Méthodologie Des Institutions Financières

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LA NOTATION DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES

ET ANNEXES

BLOOMFIELD RATINGS

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06 BP 1888 ABIDJAN 06, COTE D'IVOIRE
1. METHODOLOGIE GENERALE D’ANALYSE DES INSTITUTIONS FINANCIERES

1.1 Principes généraux

Chez Bloomfield Investment, la notation des banques s’appuie sur deux séries de critères, qui
font l’objet d’une notation sur deux échelles spécifiques: le soutien de l’environnement et la
qualité de crédit intrinsèque, puis sont combinées sur l’échelle universelle de notes à long
terme

1.1.1 Le soutien de l’environnement

Il s’agit pour Bloomfield Investment de déterminer de quel niveau de soutien bénéficierait la


banque en cas de difficulté, ce soutien pouvant être apporté, selon les cas, par ses actionnaires
mais également par l’Etat ou par la Place.
L’analyse prend également en considération non seulement la volonté des tiers d’apporter un
soutien, mais également leur capacité à le faire, qui est directement liée à leur note. Ce critère a
une importance particulière pour l’analyse des institutions financières en raison de la vitesse à
laquelle la situation financière d’une banque peut se dégrader en cas de matérialisation de l’un
des risques à laquelle elle est exposée.

Bloomfield Investment - note le niveau de soutien potentiel accordé à une banque sur une
échelle de 1 à 5, avec 5 indiquant un soutien très élevé et 1 une absence de soutien.
L’analyse du soutien de l’environnement permet à l’agence de déterminer la note minimum
pouvant être attribuée à la banque sur son échelle long terme. Elle est étroitement liée, en
général, à la note de l’institution apportant son soutien ; s’il ya plusieurs institutions apportant
un soutien de niveau comparable, alors l’agence retient celle qui a la note la plus élevée.

1.1.2 La qualité de crédit intrinsèque

Le but de Bloomfield Investment est ici d’évaluer la capacité de la banque à faire face à ses
engagements sans avoir recours à des mécanismes de soutien extérieurs. Elle est notée sur une
échelle de A à E, des notes intermédiaires (A/B ou B/C par exemple) pouvant être utilisées. La
note de A n’est attribuée que rarement ; elle dénote une capacité exceptionnellement élevée à
faire face à ses engagements extérieurs.

A l’opposé, la note E est attribuée aux banques dont la situation financière apparaît dégradée,
et qui seraient dans l’impossibilité de faire face à la matérialisation d’un des risques auxquels
elles sont exposées sans soutien extérieur.

L’analyse de la qualité intrinsèque permet à Bloomfield Investment de déterminer la note de la


banque sans prendre en considération le soutien dont elle peut bénéficier de l’extérieur. La
note finale est égale au maximum de la note planché induite par la note de soutien et de la note
induite par la note intrinsèque.

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1.2 L’analyse du soutien de l’environnement

Le soutien à une banque peut s’inscrire dans le cadre institutionnel, qu’il s’agisse de textes de
loi ou de pratiques usuelles, dans lequel évolue la banque, ou provenir d’actionnaires
(shareholders), voire d’autres parties prenantes (Stakeholders).

1.2.1 Soutien institutionnel

Le soutien institutionnel désigne l’aide dont peut bénéficier une banque de la part des
autorités – Etat ou institutions publiques- ou de la Place. La banque centrale peut également
jouer un rôle majeur dans une opération de soutien, directement en jouant son rôle de prêteur
en dernier ressort ou en mobilisant les banques de la Place. Afin de l’évaluer, les agences
s’intéressent plus particulièrement au degré d’interventionnisme de l’Etat dans l’économie et à
la réglementation et aux pratiques du pays dans lequel est basée la banque.

❑ L’intervention de l’Etat

L’évaluation du rôle que l’Etat peut jouer afin de soutenir une banque s’appuie sur une analyse
de sa capacité et de sa volonté d’apporter un soutien. La capacité est mesurée à partir de la
note souveraine du pays. Les agences s’appuieront cependant sur la note en monnaie locale,
puisque le soutien à une banque locale ne nécessite pas de sorties de devises. Evaluer la
volonté de l’Etat de soutenir une banque nécessite tout d’abord d’analyser les relations de la
banque avec l’Etat et les pratiques de ce dernier en matière d’intervention dans l’économie.

▪ Une garantie explicite constitue la forme de soutien la plus forte, et se traduit par
l’attribution à la banque de la même note que celle du souverain ou, d’une manière générale,
de l’entité qui octroie sa garantie. La garantie explicite s’applique généralement à certains
types d’instrument émis par la banque.
▪ La garantie peut être également implicite, c'est-à-dire découlant d’un texte de loi précisant
que l’Etat est responsable des engagements d’une banque. Cela se traduit également par
une note égale à celle du souverain, mais certaines agences peuvent modifier la note si elles
anticipent un amendement du texte de loi.
▪ Une participation majoritaire de l’Etat est un signe de soutien fort, mais Bloomfield
Investment lui accordent un poids inférieur à une garantie. La note plancher peut donc
variée en fonction de l’entité en question quoique restant élevée. Une participation
minoritaire entraîne une décote encore plus forte de la note planchée.
▪ L’importance de la banque dans l’économie est un élément pris en considération par
Bloomfield Investment . Elle peut provenir du rôle que joue la banque dans l’économie – par
exemple un rôle de financement d’activités d’intérêt général – ou de sa taille. La défaillance
d’une grande banque peut entrainer une crise de système, ce que peu d’Etats vont accepter
sans réagir, parfois quitte à violer certaines réglementations internationales. C’est le
principe du «too big to fail »

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❑ La réglementation et les pratiques

La réglementation bancaire fournit, dans la plupart des pays, le cadre du soutien dont
peuvent bénéficier les banques qui ne peuvent être soutenues par l’Etat ou par une autre
institution publique. Bloomfield Investment étudie afin d’intégrer dans la note de soutien les
mécanismes propres au système bancaire de chaque pays. La réglementation précise, en
général, quel type d’intervention peuvent réaliser les autorités afin d’éviter une faillite, avec,
pour finalité, non pas de maintenir l’établissement en activité, mais de protéger les épargnants
et, dans une moindre mesure, les contreparties.

Que ce soit inscrit ou non dans la réglementation bancaire, la banque centrale joue un rôle clef
dans la mobilisation des acteurs de la Place pour soutenir une banque. En effet, seule la banque
centrale peut intervenir efficacement pour résoudre une crise : soit en injectant de la monnaie
dans le système en cas de crise de liquidité, soit en soutenant - directement ou à travers les
autres banques – une banque défaillante, dans le cas où celle-ci peut entrainer des faillites en
chaîne. Elle joue là un rôle de prêteur en dernier ressort.

Le soutien à des banques de moindre importance dépend du degré d’interventionnisme de la


politique économique de l’Etat. Ceci peut s’apprécier en observant l’attitude des autorités lors
des crises passées, ou en étudiant la politique économique de l’Etat, et en particulier le rôle
qu’il accorde au système bancaire. Le degré d’indépendance de la banque centrale par rapport
à l’Etat est également un critère important.

1.2.2 Soutien des actionnaires

Les actionnaires peuvent apporter leur soutien à une banque en difficulté sans avoir été
forcement sollicités par les autorités. Plusieurs cas de figure sont possibles.

▪ L’actionnaire détient une participation majoritaire qui lui octroie un contrôle total sur les
activités de la banque. Dans ce cas, en cas de faillite, il peut être appelé en comblement de
passif, ce qui constitue une forte incitation à soutenir la banque. Le soutien est donc
probable mais pas certain : l’actionnaire peut, en effet, faire valoir qu’il n’a pas les moyens
de débourser les sommes nécessaires pour soutenir la banque défaillante.
▪ La banque peut revêtir un intérêt stratégique important pour l’actionnaire, même si celui-ci
ne détient pas une participation majoritaire. La probabilité pour que l’actionnaire
intervienne en cas de difficulté dépendra de plusieurs facteurs, dont sa propre situation
financière, l’ampleur du soutien à fournir, et les conséquences d’un arrêt de l’activité ou
d’une cession de la banque.
▪ La réglementation du pays où la banque est basée peut obliger les banques à désigner un
actionnaire de référence, qui détiendra une part importante du capita l- mais pas
nécessairement majoritaire – et devra intervenir en cas de difficulté. Cet actionnaire est
généralement une institution financière. L’impact sur la note dépendra de la réglementation
et de la qualité de crédit de l’institution apportant son soutien.
D’une manière générale, hormis les cas où le soutien prend la forme d’une garantie ou d’une
lettre de confort, ou encore les cas où l’implication de l’actionnaire dans la banque est très
importante, les agences accordent moins de poids au soutien des actionnaires qu’au soutien de
nature institutionnelle.
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1.3 La qualité de crédit intrinsèque

L’analyse de la qualité de crédit intrinsèque des banques ressemble en de nombreux points à


celle qui s’applique aux entreprises industrielles et commerciales. Cependant, elle présente
des spécificités liées à l’importance de la réglementation dans ce secteur, à son impact sur le
jeu de la concurrence et au niveau élevé de risque que prennent les banques. C’est sur ces
spécificités que se centre notre présentation.

1.3.1 La taille

La taille est un élément déterminant dans la notation d’une banque. Outre l’avantage qu’il
confère en termes de position concurrentielle, une taille importante permet de réaliser des
économies d’échelle et d’améliorer la compétitivité de la banque. Dans un marché en phase de
maturité, caractérisé par une concurrence intense et des marges faibles - ceci constitue un
atout fondamental, qui est pris en compte dans la notation de la banque par Bloomfield
Investment.

1.3.2 La franchise et les avantages compétitifs

La franchise d’une banque est un terme d’origine anglo – saxonne désignant le fonds de
commerce de la banque. Celui-ci est étroitement lié à sa marque et à sa réputation, et, d’une
manière générale, à la perception qu’ont les clients de la qualité des services proposés.
Bloomfield Investment prend également en considération les autres avantages compétitifs
que possède une banque et lui permettent de se distinguer des autres établissements. Ils
peuvent provenir des protections offertes par la réglementation, de son savoir-faire, de sa taille
ou de son efficacité. Ils constituent des facteurs essentiels dans la notation intrinsèque. Leur
évaluation s’appuie sur un grand nombre de critères de nature qualitative, dont les principaux
sont :
▪ Position concurrentielle de la banque sur ses marchés : Cette analyse se fonde sur une
démarche similaire à celle à laquelle ont recours les agences pour les entreprises
industrielles et commerciales. Elle se fonde notamment sur une évaluation du potentiel de
croissance du marché, sur une analyse de la concurrence (nombre d’intervenants sur
chaque segment de marché, parts de marché, etc.), et une identification des avantages
concurrentiels de la banque.
▪ Atouts liés au contexte institutionnel : il s’agit d’identifier les opportunités et menaces que
présente le système bancaire du ou des pays dans lequel évolue la banque. L’analyse se
concentrera en particulier sur les protections offertes par la réglementation et les pratiques
bancaires, qui, dans certains pays, conduisent à limiter la concurrence dans certains
secteurs.
▪ Atouts liés à son savoir-faire : ils peuvent être évalués à travers la reconnaissance par le
marché de la banque sur ses différents métiers, la qualité du management, la pertinence de
la stratégie, et, élément spécifique à toutes les activités de service mais particulièrement vrai
pour la banque, le talent des hommes (et les femmes) qu’elle emploie. La technologie est un
élément important, mais pas fondamental dans la plupart des métiers bancaires, car elle
s’acquiert à un coût relativement faible.

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1.3.3 La capacité à absorber des pertes et à générer des profits

Le capital d’une banque doit lui permettre d’absorber les pertes potentielles engendrées par
les risques qu’elle prend. L’importance – ou l’adéquation – des fonds propres par rapport aux
risques pris ainsi que la capacité de la banque à les consolider constituent des facteurs clefs de
notation.

❑ L’adéquation des fonds propres

Le niveau des fonds d’une banque constitue un facteur clef de notation. Des fonds propres
importants permettent non seulement à une banque d’absorber des pertes, mais également de
faire jouer l’effet de levier pour acquérir d‘autres établissements et conforter ainsi sa position
concurrentielle. Les agences ont recours à plusieurs mesures des fonds propres :

▪ Les fonds propres comptables fournissent la mesure la plus simple. Ils peuvent être mesurés
en termes absolus, ce qui constitue plus une mesure de la taille de la banque que de son
niveau de capital, ou en termes relatifs. Pour cela, les agences les comparent au total de
l’actif, voire au total du portefeuille de crédit. Cet instrument de mesure se fonde
uniquement sur des éléments comptables, et doit être complété par deux types de mesures.
▪ Les fonds propres réglementaires, qui sont ceux requis par les organes de réglementation
pour calculer le Ratio Cooke ou Bâle 2. Ces ratios sont de bons indicateurs du niveau de
risque des fonds propres d’une banque, puisqu’ils les rapportent au niveau de risque auquel
elle est exposée. Ils ont une influence déterminante sur la notation des banques : les
banques notées dans le haut de l’échelle - catégorie AA et AAA - présentent des ratios de
fonds largement supérieurs au seuil réglementaire de 8%. Cependant, Bloomfield
Investment accorde une plus grande importance aux ratios réglementaires ayant les fonds
propres durs (tier 1) au numérateur.
▪ Les fonds propres économiques se définissent comme les fonds propres requis pour couvrir
l’exposition aux risques de la banque. Ils sont obtenus en calculant la perte maximum que
serait susceptible de réaliser la banque si tous les risques auxquels elle est exposée se
matérialisaient. Ils ne sont pas publiés par les banques, mais celles qui possèdent un service
de contrôle des risques les calculent sur une base régulière et, généralement, les
fournissent aux agences. En outre, ce calcul est nécessaire pour déterminer le capital requis
pour chaque sous - catégorie de risque pour le calcul du ratio Bâle 2. La différence entre les
fonds propres économiques et les fonds propres comptables fournit une mesure de la marge
de manœuvre de la banque, pouvant être affectée à des rachats d’autres établissements ou
des prises de risques supplémentaires. Les fonds propres économiques peuvent être
calculés pour chaque type d’activité de la banque (activité de crédit, de marché, gestion de
trésorerie, participations), ce qui présente un intérêt indéniable pour l’analyse, car cela
permet de savoir quelles activités sont plus consommatrices de capital, et de déterminer la
rentabilité de chaque activité ajustée par son niveau de risque (Risk Adjusted Return On
Capital, ou RAROC). On peut ainsi déterminer si la rentabilité d’une activité rémunère
suffisamment le risque qu’elle engendre.

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Statistiquement, cependant, la corrélation entre le niveau des fonds propres et rating est faible.
En effet, les banques de taille modeste nécessitent des fonds propres relativement plus
importants pour compenser leur faible taille.

❑ La rentabilité

La capacité d’une banque à générer des profits s’appuie sur une analyse de la rentabilité
globale de la banque, qui doit être complétée par une analyse des revenus - globaux et par
métiers - et une analyse de coûts.

1. La rentabilité globale d’une banque se mesure par le ratio de rentabilité des fonds propres
(Return On Equity – ROE). Les agences accordent une importance déterminante à cet
indicateur, tout en étant conscientes de ses limites : il intègre en effet des éléments
exceptionnels, et ne traduit pas la capacité à générer des profits récurrents. La rentabilité
opérationnelle obtenue en rapportant le résultat opérationnel à l’actif total permet
d’éliminer l’impact des éléments non récurrents ; on peut également calculer le ratio du
résultat brut d’exploitation (RBE) à l’actif total (on prend en général l’actif moyen, obtenu
par la moyenne des deux dernières années) qui permet d’évaluer la performance de la
banque hors prise en compte du coût du risque.

2. L’analyse de la performance récurrente de la banque peut s’apprécier, en amont, à travers la


marge d’intérêt ou le PNB, qui doivent être rapportés au total de l’actif ou aux actifs
générant des revenus (prêts, titres d’investissements ou de placement, titres de transaction
si la banque a une activité de marché). Rapporter le PNB à l’’actif pondéré – tels que calculé
dans les ratios réglementaires - fournit une mesure de la rentabilité ajustée par le risque, ce
qui est une mesure encore plus pertinente.

a. Ceci est particulièrement vrai pour les banques dont les activités de marché sont
prédominantes (et a fortiori pour les entreprises d’investissement), et dont le
total de l’actif n’est pas représentatif de l’exposition au risque. Les indicateurs
obtenus pour ce type d’institutions ne peuvent pas être comparés à ceux des
banques commerciales, car elles requièrent des prises de risque plus importantes et
présentent une volatilité plus forte des revenus. En effet, leur actif est constitué en
grande partie d’un portefeuille de transactions, qui est valorisé à la valeur du
marché (marked to market). Cela signifie que les variations de la valeur de marché
des titres, une fois prises en compte les couvertures mises en place, sont
immédiatement répercutées sur le résultat de la banque.

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b. L’analyse par ratios doit être étendue à chacune des grandes lignes de métiers de la
banque, en la complétant, si les données sont disponibles, par une analyse de type
RAROC. L’analyste peut ainsi identifier les métiers générateurs de profits et les
métiers en difficulté, et peut déterminer en quelle mesure chaque métier génère un
niveau de rentabilité suffisant au regard des risques qu’il génère. La note sera
d’autant plus élevée que la banque démontrera sa capacité à dégager une rentabilité
élevée au regard des risques qu’elle prend.

4. La rentabilité de la banque dépend également de sa structure de coûts. Cette analyse doit


être conduite en distinguant les charges d’exploitation du coût du risque. Les principales
charges d’exploitation hors PNB sont les frais de personnel et les frais généraux. Afin de les
mesurer, elles sont rapportées au PNB ; ce ratio, connu sous le terme de coefficient
d’exploitation, permet de savoir quelle est la part des revenus absorbés par les frais
généraux, et celle qui demeure disponible pour couvrir le coût du risque et rémunérer les
actionnaires. Pour les banques commerciales, la structure de coût est fortement influencée
par le nombre d’agences de la banque, il peut être intéressant de rapporter la marge
d’intérêt ou le PNB au nombre d’agences afin d’évaluer l’efficacité » de celles-ci.

5. Le coût du risque est mesuré par les charges liées à la reconnaissance comptable du
risque, essentiellement les provisions ainsi que les pertes sur créances irrécouvrables,
desquelles on déduit les reprises sur provisions s’il ya lieu. Ce total peut être rapporté à
l’actif total, à l’actif pondéré ou aux catégories d’actif générant des risques. Ces ratios sont
symptomatiques du degré d’exposition de la banque aux risques, et influencent fortement
la notation. L’analyste devra cependant vérifier que les risques sont suffisamment couverts
; dans le cas contraire, un faible ratio de coût du risque ne signifie pas un faible appétit pour
le risque, mais une insuffisance de provisionnement, ce qui aura une influence négative sur
la note.

1.3.4 Les risques

L’analyse des risques auxquels est exposée la banque est un élément clef de la notation
intrinsèque. L’objectif de l’agence est de mesurer ces risques, en les rapportant aux fonds
propres et aux réserves de la banque, et d’évaluer la pertinence des outils utilisés par la
banque pour les gérer.

❑ Le risque de crédit

Le risque de crédit représente, pour la plupart des banques, une part prépondérante des
risques auxquels elles sont exposées. Il concerne le portefeuille bancaire, mais également de
trésorerie et de marché.

1. Pour le portefeuille bancaire, la mesure du risque de crédit nécessite une analyse en


profondeur du portefeuille de prêt, de garanties, et des autres composantes du portefeuille
bancaire, notamment les participations, afin d’appréhender la qualité de crédit des
engagements.

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a. Un classement par note des engagements est réalisé, en utilisant le cas échéant les
notes attribuées aux débiteurs de manière confidentielle par l’agence ; le classement
utilisé par la banque pour calculer son actif pondéré, en particulier Bâle 2 – qui
requiert un classement par catégorie de note – peut se révéler utile.

b. L’analyse devra intégrer l’existence et la qualité des garanties dont peuvent


bénéficier les prêts. Un prêt garanti de manière explicite se verra attribuer la même
note que le garant ; il s’agit d’une sûreté, il reviendra à l’agence d’évaluer la
possibilité de réaliser.

c. La qualité d’ensemble du portefeuille peut être mesurée par le total de l’encours des
créances douteuses, qui est rapporté à la taille de l’actif ou portefeuille de prêts. Les
créances douteuses sont définies par la réglementation bancaire comme les
opérations de crédit affectées par des retards de paiement, sur le principal ou les
intérêts, de 90 jours (180 jours pour l’immobilier résidentiel).La liste des encours
douteux, un élément toujours requis pour la notation des banques, est analysée en
recourant aux informations que l’agence possède sur les principaux clients, l’objectif
étant d’évaluer l’éventualité d’une perte définitive.

d. Le taux de provisionnement de l’encours douteux par provisions pour risques à


caractère spécifique (c'est-à-dire allouée à chaque créance douteuse) est un élément
clef de l’analyse du risque de crédit. Un provisionnement total (100%) n’est pas
toujours nécessaire, mais une banque souhaitant présenter un portefeuille de
qualité satisfaisante doit porter ce taux largement au-delà de 50 %. Les provisions
peuvent également être rapportées à l’actif total afin d’améliorer leur couverture du
risque ; celles-ci sont prises en compte dans le taux de provisionnement par
l’agence.

▪ Une importance prépondérante est accordée à l’étude de la concentration des prêts.


Bloomfield Investment observe pour cela le poids des 10 ou 20 principaux débiteurs par
rapport au portefeuille total et par rapport aux fonds propres.

▪ Une analyse de portefeuille de participations, est également conduite, en distinguant


clairement celui-ci des valeurs mobilières de placement, qui relèvent des risques de marché.
Pour les banques ayant développé une activité de capital-risque, le portefeuille de
participations peut receler des risques importants. L’objectif est également d’identifier les
titres ayant subie une décote, et de vérifier qu’ils ont été suffisamment provisionnés par la
banque.

Pour les activités de trésorerie et de marché, Bloomfield Investment étudie :

1. La composition du portefeuille de titres en utilisant les notes publiques ou confidentielles


attribuées.

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1. La liste des contreparties avec lesquelles opérations interbancaires et des opérations de
marché ont été contractées. Là également, les notes attribuées aux établissements
débiteurs seront utilisées. Une analyse de l’encours douteux et du taux de provisionnement
sera conduite le cas échéant.
2. Le portefeuille des contreparties sur opérations de marché hors bilan telles que les swaps,
est également étudié. Pour les opérations de gré à gré (over the counter- OTC), ce qui est le
cas des
3. swaps, l’agence s’intéresse également à l’existence de sûretés, qui peuvent réduire
l’exposition au risque de la banque.

❑ Les risques de marché

Les risques de marché concernent le portefeuille de trésorerie et de marché de la banque, ainsi


que l’ensemble des opérations de change. Les opérations de marché étant réalisées sur des
périodes très courtes, la situation du bilan de fin d’année ne fournit qu’une image incomplète
de l’exposition d’une institution financière aux risques de marché. Afin d’évaluer celle-ci, il est
nécessaire d’appréhender le degré d’exposition aux risque de marché qu’engendrent les
activités de la banque, d’obtenir des mesures de ces risques de la part des banques, et
d’évaluer la qualité du système de contrôle des risques de marché mis en place par la banque.

1. Afin de déterminer les risques de marché induits par les activités de la banque, il convient
d’abord de savoir si la banque exerce une véritable activité d’intermédiation sur les
marchés financiers ou si ses opérations de marché se limitent à la gestion de trésorerie ou
à des opérations de couverture requérant des instruments de marché. Si la banque
intervient sur les marchés, l’agence doit identifier les différents types d’opération et leurs
poids respectifs dans ses revenus et ses risques totaux, tels que mesurés par les ratios de
fonds propres. Elle doit ainsi distinguer :

a. Les opérations de courtage, qui consistent à passer un ordre pour le compte


d’un tiers, et ne comportent qu’un risque de marché limité ;
b. Les opérations de négoce (trading), où l’établissement achète un titre afin de
le revendre, ce qui entraîne une position longue (acheteuse) ou courte
(vendeuse), et implique de ce fait une prise de risque. Ces opérations peuvent
être particulièrement risquées s’il s’agit d’instruments de gré à gré, dont la
qualité est faible et où la banque peut enregistrer une forte décote pour
liquider sa position ;
c. Les opérations pour compte propre, qui consiste à prendre des positions sur
le marché sans que soit rendu nécessaire par une activité d’intermédiation,
et constituent en fait de la spéculation pure. Ce sont les activités qui
présentent le degré de risque le plus élevé.

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2. Les mesures de risques de marché ont été rendues obligatoires par l’Amendement de 1995
au Ratio COOKE, et le Ratio Bâle 2 requiert une allocation de fonds propres pour les risques
de marché. Afin de les calculer les banques qui en ont les moyens utilisent généralement
leurs modèles internes, qui fournissent une appréciation plus pertinente que les
coefficients proposés par la réglementation. Elles utilisent pour cela des modèles de valeur
à risque (VAR) permettant de mesurer la perte potentielle en cas de variation d’un
paramètre de marché (taux d’intérêt, parité de change, cours des actions) dans des
proportions suffisamment larges pour être considérées comme rares (typiquement, cette
variation a une probabilité de moins de 1 % de se produire). Elle n’intègre cependant pas
les variations d’ampleur exceptionnelle. Pour cela, les banques peuvent avoir recours aux
méthodes fondées sur les scénarios. Ces mesures permettent d’évaluer le capital requis
pour couvrir le risque de chaque catégorie d’opération de marché, à savoir le risque de
taux, le risque de change et le risque actions.

❑ Le risque de liquidité

Le risque de liquidité se matérialise lorsqu’une banque se trouve dans l’incapacité de financer


ses opérations courantes. Plusieurs mesures, quantitatives et qualitatives, sont utilisées par
Bloomfield Investment pour mesurer ce risque :

▪ Bloomfield Investment mesure le risque de liquidité en rapportant les actifs à court terme
(définis comme à moins d’un an : il s’agit principalement des titres, des prêts sur le marché
interbancaire ou d’opération d’escompte) aux ressources à court terme, qui comprennent
principalement les dépôts, les emprunts sur le marché interbancaire et les titres à moins
d’un an. Si ce ratio est supérieur à 100 %, cela signifie que la banque peut réaliser des actifs
pour combler un non-renouvellement de ses ressources courtes. De même, on peut vérifier
en quelle mesure les ressources stables (fonds propres et dettes à moyen et long terme)
couvrent les actifs liquides (prêt à moyen et long terme et participations principalement).
Ces ratios sont faciles à calculer car ils s’appuient sur des données comptables publiées par
les banques.
▪ Une méthode plus sophistiquée consiste à calculer les impasses de liquidité c'est-à-dire
calculer le solde des emplois et des ressources de la banque pour différentes tranches de
maturité : moins de 3 mois, 3 mois à 1 an, 1 an à 2 ans, 2 à 5 ans ,5 ans et plus par exemple.
Cela permet non seulement de connaître la position de liquidité actuelle mais d’anticiper les
besoins de liquidité futurs. Cette approche nécessite cependant un accès aux documents
internes de la banque ; on notera qu’un nombre croissant d’établissement rend public ce
type d’information.
▪ Les sources alternatives de liquidités, c'est-à-dire les ressources que la banque peut
mobiliser en un laps de temps court, doivent être identifiées et comparées aux besoins
potentiels. La source la plus sûre est une ligne de crédit- dite ligne de substitution –
accordée par une autre banque. Bloomfield Investment vérifie cependant que cette ligne est
confirmée (ce qui nécessite un contrat signé) et que ce contrat ne contient pas de clause
permettant l’établissement prêteur de se rétracter si la ligne est tiré (ou Material Adverse
clause – MAC).

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❑ Le risque de transformation et la gestion actif/passif

Ce risque se voit accorder d’autant plus d’importance qu’il est le seul à ne pas être pris en
compte dans le calcul des risques pondérés figurant au dénominateur des ratios de fonds
propres réglementaires. L’évaluation de ce risque pose un problème pour les analystes
extérieurs à la banque, car elle peut difficilement être réalisée à partir des données
comptables, à moins que la banque publie une analyse détaillée de son exposition au risque de
taux et de change. Sa mesure nécessite une analyse qualitative des procédures de gestion
Actif/passif (asset liability Management- ALM) de la banque, c’est-à-dire des procédures mises
en place pour mesurer l’exposition au risque de taux de portefeuille bancaire(le portefeuille de
trésorerie et de marché étant pris en compte dans les risques de marché). De nombreuses
banques y adjoignent la gestion du risque de change pour les activités bancaires (qui, dans les
ratios réglementaires, est considérée comme risque de marché). L’analyse porte non seulement
sur le niveau de l’exposition tel qu’il est mesuré par les outils de la banque, mais sur la
pertinence de ces mesures. Plusieurs méthodes sont disponibles, que l’on peut classer par
degré de sophistication croissant :

▪ Classification des actifs et des passifs selon qu’ils soient à taux variable ou à taux fixe.
Idéalement, les actifs à taux fixes doivent être adossés, c'est-à-dire refinancés par des
ressources à taux fixes. Si le refinancement est à taux variable, la banque s’expose à une
hausse de son coût de refinancement qu’elle ne pourra répercuter sur le rendement de ses
actifs.
▪ Calcul de l’effet sur la marge d’intérêt d’une hausse de 1 % des taux d’intérêt. Ce calcul
présente en fait un intérêt limité, car il ne prend pas en compte la structure par maturité de
l’actif du passif, et le chiffre obtenu en l’année N ne constitue pas une estimation de N+1.
Pour cela, la sensibilité doit être calculée.
▪ Détermination de la sensibilité du portefeuille bancaire : la sensibilité permet de mesurer la
variation de valeur des fonds propres économiques – définis ici comme la valeur actuelle
nette des actifs moins les passifs exigibles- de la banque à une variation de 1 % des taux
d’intérêt sur toute la courbe des taux. Le calcul peut être affiné, en agrégeant les sensibilités
pour chaque tranche de maturité, ce qui permet de calculer la sensibilité pour les variations
de taux d’intérêt sur certain segments de la courbe (par exemple, une hausse des taux à 1 an
et un maintient des taux supérieurs à 1 an). Ceci requiert au préalable un calcul des
impasses de taux(ou de change).
▪ Calculs des impasses de taux (ou de change) : cela reviens à calculer le solde des flux de
trésorerie pour chaque tranche de maturité, la différence principale avec les impasses de
liquidité étant que la maturité correspond ici à la date à laquelle le rendement est
susceptible de changer. Ainsi, les actifs et passifs à taux variables ont une maturité de moins
d’un an. La banque peut ainsi connaître les montants exposés à une variation des taux
pour chaque tranche de maturité. Un calcul des impasses peut également être réalisé pour
les actifs et passifs en devises.
▪ Les méthodes plus récentes telles que la VAR et les scénarios, utilisés pour les risques de
marché, peuvent être appliquées afin de déterminer le risque de taux ou de change sur le
portefeuille bancaire dans un cadre de gestion actif/passif. C’est généralement l’approche
retenue par les banques qui maîtrisent ces instruments.

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❑ Le risque opérationnel et l’organisation de la gestion des risques par la banque.

Le risque opérationnel peut difficilement faire l’objet de mesures quantitatives, bien que des
progrès aient été réalisés récemment. Il est laissé à l’appréciation des analystes, qui se fondent
pour cela sur leur observation de la qualité du mangement et des systèmes de gestion des
risques qu’ils ont mis en place. Ceux-ci ont une importance déterminante dans l’évaluation de
l’exposition aux risques. C’est particulièrement le cas pour les activités de marché, car les
agences de notation n’ont pas un accès direct et en temps réel aux informations sur les
positions de la banque. Les principaux critères utilisés par les agences pour l’évaluation du
système de gestion des risques sont :

▪ L’existence de statistiques fiables – sur les défauts et les recouvrements pour le risque de
crédit, sur les variations des instruments de marché pour les risques de marché -et
l’utilisation d’outils informatiques permettant de les traiter.
▪ Le niveau de maîtrise par le management de la banque – et pas seulement par les opérateurs
de marché -des risques de marché, et la capacité de l’établissement à évaluer ces risques.

▪ Le degré d’indépendance des unités comptables et/ou de contrôle des risques par rapport
aux départements commerciaux et aux opérateurs de marché. Bloomfield Investment
attache une grande importance à l’existence d’un département de contrôle de risques
totalement indépendant, et rattaché directement, sur le plan hiérarchique, à la direction
générale. Cette cellule, dans les grandes banques, supervises les risques de crédit, les
risques de marché, et la gestion actif/passif.

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ANNEXES

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1.1.2 Typologie des Banques

On peut donc classer les institutions financières en fonction de leur métier et de la clientèle
qu’elles ciblent.

MÉTIERS EXERCÉS
Activité de Banque Spécialisation

Commerciale d'Investissement Dans le Retail Dans le Trading

Consommateurs
Clientèle Cible

Petites et
moyennes
entreprises

Grandes
entreprises

Tableau 5.1 Structure du bilan d’une banque commerciale

ACTIF PASSIF
Actifs rémunérés à long et moyen terme Dettes à court terme
Prêts à moyen et long terme Dettes interbancaires ou titre
Titres de participation Dépôts à vue
Titres détenus jusqu'à l'échéance Dette représentée par un titre
Titres en valeur de marché
Actifs rémunérés à court terme
Prêt à court terme Dettes à moyen et long terme
Prêts interbancaires Dépôts à terme
Titres disponibles à la vente Obligations et titres subordonnés
Titres en valeur de marché
Instruments dérivés
Instruments dérivés (actif) Provisions à caractère général
Actifs corporels et incorporels Fonds propres

Engagements hors bilan (donnés) Engagements hors bilan (reçus)

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Tableau 5.2 Structure du compte de résultat d’une banque

+ Produits d'intérêt assimilés


- Charges d'intérêt et assimilés
= Marge d'intérêt

+ Commissions perçues (nettes des commissions payées)


+ Autres produits d'exploitation (y compris gains nets sur titres)
= Produit net bancaire

- Charges de personnel
- Frais généraux
- Dotation aux amortissements (nets de reprises)
= Résultat brut d'exploitation

- Dotations aux provisions pour risque (nettes de reprises)


= Résultat d'exploitation

+ Résultat exceptionnel
- Impôt sur les bénéfices
= Résultat net

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C R E D I T M A N A G E M E N T B E Y O N D N U M B E R S

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