Annale Français
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Alors on vit un spectacle formidable.Toute cette cavalerie, sabres levés, étendards et trompettes au
vent, formée en colonnes par division, descendit, d’un même mouvement et comme un seul homme,
avec la précision d’un bélier de bronze qui ouvre une brèche, la colline de la Belle-Alliance, s’enfonça
dans le fond redoutable où tant d’hommes déjàétaient tombés, y disparut dans la fumée, puis, sortant
de cette ombre,reparut de l’autre côté du vallon, toujours compacte et serrée, montant au grand trot, à
travers un nuage de mitraille crevant sur elle, l’épouvantable pente de boue du plateau de Mont-Saint-
Jean.Ils montaient, graves, menaçants, imperturbables, dans les intervalles de la mousqueterie et de
l’artillerie, on entendait ce piétinement colossal. Étant deux divisions, ils étaient deux colonnes ; la
division Wathier avait la droite, la division Delord avait la gauche. On croyait voir de loin s’allonger vers
la crête du plateau deux immenses couleuvres d’acier. Cela traversa la bataille comme un prodige.Rien
de semblable ne s’était vu depuis la prise de la grande redoute de la Moskowa par la grosse cavalerie ;
Murat y manquait, mais Ney s’y retrouvait.Il semblait que cette masse était devenue monstre et n’eût
qu’une âme. Chaque escadron ondulait etse gonflait comme un anneau du polype.On les apercevait à
travers une vaste fumée déchirée çà et là. Pêle-mêle de casques, de cris, de sabres, bondissement
orageux des croupes des chevaux dans le canon et la fanfare, tumulte discipliné et terrible ; là-dessus les
cuirasses, comme les écailles sur l’hydre.Ces récits semblent d’un autre âge. Quelque chose de pareil à
cette vision apparaissait sans doute dans les vieilles épopées orphiques racontant les hommes-chevaux,
les antiques hippanthropes, ces titans à face humaine et à poitrail équestre dont le galop escalada
l’Olympe, horribles, invulnérables, sublimes; dieux et bêtes.
*.2. La mise en scène de la bataille : une charge de cavalerie présentée comme un spectacle
*.Conclusion partielle :
Victor Hugo part de la réalité historique : quelques références précises, mais ce n’est pas pour lui
l’essentiel - réorganisation, mise en scène: il s’agit d’augmenter l’impactde la scène, élevée au rang
despectacle - l’auteur développeune vision qui conduit à une transformation de la réalité.
II - La vision de l’écrivain métamorphose le réel pour faire de cet épisode historique une scène d’épopée,
qui évoque les antiques théomachies (combats des dieux)
*.1.1 Une scène irréelle, voire fantastique, où les éléments réels se mêlent aux éléments surnaturels et
merveilleux (leur perception peut d’ailleurs n’être imputable qu’à une vision brouillée :
hésitation/fantastique)
*.1.2 L’exagération épique, traduite aussi par l’ampleur du ton (longues phrases dans la seconde moitié
du texte)
*.Conclusion partielle :
Victor Hugo utilise un certain nombre de procédés traditionnels de l’épopée, il en tire une vision
saisissante, d’une grande force évocatrice.Rédaction de l’introduction et de la conclusion :
*.Introduction
*.Présentation du texte :Victor Hugo, fasciné par l’épopée napoléonienne, consacre tout un livre des
Misérables à la bataille de Waterloo. Il évoque en particulier, dans une page célèbre, la charge des
cuirassiers.
*.Spécificité du texte :
*.Plan :
Nous verrons comment Victor Hugo met en scène les données historiques puis nous montrerons
comment il construit la grandeur épique du tableau.
*.Conclusion
*.Bilan :
Victor Hugo fonde son évocation de la charge descuirassiers à Waterloo sur des données historiques
précises. Cet ancrage dans le réel lui permet de mettre en scène avec une grand efficacité narrative et
descriptive cet épisode spectaculaire de la bataille. Mais l’objectif de Victor Hugo est avant tout d’élever
l’aventure des soldats de Napoléon au rang d’épopée ; il y parvient par une transfiguration du réel qui
fait appel au fantastique etau mythe.
*.Ouverture :
C’est là ce qui fait l’originalité essentielle de l’évocation hugolienne de Waterloo, très différente de
présentations distanciées et critiques comme celles de Chateaubriand dans Les Mémoires d’Outre-
tombe et de Stendhal dans La Chartreuse de Parme. Pluspeut-être que tout autre écrivain du xixe siècle,
Victor Hugo a contribué à l’élaboration du mythe napoléonien et cet extrait des Misérables nous fournit
un exemple représentatif du rôle que ses textes ont pu jouer dans cette élaboration.Rédaction du
développement : trois exemplesRédiger l’enchaînement de la tête de partie et le début de l’analyse
textuelle
*.Partie II :
Le génie visionnaire de l’écrivain métamorphose le réel pour faire de cet épisode historique une scène
d’épopée, qui évoque les antiques combats de dieux dans les récits mythologiques(tête de partie). La
dimension épique (1) du combat transparaît d’abord dans le parti pris fantastique de la narration
hugolienne (1.1). En effet, l’écrivain mêle les éléments réels aux éléments surnaturels et
merveilleux...Rédiger la référence à un champ lexical et le commentaire du champ lexical
*.Partie II, 2.1 :Les thématiques de la grandeur et de la démesure suggèrent le grandissement héroïque
des soldats. Deux réseaux lexicaux renvoient à ce processus : les adjectifs « colossal » et « immenses »
se rapportent directement aux cuirassiers et annoncent l’identification des soldats aux« titans »
mythologiques ; mais les éléments du décor, la« grande redoute » et la « vaste fumée », participent de
ce grandissement héroïque par un effet de redondance.Rédiger l’amorce d’une étude stylistique
*.Partie II, 1.2 :Victor Hugo retrouve avec bonheur l’ampleur de ton caractéristique des récits épiques.
Cette ampleur est plus particulièrement sensibledans le rythme des phrases... (compléter cette amorce
par l’étude de la syntaxe et du rythme des phrases).