Chap 10
Chap 10
Chap 10
Exemple. — Comme on a vu, l’EDO linéaire de degré 2 x ′′ = − x avec les conditions initiales
x (0) = 1 et x ′ (0) = 0 peut se ré-écrire comme un problème de Cauchy. Son unique solution est
la fonction cos : R → R.
L’exemple suivant montre que sans condition additionnelle les solutions d’un problème de
Cauchy ne sont pas uniques !
admet deux solutions, à savoir la fonction nulle et la fonction donnée par f (t) = t3 .
Cet exemple montre que la continuité de l’application F est trop faible pour avoir un résultat
d’unicité.
Remarque. — Rappelons la Proposition 8.3 qui dit que, si F est continue et si toutes les dérivées
∂F
partielles ∂x 1
∂F
, . . . , ∂x n
existent et sont continues sur I × U, alors F is Lipschitzienne par rapport
à U sur tout ensemble de la forme C = J × K où J ⊂ I est un intervalle compact et où K ⊂ U
est une partie compacte et convexe.
32 CHRISTIAN MIEBACH
10.2. Version intégrale d’une EDO. — Afin démontrer le Théorème 10.2 il vaut mieux de
transformer le problème de Cauchy en une équation intégrale comme suit.
Proposition 10.3. — Une application dérivable φ : I → U est solution de l’EDO x ′ = F (t, x ) avec la
condition initiale x (t0 ) = x0 de Cauchy si et seulement si pour tout t suffisamment proche de t0 nous
avons Z t
φ ( t ) = x0 + F s, φ(s) ds.
t0
Démonstration. — Le résultat est une conséquence directe du fait que toute fonction φ de classe
C 1 vérifie Z t
φ ( t ) − φ ( t0 ) = φ′ (s)ds.
t0
10.3. Le lemme de Gronwall. — Afin de démontrer la partie d’unicité du Théorème 10.2 nous
avons besoin du Lemme de Gronwall.
Lemme 10.4 (Gronwall). — Soit g : I → R⩾0 une fonction continue et positive définie sur un inter-
valle I ⊂ R. Supposons qu’il y a deux constantes a, b ∈ R avec b > 0 telles que
Z t
(10.1) g(t) ⩽ a + b g(s)ds
t0
pour un certain t0 ∈ I et pour tout t ∈ I. Alors nous avons
g(t) ⩽ aeb|t−t0 |
pour tout t ∈ I.
Remarque. — Si la fonction f : I → R satisfait à
Z t
f (t) = a + b f (s)ds,
t0
ainsi que |t − t0 | = t − t0 .
Supposons maintenant que la fonction g vérifie l’inégalité (10.1) pour tout t ∈ I avec t ⩾ t0
Rt
et posons G (t) = t0 g(s)ds. Un calcul direct montre que G ′ (t) − bG (t) ⩽ a pour tout t ⩾ t0 ,
t ∈ I. Par conséquent, on a G ′ (t) − bG (t) e−b(t−t0 ) ⩽ ae−b(t−t0 ) et donc l’intégrale
Z t h it Z t Z t
G ′ (s) − bG (s) e−b(s−t0 ) ds = G (s)e−b(s−t0 ) + b G (s)e−b(s−t0 ) ds − b G (s)e−b(s−t0 ) ds
t0 t0 t0 t0
− b ( t − t0 )
= G (t)e
est majorée par
Z t
a a
ae−b(s−t0 ) ds = − e−b(t−t0 ) + .
t0 b b
Ceci permet de conclure que
a b ( t − t0 )
G (t) ⩽ e −1
b
et donc que
g(t) = G ′ (t) ⩽ a + bG (t) ⩽ a + a eb(t−t0 ) − 1 = aeb(t−t0 )
pour tout t ∈ I avec t ⩾ t0 .
L3 TOPOLOGIE ET CALCUL DIFFÉRENTIEL 33
L’idée clé de la preuve est de considérer cette identité comme une équation de point fixe.
Pour cela, soit X l’ensemble de toutes les applications continues ]t0 − δ, t0 + δ[→ Br ( x0 ) et
soit P : X → X l’application donnée par
Z t
P(ψ)(t) := x0 + F s, ψ(s) ds.
t0
et donc P(ψ) appartient en effet à X. De plus, P est une contraction par rapport à la norme sup
car
Z t
d P(ψ1 ), P(ψ2 ) = F s, ψ1 (s) − F s, ψ2 (s) ds
t0 ]t0 −δ,t0 +δ[
Z t
⩽ sup F s, ψ1 (s) − F s, ψ2 (s) ds
t∈]t0 −δ,t0 +δ[ t0
Z t
⩽ sup L ψ1 (s) − ψ2 (s) ds ⩽ δL · d(ψ1 , ψ2 ).
t∈]t0 −δ,t0 +δ[ t0
On peut donc appliquer le Théorème du point fixe de Banach afin d’obtenir un unique point
fixe φ ∈ X, ce qui démontre le Théorème 10.2(1).
10.5. Solutions maximales d’une EDO. — La partie sur l’unicité du Théorème 10.2 permet
de définir la notion de solution maximale du problème de Cauchy
(
x ′ = F (t, x )
(10.2) ,
x ( t0 ) = x0
où F : I × U → Rn est continue et localement Lipschitzienne par rapport à U.
Définition 10.5. — Une solution φ : J → U de ce problème de Cauchy est appelée maximale si
pour toute autre solution ψ : J ′ → U nous avons J ′ ⊂ J et ψ = φ| J ′ .
Proposition 10.6. — Le problème de Cauchy (10.2) possède une unique solution maximale.
Démonstration. — Soit J la réunion de tous les intervalles Jα sur lesquels le problème de
Cauchy (10.2) admet une solution φα . Pour t ∈ J choisissons α tel que t ∈ Jα et posons
φ(t) := φα (t). Si t appartient également à Jβ , alors d’après le Théorème de Cauchy-Lipschitz
nous avons [t0 , t] ⊂ Jα ∩ Jβ et φα (t) = φ β (t). Il s’ensuit que φ : J → U est bien définie et est
l’unique solution maximale.
10.6. Quelques EDOs non-linéaires. — La solution d’une EDO autonome se réduit au calcul
intégral comme dans l’exemple suivant.
Exemple. — Considérons l’EDO non-linéaire x ′ = x2 . Soit f une solution (locale) de cette
EDO. Remarquons que la fonction nulle en est une solution. D’après l’unicité de la solution
d’un problème de Cauchy, si f s’annule en un point t0 , alors f = 0 partout. On peut donc
supposer que f ne s’annule jamais, ce qui permet d’écrire
f ′ (t)
= 1.
f ( t )2
En intégrant cette identité, on obtient
Z t ′ Z f (t)
f (s) 1 1 1
t − t0 = 2
ds = du = − .
t0 f (s) f ( t0 ) u2 f ( t0 ) f (t)
L’unique solution du problème de Cauchy x ′ = x2 avec x (t0 ) = x0 est donc donnée par
x0
f (t) = .
1 − ( t − t0 ) x0
Cette technique permet souvent de résoudre les EDO de la forme x ′ = F ( x ).
C HRISTIAN M IEBACH, Univ. Littoral Côte d’Opale, UR 2597, LMPA, Laboratoire de Mathématiques Pures et
Appliquées Joseph Liouville, F-62100 Calais, France • E-mail : christian.miebach@univ-littoral.fr