Chapitre 1 Raid

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1.

Définition de la pollution de l'eau

La pollution de l'eau, ou sa contamination, consiste en la détérioration de ses propriétés


physiques, chimiques et biologiques, résultant des déversements directs ou indirects de
substances toxiques, de microorganismes et de déchets industriels. Les sources de pollution
incluent les activités urbaines (eaux usées domestiques, eaux de cuisine), agricoles (engrais,
pesticides) et industrielles (chimie-pharmacie, pétrochimie, raffinage). Nous examinons
spécifiquement les rejets liquides, communément appelés eaux résiduaires industrielles, qui
véhiculent généralement divers produits hautement toxiques à des concentrations très élevées.

2. Caractéristiques des eaux résiduaires industrielles

La composition des eaux résiduaires industrielles varie selon le secteur. Outre les matières
organiques, azotées ou phosphorées, elles renferment également des substances toxiques, des
solvants, des métaux lourds, des micropolluants organiques et des hydrocarbures. Certaines
de ces eaux nécessitent un traitement préalable par les industries avant d'être déversées.

3. Origines des eaux usées

Les eaux résiduaires sont principalement issues de l'eau utilisée dans divers processus de
fabrication dans les raffineries. Elles comprennent les eaux de procédés :

- Condensats des unités de traitement des vapeurs.

- Déchets provenant des éjecteurs d'extraction, des strippers et des dessaleurs.

- Eaux de purge des ballons de reflux et de vidange des réservoirs de stockage.

- Eaux utilisées pour le lavage et le conditionnement des produits fractionnels alcalins ou


acides, ainsi que pour le déshuilage.

- Eaux huileuses issues du nettoyage ou de l'écoulement.

- Eaux provenant des aires bétonnées, des stations de chargement et des zones de stockage.

Pour purifier ces eaux, il est souvent nécessaire de combiner plusieurs méthodes de
traitement, comprenant des procédés physiques, chimiques et biologiques, visant d'abord à
éliminer les matières en suspension, puis les substances colloïdales, et enfin les substances
dissoutes, qu'elles soient minérales ou organiques. Enfin, il convient de corriger certaines
caractéristiques avant le rejet.
4. Sources des polluants et variétés de pollutions industrielles

Les eaux résiduaires industrielles se forment selon les pratiques d'entreprise. On distingue
trois formes de pollution :

4.1. Pollution de nature physique : elle découle principalement des matières solides
entraînées par l'eau. Elle se divise en trois catégories : mécanique, thermique et radioactive.

a. Pollution mécanique : causée par les débris et particules solides transportés par les eaux
résiduaires industrielles ou les eaux de pluie. Ces polluants peuvent être des objets
volumineux (sable, plastique, bois) ou des substances en suspension.

b. Pollution thermique : les eaux rejetées par les installations industrielles utilisant un
système de refroidissement (centrales thermiques, nucléaires, raffineries, etc.) ont une
température élevée, allant de 70 à 80°C. Lorsqu'elles entrent en contact avec les eaux
naturelles, leur température diminue à environ 40 à 45°C, ce qui peut affecter la solubilité de
l'oxygène et perturber les organismes aquatiques. Les variations de température peuvent
également perturber les réactions chimiques vitales, voire les interrompre, et des élévations
de température peuvent entraîner la mort de certaines espèces, perturbant ainsi l'équilibre
écologique.

c. Pollution radioactive : résulte de l'introduction d'éléments radioactifs dans


l'environnement par l'activité humaine, directement ou indirectement, pouvant présenter des
risques pour la santé humaine et causer des dommages aux ressources biologiques, aux
écosystèmes ou aux biens matériels.

4.2. Pollution d'origine chimique : elle provient principalement des déversements d'eaux
usées contenant des produits chimiques, des hydrocarbures et des métaux lourds. Elle se
classe en deux types :

a. Pollution organique : ces polluants peuvent entraîner une augmentation de la turbidité des
eaux et induire un phénomène d'eutrophisation, entraînant une baisse de la concentration
d'oxygène dissous. Ces altérations environnementales ont des répercussions graves,
conduisant à l'extinction de certaines espèces et à la prolifération d'autres.

b. Pollution minérale : elle résulte de l'excès d'ions minéraux dans l'eau et peut également
avoir des conséquences néfastes sur les êtres vivants. Les principaux polluants sont :
- Métaux lourds : ces éléments métalliques naturels, dont la densité dépasse 5g/cm3, sont
souvent présents sous forme de traces dans l'environnement. Des industries situées près des
cours d'eau ont déversé leurs effluents, s'ajoutant à l'érosion et au ruissellement des sols et des
chaussées. L'eau joue un rôle fondamental dans la pollution en favorisant diverses réactions
chimiques et en transportant les métaux lourds dans les chaînes alimentaires. Bien que
généralement présents à des concentrations faibles, leur toxicité résulte de leur accumulation
dans les organismes.

- Cyanure : poison agissant rapidement, pouvant se présenter sous différentes formes (gaz,
liquide, solide). Bien qu'ils existent naturellement dans de nombreux aliments et plantes, les
cyanures sont également rejetés par l'industrie (processus de cyanuration, galvanoplastie,
traitement de minerais, etc.), produisant de l'acide cyanhydrique toxique en présence d'eau.

- Pollution azotée : résultant des déchets riches en azote provenant des activités industrielles
(chimie, agroalimentaire, etc.), nocive pour l'eau, l'air, les sols et les écosystèmes. Elle se
traduit principalement par l'eutrophisation, avec une surabondance d'azote, principalement
sous forme de nitrates (NOx), dans le milieu liquide en raison de leur bonne solubilité dans
l'eau.

- Pollution par le phosphore : élément non renouvelable essentiel à la vie, le phosphore est
indispensable aux écosystèmes naturels et à l'agriculture. Cependant, les activités humaines
perturbent son cycle, entraînant des déséquilibres dans les écosystèmes aquatiques, avec la
prolifération d'algues et une diminution de l'oxygène vital pour de nombreuses espèces.

4.3. Pollution d'origine microbiologique : Cette forme de pollution résulte de la présence de


bactéries d'origine fécale, principalement issues des eaux usées et des exploitations agricoles.
Elle a un impact sur la qualité des eaux, avec des implications plus graves pour la santé
humaine que pour les espèces marines (faune et flore).

5. Paramètres de mesure de la pollution

Pour évaluer le degré de pollution d'une source d'eau, les organismes de contrôle réalisent des
prélèvements et les analysent. Divers paramètres servent d'indicateurs de la présence et de la
quantité de polluants. Parmi ces paramètres, les plus significatifs sont :

5.1. Paramètres organoleptiques :


a. Couleur : La couleur généralement grise des eaux résiduaires industrielles (ERI) indique
la présence de matières organiques dissoutes, de particules en suspension, de fer ferrique sous
forme d'hydroxyde colloïdal, de fer ferreux lié à des complexes organiques et de divers
colloïdes.

b. Odeur : Les ERI dégagent une odeur de moisi, symptôme de la présence de matières
organiques en décomposition, constituant un indicateur de pollution.

5.2. Paramètres physiques

a. Température : Son importance réside dans son impact sur la solubilité des sels et surtout
des gaz (notamment l'oxygène) dans l'eau, ainsi que sur la détermination du pH et la vitesse
des réactions chimiques. La température agit également comme un facteur physiologique
influençant le métabolisme et la croissance des microorganismes aquatiques.

b. Potentiel d'hydrogène : Le pH, caractérisant l'équilibre physico-chimique, influence la


croissance des microorganismes présents dans l'eau (leur gamme de croissance se situe
généralement entre 5 et 9).

c. Turbidité : Elle reflète le degré d'opacité de l'eau et indique la présence de matières en


suspension (MES).

d. Matières en suspension : Mesuré en mg/l, ce paramètre représente la pollution particulaire


insoluble, c'est-à-dire l'ensemble des particules solides transportées par les eaux résiduaires
industrielles (ERI). Cette mesure est effectuée par pesée après filtration ou centrifugation,
suivie d'un séchage à 105°C. Les méthodes de filtration utilisent des disques en fibres de
verre ou des couches d'amiante, tandis que la centrifugation est privilégiée lorsque le
colmatage des filtres constitue un risque élevé.

5.3. Paramètres chimiques

a. Demande chimique en oxygène (DCO) : Estime la quantité de matières organiques


présentes dans l'eau, exprimée en milligrammes d'oxygène par litre. La DCO représente
l'oxygène nécessaire pour oxyder toute la matière organique, mesurée par la consommation
d'oxygène dans une solution de dichromate de potassium en milieu sulfurique, avec sulfate
d'argent et sulfate de mercure II (complexant des chlorures), chauffée pendant 2 heures.
b. Demande biologique en oxygène (DBO5) : Indique la quantité d'oxygène nécessaire à la
dégradation des matières organiques par les microorganismes, mesurée par la consommation
d'oxygène à 20°C pendant 5 jours d'incubation dans l'obscurité. La dégradation complète en
aérobie d'une ERI nécessite 21 jours (DBO21 dite ultime) pour les composés azotés
biodégradables, ou 28 à 35 jours pour certaines familles d'hydrocarbures. Le rapport
DCO/DBO5 est un indicateur de biodégradabilité, inférieur à 2,5 pour une pollution
dégradable. La moyenne pondérée de la DCO et de la DBO mesurée après décantation
pendant 2 heures, selon la formule : (DCO + 2×DBO5) / 3, correspond aux matières
organiques existantes (MOX).

c. Carbone organique total (COT) : Détermine les propriétés variables du carbone


organique dissous et particulaire, provenant de substances volatiles et de carbone minéral
dissout. Mesuré par un analyseur de CO2 à infrarouge après combustion catalytique à haute
température de l'échantillon.

d. Azote total (NT) : Exprimé en mg/l, cet indicateur regroupe toutes les formes d'azote,
organique et ammoniacale (azote de Kjeldahl), ainsi que les formes oxydées (NO2 -, NO3 -)
présentes dans les ERI.

e. Phosphore total (PT) : Présent dans les ERI sous différentes formes, telles que
l'orthophosphate soluble PO4H2-, les polyphosphates et le phosphore non dissout. La somme
de ces formes constitue le phosphore total, mesurable indépendamment par spectrométrie.

6. Impact de la pollution sur l'environnement

Les rejets industriels d'eau non traitée dans la nature entraînent des conséquences très
néfastes. Ils peuvent entraîner des variations de température, des changements de pH, de
turbidité et de concentration en oxygène dissous dans le milieu naturel, ainsi que des effets
spécifiques propres à chaque polluant ou groupe de polluants.

6.1. Température

La température figure parmi les facteurs écologiques les plus significatifs influant sur les
organismes aquatiques. Elle joue un rôle crucial dans la répartition des espèces, tant par ses
extrêmes que par ses fluctuations saisonnières. En règle générale, la température de l'eau
diminue avec la profondeur, car moins de rayonnement solaire peut atteindre les couches
profondes. La plupart des organismes aquatiques ont une tolérance limitée aux variations de
température, mais ceux-ci sont moins exposés à de tels changements en profondeur.
Cependant, les fluctuations brusques de température ont des répercussions considérables sur
la survie des organismes aquatiques, tels que les plantes aquatiques, les poissons et les
mammifères marins. Les réactions chimiques vitales sont généralement ralenties voire
stoppées en cas de changement important de température (baisse). À l'inverse, les
augmentations de température peuvent favoriser la croissance de certaines espèces tout en
déséquilibrant l'écosystème.

6.2. pH

Les eaux superficielles constituent un système physico-chimique complexe régulé par les
équilibres entre les diverses espèces moléculaires ou ionisées présentes. Des valeurs de pH
comprises entre 5 et 9 semblent permettre un développement quasi normal de la faune et de la
flore aquatiques. Cependant, il est souvent difficile d'établir des critères précis concernant la
survie et la reproduction des poissons, bien que la plage optimale soit généralement définie
entre les pH extrêmes de 6,5 et 8,5. En général, les effets du pH se manifestent
principalement par son influence sur les équilibres entre les autres composés chimiques
présents dans le milieu, tels que l'ammoniac, le sulfure de sodium, l'acide cyanhydrique, dont
la toxicité varie en fonction de leur forme ionisée ou non.

6.3. Turbidité

La lumière solaire pénètre l'eau jusqu'à une profondeur d'environ 30 mètres sous la surface.
Les producteurs, tels que les plantes aquatiques, nécessitent cette lumière pour produire de
l'oxygène et d'autres substances essentielles à la survie des consommateurs. Ainsi, la
production se limite à la zone où la lumière solaire peut atteindre. Les particules en
suspension peuvent entraver la pénétration de la lumière, réduisant ainsi la taille de cette zone
de production. La présence de matières en suspension réduit la luminosité et diminue la
productivité du milieu aquatique en diminuant l'oxygène dissous, affectant notamment les
processus de photosynthèse. Les matières en suspension peuvent également causer des
maladies chez les poissons et même l'asphyxie en obstruant leurs branchies.

6.4. Consommation d'oxygène

L'inhibition de la vie aquatique par la consommation d'oxygène peut être évaluée en fonction
de la demande biochimique en oxygène, de la demande chimique en oxygène et de la teneur
en azote réduit des eaux résiduaires. La minéralisation de l'azote ammoniacal par les bactéries
nitrifiantes entraîne une forte consommation d'oxygène, environ 4,5 mg pour l'oxydation de 1
mg d'azote ammoniacal en nitrates. Des rejets riches en azote réduit peuvent provoquer une
asphyxie du milieu en l'absence de dilution suffisante. De plus, l'eutrophisation due aux rejets
d'azote et de phosphore peut entraîner des fluctuations importantes du taux d'oxygène dans le
milieu aquatique, notamment une chute significative la nuit en raison d'une biomasse
abondante consommant davantage d'oxygène que ce qui est produit par la photosynthèse. De
plus, les rejets d'eau chaude réduisent la solubilité de l'oxygène et accélèrent la respiration des
organismes aquatiques, entraînant leur mort par manque d'oxygène ou les rendant plus
sensibles aux maladies.

6.5. Azote

Les nitrates sont généralement peu toxiques pour la faune aquatique, car l'azote est un
nutriment essentiel pour les plantes. Cependant, ils contribuent à l'eutrophisation, bien que
leur concentration soit généralement considérée comme non problématique en dessous de 2 à
5 mg/l dans l'eau. Les nitrites, présents sous forme d'acide nitreux ou ionisée, sont plus
toxiques, notamment dans des conditions de température et de pH spécifiques. L'azote
ammoniacal, sous forme ionisée, est moins nocif, mais sous forme hydratée, il peut être très
toxique pour les milieux aquatiques en causant des lésions branchiales chez les poissons, avec
une concentration maximale recommandée de 0,025 mg/l voire 0,005 mg/l pour prévenir tout
effet toxique à long terme. Le rapport NH4+/NH3 diminue avec l'augmentation du pH et de la
température, avec la plupart de l'azote ammoniacal sous forme ionisée dans les eaux
superficielles dont le pH est entre 6,5 et 8,5, réduisant ainsi sa toxicité.

6.6. Phosphore

Les ortho-phosphates ont rarement une toxicité envers les poissons et sont même utilisés en
pisciculture pour stimuler la biomasse planctonique. Cependant, en excès, ils favorisent
l'eutrophisation. Il est important de noter que les principaux problèmes liés à l'eutrophisation
sont les suivants :

• Une altération de l'équilibre carbonique et une augmentation du pH pendant la journée en


raison de l'augmentation de la photosynthèse, ce qui peut entraîner une toxicité aiguë de
l'ammoniac ;
• Des difficultés dans la production d'eau potable en raison de la prolifération de
phytoplancton, perturbant la décantation et la filtration, ainsi que de la libération de
substances toxiques par certaines algues, donnant un goût désagréable à l'eau ;

• Un risque de libération de substances indésirables ou toxiques (hydrogène sulfuré, métaux


lourds, etc.) en raison de l'accumulation de matière organique dans le lit des cours d'eau et le
fond des lacs ;

• Une toxicité pour les poissons dans les cas graves, soit par obstruction directe des branchies,
soit à cause des sécrétions des algues.

Dans les eaux douces, le phosphore est généralement considéré comme le facteur limitant sur
lequel il est possible d'intervenir efficacement pour lutter contre l'eutrophisation, tandis que
l'azote serait limitant pour l'eutrophisation des eaux marines.

6.7. Hydrocarbures

Les effets écologiques de la pollution par les hydrocarbures se manifestent à travers trois
principaux phénomènes :

• Régressions des populations par mortalité et dégénérescence.

• Établissement d'une succession secondaire à la suite de la libération d'espaces non occupés


et de la modification de certains paramètres écologiques.

• Perturbations des paramètres biologiques tels que le taux de fécondité et la croissance.

Ces phénomènes n'apparaissent pas simultanément mais se succèdent dans le temps. Cette
échelle temporelle peut également être doublée d'une échelle spatiale, avec une distinction
nécessaire selon le type d'organisme concerné (GLEMAREC, 1981).

Le risque lié aux hydrocarbures est plus perceptible pour l'écosystème aquatique que pour
tout autre. En effet, une fois dispersés à la surface ou en émulsion dans l'eau, les
hydrocarbures provoquent diverses nuisances :

• Altération des échanges gazeux entre l'air et l'eau, entraînant une diminution de la quantité
d'oxygène dissous.

• Réduction de la photosynthèse due à une augmentation de la réflexion des rayons solaires à


la surface de l'eau, conduisant à long terme à la destruction de l'habitat sous-marin par la mort
de la flore marine.
Par ailleurs, les hydrocarbures volatils contribuent de manière significative aux perturbations
des équilibres terrestres. En réagissant chimiquement dans la troposphère sous l'effet du
rayonnement solaire, ils participent à la pollution photochimique, notamment par la
production d'ozone troposphérique impliquée dans la formation du smog. De plus, ils sont
impliqués dans le processus de l'effet de serre, la formation des pluies acides et la destruction
de la couche d'ozone, des problèmes difficiles à résoudre et potentiellement irréversibles.

Dans les zones côtières, des écosystèmes entiers, tels que les récifs coralliens, les marais
salants et les mangroves, sont vulnérables à la pollution pétrolière. Les hydrocarbures qui
s'infiltrent dans les sédiments peuvent considérablement réduire la capacité de production des
habitats de poissons pendant des années, voire des décennies.

Sur le plan économique, la pollution pétrolière peut endommager les élevages piscicoles
côtiers (notamment les élevages de saumons et les parcs à huîtres) et polluer les marinas et les
plages touristiques.

La contamination des sols par les hydrocarbures peut également causer de nombreux
problèmes en raison de leur mobilité et de leur persistance dans l'environnement,
notamment :

• Le risque d'incendie ou d'explosion en raison de la réactivité chimique et de la volatilité des


hydrocarbures, notamment dans les espaces clos.

• La mobilité des hydrocarbures légers sur de grandes distances, dans les nappes d'eau
souterraine ou dans l'air.

• La persistance à long terme des hydrocarbures lourds dans le sol, entraînant une toxicité
pour la santé humaine et l'environnement.

• La dégradation de la qualité du sol, perturbant la rétention et la transmission de l'eau ainsi


que le cycle des substances nutritives des plantes, et affectant le degré d'aération du sol.

• Les problèmes esthétiques liés à l'odeur, au goût ou à l'apparence désagréable des


hydrocarbures présents sur ou dans le sol.
Enfin, il convient de noter que les effets de toxicité des hydrocarbures sont souvent en grande
partie attribuables aux additifs incorporés lors de leur fabrication industrielle (phénols,
amines aromatiques, etc.).

Influence des hydrocarbures sur les biocénoses

Les interactions entre les organismes vivants et leur environnement sont complexes, tout
comme leurs réponses à la présence des hydrocarbures déversés, pouvant entraîner des effets
subtils chez certains et mortels chez d'autres. Des études ont montré que l'impact des
hydrocarbures sur les organismes vivants dépend également de leur nature. Généralement, on
considère que les hydrocarbures aromatiques sont les plus toxiques, suivis des séries
oléfiniques et paraffiniques. Les doses allant de 80 à 90 ppm pour le benzène et le toluène, et
de 4 à 5 ppm pour le naphtalène et l'anthracène, sont toxiques pour les poissons. Les
hydrocarbures aliphatiques, moins toxiques, perturbent certains mécanismes biologiques par
blocage et saturation des organes récepteurs.

Effets des hydrocarbures sur les organismes planctoniques

Le plancton est particulièrement vulnérable aux hydrocarbures car il ne peut éviter les zones
contaminées, ce qui entraîne des répercussions sur les niveaux trophiques supérieurs. Chez le
phytoplancton, on observe une variation de la dose létale allant de 0.1 à 1000 ppm selon les
espèces, avec des réductions de croissance notées à partir de 0.01 ppm. L'incorporation des
hydrocarbures dans les cellules des algues planctoniques affecte directement les herbivores et
peut atteindre tous les niveaux de la chaîne alimentaire. Le zooplancton, maillon critique de
la chaîne trophique, alimente les poissons, les mammifères marins et les oiseaux. Toutes les
espèces de zooplancton testées meurent en 24 heures avec des doses de 100 ppm
d'hydrocarbures. Avec 1 ppm d'hydrocarbures, les adultes survivent généralement, mais leurs
larves meurent après deux ou trois jours.

Effets des hydrocarbures sur les plantes marines

Les plantes aquatiques, notamment les algues benthiques, sont indispensables à un équilibre
écologique normal. Cependant, de nombreuses espèces, comme le varech, la mangrove, les
mousses de mer et les algues, sont affectées par les déversements d'hydrocarbures. Les
mécanismes de toxicité impliquent une altération de la perméabilité de la membrane
cellulaire, entraînant le blocage des échanges vitaux et même la destruction des cellules.
Certaines espèces résistent mieux que d'autres aux hydrocarbures, et les algues vertes
prolifèrent souvent après leur élimination.

Effets des hydrocarbures sur les poissons

Les poissons peuvent être touchés par la pollution pétrolière en consommant des organismes
contaminés ou en cherchant leur nourriture dans des zones polluées. Les hydrocarbures
dissous ou dispersés dans l'eau peuvent être ingérés ou absorbés par les branchies et
s'accumuler dans le foie, la vésicule biliaire et l'estomac, contaminant ainsi la chair et la
rendant impropre à la consommation. Les poissons, recouverts de mucus, sont plus enclins à
l'engloutissement que les oiseaux marins. Toutefois, leurs muqueuses branchiales étant
sensibles, ils peuvent présenter des troubles respiratoires en cas de pollution aux
hydrocarbures. D'autres effets incluent l'inhibition de la croissance, la modification des
comportements et une sensibilité accrue des premiers stades de vie. Des études ont montré
des anomalies ultra-structurales dans les tissus ovariens et des anomalies cellulaires dans les
tissus branchiaux chez le saumon et les poissons plats vivant au-dessus de sédiments pollués.

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