Immunologie TL2
Immunologie TL2
NIVEAU : II
ETABLISSEMENT : ISSMATA
I. INTRODUCTION
I.1. Définitions
Il existe une corrélation entre la taille d’une macromolécule et son immunogénicité. Les
meilleurs immunogènes tendent à avoir une masse moléculaire approchant 100000 daltons
(Da). Généralement, les substances une masse moléculaire de 5000 à 10 000 Da sont de
mauvais immunogènes ; cependant, quelques substances d’une masse moléculaire inférieure à
1 000 Da se sont très immunogènes.
II.3.3. Composition et hétérogénéité chimique
La taille et le caractère étranger ne sont pas, par eux-mêmes, suffisants pour rendre
immunogène une molécule ; d’autres propriétés sont, elles aussi, nécessaires. Par exemple, au
regard de leur taille, les homopolymères synthétiques (polymères composés d’un seul
aminoacide ou d’un seul ose) tendent à manquer d’immunogénicité. Les hétéropolymères sont
généralement plus immunogènes que les homopolymères.
Il remarquable que les protéines sont plus immunogènes que les glucides lesquels le sont
mieux que les lipides ; les acides nucléiques sont les moins immunogènes.
II.4. Epitopes
La reconnaissance spécifique d’un Ag se fait par son épitope qui est la région de l’Ag
reconnue par un paratope comme le site de reconnaissance du récepteur de surface du
lymphocyte B (BCR, B cell receptor), celui des Ac ou encore celui du récepteur de surface du
lymphocyte T (TCR, T cell receptor). Un Ag peut représenter toute une mosaïque d’épitopes
(déterminants antigéniques). Par rapport aux protéines antigéniques (formées d’une multitude
d’épitopes différents), certains peptides sont considérés comme des épitopes dominants car
ils sont toujours présentés au SI, notamment spécifique, d'autres peptides ne le seront que
rarement, on parle d'épitopes privés. Par ailleurs, certains Ag induisent des réponses
immunologiques engendrant une résistance acquise à long terme contre certains agents
infectieux, cet état de protection vis-à-vis de l’infection est dû à des déterminants antigéniques
qualifiés d’épitopes protecteurs. Certains épitopes non protecteurs ne protègent pas contre
la réinfection. La notion d’épitopes dominants est donc différente de celle d’épitopes
protecteurs.
III. Les acteurs du système immunitaire III.1. Les organes du système immunitaire
La moelle osseuse est un tissu complexe qui est le siège de l’hématopoïèse et contient
des dépôts graisseux. En effet, avec le temps, la graisse remplit 50% ou plus du compartiment
de la moelle des os. Les cellules hématopoïétiques générées dans la moelle osseuse passent la
paroi vasculaire et entrent dans la circulation sanguine, emmenant ainsi les différents types
cellulaires hors de la moelle osseuse et les distribuant dans tout l’organisme.
Chez l’Homme et la souris, la moelle osseuse est le site de production et de
développement des cellules B. Générées à partir de progéniteurs lymphoïdes, les cellules B
immatures prolifèrent et se différencient au sein de la moelle osseuse. Les cellules stromales
de la moelle osseuse interagissent directement avec les cellules B et sécrètent diverses
cytokines nécessaires pour le développement de ces dernières. Les cellules B de la moelle
osseuse constituent la source d’environ 90 % des immunoglobulines IgG et IgA plasmatiques.
De la même façon que la sélection thymique pour la maturation des cellules T, un processus
de sélection au sein de la moelle osseuse élimine les cellules B qui possèdent des récepteurs
d’anticorps auto-réactifs.
III.1.2.1. Ganglions
III.1.2.2. Rate
La rate est un organe lymphoïde secondaire volumineux, ovoïde, situé haut dans la
cavité abdominale gauche. Elle est spécialisée dans la filtration du sang et la capture des
antigènes amenés par le sang ; ainsi, elle peut répondre à des infections systémiques.
Contrairement aux ganglions lymphatiques, la rate n’est pas alimentée par des vaisseaux
III.2.1.1. Lymphocytes B
III.2.1.2. Lymphocytes T
Les lymphocytes T tiennent leur nom de leur site de maturation dans le thymus. Au
cours de leur maturation au sein du thymus, les cellules T expriment sur sa membrane une
molécule susceptible de se fixer à un antigène spécifique, appelée récepteur des cellules T
(TCR). Contrairement aux anticorps membranaires des cellules B, capables de reconnaître les
antigènes libres, les récepteurs des cellules T ne peuvent reconnaître un antigène que lorsque
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celui-ci est associé à des protéines membranaires appelées molécules du complexe majeur
d’histocompatibilité (CMH). Les molécules du CMH qui participent à la reconnaissance
antigénique, appelée présentation antigénique, sont des glycoprotéines membranaires
génétiquement polymorphiques. Deux grands types de molécules du CMH sont décrits : les
molécules du CMH de classe I, exprimées par la quasi-totalité des cellules nucléées des
espèces vertébrées, et les molécules du CMH de classe II, exprimées uniquement par quelques
cellules spécialisées dans la présentation antigénique. Lorsqu’une cellule T reconnaît un
antigène associé à une molécule du CMH à la surface d’une cellule dans des circonstances
appropriées, la cellule T prolifère et se différencie en différents types de cellules T effectrices
et mémoires.
Les Cellules tueuses naturelles ou cellules NK (de Natural killer cell) constituent
environ 10 % des lymphocytes du sang et des organes lymphoïdes périphériques. Ces cellules
contiennent des granules cytoplasmiques en abondance, et expriment des marqueurs de
surface caractéristiques, mais elles n’expriment pas d’immunoglobulines ou de récepteurs des
lymphocytes T, qui constituent respectivement les récepteurs d’antigène des lymphocytes B et
T.
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L’activation des cellules NK déclenche la libération de protéines contenues dans leurs
granules cytoplasmiques vers les cellules infectées. Les protéines des granules des cellules
NK comprennent des molécules créant des pores dans la membrane plasmique des cellules
infectées et d’autres molécules qui pénètrent dans les cellules infectées et activent les
enzymes qui induisent la mort par apoptose. D’autre part, les cellules NK activées
synthétisent et sécrètent la cytokine IFN-γ. Cette dernière stimule les macrophages et
augmente ainsi leur capacité de destruction des microbes phagocytés.
Les macrophages sont capables d’ingérer et de digérer des antigènes exogènes, tels
que des micro-organismes entiers ou des particules insolubles, ainsi que des produits
endogènes, tels que des cellules hôtes lésées ou mortes, des débris cellulaires ou des facteurs
de la coagulation activés. La phagocytose est initiée par l’adhérence de l’antigène à la
membrane plasmique des macrophages.
Des antigènes complexes, tels que les cellules bactériennes entières ou les particules virales,
ont tendance à adhérer fortement et sont rapidement phagocytés ; les protéines isolées et les
bactéries encapsulées tendent à n’adhérer que faiblement et sont moins facilement
phagocytées. L’adhérence induit des protrusions membranaires, appelées pseudopodes, qui
s’étendent autour du matériel fixé. La fusion des pseudopodes inclut le matériel à l’intérieur
d’une structure entourée d’une membrane, appelée phagosome, qui entre ensuite dans la 1e
d’apprêtement endocytaire. Dans cette voie, un phagosome se déplace vers l’intérieur de la
cellule, où il fusionne avec un lysosome, pour former un phagolysosome. Les lysosomes
contiennent du lysozyme et toute une gamme d’autres enzymes hydrolytiques qui digèrent le
matériel ingéré. Les constituants digérés du phagolysosome sont ensuite éliminés par
exocytose La membrane du macrophage possède des récepteurs pour certaines classes
d’anticorps. Lorsqu’un antigène (par exemple, une bactérie) est recouvert par un anticorps
approprié, le complexe antigène - anticorps se fixe à la surface des macrophages (grâce à des
récepteurs membranaires aux anticorps) beaucoup plus rapidement que l’antigène seul ; il en
résulte que la phagocytose est intensifiée. Ainsi, l’anticorps et le complément fonctionnent
comme des opsonines, molécules qui se fixent à la fois à l’antigène et aux macrophages et
Neutrophiles
Les neutrophiles sont produits dans la moelle osseuse puis libérés dans le sang
périphérique avant de passer dans les tissus. En réponse à de très nombreux types d’infection,
la moelle osseuse libère des neutrophiles en nombre plus grand que normalement, et ces
cellules sont habituellement les premières à arriver au niveau du site d’inflammation.
Le mouvement des neutrophiles circulant vers les tissus, appelé extravasation, s’effectue en
plusieurs étapes : tout d’abord, la cellule adhère à l’endothélium vasculaire, puis elle passe
dans les espaces entre les cellules endothéliales adjacentes qui bordent la paroi des vaisseaux,
et finalement elle pénètre dans lu membrane basale vasculaire pour ressortir dans les espaces
tissulaires. De nombreuses substances générées dans la réaction inflammatoire servent de
facteurs chimiotactiques (ou chémoattractants) qui sont à l’origine de l’accumulation des
neutrophiles au niveau d’un site inflammatoire. Parmi ces facteurs chimiotactiques figurent
les composants du complément, certains composants du système de la coagulation sanguine et
différentes cytokines sécrétées par les cellules TH et les macrophages activés.
Comme les macrophages, les neutrophiles sont des cellules phagocytaires actives. La
phagocytose par les neutrophiles est semblable à celle qui a été décrite pour les macrophages,
à ceci près que les enzymes lyriques et les substances bactéricides des neutrophiles sont
contenues dans des granules primaires et des granules secondaires (figue III.13). Les granules
primaires, plus gros et plus denses, représentent un type de lysosomes contenant des
peroxydases, du lysozyme et divers enzymes hydrolytiques. Les granules secondaires, plus
petits, contiennent de la collagénase, de la lactoferrine et du lysozyme. Les granules primaires
et les granules secondaires fusionnent avec les phagosomes, dont les contenus sont ensuite
digérés et éliminés comme dans les macrophages. Les neutrophiles produisent également
toute une variété d’agents antimicrobiens.
Éosinophiles
Les éosinophiles, de même que les neutrophiles, sont des cellules phagocytaires mobiles
(figure III.13) qui peuvent migrer du sang vers les espaces tissulaires. Leur rôle phagocytaire
est significativement moins important que celui des neutrophiles et on pense qu'ils jouent un
rôle dans la défense contre les parasites. Les substances contenues dans les granules
éosinophiles pourraient léser la membrane de ces derniers.
Basophiles
▪
Les basophiles sont des granulocytes non phagocytaires (figure III.13) qui
fonctionnent
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DERQUINO
en libérant de leurs granules cytoplasmiques des substances pharmacologiquement actives.
Ces substances jouent un rôle majeur dans certaines réponses allergiques.
III.2.2.3. Mastocytes
Les précurseurs des mastocytes, formés dans la moelle osseuse sont libérés dans le
sang sous forme de cellules non différenciées ; ils ne se différencient pas avant de quitter le
sang et de pénétrer dans les tissus. Les mastocytes peuvent être trouvés dans de nombreux
tissus, y compris la peau, le tissu conjonctif de divers organes et le tissu épithélial des
muqueuses des tractus respiratoire, génito-urinaire et digestif. De même que les basophiles
circulant, ces cellules possèdent un grand nombre de granules cytoplasmiques qui contiennent
de l’histamine et d’autres substances pharmacologiquement actives. Les mastocytes jouent un
rôle important dans le développement des allergies.
.2.2.4. Cellules dendritiques
La cellule dendritique (ou DC, de dendritic cell) tire son nom du fait qu’elle est
couverte d’un écheveau de longues extensions membranaires qui ressemblent aux dendrites
des cellules nerveuses. Il existe plusieurs types de cellules dendritiques composant au moins
quatre grandes catégories : les DC de Langerhans, les DC interstitielles, les DC dérivées de
monocytes et les DC plasmacytoïdes.
Les DC de Langerhans sont localisées dans les couches épidermiques de la peau et les
DC interstitielles sont présentes dans les espaces interstitiels de tous les organes excepté le
cerveau. Comme indiqué par leur nom, les DC dérivées de monocytes proviennent de
monocytes qui ont migré de la circulation sanguine vers les tissus. A partir des tissus, elles
peuvent migrer via la lymphe jusqu’aux gonglions lymphatiques ou retourner vers la
circulation sanguine et l’utiliser comme une voie de transport vers des tissus lymphoïdes.
Les DC dérivées de cellules plasmacytoïdes sont issues de cellules d’origine lymphoïde. Elles
jouent un rôle dans le système de défense de l’immunité innée et sont des cellules
présentatrices d’antigènes. Bien qu’il existe des différences importantes en termes de fonction
et de phénotype entre les différents types de DC, elles expriment toutes les molécules du
CMH de classe I et II, ainsi que les molécules co-stimulatrices de la famille B7 (CD80 et
CD86). Les cellules dendritiques expriment aussi la molécule CD40 qui participe à
l’activation lymphocytaire T en interagissant avec son ligand (CD40L) présent à la surface
des cellules T.
III.4. Les molécules du système immunitaire
La structure de base d'un Ac est identique quelle que soit la classe à laquelle il appartient : 4
chaînes polypeptidiques dont 2 chaînes légères identiques (de type kappa κ ou lambda λ) et 2
chaînes lourdes identiques (de type gamma, mu, alpha, delta ou epsilon) réunies entre elles
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par un nombre variable de ponts disulfures (figure III.15). C'est le type de la chaîne lourde qui
définit la classe et la sous classe de l'Ac.
Certaines classes d'Ig polymérisent la structure de base : les IgM sont des
pentamères, les IgA sont le plus souvent des dimères (mais il existe des trimères et des
tétramères). Dans les Ig polymériques, les unités sont réunies par des ponts disulfures et par
une chaîne J (figure III.16).
Les régions distinctes de l’Ac assurent séparément deux fonctions :
▪ le Fab (fragment antigen binding) est la partie d’une immunoglobuline impliquée dans
La reconnaissance des antigènes, il a la caractéristique essentielle de présenter une diversité
considérable, adaptée à l’hétérogénéité des antigènes qu’elle reconnaît.
Elle est principalement initiée par les constituants de la surface de plusieurs : bactéries,
champignons, certains virus et parasites) qui sont opsonisés par le C3b produit par hydrolyse
du C3 dans le sérum de l’organisme hôte de manière "spontanée" ; ce contact surface du
pathogène/C3b entraîne la genèse de la C3-convertase qui produira davantage de C3b (boucle
d’amplification). Le C3b sera aussi l’activateur de la production de la C5 convertase.
Elle est initiée par la liaison d’un Ac naturel ou induit (IgM ou certaines sous classes
d’IgG) à un Ag. La séquence de réactions génère deux complexes enzymatiques, l’un à
activité C3-convertase qui peut cliver le C3 en C3a et C3b et l’autre à qui peut couper le C5
en C5a et C5b.
Les éléments du complément ont des effets immunologiques (figure III.20) puisque la
séquence terminale du complément a pour résultat une lyse directe des bactéries par la
formation de pores (CAM). Aussi, le recouvrement des microorganismes par des produits de
dégradation du complément (opsonisation notamment par le C3b) accroît leur phagocytose car
les professionnels de la phagocytose (macrophages et neutrophiles) qui ont des récepteurs de
surface pour le C3b. Par ailleurs, les composants du complément ont des effets inflammatoires
puisque les petits fragments C3a, C4a et C5a, appelés anaphylatoxines, induisent la
dégranulation des basophiles et des mastocytes grâce à des récepteurs de surface pour le
complément (CR). L’effet de la C5a est environ cent fois supérieur à celui du C3a dont l’effet
est dix fois supérieur à celui du C4a.
Grâce au mécanisme de liaison du C3b à la fraction biologique des Ac, une accumulation
dangereuse de complexes immuns (Ac-Ag) peut être empêchée : des globules rouges par le
biais de récepteur pour le C3b ramènent les complexes immuns (Ac-Ag) jusqu’aux
phagocytes, macrophages et neutrophiles.
Pour les réactions immunitaires, les protéines membranaires les plus importantes sont
les molécules du complexe majeur d'histocompatibilité ou molécules du CMH (chez
l’Homme, HLA pour human leucocytes antigens, H-2 chez la souris) qui forment une "niche"
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au sein de laquelle les peptides antigéniques sont accrochés. Les molécules du CMH-I sont
exprimées à la surface de toutes les cellules nucléées de l’organisme, et en s’associant avec
des peptides du "soi" ils permettent l’échappement à la cytotoxicité des cellules NK ou des
lymphocytes Tc. Les molécules du CMH-II sont exprimées à la surface des CPA (DCs,
lymphocytes B et macrophages) et des cellules épithéliales du cortex thymique ; l’expression
des molécules du CMH-II est stimulée par l'IFN γ.
Les molécules du CMH sont codées par deux groupes de gènes polymorphes (pour chaque
gène on connaît de nombreux allèles, multi-alléliques), d’expression codominante, dont les
loci sont situés sur le bras court du chromosome 6 humain :
▪ Les gènes de classe I sont les gènes A, B, C ;
▪ Les gènes de classe II sont les gènes DP, DQ et DR ;
▪ Les gènes de classe III codent certaines protéines du complément (Facteur B, C4 et C2) et
certaines cytokines (TNF).
Les organismes vertébrés sont protégés par deux systèmes immunitaires : le système
inné et le système adaptatif (tableau IV.1). L’immunité innée consiste en un ensemble de
défenses contre les infections, activées immédiatement après l’invasion par un organisme
pathogène. Le système immunitaire inné comprend des barrières physique, chimique et
cellulaire. Lorsque les barrières de la peau et des membranes des muqueuses sont rompues, la
réponse à l’agent pathogène est rapide et initiée dès les premières minutes qui suivent
l’infection.
En dépit des multiples niveaux de protection du système inné, certains pathogènes peuvent
échapper aux défenses innées. Un second système, appelé immunité adaptative (ou immunité
acquise), est alors activé. L’immunité adaptative est induite après l’exposition à des microbes
et permet de combattre l’infection grâce à des réponses spécifiques adaptées à chaque
organisme pathogène. Elle fait intervenir des populations de lymphocytes B et T qui
reconnaissent de façon spécifique le pathogène. La réponse adaptative prend du temps, une
semaine ou plus, avant d’être complètement efficace. L’immunité adaptative est dotée de
mémoire. Après une première infection déclenchée par un agent pathogène particulier, les
expositions futures à ce même pathogène entraîneront des réponses plus rapides et plus
vigoureuses.
Les composants les plus évidents de l’immunité innée qui protège de l’invasion
microbienne sont les barrières externes (tableau IV.2). Ces barrières constituent la première
ligne de défense non spécifique : imperméabilité de la peau, mouvements des cils vibratiles ou
larmes, salive, mucus nasal et bronchique, suc gastrique, bile de la barrière épithéliale
muqueuse.
Ils existent également des barrières physiologiques renforçant l’action de l’ante immunité : la
température corporelle, le pH, les actions antifongique (par certains acides gras) et
antibactérienne (par l'acide lactique) du sébum et de la sueur et les médiateurs chimiques tels
que le lysozyme, les interférons ou les éléments du complément.
La flore normale des organismes hôtes (flore commensale cutanée, respiratoire, génitale et
digestive) constitue également une barrière de l’ante-immunité, puisqu’elle représente une
barrière microbiologique capable d’exercer des actions de bactéricides contre les bactéries
pathogènes comme elle peut nuire à leur croissance et à leur développement en entrant en
compétition avec eux en rapport, notamment, aux éléments nutritifs.
Lorsque les agents pathogènes ouvrent une brèche dans les barrières externes de
l’immunité innée, une cascade complexe d’événements appelés la réponse inflammatoire
estainsi induite. La réaction peut se décomposer en trois éléments : i. Augmentation du flux
sanguin, ii. Augmentation de la perméabilité des vaisseaux de la zone affectée et iii. Migration
de cellules des vaisseaux vers les tissus.
Dans les heures suivant l’invasion, les leucocytes adhèrent aux cellules endothéliales dans la
région enflammée et traversent les parois des capillaires dans les espaces tissulaires, un
processus appelé extravasation (figure IV.1). Ces leucocytes phagocytent les agents
pathogènes envahissants et libèrent des médiateurs moléculaires qui contribuent à la réponse
inflammatoire et au recrutement et à l’activation de cellules effectrices.
Parmi les médiateurs se trouvent les protéines de régulation de la famille des
cytokines, qui sont sécrété en réponse à des stimuli et jouent un rôle majeur dans le
développement et les fonctions des cellules immunitaires effectrices. Les chimiokines
constituent un sous-groupe de cytokines, qui ont la capacité d’agir comme chimio-attractants
(agents qui font migrer les cellules vers un gradient de concentration croissant de 1’agent).
D’autres chimio-attractants importants sont les produits dérivés du complément (C5a. C3a) et
divers peptides N-formyl produits par le clivage des protéines bactérienne pendant l’infection.
La fixation des chimiokines ou d’autres chimio-attractants sur des récepteurs membranaires
des neutrophiles déclenche un signal d’activation qui induit un changement de conformation
de molécule de membrane, de la famille des integrines, ce qui augmente son affinité pour les
molécules d’adhésion intercellulaires (ICAMs de intercellular adhesion molecule) de
l'endothélium.
IV.1.2.2.1. Complément
Elles ont une activité pléiotrope et elles agissent en particulier sur les cellules de
l'hypothalamus et du foie. Il s’agit de pyrogènes endogènes, ils agissent sur le centre de
régulation thermique de l'hypothalamus et engendre une hyperthermie qui a un rôle bénéfique
dans la lutte contre l'infection (inhibition de la croissance tissulaire des bactéries et la
multiplication de nombreux virus par blocage des systèmes enzymatiques ; augmentation de
la mobilité des granulocytes et leurs capacités bactéricides et accroissement de la production
d'interféron). Par ailleurs, les IL-1/IL-6 activent les cellules hépatiques qui sécrètent sous leur
influence une quantité considérablement accrue de protéines de l'inflammation, dont la CRP
(C réactive protéine) et le MBL (de mannose-binding lectin).
.
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DERQUINO
IV.1.2.2.3. Facteur de nécrose des tumeurs α (TNFα) ou cachectine
Le TNFα (de Tumor necrosis factor α) est, comme l'IL-1 et l’IL-6, une cytokine
sécrétée par les macrophages ayant une activité pléiotrope : activation des cellules de
l'immunité spécifique, pyrogène endogène, activation de la synthèse hépatique des protéines
de l'inflammation, stimulation de l'activité des polynucléaires. Cette cytokine est responsable
de l’augmentation de la perméabilité vasculaire lors de l’inflammation comme elle peut léser
les cellules cancéreuses par simple contact. Le TNFα pour la différencier du TNF-ß sécrété
par les lymphocytes T activés, est une cachectine car, libéré massivement au cours
d'infections graves, il accélère le catabolisme lipidique et entraîne une importante perte de
poids (cachexie).
Il s’agit d’une protéine synthétisée par le foie. Elle doit son nom au fait qu'elle est
capable de précipiter avec le polysaccharide C du Pneumocoque. On ne la trouve
normalement présente dans le sang qu'à l'état de traces (<12 mg/l). Son taux s'élève
rapidement dès le début de la réaction inflammatoire sous l'influence de divers stimuli dont
les plus importants sont les IL-1/IL-6 sécrétées par le macrophage activé. Le taux de CRP se
normalise dès que le processus inflammatoire est contrôlé. En se fixant directement à de
nombreuses bactéries, la CRP augmente la phagocytose. Elle active le complément par la voie
classique (le C3b alors généré augmentera à son tour la phagocytose).
IV.1.2.2.6. Cellule NK
L’immunité spécifique (IS), dite acquise ou adaptative, est caractérisée par une grande
diversité et la "mémoire". Deux types de réponses la caractérisent : la réponse humorale (par
les lymphocytes B) et la réponse à médiation cellulaire (inflammatoire par les macrophages
ou cytotoxique par les Tc). La réaction immunitaire spécifique nécessite la participation de
deux groupes de cellules : les CPA et les lymphocytes ; les premières captent l'Ag et le
présentent aux secondes. Il existe trois classes de cellules effectrices de l’IS : les Tc (CD8+)
dont le TCR reconnaît l’Ag associé à une molécule de CMH-I à la surface d’une cellule
infectée par un virus ; les TH1 et les TH2, tous deux exprimant le co-récepteur CD4,
reconnaissent l’Ag associé à une molécule de CMH-II à la surface des CPA, la troisième
classe est formée par les lymphocytes B. Les TH1 activent les macrophages et les Tc, mais ils
peuvent activer aussi les B pour produire des Ac opsonisants (IgG1 et IgG3 chez l’Homme).
Les TH2 induisent l’activation des cellules B afin qu’elles produisent les autres types d’Ac
neutralisants.
L’IN a la capacité d’activer l’IS dans le cas où elle se retrouve inefficace face à l’Ag.
Celui-ci est endocyté par les CPA qui l’apprêtent et le présentent aux lymphocytes TH associé
aux molécules de CMH-II. Les lymphocytes TH entrent en contact avec l’Ag par
l’intermédiaire du TCR (associé à la molécule CD3 et CD4), s’activent et subissent une
transformation lymphoblastique.
Les TH CD4+ forment deux sous caractérisées par des profils différents des cytokines
secrétées. La sous-population TH1 sécrète de l’IL-2, l’INF-γ et du TNF-β, et elle est
responsable des fonctions à médiation cellulaire ; elle active la production d’IgG1 promoteurs
d’opsonisation (liaison au récepteur du Fc des phagocytes et liaison au complément). La sous-
population TH2 sécrète de l’IL-4, IL-5, IL-6, IL-10, et elle intervient essentiellement dans la
réponse à médiation humorale par l’activation des B (figure IV.7). L’activation des
macrophages augmente la sécrétion d’IL-12 qui induit TH à se différencier en sous-
population TH1. En revanche, l’IL-4 est essentielle pour le développement d’une sous-
population TH2.
La prévalence d’un type de réponse spécifique, en plus du rôle des cytokines parvenant au
lymphocyte TH, est liée à une prédisposition génétique en rapport aux molécules de CMH, de
TCR, etc., au genre et à la nature de la CPA et de son mode de présentation.
Elle est généralement dirigée contre les cellules infectées par des virus ou des
cellules tumorales quand une DC présente l’Ag au lymphocyte TH qui après
activation va sécréter des cytokines dont l’IL-2 et l’INF-γ pour activer un
lymphocyte Tc ayant un TCR de même spécificité. Celui-ci aura au préalable
reconnu l’Ag soit directement à la surface des cellules cibles, soit par
l’intermédiaire de la DC qui présente à sa surface l’Ag associé au CMH-II et au
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CMH-I, ce qui la rend capable d’activer et le TCR du TH1 et le TCR du TC
Dans le cas des infections bactériennes, fongiques et des virus libres, une réponse
spécifique humorale est développée et met en jeu des lymphocytes B. En effet, le lymphocyte
B qui possède le BCR spécifique de l'Ag peptidique va internaliser ce dernier, l’apprêté en
l’associant à une molécule de CMH-II et présenter le tout à sa surface. Le lymphocyte TH a
qui on présente l’Ag peptidique associé au CMH-II se différencie en TH2 est envoie des
signaux au lymphocyte B qui vont l’activer et l’orienter vers la production d’un isotype d’Ac ;
l’activation du lymphocyte B se complète par le signal de la liaison Ag/BCR et les molécules
de costimulation (CD40 du B et le CD40L du TH2).
La prolifération cellulaire du lymphocyte B qui s’en suit génère des cellules effectrices B qui
se différencient en plasmocytes sécréteurs d’Ac spécifiques de l’Ag et des cellules mémoire.
Sous l'action des lymphocytes TH, les lymphocytes B se multiplient, se transforment en
cellules productrices d'Ac de classe IgM puis commutent (c'est le "switch") en cellules
porteuses d'IgG, IgA ou IgE membranaires avant de se différencier en plasmocytes sécréteurs
de ces mêmes classes d'Ac. Certaines deviennent des lymphocytes B "mémoire" à vie longue.
Lors d'une deuxième pénétration de l'Ag, la réaction immunitaire est plus rapide dans ses
effets et plus efficace car accélérée et amplifiée par les lymphocytes B "mémoire" qui se sont
multipliés lors de la réponse primaire : C’est la réponse "secondaire"
L’immunité innée fait intervenir, d’abord, des cytokines telles que les INF de type I
(INFα/ß) qui exercent un effet antiviral protecteur pour les cellules non infectées, et ensuite,
les cellules NK qui s’attaquent aux cellules infectées qu’elles lysent par cytotoxicité. En
s’activant, les cellules NK libèrent de l’INF-γ qui finit par stimuler les macrophages.
Les réponses adaptatives contre les cellules infectées par les virus sont, surtout, à médiation
cellulaire cytotoxique recrutant des lymphocytes TC par des TH1 activés ; cette activation des
cellules de l’IS est liée à la sécrétion de l’IL-12 par les macrophages, cette cytokine dynamise
aussi le travail des cellules NK. Une réponse humorale productrice d’Ac spécifiques contre
les Ag viraux peut apparaître aussi.
Lors d’une réponse secondaire, la réponse à médiation cellulaire et celle humorale
apparaissent très rapidement, mais avec plus de force, en parallèle avec l’action cytotoxique
des cellules NK qui devient secondaire
L’immunité innée est très inefficace contre les parasites, la réponse principale reste la
phagocytose. Toutefois, beaucoup de parasites sont résistants à la mise à mort phagocytaire et
peuvent se répliquer dans les macrophages. Ainsi, l’immunité spécifique est particulièrement
à médiation cellulaire inflammatoire réactivant des macrophages par de l’INF-γ sécrété par les
lymphocytes TH1. Ces derniers activent aussi des TC par des cytokines telles que l’INF-γ et
l’IL-2. Un rôle déterminant de l’IL-4 dans les réponses antiparasitaires a également été
démontré.
Plusieurs néo-Ag tumoraux spécifiques dus à une mutation induite par des agents
chimiques, physiques ou viraux (TSTA, tumor specific trasnplantation antigen) ont été isolés
dont le 1er était associé à un mélanome humain, et a été appelé MAGE-1 (melanoma antigen).
Certains néo-Ag tumoraux sont dus soit à la résurgence de certains Ag de type
fœtal/embryonnaire qui servent plutôt à la surveillance de la croissance tumorale (TATA,
tumor associated trasnplantation antigen, comme la α-1-feotoprotéine synthétisée par le foie),
soit à des protéines codées par des virus infectant les cellules tumorales (c’est le cas des
protéines E6/E7 de papillomavirus dans les cancers du col de l’utérus, des Ag du virus
d’Epstein-Barr dans les lymphomes)
V. IMMUNOPATHOLOGIE
V.1. Hypersensibilités
L'organisme peut être exposé à un excès d'Ag pendant des périodes prolongées
(exemple : infection persistante par un microorganisme). Le contact de tels Ag avec les Ac
aboutit à la formation de complexes immuns insolubles en des points donnés de l'organisme et
peut donner lieu à des réactions inflammatoires aiguës. Si le complément est fixé et activité,
on observe une libération des médiateurs mastocytaires dont les facteurs chimiotactiques qui
provoquent un afflux de polynucléaires qui phagocytent les complexes immuns et libèrent des
enzymes protéolytiques lysosomiaux endommageant les tissus. Une activation ultérieure du
mécanisme d’attaque membranaire du système du complément peut aussi contribuer à la
destruction du tissu.
L'agrégation des plaquettes aux complexes immuns cause des micro-thrombus et aboutit à la
libération d'amines vasoactives. Ces derniers provoquent une perméabilité vasculaire au
niveau de certains sites comme les articulations, les poumons et les glomérules du rein, ce qui
augmente le passage des Ac à partir des vaisseaux. Les micro-thrombus, de leur côté, peuvent
conduire à une ischémie (arrêt ou insuffisance de la circulation de sang) localisée au niveau
des capillaires des glomérules rénaux ou le myocarde.
Lorsque les complexes immuns sont formés dans le sang, une réaction peut se
développer, dans les jours ou les semaines qui suivent l’exposition aux Ag, partout où ils
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DERQUINO
peuvent se déposer : paroi des vaisseaux sanguins, membrane synoviale des articulations,
membrane basale des glomérules du rein ou plexus choroïde du cerveau. Les symptômes
manifestés incluent de la fièvre, de la fatigue, une vascularite généralisée (éruptions) avec
œdèmes et érythème, une lymphadénopathie, une arthrite et, par fois, une glomérulonéphrite :
on parle de maladie sérique.
Les syndromes des déficits immunitaires sont caractérisés par une anomalie héréditaire
ou acquise des moyens de défense anti-infectieuse vis-à-vis des agents pathogènes. La
complexité des mécanismes immunologiques explique la variété des déficits immunitaires.
Ceux-ci peuvent affecter l’immunité spécifique humorale ou cellulaire assurée par le système
lymphoïde et l’immunité innée qui repose sur les fonctions granulocytaires et macrophagiques
comme sur l’action du complément.
Le VIH, un rétrovirus humain, a été isolé en 1983 par Luc Montagnier et son équipe
de l’Institut Pasteur de Paris à partir de ganglions lymphatiques d’un malade. Deux types de
VIH ont été mis en évidence : le VIH-1, le plus répandu dans le monde et le plus virulent, et le
VIH2, localisé principalement en Afrique de l'Ouest et certains pays d'Asie comme l'Inde.
Mais des analyses plus fines montrent qu’il existe une variabilité importante du virus au sein
de ces deux souches, lesquels se trouvent subdivisées en sous-types. Plusieurs virus de type
différent peuvent coexister chez une même personne séropositive.
L’origine simienne du VIH-1 et 2 ne fait aujourd’hui plus aucun doute. De nombreux
critères permettent d’affirmer que les petits singes mangabey infectés par le SIVsm (Simian
Immunodeficiency Virus from sooty mangabeys) sont la source du VIH-2. Le SIVcpz (Simian
Immunodeficiency Virus from chimpanzee) serait lui le parent du VIH-1.
Une particule infectieuse de VIH est composée de deux brins d’ARN inclus dans une
nucléocapside protéique, qui est entourée par une enveloppe lipidique dérivée des cellules
infectées et contenant des protéines virales (figure V.12). L’ARN viral code des protéines de
structures, différentes enzymes et des protéines qui régulent la transcription des gènes viraux
et le cycle viral.
Le cycle viral du VIH comporte les différentes étapes suivantes : infection des
cellules, production de l’ADN viral et intégration de celui-ci dans le génome de l’hôte,
expression des gènes viraux et production des particules virales (figure V.13).
Le VIH infecte les cellules grâce à sa principale glycoprotéine d’enveloppe, appelée gp120,
qui se lie au récepteur CD4 et à certains récepteurs de chimiokines (CXCR4 sur les cellules T
et CCR5 sur les macrophages) présents sur les cellules humaines. Par conséquent, le virus ne
peut infecter efficacement les cellules que si elles expriment le récepteur CD4 et ces
récepteurs de chimiokines. Les principaux types cellulaires pouvant être infectés par le VIH
sont les lymphocytes T CD4+, les macrophages et les cellules dendritiques. Après liaison aux
récepteurs cellulaires, la membrane virale fusionne avec la membrane de la cellule de l’hôte,
permettant au virus de pénétrer dans le cytoplasme de la cellule. À ce stade, le virus subit une
décapsidation par des protéases virales, ce qui libère son ARN. Une copie ADN de l’ARN
viral est synthétisée grâce à une enzyme virale, la transcriptase inverse, puis l’ADN est
intégré à l’ADN des cellules hôtes grâce à l’action d’une autre enzyme, l’intégrase. L’ADN
viral intégré est appelé provirus.
Si le lymphocyte T, le macrophage et la cellule dendritique, après leur infection, sont
activés par certains stimulus extrinsèques, par exemple un autre microbe infectieux, la cellule
répond en déclenchant la transcription d’un grand nombre de ses gènes, et souvent en
produisant des cytokines. L’une des conséquences malencontreuses de cette réponse normale
est que les cytokines et le processus de stimulation cellulaire lui-même peuvent également
activer le provirus, entraînant la production d’ARN viraux puis de protéines.
Le virus est alors capable de former une nucléocapside, qui migre vers la membrane
cellulaire, puis acquiert de la cellule une enveloppe lipidique, avant d’être libérée sous forme
de particule virale infectieuse, prête à infecter une autre cellule. Il est possible que le provirus
intégré du VIH reste à l’état latent dans les cellules infectées pendant plusieurs mois ou
plusieurs années, à l’abri du système immunitaire du patient.
L’évolution de la maladie est bien connue et comporte plusieurs phases (figure V.14) :
- Primo-infection aiguë : Trois à quatre semaines après la contamination (jusqu’à
établissement d’Ac anti-VIH), la plupart des individus ne ressentent aucun symptôme. Au
cours de cette phase, le VIH se réplique en grandes quantités. Il circule dans le sang et se fixe
à différents points de l’organisme, en particulier, dans les ganglions lymphatiques. Le nombre
de lymphocytes T CD4+ du patient chute rapidement, puis revient presque à la normale
lorsque son SI répond à l’infection et limite la réplication et la dissémination du virus.
68
- Phase chronique bénigne : Certains individus, environ 40%, entrent après la
primoinfection dans une phase asymptomatique prolongée, qui peut durer de 8 à 12 ans. Au
cours de cette période, les sujets sont en bonne santé apparente, et leurs numérations de
lymphocytes T CD4+ restent cantonnées dans les limites inférieures des valeurs normales
(750-500 cellules/mm3). Le VIH, qui continue à se répliquer, détruit progressivement le SI.
Mais chez certains patients apparaît une phase symptomatique, qui peut durer de quelques
mois à plusieurs années, et qui est caractérisée par une chute rapide des numérations des
lymphocytes T CD4+ (500-200 cellules/mm3) et par une lymphadénopathie généralisée
persistante. Des infections opportunistes peuvent aussi se manifester sans mettre en danger la
vie du malade.
- Phase chronique grave ou SIDA : Après la phase chronique bénigne, une destruction plus
sévère du SI provoque l’apparition de la maladie qui caractérise la phase symptomatique
tardive ou SIDA. Cette phase peut, elle aussi, durer de quelques mois à plusieurs années. Il
n’est pas rare que les patients aient à ce moment des numérations de lymphocytes T CD4
inférieures à 200 cellules/mm3, et de l’ensemble des Tc, macrophages et DCs, et qu’ils
subissent de ce fait les infections opportunistes caractéristiques. La mort par infections
51 COURS REDIGE PAR M. YOUMSSIE
DERQUINO
opportunistes ou par cancer survient en un an ou deux. Un état de démence peut également
s’installer : anomalies de la connaissance, de la motricité et du comportement.
Dans le cas d’une infection par le VIH, les traitements antirétroviraux utilisés sont
généralement pour ralentir l’évolution de l’infection et retarder ainsi l’instauration de la phase
▪ Antiprotéases
Un autre point vulnérable dans le cycle du VIH est lié à une enzyme du virus, une
protéase, qui coupe les protéines virales synthétisées par l’ADN en fragments fonctionnels
actifs. Une nouvelle classe de médicaments, les antiprotéases, empêche cette enzyme de
fonctionner et, par conséquent, le virus de se reconstituer.
▪ Inhibiteurs d’entrée :
Aussi bien dans l’infection des TH que celle des monocytes/MF, le VIH utilise un
récepteur de chimiokines (CXC4 et CCR5, respectivement) pour s’accrocher à la membrane
cytoplasmique de la cellule hôte. Les inhibiteurs de l’entrée sont donc les ligands naturels
desdits récepteurs. Il s’agit du MIP-1α et MIP-1ß (macrophage inflammatory pretein-1α et
1ß) ou RANTES (Regulated upon Activation, Normal T cell Expressed and presumably
Secreted) des ß-CC-chimiokines produites naturellement par les T CD8+ lors de la réponse
anti-VIH et dont le récepteur est le CCR5. Par ailleurs, le ligand naturel du CXCR4, est le
SDF-1/CXCL12 (stromal cell-derived factor-1).
▪ Multithérapie et prévention :
V3.1. L'auto-tolérance
Les MAI peuvent être classés le long d'un spectre allant de maladies spécifiques
d'organe aux maladies non-spécifiques d'organe.
A l'une des extrémités de ce spectre se trouvent les maladies associées à des réponses
immunes spécifiques d'un organe. Le diabète sucré insulinodépendant (Diabète de type I)
en est un bon exemple : les lymphocytes Tc détruisent les cellules ß des îlots de Langerhans
disséminés dans tout le pancréas. Les autres catégories cellulaires (cellules σ et δ qui
produisent le glucagon et la somatostatine) sont préservés de l’attaque du SI.
Une autre MAI spécifique d’organe est la myasthénie, maladie neuromusculaire
caractérisée par une faiblesse musculaire d’intensité et de durée variable où des auto-Ac
bloquent et détruisent des récepteurs à l'acétylcholine (sous-unité α) au niveau de la jonction
neuromusculaire inhibant la contraction musculaire volontaire Au milieu du spectre se
trouvent des maladies associées à des réponses immunes non tout-à-fait spécifiques d'un
organe comme l’anémie hémolytique auto-immune où des autoAc dirigés contre des auto-
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DERQUINO
Ag de la surface des GR entraînent une lyse cellulaire. En effet, des IgG se fixent à la surface
des GR et facilitent leur phagocytose par les MF qui possèdent le FcγR. Aussi, des auto-Ac de
classe IgM fixent le C3 lequel est reconnu par le récepteur CR1 et CR3 des MF ce qui induit
une phagocytose. La liaison de certains auto-Ac rares fixant le complément peut entraîner la
formation du CAM à la surface des GR induisant leur hémolyse.
A l'autre extrémité du spectre se trouvent les maladies non-spécifiques d'organe ou
systémiques, dont la Polyarthrite rhumatoïde qui se caractérise par une attaque de la
membrane synoviale des articulations, en croissance maligne, par des cellules
immunocompétentes (formation de complexe immuns : facteurs rhumatoïdes, IgM, + IgG
"auto-Ac dirigés contre des Ag citrullinés, par exemple, les anti-CCP" + complément).
L’activation du complément induit une réaction inflammatoire excessive au sein de plusieurs
articulations. L’attaque de la membrane synoviale permet de considérer cette maladie comme
spécifique d’organe, mais le fait que les mécanismes immunologiques qui la sous-tendent
impliquent des complexes immuns susceptibles d’être véhiculer par la circulation générale un
peu partout la rend caractéristique des maladies non-spécifiques d'organe.
Il est courant qu'un même individu présente en même temps plusieurs troubles à
caractéristiques auto-immunes. Généralement, ces associations se font entre des désordres
d'une même région du spectre. Ainsi, les malades ayant une thyroïdite auto-immune ont un
risque plus grand de développer une anémie pernicieuse que des individus normaux (10%
contre 0.2%). En ce qui concerne les maladies non-spécifiques d'organe, le Lupus
érythémateux disséminé est régulièrement associé à la polyarthrite rhumatoïde, ainsi qu'à
d'autres maladies plutôt rares. Des associations entre les maladies des deux extrémités du
spectre ont été observées, mais elles sont rares.
L'étiologie des MAI est largement inconnue, mais une chose est sûre c'est que ces
maladies sont multifactorielles. Elles sont, en effet, favorisées par des facteurs génétiques,
immunologiques (anomalies de la régulation immunitaire), extrinsèques (nutrition, mimétisme
avec des bactéries, des virus), hormonaux (œstrogènes), et psychologiques (stress).
V.3.4.1. Vieillissement
Les premières théories, du moins celles concernant les maladies spécifiques d'organe,
considéraient que les auto-Ag étaient confinées à l'organe, et que l'absence de contact avec le
système lymphatique ne permettait pas l'établissement d'une tolérance. Ainsi, un quelconque
incident aboutissant à la libération de ces Ag était susceptible de provoquer la formation
d'autoAc. C’est le cas d’un certain nombre de constituants, tels que le sperme (lésion des
testicules), la protéine basique de la myéline (MBP) (barrière hémato-encéphalique), les
protéines du cristallin (lésion de l’œil) ou le cœur (infarctus du myocarde : IgM naturelle
antinon muscle myosin heavy chain type II, Auto-Ac anti-NMHC-II) qui peuvent déclencher
la formation d'auto-Ac lorsque certains de leurs composants sont libérés directement dans la
circulation sanguine. Mais en général, l'injection d'extraits non-modifiés des tissus cibles des
maladies spécifiques d'organe, ne provoquent pas de production d'Ac. En fait, dans la majorité
des cas les auto-Ag sont parfaitement accessibles aux lymphocytes circulants. Toutefois,
l'accessibilité n'est pas suffisante, il doit y avoir association avec les molécules de CMH-II.
Ainsi, l'existence d'une susceptibilité aux MAI peut être associée à la présence, au niveau du
génome des cellules immunocompétentes, de certains allèles particuliers du CMH lesquels
pourraient agir selon les voies suivantes :
i. Présentation spécifique de l’auto-Ag,
ii. Intervention dans la sélection positive et négative des T,
iii. Anomalies de trafic intracellulaire des peptides sur les molécules HLA, iv. Action d’une
région hypervariable comme auto-Ag.
Parmi les exemples d’associations du type HLA avec la susceptibilité à l’auto-immunité il y a
le HLA-DR3 avec la myasthénie, HLA-DR3/DR4 ou HLA-DR2 avec le diabète de type 1 ou
encore le HLA-DR4 avec la polyarthrite rhumatoïde, etc.
La présence d'auto-Ac est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Si
l’on prend l’exemple du Lupus érythémateux disséminé, la prédominance féminine est très
nette (sexe ratio de 9 pour 1). En effet, les femmes tendent en général à développer des
réponses immunitaires plus vigoureuses (taux plus élevés de T CD4+ et d’IgM sériques) et
ces réponses tendent à être de type TH1 pro-inflammatoires (activation des cellules T, des
cellules Tc, des MF et, uniquement, des cellules B produisant l’IgG2a) lesquelles pourraient
intensifier le développement de l’auto-immunité. En outre, il est possible que les stéroïdes
sexuels (notamment les œstrogènes) modifient la réponse immunitaire en changeant les profils
d’expression des gènes. En passant à travers la membrane cytoplasmique, ils peuvent se lier à
un récepteur cytoplasmique et conduire à l’activation ou, dans certains cas, à la répression de
l’expression de gènes. Le complexe récepteur-hormone se lie à une séquence spécifique de
l’ADN qui agit comme un modulateur de la transcription. Ainsi, il est très probable que les
stéroïdes sexuels joueraient un rôle important d’immunostimulation par l’intermédiaire de
leurs récepteurs.
FIN