Chapitre 11 - Cours Élèves

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 8

Thème 1_Axe 2

Chapitre 11 : Enjeux diplomatique et coopérations

Introduction :

Lorsque Neil Armstrong pose le pied sur la lune le 21 juillet 1969, il prononce une
phrase qui va rester célèbre : « c’est un petit pas pour l’homme mais un bond de géant pour
l’humanité ».
Même si cette étape de la conquête spatiale est à replacer dans la Guerre Froide et la
lutte entre les deux grandes superpuissances, la notion d’humanité rappelle que cet événement
est commun à l’ensemble de la planète et si la conquête de l’espace comme l’appropriation des
espaces maritimes répond à des logiques de puissance, elle ne peut se limiter à des rivalités.
Face aux faibles connaissances de ces milieux, les hommes ont rapidement pris conscience de
la nécessité de mettre en commun leurs savoirs et de partager leur expérience. Il s’agit aussi de
milieux fragiles qu’il convient de protéger. Coopération, gouvernance et protection sont aussi
des enjeux géopolitiques majeurs pour l’espace et les océans.

Problématique : Comment répondre aux enjeux géopolitiques de la découverte et de


l’exploitation de l’espace, des mers et des océans ?

I- Coopérer pour développer la recherche : la station spatiale internationale

https://www.youtube.com/watch?v=gcmA0_CMFlU
Lien de la vidéo à regarder en introduction à ce jalon

A. La coopération spatiale internationale avant la SSI

- 1958, Création par l’ONU de la CUPEEA (Comité des utilisations pacifiques de l’espace
extra-atmosphérique) à l’instigation des Etats-Unis. Y dépend le Bureau des Affaires spatiales
qui a pour but de tenir le registre des objets lancés dans l’espace.
- 1967, Traité de l’espace à l’instigation des Etats-Unis et de l’URSS qui fixe des principes :
* Libre accès à l’espace
* Interdiction de revendiquer une souveraineté
* Les astres sont des biens communs de l’Humanité
* Non militarisation de l’espace
* Devoir d’assistance entre astronautes
- 1975, Mission spatiale américano-soviétique Apollo-Soyouz.
- 1979,Traité de la Lune : la Lune est un patrimoine commun de l’Humanité.
- La station spatiale soviétique MIR accueille à la fin des années 1980 des astronautes
européens.
- 1984, les Etats-Unis renoncent à créer seuls une station spatiale et demandent à leurs alliés
(Europe, Canada et Japon) d’y participer : c’est le lancement du projet de l’ISS.
- 1992, un astronaute américain séjourne à bord de la station MIR.
- 1993, La Russie rejoint le projet de l’ISS.
- 1998, début de l’assemblage de l’ISS ; 2000, première occupation humaine de l’ISS.

1
Thème 1_Axe 2

ISS (en anglais, International space station) : station spatiale internationale développée par les
Etats-Unis en coopération avec d’autres pays.

B. Coopérer pour construire et accéder à l’ISS

1- La construction de l’ISS

Document 1 : Un projet ambitieux et multinational

Le module de contrôle russe Zarya va être lancé, vendredi 20 novembre 1998, depuis le
cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan). Construit par les Russes, mais financé par les
américains, ce module est la première pierre de la station spatiale internationale qui sera édifiée
en orbite d’ici à 2004. Ce gigantesque Meccano, posé à 400 km d’altitude environ, nécessite le
concours de 16 nations : Les Etats-Unis (maîtres d’œuvre), la Russie, le Canada, le Brésil, le
Japon et 11 pays placés sous l’égide de l’Agence spatiale européenne. Pas moins de 45 vols,
dont 36 navettes, sont prévus pour placer en orbite et assembler les différents éléments : longue
de 108 mètres et large de 74 mètres, la station aura à terme une masse de 415 tonnes et un
espace intérieur de 1200 mètres cubes ! Quatre fois plus que MIR. « L’accès à un laboratoire
spatial permanent est une occasion pour concentrer les recherches sur le comportement de la
matières hors de l’influence de l’attraction terrestre », rappelle l’administrateur de la NASA,
Daniel Gordin. (…) L’ESA1 a obtenu des strapontins pour deux astronautes qui passeront
chaque année jusqu’à trois mois dans l’ISS. Mais les heureux élus devront parler russe,
s’entraîner au Japon, en Russien en Europe, au Canada, et même au Brésil.

Hervé Morien, « la station spatiale internationale s’apprête à succéder à Mir », Le Monde, 19


novembre 1998.
1. ESA : European Spatial Agency en anglais. Agence spatiale européenne

Document 2 : Plan de l’ISS

2
Thème 1_Axe 2

1. Quel est le principal contributeur de l’ISS ? (doc. 1) Il s’agit des Etats-Unis


2. Quels sont les autres pays ayant contribué à la construction de l’ISS ? (docs. 1 et 2).
La Russie, les EU, le Canada, le Japon et pays européens
3. Combien à coûté la construction de l’ISS ? 150 milliards de dollars
2- Accéder à l’ISS

Document 3 : Le témoignage d’un astronaute américain

Il faut aller au bout du monde pour quitter la Terre. Depuis le retrait des navettes spatiales, en
2011, nous dépendons des Russes pour le lancement dans l’espace et nous devons d’abord nous
rendre au cosmodrome de Baïkonour (…) qui était autrefois la base de lancement secrète des
programmes spatiaux soviétiques. Pour un Américain qui a grandi et suivi la formation de pilote
de la Marine pendant les dernières années de la guerre froide, il est toujours surprenant d’être
invité dans le saint des saints du programme spatial soviétique et initié à ses secrets. Ce lieu
âpre et désolé est le seul port d’envol vers l’espace qui existe au monde. Nous entamons la
descente à bord d’un Tupolev 134, un vieil appareil de transport militaire russe. Ces avions, qui
pouvaient être équipés autrefois de râteliers à bombes et jouer le rôle de bombardiers en cas de
besoin, faisaient partie de l’arsenal conçu par les Soviétiques pendant la guerre froide pour
attaquer mon pays, les Etats-Unis. Ils transportent maintenant les voyageurs de l’espace de
toutes nationalités : Russes, Américains, Européens, Japonais et Canadiens. Nous sommes
d’anciens ennemis réunis en équipage pour rejoindre la station spatiale que nous avons
construite ensemble.

Scott Kelly, Mon Odyssée dans l’espace, Les Arènes, 2018, traduit par Nathalie Gouyé-
Guilbert.

4. Quel est le principe pour déterminer le nombre d’astronautes par pays ayant le droit
d’accéder à l’ISS ?
Cela se fait en fonction de la part des investissements réalisés par pays. C’est le prorata du
financement.
5. Pourquoi à partir de 2011 (et jusqu’en 2020) tous les astronautes rejoignant l’ISS
doivent-ils se rendre au cosmodrome de Baïkonour ? (doc. 3)
Car les navettes spatiales n’existent plus.
6. Quels sont aujourd’hui les 2 vaisseaux et lanceurs capables d’envoyer des humains
dans l’ISS ?
Crew Dragon du côté américain et Soyouz (falcon 9) du côté russe
7. Quels vaisseaux cargos peuvent ravitailler l’ISS ? Progress russe, le HTV japonais, et le
signus américain

C) Les usages de l’ISS ?

Activité : Prélever des informations d’une vidéo

3
Thème 1_Axe 2

A partir de la vidéo « l’ISS est-elle utile ? » publiée en 2016 relevez quelles sont les
principaux usages de la station spatiale internationale.

https://www.lemonde.fr/cosmos/video/2016/02/18/a-quoi-sert-la-station-spatiale-internationale_4868072_1650695.html

- observer les impacts de la vie dans l’espace sur le corps humain


- Expériences scientifiques : traitement contre le cancer
- Retombées économiques importantes : création d’emplois, activité industrielle de
pointe,

D) Quel avenir pour l’ISS et la coopération spatiale internationale ?

Activité : Prélever des informations dans un texte

Tous les partenaires ont signé [pour la poursuite du financement de l’ISS] jusqu’en
2024, voire jusqu’en 2028 pour la plupart. Le premier module qui compose l’ISS a été mis en
orbite en 1998. Ainsi, 2028, cela représentera une durée d’exploitation importante (…) La
Station spatiale, si elle était strictement institutionnelle jusqu’à il y a quelques mois, s’est
ouverte aujourd’hui, sous l’impulsion américaine, à une part d’exploitation commerciale par
des entreprises privées sur des sujets de recherche et développement spécifiques à la
microgravité, et d’autre part à destination d’une forme de tourisme spatial. En début d’année
prochaine, la mission Axiom 1 [opérée par Space X) va venir s’amarrer à la station spatiale
pour un séjour privé. (…) Par ailleurs, à l’intérieur de la station, on voit de plus en plus de
plateformes expérimentales, sous la responsabilité opérationnelle d’entreprises privées. (…)
Cette exploitation commerciale de la station spatiale va se développer. C’est important aussi,
parce que cela permet d’avoir des financements complémentaires qui permettent aux Agences
de prévoir des budgets pour des missions plus lointaines, vers la Lune puis Mars. L’exploitation
d’une station spatiale implique une charge financière considérable. (…)
Les Russes se posent la question de poursuivre leurs financements à mesure que la
structure vieillit. (…) Par ailleurs, le paysage géopolitique se transforme avec de nouveaux
acteurs et de nouvelles alliances possibles. La Chine vient de mettre en orbite le premier élément
de sa nouvelle station spatiale Tianhe (Harmonie Céleste) (…). La Chine se pose aussi la
question de l’ouverture à d’autres partenaires, il y a des possibilités de coopérations
scientifiques voire de coopération opérationnelle avec d’autres nations. L’Europe y travaille par
des programmes scientifiques conjoints et des entraînements de nos astronautes européens (…).
En orbite basse, c’est donc une situation qui change. La prochaine étape concerne le
retour vers la Lune, avec le projet Gateway, analogue en termes de coopération à la station
spatiale internationale. Cette infrastructure sera une petite station en orbite cislunaire. L’ESA
est impliquée avec d’importantes contributions, comme la conception des module d’habitation
I-Hab et celui, fonctionnel, de puissance ESPRIT. Il y a aussi l’agence japonaise JAXA,
l’agence canadienne ASC, mais pas les Russes pour le moment (…). Et on voit aujourd’hui se
mettre en place un rapprochement entre la Russie et la Chine sur un projet conjoint de base
scientifique lunaire, encore peu précisé. L’étape suivante, c’est la descente du Gateway sur la
surface de la Lune. On voit y apparaître des projets de bases lunaires, et pour l’instant, nous
n’avons pas encore trouvé le mode commun de convergence et de gouvernance. Sur les sujets
sur lesquels je m’étais engagée, il y a ce concept de village lunaire (Moon Village évoqué par
le directeur général de l’ESA en 2015), c’est-à-dire une harmonisation des installations sur la
Lune. Les entreprises privées, les centres de recherches, les agences institutionnelles, quelle
4
Thème 1_Axe 2

que soit la nationalité, pourraient se développer en synergie au lieu de se mettre chacun sur un
coin de Lune sans faire de route pour communiquer, sans partager les données scientifiques ou
les sources et stockages d’énergies potentielles. C’était ça l’idée politique du village lunaire.
Une aventure de l’Humanité et pas simplement une aventure de nations se faisant concurrence.

Interview (extraits) de C. Haigneré (ancienne astronaute et ancienne ministre française)


« La station spatiale internationale, un avenir en question dans un univers aux profondes
évolutions », publiée dans le magazine en ligne le taurillon.org le 25 mai 2021

1) Quel est l’avenir de l’ISS ? Présentez les nouveaux enjeux et acteurs ?


- Exploitation commerciale par des entreprises privées, sous l’impulsion américaine
- Questionnement de la Russie concernant la poursuite de son investissement
- Emergence de nouveaux acteurs tels que la Chine
- Possibilité de nouvelles alliances géopolitiques, de coopérations scientifiques
- Retour vers l’exploration de la Lune
Les financements sont assurés jusqu’en 2028, après la question se pose.
2) Quel est l’avenir de la coopération spatiale internationale ?
Menacé par la Chine qui fait sa propre agence spatiale + station spatiale. Donc coopération
international menacé. Retrait possible de la Russie.

Définitions :

Navette spatiale : véhicule aérospatial réutilisable, conçu pour assurer la desserte des stations
spatiales en orbite basse mais pouvant aussi assurer d’autres missions.

Orbite : trajectoire dessinée par les satellites autour de la Terre

II- Rivalités et coopérations dans le partage, l’exploitation et la préservation des


ressources des mers et des océans.

A) Partager les mers et les océans

- En 1609, le traité maritime d’Hugo Grotius, Mare liberum, met en place le principe
fondamental du droit des mers, celui de la liberté et de la libre circulation.
- Au début du XXe siècle, une distinction s’opère entre haute mer et mer territoriale =
une mince bande côtière (trois miles). Aucune règle juridique internationale ne s’impose
- Après 1945, les nouveaux états issus de la décolonisation réclament une règle
internationale.
- En 1958 = une première convention des Nations Unies met en place un droit de la mer
et une première distinction entre mer territoriale (= sous la souveraineté pleine d’un
État), plateau continental (= dans lequel les états peuvent exploiter des ressources
naturelles et la haute mer).

5
Thème 1_Axe 2

Créer des règles : la convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) :
- dans les années 60, les progrès technologiques permettent d’exploiter les ressources
offshores = renforçant les rivalités entre les Etats, notamment pour les hydrocarbures et
les ressources halieutiques.
- En 1973, débute la troisième conférence des Nations unies sur le droit de la mer
(CNUDM) qui aboutit à la signature en 1982 de la Convention des Nations unies sur le
droit de la mer à Montego Bay en Jamaïque après 11 sessions de négociations, ce qui
illustre les difficultés à trouver un consensus parmi les représentants des 160 états
signataires.
- La convention définit différents espaces maritimes :
- 1) La zone de souveraineté pleine et entière de l’État côtier jusqu’à 12 milles
marins (les eaux intérieures).
- 2) La zone économique exclusive, espace marin large de 200 milles nautiques (370
kms) dans lequel l’État côtier dispose de droits exclusifs sur l’exploration et
l’exploitation des ressources.
- 3) La haute mer dont l’accès est libre et garanti pour l’ensemble des pays ce qui
permet la libre circulation des navires, mais aussi la pose des câbles et des
conduites. En haute mer, les ressources sont considérées comme « patrimoine commun
de l’Humanité » et leur exploitation est encadrée. L’autorité internationale des fonds
marins de l’ONU est chargée de réguler leur exploitation.
- Cette convention ne parvient cependant pas à mettre en place une protection du milieu
marin universel, même si elle impose à tous les états la protection et la préservation de
l’environnement marin des océans.

B) Des rivalités dans le partage des mers et des océans

- Les causes de ces rivalités : les espaces maritimes abritent de nombreuses ressources
naturelles : pétrole, gaz, ressources halieutiques.

6
Thème 1_Axe 2

- Exemple : les ressources en hydrocarbures : Les tensions sont vives en mer de Chine.
Ainsi, la RPC revendique des îlots appartenant, selon le droit international, au Japon
(Senkaku/ Diaoyu) ou au Vietnam (îles Spratleys). La maitrise de ces îlots contestés
permettrait à la Chine de demander l’extension de sa ZEE à des espaces maritimes
particulièrement riches en hydrocarbures offshore (bien que la Convention de Montego
Bay précise que seuls les espaces se prêtant à une habitation humaine ou à une activité
économique propre peuvent avoir une ZEE, ce qui n’est pas le cas de ces îlots).

On estime les litiges frontaliers sur les océans à environ 70/80. Ils concernent
essentiellement les limites des ZEE, et sont pour la plupart jugés par le Tribunal international
du droit de la mer (TIDM), créé en 1996. Lorsque le TDIM ne parvient pas à résoudre le conflit,
la Cour internationale de Justice de La Haye, constitue le dernier recours. Ainsi en 2018, la CIJ
a estimé que le Chili n’avait aucune obligation d’accorder un accès maritime à la Bolivie.

C) Coopérer pour préserver les mers et les océans

Le changement climatique mondial, ainsi que l’activité humaine en général (pêche


commerciale, pollution plastique, exploitation minière des fonds marins…), génèrent un besoin
de coopération internationale dans la gestion des mers et des océans, par la menace qu’ils font
peser sur la biodiversité marine :

- Gestion des ressources : l'exploitation des minerais sous-marins présents dans les eaux
internationales est encadrée depuis 1994 par l'Autorité internationale des fonds
marins. En 1995, est adopté une convention de promotion d'une pêche responsable :
exemple, instauration de quotas de pèche par espèces
- Aires protégées : La coopération internationale passe aussi par la délimitation d'aires
marines protégées, où se mettent en place de véritables gouvernances régionales des
océans. Par exemple le Conseil de l'Arctique, créé en 1996, est un forum
intergouvernemental qui regroupe huit États (Canada, Danemark, États-Unis, Finlande,
Islande, Norvège, Suède, Russie). Il met en œuvre l'observation de la faune, de la flore,
des conséquences du changement climatique, mais aussi la lutte contre la pollution. Ce
Conseil n’empêche pas les tensions entre les pays membres, au sujet des ZEE
- Protection des océans : c’est un enjeu des eaux territoriales. Ces eaux abritent une
richesse végétale et animale encore méconnue et surtout mal protégée. La préservation
de la biodiversité dans ces espaces est au cœur des négociations de la Conférence
Internationale sur la Biodiversité Marine (BBNJ Biological diversity beyond
national juridiction) qui tente depuis 2018 d’aboutir à un accord sur une gestion
durable de la biodiversité et une protection accrue des écosystèmes menacés.

Conclusion :

L’espace, comme les mers et les océans, sont donc des espaces qui ont vu se développer
des formes diverses de coopération. En définissant un droit et des règles communes, la
communauté internationale a considéré ces espaces comme « patrimoine commun de
l’Humanité ». Si les difficultés et la complexité de l’exploration et de l’exploitation spatiale et

7
Thème 1_Axe 2

sous-marine ont favoriser la coopération entre les états, la tendance à l’exploitation et à la


privatisation de la conquête spatiale comme des fonds sous-marins pose des questions
importantes sur la durabilité de la gestion de ces environnements entre un espace qui voit se
multiplier les déchets, les satellites abandonnés et une haute mer où les courants marins font
naître des continents de déchets plastiques.

Vous aimerez peut-être aussi