Chap2 SerEntieres

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SERIES ENTIERES

K. Jbilou

0.1 Généralités
Définition 1 Une série entière est une série de fonctions de terme général

un (z) = an z n , z ∈ R ou C,

où (an ) est une suite numérique.

Remarque 1 .
n ) est indépendante de z.
— La suite (aX
an z n pour une série entière de la variable complexe et an x n
X
— On note :
n n
pour une série entière de la variable réelle.

Exemple 1 On considère les trois exemples suivants :


1. un (z) = z n /n!, an = 1/n!. Pour chaque z, on a

|un+1 (z)|
lim =0
n→∞ |un (z)|

an z n est absolument convergente sur C.


X
donc la série
2. un (z) = z n et on a
|un+1 (z)|
lim = |z|.
n→∞ |u (z)|
n

z n converge absolument ssi |z| < 1 et qu’elle


X
Ce qui montre que la série
n
est divergente si |z| > 1. Le domaine de convergence de cette série est

D(0, 1) = {z ∈ C tel que |z| < 1}.

1
3. un (z) = n! z n . Si z 6= 0, on a

|un+1 (z)|
lim = n→∞
lim (n + 1)|z| = +∞.
n→∞ |un (z)|

Ce qui montre que cette est divergence ∀z ∈ C.

On va voir maintenant que les trois cas des trois exemples précédents sont les seuls
cas possibles pour une série entière. Pour cela, nous avons besoin du lemme suivant

Lemme 1 (Lemme d’Abel) S’il existe un Xnombre complexe z0 telle que la suite
n
|an z0 | soit majorée, alors la série entière an z n est absolument convergence en
n
tout z ∈ D(O, z0 ) (le disque ouvert de centre 0 et de rayon z0 ) où

D(0, z0 ) = {z ∈ C tel que |z| < |z0 |.


z n
Preuve On a |an z n | = | | |an z0n |. Or d’après l’hypothèse, il existe M > 0 et
z0
N ∈ N tel que |an z0n | < M à partir de N . Donc pour n ≥ N , on a
z n
|an z n | < M | | .
z0
z n
X
Or si |z| < |z0 |, la série numérique | est convergente, ce qui prouve que la
|
n z0
série |an z n | converge pour tout z ∈ D(0, z0 ).

Remarque 2 L’hypothèse du Lemme d’Abel est X vérifiée si la suite (an z0n ) a une
limite finie et en particulier si la série numérique an z0n est convergente. On peut
n
an z n converge pour z = z0 alors elle converge
X
déduire que si la série entière
absolument pour tout z tel que |z| < |z0 |, c’est à dire pour tout z dans le disque
ouvert B(0, z0 ).

an z n une série entière. Alors concernant la convergence,


X
Théorème 1 Soit
n
trois cas seulement sont possibles.
an z n converge pour z = 0 et diverge si z 6= 0.
X
1. La série entière
n
2. Elle converge absolument ∀z ∈ C.
an z n converge absolument si
X
3. Il existe R ∈]0, ∞[ tel que la série entière
n
z ∈ D(0, R) = {z ∈ C tel que |z| < R et diverge si |z| > R.

2
an rn converge}. Soit s ∈]0, r[, alors la série
X
Preuve Soit E = {r ∈ R+
∗ , tel que
n
an sn converge absolument d’après le Lemme d’Abel ce qui montre que s ∈ E.
X

n
Nous avons trois cas possibles pour E. Soit E = ∅, E =]0, R[ ou ]0, R] soit E =
]0, ∞[. Considérons chacun des cas
an z n converge seulement si z = 0. Sinon,
X
1. Cas E = ∅. Dans ce cas, la série
n
an z0n converge, alors d’après le
X
supposons qu’il existe un z0 6= 0 tel que
n
an z n converge pour tout z tel que |z| < |z0 |, ce qui montre
X
lemme d’Abel,
n
que ]0, z0 [⊂ E ce qui est impossible car E = ∅.

2. Cas E =]0, ∞[. Dans ce cas,X


∀z ∈ C, il existe un réel x strictementXpositif
tel que |z| < x ∈ E. Comme an xn converge alors la série entière an z n
n n
converge absolument pour tout z.

an z n est ab-
X
3. Cas E =]0, R[ ou ]0, R]. D’après le lemme d’Abel, la série
n
solument convergente pour tout z vérifiant |z| < R. De plus Cette série
X est
0
divergente si |z| > R car sinon, ∃R > R tel que la série entière an z n
n
converge absolument pour tout z tel que |z| < R0 ce qui montre que R ≥ R0 ,
contradiction.

Remarque 3 R est dit rayon de convergence de la série entière et on a soit


R = 0, soit R = +∞ soit R ∈]0, ∞[.
an z n une série entière de rayon
X
Disque et domaine de convergence : Soit
n
de convergence R. Alors la série converge absolument pour tout z dans le disque
ouvert de convergence
D(0, R) = {z ∈ C : |z| < R}.
Pour |z| = R, on ne peut pas avoir une conclusion ; ceci dépends de chaque série.
Le Domaine C de convergence est le sous ensemble de C sur lequel la série en-
tière est convergente. Ce domaine C de convergence contient le disque ouvert de
convergence et est inclut dans le disque fermé
D(0, R) ⊂ C ⊂ D(0, R) = {z : |z| ≤ R}.
Remarquons que quand il s’agit d’une série entière de la variable réelle, on parle
d’intervalle de convergence.

3
0.2 Détermination pratique du rayon de conver-
gence
Dans cette partie, on va voir quelques critères pour la détermination du rayon
de convergence d’une série entière.
an z n une série entière avec an 6=
X
Proposition 1 (Règle d’Alembert) Soit
n
0, ∀n. Supposons que
an+1
lim | | = l ∈ [0, ∞]
n→∞ an
alors le rayon de convergence de cette série est
1
R= ,
l
avec les conventions 1/0 = ∞ et 1/∞ = 0.
Preuve Pour z ∈ C, on a
an+1 z n+1 an+1
lim | n
| = lim | z| = l |z|.
n→∞ an z n→∞ an
an z n converge absolument sur C.
X
— Si l = 0 alors
n
an z n ne converge que pour z = 0.
X
— Si l = +∞ alors la série
n
an z n converge absolument si |z| < 1/l et diverge si
X
— Si l > 0 et fini, alors
n
|z| > 1/l.
Ceci montre que dans les trois cas R = 1/l.

Exemple 2 Quelques exemples pour le calcul du rayon de convergence


1. un (z) = z n /n!, an = 1/n!. On a
an+1
lim | |=0
n→∞ an
et donc R = +∞. La série converge pour tout complexe z.

2. un (z) = n! z n , an = n!. Dans ce cas


an+1
lim | | = +∞,
n→∞ an
ce qui donne R = 0 et cette série ne converge que si z = 0.

4
3. un (z) = 2n z n , an = 2n et dans ce cas
an+1
lim | | = 2,
n→∞ an
ce qui montre que R = 1/2. La série converge absolument pour tout z tel
que |z| < 1/2 et diverge pour tout z tel que |z| > 1/2.
Si z = 1/2 alors un (1/2) = 1 et la série est divergente et si z = −1/2, on
a un (−1/2) = (−1)n qui est le terme général d’une série divergente.

4. un (z) = P (n)z n où P est un polynôme de degré k donné par P (t) = b0 +


. . . + bk tk . Alors dans ce cas
an+1
lim | | = R = 1.
n→∞ an

5. un (z) = H(n)z n où H = P/Q et P et Q deux polynômes, alors dans ce cas


aussi il est simple de vérifier que R = 1.

an z n une série
X
Proposition 2 (Utilisation du Critère de Cauchy) Soit
n
entière avec an 6= 0, ∀n. Supposons que
q
n
lim
n→∞
|an | = l ∈ [0, ∞]

alors le rayon de convergence de cette série est


1
R= ,
l
avec les conventions 1/0 = ∞ et 1/∞ = 0.

Preuve On applique le critère de Cauchy pour les séries numériques. On a


q
n
lim |an z n | = l|z|.
n→∞

Comme pour la règle d’Alembert, on a R = 1/l.

an z n une série entière de rayon de convergence R1 et soit


X
Proposition 3 Soit
n
bn z n une deuxième série entière de rayon de convergence R2 . Alors
X
Soit
n

Si ∀n, |an | ≤ |bn | =⇒ R1 ≥ R2 .

5
bn z n converge absolument
X
Preuve Si ∀n, |an | ≤ |bn | alors |an z n | ≤ |bn z n |. Or
n
an z n converge absolument aussi pour
X
pour tout |z| < R2 ce qui montre que
n
tout z tel que |z| < R2 . Ceci montre que R1 ≥ R2 .
n
Exemple 3 un (z) = n(−1) z n . On a

(1/n)|z|n ≤ un (z) ≤ n|z|n .

Pour les deux séries majorantes et minorantes, on a R1 = R2 = 1 donc R1 ≤ R ≤


R2 ce qui montre que R = 1.

0.3 Opérations sur les séries entières


an z n une série entière de rayon de convergence
X
Produit par un scalaire Soit
n
λan z n a pour rayon de
X
R. et soit λ un scalaire complexe. Alors la série entière
n
convergence R0 = R si λ 6= 0 et R0 = +∞ si λ = 0.

Somme de deux séries entières Concernant la somme de deux séries entières,


on le résultat suivant

an z n une série entière de rayon de convergence R1 et


X
Proposition 4 Soient
n
bn z n une série entière de rayon de convergence R2 . Alors la série entière
X
soit
n
(an + bn )z n a pour rayon de convergence R0 vérifiant
X

R0 ≥ inf {R1 , R2 }

et si R1 6= R2 alors R0 = inf {R1 , R2 } et si R1 = R2 alors R0 ≥ R1 = R2 .

Preuve SoitXz tel que |z| < inf {R1 , R2 } ; alors dans ce cas les deux séries entières
n
bn z n sont absolument convergentes et ceci implique que le série
X
an z et
n n
(an + bn )z n est aussi absolument convergente ce qui montre que le rayon
X
somme
n
de convergence R0 de la série somme vérifie R0 ≥ inf {R1 , R2 }.
Supposons maintenant que R1 6= R2 par exemple R1 < R2 . Dans X ce cas, il existe
un complexe z1 tel que R1 < |z1 | < R2 . Ce qui implique que an z1n diverge et
n
bn z1n
X
est absolument convergente. Dans ce cas la série somme est divergente ce
n
qui montre que R0 = R1 .

6
Exemple 4 On considère les deux série entières de termes généraux un (z) = an z n
1 + n! 1 − n!
où an = et vn (z) = bn z n avec bn = . Il est facile de vérifier que les
n! n!
deux séries entières one chacune un rayon de convergence égal à 1 ; on a alors
R1 = R2 = 1. La série entière somme est de terme général wn (z) = cn z n où
cn = an + bn = 1/n!. Cette dernière série entière a pour rayon de convergence
R0 = +∞.

Produit de deux séries entières Pour le produit on a le théorème suivant.

an z n une série entière de rayon de convergence R1 et soit


X
Théorème 2 Soit
n
bn z n une série entière de rayon de convergence R2 . Alors la série produit de
X

n
Cauchy
n
cn z n , où cn =
X X
ak bn−k
n k=0

a pour rayon de convergence R0 vérifiant

R0 ≥ inf {R1 , R2 }.

Preuve Soit z un complexe tel que |z| ≤ inf {R1 , R2 }. Alors les deux séries entières
n
bn z n sont absolument convergentes ce qui montre que leur produit
X X
an z et
n n
de Cauchy est absolument convergent. Ceci montre que R0 ≥ inf {R1 , R2 }.

0.4 Continuité, intégration et dérivation de la


somme
Concernant la continuité, l’intégration et la dérivation de la somme d’une série
entière convergente, on appliquera les théorèmes vus concernant la somme d’une
série de fonctions convergente. On donne d’abord le résulta suivant qui sera utile
par la suite.

an z n une série entière de rayon de convergence R. Alors


X
Théorème 3 Soit
n
cette série converge normalement (donc uniformément) sur tout disque compact
D(0, ρ) inclus dans le disque ouvert de convergence D(0, R).

Preuve Soit D(0, ρ) = {z tq | z |≤ ρ} avec 0 ≤ ρ < R un disque compact inclus


dans le disque ouvert de convergence. Alors pour tout z ∈, on a

| an z n |≤| an | ρn .

7
Alors, si on pose un (z) = an z n , on a

kun |∞ = sup | an z n |≤| an | ρn .


z∈D(0,ρ)

an ρn est absolument conver-


X
Or ρ < R, ce qui implique que la série numérique
n
gente. Donc la série entière est normalement convergente sur le fermé D(0, ρ) et y
est aussi uniformément convergente.

Exemple 5 un (z) = z n , R = 1. La série ne converge pas uniformément sur le


disque ouvert D(0, 1) car
sup | rn (z) |= +∞,
|z|<1

car le reste rn (z) = z n+1 /(1 − z).


Soit maintenant ρ < 1, alors

sup | rn (z) |= ρn /(1 − ρ) −→ 0.


|z|<ρ

La série est donc uniformément convergente sur D(0, ρ).

0.4.1 Continuité
Pour la continuité de la somme, on a le théorème suivant

an z n une série entière de rayon de convergence R. Alors la


X
Théorème 4 Soit
n
somme S de cette série est continue en tout point du disque ouvert de convergence
D(0, R).

Preuve Soit z ∈ D(0, R) fixé, alors il existe un ρ tel que 0 ≤ ρ < R et | z |≤ ρ. Or


la série converge normalement sur le disque fermé D(0, ρ) et y est donc continue,
ce qui montre que S est continue en z. Ce qui montre que S est continue sur le
disque ouvert de convergence D(0, R).

0.4.2 Dérivation
Avant de donner le théorème essentiel, nous avons besoin du lemme suivant

an z n et nan z n−1 ont même rayon de conver-


X X
Lemme 2 Les séries entières
n n
gence.

8
an z n a R comme rayon de convergence et que an z n+1 /(n+
X X
Preuve Supposons que
n n
1) a pour rayon de convergence R0 . Comme z/(n + 1) tends vers zéro, alors il existe
N tel que pour n ≥ N , z/(n + 1) < 1. Ce qui montre que

0 ≤| an z n+1 /(n + 1) |≤| an z n | .

Ceci montre que R0 ≥ R. Si R0 > R alors il existe un z0 tel que

R <| z0 |< R0 .

Dans ce cas, la série de terme général an z0n est divergente. Or

an z0n = an z1n+1 /(n + 1) ((n + 1)/z1 )(z0 /z1 )n ) ,

où z1 est tel que


R <| z0 |<| z1 |< R0 .
Ceci montre qu’il existe un entier N1 et M > 0 tel que pour n ≥ N1 ,

| an z0n |≤ M | an z1n+1 /(n + 1).

an z0n est absolument convergente et ceci est une contradic-


X
Ce qui montre que
n
tion. Donc R = R0 .

Définition 2 Fonction holomorphe Soit f une fonction d’un ouvert Ω de C


vers C et soit z0 ∈ Ω. Alors, f est dite holomorphe en z0 si et seulement si
f (z) − f (z0 )
lim = f 0 (z0 ) existe.
z→z0 z − z0
Exemple 6 Quelques exemples :
• f (z) = z 2 , on a
f (z) − f (z0 )
lim = f 0 (z0 ) = 2z0 .
z→z0 z − z0
Cette fonction f est holomorphe sur C.
• f (z) = z̄. Prenons z0 = 0 alors dans ce cas

f (z) − f (z0 ) z̄ x − iy x2 − y 2 − 2ixy


= = = .
z − z0 z x + iy x2 + y 2
x2 − y 2
Or la fonction partie réelle donnée par φ(x, y) = n’a pas de limite
x2 + y 2
au point (0, 0). Pour cela il suffit de considérer la limite en (0, 0) selon la
droite y = x. Donc f n ’est pas holomorphe en z0 = 0.

9
an z n une série entière de rayon de convergence R 6= 0. Alors
X
Théorème 5 Soit
n
la somme S définie par

an z n , ∀z ∈ D(0, R),
X
S(z) =
n=0

est holomorphe sur le disque ouvert de convergence D(0, R) et en plus on a



S 0 (z) = nan z n−1
X

n=1

On dérive terme à terme ; et aussi S est de classe C ∞ sur D(0, R) avec


S (k) (0)
ak = .
k!
Preuve Pour la démonstration, on fixe un complexe z0 et dans ce cas il existe un
ρ < R tel que | z0 |≤ ρ. On a

S(z) − S(z0 ) X z n − z0n
= an
z − z0 n=1 z − z0

X
= un (z),
n=1

où un (z) = an (z n−1 + z n−2 z0 + . . . + z z0n−2 + z0n−1 ). Soit z tq | z |< ρ, alors

| un (z) |≤ n | an | ρn−1 , ∀z ≤ ρ).

Ce qui montre que, on a


kun k∞ ≤ n | an | ρn−1 .
Ceci implique que la série de fonctions de terme général un (z) converge norma-
lement (donc uniformément) sur D(0, ρ) (en utilisant le Lemme 2). La somme

X
un (z) est continue en z0 , et donc
n=1

S(z) − S(z0 ) X
lim = z→z
lim un (z)
z→z0 z − z0 0
n=1

X
= un (z0 )
n=1

nan z0n−1
X
=
n=1
0
= S (z0 ).

10
Ce qui montre que S est holomorphe sur D(0, R). Comme d’après le Lemme 2,
∞ ∞
nan z n−1 a le même rayon de convergence que an z n , on re-
X X
la série dérivée
n=1 n=0
dérive une deuxième fois, .... et finalement on montre que S est de classe C ∞ sur
D(0, R) et on a pour k ∈ N∗,

(k)
n(n − 1) . . . (n − k + 1)an z n−k
X
S (z) =
n=k

et
S (k) (0)
S (k) (0) = k! ak =⇒ ak = .
k!

0.5 Intégration pour les séries entières réelles


Pour l’intégration, on considère des séries entières de la variable réelle uniquement.

an xn avec an ∈ R et x ∈ R, de rayon
X
Théorème 6 Soit la série entière réelle
n

an xn est la somme de cette
X
de convergence R 6= 0. Si S définie par S(x) =
n
série, alors
1. S est intégrable sur [0, x] pour tout x ∈]0, R[ et on a

Z x X xn+1
2. S(t)dt = .
0 n=0 n + 1

an tn converge normalement sur [0, x] pour x ∈


X
Preuve. La série de fonctions
n
[0, R[ ce qui montre que S est intégrable sur [0, x]. Posons
Z x
F (x) = S(t)dt
0

alors ∞
X xn+1
F (x) = F (0) + an .
n n+1
F est une primitive de S et on a

F 0 (x) = an x n .
X

n=0

11
0.6 Développement en séries entières : Cas réel.
0.6.1 Définitions
Définition 3 Soit f : I ⊂ R −→ R où I est intervalle de R. On dit que la fonction
f est développable en sériesXentières en zéro si et seulement si :
Il existe une série entière an xn de rayon de convergence R 6= 0 telle sue
n


an x n .
X
∀x ∈] − R, R[, f (x) =
n

Remarque 4 On dit que f est développable X en séries entières en x0 donné si et


seulement si Il existe une série entière an (x − x0 )n de rayon de convergence
n
R 6= 0 telle sue

an (x − x0 )n .
X
∀x ∈]x0 − R, x0 + R[, f (x) =
n

Exemple 7 Soit la fonction f :] − ∞, 1[−→ R avec f (x) = 1/(1 − x). On a



xn .
X
∀x ∈] − 1, 1[: f (x) =
n=0

f est donc développable en séries entières en 0

Remarque 5 .
1. Condition nécessaire Si f est développable en séries entières en 0, alors

an xn et on a
X
∀x ∈] − R, R[: f (x) =
n=0

f (n) (0)
an =
n!
ce qui montre aussi que f est C ∞ e0.
X f (n) (0)
2. La série entière xn s’appelle série de Taylor de f .
n=0 n!
3. Si f est développable en séries entières en 0, alors son développement est
unique.
4. Pour montrer qu’une fonction f est développable en séries entières en 0, il
faut :

12
• Montrer que f est indéfiniment dérivable en zéro et former la série de
Taylor de f .
• Montrer que cette série entière converge et a pour somme la fonction f .
2
Exemple 8 Soit f (x) = e−1/x pour x 6= 0 et f (0) = 0. Alors on montre par
récurrence que
Pn (x) 2
f (n) (x) = 3n e−1/x et f (n) (0) = 0,
x
où Pn est un polynôme de degré inférieur ou égal à 2n − 2. La série de Taylor est

X f (n) (0) n
la série nulle : x = 0 pour tout x, de rayon de convergence R = +∞
n=0 n!
mais f (x) 6= 0, ce qui montre que f n’est pas développable en séries entières en 0.

Proposition 5 Soit f une fonction développable en séries entières en 0, avec



an xn pour x ∈] − R, R[. Alors
X
f (x) =
n=0
• Si f est paire, on a a2p+1 = 0.
• Si f est impaire, on a a2p = 0.

0.6.2 Méthodes pratiques


On va voir différentes méthodes pour montrer qu’une fonction est développable
en séries entières en zéro. Soit f : I −→ R.

X f (n) (0) n
1. On calcule f (n) (0) ensuite on forme la série de Taylor x et on
n=0 n!
calcule son rayon de convergence R. Si R 6= 0, alors on considère le reste
n
X f (k) (0) k
rn (x) = f (x) − x ,
k=0 k!

et on montre que pour tout x ∈] − R, R[, ce reste tends vers zéro. Remar-
quons que d’après l’inégalité de Taylor-Lagrange,
| x |n+1
| rn (x) |≤ sup | f (n+1) (t) | .
(n + 1)! t∈]0,x[

En particulier, s’il existe α > 0 et M > 0 avec ∀n, ∀x ∈] − α, α[ tel que


| f (n+1) (t) |< M alors ∀x ∈] − α, α[ on a n→∞
lim rn (x) = 0.
2. Calculer f 0 et montrer que f 0 a un développement en séries entières en zéro
et ensuite intégrer comme pour l’exemple suivant
x sin α
 
f (x) = arctan .
1 − x cos α

13
−1 1
Si cos α = 0 alors Df = R, sinon Df =] , [. f est C ∞ sur Df et
cos α cos α
on a
sin α
f 0 (x) = .
(1 − 2x cos α + x2 )
En écrivant que

eiα − e−iα eiα + e−iα


sin α = et cos α =
2i 2,
on obtient
i e−iα 1 i eiα 1
   
0
f (x) = − .
2 1 − xe−iα 2 1 − xeiα
Donc ∞ ∞
i e−iα X i eiα X
f 0 (x) = (xe−iα )n − (xeiα )n .
2 n=0 2 n=0
En simplifiant, on obtient

0
(sin(n + 1)α) xn , avec R = 1.
X
f (x) =
n=0

Ce qui donne

X sin(n + 1)α n+1
f (x) = x .
n=0 n+1
3. Utilisation d’une équation différentielle. On considère l’exemple suivant

f :] − 1, +∞[ −→ R
x −→ (1 + x)β , β ∈ R.

On a f 0 (x) = β(1 + x)β−1 ce qui montre en dérivant encore que f est C ∞


sur ] − 1, +∞[ et
(1 + x)f 0 (x) − βf (x) = 0.
La fonction f est donc solution sur ] − 1, +∞[ de l’équation différentielle

(1 + x)y 0 − βy = 0. (1)

Cherchons y(x) sous la forme de la somme d’une série entière



an x n .
X
y(x) = (2)
n=0

14
En reportant (2) dans (1), on obtient la relation entre les an donnée par

β−n
an+1 = an . (3)
n+1
Et par récurrence, on vérifie que

β(β − 1) . . . (β − n + 1)
an == a0 .
n!
Si a0 = 0 la série est nulle. Si par contre a0 6= 0, le rayon de convergence de
la série obtenue est R = 1. La solution y qui prends la valeur 1 en x = 0

X β(β − 1) . . . (β − n + 1) n
est y(x) = x qui coincide avec f car ( f vérifie
n=0 n!
(2) et f (0) = 1) ce qui donne

β
X β(β − 1) . . . (β − n + 1) n
∀x ∈] − 1, 1[, (1 + x) = x .
n=0 n!

0.7 Développement en séries entières de fonc-


tions usuelles

1
xn , R = 1.
X
(a) =
1 − x n=0

X xn
(b) ln(1 − x) = − , R = 1 (par intégration de (a)).
n=1 n

X (−1)n xn+1
(c) ln(1 + x) = ,R=1
n=0 n+1

X (−1)n x2n+1
(d) Arctan(x) = , R = 1.
n=0 2n + 1

X β(β − 1) . . . (β − n + 1) n
(e) (1 + x)β = x , R = 1.
n=0 n!

X xn
(f) ex = , R = +∞. Pour cette fonction, il est clair que | rn (x) |≤
n=0 n!
| xn+1 | x
e qui tends vers zéro quand n tends vers l’infini pour tout x de
(n + 1)!
R. De ce développement, on déduit alors les développements suivants

x(2n)
(−1)n
X
(g) cos(x) = , R = +∞.
n=0 (2n)!

15

x(2n+1)
(−1)n
X
(h) sin(x) = , R = +∞.
n=0 (2n + 1)!

X x(2n)
(i) ch(x) = , R = +∞.
n=0 (2n)!

x(2n+1)
X
(j) sh(x) = , R = +∞. Dans le cas complexe, on a aussi
n=0 (2n + 1)!

1
z n , R = 1.
X
(k) =
1 − z n=0

X zn
(l) ez = , R = +∞.
n=0 n!

z (2n)
(−1)n
X
(m) cos(z) = , R = +∞.
n=0 (2n)!

z (2n+1)
(−1)n
X
(n) sin(z) = , R = +∞. On obtient le développement en
n=0 (2n + 1)!
séries entières d’autres fonctions complexes en dérivant par exemple.

16

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