Chapitre I

La Fibre optique et propagation de la lumière

I.1 Introduction
Les télécommunications optiques constituent un domaine multidisciplinaire. Elles
mettent en jeu des composants et des circuits d'émission et de réception, un support de
transmission aux propriétés bien particulières et des techniques appropriées de codage, de
modulation et de récupération des informations.
Ce chapitre présente les notions fondamentales de la propagation de la lumière dans les fibres
optiques. En fait, il discute les conditions de propagation d’un tel signal lumineux le long de
la fibre optique et les atouts des différents types des fibres.

I.2 Description de la fibre optique

Les fibres optiques jouent un rôle majeur dans les réseaux de
télécommunications modernes.
La fibre optique est un guide d’onde cylindrique diélectrique permettant de conduire la
lumière sur une grande distance [1]. Elle est constituée de deux diélectriques concentriques :
 Un diélectrique interne, le cœur d’indice de réfraction
 Un diélectrique externe, la gaine d’indice de réfraction légèrement inférieur à celui
du cœur.

Généralement cette fibre est protégée par un revêtement externe qui peut être en plastique,
voir la figure (I.1) [2].

Figure I.1 : Constitution générale d’une fibre optique.

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I.3 Avantages des fibres optiques

Les fibres optiques offrent de nombreux avantages pour les systèmes de
télécommunications. Nous en donnons un premier aperçu ci-dessous.
 Pertes très faibles : En fonction du type de fibre, l'atténuation du signal peut atteindre
environ0,2 dB/km pour une longueur d'onde de 1,55 μm, et d'environ 0,35 dB/km à 1,3
μm, ce qui correspond à une diminution de la puissance de 50% après 15 et 8,6 km
respectivement.
 Bande passante très grande : Grâce aux fibres optiques, on peut transmettre des
signaux digitaux à 5 Tb/s sur des distances de 1500 km (1 Tb/s = 1012
bit/seconde).Théoriquement, les débits dans les fibres optiques devraient être infinis, mais
ils sont principalement limités par les composants électroniques des étages de
transmission et de réception.
 Immunité au bruit :Les fibres optiques sont des isolants d’où la transmission dans la
fibre ne sera pas perturbée par des signaux électromagnétiques externes. Cela représente
un avantage très apprécié dans les environnements industriels où les perturbations
électromagnétiques sont fréquentes.
 Absence de rayonnement vers l'extérieur : La lumière est confinée à l'intérieur de la
fibre optique. Par conséquent, il n'est pas possible de détecter le signal entre l'émetteur
et le récepteur. Cela est particulièrement important pour garantir la confidentialité de
la communication.
 Absence de diaphonie : Pour la même raison, le problème de la diaphonie (passage
du signal d'un câble à un câble voisin), bien connu des communications par câble en
cuivre, n'existe pas dans les systèmes de transmission par fibres optiques.
 Résistance aux températures élevées et aux produits corrosifs : Les fibres de verre
résistent mieux aux produits corrosifs que le cuivre. De plus, les fibres en verre peuvent
supporter des températures proches de 800°C, ce qui permet de résister au feu plus
longtemps que les câbles en cuivre.
 Poids et dimensions réduites : Le poids très faible des fibres par rapport à un câble
en cuivre de la même capacité leur donne un avantage économique lors de l'installation.
De plus, elles conviennent particulièrement bien aux installations soumises à des
contraintes de poids ou de volume sévères, telles que les avions, les bateaux, ... [3,4]

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I.4 Domaines d’utilisation [5,6]

Les fibres optiques débordent largement le secteur de télécommunications et connaissent un
grand nombre d’applications.
 Télécommunications : Liaisons urbaines et interurbaines (grande capacité), liaisons
sous-marines sur des tronçons de plus de 200 km sans amplification optique ou répéteurs.
 Câbles sous-marins : exemple Flag Atlantic 1 (Un milliard de dollars), prévu pour
2000, entre les USA et l’Europe à 1,28 Tbps. A comparer avec 2500 kbps des premiers
câbles sous-marins en cuivre.
 Vidéocommunications : Nombreuses expériences mais développement ralenti par le
coût. La distribution reste en coaxial tandis que les liaisons centrales utilisent la fibre.
 Liaison et réseaux de données : Sur de courtes distances, l’insensibilité aux
perturbations électromagnétiques, peut être un avantage décisif. Les fibres optiques
commencent à être couramment utilisées pour des liaisons point à point compatibles avec
les standards classiques (RS 232, IEEE 488...), dans des sections de réseaux en anneau
(type Token Ring) ou en tant que passerelles entre réseaux ; la faible atténuation de la
fibre permet d'augmenter la portée de ces réseaux, et de constituer des réseaux fédérateurs
de grandes dimensions. Grâce aux différents composants optiques (coupleurs,
répartiteurs...) les fibres optiques permettent aussi de constituer des réseaux multi
terminaux. Les nouveaux réseaux tels que FDDI sont conçus dès le départ pour
l'utilisation de la fibre optique.
 Liaisons industrielles : Ce sont des applications variées (télémesures,
télécommandes, surveillance vidéo, bus de terrain) où l'insensibilité de la fibre aux
parasites est un avantage essentiel.
 Capteurs et instrumentation : Les fibres sont de plus en plus présentes dans
l'instrumentation optique, où elles permettent d'effectuer des mesures à distance en des
points difficiles d'accès. Les capteurs utilisent la fibre optique elle-même comme élément
sensible servant en même temps de support de transmission.
 Transport de lumière : Les applications classiques (éclairage, visualisation,
endoscopie) ou plus récentes (transport de faisceaux laser pour l'industrie, la mesure, la
médecine) ont vu leurs performances s'améliorer, et leur coût baisser, grâce au
développement des technologies des fibres optiques.

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 Médecine
La fibre optique est utilisée en médecine pour diagnostiquer des problèmes de santé. C’est
le cas de la sonde d’endoscope, particulièrement utilisé en gastro-entérologie.

I.5Propagation du faisceau lumineux dans une fibre optique

I.5.1 Indice de réfraction d’un milieu

Lorsque la lumière se propage dans un milieu autre que le vide, sa vitesse dépend du nouveau
milieu. Ce dernier est caractérisée par une grandeur appelée indice de réfraction notée n. Elle
est définie de la manière suivante :

n = c/v, ou encore n=√ I.1

Avec, n : indice de réfraction du milieu, c : vitesse de la lumière dans le vide, v : vitesse de la

lumière dans le milieu, est la constante diélectrique, est la perméabilité relative, pour un
milieu non magnétique µr vaut 1 [6].

Exemple :neau = 1.33,nverre crown = 1.517, nverre flint = 1.655,nair = 1

I.5.2 Loi de Snell-Descartes

Etablie expérimentalement par Snell et expliqué théoriquement par Descartes. La loi s’énonce
comme suit :

Lorsqu’un faisceau lumineux heurte la surface qui sépare deux milieux transparents d’indices
de réfraction différents (n1 et n2), il se sépare en deux rayons :

 Un rayon réfléchi formant un angle i1par rapport à la normale à l’interface des deux
milieux.
 Un rayon réfracté avec un angle i2 par rapport à la même normale.

D’après la loi de Snell-Descartes, les trois rayons (incident, réfléchi, et réfracté) sont dans le
même plan et ils sont liés par les relations

n1. Sin i1=n2. Sin i2 I.2

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Figure I.2 : Représentation des différents types de rayons

I.5.3 Astuce du guidage [6,7]

La propagation de la lumière le long de la fibre optique est basée principalement sur
les propriétés de réflexion et de réfraction. Deux conditions s’imposent :
- Le faisceau lumineux doit pénétrer dans la fibre condition de réfraction.
- Le faisceau lumineux doit faire des bonds successifs à l’intérieur de la fibre,
condition de réflexion.
Pour que ces deux conditions se réalisent à la fois, il faut que l’angle incident du faisceau
lumineux soit dans un cône d’acceptance (voir la figure I.3) dont l’angle d’acceptance de la
fibre est l’angle d’incidence maximum max qui permet à la lumière une propagation pour
réflexions successives dans la fibre.

- Pour un angle d’incidence supérieur à l’angle d’acceptance, la lumière est transmise

du cœur dans la gaine, l’information alors transportée par la lumière est perdue car non
propagée jusqu’à la sortie de la fibre.
- L’angle de réfractionc ou angle critique se situe de l’autre côté du dioptre, il est relié à
l’angle limite par la relation : l + c = 90°

D’après la loi se Snell-Descartes sur le dioptre d’entrée de la fibre s’écrit :

sinmax = sinc= n1sin(90° - l) = n1cosl I.3

Sachant que sin2l+ cos2l = 1, l’expression devient :

√ I.4

Comme l représente l’angle limite, on a sinl = n2/n1

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Ainsi : √ ( ) , ce qui revient à :

√ I.5

Pour se propager le long de la fibre, le faisceau incident doit appartenir au cône

d’acceptance d’angle max

Le sinus de l’angle maximum est appelé ouverture numérique (ON) de la fibre optique tel que
ON = √ I.6

Il est de l’ordre de 0.1 ; 0.2 et caractérise la fibre, il est donné par le fabricant. Elle est
particulièrement élevée dans le cas d’une fibre optique plastique. Sa valeur peut atteindre 0,6.

Pour faciliter la pénétration de la lumière dans la fibre à l’entrée, on doit avoir l’angle
limite le plus grand possible. Cela s’obtient pratiquement en choisissant des indices n1 et n2
très proches.

En effet, une grande O.N permet d’injecter une grande quantité de lumière issue d’une source
assez divergente (diode DEL), par contre une petite O.N n’autorise que l’injection d’un
faisceau lumineux issue d’une source très directive (LASER)

Figure I.3 : Guidage de la lumière : cas une fibre optique à saut d’indice.

I.6 Notion de modes [6]

I.6.1 Définition de mode

Le faisceau lumineux pénétrant dans la fibre engendre plusieurs chemins de propagation dans
le cœur. Chaque chemin est appelé mode.

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1.6.2 Fréquence normalisée

Une grandeur caractéristique pour une fibre optique est la fréquence normalisée, cette
nouvelle notion permettra de prédire le nombre de modes (chemins possibles) qui conduiront
la lumière dans la fibre.

La fréquence normalisée est définie par: [8]

ou encore √ I.7

Avec: a rayon du cœur de la fibre

ON: ouverture numérique de la fibre
0: longueur d'onde (dans le vide) de l'onde se propageant dans la fibre.
En posant k0: norme du vecteur d'onde dans le vide de la vibration, on a:
Le rayon lumineux a plusieurs manières de se propager dans le cœur de la fibre, chaque mode
ayant une vitesse de propagation propre (vitesse suivant l’axe de propagation)
 est la différence relative d’indice,  I.8

Comme n1 et n2 sont très proches, la différence relative d’indice s'écrit:

 ,on remarque alors que √  I.9

Si V < 2,405 la propagation est de type unimodal [9] et le nombre de mode est : NSI = V2/2

Si V > 2,405 la propagation est de type multimode et le nombre de mode est NGI = V2/4

La longueur d’onde de coupure est celle au-dessus de laquelle la fibre devient monomode, elle
est définie par :  √ I.10

I.7 Classification des fibres optiques

La classification des fibres optiques se fait suivant les modes de propagations qu'elles
utilisent. Les fibres optiques peuvent être classées en trois catégories:
I.7.1 La fibre multimode à saut d'indice : le diamètre du cœur est d'environ 200
micromètres pour un diamètre total de la fibre (cœur +gaine) de 380 micromètres. Le saut
d’indice signifie que la différence entre l’indice de réfraction du cœur et celui de la gaine est
assez importante et constitue de ce fait un palier. De cette façon, lorsque le signal rencontre la
gaine, il est brusquement réfléchi. Ce type de propagation entraîne une déformation
importante du signal.

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I.7.2 La fibre multimode à gradient d'indice: le diamètre du cœur est de 50 à 100

micromètres pour un diamètre total de la fibre de 125 micromètres. Le cœur est constitué de
plusieurs couches de verre ayant chacune un indice de réfraction légèrement différent de la
précédente. Ainsi, le rayon lumineux n'est pas brusquement réfléchi lorsqu' il rencontre la
gaine, mais sa trajectoire est déviée progressivement à chaque fois qu’il traverse une nouvelle
couche. Ceci permet de diminuer la déformation du signal.
I.7.3La fibre monomode : le cœur mesure moins de 10 micromètres pour un diamètre total de
125 micromètres. Le fait que le cœur soit si fin va obliger le signal lumineux à se propager en
ligne droite. De ce fait, il ne rencontre pas la gaine et n'est donc pas perturbé. La déformation
du signal dans ce type de fibre est quasi inexistante. Elles sont utilisées pour les transmissions
à très longue distance en raison de leur faible atténuation et de leur faible dispersion.
I.7.4 Fibre active : La fibre active est une fibre qui participe activement au transport de la
lumiére dans son cœur. Pour ce faire, il doit y avoir une interaction entre la lumiére et le
matériau constituant la fibre. Un exemple de fibre active est la fibre amplificatrice. Lors du
passage dans ce type de fibre, la lumiére est amplifiée. Cela est rendu possible par
l’introduction de dopants de la famille des terres rares, comme l’erbium [6].
La figure I.4 ci-dessous illustre la géométrie et la répartition des modes de propagation dans
les trois types de fibres optiques.

Figure I.4 : Diamètres, indices de réfraction et modes de propagation du signal des trois types de fibre
[10].

Le tableau I.1 présente une comparaison de fibres entre elles [6].

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Fibre optique monomode Fibre optique multi mode

Saut d’indice(SI) Gradient d’indice(GI)

Diamètre du cœur 8.3 100 62.5

Diamètre de la gaine (µm) 125 140 125

Bande passante (MHz.Km) >10000 50 300

Atténuation (dB/km) 0.5 à 1560 nm 1 à 5 à 850 nm 1.2 à 1300 nm

Applications Télécoms longue distance Transmission courte Réseaux locaux

distance

Tableau I.1 : Comparaison entre la fibre optique monomode et la fibre optique multimode.

I.8 Caractéristiques des fibres à gradient d'indice

I.8.1 Définition
Ces fibres ont un indice de cœur qui diminue progressivement entre n1 (au centre de la fibre)
et n2 (indice de la gaine)
I.8.2 Profil d'indice
Le profil d'indice est représenté mathématiquement par:

[ ( ) ]

I.11
Avec,  : exposant du profil d'indice,
: différence relative d'indice,
a: rayon du cœur
Exemples: Pour  = 2, le profil est parabolique.
Pour  = 1, le profil devient triangulaire
Le cœur est formé d'un grand nombre de couches très minces d'indice constant, allant de
l'indice n1 au centre du cœur à l'indice n2 de la gaine.

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