Analyse Linéaire Molière, L'Avare, 1668

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Texte 9: Molière, “L’Avare”, 1668

Intro:

I. Lignes 1 à 8 “ce que je fait.”: Harpagon est au désespoir car on lui a volé son argent
II. Lignes 9 à 13: La double énonciation, un ressort comique
III. Lignes 14 à fin: La théâtralité soutien le comique de la situation

I. Harpagon est au désespoir car on lui a volé son argent

Procédés Citations Interprétations


3e personne du singulier “On a volé mon argent” Harpagon semble s’adresser au
public avec l’usqge de la 3e
personne du singulier “on”, ou
bien il peut s’adresser aux autres
personnages.

Didascalie “Harpagon, seul, crie au voleur, La didascalie indique au lecteur


sans son chapeau” que Harpagon crit à la
cantonnade,

Ponctuations 1ere ligne + 2 à 5 Les premières lignes sont


saturées de poncuations d’abord
exclamatives, puis interrogatives.
Cela révèle l’émotion excessive
du personnage et cette
ponctuation morcelle les phrases,
déconstruit la syntaxe

Déictiques “là” “ici” Dans son émotion Harpagon


inspecte tout le plateau via
l’utilisation des déictiques “là” et
“ici” incluses dans des questions
qui pourraient être adressées
comme à Harpagon comme au
public
Deuxième didascalie Dans son trouble, il se prend lui
même le bras (action indiquée
par la didascalie ligne 5 “(À
lui-même, se prenant par le
bras.)”) Il se prend lui même pour
un autre

Enumération ternaire “et j’ignore où je suis, qui je suis, Le théâtre de Molière est tout
et ce que je fais.” autant tragique que drôle. Le
rythme ternaire des lamentations
d’Harpagon est une marque du
genre tragique et souligne le
désespoir du vieil homme. Le
propos est tragique, on
comprend que seul l’argent le
définit, sans lui il est perdu.
⇒Molière agit en moraliste et se
moque de ces personnes, il
s’amuse des défauts humains et
vient souligner que l’avarice est
un vilain défaut.

II. La double énonciation, un ressort comique

Changement d’énonciation La rupture entre le 1er et le 2e


mouvement est marquée par un
changement d’énonciation: Dans
la première partie du texte, il
s’adressait à la cantonnade, à
lui-même, aux autres caractères
de la pièce. Dans la deuxième
partie, il parle à son argent

Répétitioin “mon pauvre argent” x2 L’énonciation disfonctionne, le


personnage se répète, il est
dominé par son émotion, la
parole théâtrale est en boucle.

Enchaînement de 3 périphrases “tout est fini pour moi, et je n’ai Les 3 périphrases signifient la
plus que faire au monde. Sans même chose et viennent
toi, il m’est impossible de vivre” confirmer que l’identité
Lignes 8-9 d’Harpagon est indissociable à
son argent.

Enchaînement de 3 hyperboles “je n’en puis plus ; je me meurs ; je Le rythme ternaire et l’évocation
suis mort ; je suis enterré.” lignes de la mort du personnage
9-10 principal viennent marquer la
pièce dans un registre tragique
malgrès la charge comique de ces
hyperboles. Molirère se moque
délibérément de ce type de
personne en poussant la
personnalité d’Harpagon dans
l’excès, près à mourir lorsqu’il
perd son argent. Le spectateur a
ici 2 façons de réagir, soit il rit de
la situation, soit il compatit pour
le personnage, il éprouve la
même chose que lui. Ainsi en
fonction de notre interprétation
personnelle, on en apprend plus
sur nous même (si on est avare
ou non). Ainsi, Molière a pour
mission de faire réfléchir le
spectateur sur ses propres
défauts.

Changement d’énonciation “N’y a-t-il personne qui veuille me Dans cette tirade, Harpagon
ressusciter, en me rendant mon cher s’adresse directement au public
argent, ou en m’apprenant qui l’a qui sait où est l'argent (et sont les
pris. Euh ! que dites-vous ? Ce n’est seuls). →Subtilement Molière
personne.” brise le 4e mur avant même qu’il
ait été théorisé, créé par Diderot.
Il fait retomber le 4e mur avec
“Ce n’est personne.”

Longue phrase déclarative “Il faut, qui que ce soit qui ait fait le La phrase déclarative est longue
coup, qu’avec beaucoup de soin on et tourne autour de la
ait épié l’heure ; et l’on a choisi conséquence. Cependant elle
justement le temps que je parlais à donne raison à Harpagon. Il fait
mon traître de fils. “ un
III. La théâtralité soutien le comique de la situation

Harpagon retrouve son ton


colérique , déterminé à retrouver
le coupable par la torture via la
menace “faire donner la
question”. Molière remet en
scène la folie, Harpagon a perdu
la raison: il est prêt à torturer sa
propre famille pour une poignée
d’or

Mise en abyme “Que de gens assemblés !” ligne 14 Molière met en scène le théâtre
dans le théâtre (une mise en
abyme) lorsque Harpagon dit
“Que de gens assemblés!” ligne
14. A nouveau, le 4e mur se
fissure, Molière met en scène le
théâtre à l’intérieur du théâtre

Double négation “Je ne jette mes regards sur Habituellement une faute de
personne qui ne me donne des français, Harpagon soupçonne
soupçons” lignes 14-15 tout le monde avec une double
négation. Elle révèle la grande
confusion intérieur que subit le
personnage, le langage lui
échappe qui rend la scène
comique

Déictique “là-haut” Le “là-haut” ligne 16 fait


référence au 2e étage de chez
Harpagon ou alors fait référence
aux balcons dans la salle de
théâtre. Un ressort encore une
fois comique car les balcons sont
là où les personnes importantes à
l’époque s’asseyaient, les
personnes avec le plus d’argent,
parfois même le roi.
Molière est à la fois dramaturge, comédien et directeur de troupe. Il connaît bien les réalités
du théâtre et s’amuse avec son public en l’incluant directement dans le monologue
d’Harpagon de manière subtile. Il joue sur la double énonciation, brouillant les frontières
entre réalité et fiction et brisant avant l’heure ce qu’on appellera plus tard le 4e mur. Ainsi,
Molière cherche les limites du langage théâtrale, les limites de l’identification et les limites de
l’illusion.

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