Chapitre 1 Raid
Chapitre 1 Raid
Chapitre 1 Raid
La composition des eaux résiduaires industrielles varie selon le secteur. Outre les matières
organiques, azotées ou phosphorées, elles renferment également des substances toxiques, des
solvants, des métaux lourds, des micropolluants organiques et des hydrocarbures. Certaines
de ces eaux nécessitent un traitement préalable par les industries avant d'être déversées.
Les eaux résiduaires sont principalement issues de l'eau utilisée dans divers processus de
fabrication dans les raffineries. Elles comprennent les eaux de procédés :
- Eaux provenant des aires bétonnées, des stations de chargement et des zones de stockage.
Pour purifier ces eaux, il est souvent nécessaire de combiner plusieurs méthodes de
traitement, comprenant des procédés physiques, chimiques et biologiques, visant d'abord à
éliminer les matières en suspension, puis les substances colloïdales, et enfin les substances
dissoutes, qu'elles soient minérales ou organiques. Enfin, il convient de corriger certaines
caractéristiques avant le rejet.
4. Sources des polluants et variétés de pollutions industrielles
Les eaux résiduaires industrielles se forment selon les pratiques d'entreprise. On distingue
trois formes de pollution :
4.1. Pollution de nature physique : elle découle principalement des matières solides
entraînées par l'eau. Elle se divise en trois catégories : mécanique, thermique et radioactive.
a. Pollution mécanique : causée par les débris et particules solides transportés par les eaux
résiduaires industrielles ou les eaux de pluie. Ces polluants peuvent être des objets
volumineux (sable, plastique, bois) ou des substances en suspension.
b. Pollution thermique : les eaux rejetées par les installations industrielles utilisant un
système de refroidissement (centrales thermiques, nucléaires, raffineries, etc.) ont une
température élevée, allant de 70 à 80°C. Lorsqu'elles entrent en contact avec les eaux
naturelles, leur température diminue à environ 40 à 45°C, ce qui peut affecter la solubilité de
l'oxygène et perturber les organismes aquatiques. Les variations de température peuvent
également perturber les réactions chimiques vitales, voire les interrompre, et des élévations
de température peuvent entraîner la mort de certaines espèces, perturbant ainsi l'équilibre
écologique.
4.2. Pollution d'origine chimique : elle provient principalement des déversements d'eaux
usées contenant des produits chimiques, des hydrocarbures et des métaux lourds. Elle se
classe en deux types :
a. Pollution organique : ces polluants peuvent entraîner une augmentation de la turbidité des
eaux et induire un phénomène d'eutrophisation, entraînant une baisse de la concentration
d'oxygène dissous. Ces altérations environnementales ont des répercussions graves,
conduisant à l'extinction de certaines espèces et à la prolifération d'autres.
b. Pollution minérale : elle résulte de l'excès d'ions minéraux dans l'eau et peut également
avoir des conséquences néfastes sur les êtres vivants. Les principaux polluants sont :
- Métaux lourds : ces éléments métalliques naturels, dont la densité dépasse 5g/cm3, sont
souvent présents sous forme de traces dans l'environnement. Des industries situées près des
cours d'eau ont déversé leurs effluents, s'ajoutant à l'érosion et au ruissellement des sols et des
chaussées. L'eau joue un rôle fondamental dans la pollution en favorisant diverses réactions
chimiques et en transportant les métaux lourds dans les chaînes alimentaires. Bien que
généralement présents à des concentrations faibles, leur toxicité résulte de leur accumulation
dans les organismes.
- Cyanure : poison agissant rapidement, pouvant se présenter sous différentes formes (gaz,
liquide, solide). Bien qu'ils existent naturellement dans de nombreux aliments et plantes, les
cyanures sont également rejetés par l'industrie (processus de cyanuration, galvanoplastie,
traitement de minerais, etc.), produisant de l'acide cyanhydrique toxique en présence d'eau.
- Pollution azotée : résultant des déchets riches en azote provenant des activités industrielles
(chimie, agroalimentaire, etc.), nocive pour l'eau, l'air, les sols et les écosystèmes. Elle se
traduit principalement par l'eutrophisation, avec une surabondance d'azote, principalement
sous forme de nitrates (NOx), dans le milieu liquide en raison de leur bonne solubilité dans
l'eau.
- Pollution par le phosphore : élément non renouvelable essentiel à la vie, le phosphore est
indispensable aux écosystèmes naturels et à l'agriculture. Cependant, les activités humaines
perturbent son cycle, entraînant des déséquilibres dans les écosystèmes aquatiques, avec la
prolifération d'algues et une diminution de l'oxygène vital pour de nombreuses espèces.
Pour évaluer le degré de pollution d'une source d'eau, les organismes de contrôle réalisent des
prélèvements et les analysent. Divers paramètres servent d'indicateurs de la présence et de la
quantité de polluants. Parmi ces paramètres, les plus significatifs sont :
b. Odeur : Les ERI dégagent une odeur de moisi, symptôme de la présence de matières
organiques en décomposition, constituant un indicateur de pollution.
a. Température : Son importance réside dans son impact sur la solubilité des sels et surtout
des gaz (notamment l'oxygène) dans l'eau, ainsi que sur la détermination du pH et la vitesse
des réactions chimiques. La température agit également comme un facteur physiologique
influençant le métabolisme et la croissance des microorganismes aquatiques.
d. Azote total (NT) : Exprimé en mg/l, cet indicateur regroupe toutes les formes d'azote,
organique et ammoniacale (azote de Kjeldahl), ainsi que les formes oxydées (NO2 -, NO3 -)
présentes dans les ERI.
e. Phosphore total (PT) : Présent dans les ERI sous différentes formes, telles que
l'orthophosphate soluble PO4H2-, les polyphosphates et le phosphore non dissout. La somme
de ces formes constitue le phosphore total, mesurable indépendamment par spectrométrie.
Les rejets industriels d'eau non traitée dans la nature entraînent des conséquences très
néfastes. Ils peuvent entraîner des variations de température, des changements de pH, de
turbidité et de concentration en oxygène dissous dans le milieu naturel, ainsi que des effets
spécifiques propres à chaque polluant ou groupe de polluants.
6.1. Température
La température figure parmi les facteurs écologiques les plus significatifs influant sur les
organismes aquatiques. Elle joue un rôle crucial dans la répartition des espèces, tant par ses
extrêmes que par ses fluctuations saisonnières. En règle générale, la température de l'eau
diminue avec la profondeur, car moins de rayonnement solaire peut atteindre les couches
profondes. La plupart des organismes aquatiques ont une tolérance limitée aux variations de
température, mais ceux-ci sont moins exposés à de tels changements en profondeur.
Cependant, les fluctuations brusques de température ont des répercussions considérables sur
la survie des organismes aquatiques, tels que les plantes aquatiques, les poissons et les
mammifères marins. Les réactions chimiques vitales sont généralement ralenties voire
stoppées en cas de changement important de température (baisse). À l'inverse, les
augmentations de température peuvent favoriser la croissance de certaines espèces tout en
déséquilibrant l'écosystème.
6.2. pH
Les eaux superficielles constituent un système physico-chimique complexe régulé par les
équilibres entre les diverses espèces moléculaires ou ionisées présentes. Des valeurs de pH
comprises entre 5 et 9 semblent permettre un développement quasi normal de la faune et de la
flore aquatiques. Cependant, il est souvent difficile d'établir des critères précis concernant la
survie et la reproduction des poissons, bien que la plage optimale soit généralement définie
entre les pH extrêmes de 6,5 et 8,5. En général, les effets du pH se manifestent
principalement par son influence sur les équilibres entre les autres composés chimiques
présents dans le milieu, tels que l'ammoniac, le sulfure de sodium, l'acide cyanhydrique, dont
la toxicité varie en fonction de leur forme ionisée ou non.
6.3. Turbidité
La lumière solaire pénètre l'eau jusqu'à une profondeur d'environ 30 mètres sous la surface.
Les producteurs, tels que les plantes aquatiques, nécessitent cette lumière pour produire de
l'oxygène et d'autres substances essentielles à la survie des consommateurs. Ainsi, la
production se limite à la zone où la lumière solaire peut atteindre. Les particules en
suspension peuvent entraver la pénétration de la lumière, réduisant ainsi la taille de cette zone
de production. La présence de matières en suspension réduit la luminosité et diminue la
productivité du milieu aquatique en diminuant l'oxygène dissous, affectant notamment les
processus de photosynthèse. Les matières en suspension peuvent également causer des
maladies chez les poissons et même l'asphyxie en obstruant leurs branchies.
L'inhibition de la vie aquatique par la consommation d'oxygène peut être évaluée en fonction
de la demande biochimique en oxygène, de la demande chimique en oxygène et de la teneur
en azote réduit des eaux résiduaires. La minéralisation de l'azote ammoniacal par les bactéries
nitrifiantes entraîne une forte consommation d'oxygène, environ 4,5 mg pour l'oxydation de 1
mg d'azote ammoniacal en nitrates. Des rejets riches en azote réduit peuvent provoquer une
asphyxie du milieu en l'absence de dilution suffisante. De plus, l'eutrophisation due aux rejets
d'azote et de phosphore peut entraîner des fluctuations importantes du taux d'oxygène dans le
milieu aquatique, notamment une chute significative la nuit en raison d'une biomasse
abondante consommant davantage d'oxygène que ce qui est produit par la photosynthèse. De
plus, les rejets d'eau chaude réduisent la solubilité de l'oxygène et accélèrent la respiration des
organismes aquatiques, entraînant leur mort par manque d'oxygène ou les rendant plus
sensibles aux maladies.
6.5. Azote
Les nitrates sont généralement peu toxiques pour la faune aquatique, car l'azote est un
nutriment essentiel pour les plantes. Cependant, ils contribuent à l'eutrophisation, bien que
leur concentration soit généralement considérée comme non problématique en dessous de 2 à
5 mg/l dans l'eau. Les nitrites, présents sous forme d'acide nitreux ou ionisée, sont plus
toxiques, notamment dans des conditions de température et de pH spécifiques. L'azote
ammoniacal, sous forme ionisée, est moins nocif, mais sous forme hydratée, il peut être très
toxique pour les milieux aquatiques en causant des lésions branchiales chez les poissons, avec
une concentration maximale recommandée de 0,025 mg/l voire 0,005 mg/l pour prévenir tout
effet toxique à long terme. Le rapport NH4+/NH3 diminue avec l'augmentation du pH et de la
température, avec la plupart de l'azote ammoniacal sous forme ionisée dans les eaux
superficielles dont le pH est entre 6,5 et 8,5, réduisant ainsi sa toxicité.
6.6. Phosphore
Les ortho-phosphates ont rarement une toxicité envers les poissons et sont même utilisés en
pisciculture pour stimuler la biomasse planctonique. Cependant, en excès, ils favorisent
l'eutrophisation. Il est important de noter que les principaux problèmes liés à l'eutrophisation
sont les suivants :
• Une toxicité pour les poissons dans les cas graves, soit par obstruction directe des branchies,
soit à cause des sécrétions des algues.
Dans les eaux douces, le phosphore est généralement considéré comme le facteur limitant sur
lequel il est possible d'intervenir efficacement pour lutter contre l'eutrophisation, tandis que
l'azote serait limitant pour l'eutrophisation des eaux marines.
6.7. Hydrocarbures
Les effets écologiques de la pollution par les hydrocarbures se manifestent à travers trois
principaux phénomènes :
Ces phénomènes n'apparaissent pas simultanément mais se succèdent dans le temps. Cette
échelle temporelle peut également être doublée d'une échelle spatiale, avec une distinction
nécessaire selon le type d'organisme concerné (GLEMAREC, 1981).
Le risque lié aux hydrocarbures est plus perceptible pour l'écosystème aquatique que pour
tout autre. En effet, une fois dispersés à la surface ou en émulsion dans l'eau, les
hydrocarbures provoquent diverses nuisances :
• Altération des échanges gazeux entre l'air et l'eau, entraînant une diminution de la quantité
d'oxygène dissous.
Dans les zones côtières, des écosystèmes entiers, tels que les récifs coralliens, les marais
salants et les mangroves, sont vulnérables à la pollution pétrolière. Les hydrocarbures qui
s'infiltrent dans les sédiments peuvent considérablement réduire la capacité de production des
habitats de poissons pendant des années, voire des décennies.
Sur le plan économique, la pollution pétrolière peut endommager les élevages piscicoles
côtiers (notamment les élevages de saumons et les parcs à huîtres) et polluer les marinas et les
plages touristiques.
La contamination des sols par les hydrocarbures peut également causer de nombreux
problèmes en raison de leur mobilité et de leur persistance dans l'environnement,
notamment :
• La mobilité des hydrocarbures légers sur de grandes distances, dans les nappes d'eau
souterraine ou dans l'air.
• La persistance à long terme des hydrocarbures lourds dans le sol, entraînant une toxicité
pour la santé humaine et l'environnement.
Les interactions entre les organismes vivants et leur environnement sont complexes, tout
comme leurs réponses à la présence des hydrocarbures déversés, pouvant entraîner des effets
subtils chez certains et mortels chez d'autres. Des études ont montré que l'impact des
hydrocarbures sur les organismes vivants dépend également de leur nature. Généralement, on
considère que les hydrocarbures aromatiques sont les plus toxiques, suivis des séries
oléfiniques et paraffiniques. Les doses allant de 80 à 90 ppm pour le benzène et le toluène, et
de 4 à 5 ppm pour le naphtalène et l'anthracène, sont toxiques pour les poissons. Les
hydrocarbures aliphatiques, moins toxiques, perturbent certains mécanismes biologiques par
blocage et saturation des organes récepteurs.
Le plancton est particulièrement vulnérable aux hydrocarbures car il ne peut éviter les zones
contaminées, ce qui entraîne des répercussions sur les niveaux trophiques supérieurs. Chez le
phytoplancton, on observe une variation de la dose létale allant de 0.1 à 1000 ppm selon les
espèces, avec des réductions de croissance notées à partir de 0.01 ppm. L'incorporation des
hydrocarbures dans les cellules des algues planctoniques affecte directement les herbivores et
peut atteindre tous les niveaux de la chaîne alimentaire. Le zooplancton, maillon critique de
la chaîne trophique, alimente les poissons, les mammifères marins et les oiseaux. Toutes les
espèces de zooplancton testées meurent en 24 heures avec des doses de 100 ppm
d'hydrocarbures. Avec 1 ppm d'hydrocarbures, les adultes survivent généralement, mais leurs
larves meurent après deux ou trois jours.
Les plantes aquatiques, notamment les algues benthiques, sont indispensables à un équilibre
écologique normal. Cependant, de nombreuses espèces, comme le varech, la mangrove, les
mousses de mer et les algues, sont affectées par les déversements d'hydrocarbures. Les
mécanismes de toxicité impliquent une altération de la perméabilité de la membrane
cellulaire, entraînant le blocage des échanges vitaux et même la destruction des cellules.
Certaines espèces résistent mieux que d'autres aux hydrocarbures, et les algues vertes
prolifèrent souvent après leur élimination.
Les poissons peuvent être touchés par la pollution pétrolière en consommant des organismes
contaminés ou en cherchant leur nourriture dans des zones polluées. Les hydrocarbures
dissous ou dispersés dans l'eau peuvent être ingérés ou absorbés par les branchies et
s'accumuler dans le foie, la vésicule biliaire et l'estomac, contaminant ainsi la chair et la
rendant impropre à la consommation. Les poissons, recouverts de mucus, sont plus enclins à
l'engloutissement que les oiseaux marins. Toutefois, leurs muqueuses branchiales étant
sensibles, ils peuvent présenter des troubles respiratoires en cas de pollution aux
hydrocarbures. D'autres effets incluent l'inhibition de la croissance, la modification des
comportements et une sensibilité accrue des premiers stades de vie. Des études ont montré
des anomalies ultra-structurales dans les tissus ovariens et des anomalies cellulaires dans les
tissus branchiaux chez le saumon et les poissons plats vivant au-dessus de sédiments pollués.