Rapport Coût Passe À Poissons Anguille
Rapport Coût Passe À Poissons Anguille
Rapport Coût Passe À Poissons Anguille
Avril 2015
1
Les auteurs
Philippe Baran
Ingénieur
ONEMA - Pôle d’Ecohydraulique - IMFT, allée du professeur Camille Soula, 31400 TOULOUSE
Dominique Courret
Ingénieur
ONEMA - Pôle d’Ecohydraulique - IMFT, allée du professeur Camille Soula, 31400 TOULOUSE
Bruno Voetgle
Ingénieur
ECOGEA – 352 avenue Roger Tissandié – 31 600 MURET
Droits d’usage :
2
Mise au point d’outils d’estimation du coût des passes à poissons
Sommaire
3 RESULTATS ........................................................................................................... 25
3
3.4 Construction d’un outil d’estimation des coûts pour les passes à bassin................................ 42
3.4.1 Caractéristiques générales des dispositifs étudiés ...........................................................................42
3.4.2 Facteurs influençant le coût des passes à bassin ...............................................................................44
3.4.3 Modèles statistiques d’évaluation des coûts des passes à bassins ............................................48
3.4.4 Modèle d’estimation du coût des passes ...............................................................................................49
3.5 Construction d’un outil d’estimation des coûts pour les passes en enrochement ............... 53
3.5.1 Caractéristiques générales des dispositifs étudiés. ..........................................................................53
3.5.2 Facteurs influençant le coût des passes en enrochement..............................................................55
3.5.3 Modèles d’estimation des coûts des passes en enrochement. .....................................................59
3.6 Construction d’un outil pour l’estimation des coûts des rivières de contournement. ....... 62
3.6.1 Caractéristiques générales des dispositifs étudiés ...........................................................................62
3.6.2 Facteurs influençant le coût des rivières de contournement.......................................................64
3.6.3 Modèles d’estimation des coûts.................................................................................................................65
3.7 Construction d’un outil pour l’estimation des coûts des pré-barrages .................................... 66
3.7.1 Caractéristiques générales des dispositifs étudiés ...........................................................................66
3.7.2 Facteurs influençant le coût des pré-barrages....................................................................................68
3.7.3 Outil d’estimation des coûts des prébarrages. ....................................................................................68
3.8 Construction d’un outil pour l’estimation des coûts des passes à anguilles .......................... 69
3.8.1 Caractéristiques générales des dispositifs étudiés ...........................................................................69
3.8.2 Facteurs influençant le coût des passes à anguille............................................................................71
3.8.3 Modèles d’estimation des coûts des passes à anguilles ..................................................................72
3.8.4 Coûts des matériaux .......................................................................................................................................73
4.3 Evaluation des coûts détaillés d’un projet de passes à poissons ................................................ 74
4.3.1 Rappels des différentes phases et coûts des études.........................................................................74
4.3.2 Coûts des différentes études .......................................................................................................................75
4.3.3 Coût des différentes phases de réalisation du chantier ..................................................................76
5 CONCLUSIONS ...................................................................................................... 77
4
Liste des Figures
Figure 1 : Nombre d’ouvrages sélectionnés en fonction des différents critères de tri et par Agence de bassin... 21
Figure 2 : Nombre d’ouvrages étudiés par type de coût ayant pu être récupéré.................................................. 23
Figure 3 : Evolution de l’Indice des Travaux Publics (TP02) depuis le 01/01/2001............................................ 24
Figure 4 : Nombre de dispositifs de franchissement étudiés par type de passes. PAB : passe à bassin ; PEE :
passe en enrochement ; PAA : passe à anguille ; PAR : passes à ralentisseurs ; RIV : rivière de contournement ;
PB : pré-barrages. ................................................................................................................................................ 26
Figure 5 : Caractéristiques générales des débits transitant dans les 97 passes étudiées (hors PAA). ................. 27
Figure 6 : Caractéristiques générales des pentes des 97 passes étudiées (hors PAA).......................................... 27
Figure 7 : Caractéristiques générales des surfaces des 97 passes étudiées(hors PAA). ...................................... 27
Figure 8 : Caractéristiques générales des volumes dans les 97 passes étudiées (hors PAA). .............................. 28
Figure 9 : Débits transitant dans les passes en fonction des modules des rivières. Les pourcentages correspondent à
la valeur moyenne du débit des passes ramenée au module de la rivière ........................................................................ 28
Figure 10 : Hauteurs de chute des barrages équipés en fonction des différents types de passes. ........................ 29
Figure 11 et Figure 12 : Coût médian total et par mètre de chute des différents types de passes étudiées. ........ 30
Figure 13 : Coût total par type de passe à poisson et pour les seuils de faible hauteur (< 1,5 m) et les rivières de
module < 30 m3/s .................................................................................................................................................. 31
Figure 14 : Coût médian par m3 de génie civil et par type de passes à poissons. ................................................ 31
Figure 15 : Coût par m3 de génie civil et par type de passe à poisson pour les seuils de faible hauteur (< 1,5 m)
et les rivières de module < 30 m3/s. ...................................................................................................................... 32
Figure 16 : Comparaison des coûts par m de chute et par l/s de débit dans la passe entre les différents types
d’ouvrage. ............................................................................................................................................................. 32
Figure 17 : Comparaison des coûts totaux en fonction des classes de module des seuils et barrages étudiés..... 35
Figure 18 : Comparaison des coûts par m de chute en fonction des classes de module des seuils et barrages
étudiés. .................................................................................................................................................................. 36
Figure 19 : Comparaison des coûts par m de chute et par l/s de débit dans la passe en fonction des classes de
module des seuils et barrages étudiés. .................................................................................................................. 36
Figure 20 : Comparaison des coûts totaux en fonction des classes de hauteur de chute des seuils et barrages
étudiés. .................................................................................................................................................................. 37
Figure 21 : Modèle d’estimation des coûts totaux basé sur le module et la hauteur de chute.............................. 38
Figure 22 : Statistiques des coûts totaux et par m de chute en fonction de type de passe à bassin (Jet Plong. ;
Passe à échancrure et jet plongeant ; Echan. Lat : Passe à échancrure latérale profonde ; Fente Vert. : Passe à Fente
Verticale ; Dble. Fente Vert. : Passe à double fente verticale). ...................................................................................... 44
Figure 23 : Statistiques des coûts totaux et par m de chute en fonction du module de la rivière. ........................ 45
Figure 24 : Statistiques des coûts par m de chute et débit dans la passe en fonction du module de la rivière..... 46
Figure 25 : Statistiques des coûts totaux et par m3 de génie civil fonction de la hauteur de chute des seuils. ..... 46
Figure 26 : Comparaison des coûts par m de chute et par m3/s dans la passe avec ou sans débit d’attrait dans
une passe à échancrure......................................................................................................................................... 47
Figure 27 : Comparaison des coûts par m de chute et par m3/s dans la passe avec ou sans débit d’attrait dans
une passe à fente verticale. ................................................................................................................................... 47
Figure 28 : Modèle d’estimation du coût total des passes à bassin en fonction du module de la rivière et de la
hauteur de chute.................................................................................................................................................... 48
5
Figure 29 : Modèle d’estimation du coût par m de chute des passes à bassin en fonction du débit dans la passe.
.............................................................................................................................................................................. 48
Figure 30 : Relation entre le coût total des passes à bassins et le volume de génie civil de l’ouvrage. ............... 49
Figure 31 : Comparaison entre les coûts estimés sur la base de la médiane et des déciles des coûts par m de
chute et les valeurs observées sur les 57 dossiers étudiés..................................................................................... 50
Figure 32 : Comparaison entre les coûts estimés sur la base de la médiane et des déciles des coûts par m3 de
génie civil et les valeurs observées sur les 57 dossiers étudiés............................................................................. 51
Figure 33 : Comparaison des écarts de coûts entre les estimations des modèles et les valeurs observées pour des
seuils présentant ou non une centrale hydroélectrique......................................................................................... 51
Figure 34 : Statistiques des coûts totaux et par m de chute en fonction de type de passe à bassin (ERR :
Enrochements Régulièrement Répartis ; RP : Enrochement en Rangées Périodiques). .................................................... 55
Figure 35 : Statistiques des coûts totaux et par m de chute en fonction du module de la rivière. ........................ 56
Figure 36 : Relation entre la longueur de la passe en enrochement et le coût total (Coût total (K€) = 4.33
(±1.31) x Long. PEE (m) avec r²= 0.74 (p<0.05)). ............................................................................................. 56
Figure 37 : Relation entre la surface de la passe en enrochement et le coût total (Coût total (K€) = 0.688
(±0.13) x Surf PEE (m²) avec r²= 0.88 (p<0.05)). .............................................................................................. 57
Figure 38 : Relation entre le volume de blocs de la passe en enrochement et le coût total (Coût total (K€) = 0.96
(±0.24) x VolBloc PEE (m3) avec r²= 0.80 (p<0.05)). .......................................................................................... 57
Figure 39 : Relation entre le volume de génie civil de la passe en enrochement et le coût total (Coût total (K€) =
0.56 (±0.09) x Vol. PEE (m3) avec r²= 0.91 (p<0.05)). ........................................................................................ 57
Figure 40 : Relation entre le débit de la passe en enrochement et le coût par m de chute (Coût total (K€) = 90.8
(±41.7) x Q. PEE (m3.s-1) avec r²= 0.55 (p<0.05)). ............................................................................................. 58
Figure 41 : Relation entre le débit de la passe en enrochement et le coût total (Coût total (K€) = 93 (±20.3) x Q.
PEE (m3.s-1) avec r²= 0.84 (p<0.05)). ................................................................................................................... 58
Figure 42 : Modèle d’estimation du coût total des passes à bassin en fonction du de la hauteur de chute et du
débit dans la passe. ............................................................................................................................................... 59
Figure 43 : Estimations des coûts totaux pour des passes en enrochement sur la base de la saisie de la hauteur
de chute et du débit prévu dans la passe. .............................................................................................................. 60
Figure 44 : Estimations des coûts totaux pour des passes en enrochement sur la base de la saisie du volume du
génie civil et/ou du volume de blocs de la passe. .................................................................................................. 61
Figure 45 : Relation entre le coût total des rivières de contournement et leur largeur........................................ 64
Figure 46 : Comparaison des coûts observés et modélisés à partir de la largeur et de la pente des rivières de
contournement....................................................................................................................................................... 65
Figure 47 : Relation entre la hauteur de chute et le coût total des rampes installées sur des canaux en génie
civil........................................................................................................................................................................ 71
Figure 48 : Relation entre la longueur développée des rampes installées sur des canaux en génie civil et le coût
total des passes...................................................................................................................................................... 72
Figure 49 : Relation entre la surface des rampes installées sur des canaux en génie civil et le coût total des
passes. ................................................................................................................................................................... 72
Figure 50 : Relation entre surface de la passe et coût total pour les passes piège............................................... 73
6
Liste des Tableaux
7
Résumé : L’Onema a été sollicitée afin de conduire une étude des coûts de dimensionnement et
de construction des passes à poissons. La Direction du Contrôle des Usages et de l’Action Territoriale
a coordonné le travail dont la réalisation a été confiée au Pôle d’Ecohydraulique
ONEMA/IMFT/IRSTEA appuyé par le bureau d’étude ECOGEA. Ce travail fait suite à celui conduit en
2001 par le GHAAPPE et qui avait abouti grâce à l’analyse de 272 passes à poissons, à des outils
d’estimation des coûts. Le travail de récolte des données a été initié en mai 2011 avec l’appui des
délégations interrégionales de l’Onema et des agences de l’eau sous la coordination de l’action
territoriale. Cette étape n’a pu être achevée qu’à la fin de 2013 avec d’importantes difficultés à
collecter l’ensemble des informations nécessaires (données techniques et financières).
Au total, 114 passes à poissons ont été utilisées dans l’étude sur 239 ouvrages sélectionnés en
2011 (41% de passes à bassins, 16% de passes en enrochement (PEE), 15% de passes à anguilles,
7% de rivières de contournement et 4% pré-barrages. Les indicateurs de coûts retenus dans l’analyse
3 3
(coût total, coût/m de chute, coût/m de génie civil, coût/m de chute/débit de la passe, coût/m de
blocs) ont été pondérés par l’Indice des Travaux Publics (TP02) à la date du 01/01/2014. Les passes
étudiées sont situées pour 50% dans entre elles sur des cours d’eau de module variant entre 2,2 et
3
49,4 m /s, des barrages de hauteurs variant entre 1,6 et 2,9 m. Les débits transitant dans ces
dispositifs sont compris entre 150 et 900 l/s (médiane : 500 l/s), les pentes entre 5,1% et 12%
(médiane : 6,8%), les surfaces entre 55 et 248 m² (médiane : 141 m²) et les volume s entre 93 et
3 3
557 m (médiane : 248 m ). Les coûts totaux de la moitié des 114 passes varient de 46 000 à 320 000
€ (médiane à 130 000€), les coûts par m de chute de 27 000 € à 133 000 € (médiane à 69 000 €/m de
3 3
chute) et les coûts par m de volume de génie civil de 700 € à 2 300 € (médiane à 1 300 €/m ). Les
coûts par m de chute et débit transitant dans les dispositifs sont quasiment identiques, entre les
-1
passes à bassin, en enrochement et les rivières de contournement (de 150 à 190 €/m de chute/l.s )
Trois modèles d’estimation des coûts pour des études à large échelle ont été construits :
Tous les seuils (97 sites):
Coût total (K€) = 51.4(±33.6) x Hauteur Chute(m)+4.95(±1 ) x Module(m3.s-1) ; r² = 0.77 (p<0.05)
Seuils <1,5 m de hauteur de chute (27 sites) :
Coût Total (K€) = 31.8 (±9.1) x Hauteur Chute (m)+4.4(±1.15) x Module(m3.s-1), r²=0.87 (p<0.05)
Seuils compris entre 1,5 m et 3 m de hauteur de chute (53 sites) :
Coût Total (K€) = 58.9(±29.8) x Hauteur Chute (m)+4.3(±0.94 ) x Module (m3.s-1), r²=0.78 (p<0.05)
Des outils d’estimation des coûts ont été construits sur la base des coûts unitaires par mètre de
chute et débit dans le dispositif ainsi que par m3 de génie civil, ceci pour les passes à bassins, les
passes en enrochement, les prébarrages. Le principe de calcul repose sur le produit de la hauteur
totale de chute, du débit dans la passe ou du volume de génie civil avec les statistiques des coûts
er ème er
unitaires que sont les valeurs médianes, les 1 et 3 quartile et les 1 et dernier décile.
Passe à bassins
Coût unitaire (en €/m de Coût unitaire (en €/m3 de génie
chute/l.s-1 dans la passe) civil)
1er décile 117 654
er
1 quartile 133 932
Médiane 189 1278
3ème quartile 212 1834
Dernier décile 394 2239
8
Passes en enrochement
Coût unitaire (en €/m de Coût unitaire (en Coût unitaire (en
chute/l.s-1 dans la passe) €/m3 de génie civil) €/m3 de blocs)
1er décile 60 311 607
1er quartile 88 389 701
Médiane 148 527 1046
ème
3 quartile 203 735 1719
Dernier décile 396 1076 2402
Pour les rivières de contournement (8 ouvrages) et les passes à anguilles (17 ouvrages)., c’est une
démarche statistique qui a été retenue pour construire des modèles prédictifs.
Rivière de contournement
Coût total (K€) = (-131.6 (±59) x pente (%))+(133.06 (±60) x largeur RC (m)), r²= 0.92(p<0.05)
Passes à anguilles
• Passes pièges : leur coût est très homogène qu’elle que soit la hauteur de chute à franchir
(entre 40 000 € et 50 000 €).
• Rampes avec canaux en génie civil :
Coût total (K€) = 2.69 (±0.53) x Longueur dev.(m), r²= 0.89(p<0.05)
Coût total (K€) = 2.53 (±1.06) x Surface rampe(m²), r²= 0.65(p<0.05)
Le coût des études (esquisse et dimensionnement) varie dans une fourchette de 8 000 à 15 000 €
par ouvrage pour 75% des dispositifs. Les coûts d’installation et d’isolement de chantier se situent
pour 90% des passes entre 10% et 26% du coût total des travaux.
Les outils d’estimation des coûts proposés sont des approches statistiques applicables
essentiellement lors des phases d’esquisse des dispositifs. Ils permettent d’appuyer les choix de
solutions techniques de restauration de la continuité écologique, ainsi que la priorisation des actions à
conduire.
9
SYNTHESE OPERATIONNELLE
10
Sur 239 ouvrages sélectionnés en 2011, seuls 114 ont été conservés dans l’analyse finale
qui n’a pu être engagée qu’en 2014. Cette forte réduction du nombre de dossiers et le délais
de l’étude sont essentiellement liées aux difficultés de récoltes de données techniques et
financières complètes.
Les coûts des passes à poissons sélectionnées ont été pondérés en fonction de
l’évolution de l’Indice des Travaux Publics (TP02) à la date du 01/01/2014.
Coût au 01-01-2014 = Coût année n x (TP02 01-01-2014/TP02 année n)
En plus du coût total des travaux, plusieurs coûts ramenés aux caractéristiques des
passes ont été calculés :
Coût/m de chute= Coût au 01-01-2014/hauteur de chute (en m)
Coût/m3 de GC = Coût au 01-01-2014/volume GC (en m3)
Coût/m de chute/QPAP= [Coût au 01-01-2014/hauteur de chute]/QPAP
Coût/m3 de Blocs = Coût au 01-01-2014/Volume Blocs (PEE et RIV).
GC : génie civil de la passe QPAP : débit de la passe à l’étiage
PEE : Passe En Enrochement RIV : Rivière de contournement
Pour les 114 dossiers, ces coûts ont été obtenus majoritairement au stade des travaux
(54%) mais également au stade projet, dossier de consultation des entreprise (DCE) voire
avant-projet (10% des cas). Il a été possible pour certains dossiers (17/114) d’évaluer
l’évolution des estimations de coûts entre le stade avant-projet, projet et l’exécution des
travaux (en moyenne +50% entre APS et travaux et +10% entre le stade projet et les
travaux).
3) Caractéristiques générales des ouvrages étudiés
La moitié des dispositifs sélectionnés :
- sont situés sur des cours d’eau de module variant entre 2,2 et 49,4 m3/s, des barrages
de hauteurs variant entre 1,6 et 2,9 m de hauteur de chute,
- présentent des débits compris entre 150 et 900 l/s (médiane à 500 l/s) des pentes de
5,1 à 12% (médiane: 6,8%), une surface de 55 à 248 m² (médiane à 141 m²) et un
volume de 93 à 557 m3 (médiane à 248 m3).
Ces valeurs sont proches de l’étude de 2001 avec toutefois une proportion plus
importante en 2014 pour les rivières à plus fort module (>120 m3/s)).
Les passes à bassin (PAB) représentent 41% des ouvrages étudiés, les passes en
enrochement (PEE) et les passes à anguilles (PAA) respectivement 16 et 15%, les rivières
de contournement 7% et les pré-barrages 4%.
La moitié des 114 passes à poissons étudiées ont :
- des coûts totaux de conception et de construction variant de 46 000 à 320 000€
(médiane à 130 000€)
- des coûts par m de chute variant de 27 000€ à 133 000€ (médiane à 69 000€/m de
chute),
- des coûts par m3 de volume de génie civil variant de 700€ à 2 300€/(médiane à
1300€/m3).
Pour les ouvrages installés sur des seuils et barrages de hauteur faible à moyenne (<1,5
m) et des cours d’eau de module <30m3/s, les coûts totaux ne diffèrent pas significativement
en fonction du type de passe. 50% des ouvrages présentent des coûts compris entre 30 et
110 K€ avec des coûts médians variant selon le type de passe entre 55 et 75 K€.
11
Ramenés aux m3 de génie civil, les coûts des passes à anguilles sont nettement plus
élevés que pour les autres types de passes ceci du fait d’un volume relativement restreint.
Ce sont ensuite les passes à bassins qui présentent un coût total médian par m3 de génie
civil statistiquement supérieur à celui des rivières de contournement, des pré-barrages et des
passes en enrochement. Là encore, cette différence est directement liée aux volumes de ces
dispositifs qui sont en général plus réduits.
Ramenés au mètre de chute au barrage et au débit transitant dans les dispositifs, les
coûts des passes à bassin, en enrochement et des rivières de contournement sont
quasiment identiques, respectivement 190 et 150€/m de chute/l.s-1.
4) Outils d’évaluation des coûts des passes à poissons à l’échelle d’un axe
de cours d’eau
Le coût total et le coût ramené à la hauteur de chute augmentent significativement avec le
module des rivières (entre 20 et 220 K€ et 15 et 105 K€ par m de chute pour 95% des
passes des petits cours d’eau à faible module (<10 m3/s), entre 400 et 1675 K€ et 130 et 582
K€ par m de chute pour 95% des grandes rivières (module >120 m3/s),
Les coûts des passes ramenés à la hauteur de chute et au débit dans le dispositif
diminuent significativement avec le module des cours d’eau. Dans les petites rivières de
moins de 2 m3/s de module, 95% des passes construites ont coûté entre 0,15 et 0,6 K€ par
m de chute au barrage et par l/s de débit dans la passe. Pour les grandes rivières (>120
m3/s), ces coûts se situent entre 0,15 K€ et 0,45 K€.
Sur la base de ces relations entre coût, module et hauteur de chute, un modèle général
d’estimation du coût total des passes à poissons a été construit :
12
(médiane à 102 500€), 932 et 1834€ par m3 de génie civil (médiane à 1278€) et 133 et 272€
par m de chute et par l/s de débit.
Pour une même hauteur de chute et un même débit dans la passe, les ouvrages
construits après 2001 ont coûté 55% plus cher que ceux construits avant 2001 (ceci en
tenant compte de l’évolution de l’Indice des Travaux Publics). Ainsi, une passe à bassin de
100 000€ au 01/01/2001 coûterait au 01/01/2014 environ 245 000€.
Les passes à double fente verticale coûtent plus chères que les passes à simple fente
verticale qui elles-même sont plus chères que les passes à échancrure. Ce constat tient
directement au volume de ces ouvrages. Les coûts augmentent proportionnellement aux
volumes des passes à bassins. D’ailleurs, il n’y a pas de différence significative de coûts par
m3 de génie civil entre ces différents types d’ouvrages.
Le coût total et le coût par m de chute augmentent significativement avec la valeur du
module du cours d’eau. Dans les grands cours d’eau (>120 m3/s), le coût médian par m de
chute des passes à bassin s’élève à 425 000€ (50% entre 205 000 et 540 000€) alors qu’il
est de 102 000 € (50% entre 65 000€ et 195 000€) pour des rivières de 30 à 60 m3/s, 55 000
€ (50% entre 35 000€ et 90 000€) pour des rivières de moins de 10m3/s.
En revanche, à l’exception des petits cours d’eau (<2 m3/s de module), les coûts des
passes à bassins ramenés à la hauteur de chute et au débit dans l’ouvrage ne diffèrent pas
en fonction du module.
La même démarche de calcul que celle adoptée en 2001 basée sur le produit de la
hauteur de chute et du débit dans la passe ou du volume de génie civil par les valeurs
médianes, les déciles et les quartiles obtenus sur le jeu de données analysé a été conduite.
Les valeurs de référence proposées sont indiquées dans le tableau suivant
13
Les coûts par m de chute augmentent significativement avec la valeur du module du
cours d’eau. Dans les grands cours d’eau (60-120 m3/s), le coût médian par m de chute
s’élève à 221 000€ (50% entre 101 000 et 458 000€) alors qu’il est de 140 000 € (50% entre
70 000€ et 195 000€) pour des rivières de 30 à 60 m3/s, 61 000 € (50% entre 31 000€ et 103
000€) pour des rivières de moins de 10m3/s.
Les coûts totaux augmentent en fonction de la longueur de l’ouvrage, de la surface, du
volume de génie civil, du volume de blocs et du débit.
La méthode d’estimation basée sur le produit de la hauteur de chute, du débit et du
volume du génie civil avec les coûts médians, les 1er et 3ème quartile ainsi que les 1er et
dernier décile a également été appliquée.
14
Valeurs de référence (en €/m de
chute/l.s-1 dans la passe)
1er décile 67
Médiane 20
15
Il est également possible d’identifier des coûts d’installation et d’isolement de chantier.
Pour 90% des passes construites, ces coûts varient de 10 à 26% du coût total des travaux.
10) Limites des outils proposés.
Les outils d’estimation des coûts proposés à l’issue de ce travail restent des approches
statistiques applicables essentiellement à des échelles globales permettant d’aboutir à la
phase esquisse des dispositifs. Ils doivent apporter des éléments quant au meilleur choix
des solutions techniques de restauration de la continuité écologique ainsi qu’à la priorisation
des actions à conduire.
Le travail a permis d’observer une augmentation significative des coûts des passes à
poissons depuis l’étude de 2001, augmentation supérieure à celle de l’Indice des Travaux
Publics. Ceci peut être attribué partiellement à des changements dans les préconisations de
dimensionnement relatives à des attentes plus fortes vis-à-vis de l’efficacité des dispositifs
mais d’autres facteurs sont intervenus. Il semble important, au vu de l’ampleur des futurs
travaux sur la continuité écologique d’engager un travail plus approfondi sur l’optimisation
des coûts de ces dispositifs notamment par le jeu des échelles de travail, du regroupement
dans la réalisation des travaux et du développement technologique.
16
1 Rappels du contexte et objectifs de l’étude
1.1 Rappels du contexte
Les enjeux de restauration et d’atténuation des effets des obstacles sur la continuité
écologique et plus particulièrement sur la libre circulation des poissons sont essentiels pour
l’état des masses d’eau et la restauration des stocks de certaines espèces piscicoles.
Au travers d’une réglementation et d’une politique publique ambitieuses basées sur le
classement des cours d’eau et la mise en œuvre de la trame bleue, des actions vont être
engagées sur de nombreux obstacles à l’écoulement dans les cours d’eau d’ici à 2017 (8000
et 12000 ouvrages concernés). Certaines de ces actions vont se traduire par la construction
de dispositifs dédiés à la montaison des poissons. Si les recommandations quant au choix et
au dimensionnement des différentes solutions techniques existent grâce notamment aux
travaux du Pôle d’Ecohydraulique de l’Onema, il est apparu nécessaire de disposer d’outils
permettant d’approcher le coût des dispositifs dans le cadre d’études diagnostic à l’échelle
des axes de cours d’eau et de l’obstacle.
En 2001, le GHAAPPE (Groupement d’Hydraulique Appliquée aux Aménagements
Piscicoles et à la Protection de l’Environnement) a réalisé une étude portant sur le coût des
dispositifs construits entre 1990 et 2000 (Voegle et al. 2001)1. Deux-cent-soixante-douze
ouvrages avait été analysés. Ce travail a permis de disposer d’outils de calcul basés sur les
principales caractéristiques des ouvrages (hauteur de chute, débit dans la passe, volume du
génie civil). Pour autant, les outils étaient principalement centrés sur les passes à bassin, les
passes à ralentisseurs et les pré-barrages. Les passes en enrochement plus récentes en
matière de conception, ainsi que les passes à anguilles n’avaient pas été abordées. Il était
donc nécessaire, au moment de la mise en œuvre de programmes ambitieux de restauration
de la continuité, de disposer de nouveaux outils d’estimation des coûts mis à jour pour tous
les types d’ouvrages et tenant compte de l’évolution des coûts d’étude et de construction.
A la demande des Agences de l’Eau, la Direction Générale de l’Onema au travers de sa
Direction du Contrôle des Usages et de l’Action Territoriale a sollicité le Pôle
d’Ecohydraulique de Toulouse qui, en collaboration, avec le cabinet d’étude ECOGEA a
conduit le présent travail.
1.2 Objectifs
L’étude porte sur un ensemble de dispositifs de rétablissement de la libre circulation
piscicole à la montaison construits depuis 2001 et a pour objectif :
• d’analyser les coûts de construction par types de passes à poissons,
• de comparer les coûts avec ceux estimés par les outils issus des études de
2001,
• de construire de nouveaux modèles d’estimation des coûts à différentes
échelles de travail (étude globale d’axe, étude à l’ouvrage),
• d’analyser les principaux coûts intervenant dans la construction d’un ouvrage.
1
Voegtlé B, Pallo S et Larinier M, 2001. Coût des passes à poissons et méthodes constructives.
Rapport GHAAPPE RA.01.08 / MIGADO G11-01-RT.
17
1.3 Plan du rapport
Ce rapport présente les principaux résultats obtenus. Après un rappel du contexte et des
objectifs, le jeu de données et les méthodes d’analyses sont décrites. Dans la 3ème partie, les
résultats sont présentés selon les 2 échelles d’analyse (étude d’axe, étude à l’obstacle) en
détaillant à l’obstacle selon les types de passes à poissons. La dernière partie est consacrée
à une discussion sur les principaux coûts d’étude et de construction.
18
2 Présentation du jeu de données et méthodologies d’analyses
2.1 La méthode de travail
Le travail a été conduit en respectant plusieurs étapes :
• Collecte des données des projets de dispositifs de franchissement construits
entre 2001 et 2014 et retenus selon les critères d’analyse fixés,
• Analyse des projets afin d’extraire :
les données techniques permettant de caractériser les dispositifs de
franchissement (données du génie civil, données hydrauliques) et les
seuils et barrages concernés (hauteur de chute, module, usages),
les données financières permettant d’approcher les différentes
composantes des coûts (coûts d’étude, de travaux [préparation chantier,
réalisation, travaux connexes...]),
• Calcul des statistiques sur les coûts et mise en relation avec les caractéristiques
techniques des projets et des seuils et cours d’eau concernés,
• Mise en œuvre des outils d’estimation des coûts issus de l’étude 2001,
• Construction de nouveaux outils d’estimation des coûts.
Les analyses ont été conduites à deux niveaux :
• un niveau global permettant d’établir des relations entre les coûts de
construction et des paramètres très généraux (hauteur de chute, module cours
d’eau, type d’usage) (outils utilisables à l’échelle d’études d’axe). A cette
échelle, une distinction a été apportée en fonction de la hauteur de chute de
l’ouvrage :
seuils < 1.5 m de hauteur de chute,
seuils compris entre 1,5 m et 3 m de hauteur de chute,
• un niveau local à l’échelle de l’ouvrage permettant des calculs sur la base des
1ers éléments de choix du type de dispositif et de critères de dimensionnement
(hauteur de chute, débit dans la passe, volume de génie civil, surface de la
passe…) (outils utilisables à l’échelle de l’ouvrage).
19
Etapes Objectifs Intervenants Résultats et durée
1: liste ouvrage Etablir une liste d’ouvrages Pôle, Dir Onema, 239 ouvrages –05-2011 au
sur lesquels les données Agences de l’Eau 12-2012
seront collectées
2: Pré- Pré-sélectionner les Pôle, ECOGEA 211 ouvrages – 01-2012 au
sélection des ouvrages pertinents 04-2012
ouvrages
3: Collectes Collecter les données Pôle, Dir Onema, 170 ouvrages mais seulement
des données techniques et financières Agences de l’Eau, 126 complets (TECH+FIN)
par ouvrage
05-2012 au 02-2014
4: Sélection Sélectionner les ouvrages Pôle, ECOGEA 101 ouvrages retenus
def. ouvrages pertinents avec toutes les présentant des données
données fiables
4: Analyse des Analyser les données Pôle, ECOGEA 114 ouvrages étudiés car
données techniques et financières récupération de 13 ouvrages
04-2012 au 06-2014
5: Restitution Restituer les outils ECOGEA
d’estimation des coûts
20
Figure 1 : Nombre d’ouvrages sélectionnés en fonction des différents critères de tri
et par Agence de bassin.A titre comparatif, le travail du chargé de mission avait permis en
2001 d’analyser 272 ouvrages.
Globalement, la collecte des données a permis d’obtenir des informations couvrant
l’ensemble du territoire national avec toutefois deux bassins moins bien représentés malgré
leur couverture géographique, le bassin Adour-Garonne avec 15 ouvrages et le bassin
Seine-Normandie avec 16 ouvrages.
Au total 114 passes à poissons ont pu être analysées réparties sur l’ensemble du
territoire national. Le travail a laissé apparaître :
• une identification des ouvrages assez rapide grâce aux connaissances des DIR
Onema,
• une récolte des données extrêmement difficile et longue :
Données techniques : les DIR Onema ne disposent pas toujours des
données techniques complètes et notamment des dernières versions
des projets. Ils n’ont que rarement accès au recollement quand celui-ci
a été effectué.
Données financières : les DIR Onema n’ont souvent que des devis.
Au niveau des Agences de l’Eau l’accès aux données est difficile en raison des
archivages de dossiers.
21
2.3 Les données récoltées
2.3.1 Données techniques
Pour chaque ouvrage, des données permettant de caractériser le dispositif ont été
récoltées tant au niveau des informations géographiques générales qu’au niveau des
caractéristiques spécifiques de l’ouvrage et de son dimensionnement.
Concernant les données de débit dans les passes, la valeur retenue correspond au débit
transitant dans le dispositif pour une situation de cote normale d’exploitation (cas des
centrales hydroélectriques, des barrages de navigation) ou pour une situation d’étiage (cas
des passes en enrochement notamment).
Données géographiques générales Données spécifiques à la passe Données du dimensionnement (dispositifs concernés)
22
Figure 2 : Nombre d’ouvrages étudiés par type de coût ayant pu être récupéré.
Sur 17 dossiers, nous avons pu obtenir les coûts à différents stades du projet depuis
l’APS jusqu’aux travaux. Cela a permis de voir l’évolution. En général, les coûts estimés au
stade APS sont 50% inférieurs à ceux réellement constatés lors des travaux. A partir des
stades Projet et DCE, les coûts évoluent nettement moins par rapport aux travaux (+10%
d’augmentation seulement). Cette forte augmentation des coûts entre les APS et les travaux
peut être liée à trois facteurs :
• le décalage dans le temps entre la phase avant-projet et la réalisation effective
des travaux (parfois 2 à 3 ans), décalage qui se traduit par une augmentation
liée directement à celui de l’Indice des Travaux Publics,
• une évaluation incomplète des contraintes du chantier notamment en termes
d’implantation et de dispositions constructives,
• et des modifications importantes apportées à l’avant-projet qui parfois ne
satisfait pas totalement aux critères de dimensionnement des ouvrages de
franchissement.
2.4 Les variables analysées
Plusieurs variables de coûts ont été analysées et modélisées. Mais, avant toute analyse, il
était indispensable de pondérer les coûts en fonction de l’évolution de l’Indice des Travaux
Publics (TP02). Pour cela, les coûts de chaque passe à poisson ont été réévalués à la date
du 01/01/2014.
Coût au 01-01-2014 = Coût année n x (TP02 01-01-2014/TP02 année n)
23
Figure 3 : Evolution de l’Indice des Travaux Publics (TP02) depuis le 01/01/2001.
L’indice est passé d’une valeur de 453.4 à 703.9 entre 2001 et 2014 soit une
augmentation de 55%.
En plus du coût total des travaux, plusieurs coûts ramenés aux caractéristiques des
passes ont été calculés :
Coût/m de chute= Coût au 01-01-2014/hauteur de chute (en m)
Coût/m3 de GC = Coût au 01-01-2014/volume GC (en m3)
Coût/m de chute/QPAP= [Coût au 01-01-2014/hauteur de chute]/QPAP
Coût/m3 de Blocs = Coût au 01-01-2014/Volume Blocs (PEE et RIV)
GC : génie civil de la passe QPAP : débit de la passe à l’étiage
PEE : Passe En Enrochement RIV : Rivière de contournement
24
3 Résultats
3.1 Caractéristiques des 114 dossiers sélectionnés
3.1.1 Caractéristiques générales des seuils et barrages étudiés.
Les 114 seuils et barrages étudiés présentent une moyenne de hauteur de chute de
2,75 m (50% des ouvrages à moins de 2,04 m) pour des modules de rivière de 42,4 m3/s
(50% à moins de 12 m3/s). 50% des dispositifs sont situés sur des cours d’eau de module
variant entre 2,2 et 49,4 m3/s et des barrages de hauteurs variant entre 1,6 et 2,9 m de
hauteur de chute. Ces valeurs sont assez proches de celles obtenues lors de l’étude de
2001 avec toutefois une proportion plus importante en 2014 pour les rivières à plus fort
module (>120 m3/s).
25
Figure 4 : Nombre de dispositifs de franchissement étudiés par type de passes.
PAB : passe à bassin ; PEE : passe en enrochement ; PAA : passe à anguille ; PAR : passes à
ralentisseurs ; RIV : rivière de contournement ; PB : pré-barrages.
Les passes les plus volumineuses sont des rivières de contournement avec des débits de
l’ordre de 5 m3/s pour des surfaces de plus de 4000 m² et des volumes de 8000 m3.
26
Figure 5 : Caractéristiques générales des débits transitant dans les 97 passes
étudiées (hors PAA).
27
Figure 8 : Caractéristiques générales des volumes dans les 97 passes étudiées
(hors PAA).
15%
10%
5%
2%
1%
Figure 9 : Débits transitant dans les passes en fonction des modules des rivières.
Les pourcentages correspondent à la valeur moyenne du débit des passes ramenée au module de la
rivière
Les débits transitant dans les dispositifs de montaison étudiés augmentent globalement
avec les modules des rivières. Cela s’explique par le fait que, pour rester attractifs, les débits
transitant dans les dispositifs doivent rester à l’échelle des débits du cours d’eau. En
pourcentage, les valeurs diminuent tout de même vers les plus gros cours d’eau, du fait des
limitations sur la taille et les coûts des dispositifs. Les valeurs médianes varient ainsi de 15%
pour les petites rivières de moins de 2 m3/s de module, à 1-1.5% du module pour les cours
d’eau de plus de 60 m3/s de module.
En revanche, les débits ne diffèrent pas statistiquement entre les 4 principaux types de
passes (passes à bassin, passes en enrochement, rivière de contournement et pré-
barrages).
28
Figure 10 : Hauteurs de chute des barrages équipés en fonction des différents
types de passes.
2
Larinier M, Courret D et Gomes P, 2006. Guide technique pour la conception des passes
« naturelles ». Rapport GHAAPPE RA.06.05-V1. (www.onema.fr/IMG/pdf/2006_060.pdf).
29
Figure 11 et Figure 12 : Coût médian total et par mètre de chute des différents
types de passes étudiées.
Les coûts totaux médians (ajout passes à ralentisseurs de l’étude de 2001) sont
statistiquement plus élevés pour les rivières de contournement par rapport aux autres types
d’ouvrages. Cela tient essentiellement aux dimensions de ces dispositifs qui sont très
souvent construits sur des rivières à forts débits et qui présentent donc ainsi des dimensions
importantes. Ces observations sont confirmées par l’analyse des coûts par m de chute où il
n’existe pas de différences statistiques de coût total entre les types de passes.
30
Figure 13 : Coût total par type de passe à poisson et pour les seuils de faible
hauteur (< 1,5 m) et les rivières de module < 30 m3/s
Lorsque l’on s’intéresse aux ouvrages installés sur des seuils et barrages de hauteur
faible à moyenne (< 1,5 m)(27 seuils) et des cours d’eau de module < 30 m3/s, on constate
que les coûts totaux ne diffèrent pas significativement en fonction du type de passe. 50%
des ouvrages présentent des coûts compris entre 30 et 110 K€, avec des coûts médians
variant selon le type de passe entre 55 et 75 K€.
Figure 14 : Coût médian par m3 de génie civil et par type de passes à poissons.
31
Ramené aux m3 de génie civil, les passes à anguilles sont plus chères que les autres
types de passes, ceci du fait d’un volume relativement restreint. Pour les autres types de
passes, on constate que les passes à bassins présentent un coût total médian par m3 de
génie civil statistiquement supérieur à celui des rivières de contournement, des pré-barrages
et des passes en enrochement. Là encore, cette différence est directement liée aux volumes
de ces dispositifs qui sont en général plus réduits.
Figure 15 : Coût par m3 de génie civil et par type de passe à poisson pour les seuils
de faible hauteur (< 1,5 m) et les rivières de module < 30 m3/s.
Pour les seuils de faible hauteur (< 1,5 m) et les rivières à module < 30 m3/s, les coûts
des passes ramenés au volume de génie civil sont statistiquement plus élevés pour les
passes à bassins. Comme précédemment, ce constat est directement imputable à la
différence de volume entre ces 3 types de dispositifs avec des passes à bassins dont le
volume est toujours plus faible que les pré-barrages, les passes en enrochement et les
rivières de contournement, ceci pour une même hauteur de chute à franchir.
Figure 16 : Comparaison des coûts par m de chute et par l/s de débit dans la passe
entre les différents types d’ouvrage.
32
Seuls les pré-barrages présentent des coûts ramenés à la hauteur de chute et au débit
dans la passe statistiquement inférieurs aux autres dispositifs. Toutefois, l’échantillon des
pré-barrages étudiés en 2014 étant assez faibles (5 ouvrages), nous avons ajouté celui de
2001 (25 ouvrages). Les coûts actualisés (pondération par l’indice TP02) de 50% des pré-
barrages étudiés à cette date variaient de 30 € à 110 €/m de chute/(l/s) de débit dans la
passe (médiane : 53 €), soit des valeurs assez proches de celles de l’échantillon de 2014 et
donc statistiquement inférieurs à celle des autres types de dispositifs.
3.2.2 Conclusions sur coûts globaux.
Les coûts des 114 ouvrages étudiés présentent de fortes variations imputables au type de
passes, à la hauteur de l’ouvrage et au débit. Les pré-barrages constituent les dispositifs les
moins chers lorsque l’on raisonne par mètre de chute et débit dans la passe.
Globalement, tout ouvrage confondu on compte environ 190 €/m de chute/(l/s) de débit
dans la passe soit :
• pour un seuil de 1 m de chute et une passe de 100 l/s un coût de l’ordre de
20 000 €,
• pour un seuil de 1,5 m de chute et une passe de 300 l/s un coût de 85 000 €.
33
Tableau 5 : Statistiques générales des différents types de coûts pour les 114 dispositifs étudiés (les coûts par m3 de Blocs ne
concernent que les passes en enrochement).
34
3.3 Construction d’un outil d’estimation des coûts à large échelle
Dans cette approche, nous avons cherché à construire un outil d’estimation des coûts des
dispositifs de franchissement (à l’exception des passes spécifiques à l’anguille) utilisable
dans des approches à large échelle allant du bassin hydrographique, à l’axe de cours d’eau.
Il a été décidé de construire des outils généraux n’intégrant pas initialement un choix de
type de passes à poissons. Cela conduit inévitablement à proposer des intervalles de
confiance assez larges que nous avons cherché à réduire en séparant les seuils et barrages
en fonction de leur hauteur de chute.
3.3.1 Effet des caractéristiques générales des seuils sur les coûts des dispositifs
Dans un 1er temps, nous avons testé les effets des caractéristiques générales des seuils
et barrages sur le coût des passes à poissons (sans les passes à anguilles), à savoir l’effet
du module et de la hauteur de chute.
3.3.1.1 Relation au module du cours d’eau
Figure 17 : Comparaison des coûts totaux en fonction des classes de module des
seuils et barrages étudiés.
Le coût total des passes à poissons augmente significativement avec le module des
rivières. Pour les petits cours d’eau à très faible et faible module (< 10 m3/s), 95% des
passes étudiées présentent des coûts inférieurs à 40 K€, alors que pour les grandes rivières
(module > 120 m3/s), 95% des dispositifs ont des coûts compris entre 400 et 1675 K€ (50%
des dispositifs sont compris entre 500 et 1350 K€).
35
Figure 18 : Comparaison des coûts par m de chute en fonction des classes de
module des seuils et barrages étudiés.
Comme pour les coûts totaux, les coûts des passes ramenés à la hauteur de chute
augmentent significativement avec le module des cours d’eau. Dans les petites rivières de
moins de 10 m3/s de module, 95% des passes construites ont coûté entre 15 et 105 K€ par
m de chute au barrage. Pour les grandes rivières (>120 m3/s), les coûts par m de chute de
95% des dispositifs se situent entre 130 et 582 K€ par m de chute au barrage.
Figure 19 : Comparaison des coûts par m de chute et par l/s de débit dans la passe
en fonction des classes de module des seuils et barrages étudiés.
Les coûts des passes ramenés à la hauteur de chute et au débit dans le dispositif
diminuent significativement avec le module des cours d’eau. Dans les petites rivières de
moins de 2 m3/s de module, 95% des passes construites ont coûté entre 0,15 et 0,6 K€ par
36
m de chute au barrage et par l/s de débit dans la passe. Pour les grandes rivières (>120
m3/s), ces coûts se situent entre 0,15 et 0,45 K€.
Les coûts ramenés au m3 de génie civil (volume de la passe) ne sont pas reliés au
module du cours d’eau.
3.3.1.2 Relation à la hauteur de chute
Le coût total des passes à poissons augmente significativement avec la hauteur de chute
des seuils et barrages des rivières. Toutefois, ce sont essentiellement les passes construites
sur des barrages de plus de 6 m de hauteur de chute qui présentent des coûts
significativement plus élevés.
Les coûts ramenés au m3 de génie civil (volume de la passe) ne sont pas
significativement reliés à la hauteur de chute.
3.3.2 Modèles généraux d’estimation des coûts.
Nous avons construit un modèle d’estimation des coûts sur la base du module des cours
d’eau et de la hauteur de chute avec dans une 1ère approche l’intégration de tous les sites
puis dans un second temps, une différenciation en fonction des classes de hauteurs de
chute.
37
3.3.2.1 Modèle basé sur les 97 sites (hors passes à anguilles)
Figure 21 : Modèle d’estimation des coûts totaux basé sur le module et la hauteur
de chute.
Modèle 1:
1 3 30 66 102
1.5 5 46 101 153
38
Les intervalles de confiance obtenus pour chaque situation hauteur de chute vs module
du tableau 6 varient selon les situations de 33 à 55%. Ils sont plus importants pour les petits
seuils et les rivières à faible module, que pour les seuils plus élevés dans des cours d’eau à
plus fort module. Ainsi pour un seuil de 2,5 m de hauteur dans une rivière de 10 m3/s de
module, le coût total de la passe à poisson serait compris entre 84 et 272 K€.
Cette approche reste générale avec des estimations qui doivent s’appuyer sur des
gammes de coûts et non pas sur des valeurs fixes.
3.3.2.2 Modèle par classe de hauteur de chute
Nous avons construit des modèles par classe de hauteur de chute en séparant :
• les seuils de moins de 1,5 m de hauteur (27 ouvrages),
• et les seuils de 1,5 à 3 m de hauteur (53 ouvrages).
Nous n’avons pas construit de modèle pour les seuils de plus de 3 m de hauteur car nous
ne disposions pas d’un échantillon statistiquement suffisant.
1er 38 131
quart.
Med 42 229
3ème 77 616
quart.
Tableau 7 : Statistiques des coûts estimés par le modèle 2 en fonction des classes
de module (pas de sites à module > 120 m3/s dans cette classe de hauteur de chute
[< 1,5 m]).
Pour les petits cours d’eau à faible module (< 10 m3/s), le modèle permet d’estimer un
coût pour 50% des ouvrages qui varie entre 38 et 77 K€. Cette approche permet ainsi
d’améliorer la qualité des estimations pour les seuils de faible hauteur en petites rivières du
fait de la réduction de la taille de l’échantillon et de la suppression des fortes valeurs de
coûts qui déséquilibraient l’échantillon.
39
<10m3/s 10-120m3/s >120m3/s
Tableau 8 : Statistiques des coûts estimés par le modèle 3 en fonction des classes
de module.
Comme pour les seuils de faible hauteur, la réduction de l’échantillon et la limitation des
fortes valeurs de coût, permettent une estimation des coûts plus pertinente surtout pour les
rivières à petits modules (<10 m3/s).
3.3.3 Influence d’autres facteurs sur le coût estimé
Nous avons analysé l’influence d’autres facteurs sur les coûts estimés par les différents
modèles. Il n’y a pas d’effet significatif sur les résultats des modèles :
• de la zone géographique (bassin),
• du type de passe à poisson,
• de la présence ou non d’un débit d’attrait.
En revanche, on observe un effet :
• de la présence d’un dispositif de comptage des poissons,
• de la présence d’une installation hydroélectrique au niveau du barrage.
La présence d’un dispositif vidéo conduit à une augmentation des coûts d’un facteur 1,5.
A l’opposé, la construction d’une passe à poisson sur un seuil équipé d’une turbine
hydroélectrique conduit en moyenne à un coût réduit de 20%.
Il convient donc, dans le cas d’étude d’axe, d’intégrer la présence de centrales
hydroélectriques en affectant les coûts estimés sur la base du module et de la hauteur de
chute d’un coefficient 0.8. Cette pondération des coûts en contexte d’usage
hydroélectrique est en fait liée à la valeur de débit transitant dans les dispositifs de
franchissement. Dans le cas de centrales hydroélectriques, les débits transitant dans les
passes à poissons et ramenés au module sont généralement inférieurs à ceux des passes
hors contexte hydroélectrique.
40
Modèle 3 : ouvrages de 1,5m à 3m de hauteur de chute
Coût Total (K€) = 58.93(±29.85 )xHauteur Chute (m)+4.29 (±0.94 )xModule (m3.s-1)
41
3.4 Construction d’un outil d’estimation des coûts pour les passes à
bassin
2013 2001
CHUTE (m) MODULE (m3/s) CHUTE (m) MODULE (m3/s)
Ces dispositifs équipent des seuils et barrages de hauteur comprise pour 50% d’entre eux
entre 1,8 et 2,8 m pour des modules de 6 à 91 m3/s. L’étude de 2001 avait analysé un
échantillon plus important (171 passes) dans des gammes de hauteur de chute plus
importantes, mais de module plus restreint (plus de passes en contexte salmonicole).
42
Tableau 11 : Statistiques générales des différents coûts des passes à bassins étudiées en 2013-2014 par rapport à ceux de l’étude
de 2001.
43
La moitié des passes étudiées en 2013-2014 ont coûté entre 119 000 et 557 000 €
(médiane à 240 000 €) contre 72 000 à 225 000 € en 2001 (médiane à 140 000 €). Ramenés
à la hauteur de chute, au volume de génie civil et au débit dans la passe, les coûts de 50%
des dispositifs sont respectivement compris entre 49 000 et 219 000 € par m de chute
(médiane à 102 500 €), 932 et 1834 € par m3 de génie civil (médiane à 1278 €) et 133 et
272 € par m de chute et par l/s de débit.
Pour une même hauteur de chute et un même débit dans la passe, les ouvrages
construits après 2001 ont coûté 55% plus cher que ceux construits avant 2001 (ceci en
tenant compte de l’évolution de l’Indice des Travaux Publics (TP02). Une passe de
100 000 € en 2001 coûterait 250 000 € en 2014 (158 000 € uniquement sur la base de
l’évolution du TP02).
44
Les coûts totaux et les coûts par m de chute des passes à bassins varient
significativement en fonction du type d’ouvrage. Les passes à double fente verticale coûtent
plus chères que les passes à simple fente verticale, qui elles-même sont plus chères que les
passes à échancrure. Ce constat tient directement au volume de ces ouvrages. Les coûts
augmentent proportionnellement aux volumes des passes à bassins. D’ailleurs, il n’y a pas
de différence significative de coûts par m3 de génie civil entre ces différents types
d’ouvrages.
45
Figure 24 : Statistiques des coûts par m de chute et débit dans la passe en fonction
du module de la rivière.
Les coûts ramenés à la hauteur de chute et au débit dans la passe ne diffèrent que pour
les dispositifs installés sur des cours d’eau à petits module (<2 m3/s).
46
Les coûts totaux et les coûts par m3 de génie civil sont significativement plus élevés
uniquement pour les passes construites sur des barrages de plus de 6 m de hauteur.
Figure 26 : Comparaison des coûts par m de chute et par m3/s dans la passe avec
ou sans débit d’attrait dans une passe à échancrure.
Si l’on fait transiter la totalité du débit dans la passe, un dispositif à échancrure coûte
225 000 € par m de chute et par m3/s de débit contre 62 000 € par m de chute et par m3/s de
débit si 60 à 80% du débit transite comme débit d’attrait.
Figure 27 : Comparaison des coûts par m de chute et par m3/s dans la passe avec
ou sans débit d’attrait dans une passe à fente verticale.
Pour les passes à fente verticale, la différence de coûts est nettement plus faible (< 20%)
entre les dispositifs avec ou sans débit d’attrait. Comparé à des passes à double fente
verticale, les coûts des passes à 1 seule fente additionnée d’un débit d’attrait sont même
légèrement supérieurs.
47
3.4.3 Modèles statistiques d’évaluation des coûts des passes à bassins
Pour confirmer les analyses statistiques descriptives précédentes, nous avons conduit en
complément des analyses prédictives sur la base de régression.
• Modèle 1 : Hauteur de chute et module
48
Avec r²=0.62 (p<0.05) et Durbin Watson de 1.88
Figure 30 : Relation entre le coût total des passes à bassins et le volume de génie
civil de l’ouvrage.
L’analyse des différents modèles montrent qu’il est pertinent d’utiliser les statistiques des
coûts par m de chute et débit dans la passe ou par m3 de volume de génie civil.
Médiane 189
Tableau 12 : Statistiques utilisées pour l’estimation du coût total d’une passe sur la
base de la hauteur de chute et du débit dans la passe.
La même approche basée sur le volume de génie civil peut être utilisée en réalisant le
produit du volume de génie civil envisagé par le coût médian, le 1er et le dernier décile par m3
de génie civil.
49
Valeurs de référence (en €/m3 de génie civil)
Médiane 1278
Tableau 13: Statistiques utilisées pour l’estimation du coût total d’une passe sur la
base du volume de génie civil.
Figure 31 : Comparaison entre les coûts estimés sur la base de la médiane et des
déciles des coûts par m de chute et les valeurs observées sur les 57 dossiers étudiés
50
Figure 32 : Comparaison entre les coûts estimés sur la base de la médiane et des
déciles des coûts par m3 de génie civil et les valeurs observées sur les 57 dossiers
étudiés.
L’utilisation des coûts médians, des 1er et derniers déciles comme estimateurs des coûts
des passes à bassins permet d’inclure la grande majorité des coûts au sein de l’intervalle de
confiance représenté par les 1er et dernier décile avec toutefois une proportion moins
importante de coûts estimés proches des coûts observés.
Avec seulement 57 ouvrages et la forte diversité rencontrée, il est difficile de proposer des
outils plus précis. De la même façon, la faiblesse de l’échantillon ne permet pas de
construire des modèles par type de passe. Nous n’avons analysé que l’effet de l’usage
hydroélectrique ou non.
Figure 33 : Comparaison des écarts de coûts entre les estimations des modèles et
les valeurs observées pour des seuils présentant ou non une centrale
hydroélectrique.
51
Comme pour les modèles généraux basés sur la hauteur de chute et le module, les coûts
estimées pour les passes à bassin en contexte hydroélectrique sont sur-estimés de l’ordre
de 35%
L’analyse des 57 passes à bassin a permis de proposer deux outils d’estimation des
coûts :
• un outil basé sur la hauteur de chute, le module et/ou le débit dans la passe,
• un outil basé sur le génie civil de la passe.
52
3.5 Construction d’un outil d’estimation des coûts pour les passes en
enrochement
Ces dispositifs équipent des seuils et barrages d’assez faible hauteur comprise pour 50%
d’entre eux entre 1,0 et 1,8 m pour des modules de 2 à 22 m3/s.
53
Tableau 15 : Statistiques générales des différents coûts des passes en enrochement étudiées en 2013-2014.
54
La moitié des passes étudiées en 2013-2014 ont coûté entre 41 000 à 243 000 €
(médiane à 140 000 €). Ramenés à la hauteur de chute, au volume de génie civil et de blocs,
les coûts de 50% des dispositifs sont respectivement compris entre 41 000 et 108 000 € par
m de chute (médiane à 63 500 €), 389 et 735 € par m3 de génie civil (médiane à 527 €), et
88 et 203 € par m de chute et par l/s de débit.
Les coûts par volume de génie civil sont environ 50% inférieurs à ceux des passes à
bassins. Toutefois, il faut souligner qu’à l’exception des forts modules (> 60 m3/s), le volume
des passes en enrochement est 1.5 à 4 fois plus important que celui des PAB pour une
même hauteur de chute et un même débit transitant dans la passe
3.5.2 Facteurs influençant le coût des passes en enrochement
Nous avons testé l’effet de différents facteurs sur le coût des passes en enrochement.
3.5.2.1 Effet du type de passe
Les coûts totaux et les coûts par m de chute des passes en enrochement varient
significativement en fonction du type d’ouvrage. Les passes en enrochements régulièrement
répartis coûtent plus chères que les passes à rangées périodiques. Ce constat tient
directement au volume de blocs utilisés. Les passes en enrochement régulièrement répartis
utilisent plus de blocs que celles en rangées périodiques (+35%).
55
3.5.2.2 Effet du module et de la hauteur de chute
Le coût total ne diffère que pour les passes construites sur des cours d’eau à module
< 10 m3/s. En revanche, les coûts par m de chute augmentent significativement avec la
valeur du module du cours d’eau. Dans les grands cours d’eau (60-120 m3/s), le coût médian
par m de chute des passes en enrochement s’élève à 221 000 € (50% entre 101 000 et
458 000 €) alors qu’il est de 140 000 € (50% entre 70 000 € et 195 000 €) pour des rivières
de 30 à 60 m3/s et 61 000 € (50% entre 31 000 € et 103 000 €) pour des rivières de moins de
10 m3/s.
56
Figure 37 : Relation entre la surface de la passe en enrochement et le coût total
(Coût total (K€) = 0.688 (±0.13) x Surf PEE (m²) avec r²= 0.88 (p<0.05)).
57
Figure 40 : Relation entre le débit de la passe en enrochement et le coût par m de
chute (Coût total (K€) = 90.8 (±41.7) x Q. PEE (m3.s-1) avec r²= 0.55 (p<0.05)).
Coût total (K€) = 93.02 (±28.6 )xHauteur Chute (m) x Qpasse (m3.s-1)
Avec r²=0.84 (p<0.01) et test de Durbin Watson à 1.85
58
Figure 42 : Modèle d’estimation du coût total des passes à bassin en fonction du de
la hauteur de chute et du débit dans la passe.
1er décile 60
1er quartile 88
Médiane 148
Tableau 16 : Statistiques utilisées pour l’estimation du coût total d’une passe sur la
base de la hauteur de chute et du débit dans la passe.
59
La même approche basée sur le volume de génie civil peut être utilisée en réalisant le
produit du volume de génie civil ou de blocs envisagé par le coût médian, le 1er et le dernier
décile par m3 de génie civil.
Tableau 17: Statistiques utilisées pour l’estimation du coût total d’une passe sur la
base du volume de génie civil et/ou blocs.
Figure 43 : Estimations des coûts totaux pour des passes en enrochement sur la
base de la saisie de la hauteur de chute et du débit prévu dans la passe.
60
Figure 44 : Estimations des coûts totaux pour des passes en enrochement sur la
base de la saisie du volume du génie civil et/ou du volume de blocs de la passe.
61
3.6 Construction d’un outil pour l’estimation des coûts des rivières de
contournement.
Ces dispositifs équipent des seuils et barrages de hauteur assez réduite comprise pour
50% d’entre eux entre 2.4 et 2.9 m pour des modules de 15 à 35 m3/s. Comme pour les
passes en enrochement, ces dispositifs, de par les prescriptions techniques de
dimensionnement, sont surtout adaptés aux ouvrages de moins de 3-3,5 m de hauteur de
chute.
La moitié des rivières de contournement construites depuis 2001 ont des coûts totaux
compris entre 189 000 € et 950 000 € (médiane à 413 000 €). En 2001, les coûts totaux, par
m de chute et par m3 de génie civil étaient plus élevés (médiane à 869 000 €). Toutefois, le
faible nombre de dispositifs étudiés ne permet pas de réaliser des comparaisons fiables.
62
Tableau 19 : Statistiques générales des différents coûts des rivières de contournement étudiées en 2013-2014 et en 2001.
63
3.6.2 Facteurs influençant le coût des rivières de contournement
Nous avons testé l’effet de différents facteurs sur le coût des rivières de contournement.
64
Figure 46 : Comparaison des coûts observés et modélisés à partir de la largeur et
de la pente des rivières de contournement.
1er décile 48
1er quartile 73
Médiane 188
Tableau 20: Statistiques utilisées pour l’estimation du coût total d’une passe sur la
base de la hauteur de chute et du débit dans la passe.
Cette approche fournit un intervalle de confiance très large peu compatible avec un outil
d’estimation.
Nous avons donc décidé d’utiliser le modèle statistique basé sur la largeur et la pente de
la rivière de contournement.
65
3.7 Construction d’un outil pour l’estimation des coûts des pré-
barrages
Ces dispositifs équipent des seuils et barrages de hauteur assez réduite, comprises pour
50% d’entre eux entre 1.1 et 3.1 m pour des modules de 0.2 à 19 m3/s. Comme pour les
passes en enrochement et les rivières de contournement, ces dispositifs, de par les
prescriptions techniques de dimensionnement, sont surtout adaptés aux ouvrages de moins
de 3-3,5 m de hauteur de chute. Les coûts médians des pré-barrages étudiés est de
77 000 € et 59 €/m de chute et par l.s-1 de débit dans le dispositif (coût très proche de celui
de 2001).
66
Tableau 22 : Statistiques générales des différents coûts des pré-barrages étudiés en 2013-2014 et en 2001.
67
3.7.2 Facteurs influençant le coût des pré-barrages
Avec seulement 5 dispositifs, nous n’avons pas effectué de tests statistiques mettant en
relation les caractéristiques de la rivière ou de l’ouvrage avec le coût des pré-barrages.
Nous n’avons également pu construire de modèles statistiques avec seulement 5 pré-
barrages.
1er décile 67
Médiane 20
Tableau 23: Statistiques utilisées pour l’estimation du coût total d’un pré-barrage
sur la base de la hauteur de chute et du débit dans la passe.
La mise en œuvre de cette approche permet une évaluation des coûts relativement
réaliste pour les 5 dispositifs étudiés en 2013-2014.
77 154 40 331
41 877 50 494
28 024 4 941
68
3.8 Construction d’un outil pour l’estimation des coûts des passes à
anguilles
Ces dispositifs équipent des seuils et barrages de hauteur assez significative, comprise
pour 50% d’entre eux entre 1,8 et 7 m pour des modules de 1,3 à 9 m3/s. Par rapport à
l’étude de 2001 où seules des rampes installées sur des canaux préfabriqués avaient été
étudiées, l’étude de 2013-2014 a permis d’obtenir des informations sur des types de passes
différentes, mais malheureusement en nombre limité ce qui handicape fortement la
construction d’un outil d’estimation des coûts (pas de rampes avec des substrats à plots).
La moitié des passes à anguilles construites depuis 2001 ont un coût compris entre à
30 000 et 51 000 € (médiane à 42 000 €). En 2001, ce coût était de 76 000 €, mais il
s’agissait de type de rampes différentes donc peu comparables avec l’étude de 2013-2014.
69
Tableau 27 : Statistiques générales des différents coûts des passes à anguilles étudiées en 2013-2014 et en 2001.
70
3.8.2 Facteurs influençant le coût des passes à anguille.
Nous avons testé l’effet de différents facteurs sur le coût des passes à anguilles.
Les données ne permettent pas réellement de comparer les coûts des rampes installées
sur des canaux en génie civil et ceux des passes piège. Leur coût total est assez proche,
mais il est important de noter la très forte homogénéité des passes piège avec un coût peu
variable (entre 40 000 € et 50 000 €) quel que soit l’ouvrage, tandis que celui des rampes est
beaucoup plus variable (50% entre 14 000 € et 60 000 €).
On peut souligner que pour les faibles hauteurs de chute (< 2 m) le coût des passes piège
est plus élevé que celui des rampes.
3.8.2.2 Effet du module et de la hauteur de chute
Il n’y a pas d’effet du module de la rivière sur le coût des passes à anguilles. Ces
ouvrages sont très spécifiques et la valeur de débit transitant dans l’ouvrage est très peu
proportionnelle au débit de la rivière.
Figure 47 : Relation entre la hauteur de chute et le coût total des rampes installées
sur des canaux en génie civil.
Le coût des rampes sur des canaux en génie civil est significativement corrélé à la
hauteur de chute. Toutefois, du fait du faible nombre d’ouvrages, cette relation ne peut être
utilisée comme outil d’estimation des coûts.
71
3.8.3 Modèles d’estimation des coûts des passes à anguilles
Contrairement à la majorité des autres types de passes, nous avons privilégié une
approche de statistiques prédictives pour construire un modèle d’estimation des coûts. En
effet, la valeur du débit dans la passe ne peut constituer pour les passes à anguilles un bon
facteur explicatif. Il n’était donc pas pertinent d’utiliser des statistiques de coûts par m de
chute et l/s dans la passe.
Nous n’avons pu construire qu’un modèle basé sur les caractéristiques du génie civil.
• Modèle 1 : Longueur développée de la rampe
Coût total (K€) = 2.69 (±0.53) x Longueur dev. (m)
Avec r²= 0.89(p<0.05) et Test de Durbin Watson à 1.94
Figure 48 : Relation entre la longueur développée des rampes installées sur des
canaux en génie civil et le coût total des passes.Modèle 2 : Surface de la rampe
Coût total (K€) = 2.53 (±1.06) x Surface rampe (m²)
Avec r²= 0.65(p<0.05) et Test de Durbin Watson à 1.82
Figure 49 : Relation entre la surface des rampes installées sur des canaux en génie
civil et le coût total des passes.
72
Figure 50 : Relation entre surface de la passe et coût total pour les passes piège.
Pour les passes piège, les coûts ne sont pas liés ni à la hauteur de chute, ni aux
caractéristiques du génie civil. De par leur conception et leur mode de fonctionnement, les
coûts sont surtout liés au dispositif de piégeage des poissons et donc assez constants quel
que soit l’ouvrage.
La validité des modèles est limitée actuellement à des ouvrages de moins de 60 m² de
surface et 50m de longueur.
3.8.4 Coûts des matériaux
Les rampes spécifiques aux anguilles sont équipées de type de substrat :
• des brosses avec différentes densités,
• des plots.
Nous avons recherché auprès des fournisseurs les coûts moyens par m² des différents
types de support. Actuellement, 2 types de substrats sont recommandés, les brosses et les
plots. Les coûts au m² installés varient de 250 à 500 €.
Cette fourchette inclue les coûts de Marseille Modelage, Sotubema, et Fishpass.
L’analyse des 17 passes à anguille et surtout des 7 rampes sur canaux en génie civil et
des 8 passes pièges a permis de proposer des outils d’estimation des coûts :
- un outil basé sur les caractéristiques du génie civil (longueur développée ou
surface) pour les rampes,
- un coût médian pour les passes pièges.
73
4 Discussion et analyse critique des résultats
4.1 Qualité du jeu de données
A l’échelle nationale, nous n’avons pu récolter des informations assez fiables que sur 114
dispositifs de franchissement. Cet échantillon reste relativement limité dans la perspective de
construire des outils d’estimation des coûts fiables et totalement représentatifs des différents
contextes géographiques et des différents types d’ouvrage.
De plus, les données disponibles dans les dossiers retenus ont présenté des niveaux de
précision variables notamment en termes de coûts avec 11% des coûts fournis uniquement
au stade APS et 54% au stade travaux. En termes de détail des coûts, il a également été
très difficile d’obtenir des factures détaillées permettant d’identifier les coûts de construction
des coûts d’installation de chantier, voire des coûts d’étude.
L’ensemble de ces considérations conduit à proposer des outils dont les intervalles de
confiance restent importants et pour lesquels il est difficile de rechercher de manière
détaillée les facteurs pouvant expliquer des écarts significatifs de coûts.
74
poissons retenue alors Choix du type de dispositif de franchissement ou du
scénario de gestion : nombre, emplacement, type. Phase Esquisse (ESQ)
A chaque étape correspondent des études différentes. Elles doivent être réalisées par des
cabinets d’ingénierie spécialisés ayant à la fois des compétences en hydraulique, en biologie
aquatique et en travaux en cours d’eau.
75
4.3.2.3 Les études de maîtrise d’œuvre
En général, ces études doivent assurer :
• L’assistance pour la passation des contrats de travaux (ACT),
• L’examen de conformité visa des plans d’exécution de l’entreprise (VISA),
• La direction de l'exécution du contrat de travaux (DET),
• L’assistance lors des opérations de réception (AOR).
Les coûts sont très souvent proportionnels au montant des travaux avec une évolution du
pourcentage selon le coût : de l’ordre de 10% du montant total pour des ouvrages de plus de
500 000 €, de 12-15% pour des dispositifs de 100 000 à 500 000 € et 15-20% pour des
passes de moins de 100 000 €.
Les coûts d’installation et d’isolement de chantier sont assez peu variables avec 50% des
dossiers dans lesquels ces coûts ont représenté de 12% à 21% du coût total. Les variations
observées sont souvent liées aux conditions d’accès avec notamment la nécessité ou non de
construire une piste d’accès et une plate-forme pour les engins et les matériaux.
76
5 Conclusions
Le travail conduit sur 114 passes à poissons réparties sur l’ensemble du territoire a
permis :
• d’évaluer les principaux facteurs agissant sur les coûts de réalisation de passes à
poissons,
• de construire un outil global d’estimation des coûts d’un dispositif de
franchissement sur la base du module de la rivière et de la hauteur de chute au
barrage,
• de construire pour les passes à bassins, les passes en enrochement, les rivières
de contournement et les passes à anguilles des outils d’estimation des coûts
basés sur les caractéristiques du barrage et de la passe (hauteur de chute, débit,
dimensions, volumétrie du génie civil).
La moitié des 114 passes à poissons étudiées ont des coûts totaux de conception et de
construction variant de 46 000 à 320 000 € (médiane à 130 000 €) et pour 90% des
dispositifs les coûts varient de 36 000 à 621 000 €. Ramené à la hauteur de chute du
barrage, les coûts de 50% des dispositifs varient de 27 000 € à 133 000 €/m de chute
(médiane à 69 000 €/m de chute), tandis que pour le volume de génie civil ces coûts varient
de 700 € à 2 300 €/m3 de volume de la passe (médiane à 1 300 €/m3). On compte en
moyenne 200 €/m de chute/l.s-1 de débit dans la passe.
Les coûts sont très souvent liés à la hauteur de chute au barrage, au débit de la passe,
ainsi qu’aux dimensions (longueur, largeur, volume du génie civil, volume de blocs).
Les coûts de réalisation d’une passe à poissons intègrent :
• les études initiales (diagnostic, dimensionnement) qui s’élèvent en général entre
8 000 et 15 000 € pour un ouvrage
• les études de maîtrise d’œuvre qui correspondent souvent à un pourcentage du
coût des travaux (de l’ordre de 10% à 20%),
• les études propres à la construction (études géotechniques, études béton) (0.5 à
2% du coût des travaux),
• l’installation de chantier (de 2 à 10% du coût des travaux),
• l’isolement du chantier (de 8 à 16% du coût des travaux).
L’ensemble des coûts restent variables selon la géographie, les possibilités d’accès et de
fourniture en matériaux.
Ce travail a permis d’observer une augmentation significative des coûts des passes à
poissons depuis l’étude de 2001, augmentation supérieure à celle de l’Indice des Travaux
Publics (+55% pour les passes à bassin). Ceci peut être attribué en partie à des
changements dans les préconisations de dimensionnement relatives à des attentes plus
fortes vis-à-vis de l’efficacité des dispositifs (augmentation des volumes de bassin,
diminution des hauteurs de chute entre bassins). Il semble important, au vu de l’ampleur des
futurs travaux sur la continuité écologique, d’engager un travail plus approfondi sur
l’optimisation des coûts de ces dispositifs notamment par le jeu des échelles de travail, du
regroupement dans la réalisation des travaux et du développement technologique.
77
ANNEXES
78
ANNEXE 1 : Liste des sites étudiés.
79
80
ANNEXE 2 : OUTILS DE CALCUL.
81
82