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Cours Liberté

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Liberté et devoir :

Introduction : Harry , le protagoniste du film « Le huitième jour »( du réalisateur Vaco Van Dormael ) a
été tellement absorbé par son travail qu’il a oublié d’aller chercher ses filles à la gare . Des contraintes
extérieures ( la nécessité de travailler , les embouteillages et le stress quotidien) lui ont fait oublié ses
devoirs de père de famille. D’autre part , Georges cherche à se libérer de toutes les contraintes
physiques et psychologiques ( son handicap , la « prison » de l’institut ) pour retrouver la joie de vivre ,
quitte à transgresser les normes sociales. Harry apprend la liberté au contact de Georges , Mais , peut-
on appeler liberté tout désir de se délivrer des fardeaux de l’existence ? « Faire ce qu’on veut » : c’est
la définition la plus commune de la liberté et la plus problématique. Certes , on a un sentiment
d’indépendance. Mais , est-on capable de faire ce qu’on veut ? a-t-on le droit de faire ce qu’on veut ?
Ainsi , agir librement et sans contrainte , en obéissant à ses désirs n’est pas possible car il y a des
contraintes extérieures ( juridiques , physiques , morales…) et intérieures ( conscience morale ,
préjugés ) le sentiment de la liberté n’est donc pas une preuve de l’existence de la liberté . Face à ces
contraintes , les philosophes ont distingué libre arbitre qui est acte de libre choix , puissance de la
volonté et l’autonomie qui est obéissance raisonnable à la moralité . De ce fait , une relation étroite est
tissée entre la liberté et le devoir. Il n’ y a donc pas de liberté absolue , sauf si on décide de vivre seul

mais serait-on toujours humain ? Dans un registre strictement philosophique, le mot liberté désigne le
pouvoir qu’aurait notre volonté de choisir ses fins et d’agir de son propre mouvement, sans résulter
entièrement des facteurs qui agissent sur elle. Le devoir se définit comme une obligation morale qu’on
s’impose à soi-même comme sujet libre , sinon on risque de perdre sa liberté car ce qui doit valoir pour
moi doit valoir pour tout autre homme. Dans quelles conditions peut-on être libre sans être empêché et
sans empêcher les autres de jouir de leur liberté ? Devoir et liberté sont-ils compatibles ?

Nous allons d’abord définir les différents sens de la notion de liberté avant de voir ses articulations
avec la notion de devoir et ses rapports avec la nécessité et les différents déterminismes.

I- Les différents sens de la liberté :

A- Le sens métaphysique :

1- Le libre-arbitre : : C’est la faculté de se déterminer uniquement par soi-même , en agissant et en


jugeant selon sa propre initiative , malgré tous les déterminismes. Dans ce sens , Descartes dit : « si je
connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon , je ne serais jamais en peine de
délibérer quel jugement et quel choix je devrais faire ; et ainsi je serais entièrement libre , sans jamais
être indifférent. »( Méditations métaphysiques ). Le libre arbitre est donc la capacité , pour un être
humain , de se dire l’auteur de son action , ce qui entraine la responsabilité de ses actes. La liberté pour
Descartes est une propriété de la volonté , donnée à priori. Etre libre , c’est forcément choisir car il est
difficile d’imaginer que devant un choix , on reste indécis comme l’âne de Buridan qui ayant soif et faim
à un degré égal , n’arrive ni à boire ni à se nourrir . Cette absence de choix est ce qu’on appelle la liberté
d’indifférence. C’est « le plus bas degré de la liberté » selon Descartes, car pour être libre , il faut
admettre la nécessité d’un choix déterminé par le désir ou la raison ou tout autre cause.

2- L’indépendance : Elle se définit comme absence de dépendance , de servitude ou soumission à l’égard


de quelqu’un ou de quelque chose. Etre indépendant, c’est s’affranchir de tout déterminisme ou
influence et décider et agir conformément à sa propre volonté. Le concept d’indépendance renvoie à
une liberté intérieure , à un sentiment d’affranchissement envers tout ce qui dépend de la volonté . Les
stoïciens considéraient que le sage est libre si il sait distinguer ce qui dépend de lui ( ses jugements , ses
représentations , ses désirs )de ce qui ne dépend pas de sa volonté( la vieillesse, la richesse , le pouvoir )
. Cette distinction lui permet de rester libre tout en acceptant ce qui est de l’ordre de la nécessité. C’est
ainsi que le sage peut accéder au bonheur car l’esclavage c’est de vouloir que les choses arrivent comme
on le désire , ce qui est source de frustration et de souffrance. Epicure affirme dans le même sens «
Quand on se suffit à soi-même , on arrive à posséder le bien inestimable qu’est la liberté. » Toutefois ,

l’indépendance et l’autarcie sont-elles possibles quand on est homme vivant avec d’autres hommes ?

« Est libre l’homme qui ne rencontre pas d’obstacles et qui a tout à sa disposition comme il veut.
L’homme qui peut être arrêté, contraint, entravé ou jeté malgré lui dans quelque entreprise est un
esclave. Mais quel est celui qui ne rencontre pas d’obstacles ? C’est celui qui ne désire rien qui
lui soit étranger. Et qu’est-ce qui nous est étranger ? C’est ce qu’il ne dépend pas de nous d’avoir
ou de ne pas avoir, ni d’avoir avec telle qualité dans telles conditions. Ainsi le corps nous est-il
étranger, étrangères ses parties, étrangère notre fortune ; si tu t’attaches à l’une de ces choses
comme à ton bien propre, tu subiras le châtiment que mérite celui qui convoite des choses
étrangères. Telle est la route qui conduit à la liberté, le seul moyen de nous affranchir de
l’esclavage. »
EPICTETE

3- L’autonomie : C’est n’obéir qu’à la loi rationnelle qu’on se donne , c’est-à-dire à l’obligation
intérieure qui peut préserver ma liberté et la liberté d’autrui. En cela , l’autonomie s’oppose à
l’hétéronomie qui est soumission à la tutelle d’autrui , à une loi étrangère à sa raison. Kant considère
que l’autonomie exige le courage de se servir de sa raison : « Sapere aude ! Aie le courage de te servir
de ton propre entendement. » Etre autonome c’est donc penser par soi même . Une liberté sans
connaissance est une illusion de liberté.

Mais , A-t-on le pouvoir d’exercer son libre-arbitre , d’être absolument indépendant et autonome , sans
prendre en considération le vivre-ensemble ? Cette liberté intérieure ou psychologique ne conduit-elle
pas à la solitude et au solipsisme ?

B- Le sens moral :

1- La liberté comme maitrise de ses désirs : La notion de devoir implique une obligation choisie et non
une contrainte exterieure. Ainsi , l’homme en choisissant de donner libre cours à ses désirs risque d’en
être esclave tel Calliclès ( Platon , Gorgias ,le supplice des danaïdes-filles condamnées dans la
mythologie à remplir des tonneaux percées) . C’est pourquoi certaines morales antiques définissent le
sage comme celui qui arrive à maitriser ses passions . Toutefois ,cette obligation est soumise à une fin :
la réalisation du bonheur.

2- la liberté comme devoir : La raison ne peut commander une morale qui nuit aux autres . Kant met en
évidence ce rapport de la liberté au devoir : la volonté libre est celle qui agit , au-delà des déterminismes
passionnels , de l’intérêt et du plaisir, de manière universelle en considérant l’homme comme fin de
toute action. C’est l’impératif catégorique que Kant formule sous ce rapport « Agis de telle sorte que tu
traites l’humanité , aussi bien dans ta personne que dans la personne d’un autre , toujours en même
temps comme fin et jamais simplement comme un moyen » Seul un être libre peut choisir entre le
bien et le mal ( texte de Kant) Rousseau considère que le devoir est issu d’un sentiment naturel ( la
pitié , le sentiment de la justice ) et donc vouloir être libre est un devoir envers toute l’humanité et tout
droit positif doit se fonder sur ce droit naturel inaliénable car « renoncer à sa liberté , c’est renoncer à
sa qualité d’homme , aux droits de l’humanité et à ses devoirs . »

C- Le sens politique :

1- Liberté individuelle et liberté civile : Selon Hannah Arendt « La raison d’être de la politique
est la liberté », la liberté ne peut se concevoir que dans la sphère politique car si on est dominé ou
esclave , nous serions privés de liberté , ou illusionnés sur sa liberté réelle : Epictète l’esclave jouit-il de
la même liberté que Marc Aurèle l’empereur ? Tous deux se considèrent libres en évitant de se
soumettre à leurs passions mais aucun n’est libre car absents à la réalité sociale et économique. C’est
pourquoi , la liberté individuelle n’est rien sans liberté politique et économique. Cette antinomie est ce
qui poussera Rousseau à vouloir concilier communauté et liberté civile en proposant un contrat social
qui ferait coïncider l’institution de l’Etat et l’entrée en liberté . « Chacun, affirme Rousseau , se donnant
à tous , ne se donne à personne. »

2- Pas de liberté sans accès effectifs aux droits fondamentaux :

Que vaut la liberté , si nous manquons de moyens pour la rendre effective ? c’est à cette question que
répond Amartya Sen( prix Nobel d’économie 1998)en créant le concept de capabilité. En effet , la
capabilité désigne la liberté réelle et effective de faire quelque chose. Ainsi , il y a une liberté de
voyager , mais si je n’ai pas l’argent de le faire , cette liberté serait sans effet . il en va ainsi de
l’éducation , de l’accès à la culture et aux soins .

C’est cette dimension économique et sociale de la liberté qui a suscité la réflexion de Marx au 19éme
siècle . la liberté s’oppose à l’aliénation , or , dans la société capitaliste , l’homme qui ne possède pas les
moyens de production est condamné à vendre sa force du travail et à ne pas être maitre de sa vie . Il y a
donc des contraintes liées à la vie sociale , à l’histoire et à la culture.

Mais sommes-nous condamnés à subir ces déterminismes ?

II- Ce qui nous empêche d’être libre est ce qui nous donne la volonté de se libérer .

On invoque souvent des causes extérieures ou une puissance supérieure qui préside à nos actes
pour nier la liberté de l’homme. Il convient ici de distinguer déterminisme et fatalisme. Le fatalisme est
une doctrine qui postule qu’une puissance mystérieuse( le destin ) fixe inéluctablement le cours des
évènements ; tout est déjà écrit. Le fatalisme est irrationnel. Quant au déterminisme, conçu
essentiellement pour les phénomènes physiques, il renvoie à la relation de cause à effet.

1- le règne des déterminismes : le déterminisme est un principe qui suppose que tout effet a une
cause , ainsi , tous les phénomènes sont réduits à un ensemble de causes et d’effets. Si l’homme est
déterminé , cela veut dire qu’il n’est pas libre d’agir et de penser comme il veut. Il existe différents
facteurs de détermination : facteurs biologiques ou génétiques ( je veux du chocolat , je crois être libre
de désirer mais au fait c’est une carence biologique qui me détermine) , déterminisme psychologique
( le Surmoi agit en moi pour m’interdire telle action) ou déterminisme socio-culturel( nous sommes
conditionnés par les normes de la classe ou la culture à laquelle nous appartenons) Dans ce sens ,
Durkheim affirme : « Le devoir , c’est la société en tant qu’elle nous impose des règles, qu’elle nous
assigne des bornes à notre conduite. » Ces influences nient –elles absolument la liberté ? Peut-on nier
complètement libre-arbitre et volonté ?( critiques de l’inconscient dans le cours sur la conscience : Alain
et Sartre )

2- Nécessité et illusion de la liberté : Spinoza remet en question le libre-arbitre , car pour lui ,
l’homme n’échappant pas aux lois de la nature , a conscience de ses actes mais ignore les causes qui les
déterminent ; c’est dans ce sens qu’il n’est pas libre ; un enfant se croit libre de désirer le lait , un
« ivrogne croit dire par un libre décret de l’âme ce que, dessoûlé , il voudrait avoir tu » , ils ont
l’illusion de la liberté . Ainsi, Spinoza définit la liberté comme connaissance de la nécessité ou libre
nécessité . Paul Ricœur , commentant Spinoza , affirme à juste titre « C’est la leçon de Spinoza : on se
découvre d’abord esclave , on comprend son esclavage , on se trouve libre de la nécessité comprise ». la
compréhension des causes qui nous font agir nous permettent de s’en libérer . Ainsi , la détermination
peut être dépassée grâce à la prise de conscience de ses effets et à la connaissance de ses causes.

« C’est ainsi qu’un petit enfant croit librement désirer le lait, un jeune garçon en colère vouloir la
vengeance, un peureux la fuite. Un homme en état d’ébriété aussi croit dire par un libre décret de l’âme
ce que, sorti de cet état, il voudrait avoir tu ; de même le délirant, la bavarde, l’enfant et un très grand
nombre d’individus de même farine croient parler par un libre décret de l’âme, alors cependant qu’ils ne
peuvent contenir l’impulsion qu’ils ont à parler ; l’expérience donc fait voir aussi clairement que la
raison que les hommes se croient libres pour cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et
ignorants des causes par où ils sont déterminés. »
SPINOZA, Ethique

III- Liberté et responsabilité :

1- La liberté est un processus :

Pour le christianisme et la philosophie classique , l’homme est un être défini par une nature c’est-dire
une essence car crée par un Dieu avant d’accéder à l’existence .Pour Sartre , dans l’absence de Dieu , La
liberté n’est pas une donnée qui caractérise l’homme à l’état de nature, elle est construite . En effet ,
l’homme , sans Dieu , est jeté dans ce monde et il n’a pas d’essence , il n’est rien et il doit se faire à
travers ses choix et ses actes. C’est dans ce sens qu’on peut comprendre l’idée de Sartre selon laquelle
« l’existence précède l’essence. » « Cela signifie que l’homme existe d’abord , se rencontre , surgit
dans le monde et qu’il se définit après. » De ce fait , l’homme n’étant ni défini ni déterminé , il est
condamné à être libre et à créer des valeurs qui font de lui un humain, « on ne nait pas homme , on le
devient . » (Erasme) La liberté est donc un processus de libération de toutes les excuses que constituent
les déterminations ( le fait de naitre dans une telle société , la présence de l’inconscient , le fait de naitre
esclave…)Sartre ajoute que la liberté est résistance à toutes les formes de déterminations : « Nous
n’avons jamais été aussi libre que sous l’occupation » C’est dire que l’invention de la liberté se produit
grâce au dépassement des obstacles, à la mise à distance de ce qui semble déterminer la conscience . La
liberté est néantisation( négation de toute donnée , de l’existence d’une nature de l’homme )

2- « Un homme, ça s’empêche. »
Cette phrase d’Albert Camus ,extraite du Premier homme , témoigne de la responsabilité éthique de
l’homme. En effet , au-delà de la morale abstraite de Kant , la philosophie moderne insiste sur une
liberté soumise aux devoirs de l’humanité et d’humanité. Schopenhauer oppose à la loi purement
rationnelle , une force affective, la pitié et l’empathie . Hans Jonas élargit la notion de devoir dans le
temps et dans l’espace en énonçant comme Kant un impératif catégorique « Ne compromets les
conditions pour la survie indéfinie de l’humanité sur terre » Ainsi, l’homme est responsable de ses actes
envers la nature et les générations futures. L’ampleur de notre pouvoir , de notre savoir et donc de
notre liberté nous impose le devoir de les orienter vers la conservation de la vie.

Conclusion : Nous aurons vu que la liberté est une valeur problématique. Elle est un sentiment
intérieur d’indépendance et l’expression de l’autonomie de l’individu. En tant que libre-arbitre , la
liberté est associée à l’idée du devoir car sans le libre-arbitre , nous ne serions pas responsables de nos
choix. Toutefois , cette faculté reste insuffisante pour expliquer les actes humains puisque l’homme
subit différentes contraintes et déterminismes . Mais , ces déterminismes , en opposant une résistance à
la volonté , n’incitent-ils pas l’homme à se libérer ? Ainsi , la liberté serait redéfinie comme effort de
libération , action d’affranchissement de la nécessité et désir de dépassement de soi .

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