Mémoire de Master - NGAFWE J
Mémoire de Master - NGAFWE J
Mémoire de Master - NGAFWE J
Sous la direction de
Dr MEUTOU Hélène
Chargée de cours (CC)
II - MOTIVATIONS
La motivation consiste à justifier, à apporter des éclaircissements sur les mobiles au
choix de ce sujet. Il est question d’indiquer les raisons qui nous ont poussées à choisir ce
sujet. Notre étude portée sur la langue Tupuri est partie de plusieurs raisons. Étant locuteur
natif de ladite langue et du fait que notre langue soit très répandue, nous espérons que le
présent travail sera une contribution à la connaissance approfondie de la description de la
langue Tupuri et la valorisation de cette langue. Certes, il y a des travaux de recherche
abordant différents pans de cette langue qui ont été menés mais ceux consacrés à l’étude des
pronoms personnels sont en nombre très restreint. Ruelland (1992) a évoqué les pronoms et
les logophoriques, mais Kolyang (2020) et Rhousgou (2021) ont énuméré les pronoms. Nous
avons jugé intéressant d’approfondir les recherches en étudiant les pronoms personnels dans
leur fonctionnement.
Les travaux sur la grammaire ont essentiellement été faits sur les langues
indoeuropéennes. Or, cette branche de la linguistique se veut universelle. En 1955, Cheikh
Anta Diop affirme : « Il est plus efficace de développer une langue nationale que de cultiver
artificiellement une langue étrangère : un enseignement qui serait donné dans une langue
maternelle permettrait d’éviter des années de retard dans l’acquisition de la connaissance. »
À cet effet, nos motivations varient d’un plan à un autre :
- sur le plan identitaire, la promotion de la langue Tupuri est un atout pour les locuteurs
Tupuri, car nous aurions apporté un plus dans les travaux sur la langue Tupuri en particulier ;
les langues camerounaises et africaines en général ;
- sur le plan politique, à l’heure où les langues nationales commencent à être intégrées dans
les curricula de l’enseignement, l’étude des langues camerounaises en général sera d’une
grande importance. En effet, depuis la révision de la constitution en 1996, les langues
camerounaises ont connu un regard différent de celui d’autrefois. On leur accorde désormais
un intérêt particulier. Leur intégration dans le système éducatif, notamment au primaire et au
secondaire, implique un développement substantiel de ces dernières. Dès lors, la prise en
charge de ces langues à tradition orale apparaît comme un réel motif pour les chercheurs de ce
domaine. Promouvoir nos langues devient nécessaire. À travers cette recherche, nous voulons
mettre à la disposition des enfants Tupuri, des outils nécessaires pour l’apprentissage de cette
langue déjà connue. Nous voulons, en outre, montrer comment la grammaire qui se veut
universelle se vérifie dans la langue Tupuri ;
- Dans le désir d’orienter le peuple Tupuri vers le contexte de globalisation qui voudrait faire
du monde « un village planétaire » et promouvoir le brassage culturel, celui-ci passe
inéluctablement par les langues. Pour permettre aux locuteurs non natifs de la langue Tupuri
de s’y imprégner, il est judicieux de lever un pan de voile sur cette langue nationale et même
internationale en la dotant des documents.
La langue Tupuri, comme toute autre langue, véhicule notre culture. Soter Azombo-
Menda et Pierre Meyongo (1981 : 95) le rappellent en ces termes : « La langue forme et
perpétue la personnalité culturelle. Elle transmet le savoir, les mythes, les croyances, les
coutumes, les habitudes, de comportement, les règles de politesse, les nuances d’affectivité,
l’expression des sentiments, les règles de la pratique sociale. Elle est une sécrétion de la
culture envisagée dans tous les aspects, dont à son tour constitue le lien. ».
Notre travail sur la langue Tupuri n’étant pas nouveau, un travail de recension,
d’assemblage de travaux déjà effectués permettant au chercheur de ne pas se vanter dans les
travaux déjà existants. Il s’agit sans doute pour nous de recenser des travaux qui ont été
menés sur la langue Tupuri en général et sur le système pronominal en particulier. Ceci étant,
il nous serait important de rassembler les ouvrages ou les travaux de recherche qui, d’une
manière ou d’une autre, sont en rapport avec notre sujet.
IV – PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE
Dans la plupart des langues africaines, il existe des parties du discours qui permettent
de communiquer. Cette conception est mise en œuvre par le linguiste américain Greenberg
(1963), dont les travaux portent sur la description des langues africaines. Selon la théorie des
universaux du langage, il y aurait des caractéristiques communes et indispensables dans toutes
les langues, que ce soit dans le domaine phonétique, morphologique et syntaxique. Force est
donc de préciser que les catégories grammaticales qui existent dans les langues du monde en
général et dans les langues africaines en particulier n’ont pas le même fonctionnement dans la
structure de la phrase. Cela voudrait donc dire que l’étude du fonctionnement du système
pronominal dans la langue Tupuri traite de manière spécifique le système de modalités
pronominales. De ce constat, la question fondamentale sur laquelle nous allons bâtir notre
travail est celle de savoir :
Comment appréhender sur le plan morphosyntaxique la notion de pronom personnel
dans la langue Tupuri ?
Cette question principale se décline en questions secondaires qui sont entre autres :
- Quels sont les pronoms personnels attestés en Tupuri ?
- Comment fonctionnent-ils au plan morphosyntaxique ?
- Comment s’opère le processus de substitution des nominaux par leur pronom ?
V - HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
L’hypothèse est une proposition énoncée en vue d’expliquer un phénomène, admise à
titre provisoire et destinée à être soumise à une vérification par sa confrontation
(expérimentale, observationnelle…) avec le réel. Elle joue un rôle capital dans un travail de
recherche. Suite donc à la problématique, s’en découlent quelques hypothèses dans ce cadre
de recherche portant sur l’approche fonctionnelle appliquée à la langue Tupuri. Au fait, il
nous incombe essentiellement de dégager une hypothèse principale, selon laquelle le Tupuri,
comme toute autre langue, possède son propre système nominal qui se sert de trois personnes
(1re, 2ème et 3ème) et dont les morphèmes sont libres ou se distinguent à vue d’œil. Les pronoms
personnels Tupuri sujets, objets directs, objets indirects et toniques subissent constamment
des changements bien que le Tupuri ne soit pas une langue à flexion (concernant les noms).
Ceci étant, il reste à présenter la théorie qui nous permettra à analyser ces données.
VI - OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Le présent travail se fixe comme tâche essentielle de contribuer à l’évolution de la
linguistique en général et à la propagation des langues africaines en particulier. Par la
description des pronoms personnels Tupuri, concepts, méthodes de la linguistique, nous
espérons découvrir des nouvelles connaissances, des nouveaux faits non découverts dans cette
langue. Nous voulons principalement, dans ce travail, décrire le système pronominal de la
langue Tupuri. Ce travail a pour but de décrire, de promouvoir et de valoriser la langue Tupuri
afin que cette dernière trouve sa place parmi les langues nationales intégrées dans les
curricula de l’enseignement au Cameroun.
IX - INTÉRÊT DU TRAVAIL
Notre travail contribuera d’abord dans la perspective du développement des langues
africaines ainsi que la vulgarisation de la culture africaine, ensuite, arrimer le peuple Tupuri
au contexte de mondialisation qui voudrait faire du monde « un village planétaire », intégrant
en son sein les éléments culturels positifs de chaque peuple. Or, il est incontestable que
l’instrument par excellence de véhicule d’une culture est la langue. Tout travail de recherche
scientifique nécessite un intérêt. Cet intérêt peut être personnel, didactique, pédagogique,
linguistique, culturel, politique, etc.
En effet, dans le cadre de ce travail, cinq éléments seront mis en exergue :
- L’intérêt personnel : la recherche approfondie sur le système pronominal nous sera
d’une fierté incommensurable dans la mesure où nous aurons apporté notre contribution à la
grammaire du Tupuri ;
- L’intérêt didactique et pédagogique : cette analyse a pour but d’apporter un coup
d’accélérateur à l’intégration de la langue Tupuri dans le système éducatif qui demeure un
défi parmi tant d’autres que doivent relever par les pays en voie de développement. Ainsi,
étudier les éléments de la grammaire qui fait partie du patrimoine socioculturel de
l’Afrique, pourrait permettre aux africains d’intégrer les éléments de la culture dans le
système éducatif. On pourrait cependant puiser et prendre des exemples dans la culture
pour illustrer des éléments grammaticaux. Ce travail pourrait enrichir le capital du savoir sur
les langues africaines en générale et les langues camerounaises en particulier ;
- L’intérêt linguistique : notre étude vise à lutter contre l’insécurité linguistique due au
contact du Tupuri avec les autres langues du terroir, à davantage l’enrichir, car chaque peuple
a sa culture et sa vision du monde. Bien sûr, en nous appuyant sur le principe selon lequel la
culture est la seule chose qui nous reste quand on a tout perdu.
- L’intérêt culturel : valoriser et faire la promotion de la langue Tupuri dans le monde.
Ce travail met en exergue la carte syntaxique du Tupuri pour contribuer à l’édification
de la grammaire dans cette langue. La grammaire se veut une discipline scientifique et
universelle. Le système pronominal Tupuri participe à la réalisation de son universalité.
Par ailleurs, ce travail de description morphosyntaxique contribue à la documentation
scientifique de la langue Tupuri.
PLAN INDICATIF DU TRAVAIL
Le présent travail qui aborde le fonctionnement du système pronominal dans la
langue Tupuri est structuré en quatre chapitres développant chacun un aspect particulier
de la langue :
Le chapitre premier se consacrera à la présentation historique, géographique et sociologique
du peuple Tupuri. Dans ce chapitre, nous allons montrer l’origine de ce peuple, exposer sa
culture et ses traditions, son organisation sociopolitique et les principales activités que mène
ce dernier. Pour mieux connaître une communauté, on se réfère à sa langue comme le dit
Laburthe-Tolra (1993 : 247) : « la compréhension d’une société humaine suppose la
connaissance de la langue de ses membres.» ;
Le troisième chapitre, quant à lui, sera consacré aux structures morphologiques des pronoms
personnels Tupuri ;
- KOLYANG D. T., (2003) (dir) Ka’arang, revue N° 37, trimestre 03, Université de Ngaoundéré.
- KOLYANG D. T., (2010) Parlons Tpuri, Paris, l’Harmattan.
- KAUFMA J. C., (2007) L’Entretien compréhensif, 2ième édition refondue, Paris, Armand Colin.
- RUELLAND S., (1975) Rapport préliminaire pour une étude des toponymes du pays Tupuri, in
L’Homme et le milieu, Annales de l’Université du Tchad.
- RUELLAND S., (1988) Dictionnaire Tupuri-Français-Anglais, Région de Mindaoré, Tchad,
Éditions Peeters/SELAF.
- RUELLAND S., (2003) « Verbes, auxiliaires et déplacements dans l’espace en Tupuri »,
Perspectives synchroniques sur la grammaticalisation : Polysémie, transcatégorialité et
échelles syntaxiques, éd. S. Robert, Louvain-Paris, Peeters, (Collection Afrique et Langage),
pp. 127-148.
- RUELLAND S., (1992) Description du parler Tupuri de Mindaoré, Mayo Kebbi (Tchad) :
Phonologie, morphologie, syntaxe, Thèse de Doctorat d’État ès Lettres, Université de Paris II,
Sorbonne Nouvelle, (Atelier National de Reproduction des Thèses, Université de Lille III).
- BALGA J. P., (2012) Le français en contact avec le Tupuri à Maroua (Cameroun) :
Phonologie, morphosyntaxe et imaginaire linguistique, Thèse de Doctorat Ph.D., Université de
Ngaoundéré.
- BALGA J. P., (2013) « Phylums Afro-asiatique, Niger-Kordofan et français en cohabitation :
cas de noms d’hôtels de la ville de Maroua », Revue Internationale d’Études en Langues
Modernes Appliquées (RIELMA), Cluj-Napoca, S. C. ROPRINTBS. R. L., N° 6, pp. 156-163.
- BALGA J. P., (2022) Le sens de la dot en pays Tupuri, « Modalités et décryptage du
vocabulaire consacré au Tchad et au Cameroun », Paris, L’Harmattan.
- SEIGNOBOS C., TOURNEUX H., (2021) « Contribution à l’Histoire des Toupouri et de leur
langue ».
- FECKOUA L. L., (1977) Les hommes et leurs activités en pays Toupouri au Tchad, Thèse de
Doctorat de 3ième cycle, Université de Paris VIII-Vincennes, p. 407.
- KOULANDI J., (2010) « Quelques aspects de la culture Tupuri », Garoua, BERAS.
- DJAKBE A., (2007), Problématique de la communication en français dans le domaine de la
santé au Cameroun : le cas des zones rurales en milieu tupuri. Mémoire en vue de l’obtention du
Diplôme d’Études Approfondies, Ngaoundéré.
- RHOUSGOU M. H., (2013) Essai d’analyse morphosyntaxique du tupuri : Genre, Nombre et
fonctions, Mémoire pour l’obtention du diplôme de Master en Langue et Linguistique, Université
de Ngaoundéré.
- RHOUSGOU M. H., (2022) Étude de la structure phrastique du Tupuri selon l’approche
cartographique, Thèse de Doctorat Ph.D., Université de Ngaoundéré.
- WABE T., (2017) Étude de la sous-jacente en Tupuri : approche générative, Mémoire pour
l’obtention du diplôme de Master en Science du langage, Université de Ngaoundéré.
- TAÏWE F., (2017) Analyse sémantique d’un ouvrage lexicographique interlinguistique : cas du
dictionnaire Tupuri-Français-Anglais de Suzanne RUELLAND, Mémoire pour l’obtention du
diplôme de Master en Science du langage, Université de Ngaoundéré.
- MORTEZA MAHMOUDIAN, (1970) Les Modalités nominales en français : essai de syntaxe
fonctionnelle, PUF, Paris.
- MAÏRAMA R., (2011) « Application lexico-morphologique et syntaxique du français à la norme
mundang », Revue internationale des arts, lettres et sciences sociales, Yaoundé : Africana
Publications, vol. 1, N° 4, pp. 319-337.
- CALAÏNA T., (2022) Méthodologie de la recherche en linguistique : Méthodologie générale
(EC1). Méthodologie spécifique : construction d’un objet d’étude en linguistique africaine
(EC2), Syntaxe des langues africaines : syntaxe structurale (EC1). syntaxe fonctionnelle (EC2),
notes de cours (LAL 411), Master 1, Linguistique Africaine, Sem.1, Inédit, FALSH-Université
de Ngaoundéré.
- DUI A., (2022) Syntaxe des langues africaines : syntaxe structurale (EC1). syntaxe fonctionnelle
(EC2), notes de cours (LAL 441), Master 1, Linguistique Africaine, S.1, Inédit, FALSH-
Université de Ngaoundéré.
- MAHOUGBE A. O., (2014) « Le système pronominal du fongbe : analyse morphosyntaxique »,
Article, Bénin.