Cour de Droit - 081536

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TITRE 1 LES SOURCES DIRECTES DU DROIT

CHAPITRE I

LA LOI
Le terme « loi » a deux sens :
- au sens strict, la loi est l'acte qui émane du pouvoir législatif conformément aux
règles établies par la Constitution ;
- au sens large, il désigne toutes les règles posées par un organe étatique compétent
: il englobe donc les textes émanant aussi bien du pouvoir législatif que du pouvoir
réglementaire.
Les textes étatiques sont classés en fonction des différentes autorités qui les formulent.
Il existe une hiérarchie entre ces catégories, qui s'établit ainsi :
• loi constitutionnelle,
• traités internationaux,
• lois ordinaires.

Ces trois catégories forment les lois au sens strict.


• ordonnances du Président de la République (elles ont valeur de loi, au sens strict),
• règlements administratifs.
Ils comprennent :
- les décrets du Président de la République ;
- les arrêtés ministériels ;
- les arrêtés préfectoraux ;
- les arrêtés municipaux.
En principe, un texte de la catégorie inférieure ne peut déroger aux textes de catégorie
supérieure auxquels il est subordonné.
Les moyens de faire respecter cette hiérarchie sont :
- le recours au Conseil d'Etat pour excès de pouvoir, contre les règlements
contraires aux lois;
- le contrôle de la conformité des lois à la Constitution (constitutionnalité des lois)
par le conseil constitutionnel.
Section 1 : La Constitution
Elle occupe le sommet de la hiérarchie. La Constitution détermine les droits et les
devoirs de l'État et du citoyen, l'organisation et le fonctionnement de pouvoirs publics
et, notamment, les autorités compétentes pour formuler les textes étatiques.

CARACTÈRES GÉNÉRAUX

- La Constitution du 08 novembre 2016, actuellement en vigueur, est complétée par


des lois organiques qui fixent notamment les modalités de l'élection du Président de la
République, les nominations en conseil des ministres, la procédure devant le conseil
constitutionnel, etc.
- constitution de 2016 débute par un préambule qui se réfère à la déclaration des
droits de l'homme de 1789. Elle garantit en outre les droits et libertés fondamentaux tels que
: la liberté politique, individuelle et de conscience ; l'égalité et le droit des peuples à se
déterminer librement.
- La Constitution établit un régime présidentiel.
La Constitution de 2016 distingue entre les organes parlementaires et les organes
exécutifs. Elle prévoit également un organe régulateur, le conseil constitutionnel.

I- PARLEMENT

A - COMPOSITION DU PARLEMENT

Le parlement est composé de deux assemblées : l'Assemblée nationale et le Sénat, qui


diffèrent par leur recrutement. Quant à leurs fonctions, l'Assemblée nationale a une légère
prééminence sur le Sénat.

L'Assemblée nationale comprend des députés élus pour cinq ans au suffrage
universel direct. Cette durée est appelée législature. Le scrutin est majoritaire à deux tours.

Le Sénat est composé de sénateurs élus pour neuf ans, au suffrage indirect, et
renouvelables par tiers tous les trois ans.
Les députés et sénateurs jouissent de l'immunité parlementaire : ils ne peuvent être
poursuivis ou arrêtés, en matière criminelle ou correctionnelle, pendant la durée des Sessions,
qu'avec l'autorisation de l'assemblée dont ils font partie. Ils ne peuvent non plus être
poursuivis, arrêtés ou jugés à l'occasion des opinions et votes émis par eux dans l'exercice de
leurs fonctions.
Les députés et sénateurs sont soumis aux incompatibilités parlementaires : l'exercice
de certaines professions leur est interdit (chef d'entreprise, agent immobilier...). Les
parlementaires perçoivent une indemnité.

B - FONCTIONNEMENT DU PARLEMENT
1° Le Parlement se réunit en sessions ordinaires deux fois chaque année, d'avril
à juillet et d'octobre à décembre.
Il peut être convoqué en session extraordinaire, sur un ordre du jour déterminé, par
décret du Président de la République, à la demande du Premier ministre ou de la majorité des
députés.

Chaque assemblée a un bureau élu composé :


- d'un président et de vice-présidents qui dirigent les travaux de l'Assemblée ;
- de secrétaires, qui signent les procès-verbaux et constatent les votes ;
- de questeurs, chargés de l'administration intérieure.

2° Le Parlement a pour rôle :


- de voter les lois (au sens strict) et le budget de la Nation ;
- de contrôler l'action du pouvoir exécutif, au cours des débats politiques et par la
voie des questions écrites ou orales ;
- de modifier la Constitution ; le projet de modification est soumis par le Président
de la République, soit aux deux assemblées réunies en congrès, soit à chacun d'elles
puis au référendum.

II. LE POUVOIR EXÉCUTIF

Les organes de l'exécutif sont le Président de la République et le gouvernement

A - LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

1° Statut
a) Il est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et à la majorité des suffrage
exprimés, absolue au premier tour et relative au second tour.
En cas de vacance, par décès, démission, ou empêchement du Président l'intérim de
ses fonctions est assuré par le vice-Président.

b) Il n'est pas responsable politiquement : il ne peut être renversé par l'Assemblé


nationale.
Le Président de la République engage sa responsabilité pénale, dans l'exercice de ses
fonctions, en cas de haute trahison. Il peut alors être condamné par la Haute Cour de Justice.
2° Fonctions
a) Le Président assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des institutions
ainsi que la continuité de l'État. Il veille au respect de la Constitution et est garant de
l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des accords de communautés
et des traités.
- ses attributions sont donc multiples :
1. Fonctions de nature gouvernementale. Le Président de la République :
- désigne et nomme le Premier ministre ; il met fin à ses fonctions, en demandant
à celui-ci de démissionner ;
- nomme les membres du gouvernement sur proposition du Premier ministre, et
les révoque ;
- préside le Conseil des ministres.

2. Dans l'ordre international, le Président de la République représente


l'État ivoirien.
A ce titre :
- il accrédite les ambassadeurs ;
- il négocie les traités ;
- il ratifie les traités, seul ou après autorisation du Parlement lorsque ceux-ci
concernent la paix, le commerce, l'organisation internationale, l'état des
personnes, la consistance territoriale de la Côte d’Ivoire ;
- il conduit la politique internationale.
3. Attributions de nature administrative. Le Président de la République :
- a un pouvoir réglementaire : il prend les règlements nécessaires à l'exécution des
lois, signe les ordonnances et décrets pris en conseil des ministres ;
- nomme aux hauts emplois civils et militaires ;
- est chef des armées : il préside les conseils et comités supérieurs de la Défense
nationale.

4. Dans les rapports avec le Parlement, le Président de la République.


- signe le décret d'ouverture et de clôture des sessions extraordinaires ;
- peut dissoudre l'Assemblée nationale, en cas de conflit entre celle-ci et le
gouvernement. De nouvelles élections sont alors nécessaires ;
- intervient dans l'élaboration des lois :
• il promulgue les lois,
• il peut demander une nouvelle délibération de la loi,
• il peut saisir le conseil constitutionnel si une loi lui paraît contraire à
la Constitution,
• il peut consulter le peuple par la voie du référendum, pendant la durée
des sessions parlementaires et sur des matières concernant
l'organisation des pouvoirs publics, les accords de communauté.

5. Dans le domaine judiciaire, le Président de la République :


- dispose du droit de grâce ;
- veille à l'indépendance de la magistrature : il nomme tous les membres
du Conseil supérieur de la magistrature et en assure la présidence.

b) Le Président a des attributions exceptionnelles, dans des circonstances


particulièrement graves, mettant en péril les institutions de la République, l'indépendance de
la nation et l'intégrité de son territoire, ou l'exécution de ses engagement internationaux.

Le Parlement se réunit alors de plein droit et l'Assemblée nationale ne peut être


dissoute.

B - LE GOUVERNEMENT

Le gouvernement est composé du Premier ministre, des ministres et secrétaire d'État.

1° Statut
Le Premier ministre.
- est nommé par le Président de la République ;
- ses fonctions prennent fin par décès, empêchement définitif, démission volontaire
démission forcée lorsque le gouvernement est renversé par l'Assemblée nationale

Les ministres :
- sont nommés par le Président de la République sur proposition du Premier
ministre;
- leurs fonctions prennent fin en même temps que celles du Premier ministre,
ou par décès, empêchement définitif, démission volontaire ou forcée, et révocation par le
Président de la République.
Les fonctions de ministre et Premier ministre sont incompatibles avec l'exercice d'un
mandat parlementaire, d'un emploi public, d'une activité professionnelle.
Le gouvernement est responsable devant l'Assemblée. Cette responsabilité est mise
en œuvre :
- soit à l'initiative du Premier ministre qui décide d'engager la responsabilité du
gouvernement sur son programme, ou sur une de politique générale ;
- soit à l'initiative de l'Assemblée, par le vote d'une motion de censure.
Le gouvernement qui ne recueille pas la majorité des voix de l'Assemblée nationale
est tenu de démissionner.
2° Fonctions
Le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation, soit collectivement
en Conseil des ministres, soit par l'action individuelle du Premier ministre et des ministres.

a) Le Conseil des ministres :


- délibère sur les nominations à certains emplois publics ;
- décide de l'ordre du jour du Parlement ;
arrête les projets de lois présentés par le gouvernement ; décide d'engager la
responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée ; élabore les ordonnances.
b) Le Premier ministre dirige l'action du gouvernement. Le Premier ministre
propose au Président de la République la nomination des ministres ; donne son avis au
Président de la République sur la convocation du Parlement en session extraordinaire et sur
sa dissolution ;
- A l'initiative des lois ;
- engage la responsabilité du gouvernement auprès de l'Assemblée nationale, après
délibération en Conseil des ministres ;
- a un pouvoir réglementaire : il prend les décrets concernant l'exécution des lois, dans les
domaines non soumis à la loi. Ces décrets doivent être contresignés par les ministre
chargé de les exécuter ;
- dirige les services administratifs civils et militaires.
c) Les ministres
Ils sont placés chacun à la tête d'un ministère. Ils y exercent les fonctions suivantes :
- pouvoir hiérarchique sur les subordonnés : ils donnent les ordres et infligent les
sanctions disciplinaires ;
- pouvoir de gestion : le ministre signe les contrats, représente l'État en justice, etc. ;
- pouvoir réglementaire : le ministre prend des règlements administratifs.

III- LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL

A - COMPOSITION
Il comprend neuf membres nommés pour neuf ans.
Trois des membres sont désignés par le Président de la République, trois autres par le
Président du Sénat et les trois derniers par le Président de l'Assemblée nationale. Les fonctions
de conseiller sont incompatibles avec celles de ministre, député ou sénateur, et de membre du
conseil économique, social et environnemental.

B - COMPÉTENCE
Le Conseil constitutionnel :
a) Contrôle la conformité à la Constitution.
- Des lois organiques et des règlements parlementaires. Ces textes sont obligatoirement
et préalablement soumis à son appréciation ;
- des lois ordinaires et des traités conclus par la Côte d’Ivoire, sur demande du Président
de la République, du Président de l'Assemblée nationale ou du Sénat.
b) Statue sur les litiges concernant :
- l'élection du Président de la République, des députés et des sénateurs ;
- le référendum.

IV. AUTRES ORGANES CONSTITUTIONNELS


La Constitution du 08 octobre 2016 a créé d’autres organes, à savoir :
- la haut cour de justice ;
- le conseil supérieur de la magistrature ;
- le conseil économique, social, environnemental et culturel ;
- le médiateur de la République ;
- la chefferie traditionnelle.

Section 2 : Les traités internationaux

Les traités sont des accords qui déterminent les règles applicables aux rapports entre
les Etats contractants.
Certains traités se bornent à réglementer une ou plusieurs matières : condition des
étrangers, impositions fiscales, conflits de lois ; d'autres entraînent en outre création d’organes
supranationaux : organisations internationales telles que l'ONU, l’UNESCO, B.I.T., etc.,
organismes communautaires, tels que ceux créés par la communauté des Etats de l’Afrique de
l’Ouest.
Les traités peuvent contenir des règles de droit privé. Quelle est la valeur de telles
règles ? Ces règles deviennent de véritables lois, à condition que le traité, d'abord signé par
les plénipotentiaires, ait été ratifié.
La ratification est, en principe, de la compétence du Président de la République.
Elle doit émaner du Parlement pour les matières qui lui sont réservées ou qui entraînent
modification d'une loi existante.
Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication
une autorité supérieure à celle des lois ordinaires, sous réserve de leur application par l'autre
partie.
En conséquence :
- les traités ratifiés ne peuvent être modifiés par une loi ordinaire, tant qu'ils n’ont
pas été dénoncés ;
- l'interprétation des traités est retirée aux tribunaux et attribuée au gouvernement
pour les questions d'ordre public.

Section 3 : La loi ordinaire


La loi (au sens strict) est formulée par le parlement.

I- DOMAINE DE LA LOI

Le domaine de la loi est déterminé par l’article 72 de la constitution, qui énumère les
matières législatives réservées au parlement.

a) Certaines de ces matières doivent être totalement régies par la loi, aussi bien en
ce qui concerne la détermination de leurs principes généraux que pour les règles techniques
d’application.
Ce sont :
- Les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens
pour l’exercice des libertés publiques ;
- Les obligations imposées aux citoyens par la défense nationale :
réquisitions ;
- Les nationalisations d’entreprises ;
- La détermination des crimes et délits (à l’exception des contraventions), et
des peines qui leur sont applicables ;
- La procédure pénale ;
- L’état et la capacité des personnes ;
- Les régimes matrimoniaux ;
- Les successions et les libéralités.

b) D’autres matières ne sont que partiellement réservées à la loi, uniquement pour


l’énoncé des principes fondamentaux qui les régissent.
Administratifs. Ce sont, notamment :
- Le régime de la propriété ;
- Les droits réels et les obligations civiles et commerciales
- Le droit du travail ;
- Le droit syndical et la Sécurité sociale.
Pour ces matières, le juriste est donc en présence de deux séries de textes qu’il doit
combiner : la loi, qui pose les règles générales, et le décret, qui contient les détails
d’application.
c) Toutes les autres matières non comprises dans l’énumération de l’article 72,
sont de la compétence du pouvoir exécutif. Il en résulte que si le parlement est saisi d’une
proposition portant sur une de ces matières, le gouvernement peut s’opposer à la discussion
du texte. Si celui-ci était néanmoins voté, il pourrait être déclaré inconstitutionnel, et n’aurait
que la valeur d’un règlement.

Le contrôle de la conformité de la loi à la constitution est effectué par le Conseil


constitutionnel. Celui-ci ne peut être saisi par les simples particuliers.
Les particuliers et les tribunaux ne peuvent donc invoquer le caractère inconstitutionnel d’une
loi pour refuser de l’appliquer.

II- ELABORATION DE LA LOI

1° l’initiative des lois appartient :


- Au Premier ministre et aux membres du gouvernement qui établissent un
projet de loi, délibéré en conseil des ministres,
- Aux députés et sénateurs, qui formulent une proposition de loi,
précédée d’un exposé des motifs.
Le projet, ou la proposition est déposé sur le bureau de l’une des deux
assemblées, qui en confie l’étude à une commission spécialisée. Un
rapporteur est désigné. Puis le projet ou la proposition est inscrite à l’ordre
du jour de l’assemblée.

2° Le vote en séance publique, par l’une des assemblées, du projet ou de


la proposition de loi, comprend :
- Une discussion d’ensemble portant sur les motifs et l’opportunité du texte ;
- L’examen de la loi article par article, et des amendements (modifications)
proposées par la Commission ou par les parlementaires ;
- Le vote du texte, initial ou modifié.
Le texte voté par une assemblée est transmis à l’autre assemblée, en vue d’un
second vote.
En cas de désaccord entre les deux assemblées, le texte revient devant la
première : c’est la navette.
Le gouvernement peut mettre fin à la navette par la création d’une commission
mixte paritaire, formée de députés et de sénateurs, qui élaborent un texte
commun.
Si le texte élaboré par cette commission ne recueille pas l’adhésion des deux
assemblées, l’Assemblée Nationale statue en dernier ressort.
III- LA FORCE OBLIGATOIRE DE LA LOI

Les lois acquièrent force obligatoire dès leur entrée en vigueur et jusqu’à leur
abrogation. Pendant cette période d’application, la force obligatoire des lois varient selon leur
nature.

A - DURÉE DE LA FORCE OBLIGATOIRE


1° Entrée en vigueur de la loi
Loi votée par le Parlement ne devient applicable qu'après la réalisation de trois évènements
qui sont chronologiquement :

a) La promulgation

C’est l'acte par lequel le Président de la République atteste l'existence de la régularité


de loi, en ordonne sa publication et son exécution par tous ceux qui y sont assujettis.

Exemple : L 'Assemblée Nationale et le Sénat ont adopté,


Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :(texte de la
loi) ... La présente loi sera exécutée comme la loi d'État.

La date de la promulgation devient celle de la loi.


Exemple : loi n°2022-885 du 23 novembre 2022 relative à l’absence et à la disparition.
Ainsi, 2022 désigne l’année ; 885 est le numéro d’ordre de la loi et le 23
novembre est le jour et le mois du décret de promulgation de la loi.

b) La publication
Elle a pour objet de faire connaître le texte de la loi au public. Elle a lieu au Journal
officiel de la République (J.O.).

C) Le délai d'information
1. Un délai légal est accordé aux citoyens pour prendre connaissance de la loi, à expiration
duquel nul n'est censé l'ignorer : la loi devient alors obligatoire.

Calcul du délai légal :


- En Côte d’Ivoire, la loi est obligatoire trois jours francs après sa publication.
Exemple : Une loi publiée au J.O. du 15 septembre entre en vigueur dès le 18
septembre.
Toutefois, le de délai de publication peut varie dans deux cas :
- Le premier cas est celui de l’application immédiate de la loi en cas d’urgence,
- Le deuxième cas est celui de l’application différée ou retardée de la loi pour une date
ultérieure fixé par la loi elle-même, en vue de permettre aux citoyens de la connaitre.
2. La loi peut encore prévoir la date de sa mise en vigueur, ou en subordonner l'application à
la publication de textes d'application.
Exemple : La loi n° 92-570 du 11 septembre 1992 portant statut général de la fonction
publique à l’objet de quatre (04) décret d’application.

2° Abrogation de la loi

L'abrogation fait perdre à la loi son caractère obligatoire pour l'avenir. Elle peut
revêtir deux formes :
- Abrogation expresse : la loi nouvelle précise les textes antérieurs qu'elle déclare
abrogés ;
- Abrogation tacite : les dispositions de la loi nouvelle sont incompatibles avec celles
de la loi ancienne. C'est à l'interprète de déterminer les textes abrogés.

La désuétude n'est pas, en principe, un mode d'abrogation des lois qui sont, par nature,
perpétuelles.

B. DEGRÉS DE LA FORCE OBLIGATOIRE


Il résulte de l'article 6 du Code civil que le degré de la force obligatoire varie selon les lois ;
il faut distinguer :
- Les lois supplétives de volonté ;
- Les lois impératives ou d'ordre public,

Les lois supplétives ne s'imposent aux individus que s'ils n'ont pas manifesté la volonté
contraire. Elles présentent une grande utilité lorsque les intéressés n'ont compétence ou le
temps nécessaires pour déterminer tous les détails de leurs engagements.

Exemple : Les époux peuvent, avant le mariage, choisir leur régime matrimonial. Mais s'ils
n'ont pas pris de dispositions particulières expresses dans un contrat de mariage,
leurs rapports pécuniaires seront automatiquement soumis au régime légal de la
communauté d'acquêts.

Les lois impératives sont celles auxquelles il n'est pas permis de déroger par une
manifestation expresse de volonté.
Exemple : Les époux ne peuvent déroger aux règles d'organisation de la famille prévues par la
loi relative au mariage.

Critère de la distinction entre lois impératives et lois supplétives.


La loi elle-même précise son caractère :
Le caractère impératif résulte de dispositions telles que : « le présent texte est d’ordre
Public » ou bien « toute clause contraire est nulle ».
Le caractère supplétif apparaît lorsque la loi déclare qu'elle s'applique « sauf clause
contraire ».
Ou bien la loi ne contient aucune précision :
Le tribunal et les interprètes doivent déterminer le caractère d'ordre public des textes en
recherchant quel est l'intérêt que la loi a pour objet de protéger : s'il s'agit d’un intérêt public
ou social essentiel, la loi est impérative ; s'il s'agit d'un intérêt privé, la loi est supplétive.
APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS ET DANS L'ESPACE

A - APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS : LE PRINCIPE


DE NON-RÉTROACTIVITÉ DES LOIS

Dès qu'une loi nouvelle entre en vigueur, il faut déterminer à quelles situations
juridiques, elle doit s'appliquer.
En effet, la plupart des situations juridiques ont une certaine durée : nées sous la loi
ancienne, elles se prolongent sous la loi nouvelle. Celle-ci doit-elle leur être appliquée ?

Exemples :
- La majorité étant fixée à 18 ans, une loi nouvelle en reporte l'âge à 15 ans. S'applique-
t-elle aux personnes âgées de plus de 18 ans et déjà majeures ? l’acte qu'elles avaient
valablement passé sous l'empire de la loi ancienne deviennent-ils nuls ?
- la loi n°2019-570 du 26 juin 1919 relative au mariage a modifié le régime
matrimonial légal en remplaçant communauté légale par le régime de la communauté
d’acquêts. Ce nouveau régime s’applique-t-il aux époux mariés sans contrat avant
2019 ? Met-il en cause la validité des actes accomplis régulièrement par le mari sous
le régime précédent ?

La sécurité des relations juridiques risque d'être gravement perturbée si des actes
valablement passés peuvent être remis en cause à chaque changement de législation. C'est
pourquoi l'article 2 du Code civil pose le principe de la non-rétroactivité lois : « la loi ne
dispose que pour l'avenir ; elle n'a point d'effet rétroactif. »

1° Application du principe de non-rétroactivité des lois

Pour l'application du principe de non-rétroactivité des lois nouvelles, la


jurisprudence distingue entre les droits acquis et les simples expectatives.
- II y a droit acquis lorsque le droit est définitivement entré dans un patrimoine,
lorsque la situation juridique est définitivement créée.
- Une expectative, au contraire, n'est qu'une espérance de droit non encore réalisé

Exemple : Le fils héritier présomptif du père, avant la mort de celui-ci, n'a qu’une
expectative. Après le décès, il a un droit acquis.

La loi nouvelle ne peut modifier les droits acquis ; elle s'applique, au contraire
immédiatement aux simples expectatives.
Exemple : Une loi modifiant les règles de dévolution successorale ne s'applique pas aux
successions ouvertes antérieurement à sa mise en application.
Afin de déterminer les situations dans lesquelles il y a droit acquis, et non application
de la loi nouvelle, la jurisprudence distingue :

a) Les situations juridiques ayant disparu avant l'entrée en vigueur de la loi nouvelle.
Ces situations sont entièrement régies par la loi ancienne et l'on ne peut revenir sur leurs
effets. Il y a droit acquis.

Exemple : la loi n°2019-570 du 26 juin 1919 relative au mariage qui modifie le régime
matrimonial des épouses mariés sans contrat, ne s'applique pas aux mariages
dissous avant cette date.

b) Les situations juridiques nées après l'entrée en vigueur de la loi nouvelle celle-ci
s'applique immédiatement. Il n'y a aucun droit acquis.

C) Les situations juridiques, nées avant la loi nouvelle et qui continuent à produire
leurs effets après la publication de la loi nouvelle. C'est dans ces hypothèses que l'application
du principe de non-rétroactivité, et que la détermination des droits acquis, soulèvent des
difficultés.

Il faut distinguer entre :


- La création de la situation juridique, qui reste soumise (quant à ses
conditions de validité) à la loi ancienne (droit acquis) ;
- et les effets de cette situation.

Ces effets, antérieurs à la loi nouvelle, restent régis par la loi ancienne (droits
acquis).

En ce qui concerne les effets futurs, non encore réalisés lors de la mise en vigueur de
loi nouvelle, il faut distinguer entre :
- La situation résultant d'un contrat : les effets futurs restent régis par la loi ancienne,
sauf si l'ordre public est concerné (droits acquis) ;
- La situation ne résultant pas d'un contrat : les effets futurs sont soumis à la
Loi nouvelle, dès son entrée en vigueur (simple expectative).

En définitive, la jurisprudence décide qu'il y a droit acquis et que la loi nouvelle ne s’applique
pas :
- Aux situations juridiques ayant disparu avant la mise en vigueur de la loi nouvelle ;
- À la création et aux effets passés des situations juridiques existant lors de l'application
de la loi nouvelle,
- Aux effets futurs de ces situations, lorsqu'elles ont une nature contractuelle.
En revanche, il y a simple expectative et la loi nouvelle s'applique immédiatement :
- aux situations créées après sa mise en vigueur ;
- aux effets futurs des situations non contractuelles existant lors de cette mise en
vigueur.
Exemples :
- Situation contractuelle : une vente conclue en 2010, comporte des livraisons successives
s'échelonnant sur cinq ans. En 2015, une loi modifie les conditions de livraisons du produit
vendu.
Cette loi ne s'applique pas au contrat de vente ni aux livraisons antérieures à 2010.
Elle ne s'applique pas non plus aux livraisons qui sont postérieures.
- Situation non contractuelle : en France par exemple des époux sont mariés en 1936. En
1938, une loi modifie la capacité de la femme mariée. Elle ne s'applique pas aux actes
conclus par la femme avant sa mise en vigueur, qui restent régis par la loi ancienne. En
revanche, elle s'applique immédiatement à tous les actes que la femme sera amenée à passer
à compter de sa mise en vigueur.

Ainsi précisé, le principe de non rétroactivité des lois s'impose aux juges, de façon
absolue. Il n'en est pas de même à l'égard du législateur.

2° Exceptions au principe de non-rétroactivité des lois

Ce principe n'est pas considéré comme un principe constitutionnel, sauf en ce qui


concerne les lois pénales, pour lesquelles il est inscrit dans la Déclaration des droits de
l'homme de 1789.
L'article 2 du Code civil est une loi émanant du Parlement ; le législateur peut donc le
modifier ou l'écarter partiellement, Il le fait dans quatre cas.

a) Lois expressément rétroactives

Exemple : en France, L'article I er de la loi du 3 juillet 1971 sur les successions


précise les dispositions nouvelles sont applicables à des successions
ouvertes antérieurement (droits acquis), lorsqu'aucune demande de
partage n'a été introduite avant le 15 avril 1971.

Les lois expressément rétroactives sont généralement accompagnées de mesures


transitoires.

b) Lois interprétatives
Ces lois ont pour objet de fixer le sens, d'interpréter une loi antérieure obscure ou
imprécise. Elles s'appliquent rétroactivement à la date d'entrée en vigueur de la loi qu'elles
interprètent.

c) Lois pénales plus douces


Les lois pénales qui suppriment ou atténuent des pénalités sont favorables au
délinquant qui ne saurait s'en plaindre.
Par dérogation au principe contenu dans la Déclaration des droits de l'homme, elles
s'appliquent immédiatement.

d) Lois de procédure et de compétence


Ces lois réalisent en principe une meilleure administration de la justice ; elles ne
concernent pas les droits discutés par les plaideurs. Il est donc de l'intérêt de tous qu’elles
s'appliquent aux procès en cours à la date de leur mise en vigueur.

B - APPLICATION DE LA LOI DANS L'ESPACE

La loi ivoirienne s'applique sur tout le territoire Ivoirien.

Du fait de la présence d'étrangers en Côte d’Ivoire, il arrive qu'une loi étrangère,


différente de la loi ivoirienne, doive également s'appliquer. Il y a alors conflit de loi, résolu
par les règles du droit international privé.
Exemple : Le divorce en Côte d’Ivoire d'un Italien et d'une ivoirienne est-il régi par la
loi ivoirienne ou par la loi italienne ?
Section 4 : Les règlements administratifs
Les règlements sont les textes étatiques émanant du pouvoir exécutif : Président la
République, Premier ministre, ministres, préfets, maires. Ils sont classés en leur forme, selon
la hiérarchie suivante :
1° Ordonnances du Président de la République
Ce sont des règlements administratifs pris en Conseil des ministres et signés par le
Président de la République.
Les ordonnances interviennent dans les matières réservées à la loi ; elles ont force de
loi et ne peuvent être modifiées que par une loi.
Il en résulte que les ordonnances ne peuvent être prises que sur autorisation du
parlement et pendant un délai limité. Elles doivent être proposées à la ratification du
Parlement avant une date fixée par lui.

2° Décrets
Ce sont les textes émanant du Président de la République.
Leur domaine est varié :
a) Les décrets peuvent être pris dans toutes les matières qui ne sont pas réservées
à la loi par l'article 34 de la Constitution. Ce sont les règlements autonomes.

b) Les décrets peuvent poser les règles techniques d'application des lois.
- soit que la loi ait expressément chargé le gouvernement de prendre ces
dispositions complémentaires : si le décret doit être pris après consultation du Conseil d'État
il prend le nom de règlement d'administration publique ;
- soit que le gouvernement décide spontanément d'exercer sa mission d'assurer
l'exécution des lois en réglant certains détails d'application.
Dans ces deux cas, le décret est entièrement subordonné à la loi et ne peut la modifier
indirectement en édictant des règles qui sont contraires à certaines des dispositions
légales.
Exemple : en France, une loi du 2 janvier 1970 a réglementé certaines opérations
immobilières et ventes de fonds de commerce ; elle avait prévu que ses
conditions d'application seraient posées par un décret pris en Conseil
d'État, et avait subordonné son entrée en vigueur à la publication de ce
décret. Le décret n'a paru qu'en juillet 1972.

c) Les décrets peuvent également poser les règles d'application des règlements
autonomes.

3° Arrêtés
Ils émanent des ministres, préfets et maires, qui peuvent, dans les limites de leur
compétence, prendre, par arrêtés, des dispositions générales et permanentes.
CHAPITRE II

LA COUTUME
I-DÉFINITION

La coutume est une règle de droit née d'un long usage, que la pratique habituelle a
rendu obligatoire.
Cette définition comprend deux éléments :
- Un élément matériel : l'usage très prolongé,
- Un élément psychologique : la conviction que l'usage est obligatoire.
Les règles coutumières ont une double origine : populaire, lorsqu'elles résultent d’une
pratique constante de la masse des individus ; savante, lorsqu'elles sont formulées -souvent
en latin - par une doctrine et une jurisprudence ancienne, sous forme d'adages.
Exemples :
- La femme porte le nom patronymique du mari.
- « Donner et retenir ne vaut. »
- « Infans conceptus pro nato habetur… »
La coutume présente l'avantage de correspondre parfaitement aux besoins et aux
idées du groupe social et d'évoluer avec lui.
En contrepartie, elle a le défaut d'être mouvante et imprécise. Le domaine de la
coutume est restreint en droit Ivoirien.

II-ROLES DE LA COUTUME

1° La coutume peut jouer un rôle à défaut de réglementation légale.


a) Ou bien elle comble les lacunes de la loi : la coutume est dite praeter legem.

Exemple : La preuve de la qualité d'héritier se fait par des procédés mis au point
par les notaires.

b) Ou bien la loi elle-même renvoie à la coutume : il s'agit d'une coutume secundum


legem.
Exemples :
- Les articles 6, 900, 1133, 1172 du Code civil renvoient aux « bonnes mœurs »
- Les articles 450, 1728, 10 du Code civil font appel à la notion de « bon père de
famille ».
Les bonnes mœurs et le bon père de famille résultent de la coutume existant à une époque
donnée,

2° La coutume peut-elle aller à l'encontre de la loi ? (Coutume contra legem).


a) Une coutume peut être contraire à une loi interprétative ou supplétive, car une
telle loi peut toujours être écartée par une manifestation de volonté contraire exprimée par
les contractants.

b) Une coutume ne peut, en principe, aller à l'encontre d'une loi impérative, car il
ne peut exister deux réglementations obligatoires et contradictoires, On en déduit que la
loi ne peut être abrogée par désuétude.
Il arrive cependant, de façon exceptionnelle, qu'une pratique aille à l'encontre d'un texte
impératif.
Exemple : L'article 931 du Code civil exige un acte notarié pour la validité d'une
donation. Or, le don manuel est néanmoins valable.
TITRE 2 LES SOURCES INDIRECTES DU DROIT
Les sources indirectes ne créent pas des règles de droit obligatoires. Ce sont des
références permettant de compléter les règles de droit.
Elles sont nées de la nécessité d'interpréter les sources directes (quand leur sens est
obscur) et de les compléter (quand elles présentent des lacunes), la loi et la coutume ne
pouvant prévoir toutes les situations qui peuvent se présenter,
Les sources indirectes émanent d'autorités qui ont pour fonction d'analyser et
d'appliquer les règles de droit : les tribunaux et les théoriciens du droit. Ce sont la
jurisprudence et la doctrine.

CHAPITRE I

LA JURISPRUDENCE
La jurisprudence est constituée par l'ensemble des décisions émanant des juridictions
de l'État. Elle concourt à la formation des règles de droit.

I-LES JURIDICTIONS

Les juridictions de l'ordre judiciaire sont de deux ordres :


1° Les juridictions répressives ont pour fonction de punir les individus coupables
d'infractions, en les condamnant à des peines, corporelles et pécuniaires.

Les juridictions répressives comprennent :


- le tribunal de simple police, qui juge les infractions peu importantes, telles
que les contraventions de simple police ;
- le tribunal correctionnel, qui juge les délits ;
- la cour d'assises, qui connaît des infractions les plus graves que sont les crimes;
aujourd’hui, en raison de la lourdeur de cette juridiction, le législateur Ivoirien a
accordé une garantie supplémentaire aux accusés en prévoyant un Tribunal criminel et
une chambre criminelle pour juger ces derniers.
L'appel, lorsqu'il est possible, est porté devant la chambre correctionnelle de la cour
d'appel,
Le pourvoi en cassation est porté devant la chambre criminelle de la cour de cassation.
2° Les juridictions civiles connaissent essentiellement des litiges entre particuliers
auxquels le droit privé est applicable. Entre ces différentes juridictions, les procès sont
répartis en application des règles de compétence.

Les règles de compétence d'attribution (ou rationae materiae) déterminent


l'affectation des affaires en fonction de la nature et de l'importance du litige.
Exemples :
- L'action en recherche de paternité naturelle doit être portée devant le tribunal
de première instance ou de ses sections détachées.
- Un litige entre propriétaire et locataire doit être porté devant le tribunal
d'instance.

Les règles de compétence territoriale (ou rationae loci) fixent, parmi tous les
tribunaux de Côte d’Ivoire compétents rationae materiae, le lieu de celui qui doit juger le
procès.
Exemple : Aux termes de l'article 11 du Code de procédure civile, le tribunal compétent
rationae loci est, en principe, celui du domicile du défendeur.

Les juridictions civiles sont organisées suivant une hiérarchie qui permet l'exercice
des voies de recours contre les décisions rendues par une première juridiction, devant des
juges plus nombreux et plus anciens. Cette hiérarchie comporte trois niveaux : le premier, le
second degré de juridiction, et la cour de cassation.

A - LE PREMIER DEGRÉ DE JURIDICTION

Il comporte des tribunaux de droit commun et des tribunaux d'exception.


1° Les tribunaux de droit commun sont appelés tribunaux de première instance et
leurs sections détachées
Ils sont compétents pour connaître :
- de manière exclusive, de toutes les demandes dont l’intérêt du litige est supérieur à
500.000 FCFA ou est indéterminé et des actions concernant l'état des personnes. Ils
statuent en dernier ressort si l’intérêt du litige n'excède pas 500.000 FCFA et à
charge d'appel au cas contraire ;
Cette valeur constitue le taux du ressort.
- de toutes les autres matières de droit privé qui ne sont pas expressément attribuées
par la loi à une autre juridiction en raison de la nature de l’affaire

Le tribunal de première instance et / ou ses sections détachées siègent soit en audience


publique (dans la plupart des cas), soit en chambre du conseil (à huis clos). Il exerce la
juridiction contentieuse, lorsqu'un litige lui est soumis, et la juridiction gracieuse, en dehors
de tout litige.
Exemple : Le prononcé d'une adoption est un acte de juridiction gracieuse car il
ne comporte aucun adversaire.

Le tribunal de première instance et / ou ses sections détachées rendent des jugements,


en formation collégiale de trois magistrats : le président et deux assesseurs.

Le président du tribunal de première instance et / ou ses sections détachées ont une


compétence propre pour décider de mesures provisoires en cas d'urgence : il rend des
ordonnances de référé.

2° Les tribunaux d'exception


A côté des juridictions de droit commun, il existe des juridictions d’exception.
Elles ne peuvent connaître que des matières dont un texte leur attribue
expressément compétence.
Ces juridictions ne seront pas étudiées dans le cadre de ce cours.

B -LE SECOND DEGRÉ DE JURIDICTION


II est constitué par les cours d'appel, juges de droit commun.
Au nombre de 04, les cours d'appel connaissent des appels dirigés contre les décisions rendues
aussi bien par les tribunaux de droit commun.
Chaque cour d'appel est divisée en plusieurs chambres, dont une chambre
d’Instruction, une chambre Criminelle et des chambres Civile, Commerciale et Sociale.
Les cours d'appel ont pour mission.
- de réexaminer au fond les jugements qui leur sont soumis : elles reconsidèrent les
faits qui ont donné lieu au litige,
- de vérifier que la loi et le droit ont été correctement appliqués et respectés par les
tribunaux.

Elles rendent deux sortes d'arrêts : les arrêts confirmatifs, qui confirment la
première décision, et les arrêts infirmatifs, qui donnent une solution différente.
Les cours d'appel statuent :
- en audience ordinaire : un président et deux conseillers ;
- en audience solennelle, soit de rentrée judiciaire, soit de prestation de serment, soit sur
renvoi par la cour de cassation. La cour comprend alors quatre conseillers et un
président, en robes rouges ;
- en chambre du conseil, sur appel des jugements rendus par le tribunal de première
instance et / ou de ses sections détachées siégeant lui aussi en chambre du conseil.
C - LA COUR DE CASSATION
Elle est au sommet de la hiérarchie des juridictions et l’ordre judiciaire ; elle est
unique et siège à Abidjan.
La cour de cassation ne constitue pas un troisième degré de juridiction, car elle ne
juge pas le fond du procès. Son rôle est de juger la conformité des décisions aux règles de
droit : elle recherche si les jugements et arrêts qui lui sont soumis présentent un vice de forme
ou de procédure, ou s'il a été fait une fausse application de la loi. La cour de cassation est «
juge du droit et non du fait ».
La cour de cassation comprend des chambres civile, commerciale, sociale et
criminelle. Le déroulement du pourvoi en cassation est complexe.

a) Au premier stade : le pourvoi formé contre une décision rendue en dernier ressort est
porté devant la chambre spécialisée de la cour de cassation. Après examen, celle-ci
peut :
- soit rendre un arrêt de rejet, si elle estime que la décision litigieuse est conforme à la
loi. Le procès est alors terminé ;
- soit casser cette décision si le pourvoi lui paraît fondé, et renvoyer l'affaire devant une
juridiction de même degré que celle dont émane la décision cassée.
b) Le second stade se déroule devant la juridiction de renvoi. Celle-ci a la possibilité :

- soit de s'incliner devant la cour de cassation : l'affaire est terminée ;


- soit de statuer dans un sens différent. Dans ce cas, les plaideurs peuvent retourner
devant la cour de cassation.

c) Troisième stade : la décision faisant l'objet de ce nouveau pourvoi est portée devant
l'assemblée plénière de la cour de cassation, composée du président de la cour de
cassation, assisté des présidents des chambres et de conseillers. Cette assemblée peut.
- ou bien rendre un arrêt de rejet, confirmant la décision de la juridiction de
renvoi. Celle-ci devient définitive ;
- ou bien casser cette décision. L'affaire peut alors, soit être renvoyée devant une
autre juridiction de même degré, qui devra s'incliner devant la cour de cassation,
soit être tranchée par l'assemblée plénière.
La cour de cassation a donc un rôle très important : elle assure l'unité
d'interprétation et d'application du droit sur tout le territoire.

II. LE DÉROULEMENT DU PROCÈS


Les parties en présence sont le demandeur et le défendeur. Ils ont seuls l'initiative du
procès et sont assistés chacun par un avocat. Le juge ne peut se saisir d'office ; les plaideurs
doivent préciser sur quelle règle de droit (la cause) ils fondent leur demande et produire leurs
moyens de preuve.
Le procès débute par une assignation par laquelle le demandeur invite le défendeur à
comparaitre devant tel tribunal, un jour et une heure déterminée. L'affaire est ensuite inscrite
au « rôle » du tribunal pour y être plaidée. Lors de l'audience de jugement, le magistrat qui a
inscrit l'affaire fait son rapport, le tribunal entend les plaidoiries des avocats et, s'il y a lieu,
les observations du ministère public. Le débat étant clos, le tribunal rend son jugement après
en avoir délibéré, soit sur l'heure, soit à une audience ultérieure. Tout jugement comporte :
- des visas : ce sont les références aux textes législatifs utilisés ;
- des motifs : c'est l'argumentation du tribunal. Ils sont annoncés par la formule
« Attendu que »
- un dispositif : c'est la décision du tribunal, c'est-à-dire la solution donnée au procès.

Le jugement peut être assorti en cas d'urgence d'une exécution provisoire.


Dans le cas contraire, il ne devient exécutoire que lorsque toutes les voies de recours
ont été épuisées, ou que leurs délais d'exercice sont expirés. Les voies de recours sont :
- l'opposition (voie de recours réservée au plaideur défaillant au procès) ;
- l'appel (interjeté dans le mois qui suit la signification du jugement) ;
- le pourvoi en cassation (formé dans les deux mois qui suivent la signification de la
décision définitive).

III. RÔLE DE LA JURISPRUDENCE


La jurisprudence est la solution donnée par les juridictions à un problème de droit.
Dans l'élaboration de la jurisprudence interviennent deux éléments :

1° La répétition

C'est l'habitude prise par les tribunaux de statuer dans un certain sens. Il existe une
jurisprudence sur une question déterminée lorsqu'un certain nombre de décisions ont statué
dans le même sens, sur cette question.
Il arrive qu'une seule décision « fasse jurisprudence » lorsqu'elle émane d'une
juridiction d'un très haut niveau dans la hiérarchie judiciaire.

2° La hiérarchie

Les solutions données par la cour de cassation qui, par le mécanisme des renvois,
finissent par s'imposer à toutes les juridictions, ont une autorité particulière dans la formation
de la jurisprudence.

La jurisprudence ainsi définie n'est pas par elle-même une véritable règle de droit, il
lui manque :
- le caractère obligatoire : une juridiction (même la cour de cassation) n'est jamais
liée par les solutions qu'elle a données dans le passé ; les revirements de
jurisprudence sont relativement fréquents ;
- le caractère général les décisions judiciaires n'ont qu'une autorité relative elles ne
s'appliquent qu'aux parties au procès et sont inopposables aux tiers. La
jurisprudence n'est pas la répétition d'une règle applicable à tous, mais une somme
de décisions individuelles.

La jurisprudence, par l'interprétation qu'elle donne des règles de droit, concourt donc
à la formation du droit.

CHAPITRE II

LA DOCTRINE ET LA PRATIQUE
I- LA DOCTRINE
1° Définition
C'est l'ensemble des travaux et études de juristes sur différents problèmes de droit.
La doctrine ne joue qu'un rôle indirect dans l'élaboration des règles de droit, l’opinion
d'un auteur ne s'imposant jamais aux tribunaux ni au législateur.

2° Rôle de la doctrine
- Elle interprète le droit. En dégageant, à partir des arrêts et des textes, des solutions
juridiques, elle trace certaines lignes de conduite que suivront parfois les tribunaux.
- Elle réalise une synthèse du droit : elle dégage des principes généraux de l'ensemble
des textes et des décisions individuelles.
- Elle assure les progrès du droit : les travaux de la doctrine mettent à jour les
imperfections des solutions existantes et en proposent de nouvelles. La doctrine
influence tes tribunaux et le législateur.

II- LA PRATIQUE

Le rôle des praticiens - notaires, avocats, conseils juridiques - est d'aider les
particuliers à résoudre les difficultés d'ordre juridique qu'ils rencontrent. Ils interviennent
comme conseil ou comme défenseur. Ils créent indirectement des règles de droit dans la
mesure où les clauses et formules utilisées dans leurs actes finissent par devenir des clauses
de style adoptées par tous (à titre d'usage).
Les praticiens contribuent à l'interprétation de la règle de droit, en proposant des
solutions qui, si elles sont adoptées par les juridictions, formeront la jurisprudence.
Deuxième partie
Les personnes
Le mot « personne » a, dans le langage juridique, une signification bien précise : il
désigne tout sujet de droit. Tout titulaire de droits est une personne.
Ce terme a un sens beaucoup plus large que dans le langage courant, car il englobe
non seulement les individus, mais encore les groupements d'individus, qui sont qualifiés de
personnes morales.
Il y a donc deux sortes de personnes : les personnes physiques et les personnes
morales.
TITRE 1 : LES PERSONNES PHYSIQUES
Les personnes physiques sont les êtres humains, à exclusion des choses et des animaux.
Le principe selon lequel toute personne physique a la personnalité juridique est affirmé
par le préambule de la constitution et Déclaration des droits de l’homme du citoyen.
Cependant, l’aptitude de certains individus à acquérir des droits et à supporter des
obligations peut être restreinte par des incapacités.
La personnalité juridique est liée à l’existence de l’individu et à son individualisation.
Un certain nombre de droits sont attachés à la personne ; ils constituent les attributs
de la personnalité.

CHAPITRE 1
EXISTENCE DE LA PERSONNALITE PHYSIQUE
La personnalité juridique naît et meurt avec la personne physique.
Section 1 : Naissance de la personnalité
PRINCIPE :

La personnalité commence à la naissance, à condition que l'enfant soit vivant et


viable.

- Un enfant est vivant s'il a respiré à l'instant précis de sa naissance.


- Un enfant viable lorsqu'il est doté de tous les organes vitaux et normalement constitué.

Exceptionnellement, la personnalité juridique peut précéder la naissance et exister


dès la conception, toutes les fois que le futur enfant y trouve un intérêt, par application de
l'adage infans conceptus pro nato habetur.
Exemple : Le père de l'enfant conçu meurt. Pour éviter que les biens ne
passent à d'autres héritiers, l'on considère que l'enfant a déjà la
personnalité juridique et peut hériter.

Pour l'application de cette règle, il est nécessaire de déterminer la date de la


conception : l'enfant est réputé conçu pendant la période qui s'étend du trois-centième au cent-
quatre-vingtième jour avant sa naissance.
Cette présomption est simple : il est possible de prouver que la conception a, en
réalité, eu lieu à un autre moment.

Section 2 : Fin de la personnalité


La personnalité prend fin par la mort de l'individu. Lorsque celle-ci est certaine, l'acte
de décès ou le jugement déclaratif de décès constatent la fin de la personne.
Il arrive que la mort de l'individu ne soit pas certaine, mais seulement probable : le
cadavre n'a pas été retrouvé et les événements qui entourent la disparition laissent à la
personne une possibilité de survie. On parle dans ce cas de disparition et d'absence.
Exemple : Une personne ne reparaît pas après un tremblement de terre et l’on
ne retrouve pas son cadavre ; il est possible qu'elle ait survécu et se soit
échappé…

I. L'ABSENCE
Un individu est absent lorsqu'on ignore s'il est vivant ou mort, car il a quitté son
domicile depuis longtemps sans donner de nouvelles et sans qu'un événement particulier
puisse faire présumer sa mort : on ignore les Circonstances de l'absence. Dans l'intérêt de la
famille, aussi bien que des tiers, le patrimoine de l'absent ne peut être laissé à l'abandon.
Toute la réglementation de l'absence (loi no 77-1447 du 28 décembre 1977) est
inspirée par l'idée que l'absent peut revenir, mais que, passé un certain temps, ses chances de
retour peuvent être négligées. On distingue deux périodes :

A- LA PÉRIODE DE PRÉSOMPTION D'ABSENCE

Durant cette période, les ayants droit du présumé absent peuvent demander au juge
des tutelles de constater l'absence par jugement et de nommer un représentant chargé d'exercer
les droits du présumé absent et d'administrer ses biens. Les règles applicables à ce représentant
sont celles de l'administration légale sous contrôle judiciaire,
Si le présumé absent revient, il est mis fin, sur sa demande, aux mesures
d'administration prescrites, L'absent recouvre ses biens et ceux acquis pour son compte par le
représentant.
A l'expiration d'un délai de dix ans à compter du jugement de présomption d'absence,
les intéressés peuvent demander, par requête au tribunal de première instance, de déclarer
l'absence. Des extraits de cette requête sont publiés dans les journaux du département.

B- LA PÉRIODE D'ABSENCE DÉCLARÉE


Le tribunal de première instance peut ordonner une enquête. Le jugement déclaratif
d'absence ne peut être rendu qu'un an au moins après la publication de la requête.
Le jugement déclaratif d'absence emporte, à partir de sa transcription, tous les effets
du décès.
- Les mesures d'administration prennent fin ;
- Les biens de l'absent sont transmis à ses héritiers ;
- Le conjoint de l'absent peut contracter un nouveau mariage ;

Si l'absent réapparaît après le jugement déclaratif d'absence :


- Ce jugement peut être annulé à la demande de tout intéressé ;
- L’absent recouvre ses biens et ceux qu'il aurait dû recueillir pendant son
absence, dans l'état où ils se trouvent ;
- Il peut réclamer le prix de ceux qui ont été aliénés, et les biens acquis en emploi
de capitaux ou revenus auxquels il avait droit ;
- Le mariage de l'absent reste dissous.

II. LA DISPARITION
Pour qu'il y ait disparition, deux conditions doivent être réunies :
- Le corps ne doit pas avoir été retrouvé ;
- Le décès doit être rendu probable, les circonstances qui ont entouré la
disparition ayant mis gravement en danger la vie du disparu.
Exemple : Accident d'avion, naufrage, bombardement.

Tout intéressé peut demander au tribunal de première instance de déclarer la


disparition. Après enquête, le tribunal rend un jugement déclaratif de décès qui fixe la date de
la mort et est transcrit sur les registres de l'état civil.
Ce jugement déclaratif de décès ouvre la succession du disparu et permet le remariage
du conjoint. Le disparu qui revient doit demander l'annulation du jugement en faisant la
preuve de son identité. Il recouvre alors la propriété de ce qui reste de ses biens, et le remariage
de son conjoint est nul pour bigamie.
CHAPITRE II

LES ATTRIBUTS DE LA PERSONNE


PHYSIQUE
Les attributs de la personnalité sont des prérogatives attachées à tout individu du fait
même qu'il existe. Elles sont de natures diverses et constituent les droits fondamentaux de
la personne humaine. Ces droits sont protégés par la loi et présentent des caractères
particuliers.

I. CARACTÈRES
Les droits de la personnalité sont :
a) Généraux, car tout individu en est doté, dès sa naissance ;
b) Extrapatrimoniaux, c'est-à-dire incessibles, imprescriptibles,
intransmissibles et insaisissables.
Étant le prolongement de la personne, ils ne peuvent, pas plus que l'individu, être
cédés, transmis, prescrits ; l'individu ne peut y renoncer. Ils n'ont pas de valeur
pécuniaire.
Cependant :
• Dans certains cas, ces droits peuvent être transmis aux héritiers : lorsqu'il s’agit
de défendre l'honneur de la famille en demandant la réhabilitation d'un condamné
par exemple ;
• Ces droits ont souvent des conséquences pécuniaires dans la mesure où leur
violation entraîne l'attribution de dommages-intérêts ;
• Des conventions peuvent être conclues qui réalisent des cessions partielles, et
même à titre onéreux, de ces droits.
Exemples :
- Le travail emporte attribution d'un salaire.
- L'autorisation de prendre et publier des photos peut être monnayée.
- Les opérations chirurgicales sont possibles.
c) absolus, car leur respect s'impose à toutes les autres personnes.
INDIVIDUALISATION DE LA PERSONNE PHYSIQUE
Quatre éléments permettent de distinguer un individu de tous les autres, ce sont :
• son nom,
• son domicile,
• sa nationalité,
• son état civil.

Section 1 : le nom
Définition : le nom est une appellation qui permet l'identification sociale de la personne.
La loi sur le nom ne contient que des règles fragmentaires ; la coutume et la
jurisprudence ont comblé ces lacunes.

Le nom se compose de plusieurs éléments d'importance inégale, et de régime juridique


différent, qui sont :
- le nom patronymique, commun à tous les membres de la même famille ;
- le prénom, qui sert à individualiser les membres de la même famille qui portent te
même nom patronymique ;
- parfois des éléments accessoires viennent se greffer sur le nom ; ce sont :
• le surnom,
• le pseudonyme et les titres nobiliaires.

I. LE NOM PATRONYMIQUE

A - DIFFÉRENTS MODES D'ATTRIBUTION DU NOM PATRONYMIQUE


Le nom patronymique s'acquiert :

1° Par la filiation
Le nom ayant un caractère familial, il est attribué à titre principal en relation avec la
filiation. Il faut distinguer :

a) L'enfant légitime : il prend automatiquement le nom de son père.


b) L'enfant naturel : l'attribution de son nom dépend de l'établissement du lien de
filiation. Si celle-ci est établie :
- à l'égard d'un seul des parents : l'enfant naturel prend le nom de celui-ci ;
- successivement à l'égard de ses deux parents : il prend en principe le nom
du premier d'entre eux à l'égard duquel elle est établie,
- simultanément à l'égard des deux parents : il prend le nom du père.
Si la filiation de l'enfant naturel n'est établie d'aucun des deux côtés.
- il prend le nom de la mère si elle figure sur l'acte de naissance ;
- à défaut, l'officier d'état civil lui attribue un nom (qui est généralement un prénom).
c) L'enfant adoptif
- en cas d'adoption plénière, il prend le nom de l'adoptant ;
- en cas d'adoption simple, il joint à son nom celui de l'adoptant, pour former un nom
composé (à moins que le tribunal ne décide qu'il ne portera que le nom de l'adoptant).

2° Par le mariage
Par une coutume séculaire, la femme mariée porte le nom de son mari ; elle en a
l'usage.
La loi règle le sort du nom des époux en cas de divorce et de séparation de corps.

Limites du droit d'user du nom du mari.


1. Le mariage ne fait pas perdre à la femme son nom patronymique :
- La carte d'identité, l'immatriculation à la Sécurité sociale, les actes notariés,
sont établis au nom de jeune fille, suivi de la mention « épouse X ».
- La femme peut signer, recevoir une signification, comparaitre devant les
tribunaux, exercer son activité professionnelle sous son nom de jeune fille.
- La femme peut refuser d'utiliser le nom de son mari, notamment lorsque celui-
ci a subi des atteintes à l'honneur (meurtrier, prisonnier)
- En cas de divorce, la femme reprend l'usage de son nom de jeune fille. En
revanche, le droit de porter le nom du mari survit au décès de celui-ci.
- La femme ne peut transmettre son nom de jeune fille à ses enfants légitimes.

2. Le droit d'user du nom du mari est personnel à la femme.


Elle ne peut transmettre le nom du mari à des enfants adultérins qu'elle aurait au
cours du mariage.

3° Par décision de l'autorité administrative ou judiciaire


Une telle décision intervient :
a) En l'absence de liens familiaux
L'enfant trouvé et l'enfant naturel dont la filiation n'est pas établie et dont le nom
de la mère n'a pas été dévoilé se voient attribuer un nom par l'officier d'état civil.
Ce nom est le plus souvent un prénom.

b) En cas de changement de nom


Les changements volontaires de nom, indépendamment de toute modification statut
familial, sont, en principe, interdits. Exceptionnellement, le nom patronymique peut être
modifié dans les hypothèses suivantes :
1. L'individu a un intérêt légitime à demander la modification de son nom, soit parce qu'il
veut se débarrasser d'un nom ridicule ou déshonorant, soit au contraire qu’il souhaite
reprendre le nom d'un membre illustre de sa famille.
Exemple : Monsieur Houphouët-Boigny.

Plus rarement l'intérêt est positif.


Exemple : Un individu veut transformer en nom patronymique le
pseudonyme (SAMORY) sous lequel lui-même ou l'un des membres de sa
famille s'est illustré sous la colonisation.

Le changement de nom est autorisé par décision judiciaire à l'issue d'une procédure
intentée devant le tribunal : les tiers ont le droit de s'opposer à l'adoption du nom par l'intéressé
pendant un délai d'un an à compter du jour de la publication de la décision au Journal officiel
;

2. Le relèvement du nom d'un citoyen mort sans descendance mal peut être accordé par
le tribunal au profit du parent le plus proche.
Ce dernier doit adjoindre ce nom à son nom patronymique.

B- LES CARACTÈRES DU NOM

Le nom est lié à l'état de la personne ; il en possède les caractères :


1°Immutabilité du nom
Le nom sert à distinguer la personne dans la société.
Conséquences :
a) L'individu est obligé de porter son nom :
- dans ses rapports avec l'État : inscription sur les listes électorales,
participation à un procès, rapports avec les diverses administrations,
rédaction des actes notariés, etc. ;
- chaque fois que l'usage du nom produit des effets juridiques : les actes
juridiques doivent être signés du nom des parties à l'acte. L'utilisation d'un
autre nom que le sien comme signature peut constituer le délit de faux ;
b) dans les rapports et actes purement privés, l'individu peut utiliser un autre nom,
sous réserve des droits d'autrui sur ce nom d'emprunt L'individu ne peut changer
de nom : le nom est immuable
Exceptions :
- Les changements d'état peuvent entraîner modification du nom ;
Exemples :
- La femme mariée prend le nom du mari.
- L'adoption plénière entraîne substitution du nom de l'adoptant à celui de
l'adopté.
- le nom peut être modifié par la voie administrative ou judiciaire

2° Incessibilité du nom
Le nom est hors du commerce : il ne peut en principe être cédé ni entre vifs, ni à cause
de mort.
Exceptions :
- par convention entre époux, toujours révocable, le mari peut autoriser son ex-
femme à continuer à porter son nom après le divorce ;
- en matière commerciale, le nom sous lequel un commerçant exerce son
activité est considéré comme un élément du fonds de commerce et peut être
vendu avec le fonds. Pour éviter toute confusion, le nouvel exploitant doit
faire apparaître les mentions : « successeur ou « ancienne maison X »;
En aucune manière, il ne pourra utiliser ce nom comme signature.

3° Imprescriptibilité
a) Le nom étant immuable, ne peut se perdre par le non usage.
Exemple : De nombreuses familles ont pu revenir à l'orthographe ancienne de
leur nom ou retrouver leur particule.

b) En principe, depuis la loi du 6 fructidor an Il, le nom ne s'acquiert pas par


l'usage prolongé.
Exceptions.
- la jurisprudence a admis à plusieurs reprises « que si l'usage du nom était
incontesté et prolongé, la famille avait le droit de conserver ce nom La Cour
de cassation s'est ainsi prononcée, dans un arrêt du 22 juin 1971, en faveur
de l'une des parties au procès dont la famille utilisait le nom depuis plus
de cent ans ;
Le nom commercial, qui fait partie du fonds de commerce, a un caractère patrimonial
et est prescriptible.

C - NATURE JURIDIQUE DU NOM ET PROTECTION DU NOM

1° Nature juridique du nom


Trois théories sont en présence, dont les conséquences diffèrent quant aux conditions
de protection du nom :
- pour certains auteurs, le nom est une institution de police, un numéro
matricule permettant d'individualiser les personnes. En conséquence, le nom
ne sera protégé que si l'usurpation cause un préjudice à son titulaire ;
- pour d'autres, le droit au nom est un véritable droit de propriété ; le titulaire
du nom peut donc s'opposer à toute usurpation, qu'il ait ou non subi un
préjudice ;
- pour d'autres enfin, le droit au nom est un droit de la personnalité à caractère
familial, qui doit être protégé contre toute atteinte, qu'un préjudice soit ou
non réalisé.

2° Protection du nom
Ces théories ont toutes trois influencé la jurisprudence, dont les solutions varient en
fonction des atteintes portées au nom.

a) Usurpation du nom patronymique par un tiers, qui l'utilise personnellement


La jurisprudence décide en général que chaque membre de la famille peut s'opposer
à une telle usurpation ct interdire l'usage du nom patronymique, même s'il ne justifie d'aucun
préjudice.

b) Usurpation du nom patronymique par un tiers, qui l'utilise comme marque


commerciale.
La jurisprudence tend à exiger, pour interdire de telles pratiques, que les intéressés
démontrent qu'elles leur causent un préjudice. La preuve de ce préjudice est généralement
difficile à apporter.
Exemple : en France, Le Baron de Planta voulut interdite à la société ASTRA
d'utiliser son nom lorsqu'elle lança sa nouvelle marque de margarine
« PLANTA ». Son action contre Astra fut intentée sut la base de l'article
1382, cette appellation étant, selon lui, de nature à entraîner une
confusion certaine et préjudiciable pour sa réputation. Le baron de
Planta gagna son procès devant les premiers juges : en revanche, la cour
d'appel rejeta son action au motif que le préjudice n'était pas constitué.

c) Usurpation du nom patronymique par un tiers qui l'utilise dans une œuvre
d'imagination : film, roman...
Là encore, la jurisprudence exige qu'un préjudice résultant de l'atteinte à la réputation
soit démontré par le titulaire du nom, pour faire cesser l'utilisation du nom.

II. LE PRÉNOM

Le prénom précède le nom et sert à individualiser une personne au sein de la famille.


Il est obligatoire : tout enfant doit avoir au moins un prénom.
A - CHOIX DU PRÉNOM
Ce choix appartient aux parents et constitue une prérogative de l'autorité parentale.
Celui qui déclare la naissance de l'enfant est présumé avoir reçu mandat des parents à cet
effet. En cas de désaccord des parents, le juge des tutelles décide.
En principe, le prénom doit être choisi sur- les différents calendriers ou parmi les
noms connus des personnages de l'histoire ancienne. En pratique, on admet l'usage de
prénoms étrangers.

B - CARACTÈRES DU PRÉNOM

1° Intransmissibilité
Contrairement au nom patronymique, il n'est pas transmis aux enfants.
2° Immutabilité
Le prénom est immuable : les changements d'État n'ont aucune influence sur lui

Exceptions :
- en matière d'adoption plénière, l'adoptant peut demander au tribunal de changer
le prénom de l'enfant adopté;
- de façon générale, les prénoms figurant dans l'acte de naissance peuvent être
modifiés par le tribunal à la requête de l'individu qui les porte, ou de son
représentant légal s'il s'agit d'un mineur, sur justification d'un intérêt légitime.
Section 2 : Le domicile
I. DÉFINITION ET UTILITÉ DU DOMICILE

A - DÉFINITION

Le domicile est le siège légal de la personne, le lieu où le droit la localise ; c'est un point
fixe où elle est réputée située dans l'espace,
Bien que les êtres humains soient par nature mobiles, il est nécessaire de les rattacher à
un lieu déterminé, auquel sont accomplis un certain nombre d'actes de la vie publique et de la
vie civile. Le domicile est donc à la fois une institution de police civile et un procédé
d'individualisation de la personne,
Le domicile, au sens juridique, doit donc être distingué des autres lieux où la personne
peut se trouver :
- la résidence, où la personne vit habituellement ;
- la demeure ou l'habitation, où elle se trouve temporairement.
Exemple : KOUAME a un appartement à Abidjan où il vit régulièrement
(résidence), une villa à Yamoussoukro où il passe ses vacances (demeure).

B - UTILITÉ DU DOMICILE

Au domicile est rattachée l'exécution de nombreux actes :


- accomplissement des obligations fiscales, politiques, militaires ;
- centralisation des opérations concernant la cessation des paiements d'un commerçant,
le règlement des successions, la tutelle des mineurs ;
- accomplissement des actes de procédure : signification, citation, assignation ;
détermination du tribunal compétent (domicile du défendeur) ;
- publication des bans, adoption, émancipation.

II. DÉTERMINATION DU DOMICILE

L’article 1er de la loi n°2020 -491 du 29 mai 2020 relative au domicile énonce que le
domicile est fixé au lieu du principal établissement.
Le domicile peut également être :
- fixé par la loi : c'est le domicile légal ;
- déterminé en fonction de la résidence.
Enfin certaines personnes ont un domicile secondaire : le domicile élu.

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A - LE DOMICILE LÉGAL

C'est celui que la loi assigne d'office à certaines personnes :


1° Soit en raison de leurs fonctions : les citoyens occupant des fonctions publiques
perpétuelles et irrévocables (magistrats du siège, officiers ministériels) sont fictivement
domiciliés au lieu d'exercice de ces fonctions.

2° Soit en raison de leur dépendance à l'égard d'autres personnes. Ainsi sont légalement
domiciliés :
- la femme, au domicile de son mari ;
- le mineur non émancipé, au domicile de ses parents ou de son tuteur ;
- le majeur en tutelle, au domicile de son tuteur ;
- les domestiques et employés de maison logés, au domicile de leur employeur.

B - LE DOMICILE VOLONTAIRE

En dehors des cas où le domicile est fixé par la loi, les personnes ont le choix de leur
domicile : c'est « le lieu de leur principal établissement c'est-à-dire le centre de l'activité et des
intérêts de la personne.
- Si l'individu a plusieurs centres d'intérêts, il n'a pas plusieurs domiciles. Le
domicile est unique et fixé au centre « principal ».
- Si l'individu n'exerce aucune activité, n'a pas de centre d'intérêts, il doit tout de
même avoir un domicile. Ce peut être son domicile d'origine, qu'il est réputé avoir
conservé ; ce peut être également sa résidence.

La jurisprudence valide en effet les actes signifiés à la résidence de l'intéressé, et fait


jouer un rôle à la résidence dans la détermination du domicile, celle-ci étant le centre d'une
certaine activité. La loi également tient compte de la résidence : les futurs époux peuvent faire
célébrer leur mariage au lieu où ils ont leur résidence depuis plus d'un mois ; lorsque le domicile
d'un individu est inconnu, le tribunal compétent est celui du lieu de sa résidence.

C - LE DOMICILE ÉLU

C'est un domicile fictif choisi par les parties à un acte juridique, pour tout ce qui
concerne l'exécution de cet acte.
L'élection de domicile peut avoir pour objet :
- soit de déterminer exclusivement le tribunal territorialement compétent pour statuer sur
les litiges qui pourraient survenir à propos de l'acte : c'est une clause attributive de
compétence ;
Exemple : Un contrat de vente d'automobile entre un client domicilié à Korhogo et un
concessionnaire établi à Abidjan, prévoit que les tribunaux d’Abidjan seront

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compétents en cas de litige. Les actes de procédure devront être néanmoins signifiés
au domicile de chacune des parties.

- soit de fixer un lieu, ou une personne, Chez qui seront effectués tous les actes
d'exécution,
Exemple : Les parties à une vente d'immeuble situé à Abidjan élisent domicile
Chez maître Soro notaire à la résidence d’Abidjan. En cas de contestation, non
seulement le litige sera jugé par les tribunaux du domicile du notaire Soro, mais
encore c'est Chez lui que seront signifiés tous les actes de procédure.

III. CARACTÈRES DU DOMICILE


1° Toute personne a nécessairement un domicile, car il est indispensable que soit fixé un lieu
de rattachement administratif de ses droits et obligations. Ce domicile est déterminé soit
en fonction de sa profession, soit de sa dépendance, soit de son activité, ou de sa résidence.
2° Toute personne n'a qu'un domicile. Attribut de la personnalité, le domicile est unique
comme la personne elle-même. Seules exceptions à ce principe : le domicile élu et « la
jurisprudence dite des gares principales » qui s'applique aux personnes morales.
3° Toute personne peut changer de domicile (à l'exception de celles qui ont un domicile légal)
il suffit que soit déplacé le lieu du principal établissement (ou de la résidence lorsque celle-
ci tient lieu de domicile). En principe, tout changement de domicile doit s'accompagner de
déclarations effectuées à la mairie de départ et à la mairie d'arrivée.

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Section 3 : La nationalité
La nationalité est le lien juridique et politique qui unit une personne à un État dont elle
est membre.
Les nationaux s'opposent aux « étrangers ». Cette distinction est essentielle : nationaux
et étrangers ne sont pas soumis au même régime juridique. Certains droits, spécialement les
droits politiques, sont réservés aux nationaux ; seul un étranger peut être expulsé de Côte d’Ivoire
; certaines obligations n'incombent qu'aux nationaux.

Exemple : Anciennement, l'accomplissement du service militaire n'était


obligatoire que pour les Ivoiriens.

Le lien qui unit un national à un État déterminé est toujours un lien légal : il n'a aucune
nature contractuelle.
Parmi les Ivoiriens, il y a lieu de distinguer :
- les Ivoiriens d'origine en raison des liens de sang et… ;
- ceux qui, nés étrangers, ont acquis la nationalité Ivoirienne au cours de leur
existence.

I. ATTRIBUTION DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE A LA


NAISSANCE
Afin d'attribuer la nationalité à un individu à la naissance, le législateur a fait le choix
du critère familial qui se rapporte aux liens de sang : c'est l'attribution par filiation.
Afin d'augmenter le nombre de ses nationaux, la Côte d’Ivoire a adopté le critère
matrimonial en plus du critère familial, notamment par la loi n°2019-570 du 26 juin 2019 relative
au mariage.

A - ATTRIBUTION DE LA NATIONALITÉ PAR LA


FILIATION

En vertu du Code de la nationalité « est ivoirien, l'enfant, légitime ou naturel, dont l'un
des parents au moins est ivoirien ».

- L'attribution de la nationalité ivoirienne est irrévocable :


• si les deux parents sont ivoiriens;
• si, un seul des parents est ivoirien.

- En revanche, la nationalité ivoirienne peut être répudiée à la majorité de


l’enfant si, un seul des parents est étranger ou si l'enfant est né à l'étranger.

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B-ATTRIBUTION DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE PAR LA
DECOUVERTE DE L’ENFANT EN COTE D’IVOIRE

Sont Ivoiriens :
- l'enfant né en Côte d’Ivoire de parents inconnus. Cependant, si au cours de la
minorité la filiation de l'enfant est établie à l'égard d'un étranger, et si le pays
étranger reconnait sa nationalité, l'enfant est réputé n'avoir jamais été ivoirien ;
- l'enfant né en Côte d’Ivoire de parents apatrides (sans aucune nationalité :
réfugiés politiques par exemple) ;
- l'enfant trouvé et ou découvert en Côte d’Ivoire.

II- ATTRIBUTION DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE EN COURS D'EXISTENCE

A - ACQUISITION DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE PAR LE


MARIAGE
Le problème des effets du mariage sur la nationalité des époux ne se pose que s'il y a
mariage mixte, c'est-à-dire entre deux personnes de nationalité différente.
- En principe, conformément aux lois relatives au mariage et à la nationalité, le
mariage n'exerce de plein droit aucun effet sur la nationalité des époux : chaque
époux conserve en principe sa nationalité d'origine, qu'il s'agisse du mari ou de
la femme.
- Cependant, l'étranger(e) ou l'apatride qui épouse un(e) conjoint(e) ivoirien
peut, par option, demander d'acquérir la nationalité ivoirienne par déclaration
lors de la célébration de son mariage.
Un certain contrôle du gouvernement est prévu : celui-ci peut s'opposer dans un délai
de six mois à l'acquisition de la nationalité ivoirienne.

B - ACQUISITION DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE PAR


NATURALISATION

La naturalisation est l'attribution, par le gouvernement, de la nationalité ivoirienne à


l'étranger qui la demande.

a- Les conditions de fond qui sont au nombre de trois.


Ces conditions sont imposées par la loi et tiennent à :
- l’âge du demandeur,
- la durée de sa résidence habituelle en Côte d’Ivoire,

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- Le gouvernement exerce un contrôle de l'opportunité de la naturalisation.

Ainsi :
- Le Code de la nationalité prévoit que nul ne peut être naturalisé s'il n'est
pas de bonne vie et mœurs.
Exemple : Une personne condamnée à une peine criminelle ou correctionnelle
de plus de six mois verra sa demande rejetée.

a) Condition de forme de la naturalisation.


La demande de naturalisation est soumise à une véritable procédure administrative.
Elle est adressée au préfet du Département où réside le demandeur. Celui-ci fait procéder
à une enquête par le maire de la résidence du demandeur. Il transmet une partie du dossier au
ministre de la santé pour l’enquête sanitaire et une autre partie dudit dossier est communiquée
au ministre de la justice qui centralise les résultats de toutes les enquêtes et prépare le projet de
décret de naturalisation à l’attention du Président de la République. Enfin, le Président de la
République a un véritable pouvoir discrétionnaire : il peut rejeter la demande s'il l'estime
inopportune. Si la naturalisation est accordée, il signe le décret de naturalisation qui est publié
au Journal officiel.

2° Effets de la naturalisation

a) En principe, le naturalisé a les mêmes droits et les mêmes obligations qu'un


Ivoirien d'origine, à compter du jour de la naturalisation.

b) Mais la loi sur la nationalité prévoit un certain nombre d'incapacités. Ainsi, un


étranger :
- ne peut être éligible qu'après un certain délai à la suite de sa naturalisation, s'il
s'agit d'élections pour lesquelles la qualité de citoyen ivoirien est exigée ;
- ne peut être nommé à des fonctions rétribuées par l'État qu'après un certain
délai à compter de décret de naturalisation.

c) Ces incapacités peuvent être levées à l'égard du naturalisé qui a rendu des
services importants à la Côte d’Ivoire.

II. PERTE DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE.

Dans certains cas, la nationalité ivoirienne peut être perdue. Certaines hypothèses
correspondent à une volonté manifestée par l'intéressé, d'autres à une sanction imposée à
l'individu contre sa volonté.

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A - PERTE DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE PAR LA
VOLONTÉ DE L'INTÉRESSÉ

Il en est ainsi dans les cas suivants :


- l’ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère perd
automatiquement la nationalité ivoirienne ;
- L’ivoirien, même mineur, qui a une nationalité étrangère, peut être autorisé par décret,
sur sa demande, à perdre la qualité d’ivoirien ;
- le (la) ivoirien (e) qui épouse un (e) étranger (e) peut répudier sa nationalité ivoirienne à
condition d'avoir acquis la nationalité de son conjoint et d'établir sa résidence habituelle
à l'étranger.

B- PERTE DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE INDÉPENDAMMENT DE


LA VOLONTÉ DE L'INTÉRESSÉ

- L’ivoirien qui se comporte en fait comme le national d'un pays étranger peut, s'il a
la nationalité de ce pays, être déclaré avoir perdu la qualité d’ivoirien par décret.
- L’ivoirien qui occupe un emploi dans une armée, un service public étranger ou une
organisation internationale, dont la Côte d’Ivoire ne fait pas partie, et qui n'a pas
suivi l'injonction, faite par le gouvernement ivoirien, de cesser cette activité, peut
également perdre la nationalité ivoirienne.

C- DÉCHÉANCE DE LA NATIONALITÉ IVOIRIENNE

- un ivoirien ne peut jamais être déchu de sa nationalité ivoirienne ;


- en revanche, un individu non ivoirien à l'origine, peut être déchu de la nationalité
ivoirienne, dans un certain délai qui suit l'acquisition de cette nationalité :
• pour crimes et délits contre la sûreté de l'État,

• pour indignité.
• Lorsque dans le cadre des mariages mixtes, la communauté de vie a cessé entre
les époux moins de deux ans après leur mariage.
La nationalité se prouve par un certificat appelé certificat de nationalité ivoirienne
délivré par le président du tribunal domicile de l'intéressé.

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Section 4 : Les actes de l'état civil
L'état civil traduit la situation familiale de l'individu en fonction de sa filiation et de son
mariage. Il dépend donc de tous les événements qui créent ou modifient cette situation familiale
: naissance' mariage, décès, etc.
Ces divers événements sont enregistrés officiellement et constatés dans les actes de l'état
civil.

I. ÉTABLISSEMENT DES ACTES DE L'ÉTAT CIVIL


1 0 a) En principe, les actes de l'état civil sont dressés par l'officier de l'état civil : le maire,
dans chaque commune ou le sous-préfet dans sa circonscription administrative.
Le maire peut déléguer ses pouvoirs à ses adjoints et même aux fonctionnaires municipaux
(sauf pour le mariage).
Participent aux actes de l'état civil : les parties, les témoins, les déclarants et les interprête.
Exemples :
- Le mariage ne peut être célébré qu'en présence des époux.
- La naissance d'un enfant est déclarée généralement par le père.
L'officier de l'état civil qu’il soit maire ou sous-préfet
- rédige les actes constatant les événements intervenus sur leurs territoires respectifs :
naissances, mariages, décès ;
- inscrit, sur ces actes, des mentions concernant les actes dont la rédaction a été opérée par un
autre officier d'état civil ou par jugement : ce sont les mentions en marge ou les transcriptions.
Exemple : En marge de l'acte de naissance qu'il a dressé, le maire inscrit le décès, le mariage,
le divorce de l'intéressé, les actes concernant sa nationalité.

L'acte de naissance centralise ainsi la plupart des événements concernant l'état civil d'un
individu.
b) Exceptionnellement, le tribunal peut intervenir dans l'établissement des actes de l'état
civil :
- soit pour rectifier des actes existants lorsque ceux-ci sont inexacts ou incomplets. Il s'agit de
jugements rectificatifs,'
Exemples .
- L'officier de l'état civil a omis de signer l'acte qu'il a dressé.
- Le nom patronymique a été mal orthographié, une particule a été omise.
- soit pour suppléer à des actes inexistants : ou bien l'acte n'a pas été établi, ou bien il a été perdu.
Ce sont les jugements supplétifs.

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Exemples.
- Les registres ont été perdus par faits de guerre, ou détruits dans un incendie.
- La naissance d'un enfant n'a pas été déclarée dans les trois jours ; un décès n'est pas
déclaré avant l'inhumation. Ils ne peuvent plus l'être lorsque le délai est expiré.
- Lorsqu'un individu a disparu, son acte de décès ne peut résulter que d'un jugement

20 Les actes de l'état civil sont inscrits sur des registres reliés (afin d'éviter la perte des feuillets
volants) et établis en deux exemplaires originaux (pour limiter les risques de perte des
registres), déposés l'un à la mairie ou à la sous-préfecture et l'autre au greffe du tribunal civil.

30 Les actes de l'état civil sont établis selon certaines formes, impérativement déterminées.
L'inobservation du formalisme est sanctionnée par la nullité dans tous les cas où la loi le
prévoit expressément, Dans les autres hypothèses, les tribunaux ont un pouvoir
d'appréciation.

II. UTILITÉ DES ACTES DE L'ÉTAT CIVIL

Les actes de l'état civil servent à faire la preuve de l'état civil et à informer les tiers.

A - FORCE PROBANTE DES ACTES DE L'ÉTAT CIVIL


Ce sont des actes authentiques. Ils font foi
- jusqu'à inscription de faux, pour toutes les mentions résultant d'une constatation
personnelle de l'officier d'état civil : date, lieu, identité,
- jusqu'à preuve contraire, pour toutes les mentions résultant dos déclarations faites par
les parties et les déclarants.
Exemple :
S'agissant d'une naissance : lieu, le jour, le fait de l'accouchement ne sont pas
vérifiés par l'officier d'état civil qui se borne à enregistrer les déclarations qui
lui sont faites.
La force probante des actes de l'état civil est attachée
- aux registres eux-mêmes ;
- aux copies, expéditions ou extraits qui en sont délivrés.

B- PUBLICITÉ DES ACTES DE L'ÉTAT CIVIL


L'état civil étant opposable à tous, les tiers ont intérêt à le connaitre,
Exemple :
Une partie un contrat a intérêt savoir si son co-contractant est capable : son âge, son
état de femme mariée, avec ou sans contrat, sont inscrits sur l'acte de naissance ou de
mariage.
Les registres de l'état civil ne sont donc pas secrets. Seulement leur communication et
consultation s'effectuent par la délivrance de copies intégrales ou des extraits.
Pour les extraits des actes de l’état civil, toute personne peut en obtenir copie. L’extrait
ne comporte pas certaines mentions à caractère personnel.

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- Pour les copies intégrales des actes de l’état civil, seuls les administrations publiques,
les héritiers, l'intéressé, ses ascendants, descendants et conjoint, et le ministère public
peuvent se faire délivrer des copies intégrales des actes de naissance, de décès et de
mariage. Les copies intégrales contiennent toutes les mentions relatives à la vie privée
des personnes qu’elles concernent.

La publicité de l'état civil des personnes est encore assurée par l'institution du répertoire
civil, qui centralise les informations concernant les incapables majeurs et le régime
matrimonial des époux.

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TITRE 2 LES PERSONNES MORALES
Les individus ressentent la nécessité de se grouper :
- pour rassembler des moyens d'action puissants (capitaux, influences diverses) qu'aucun
d'entre eux ne peut détenir à lui seul ;
- pour dépasser la durée de la vie humaine et assurer la pérennité de l'œuvre entreprise ;
- pour réaliser des buts et des intérêts de nature collective.
Afin de leur permettre d'accéder à une vie juridique propre, sans laquelle ils ne pourraient
fonctionner, le droit attribue à ces groupements de personnes, ou de biens (dans certaines
conditions) la personnalité juridique.
Sous le nom de personnes morales, les groupements d'individus constituent des personnes
distinctes des individus qui les composent, titulaires de droits et d'obligations différents de leurs
membres.
Pour certains auteurs, la personne morale n'est qu'une fiction : les groupements étant
nécessaires, la personnalité est une construction juridique civile leur permettant de fonctionner
et de remplir leurs buts.
Pour d'autres auteurs, la personne morale est une réalité elle est faite, à l'image du corps
humain, de multiples cellules formant un tout, et elle est douée d'une volonté propre : la volonté
collective.
Quelle que soit la théorie adoptée, en droit positif, l'étude de la personnalité morale
comprend celle de leurs différentes catégories, de l'existence et des attributs de la personne
morale.

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CHAPITRE I
CLASSIFICATION DES PERSONNES
MORALES
On distingue les personnes morales de droit public et les personnes morales de droit privé,
Section 1 : Les personnes morales de droit public
Ce sont :

I. LES COLLECTIVITÉS PUBLIQUES


A - L'ÉTAT, LES DÉPARTEMENTS ET LES
COMMUNES
Exemple : Organisation d'une commune ; la personne juridique comprend :
- une partie du territoire de Ila Côte d’Ivoire,
- un groupement d'habitants ;
- des biens : terrains, bois, mairies, écoles, véhicules,
- des organes : conseil municipal, municipalité, maire ;
- une vie juridique : perception des impôts et des revenus des biens
communaux, constructions, travaux, dépenses d'entretien, paiement des
salaires aux employés communaux, etc.

B - LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS

Ce sont des services publics dotés d'une autonomie grâce à un budget propre universités,
hôpitaux, chambres de commerce. Certains services publics ont une activité industrielle et
commerciale : Côte d’Ivoire Energie, etc.

II. CERTAINES PERSONNES MORALES ONT UN


CARACTÈRE MIXTE

L’Etat est alors soumis au droit privé : les ports autonomes d’Abidjan et de San-Pedro
présentent sous la forme de société anonyme où l'État est le seul ou le principal actionnaire.
Section 2 : Les personnes morales de droit privé

Les personnes morales de droit privé comprennent des groupements de personnes


et des groupements de biens.

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l. LES GROUPEMENTS DE PERSONNES
Ils sont classés en fonction du but qu'ils poursuivent : la recherche ou l'absence recherche
de bénéfices.

A - LES GROUPEMENTS DE PERSONNES A BUT NON LUCRATIF


Ce sont :

1° Les associations

Les associations sont des groupements dont les membres, appelés sociétaires, poursuivent
un but autre que le partage de bénéfices (article 1erde la loi du 1er juillet 1901). Le bénéfice
est constitué par tout gain pécuniaire ou matériel s'ajoutant à la fortune des associés.
Les buts poursuivis par les associations sont multiples : sportifs, artistiques, défense des
intérêts de leurs membres (associations de locataires...).
L'association ne peut acquérir la personnalité morale que si elle est déclarée : à cette fin,
les statuts doivent être rédigés par écrit et déposés à la préfecture ; une publicité est
effectuée au Journal officiel.
L'association non déclarée est licite, mais elle n'a pas de personnalité juridique.
L'association déclarée ne peut acquérir des biens à titre gratuit, ni des immeubles en
dehors de ceux qui sont nécessaires à son fonctionnement. On dit qu'elle a « la petite
personnalité

Une capacité plus étendue est accordée aux associations lorsqu'elles sont reconnues
d'intérêt public : elles peuvent alors recevoir des dons et legs.

2° Les syndicats professionnels


Ce sont des groupements dont l'objet essentiel est la défense des intérêts
professionnels de leurs membres.
A condition d'avoir déposé leurs statuts à la préfecture, les syndicats ont une
personnalité morale complète et la capacité d'acquérir des biens sans limitation.

3 0 Les congrégations religieuses


Leur formation est licite. Mais elles n'acquièrent la personnalité morale que par une
« reconnaissance administrative » résultant d'un décret. Les congrégations reconnues
sont soumises à un contrôle sévère de l'administration.

B - LES GROUPEMENTS DE PERSONNES A BUT LUCRATIF

Page | 49
Ils constituent les sociétés

1° Définition de la société
C'est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes (les associés) mettent
quelque chose en commun (biens, travail) en vue de partager le bénéfice ou de profiter
de l'économie qui peut en résulter (article 1 832 du Code Civil).

2° Classification des sociétés


On distingue les sociétés civiles et les sociétés commerciales.

a) Les sociétés civiles ont pour objet l'exercice d'une activité civile (agricole,
immobilière).

b) Les sociétés commerciales sont divisées en :


- sociétés de personnes : sociétés en nom collectif et sociétés en commandite simple. Les
associés s'associent en considération de la personne de chacun d'eux. Ils sont
commerçants et personnellement tenus (à l'exception des commanditaires) de la
totalité des dettes sociales.
- sociétés de capitaux : société anonyme et société en commandite par actions. La
personnalité des associés ne joue, en principe, aucun rôle. A l'exception des
commandités, les associés ne sont pas commerçants, et ils ne sont pas
personnellement tenus des dettes sociales.
- société à responsabilité limitée. Elle emprunte ses caractères aux deux catégories
précédentes : la personne des associés est prise en considération, mais ils ne sont pas
tenus des dettes sociales.

C - LES GROUPEMENTS D'INTÉRÊT ÉCONOMIQUE


Ils ont une nature hybride :

- ils ont pour objet de faciliter et de développer l'activité économique de leurs


membres, d'améliorer ou d'accroitre les résultats de cette activité ;
- ils peuvent ou non rechercher la réalisation et le partage de bénéfices.

II.LES GROUPEMENTS DE BIENS


Il arrive qu'une masse de biens soit affectée spécialement et perpétuité à une œuvre
d'intérêt Général : il s'agit de fondations. Cette affectation résulte de donations ou de legs
effectués par une personne physique.

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Lorsque le donateur ne veut pas que ces biens soient recueillis par une personne morale
déjà existante, ils sont affectés, à un établissement d'utilité publique, créé pour les recevoir.
La fondation nécessite donc l'existence ou la création d'une personne morale. L'étude des
personnes morales de droit privé intéresse seule, le droit civil.

CLASSIFICATION DES PERSONNES MORALES

PERSONNES MORALES DE DROIT PERSONNES MORALES DE DROIT


PUBLIC PRIVE

1. Etat. 1. Groupements de personnes


2. Collectivités locales - A but lucratif : sociétés.
3. Etablissements publics • Sociétés civils
• Universités • Sociétés commerciales :
• Chambres de commerce des personnes, des
• Hôpitaux capitaux, SARL
• Services publics - A but non lucratif :
administratifs • Associations déclarées,
• Services publics industriels et reconnues d’intérêt
commerciaux, entreprises public.
nationalisées… • Syndicats
professionnels
• Congrégations
religieuses
- Caractère hybride :
groupements d’intérêt
économique.
2. Groupements de biens
Fondations affectés à une personne
morale existant ou à un
établissement d’utilité publique crée
pour recevoir les biens.

Page | 51
CHAPITRE II

EXISTENCE
DE LA PERSONNALITÉ MORALE

Par imitation des personnes physiques, on dit quo los personne, morale de droit privé
naissent, vivent et meurent, il s'agit plutôt de la création, du fonctionnement et de la dissolution
des personnes morales.

Section 1 : Création des personnes morales


La création des personnes morales nécessite la réunion de trois éléments :
1° Une manifestation de volonté
L'acte initial de création d'une personne morale de droit privé résulte de la rencontre des
volontés de plusieurs individus : la société, l'association, le groupement d'intérêt économique
sont définis par les textes comme des conventions.
La création d'une personne morale est souvent précédée d'une période constitutive, d'une
durée plus ou moins longue, pendant laquelle les fondateurs accomplissent les actes
préliminaires indispensables à la vie de la future personne : rédaction des statuts, recherche
des partenaires, réunion des capitaux, formalités diverses.

2° Des mesures de publicité


L'acquisition de la personnalité morale est subordonnée à l'accomplissement de
formalités qui ont pour objet de renseigner les tiers avec qui la personne morale va être
amenée à traiter.

La personnalité morale est acquise :


- pour les sociétés, à dater de leur immatriculation au registre du
commerce.
- pour les associations, à partir de la déclaration qui en est faite à la
préfecture et pour les syndicats, par le dépôt des statuts à la préfecture,

3° L'intervention de l'État
Elle n'est jamais requise pour la licéité du groupement, mais elle est nécessaire à
l'acquisition de la personnalité morale :

Page | 52
- pour les congrégations religieuses : l'acte de reconnaissance leur confère la
personnalité juridique :
- pour les associations, la reconnaissance d'utilité publique leur permet d'accéder à la
« grande personnalité » ;
- pour les fondations, seule l'intervention de l'État créant un établissement d'utilité
publique attribue la personnalité aux biens légués ou donnés.

Section 2 : Fonctionnement de la personne morale

A la différence des personnes physiques, les personnes morales ne peuvent s'exprimer


et agir que par l'intermédiaire de personnes physiques : ce sont les organes de la personne
morale, qui la représentent et l'engagent par les actes qu'ils concluent en son nom.

Ces organes sont de natures diverses, en fonction des différentes formes de personnes
morales. Ils sont parfois imposés par la loi (sociétés commerciales), parfois librement
déterminés par les statuts du groupement.

On trouve généralement :
- un organe délibérant : l'assemblée générale des membres, souveraine et
compétente pour prendre les décisions les plus importantes.
Elle se réunit dans des cas et à des époques déterminées. Elle délibère et prend ses
décisions à des conditions variables selon les groupements et les hypothèses • majorité
simple ou renforcée, unanimité.
- un ou plusieurs organes de gestion qui assurent le fonctionnement quotidien du
groupement : administrateurs, conseil d'administration, direction générale ou
directoire et conseil de surveillance dans les sociétés anonymes, gérants dans les
sociétés de personnes et la société à responsabilité limitée ; président, secrétaire
général, trésorier formant le bureau dans les associations, etc.

Section 3 : Dissolution de la personne morale

La personne morale est caractérisée par sa pérennité : sa durée n'est pas nécessairement
liée à celle de la vie des membres qui la composent (dans les sociétés de personnes, sauf
clause contraire des statuts, le décès d'un associé entraîne dissolution de la société).
La personne morale prend fin par la dissolution qui résulte, soit d'une décision des
membres, soit de la volonté de l'État. Elle peut également cesser pour d'autres causes, telles
que la transformation, l'absorption par une autre personne morale, la scission.

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I. DISSOLUTION VOLONTAIRE
Elle intervient :
- par la survenance du terme fixé par les statuts, lorsqu'il en a été fixé un. Les membres
ont généralement la possibilité de proroger la société pour une nouvelle durée ,
- par décision de l'assemblée générale des membres, aux conditions de délibération fixées
par la loi ou les statuts (majorité qualifiée, unanimité).

II. DISSOLUTION FORCÉE


Elle résulte d'une décision extérieure aux associés :
- dans tous les cas où la personnalité juridique n'est acquise que par un acte de
reconnaissance de l'État (congrégations...), le retrait de cette reconnaissance entraîne
dissolution du groupement. Il en est de même lorsqu'une loi supprime ou déclare illicite
une catégorie de personnes morales.
- par jugement, lorsque la nullité du groupement est prononcée ou que son fonctionnement
est devenu impossible.
Exemples :
- La mésintelligence entre associés rend la vie sociale impossible : le tribunal
prononce la dissolution de la société sur demande des associés.
- Lorsque le groupe a un objet illicite : trafic d'armes, de stupéfiants, il est
susceptible d'être annulé.

A partir de sa dissolution, le groupement entre dans la période de liquidation. La liquidation


a pour Objet d'éteindre les droits et obligations du groupement les dettes doivent être payées;
l'actif restant (boni de liquidation) doit être dévolu à d'autres personnes.

Le boni de liquidation est réparti :


- entre les associés, dans les différentes formes de sociétés (à l'exception des
coopératives) ;
- à une autre personne morale, dans les groupements non sociétaires et les
coopératives.
Les statuts ou l'assemblée générale déterminent le groupement qui recevra biens.

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CHAPITRE III

LES ATTRIBUTS
DE LA PERSONNALITÉ MORALE
La personne morale est sujet de droits. Mais une différence sépare la personnalité morale
de la personnalité physique : alors que l'individu peut acquérir des droits et les exercer dans tous
les domaines reconnus par le droit, la personne morale ne peut le faire que dans le cadre de
l'activité définie par ses statuts, C'est le principe de spécialité des personnes morales, qui limite
l'étendue de la capacité des groupements.
Exemple : Les statuts d'une société décident que l'objet social est l'exploitation d'un
commerce de restaurant et toutes activités similaires : la société ne pourra acquérir
un fonds de commerce de prêt-à-porter ou de librairie. Si e//e veut le faire elle doit
modifier ses statuts.

L'objet social est généralement très largement défini, afin de laisser une grande capacité à
la société.
Dans la limite de sa spécialité, toute personne morale est toujours titulaire d'un certain
nombre de droits :
- elle peut ester en justice, en qualité de demandeur et de défendeur ; notamment, elle peut
défendre en justice l'intérêt collectif qu'elle représente, ainsi que son honneur ;
- elle est titulaire d'un patrimoine ;
- elle est titulaire de droits extrapatrimoniaux : nom, domicile, nationalité.

Section 1 : Le patrimoine de la personne morale


Il est constitué de l'ensemble des droits et obligations de nature pécuniaire, acquis par le
groupement. Il comprend notamment les bien apportés à la personne par ses membres lors de
la constitution.

Le patrimoine de la personne morale est autonome et indépendant de celui des


membres. Cela signifie que la personne morale est seule propriétaire de ses biens seule
débitrice de ses dettes, Il n'y a pas indivision.
Il en résulte que :
a) Les biens sociaux sont affectés exclusivement au paiement des dettes sociales Les
'créanciers personnels des associés n'ont aucun droit sur eux et ne peuvent les saisir
l'actif social est le gage exclusif des créanciers sociaux.

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b) Réciproquement, en principe, les créanciers du groupement ne peuvent pour suivre
leur paiement que sur les biens du groupement ; ils ne peuvent saisir les biens personnels
des membres (exception : les sociétés en nom collectif).
c) Le tiers, débiteur de la société et créancier d'un associé, ne peut invoquer la
compensation pour refuser de payer sa dette à la société, car les personnes et les
patrimoines sont différents.
d) Le droit des membres sur le patrimoine du groupement (inexistant dans les
groupements à but non lucratif), n'est pas un droit de propriété (dans les différentes
formes de sociétés). C'est une sorte de droit de créance, qui porte le nom de part sociale
(part d'intérêt dans les sociétés de personnes, action dans les sociétés de capitaux) et qui
donne droit
- à une part de bénéfice durant la vie sociale
- à une part d'actif à la dissolution de la société.
Le patrimoine de la personne morale est administré par les organes du groupement.

Section 2 : Les attributs extra-patrimoniaux de la personne morale

Ces attributs sont, comme en ce qui concerne les personnes physiques, des moyens
d'individualisation du groupement. Ce sont :

1° Le nom
Le nom est déterminé par les statuts du groupement et peut être modifié en suivant la
procédure des modifications statutaires. Il n'est donc pas immuable.
Le nom est qualifié de
- raison sociale, pour les sociétés de personnes. Il comprend les noms patronymiques des
associés ou de certains d'entre eux ;
- dénomination, pour les autres formes de sociétés. C'est alors une appellation de fantaisie,
généralement tirée de l'objet social ou du lieu d’activité,
Exemple : Forges et aciéries du Creusot. — titre pour les associations.

2° Le domicile
Le domicile est qualifié de siège social. Il est fixé par les statuts au lieu du principal
établissement du groupement. En matière de sociétés, ce n'est pas le lieu d'exploitation,
aussi important soit-il, mais celui où se trouvent les organes de prise de décision.
En cas de contradiction entre le lieu fixé par les statuts et le principal établissement,
c'est ce dernier qui prévaut en tant que siège réel
Le domicile des personnes morales détermine le tribunal compétent pour connaître :
a) des contestations entre :
- la personne morale et ses membres ;
- la personne morale et les tiers, lorsque celle-ci est défenderesse.

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Cependant, par exception à ce principe, la jurisprudence permet aux tiers d'assigner
les personnes morales devant la juridiction du lieu où elles ont un établissement important.
Cette solution présente l'avantage d'éviter l'encombrement des juridictions
ivoirienne (la plupart des sociétés importantes ayant leur siège à Abidjan) et de faciliter
l'action des demandeurs résidant à l’intérieur qui peuvent ainsi plaider sur place. Donnée
à propos de litiges concernant une compagnie ferroviaire, cette solution est connue sous le
nom de « jurisprudence des gares principales

b) des procédures de liquidation de biens et règlement judiciaire concernant les


personnes morales de droit privé.

3° La nationalité
Les sociétés ont une nationalité déterminée en fonction du domicile : elles ont en principe
la nationalité du pays où se trouve leur siège social. Dans certains cas, la nationalité des
associés et des dirigeants est également prise en considération pour déterminer la
nationalité de la société.
En définitive, la personnalité morale a un contenu et un régime qui varient en fonction des
différentes formes de groupements existants. Elle ne peut pas faire totalement abstraction
des individus qui la composent et interfèrent dans son fonctionnement.

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TITRE 3 : LA CAPACITÉ - LES INCAPACITÉS

DÉFINITIONS

La capacité revêt deux aspects : la capacité de jouissance et la capacité d'exercice.


1° La capacité de jouissance est l'aptitude à être titulaire de droit, l'incapacité de
jouissance est donc une privation de droit.
Exemple : Jean a 14 ans : il n'a pas le droit de se marier ni de faire son
testament (incapacité de jouissance),
Si l'incapacité de jouissance s'étendait à tous les droits dont un individu peut être titulaire,
elle équivaudrait à une privation de la personnalité juridique. C'est pourquoi les incapacités de
jouissance sont actuellement rares et toujours limitées à certains actes de la vie juridique,
On trouve notamment : l'interdiction de donner et de recevoir qui frappe les condamnés à
certaines peines criminelles ; la déchéance de l'autorité parentale, qui prive un parent de ses
droits d'exercer cette autorité sur l'enfant, l'interdiction des ventes entre époux, l'interdiction de
faire son testament pour le mineur de moins de seize ans, les incapacités de jouissance frappant
les personnes morales, et en particulier les associations...

2° La capacité d'exercice est l'aptitude à exercer les droits dont on est titulaire.
Exemple : Jean a 14 ans,' il est propriétaire d'une maison (capacité de jouissance),
mais il ne peut exercer lui-même son droit de propriété en louant ou en vendant cette
maison (incapacité d'exercice).

L'individu qui jouit à la fois de la capacité de jouissance et de la capacité d'exercice est


dit pleinement capable. Les incapacités ont un caractère exceptionnel : « la capacité est la règle,
l'incapacité l'exception Toute personne est donc capable, sauf les cas où la loi a expressément
prévu une incapacité.
Seules les incapacités d'exercice sont étudiées dans ce chapitre ; l'incapable y désignera
donc celui qui est privé de la capacité d'exercice.

3° Causes d'incapacité d'exercice


L'incapacité est une mesure de protection d'individus qui, pour des raisons
diverses, sont en état d'infériorité. Elle peut également apparaître comme une sanction.

L'incapacité résulte :
- de l'âge : il s'agit des mineurs de moins de 18 ans,
- de l'altération des facultés mentales ou physiques : il s'agit de majeurs, aliénés
faibles d'esprit, prodigues, handicapés ;
- Dans ces deux cas, l'incapacité a pour objet de protéger ces individus «
diminués ».

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- de certaines condamnations : il s'agit des interdits légaux. Le régime de
l’incapacité apparaît essentiellement comme une sanction.

4° Mécanisme de protection
• Ou bien un représentant exerce les droits de l'incapable pour le compte de celui,
ci ; c'est le système de la représentation : mineur non émancipé, majeur en
tutelle.
• Ou bien l'incapable agit lui-même, mais avec l'autorisation d'un tiers qui le
contrôle c'est le système de l'assistance et c'est le cas du majeur en curatelle.
La représentation et l'assistance des incapables associent la famille et l'autorité
judiciaire.

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CHAPITRE I

LE MINEUR

Le mineur est l'individu de l'un ou l'autre sexe qui n’a point encore atteint l'âge de 18 ans
révolus.
L'incapacité du mineur de 17 ans, est le droit commun. Exceptionnellement, à partir de
16 ans, le mineur peut accéder à la pleine capacité civile par l'émancipation,
Il existe donc deux catégories de mineurs qui diffèrent par la capacité dont ils jouissent :
ce sont les mineurs émancipés et les mineurs non émancipés.

Section 1 : Le mineur non émancipé


Il est en principe totalement incapable ; son représentant exerce pour lui tous les actes
de la vie juridique.
Cependant, pour tenir compte de certaines nécessités pratiques, on est amené à
reconnaître au mineur, à partir d'un certain âge qui se situe aux environs de seize ans, le
droit de faire lui-même un certain nombre d'actes :
a) les actes conservatoires qui sont sans danger pour lui : interrompre une
prescription, requérir réinscription d'une hypothèque ;

b) certains actes d'administration ;


c) certains actes relatifs à sa personne :
- avec l'autorisation des parents : consentir à son mariage, à son adoption (à partir
de 16 ans), réclamer la nationalité ivoirienne, la répudier ou demander sa
naturalisation ;
- sans autorisation : reconnaître un enfant naturel, intenter une action en recherche
de paternité ou de maternité. A partir de seize ans : conclure un contrat de travail
ou d'apprentissage, faire son testament, ouvrir un livret de caisse d'épargne,
adhérer à un syndicat professionnel, obtenir le permis de conduit ;
d) les actes de la vie courante : achats de denrées, etc.
En dehors de ces actes exceptionnellement permis à l'adolescent de 15 ou
16 ans, l'incapacité mineurs est générale ; la protection de la personne, des
biens, et l'exercice des droits et Obligation des mineurs non émancipés sont
réalisés par l'application des régimes de l'autorité parentale, i l'administration
légale et de la tutelle. Ces différents régimes s'appliquent en fonction du statut
familial du mineur :

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1. Le régime de l'autorité parentale et de l'administration légale s'applique à la
personne et aux biens des mineurs :
- enfants légitimes ou adoptifs dont l'un des parents au moins est vivant et
en état d'exercer l'autorité parentale ;
- enfants naturels reconnus par l'un au moins de leurs père et mère,

2-Le régime de la tutelle assure la protection de la personne et des biens


des enfants mineurs :
- légitimes, adoptifs ou naturels reconnus, dont aucun parent n'est vivant ou
n'a l'exercice de l'autorité parentale ;
Exemples :
— Jean, enfant légitime, est orphelin de père et de mère : il est soumis au
régime de la tutelle,
— Pierre, enfant légitime a perdu sa mère, et son père est déchu de
l'autorité parentale par condamnation pour abandon de famille : il est
également en tutelle.
- naturels non reconnus ;
- soumis à l'autorité parentale, quand le juge des tutelles en a ainsi décidé.
Dans tous les cas, le juge des tutelles assure la surveillante des administrations
légales et des tutelles de son ressort. Son rôle consiste à :
• autoriser certains actes que le représentant ne peut accomplir seul ;
• prendre des décisions particulières, telles que la désignation d'un
administrateur ad hoc en cas d'opposition d'intérêts entre le représentant
et le mineur, ou la constitution de sûretés, sur les biens du représentant au
profit du mineur ;
• transformer l'administration légale en tutelle pour cause grave soit
d'office, soit à la demande de la famille du mineur.

I. ADMINISTRATION LÉGALE ET AUTORITÉ PARENTALE


L'autorité parentale s'exerce :
- sur la personne du mineur. Elle comprend le droit et le devoir de garde, de
surveillance et d'éducation du mineur ;
- sur les biens du mineur, Elle consiste dans l'administration légale et la
jouissance légale.
1° La jouissance légale des biens du mineur

a) C'est un droit d'usufruit, de nature particulière, sur les biens du mineur :


- Il porte sur le surplus des revenus de l'enfant, après règlement des dépenses
d'entretien et d'éducation de celui-ci ;
- il est incessible et insaisissable entre les mains des parents ;
- l'usufruitier légal est dispensé de fournir caution.

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b) Échappent à la jouissance légale, les biens :
- que l'enfant acquiert par son travail séparé ;
- qui lui sont donnés ou légués sous condition qu'ils échappent à la jouissance légale.
c) La jouissance légale prend fin par :
- les causes d'extinction de tout usufruit,
- l'émancipation du mineur ;
- l'arrivée de l'âge de 16 ans.
2° L'administration légale des biens du mineur

Elle s'ouvre à la naissance de l'enfant et prend fin par la majorité, l'émancipation, la mort
de l'enfant, ou l'ouverture de la tutelle sur décision du juge des tutelles.
La loi sur la minorité distingue l'administration légale pure et simple et
l'administration légale sous contrôle judiciaire. Elles ne diffèrent qu'en ce qui
concerne les enfants visés et les pouvoirs de l'administrateur légal.
L'étendue des pouvoirs de l'administrateur légal dépend de la gravité des actes à
accomplir. On distingue ceux qu'il peut faire seul (actes conservatoires et
d'administration), et ceux pour lesquels il doit obtenir l'autorisation du conjoint, du juge
des tutelles, ou des deux.

II. LA TUTELLE DU MINEUR NON ÉMANCIPÉ


A - DÉFINITION
La tutelle est un régime de protection des intérêts du mineur. Les biens et la personne du
mineur sont confiés à un tuteur. Elle prend fin par la majorité ou l'émancipation du mineur.

B - CARACTÈRES
La tutelle est une charge
- personnelle : elle ne se communique pas au conjoint du tuteur et ne se transmet pas
à ses héritiers ;
- obligatoire, pour les membres de la famille qui sont parents ou alliés des père et mère
du mineur. Ceux-ci ne peuvent en être dispensés qu'en faisant valoir une excuse telle
que l'âge, la maladie, l'éloignement, des occupations professionnelles ou familiales
particulièrement lourdes.

Les père et mère, lorsqu'ils sont tuteurs, ne peuvent jamais être dispensés de la tutelle ;
- gratuite, mais le conseil de famille peut, au début de la tutelle, fixer les indemnités qui
pourront être allouées au tuteur.
-

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C - ORGANISATION

La tutelle comprend deux types d'organes :


a) un organe actif : le tuteur,
b) deux organes de contrôle :

- contrôle familial, confié au subrogé-tuteur et au conseil de famille ;


- contrôle judiciaire, confié au juge des tutelles,
1° Le tuteur
En principe, le tuteur est unique. Cependant, la tutelle peut être divisée entre un tuteur
à la personne et un tuteur aux biens, En outre, un tuteur ad hoc peut être chargé de
l'accomplissement d'un acte déterminé, notamment lorsque les intérêts du tuteur et du
mineur sont en opposition.

a) Modes de désignation
Le tuteur peut être désigné de quatre manières différentes.
1. Tutelle testamentaire
Le survivant des parents, lorsqu'il était investi de l'administration légale ou de
la tutelle, peut seul désigner le tuteur :
- soit par testament ;
- soit par déclaration devant notaire.
Le tuteur ainsi désigné peut-être soit un parent, soit un étranger à la famille.
2. Tutelle légale
A défaut de tuteur testamentaire, la tutelle de l'enfant légitime est confiée à
l'ascendant le plus proche en degré. A égalité de degré, en cas de concours
entre les ascendants des deux branches, ou entre ascendants d'une même
branche, le tuteur est choisi par le conseil de famille.

3. Tutelle dative
A défaut de tuteur testamentaire ou légal, le tuteur est désigné par le conseil
de famille, pour toute la durée de la tutelle.
Il est remplacé s'il survient des circonstances graves, des incapacités, des
excuses, et en cas de décès du tuteur.

4. Tutelle de l'Etat
Elle est exercée par le juge des tutelles, en cas de vacance de la tutelle.
b) Conditions que doit remplir le tuteur

Font obstacle à la désignation en qualité de tuteur :


- les incapacités : les incapables majeurs ne peuvent jamais être tuteurs ; les mineurs ne
peuvent assurer la tutelle que de leurs propres enfants ;

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- les exclusions de la tutelle : elles s'appliquent aux condamnés à des peines
afflictives et infamantes et aux parents déchus de l'autorité parentale.
Si une cause d'incapacité ou d'exclusion survient au cours de la tutelle, elle provoque
la destitution tuteur et son remplacement,

2° Le contrôle familial

Il est exercé par le subrogé tuteur et le conseil de famille.

a) Le subrogé tuteur

Désignation

Le subrogé tuteur est toujours désigné par le conseil de famille. Il est choisi de
préférence dans une autre ligne que le tuteur.
Les causes d'incapacité, d'exclusion et les excuses sont communes au tuteur et au
subrogé tuteur

Rôle
Le subrogé tuteur :
- Surveille la gestion du tuteur ;
Il doit contresigner certains actes du tuteur ; il reçoit le compte annuel de tutelle, etc.
Il doit informer le juge des tutelles s'il relève des irrégularités dans la gestion du tuteur.
Il provoque la nomination d'un nouveau tuteur en cas de décès, d’incapacité du tuteur
ou d'abandon de la tutelle ;

- Supplée le tuteur pour conclure les actes dans lesquels le tuteur est en opposition
d'intérêts avec le mineur.
Exemple : Le tuteur ne peut prendre à loyer » les biens du mineur « à moins que
le conseil de famille n'ait autorisé le subrogé tuteur à lui en passer bail »
b) conseil de famille.
1. Composition
Le conseil de famille est composé de 4 à 6 membres « y compté le subrogé tuteur, mais
non le tuteur ni le juge des tutelles »,
Les membres du conseil de famille sont désignés, par le juge des tutelles, pour la durée
de la tutelle. Ils sont choisis parmi les parents ou alliés des père et mère du mineur, ou même
parmi leurs amis. C'est l'intérêt porté à l'enfant qui doit être déterminant du choix fait par le juge.
Dans la mesure du possible, le juge des tutelles doit s'efforcer d'assurer la représentation
des deux branches paternelle et maternelle.

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2. Rôle du conseil de famille
Sa mission s’exerce :

- sur la personne du mineur ; il autorise le mariage du mineur (à défaut


d'ascendants), son adoption ; il demande son émancipation ; il décide de la conduite
son éducation ;
- sur les biens du mineur.
Il nomme le tuteur datif ct le subrogé tuteur ; il statue sur les exclusions et
excuses, et prononce la destitution du tuteur.
Il fixe le budget de la tutelle, autorise certains actes importants, et peut être appelé
à statuer sur les comptes du tuteur.
Le tuteur assiste au conseil de famille, mais ne vote pas. Le mineur âgé de 16 an;
révolus peut, si le juge l'estime utile, assister à la réunion à « titre consultatif ».

3° Le contrôle judiciaire
Il est exercé par le juge des tutelles, organe commun à la tutelle et à l'administration
légale.
Le juge des tutelles assure la surveillance générale des tutelles de son ressort
- il autorise le tuteur à conclure les actes dangereux pour le mineur ;
- il organise et préside le conseil de famille,
- il défère la tutelle à l'État lorsque celle-ci est vacante.

D - FONCTIONNEMENT
La tutelle, à l'image de l'autorité parentale, a une fonction de protection de la
personne et des biens du mineur.

1° Protection de la personne du mineur


Le tuteur « prend soin de la personne du mineur... ».
Il exerce le droit de garde : le mineur est domicilié chez lui et il doit assurer son
éducation.
L'entretien du pupille est normalement assuré par les revenus des biens de celui-ci. Le
conseil de famille règle les conditions générales de l'entretien et de l'éducation de l'enfant, en
respectant la volonté que les père et mère ont pu exprimer à ce sujet.

20 Administration des biens du mineur


Le tuteur n'a pas la jouissance légale des biens du mineur.
Ses pouvoirs varient suivant la gravité des actes qu'il accomplit. Le conseil de famille
donne les autorisations nécessaires. Le subrogé tuteur et le juge des tutelles surveillent
l'ensemble de la gestion.

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III. SANCTIONS DE L'INCAPACITÉ DU MINEUR NON ÉMANCIPÉ

Les actes accomplis par le mineur non émancipé ou par son représentant au mépris règles
de protection de l'incapable peuvent être contestés au moyen de deux : l'action en nullité relative
et l'action en rescision pour lésion.

A - NULLITÉ RELATIVE
C’est la sanction normale de l'incapacité.

1° Cas de nullité
Peuvent ainsi être annulés tous les actes que le mineur ou son représentant n’accomplir
qu'en respectant certaines formes ou en demandant diverses autorisations.
Exemples.

- Le père administrateur légal sous contrôle judiciaire, aliène des valeurs mobilières
appartenant au mineur, sans l'autorisation du juge des tutelles.

- Le tuteur fait apport en société d'un immeuble du mineur sans l'autorisation du conseil
de famille.

- Le mineur de seize ans conclut un contrat de travail sans y être autorisé.


2° Régime de la nullité
L'action en nullité ne peut être exercée que par le mineur (lorsqu'il aura atteint majorité)
son représentant légal (pendant la minorité).

Elle s'éteint par la confirmation et par la prescription mineur devenu majeur peut
confirmer l'acte nul ; l'action en nullité se prescrit par cinq ans à compter de la majorité ou de
l'émancipation.

Effets de la nullité
La nullité est rétroactive : si l'acte a été exécuté, le cocontractant du mineur restituer
l'intégralité des prestations fournies.
Le mineur, en revanche, ne doit restituer que ce qui a tourné à son profit (art. 1312
Code civil).
Exemple : Le mineur emprunte des fonds et les dilapide, Devenu majeur, i/ obtient la nullité du
prêt : il ne doit rien restituer puisqu'il ne lui reste rien.

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B - LA RESCISION POUR LÉSION

Cette action permet à l'incapable de contester certains actes accomplis irrégulièrement,


mais qui ne peuvent faire l'objet de l'action en nullité relative et qui lui causent un préjudice. Il
s'agit :

a) de tous les actes que le mineur a accomplis seul, alors qu'ils auraient
dû l'être par son représentant agissant seul ,
Exemple : Le mineur aliène des meubles d'usage courant, ou des fruits ; il accepte
lui-même une succession sous bénéfice d'inventaire.

b) de tous les actes de la vie courante qu'il peut accomplir seul, à


l'exception des engagements pris dans l'exercice d'une profession.

Dans tous ces cas, l'action en rescision ne peut être exercée que si le mineur subit une
lésion. La loi ne fixe aucun taux de lésion c'est donc aux juges qu'il revient d'apprécier
l'importance du préjudice subi par le mineur.

Le régime et les effets de l'action en rescision pour lésion sont les mêmes que pour
l'action en nullité relative

Section 2 : Le mineur émancipé


L'émancipation met fin au régime de la minorité, avant l'âge de la majorité.

I. CAS D'ÉMANCIPATION
L'émancipation résulte :

- du mariage du mineur. Elle se produit alors de plein droit,

- d'une décision du juge des tutelles, rendue à la demande des parents ou de l'un
d'entre eux (le second étant entendu par le juge) ou du conseil de famille si l'enfant n'a
ni père, ni mère. Cette demande ne peut être formée que lorsque le mineur est âgé de
seize ans au moins. Le juge des tutelles apprécie l'opportunité de l'émancipation qu'il
ne peut prononcer que s'il y a de justes motifs. L'émancipation est définitive,
irrévocable. Elle prend fin à la majorité du mineur.

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Il. EFFETS DE L'ÉMANCIPATION

1° Sur la personne du mineur


En principe, l'émancipation met fin à l'autorité parentale : « le mineur émancipé cesse
d'être sous l'autorité de ses père et mère ». Il en résulte que :
a) Le mineur émancipé peut avoir un domicile personnel.
b) Ses parents ne sont plus responsables des dommages qu'il peut causer.
cependant, l'émancipation laisse subsister .
a) L'obligation d'entretien qui pèse sur les parents.
b) L'obligation pour le mineur émancipé d'obtenir le consentement de ses
parents pour se marier et pour être adopté.

2° Sur le patrimoine du mineur


Principe : « le mineur émancipé est capable comme un majeur, pour tous les actes de
la vie civile ».
En conséquence :

- le compte d'administration ou de tutelle doit lui être rendu ,


- il peut exercer une profession.
Exception : le mineur émancipé ne peut être commerçant.

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CHAPITRE Il

LES INCAPABLES
MAJEURS
En principe, tous les majeurs de 18 ans sont pleinement capables d'exercer tous les droits
dont ils sont titulaires. L'incapacité des majeurs a donc un caractère exceptionnel,
1 0 Domaine de l'incapacité des majeurs. Cette incapacité résulte :
a) Du fait que certains majeurs ont besoin d'être protégés (articles 488 et 490 du Code
civil),
- soit qu'ils souffrent d'une altération de leurs facultés mentales causée par une maladie,
une infirmité, ou par l'affaiblissement dû à l'âge ;
- soit que l'altération de leurs facultés corporelles empêche l'expression de la volonté ;
- soit que par prodigalité, intempérance ou oisiveté, ils s'exposent à tomber dans le
besoin ou compromettent l'exécution de leurs obligations familiales.
La protection accordée par la loi aux majeurs ainsi diminués varie en fonction de la
gravité de l'altération de leurs facultés.
On peut distinguer quatre régimes de protection :

- les majeurs en tutelle, dont l'altération de leurs facultés est telle qu'ils doivent être
représentés d'une manière continue dans les actes de la vie civile,
- les majeurs en curatelle, qui peuvent agir par eux-mêmes, mais qui ont besoin d'être
conseillés, contrôlés dans leurs actes ;
- les majeurs sous sauvegarde de justice, qui doivent être simplement protégés dans
l'accomplissement* des actes de la vie civile ;
- les majeurs atteints d'un trouble mental, qui ne font l'objet d'aucune mesure
préalable de protection, mais peuvent, après coup, demander la nullité de certains de
leurs actes.
Dans les deux premiers régimes, la protection est continue, alors que dans les deux
derniers, elle n'est qu'occasionnelle.
b) De la condamnation à certaines peines.
L'incapacité qui frappe ces condamnés à un caractère de sanction : c'est l'interdiction
légale.
20 Caractères généraux de la protection des majeurs dont les facultés sont altérées.
Les régimes de tutelle, de curatelle et de mise sous sauvegarde de justice présentent
les caractères suivants.
• L'incapacité résulte toujours d'une décision du juge des tutelles à qui il revient
de choisir le régime applicable à l'intéressé.
• Ce choix est indépendant du traitement subi par l'incapable : il n'est pas lié à
son internement et ne dépend que du degré d'altération des facultés.
• Le régime de protection combine les rôles de la famille, du juge et du médecin.
Ce dernier joue un rôle essentiel. L’altération des facultés doit toujours être
médicalement établie.

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• Le juge des tutelles et le procureur de la République peuvent visiter l'incapable
et prendre certaines mesures protectrices de ses intérêts,
• Une importance particulière est donnée à la protection du logement et des
meubles de l'incapable tout doit être mis en Œuvre pour que celui-ci retrouve
son habitation (dans l'hypothèse d'internement).
Tout acte de disposition devra être autorisé par le juge des tutelles après avis du
médecin traitant.

I. LA TUTELLE DES MAJEURS

A - CONDITIONS D'OUVERTURE DE LA TUTELLE


Le régime de la tutelle s'applique :

- à tout majeur raison de l'altération de ses facultés mentales ou corporelles, a besoin


d'être représenté d'une manière continue dans les actes de la vie civile,

- également à un mineur, qu'il soit ou non émancipé, dans la dernière année de sa


minorité. Elle prend alors effet au jour de la majorité.
Même lorsque ces conditions sont remplies, le régime de la tutelle peut néanmoins être
écarté dans les cas suivants.
1° L'application du régime matrimonial suffit à la protection des intérêts de l'incapable.
Exemple : Une femme mariée commune en biens n'a pas de biens propres. Sa mise en
tutelle n'est pas nécessaire, puisque le mari jouit des pouvoirs nécessaires pour administrer la
communauté.
2° Le majeur a un conjoint, un ascendant, un descendant, un frère ou une sœur apte à
gérer ses biens, Le juge des tutelles peut alors décider que ce parent sera chargé de la gestion
du patrimoine de l'incapable suivant les règles de l'administration légale sous contrôle judiciaire
(cf. ci-dessus : mineur), sans subroger tuteur ni conseil de famille.
3° L'administration légale peut encore être prononcée par le juge des tutelles lorsque le
régime de la tutelle ne peut fonctionner, l'incapable n'ayant pas de parents en nombre suffisant
pour constituer le conseil de famille.
4° L'importance des biens à gérer ne justifie pas la mise en place des organes de tutelle :
il y a simple
« gérance de la tutelle ».
Exemple : L 'incapable a pour toute fortune une retraite d'invalide de guerre, ou l'usufruit
d'un appartement. La gestion des biens est alors assurée par un gérant de I la tutelle, agissant
sous le contrôle du juge des tutelles, sans subrogé tuteur ni conseil de famille.
Le gérant de la tutelle a des pouvoirs limités à l'administration des biens ; il perçoit les
revenus de l'incapable et doit les employer à l'entretien de celui-ci et au paiement de ses
obligations alimentaires. L'excédent doit être versé à un compte ouvert chez un dépositaire
agréé. Le gérant doit rendre compte chaque année au juge des tutelles.

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B - PROCÉDURE DE MISE EN TUTELLE
1° La demande d'ouverture de la tutelle peut être formée par requête au juge des tutelles
émanant de :
- l'intéressé lui-même;
- son conjoint « à moins que la vie commune n'ait cessé » ;
- ses ascendants, descendants, frères et sœurs ;
- son curateur, ou du ministère public.
La requête doit détailler les faits susceptibles de justifier la protection légale.
La procédure peut également être mise en Œuvre d'office par le juge des tutelles,
notamment lorsque le majeur n'a pas de famille, sur avis des parents ou amis ou du médecin
traitant.

2° Le juge constate l'altération des facultés d'après :

- un certificat établi par un médecin spécialiste choisi par le procureur de la République


sur la liste des experts dressée par la Cour d’Appel ;
- l'avis du médecin traitant ;
- et après audition de la personne visée (à moins que cette audition soit de nature å
porter préjudice à sa santé) et avis du conseil de famille.

3° L'affaire est jugée en chambre du conseil après observations du conseil du


requérant, de la personne à protéger et du procureur de la République. Et la décision est
rendue en audience publique. Le jugement est notifié au majeur et au requérant qui peuvent
interjeter appel.

4° La décision de mise en tutelle fait l'objet d'une mesure de publicité :

• L'extrait du jugement est transmis au greffe du tribunal du lieu de naissance.


• Il en est fait mention en marge de l'acte de naissance,
• La décision est opposable aux tiers deux mois après cette inscription, à moins
qu'ils n'en aient eu personnellement connaissance.

C - ORGANISATION DE LA TUTELLE
1° Désignation du tuteur.
• Tutelle légale : l'époux est tuteur de son conjoint, à moins que la communauté de vie
ait cessé ou que le juge des tutelles n'en décide autrement.
• Tutelle dative : à défaut de conjoint, le tuteur est choisi librement par le conseil
de famille.
Ne peuvent être tuteurs : les personnes incapables ou exclues, le médecin traitant,
l'établissement de traitement de l'incapable et les personnes qui y sont rémunérées.

2° Fonctionnement de la tutelle.

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Les règles concernant la tutelle des mineurs sont applicables à la tutelle des
majeurs.

D - FIN DE LA TUTELLE
Article 507 du Code civil : la tutelle cesse avec les causes qui l'ont déterminée. Elle fait l'objet d'un
jugement de mainlevée et l'accomplissement des formalités identiques à celles requises pour
son ouverture.
Le jugement est opposable aux tiers dans les mêmes conditions que le jugement portant
ouverture.
Le majeur reprend alors l'exercice de ses droits.

E - L'INCAPACITÉ DU MAJEUR EN TUTELLE


Elle réagit sur les actes passés après et même avant la mise en tutelle.

1° Actes postérieurs à l'ouverture de la tutelle.


a) Le majeur en tutelle peut accomplir :
- les actes courants;
- certains actes de caractère strictement personnel. Il peut se marier et conclure
son contrat de mariage avec le consentement du conseil de famille et après avis
du médecin traitant,
- les donations au profit du conjoint ou des descendants du majeur en tutelle
peuvent être faites en son nom avec l'autorisation du conseil de famille ;
- les actes pour lesquels il a obtenu l'autorisation du juge des tutelles.

b) Les autres actes accomplis par le majeur en tutelle sont nuls. Il en est ainsi

notamment, du testament,

Les actes irrégulièrement accomplis par le majeur en tutelle sont nuls de nullité relative
: celle-ci eut être invoquée que par l'incapable lorsqu'il a retrouvé sa capacité, ou par son
représentant légal pendant l'incapacité.

La nullité peut être couverte par la confirmation ; l'action est éteinte par la prescription
de cinq ans.

2° Actes antérieurs à l'ouverture de la tutelle

Ces actes « pourront être annulés si la cause qui a déterminé l'ouverture de la tutelle
existait notoirement à l'époque où ils ont été faits » (article 503 du Code civil),
Le fait que la tutelle soit prononcée à l'égard d'un individu facilite l'annulation des actes
antérieurs, en rendant plus aisée la preuve de l'insanité mentale de leur auteur l'époque de l'acte,
L'annulation est facultative pour le juge.

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Le testament antérieur à l'ouverture de la tutelle reste valable. Mais il peut être révoqué
judiciairement « si la cause qui avait déterminé le testateur à disposer a disparu » (article 504,
al. 2, Code civil),

Il. LA CURATELLE DES MAJEURS


A - OUVERTURE DE LA CURATELLE
Le régime de la curatelle s'applique au majeur :
- dont les facultés mentales ou corporelles sont altérées et qui, sans être hors d'état
d'agir lui-même, a besoin d'être contrôlé ou conseillé ;
- qui, par sa prodigalité, son intempérance ou son oisiveté s'expose à tomber dans
le besoin ou compromet l'exécution de ses obligations familiales,
La procédure d'ouverture de la curatelle et la publicité de la décision prise par le juge
sont identiques à celles de la mise en tutelle (sous réserve qu'en matière de prodigalité,
l'avis médical n'est pas nécessaire),

B - ORGANISATION DE LA CURATELLE

La curatelle ne comprend qu'un seul organe : le curateur.


1° Désignation du curateur
• Curatelle légale : l'époux est curateur de son conjoint, à moins que la
communauté de vie n'ait cessé entre eux, ou que le juge des tutelles n'en
décide autrement.
• Curatelle dative : le curateur est désigné par le juge des tutelles.
Les dispositions relatives aux incapacités, excuses, aux causes de destitution et de
récusation du tuteur sont applicables au curateur.

2° Rôle du curateur
Le curateur assiste l'incapable, qui agit lui-même. Il ne peut qu'accorder ou refuser son
assistance.
En cas de refus d'assistance, l'incapable a un recours devant le juge des tutelles.

C - INCAPACITÉ DU MAJEUR EN CURATELLE


1° Le majeur en curatelle doit être assisté de son curateur pour
- accomplir tous les actes qui, sous le régime de la tutelle, nécessitent l'autorisation
du conseil de famille ;
- recevoir des capitaux, et en donner décharge ;
- faire des donations entre vifs, quelle que soit la personne du gratifié ;
- contracter mariage et conclure son contrat de mariage.

Sanctions des actes accomplis par le majeur seul, alors qu'ils nécessitaient l'assistance
du curateur Ces actes sont nuls de nullité relative.

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• La nullité ne peut être demandée que par le curateur ou par l'incapable redevenu
capable,
• La nullité peut être couverte par une confirmation.
• L'action en nullité se prescrit par cinq ans.
2° Le majeur en curatelle peut accomplir seul les actes suivants ,
- faire son testament ;
- reconnaître un enfant naturel,
- exercer les actions en justice de caractère patrimonial,
- exercer l'autorité parentale sur ses enfants.
Les actes que le majeur peut accomplir seul peuvent être rescindés pour lésion ou réduits
pour excès,
D - FIN DE LA CURATELLE
La curatelle prend fin « de la même manière que la tutelle des majeurs » (article 509 du Code
civil).

III. LES MAJEURS SOUS SAUVEGARDE DE JUSTICE


Peut être placé sous sauvegarde de justice le majeur qui, en raison de l'altération de ses
facultés mentales ou corporelles « a besoin d'être protégé dans les actes de la vie civile », ou qui
fait preuve de prodigalité, intempérance ou oisiveté.
Ce système assez souple s'adapte à des situations diverses, en tenant compte du degré
d'altération des facultés mentales ou physiques et de l'importance du patrimoine de la personne
protégée.

A — PROCÉDURE
Le placement sous sauvegarde de justice résulte, soit d'une déclaration médicale, soit
d'une décision du juge des tutelles.
1° Déclaration médicale
La déclaration du médecin est faite au procureur de la République. Elle peut être :
- obligatoire, lorsque la personne est soignée dans un établissement public ou dans
un des établissements privés figurant sur une liste établie par le ministre chargé
des affaires sociales ;
- facultative, dans tous les autres cas.
Le procureur de la République informe le directeur de l'action sanitaire et sociale et
inscrit la déclaration sur un registre spécial.
1° Décision du juge des tutelles
Le juge, saisi d'une procédure de tutelle ou de curatelle, peut placer le majeur sous
sauvegarde de justice, de manière provisoire, pour la durée de l'instance. Cette décision est
inscrite par le procureur de la République sup un registre spécialement tenu à cet effet,

B EFFETS DE LA SAUVEGARDE DE JUSTICE


1° Le majeur placé sous sauvegarde de justice conserve l'exercice de ses droits,

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Les actes qu'il accomplit sont valables, mais ils peuvent être attaqués
- soit par l'action en rescision pour lésion, (la lésion résulte d'une disproportion
entre les engagements réciproques) ;
Le juge décide de l'importance de la lésion éventuellement subie en tenant compte de
l'importance de la fortune du majeur, de la bonne foi du contractant et de l'utilité de l'opération
;

- soit par l'action en réduction pour excès. L'excès consiste en une disproportion
entre l'engagement contracté par le majeur et les moyens dont il dispose,
Le juge apprécie souverainement l'excès en fonction de la fortune du majeur, de l'utilité
de l'acte et de la bonne foi des co-contractants.
Les engagements excessifs peuvent être annulés ou simplement réduits.
Exemple : le majeur achète une voiture de luxe. La réduction du prix est impossible,
car elle lèserait le vendeur. L'opération est donc annulée. S 'il achète plusieurs
voitures, au contraire, la vente peut être réduite à une seule d'entre elles.
L'action en rescision pour lésion ou en réduction pour excès peut être exercée par la
personne placée sous sauvegarde de justice, son conjoint, ses ascendants, descendants, frères et
sœurs et par le ministère public, La confirmation de l'acte lésionnaire ou excessif est possible,
2° Les biens du majeur peuvent être administrés par un mandataire, lorsque celui-ci se
désintéresse de leur gestion,
Ce mandataire peut être désigné par l'intéressé lui-même, A défaut, la loi organise la gestion
des biens en donnant mandat :
- au conjoint, aux ascendants, descendants, frères ou sœurs, et au ministère public,
d'accomplir les actes conservatoires urgents et nécessaires, tels qu’apposition des
scellés, interruption d'une prescription. Ici s'applique le régime de la gestion
d'affaires ;
- au juge des tutelles de désigner un mandataire judiciaire chargé d'accomplir les
actes plus importants.

C - CESSATION DE LA SAUVEGARDE DE JUSTICE


Elle prend fin
- par décision du procureur de la République ;
- par l'ouverture d'une tutelle ou d'une curatelle ;
- par une nouvelle déclaration du médecin attestant que la situation
antérieure a cessé ;
- par la péremption de la déclaration médicale.

La déclaration se périme par deux mois si elle n'est pas renouvelée, et par six mois en cas de
renouvellement,

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IV, PROTECTION DES MAJEURS ATTEINTS DE TROUBLE MENTAL
QUI NE FONT L'OBJET D'AUCUNE MESURE JUDICIAIRE
PRÉALABLE
Lorsque personne ne demande qu'une mesure judiciaire soit prise pour protéger un
majeur dont les facultés sont altérées, celui-ci accomplit seul les actes juridiques.
Cependant, le trouble mental qu'il subit altère le consentement qu'il donne à ces actes.
La validité de ceux-ci peut donc être contestée.
Il en résulte que tous les actes passés par un individu souffrant de troubles mentaux
peuvent être annulés.

A - CONDITIONS DE LA NULLITÉ
Il faut :
- prouver l'existence de l'insanité d'esprit au moment de l'acte ;
Cette preuve incombe à celui qui demande la nullité. On a vu qu'elle est facilitée lorsque le
malade a fait ensuite l'objet d'une mise en tutelle.
- que l'auteur de l'acte soit vivant.
L'on craint, à la fois la difficulté de prouver l'état mental d'un individu après son décès, et
la manœuvre des héritiers voulant faire annuler des actes contraires à leurs intérêts.

Exceptions :
La nullité pour insanité d'esprit peut être demandée par les héritiers après la mort de leur
auteur :
- pour les donations et le testament,
- si l'acte porte en lui-même la preuve du trouble mental (par son incohérence
ou son absurdité)
- si l'auteur de l'acte était placé sous sauvegarde de justice ;
- si une action tendant à faire déclarer la tutelle ou la curatelle avait été
introduite avant le décès. Dans ces différents cas, il existe des indices do
l'altération des facultés qui en facilitent la preuve.

B - NATURE DE LA NULLITÉ
La nullité est relative.
1° Elle peut être exercée :
- du vivant du malade, par lui-même, son tuteur ou son curateur ;
- après son décès, par ses héritiers.
2° L'acte nul peut être confirmé par l'auteur de l'acte après sa guérison, ou avec
l'assistance de son curateur.
3° L'action en nullité se prescrit par cinq ans.
L'aliénation mentale supprime ou atténue la responsabilité pénale. En revanche,
elle ne fait pas obstacle à la responsabilité civile : « celui qui a causé un dommage à
autrui, alors qu'il était sous l'empire d'un trouble mental, n'en est pas moins obligé à
réparation » (article 489 al. 2 du Code civil).

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V. LES INTERDITS LÉGAUX
L'interdiction légale est une incapacité découlant automatiquement de la condamnation
à une peine privative de liberté, afflictive ou infamante : mort, réclusion criminelle, détention
criminelle.
L'interdiction légale est une peine accessoire à la peine principale. L'incapacité qui en
résulte est donc à la fois une sanction et une mesure de protection, le condamné étant dans
l'impossibilité de gérer son patrimoine.

A - ORGANISATION DE L'INTERDICTION LÉGALE


L'interdit est en tutelle. Cette tutelle est organisée de la même manière que la tutelle
des majeurs.

B- CAPACITÉ DE L'INTERDIT LÉGAL

L'interdit est incapable, mais il n'est pas privé de ses facultés


mentales. JI en résulte qu'il peut
- accomplir librement les actes extra-patrimoniaux : mariage, reconnaissance d'un
enfant naturel, etc. ,
- tester librement.
Les autres actes sont accomplis par le tuteur. Mais celui-ci doit demander
l'autorisation de l'interdit pour exercer en son nom l'action en divorce.
Les actes accomplis par l'interdit légal en violation de ces règles sont nuls de nullité absolue.

C- FIN DE L'INTERDICTION LÉGALE


Cette incapacité dure tant que la peine s'exécute : en cas de libération conditionnelle,
elle cesse pendant la durée de cette libération.

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TITRE 4 LE PATRIMOINE
CHAPITRE I

DÉFINITION ET CARACTÈRES
DU PATRIMOINE
Section 1 : Définition
Le patrimoine est l'ensemble des droits et des obligations évaluables en argent dont
la personne juridique est titulaire ou susceptible de le devenir. Le patrimoine est un attribut
de la personnalité physique ou morale.
Cette définition peut être représentée par un tableau : d'un côté, l'on porte les valeurs
correspondant aux droits, et de l'autre, les éléments du passif.
Le patrimoine est l'expression économique d'une personne juridique,
En résumé, toute personne juridique possède un nom, un domicile, une nationalité, une
certaine capacité et un patrimoine.

Section 2 : Caractères du patrimoine


I. LE PATRIMOINE EST UNE UNIVERSALITÉ JURIDIQUE

Une universalité de droit est une collection de droits et d'obligations formant un tout,
une entité abstraite distincte des éléments qui la composent.

Conséquences :
1° Le patrimoine est indépendant des éléments qui le composent. Ainsi le droit de gage
général des créanciers chirographaires (non titulaires de sûretés particulières)
- porte non seulement sur les biens existant lors de la naissance de l'obligation, mais
aussi sur les biens à venir ;
- ne s'exerce plus sur les biens qui sont sortis sans fraude du patrimoine du débiteur.
Ils n'ont pas de droit de suite sur ces biens.

2° Au décès de la personne, le patrimoine est transmis dans son intégralité, actif et


passif, à ses héritiers.

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II. LE PATRIMOINE EST LIÉ A LA PERSONNE

C'est le lien avec la personne qui donne au patrimoine son unité.

Conséquences :
1° Seules les personnes, qu'elles soient physiques ou morales, peuvent avoir un patrimoine.

2° Toute personne a un patrimoine. Il en est ainsi de la personne qui ne possède rien, qui
n'a aucune ressource, ou même qui a des dettes, car le patrimoine est un cadre, une aptitude
à avoir des droits et des obligations. Ce cadre peut se remplir à tout moment.
Le patrimoine est le contenant ; les droits et les obligations constituent le contenu. Le
récipient, même vide, n'en existe pas moins.

3° Une personne ne peut avoir qu'un seul patrimoine.


Lié à la personne, le patrimoine est, comme elle, unique et indivisible.
Ce principe s'oppose à ce que le fonds de commerce du commerçant constitue un
patrimoine autonome,
Cependant, dans certaines hypothèses, la loi isole une masse de biens et de dettes à
l'intérieur d'un patrimoine, pour la soumettre à un régime particulier.

Exemples.
- les biens réservés de la femme mariée sous régime de/a communauté obéissent à des
règles particulières d'administration å l'intérieur du patrimoine commun,
- L'héritier qui accepte une succession sous bénéfice d'inventaire se trouve la tête de
deux patrimoines : le sien propre et celui du défunt qui conserve temporairement son
individualité.

III.LE PATRIMOINE EST INCESSIBLE, COMME LA


PERSONNE ELLE-MEME

- Du vivant de la personne, seuls les éléments actifs qui le composent à un moment


donné peuvent être cédés.
- A cause de mort, en revanche, le patrimoine est transmis aux héritiers, car il ne
peut rester sans titulaire : l'héritier « continue la personne du défunt ». Cette
transmission a lieu soit par la volonté de la loi (succession ab intestat) soit par la
volonté du défunt (succession testamentaire).

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CHAPITRE Il

COMPOSITION DU PATRIMOINE
Le patrimoine comprend les droits de nature patrimoniale, c'est-à-dire les droits qui
sont :
- susceptibles d'une évaluation en argent ;
- cessibles à de nouveaux titulaires ;
- saisissables par les créanciers et prescriptibles.
Par leurs caractères, les droits patrimoniaux s'opposent donc aux droits de la
personnalité, qui sont incessibles, intransmissibles, insaisissables, imprescriptibles, et qui
ne font pas partie du patrimoine.
Les droits patrimoniaux sont divisés en droits réels et en droits personnels,

Section 1 : Les droits réels


I. DÉFINITION
Le droit réel est le droit qu'une personne exerce directement sur une chose,
Le droit réel confère à son titulaire la possibilité de retirer tous les avantages de la chose,
ou certains d'entre eux (propriété, usage, usufruit.)
Au sens juridique, les choses en tant qu'elles sont objet de droit, sont des biens. Le terme
bien désigne la chose objet de droit ainsi que le droit qui s'exerce sur elle.
Exemple : Mon patrimoine comprend, notamment, les biens suivants :
un droit de propriété sur une maison de campagne et un droit d'usufruit
sur un appartement. Ma maison de campagne et cet appartement sont
des biens.

II. CLASSIFICATION DES DROITS RÉELS

Il existe deux catégories de droits réels : les droits réels principaux et les droits
réels accessoires.

A - LES DROITS RÉELS PRINCIPAUX

Les droits réels principaux portent sur la chose elle-même. Ce sont :


1°Le droit de propriété, qui englobe toutes les prérogatives que l'on peut avoir sur
une chose : en user, en jouir, la détruire ou la céder.

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20 Les démembrements du droit de propriété, qui comprennent quelques-unes
seulement de ces prérogatives.

a) L'usufruit.
Il confère à son titulaire, pendant une durée qui ne peut excéder sa vie, le droit
d'user et de jouir des fruits d'une chose appartenant à autrui.
Exemple : Je lègue par testament l'usufruit de mon appartement à mon
conjoint i/ pourra continuer à l'utiliser, le louer, jusqu'à son propre décès.

b) Le droit d'usage et d'habitation.


C'est le droit d'user de la chose d'autrui ou d'habiter avec sa famille la maison sur
laquelle porte ce droit,
c) La servitude.
C'est une charge établie sur un fonds appelé fonds servant pour l'utilité d'un
autre fonds appelé fonds dominant.
Exemple : La servitude de passage : une maison est enclavée dans le terrain d'un autre
propriétaire et n'a pas accès à la rue, Un droit de passage est constitué sur le terrain
des voisins au profit de tous les propriétaires de la maison.
d) L'emphytéose.
C'est un bail à très long terme, de 18 à 99 ans, qui, par la charge qu'il représente sur
l'immeuble, confère à son titulaire un droit réel susceptible d'hypothèque.
e) Le bail à construction (loi du 16 décembre 1964).
C'est une variété d'emphytéose d'une durée de 18 à 70 ans, par lequel le preneur s'engage,
à titre principal, à construire sur un terrain donné à bail et à entretenir les bâtiments ainsi
édifiés. Le preneur est propriétaire des édifices jusqu'à la fin du bail.

B - LES DROITS RÉELS ACCESSOIRES


Ces droits réels sont accessoires à un droit de créance, dont ils constituent la garantie :
ce sont des sûretés. Suivant qu'ils portent sur un meuble ou sur un immeuble, on distingue
essentiellement :

1° Le gage
Le gage est le contrat par lequel le débiteur remet à son créancier un meuble lui
appartenant,' le créancier ne peut user de la chose remise en gage, mais s'il n'est pas payé à
l'échéance, il peut la faire vendre et se faire payer par préférence sur le prix

2° L'hypothèque

L'hypothèque ost un droit réel portant sur un immeuble affecté à la garantie d'une
créance. Le propriétaire n'en est pas dépossédé. Si, à l'échéance, le créancier n'est pas payé, il
peut faire vendre l'immeuble, et se payer sur le prix.

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Section 2 : Les droits personnels

Le droit personnel est le droit qu'une personne peut exercer à l'encontre d'une autre.

Le droit personnel a donc deux aspects :


- un aspect actif : celui qui peut exiger une prestation d'une autre personne a un droit
de créance ;
- un aspect passif : celui qui doit la prestation a une obligation.
La prestation, objet du droit personnel, consiste à donner, faire ou ne pas faire quelque
chose. Elle a toujours un aspect monétaire, car elle se transforme en argent (les
dommages-intérêts) lorsqu'elle est inexécutée
Exemples.
- Obligation de donner, c'est-à-dire de transférer la propriété d'une chose :
le vendeur de cent kilogrammes de blé s'engage à les remettre à son
acheteur lorsqu'il les aura individualisés.
- Obligation de faite : l'employé s'engage, par contrat de travail, à fournir
à son employeur quarante heures de travail effectif ; un peintre s 'engage
à faire un portrait.
- Obligation de ne pas faire : l'acheteur d'un fonds de commerce peut exiger
du vendeur l'engagement de ne pas se réinstaller dans une commune
limitrophe.

Si le vendeur de blé, le peintre, l'employeur ou le vendeur du fonds de commerce


n'exécutent pas leurs engagements, ils ne pourront y être contraints par la force publique. On
pourra seulement les inciter à s'exécuter volontairement (par des astreintes) ou leur réclamer une
somme d'argent, à titre de dommages-intérêts.

Les droits personnels sont en nombre illimité. Ils sont aussi variés que les prestations
qui peuvent en être l'objet.

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Section 3 : Comparaison des droits réels et des droits
personnels

Les droits réels et les droits personnels s'opposent en ce qui concerne.

1° Les éléments qui les composent


a) Le droit réel comporte deux éléments :
- la personne titulaire du droit ;
- la chose objet de droit.
b) Le droit personnel comprend trois éléments :
- deux personnes :
• le créancier, sujet actif du droit,
• le débiteur, sujet passif du droit,
- la prestation, objet du droit.

2 0 Les effets du droit à l'égard des tiers


a) Le droit réel est opposable à tous : nul ne peut méconnaître le droit d'une personne
sur une chose.
En conséquence, le titulaire d'un droit réel a, sur la chose, un droit de préférence et un
droit de suite.

1. Le droit de suite permet au titulaire du droit réel d'exercer celui-ci sur la chose, en
quelques mains qu'elle se trouve.
Exemples :
— L'usufruitier peut réclamer la chose pour en user et en jouir, que/ que soit le
propriétaire de la chose.
— Le titulaire d'une servitude de passage peut l'exercer que/ que soit le
propriétaire du fonds servant,

2. Le droit de préférence intervient en cas de conflit entre titulaire d'un droit réel et titulaire
d'un droit personnel ; il permet au premier de faire valoir son droit en priorité sur la chose.
Exemple : Le créancier hypothécaire impayé qui fait vendre l'immeuble sur
lequel porte son hypothèque est remboursé de sa créance en premier lieu; les
créanciers chirographaires du débiteur ne seront payés sur le prix de vente que
s'il reste des fonds.

b) Le droit personnel est inopposable aux tiers : la relation de droit ne concerne que les
sujets du droit,
En conséquence, le droit de créance ne confère ni droit de préférence, ni droit de suite.
L'ensemble des créanciers du débiteur a des droits sur tous les biens du patrimoine (sur lesquels
un droit réel n'a pas été constitué). Si les biens du débiteur, saisis ou vendus sont insuffisant pour
désintéresser les créanciers, chaque créancier chirographaire sera payé « au marc le franc » c’est-
à-dire prorata de sa créance.

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En définitive, les droits réels s’exercent sur des choses : les choses objet de droit son des
biens ; les droits personnel sont des rapports de créanciers à débiteur, générateur d’obligation.
L’étude du patrimoine comprend deux parties :
• Les biens ;
• Les obligations.

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Troisième partie
Les biens
Les biens sont les droits exercés sur les choses ; ce sont également les choses objets
de droit. Cependant :
• Toutes les choses ne sont pas des biens.
Il en est ainsi des choses sur lesquelles aucun droit réel ne peut être établi : ce sont
les choses communes, dont tous les individus usent, mais qui n'appartiennent à
aucun d'entre eux : l'air, la lumière sont des choses. Ce ne sont pas des biens.
• Tous les biens ne sont pas des choses.
Les choses ont une consistance matérielle. Or, certains droits portent sur des
éléments incorporels, ont un support abstrait, intellectuel.
L'étude des biens est donc liée à celle des choses. C'est pourquoi, il existe plusieurs
classifications des biens, en fonction des choses objets de droits.

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INTRODUCTION

Section l : Classifications fondées sur la nature des choses


On distingue les biens meubles et immeubles, corporels et incorporels.

I. LES BIENS MEUBLES ET IMMEUBLES

Article 516 du Code civil : « Tous les biens sont meubles ou immeubles La catégorie
des immeubles est limitée.

A - LES IMMEUBLES
Il existe trois catégories d'immeubles : les immeubles par nature, par destination, ou
par l'objet auquel ils s'appliquent.

1°Les immeubles par nature

Ce sont des biens qui, en raison de leur nature physique


- leur lien avec le sol
- ne peuvent se déplacer ni être déplacés. Ils comprennent :
- le sol, qui englobe non seulement la surface de la terre, mais encore le sous-
sol avec toutes les mines qu'il peut contenir ;
- tout ce qui est fixé au sol par des fondations (et non pas seulement posé sur le
sol) : maisons, ponts, poteaux, tunnels, etc. ;
Exemple : La baraque foraine n'est pas un immeuble.
- les végétaux, tant qu'ils adhèrent au sol.
Exemples : Les arbres, les récoltes, tant que leur attache au sol n 'est point rompue

2° Les immeubles par destination


Ce sont des meubles, que le législateur classe dans la catégorie des immeubles
en raison des liens étroits qui les unissent aux immeubles :
- soit parce qu'ils concourent à la même fin économique que le fonds (animaux
de cultures, tracteurs, machines,.. les pigeons, les poissons d'étangs, etc.) ;
- soit parce qu'ils sont attachés au fonds à perpétuelle demeure (scellés à chaux), à
plâtre ou à ciment) et qu'ils ne peuvent être détachés sans être eux, mêmes fracturés
ou détériorés, ou sans briser ou' détériorer la partie du fonds à laquelle ils sont fixés
(art. 525 du Code civil)

Exemples :
- Glaces scellées au mur.
- Statues placées dans une niche.

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3° Les immeubles par l'objet auquel ils s'appliquent
Ce sont :
- tous les droits réels portant sur des immeubles servitudes, propriété, droit
d'usage et d'habitation; etc.
- toutes les actions en justice qui sanctionnent les droits réels immobiliers.

B - LES MEUBLES

La catégorie des meubles est illimitée tout ce qui n'est pas immeuble est meublé.
On distingue les meubles par nature et les meubles par détermination de la loi 527 du
Code civil).

1° Les meubles par nature.

Cette catégorie comprend :


- les choses qui peuvent être transportées d'un lieu à un autre : animaux, meubles
meublants (ce sont les meuble' du langage courant : tables, chaises, etc.) ;
- les meubles par anticipation, qui sont des biens immobiliers mais qui sont
destinés à acquérir la nature de meubles.
Exemple : Une récolte sur pied aura une nature mobilière lorsqu'elle aura été
coupée.

2° Les meubles par détermination de la loi


Ce sont tous les droits mobiliers. La liste n'est pas limitative puisque tout ce qui
n'est pas immobilier est mobilier.
- droits réels mobiliers : usufruit portant sur un meuble, gage, droit de propriété,
- droits de créance ou droits personnels ;
- actions de sociétés ou parts sociales ;
- actions en justice concernant un droit mobilier ; droits intellectuels (droits
mobiliers incorporels) ;
- fonds de (meuble incorporel)

C - INTÉRÊTS PE LA DISTINCTION DES MEUBLES ET DES


IMMEUBLES

1° Seules les mutations d'immeubles sont soumises à publicité. Toutes les transactions qui
créent ou modifient des droits réels sur un immeuble, telles que ventes, constitution d'usufruit,
d'hypothèque, sont inscrites sur un registre foncier tenu à*ta conservation des hypothèques
du lieu de la situation de l'immeuble.

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Cette publicité a pour objet de prévenir les tiers qui ont intérêt à connaître ces opérations
juridiques,

2° tribunal compétent pour connaître des litiges relatifs aux immeubles est celui situation de
l'immeuble (caractère pratique de cette règle : la plupart des renseignements concernant
l'immeuble se trouvent à cet endroit).
En ce qui concerne les litiges relatifs aux meubles, essentiellement mobiles, le tribunal
compétent est, en principe, celui du domicile du défendeur.
3° Les immeubles donnés en garantie d'une créance, sont soumis à hypothèque. Au contraire,
les meubles sont donnés en gage.
4° La prescription acquisitive est différente selon qu'il s'agit de meubles ou d'immeubles.
Pour les meubles, « en fait de meubles, possession vaut titré » (art. 2279 du Code

Pour les immeubles, une possession prolongée et paisible pendant dix, vingt ou trente ans
(usucapion) est nécessaire pour acquérir la propriété.

5° La lésion est admise, dans certaines conditions, pour les ventes d'immeubles ; ne l'est pas
pour les ventes de meubles.
Ces différences sont fondées sur l'idée générale que les immeubles ont une importance
économique et psychologique plus grande que les meubles.

II. LES BIENS CORPORELS ET INCORPORELS

1° Les biens corporels sont ceux qui ont une consistance matérielle : ce sont les choses,
mobilières ou immobilières, objets de droit,
Exemple : Une voiture, un animal, une maison, sont des biens corporels,
20 Les biens incorporels sont, au contraire, immatériels ; ils ont une existence abstraite
détachée de tout support matériel.
Sont des biens incorporels :

- lesavecdroits portant sur les choses (à l'exception du droit de propriété qui se confond
la chose elle-même) ,
Exemple.' L'usufrúit, l'hypothèque.

- les droits de créance ;


- les actions en justice,
-Ils sontlesnombreux.
droits intellectuels, également appelés droits de propriété incorporelle.
On trouve notamment :
• les droits d'auteur ou droits d'exploitation exclusive d'un auteur sur son
œuvre littéraire ou artistique. Ce sont les droits de propriété littéraire et
artistique,

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• les brevets d'invention et les marques de fabrique. Ils confèrent à leur
titulaires un droit de « propriété industrielle) qui constitue un véritable
monopole d'exploitation du brevet et de la marque déposés,
• les droits (e clientèle. Ils consistent dans. le droit accordé aux officiers
ministériels (huissiers, notaires) de présenter leur successeur la
chancellerie et de demander à celui-ci, en contrepartie, une rémunération
correspondant valeur de la clientèle de l'étude.
Dans les professions libérales, l'avocat ou le médecin sortant présente son
successeur à ses clients y moyennant une somme d'argent versée par celui-ci.

III. COMBINAISON DES DEUX CLASSIFICATIONS


Les deux classifications en biens meubles et immeubles et en biens corporels et
incorporels se combinent et donnent naissance aux catégories de biens suivantes biens meubles
corporels, meubles incorporels, immeubles corporels, immeubles incorporels.
Les immeubles par nature et par destination, les meubles par nature et par anticipation
sont des biens corporels.
Les immeubles par l'objet auquel ils s'appliquent, les meubles par détermination de la
loi sont des biens incorporels.
Exemples :
- L'action en justice par laquelle le propriétaire revendique un
immeuble est un bien immobilier incorporel.
- Les droits de propriété industrielle conférés par un brevet sont des
biens mobiliers incorporels.

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Section 2 : Classifications fondées sur l'utilisation des choses
On distingue :

I. LES CHOSES FRUGIFÈRES ET NON FRUGIFÈRES


Une chose est frugifère ou non lorsqu'elle produit ou non des fruits.

1°les fruits sont les biens accessoires donnés une chose, de manière périodique et sans
en altérer la substance. Les fruits sont naturels ou civil.
Exemples :
- Un cerisier, une prairie, donnent des fruits naturels : les cerises, le foin.
- Un immeuble loué rapporte des fruits civils : les loyers.
Aux fruits s'opposent les produits.

2° Les produits sont donnés par la chose de manière non périodique et ils en diminuent peu
à peu la substance.
Exemples :
Les pierres extraites d'une carrière, une coupe d'arbres dans une forêt, en altèrent la
substance.

II. LES CHOSES CONSOMPTIBLES OU NON CONSOMPTIBLES


a) Les choses consomptibles sont détruites dès le premier usage.
Exemples : Les denrées alimentaires, la monnaie disparaissent dès qu'on
utilise.

b) Les choses non consomptibles peuvent être utilisées de


multiples fois.
Exemples : Un bijou, un appareil ménager, une voiture.

III. LES CHOSES DE GENRE ET LES CORPS CERTAINS


a) Les choses de genre ne sont pas individualisées : elles ne sont déterminées
que dans leur espèce.
Les choses de genre sont interchangeables ; on dit qu'elles sont fongibles.
Exemples .
— 50 bouteilles de vin prendre dans le stock d'un viticulteur.
— 100 quintaux de blé d'une qualité déterminée dans un silo,

La monnaie a une fongibilité absolue, puisqu'elle peut être échangée contre


n'importe quelle catégorie de biens.
b) Les corps certains, au contraire, ont une individualité, un caractère unique.
Exemple : Un tableau du Titien, un immeuble déterminé.

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Intérêt de la distinction

Le transfert de propriété d'un corps certain est réalisé dès que la vente est conclue ;
lorsqu'il s'agit d'une chose de genre, au contraire, le transfert de propriété ne peut avoir lieu
que par l'individualisation de la chose vendue.

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Section 3 : Classification fondée sur la possibilité
d'appropriation des choses

On distingue :

1° Les choses communes


Ce sont celles que nul ne peut s’approprier, car elles sont à la disposition de tous.
Chacun peut en user sous la seule réserve de ne pas en priver les autres. Il s'agit de la
nature : air, lumière...
2° Les choses sans maître
Ce sont les biens vacants, qui n'ont pas de propriétaire actuel.
A l'intérieur de cette catégorie, il faut distinguer :
- les choses qui n'ont jamais été la propriété do personne : gibier, poissons de mer et
de rivière, dont on devient propriétaire par la simple occupation (en s'on emparant) ;
- les choses abandonnées, qui ont donc appartenu à quelqu'un à un moment donné ;

Exemple : Une épave de voiture.

N'importe qui peut s'en emparer et on devenir propriétaire par la Simple occupation.
Des choses abandonnées, il faut distinguer los choses perdues pour lesquelles
l'acquisition de la propriété ne résulte pas de la seule prise de possession.

3° Les choses hors du commerce


Les choses hors du commerce sont inaliénables. Il en est ainsi :
- des biens du domaine public, Ils appartiennent à l'État et sont affectés à l'usage public
: voies ferrées, routes, canaux, tableaux dans un musée.
Ils sont inaliénables, insaisissables, imprescriptibles ;
- des biens frappés d'inaliénabilité.
Leur propriétaire ne peut ni les vendre, ni les donner.
L'inaliénabilité résulte généralement d'une clause contenue dans une libéralité (donation, legs)
ou de l'application des règles du régime matrimonial (régime dotal).

Exemple :

Un testateur décède sans héritiers réservataires. Il laisse ses biens à ses


frères et sœurs, mais interdit à ces derniers de les céder pendant un certain
temps,

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La catégorie des biens se divise en droits réels principaux (droit de propriété et ses
démembrements) et droits réels accessoires (gage et hypothèque).

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LES DROITS REELS PRINCIPAUX

TITRE 1 : LE DROIT DE PROPRIÉTÉ


« La propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la
plus absolue, pourvu qu'on n'en fasse pas un usage prohibé par la loi et le
règlement » (art. 544 du Code civil). De cette définition, il ressort que le droit
de propriété comprend trois prérogatives
• le droit d'user de la chose, c'est-à-dire de s'en servir : c'est l'usus ;
• le droit de jouir de la chose, c'est-à-dire d'en percevoir les fruits : c'est
le fructus ;
• le droit de disposer de la chose, soit matériellement en la détruisant,
soit juridiquement en l'aliénant : c'est l'abusus,
Ces prérogatives peuvent faire l'objet de limitations légales ou
réglementaires.

CHAPITRE I

CARACTÈRES DU DROIT DE PROPRIÉTÉ


Le droit de propriété est un droit absolu. Le caractère absolu est inclus dans la
définition légale, Il subit néanmoins un certain nombre de restrictions. Le droit de propriété
est également :
• exclusif,
• perpétuel

Section 1 : Le droit de propriété est un droit exclusif


Le droit d'user, jouir et abuser de la chose appartient au seul propriétaire. En
conséquence, celui-ci peut s'opposer à ce que quiconque empiète sur l'une de ses prérogatives.
Néanmoins, certaines d'entre elles peuvent être limitées par l'existence d'un usufruit
ou d'une servitude conventionnels ou légaux.
Exemple : Le propriétaire doit supporter le passage en cas d'enclave
(l’enclave se dit d'un fonds entouré de tonds voisins, et privé d'accès à la voie
publique, dont l'accès est insuffisant).
Le propriétaire exclusif de la chose peut être constitué par plusieurs personnes qui
sont copropriétaires de la chose. Les droits de chacun subissent une restriction : il y a
copropriété.
Il existe deux types de copropriétés :
• l'indivision,
• la copropriété forcée.

I. L'INDIVISION

Il y a indivision lorsqu'un même bien appartient dans son ensemble à plusieurs


personnes. Le droit de propriété de chacun consiste en une quote-part de la totalité de la chose
(un quart, un tiers, une moitié), et non en une attribution d'éléments déterminés de la chose.

A - SOURCES DE L'INDIVISION

L'indivision peut résulter :


- de la loi ; elle existe de plein droit entre les héritiers dès le décès et jusqu'au partage
du patrimoine du défunt ;
- de la volonté de l'homme.
Exemple : Plusieurs personnes achètent en commun un même bien.

B - CARACTÈRES DE L'INDIVISION

L'indivision est un état :


- peu organisé; le législateur n'a prévu que quelques règles de fonctionnement de
l'indivision.
- temporaire; en principe, chaque copropriétaire peut, à tout moment, demander
le partage (art. 815 nouveau du Code civil).

C - RÉGIME DE L'INDIVISION

1° Droits des indivisaires


a) Sur sa quote-part, chaque copropriétaire a un droit privatif. En conséquence,
il peut la céder, et ses créanciers peuvent la saisir.
b) Sur la chose indivise :
- chaque indivisaire peut user et jouir des biens indivis, conformément à leur
destination, dans la mesure compatible avec le droit des autres indivisaires ;
- chaque indivisaire a droit aux bénéfices provenant des biens indivis et supporte les
pertes proportionnellement à ses droits dans l'indivision.
2° Gestion de l'indivision
- chaque indivisaire peut prendre les mesures nécessaires à la conservation des biens
indivis ;
- les actes d'administration et de disposition requièrent le consentement de tous les
indivisaires.
• Néanmoins, l'indivisaire qui prend en mains la gestion des biens indivis au su et
sans opposition des autres copropriétaires, est censé avoir reçu mandat tacite
d'accomplir les actes d'administration.
• L'indivisaire qui gère les biens indivis a droit à une rémunération.
• Un indivisaire peut être autorisé par justice à passer seul un acte pour lequel le
consentement d'un coindivisaire serait nécessaire, si le refus de celui-ci met en
péril l'intérêt commun.
• Le président du tribunal de grande instance peut prescrire ou autoriser toutes les
mesures urgentes que requiert l'intérêt commun.

D - DURÉE DE L'INDIVISION
« Nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision (art. 815 du Code civil). En
principe, chaque copropriétaire peut à tout moment demander le partage de la chose indivise.
Cependant :
• Les copropriétaires peuvent convenir que l'indivision sera maintenue.
• Le tribunal saisi d'une demande en partage peut surseoir au partage pour deux
années au plus, si sa réalisation immédiate risque de porter atteinte à la valeur des
biens indivis.
• Le tribunal peut, à la demande d'un ou plusieurs indivisaires, décider de leur
attribuer leur part, soit en nature, soit en argent. Dans ce cas, il y a retrait et
partage partiel.
• Le tribunal peut décider que l'indivision sera maintenue pendant une durée
maximum de cinq ans, en ce qui concerne les exploitations agricoles constituant
une unité économique, les locaux d'habitation ou à usage professionnel utilisés
par te défunt ou son conjoint. A la fin de l'indivision, les biens sont partagés entre
tes copropriétaires.
Les biens que chaque indivisaire reçoit dans son lot sont réputés lui appartenir, non
du jour du partage, mais du jour où a commencé l'indivision : c'est l'effet déclaratif du partage.
En conséquence, si les indivisaires ont consenti des droits sur des biens qui,
finalement, ne leur sont pas affectés, ces droits sont anéantis.

II. LA COPROPRIÉTÉ FORCÉE


A - DÉFINITION
C'est une forme de copropriété prévue par la loi, dans trois cas où la nature ou la
destination des biens nécessite le maintien de l'indivision :
- copropriété des clôtures mitoyennes ;
- copropriété des cours desservant plusieurs immeubles ;
- copropriété des parties communes des maisons divisées en appartements.
C'est la plus répandue.

B - COPROPRIÉTÉ DES MAISONS DIVISÉES EN


APPARTEMENTS
Elle est réglementée par la loi portant code de la construction et de l’habitat. Cette loi
s'applique aux immeubles bâtis dont la propriété est divisée en lots attribués aux
copropriétaires, chaque lot comprenant une partie privative (l'appartement) et une quote-part
des parties communes.

1° Droits et obligations des copropriétaires


a) Chaque copropriétaire a droit :
- à la propriété totale et exclusive de sa partie privative ;
Il a le droit d'en user, d'en jouir et de l'aliéner, à condition de ne pas nuire aux autres
copropriétaires ni de modifier la destination de l'immeuble.
- à la copropriété des parties communes.
Les parties communes sont celles qui sont affectées à l'usage de l'ensemble des
copropriétaires. Elles sont définies dans le règlement de copropriété. Ce sont notamment les
cours, les sols, les parcs et jardins, les voies d'accès, le gros-œuvre des bâtiments, les éléments
d'équipement, les coffres, gaines et têtes de cheminées, les locaux de services communs (dépôt
de bicyclettes, par exemple), les passages et corridors, etc.
Chaque copropriétaire est titulaire d'une quote-part des parties communes,
proportionnelle à la valeur relative de sa partie privative par rapport à l'ensemble de toutes
les parties privatives. Cette quote-part constitue les millièmes de copropriété.
Chacun des copropriétaires peut user librement des parties communes dans la mesure
où il ne porte pas atteinte aux droits des autres copropriétaires.
Partie privative et quote-part des parties communes forment un tout
indissociable, librement cessible.

b) Chaque copropriétaire doit contribuer aux charges :

- Les charges relatives à la conservation, à l'entretien et à l'administration de


l'immeuble sont réparties au prorata des millièmes ;
- les charges de fonctionnement (chauffage, etc.), sont réparties en fonction de
l'utilité que chaque lot en retire.
La copropriété est régie par le règlement de copropriété.
Le règlement de copropriété est établi, soit par le syndicat des copropriétaires, soit par
le promoteur de l'immeuble. Il détermine :
- la destination des parties privatives et des parties communes ;
- les conditions de leur jouissance;
- l'administration des parties communes ;
- la quote-part afférente à chaque lot dans la répartition dos charges.

2° Organes de la copropriété
L'ensemble des copropriétaires est groupé dans le syndicat des copropriétaires est qui
jouit de la personnalité morale.
Il a pour mission d'établir et de modifier le règlement de copropriété, de conserver »
l'immeuble, d'administrer, acquérir ou aliéner les parties communes.
Le syndicat des copropriétaires peut ester en justice ; il est responsable des dommages
causés aux copropriétaires ou aux tiers du fait d'un Vice de construction ou d'un défaut
d'entretien de l'immeuble. Le syndicat se réunit en assemblée générale. La copropriété est
gérée par trois organes :
a) L'assemblée générale des copropriétaires.
Son fonctionnement et ses pouvoirs sont prévus dans le règlement de copropriété et par
la loi.
Chaque copropriétaire dispose d'un nombre de voix égal à sa quote-part dans les parties
communes. Il peut déléguer son droit de vote à un mandataire, sauf au syndic.
Les décisions sont prises :
- soit à la majorité des voix des copropriétaires présents ou représentés : décisions
ordinaires ;
- soit à la majorité des voix de tous les copropriétaires, dans certains cas très
importants ;
Exemple : Désignation ou révocation du syndic ; modification de la
répartition des charges.
- soit à l'unanimité.
Exemple : Aliénation des parties communes « nécessaires au respect de la
destina tion de l'immeuble ».

b) Le syndic.
Il est désigné lors de la première assemblée générale. Il a pour rôle :
- d'assurer le respect du règlement de copropriété, et l'exécution des décisions de
l'assemblée générale ;
- d'administrer l'immeuble. En cas d'urgence, et de sa propre initiative, il peut faire
procéder aux travaux nécessaires ;
- de représenter le syndicat dans tous les actes de la vie civile et en justice.
Le syndic peut être remplacé, s'il est empêché, ou s'il est négligent, dans les conditions
prévues par le règlement de copropriété. Il est assisté et contrôlé par le conseil syndical.

c) Le conseil syndical.
Il est désigné par l'assemblée générale ou, à défaut, par le président du tribunal. Il
surveille la gestion du syndic entre la réunion des assemblées.
Section 2 : Le droit de propriété est un droit absolu
En principe, il s'exerce librement sur la totalité des utilités de la chose : l'usus le
fructus, l'abusus.
De nombreuses exceptions sont apportées à ce principe, dans l'intérêt de la collectivité
nationale d'une part, et dos propriétaires voisins, d'autre part.

I. LIMITES AU DROIT DE DISPOSER DE LA CHOSE


L'abusus est le droit pour le propriétaire de détruire la chose ou de la vendre à qui lui
plait, ou au contraire de la conserver. Chacun de ces droits subit des atteintes :

1° Le propriétaire peut être contraint de céder la chose.


Il en est ainsi en cas :
- de réquisitions militaires (en temps de guerre) ou civiles,
- d'expropriation pour cause d'utilité publique, de remembrement des propriétés
rurales ;
- de nationalisations d'entreprises.

2° Le propriétaire peut être contraint de conserver la chose.


- les bâtiments servant au logement ne peuvent être détruits sans une autorisation
Judiciaire;
- certains biens sont déclarés inaliénables. L'inaliénabilité est légale ou
conventionnelle.
a) Sont inaliénables en vertu de la loi :
- les biens dotaux ;
- les biens grevés de substitution.
Le bénéficiaire (appelé grevé) d'une donation ou d'un legs doit conserver le bien
donné ou légué sa vie durant, et le transmettre après sa mort à une personne
déterminée (l'appelée). La substitution n'est permise que dans certains cas ;
- le bien de famille : il est constitué par le mari ou la femme sur leurs biens
personnels ou sur ceux dont ils ont l'administration, à concurrence d'une valeur
de cinquante mille francs.
b) Les clauses d'inaliénabilité doivent être :
- justifiées par un intérêt légitime ;
- stipulées pour une durée limitée.

3° Le propriétaire qui veut vendre la chose peut être privé du droit de choisir son
acquéreur.
II en est ainsi toutes les fois où la loi accorde un droit de préemption : en matière
agricole, le fermier, les sociétés d'aménagement foncier ont le droit de se substituer à
l'acquéreur choisi par le propriétaire. Il en va de même du locataire d’un appartement ou
d’un magasin.

II-LIMITES AU DROIT D'UTILISER LA CHOSE

1° Les propriétaires sont tenus d'observer les obligations légales de voisinage. Ils doivent
notamment :
- ne planter ni construire qu'à une certaine distance du fonds voisin ;
- observer les règles concernant l'ouverture des vues dans les murs bordant le fonds
voisin ou situés à proximité de la ligne séparative des fonds ;
Exemple : Une fenêtre ne peut être ouverte qu'à 1,90 m ou 0,60 m selon que la
rue est droite ou oblique.

- se soumettre à l'obligation de bornage et de clôture. (Le bornage consiste à fixer


les limites de deux fonds contigus en y plaçant des bornes ou tout autre signe de
délimitation) ;
- respecter les règles concernant l'usage et l'écoulement des eaux.

2° Le propriétaire, dans l'intérêt de la collectivité, ne peut utiliser son fonds comme il


l'entend :
- il doit obtenir une autorisation pour élever une construction : c'est le permis de
construire ;
- il peut être tenu de faire des travaux sur ses immeubles, de construire sur certains
terrains, de cultiver ses terres, de procéder au reboisement, etc.

3° Le propriétaire ne doit pas exercer son droit de propriété au préjudice des voisins.
Il y a trouble anormal du voisinage lorsque le propriétaire :

a) Fait un usage abusif de son droit de propriété.


L'abus de droit nécessite la réunion de trois conditions :
- un préjudice causé au voisin ;
- l'intention de nuire ;
Une simple imprudence ou négligence dans l'exercice du droit de propriété ne
peut suffire à constituer un abus de ce droit. L'intention malveillante est nécessaire.
- le défaut d'utilité de l'acte accompli pour le propriétaire.
Exemples :
- Un propriétaire édifie une fausse cheminée pour obscurcir la demeure
du voisin ou lui boucher la vue.
- il pratique des fouilles dans son terrain dans le seul but de tarir une
source qui jaillit sur le fonds contigu.
L'abus de droit est sanctionné, soit par l'allocation de dommages-intérêts à la
victime, soit par la destruction des ouvrages dommageables.
b) Cause à ses voisins des troubles excédant les inconvénients normaux de
voisinage.
Exemples :
- Établissement industriel émettant des bruits, des fumées, des odeurs.
- Bruits provenant d'une école, d'un établissement de spectacles...

Dans ce cas, le propriétaire est responsable, même s'il a pris toutes les mesures
nécessaires. Il peut être condamné :
- à cesser l'activité dommageable. Cette mesure ne peut être proscrite lorsque Cette
activité a obtenu une autorisation administrative :
- à prendre les précautions la nature à faire cesser le trouble ;
Exemple : le médecin qui, en utilisant un appareil de radiologie, rend inutilisables les
postes de radio ou de télévision de son voisin, peut être condamné à installer un
dispositif approprier permettant d’éviter un tel trouble,

- à verser des dommages-intérêts aux victimes de l'activité dommageable.

Section 3 : Le droit de propriété est un droit perpétuel


Le droit de propriété dure autant que la chose. Il en résulte qu'il ne s'éteint pas par
le non usage, et que l'action en revendication est imprescriptible.
Néanmoins, la propriété peut être perdue du fait de la possession d'un tiers. C’est
le cas en matière d’usucapion.
CHAPITRE II

ÉTENDUE DU DROIT DE
PROPRIÉTÉ
En principe, le droit de propriété porte :
- sur la chose elle-même ;
- sur les accessoires de la chose.

Section 1 : La propriété de la chose


Le droit de propriété porte sur une chose corporelle. Son étendue est comprise dans les
limites matérielles de la chose.

Ces limites sont facilement déterminables lorsque la chose est meuble. Il en est
différemment pour les immeubles : la propriété de la chose ne consiste pas seulement dans
la propriété de la surface. -Elle porte sur un volume : la propriété s'exerce sur le dessus, le
dessous et sur les eaux : « la propriété du sol emporte la propriété du dessus et du des Sous
» (art. 522 du Code civil).

I. LA PROPRIÉTÉ DU DESSUS
A - PRINCIPES
Le propriétaire du sol l'est également de l'espace aérien qui est au-dessus. En
conséquence :
- le propriétaire peut faire pousser des plantations, élever des constructions sur son sol ;
- corrélativement, il peut s'opposer à ce que toute personne empiète sur cet espace aérien.
Exemples
- Un propriétaire peut contraindre son voisin å couper les branches des arbres
qui débordent au-dessus de son sol, ou détruite une avancée de toit en
surplomb.
- Il peut s'opposer à ce que la flêche d'une grue installée sur un fonds voisin
passe au-dessus de son terrain, ainsi qu'à tout passage de câbles.

B - LIMITATIONS DU DROIT DE PROPRIÉTÉ DU DESSUS


1° Le propriétaire ne peut s'opposer :
- au passage des lignes électriques ;
- au survol des aéronefs.

2° Il ne peut non plus, dans le voisinage des aéroports, édifier des constructions d'une
hauteur susceptible de gêner la navigation aérienne.
3° le propriétaire doit respecter les normes de densité de construction posées par les plans
d'occupation des sols.

II- LA PROPRIÉTÉ DU DESSOUS

A - PRINCIPE
Le propriétaire « peut faire au-dessous toutes les constructions et fouilles qu'il jugera
à propos... » (art. 552, al. 3 du Code civil).
Le propriétaire peut donc creuser, faire des fondations. Il peut également couper les
racines des arbres du voisin qui avancent dans son sous-sol.

B - LIMITATIONS AU DROIT DE PROPRIÉTÉ DU TRÉFONDS


Le propriétaire ne peut faire des fouilles et excavations sans observer une certaine
distance du bord des routes.
Si son sous-sol contient des gisements tels que mines et carrières, un régime spécial est
appliqué :
- l'autorisation d'exploiter est accordée par l'État, au propriétaire ou à un tiers, par
concession ;
- le concessionnaire doit verser à l'État une redevance annuelle. Si le
concessionnaire est un tiers, il doit payer une indemnité au propriétaire de la
surface ;
- l'exploitation d'une carrière est subordonnée à une autorisation délivrée par le
préfet;
- le droit du concessionnaire est un droit réel immobilier susceptible d'hypothèque.

II. LE RÉGIME DES EAUX


La propriété des eaux obéit à un régime particulier, justifié par l'importance de l'eau
dans l'existence humaine : alimentation, navigation, culture.

a) Les eaux de pluie sont des choses communes. Celui qui les reçoit peut se les
approprier.
Les fonds inférieurs sont d'ailleurs tenus de l'obligation de recevoir les eaux de pluie ou
de source qui š découlent « naturellement, sans que la main de l'homme y ait contribué
b) Les eaux de source appartiennent au propriétaire du terrain sur lequel elles
jaillissent.
Celui-ci peut en user à sa volonté « dans les limites et pour les besoins » de son fonds.
Le propriétaire ne peut en priver les usagers inférieurs, non plus que les agglomérations
voisines.
c) Les eaux courantes, lorsqu'elles ne font pas partie du domaine public, sont des
choses communes. Les riverains ont un droit d'usage sur les eaux courantes.
Section 2 : La propriété des accessoires de la chose
1° Le propriétaire de la chose est propriétaire de ce qui est produit par la chose (art. 546
du Code civil). Il devient donc propriétaire :
- des fruits de la chose, qu'ils soient naturels, industriels ou civils;
- des produits de la chose.
2° Le propriétaire de la chose devient propriétaire de ce qui s'incorpore à la chose. C'est
le droit d'accession.
a) En ce qui concerne les immeubles, l'accession peut être :
1. Naturelle
Exemples :
- Animaux venant s'installer sur le fonds (à condition de ne pas y avoir
été attirés par fraude) : pigeons changeant de colombier, abeilles
désertant leurs ruches.
- Alluvions entraînées par un cours d'eau et Menant se fixer sur le fonds.
2. Artificielle
L'accession artificielle résulte d'une attitude active de l'homme : constructions et plantations sur
le terrain d'autrui, ou sur son propre terrain avec les matériaux d'autrui.
b) En ce qui concerne les meubles, l'accession peut résulter
1. d'un mélange : il en est ainsi lorsque deux choses unies ne peuvent plus être
séparées.
Exemple : Deux lingots d'or sont fondus en un seul. Les propriétaires des deux
choses vont en acquérir en commun la propriété dans la proportion de la
quantité, de la qualité et de la valeur des matières appartenant à chacun d'eux.
2. d'une adjonction : c'est l'union de deux choses qui restent néanmoins
reconnaissables.
Exemple : Un tableau et son cadre. Le tout appartient au maître de la chose
constituant la partie principale, en vertu du principe selon lequel l'accessoire suit le
principal.
3. d'une spécification : c'est la création d'un objet par transformation d'une matière.
Exemple : Un meuble est construit avec deux pièces de bois : il appartient en
commun aux propriétaires des éléments d'origine.
TITRE 2 MODES D'ACQUISITION DE LA
PROPRIÉTÉ
La propriété s'acquiert essentiellement par la possession et par l'effet
des obligations (conventions à titre onéreux ou gratuit). Elle peut
également s'acquérir par accession ou par occupation et par voie
successorale.

CHAPITRE I
ACQUISITION DE LA PROPRIÉTÉ
PAR LA POSSESSION
Section 1 : Définition de la possession
La possession est un pouvoir de fait exercé sur une chose matérielle, meuble ou
immeuble. La possession est liée à la propriété. On parle néanmoins de possession à propos
des autres droits réels, principaux, servitudes et usufruit. Il s'agit alors de quasi-possession.
Généralement le pouvoir de fait correspond à l'exercice d'un droit sur la chose • le
propriétaire exerce effectivement ses prérogatives sur la chose : le possesseur en est le
propriétaire. La possession est conforme au droit. Mais il arrive que le droit ne coïncide pas
avec le fait : le voleur possède la chose mais n'en est pas propriétaire ; le propriétaire volé a
perdu la possession de sa chose, mais il a conservé son droit de propriété. La possession est
alors contraire au droit.
La possession est constituée d'un élément matériel, le corpus, et d'un élément
psychologique, l'animus.

1° Élément matériel
Le corpus consiste à accomplir des actes matériels sur la chose, comme le
ferait le titulaire du droit (propriétaire, usufruitier...).
Exemple : Le possesseur utilise une voiture, élève un animal, cultive un
champ, perçoit les loyers d'un immeuble, etc.

Le corpus peut être exercé par l'intermédiaire d'autrui : employés, locataires, etc.
2° Élément psychologique
L'animus est l'intention de se comporter comme le véritable titulaire du droit.
Exemple : Le voleur a la volonté de se considérer comme propriétaire de la chose
volée.
Au contraire, le fermier qui exerce le corpus sur le domaine du bailleur n'a pas
l'animus, car il sait qu'il doit restituer le bien.
Ces deux éléments doivent être réunis ; la perte du corpus ou de l'animus entraîne
la disparition de la possession.
Cette définition de la possession permet de la distinguer :
- de la propriété (ou de l'usufruit), qui résulte de l'exercice d'un droit, alors que la
possession est un pouvoir de fait ;
- de la détention, qui consiste dans l'accomplissement d'actes matériels sur la
chose, justifiés par un acte juridique ou par la loi.
Le détenteur précaire a le corpus, mais il n'a pas l'animus. Il possède pour autrui .
Exemples :
- Le locataire, le fermier, utilisent la chose en vertu d'un contrat, qui
leur impose l'obligation de la restituer au propriétaire.
- Le tuteur détient les biens de l'incapable et doit/es administrer et/es
restituer, en vertu de la loi.

Section 2 : Caractères de la possession


Pour produire des effets juridiques, la possession doit présenter quatre caractères : elle
doit être continue, paisible, publique, non équivoque.
• La possession est continue, lorsque le possesseur se comporte en propriétaire de
manière permanente et conforme à la nature de la chose sur laquelle s'exerce le corpus.
Sinon, la possession est discontinue.
Exemples de possession continue :
— Le possesseur d'une camionnette l'utilise régulièrement chaque fois qu'il
doit faire une livraison.
— Le possesseur d'un terrain le cultive chaque saison, conformément aux
usages agricoles du lieu (jachère).

• La possession est paisible, lorsqu'elle s'effectue sans rencontrer d'opposition. Si le


possesseur doit recourir à la violence pour conserver le corpus, sa possession présente
un vice.
• La possession est publique, lorsqu'elle se manifeste par des actes ostensibles. Si, au
contraire, le possesseur dissimule les actes constituant le corpus, sa possession est
clandestine.
• La possession est non équivoque, lorsque les actes accomplis par le possesseur ne
laissent aucun doute sur son intention de se comporter en propriétaire.
Si, au contraire, ces actes sont susceptibles d'être interprétés différemment, la
possession est équivoque.
Exemple : Le domestique d'une personne décédée a entre les mains des objets
ayant appartenu à celle-ci; ou bien le défunt les lui a donnés (possession) ou
bien il les lui a remis en dépôt (détention) ; la possession est équivoque,

Lorsque la possession ne présente aucun vice, elle est dite utile, car elle peut produire
des effets juridiques. Peu importe que le possesseur soit de bonne ou de mauvaise foi.

Section 3 : Effets de la possession

La possession utile produit des effets de droit. On donne à ce phénomène étonnant plusieurs
justifications.
En général, le fait et le droit coïncident : la protection de la situation de fait bénéficie donc au
titulaire du droit.
Dans l'intérêt de l'ordre social et de la paix publique, le possesseur doit être protégé, on ne
peut perpétuellement remettre en cause des situations acquises depuis longtemps, et le
propriétaire ne doit pas se faire justice à lui-même.
Les effets de la possession sont différents, selon que la chose possédée est un meuble
ou un immeuble,

I. EFFETS DE LA POSSESSION DES IMMEUBLES


En matière immobilière, la possession permet au possesseur
- d'acquérir la propriété de l'immeuble, par voie de prescription acquisitive ou
usucapion ;
- d'exercer les actions en justice, dites actions possessoires, qui ont pour objet de
protéger la possession ;
- d'être dispensé de la charge de la preuve dans le procès en revendication.

A - PRESCRIPTION ACQUISITIVE

La propriété des immeubles pout s'acquérir par l'effort do la possession pondant un


certain temps qui varie de dix à trente ans.

1° Prescription trentenaire
Pour acquérir la propriété d'un immeuble par prescription trentenaire, il suffit
- que le possesseur ait eu le corpus et l'animus ;
- que la possession ait été utile, c'est-à-dire publique, paisible, continue et non
équivoque ,
- qu'un délai de trente ans se soit écoulé depuis la prise de possession.
Il n'est pas nécessaire que le possesseur soit de bonne foi, ni qu'il ait un titre. La
prescription trentenaire permet donc à l'usurpateur de devenir propriétaire de
l'immeuble.

2° Prescription abrégée
Le délai de prescription peut être réduit à dix ans (si le véritable propriétaire est
domicilié dans le ressort de la cour d'appel du lieu de situation de l'immeuble) ou à
vingt ans (s'il est domicilié hors dudit ressort). Il faut pour cela que le possesseur
satisfasse, non seulement aux deux premières conditions exigées pour la prescription
trentenaire, mais encore à deux conditions supplémentaires : il doit avoir un juste
titre et être de bonne foi.
a) Le juste titre.
- C'est un acte translatif de propriété à titre particulier (vente, donation,
échange, legs particulier) à l'exclusion du legs universel et de la succession
ab intestat ;
- qui n'a pu produire son effet, soit parce qu'il émane d'une personne qui n'était
pas propriétaire de la chose, soit parce qu'il est nul de nullité relative.

b) La bonne foi.
C'est l'ignorance du vice ayant affecté le juste titre, au moment de la conclusion
de l'acte.
La bonne foi est présumée ; c'est donc au propriétaire qui revendique l'immeuble
qu'incombe la charge de prouver que le possesseur avait connaissance du vice de
l'acte.

3° Règles communes aux deux catégories de prescriptions


a) Computation des délais.

1. Le possesseur actuel peut joindre sa possession à celle de son auteur (défunt ou vendeur).

2. Interruption et suspension de la prescription. L'interruption de la prescription peut être :


- naturelle : lorsque le possesseur est privé pour une cause quelconque, pendant plus
d'un an, de la jouissance de la chose.
- civile :
• lorsque le propriétaire exerce contre le possesseur une action en justice (la
prescription est interrompue à compter de la citation en justice),
• lorsque le possesseur renonce à prescrire en reconnaissant le droit de celui
contre lequel il prescrivait.
L'interruption de la prescription met à néant le temps écoulé avant qu'elle intervienne,
Si le possesseur veut continuer à usucaper le bien, 'il doit recommencer à le posséder
pendant dix, vingt ou trente ans.

La suspension de la prescription résulte de l'existence d'un obstacle temporaire.


Lorsque la cause de suspension disparaît, le délai continue à courir au profit du
possesseur. La prescription est suspendue, à titre exceptionnel, au profit de certaines
personnes qui ne sont pas en mesure de défendre leurs droits (mineur, majeur en tutelle),
pendant toute la durée de l'incapacité.

b) Effet de la prescription.
A l'expiration du délai de prescription, le possesseur est réputé avoir été propriétaire
depuis le premier jour de la possession et non à compter de l'accomplissement du délai
de prescription.
La propriété est acquise avec toutes les charges qui la grevaient.
En conséquence, les droits consentis sur l'immeuble pendant le délai de prescription
par le possesseur sont consolidés. En revanche, ceux consentis par le propriétaire sont
anéantis rétroactivement.

B - LES ACTIONS POSSESSOIRES

Les actions possessoires permettent au possesseur de se défendre contre les troubles


apportés à sa possession.

Il est normal de protéger la possession contre les atteintes des tiers car le possesseur est
généralement le titulaire du droit.
Le propriétaire lui-même a intérêt à porter le litige sur le terrain de la possession, car
la reconnaissance de sa possession lui confère une position avantageuse dans un procès
ultérieur en revendication : la possession fait présumer la propriété, et le dispense donc
de la charge de la preuve.
Il existe trois actions possessoires la complainte, la dénonciation de nouvel œuvre, et
la réintégrande ; elles doivent être exercées dans l'année du trouble subi par le possesseur
; elles sont portées devant le tribunal d'instance.
a)La complainte est une action ouverte à tout possesseur d'un immeuble, qui subit
un trouble actuel, résultant d'un acte matériel.
Exemples : Un voisin vient régulièrement puiser de l'eau dans un puits sur
le fonds contigu au sien. Un voisin fait défense, pat acte d'huissier, au
possesseur ou détenteur du fonds contigu, d'élever une construction.
La possession doit être utile et d'une durée d'un an au moins,
b) La dénonciation de nouvel œuvre est ouverte au possesseur qui craint un
trouble éventuel, du fait de l'activité d'un tiers. La possession doit être également
utile et d'une durée d'un an.
Exemple : Un voisin construit sur son propre fonds un battage susceptible
de détourner les eaux et d'en priver le fonds du demandeur.

c)La réintégrande peut être exercée lorsque la possession est troublée par des voies
de fait. Il suffit que la possession soit paisible et publique.
Exemple : Le champ du possesseur est cultivé pat un voisin,

II. EFFETS DE LA POSSESSION DES MEUBLES


La possession conduit à l'acquisition de la propriété des meubles, lorsqu'il s'agit,
- des meubles corporels (qui peuvent seuls faire l'objet d'une main-mise) à
l'exception de ceux dont l'aliénation est soumise à publicité : navires de mer,
bateaux de navigation fluviale, aéronefs
- parmi les meubles incorporels, des seuls titres au porteur.
L'effet acquisitif de la possession se produit dès qu'un certain nombre de conditions
sont réunies. Ces conditions varient selon que le meuble est vacant, ou qu'il appartient à un
propriétaire, ou qu'il s'agit de l'acquisition des fruits.

A - OCCUPATION DES MEUBLES VACANTS


Une chose est vacante lorsqu'elle n'a pas (ou n'a plus) de propriétaire. Il en est ainsi :
des produits de la chasse et de la pêche (gibiers, poissons) ; des choses volontairement
abandonnées par leur propriétaire (animal, voiture) ; des choses communes (eaux de pluie,
mer, etc.) ; du trésor.
La simple prise de possession suffit à faire acquérir la propriété.
Une épave est une chose dont le propriétaire, involontairement dépossédé, est
inconnu. L'épave peut être maritime, fluviale, terrestre. L'inventeur n'en acquiert pas
immédiatement la propriété.

B - ACQUISITION PAR LA POSSESSION DES MEUBLES


AYANT UN PROPRIÉTAIRE : « EN FAIT DE MEUBLES,
POSSESSION VAUT TITRE »

Cette maxime, du XVIII e siècle, est contenue dans l'article 2279 du Code civil.
Elle signifie que la possession d'un meuble corporel par un possesseur de
bonne foi fait présumer la propriété.
Ce principe trouve sa justification dans la nécessité d'assurer la sécurité des
transactions portant sur les meubles corporels et les titres au porteur : ces transactions sont
très fréquentes ; en général, elles ne sont pas constatées par écrit et ne donnent lieu à aucune
publicité. L'application de la règle « en fait de meubles... » dispense l'acquéreur d'une
preuve qu'il aurait des difficultés à fournir.
Cette règle s'applique dans le conflit qui peut opposer le possesseur actuel de bonne
foi de la chose à celui qui s'en prétend le propriétaire. Deux hypothèses doivent être
distinguées.
1° La chose n'a été ni perdue, ni volée
Le possesseur en devient immédiatement propriétaire, lorsque les quatre conditions
suivantes sont réunies :
- la chose revendiquée est un meuble corporel non soumis à immatriculation, ou un
titre au porteur ;
- le possesseur justifie d'une possession véritable : il ne doit pas être détenteur
précaire de la chose en vertu d'un contrat : dépôt, bail, prêt, etc. ;
- la possession doit être utile, paisible, publique, continue et non équivoque ;
- le possesseur doit être de bonne foi.
Exemple : DURAND est propriétaire d'une bicyclette qu'il loue à DUPONT.
DUPONT, locataire, vend la bicyclette à MARTIN, qui ignore que son
vendeur n'est pas propriétaire. MARTIN devient possesseur de bonne foi de
la bicyclette, DURAND ne peut la réclamer à MARTIN, qui opposera à sa
revendication, la règle posée par l'article 2279 « en fait de meubles„. »

2° La chose a été perdue ou volée


a) Il s'agit de meubles corporels.
Le propriétaire peut exercer l'action en revendication :
- contre le possesseur de mauvaise foi (inventeur ou voleur), pendant trente ans à
compter du jour de la perte ou du vol ;
- contre le possesseur de bonne foi qui, ayant acquis la chose de l'inventeur ou du
voleur, en ignore la provenance :
• pendant trois ans,
• à condition d'en rembourser le prix d'acquisition, si le possesseur de bonne foi a
acheté la chose dans une foire, un marché, ou chez « un marchand vendant des
choses pareilles ».
Exemple : DUPONT a perdu son chien, DURAND achète le chien dans un chenil,
DUPONT ne pourra revendiquer l'anima/ qu'à condition d'en rembourser le prix
d'acquisition à DURAND.

Dans ces cas, l'acquisition de la propriété par le possesseur n'est effective qu'après
l'écoulement d'un délai de trente ou trois ans, suivant qu'il est de mauvaise ou de bonne
foi.
b) il s'agit de titres au porteur perdus ou volés.
Le titulaire des titres doit faire une double opposition :
- entre les mains de la chambre syndicale des agents de change, afin d'empêcher
la négociation des titres par le voleur ou l'inventeur ;
- entre les mains de la société émettrice, afin d'éviter qu'elle ne paye les intérêts
et ne rembourse le capital au voleur ou à l'inventeur.
Après écoulement d'un délai de doux ans, le propriétaire peut être autorisé par justice
à percevoir les revenus des titres. Au bout de cinq ans, il pourra obtenir de la société un
double des titres.

3° Acquisition des fruits par la possession


Le possesseur d'un immeuble en acquiert les fruits, naturels, civils, et industriels, à
condition : qu'il les perçoive effectivement, et qu'il soit de bonne foi au moment de chaque
perception.
Exemple : Une personne a acquis un immeuble d'un non propriétaire. Cet
immeuble est loué ; elle touche donc régulièrement le prix des loyers. Le
véritable propriétaire a, pendant ce temps, intenté une action en revendication,
en vue d'obtenir la restitution de son immeuble. Cette action réussit ; si Ile
possesseur est de bonne foi, i/ conserve les loyers perçus.

Au contraire, le possesseur de mauvaise foi doit restituer tous les fruits qu'il a
perçus, sous déduction des dépenses faites pour les obtenir.
CHAPITRE II

ACQUISITION DE LA PROPRIÉTÉ
PAR LA CONVENTION

Les conventions qui ont pour objet de transférer la propriété peuvent être conclues,
soit à titre gratuit (donation), soit à titre onéreux (vente, échange).
Dans les deux cas, le transfert de propriété s'opère de manière différente entre les
parties et à l'égard des tiers.

I. TRANSFERT DE LA PROPRIÉTÉ ENTRE LES


PARTIES
A - PRINCIPE

La convention produit par elle-même, automatiquement et dès l'accord des volontés,


le transfert de propriété de la chose de celui qui l'aliène à celui qui l'acquiert,
indépendamment de toute prise de possession matérielle.
Exemple : Pierre vend son fusil de chasse à Jean. Dès que Pierre et Jean sont
d'accord sur la chose et le prix, Jean est propriétaire du fusil; peu importe
que Pierre ne le lui ait pas encore livré, et que Jean n'en ait pas payé le prix.

Conséquences du transfert immédiat de la propriété :


- le cessionnaire (acheteur, bénéficiaire de la donation) étant propriétaire, supporte
les risques de la chose, même si elle ne lui a pas été livrée matériellement : si la
chose périt par cas fortuit, il devra néanmoins en payer le prix au cédant ;
- l'acquéreur a droit aux fruits dès la conclusion de la convention ;
- la chose est entrée dans le patrimoine de l'acquéreur et devient le gage de ses
créanciers.

B - EXCEPTIONS AU PRINCIPE DU TRANSFERT IMMÉDIAT DE


PROPRIÉTÉ

Le transfert de propriété peut être retardé :


- lorsque les parties en ont ainsi convenu : le transfert de propriété est souvent reporté
au moment du paiement du prix,
- lorsqu'il s'agit de choses de genre ou de choses futures, la propriété est transférée
au moment de l'individualisation des objets, ou de leur achèvement.

II. TRANSFERT DE PROPRIÉTÉ A L'ÉGARD DES TIERS


Les tiers ont intérêt à savoir qu'une chose est sortie du patrimoine d'une personne : les
créanciers chirographaires voient leur droit de gage diminué ; la chose peut être revendue à
un second acquéreur.
Or, l'accord des volontés est secret ; il est donc nécessaire de renseigner les tiers et de ne
faire produire effet à la convention, en ce qui les concerne, qu'après l'accomplissement de
formalités de publicité. Ces formalités varient suivant qu'il s'agit d'immeubles ou de
meubles.

A - IMMEUBLES

Le transfert de propriété d'un immeuble n'est opposable aux tiers qu'à partir de
l'accomplissement de la publicité foncière.
La publicité foncière permet aux tiers d'être informés des opérations portant sur les
immeubles : cessions à titre onéreux ou gratuit, entre vifs et à cause de mort, conventionnelles
ou résultant d'un jugement ; clauses d'inaliénabilité, partage de biens indivis, baux de plus
de douze ans, constitution d'hypothèques et privilèges spéciaux, etc.
La publicité est effectuée à la Conservation des hypothèques. Elle consiste dans le dépôt
d'une copie de l'acte translatif de propriété, nécessairement notarié, à la Conservation des
hypothèques.
Il est délivré des extraits et des copies des actes publiés.
La publicité a pour effet de rendre les actes publiés opposables aux tiers, et de régler les
conflits entre les différentes personnes ayant acquis des droits concurrents sur un même
immeuble : est préférée celle qui a publié son droit en premier.
Exemples :
— A est propriétaire d'un immeuble. Il consent une hypothèque à B le 20 janvier, puis
vend l'immeuble à C le 15 mars. B publie son titre le 30 mars, et C le 20 mars. C est préféré
à B qui ne peut lui opposer son hypothèque,
— Un immeuble est vendu Pierre le 2 mai, à Paule le 10 mai suivant. Pierre dépose son
acte de vente à la conservation des hypothèques le 30 juin, Paul, le 20 juin de la même année.
Paul sera préféré à Pierre puisqu'il a publié son titre le premier.

B - MEUBLES
Il faut distinguer les meubles corporels et les meubles incorporels.

1° Le transfert de propriété des meubles corporels est opposable aux tiers, à partir de
la mise en possession effective de l'acquéreur.
C'est une conséquence de l'application de la maxime « en fait de meubles, possession
vaut titre » : à l'égard des tiers, c'est celui qui est en possession de la chose qui est réputé
propriétaire.

Exemple : DUPONT vend sa bicyclette à DURAND, puis à MARTIN, et la


remet matériellement à celui-ci. C'est MARTIN qui en est propriétaire.

2° La cession d'une créance (meuble incorporel) n'est opposable aux tiers que par la
signification (par acte d'huissier) qui en est faite au débiteur.
Exemple : Pierre est créancier de Paul, il cède sa créance Henri. Vis-à-vis des tiers,
(Henri ne sera réputé nouveau créancier de Paul, que lorsqu'il aura signifié à celui-ci
la cession intervenue. Tant que cette formalité n'est pas accomplie, la créance de Pierre
contre Paul est toujours dans son patrimoine et reste le gage de ses propres créanciers.
TITRE 3 LES DÉMEMBREMENTS DU
DROIT DE PROPRIÉTÉ
CHAPITRE I

L'USUFRUIT
L'usufruit est le droit d'user et de jouir de la chose d'autrui. Le droit de disposer est
conservé par le propriétaire de la chose, qui n'a plus qu'une nue-propriété.
L'usufruit permet d'assurer à une personne des ressources pendant toute sa vie tout en
laissant la propriété des biens sur lesquels il porte à leur propriétaire ou à ses héritiers.
Mais cette situation comporte un risque : l'usufruitier est souvent porté à abuser de sa
jouissance ou à ne pas entretenir les biens sur lesquels porte son usufruit. La constitution de
l'usufruit est conventionnelle ou légale.
a) L'usufruit légal résulte généralement de dispositions du droit successoral.
Exemple : Le conjoint survivant a un droit d'usufruit sur tout ou partie de la succession ab
intestat de son conjoint décédé.
L'usufruit peut également être acquis par prescription acquisitive, dans les mêmes
conditions que la propriété.

b) L'usufruit conventionnel peut être contenu dans un acte de vente ou de donation : ou bien le
propriétaire aliène l'usufruit en conservant la nue-propriété, ou bien il cède la nue-propriété
et conserve l'usufruit. Il en est fréquemment ainsi en matière de donation.

Section 1 : Caractères de l'usufruit


1° L'usufruit est un droit réel qui réalise un démembrement du droit de propriété, entre
l'usufruitier et le nu-propriétaire.
2° L'usufruit peut porter :
- sur des biens mobiliers ou immobiliers, corporels ou incorporels : immeuble créance,
titres de sociétés, fonds de commerce, droit de propriété littéraire et artistique, etc. ;
- sur des biens isolés ou sur une universalité de biens : patrimoine du défunt.

3°L'usufruit est un droit temporaire : sa durée ne peut jamais excéder la vie de


l'usufruitier. C'est un droit intransmissible pour cause de mort.
- Lorsque l'usufruit est conventionnel, les parties peuvent lui fixer une durée déterminée :
dix, vingt ans, etc. Mais si l'usufruitier décède avant l'expiration de cette durée, l'usufruit
prendra fin également avant le terme convenu.
- Lorsque l'usufruit est légal, ou que les parties n'ont pas fixé de terme à l'usufruit
conventionnel, la durée de l'usufruit est calquée sur celle de la vie de l'usufruitier : c'est
un droit viager. Il en est ainsi même lorsque l'usufruitier cède son usufruit ; le droit
s'éteindra pour l'acquéreur à la date à laquelle il doit prendre fin pour le cédant.
Si l'usufruitier est une personne morale, la durée de l'usufruit est limitée impérativement
à trente ans.

Section 2 : Effets de l'usufruit


L'usufruit met en cause deux personnes ayant des droits parallèles sur la chose,
l'usufruitier et le nu-propriétaire.

I. SITUATION DE L'USUFRUITIER
L'usufruitier a des droits et des obligations ; sa situation est protégée par des actions
en justice.

A - DROITS DE L'USUFRUITIER

L'usufruitier peut exercer tous les actes d'usage et de jouissance de la chose.

1° Actes matériels
- d'usage : l'usufruitier peut se servir du bien (utiliser une voiture, habiter une
maison), en respectant l'aménagement et la destination donnés par le
propriétaire ;
- de jouissance : l'usufruitier a droit aux fruits, qu'ils soient naturels, industriels
ou civils.
Il acquiert les fruits naturels et industriels par la perception, et les fruits civils, au
jour le jour.
Exemples :
— Si l'usufruit commence la veille d'une récolte, celle-ci sera acquise par
l'usufruitier.
— Au contraire, si l'usufruit prend fin en cours d'année, les intérêts du bien
seront répartis entre usufruitier et nu-propriétaire prorata temporis.
Sont interdits les actes de destruction, car l'usufruitier est tenu de l'obligation de rendre
la chose au nu-propriétaire à la fin de l’usufruit.
Cependant, lorsque l'usufruit porte sur des choses consomptibles, l'usage et la jouissance
emportent nécessairement disparition du bien (monnaie, marchandises). L'usufruitier est alors
tenu de les rendre en équivalent et non en nature : il y a quasi-usufruit. L'usufruitier n'acquiert
pas les produits de la chose.

2° Actes juridiques
L'usufruitier peut faire les actes d'administration, mais non les actes de disposition.
Ainsi, les baux à ferme et les baux à loyer portant sur des immeubles à usage
commercial, industriel ou artisanal, ne peuvent être consentis par l'usufruitier qu'avec le
consentement du nu-propriétaire.
Les baux de plus de neuf ans des locaux à usage d'habitation ne sont opposables au nu-
propriétaire, lorsque l'usufruit prend fin au cours de leur exécution, que pour la tranche de neuf
ans en cours.

B - OBLIGATIONS DE L'USUFRUITIER
1° Au début de l'usufruit, l'usufruitier doit :
- dresser un inventaire des meubles et un état des immeubles ;
- fournir caution.
La caution consiste dans l'engagement pris par une personne de garantir le paiement des
sommes que l'usufruitier serait amené à devoir au nu-propriétaire.
2° Pendant la durée de l'usufruit, l'usufruitier doit jouir de la chose « en bon père de
famille ».
Il doit en conséquence :
a) Conserver la substance de la chose,
Exemple : il doit signaler au propriétaire les usurpations commises par un tiers,
poursuivre le recouvrement des créances échues, renouveler les inscriptions
hypothécaires.

b) Se servir des biens conformément à l'usage auquel le propriétaire les destine ;


Exemple : il ne peut transformer un local d'habitation en local commercial, et
inversement.

c) Supporter les charges usufructaires; ce sont les charges qui correspondent à


l’usage de l'immeuble : dépenses d'entretien, paiement des impôts fonciers et sur le revenu
de l'immeuble.
Si l'usufruitier n'exécute pas ses obligations, le nu-propriétaire peut demander en justice
sa déchéance pour abus de jouissance.
II. SITUATION DU NU-PROPRIÉTAIRE

A - DROITS DU NU-PROPRIÉTAIRE
Il peut :
- disposer de la chose : vendre, hypothéquer la nue-propriété ;
- demander la déchéance de l'usufruit pour abus de jouissance ;
- faire des actes conservatoires : interrompre une prescription, etc. ;
- exercer l'action en revendication ;
- recueillir les produits de la chose.
B - OBLIGATIONS DU NU-PROPRIÉTAIRE
Il doit :
- délivrer la chose à l'usufruitier ;
- ne pas le troubler dans sa jouissance ;
- effectuer les grosses réparations. Mais l'usufruitier ne peut l’y contraindre
;
- payer les charges afférentes à la propriété : impôt sur le capital, etc.

Section 3 : Extinction de l'usufruit


I. CAUSES D'EXTINCTION
L'usufruit prend fin :
- par la mort de l'usufruitier : c'est un droit viager ;
- par l'arrivée du terme (extinctif) : usufruit constitué pour une durée déterminée,
usufruit des personnes morales,
- par consolidation, c'est-à-dire par réunion en la même personne, des deux
qualités de propriétaire et d'usufruitier ;
- par le non usage du droit pendant trente ans ;
- par la perte totale de la chose, objet de l'usufruit ;
Mais s'il y a subrogation réelle (remplacement de la chose par une somme d'argent
: une indemnité d'expropriation ou d'assurance, par exemple), l'usufruit est reporté
automatiquement sur la chose obtenue en remplacement.

- par déchéance prononcée par le Tribunal pour abus de jouissance lorsque


l'usufruitier n'exécute pas ses obligations.

II. CONSÉQUENCES DE L'EXTINCTION DE L'USUFRUIT

1° Restitution du bien par l'usufruitier ou ses héritiers,

Le bion doit être restitué dans l'état où il se trouvait à l'ouverture de l'usufruit,


Exceptions : Si l'usufruit porte sur des choses qui se détériorent (et si la détérioration
n'est pas due à la faute de l'usufruitier), elles sont restituées dans l'état où elles se trouvent à
la fin de l'usufruit.
Les biens consomptibles sont restitués en équivalent.

2° Règlement des comptes existant entre l'usufruitier (ou ses héritiers) et le nu-propriétaire.

a) Le nu-propriétaire a droit :
- à la quote-part des fruits civils à la date de cessation de l'usufruit ;
- à des indemnités pour défaut d'entretien ou de réparation ou abus de jouissance
de l'usufruitier.
b) L'usufruitier a droit au remboursement des avances qu'il a pu faire pour le compte du
nu-propriétaire : impôts, grosses réparations.
Mais il ne peut exiger aucune indemnité pour les améliorations qu'il a éventuellement
apportées à la chose.
CHAPITRE Il

LES SERVITUDES
Section 1 : Définition et classification des servitudes
I. DÉFINITION
La servitude est une charge imposée à un immeuble, le « fonds servant », au profit d'un
autre immeuble le fonds dominant », appartenant à un propriétaire différent.
La servitude est donc composée de deux éléments :

1° C'est une obligation qui pèse sur tous les propriétaires du fonds servant. Cette obligation
constitue une restriction à leur droit de propriété :
- soit qu'elle les prive de certaines de leurs prérogatives,
Exemple : Servitude de ne pas bâtit,
- soit qu'elle les contraint à supporter que les propriétaires du fonds dominant exercent
certaines de ces prérogatives concurremment avec eux.
Exemple : Servitude de passage, de puisage,

2° La charge est établie au profit d'un immeuble (et non d'une personne), et imposée à un
autre immeuble (et non à une personne).
il en résulte que :
- la servitude a un caractère réel : elle s'impose et profite à tous les propriétaires
présents et à venir du fonds servant et du fonds dominant ;
- la servitude est un accessoire des fonds. Elle forme avec les fonds un tout indivisible.
En conséquence :
a) Elle est vendue et hypothéquée en même temps que le fonds,
b) Elle est perpétuelle, comme le droit de propriété (sauf cause d'extinction
particulière).

II. CLASSIFICATION DES SERVITUDES


La classification essentielle est fondée sur le mode d'exercice de la servitude On
distingue

A - LES SERVITUDES CONTINUES ET DISCONTINUES


Une servitude est continue lorsqu'elle s'exerce sans aucune intervention de son titulaire.
Exemples
- Servitude de vue, qui consiste dans l'existence d'une fenêtre donnant sur /e
fonds voisin,
- Servitude d'égoût des toits.
- Servitude de ne pas bâtir.

Une servitude est discontinue lorsqu'elle nécessite l'intervention de son titulaire,


Exemple : Servitude de passage, de puisage.
B - LES SERVITUDES APPARENTES ET NON APPARENTES
Les servitudes apparentes se révèlent par un ouvrage extérieur.
Exemple : La servitude de passage se manifeste par l'existence d'un chemin, la
servitude de vue, par la construction d'une fenêtre.

Les servitudes non apparentes ne se signalent par aucun signe extérieur.


Exemple : La servitude de ne pas bâtir.

C - CES DEUX CLASSIFICATIONS SE COMBINENT


Une servitude peut être :
- continue et apparente : servitude de vue ;
- continue et non apparente : servitude de ne pas bâtir ;
- discontinue et apparente : servitude de passage ;
- discontinue et non apparente : servitude de pacage ;

Section 2 : Sources des servitudes réelles


Ces sources sont la loi et le fait de l'homme.

I. SERVITUDES LÉGALES
Les règles concernant les servitudes légales sont contenues dans les articles 649 à 685
du Code civil. Elles organisent les rapports de voisinage entre les fonds.
Les servitudes légales comprennent :
- la servitude de passage en cas d'enclave,
- la servitude d'aqueduc;
- la servitude de cours communes ;
- les distances à observer pour les constructions et plantations, l'ouverture des
vues et jours.

II. SERVITUDES ÉTABLIES PAR LE FAIT DE L'HOMME


Les servitudes établies par le fait de l'homme ont pour origine : un titre, la prescription
acquisitive, la destination du père de famille.

1° Le titre
Le titre est, soit une convention, soit un testament.
Toutes les servitudes peuvent être établies par titres : la constitution des servitudes est
régie par le principe d'autonomie de la volonté. Il suffit que la charge :
- ne soit pas contraire à l'ordre public ;
- soit imposée à un fonds au profit d'un autre fonds, et non à une personne au
bénéfice d'une autre personne.

2° La prescription acquisitive
Elle permet d'acquérir Line servitude, à condition :

a) que la possession soit utile : paisible, publique, continue, non équivoque ;


b) qu'il s'agisse des seules servitudes continues et apparentes ;

En effet, la possession d'une servitude discontinue est équivoque (sauf en cas d'enclave).
le caractère intermittent des actes d'exercice de la servitude peut s'expliquer par une simple
tolérance du propriétaire du fonds-servant ; la possession d'une servitude non apparente est
clandestine.
c) qu'un délai de trente ans se soit écoulé. La loi ne prévoit aucune prescription abrégée
pour l'usucapion des servitudes.

3° La destination du père de famille


Elle suppose qu'une même personne, propriétaire de deux immeubles, crée entre eux un
aménagement des lieux qui constituerait une servitude s'ils appartenaient à des propriétaires
différents.
Exemple : il ouvre des fenêtres sur l'un des fonds à une distance du second fonds,
inférieure à la distance réglementaire.

Si les deux immeubles viennent à appartenir à des propriétaires différents (l'un d'eux
est vendu, ou ils sont attribués à des héritiers différents lors du décès du constituant),
l'aménagement des lieux se transforme en véritable servitude.
Peuvent être constituées par destination du père de famille :
- les seules servitudes continues et apparentes, si l'acte séparatif des
immeubles (vente, partage) ne peut être retrouvé ;
- les servitudes discontinues et apparentes, à condition que l'acte séparatif des
immeubles ne renferme aucune stipulation contraire.
Section 3 : Effets des servitudes

I. DROITS ET OBLIGATIONS DU PROPRIÉTAIRE DU FONDS


SERVANT
Celui-ci n'est tenu que d'une obligation passive : laisser le propriétaire du fonds dominant
accomplir les actes d'exercice de la servitude.
Exemple : Le laisser passer librement. Ou s'abstenir d'accomplir les actes interdits.

Exemple : Ne pas bâtir.


Exceptionnellement, le propriétaire du fonds servant peut-être tenu, en vertu du titre
constitutif de la servitude, d'accomplir certains actes permettant l'exercice de celle-ci. Mais
il ne peut modifier ni l'état des lieux ni les conditions d'exercice de la servitude.

II. DROITS ET OBLIGATIONS DU PROPRIÉTAIRE DU FONDS


DOMINANT
Il peut accomplir tous les actes correspondant à la nature de la servitude.
Il doit assumer les charges d'entretien des ouvrages nécessaires à l'exercice de la
servitude. Il ne doit pas aggraver la servitude.
La question se pose lorsque le propriétaire du fonds dominant modifie les conditions
d'exploitation de son fonds. La réponse appartient aux juges du fond.
Exemple : Peut-il utiliser avec un tracteur un passage prévu pour des voitures
attelées ?

Section 4 : Extinction des servitudes

La servitude est, en principe, perpétuelle, comme le droit de propriété auquel elle est liée.
Cependant, les servitudes peuvent prendre fin :
- par confusion, lorsque le fonds dominant et le fonds servant sont réunis entre
les mains d'un même propriétaire,
- par non usage de la servitude pendant trente ans.
Le point de départ de ce délai se situe
• pour les servitudes continues, du jour de l'accomplissement d'un acte
contraire à leur exercice ; Exemple : La fenêtre a été murée,
• pour les servitudes discontinues, du jour du dernier acte accompli par le
propriétaire du fonds dominant ;
Exemple : Le dernier passage sur le fonds servant,
- par disparition de l'objet,
Exemple : Le puits est tari.
- par renonciation, à titre gratuit ou onéreux, du propriétaire du fonds dominant.

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