Les Groupes 1
Les Groupes 1
Les Groupes 1
CHAPITRE I
Groupes
1. Ensembles quotients.
Définition. Soit E un ensemble non vide. On appelle partition de E un ensemble de
parties non vides deux à deux disjointes de E et dont E est la réunion.
Exemple. E = {1, 2, 3, 4}. On peut considérer la partition {1}, {2, 3}, {4} .
Remarque. Si on indexe
les éléments de la partition à l’aide d’un ensemble E, on obtient
(Ei )i∈I avec E = Ei et ∀(i, j) ∈ I × I, si i = j alors Ei ∩ Ej = φ).
i∈I
1
Remarque.
1) Ceci généralise la notion d’égalité.
2) Donner une relation binaire R sur E revient à donner une partie G de E × E et à
poser
∀(x, y) ∈ E × (xRy ⇐⇒ (x, y) ∈ G)
on dit que G est le graphe de R.
On pourra à titre d’exercice traduire les propriétés de la définition 2 en propriétés de
l’ensemble G.
Définition. Avec les notations de la définition précédente l’ensemble des classes d’équivalence
de E pour R est appelé ensemble quotient de E par R et noté E/R. L’application
s : E → E/R définie par :
∀x ∈ E s(x) = x
est la surjection canonique de E sur E/R.
Démonstration.
1. Soit R une relation d’équivalence donnée sur E
a) Soit x ∈ E. On a x ∈ x (réflexivité)
donc E est réunion des classes d’équivalence aucune classe n’est vide.
b) Montrons que deux classes sont soit disjointes, soit confondues.
Soient x et y dans E et supposons x ∩ y = φ.
Montrons qu’on a x ⊆ y. On aura alors de même y ⊆ x d’où x = y.
Par hypothèse, il existe z0 ∈ E tel que xRz0 et yRz0 .
Soit t ∈ x. On a yRz0 , z0 Rx, xRt d’où yRt et donc t ∈ y.
Remarquons au passage que si x et y sont des éléments de E on a :
xRy ⇐⇒ y ∈ x ⇐⇒ x = y
⇐⇒ x et y sont dans la même classe d’équivalence.
2. Réciproquement. Considérons une partition de E. On a E = Ei et ∀x ∈ E ∃!ix ∈ I
i∈I
tel que x ∈ Ei .
Soient x et y dans E. On pose
Il est immédiat que S est une relation d’équivalence sur E, qui induit la partition
donnée.
2
Remarque. Donner une partition de E équivaut donc à donner une relation d’équivalence
sur E.
Corollaire du théorème. Soit E un ensemble fini non vide muni d’une relation
d’équivalence. Soient E1 , . . . , Er les différentes classes d’équivalence.
r
1) Alors on a Card(E) = Card(Er ).
i=1
2) En particulier, dans le cas où toutes les classes d’équivalence ont le même nombre
d’éléments m on a :
Remarque. Ce corollaire est très utile pour dénombrer des ensembles finis.
Exemples.
1) Soit E l’ensemble des droites du plan de la géométrie élémentaire. Si D1 et D2 sont
des droites, on pose D1 RD2 ⇐⇒ D1 et D2 sont parallèles (disjointes ou confondues).
On obtient une relation d’équivalence (par l’axiome d’Euclide).
La classe d’équivalence d’une droite est l’ensemble des droites parallèles à cette droite.
L’ensemble E/R est l’ensemble des directions de droites.
2) Soit E = R. On pose
• L’ensemble des classes d’équivalence qu’on notera Z/nZ admet donc exactement
n éléments
Z/nZ = {0, 1, . . . , n − 1}.
∀x ∈ E f(x) = f (x)
3
on a donc f ◦ s = f pour s : E → E/R surjection canonique.
f
E −−−−−−−−−→F
f
E/R
Exemple. Les fonctions cos, sin, . . . passent au quotient par la relation de congruence modulo
2π.
cos
R−−−−−−−−−→R
s
cos
R/2πZ
Proposition 2 et définition.
Soient E et F des ensembles et f : E → F une application.
Soit S la relation binaire sur E donnée par :
s f i
E −→ E/S −→ f −→ F
où
1) s est la surjection canonique : ∀x ∈ E, s(x) = x.
2) i est l’injection canonique : ∀x ∈ f, i(x) = x.
3) f est donné par : ∀x ∈ E, f (x) = f (x).
De plus f est une bijection de E/S sur f .
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2. Passage d’une loi au quotient. Cas de Z/nZ.
Définition. Soit E un ensemble muni d’une relation d’équivalence R et d’une loi de
composition interne notée ∗ :
E×E →E
(x, y) → x ∗ y
On dit que la loi ∗ passe au quotient par R (ou est compatible avec l’équivalence R) si
on a ∀x, x , y, y dans E,
x ∗ y := x ∗ y.
Remarque.
1) Il est immédiat que de nombreuses propriétés de la loi initiale ∗ sont conservées par
passage au quotient (commutativité, associativité). On examinera plus loin le cas où E
est muni d’une structure algébrique courante (groupe, anneau).
2) On peut de même définir la compatibilité d’une relation d’équivalence avec une loi externe
(cf. les espaces vectoriels quotients).
x ≡ x mod n
y ≡ y mod n
Remarque. On notera encore + et × les lois obtenues par passage au quotient dans
Z/nZ.
(a + b)p ≡ ap + bp mod p
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Démonstration. On a (formule du binôme)
p
p!
p
(a + b) = ckp ak bp−k avec par convention a0 = b0 = 1 et ckp =
k!(p − k)!
k=0
On remarque que pour k ∈ {1, . . . , p − 1}, on a ckp .k!(p − k)! = p!, avec p ne divisant ni
k!, ni ( p − k)!, donc p divise ckp .
On obtient donc (a + b)p ≡ c0p bp + cpp ap = bp + ap .
Conséquences immédiates.
s s s
1) Soit s ∈ N \ {0}. Montrer que (a = b)p = ap + bp mod p.
s s s
2) Soient a1 , . . . , ar dans Z, r ≥ 2. Montrer que (a1 + . . . + ar )p ≡ ap1 + . . . + apr mod p
(Démonstration laissée en exercice).
ap ≡ bp = (1 + . . . + 1)p ≡ 1p + . . . + 1p = b ≡ a mod p.
b fois b fois
D’où ap ≡ a mod p.
On dit que (G, ∗) est groupe si les propriétés suivantes sont vérifiées :
1) la loi ∗ est associative :
∀(x, y, z) ∈ G × G × G, x ∗ (y ∗ z) = (x ∗ y) ∗ z,
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2) il existe un élément neutre e pour la loi ∗ :
∃e ∈ G ∀x ∈ G e ∗ x = x ∗ e = x.
[Remarque : cet élément neutre est alors unique car si e en est un autre
on a :
e ∗ e = e = e]
Exemples.
1) (N, +) n’est pas un groupe (il manque les “symétriques”),
(Z, +) est un groupe, (Z, ×) n’est pas un groupe.
2) R≥0 = {x ∈ R, x ≥ 0} n’est pas un groupe pour la multiplication,
R>0 = {x ∈ R, x > 0} en est un.
a ∗ x = y ⇐⇒ x = a ∗ y
x ∗ a = z ⇐⇒ x = z ∗ a
Remarque.
1) La proposition signifie en particulier que dans un groupe on peut faire des simplification
à gauche ou à droite (ce que par exemple on ne pourrait pas faire dans R≥0 ).
2) D’autre part, quand on écrit la table de multiplication d’un groupe fini chaque élément
doit apparaı̂tre une et une seule fois sur chaque ligne et une et une seule fois sur chaque
colonne (on a un carré latin).
x∗y e a
e e a
a a e ←− seule possibilité
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Posons G = {−1, 1} ⊆ R. Alors G muni de la multiplication usuelle est un exemple de tel
groupe. Un autre exemple est celui de Z/2Z. En effet on a :
Proposition 6. Soit n ∈ N \ {0}. Alors l’ensemble quotient Z/nZ muni de la loi obtenue
par passage au quotient de l’addition usuelle est un groupe.
Démonstration immédiate.
Exercice.
1) Ecrire la table du groupe Z/6Z et vérifier la bijectivité de ϕa et ψa définies comme
précédemment.
2) Soit G un ensemble fini muni d’une loi interne associative ∗ possédant un élément neutre
et tel que les applications ϕa et ψa définies comme précédemment soient injectives.
Montrer que (G, ∗) est un groupe.
Définition. Soit (G, ∗) un groupe. On dit que le groupe est abélien, ou commutatif, si la
loi ∗ est commutative :
∀(x, y) ∈ G × G x ∗ y = y ∗ x.
Exemples.
1) Le groupe (Z, +) est commutatif et donc également le groupe Z/nZ.
2) Si E est un ensemble non vide, l’ensemble S(E) des bijections de E dans E, muni
de la loi de composition des applications est un groupe.
(dans le cas où n ∈ N \ {0} et où E = {1, . . . , n}, ce groupe est le groupe symétrique,
noté Sn ).
Si E a au moins trois éléments alors S(E) n’est pas commutatif. Prouver ce résultat
en donnant un contre-exemple.
3) Soit n ∈ N \ {0}, l’ensemble GL(n, R) des matrices n × n à coefficients dans R est
pour le produit usuel des matrices un groupe. Si n ≥ 2 ce groupe n’est pas commutatif.
Prouver ce résultat en donnant un contre-exemple.
Notations.
1) Si la loi du groupe est notée multiplicativement (par ×, ·, ◦), on notera en général 1G
l’élément neutre et x−1 l’inverse d’un élément x.
Pour x ∈ G on posera x0 = 1G .
x1 = x, et par récurrence,
pour n ∈ N \ {0} xn = (xn−1 ).x,
pour n ∈ Z \ N xn = (x−1 )−n .
On peut alors démontrer (exercice) qu’on a :
∀x ∈ G ∀(n, m) ∈ Z × Z, xn+m = xn .xm
(xn )m = xn.m .
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et on a (n + m)x = nx + mx
m(nx) = (mn)x.
Définition.
1) Soient (G, ·) et (G , ∗) des groupes et f : G → G une application. On dit que f est
un morphisme de groupes si on a :
∀(x, y) ∈ G × G f (x · y) = f (x) ∗ f (y).
2) Si de plus f est bijective on dit que f est un isomorphisme de groupes. Les groupes
(G, ·) et (G , ∗) sont alors dits isomorphes.
3) Un isomorphisme du groupe G sur lui-même s’appelle un automorphisme du groupe
G.
Démonstration.
1) Soit x ∈ G. On a :
f (x) = f (x · 1G ) = f (x) · f (1G )
= f (x) · 1G
d’où par simplifiabilité f (1G ) = 1G .
2) Soit x ∈ G. On a :
f (x · x−1 ) = f (x) · f (x−1 )
= f (1G ) = 1G
−1
et f (x · x) = f (x−1 · f (x) = 1G , de même.
Exemples.
1) Soit n0 ∈ Z. L’application f : Z → Z donné par ∀m ∈ Z f (m) = n0 m est un
morphisme de groupes.
2) Soit (G; ·) un groupe, soit a ∈ G. Alors l’application f : (Z, +) → (G, ·) définie par :
∀n ∈ Z f (n) = an est un morphisme de groupes.
3) L’application canonique Z → Z/nZ qui à chaque élément x de Z associe sa classe
modulo x est un morphisme de groupes.
4) On note Sn le groupe des bijections sur l’ensemble {1, . . . , n} (n entier n ≥ 1). Alors
l’application Sn → {1, −1} qui à tout σ ∈ Sn associe ε(σ) = signature de σ est un
morphisme de groupes.
5) On note GL(n, R) le groupe des matricces inversibles n × n à coefficients dans R.
Alors l’application GL(n, R) → (R \ {0}, ×) qui à tout M associe son déterminant est
un morphisme de groupes.
Exercice.
1) Donner un exemple d’isomorphisme transformant l’addition usuelle en multiplication
usuelle.
2) Soit G un groupe. Soit a ∈ G. Soit ϕa : G → G défini par ∀x ∈ G ϕa (x) = axa−1
montrer que ϕa est un automorphisme de G (on dit que c’est un automorphisme
intérieur).
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III - Sous-Groupes, groupes engendrés par une partie d’un groupe,
ordre d’un élément.
1. Sous-groupes, définitions, exemples.
Définition. Soit (G, ·) un groupe. Soit H ⊆ G. On dit que H est un sous-groupe de G
et on notera H < G si on a :
1) H = φ
2) ∀(x, y) ∈ H × H x.y ∈ H
3) ∀x ∈ H, x−1 ∈ H.
Remarque.
a) La condition 1) est indispensable. On peut la remplacer par 1G ∈ H.
b) Les conditions 2) et 3) peuvent être remplacées par :
∀(x, y) ∈ H × H, xy −1 ∈ H
Démonstration.
1) Il est immédiat qu’un sous-ensemble du type précédent est un sous-groupe de Z.
2) Réciproquement, soit H < Z et supposons H = {0}. Alors {h ∈ H/h = 0} = {0} et
donc
{h ∈ H/h > 0} = φ.
Posons n0 = min{h ∈ H, h > 0}.
• On a n0 ∈ H d’où n0 Z ⊆ H
• Soit x ∈ H alors (division euclidienne), il existe m ∈ Z et r ∈ N, 0 ≤ r < n0 tels
que x = n0 m + r.
On a r = x − n0 m ∈ H avec r < n0 d’où, par définition de n0 , on a r = 0 et donc
x ∈ n0 Z d’où H ⊆ n0 Z.
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- de toutes les rotations de centre (0, 0) dont l’identité
- de toutes les symétries orthogonales par rapport aux droites vectorielles.
On se servira de ce groupe pour construire des groupes finis (voir TD) en particulier
pour tout n ≥ 3 le groupe Dn diédral qui a 2n éléments et formé des éléments
de O(R2 ) laissant l’ensemble
2kπ 2kπ
(cos , sin ) (k ∈ {0, . . . , n − 1)
n n
globablement invariant.
On a le théorème suivant reliant l’ordre d’un groupe aux ordres des sous-groupes.
∀(x, y) ∈ G × G xRH y ⇐⇒ xy −1 ∈ H.
Card G
[G : H] = indice de G dans H = .
Card H
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3. Groupe engendré par une partie d’un groupe. Ordre d’un élément dans un
groupe.
Proposition 9. Soit (Hi )i∈I une famille de sous-groupes d’un groupe G. Alors Hi
i∈I
est un sous-groupe de G.
Remarque.
1) Pour A = φ on obtient < A >= {1G }.
2) Cette définition est très théorique. Voici l’interprétation pratique dans le cas A = φ.
Proposition 11. Soit (G, ·) un groupe. Soit A une partie non vide alors < A > est
l’ensemble des produits finis d’éléments de A et d’inverses d’éléments de A.
Exemples.
1) G = Z nZ A = {n}
2) A = {a} ⊆ G G groupe noté multiplicativement.
Alors < A >= {an /n ∈ Z}.
3) Soit n ∈ N n ≥ 3. le groupe diédral Dn est engendré par la rotation r d’angle de
2π
mesure et par la symétrie orthogonale par rapport à vect(1, 0) dans R2 .
n
4) Pour n ∈ N n ≥ 2 le groupe Sn est engendré par l’ensemble des transpositions et pour
n ≥ 3 le groupe An formé des permutations paires de Sn est engendré par l’ensemble
des 3-cycles.
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Remarque. On verra plus loin comment dans le second cas relier n0 à l’ordre de < a >
et à celui de G si celui-ci est fini. Si G =< a > avec a d’ordre fini, on dit que G est
cyclique ; on verra aussi pourquoi.
Démonstration de la proposition.
Soit ϕ : Z →< a > . Alors ϕ est un morphisme (surjectif) de groupes.
n → an . On pose Ker ϕ = {n ∈ Z/ϕ(n) = 1G }.
1er cas. Ker ϕ = {0}, c’est-à-dire an = 1G ⇒ n = 0 alors < a > Z et < a > est infini.
2ème cas. Ker ϕ = {0}. Ker ϕ est un sous-groupe de Z. Donc si n0 est le plus petit
élément strictement positif de Ker ϕ, on a Ker ϕ = n0 Z.
Exemples - Exercices
1) Dans (Z, +) tout élément non nul est d’ordre infini.
2) Dans le groupe Dn l’élément r est d’ordre n, l’élément s d’ordre 2.
On remarquera que si dans un groupe a est d’ordre n et b d’ordre m, même si n
et m sont premiers entre eux, si ab = ba, il n’y a aucun lien entre l’ordre de ab et les
ordres de a et b.
3) Montrer que si a est d’ordre rs alors ar est d’ordre s, et de façon générale calculer
l’ordre de am pour m ∈ Z sachant que a est d’ordre n. Appliquer ce résultat pour
calculer les ordres de tous les éléments de Z/12Z.
Proposition 12bis et Définition. Soit (G1 , · et (G2 , ·) des groupes. Alors on peut
munir l’ensemble G1 × G2 d’une structure de groupe en posant :
∀(g1 , g2 ) ∈ G1 × G2
∀(h1 , h2 ) ∈ G1 × G2
Démonstration immédiate.
Remarque.
1) La définition précédente peut se généraliser pour définir le produit G1 × . . . × Gr de r
groupes, r ≥ 3.
2) Il est en général possible de définir sur G1 × G2 d’autres structures de groupes liées à
celles de G1 et G2 , en faisant intervenir un morphisme de groupes G2 → Aut G1 .
G1 × G 2 → G
(g1 , g2 ) → g1 · g2
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Proposition 13. Avec les notations de la définition on a :
a) G = G1 · G2 où G1 · G2 = {g1 · g2 /g1 ∈ G1 , g2 ∈ G2 }
G = G1 ⊕ G2 =⇒ b) G1 ∩ G2 = {1G }
c) tout élément de G1 est permutable avec tout élément de G2 .
Démonstration. exercice.
On pourra remarquer que si on a G = G1 ⊕ G2 et si G1 est abélien, alors on a G1 ⊆ Z(G)
où Z(G) désigne le centre de G. Z(G) = {g ∈ G/∀h ∈ G gh = hg}.
2. Groupes quotients.
Rappel. Si G est un groupe et si H est un sous-groupe de G, on a vu que la relation
RH sur G donnée par xRH y ↔ xy −1 ∈ H.
Commençons par le cas commutatif (en passant aux notations additives). On a :
xRH x et yRH y .
x − x ∈ H et y − y ∈ H
d’où
(x + y) − (x + y ) = (x − x ) + (y − y ) ∈ H
car la loi + est commutative.
On peut donc poser
x + y := x + y.
Le reste de la proposition est immédiat. L’élément neutre de G/H est O, l’opposé de x
est −x.
Remarque. On a exactement repris la démonstration faite pour Z/nZ, qui a bien entendu
une structure de groupe. On voit que la commutativité de la loi a été effectivement utlisée.
Pour définir des quotients de groupes non commutatifs on va devoir exiger des sous-groupes
H une condition supplémentaire.
∀x ∈ G ∀h ∈ H xhx−1 ∈ H.
Notation. H G.
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Exemples.
1) Bien entendu, si G est abélien tout sous-groupe de G est normal dans G.
2) Pour le groupe Dn =< r, s > (n ≥ 3) vu précédemment, on a :
3) Pour tout groupe G, le groupe Z(G) est normal dans G, et en particulier on verra
des exemples de sous-groupes qui sont normaux en tant que “noyaux” de morphismes.
(voir au 6)).
Comme on a yy −1 ∈ H il existe h ∈ H tel que x.y y −1 x−1 = h d’où xyy −1 x−1 =
hxx−1 ∈ H car xx−1 ∈ H d’où xyRH x y . Donc la relation RH est compatible avec la
loi de G, on peut poser x.y = x.y et on obtient de façon immédiate la structure de groupe.
Remarque.
1) On peut en fait démontrer que si G est un groupe, les seules relations d’équivalence R
qui sont compatibles avec la loi de G sont obtenues
− en prenant un sous-groupe normal H de G (en fait H = classe de 1G )
− en posant xRy ⇐⇒ xy −1 ∈ H
2) Si H est un sous-groupe de G, on peut aussi considérer la relation SH (d’équivalence)
sur G suivante
xSH y ⇐⇒ y −1 x ∈ H.
La classe d’équivalence de y0 est alors y0 H alors qu’elle était Hy0 pour la relation
RH on peut démontrer qu’on a :
H G ⇐⇒ y0 H = Hy0 ⇐⇒ RH = SH
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Démonstration. En effet l’ordre de G/H est le nombre de classes d’équivalence pour la
relation RH qu’on avait noté plus haut [G : H] : indice de H dans G.
Démonstration de 2.
a) Supposons f injective et x ∈ Ker f. On a f (x) = 1G = f (1G ) d’où x = 1G
d’où Ker f = {1G }.
b) Supposons Ker f = {1G } et soient x et y dans G tels que f (x) = f (y).
On a (propriété des morphismes de groupes)
Exemples.
1) Soit ε : Sn → {1, −1} l’application qui a tout σ ∈ Sn associe sa signature ε(σ). On
sait que ε est un morphisme de groupes.
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Proposition 19. Soient (G, ·) et (G , ·) des groupes et soit f : G → G un morphisme
de groupes. Soit H un sous-groupe normal de G tel que H ⊆ Ker f.
Alors il existe un unique morphisme de groupes f : G/H → G tel que
f
G−−−−−−−−−→G
f ◦s=f
s f
où s est la surjection canonique.
G/H
f
G −→ G/ Ker f −→ f −→ G
s i
où
1) s et i sont les morphisme canoniques.
2) f donnée par : f (x) = f (x).
f est un isomorphisme de groupe.
On a donc l’isomorphisme de groupes :
G/ Ker f f
Remarque. Dans le cas où G est fini on a donc Card G = (Card Ker f ) · (Card f ).
Démonstration du théorème.
1) On remarque que RKer f est la relation d’équivalence associée à l’application f. En
effet si x et y sont dans G, on a :
xRKer f y ⇐⇒ xy −1 ∈ Ker f
⇐⇒ f (xy −1 ) = 1G
⇐⇒ f (x) = f (y).
Exemples.
1) Soit n ∈ N, n ≥ 2.
Soit ε : Sn → {1, −1} l’application signature. Elle est surjective et on a Ker ε = An ,
Sn
d’où {1, −1}.
An
n!
On en déduit en particulier, sachant que Sn est d’ordre n!, que An est d’ordre .
2
2) Soit n ∈ N, n ≥ 2.
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Soit Det : GL(n, K) → (K ∗ , ×) l’application déterminant (également surjective).
GL(n, K)
On a (K ∗ , ×).
SL(n, K)
3) Soit f : R → U = groupe multiplicatif des nombres complexes de module 1 donnée par
∀θ ∈ R f (θ) = eiθ . Alors f est un morphisme surjectif de groupes de noyau 2πZ. On
a donc U R/2πZ.
On va voir deux corollaires du théorème, aux conséquences importantes.
Corollaire 21.
1) Soit (G, ·) un groupe et soit un élément d’ordre fini de G. Alors l’ordre de a est le
cardinal de < {a} > .
2) Si (G, ·) est un groupe fini tout élément de G est d’ordre fini divisant l’ordre de G.
∀n ∈ Z ϕ(n) = an .
Définition. Soit G un groupe fini d’ordre n0 tel que G soit engendré par un seul
élément a. On a donc G =< {a} > Z/n0 Z, on dit que G est un groupe cyclique.
ar = ar+n
a = an+1
1 = an
an-1
.
on va voir plus loin quelques propriétés des groupes cycliques. On commence par un second
corollaire qu’on retrouvera également plus loin à propos des anneaux.
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Corollaire 22. Théorème chinois des restes.
Soient n1 , . . . , nr des nombres entiers, r ≥ 2, ∀i, ni ≥ 2. On suppose n1 , . . . , nr deux
à deux étrangers.
1) Alors les groupes Z/n1 Z × . . . × Z/nr Z et Z/n1 . . . nr Z sont isomorphes.
2) Pour tout (a1 , . . . , ar ) ∈ Z2 , il existe x ∈ Z tel que ∀i ∈ {1 . . . r}, x ≡ ai , mod ni .
On verra en utilisant les propriétés des anneaux que si r et s sont des nombres premiers
entre eux alors ϕ(rs) = ϕ(r)ϕ(s).
On continue l’étude des groupes cycliques.
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Proposition 24.
1) Soit G un groupe cyclique.
Alors tout sous-groupe et tout groupe quotient de G est cyclique.
2) Soit G un groupe cyclique d’ordre n0 , n0 ∈ N \ {0}.
Soit d un diviseur de n0 . Alors G admet un et un seul sous-groupe d’ordre d.
Démonstration.
Soit a un générateur de G, on suppose a d’ordre n.
a) Soit f : G → G un morphisme surjectif. Alors
et d’autre part, on a :
f f −1 (H) = f (δZ) = {aδm /m ∈ Z}
=< {aδ } > . Donc H =< {aδ } >
c) Réciproquement
n0
si d est un diviseur de n0 , alors le groupe H engendré par
a d est d’ordre d.
Exercice.
1) Donner tous les sous-groupes de Z/12Z.
2) Combien pour δ donné divisantn0 , le groupe Z/nZ a-t-il d’éléments d’ordre δ ?
En déduire une expression de ϕ(δ).
δ/n
1≤δ≤n
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