Blaise Pascal

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 6

Blaise Pascal (XXe)

Pensées
§44 (L)

L’imagination = faculté qui permet de se représenter des choses absentes et éventuellement


extraordinaires.

L’imagination nous empêche d’atteindre la vérité, elle donne à voir des illusions. La chose imaginée
se présente comme vraie, on adhère immédiatement à la représentation, la fiction se donne comme
plus réel que le monde lui-même.

Les 4 opérations trompeuses de l’imagination :

1. Elle nous projette dans des temps où ne sommes pas (passé et futur) au détriment du présent.
Elle peut donner plus de couleurs au passé et au futur.
2. Elle a tendance à nous faire croire que nous sommes au centre du monde et supérieur aux
autres.

“Le moi est haïssable” (§597)

Si le « moi est haïssable », c’est qu'il veut se faire le centre de tout.

3. Elle opère des déplacements. On transfère des qualités d’une personne à d’autres, parce
qu’elles se ressemblent ou qu’elles se fréquentent.
4. Le rêve (représentation mentale d’un esprit qui sommeille) n’est pas la réalité, même s’il
semble aussi réel que la vie.

“La vie est peut-être un songe un peu moins inconstant.”

La sagesse = contrôle de l’imagination, imaginer des choses qui nous font du bien et non du mal =>
juste rapport à l’imagination.

L’imagination est puissance productrice d’images. Elle a la capacité de créer sans cesse des affects
qui prennent le pas sur la raison.
Exemple du Pilosophe sur une planche au-dessus du vide :

"quoique sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra.”

Il n’y a donc pas de liberté absolue puisque l’imagination produit sans cesse des images, on ne peut
la contrôler.

Le pouvoir politique et judiciaire n’est pas légitime car il se fonde sur l’imagination. Le pouvoir se met
en scène pour se rendre respectable et pour faire oublier qu’il se fonde sur l’arbitraire de la force. Il
joue sur l’imagination des sujets qui pensent que l’homme est de pouvoir supérieur en vertu et en
sagesse ce qui légitimerait sa domination (Roi, président, magistrat, médecin, ...).
Le juge par exemple n’est pas plus sage en vertu que nous mais on lui donne l’allure par ses
vêtements, par la grandeur du palais de justice, sa position surélevée et les objets symboliques
comme le marteau. => nécessité de se mettre en scène et de se déguiser.
Si la loi était mle reflet du bien, elle s’imposerait sans plus de décorum, de déguisement superficiel.
Il y a confusion entre ce qui est légal (conforme aux lois) et ce qui est légitime (conforme au bien et à
la morale).

Pensées
§90 (L)

Pascal fait la distinction entre 3 personnalités face à la justice corrompue :

• 1er stade : Le peuple= crédule, croit en les illusions du pouvoir et ignore que son fondement relève
de l’arbitraire de la force.
• 2ème stade : Les demi-habiles qui ont compris la mise en scène et se révoltent contre le pouvoir,
les rebelles.
• 3ème stade : Les habiles qui ont également compris la supercherie mais également sa nécessité,
même s’il est imparfait. D’un pdv extérieur ils se conforment mais comprennent tous les
mécanismes de la comédie sociale.
Exemple d’une pièce de théâtre : le peuple ce sont les spectateurs qui applaudissent et qui croient en la
véracité de la scène jouée. Les demi-habiles sont ceux qui ont compris que c’était une mise en scène, que
les acteurs jouent des rôles et que les décors sont artificiels. Les habiles sont ceux qui comprennent que ce
qu'ils voient est une représentation, mais ils apprécient le spectacle pour ce qu'il est. Ils reconnaissent le
talent des acteurs, la complexité de la mise en scène et la valeur de l'illusion, même s'ils savent que ce
n'est pas la réalité.

Le problème de cette théorie c’est qu’elle ne rend pas également arbitraire tous les pouvoirs, ce qui
empêche de les hiérarchiser en fonction de leur légitimité => une dicrtature et une démocratie ne sont pas
également injustes. Il est plus légitime de se rebeller face à une tyrannie.

Pensées
§47 (L)

L’homme a tendance à hâter le cours de l’avenir pour échapper aux déceptions du présent. On
s’accroche aux souvenirs du passé, et on espère les événements futurs.

Ici le Temps est à la fois un horizon de bonheur et une menace de mort (peur de la mort et du
vieillissement).

Pour Pascal, le malheure c’est la relation paradoxale que nous entretenons vis-à-vis du temps. Elle
implique une forme d’errance, une démabulation hasardeuse qui ne retrouve jamais un chez-soi.

“Nous errons dans des temps qui ne sont point nôtres”

Le présent est un temps qui mélange les désavantages du passé et du futur : il nous échappe et en
même temps il est incertain.

Pascal critique le rapport instrumental que nous entretenons avec le présent. On en fait l’outil de
notre accomplissement futur ce qui lui retire de sa valeur.
Méditations pascaliennes, Bourdieu
Il affirme que la capacité à avoir un avenir dépend de la classe sociale dont on vient.
L’accès au futur et la façon dont je m’y projette se fait par l’imagination en fonction de la classe
sociale :

• Classe supérieure : usage pragmatique de l’imagination. Imaginer les moyens dont on peut
disposer pour atteindre des fin concrètes.
• Classe populaire : plonge dans le nihilisme, pas de futur. Ou alors imagine seulement des
utopies = projection dans un avenir merveilleux mais irréalisable.

Inconscient = ce qu’on fait malgré nous. Tout le jeu de l’imagination est indépendant de notre
volonté. = inconscient.

Pensées
§199 (L)

Infini :

• Espace
o Petit
o Grand
• Temps
o Passé
o Futur

Selon Blaise Pascal nous sommes insignifiants devant la grandeur de la nature et du temps. Observer
la nature pour s'étonner du fait que cela ne représente qu'une poussière face à l'étendue de l'univers.

“C’est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part”

Tout est infini et l’homme est perdu dans cela sans pouvoir en comprendre le principe ni la fin.

L'infini est apparu avec les découvertes de l'astronomie ; le modèle géocentrique fut prouvé comme
faux. Pas de milieu, pas de limite, rien n'a sa place. Apparitions de l'angoisse chez les humains,
anxiété profonde.

L’infiniment petit : Nous sommes nous-même composés d'infini. Après avoir observé ce qui l’entoure
(infinité du grand), observation de tous les corps. Les corps sont composés de parties et chaque
partie d'autres parties. Découverte de l’infiniment petit.
Exemple atomes, qui sont eux-même composés d’autres choses. Corps humains lui-même composé
d'infini.

L’humain au milieu de deux abîmes, l'infini et le néant.


Bien que selon Pascal nous sommes insignifiants face à la grandeur de la nature, nous sommes tout
de même dotés d’une faculté morale nous permettant de prendre conscience de notre insignifiance
tout en ignorant la puissance de la nature et notre infériorité à cette dernière.

Cette prise de conscience de notre insignifiance face à la nature est possible grâce au SUBLIME.
Cette notion abordée par Kant se définit comme la fascination que l’on éprouve devant l’immensité
ou la force d’un être.

Il en existe 3 formes :

• La première étant le SUBLIME MATHÉMATIQUE : consiste à faire face à l'immensité et à


concevoir l'infini. Un exemple concret est la contemplation d’un ciel étoilé. Ce dernier est
sublime pour son immensité.
• La seconde forme de sublime est le SUBLIME DYNAMIQUE : consiste à concevoir cette fois ci
l’intensité et donc la force de l’univers. Un exemple concret pour cette notion est l'observation
d'un océan déchaîné. Cependant cette observation doit être faite en toute sécurité. En effet
l'observateur afin de pourvoir vivre l'expérience du sublime en prenant conscience de
l'intensité de la nature doit être en sécurité afin de ne pas être englouti par la force infini de
cette dernière.
• La dernière forme de sublime existant est le SUBLIME HUMAIN : concerne les personnes. Ces
dernières sont sublimes pour leur physique ou caractère. C’est le cas d'un guerrier doté d’une
force extraordinaire ou d’une grande intelligence par exemple.

Le sublime nous fait donc prendre conscience de notre insignifiance face à la nature. Cependant je
réalise grâce à ce dernier que je ne suis pas inférieur à ces choses car j’ai une faculté morale plus
noble me permettant ainsi de m'élever face à eux.

Cette faculté morale me pousse à agir moralement. De plus, dans son œuvre La critique de la raison
pratique, agir moralement selon Kant revient à se conformer à un impératif catégorique, et donc à
une nécessité absolue d'agir conformément à une loi morale :
Ce terme renvoie à un test permettant d'évaluer la moralité d’une action en universalisant cette
dernière. Le but étant de voir si elle mène ou non à l'effondrement de la société. Si c’est le cas alors
cette action est immorale.

Un exemple de la vie courante renvoyant un une action immorale est le fait de jeter un déchet par
terre. Bien que cette action à l’échelle de l’individu n’aura pas de conséquences néfastes sur sa vie,
si on l’universalise on se rend vite compte que cela aurait des conséquences désastreuses sur
l’environnement et ainsi sur la vie de chaque individu. Cette action est donc immorale.
Ainsi, le sublime nous fait prendre conscience de notre insignifiance face à l’immensité et l’intensité
infinie de la nature. Cependant, il nous fait nous rendre compte que nous sommes capables de nous
élever face à cette dernière et d'ignorer ses effets grâce à notre faculté morale

Humains insignifiants face à la nature et l’infini. Solution = la religion avec Dieu qui lui n’est pas
insignifiant. Permet de se repérer et d’apprécier la nature. Se refléter en Dieu permet de ne pas être
perdu et de se sentir plus important.

“L’auteur de ces merveilles les comprend. Tout autre ne le peut faire.”

Croire en Dieu c’est prendre conscience que l’on est la création de Dieu, une partie d’un être parfait,
et que nous sommes donc important et pas si insignifiant dans la nature. Il se présente alors comme
une lueur d'espoir et de repère au cœur de notre insignifiance.

Preuves de l’existence de Dieu :

• Argument ontologique : Dieu est un être parfait, or ne pas exister serait une forme
d’imperfection, donc il ne peut pas ne pas exister. Concevoir un Dieu parfait sans existence
serait tout aussi contradictoire que de concevoir une montagne sans vallée.
(Méditations métaphysiques (V), Descartes)
• Argument de la cause première : tout mouvement a une cause (mécanisme). Donc si on
remonte les causes des mouvements, alors il existe un premier mouvement, provoqué par un
objet lui-même immobile : Dieu. (=> origine ultime de toute chose)
(Principes de la Nature et de la Grâce (§8), Leibniz)
• Argument de la beauté / argument esthétique : le monde qui nous entoure est beau et est
composé de belles choses, donc ce n’est pas le fruit du hasard, c’est Dieu. La Nature est
tellement belle qu’il y a forcément un artiste à l’origine, un designer.

Pensées
§60 (L)

L’imagination nous fait croire en la justice des lois qui sont fondées sur la force et la coutume =
illusion. Si la justice était juste, elle serait universelle dans tous les pays.

Pensées
§136 (L)

La misère de la condition humaine :

• L'existence entre la douleur pour accomplir ses objectifs et l’ennui une fois qu’on les a atteints
(on se lasse).
• Le bonheur est une paix intérieure, sérénité, mais dont nous sommes incapables.

“Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir
demeurer au repos dans une chambre.”
L’imagination nous fait croire que l’objet du désir fait notre bonheur. Or je ne cherche que le tumulte
=> satisfaction = ennui.

Le divertissement c’est une activité qui nous détourne de notre pensée, de notre condition du corps
et de la misère humaine.

“Un roi sans divertissement est un homme plein de misère.”

L’homme cherche à se distraire pour échapper à sa condition.

Ce qui est divertissant dans la chasse c’est la traque, pas l'obectif du gibier <=> le plus important
c’est la quête de bonheur en elle-même, pas l’objectif. (Memento)

“Nous ne cherchons jamais les choses mais la recherche des choses.”

Distinction entre le bonheur véritable qui n’est possible que par Dieu, et le bonheur superficiel qu’est
le divertissement.

Des activités dites “sérieuses”, comme la politique ou la recherche scientifique, peuvent être
divertissement puisqu’elles nous détournent de notre condition.

On surrestime la valeur de nos rêves car on croit que quelque chose peut nous combler alors que
tout ce qui est dans notre monde est imparfait.

Vous aimerez peut-être aussi