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La prévention

des risques
biotechnologiques
et l’environnement
Introduction au Protocole de Cartagena
relatif à la Convention sur la Diversité Biologique
LE PROTOCOLE SUR LA PRÉVENTION DES RISQUES
BIOTECHNOLOGIQUES PERMETTRA À DES GENS DU MONDE
ENTIER DE BÉNÉFICIER DES AVANTAGES DE LA
BIOTECHNOLOGIE TOUT EN ÉVITANT LES RISQUES INUTILES.

Sommaire

La Convention sur la diversité biologique et son 3


Protocole de Cartagena sur la prévention des
risques biotechnologiques

1. Introduction : la révolution biotechnologique 4


2. L’approche de précaution 6
3. Le Protocole en action 8
4. Le Protocole de Cartagena et les autres 12
accords internationaux

5. Conclusion : un rôle pour chacun 14

2
La Convention sur la diversité biologique
et son Protocole de Cartagena sur la
prévention des risques biotechnologiques

Les gouvernements et la société civile, par l’intermédiaire de la Convention sur la


diversité biologique, œuvrent de concert pour mettre fin aux dommages à grande
échelle causés par l’humanité à la nature. Les enjeux sont de taille : bien que 40%
de l’économie mondiale dépende directement de la diversité biologique, l’huma-
nité continue à détruire les écosystèmes, les espèces et les réservoirs génétiques à
un rythme jamais égalé depuis l’extinction des dinosaures, il y a 65 millions d’an-
nées.
Chaque année, 100 millions d’hectares d’habitats et d’écosystèmes naturels
disparaissent. En outre, plus de 31 000 espèces végétales et animales sont mena-
cées d’extinction ; selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture, au moins une race de bétail disparaît chaque semaine. Les solutions
d’urgence ne suffisent pas : seule une action en profondeur et à grande échelle
garantira aux générations futures un monde biologiquement riche.
Adoptée en 1992 sous les auspices du Programme des Nations Unies pour l’en-
vironnement, la Convention sur la diversité biologique est le premier instrument
mondial à fournir un cadre complet couvrant tous les aspects de la biodiversité –
écosystèmes, espèces, et diversité génétique. Elle introduit en outre une nouvelle
stratégie pour faire face à la crise de la biodiversité, « l’approche écosystémique »,
qui vise à concilier les impératifs de la protection de l’environnement et ceux du
développement économique. En encourageant le « développement durable », la
Convention vise à empêcher que les ressources renouvelables de la planète fas-
sent l’objet d’une exploitation intensive empêchant leur reconstitution.
La Convention, qui compte actuellement près de 190 gouvernements membres
(les « Parties »), poursuit trois objectifs : la conservation de la biodiversité, l’utili-
sation durable des éléments constitutifs de la biodiversité, et le partage juste et
équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques.
En rédigeant la Convention, les gouvernements ont reconnu que la biotechno-
logie moderne offrait un potentiel considérable pour la réalisation de ces trois
objectifs – pourvu qu’elle soit développée et utilisée dans des conditions de sécu-
rité suffisantes pour l’environnement et la santé humaine. Quelques années plus
tard, ces gouvernements mettaient cette conviction à exécution en établissant le
Protocole de Cartagena dans le cadre de la Convention.

3
1 Introduction :
la révolution biotechnologique
La manipulation génétique ne date pas accroître leur valeur commerciale, leur
d’hier. Depuis des millénaires, les pay- rendement, leur valeur nutritive, ou leur
sans se servent de la reproduction sélec- résistances aux ravageurs et aux mala-
tive et de la fertilisation croisée pour dies. Pour les partisans des modifications
modifier des espèces végétales et anima- génétiques, la biotechnologie contri-
les, et favoriser des traits et caractéristi- buera à accroître la sécurité alimentaire
ques propres à améliorer la production et le rendement durable des cultures, et
alimentaire et à satisfaire d’autre besoins sera bénéfique à l’environnement car elle
humains. Des artisans ont exploité les permettra de réduire les superficies cul-
techniques de fermentation traditionnel- tivées, les quantités de pesticides et l’ir-
les pour transformer des céréales en pain rigation, et permettra de produire des trai-
et en bière, et du lait en fromage. Ces tements médicaux, des vaccins, des biens
modifications intentionnelles du monde industriels, des fibres et des combusti-
naturel ont apporté une contribution de bles plus efficaces.
taille au bien-être de l’homme. Toutefois, ces avancées rapides de la
Toutefois, depuis une trentaine d’an- science suscitent aussi nombre de pré-
nées la biotechnologie moderne révolu- occupations liées à l’éthique, l’environ-
tionne notre capacité à transformer le nement, la santé et la société. Nombre
vivant. Des scientifiques ont appris à de personnes estiment que la biotech-
extraire et à transférer d’une espèce à nologie moderne est trop récente pour
l’autre des chaînes d’ADN et des gènes savoir vraiment comment ces produits
complets contenant les instructions bio- vont se comporter et évoluer, et quelles
chimiques qui déterminent le mode de interactions ils auront avec les autres es-
développement pèces. Par exem-
d’un organisme vi- ple, la capacité
vant. Grâce à des La biotechnologie moderne de tolérer les her-
techniques très offre un potentiel bicides ne risque-
complexes, ils ma- elle pas de passer
nipulent avec pré-
considérable pourvu qu’elle des cultures trans-
cision la structure soit développée et utilisée géniques aux es-
génétique com- dans des conditions de pèces sauvages
plexe de cellules sécurité satisfaisantes pour apparentées ? Les
vivantes indivi- l’environnement. plantes qui ont
duelles. Ils sont, été génétique-
par exemple, ca- ment modifiées
pables d’intégrer des gènes de poisson pour repousser les insectes ne risquent-
d’eau froide dans une tomate pour créer elles pas de nuire à des insectes bénéfi-
une plante résistante au gel, ou d’utiliser ques ? La compétitivité accrue d’un
des gènes bactériens pour produire du OGM ne risque-t-elle pas de porter at-
maïs tolérant les herbicides. Le résultat teinte à des écosystèmes riches en
de ces manipulations est appelé orga- biodiversité ?
nisme vivant modifié ou, plus commu- Toutes ces préoccupations expliquent
nément, organisme génétiquement mo- que les OGM continuent à faire les
difié (OGM). grands titres de l’actualité. Une étude
Depuis 1994, année où la première scientifique conclut que les organismes
tomate génétiquement modifiée a été modifiés ne présentent qu’un risque li-
introduite sur le marché aux États-Unis, mité – et une autre étude pose des
des dizaines de cultures vivrières et d’es- questions embarrassantes. On trouve du
pèces animales ont été modifiées pour soya génétiquement modifié dans des

4
envois destinés à l’exportation déclarés
exempts d’OGM, ou du pollen de maïs
génétiquement modifié dans un champ
voisin non modifié. Des rédacteurs s’in-
quiètent des risques potentiels de con-
flits commerciaux, tandis que des com-
mentateurs pèsent le pour et le contre
de la biotechnologie moderne.
Ce débat a, fort heureusement, dé-
bouché sur un vaste consensus, à savoir
que la biotechnologie moderne offre un
potentiel considérable pourvu qu’elle soit
développée et utilisée dans des condi-
tions de sécurité satisfaisantes, notam-
ment pour l’environnement. Les pays
dotés d’industries biotechnologiques
puissantes possèdent une législation na-
tionale et des systèmes de gestion des
risques. Cependant, nombre de pays en
développement intéressés par la biotech-
nologie moderne et ses produits en sont
encore à rédiger leur réglementation. Des
règles internationales sont également
nécessaires, étant donné que la biotech-
nologie est une industrie mondiale et que
GRÂCE À DES TECHNIQUES SOPHISTIQUÉES, LES SCIENTIFIQUES PEUVENT
les OGM font l’objet d’un commerce MANIPULER AVEC PRÉCISION LA STRUCTURE GÉNÉTIQUE INTRINSÈQUE DE
international. CELLULES VIVANTES INDIVIDUELLES.
En 1995, les Parties à la Convention
sur la diversité biologique ont réagi à ce
défi en entamant des négociations sur un
accord ayant force de loi et portant sur
les risques potentiels que présentent les
OGM. Ces discussions ont abouti, en
janvier 2000, à l'adoption du Protocole
de Cartagena sur la prévention des ris- Afin de promouvoir la prévention des risques
ques biotechnologiques. Ce Protocole,
biotechnologiques, le Protocole s'appuie sur
qui doit son nom à la ville colombienne
où a été lancée la dernière série de pour- un concept fondamental connu sous le nom
parlers, établit pour la première fois un d’approche de précaution.
système réglementaire complet visant à
assurer le transfert, la manipulation et
l'utilisation sans danger des OGM faisant
l'objet de mouvements transfrontières. Le
fonctionnement du Protocole de Carta-
gena – qui vise à concilier les besoins
des consommateurs, de l'industrie et de
l'environnement pour les décennies à
venir – est expliqué par le présent
fascicule.

5
L’approche de précaution
2
Avant de s’intéresser au fonctionnement OGM qui sont des produits pharmaceu-
du Protocole dans la pratique, commen- tiques destinés à l’homme relevant
çons par étudier deux de ses principes d’autres accords internationaux, ni aux
fondamentaux, à savoir : la prévention produits qui sont des dérivés des OGM,
des risques biotechnologiques et l'appro- tels que l’huile de friture issue de maïs
che de précaution. génétiquement modifié ou le papier issu
Le concept de la prévention des ris- d’arbre génétiquement modifiés.
ques biotechnologiques recouvre un Pour promouvoir la prévention des ris-
vaste éventail de mesures, de politiques ques biotechnologiques, le Protocole s’ap-
et de procédures destinées à réduire au puie sur un autre concept fondamental –
minimum ou à éliminer les risques po- l’approche de précaution – consacrée par
tentiels que la biotechnologie pourrait le Principe 15 de la Déclaration de Rio de
comporter pour l’environnement et la 1992 sur l’environnement et le dévelop-
santé humaine. Il est essentiel que des pement, qui stipule que : « en cas de ris-
mesures de protection crédibles et effi- que de dommages graves ou irréversibles,
caces soient prises concernant les OGM, l’absence de certitude scientifique abso-
afin de tirer le maximum du potentiel de lue ne doit pas servir de prétexte pour re-
la biotechnologie tout en réduisant les ris- mettre à plus tard l’adoption de mesures
ques possibles. Ces mesures doivent être effectives visant à prévenir la dégradation
mises en œuvre dès à présent, tant que la de l’environnement ».
biotechnologie est encore jeune et n’a pas D’autres accords internationaux ap-
encore commis d’erreurs majeures. pliquent également l’approche de pré-
Actuellement, l’industrie, les gouver- caution à leur domaine particulier. Dans
nements et la société civile encouragent le cas du Protocole sur la prévention des
la prévention des risques biotechnolo- risques biotechnologiques, ce concept
giques par divers moyens. La contribu- implique qu’une Partie peut décider, sur
tion particulière du Protocole de Carta- la base de la précaution, de ne pas auto-
gena à la prévention mondiale des ris- riser l’importation d’un OGM particulier
ques biotechnologiques aide à assurer : sur son territoire national. Cela s’appli-
« un degré adéquat de protection pour que même s’il n’y a pas suffisamment de
le transfert, la manipulation et l’utilisa- preuves disponibles permettant de déter-
tion sans danger des organismes vivants miner les effets défavorables potentiels
modifiés résultant de la biotechnologie d’un OGM sur la diversité biologique.
moderne qui peuvent avoir des effets Le Protocole applique l’approche de
défavorables sur la conservation et l’uti- précaution non seulement à la
lisation durable de la diversité biologi- biodiversité, mais aussi aux risques po-
que, compte tenu également des risques tentiels pour la santé humaine. Il accorde
pour la santé humaine, en mettant plus aux pays importateurs le droit de tenir
précisément l’accent sur les mouvements compte des incidences socio-
transfrontières ». économiques de l’impact des OGM (à
Le Protocole porte essentiellement sur condition que les mesures prises soient
les OGM destinés à être introduits direc- compatibles avec leurs obligations inter-
tement dans l’environnement (tels que nationales). Ces incidences pourraient
semences et poissons) et sur les produits inclure le risque que les importations
agricoles génétiquement modifiés d’aliments issus du génie génétique rem-
(comme le maïs et les céréales destinés placent les cultures traditionnelles, mi-
à être utilisés directement pour l’alimen- nent les cultures et les traditions locales,
tation humaine et animale, ou à être ou réduisent la valeur de la biodiversité
transformés). Il ne s’applique pas aux pour les communautés autochtones.

6
FACE AUX INCERTITUDES QUANT AUX EFFETS DES OGM SUR LES ESPÈCES SAUVAGES, Y COMPRIS LES POLLINISATEURS TELS QUE
PAPILLONS ET ABEILLES, L'APPROCHE DE PRÉCAUTION BÉNÉFICIE D'UN SOUTIEN GRANDISSANT.

L’objectif du Protocole est de « contribuer à assurer un degré adéquat


de protection pour le transfert, la manipulation et l’utilisation sans
danger des organismes vivants modifiés ... »

7
Le Protocole en action
3
Le Protocole de Cartagena encourage la Procédure d’accord préalable en
prévention des risques biotechnologi- connaissance de cause (APC).
ques en établissant des règles pratiques Les règles et procédures les plus
et des procédures applicables au trans- strictes concernant la prévention des ris-
fert, à la manipulation et à l’utilisation ques biotechnologiques s’appliquent ex-
sans danger des OGM, en insistant tout clusivement aux OGM destinés à être in-
particulièrement sur la réglementation troduits intentionnellement dans l’envi-
des mouvements transfrontières. ronnement. Elles concernent notamment
Ce système comporte deux ensembles les semences, les poissons vivants et
distincts de procédures, l’un pour les autres organismes destinés à se dévelop-
OGM qui sont introduits intentionnelle- per et possédant les qualités nécessaires
ment dans l’environnement, et l’autre pour transmettre leurs gènes modifiés aux
pour les OGM qui sont destinés à être générations suivantes.
utilisés directement pour l’alimentation L’exportateur doit d’abord com-
humaine et animale, ou à être transfor- muniquer par écrit au pays importa-
més. Ces deux ensembles de procédu- teur des informations détaillées, y
res visent à garantir aux pays destinatai- compris une description de l’organisme,
res les informations nécessaires à une avant l’envoi. L’autorité nationale
prise de décision en connaissance de compétente du pays importateur accuse
cause concernant les importations réception de ces informations dans un
d’OGM. Les gouvernements échangent délai de 90 jours et autorise ensuite
ces informations par le biais d’un Centre explicitement l’envoi dans un délai de
d’échange pour la prévention des risques 270 jours ou motive son refus – bien que
biotechnologiques et prennent leurs dé- l’absence de réponse ne doive pas être
cisions sur la base d’évaluations des ris- interprétée comme impliquant un
ques entreprises selon des méthodes consentement.
scientifiques éprouvées, ainsi que sur la La Procédure d’accord préalable en
base de l’approche de précaution. connaissance de cause garantit ainsi au
Lorsqu’un pays décide d’importer un destinataire la possibilité d’évaluer les
OGM, le pays exportateur doit veiller à effets défavorables potentiels d’un OGM
ce que tous les envois soient accompa- avant d’accepter son importation.
gnés des documents pertinents. Les gou- La procédure d’APC ne s’applique
vernements doivent également adopter qu’au premier mouvement transfrontière
des mesures pour gérer tous les risques intentionnel d’un OGM destiné à être
identifiés par les évaluations, et continuer introduit dans l’environnement. Elle ne
de surveiller et contrôler les risques pou- s’applique pas aux OGM en transit dans
vant advenir dans le futur. Cela s’appli- un pays, aux OGM destinés à être utilisés
que aussi bien aux OGM faisant l’objet en milieu confiné (dans un laboratoire
d’un commerce qu’aux OGM d’origine scientifique, par exemple) ou aux OGM
nationale. destinés à être utilisés directement pour
Afin d’assurer sa propre efficacité à l’alimentation humaine et animale, ou à
long terme, le Protocole comporte éga- être transformés (tels que maïs ou
lement un certain nombre de dispositions tomates). Toutefois, un pays peut,
« habilitantes », y compris le renforce- conformément à son cadre réglementaire
ment des capacités, la sensibilisation et national et dans la mesure où cela est
la participation du public, et un méca- compatible avec l’objectif du Protocole,
nisme financier. décider de soumettre de tels OGM
Les éléments ci-après méritent un exa- à une évaluation des risques ou à
men plus approfondi : d’autres exigences.

8
LES RÈGLES ET LES PROCÉDURES DE PRÉVENTION DES RISQUES BIOTECHNOLOGIQUES LES PLUS RIGOUREUSES S’APPLIQUENT
EXCLUSIVEMENT AUX OGM DESTINÉS À ÊTRE INTRODUITS INTENTIONNELLEMENT DANS L’ENVIRONNEMENT.

À l’avenir, les Parties au Protocole beaucoup plus simple. Conformément à


pourront aussi décider d’exempter cette procédure, les gouvernements qui
d’autres OGM de la procédure d’APC approuvent ces produits pour une utili-
mais auront encore le droit de réglemen- sation interne sont tenus de communi-
ter leur importation sur la base de leur quer cette décision à la communauté in-
législation nationale. ternationale via le Centre d’échange pour
la prévention des risques biotechnolo-
Procédure simplifiée pour les giques. Ils doivent également fournir des
produits agricoles. La catégorie informations détaillées sur leur décision.
la plus vaste d’OGM faisant l’ob- En outre, les pays peuvent décider d’im-
jet d’un commerce international est l’ex- porter ces produits conformément à leur
pédition en vrac de maïs, soya et autres droit interne et communiquer leur déci-
produits agricoles génétiquement modi- sion d’importer ou non ces produits par
fiés, destinés à être utilisés pour l’alimen- le truchement du Centre d’échange pour
tation humaine et animale, ou à être la prévention des risques bio-
transformés. technologiques.
Au lieu d’exiger l’application de la Le Protocole vise ainsi à réduire les
Procédure d’accord préalable en con- frais assumés par les producteurs et les
naissance de cause pour de tels produits, négociants en séparant la circulation des
le Protocole établi une procédure aliments provenant d’organismes vivants

9
modifiés et d’organismes vivants non mouvement transfrontière non intention-
modifiés, tout en garantissant la nel d’un OGM en raison d’un commerce
transparence du système commercial ou d’une libération illicites ayant eu lieu
international. sous sa juridiction, dès qu’elle en prend
connaissance. Cela permettra aux Parties
Évaluations des risques. Le Pro- de déterminer les interventions nécessai-
tocole autorise les gouverne- res, y compris des mesures d’urgence.
ments à soumettre un OGM, quel Les gouvernements doivent en outre éta-
qu’il soit, à une évaluation des risques blir des points de contact officiels pour
avant de prendre une décision concer- les urgences afin d’améliorer la coordi-
nant son importation, ce aux fins de dé- nation internationale.
terminer et d’évaluer les effets défavora-
bles potentiels des OGM sur la conser- Documents d’exportation. La
vation et l’utilisation durable de la diver- documentation accompagnant
sité biologique dans le milieu récepteur. les envois d’OGM destinés à être
Cette évaluation doit être effectuée scien- introduits directement dans l’environne-
tifiquement, selon des techniques d’éva- ment doit indiquer clairement qu’il s’agit
luation des risques éprouvées. d’organismes vivants modifiés, et spéci-
Bien que l’importateur potentiel d’un fier leur identité et leur traits et caracté-
OGM soit responsable de veiller à ce ristiques pertinents, ainsi que toute règle
qu’une évaluation des risques soit effec- de sécurité à observer pour la manipula-
tuée, il a le droit d’exiger que l’exporta- tion, l’entreposage, le transport et l’utili-
teur s’en charge ou en assume les frais, sation de ces organismes ; les coordon-
ce qui n’est pas sans importance pour nées de la personne à contacter pour tout
les pays en développement. complément d’ information ; et le nom
et l’adresse de l’importateur et de l’ex-
Gestion des risques et procédu- portateur. Cette documentation doit éga-
res d’urgence. Aucune techno- lement indiquer clairement que l’envoi
logie n’est totalement exempte est conforme à l’objectif du Protocole.
de risque. Si on accepte les nouvelles Lorsqu’un gouvernement accepte
technologies, c’est parce qu’on estime d’importer un organisme vivant modifié
que les avantages potentiels l’emportent destiné à être utilisé directement pour
sur les risques potentiels. Le Protocole l’alimentation humaine ou animale, ou
destiné à être transformé, la documenta-
tion accompagnant l’envoi doit indiquer
Le Centre d'échange pour la prévention des risques clairement qu’il « peut contenir » des
biotechnologiques facilite la transparence et organismes vivants modifiés et que ces
l'échange d'informations indispensables à un organismes ne sont pas destinés à être
introduits intentionnellement dans l’en-
système mondial dynamique et efficace. vironnement.

demande aux Parties de gérer et maîtri- Le Centre d’échange pour la pré-


ser les risques définis à l’occasion de vention des risques bio-
l’évaluation des risques. Parmi les élé- technologiques. Il s’agit de l’une
ments clés d’une gestion efficace des ris- des pierres angulaires du régime inter-
ques figurent les systèmes de suivi, les national de prévention des risques
programmes de recherche, la formation biotechnologiques. Ce centre est destiné
technique et une coordination nationale à faciliter l’échange d’informations et la
améliorée entre les organismes et les ser- transparence indispensables à un sys-
vices gouvernementaux. tème mondial dynamique et efficace de
Le Protocole demande en outre à cha- prévention des risques biotechnolo-
que Partie de consulter et de notifier aux giques. Le Centre d’échange pour la pré-
États effectivement touchés ou pouvant vention des risques biotechnologiques,
l’être, tout incident qui relève de sa qui permet aux gouvernements de s’in-
compétence et pouvant entraîner un former mutuellement de leur décision

10
finale concernant l’importation ou la li-
bération d’OGM, détient des informa-
tions sur les lois, les réglementations et
les lignes directrices nationales visant
l’application du Protocole.
Le Centre d’échange pour la préven-
tion des risques biotechnologiques dé-
tient en outre des informations soumises
en vertu de la procédure d’APC, des ré-
sumés des évaluations des risques, ainsi
que des études et des traités bilatéraux
et multilatéraux sur l’environnement, des
rapports sur les mesures d’application du
Protocole, et d’autres données scientifi-
ques, juridiques, environnementales et
techniques. Un format commun est uti-
lisé pour assurer la comparabilité des in-
formations provenant des différents pays.
Le Centre d’échange pour la préven-
tion des risques biotechnologiques est
largement accessible sur l’Internet, à
http://bch.biodiv.org. LE PROTOCOLE DEMANDE LE TRANSFERT, LA MANIPULATION ET L'UTILISATION SANS
DANGER DES ORGANISMES VIVANTS MODIFIÉS ET SOULIGNE SPÉCIFIQUEMENT
L'IMPORTANCE DE LA SENSIBILISATION ET DE L'ÉDUCATON DU PUBLIC.
Renforcement des capacités et
finance. Les importateurs pays en développement à protéger l’en-
d’OGM doivent avoir la capacité vironnement mondial. Les gouverne-
de mettre en œuvre le Protocole. Il leur ments sont également supposés encou-
faut des compétences, du matériel, des rager la participation du secteur privé à
cadres réglementaires et des procédures la création de capacités.
pour pouvoir évaluer les risques, pren-
dre des décisions éclairées, et gérer ou Sensibilisation et participation
éviter tout effet défavorable potentiel des du public. Il est évident que la
OGM sur les organismes naturels appa- décision finale concernant l’uti-
rentés. Les gouvernements qui ne possè- lisation des OGM doit incomber aux ci-
dent pas encore de cadre réglementaire toyens de chaque pays. Le Protocole
national de prévention des risques tech- appelle donc les Parties à coopérer pour
nologiques doivent en instaurer un le encourager la sensibilisation du public
plus rapidement possible. au transfert, à la manipulation et à l’uti-
Le Protocole encourage vivement la lisation sans danger des OGM. Il souli-
coopération internationale à la création, gne l’importance de l’éducation qui de-
dans les pays en développement et les vra de plus en plus s’intéresser aux OGM
pays à économie en transition, des ca- à mesure que la biotechnologie pénétrera
pacités humaines et institutionnelles né- dans notre quotidien.
cessaires à la prévention des risques De plus, le Protocole invite les Par-
biotechnologiques. Cette coopération ties à consulter activement le public sur
recouvre notamment la formation scien- les OGM et la prévention des risques
tifique et technique, le transfert de tech- technologiques. Les citoyens, les com-
nologie et de savoir-faire, et la mise à munautés et les organisations non gou-
disposition de ressources financières. vernementales devraient continuer à s’in-
Selon les dispositions du Protocole de téresser de très près à cette question com-
Cartagena, les activités de prévention des plexe. Cela permettra à chacun de réa-
risques biotechnologiques sont suscep- gir aux décisions finales prises par les
tibles d’être subventionnées par le Fonds gouvernements, favorisant ainsi la trans-
pour l’environnement mondial – un parence et la prise de décision en toute
fonds international établi pour aider les connaissance de cause.

11
Le Protocole de Cartagena et les
4 autres accords internationaux
Bien que le Protocole de Cartagena sur permettre au consommateur de faire un
la prévention des risques biotechnolo- choix éclairé.
giques soit le seul instrument internatio-
nal consacré exclusivement aux OGM, L’Office international des épi-
il n’existe pas dans le « vide ». La Con- zooties (OIE), qui élabore des
vention sur la diversité biologique, à la- normes et des lignes directrices
quelle est rattachée le Protocole, de- pour prévenir l’introduction d’agents in-
mande elle-même aux gouvernements de fectieux et de maladies dans le pays im-
mettre en place des moyens pour régle- portateur lors de mouvements commer-
menter, gérer ou maîtriser les risques as- ciaux transfrontières d’animaux, de ma-
sociés à l’utilisation et à la libération tériel génétique animal et de produits ani-
d’OGM. Il existe en outre plusieurs ins- maux. En 2000, La Commission de l’OIE
truments internationaux et processus sur les normes a publié le Manuel des
d’établissement des normes traitant de normes relatives aux tests de diagnosti-
divers aspects de la prévention des ris- que et aux vaccins. Certains tests et vac-
ques biotechnologiques. cins décrits sont issus du génie généti-
Il s’agit notamment des instruments que. De même, le groupe de travail de
suivants : l’OIE sur la biotechnologie a publié plu-
sieurs documents techniques relatifs à la
La Convention internationale production animale et à l’analyse des ris-
pour la protection des végétaux ques. Toutefois, l’Office n’a pas encore
(IPPC), qui a pour mandat de approuvé de normes internationales re-
protéger la santé des plantes en évaluant latives à la biotechnologie.
et en gérant les risques phytosanitaires.
L’IPPC est en train d’établir des normes Les considérations liées à la prévention
relatives aux risques phytosanitaires as- des risques biotechnologiques sont éga-
sociés aux OGM et aux espèces enva- lement couvertes par des codes de prati-
hissantes. Tout OGM susceptible d’être que sur l’utilisation des espèces introdui-
considéré comme un ravageur est cou- tes et des OGM, adoptés par certains
vert par cet instrument. L’IPPC autorise organismes régionaux sur la pêche asso-
les gouvernements à introduire des me- ciés à l’Organisation des Nations Unies
sures pour empêcher l’introduction et la pour l’alimentation et l’agriculture.
propagation de tels ravageurs. Elle éta-
blit en outre des procédures d’analyse
des risques phytosanitaires, y compris les Des accords de l’Organisation
effets sur la végétation naturelle. mondiale du commerce (OMC),
notamment l’Accord sur l’appli-
La Commission du Codex cation des mesures sanitaires et phyto-
Alimentarius, qui traite des sanitaires et l’Accord sur les obstacles
problèmes de sécurité ali- techniques au commerce, contiennent en
mentaire et de santé du consommateur. outre des dispositions touchant à la pré-
Cette Commission a établi une équipe vention des risques biotechnologiques.
de travail intergouvernementale spéciale Les auteurs du Protocole de Cartagena
sur les aliments dérivés des bio- ont fait en sorte que ses dispositions et
technologies, chargée d’élaborer des les accords sur le commerce se soutien-
normes et des lignes directrices pour les nent mutuellement. Le Protocole établit
produits alimentaires issus du génie que ses dispositions ne visent ni à se subs-
génétique. La Commission s’intéresse tituer ni à être subordonnées aux autres
aussi à l’étiquetage de ces aliments pour accords internationaux en vigueur.

12
LE PROTOCOLE EST COMPLÉTÉ PAR PLUSIEURS INSTRUMENTS ET PROCESSUS INTERNATIONAUX DE NORMALISATION COUVRANT DES
ASPECTS DE LA PRÉVENTION DES RISQUES BIOTECHNOLOGIQUES, TELS QUE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET SANTÉ DU CONSOMMATEUR.

Les accords sur la prévention des


risques biotechnologiques, le commerce,
l’agriculture, et autres sujets connexes
visent tous à fonctionner de concert et à
se compléter mutuellement. Toutefois, Le fait d'améliorer la coordination entre les divers
éviter les conflits potentiels exige de la régimes internationaux peut renforcer la prévention
bonne volonté et une gestion avisée. Le des risques biotechnologiques tout en conciliant les
fait d’améliorer la coordination entre les intérêts légitimes du commerce, de la prévention
divers régimes internationaux peut ren- des risques biotechnologiques et autres domaines.
forcer la prévention des risques
biotechnologiques tout en évitant les
conflits potentiels et en conciliant les
intérêts légitimes du commerce, de la
prévention des risques biotechnolo-
giques et autres domaines.

13
5 Conclusion :
un rôle pour chacun
Le Protocole de Cartagena ne peut véri- en train de changer l’agriculture et une
tablement garantir l’utilisation sans dan- grande partie de nos aliments. Toute er-
ger de la biotechnologie à travers le reur risque d’entraîner des changements
monde que si chaque pays encourage catastrophiques, voire permanents dans
activement la prévention des risques le milieu naturel. Pour toutes ces raisons,
biotechnologiques au niveau national. les générations futures, en pensant à no-
Les décideurs et les législateurs na- tre époque, vont soit nous remercier, soit
tionaux ont un rôle essentiel à jouer à nous maudire pour ce que nous auront
cet égard, en renforçant ou en établis- fait – ou pas fait – afin de prévenir les
sant des lois et des normes pour réduire risques biotechnologiques.
les risques potentiels que présentent les Agir correctement n’est pas simple.
OGM. En vertu du Protocole, c’est aux Nos efforts actuels sont compliqués par
gouvernements qu’il incombe, en dernier le nombre considérable d’acteurs, y com-
ressort, de prévenir les mouvements pris les États. Les valeurs et les attentes
transfrontières illicites et la libération des personnes engagées dans la préven-
accidentelle d’OGM, de gérer les risques tion des risques biotechnologiques sont
et les urgences, et de réglementer les in- souvent très différentes. Seul un débat
dustries biotechnologiques nationales. permanent et transparent, respectueux et
Mais les gouvernements ne peuvent, intense peut garantir un résultat final re-
à eux seuls, assurer la prévention des ris- flétant tous les points de vue.
ques biotechnologiques : ils doivent pou- Étant donné la complexité des pro-
voir compter sur la participation et la blèmes et l’ampleur des enjeux, il est ras-
coopération ac- surant que la
tive des autres communauté
acteurs, notam- mondiale ait
ment de l’indus- Les gouvernements ne déjà accepté
trie biotechno- peuvent, à eux seuls, assurer la une sécurité ré-
logique. Les en- glementaire
prévention des risques
treprises bio- dans le dévelop-
technologiques biotechnologiques : ils ont pement de la
possèdent les besoin de la participation biotechnologie
connaissances, active et de la coopération des moderne. La
les ressources et autres acteurs. science conti-
les incitations nue à progresser
nécessaires pour à grands pas et
garantir l’inno- pour que le ré-
cuité de leur in- gime de préven-
dustrie et de ses produits. Quant à la so- tion des risques biotechnologiques ne se
ciété civile, aux citoyens et aux organi- laisse pas distancer, il a été décidé que
sations non gouvernementales, ils doi- les gouvernements procéderaient, tous
vent comprendre les problèmes et pou- les cinq ans, à une évaluation formelle
voir exprimer clairement leur point de de l’efficacité du Protocole et de ses pro-
vue aux décideurs et à l’industrie. Les cédures, en vue d’une révision ou d’une
médias ont, eux aussi, un rôle clé à jouer, amélioration éventuelles.
celui de « chien de garde ». Il ne fait aucun doute que la préven-
La biotechnologie est une science ré- tion des risques biotechnologiques res-
volutionnaire, et est devenue une indus- tera longtemps encore une question prio-
trie si puissante qu’elle peut transformer ritaire du programme d’action interna-
le monde qui nous entoure. Elle est déjà tional pour l’environnement.

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LA BIOTECHNOLOGIE EST SI PUISSANTE QU'ELLE PEUT TRANSFORMER LE MONDE QUI NOUS ENTOURE, ET EST DÉJÀ EN TRAIN DE
CHANGER L'AGRICULTURE ET UNE GRANDE PARTIE DE NOS ALIMENTS.

La biotechnologie pourrait contribuer à la réalisation des


objectifs de la Convention sur la diversité biologique et des
objectifs du Millénaire pour le développement, à condition
toutefois d'être développée judicieusement et accompagnée de
mesures de sécurité adéquates et transparentes.

– Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies

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D'autres publications relatives à la Convention sur la diversité biologique
et au Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques
peuvent être obtenues auprès du :

Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique


Centre de commerce mondial
393 Rue St. Jacques, Suite 300
Montréal, Québec, Canada H2Y 1N9
Tél. : + 1 (514) 288 2220; Fax: + 1 (514) 288 6588
Courriel : secretariat@biodiv.org
Site Web : http://www.biodiv.org

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