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OBJET D’ETUDE : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

Œuvre intégrale : Arthur Rimbaud, Cahier de Douai (aussi connu sous les titres Ca-
hiers de Douai, « Recueil Demeny » ou Recueil de Douai), 22 poèmes, de « Première
soirée » à « Ma Bohème (Fantaisie) »,1893.
Parcours associé : Emancipations créatrices

1ère partie de l’épreuve : explication linéaire et question de gram-


maire
Intitulé ou questionnement éventuel choisi pour l’étude :

Textes de l’œuvre 1- page 2, Roman


intégrale 2- page 3, Les effarés
3- page 4, Le Mal

Edition à préciser
Intitulé ou questionnement éventuel choisi pour l’étude :
Textes du par-
1- page 5, de « Cette fille au doux front » à « Va-t-en, infâme ! », Melancholia,
cours associé Les Contemplations, de Victor Hugo, 1856.
Edition à préciser

2ème partie de l’épreuve : entretien

Œuvre(s) imposée(s) ou liste d’œuvres proposées aux élèves.


Lectures cursives
L’élève coche celle(s) qu’il aura lue(s).

Lecture(s) cursive(s) proposée(s) à la classe un recueil aux choix :


- La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, de Philippe Delerm,
1997.
- Calligrammes, de Guillaume Apollinaire, 1918.

Partie(s) du programme non traitée(s) pour cette session

Nom et signature du proviseur : Nom et signature du professeur :


G. Mostrov

1
Œuvre intégrale : Arthur Rimbaud, Cahier de Douai (aussi connu sous les titres Cahiers de
Douai, « Recueil Demeny » ou Recueil de Douai), 22 poèmes, de « Première soirée » à « Ma
Bohème (Fantaisie) »,1893.
Explication de texte 1 : Roman
Roman
I
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade. […]

II
- Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! — On se laisse griser.


La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…

III
Le cœur fou Robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père…

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,


Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif…
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…

IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.
Vous êtes amoureux. — Vos sonnets la font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire… !

- Ce soir-là,… — vous entrez aux cafés éclatants,


Vous demandez des bon bocks ou de la limonade…
- On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.
29 septembre 1870

Rimbaud photographié par Carjat.


L'épreuve a appartenu à Paul Clau-
del - Carjat, reproduction des années
1910 / BNF.

2
Arthur Rimbaud en octobre 1871, à
17 ans (photographie : Étienne
Explication de texte 2 : Les effarés Carjat).

Les effarés
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond,

A genoux, cinq petits, - misère ! -


Regardent le Boulanger faire
Le lourd pain blond.

Ils voient le fort bras blanc qui tourne


La pâte grise et qui l’enfourne
Dans un trou clair.

Ils écoutent le bon pain cuire.


Le Boulanger au gras sourire
Grogne un vieil air.

Ils sont blottis, pas un ne bouge,


Au souffle du soupirail rouge
Chaud comme un sein.

Quand pour quelque médianoche,


Façonné comme une brioche
On sort le pain,

Quand, sous les poutres enfumées,


Chantent les croûtes parfumées
Et les grillons,

Que ce trou chaud souffle la vie,


Ils ont leur âme si ravie
Sous leurs haillons,

Ils se ressentent si bien vivre,


Les pauvres Jésus pleins de givre,
Qu’ils sont là tous,

Collant leurs petits museaux roses


Au treillage, grognant des choses
Entre les trous,

Tout bêtes, faisant leurs prières


Et repliés vers ces lumières
Du ciel rouvert,

Si fort qu’ils crèvent leur culotte


Et que leur chemise tremblote
Au vent d’hiver.
Les cahiers de Douai (1870), d’Arthur Rimbaud
3
Explication de texte 3 : Le mal

Le mal

Tandis que les crachats rouges de la mitraille


Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;

Tandis qu’une folie épouvantable broie


Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
– Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !…

– Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées


Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées


Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !

Le Mal, Cahiers de Douai, d’Arthur Rimbaud, 1893.

Arthur Rimbaud en octobre 1871, à 17


ans (photographie : Étienne Carjat).

4
Parcours associé : Emancipations créatrices
Explication de texte 1 : Melancholia

Melancholia

[…] Cette fille au doux front a cru peut-être, un jour,


Avoir droit au bonheur, à la joie, à l’amour.
Mais elle est seule, elle est sans parents, pauvre fille !
Seule ! — N’importe ! elle a du courage, une aiguille,
Elle travaille, et peut gagner dans son réduit,
En travaillant le jour, en travaillant la nuit,
Un peu de pain, un gîte, une jupe de toile.
Le soir, elle regarde en rêvant quelque étoile,
Et chante au bord du toit tant que dure l’été.
Mais l’hiver vient. Il fait bien froid, en vérité,
Dans ce logis mal clos tout en haut de la rampe ;
Les jours sont courts, il faut allumer une lampe ;
L’huile est chère, le bois est cher, le pain est cher.
Ô jeunesse ! printemps ! aube ! en proie à l’hiver !
La faim passe bientôt sa griffe sous la porte,
Décroche un vieux manteau, saisit la montre, emporte
Les meubles, prend enfin quelque humble bague d’or ;
Tout est vendu ! L’enfant travaille et lutte encor ;
Elle est honnête ; mais elle a, quand elle veille,
La misère, démon, qui lui parle à l’oreille.
L’ouvrage manque, hélas ! cela se voit souvent.
Que devenir ? Un jour, ô jour sombre ! elle vend
La pauvre croix d’honneur de son vieux père, et pleure.
Elle tousse, elle a froid. Il faut donc qu’elle meure !
À dix-sept ans ! grand Dieu ! mais que faire ?… — Voilà
Ce qui fait qu’un matin la douce fille alla
Droit au gouffre, et qu’enfin, à présent, ce qui monte
À son front, ce n’est plus la pudeur, c’est la honte.
Hélas ! et maintenant, deuil et pleurs éternels !
C’est fini. Les enfants, ces innocents cruels,
La suivent dans la rue avec des cris de joie.
Malheureuse ! elle traîne une robe de soie,
Elle chante, elle rit… ah ! pauvre âme aux abois !
Et le peuple sévère, avec sa grande voix,
Souffle qui courbe un homme et qui brise une femme,
Lui dit quand elle vient : C’est toi ? Va-t-en, infâme ! […]
Paris, juillet 1838, Les Contemplations (1856), Victor Hugo.

Portrait de Victor Hugo (1802-


1885) par Léon Bonnat.

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