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POUR
LE DOCTORAT
La Facolté n'entend donner aucune approbation ni improba-tion aux
opinions émises dans les thèses ; ces opinions doivent être considérées
comme propres à leurs auteurs
FACULTE DE DROIT DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS
PAR
A. ALASSEUR
PARIS
LIBRAIRIE DE LA SOCIÉTÉ DO RECUEIL GÉNÉRAL DES LOIS ET DES ARRÊTS
ET OU JOURNAL OU PALAIS
Ancienne Maison L. LAROSE & FORCEL
22. rue Soufflot (5º arrond.)
L. LAROSE, Directeur de la Librairie
1903
V
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE PREMIER
L'ANCIEN REGIME
LA RÉVOLUTION
1. B., t. XXV, p. 6.
2. B., t. XXV, p. 92.
3. B.. t. XXXV, pp. 136 et 137.
4. B., t. XL, p. 4.
5. B., t. XL, p. 237.
— 64 —
1. B., t. L, p. 89.
2. fi., t. LU, p. 115.
3. B., t. XIV, p. 106.
4. fi., t. XXVIII, p. 390.
— 65 —
assemblée, et exécutaient ses volontés, avec la ponc-
tualité et la soumission qu'impose la terreur.
Une grande confusion régnait donc dans l'organisa-
tion judiciaire, comme à peu près partout d'ailleurs,
quand la Constitution de l'an 111 (1) vint y mettre un
peu d'ordre, mais ce fut pour un temps bien court. Les
articles 212, 216 et 259 de cette Constitution,
maintenaient l'élection comme mode de recrutement, et
fixaient la durée des pouvoirs, à deux ans pour les juges
de paix, et à cinq ans, pour les autres magistrats.
D'autre part, les électeurs, continuant à montrer autant
d'indifférence qu'auparavant à exercer leur mandat, la
loi du 25 brumaire an IV (16 novembre 1795) (2),
confia au Directoire exécutif, le soin de nommer les
magistrats destinés à combler les vides résultant
d'élections nulles. C'était déjà très grave. Ce qui le fut
davantage, et constitua une atteinte directe et
incontestable, à l'inamovibilité, consacrée dans la
Constitution (article 206), c'est l'annulation faile, au
moment du coup d'Etat de fructidor, des élections du 13
avril précédent (3), et les nominations opérées par le
Directoire, en remplacement des élus ainsi privés de
leurs sièges.
Enfin, le 12 frimaire an VI (2 décembre 1797)
1. vu Bull. 2, nº 8.
2. VII Bull.1,n° 3.
— 85 —
Les choses étant ainsi remises en l'état où elles se
trouvaient, quand le roi avait été obligé de quitter la
France, l'épuration, alors commencée, fut reprise au
point où elle avait été laissée. Cette épuration se fit peu
à peu, au moyen et à l'occasion de l'institution succes-
sive des cours et tribunaux. M. Pasquier, ministre de la
justice, dans le cabinet Talleyrand, y procéda avec la
plus grande modération possible ; et c'est sous l'empire
de ces bonnes dispositions, que fut installée la Cour de
Paris, le 18 septembre 1815 (1). M. Barbé-Mar-bois, son
successeur, dans le cabinet Richelieu, continua son
œuvre. Le tribunal de la Seine et la Cour de Lyon,
reçurent l'institution, par ordonnances en date du 15 et
du 25 octobre 1815 L'exclusion que comportaient ces
ordonnances, frappaient environ un tiers des juges du
tribunal de la Seine et un quart des conseillers delà
Cour de Lyon. L'opinion publique, toujours portée aux
extrêmes, réclamait encore davantage.
C'est à cette époque que fut nommée et réunie la
Chambre dite introuvable, dont l'état d'esprit était bien
conforme à ce dernier sentiment.
Un député de la majorité, M. Hyde de Neuville, an-
nonça le 23 octobre 1815, qu'il comptait demander une
réduction des tribunaux (2), et le 3 novembre, il déve-
loppait sa proposition, dont le but véritable était l'épu-
LA DEUXIÈME RÉPUBLIQUE
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ
LE SECOND EMPIRE
.
C'est ce sentiment de crainte de l'anarchie, qui a
conduit, en grande partie, certains magistrats à entrer
dans la composition des Commissions mixtes. Nous
n'avons pas à apprécier ici le rôle politique joué par ces
commissions, nous n'en parlerions même pas, si
plusieurs magistrats inamovibles, n'avaient été proscrits
par elles.
« L'inamovibilité ne saurait être un refuge», répondit-
on aux protestations qui accueillirent ces mesures. Nous
estimons, pour notre part, que l'inamovibilité ne saurait,
en effet.empêcher un magistrat coupable d'être frappé
par la justice de son pays ; mais nous soutenons que,
sauf le cas d'une condamnation à une peine atflic-tive ou
infamante, formellement prévu par le Code pénal, on ne
peut, à moins de commettre une illégalité, déposséder
un magistrat inamovible de son siège, sans se conformer
aux formalités prescrites en pareil cas par la loi, c'est-à-
dire, sans soumettre les actes du magistratincriminéà la
juridiction disciplinairecompé-tente. Les
condamnations, ainsi prononcées par les Commissions
mixtes, constituent donc, à notre avis,
— 113 —
une violation du principe de l'inamovibilité; violation
d'autant plus grave que, quelques jours avant l'insti-
tution de ces commissions par une circulaire du 3
février 1852 (1), la Constitution du 14 janvier, avait
reconnu une fois de plus, ce principe. Le préambule de
la Constitution, place en effet l'inamovibilité, au
nombre des choses immuables, qui doivent survivre à
tous les gouvernements, et l'article 26, en confie la
garde au Sénat (2).
Tout ce que nous venons de rappeler, montre que les
sentiments qui animaient la magistrature, étaient, en
majorité, favorables au nouveau régime. Qu'allait faire
le gouvernement, en présence de cette attitude ? Nous
avons vu que la Constitution consacrait l'inamovibilité
d'une façon un peu indirecte, elle était d'ailleurs muette
sur l'organisation des tribunaux. On pouvait) en
conclure que cette organisation resterait intacte, c'est,
en effet, ce qui eut lieu, et, sauf les condamnations,
prononcées par les Commissions mixtes, con-
damnations qu'on cherchait à excuser par des raisons
de sûreté publique, l'inamovibilité fut respectée à cette
époque, de la manière la plus complète, du moins quant
aux actes ostensibles du gouvernement. Cette
restriction nous est inspirée parla lecture du livre de M.
Odilon-Barrot, De l'organisation judiciaire en
LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE
vu :
Le président de la thèse, E.
CHAVEGRIN.
vu : Le
doyen,
GLASSON.
VU ET PERMIS D'IMPRIMER:
Le vice-recteur de l'Académie de Paris,
LIARD.
TABLE DES MATIÈRES
Pages
INTRODUCTION, ........................................................................... 4
PREMIÈRE PARTIE Le
principe de l'inamovibilité
DEUXIÈME PARTIE I