La Liberte
La Liberte
La Liberte
LA LIBERTE
I - QUELQUES DEFINITIONS PREALABLES.
a - Etymologiquement, le terme de liberté vient du latin « liber » et se comprend surtout par
opposition à la condition de l’esclave, le « servus », ou du prisonnier.
b - Il est possible dans un premier temps de définir la liberté comme une totale absence de
contraintes. La liberté est alors synonyme de non-conditionné, de non-déterminé, de non-
aliéné. Ainsi, je fais l’expérience de la liberté, chaque fois que rien ne me détermine ou ne
vient contrarier ma propre détermination.
c - Un second sens, consécutif alors, pour ce terme de liberté est celui de choix,
d’autonomie. Je suis libre en ce sens lorsque face à moi plusieurs possibilités se présentent et
que je peux me déterminer par moi-même, sans qu’il y ait une pression extérieure qui me
force à opter pour telle ou telle possibilité. Le terme d’autonomie vient du grec
« autos et nomos « et signifie étymologiquement « à soi-même sa propre
loi ».
Etre libre donc, ce serait dans ces premières définitions, n’avoir ni limites ni contraintes.
Ce serait ensuite être exempt de condition. Ce serait enfin pouvoir choisir et se donner à
soi-même sa propre loi.
[d- Précisions sur les termes de libre arbitre et liberté d’indifférence. Ces deux concepts en
philosophie renvoient tous deux à la capacité de choisir entre deux ou plusieurs
comportements sans incliner a priori d’un côté plutôt que d’un autre. Il s’agit aussi de la
capacité à être cause première et absolue de ses actes. ]
libre cours à tout ce qui en moi cherche à s’ extérioriser et je laisse parler mes envies, mes
désirs, voire mes passions, sans tenir compte de la société ou des autres.
Dans un célèbre passage du Gorgias de Platon , le sophiste Calliclès affirme que la
liberté consiste à pouvoir agir selon son bon plaisir, et que ce qu’il importe c’est de faire
tout ce qu’on a envie de faire sans tenir compte de l’opinion d’autrui. Il dit ceci à
Socrate : « La vérité que tu prétends chercher, Socrate, la voici, la vie facile, l’intempérance
et la liberté de tout faire quand elles sont favorisées, font la vertu et le vrai bonheur. »
Ce qui veut dire aussi que selon Calliclès, pour être libre, il faut laisser faire la nature et
laisser parler sa nature, donc ne pas respecter les lois décidées par les autres ou par le plus
grand nombre, et qui ne nous conviendraient pas. Ce qui déciderait de la liberté pour
Calliclès, ce serait la nature, le corps, la satisfaction physique donnée aux besoins et aux
désirs. Ainsi, l’animal doué de forces vitales et qui suit son instinct n’est-il pas plus libre et
plus heureux que l’homme policé par des lois qui l’empêchent de faire ce qu’il aimerait faire ?
La culture a créé de toutes pièces une somme de contraintes abusives que les personnalités
fortes ne supportent pas. Calliclès pense que le plaisir et la passion qu’on peut satisfaire sont
les vrais marques de liberté. La morale selon lui est relative à chacun et ce qui est bon pour
moi devient alors automatiquement bien en soi.
Le refus des contraintes sociales et morales, l’affirmation de soi, la réalisation de ses
envies et de ses passions, même les plus extrêmes, constitueraient donc pour Calliclès la
plus haute des libertés.
B - L’individualisme anarchiste
Etymologiquement, l’anarchie est le refus d’un pouvoir transcendant et non justifié ( an-
arkhè veut dire en grec « absence de principe » , « absence de gouvernement » ). Peut-être
serait-il utile de distinguer le terme « anarchie », qui connote négativement les idées de
désordre et de danger, du terme d’anarchisme qui renvoie à une autre réalité politico-
historique. Au XIX° et au XX° siècles, la pensée anarchiste en effet s’est manifestée plus
positivement à travers des œuvres philosophiques – comme par exemple celles de Max
Stirner, de Joseph Proudhon, de Charles Fourier ou de Michel Bakounine, mais aussi par les
actions et les mouvements politiques libertaires. Parfois enfin, au travers de divers courants
artistiques et esthétiques.
L’anarchisme ne doit pas être confondu alors avec le nihilisme, et il est
fondamentalement une politique de « démocratie directe », dont les deux grands
concepts seraient l’autogestion et le fédéralisme. Il s’agirait pour la pensée anarchiste de
réaliser des micro-sociétés communautaires, dans lesquelles chaque citoyen pourrait décider
directement des lois et des règlements, selon lesquels il voudrait vivre. Ces diverses
communautés seraient alors fédérés entre elles, mais toujours selon les principes de
démocratie égalitaire.
De plus, les anarchistes affirment que les sociétés humaines sont mal agencées et que les
Etats quels qu’ils soient, sont trop hiérarchiquement ordonnées, car selon eux ils s’organisent
autour de pôles de pouvoir sans partage, qui en font des dictatures avoués ou déguisées. Pour
les anarchistes, il y a des formes d’Etat visiblement tyranniques et aliénantes, comme par
exemple l’impérialisme napoléonien ou le tsarisme russe, mais les démocraties sont
également critiquables et liberticides, car elles sont des démocraties « bourgeoises » et
fausses. De même que les marxistes ont combattu pour un idéal de société plus juste ( et qui
alors aurait dû supprimer la propriété privée, les classes sociales et l’argent ), les anarchistes
ont combattu pour des sociétés plus fines, plus soucieuses du point de vue de chacun, plus
libertaires aussi. Le propos anarchisant propose une destruction radicale et violente des
Etats existants, pour une réorganisation révolutionnaire des collectivités humaines en
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microsociétés ayant pour principe une démocratie directe et réelle, pratiquant une
consultation référendaire permanente et recherchant l’harmonie entre les citoyens.
Historiquement d’ailleurs, l’existence de « communes », de communautés, de phalanstères,
mais aussi au niveau économique de coopératives … ont pu traduire, dans la réalité concrète,
cette philosophie politique de l’anarchisme.
La pensée anarchiste est une pensée critique eu égard aux formes d’Etat qui ont existé
jusqu’à nos jours. Selon cette conception les sociétés se sont données des Etats basés sur
des faux contrats. Le contrat social est faussé, d’abord parce qu’il tend à inclure de
force les individus dans la masse et dans le nombre, et à les nier en tant qu’individus ;
cette inclusion pouvant prendre des formes coercitives et aliénantes contres lesquelles il
importe de se révolter. Les concentrations de pouvoir entre les mains de quelques uns ( par
exemple ceux qui ont de l’argent, ou ceux qui ont le pouvoir militaire … ) finissent par
dévoyer les principes de la démocratie. Deuxième raison pour laquelle le contrat est
faussé : selon les anarchistes, l’Etat prend plus qu’il ne rend, il demande à chacun de se
sacrifier au seul profit du tout. L’individu est contraint par une société, dont il n’a pas
réellement choisi l’organisation pas plus que les lois. Et il doit alors se plier « de gré » ou de
force à une structure qui ne respecte pas son individualité. Par exemple, dans la pensée
anarchiste de Max Stirner, il ne faut pas hésiter à faire preuve « d’égoïsme », car cet égoïsme
est une façon de défendre la valeur-moi. Si l’inclusion dans le collectif social est abusive,
alors la révolte égoïste est une sorte de mécanisme de défense qui protège l’individu.
Dans son ouvrage L’unique et sa propriété, il écrit : « Toujours vous me courbez sous le joug
étranger d’une puissance supérieure, vous humiliez ma volonté aux pieds d’une sainteté
quelconque. Vous me proposez comme un devoir, une vocation, un idéal sacré, cet esprit,
cette raison, cette vérité, alors qu’ils ne devraient être en réalité que mes instruments. »
De même, dans un passage célèbre de ses œuvres écrites, l’anarchiste Proudhon nous dit :
« Quiconque met la main sur moi pour me gouverner est un usurpateur et un tyran. Je le
déclare mon ennemi … Etre gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé,
légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré,
commandé par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la science, ni la vertu … Etre gouverné, c’est
être à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré,
recensé, tarifé, timbré, toisé, côté, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché,
réformé, redressé, corrigé. C’est sous prétexte d’utilité publique et au nom de l’intérêt
général, mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré,
mystifié, volé ; puis à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé,
vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé,
jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé,
déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! … O personnalité
humaine ! se peut-il que pendant soixante siècles tu aies croupi dans cette abjection ! »
Pour la pensée anarchiste, la liberté commence et se réalise dans l’acte fondamental de
la désobéissance. En conséquence, il faut désobéir aux concentrations abusives de pouvoirs
comme par exemple le pouvoir de la religion, de l’Etat, de l’armée … « Ni Dieu ni maître »
proclament les anarchistes. Pendant trop longtemps les hommes ont appris à obéir, ils ont
même fini par désirer leur propre servitude, ils sont comme « l’héautontimorouménos » de
Baudelaire et ils ne savent plus être libres et heureux.
L’individualisme foncier ; la révolte contre la société et contre toute ses formes
d’organisation injuste, absurde, hiérarchique ; la dénonciation des faux contrats ;
l’affirmation d’une liberté immédiate et la désobéissance en vue d’une démocratie réelle
et directe définissent le point de vue anarchiste.
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Mais, être libre, est-ce vraiment agir « naturellement », spontanément, sans respecter les
lois morales et sociales ? Etre libre, est-ce désobéir et affirmer son individualité contre la
société ? Etre libre est-ce aller jusqu’à l’absurde ?
mécanique et matériel, souvent au nom de valeurs transcendantes. Il dit alors non à l’instinct
vital, il se dégage de la seule nature. Dans son histoire, l’homme n’est pas resté prisonnier, par
la conscience et par la science – par le phénomène culturel en général – il a dominé la nature.
La liberté est faite de maîtrise et de pro-grés. La liberté est à envisager comme
processus de libération. L’animal, et le seul domaine naturel, ne sauraient constituer des
modèles de liberté, parce que pour l’être humain la liberté se situe dans la pensée, la
connaissance, la réflexion et non dans l’ignorance et l’aveuglement. La liberté arrive à
l’homme par l’Esprit et non par la nature.
à dire oui ? La liberté alors ne consisterait pas à affirmer le moi mais au contraire à
s’affranchir du moi …
Tel est le point de vue de la philosophie des stoïciens au sujet de la liberté …
déraisonnable que de former des désirs téméraires et que de vouloir que les choses arrivent
comme nous les avons pensées. Non, mon ami, la liberté consiste à vouloir que les choses
arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent. »
A cette philosophie de l’acceptation, il y a une double conséquence :
L’homme stoïcien est « stoïque ». Il est indifférent aux malheurs qui peuvent lui
advenir, puisqu’il les accepte a priori et que donc ils ne sont plus perçus comme des
malheurs. Le sage apprend à s’endurcir, à supporter la douleur, à être insensible aux coups du
sort, à ne pas être affecté par la vie extérieure, si bien que l’autre nom de la libération est le
détachement. Etre libre, c’est trouver la force en soi, c’est être maître de ses affects, c’est
être capable de mettre le monde à distance
Le stoïcien est celui qui préfère « changer ses désirs que l’ordre du monde ». S’il ne
peut avoir ce qu’il désire, du moins peut-il désirer ce qu’il a. Le stoïcien accepte ce qui ne
dépend pas de lui – le monde tel qu’il est – en modifiant ce qui dépend de lui – à savoir la
représentation qu’il peut se faire du monde. Paradoxalement, le fatalisme conformiste est une
éthique volontariste, et tout aussi paradoxalement, le malheur est un non-malheur. Et derrière
l’idée d’ataraxie, d’égalité d’âme, il y a l’idée que la liberté se trouve dans la maîtrise
spirituelle qui procure le contentement. S’accorder au monde tel qu’il est, c’est être dans le
bonheur.
D’abord la liberté d’indifférence ou encore libre arbitre, qui désignent la faculté pour
tout homme de se déterminer sans que rien ne le contraigne pour ceci plutôt que pour cela ;
c’est-à-dire de pouvoir choisir. Dans les Méditations, Descartes écrit que la liberté
consiste… « en ce que nous pouvons faire une chose ou ne pas la faire … et que nous
agissons de telle sorte que nous ne sentons point qu’aucune force extérieure nous y
contraigne. » Or, cette liberté, qui est entière pour Descartes est à la fois ce qu’il y a de
meilleur et de pire. Le meilleur : d’un côté cette liberté d’indifférence est « si ample et si
étendue » qu’elle apparaît aux yeux de Descartes comme une sorte de marque divine en
l’homme. » Ainsi, il écrit de la liberté que « c’est elle qui principalement me fait connaître
que je porte l’image et la ressemblance de Dieu. » Le pire : d’un côté, Descartes appelle cette
même liberté d’indifférence « le plus bas degré de la liberté ». Comment rendre compte de
cette contradiction ? En effet, je suis libre et même totalement libre. Cela veut dire que pour
prouver ma liberté, je peux par exemple nier les vérités d’évidence et affirmer que 2 plus 2 ne
font pas 4 . Puisque la liberté est libre, elle peut se prouver à elle même négativement sa
propre liberté, c’est-à-dire qu’elle peut toujours choisir le faux à la place du vrai, le mal
à la place du bien. Si Dieu avait donné à l’homme uniquement le vrai et le bien, alors
l’homme ne pourrait être dit libre, puisqu’il aurait été déterminé a priori. Mais, au contraire, il
a été donné à l’homme d’être libre et il est dans l’essence de la liberté « d’errer ».
[ On peut remarquer que dans cette conception cartésienne la liberté est un privilège, mais
qu’elle est aussi un risque. Cette ambivalence se retrouvera au XX° siècle dans la philosophie
de Jean Paul Sartre dont on sait qu’il a pu écrire « La liberté est un fardeau », mais aussi
« L’homme est condamné à être libre ». Pour le Sartre de L’Etre et le néant et de
L’Existentialisme est un humanisme, la liberté est d’un côté l’être même de l’homme, mais
d’un autre côté, elle se révèle comme angoissante, car elle responsabilise l’homme.
La nécessité
En moi, la raison pratique me dit « tu dois », elle me fait connaître le bien et me dicte
d’accomplir la loi. Ainsi le concept de devoir n’est pas obtenue à partir du monde réel,
matériel, empirique, mais il est un « a priori » de la raison pratique. Une figure de géométrie
tracée sur le papier ne peut à elle seule fonder la validité d’un raisonnement. De même, la
seule expérience de la vie des hommes ne peut nous donner l’universalité et la nécessité
inhérentes au concept de loi. Ainsi la morale « juste », pour Kant, ne se définit pas par un
exemple concret que nous pourrions rencontrer, pas plus que par la coutume du plus grand
nombre, mais par la loi rationnelle en nous. Si je regarde vivre les êtres humains et que je
prends modèle sur eux, alors il y a de fortes probabilités pour que je devienne cynique et
immoral. Les principes de la morale ne se trouvent pas à l’extérieur de soi mais à l’intérieur
de soi. Le devoir moral n’est pas dérivé de l’expérience ; au contraire c’est lui qui
ordonne l’expérience. La morale n’est pas de l’ordre de ce qui est, mais de ce qui doit
être.
La loi morale, apprésentée comme impératif catégorique se décline ainsi :
« Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi
universelle de la nature.
Agis de telle sorte que tu traites l’humanité dans ta personne aussi bien que dans la
personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplement
comme un moyen »
La loi morale selon Emmanuel Kant provient de la raison humaine. Et il nomme ce fait
fondamental pour l’homme de se donner et de s’imposer à lui-même la loi morale le principe
d’autonomie de la volonté. Par lui, nous comprenons aussi pourquoi notre obéissance à la loi
n’est pas fondée par un intérêt matériel ou par un mobile extérieur. L’homme obéit à la loi
qu’il se donne lui même ; en matière de morale, il ne saurait y avoir d’hétéronomie.
Dans la Critique de la raison pratique, Kant a écrit : « Il faut que la raison se considère elle
même comme l’auteur de ses principes, à l’exclusion de toute influence étrangère par suite
comme raison pratique ou volonté d’un être raisonnable, elle doit elle-même se regarder
comme libre, c’est-à-dire que la volonté d’un être raisonnable ne peut être qu’une volonté lui
appartenant en propre sous l’idée de liberté. »
Etre libre, c’est obéir à la loi rationnelle que l’homme se donne à lui-même.
Or cette liberté – outre le fait qu’elle renvoie à une possible idéalité nouménale - a pour
conséquence la dignité de tout homme. Que l’ homme soit auteur de la législation universelle,
qu’il soit libre, qu’il soit une fin en soi et non un moyen ; tout cela Kant le décline avec le
concept de « personne ». La personne désigne pour Kant la foncière appartenance de chaque
être humain au genre humain et ipso facto à la dignité propre au genre humain. Chaque être
humain, être rationnel moral et autonome est sujet de droit, a droit aux droits; et en tant que
tel il doit être respecté.
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De la liberté, Schiller a pu dire qu’elle abritait en elle « l’abîme le plus profond et le ciel
le plus sublime ». Il importe d’éviter les abîmes de la liberté.
La liberté n’est pas incompatible avec la loi. Etre libre ce n’est pas refuser toutes les lois,
mais ce n’est pas pour autant accepter n’importe quelle loi. Etre libre ici a été envisagé à
partir de la loi rationnelle ; et cela aussi bien pour la conduite de sa propre vie que pour
la cohabitation avec les autres.
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LA LIBERTE
[ Plan et grandes idées de la leçon ]
I - DEFINITIONS
a - Il est possible de définir la liberté de manière générale, comme une totale absence de
contraintes.
b - Un second sens consécutif est celui de choix, d’autonomie ( auto-nomie
étymologiquement veut dire « à soi même sa propre loi » ).
c - Les termes de « libre arbitre » et de « liberté d’indifférence » renvoient eux aussi à la
capacité de choisir entre deux ou plusieurs comportements sans incliner a priori d’un côté
plutôt que de l’autre.
B - L’ individualisme anarchiste.
La pensée et le mouvement anarchiste rejettent également l’idée de soumission à une société
ou à des institutions que nous n’aurions pas vraiment choisies; ils critiquent l’idée de normes
imposées de l’extérieur par un pouvoir abusif, qui n’aurait pas demandé notre consentement.
L’anarchiste pense que la société tend à inclure de force les individus dans son organisation
structurée à elle et par là même à les nier en tant qu’individus. Il est alors nécessaire de se
révolter contre les formes coercitives et aliénantes de la société ( comme par exemple : la
religion, l’Etat ou l’armée … ) et de faire valoir ses droits d’être humain particulier. Il est
nécessaire de se défendre de manière « égoïste », si on veut arriver à une démocratie directe et
réelle. Pour les anarchistes, l’idéal de vie socio-politique prend la forme d’une communauté
autogérée par des citoyens, qui à chaque moment décident de leurs règles de vie. En ce sens,
désobéir aux lois mal faites et aux politiques aliénantes est l’acte fondateur de la liberté.
C - L’acte gratuit.
Etre libre, ce serait peut-être désobéir aux règles logiques et rationnelles pour se laisser aller
au délire, à l’imagination débridée, au n’importe quoi. La liberté peut alors être envisagée
comme une absence de rationalité, une déliaison entre la cause et l’effet, une radicale
imprévisibilité. Telle est la figure de l’acte gratuit qui est un acte commis sans raison , un acte
immotivé, fait pour rien et qui à cause de cela peut être dit inconditionné. Dans son roman Les
Caves du Vatican, André Gide illustre la thèse de l’acte gratuit par le meurtre gratuit commis
par Lafcadio.
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Etre libre donc ce n’est pas refuser toutes les lois, ce n’est pas non plus accepter
n’importe quelle loi, mais c’est accéder et obéir à la loi morale rationnelle.
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