Jesa Tolba Lefebvre Thomas Elmoudni HAL
Jesa Tolba Lefebvre Thomas Elmoudni HAL
Jesa Tolba Lefebvre Thomas Elmoudni HAL
Petri hybrides
Cherif Tolba, Dimitri Lefebvre, Philippe Thomas, Abdellah Elmoudni
RÉSUMÉ. Cet article traite de la commande des feux de carrefour à l’aide de réseaux de Petri
hybrides. Après avoir modélisé la dynamique hétérogène du trafic, les caractéristiques non
linéaires du modèle obtenu sont mises en évidence. La linéarisation de ce modèle par
l’approche multi - modèles permet de mettre en œuvre des commandes événementielles
basées sur la détection de certains événements internes. Les performances de ces commandes
sont comparées aux performances obtenues à l’aide de commandes usuelles utilisées pour la
synchronisation des feux des carrefours isolés. Enfin, l’approche a été étendue à la régulation
du trafic dans un réseau de plusieurs carrefours.
ABSTRACT. This article deals with traffic lights control by using hybrid Petri nets. The
modelling of traffic heterogeneous dynamic leads to non linear characteristics. Linearization
of this model by means of multi - models made it possible to implement discrete event
controllers based on thresholds detection. Performances of the resulting controllers are
compared with usual controllers used to synchronization of traffic lights in isolated
crossroad. This approach was also extended to traffic control in large scale networks.
MOTS-CLÉS : régulation du trafic, Réseau de Petri hybride, système non linéaire, approche
multi - modèle, commande événementielle.
KEYWORDS: traffic control, hybrid Petri net, non linear system, multi - model approach, event
control.
1. Introduction
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les villes n’ont pas cessé de
s’étendre. Afin d’absorber les flux de personnes et de marchandises, les voies de
circulation se sont multipliées jusqu’à représenter, presque, la moitié de la superficie
totale des zones urbaines. Cet accroissement du nombre de voies de circulation n’est
cependant pas suffisant, ce qui implique l’apparition de phénomènes de congestion
et de files d’attente, et dans le pire des cas, provoquent des accidents. De manière
générale, la congestion conduit à la dégradation de la qualité de service des
infrastructures routières.
Le processus d’évolution du trafic peut être assimilé à un système dynamique
hybride dont l’évolution des files d’attente est décrite par une partie continue et
l’occurrence d’évènements par une partie discrète. Ceci s’explique par le fait que
l’approche hybride reflète la réalité d’évolution des systèmes de transport. En terme
de modélisation, la partie continue décrivant l’évolution instantanée du système est
représentée par un ensemble de variables d’état qui évoluent selon des équations
différentielles validées dans des domaines temporels spécifiés. La partie discrète est
décrite par une suite d’états discrets dépendant d’une séquence d’événements
(internes ou externes). La synthèse des lois de commande des systèmes hybrides se
situe au cœur des recherches menées actuellement par de nombreux scientifiques
(Antsaklis et Koutsoukos, 2002).
En ce qui concerne la gestion du trafic pour une utilisation optimale des
infrastructures disponibles, de nombreuses stratégies de régulation des feux de
signalisation ont été mises en place. Ces stratégies reposent principalement sur
l’estimation des temps d’attente et des longueurs des files d’attente aux
intersections. Ces paramètres permettent d’évaluer la qualité de service des
intersections à feux. L’approche traditionnelle dans la commande des feux utilise
des plans de signalisation à période fixe pour lesquels les durées des feux sont
prédéterminées. Dans ce cas les paramètres essentiels de la commande, comme la
durée du cycle, le partage du vert et les décalages sont calculés hors ligne, à partir
d’un historique des données (Cohen, 1990). Bien que la réalisation de cette stratégie
soit basée sur des données recueillies sur le terrain, la gestion du trafic reste éloignée
d’une exploitation optimale des ressources car on ne parvient pas à suivre les
fluctuations de la demande.
Depuis les avancées significatives dans les domaines de l’informatique et de la
télécommunication, le calcul des paramètres de la commande des feux se fait en
temps réel à partir de mesures transmises par des boucles électromagnétiques ou des
caméras numériques. Ces stratégies de commandes adaptatives régulent l’état des
feux en fonction de la présence ou non de véhicules à l’intersection. De nombreux
simulateurs sont ainsi développés pour la régulation des réseaux urbains : « SCOOT
(Hunt et al., 1981 ; Hansen et al., 2000) » ; « PRODYN (Henry, 1983 ; Khoudour et
al., 1991) » ; « OPAC (Gartner et al., 1991) » ; « SCATS (Sims et Finaly, 1984 ;
Taylor et Abdel-Rahim, 1998) » ; « CRONOS (Boillot, 2002) ».
L’exploitation du potentiel des réseaux de Petri (RdP) (David et Alla, 1992) dans
la régulation des feux de trafic a été initiée par Jensen (1992) en modélisant les feux
de signalisation par un RdP coloré. Wang et al., (1993) ont utilisé les RdP pour la
commande et l’évaluation des performances d’une intersection isolée en se basant
sur le simulateur SIMNET (Simulation Nets). DiCesare et al. (1994) ont proposé
une approche modulaire pour l’évaluation et la commande de six intersections
adjacentes. Ces résultats étaient obtenus avec le simulateur POSES (Predicate
Transition Net Oriented Simulation). Gallego et al., (1996) ont développé un
contrôleur des feux de signalisation à base de réseaux de Petri interprétés (David et
Alla, 1992). Le contrôleur proposé a pour rôle de traduire certaines contraintes
imposées permettant de garantir le bon fonctionnement d’un carrefour à feux.
Récemment, les RdP hybrides (Le Bail et al., 1991) ont aussi été appliqués avec
succès pour la modélisation et la commande des systèmes de transport (Di Febrarro
et al., 2004).
Dans cet article nous présentons un système de commande des feux de
signalisation basé sur les RdP hybrides (RdPH) qui modélisent les dynamiques
hétérogènes des véhicules dans le carrefour. La circulation des véhicules est
caractérisée par un comportement continu sur les routes et par un comportement
discret au niveau des croisements routiers. Ces deux comportements sont
respectivement modélisés par un RdP continu à vitesses variables (RdPCV) (Tolba
et al., 2001) et un RdP Temporisé (RdPT) (Tolba et al., 2003). Après avoir modélisé
l’écoulement du trafic ainsi que les interactions événementielles résultant du
changement de l’état des feux de signalisation, le comportement non linéaire du
trafic est décomposé en multi-modèles linéaires. La détection des limites des
domaines de validité de ces modèles permet d’évaluer l’état du trafic et par
conséquent de commuter ou non le feu.
Cet article est organisé en six sections. Dans la section 2, nous décrivons la
topologie d’un carrefour isolé et ensuite nous présentons son modèle par RdP
hybride. Une fois le modèle établi, nous essayons d’élargir cette approche à la
modélisation d’un ensemble de carrefours interconnectés. L’approche multi -
modèle et la commande par rupture de seuils sont présentées respectivement dans
les sections 3 et 4. Des simulations pour l’analyse et la comparaison de la
commande par rupture de seuils appliquée à un carrefour isolé et étendue à un
réseau complexe font l’objet de la section 5. Enfin, des conclusions et des
perspectives de recherches sont exposées dans la section 6.
Dans cette section on traite un exemple d’application des réseaux de Petri dans
les systèmes de transport.
Le système étudié est un carrefour à feux isolé qui comporte deux voies (L1, L2)
avec deux feux de signalisation (T*1, T*2) implantés à l’extrémité du carrefour,
Figure 1.
Les voies du carrefour de la Figure 1 sont caractérisées par un taux d’arrivée
moyen égal à µ1 et µ2. Des boucles de détection de véhicules (B1, B2) sont
implantées, respectivement à l’entrée des voies L1 et L2, à une distance ∆1 et ∆2 de la
ligne d’arrêt. Chaque voie du carrefour est de capacité limitée égale à c. La vitesse
libre vfree, correspond à la vitesse maximale que peut atteindre un véhicule
empruntant le carrefour. Le trafic s’écoule dans deux directions: Ouest-Est (O-E) et
Nord-Sud (N-S). Par souci de simplicité, les voies de circulation sont supposées être
à sens unique et la prise en compte des mouvements de tournes à gauche et à droite
est exclue de notre étude. De plus le feu a deux états « vert » et « rouge ». La durée
du feu « orange » est ajoutée à celle du feu « rouge ».
L2
N
B2
O E
∆2 S
T* 2 Ligne d’arrêt
∆1
L1
B1
T* 1
Les réseaux de Petri hybrides (RdPH) sont une extension des RdP (Le Bail et al.,
1991). Dans les RdPH, la représentation des systèmes à comportements hétérogènes
est décrite par deux parties distinctes : une partie continue dont le comportement est
décrit par un RdP continu et une partie discrète qui est modélisée par un RdP
temporisé (à temporisation déterministe ou stochastique). Le marquage d’une place
continue est représenté par un nombre réel positif. En revanche, le marquage d’une
place discrète est représenté par un nombre entier non négatif. Le franchissement
d’une transition discrète peut entraîner une modification sur le marquage du RdP
continu et vice versa. L’intersection de la figure 1 est un système hybride (Lei et
Ozguner, 2001) dans lequel l’écoulement du trafic sur les voies peut être représenté
par un RdP continu et le changement des états de feu par un RdP discret (Di
Febbraro et al., 2004) (Tolba et al., 2004). Grâce à une approche de modélisation
modulaire qui consiste à décomposer le fonctionnement du carrefour en deux
modules principaux (feux de signalisation et écoulement du trafic), nous allons
présenter le modèle par RdPH du carrefour à feux.
Dans ce paragraphe, nous présentons le modèle par RdPCV (Tolba et al., 2001)
permettant de modéliser l’écoulement du trafic sur les voies du carrefour, Figure 2.
Avant d’aborder la méthode de modélisation du trafic, nous allons rappeler les
principes de base d’un RdPCV. Lorsque les dynamiques d’un système physique sont
nombreuses, sa modélisation par un RdP discret nécessite un nombre de marquages
accessibles très grand. Les RdP continus ont été introduits pour éviter l’explosion
combinatoire du nombre d’états accessibles. Cette extension de RdP permet, par
ailleurs, d’élargir le cadre des RdP aux systèmes qui ne sont pas modélisables par
des RdP ordinaires (tels que l’écoulement d’un fluide dans un réservoir, la
production des produits par lot). Contrairement aux RdP ordinaires ou temporisés
(David et Alla, 1992), le nombre de marques dans les RdP continus est un nombre
réel positif. Le franchissement s’effectue comme un flot continu en introduisant la
notion de vitesse traduite par le nombre de marques franchies pendant une unité de
temps. Le franchissement d’une transition dans les RdP continus suit dans le cas
général la loi régissant la dynamique du système étudié.
Dans le cas du transport terrestre, chaque section de voirie est représentée par
une place Pi continue (représentée par un double cercle) dans laquelle le marquage
mi représente le nombre de véhicules présents sur la section. Chaque place Pi est
associée à une place P’i continue pour représenter la limitation de capacité de la
place Pi qui traduit la limitation de capacité sur la section de voirie considérée. Le
nombre d’emplacements non occupés sur une section du carrefour est représenté par
le marquage m’i de la place P’i. L’entrée de chaque section est modélisée par une
transition Tj-1 (représentée par un rectangle) dont la fréquence de franchissement
maximale est représentée par qmax j-1 = 1/θin (θin représente le temps d’arrivée moyen
d’un véhicule sur la voie). De même, la sortie d’une section est modélisée par une
transition Tj dont la fréquence maximale de franchissement est l’inverse du temps
moyen nécessaire pour qu’un véhicule traverse la section qmax j = 1/θout. Le nombre
moyen de véhicules pouvant entrer ou traverser simultanément le carrefour est
représenté par le marquage aj de la place Pj .
C. Tolba, D. Lefebvre, P. Thomas, A. ElMoudni, « Commande des feux de
signalisation par réseaux de Petri hybrides », JESA, Vol.42, n°5, pp 579–612, 2008.
∆i
P’i
ci-mi
Tj-1 Pi Tj
mi
qmax j-1 qmax j
aj-1 aj
Pj-1 Pj
m i (t ) + m ' i (t ) = c i ∀t ≥ 0, i = 1,2
[1]
m
j ( t ) = a j ∀t ≥ 0, j = 1, K ,4
où ci représente la capacité de chaque voie.
Conformément au principe d’évolution d’un RdPCV (David et Alla, 1992), les
expressions mathématiques des vitesses de franchissement qj-1(t) et qj(t) des
transitions Tj-1 et Tj sont données par1 :
1
La vitesse de franchissement d’une transition à l’instant t dépend continûment du marquage
des places en amont de cette transition (David et Alla, 1992).
dmi (t )
= q j −1 (t ) − q j (t ) [5]
dt
En revanche, si Ti-1 est validée (i.e. arrivée de véhicules) et Ti est non validée (i.e.
la sortie de véhicules est non autorisée, qj(t) = 0), une file d’attente se forme. La
taille de cette file d’attente évolue alors selon l’équation [6] :
dmi (t )
= q j −1 (t ) [6]
dt
Les paramètres des modèles RdPCV peuvent être exprimés en fonction des
paramètres du trafic sur la section de voirie i, à savoir le débit maximal φmax i, la
vitesse limitée vfree i, la densité maximale ρmax i (Tolba et al., 2001).
v free i
qmax j = [7]
∆i
φmax i.∆ i
aj = [8]
v free i
ci = ρ max i .∆ i [9]
Dans cette contribution, on considère le trafic routier comme un ensemble de
véhicules représentés par les variables moyennes de flux de circulation à savoir la
densité, le débit et la vitesse. Il s’agit d’une approche macroscopique et plus
particulièrement de modèles de trafic du premier ordre. L’utilisation de ces derniers
a montré des limitations dans certains cas de trafic tels que, les rétrécissements des
autoroutes ou les convergences avec des rampes d’accès (Papageorgiou, 1997). Pour
tenter de remédier à ces défauts, le premier modèle d'ordre supérieur a été proposé
en 1971 par Payne. Le modèle de Payne est présenté comme une approximation du
modèle véhicule-suiveur en prenant en compte le temps de réaction du conducteur
après un changement du trafic en aval, (i.e. le conducteur au point x de la route
ajuste sa vitesse avec un retard τ relativement à la situation du trafic au point
x + ∆x avec ∆x > 0 ) (Papageorgiou et Schmidt, 1991).
La modélisation du trafic de façon plus fine en tenant compte de la vitesse et
l’accélération individuelles de chaque véhicule ainsi qu’à la distance inter-
véhiculaire a été abordée dans nos travaux antérieurs (Tolba et al. 2002 ; Tolba et al.
2003 ; Tolba, 2004). Dans ces travaux nous avons modélisé une section d’autoroute
par RdP discrets et comparé les résultats obtenus avec le modèle automates
cellulaires du trafic (Nagel 1998).
Pendant un cycle de feu [t0, tf], l’écoulement du trafic dans le carrefour est régi
par les deux systèmes, d’équations différentielles, suivants :
Pour t∈[t0 , tc] :
m& 1 (t ) = qmax 1 min(a1 , c1 − m1 (t )) − qmax 2 min(a2 , m1 (t )) Feu vert sur la voie O-E
S1 = [10]
m& 2 (t ) = qmax 3 min(a3 , c2 − m2 (t )) Feu rouge sur la voie N-S
où ϕ(t) est une fonction discrète prenant des valeurs dans l’ensemble {0,1} et
représentant le marquage des place P1* et P2*. ϕ(t) vaut 0 quand le jeton est dans P1*,
il vaut 1 quand le jeton se trouve à la place P2*. Dans l’exemple qui nous intéresse,
puisque l’on commence le cycle par un feu vert sur la voie O-E et rouge sur la voie
N-S, cela revient à prendre : ϕ(t) = 0 pour t ∈ [t0, tc] et ϕ(t) = 1 pour t ∈ [tc, tf]
Les paramètres du modèle RdPH, sont calculés en fonction des paramètres du
trafic dans le carrefour [7]-[9].
2.4.2. Réseaux d’intersections
En se basant sur l’approche de modélisation présentée précédemment, nous
allons présenter le modèle RdPH d’un réseau d’intersections interconnectées. En
effet, chaque intersection est modélisée par un RdPH similaire à celui de la figure 4.
La figure 5, montre un réseau du trafic avec trois intersections (I1, I2, I3) et deux
directions de circulation. On suppose que le cycle des feux de chaque intersection
possède deux états « vert » et « rouge ».
q2(t) q6(t)
q7(t)
q1(t)
q10(t) I3 q9(t)
q8(t)
Le modèle par RdPH du réseau de la figure 5 peut être représenté sous la forme
de trois RdPH de carrefours isolés interconnectés.
I1
Voie S-N Voie O-E
a1 T1 T3 a3
P’’3 P’’3
m’1 m1 P1 P2 m2 m’2
P’2 * * P’1 I2
T 1 P 1
P’’4 Voie N-S
a2 a6
a4 T6
P’’2 T2 P*2 T *2 T4
P’’6
m3 m’3 P’3 m4 m’4
P3 P4
T * P’4 I3
P’’5 3 P*3
P’’7 Voie E-O
a5 a7 a9
T5 T7 T9
P*4 T *
4 P’’9
m5 P5 P6 m6 m’6
P’5 m’5
*
T P*5 P’6
P’’8
a8 a10
T8 P*6 T *6 T10 P’’10
m& 3 (t) = ϕ1(t)qmax 4 min(a4 ,m2 (t), c3 − m3 (t)) − (1 − ϕ2 (t))qmax 5 min(a5 ,m3 (t))
I2 = [14]
m& 4 (t) = qmax 6 min(a6 ,c4 − m4 (t)) − ϕ2 (t)qmax 7 min(a7 ,m4 (t), c5 - m5 (t))
Si l’on considère, par exemple, que les feux de signalisation des intersections
sont deux à deux synchronisés avec des déphasages constants, on peut poser ϕ2(t) =
ϕ1 (t + τ12) et ϕ3(t) = ϕ1(t + τ13).
3. Représentation multi - modèle des intersections
Les intersections à feux des figures 4 et 6 modélisés par des RdPH sont des
systèmes hybrides non linéaires avec des commutations qui résultent de la fonction
« minimum » (Tolba et al., 2004). C’est pourquoi, nous proposons une approche
multi - modèle dans laquelle les systèmes d’équations [13] - [15] sont décomposés
en plusieurs modèles linéaires activés séquentiellement. Chaque modèle linéaire,
appelé « phase linéaire » et noté Eij , décrit l’évolution de la file d’attente mi par des
équations différentielles linéaires du premier ordre dont l’activation dépend de la
valeur des variables mi ainsi que des fonctions φi. De manière générale, la
détermination de la phase linéaire active pendant une durée donnée est obtenue
grâce à la fonction suivante (Lefebvre et al., 2004) :
∀T j : fj : ℜ + n → {1,...,n}
(m i (t))i =1,...,n a f j ((m i (t))i =1,...,n ) [16]
telle que : m f j = min (m i (t))
Pi ∈ °T j
p + r + s = card(T c ) [17]
p r s
m& i = ∑
j =1
α ij q e j m f j + ϕ (⋅) ∑
j =1
β ij q es j m f j + (1 − ϕ (⋅)) ∑γ
j =1
ij q s j m f j [18]
avec :
∑α
i =1
ij q e j m f i : la somme des débits d’entrée au carrefour
r
∑β
j =1
ij qes m f i : la somme des débits au point de jonction
∑γ
j =1
ij q s j m f i : la somme des débits de sortie du carrefour
α ij = Post ( Pi , Te j ) − Pré ( Pi , Te j )
β ij = Post ( Pi , Tes j ) − Pré ( Pi , Tes j ) [19]
γ ij = Post ( Pi , Ts j ) − Pré ( Pi , T s j )
avec Pré : Pc × Tc → {0, 1} la fonction de pré-incidence telle que Pré(Pi, Tj) est
le poids de l’arc orienté de la place Pi vers la transition Tj, et Post : Pc × Tc → {0, 1}
la fonction de post-incidence telle que Post(Pi, Tj) est le poids de l’arc orienté de la
transition Tj vers la place Pi. Les paramètres qe j, qes j et qs j représentent les
fréquences maximales associées respectivement aux transitions Te j∈ Te, Tes j∈ Tes et
Ts j∈ Ts.
T1 T3 T6 T9 T4 T7 T2 T5 T8 T10
P1 1 0 0 0 P1 0 0 P1 −1 0 0 0
P2 0 1 0 0 P2 −1 0 p2 0 0 0 0
α = P3 0 0 0 0 β = p3 1 0 γ = p3 0 −1 0 0
P4 0 0 1 0 p4 0 −1 p4 0 0 0 0
P5 0 0 0 0 p5 0 1 p5 0 0 −1 0
P6 0 0 0 1 p6 0 0 p6 0 0 0 −1
• qe = [qmax 1, qmax 3, qmax 6, qmax 9]T est associé à Te = [T1, T3, T6, T9]T.
• qes = [qmax 4, qmax 7]T est associé à Tes = [T4, T7]T.
• qs = [qmax 2, qmax 5, qmax 8, qmax 10]T est associé à Ts = [T2, T5, T8, T10]T.
Les équations [13] à [15] peuvent être réécrites à l’aide des équations [20] à [22]:
Chaque phase est active pendant la durée qui sépare deux commutations
successives des opérateurs « min » dans l’équation d’évolution de ces réseaux, et
correspond à une configuration particulière de ces opérateurs caractérisée par les
fonctions fj. En utilisant l’équation [16], on peut remplacer les opérateurs « min »
des équations [13] à [15] par les fonctions m f j dans les équations [20] à [22].
La résolution des équations différentielles correspondant à chaque phase linéaire
permet de déterminer analytiquement l’évolution du marquage mi. Le passage d’une
phase linéaire à la suivante se produit lorsque le marquage mi franchit un seuil que
l’on définira dans la suite, ou au moment de l’occurrence d’un événement sur la
transition discrète T*i ou T*i+1. Le modèle du trafic peut être représenté par un
automate hybride (Tolba et al., 2004).
L’agrégation de deux automates hybrides des files d’attente, de la même
intersection, mi et mi+1 permet de décrire la dynamique complète de l’intersection,
Figure 5. Il s’ensuit que l’évolution globale d’un réseau de N carrefours peut être
représenté par N automates hybrides interconnectés. Le réseau de la figure 6 peut
être représenté par trois automates hybrides.
L’approche multi-modèles ainsi obtenue permet de mettre en relief les
interactions entre la partie continue représentée par les phases linéaires et la partie
discrète représentée à la fois par les changements de phases linéaires et les
changements des états du feu. Par conséquent, il devient plus simple de synthétiser
des commandes des feux qui reposent sur l’occurrence de ces changements que l’on
appelle événements.
Chaque phase dynamique S1j du système S1 est représentée par une phase linéaire
E j de m1 validée pendant le vert et une phase linéaire E2j de m2 validée pendant le
1
rouge, S1j = (E1j, E2j). De la même façon, chaque phase dynamique S2j du système S2
est décrite par deux phases linéaires : E2j de m2 validée pendant le vert et E1j de m1
validée pendant le rouge, S2j = (E1j, E2j). Ceci est illustré par la figure 7 :
S1 S2
E11, E25 E11, E26 E14, E25 E14, E26 E21, E15 E21, E16 E24, E15 E24, E16
S 11 S 12 S 17 S 18 S 21 S 22 S 27 S 28
-a- -b-
m1<c1-a1 qmax1 q
S1 E 13 m1 = (m10 − c1 + a1).e−qmax2 (t −t0 ) + max1 a1
qmax2 qmax2
q max 1
m1 ≤ a 2 m1≥c1-a1 m1 = ( m10 − c1 ).e − ( q max 1 + q max 2 ).( t − t 0 )
q max 1 + q max 2
E 14
q max 1
+ c1
q max 1 + q max 2
m1 = c 1 – a 1
m1 = c 1 – a 1
m2 = c 2 – a 3
m1 = c 1 – a 1
m2 = c 2 – a 3
m2 = c 2 – a 3
m1 = a 2 m2 = a 4
E 11 E 14 E 21 E 24
Ev Ev Ev Ev
E 15 E 25
-a- -b-
Les événements conduisant aux phases linéaires E14 et E24 sont représentés par
des arcs discontinus.
m1=c1-a1 m1=a2
Ev Ev Ev
Ev Ev Ev
Ev
Ev Ev
m2=c2-a2 m2=a4
2 2 2 2 2
S 1 S2 e S 3 m2=c2-a2 S 4 S 5
m1=c1-a1 S 26
m1=c1-a1
m2=c2-a2 m2=a4
.
S1 S2
m1>a2 m 1≤ a 2
Phases linéaires pour m1
m1≥c1-a1 m1<c1-a1 m1<c1-a1 m1≥c1-a1 m1≥c1-a1 m1<c1-a1
et m2
E11 E12 E13 E14 E15 E16
2 1 1 1 1
m2≥c2-a3 E5 S1 S 3 S5 S7 X X
S1 m2<c2-a3 E26 S 12 S 14 S 16 S 18 X X
m2>a4 m2≥c2-a3 E21 X X X X S 21 S 22
S2 m2<c2-a3 E22 X X X X S 23 S 24
2
m2≤ a4 m2<c2-a3 E 3 2
X X X X S5 S 26
m2≥c2-a3 E24 X X X X S 27 S 28
Sur les figures 8 et 9, nous pouvons remarquer que le franchissement des seuils
caractérise la situation du trafic et permet ainsi de délivrer ou d’inhiber l’ordre de
commutation du feu. Dans cette étude nous allons exploiter les seuils naturels du
multi - modèles pour la commande du feu. Le déclenchement de l’ordre de
commutation de S1 à S2 et vice versa (T*1, T*2) est délivré lorsque le marquage de la
file d’attente atteint l’un des seuils mi=aj, ou mi=cj-aj après un temps au moins égal
à un premier seuil Gm appelé « vert minimum » et ne dépassant pas un second seuil
GM appelé « vert maximum ».
Dans cette section nous allons présenter trois stratégies de commande des feux
de signalisation en se basant sur la détection de la rupture de seuils naturels.
4.1.1. Politique de maintien (seuils bas)
Cette stratégie consiste à détecter la rupture des seuils bas (m1=a2 et m2=a4), sur
la voie dont la phase de feu est « vert », quel que soit l’état de la file d’attente sur la
voie dont la phase de feu est « rouge ». Il s’agit de privilégier la résorption de la file
d’attente sur la voie dont la phase de feu est « vert ». En conséquence les automates
hybrides de la figure 8 et 9 se simplifient, Figure 10 et 11.
Si l’on considère que la phase de feu est « vert » sur la voie (O-E), alors
l’évolution du marquage m1 peut être exprimée par les phases linéaires E11, E12 et
E13 (rappelons que E14 n’est jamais validée). Supposons maintenant qu’à l’état initial
la phase linéaire E12 est validée, alors l’évolution de m1 va durer tant que (m1>a2 et
m1<c1-a1). Lorsque le seuil m1=a2 est franchi et la durée de la phase de feu « vert »
dfeu est au moins égale à Gm, l’ordre de commutation du feu est délivré. Par
conséquent, le marquage m1 change de phase linéaire (i.e., le marquage passe de E12
à E16, cette transition est représentée par un arc discontinu sur la figure 10. En
revanche, lorsque le seuil m1=a2 est franchi après une durée inférieure à Gm, le
marquage m1 change de phase linéaire et atteint E13. A partir de cette phase linéaire,
l’ordre de commutation des feux est susceptible d’être délivré lorsque dfeu=Gm. Dans
le cas où le marquage m1 atteint la phase linéaire E11 et le seuil m1>a2 n’est pas
atteint, l’ordre de commutation des feux doit être donné lorsque dfeu=GM.
E 16
(sb et dfeu≥Gm) Gm
T *2 T *2
E 12 E 13
sb et (dfeu<Gm) m1 =c1 - a1
m1 =c1 - a1
E 11
T *2
GM
E 15
Evènement seuil bas : sb = « m1 = a2 ».
m1=c1-a1 sb
m2=c2-a2
dfeu <Gm 1 e m1=c1-a1 m2=c2-a2
S1 S 12 S 13 S 14 S 15 S 16
sb
sb et dfeu≥Gm sb et dfeu≥Gm
sb et dfeu≥Gm
sb et dfeu≥Gm sb et dfeu≥Gm
m2=c2-a2 sb
dfeu <Gm S 21 S 22 e S23 m2=c2-a2 S24 S 25 S 26
m1=c1-a1 m1=c1-a1
m2=c2-a2 sb
E 16
e26 e36
sh et dfeu≥Gm T *1 T *1
E 12 m1= a2
E 13
sh et dfeu<Gm
m1 =c1 - a1
E 11
T *1
Gm
E 15
sh = « m1 = c1-a1 », e36 = (dfeu≥GM) et (m1 < a2), e26 = (dfeu≥GM) et (m1 ≥ a2).
m1=c1-a1 m1=a2
dfeu <Gm 1 e 1 e 1 sh sh
S 1 S 2 S 3 S 14 S 15 S 16
m1=c1-a1 m1= a2
sh et dfeu≥Gm
sh et dfeu≥Gm
m2=c2-a2 m2=a4
2 2 2 2 2
dfeu <Gm S 1
e
S 2
e S 3 S 4 S 5
sh S 26
sh
m2=c2-a2 m2=a4
E 16
(sb et dfeu≥Gm) Gm
e26 e36
sh et dfeu≥Gm
E 12 E 13
sb et (dfeu<Gm) sh et dfeu<Gm
m1 =c1 - a1
E 11
GM
Gm
E 15
m1=c1-a1 sb
dfeu <Gm S11 e e sh sh
S 12 S 13 S 14 S 15 S 16
m1=c1-a1 sb
m2=c2-a2 sb
2
dfeu <Gm S 1 S 22 e S 23 S 24 S 25 S 26
e sh sh
m2=c2-a2 sb
5. Simulations
Dans cette section, nous allons simuler l’évolution du trafic dans un carrefour
isolé dans lequel les feux de signalisation commutent sur l’occurrence de la rupture
de seuils bas et hauts. Les performances de cette commande seront comparées à
celles des commandes usuelles (cycle fixe et intervalle-véhicule). Ensuite nous
allons élargir l’application de cet algorithme au réseau d’intersections de la figure 5.
Dans cette série de simulations, nous allons considérer que les arrivées de
véhicules suivent une loi exponentielle de paramètre µ. Il s’ensuit donc que la
probabilité que le délai h entre deux arrivées successives de véhicules, soit supérieur
ou égal à t, est donnée par [23]:
Pr(h ≥ t ) = µ e − µ t [23]
1 0.4
0.5 0.2
0 temps(s) 0 temps(s)
0 100 200 300 0 100 200 300
S1 temps (s)
0 50 100 150 200 250
Intervalle-véhicule
S2
S1 temps (s)
0 50 100 150 200 250
Cycle fixe
S2
S1 temps (s)
0 50 100 150 200 250
0 temps(s)
0 50 100 150 200 250
Files d’attente N-S
10 Seuil haut franchi Cycle fixe Intervalle-véhicule
0 temps(s)
0 50 100 150 200 250
Somme des files d’attente O-E et N-S
20 Cycle fixe Intervalle-véhicule
Seuils mixtes
10
0 temps(s)
0 50 100 150 200 250
Les instants de commutation des feux sont présentés par la figure 17 pour les
trois commandes différentes. S1 indique que les véhicules circulant sur la voie (O-E)
ont le feu vert (rouge pour (N-S)) quand S2 indique que ce sont ceux, circulant sur la
voie (N-S), qui ont le feu vert (rouge pour (O-E)). La figure 18 présente l’évolution
des files d’attente pour les trois commandes (cycle fixe : tiret gris clair ; intervalle
véhicule : pointillé gris foncé ; seuils mixtes : noir continu). Cette figure montre que
dès l’instant 25s, la commande à rupture de seuils mixtes fournit de meilleurs
résultats que ses deux concurrentes. En particulier, durant l’intervalle de temps [25s,
110s], cette commande est la seule à prendre en compte correctement le flux d’arrivé
de véhicules sur la voie (N-S).
file d' attente pendant le rouge
Le rapport (figure 19) confirme que la
capacité maximale du carrefour
commande à rupture de seuils est plus performante que ses deux concurrentes et
permet de minimiser le temps d’attente d’un véhicule au carrefour.
Rapport (%)
1
0.9
Cycle fixe
0.8 Intervalle véhicule
Rupture de seuils
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 50 100 150 200
Temps
0 temps(s)
0 50 100 150 200 250
10 f ilesd attente N-S
Interv alle-Véhicule
seuils mixtes Cy cle f ixe
0 temps(s)
0 50 100 150 200 250
20 Somme des f iles d attente E-O et N-S
Interv alle-Véhicule seuils mixtes Cy cle f ixe
10
0 temps(s)
0 50 100 150 200 250
Rapport (%))
1
0.9
0.8
Cycle fixe
Intervalle véhicule
0.7 Rupture de seuils
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0 50 100 150 200
Temps (s)
0 temps(s)
0 50 100 150 200 250
f ilesd attente N-S
10
seuils mixtes Interv alle-Véhicule Cy cle f ixe
0 temps(s)
0 50 100 150 200 250
Somme des f iles d attente E-O et N-S
20
seuils mixtes
Interv alle-Véhicule Cy cle f ixe
10
0 temps(s)
0 50 100 150 200 250
Rapport (%)
1
0.9
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 50 100 150 200
Temps
Pour tirer partie de la commande par rupture de seuils dans la régulation du trafic
urbain, nous allons étudier l’évolution du trafic dans le réseau de trois carrefours
présenté dans la figure 5. Pour les commandes par rupture de seuil et les commande
intervalle – véhicule, nous avons adopté une approche décentralisée sans
synchronisation des feux des carrefours (i.e. aucun protocole de communication
entre les 3 carrefours n’est utilisé). La commande des feux est locale, c'est-à-dire la
commutation des feux est liée uniquement aux fluctuations du nombre de véhicules
présents dans chaque carrefour. Dans cette série de simulation, nous allons comparer
les performances de la commande par rupture de seuils mixtes par rapport à la
commande à cycle fixe. Les longueurs du cycle de feu de I1, I2 et I3 sont
respectivement 60, 120 et 75s partagée uniquement entre le « vert » et le « rouge ».
La table 6 présente les paramètres du réseau ainsi que les paramètres du modèle
RdPH.
Les entrées qmax j du modèle par RdPH sont obtenues par inversion des débits
d’entrées correspondant aux intervalles de temps inter-véhiculaires distribués selon
la loi exponentielle, équation [23], Figure 20.
La décomposition des modèles [13], [14] et [15] selon la fonction φ(t) ∈ {0,1}
permet d’aboutir à 6 sous systèmes hybrides non linéaires (S1, S2) similaires à [10] et
[11]. La linéarisation de l’ensemble de ces modèles par l’approche multi-modèles
fournit 48 équations linéaires affines valides dans leurs domaines respectifs. La
figure 28 illustre la séquence d’activation de (S1, S2) pendant un cycle de feu.
S2 S1 S2
m1 rouge m3 vert m5 rouge
m2 vert m4 rouge m6 vert
Début de cycle
m1 vert m3 rouge m5 vert
m2 rouge m4 vert m6 rouge
S1 S2 S1
0.5
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
1 Arrivée au carrefour I1 : EO tem ps(s)
0.5
débit (véh/s)
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
1 Arrivée au carrefour I2 : NS tem ps(s)
0.5
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 temps(s)
900
1 Arrivée au carrefour I3 : EO
0.5
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
temps(s)
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
temsp(s)
som me des Files Attente EO
250
200
150
100
cycle fixe rupture de seuils
50
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
temps(s)
L’examen des courbes des figures 29 et 30 montre que la formation des files
d’attente se fait au niveau des voies d’entrées au réseau à savoir les voies O-E du
carrefour I1 et I3 et les voies N-S du carrefour I1 et I2. En revanche, les files d’attente
au niveau des jonctions intermédiaires (voie O-E de I1 et N-S de I3) sont variables
(accumulation et dégagement de véhicules). L’analyse des courbes correspondantes
montre que la commande par rupture de seuils mixtes permet d’obtenir de bonnes
performances comparativement à la commande à cycle fixe en minimisant les
longueurs des files d’attente (cf. figure 30).
On peut donc constater que la gestion du flux de véhicules au niveau des
jonctions de liaisons entre les carrefours est particulièrement sensible au type de
commande appliqué aux feux tricolores.
De manière générale, la commande par rupture de seuils minimise las attentes de
véhicules au réseau. Toutefois, l’application de cette commande d’une façon
décentralisée reste loin d’une stratégie optimale permettant de réduire
significativement les formations des files d’attente et particulièrement au niveau des
entrées au réseau.
6. Conclusions
Dans cet article, nous avons présenté une approche de commande événementielle
dédiée à la régulation des feux de carrefour. Après avoir modélisé la dynamique du
trafic (évolution continue des files d’attente et comportement discret des feux) par
un réseau de Petri hybride, nous avons proposé un système de commande des feux
basé sur une approche multi - modèles. La commande obtenue a été simulée et
comparée par rapport aux commandes par cycle fixe et intervalle - véhicule, pour un
carrefour isolé. Nous avons ensuite élargi cette approche de régulation du trafic
urbain à la gestion des flux de véhicules dans un réseau de trois carrefours où la
commande par rupture de seuils a été appliquée de manière décentralisée.
Les avantages principaux de la méthode proposée sont : (1) la décomposition
modulaire du modèle qui permet d’étendre les résultats à des réseaux de grande
dimension à l’échelle d’agglomérations, (2) l’utilisation directe des paramètres du
modèle dans la stratégie de commande qui permet une mise en œuvre aisée sans
recourir à une étude statistique de la fréquentation du réseau, (3) l’implémentation
est facilitée par l’utilisation d’outils de modélisation adaptés à la programmation
avec des automates industriels.
Malgré ces avantages, les simulations réalisées ont montré les limites de la
commande décentralisée. Il nous parait nécessaire d’étudier la mise en œuvre d’une
supervision permettant d’assurer un niveau minimal de coordination entre les
différents carrefours d’un même réseau. Dans nos travaux futurs, nous allons
prendre en compte les différents mouvements de circulation de véhicules dans un
carrefour à feux, à savoir les tourne à gauche et à droite. Il sera également
intéressant d’intégrer l’algorithme de commande par rupture de seuils dans le
modèle RdPH en le modélisant par un RdP. Ensuite nous mettrons l’accent sur la
régulation hiérarchisée d’un réseau de plusieurs carrefours en utilisant un protocole
de communication entre les carrefours à feux.
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