Cour de Droit - 081536
Cour de Droit - 081536
Cour de Droit - 081536
CHAPITRE I
LA LOI
Le terme « loi » a deux sens :
- au sens strict, la loi est l'acte qui émane du pouvoir législatif conformément aux
règles établies par la Constitution ;
- au sens large, il désigne toutes les règles posées par un organe étatique compétent
: il englobe donc les textes émanant aussi bien du pouvoir législatif que du pouvoir
réglementaire.
Les textes étatiques sont classés en fonction des différentes autorités qui les formulent.
Il existe une hiérarchie entre ces catégories, qui s'établit ainsi :
• loi constitutionnelle,
• traités internationaux,
• lois ordinaires.
CARACTÈRES GÉNÉRAUX
I- PARLEMENT
A - COMPOSITION DU PARLEMENT
L'Assemblée nationale comprend des députés élus pour cinq ans au suffrage
universel direct. Cette durée est appelée législature. Le scrutin est majoritaire à deux tours.
Le Sénat est composé de sénateurs élus pour neuf ans, au suffrage indirect, et
renouvelables par tiers tous les trois ans.
Les députés et sénateurs jouissent de l'immunité parlementaire : ils ne peuvent être
poursuivis ou arrêtés, en matière criminelle ou correctionnelle, pendant la durée des Sessions,
qu'avec l'autorisation de l'assemblée dont ils font partie. Ils ne peuvent non plus être
poursuivis, arrêtés ou jugés à l'occasion des opinions et votes émis par eux dans l'exercice de
leurs fonctions.
Les députés et sénateurs sont soumis aux incompatibilités parlementaires : l'exercice
de certaines professions leur est interdit (chef d'entreprise, agent immobilier...). Les
parlementaires perçoivent une indemnité.
B - FONCTIONNEMENT DU PARLEMENT
1° Le Parlement se réunit en sessions ordinaires deux fois chaque année, d'avril
à juillet et d'octobre à décembre.
Il peut être convoqué en session extraordinaire, sur un ordre du jour déterminé, par
décret du Président de la République, à la demande du Premier ministre ou de la majorité des
députés.
A - LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
1° Statut
a) Il est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et à la majorité des suffrage
exprimés, absolue au premier tour et relative au second tour.
En cas de vacance, par décès, démission, ou empêchement du Président l'intérim de
ses fonctions est assuré par le vice-Président.
B - LE GOUVERNEMENT
1° Statut
Le Premier ministre.
- est nommé par le Président de la République ;
- ses fonctions prennent fin par décès, empêchement définitif, démission volontaire
démission forcée lorsque le gouvernement est renversé par l'Assemblée nationale
Les ministres :
- sont nommés par le Président de la République sur proposition du Premier
ministre;
- leurs fonctions prennent fin en même temps que celles du Premier ministre,
ou par décès, empêchement définitif, démission volontaire ou forcée, et révocation par le
Président de la République.
Les fonctions de ministre et Premier ministre sont incompatibles avec l'exercice d'un
mandat parlementaire, d'un emploi public, d'une activité professionnelle.
Le gouvernement est responsable devant l'Assemblée. Cette responsabilité est mise
en œuvre :
- soit à l'initiative du Premier ministre qui décide d'engager la responsabilité du
gouvernement sur son programme, ou sur une de politique générale ;
- soit à l'initiative de l'Assemblée, par le vote d'une motion de censure.
Le gouvernement qui ne recueille pas la majorité des voix de l'Assemblée nationale
est tenu de démissionner.
2° Fonctions
Le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation, soit collectivement
en Conseil des ministres, soit par l'action individuelle du Premier ministre et des ministres.
A - COMPOSITION
Il comprend neuf membres nommés pour neuf ans.
Trois des membres sont désignés par le Président de la République, trois autres par le
Président du Sénat et les trois derniers par le Président de l'Assemblée nationale. Les fonctions
de conseiller sont incompatibles avec celles de ministre, député ou sénateur, et de membre du
conseil économique, social et environnemental.
B - COMPÉTENCE
Le Conseil constitutionnel :
a) Contrôle la conformité à la Constitution.
- Des lois organiques et des règlements parlementaires. Ces textes sont obligatoirement
et préalablement soumis à son appréciation ;
- des lois ordinaires et des traités conclus par la Côte d’Ivoire, sur demande du Président
de la République, du Président de l'Assemblée nationale ou du Sénat.
b) Statue sur les litiges concernant :
- l'élection du Président de la République, des députés et des sénateurs ;
- le référendum.
Les traités sont des accords qui déterminent les règles applicables aux rapports entre
les Etats contractants.
Certains traités se bornent à réglementer une ou plusieurs matières : condition des
étrangers, impositions fiscales, conflits de lois ; d'autres entraînent en outre création d’organes
supranationaux : organisations internationales telles que l'ONU, l’UNESCO, B.I.T., etc.,
organismes communautaires, tels que ceux créés par la communauté des Etats de l’Afrique de
l’Ouest.
Les traités peuvent contenir des règles de droit privé. Quelle est la valeur de telles
règles ? Ces règles deviennent de véritables lois, à condition que le traité, d'abord signé par
les plénipotentiaires, ait été ratifié.
La ratification est, en principe, de la compétence du Président de la République.
Elle doit émaner du Parlement pour les matières qui lui sont réservées ou qui entraînent
modification d'une loi existante.
Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication
une autorité supérieure à celle des lois ordinaires, sous réserve de leur application par l'autre
partie.
En conséquence :
- les traités ratifiés ne peuvent être modifiés par une loi ordinaire, tant qu'ils n’ont
pas été dénoncés ;
- l'interprétation des traités est retirée aux tribunaux et attribuée au gouvernement
pour les questions d'ordre public.
I- DOMAINE DE LA LOI
Le domaine de la loi est déterminé par l’article 72 de la constitution, qui énumère les
matières législatives réservées au parlement.
a) Certaines de ces matières doivent être totalement régies par la loi, aussi bien en
ce qui concerne la détermination de leurs principes généraux que pour les règles techniques
d’application.
Ce sont :
- Les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens
pour l’exercice des libertés publiques ;
- Les obligations imposées aux citoyens par la défense nationale :
réquisitions ;
- Les nationalisations d’entreprises ;
- La détermination des crimes et délits (à l’exception des contraventions), et
des peines qui leur sont applicables ;
- La procédure pénale ;
- L’état et la capacité des personnes ;
- Les régimes matrimoniaux ;
- Les successions et les libéralités.
Les lois acquièrent force obligatoire dès leur entrée en vigueur et jusqu’à leur
abrogation. Pendant cette période d’application, la force obligatoire des lois varient selon leur
nature.
a) La promulgation
b) La publication
Elle a pour objet de faire connaître le texte de la loi au public. Elle a lieu au Journal
officiel de la République (J.O.).
C) Le délai d'information
1. Un délai légal est accordé aux citoyens pour prendre connaissance de la loi, à expiration
duquel nul n'est censé l'ignorer : la loi devient alors obligatoire.
2° Abrogation de la loi
L'abrogation fait perdre à la loi son caractère obligatoire pour l'avenir. Elle peut
revêtir deux formes :
- Abrogation expresse : la loi nouvelle précise les textes antérieurs qu'elle déclare
abrogés ;
- Abrogation tacite : les dispositions de la loi nouvelle sont incompatibles avec celles
de la loi ancienne. C'est à l'interprète de déterminer les textes abrogés.
La désuétude n'est pas, en principe, un mode d'abrogation des lois qui sont, par nature,
perpétuelles.
Les lois supplétives ne s'imposent aux individus que s'ils n'ont pas manifesté la volonté
contraire. Elles présentent une grande utilité lorsque les intéressés n'ont compétence ou le
temps nécessaires pour déterminer tous les détails de leurs engagements.
Exemple : Les époux peuvent, avant le mariage, choisir leur régime matrimonial. Mais s'ils
n'ont pas pris de dispositions particulières expresses dans un contrat de mariage,
leurs rapports pécuniaires seront automatiquement soumis au régime légal de la
communauté d'acquêts.
Les lois impératives sont celles auxquelles il n'est pas permis de déroger par une
manifestation expresse de volonté.
Exemple : Les époux ne peuvent déroger aux règles d'organisation de la famille prévues par la
loi relative au mariage.
Dès qu'une loi nouvelle entre en vigueur, il faut déterminer à quelles situations
juridiques, elle doit s'appliquer.
En effet, la plupart des situations juridiques ont une certaine durée : nées sous la loi
ancienne, elles se prolongent sous la loi nouvelle. Celle-ci doit-elle leur être appliquée ?
Exemples :
- La majorité étant fixée à 18 ans, une loi nouvelle en reporte l'âge à 15 ans. S'applique-
t-elle aux personnes âgées de plus de 18 ans et déjà majeures ? l’acte qu'elles avaient
valablement passé sous l'empire de la loi ancienne deviennent-ils nuls ?
- la loi n°2019-570 du 26 juin 1919 relative au mariage a modifié le régime
matrimonial légal en remplaçant communauté légale par le régime de la communauté
d’acquêts. Ce nouveau régime s’applique-t-il aux époux mariés sans contrat avant
2019 ? Met-il en cause la validité des actes accomplis régulièrement par le mari sous
le régime précédent ?
La sécurité des relations juridiques risque d'être gravement perturbée si des actes
valablement passés peuvent être remis en cause à chaque changement de législation. C'est
pourquoi l'article 2 du Code civil pose le principe de la non-rétroactivité lois : « la loi ne
dispose que pour l'avenir ; elle n'a point d'effet rétroactif. »
Exemple : Le fils héritier présomptif du père, avant la mort de celui-ci, n'a qu’une
expectative. Après le décès, il a un droit acquis.
La loi nouvelle ne peut modifier les droits acquis ; elle s'applique, au contraire
immédiatement aux simples expectatives.
Exemple : Une loi modifiant les règles de dévolution successorale ne s'applique pas aux
successions ouvertes antérieurement à sa mise en application.
Afin de déterminer les situations dans lesquelles il y a droit acquis, et non application
de la loi nouvelle, la jurisprudence distingue :
a) Les situations juridiques ayant disparu avant l'entrée en vigueur de la loi nouvelle.
Ces situations sont entièrement régies par la loi ancienne et l'on ne peut revenir sur leurs
effets. Il y a droit acquis.
Exemple : la loi n°2019-570 du 26 juin 1919 relative au mariage qui modifie le régime
matrimonial des épouses mariés sans contrat, ne s'applique pas aux mariages
dissous avant cette date.
b) Les situations juridiques nées après l'entrée en vigueur de la loi nouvelle celle-ci
s'applique immédiatement. Il n'y a aucun droit acquis.
C) Les situations juridiques, nées avant la loi nouvelle et qui continuent à produire
leurs effets après la publication de la loi nouvelle. C'est dans ces hypothèses que l'application
du principe de non-rétroactivité, et que la détermination des droits acquis, soulèvent des
difficultés.
Ces effets, antérieurs à la loi nouvelle, restent régis par la loi ancienne (droits
acquis).
En ce qui concerne les effets futurs, non encore réalisés lors de la mise en vigueur de
loi nouvelle, il faut distinguer entre :
- La situation résultant d'un contrat : les effets futurs restent régis par la loi ancienne,
sauf si l'ordre public est concerné (droits acquis) ;
- La situation ne résultant pas d'un contrat : les effets futurs sont soumis à la
Loi nouvelle, dès son entrée en vigueur (simple expectative).
En définitive, la jurisprudence décide qu'il y a droit acquis et que la loi nouvelle ne s’applique
pas :
- Aux situations juridiques ayant disparu avant la mise en vigueur de la loi nouvelle ;
- À la création et aux effets passés des situations juridiques existant lors de l'application
de la loi nouvelle,
- Aux effets futurs de ces situations, lorsqu'elles ont une nature contractuelle.
En revanche, il y a simple expectative et la loi nouvelle s'applique immédiatement :
- aux situations créées après sa mise en vigueur ;
- aux effets futurs des situations non contractuelles existant lors de cette mise en
vigueur.
Exemples :
- Situation contractuelle : une vente conclue en 2010, comporte des livraisons successives
s'échelonnant sur cinq ans. En 2015, une loi modifie les conditions de livraisons du produit
vendu.
Cette loi ne s'applique pas au contrat de vente ni aux livraisons antérieures à 2010.
Elle ne s'applique pas non plus aux livraisons qui sont postérieures.
- Situation non contractuelle : en France par exemple des époux sont mariés en 1936. En
1938, une loi modifie la capacité de la femme mariée. Elle ne s'applique pas aux actes
conclus par la femme avant sa mise en vigueur, qui restent régis par la loi ancienne. En
revanche, elle s'applique immédiatement à tous les actes que la femme sera amenée à passer
à compter de sa mise en vigueur.
Ainsi précisé, le principe de non rétroactivité des lois s'impose aux juges, de façon
absolue. Il n'en est pas de même à l'égard du législateur.
b) Lois interprétatives
Ces lois ont pour objet de fixer le sens, d'interpréter une loi antérieure obscure ou
imprécise. Elles s'appliquent rétroactivement à la date d'entrée en vigueur de la loi qu'elles
interprètent.
2° Décrets
Ce sont les textes émanant du Président de la République.
Leur domaine est varié :
a) Les décrets peuvent être pris dans toutes les matières qui ne sont pas réservées
à la loi par l'article 34 de la Constitution. Ce sont les règlements autonomes.
b) Les décrets peuvent poser les règles techniques d'application des lois.
- soit que la loi ait expressément chargé le gouvernement de prendre ces
dispositions complémentaires : si le décret doit être pris après consultation du Conseil d'État
il prend le nom de règlement d'administration publique ;
- soit que le gouvernement décide spontanément d'exercer sa mission d'assurer
l'exécution des lois en réglant certains détails d'application.
Dans ces deux cas, le décret est entièrement subordonné à la loi et ne peut la modifier
indirectement en édictant des règles qui sont contraires à certaines des dispositions
légales.
Exemple : en France, une loi du 2 janvier 1970 a réglementé certaines opérations
immobilières et ventes de fonds de commerce ; elle avait prévu que ses
conditions d'application seraient posées par un décret pris en Conseil
d'État, et avait subordonné son entrée en vigueur à la publication de ce
décret. Le décret n'a paru qu'en juillet 1972.
c) Les décrets peuvent également poser les règles d'application des règlements
autonomes.
3° Arrêtés
Ils émanent des ministres, préfets et maires, qui peuvent, dans les limites de leur
compétence, prendre, par arrêtés, des dispositions générales et permanentes.
CHAPITRE II
LA COUTUME
I-DÉFINITION
La coutume est une règle de droit née d'un long usage, que la pratique habituelle a
rendu obligatoire.
Cette définition comprend deux éléments :
- Un élément matériel : l'usage très prolongé,
- Un élément psychologique : la conviction que l'usage est obligatoire.
Les règles coutumières ont une double origine : populaire, lorsqu'elles résultent d’une
pratique constante de la masse des individus ; savante, lorsqu'elles sont formulées -souvent
en latin - par une doctrine et une jurisprudence ancienne, sous forme d'adages.
Exemples :
- La femme porte le nom patronymique du mari.
- « Donner et retenir ne vaut. »
- « Infans conceptus pro nato habetur… »
La coutume présente l'avantage de correspondre parfaitement aux besoins et aux
idées du groupe social et d'évoluer avec lui.
En contrepartie, elle a le défaut d'être mouvante et imprécise. Le domaine de la
coutume est restreint en droit Ivoirien.
II-ROLES DE LA COUTUME
Exemple : La preuve de la qualité d'héritier se fait par des procédés mis au point
par les notaires.
b) Une coutume ne peut, en principe, aller à l'encontre d'une loi impérative, car il
ne peut exister deux réglementations obligatoires et contradictoires, On en déduit que la
loi ne peut être abrogée par désuétude.
Il arrive cependant, de façon exceptionnelle, qu'une pratique aille à l'encontre d'un texte
impératif.
Exemple : L'article 931 du Code civil exige un acte notarié pour la validité d'une
donation. Or, le don manuel est néanmoins valable.
TITRE 2 LES SOURCES INDIRECTES DU DROIT
Les sources indirectes ne créent pas des règles de droit obligatoires. Ce sont des
références permettant de compléter les règles de droit.
Elles sont nées de la nécessité d'interpréter les sources directes (quand leur sens est
obscur) et de les compléter (quand elles présentent des lacunes), la loi et la coutume ne
pouvant prévoir toutes les situations qui peuvent se présenter,
Les sources indirectes émanent d'autorités qui ont pour fonction d'analyser et
d'appliquer les règles de droit : les tribunaux et les théoriciens du droit. Ce sont la
jurisprudence et la doctrine.
CHAPITRE I
LA JURISPRUDENCE
La jurisprudence est constituée par l'ensemble des décisions émanant des juridictions
de l'État. Elle concourt à la formation des règles de droit.
I-LES JURIDICTIONS
Les règles de compétence territoriale (ou rationae loci) fixent, parmi tous les
tribunaux de Côte d’Ivoire compétents rationae materiae, le lieu de celui qui doit juger le
procès.
Exemple : Aux termes de l'article 11 du Code de procédure civile, le tribunal compétent
rationae loci est, en principe, celui du domicile du défendeur.
Les juridictions civiles sont organisées suivant une hiérarchie qui permet l'exercice
des voies de recours contre les décisions rendues par une première juridiction, devant des
juges plus nombreux et plus anciens. Cette hiérarchie comporte trois niveaux : le premier, le
second degré de juridiction, et la cour de cassation.
Elles rendent deux sortes d'arrêts : les arrêts confirmatifs, qui confirment la
première décision, et les arrêts infirmatifs, qui donnent une solution différente.
Les cours d'appel statuent :
- en audience ordinaire : un président et deux conseillers ;
- en audience solennelle, soit de rentrée judiciaire, soit de prestation de serment, soit sur
renvoi par la cour de cassation. La cour comprend alors quatre conseillers et un
président, en robes rouges ;
- en chambre du conseil, sur appel des jugements rendus par le tribunal de première
instance et / ou de ses sections détachées siégeant lui aussi en chambre du conseil.
C - LA COUR DE CASSATION
Elle est au sommet de la hiérarchie des juridictions et l’ordre judiciaire ; elle est
unique et siège à Abidjan.
La cour de cassation ne constitue pas un troisième degré de juridiction, car elle ne
juge pas le fond du procès. Son rôle est de juger la conformité des décisions aux règles de
droit : elle recherche si les jugements et arrêts qui lui sont soumis présentent un vice de forme
ou de procédure, ou s'il a été fait une fausse application de la loi. La cour de cassation est «
juge du droit et non du fait ».
La cour de cassation comprend des chambres civile, commerciale, sociale et
criminelle. Le déroulement du pourvoi en cassation est complexe.
a) Au premier stade : le pourvoi formé contre une décision rendue en dernier ressort est
porté devant la chambre spécialisée de la cour de cassation. Après examen, celle-ci
peut :
- soit rendre un arrêt de rejet, si elle estime que la décision litigieuse est conforme à la
loi. Le procès est alors terminé ;
- soit casser cette décision si le pourvoi lui paraît fondé, et renvoyer l'affaire devant une
juridiction de même degré que celle dont émane la décision cassée.
b) Le second stade se déroule devant la juridiction de renvoi. Celle-ci a la possibilité :
c) Troisième stade : la décision faisant l'objet de ce nouveau pourvoi est portée devant
l'assemblée plénière de la cour de cassation, composée du président de la cour de
cassation, assisté des présidents des chambres et de conseillers. Cette assemblée peut.
- ou bien rendre un arrêt de rejet, confirmant la décision de la juridiction de
renvoi. Celle-ci devient définitive ;
- ou bien casser cette décision. L'affaire peut alors, soit être renvoyée devant une
autre juridiction de même degré, qui devra s'incliner devant la cour de cassation,
soit être tranchée par l'assemblée plénière.
La cour de cassation a donc un rôle très important : elle assure l'unité
d'interprétation et d'application du droit sur tout le territoire.
1° La répétition
C'est l'habitude prise par les tribunaux de statuer dans un certain sens. Il existe une
jurisprudence sur une question déterminée lorsqu'un certain nombre de décisions ont statué
dans le même sens, sur cette question.
Il arrive qu'une seule décision « fasse jurisprudence » lorsqu'elle émane d'une
juridiction d'un très haut niveau dans la hiérarchie judiciaire.
2° La hiérarchie
Les solutions données par la cour de cassation qui, par le mécanisme des renvois,
finissent par s'imposer à toutes les juridictions, ont une autorité particulière dans la formation
de la jurisprudence.
La jurisprudence ainsi définie n'est pas par elle-même une véritable règle de droit, il
lui manque :
- le caractère obligatoire : une juridiction (même la cour de cassation) n'est jamais
liée par les solutions qu'elle a données dans le passé ; les revirements de
jurisprudence sont relativement fréquents ;
- le caractère général les décisions judiciaires n'ont qu'une autorité relative elles ne
s'appliquent qu'aux parties au procès et sont inopposables aux tiers. La
jurisprudence n'est pas la répétition d'une règle applicable à tous, mais une somme
de décisions individuelles.
La jurisprudence, par l'interprétation qu'elle donne des règles de droit, concourt donc
à la formation du droit.
CHAPITRE II
LA DOCTRINE ET LA PRATIQUE
I- LA DOCTRINE
1° Définition
C'est l'ensemble des travaux et études de juristes sur différents problèmes de droit.
La doctrine ne joue qu'un rôle indirect dans l'élaboration des règles de droit, l’opinion
d'un auteur ne s'imposant jamais aux tribunaux ni au législateur.
2° Rôle de la doctrine
- Elle interprète le droit. En dégageant, à partir des arrêts et des textes, des solutions
juridiques, elle trace certaines lignes de conduite que suivront parfois les tribunaux.
- Elle réalise une synthèse du droit : elle dégage des principes généraux de l'ensemble
des textes et des décisions individuelles.
- Elle assure les progrès du droit : les travaux de la doctrine mettent à jour les
imperfections des solutions existantes et en proposent de nouvelles. La doctrine
influence tes tribunaux et le législateur.
II- LA PRATIQUE
Le rôle des praticiens - notaires, avocats, conseils juridiques - est d'aider les
particuliers à résoudre les difficultés d'ordre juridique qu'ils rencontrent. Ils interviennent
comme conseil ou comme défenseur. Ils créent indirectement des règles de droit dans la
mesure où les clauses et formules utilisées dans leurs actes finissent par devenir des clauses
de style adoptées par tous (à titre d'usage).
Les praticiens contribuent à l'interprétation de la règle de droit, en proposant des
solutions qui, si elles sont adoptées par les juridictions, formeront la jurisprudence.
Deuxième partie
Les personnes
Le mot « personne » a, dans le langage juridique, une signification bien précise : il
désigne tout sujet de droit. Tout titulaire de droits est une personne.
Ce terme a un sens beaucoup plus large que dans le langage courant, car il englobe
non seulement les individus, mais encore les groupements d'individus, qui sont qualifiés de
personnes morales.
Il y a donc deux sortes de personnes : les personnes physiques et les personnes
morales.
TITRE 1 : LES PERSONNES PHYSIQUES
Les personnes physiques sont les êtres humains, à exclusion des choses et des animaux.
Le principe selon lequel toute personne physique a la personnalité juridique est affirmé
par le préambule de la constitution et Déclaration des droits de l’homme du citoyen.
Cependant, l’aptitude de certains individus à acquérir des droits et à supporter des
obligations peut être restreinte par des incapacités.
La personnalité juridique est liée à l’existence de l’individu et à son individualisation.
Un certain nombre de droits sont attachés à la personne ; ils constituent les attributs
de la personnalité.
CHAPITRE 1
EXISTENCE DE LA PERSONNALITE PHYSIQUE
La personnalité juridique naît et meurt avec la personne physique.
Section 1 : Naissance de la personnalité
PRINCIPE :
I. L'ABSENCE
Un individu est absent lorsqu'on ignore s'il est vivant ou mort, car il a quitté son
domicile depuis longtemps sans donner de nouvelles et sans qu'un événement particulier
puisse faire présumer sa mort : on ignore les Circonstances de l'absence. Dans l'intérêt de la
famille, aussi bien que des tiers, le patrimoine de l'absent ne peut être laissé à l'abandon.
Toute la réglementation de l'absence (loi no 77-1447 du 28 décembre 1977) est
inspirée par l'idée que l'absent peut revenir, mais que, passé un certain temps, ses chances de
retour peuvent être négligées. On distingue deux périodes :
Durant cette période, les ayants droit du présumé absent peuvent demander au juge
des tutelles de constater l'absence par jugement et de nommer un représentant chargé d'exercer
les droits du présumé absent et d'administrer ses biens. Les règles applicables à ce représentant
sont celles de l'administration légale sous contrôle judiciaire,
Si le présumé absent revient, il est mis fin, sur sa demande, aux mesures
d'administration prescrites, L'absent recouvre ses biens et ceux acquis pour son compte par le
représentant.
A l'expiration d'un délai de dix ans à compter du jugement de présomption d'absence,
les intéressés peuvent demander, par requête au tribunal de première instance, de déclarer
l'absence. Des extraits de cette requête sont publiés dans les journaux du département.
II. LA DISPARITION
Pour qu'il y ait disparition, deux conditions doivent être réunies :
- Le corps ne doit pas avoir été retrouvé ;
- Le décès doit être rendu probable, les circonstances qui ont entouré la
disparition ayant mis gravement en danger la vie du disparu.
Exemple : Accident d'avion, naufrage, bombardement.
I. CARACTÈRES
Les droits de la personnalité sont :
a) Généraux, car tout individu en est doté, dès sa naissance ;
b) Extrapatrimoniaux, c'est-à-dire incessibles, imprescriptibles,
intransmissibles et insaisissables.
Étant le prolongement de la personne, ils ne peuvent, pas plus que l'individu, être
cédés, transmis, prescrits ; l'individu ne peut y renoncer. Ils n'ont pas de valeur
pécuniaire.
Cependant :
• Dans certains cas, ces droits peuvent être transmis aux héritiers : lorsqu'il s’agit
de défendre l'honneur de la famille en demandant la réhabilitation d'un condamné
par exemple ;
• Ces droits ont souvent des conséquences pécuniaires dans la mesure où leur
violation entraîne l'attribution de dommages-intérêts ;
• Des conventions peuvent être conclues qui réalisent des cessions partielles, et
même à titre onéreux, de ces droits.
Exemples :
- Le travail emporte attribution d'un salaire.
- L'autorisation de prendre et publier des photos peut être monnayée.
- Les opérations chirurgicales sont possibles.
c) absolus, car leur respect s'impose à toutes les autres personnes.
INDIVIDUALISATION DE LA PERSONNE PHYSIQUE
Quatre éléments permettent de distinguer un individu de tous les autres, ce sont :
• son nom,
• son domicile,
• sa nationalité,
• son état civil.
Section 1 : le nom
Définition : le nom est une appellation qui permet l'identification sociale de la personne.
La loi sur le nom ne contient que des règles fragmentaires ; la coutume et la
jurisprudence ont comblé ces lacunes.
I. LE NOM PATRONYMIQUE
1° Par la filiation
Le nom ayant un caractère familial, il est attribué à titre principal en relation avec la
filiation. Il faut distinguer :
2° Par le mariage
Par une coutume séculaire, la femme mariée porte le nom de son mari ; elle en a
l'usage.
La loi règle le sort du nom des époux en cas de divorce et de séparation de corps.
Le changement de nom est autorisé par décision judiciaire à l'issue d'une procédure
intentée devant le tribunal : les tiers ont le droit de s'opposer à l'adoption du nom par l'intéressé
pendant un délai d'un an à compter du jour de la publication de la décision au Journal officiel
;
2. Le relèvement du nom d'un citoyen mort sans descendance mal peut être accordé par
le tribunal au profit du parent le plus proche.
Ce dernier doit adjoindre ce nom à son nom patronymique.
2° Incessibilité du nom
Le nom est hors du commerce : il ne peut en principe être cédé ni entre vifs, ni à cause
de mort.
Exceptions :
- par convention entre époux, toujours révocable, le mari peut autoriser son ex-
femme à continuer à porter son nom après le divorce ;
- en matière commerciale, le nom sous lequel un commerçant exerce son
activité est considéré comme un élément du fonds de commerce et peut être
vendu avec le fonds. Pour éviter toute confusion, le nouvel exploitant doit
faire apparaître les mentions : « successeur ou « ancienne maison X »;
En aucune manière, il ne pourra utiliser ce nom comme signature.
3° Imprescriptibilité
a) Le nom étant immuable, ne peut se perdre par le non usage.
Exemple : De nombreuses familles ont pu revenir à l'orthographe ancienne de
leur nom ou retrouver leur particule.
2° Protection du nom
Ces théories ont toutes trois influencé la jurisprudence, dont les solutions varient en
fonction des atteintes portées au nom.
c) Usurpation du nom patronymique par un tiers qui l'utilise dans une œuvre
d'imagination : film, roman...
Là encore, la jurisprudence exige qu'un préjudice résultant de l'atteinte à la réputation
soit démontré par le titulaire du nom, pour faire cesser l'utilisation du nom.
II. LE PRÉNOM
B - CARACTÈRES DU PRÉNOM
1° Intransmissibilité
Contrairement au nom patronymique, il n'est pas transmis aux enfants.
2° Immutabilité
Le prénom est immuable : les changements d'État n'ont aucune influence sur lui
Exceptions :
- en matière d'adoption plénière, l'adoptant peut demander au tribunal de changer
le prénom de l'enfant adopté;
- de façon générale, les prénoms figurant dans l'acte de naissance peuvent être
modifiés par le tribunal à la requête de l'individu qui les porte, ou de son
représentant légal s'il s'agit d'un mineur, sur justification d'un intérêt légitime.
Section 2 : Le domicile
I. DÉFINITION ET UTILITÉ DU DOMICILE
A - DÉFINITION
Le domicile est le siège légal de la personne, le lieu où le droit la localise ; c'est un point
fixe où elle est réputée située dans l'espace,
Bien que les êtres humains soient par nature mobiles, il est nécessaire de les rattacher à
un lieu déterminé, auquel sont accomplis un certain nombre d'actes de la vie publique et de la
vie civile. Le domicile est donc à la fois une institution de police civile et un procédé
d'individualisation de la personne,
Le domicile, au sens juridique, doit donc être distingué des autres lieux où la personne
peut se trouver :
- la résidence, où la personne vit habituellement ;
- la demeure ou l'habitation, où elle se trouve temporairement.
Exemple : KOUAME a un appartement à Abidjan où il vit régulièrement
(résidence), une villa à Yamoussoukro où il passe ses vacances (demeure).
B - UTILITÉ DU DOMICILE
L’article 1er de la loi n°2020 -491 du 29 mai 2020 relative au domicile énonce que le
domicile est fixé au lieu du principal établissement.
Le domicile peut également être :
- fixé par la loi : c'est le domicile légal ;
- déterminé en fonction de la résidence.
Enfin certaines personnes ont un domicile secondaire : le domicile élu.
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A - LE DOMICILE LÉGAL
2° Soit en raison de leur dépendance à l'égard d'autres personnes. Ainsi sont légalement
domiciliés :
- la femme, au domicile de son mari ;
- le mineur non émancipé, au domicile de ses parents ou de son tuteur ;
- le majeur en tutelle, au domicile de son tuteur ;
- les domestiques et employés de maison logés, au domicile de leur employeur.
B - LE DOMICILE VOLONTAIRE
En dehors des cas où le domicile est fixé par la loi, les personnes ont le choix de leur
domicile : c'est « le lieu de leur principal établissement c'est-à-dire le centre de l'activité et des
intérêts de la personne.
- Si l'individu a plusieurs centres d'intérêts, il n'a pas plusieurs domiciles. Le
domicile est unique et fixé au centre « principal ».
- Si l'individu n'exerce aucune activité, n'a pas de centre d'intérêts, il doit tout de
même avoir un domicile. Ce peut être son domicile d'origine, qu'il est réputé avoir
conservé ; ce peut être également sa résidence.
C - LE DOMICILE ÉLU
C'est un domicile fictif choisi par les parties à un acte juridique, pour tout ce qui
concerne l'exécution de cet acte.
L'élection de domicile peut avoir pour objet :
- soit de déterminer exclusivement le tribunal territorialement compétent pour statuer sur
les litiges qui pourraient survenir à propos de l'acte : c'est une clause attributive de
compétence ;
Exemple : Un contrat de vente d'automobile entre un client domicilié à Korhogo et un
concessionnaire établi à Abidjan, prévoit que les tribunaux d’Abidjan seront
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compétents en cas de litige. Les actes de procédure devront être néanmoins signifiés
au domicile de chacune des parties.
- soit de fixer un lieu, ou une personne, Chez qui seront effectués tous les actes
d'exécution,
Exemple : Les parties à une vente d'immeuble situé à Abidjan élisent domicile
Chez maître Soro notaire à la résidence d’Abidjan. En cas de contestation, non
seulement le litige sera jugé par les tribunaux du domicile du notaire Soro, mais
encore c'est Chez lui que seront signifiés tous les actes de procédure.
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Section 3 : La nationalité
La nationalité est le lien juridique et politique qui unit une personne à un État dont elle
est membre.
Les nationaux s'opposent aux « étrangers ». Cette distinction est essentielle : nationaux
et étrangers ne sont pas soumis au même régime juridique. Certains droits, spécialement les
droits politiques, sont réservés aux nationaux ; seul un étranger peut être expulsé de Côte d’Ivoire
; certaines obligations n'incombent qu'aux nationaux.
Le lien qui unit un national à un État déterminé est toujours un lien légal : il n'a aucune
nature contractuelle.
Parmi les Ivoiriens, il y a lieu de distinguer :
- les Ivoiriens d'origine en raison des liens de sang et… ;
- ceux qui, nés étrangers, ont acquis la nationalité Ivoirienne au cours de leur
existence.
En vertu du Code de la nationalité « est ivoirien, l'enfant, légitime ou naturel, dont l'un
des parents au moins est ivoirien ».
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B-ATTRIBUTION DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE PAR LA
DECOUVERTE DE L’ENFANT EN COTE D’IVOIRE
Sont Ivoiriens :
- l'enfant né en Côte d’Ivoire de parents inconnus. Cependant, si au cours de la
minorité la filiation de l'enfant est établie à l'égard d'un étranger, et si le pays
étranger reconnait sa nationalité, l'enfant est réputé n'avoir jamais été ivoirien ;
- l'enfant né en Côte d’Ivoire de parents apatrides (sans aucune nationalité :
réfugiés politiques par exemple) ;
- l'enfant trouvé et ou découvert en Côte d’Ivoire.
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- Le gouvernement exerce un contrôle de l'opportunité de la naturalisation.
Ainsi :
- Le Code de la nationalité prévoit que nul ne peut être naturalisé s'il n'est
pas de bonne vie et mœurs.
Exemple : Une personne condamnée à une peine criminelle ou correctionnelle
de plus de six mois verra sa demande rejetée.
2° Effets de la naturalisation
c) Ces incapacités peuvent être levées à l'égard du naturalisé qui a rendu des
services importants à la Côte d’Ivoire.
Dans certains cas, la nationalité ivoirienne peut être perdue. Certaines hypothèses
correspondent à une volonté manifestée par l'intéressé, d'autres à une sanction imposée à
l'individu contre sa volonté.
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A - PERTE DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE PAR LA
VOLONTÉ DE L'INTÉRESSÉ
- L’ivoirien qui se comporte en fait comme le national d'un pays étranger peut, s'il a
la nationalité de ce pays, être déclaré avoir perdu la qualité d’ivoirien par décret.
- L’ivoirien qui occupe un emploi dans une armée, un service public étranger ou une
organisation internationale, dont la Côte d’Ivoire ne fait pas partie, et qui n'a pas
suivi l'injonction, faite par le gouvernement ivoirien, de cesser cette activité, peut
également perdre la nationalité ivoirienne.
• pour indignité.
• Lorsque dans le cadre des mariages mixtes, la communauté de vie a cessé entre
les époux moins de deux ans après leur mariage.
La nationalité se prouve par un certificat appelé certificat de nationalité ivoirienne
délivré par le président du tribunal domicile de l'intéressé.
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Section 4 : Les actes de l'état civil
L'état civil traduit la situation familiale de l'individu en fonction de sa filiation et de son
mariage. Il dépend donc de tous les événements qui créent ou modifient cette situation familiale
: naissance' mariage, décès, etc.
Ces divers événements sont enregistrés officiellement et constatés dans les actes de l'état
civil.
L'acte de naissance centralise ainsi la plupart des événements concernant l'état civil d'un
individu.
b) Exceptionnellement, le tribunal peut intervenir dans l'établissement des actes de l'état
civil :
- soit pour rectifier des actes existants lorsque ceux-ci sont inexacts ou incomplets. Il s'agit de
jugements rectificatifs,'
Exemples .
- L'officier de l'état civil a omis de signer l'acte qu'il a dressé.
- Le nom patronymique a été mal orthographié, une particule a été omise.
- soit pour suppléer à des actes inexistants : ou bien l'acte n'a pas été établi, ou bien il a été perdu.
Ce sont les jugements supplétifs.
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Exemples.
- Les registres ont été perdus par faits de guerre, ou détruits dans un incendie.
- La naissance d'un enfant n'a pas été déclarée dans les trois jours ; un décès n'est pas
déclaré avant l'inhumation. Ils ne peuvent plus l'être lorsque le délai est expiré.
- Lorsqu'un individu a disparu, son acte de décès ne peut résulter que d'un jugement
20 Les actes de l'état civil sont inscrits sur des registres reliés (afin d'éviter la perte des feuillets
volants) et établis en deux exemplaires originaux (pour limiter les risques de perte des
registres), déposés l'un à la mairie ou à la sous-préfecture et l'autre au greffe du tribunal civil.
30 Les actes de l'état civil sont établis selon certaines formes, impérativement déterminées.
L'inobservation du formalisme est sanctionnée par la nullité dans tous les cas où la loi le
prévoit expressément, Dans les autres hypothèses, les tribunaux ont un pouvoir
d'appréciation.
Les actes de l'état civil servent à faire la preuve de l'état civil et à informer les tiers.
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- Pour les copies intégrales des actes de l’état civil, seuls les administrations publiques,
les héritiers, l'intéressé, ses ascendants, descendants et conjoint, et le ministère public
peuvent se faire délivrer des copies intégrales des actes de naissance, de décès et de
mariage. Les copies intégrales contiennent toutes les mentions relatives à la vie privée
des personnes qu’elles concernent.
La publicité de l'état civil des personnes est encore assurée par l'institution du répertoire
civil, qui centralise les informations concernant les incapables majeurs et le régime
matrimonial des époux.
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TITRE 2 LES PERSONNES MORALES
Les individus ressentent la nécessité de se grouper :
- pour rassembler des moyens d'action puissants (capitaux, influences diverses) qu'aucun
d'entre eux ne peut détenir à lui seul ;
- pour dépasser la durée de la vie humaine et assurer la pérennité de l'œuvre entreprise ;
- pour réaliser des buts et des intérêts de nature collective.
Afin de leur permettre d'accéder à une vie juridique propre, sans laquelle ils ne pourraient
fonctionner, le droit attribue à ces groupements de personnes, ou de biens (dans certaines
conditions) la personnalité juridique.
Sous le nom de personnes morales, les groupements d'individus constituent des personnes
distinctes des individus qui les composent, titulaires de droits et d'obligations différents de leurs
membres.
Pour certains auteurs, la personne morale n'est qu'une fiction : les groupements étant
nécessaires, la personnalité est une construction juridique civile leur permettant de fonctionner
et de remplir leurs buts.
Pour d'autres auteurs, la personne morale est une réalité elle est faite, à l'image du corps
humain, de multiples cellules formant un tout, et elle est douée d'une volonté propre : la volonté
collective.
Quelle que soit la théorie adoptée, en droit positif, l'étude de la personnalité morale
comprend celle de leurs différentes catégories, de l'existence et des attributs de la personne
morale.
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CHAPITRE I
CLASSIFICATION DES PERSONNES
MORALES
On distingue les personnes morales de droit public et les personnes morales de droit privé,
Section 1 : Les personnes morales de droit public
Ce sont :
Ce sont des services publics dotés d'une autonomie grâce à un budget propre universités,
hôpitaux, chambres de commerce. Certains services publics ont une activité industrielle et
commerciale : Côte d’Ivoire Energie, etc.
L’Etat est alors soumis au droit privé : les ports autonomes d’Abidjan et de San-Pedro
présentent sous la forme de société anonyme où l'État est le seul ou le principal actionnaire.
Section 2 : Les personnes morales de droit privé
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l. LES GROUPEMENTS DE PERSONNES
Ils sont classés en fonction du but qu'ils poursuivent : la recherche ou l'absence recherche
de bénéfices.
1° Les associations
Les associations sont des groupements dont les membres, appelés sociétaires, poursuivent
un but autre que le partage de bénéfices (article 1erde la loi du 1er juillet 1901). Le bénéfice
est constitué par tout gain pécuniaire ou matériel s'ajoutant à la fortune des associés.
Les buts poursuivis par les associations sont multiples : sportifs, artistiques, défense des
intérêts de leurs membres (associations de locataires...).
L'association ne peut acquérir la personnalité morale que si elle est déclarée : à cette fin,
les statuts doivent être rédigés par écrit et déposés à la préfecture ; une publicité est
effectuée au Journal officiel.
L'association non déclarée est licite, mais elle n'a pas de personnalité juridique.
L'association déclarée ne peut acquérir des biens à titre gratuit, ni des immeubles en
dehors de ceux qui sont nécessaires à son fonctionnement. On dit qu'elle a « la petite
personnalité
Une capacité plus étendue est accordée aux associations lorsqu'elles sont reconnues
d'intérêt public : elles peuvent alors recevoir des dons et legs.
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Ils constituent les sociétés
1° Définition de la société
C'est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes (les associés) mettent
quelque chose en commun (biens, travail) en vue de partager le bénéfice ou de profiter
de l'économie qui peut en résulter (article 1 832 du Code Civil).
a) Les sociétés civiles ont pour objet l'exercice d'une activité civile (agricole,
immobilière).
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Lorsque le donateur ne veut pas que ces biens soient recueillis par une personne morale
déjà existante, ils sont affectés, à un établissement d'utilité publique, créé pour les recevoir.
La fondation nécessite donc l'existence ou la création d'une personne morale. L'étude des
personnes morales de droit privé intéresse seule, le droit civil.
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CHAPITRE II
EXISTENCE
DE LA PERSONNALITÉ MORALE
Par imitation des personnes physiques, on dit quo los personne, morale de droit privé
naissent, vivent et meurent, il s'agit plutôt de la création, du fonctionnement et de la dissolution
des personnes morales.
3° L'intervention de l'État
Elle n'est jamais requise pour la licéité du groupement, mais elle est nécessaire à
l'acquisition de la personnalité morale :
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- pour les congrégations religieuses : l'acte de reconnaissance leur confère la
personnalité juridique :
- pour les associations, la reconnaissance d'utilité publique leur permet d'accéder à la
« grande personnalité » ;
- pour les fondations, seule l'intervention de l'État créant un établissement d'utilité
publique attribue la personnalité aux biens légués ou donnés.
Ces organes sont de natures diverses, en fonction des différentes formes de personnes
morales. Ils sont parfois imposés par la loi (sociétés commerciales), parfois librement
déterminés par les statuts du groupement.
On trouve généralement :
- un organe délibérant : l'assemblée générale des membres, souveraine et
compétente pour prendre les décisions les plus importantes.
Elle se réunit dans des cas et à des époques déterminées. Elle délibère et prend ses
décisions à des conditions variables selon les groupements et les hypothèses • majorité
simple ou renforcée, unanimité.
- un ou plusieurs organes de gestion qui assurent le fonctionnement quotidien du
groupement : administrateurs, conseil d'administration, direction générale ou
directoire et conseil de surveillance dans les sociétés anonymes, gérants dans les
sociétés de personnes et la société à responsabilité limitée ; président, secrétaire
général, trésorier formant le bureau dans les associations, etc.
La personne morale est caractérisée par sa pérennité : sa durée n'est pas nécessairement
liée à celle de la vie des membres qui la composent (dans les sociétés de personnes, sauf
clause contraire des statuts, le décès d'un associé entraîne dissolution de la société).
La personne morale prend fin par la dissolution qui résulte, soit d'une décision des
membres, soit de la volonté de l'État. Elle peut également cesser pour d'autres causes, telles
que la transformation, l'absorption par une autre personne morale, la scission.
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I. DISSOLUTION VOLONTAIRE
Elle intervient :
- par la survenance du terme fixé par les statuts, lorsqu'il en a été fixé un. Les membres
ont généralement la possibilité de proroger la société pour une nouvelle durée ,
- par décision de l'assemblée générale des membres, aux conditions de délibération fixées
par la loi ou les statuts (majorité qualifiée, unanimité).
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CHAPITRE III
LES ATTRIBUTS
DE LA PERSONNALITÉ MORALE
La personne morale est sujet de droits. Mais une différence sépare la personnalité morale
de la personnalité physique : alors que l'individu peut acquérir des droits et les exercer dans tous
les domaines reconnus par le droit, la personne morale ne peut le faire que dans le cadre de
l'activité définie par ses statuts, C'est le principe de spécialité des personnes morales, qui limite
l'étendue de la capacité des groupements.
Exemple : Les statuts d'une société décident que l'objet social est l'exploitation d'un
commerce de restaurant et toutes activités similaires : la société ne pourra acquérir
un fonds de commerce de prêt-à-porter ou de librairie. Si e//e veut le faire elle doit
modifier ses statuts.
L'objet social est généralement très largement défini, afin de laisser une grande capacité à
la société.
Dans la limite de sa spécialité, toute personne morale est toujours titulaire d'un certain
nombre de droits :
- elle peut ester en justice, en qualité de demandeur et de défendeur ; notamment, elle peut
défendre en justice l'intérêt collectif qu'elle représente, ainsi que son honneur ;
- elle est titulaire d'un patrimoine ;
- elle est titulaire de droits extrapatrimoniaux : nom, domicile, nationalité.
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b) Réciproquement, en principe, les créanciers du groupement ne peuvent pour suivre
leur paiement que sur les biens du groupement ; ils ne peuvent saisir les biens personnels
des membres (exception : les sociétés en nom collectif).
c) Le tiers, débiteur de la société et créancier d'un associé, ne peut invoquer la
compensation pour refuser de payer sa dette à la société, car les personnes et les
patrimoines sont différents.
d) Le droit des membres sur le patrimoine du groupement (inexistant dans les
groupements à but non lucratif), n'est pas un droit de propriété (dans les différentes
formes de sociétés). C'est une sorte de droit de créance, qui porte le nom de part sociale
(part d'intérêt dans les sociétés de personnes, action dans les sociétés de capitaux) et qui
donne droit
- à une part de bénéfice durant la vie sociale
- à une part d'actif à la dissolution de la société.
Le patrimoine de la personne morale est administré par les organes du groupement.
Ces attributs sont, comme en ce qui concerne les personnes physiques, des moyens
d'individualisation du groupement. Ce sont :
1° Le nom
Le nom est déterminé par les statuts du groupement et peut être modifié en suivant la
procédure des modifications statutaires. Il n'est donc pas immuable.
Le nom est qualifié de
- raison sociale, pour les sociétés de personnes. Il comprend les noms patronymiques des
associés ou de certains d'entre eux ;
- dénomination, pour les autres formes de sociétés. C'est alors une appellation de fantaisie,
généralement tirée de l'objet social ou du lieu d’activité,
Exemple : Forges et aciéries du Creusot. — titre pour les associations.
2° Le domicile
Le domicile est qualifié de siège social. Il est fixé par les statuts au lieu du principal
établissement du groupement. En matière de sociétés, ce n'est pas le lieu d'exploitation,
aussi important soit-il, mais celui où se trouvent les organes de prise de décision.
En cas de contradiction entre le lieu fixé par les statuts et le principal établissement,
c'est ce dernier qui prévaut en tant que siège réel
Le domicile des personnes morales détermine le tribunal compétent pour connaître :
a) des contestations entre :
- la personne morale et ses membres ;
- la personne morale et les tiers, lorsque celle-ci est défenderesse.
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Cependant, par exception à ce principe, la jurisprudence permet aux tiers d'assigner
les personnes morales devant la juridiction du lieu où elles ont un établissement important.
Cette solution présente l'avantage d'éviter l'encombrement des juridictions
ivoirienne (la plupart des sociétés importantes ayant leur siège à Abidjan) et de faciliter
l'action des demandeurs résidant à l’intérieur qui peuvent ainsi plaider sur place. Donnée
à propos de litiges concernant une compagnie ferroviaire, cette solution est connue sous le
nom de « jurisprudence des gares principales
3° La nationalité
Les sociétés ont une nationalité déterminée en fonction du domicile : elles ont en principe
la nationalité du pays où se trouve leur siège social. Dans certains cas, la nationalité des
associés et des dirigeants est également prise en considération pour déterminer la
nationalité de la société.
En définitive, la personnalité morale a un contenu et un régime qui varient en fonction des
différentes formes de groupements existants. Elle ne peut pas faire totalement abstraction
des individus qui la composent et interfèrent dans son fonctionnement.
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TITRE 3 : LA CAPACITÉ - LES INCAPACITÉS
DÉFINITIONS
2° La capacité d'exercice est l'aptitude à exercer les droits dont on est titulaire.
Exemple : Jean a 14 ans,' il est propriétaire d'une maison (capacité de jouissance),
mais il ne peut exercer lui-même son droit de propriété en louant ou en vendant cette
maison (incapacité d'exercice).
L'incapacité résulte :
- de l'âge : il s'agit des mineurs de moins de 18 ans,
- de l'altération des facultés mentales ou physiques : il s'agit de majeurs, aliénés
faibles d'esprit, prodigues, handicapés ;
- Dans ces deux cas, l'incapacité a pour objet de protéger ces individus «
diminués ».
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- de certaines condamnations : il s'agit des interdits légaux. Le régime de
l’incapacité apparaît essentiellement comme une sanction.
4° Mécanisme de protection
• Ou bien un représentant exerce les droits de l'incapable pour le compte de celui,
ci ; c'est le système de la représentation : mineur non émancipé, majeur en
tutelle.
• Ou bien l'incapable agit lui-même, mais avec l'autorisation d'un tiers qui le
contrôle c'est le système de l'assistance et c'est le cas du majeur en curatelle.
La représentation et l'assistance des incapables associent la famille et l'autorité
judiciaire.
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CHAPITRE I
LE MINEUR
Le mineur est l'individu de l'un ou l'autre sexe qui n’a point encore atteint l'âge de 18 ans
révolus.
L'incapacité du mineur de 17 ans, est le droit commun. Exceptionnellement, à partir de
16 ans, le mineur peut accéder à la pleine capacité civile par l'émancipation,
Il existe donc deux catégories de mineurs qui diffèrent par la capacité dont ils jouissent :
ce sont les mineurs émancipés et les mineurs non émancipés.
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1. Le régime de l'autorité parentale et de l'administration légale s'applique à la
personne et aux biens des mineurs :
- enfants légitimes ou adoptifs dont l'un des parents au moins est vivant et
en état d'exercer l'autorité parentale ;
- enfants naturels reconnus par l'un au moins de leurs père et mère,
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b) Échappent à la jouissance légale, les biens :
- que l'enfant acquiert par son travail séparé ;
- qui lui sont donnés ou légués sous condition qu'ils échappent à la jouissance légale.
c) La jouissance légale prend fin par :
- les causes d'extinction de tout usufruit,
- l'émancipation du mineur ;
- l'arrivée de l'âge de 16 ans.
2° L'administration légale des biens du mineur
Elle s'ouvre à la naissance de l'enfant et prend fin par la majorité, l'émancipation, la mort
de l'enfant, ou l'ouverture de la tutelle sur décision du juge des tutelles.
La loi sur la minorité distingue l'administration légale pure et simple et
l'administration légale sous contrôle judiciaire. Elles ne diffèrent qu'en ce qui
concerne les enfants visés et les pouvoirs de l'administrateur légal.
L'étendue des pouvoirs de l'administrateur légal dépend de la gravité des actes à
accomplir. On distingue ceux qu'il peut faire seul (actes conservatoires et
d'administration), et ceux pour lesquels il doit obtenir l'autorisation du conjoint, du juge
des tutelles, ou des deux.
B - CARACTÈRES
La tutelle est une charge
- personnelle : elle ne se communique pas au conjoint du tuteur et ne se transmet pas
à ses héritiers ;
- obligatoire, pour les membres de la famille qui sont parents ou alliés des père et mère
du mineur. Ceux-ci ne peuvent en être dispensés qu'en faisant valoir une excuse telle
que l'âge, la maladie, l'éloignement, des occupations professionnelles ou familiales
particulièrement lourdes.
Les père et mère, lorsqu'ils sont tuteurs, ne peuvent jamais être dispensés de la tutelle ;
- gratuite, mais le conseil de famille peut, au début de la tutelle, fixer les indemnités qui
pourront être allouées au tuteur.
-
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C - ORGANISATION
a) Modes de désignation
Le tuteur peut être désigné de quatre manières différentes.
1. Tutelle testamentaire
Le survivant des parents, lorsqu'il était investi de l'administration légale ou de
la tutelle, peut seul désigner le tuteur :
- soit par testament ;
- soit par déclaration devant notaire.
Le tuteur ainsi désigné peut-être soit un parent, soit un étranger à la famille.
2. Tutelle légale
A défaut de tuteur testamentaire, la tutelle de l'enfant légitime est confiée à
l'ascendant le plus proche en degré. A égalité de degré, en cas de concours
entre les ascendants des deux branches, ou entre ascendants d'une même
branche, le tuteur est choisi par le conseil de famille.
3. Tutelle dative
A défaut de tuteur testamentaire ou légal, le tuteur est désigné par le conseil
de famille, pour toute la durée de la tutelle.
Il est remplacé s'il survient des circonstances graves, des incapacités, des
excuses, et en cas de décès du tuteur.
4. Tutelle de l'Etat
Elle est exercée par le juge des tutelles, en cas de vacance de la tutelle.
b) Conditions que doit remplir le tuteur
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- les exclusions de la tutelle : elles s'appliquent aux condamnés à des peines
afflictives et infamantes et aux parents déchus de l'autorité parentale.
Si une cause d'incapacité ou d'exclusion survient au cours de la tutelle, elle provoque
la destitution tuteur et son remplacement,
2° Le contrôle familial
a) Le subrogé tuteur
Désignation
Le subrogé tuteur est toujours désigné par le conseil de famille. Il est choisi de
préférence dans une autre ligne que le tuteur.
Les causes d'incapacité, d'exclusion et les excuses sont communes au tuteur et au
subrogé tuteur
Rôle
Le subrogé tuteur :
- Surveille la gestion du tuteur ;
Il doit contresigner certains actes du tuteur ; il reçoit le compte annuel de tutelle, etc.
Il doit informer le juge des tutelles s'il relève des irrégularités dans la gestion du tuteur.
Il provoque la nomination d'un nouveau tuteur en cas de décès, d’incapacité du tuteur
ou d'abandon de la tutelle ;
- Supplée le tuteur pour conclure les actes dans lesquels le tuteur est en opposition
d'intérêts avec le mineur.
Exemple : Le tuteur ne peut prendre à loyer » les biens du mineur « à moins que
le conseil de famille n'ait autorisé le subrogé tuteur à lui en passer bail »
b) conseil de famille.
1. Composition
Le conseil de famille est composé de 4 à 6 membres « y compté le subrogé tuteur, mais
non le tuteur ni le juge des tutelles »,
Les membres du conseil de famille sont désignés, par le juge des tutelles, pour la durée
de la tutelle. Ils sont choisis parmi les parents ou alliés des père et mère du mineur, ou même
parmi leurs amis. C'est l'intérêt porté à l'enfant qui doit être déterminant du choix fait par le juge.
Dans la mesure du possible, le juge des tutelles doit s'efforcer d'assurer la représentation
des deux branches paternelle et maternelle.
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2. Rôle du conseil de famille
Sa mission s’exerce :
3° Le contrôle judiciaire
Il est exercé par le juge des tutelles, organe commun à la tutelle et à l'administration
légale.
Le juge des tutelles assure la surveillance générale des tutelles de son ressort
- il autorise le tuteur à conclure les actes dangereux pour le mineur ;
- il organise et préside le conseil de famille,
- il défère la tutelle à l'État lorsque celle-ci est vacante.
D - FONCTIONNEMENT
La tutelle, à l'image de l'autorité parentale, a une fonction de protection de la
personne et des biens du mineur.
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III. SANCTIONS DE L'INCAPACITÉ DU MINEUR NON ÉMANCIPÉ
Les actes accomplis par le mineur non émancipé ou par son représentant au mépris règles
de protection de l'incapable peuvent être contestés au moyen de deux : l'action en nullité relative
et l'action en rescision pour lésion.
A - NULLITÉ RELATIVE
C’est la sanction normale de l'incapacité.
1° Cas de nullité
Peuvent ainsi être annulés tous les actes que le mineur ou son représentant n’accomplir
qu'en respectant certaines formes ou en demandant diverses autorisations.
Exemples.
- Le père administrateur légal sous contrôle judiciaire, aliène des valeurs mobilières
appartenant au mineur, sans l'autorisation du juge des tutelles.
- Le tuteur fait apport en société d'un immeuble du mineur sans l'autorisation du conseil
de famille.
Elle s'éteint par la confirmation et par la prescription mineur devenu majeur peut
confirmer l'acte nul ; l'action en nullité se prescrit par cinq ans à compter de la majorité ou de
l'émancipation.
Effets de la nullité
La nullité est rétroactive : si l'acte a été exécuté, le cocontractant du mineur restituer
l'intégralité des prestations fournies.
Le mineur, en revanche, ne doit restituer que ce qui a tourné à son profit (art. 1312
Code civil).
Exemple : Le mineur emprunte des fonds et les dilapide, Devenu majeur, i/ obtient la nullité du
prêt : il ne doit rien restituer puisqu'il ne lui reste rien.
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B - LA RESCISION POUR LÉSION
a) de tous les actes que le mineur a accomplis seul, alors qu'ils auraient
dû l'être par son représentant agissant seul ,
Exemple : Le mineur aliène des meubles d'usage courant, ou des fruits ; il accepte
lui-même une succession sous bénéfice d'inventaire.
Dans tous ces cas, l'action en rescision ne peut être exercée que si le mineur subit une
lésion. La loi ne fixe aucun taux de lésion c'est donc aux juges qu'il revient d'apprécier
l'importance du préjudice subi par le mineur.
Le régime et les effets de l'action en rescision pour lésion sont les mêmes que pour
l'action en nullité relative
I. CAS D'ÉMANCIPATION
L'émancipation résulte :
- d'une décision du juge des tutelles, rendue à la demande des parents ou de l'un
d'entre eux (le second étant entendu par le juge) ou du conseil de famille si l'enfant n'a
ni père, ni mère. Cette demande ne peut être formée que lorsque le mineur est âgé de
seize ans au moins. Le juge des tutelles apprécie l'opportunité de l'émancipation qu'il
ne peut prononcer que s'il y a de justes motifs. L'émancipation est définitive,
irrévocable. Elle prend fin à la majorité du mineur.
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Il. EFFETS DE L'ÉMANCIPATION
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CHAPITRE Il
LES INCAPABLES
MAJEURS
En principe, tous les majeurs de 18 ans sont pleinement capables d'exercer tous les droits
dont ils sont titulaires. L'incapacité des majeurs a donc un caractère exceptionnel,
1 0 Domaine de l'incapacité des majeurs. Cette incapacité résulte :
a) Du fait que certains majeurs ont besoin d'être protégés (articles 488 et 490 du Code
civil),
- soit qu'ils souffrent d'une altération de leurs facultés mentales causée par une maladie,
une infirmité, ou par l'affaiblissement dû à l'âge ;
- soit que l'altération de leurs facultés corporelles empêche l'expression de la volonté ;
- soit que par prodigalité, intempérance ou oisiveté, ils s'exposent à tomber dans le
besoin ou compromettent l'exécution de leurs obligations familiales.
La protection accordée par la loi aux majeurs ainsi diminués varie en fonction de la
gravité de l'altération de leurs facultés.
On peut distinguer quatre régimes de protection :
- les majeurs en tutelle, dont l'altération de leurs facultés est telle qu'ils doivent être
représentés d'une manière continue dans les actes de la vie civile,
- les majeurs en curatelle, qui peuvent agir par eux-mêmes, mais qui ont besoin d'être
conseillés, contrôlés dans leurs actes ;
- les majeurs sous sauvegarde de justice, qui doivent être simplement protégés dans
l'accomplissement* des actes de la vie civile ;
- les majeurs atteints d'un trouble mental, qui ne font l'objet d'aucune mesure
préalable de protection, mais peuvent, après coup, demander la nullité de certains de
leurs actes.
Dans les deux premiers régimes, la protection est continue, alors que dans les deux
derniers, elle n'est qu'occasionnelle.
b) De la condamnation à certaines peines.
L'incapacité qui frappe ces condamnés à un caractère de sanction : c'est l'interdiction
légale.
20 Caractères généraux de la protection des majeurs dont les facultés sont altérées.
Les régimes de tutelle, de curatelle et de mise sous sauvegarde de justice présentent
les caractères suivants.
• L'incapacité résulte toujours d'une décision du juge des tutelles à qui il revient
de choisir le régime applicable à l'intéressé.
• Ce choix est indépendant du traitement subi par l'incapable : il n'est pas lié à
son internement et ne dépend que du degré d'altération des facultés.
• Le régime de protection combine les rôles de la famille, du juge et du médecin.
Ce dernier joue un rôle essentiel. L’altération des facultés doit toujours être
médicalement établie.
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• Le juge des tutelles et le procureur de la République peuvent visiter l'incapable
et prendre certaines mesures protectrices de ses intérêts,
• Une importance particulière est donnée à la protection du logement et des
meubles de l'incapable tout doit être mis en Œuvre pour que celui-ci retrouve
son habitation (dans l'hypothèse d'internement).
Tout acte de disposition devra être autorisé par le juge des tutelles après avis du
médecin traitant.
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B - PROCÉDURE DE MISE EN TUTELLE
1° La demande d'ouverture de la tutelle peut être formée par requête au juge des tutelles
émanant de :
- l'intéressé lui-même;
- son conjoint « à moins que la vie commune n'ait cessé » ;
- ses ascendants, descendants, frères et sœurs ;
- son curateur, ou du ministère public.
La requête doit détailler les faits susceptibles de justifier la protection légale.
La procédure peut également être mise en Œuvre d'office par le juge des tutelles,
notamment lorsque le majeur n'a pas de famille, sur avis des parents ou amis ou du médecin
traitant.
C - ORGANISATION DE LA TUTELLE
1° Désignation du tuteur.
• Tutelle légale : l'époux est tuteur de son conjoint, à moins que la communauté de vie
ait cessé ou que le juge des tutelles n'en décide autrement.
• Tutelle dative : à défaut de conjoint, le tuteur est choisi librement par le conseil
de famille.
Ne peuvent être tuteurs : les personnes incapables ou exclues, le médecin traitant,
l'établissement de traitement de l'incapable et les personnes qui y sont rémunérées.
2° Fonctionnement de la tutelle.
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Les règles concernant la tutelle des mineurs sont applicables à la tutelle des
majeurs.
D - FIN DE LA TUTELLE
Article 507 du Code civil : la tutelle cesse avec les causes qui l'ont déterminée. Elle fait l'objet d'un
jugement de mainlevée et l'accomplissement des formalités identiques à celles requises pour
son ouverture.
Le jugement est opposable aux tiers dans les mêmes conditions que le jugement portant
ouverture.
Le majeur reprend alors l'exercice de ses droits.
b) Les autres actes accomplis par le majeur en tutelle sont nuls. Il en est ainsi
notamment, du testament,
Les actes irrégulièrement accomplis par le majeur en tutelle sont nuls de nullité relative
: celle-ci eut être invoquée que par l'incapable lorsqu'il a retrouvé sa capacité, ou par son
représentant légal pendant l'incapacité.
La nullité peut être couverte par la confirmation ; l'action est éteinte par la prescription
de cinq ans.
Ces actes « pourront être annulés si la cause qui a déterminé l'ouverture de la tutelle
existait notoirement à l'époque où ils ont été faits » (article 503 du Code civil),
Le fait que la tutelle soit prononcée à l'égard d'un individu facilite l'annulation des actes
antérieurs, en rendant plus aisée la preuve de l'insanité mentale de leur auteur l'époque de l'acte,
L'annulation est facultative pour le juge.
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Le testament antérieur à l'ouverture de la tutelle reste valable. Mais il peut être révoqué
judiciairement « si la cause qui avait déterminé le testateur à disposer a disparu » (article 504,
al. 2, Code civil),
B - ORGANISATION DE LA CURATELLE
2° Rôle du curateur
Le curateur assiste l'incapable, qui agit lui-même. Il ne peut qu'accorder ou refuser son
assistance.
En cas de refus d'assistance, l'incapable a un recours devant le juge des tutelles.
Sanctions des actes accomplis par le majeur seul, alors qu'ils nécessitaient l'assistance
du curateur Ces actes sont nuls de nullité relative.
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• La nullité ne peut être demandée que par le curateur ou par l'incapable redevenu
capable,
• La nullité peut être couverte par une confirmation.
• L'action en nullité se prescrit par cinq ans.
2° Le majeur en curatelle peut accomplir seul les actes suivants ,
- faire son testament ;
- reconnaître un enfant naturel,
- exercer les actions en justice de caractère patrimonial,
- exercer l'autorité parentale sur ses enfants.
Les actes que le majeur peut accomplir seul peuvent être rescindés pour lésion ou réduits
pour excès,
D - FIN DE LA CURATELLE
La curatelle prend fin « de la même manière que la tutelle des majeurs » (article 509 du Code
civil).
A — PROCÉDURE
Le placement sous sauvegarde de justice résulte, soit d'une déclaration médicale, soit
d'une décision du juge des tutelles.
1° Déclaration médicale
La déclaration du médecin est faite au procureur de la République. Elle peut être :
- obligatoire, lorsque la personne est soignée dans un établissement public ou dans
un des établissements privés figurant sur une liste établie par le ministre chargé
des affaires sociales ;
- facultative, dans tous les autres cas.
Le procureur de la République informe le directeur de l'action sanitaire et sociale et
inscrit la déclaration sur un registre spécial.
1° Décision du juge des tutelles
Le juge, saisi d'une procédure de tutelle ou de curatelle, peut placer le majeur sous
sauvegarde de justice, de manière provisoire, pour la durée de l'instance. Cette décision est
inscrite par le procureur de la République sup un registre spécialement tenu à cet effet,
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Les actes qu'il accomplit sont valables, mais ils peuvent être attaqués
- soit par l'action en rescision pour lésion, (la lésion résulte d'une disproportion
entre les engagements réciproques) ;
Le juge décide de l'importance de la lésion éventuellement subie en tenant compte de
l'importance de la fortune du majeur, de la bonne foi du contractant et de l'utilité de l'opération
;
- soit par l'action en réduction pour excès. L'excès consiste en une disproportion
entre l'engagement contracté par le majeur et les moyens dont il dispose,
Le juge apprécie souverainement l'excès en fonction de la fortune du majeur, de l'utilité
de l'acte et de la bonne foi des co-contractants.
Les engagements excessifs peuvent être annulés ou simplement réduits.
Exemple : le majeur achète une voiture de luxe. La réduction du prix est impossible,
car elle lèserait le vendeur. L'opération est donc annulée. S 'il achète plusieurs
voitures, au contraire, la vente peut être réduite à une seule d'entre elles.
L'action en rescision pour lésion ou en réduction pour excès peut être exercée par la
personne placée sous sauvegarde de justice, son conjoint, ses ascendants, descendants, frères et
sœurs et par le ministère public, La confirmation de l'acte lésionnaire ou excessif est possible,
2° Les biens du majeur peuvent être administrés par un mandataire, lorsque celui-ci se
désintéresse de leur gestion,
Ce mandataire peut être désigné par l'intéressé lui-même, A défaut, la loi organise la gestion
des biens en donnant mandat :
- au conjoint, aux ascendants, descendants, frères ou sœurs, et au ministère public,
d'accomplir les actes conservatoires urgents et nécessaires, tels qu’apposition des
scellés, interruption d'une prescription. Ici s'applique le régime de la gestion
d'affaires ;
- au juge des tutelles de désigner un mandataire judiciaire chargé d'accomplir les
actes plus importants.
La déclaration se périme par deux mois si elle n'est pas renouvelée, et par six mois en cas de
renouvellement,
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IV, PROTECTION DES MAJEURS ATTEINTS DE TROUBLE MENTAL
QUI NE FONT L'OBJET D'AUCUNE MESURE JUDICIAIRE
PRÉALABLE
Lorsque personne ne demande qu'une mesure judiciaire soit prise pour protéger un
majeur dont les facultés sont altérées, celui-ci accomplit seul les actes juridiques.
Cependant, le trouble mental qu'il subit altère le consentement qu'il donne à ces actes.
La validité de ceux-ci peut donc être contestée.
Il en résulte que tous les actes passés par un individu souffrant de troubles mentaux
peuvent être annulés.
A - CONDITIONS DE LA NULLITÉ
Il faut :
- prouver l'existence de l'insanité d'esprit au moment de l'acte ;
Cette preuve incombe à celui qui demande la nullité. On a vu qu'elle est facilitée lorsque le
malade a fait ensuite l'objet d'une mise en tutelle.
- que l'auteur de l'acte soit vivant.
L'on craint, à la fois la difficulté de prouver l'état mental d'un individu après son décès, et
la manœuvre des héritiers voulant faire annuler des actes contraires à leurs intérêts.
Exceptions :
La nullité pour insanité d'esprit peut être demandée par les héritiers après la mort de leur
auteur :
- pour les donations et le testament,
- si l'acte porte en lui-même la preuve du trouble mental (par son incohérence
ou son absurdité)
- si l'auteur de l'acte était placé sous sauvegarde de justice ;
- si une action tendant à faire déclarer la tutelle ou la curatelle avait été
introduite avant le décès. Dans ces différents cas, il existe des indices do
l'altération des facultés qui en facilitent la preuve.
B - NATURE DE LA NULLITÉ
La nullité est relative.
1° Elle peut être exercée :
- du vivant du malade, par lui-même, son tuteur ou son curateur ;
- après son décès, par ses héritiers.
2° L'acte nul peut être confirmé par l'auteur de l'acte après sa guérison, ou avec
l'assistance de son curateur.
3° L'action en nullité se prescrit par cinq ans.
L'aliénation mentale supprime ou atténue la responsabilité pénale. En revanche,
elle ne fait pas obstacle à la responsabilité civile : « celui qui a causé un dommage à
autrui, alors qu'il était sous l'empire d'un trouble mental, n'en est pas moins obligé à
réparation » (article 489 al. 2 du Code civil).
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V. LES INTERDITS LÉGAUX
L'interdiction légale est une incapacité découlant automatiquement de la condamnation
à une peine privative de liberté, afflictive ou infamante : mort, réclusion criminelle, détention
criminelle.
L'interdiction légale est une peine accessoire à la peine principale. L'incapacité qui en
résulte est donc à la fois une sanction et une mesure de protection, le condamné étant dans
l'impossibilité de gérer son patrimoine.
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TITRE 4 LE PATRIMOINE
CHAPITRE I
DÉFINITION ET CARACTÈRES
DU PATRIMOINE
Section 1 : Définition
Le patrimoine est l'ensemble des droits et des obligations évaluables en argent dont
la personne juridique est titulaire ou susceptible de le devenir. Le patrimoine est un attribut
de la personnalité physique ou morale.
Cette définition peut être représentée par un tableau : d'un côté, l'on porte les valeurs
correspondant aux droits, et de l'autre, les éléments du passif.
Le patrimoine est l'expression économique d'une personne juridique,
En résumé, toute personne juridique possède un nom, un domicile, une nationalité, une
certaine capacité et un patrimoine.
Une universalité de droit est une collection de droits et d'obligations formant un tout,
une entité abstraite distincte des éléments qui la composent.
Conséquences :
1° Le patrimoine est indépendant des éléments qui le composent. Ainsi le droit de gage
général des créanciers chirographaires (non titulaires de sûretés particulières)
- porte non seulement sur les biens existant lors de la naissance de l'obligation, mais
aussi sur les biens à venir ;
- ne s'exerce plus sur les biens qui sont sortis sans fraude du patrimoine du débiteur.
Ils n'ont pas de droit de suite sur ces biens.
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II. LE PATRIMOINE EST LIÉ A LA PERSONNE
Conséquences :
1° Seules les personnes, qu'elles soient physiques ou morales, peuvent avoir un patrimoine.
2° Toute personne a un patrimoine. Il en est ainsi de la personne qui ne possède rien, qui
n'a aucune ressource, ou même qui a des dettes, car le patrimoine est un cadre, une aptitude
à avoir des droits et des obligations. Ce cadre peut se remplir à tout moment.
Le patrimoine est le contenant ; les droits et les obligations constituent le contenu. Le
récipient, même vide, n'en existe pas moins.
Exemples.
- les biens réservés de la femme mariée sous régime de/a communauté obéissent à des
règles particulières d'administration å l'intérieur du patrimoine commun,
- L'héritier qui accepte une succession sous bénéfice d'inventaire se trouve la tête de
deux patrimoines : le sien propre et celui du défunt qui conserve temporairement son
individualité.
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CHAPITRE Il
COMPOSITION DU PATRIMOINE
Le patrimoine comprend les droits de nature patrimoniale, c'est-à-dire les droits qui
sont :
- susceptibles d'une évaluation en argent ;
- cessibles à de nouveaux titulaires ;
- saisissables par les créanciers et prescriptibles.
Par leurs caractères, les droits patrimoniaux s'opposent donc aux droits de la
personnalité, qui sont incessibles, intransmissibles, insaisissables, imprescriptibles, et qui
ne font pas partie du patrimoine.
Les droits patrimoniaux sont divisés en droits réels et en droits personnels,
Il existe deux catégories de droits réels : les droits réels principaux et les droits
réels accessoires.
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20 Les démembrements du droit de propriété, qui comprennent quelques-unes
seulement de ces prérogatives.
a) L'usufruit.
Il confère à son titulaire, pendant une durée qui ne peut excéder sa vie, le droit
d'user et de jouir des fruits d'une chose appartenant à autrui.
Exemple : Je lègue par testament l'usufruit de mon appartement à mon
conjoint i/ pourra continuer à l'utiliser, le louer, jusqu'à son propre décès.
1° Le gage
Le gage est le contrat par lequel le débiteur remet à son créancier un meuble lui
appartenant,' le créancier ne peut user de la chose remise en gage, mais s'il n'est pas payé à
l'échéance, il peut la faire vendre et se faire payer par préférence sur le prix
2° L'hypothèque
L'hypothèque ost un droit réel portant sur un immeuble affecté à la garantie d'une
créance. Le propriétaire n'en est pas dépossédé. Si, à l'échéance, le créancier n'est pas payé, il
peut faire vendre l'immeuble, et se payer sur le prix.
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Section 2 : Les droits personnels
Le droit personnel est le droit qu'une personne peut exercer à l'encontre d'une autre.
Les droits personnels sont en nombre illimité. Ils sont aussi variés que les prestations
qui peuvent en être l'objet.
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Section 3 : Comparaison des droits réels et des droits
personnels
1. Le droit de suite permet au titulaire du droit réel d'exercer celui-ci sur la chose, en
quelques mains qu'elle se trouve.
Exemples :
— L'usufruitier peut réclamer la chose pour en user et en jouir, que/ que soit le
propriétaire de la chose.
— Le titulaire d'une servitude de passage peut l'exercer que/ que soit le
propriétaire du fonds servant,
2. Le droit de préférence intervient en cas de conflit entre titulaire d'un droit réel et titulaire
d'un droit personnel ; il permet au premier de faire valoir son droit en priorité sur la chose.
Exemple : Le créancier hypothécaire impayé qui fait vendre l'immeuble sur
lequel porte son hypothèque est remboursé de sa créance en premier lieu; les
créanciers chirographaires du débiteur ne seront payés sur le prix de vente que
s'il reste des fonds.
b) Le droit personnel est inopposable aux tiers : la relation de droit ne concerne que les
sujets du droit,
En conséquence, le droit de créance ne confère ni droit de préférence, ni droit de suite.
L'ensemble des créanciers du débiteur a des droits sur tous les biens du patrimoine (sur lesquels
un droit réel n'a pas été constitué). Si les biens du débiteur, saisis ou vendus sont insuffisant pour
désintéresser les créanciers, chaque créancier chirographaire sera payé « au marc le franc » c’est-
à-dire prorata de sa créance.
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En définitive, les droits réels s’exercent sur des choses : les choses objet de droit son des
biens ; les droits personnel sont des rapports de créanciers à débiteur, générateur d’obligation.
L’étude du patrimoine comprend deux parties :
• Les biens ;
• Les obligations.
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Troisième partie
Les biens
Les biens sont les droits exercés sur les choses ; ce sont également les choses objets
de droit. Cependant :
• Toutes les choses ne sont pas des biens.
Il en est ainsi des choses sur lesquelles aucun droit réel ne peut être établi : ce sont
les choses communes, dont tous les individus usent, mais qui n'appartiennent à
aucun d'entre eux : l'air, la lumière sont des choses. Ce ne sont pas des biens.
• Tous les biens ne sont pas des choses.
Les choses ont une consistance matérielle. Or, certains droits portent sur des
éléments incorporels, ont un support abstrait, intellectuel.
L'étude des biens est donc liée à celle des choses. C'est pourquoi, il existe plusieurs
classifications des biens, en fonction des choses objets de droits.
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INTRODUCTION
Article 516 du Code civil : « Tous les biens sont meubles ou immeubles La catégorie
des immeubles est limitée.
A - LES IMMEUBLES
Il existe trois catégories d'immeubles : les immeubles par nature, par destination, ou
par l'objet auquel ils s'appliquent.
Exemples :
- Glaces scellées au mur.
- Statues placées dans une niche.
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3° Les immeubles par l'objet auquel ils s'appliquent
Ce sont :
- tous les droits réels portant sur des immeubles servitudes, propriété, droit
d'usage et d'habitation; etc.
- toutes les actions en justice qui sanctionnent les droits réels immobiliers.
B - LES MEUBLES
La catégorie des meubles est illimitée tout ce qui n'est pas immeuble est meublé.
On distingue les meubles par nature et les meubles par détermination de la loi 527 du
Code civil).
1° Seules les mutations d'immeubles sont soumises à publicité. Toutes les transactions qui
créent ou modifient des droits réels sur un immeuble, telles que ventes, constitution d'usufruit,
d'hypothèque, sont inscrites sur un registre foncier tenu à*ta conservation des hypothèques
du lieu de la situation de l'immeuble.
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Cette publicité a pour objet de prévenir les tiers qui ont intérêt à connaître ces opérations
juridiques,
2° tribunal compétent pour connaître des litiges relatifs aux immeubles est celui situation de
l'immeuble (caractère pratique de cette règle : la plupart des renseignements concernant
l'immeuble se trouvent à cet endroit).
En ce qui concerne les litiges relatifs aux meubles, essentiellement mobiles, le tribunal
compétent est, en principe, celui du domicile du défendeur.
3° Les immeubles donnés en garantie d'une créance, sont soumis à hypothèque. Au contraire,
les meubles sont donnés en gage.
4° La prescription acquisitive est différente selon qu'il s'agit de meubles ou d'immeubles.
Pour les meubles, « en fait de meubles, possession vaut titré » (art. 2279 du Code
Pour les immeubles, une possession prolongée et paisible pendant dix, vingt ou trente ans
(usucapion) est nécessaire pour acquérir la propriété.
5° La lésion est admise, dans certaines conditions, pour les ventes d'immeubles ; ne l'est pas
pour les ventes de meubles.
Ces différences sont fondées sur l'idée générale que les immeubles ont une importance
économique et psychologique plus grande que les meubles.
1° Les biens corporels sont ceux qui ont une consistance matérielle : ce sont les choses,
mobilières ou immobilières, objets de droit,
Exemple : Une voiture, un animal, une maison, sont des biens corporels,
20 Les biens incorporels sont, au contraire, immatériels ; ils ont une existence abstraite
détachée de tout support matériel.
Sont des biens incorporels :
- lesavecdroits portant sur les choses (à l'exception du droit de propriété qui se confond
la chose elle-même) ,
Exemple.' L'usufrúit, l'hypothèque.
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• les brevets d'invention et les marques de fabrique. Ils confèrent à leur
titulaires un droit de « propriété industrielle) qui constitue un véritable
monopole d'exploitation du brevet et de la marque déposés,
• les droits (e clientèle. Ils consistent dans. le droit accordé aux officiers
ministériels (huissiers, notaires) de présenter leur successeur la
chancellerie et de demander à celui-ci, en contrepartie, une rémunération
correspondant valeur de la clientèle de l'étude.
Dans les professions libérales, l'avocat ou le médecin sortant présente son
successeur à ses clients y moyennant une somme d'argent versée par celui-ci.
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Section 2 : Classifications fondées sur l'utilisation des choses
On distingue :
1°les fruits sont les biens accessoires donnés une chose, de manière périodique et sans
en altérer la substance. Les fruits sont naturels ou civil.
Exemples :
- Un cerisier, une prairie, donnent des fruits naturels : les cerises, le foin.
- Un immeuble loué rapporte des fruits civils : les loyers.
Aux fruits s'opposent les produits.
2° Les produits sont donnés par la chose de manière non périodique et ils en diminuent peu
à peu la substance.
Exemples :
Les pierres extraites d'une carrière, une coupe d'arbres dans une forêt, en altèrent la
substance.
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Intérêt de la distinction
Le transfert de propriété d'un corps certain est réalisé dès que la vente est conclue ;
lorsqu'il s'agit d'une chose de genre, au contraire, le transfert de propriété ne peut avoir lieu
que par l'individualisation de la chose vendue.
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Section 3 : Classification fondée sur la possibilité
d'appropriation des choses
On distingue :
N'importe qui peut s'en emparer et on devenir propriétaire par la Simple occupation.
Des choses abandonnées, il faut distinguer los choses perdues pour lesquelles
l'acquisition de la propriété ne résulte pas de la seule prise de possession.
Exemple :
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La catégorie des biens se divise en droits réels principaux (droit de propriété et ses
démembrements) et droits réels accessoires (gage et hypothèque).
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LES DROITS REELS PRINCIPAUX
CHAPITRE I
I. L'INDIVISION
A - SOURCES DE L'INDIVISION
B - CARACTÈRES DE L'INDIVISION
C - RÉGIME DE L'INDIVISION
D - DURÉE DE L'INDIVISION
« Nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision (art. 815 du Code civil). En
principe, chaque copropriétaire peut à tout moment demander le partage de la chose indivise.
Cependant :
• Les copropriétaires peuvent convenir que l'indivision sera maintenue.
• Le tribunal saisi d'une demande en partage peut surseoir au partage pour deux
années au plus, si sa réalisation immédiate risque de porter atteinte à la valeur des
biens indivis.
• Le tribunal peut, à la demande d'un ou plusieurs indivisaires, décider de leur
attribuer leur part, soit en nature, soit en argent. Dans ce cas, il y a retrait et
partage partiel.
• Le tribunal peut décider que l'indivision sera maintenue pendant une durée
maximum de cinq ans, en ce qui concerne les exploitations agricoles constituant
une unité économique, les locaux d'habitation ou à usage professionnel utilisés
par te défunt ou son conjoint. A la fin de l'indivision, les biens sont partagés entre
tes copropriétaires.
Les biens que chaque indivisaire reçoit dans son lot sont réputés lui appartenir, non
du jour du partage, mais du jour où a commencé l'indivision : c'est l'effet déclaratif du partage.
En conséquence, si les indivisaires ont consenti des droits sur des biens qui,
finalement, ne leur sont pas affectés, ces droits sont anéantis.
2° Organes de la copropriété
L'ensemble des copropriétaires est groupé dans le syndicat des copropriétaires est qui
jouit de la personnalité morale.
Il a pour mission d'établir et de modifier le règlement de copropriété, de conserver »
l'immeuble, d'administrer, acquérir ou aliéner les parties communes.
Le syndicat des copropriétaires peut ester en justice ; il est responsable des dommages
causés aux copropriétaires ou aux tiers du fait d'un Vice de construction ou d'un défaut
d'entretien de l'immeuble. Le syndicat se réunit en assemblée générale. La copropriété est
gérée par trois organes :
a) L'assemblée générale des copropriétaires.
Son fonctionnement et ses pouvoirs sont prévus dans le règlement de copropriété et par
la loi.
Chaque copropriétaire dispose d'un nombre de voix égal à sa quote-part dans les parties
communes. Il peut déléguer son droit de vote à un mandataire, sauf au syndic.
Les décisions sont prises :
- soit à la majorité des voix des copropriétaires présents ou représentés : décisions
ordinaires ;
- soit à la majorité des voix de tous les copropriétaires, dans certains cas très
importants ;
Exemple : Désignation ou révocation du syndic ; modification de la
répartition des charges.
- soit à l'unanimité.
Exemple : Aliénation des parties communes « nécessaires au respect de la
destina tion de l'immeuble ».
b) Le syndic.
Il est désigné lors de la première assemblée générale. Il a pour rôle :
- d'assurer le respect du règlement de copropriété, et l'exécution des décisions de
l'assemblée générale ;
- d'administrer l'immeuble. En cas d'urgence, et de sa propre initiative, il peut faire
procéder aux travaux nécessaires ;
- de représenter le syndicat dans tous les actes de la vie civile et en justice.
Le syndic peut être remplacé, s'il est empêché, ou s'il est négligent, dans les conditions
prévues par le règlement de copropriété. Il est assisté et contrôlé par le conseil syndical.
c) Le conseil syndical.
Il est désigné par l'assemblée générale ou, à défaut, par le président du tribunal. Il
surveille la gestion du syndic entre la réunion des assemblées.
Section 2 : Le droit de propriété est un droit absolu
En principe, il s'exerce librement sur la totalité des utilités de la chose : l'usus le
fructus, l'abusus.
De nombreuses exceptions sont apportées à ce principe, dans l'intérêt de la collectivité
nationale d'une part, et dos propriétaires voisins, d'autre part.
3° Le propriétaire qui veut vendre la chose peut être privé du droit de choisir son
acquéreur.
II en est ainsi toutes les fois où la loi accorde un droit de préemption : en matière
agricole, le fermier, les sociétés d'aménagement foncier ont le droit de se substituer à
l'acquéreur choisi par le propriétaire. Il en va de même du locataire d’un appartement ou
d’un magasin.
1° Les propriétaires sont tenus d'observer les obligations légales de voisinage. Ils doivent
notamment :
- ne planter ni construire qu'à une certaine distance du fonds voisin ;
- observer les règles concernant l'ouverture des vues dans les murs bordant le fonds
voisin ou situés à proximité de la ligne séparative des fonds ;
Exemple : Une fenêtre ne peut être ouverte qu'à 1,90 m ou 0,60 m selon que la
rue est droite ou oblique.
3° Le propriétaire ne doit pas exercer son droit de propriété au préjudice des voisins.
Il y a trouble anormal du voisinage lorsque le propriétaire :
Dans ce cas, le propriétaire est responsable, même s'il a pris toutes les mesures
nécessaires. Il peut être condamné :
- à cesser l'activité dommageable. Cette mesure ne peut être proscrite lorsque Cette
activité a obtenu une autorisation administrative :
- à prendre les précautions la nature à faire cesser le trouble ;
Exemple : le médecin qui, en utilisant un appareil de radiologie, rend inutilisables les
postes de radio ou de télévision de son voisin, peut être condamné à installer un
dispositif approprier permettant d’éviter un tel trouble,
ÉTENDUE DU DROIT DE
PROPRIÉTÉ
En principe, le droit de propriété porte :
- sur la chose elle-même ;
- sur les accessoires de la chose.
Ces limites sont facilement déterminables lorsque la chose est meuble. Il en est
différemment pour les immeubles : la propriété de la chose ne consiste pas seulement dans
la propriété de la surface. -Elle porte sur un volume : la propriété s'exerce sur le dessus, le
dessous et sur les eaux : « la propriété du sol emporte la propriété du dessus et du des Sous
» (art. 522 du Code civil).
I. LA PROPRIÉTÉ DU DESSUS
A - PRINCIPES
Le propriétaire du sol l'est également de l'espace aérien qui est au-dessus. En
conséquence :
- le propriétaire peut faire pousser des plantations, élever des constructions sur son sol ;
- corrélativement, il peut s'opposer à ce que toute personne empiète sur cet espace aérien.
Exemples
- Un propriétaire peut contraindre son voisin å couper les branches des arbres
qui débordent au-dessus de son sol, ou détruite une avancée de toit en
surplomb.
- Il peut s'opposer à ce que la flêche d'une grue installée sur un fonds voisin
passe au-dessus de son terrain, ainsi qu'à tout passage de câbles.
2° Il ne peut non plus, dans le voisinage des aéroports, édifier des constructions d'une
hauteur susceptible de gêner la navigation aérienne.
3° le propriétaire doit respecter les normes de densité de construction posées par les plans
d'occupation des sols.
A - PRINCIPE
Le propriétaire « peut faire au-dessous toutes les constructions et fouilles qu'il jugera
à propos... » (art. 552, al. 3 du Code civil).
Le propriétaire peut donc creuser, faire des fondations. Il peut également couper les
racines des arbres du voisin qui avancent dans son sous-sol.
a) Les eaux de pluie sont des choses communes. Celui qui les reçoit peut se les
approprier.
Les fonds inférieurs sont d'ailleurs tenus de l'obligation de recevoir les eaux de pluie ou
de source qui š découlent « naturellement, sans que la main de l'homme y ait contribué
b) Les eaux de source appartiennent au propriétaire du terrain sur lequel elles
jaillissent.
Celui-ci peut en user à sa volonté « dans les limites et pour les besoins » de son fonds.
Le propriétaire ne peut en priver les usagers inférieurs, non plus que les agglomérations
voisines.
c) Les eaux courantes, lorsqu'elles ne font pas partie du domaine public, sont des
choses communes. Les riverains ont un droit d'usage sur les eaux courantes.
Section 2 : La propriété des accessoires de la chose
1° Le propriétaire de la chose est propriétaire de ce qui est produit par la chose (art. 546
du Code civil). Il devient donc propriétaire :
- des fruits de la chose, qu'ils soient naturels, industriels ou civils;
- des produits de la chose.
2° Le propriétaire de la chose devient propriétaire de ce qui s'incorpore à la chose. C'est
le droit d'accession.
a) En ce qui concerne les immeubles, l'accession peut être :
1. Naturelle
Exemples :
- Animaux venant s'installer sur le fonds (à condition de ne pas y avoir
été attirés par fraude) : pigeons changeant de colombier, abeilles
désertant leurs ruches.
- Alluvions entraînées par un cours d'eau et Menant se fixer sur le fonds.
2. Artificielle
L'accession artificielle résulte d'une attitude active de l'homme : constructions et plantations sur
le terrain d'autrui, ou sur son propre terrain avec les matériaux d'autrui.
b) En ce qui concerne les meubles, l'accession peut résulter
1. d'un mélange : il en est ainsi lorsque deux choses unies ne peuvent plus être
séparées.
Exemple : Deux lingots d'or sont fondus en un seul. Les propriétaires des deux
choses vont en acquérir en commun la propriété dans la proportion de la
quantité, de la qualité et de la valeur des matières appartenant à chacun d'eux.
2. d'une adjonction : c'est l'union de deux choses qui restent néanmoins
reconnaissables.
Exemple : Un tableau et son cadre. Le tout appartient au maître de la chose
constituant la partie principale, en vertu du principe selon lequel l'accessoire suit le
principal.
3. d'une spécification : c'est la création d'un objet par transformation d'une matière.
Exemple : Un meuble est construit avec deux pièces de bois : il appartient en
commun aux propriétaires des éléments d'origine.
TITRE 2 MODES D'ACQUISITION DE LA
PROPRIÉTÉ
La propriété s'acquiert essentiellement par la possession et par l'effet
des obligations (conventions à titre onéreux ou gratuit). Elle peut
également s'acquérir par accession ou par occupation et par voie
successorale.
CHAPITRE I
ACQUISITION DE LA PROPRIÉTÉ
PAR LA POSSESSION
Section 1 : Définition de la possession
La possession est un pouvoir de fait exercé sur une chose matérielle, meuble ou
immeuble. La possession est liée à la propriété. On parle néanmoins de possession à propos
des autres droits réels, principaux, servitudes et usufruit. Il s'agit alors de quasi-possession.
Généralement le pouvoir de fait correspond à l'exercice d'un droit sur la chose • le
propriétaire exerce effectivement ses prérogatives sur la chose : le possesseur en est le
propriétaire. La possession est conforme au droit. Mais il arrive que le droit ne coïncide pas
avec le fait : le voleur possède la chose mais n'en est pas propriétaire ; le propriétaire volé a
perdu la possession de sa chose, mais il a conservé son droit de propriété. La possession est
alors contraire au droit.
La possession est constituée d'un élément matériel, le corpus, et d'un élément
psychologique, l'animus.
1° Élément matériel
Le corpus consiste à accomplir des actes matériels sur la chose, comme le
ferait le titulaire du droit (propriétaire, usufruitier...).
Exemple : Le possesseur utilise une voiture, élève un animal, cultive un
champ, perçoit les loyers d'un immeuble, etc.
Le corpus peut être exercé par l'intermédiaire d'autrui : employés, locataires, etc.
2° Élément psychologique
L'animus est l'intention de se comporter comme le véritable titulaire du droit.
Exemple : Le voleur a la volonté de se considérer comme propriétaire de la chose
volée.
Au contraire, le fermier qui exerce le corpus sur le domaine du bailleur n'a pas
l'animus, car il sait qu'il doit restituer le bien.
Ces deux éléments doivent être réunis ; la perte du corpus ou de l'animus entraîne
la disparition de la possession.
Cette définition de la possession permet de la distinguer :
- de la propriété (ou de l'usufruit), qui résulte de l'exercice d'un droit, alors que la
possession est un pouvoir de fait ;
- de la détention, qui consiste dans l'accomplissement d'actes matériels sur la
chose, justifiés par un acte juridique ou par la loi.
Le détenteur précaire a le corpus, mais il n'a pas l'animus. Il possède pour autrui .
Exemples :
- Le locataire, le fermier, utilisent la chose en vertu d'un contrat, qui
leur impose l'obligation de la restituer au propriétaire.
- Le tuteur détient les biens de l'incapable et doit/es administrer et/es
restituer, en vertu de la loi.
Lorsque la possession ne présente aucun vice, elle est dite utile, car elle peut produire
des effets juridiques. Peu importe que le possesseur soit de bonne ou de mauvaise foi.
La possession utile produit des effets de droit. On donne à ce phénomène étonnant plusieurs
justifications.
En général, le fait et le droit coïncident : la protection de la situation de fait bénéficie donc au
titulaire du droit.
Dans l'intérêt de l'ordre social et de la paix publique, le possesseur doit être protégé, on ne
peut perpétuellement remettre en cause des situations acquises depuis longtemps, et le
propriétaire ne doit pas se faire justice à lui-même.
Les effets de la possession sont différents, selon que la chose possédée est un meuble
ou un immeuble,
A - PRESCRIPTION ACQUISITIVE
1° Prescription trentenaire
Pour acquérir la propriété d'un immeuble par prescription trentenaire, il suffit
- que le possesseur ait eu le corpus et l'animus ;
- que la possession ait été utile, c'est-à-dire publique, paisible, continue et non
équivoque ,
- qu'un délai de trente ans se soit écoulé depuis la prise de possession.
Il n'est pas nécessaire que le possesseur soit de bonne foi, ni qu'il ait un titre. La
prescription trentenaire permet donc à l'usurpateur de devenir propriétaire de
l'immeuble.
2° Prescription abrégée
Le délai de prescription peut être réduit à dix ans (si le véritable propriétaire est
domicilié dans le ressort de la cour d'appel du lieu de situation de l'immeuble) ou à
vingt ans (s'il est domicilié hors dudit ressort). Il faut pour cela que le possesseur
satisfasse, non seulement aux deux premières conditions exigées pour la prescription
trentenaire, mais encore à deux conditions supplémentaires : il doit avoir un juste
titre et être de bonne foi.
a) Le juste titre.
- C'est un acte translatif de propriété à titre particulier (vente, donation,
échange, legs particulier) à l'exclusion du legs universel et de la succession
ab intestat ;
- qui n'a pu produire son effet, soit parce qu'il émane d'une personne qui n'était
pas propriétaire de la chose, soit parce qu'il est nul de nullité relative.
b) La bonne foi.
C'est l'ignorance du vice ayant affecté le juste titre, au moment de la conclusion
de l'acte.
La bonne foi est présumée ; c'est donc au propriétaire qui revendique l'immeuble
qu'incombe la charge de prouver que le possesseur avait connaissance du vice de
l'acte.
1. Le possesseur actuel peut joindre sa possession à celle de son auteur (défunt ou vendeur).
b) Effet de la prescription.
A l'expiration du délai de prescription, le possesseur est réputé avoir été propriétaire
depuis le premier jour de la possession et non à compter de l'accomplissement du délai
de prescription.
La propriété est acquise avec toutes les charges qui la grevaient.
En conséquence, les droits consentis sur l'immeuble pendant le délai de prescription
par le possesseur sont consolidés. En revanche, ceux consentis par le propriétaire sont
anéantis rétroactivement.
Il est normal de protéger la possession contre les atteintes des tiers car le possesseur est
généralement le titulaire du droit.
Le propriétaire lui-même a intérêt à porter le litige sur le terrain de la possession, car
la reconnaissance de sa possession lui confère une position avantageuse dans un procès
ultérieur en revendication : la possession fait présumer la propriété, et le dispense donc
de la charge de la preuve.
Il existe trois actions possessoires la complainte, la dénonciation de nouvel œuvre, et
la réintégrande ; elles doivent être exercées dans l'année du trouble subi par le possesseur
; elles sont portées devant le tribunal d'instance.
a)La complainte est une action ouverte à tout possesseur d'un immeuble, qui subit
un trouble actuel, résultant d'un acte matériel.
Exemples : Un voisin vient régulièrement puiser de l'eau dans un puits sur
le fonds contigu au sien. Un voisin fait défense, pat acte d'huissier, au
possesseur ou détenteur du fonds contigu, d'élever une construction.
La possession doit être utile et d'une durée d'un an au moins,
b) La dénonciation de nouvel œuvre est ouverte au possesseur qui craint un
trouble éventuel, du fait de l'activité d'un tiers. La possession doit être également
utile et d'une durée d'un an.
Exemple : Un voisin construit sur son propre fonds un battage susceptible
de détourner les eaux et d'en priver le fonds du demandeur.
c)La réintégrande peut être exercée lorsque la possession est troublée par des voies
de fait. Il suffit que la possession soit paisible et publique.
Exemple : Le champ du possesseur est cultivé pat un voisin,
Cette maxime, du XVIII e siècle, est contenue dans l'article 2279 du Code civil.
Elle signifie que la possession d'un meuble corporel par un possesseur de
bonne foi fait présumer la propriété.
Ce principe trouve sa justification dans la nécessité d'assurer la sécurité des
transactions portant sur les meubles corporels et les titres au porteur : ces transactions sont
très fréquentes ; en général, elles ne sont pas constatées par écrit et ne donnent lieu à aucune
publicité. L'application de la règle « en fait de meubles... » dispense l'acquéreur d'une
preuve qu'il aurait des difficultés à fournir.
Cette règle s'applique dans le conflit qui peut opposer le possesseur actuel de bonne
foi de la chose à celui qui s'en prétend le propriétaire. Deux hypothèses doivent être
distinguées.
1° La chose n'a été ni perdue, ni volée
Le possesseur en devient immédiatement propriétaire, lorsque les quatre conditions
suivantes sont réunies :
- la chose revendiquée est un meuble corporel non soumis à immatriculation, ou un
titre au porteur ;
- le possesseur justifie d'une possession véritable : il ne doit pas être détenteur
précaire de la chose en vertu d'un contrat : dépôt, bail, prêt, etc. ;
- la possession doit être utile, paisible, publique, continue et non équivoque ;
- le possesseur doit être de bonne foi.
Exemple : DURAND est propriétaire d'une bicyclette qu'il loue à DUPONT.
DUPONT, locataire, vend la bicyclette à MARTIN, qui ignore que son
vendeur n'est pas propriétaire. MARTIN devient possesseur de bonne foi de
la bicyclette, DURAND ne peut la réclamer à MARTIN, qui opposera à sa
revendication, la règle posée par l'article 2279 « en fait de meubles„. »
Dans ces cas, l'acquisition de la propriété par le possesseur n'est effective qu'après
l'écoulement d'un délai de trente ou trois ans, suivant qu'il est de mauvaise ou de bonne
foi.
b) il s'agit de titres au porteur perdus ou volés.
Le titulaire des titres doit faire une double opposition :
- entre les mains de la chambre syndicale des agents de change, afin d'empêcher
la négociation des titres par le voleur ou l'inventeur ;
- entre les mains de la société émettrice, afin d'éviter qu'elle ne paye les intérêts
et ne rembourse le capital au voleur ou à l'inventeur.
Après écoulement d'un délai de doux ans, le propriétaire peut être autorisé par justice
à percevoir les revenus des titres. Au bout de cinq ans, il pourra obtenir de la société un
double des titres.
Au contraire, le possesseur de mauvaise foi doit restituer tous les fruits qu'il a
perçus, sous déduction des dépenses faites pour les obtenir.
CHAPITRE II
ACQUISITION DE LA PROPRIÉTÉ
PAR LA CONVENTION
Les conventions qui ont pour objet de transférer la propriété peuvent être conclues,
soit à titre gratuit (donation), soit à titre onéreux (vente, échange).
Dans les deux cas, le transfert de propriété s'opère de manière différente entre les
parties et à l'égard des tiers.
A - IMMEUBLES
Le transfert de propriété d'un immeuble n'est opposable aux tiers qu'à partir de
l'accomplissement de la publicité foncière.
La publicité foncière permet aux tiers d'être informés des opérations portant sur les
immeubles : cessions à titre onéreux ou gratuit, entre vifs et à cause de mort, conventionnelles
ou résultant d'un jugement ; clauses d'inaliénabilité, partage de biens indivis, baux de plus
de douze ans, constitution d'hypothèques et privilèges spéciaux, etc.
La publicité est effectuée à la Conservation des hypothèques. Elle consiste dans le dépôt
d'une copie de l'acte translatif de propriété, nécessairement notarié, à la Conservation des
hypothèques.
Il est délivré des extraits et des copies des actes publiés.
La publicité a pour effet de rendre les actes publiés opposables aux tiers, et de régler les
conflits entre les différentes personnes ayant acquis des droits concurrents sur un même
immeuble : est préférée celle qui a publié son droit en premier.
Exemples :
— A est propriétaire d'un immeuble. Il consent une hypothèque à B le 20 janvier, puis
vend l'immeuble à C le 15 mars. B publie son titre le 30 mars, et C le 20 mars. C est préféré
à B qui ne peut lui opposer son hypothèque,
— Un immeuble est vendu Pierre le 2 mai, à Paule le 10 mai suivant. Pierre dépose son
acte de vente à la conservation des hypothèques le 30 juin, Paul, le 20 juin de la même année.
Paul sera préféré à Pierre puisqu'il a publié son titre le premier.
B - MEUBLES
Il faut distinguer les meubles corporels et les meubles incorporels.
1° Le transfert de propriété des meubles corporels est opposable aux tiers, à partir de
la mise en possession effective de l'acquéreur.
C'est une conséquence de l'application de la maxime « en fait de meubles, possession
vaut titre » : à l'égard des tiers, c'est celui qui est en possession de la chose qui est réputé
propriétaire.
2° La cession d'une créance (meuble incorporel) n'est opposable aux tiers que par la
signification (par acte d'huissier) qui en est faite au débiteur.
Exemple : Pierre est créancier de Paul, il cède sa créance Henri. Vis-à-vis des tiers,
(Henri ne sera réputé nouveau créancier de Paul, que lorsqu'il aura signifié à celui-ci
la cession intervenue. Tant que cette formalité n'est pas accomplie, la créance de Pierre
contre Paul est toujours dans son patrimoine et reste le gage de ses propres créanciers.
TITRE 3 LES DÉMEMBREMENTS DU
DROIT DE PROPRIÉTÉ
CHAPITRE I
L'USUFRUIT
L'usufruit est le droit d'user et de jouir de la chose d'autrui. Le droit de disposer est
conservé par le propriétaire de la chose, qui n'a plus qu'une nue-propriété.
L'usufruit permet d'assurer à une personne des ressources pendant toute sa vie tout en
laissant la propriété des biens sur lesquels il porte à leur propriétaire ou à ses héritiers.
Mais cette situation comporte un risque : l'usufruitier est souvent porté à abuser de sa
jouissance ou à ne pas entretenir les biens sur lesquels porte son usufruit. La constitution de
l'usufruit est conventionnelle ou légale.
a) L'usufruit légal résulte généralement de dispositions du droit successoral.
Exemple : Le conjoint survivant a un droit d'usufruit sur tout ou partie de la succession ab
intestat de son conjoint décédé.
L'usufruit peut également être acquis par prescription acquisitive, dans les mêmes
conditions que la propriété.
b) L'usufruit conventionnel peut être contenu dans un acte de vente ou de donation : ou bien le
propriétaire aliène l'usufruit en conservant la nue-propriété, ou bien il cède la nue-propriété
et conserve l'usufruit. Il en est fréquemment ainsi en matière de donation.
I. SITUATION DE L'USUFRUITIER
L'usufruitier a des droits et des obligations ; sa situation est protégée par des actions
en justice.
A - DROITS DE L'USUFRUITIER
1° Actes matériels
- d'usage : l'usufruitier peut se servir du bien (utiliser une voiture, habiter une
maison), en respectant l'aménagement et la destination donnés par le
propriétaire ;
- de jouissance : l'usufruitier a droit aux fruits, qu'ils soient naturels, industriels
ou civils.
Il acquiert les fruits naturels et industriels par la perception, et les fruits civils, au
jour le jour.
Exemples :
— Si l'usufruit commence la veille d'une récolte, celle-ci sera acquise par
l'usufruitier.
— Au contraire, si l'usufruit prend fin en cours d'année, les intérêts du bien
seront répartis entre usufruitier et nu-propriétaire prorata temporis.
Sont interdits les actes de destruction, car l'usufruitier est tenu de l'obligation de rendre
la chose au nu-propriétaire à la fin de l’usufruit.
Cependant, lorsque l'usufruit porte sur des choses consomptibles, l'usage et la jouissance
emportent nécessairement disparition du bien (monnaie, marchandises). L'usufruitier est alors
tenu de les rendre en équivalent et non en nature : il y a quasi-usufruit. L'usufruitier n'acquiert
pas les produits de la chose.
2° Actes juridiques
L'usufruitier peut faire les actes d'administration, mais non les actes de disposition.
Ainsi, les baux à ferme et les baux à loyer portant sur des immeubles à usage
commercial, industriel ou artisanal, ne peuvent être consentis par l'usufruitier qu'avec le
consentement du nu-propriétaire.
Les baux de plus de neuf ans des locaux à usage d'habitation ne sont opposables au nu-
propriétaire, lorsque l'usufruit prend fin au cours de leur exécution, que pour la tranche de neuf
ans en cours.
B - OBLIGATIONS DE L'USUFRUITIER
1° Au début de l'usufruit, l'usufruitier doit :
- dresser un inventaire des meubles et un état des immeubles ;
- fournir caution.
La caution consiste dans l'engagement pris par une personne de garantir le paiement des
sommes que l'usufruitier serait amené à devoir au nu-propriétaire.
2° Pendant la durée de l'usufruit, l'usufruitier doit jouir de la chose « en bon père de
famille ».
Il doit en conséquence :
a) Conserver la substance de la chose,
Exemple : il doit signaler au propriétaire les usurpations commises par un tiers,
poursuivre le recouvrement des créances échues, renouveler les inscriptions
hypothécaires.
A - DROITS DU NU-PROPRIÉTAIRE
Il peut :
- disposer de la chose : vendre, hypothéquer la nue-propriété ;
- demander la déchéance de l'usufruit pour abus de jouissance ;
- faire des actes conservatoires : interrompre une prescription, etc. ;
- exercer l'action en revendication ;
- recueillir les produits de la chose.
B - OBLIGATIONS DU NU-PROPRIÉTAIRE
Il doit :
- délivrer la chose à l'usufruitier ;
- ne pas le troubler dans sa jouissance ;
- effectuer les grosses réparations. Mais l'usufruitier ne peut l’y contraindre
;
- payer les charges afférentes à la propriété : impôt sur le capital, etc.
2° Règlement des comptes existant entre l'usufruitier (ou ses héritiers) et le nu-propriétaire.
a) Le nu-propriétaire a droit :
- à la quote-part des fruits civils à la date de cessation de l'usufruit ;
- à des indemnités pour défaut d'entretien ou de réparation ou abus de jouissance
de l'usufruitier.
b) L'usufruitier a droit au remboursement des avances qu'il a pu faire pour le compte du
nu-propriétaire : impôts, grosses réparations.
Mais il ne peut exiger aucune indemnité pour les améliorations qu'il a éventuellement
apportées à la chose.
CHAPITRE Il
LES SERVITUDES
Section 1 : Définition et classification des servitudes
I. DÉFINITION
La servitude est une charge imposée à un immeuble, le « fonds servant », au profit d'un
autre immeuble le fonds dominant », appartenant à un propriétaire différent.
La servitude est donc composée de deux éléments :
1° C'est une obligation qui pèse sur tous les propriétaires du fonds servant. Cette obligation
constitue une restriction à leur droit de propriété :
- soit qu'elle les prive de certaines de leurs prérogatives,
Exemple : Servitude de ne pas bâtit,
- soit qu'elle les contraint à supporter que les propriétaires du fonds dominant exercent
certaines de ces prérogatives concurremment avec eux.
Exemple : Servitude de passage, de puisage,
2° La charge est établie au profit d'un immeuble (et non d'une personne), et imposée à un
autre immeuble (et non à une personne).
il en résulte que :
- la servitude a un caractère réel : elle s'impose et profite à tous les propriétaires
présents et à venir du fonds servant et du fonds dominant ;
- la servitude est un accessoire des fonds. Elle forme avec les fonds un tout indivisible.
En conséquence :
a) Elle est vendue et hypothéquée en même temps que le fonds,
b) Elle est perpétuelle, comme le droit de propriété (sauf cause d'extinction
particulière).
I. SERVITUDES LÉGALES
Les règles concernant les servitudes légales sont contenues dans les articles 649 à 685
du Code civil. Elles organisent les rapports de voisinage entre les fonds.
Les servitudes légales comprennent :
- la servitude de passage en cas d'enclave,
- la servitude d'aqueduc;
- la servitude de cours communes ;
- les distances à observer pour les constructions et plantations, l'ouverture des
vues et jours.
1° Le titre
Le titre est, soit une convention, soit un testament.
Toutes les servitudes peuvent être établies par titres : la constitution des servitudes est
régie par le principe d'autonomie de la volonté. Il suffit que la charge :
- ne soit pas contraire à l'ordre public ;
- soit imposée à un fonds au profit d'un autre fonds, et non à une personne au
bénéfice d'une autre personne.
2° La prescription acquisitive
Elle permet d'acquérir Line servitude, à condition :
En effet, la possession d'une servitude discontinue est équivoque (sauf en cas d'enclave).
le caractère intermittent des actes d'exercice de la servitude peut s'expliquer par une simple
tolérance du propriétaire du fonds-servant ; la possession d'une servitude non apparente est
clandestine.
c) qu'un délai de trente ans se soit écoulé. La loi ne prévoit aucune prescription abrégée
pour l'usucapion des servitudes.
Si les deux immeubles viennent à appartenir à des propriétaires différents (l'un d'eux
est vendu, ou ils sont attribués à des héritiers différents lors du décès du constituant),
l'aménagement des lieux se transforme en véritable servitude.
Peuvent être constituées par destination du père de famille :
- les seules servitudes continues et apparentes, si l'acte séparatif des
immeubles (vente, partage) ne peut être retrouvé ;
- les servitudes discontinues et apparentes, à condition que l'acte séparatif des
immeubles ne renferme aucune stipulation contraire.
Section 3 : Effets des servitudes
La servitude est, en principe, perpétuelle, comme le droit de propriété auquel elle est liée.
Cependant, les servitudes peuvent prendre fin :
- par confusion, lorsque le fonds dominant et le fonds servant sont réunis entre
les mains d'un même propriétaire,
- par non usage de la servitude pendant trente ans.
Le point de départ de ce délai se situe
• pour les servitudes continues, du jour de l'accomplissement d'un acte
contraire à leur exercice ; Exemple : La fenêtre a été murée,
• pour les servitudes discontinues, du jour du dernier acte accompli par le
propriétaire du fonds dominant ;
Exemple : Le dernier passage sur le fonds servant,
- par disparition de l'objet,
Exemple : Le puits est tari.
- par renonciation, à titre gratuit ou onéreux, du propriétaire du fonds dominant.