.

Article 19.- Le Premier Ministre conduit la politique du Gouvernement qui est


principalement de créer les conditions pour organiser des élections démocratiques,
inclusives et transparentes pour transmettre le pouvoir à des autorités élues légitimes.
Article 20.- La mission fondamentale du Gouvernement, muni d’une feuille de route
convenue entre les parties prenantes, est de :

• Rétablir les conditions de sécurité publique et définir avec les partenaires


internationaux les conditions d’un soutien efficace aux forces de sécurité
haïtiennes, dans le respect de la souveraineté nationale ;
• Rétablir et assainir les institutions de l’État et mettre en œuvre les réformes
transitionnelles nécessaires y compris en matière de lutte contre la corruption et
l’impunité ;
• Mettre en place le Conseil Électoral Provisoire en accord avec le Conseil
Présidentiel ;
• Prendre des mesures exceptionnelles pour relancer l’économie, améliorer l’offre
de services de base, combattre l’insécurité alimentaire entre autres ;
• Créer une commission Justice, Vérité, Réparation ;
• Amender la loi portant formation, fonctionnement et financement des partis
politiques ;
• Veiller au respect du présent Accord, en ce qui le concerne.

Article 21.- Dans le cadre de sa mission, le Gouvernement initiera le processus de


redressement de l’administration publique, garantira le fonctionnement des institutions
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juridictionnelles, relancera la vie économique et sociale, établira et maintiendra un climat
de paix sociale propice à la tenue de la Conférence Nationale et des Élections
Générales.

Section VIII : De la Mission et des responsabilités de l’Organe de


Contrôle de l’Action Gouvernementale – OCAG
Article 22.- La mission essentielle de l’OCAG est de contrôler l’action gouvernementale
et de veiller à l’application de l’Accord, en ce qui le concerne, au respect des lois et de
l’éthique dans la gestion de la chose publique.

Article 23.- Les attributions et le fonctionnement de l’OCAG sont définis dans le décret
portant « Organisation et Fonctionnement de l’OCAG ».

Article 24.- L’Organe de Contrôle reste en fonction jusqu’à l’installation des membres du
pouvoir législatif issus des élections.

Section IX : Du Conseil National de Sécurité

Article 25.- Il sera mis en place un Conseil National de Sécurité (CNS) formé d’experts
nationaux, de professionnels de la diaspora et d’autres personnalités pour donner une
réponse aux différents aspects de la crise de sécurité du pays.
Article 26.- Le CNS définira les modalités de coopération avec les partenaires
internationaux en vue de l’amélioration de la sécurité, notamment l’assistance technique
aux forces nationales de sécurité et au système judiciaire en vue de résoudre de manière
durable les fléaux sociaux de l’insécurité, de la violence armée, des trafics de personnes,
de stupéfiants, d’armes, de munitions, et la contrebande.
Article 27.- Le CNS définit et supervise les arrangements relatifs à l'assistance
internationale en matière de sécurité (Résolution 2699 du CSNU et autres), en
consultation avec les collectivités territoriales, les acteurs de la sécurité, de la
gouvernance et de la société civile, ainsi que des experts nationaux et internationaux.

Section X : De la Conférence Nationale et de la question


constitutionnelle

Article 28.- Immédiatement après sa prise de fonction, le Conseil Présidentiel procèdera


à la nomination du Comité de Pilotage de la Conférence Nationale en concertation avec
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le/la Premier/ière ministre et en consultation avec les parties prenantes signataires de
l’Accord politique et d’autres structures organisées de la société.
Article 29.- Le décret créant et organisant la Conférence Nationale précisera le mandat, le
nombre de membres du comité de pilotage, les secteurs et les départements qu’ils.elles
représentent ainsi que les thèmes des débats.

Article 30.- En vertu de la compétence conférée par l’Accord Politique à la Conférence


Nationale, les résolutions prises serviront de propositions à la révision de la Constitution en
vigueur, à l’élaboration d’un nouveau projet de société pour Haïti et à l’établissement de
nouvelles relations entre l’État et la société, notamment la société civile et les partis politiques,
de même que les principales réformes dans le système juridico-politique.

Article 31.- Les assisses de la Conférence Nationale seront initiées durant la période
de transition, après l’installation du Comité de Pilotage et s’étendront sur une période
de neuf (9) mois.

Article 32.- La question constitutionnelle sera traitée de manière prioritaire par la


Conférence Nationale et l’ensemble des propositions pour la révision de la Constitution
devra être finalisé dans les 3 mois après l’installation du Comité de Pilotage.

Section XI : Des élections

Article 33.- Au cours du premier trimestre de fonctionnement du Gouvernement, le


Conseil Présidentiel de Transition nommera un Conseil Électoral Provisoire (CEP)
indépendant et impartial de neuf (9) membres, choisis conformément à l’esprit des
dispositions de l'article 289 de la Constitution de 1987.

Article 33.1.- Le Conseil Électoral Provisoire est ainsi constitué, un.e représentant.e par
secteur :
1. Des communautés Vodou
2. De la Conférence épiscopale ;
3. Des Cultes réformés ;
4. Du Conseil de l’Université ;
5. Des Organismes de défense des droits humains ;
6. Des Associations des journalistes ;
7. Des Associations de défense des droits des femmes ;
8. Des Associations des paysans ;
9. Des Syndicats.

Article 34.- Le Conseil électoral Provisoire sera chargé de l’évaluation de l’institution


électorale, du système électoral, des ressources humaines et matérielles, du découpage
électoral, du système d’inscription, de vote et des registres électoraux. En concertation
avec l’Office National d’Identification (ONI), le CEP procèdera à l’évaluation des documents
d’identité. Les résultats de ces évaluations seront rendus publics.

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Article 35.- Le CEP entamera les réformes et le renforcement institutionnel pertinents
en vue d’un exercice adéquat du droit de vote par les citoyennes et les citoyens.

Article 36.- A l’issue du processus de révision constitutionnelle, et conformément aux


recommandations du Conseil National de Sécurité, le Conseil Électoral Provisoire, en
concertation avec les partis politiques et les acteurs de la société civile, procédera à la
préparation du décret et du calendrier électoral.

Section XII : De la justice et de l’État de droit

Article 37.- Le gouvernement de transition vise à améliorer l’efficacité de la justice et à


renforcer la garantie des droits fondamentaux à travers trois grands objectifs :
- Garantir le fonctionnement régulier des instances juridictionnelles ;
- Renforcer la conduite et la mise en œuvre de la politique pénale ;
- Renforcer l’assistance juridique et faciliter l’accès à la justice.

Article 38.- Le gouvernement de transition renforcera la capacité des institutions


publiques de lutte contre la corruption, accompagnera les organisations de la société
civile engagées dans ce combat, instaurera la transparence dans ses actions,
respectera le droit d’accès à l’information.

Article 39.- Pour ce faire, le gouvernement aura à :

- Mettre en place un Parquet Financier National spécialisé, en charge de la grande


délinquance économique et financière, traitant des atteintes aux finances
publiques, à la probité, au bon fonctionnement des marchés financiers ;
- Initier un audit général de l’administration publique incluant les organismes et
institutions autonomes, les représentations diplomatiques, et toutes les
institutions publiques génératrices de revenus.

Article 40.- Pour faire la lumière sur les crimes de sang, les crimes financiers, les
nombreux massacres, les multiples viols collectifs perpétrés dans le pays au cours des
dernières années, pour donner à la Justice et à l’Exécutif les éléments nécessaires
pour agir, le Conseil Présidentiel procédera de concert avec le/la Premier/Première
Ministre à la nomination de la Commission Vérité, Justice, Réparation, en consultation
avec les organisations de droits humains nationales et internationales.

Section XIII : Du redressement institutionnel et économique

Article 41.- La gouvernance de transition mettra en œuvre un programme concerté de


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réformes, qui prend en compte la nature transitoire du gouvernement, accordera la
priorité à la relance économique, à l’assainissement de l’environnement, à la
réhabilitation des infrastructures, au système judiciaire, à l'administration publique, aux
recettes, à la lutte contre la corruption et l'impunité.

Article 42.- Le gouvernement cherchera à accroître l’efficacité de la mobilisation des


ressources pour renforcer l’autonomie financière de l’État en menant une lutte
vigoureuse contre la contrebande.

Article 43.- Le gouvernement mobilisera les moyens pour répondre dans l’urgence à
certains besoins de base de la population en termes de prestation de services publics
comme : les services de santé et d’hygiène publiques, les services éducatifs et les
services agricoles.

Article 44.- Concernant les ressources humaines de l’administration, le gouvernement


déploiera un grand programme de formation et de débats avec la collaboration des
centres de formation publics et des universités publiques et privées.

Section XIV : Des grandes lignes de la feuille de route de la


transition

Article 45.- Dans le cadre de ces grands chantiers, le gouvernement sera muni d’une
feuille de route durant la période de transition. Les grandes lignes de cette feuille de
route comprennent, entre autres :
- Désignation (Établissement) d'un gouvernement de sauvetage et d'union
nationale comprenant des instances décentralisées et des directions
autonomes ;
- Adoption de mesures visant à rétablir la sécurité pour le peuple haïtien, y compris
la création d'un Conseil National de Sécurité ;
- Réforme et renforcement des forces nationales de sécurité ;
- Nomination du CEP et préparation d'une feuille de route électorale détaillée ;
- Rétablissement et assainissement des institutions de l’État ;
- Préparation d'une Conférence nationale;
- Mise en œuvre des réformes transitionnelles nécessaires ;
- Mise en place d’une Commission de révision de la Constitution suivant les
recommandations de la conférence nationale ;
- Renforcement des institutions étatiques de lutte contre la corruption et l’impunité ;
- Préparation d'un plan économique pour soutenir la relance humanitaire et
économique notamment la sécurité alimentaire dans le cadre d'un partenariat
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public-privé-associatif ;
- Création d’une commission Justice, Vérité, Réparation ;
- Définition avec les partenaires internationaux des conditions et modalités de mise
en œuvre de la résolution 2699.

Section XV : Garanties de la mise en œuvre et du respect de


l’Accord
Article 46.- Les parties s'engagent à coopérer de bonne foi pour sortir le pays de la
crise, à entretenir une atmosphère de convivialité citoyenne entre les secteurs et les
membres du CP, à faire preuve de respect mutuel et d’empathie, à renforcer la solidarité
entre ses membres en vue d’accroître leur capacité collective à répondre efficacement
aux revendications des citoyennes et des citoyens.

Article 47.- Les parties s’engagent dès la signature du présent Accord à mettre en place
une assemblée bénévole des neuf (9) secteurs impliqués dans la formation du Conseil
Présidentiel. Cette assemblée sera constituée de trois (3) représentant.e.s qualifié.e.s
par secteur dûment mandaté.e.s.

Article 47.1.- La mission de l’Assemblée des Secteurs est de :

- Veiller au suivi de l’Accord dans sa lettre et son esprit ;


- Poursuivre les négociations subséquentes afin de dégager les compromis
nécessaires permettant au processus de transition de faire face aux épreuves
qu’elle aura à surmonter jusqu’à la réalisation des élections générales ;
- Produire et transmettre au Conseil Présidentiel des recommandations
pertinentes, validées de manière consensuelle, en lien avec l’orientation et le
pilotage de la transition ;
- Constituer de concert avec le Conseil Présidentiel une Commission de
Conciliation de neuf (9) membres, chargée de faciliter l’harmonisation entre
les membres du CP et entre le CP et les autres organes de la Transition en
cas de différends.

Section XVI : Dispositions finales

Article 48.- Il est entendu que le Droit de Crise au cours de cette période exceptionnelle
de transition se réfèrera le plus que possible à la jurisprudence en la matière quand elle
existe et sera exercé en concertation avec les organes de contrôle de l’État.

Article 49.- Les membres du Conseil Présidentiel, du Gouvernement et de l’OCAG ne


pourront pas solliciter un poste électif aux prochaines élections.

Article 50.- Le Conseil Présidentiel veillera à la réduction du train de vie de l’État durant
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la période de transition au sein des différents organes de la transition, notamment le
Conseil Présidentiel, le gouvernement et les organismes autonomes de l’État.

Article 51.- Vu l’urgente nécessité de mettre en place le pouvoir exécutif de la transition,


les membres du Conseil Présidentiel, du gouvernement et de l’OCAG disposent d’un
délai maximum de 30 jours, à partir de la date de leur installation, pour verser à leur
dossier les pièces suivantes :
o Certificat de Police délivré par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ)
ou un casier judiciaire délivré par le TPI ;
o Déclaration Définitive d’Impôts sur le Revenu ;
o Certificat de Déclaration de Patrimoine dans le strict respect de la Loi portant
Déclaration de Patrimoine.

Article 52.- Les membres du Conseil Présidentiel, du gouvernement et de l’OCAG avant


leur prestation de serment/installation, s’engagent par un acte notarié qu’ils soumettront
la totalité de ces pièces dans les 30 jours qui suivent leur prestation de serment, compte
tenu du fait que la loi en fait exigence avant même la prise de fonction.

Article 52.1.- Les contrevenants aux articles 49 et 50 susmentionnés seront punis


conformément à la loi.

Article 53.- Le présent Accord, après publication, est ouvert à la signature des
organisations qui adhèrent à son contenu.

Fait à Port-au-Prince, le 03 avril 2024


Suivent les signatures :

Secteurs Représentants

Magali Comeau DENIS

Accord du 30 août 2021 dit Accord de Montana Ernst MATHURIN

Jacques Ted ST-DIC

Fritz Alphonse JEAN

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Secteurs Représentants

Saurel JACINTHE

Accord du 21 Décembre 2022 Vikerson GARNIER

Louis Gérald GILLES

Raina FORBIN
Associations patronales et regroupements
d’hommes et de femmes d’affaires haïtiens

Pierre Marie Boisson

Clarens RENOIS
Collectif des Partis Politiques du 30 Janvier
2023
Liné BALTHAZAR

Edgard LEBLANC Fils

Organisation Politique Fanmi Lavalas


Lesly VOLTAIRE

13 | P a g e
Secteurs Représentants

Weesley PIERRE
Parti Pitit Desalin

Emmanuel VERTILAIRE

Sterline CIVIL

Plateforme Résistance Démocratique


(RED/EDE) et le regroupement politique
Compromis Historique

Smith AUGUSTIN

Georges Wilbert FRANCK

Groupe de la Société civile


Pierre Jean Raymond ANDRE

Frinel JOSEPH

Rassemblement pour une Entente Nationale René JEAN-JUMEAU


(REN)/Inter-Foi
Jean Lucien LIGONDÉ

Régine ABRAHAM

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