Chap2 SerEntieres
Chap2 SerEntieres
Chap2 SerEntieres
K. Jbilou
0.1 Généralités
Définition 1 Une série entière est une série de fonctions de terme général
un (z) = an z n , z ∈ R ou C,
Remarque 1 .
n ) est indépendante de z.
— La suite (aX
an z n pour une série entière de la variable complexe et an x n
X
— On note :
n n
pour une série entière de la variable réelle.
|un+1 (z)|
lim =0
n→∞ |un (z)|
1
3. un (z) = n! z n . Si z 6= 0, on a
|un+1 (z)|
lim = n→∞
lim (n + 1)|z| = +∞.
n→∞ |un (z)|
On va voir maintenant que les trois cas des trois exemples précédents sont les seuls
cas possibles pour une série entière. Pour cela, nous avons besoin du lemme suivant
Lemme 1 (Lemme d’Abel) S’il existe un Xnombre complexe z0 telle que la suite
n
|an z0 | soit majorée, alors la série entière an z n est absolument convergence en
n
tout z ∈ D(O, z0 ) (le disque ouvert de centre 0 et de rayon z0 ) où
Remarque 2 L’hypothèse du Lemme d’Abel est X vérifiée si la suite (an z0n ) a une
limite finie et en particulier si la série numérique an z0n est convergente. On peut
n
an z n converge pour z = z0 alors elle converge
X
déduire que si la série entière
absolument pour tout z tel que |z| < |z0 |, c’est à dire pour tout z dans le disque
ouvert B(0, z0 ).
2
an rn converge}. Soit s ∈]0, r[, alors la série
X
Preuve Soit E = {r ∈ R+
∗ , tel que
n
an sn converge absolument d’après le Lemme d’Abel ce qui montre que s ∈ E.
X
n
Nous avons trois cas possibles pour E. Soit E = ∅, E =]0, R[ ou ]0, R] soit E =
]0, ∞[. Considérons chacun des cas
an z n converge seulement si z = 0. Sinon,
X
1. Cas E = ∅. Dans ce cas, la série
n
an z0n converge, alors d’après le
X
supposons qu’il existe un z0 6= 0 tel que
n
an z n converge pour tout z tel que |z| < |z0 |, ce qui montre
X
lemme d’Abel,
n
que ]0, z0 [⊂ E ce qui est impossible car E = ∅.
an z n est ab-
X
3. Cas E =]0, R[ ou ]0, R]. D’après le lemme d’Abel, la série
n
solument convergente pour tout z vérifiant |z| < R. De plus Cette série
X est
0
divergente si |z| > R car sinon, ∃R > R tel que la série entière an z n
n
converge absolument pour tout z tel que |z| < R0 ce qui montre que R ≥ R0 ,
contradiction.
3
0.2 Détermination pratique du rayon de conver-
gence
Dans cette partie, on va voir quelques critères pour la détermination du rayon
de convergence d’une série entière.
an z n une série entière avec an 6=
X
Proposition 1 (Règle d’Alembert) Soit
n
0, ∀n. Supposons que
an+1
lim | | = l ∈ [0, ∞]
n→∞ an
alors le rayon de convergence de cette série est
1
R= ,
l
avec les conventions 1/0 = ∞ et 1/∞ = 0.
Preuve Pour z ∈ C, on a
an+1 z n+1 an+1
lim | n
| = lim | z| = l |z|.
n→∞ an z n→∞ an
an z n converge absolument sur C.
X
— Si l = 0 alors
n
an z n ne converge que pour z = 0.
X
— Si l = +∞ alors la série
n
an z n converge absolument si |z| < 1/l et diverge si
X
— Si l > 0 et fini, alors
n
|z| > 1/l.
Ceci montre que dans les trois cas R = 1/l.
4
3. un (z) = 2n z n , an = 2n et dans ce cas
an+1
lim | | = 2,
n→∞ an
ce qui montre que R = 1/2. La série converge absolument pour tout z tel
que |z| < 1/2 et diverge pour tout z tel que |z| > 1/2.
Si z = 1/2 alors un (1/2) = 1 et la série est divergente et si z = −1/2, on
a un (−1/2) = (−1)n qui est le terme général d’une série divergente.
an z n une série
X
Proposition 2 (Utilisation du Critère de Cauchy) Soit
n
entière avec an 6= 0, ∀n. Supposons que
q
n
lim
n→∞
|an | = l ∈ [0, ∞]
5
bn z n converge absolument
X
Preuve Si ∀n, |an | ≤ |bn | alors |an z n | ≤ |bn z n |. Or
n
an z n converge absolument aussi pour
X
pour tout |z| < R2 ce qui montre que
n
tout z tel que |z| < R2 . Ceci montre que R1 ≥ R2 .
n
Exemple 3 un (z) = n(−1) z n . On a
R0 ≥ inf {R1 , R2 }
Preuve SoitXz tel que |z| < inf {R1 , R2 } ; alors dans ce cas les deux séries entières
n
bn z n sont absolument convergentes et ceci implique que le série
X
an z et
n n
(an + bn )z n est aussi absolument convergente ce qui montre que le rayon
X
somme
n
de convergence R0 de la série somme vérifie R0 ≥ inf {R1 , R2 }.
Supposons maintenant que R1 6= R2 par exemple R1 < R2 . Dans X ce cas, il existe
un complexe z1 tel que R1 < |z1 | < R2 . Ce qui implique que an z1n diverge et
n
bn z1n
X
est absolument convergente. Dans ce cas la série somme est divergente ce
n
qui montre que R0 = R1 .
6
Exemple 4 On considère les deux série entières de termes généraux un (z) = an z n
1 + n! 1 − n!
où an = et vn (z) = bn z n avec bn = . Il est facile de vérifier que les
n! n!
deux séries entières one chacune un rayon de convergence égal à 1 ; on a alors
R1 = R2 = 1. La série entière somme est de terme général wn (z) = cn z n où
cn = an + bn = 1/n!. Cette dernière série entière a pour rayon de convergence
R0 = +∞.
n
Cauchy
n
cn z n , où cn =
X X
ak bn−k
n k=0
R0 ≥ inf {R1 , R2 }.
Preuve Soit z un complexe tel que |z| ≤ inf {R1 , R2 }. Alors les deux séries entières
n
bn z n sont absolument convergentes ce qui montre que leur produit
X X
an z et
n n
de Cauchy est absolument convergent. Ceci montre que R0 ≥ inf {R1 , R2 }.
| an z n |≤| an | ρn .
7
Alors, si on pose un (z) = an z n , on a
0.4.1 Continuité
Pour la continuité de la somme, on a le théorème suivant
0.4.2 Dérivation
Avant de donner le théorème essentiel, nous avons besoin du lemme suivant
8
an z n a R comme rayon de convergence et que an z n+1 /(n+
X X
Preuve Supposons que
n n
1) a pour rayon de convergence R0 . Comme z/(n + 1) tends vers zéro, alors il existe
N tel que pour n ≥ N , z/(n + 1) < 1. Ce qui montre que
R <| z0 |< R0 .
9
an z n une série entière de rayon de convergence R 6= 0. Alors
X
Théorème 5 Soit
n
la somme S définie par
∞
an z n , ∀z ∈ D(0, R),
X
S(z) =
n=0
n=1
10
Ce qui montre que S est holomorphe sur D(0, R). Comme d’après le Lemme 2,
∞ ∞
nan z n−1 a le même rayon de convergence que an z n , on re-
X X
la série dérivée
n=1 n=0
dérive une deuxième fois, .... et finalement on montre que S est de classe C ∞ sur
D(0, R) et on a pour k ∈ N∗,
∞
(k)
n(n − 1) . . . (n − k + 1)an z n−k
X
S (z) =
n=k
et
S (k) (0)
S (k) (0) = k! ak =⇒ ak = .
k!
an xn avec an ∈ R et x ∈ R, de rayon
X
Théorème 6 Soit la série entière réelle
n
∞
an xn est la somme de cette
X
de convergence R 6= 0. Si S définie par S(x) =
n
série, alors
1. S est intégrable sur [0, x] pour tout x ∈]0, R[ et on a
∞
Z x X xn+1
2. S(t)dt = .
0 n=0 n + 1
alors ∞
X xn+1
F (x) = F (0) + an .
n n+1
F est une primitive de S et on a
∞
F 0 (x) = an x n .
X
n=0
11
0.6 Développement en séries entières : Cas réel.
0.6.1 Définitions
Définition 3 Soit f : I ⊂ R −→ R où I est intervalle de R. On dit que la fonction
f est développable en sériesXentières en zéro si et seulement si :
Il existe une série entière an xn de rayon de convergence R 6= 0 telle sue
n
∞
an x n .
X
∀x ∈] − R, R[, f (x) =
n
Remarque 5 .
1. Condition nécessaire Si f est développable en séries entières en 0, alors
∞
an xn et on a
X
∀x ∈] − R, R[: f (x) =
n=0
f (n) (0)
an =
n!
ce qui montre aussi que f est C ∞ e0.
X f (n) (0)
2. La série entière xn s’appelle série de Taylor de f .
n=0 n!
3. Si f est développable en séries entières en 0, alors son développement est
unique.
4. Pour montrer qu’une fonction f est développable en séries entières en 0, il
faut :
12
• Montrer que f est indéfiniment dérivable en zéro et former la série de
Taylor de f .
• Montrer que cette série entière converge et a pour somme la fonction f .
2
Exemple 8 Soit f (x) = e−1/x pour x 6= 0 et f (0) = 0. Alors on montre par
récurrence que
Pn (x) 2
f (n) (x) = 3n e−1/x et f (n) (0) = 0,
x
où Pn est un polynôme de degré inférieur ou égal à 2n − 2. La série de Taylor est
∞
X f (n) (0) n
la série nulle : x = 0 pour tout x, de rayon de convergence R = +∞
n=0 n!
mais f (x) 6= 0, ce qui montre que f n’est pas développable en séries entières en 0.
et on montre que pour tout x ∈] − R, R[, ce reste tends vers zéro. Remar-
quons que d’après l’inégalité de Taylor-Lagrange,
| x |n+1
| rn (x) |≤ sup | f (n+1) (t) | .
(n + 1)! t∈]0,x[
13
−1 1
Si cos α = 0 alors Df = R, sinon Df =] , [. f est C ∞ sur Df et
cos α cos α
on a
sin α
f 0 (x) = .
(1 − 2x cos α + x2 )
En écrivant que
Ce qui donne
∞
X sin(n + 1)α n+1
f (x) = x .
n=0 n+1
3. Utilisation d’une équation différentielle. On considère l’exemple suivant
f :] − 1, +∞[ −→ R
x −→ (1 + x)β , β ∈ R.
(1 + x)y 0 − βy = 0. (1)
14
En reportant (2) dans (1), on obtient la relation entre les an donnée par
β−n
an+1 = an . (3)
n+1
Et par récurrence, on vérifie que
β(β − 1) . . . (β − n + 1)
an == a0 .
n!
Si a0 = 0 la série est nulle. Si par contre a0 6= 0, le rayon de convergence de
la série obtenue est R = 1. La solution y qui prends la valeur 1 en x = 0
∞
X β(β − 1) . . . (β − n + 1) n
est y(x) = x qui coincide avec f car ( f vérifie
n=0 n!
(2) et f (0) = 1) ce qui donne
∞
β
X β(β − 1) . . . (β − n + 1) n
∀x ∈] − 1, 1[, (1 + x) = x .
n=0 n!
15
∞
x(2n+1)
(−1)n
X
(h) sin(x) = , R = +∞.
n=0 (2n + 1)!
∞
X x(2n)
(i) ch(x) = , R = +∞.
n=0 (2n)!
∞
x(2n+1)
X
(j) sh(x) = , R = +∞. Dans le cas complexe, on a aussi
n=0 (2n + 1)!
∞
1
z n , R = 1.
X
(k) =
1 − z n=0
∞
X zn
(l) ez = , R = +∞.
n=0 n!
∞
z (2n)
(−1)n
X
(m) cos(z) = , R = +∞.
n=0 (2n)!
∞
z (2n+1)
(−1)n
X
(n) sin(z) = , R = +∞. On obtient le développement en
n=0 (2n + 1)!
séries entières d’autres fonctions complexes en dérivant par exemple.
16