Mémoire de Master - NGAFWE J

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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix – Travail – Patrie Peace – Work – Fatherland


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MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT MINISTRY OF HIGHER
SUPÉRIEUR EDUCATION
------------ ------------
UNIVERSITÉ DE NGAOUNDÉRÉ UNIVERSITY OF NGAOUNDERE
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FACULTÉ DES ARTS, LETTRES ET
FACULTY OF ARTS, LETTERS
SCIENCES HUMAINES
AND SOCIAL SCIENCES

DÉPARTEMENT DE LANGUES AFRICAINES ET LINGUISTIQUE


Unité de formation doctorale de Langues Africaines et Linguistique (UFD/LAL)
Laboratoire Langues, Dynamiques et Usages (LADYRUS)

ANALYSE MORPHOSYNTAXIQUE DES


PRONOMS PERSONNELS DANS LA LANGUE
TUPURI [304] : APPROCHE FONCTIONNELLE.

Projet de mémoire en vue de l’obtention du diplôme de Master en


Langues Africaines et Linguistique

Filière/Parcours : Langues Africaines et Linguistique


Option : Dictionnairique et Traduction

Rédigé par : NGAFWÉ Joseph


Titulaire d’une Licence en Littérature et Science du langage
Matricule : 22A162LF

Sous la direction de
Dr MEUTOU Hélène
Chargée de cours (CC)

Année académique 2023 - 2024


I - PRÉSENTATION DE SUJET
La langue est, de nos jours, considérée comme un moyen privilégié de communication
et se retrouve au centre de la préoccupation du développement. Un peuple dans un pays ne
peut connaître un épanouissement digne que lorsqu’il accorde une place de choix à ses
langues. Nul n’ignore la potentialité et la richesse dont regorgent nos langues dans la
transmission de savoirs, de savoir-faire, de savoir-être et même dans le processus du
développement de notre continent. C’est grâce aux richesses multidimensionnelles que
disposent ces langues que celles-ci méritent d’être étudiées dans leur profondeur. C’est fort du
constat selon lequel l’importance de la langue identitaire dans le processus du développement
durable n’est plus à démontrer que nous nous sommes investis dans l’étude du
fonctionnement de cette dernière.
Ainsi, notre sujet de travail intitulé : "Analyse morphosyntaxique des pronoms
personnels dans la langue Tupuri : approche fonctionnelle " s’inscrit dans le contexte des
travaux consacrés à la description des pronoms Tupuri, langue rangée dans le code [304],
selon l’ALCAM. Le Tupuri est une langue isolante de la famille Adamawa-Oubanguienne du
sous-phylum Niger-Congo, parlée dans le Mayo-Kani et le Mayo-Danay au Cameroun, dans
le Mayo-Kebbi Est au Tchad et au Nigeria. En plus de son rôle primordial qui est la
communication, le Tupuri désigne un groupe ethnique ayant une culture bien définie qui est
son principal élément distinctif comme chez bon nombre d’autres groupes ethniques en
Afrique. Principalement parlée dans la région communément appelée « Bec du canard », la
langue Tupuri est dite tchadique et appartient à la famille des langues afro-asiatiques selon la
classification des langues africaines par Joseph Greenberg. L’ethnie Tupuri est constituée de
56 clans qui, au fil des ans, ont subi l’assimilation linguistique favorable à la langue Tupuri.
Selon Ruelland (1988 :19), les dialectales du Tupuri se distinguent aussi bien sur les plans
phonétique, phonologique, lexicale que syntaxique. En références à des découpages
géographiques, nous avons entre autres le bāŋ-líŋ (/vers-chez soi/), ˈdu côté de chez soiˈ, le
bāŋ-gö (/vers-complétant réversif/), bāŋ-wέrë (/vers-fondement/), bāŋ-fáálë-pīyëw (/au-delà
du cours d’eau/) et pōdɔ̄kgĕ. Ainsi, Moreau (1997 : 284) les appelle des « régiolectes », car un
dialecte est une variante régionale d’une langue.
En observant le champ d’investigation de notre thème de recherche, nous pouvons
l’enraciner dans la linguistique africaine, puisqu’en effet, il s’agit d’investir sur le
fonctionnement du système pronominal d’une langue camerounaise. Pour aborder ce sujet
avec minutie, quelques expressions clés captiveront notre préoccupation et mériteront d’être
éclaircies. Il s’agit notamment des structures morphologiques des pronoms personnels,
éventuelles variantes morpho-phonologiques (allomorphes) en rapport avec leurs fonctions
syntaxiques (sujet, objet) et leur environnement dans les énoncés.
Il nous revient de donner tour à tour un éclaircissement définitionnel à ces trois
concepts.
La morphologie, elle est, à l’origine, la branche de la linguistique qui étudie les morphèmes et
constituants syntaxiques, c’est-à-dire la formation des mots et leurs variations.
Parlant de la syntaxe, elle est, à l’origine, la branche de la linguistique qui étudie la manière
dont les mots se combinent pour former des phrases ou des énoncés dans une langue. Selon
Dubois et alii (2001), la syntaxe est une « partie de la grammaire décrivant les règles par
lesquelles se combinent en phrase, les unités significatives. ». Pour Martinet (1973 : 209), la
syntaxe est « l’étude des fonctions des monèmes du discours, c’est-à-dire des relations qui les
unissent et qui permettent de construire, à partir de l’énoncé linéaire, l’expression qui fait
l’objet de communication. » C’est donc dire que la syntaxe traite des fonctions de mots dans
la chaîne parlée.
Il convient en outre de donner un éclaircissement définitionnel du mot pronom. Dans son
acception générale, le pronom est un mot-outil variable dont le rôle principal est de se
substituer à un élément quelconque, linguistique ou non. Dixon (2010b:189) le pronom
comme « a small closed class of grammatical words which vary for person». Dans le
dictionnaire Le Robert, il est défini comme un terme grammatical qui sert le plus souvent à
remplacer un mot ou un groupe de mots de sens précis déjà employé à un autre endroit du
contexte ou un nom absent pour préciser la personne grammaticale ou pour apporter une
nuance d’indétermination. Le pronom est alors le noyau du groupe nominal et est constitué du
pronom en question et du nom.
Le Tupuri, faut-il le rappeler, est une langue isolante dont le système pronominal se
sert de trois personnes (1re, 2ème et 3ème) et dont les morphèmes se distinguent à vue d’œil.

II - MOTIVATIONS
La motivation consiste à justifier, à apporter des éclaircissements sur les mobiles au
choix de ce sujet. Il est question d’indiquer les raisons qui nous ont poussées à choisir ce
sujet. Notre étude portée sur la langue Tupuri est partie de plusieurs raisons. Étant locuteur
natif de ladite langue et du fait que notre langue soit très répandue, nous espérons que le
présent travail sera une contribution à la connaissance approfondie de la description de la
langue Tupuri et la valorisation de cette langue. Certes, il y a des travaux de recherche
abordant différents pans de cette langue qui ont été menés mais ceux consacrés à l’étude des
pronoms personnels sont en nombre très restreint. Ruelland (1992) a évoqué les pronoms et
les logophoriques, mais Kolyang (2020) et Rhousgou (2021) ont énuméré les pronoms. Nous
avons jugé intéressant d’approfondir les recherches en étudiant les pronoms personnels dans
leur fonctionnement.
Les travaux sur la grammaire ont essentiellement été faits sur les langues
indoeuropéennes. Or, cette branche de la linguistique se veut universelle. En 1955, Cheikh
Anta Diop affirme : « Il est plus efficace de développer une langue nationale que de cultiver
artificiellement une langue étrangère : un enseignement qui serait donné dans une langue
maternelle permettrait d’éviter des années de retard dans l’acquisition de la connaissance. »
À cet effet, nos motivations varient d’un plan à un autre :
- sur le plan identitaire, la promotion de la langue Tupuri est un atout pour les locuteurs
Tupuri, car nous aurions apporté un plus dans les travaux sur la langue Tupuri en particulier ;
les langues camerounaises et africaines en général ;
- sur le plan politique, à l’heure où les langues nationales commencent à être intégrées dans
les curricula de l’enseignement, l’étude des langues camerounaises en général sera d’une
grande importance. En effet, depuis la révision de la constitution en 1996, les langues
camerounaises ont connu un regard différent de celui d’autrefois. On leur accorde désormais
un intérêt particulier. Leur intégration dans le système éducatif, notamment au primaire et au
secondaire, implique un développement substantiel de ces dernières. Dès lors, la prise en
charge de ces langues à tradition orale apparaît comme un réel motif pour les chercheurs de ce
domaine. Promouvoir nos langues devient nécessaire. À travers cette recherche, nous voulons
mettre à la disposition des enfants Tupuri, des outils nécessaires pour l’apprentissage de cette
langue déjà connue. Nous voulons, en outre, montrer comment la grammaire qui se veut
universelle se vérifie dans la langue Tupuri ;
- Dans le désir d’orienter le peuple Tupuri vers le contexte de globalisation qui voudrait faire
du monde « un village planétaire » et promouvoir le brassage culturel, celui-ci passe
inéluctablement par les langues. Pour permettre aux locuteurs non natifs de la langue Tupuri
de s’y imprégner, il est judicieux de lever un pan de voile sur cette langue nationale et même
internationale en la dotant des documents.
La langue Tupuri, comme toute autre langue, véhicule notre culture. Soter Azombo-
Menda et Pierre Meyongo (1981 : 95) le rappellent en ces termes : « La langue forme et
perpétue la personnalité culturelle. Elle transmet le savoir, les mythes, les croyances, les
coutumes, les habitudes, de comportement, les règles de politesse, les nuances d’affectivité,
l’expression des sentiments, les règles de la pratique sociale. Elle est une sécrétion de la
culture envisagée dans tous les aspects, dont à son tour constitue le lien. ».
Notre travail sur la langue Tupuri n’étant pas nouveau, un travail de recension,
d’assemblage de travaux déjà effectués permettant au chercheur de ne pas se vanter dans les
travaux déjà existants. Il s’agit sans doute pour nous de recenser des travaux qui ont été
menés sur la langue Tupuri en général et sur le système pronominal en particulier. Ceci étant,
il nous serait important de rassembler les ouvrages ou les travaux de recherche qui, d’une
manière ou d’une autre, sont en rapport avec notre sujet.

III - ÉTAT DE LA QUESTION


Étant donné qu’un certain nombre de réflexions a été mené sur le système pronominal
Tupuri et plus encore sur la langue Tupuri, nous ne saurions être parmi les premiers à mener
des investigations sur ce sujet. Force de donner pleine raison à J. C. Kaufman (2007 : 38)
lorsqu’il affirme : « […] aucun sujet n’est radicalement neuf, et aucun chercheur ne peut
prétendre pouvoir se passer du capital des connaissances acquises dans un domaine ». Pour
dire au final que tout sujet entretient des liens plus ou moins transversaux avec d’autres
travaux antérieurs. C’est alors que les premières études scientifiques effectuées sur les langues
africaines et notamment la syntaxe de la langue Tupuri ont été menées par :
Suzanne RUELLAND qui a produit de multiples articles sur la langue Tupuri et surtout
sa thèse de Doctorat soutenue en 1992 à Paris. Elle fait une Description du parler Tupuri
de Mindaoré, Mayo Kebbi (Tchad) : Phonologie, Morphologie et Syntaxe. Elle y traite,
de manière globale, l’aspect des phonèmes Tupuri, les parties du discours et leurs
combinaisons dans la phrase.
Bien avant cette thèse, Suzanne RUELLAND a énormément contribué à la confection du
Dictionnaire Tupuri-Français-anglais, Éditions PEETERS/SELAF, 1988.
Jean Paul BALGA, dans sa thèse de Doctorat soutenue en 2012, dont le titre est : Le
français en contact avec le Tupuri à Maroua (Cameroun) : phonologie, morphosyntaxe et
imaginaires linguistiques, aborde, comme ses prédécesseurs, la morphosyntaxe du
Tupuri. Cependant, la langue Tupuri est étudiée ici avec son contact avec le français. Il
mène, ainsi, sa réflexion sur la structure formelle du lexique, sur le fonctionnement de la
composition et de l’abrègement (cohabitation des langues Tupuri et française) et sur la
diglossie fonctionnelle résultant des attitudes linguistiques, l’alternance codique.
André DJAKBE, a mené une réflexion sur la Problématique de la communication en
français dans le domaine de la santé au Cameroun : le cas des zones rurales en milieu
Tupuri. Mémoire en vue de l’obtention du Diplôme d’Études Approfondies, Ngaoundéré,
2007. Pour lui, la syntaxe Tupuri est différente de la syntaxe française lorsqu’elle est
traduite littéralement. Il faut nécessairement une modification morphosyntaxique en
français, pour que l’énoncé ait un sens.
Hermine RHOUSGOU MENWA, a soutenu son mémoire de Master en Langue et
Linguistique intitulé Essai d’analyse morphosyntaxique du Tupuri : Genre, Nombre et
fonctions, à l’Université de Ngaoundéré, 2013. Elle y fait une analyse approfondie de la
classe nominale en Tupuri tout en insistant sur le genre, le nombre et les fonctions que les
noms peuvent prendre dans la syntaxe Tupuri. Elle va plus loin en apportant sa modeste
contribution dans la distinction des marques du pluriel des substantifs dans la langue
Tupuri.
KOLYANG DINA TAÏWE (2010), dans son ouvrage Parlons Tpuri : Cameroun et
Tchad, fait une description de la langue Tupuri en s’appuyant sur les données fournies par
RUELLAND. Il y évoque l’existence de deux dialectes majeurs de la langue Tupuri en
insistant sur leurs écarts sémantiques.
De tout ce qui précède, la linguistique africaine en général a fait l’objet de
plusieurs recherches. Ce qui revient à dire qu’il y a une prolifération des travaux effectués
dans cette discipline. Au sujet du système pronominal, chaque investigation des auteurs
sus évoqués, insiste, pour la plupart, sur la structure de surface de la langue c’est-à-dire les
aspects phonologique, morphologique et syntaxique. Toutefois, à propos du système
pronominal qui nous concerne, il semble que peu de travaux scientifiques portant sur l’étude
du système pronominal Tupuri n’ont été effectués. Voilà pourquoi, nous tentons de lever un
pan de voile sur ce fait linguistique.
Pour que cette investigation soit conduite à bon port, il est inévitable de poser la
question fondamentale. Pour ce faire, le point qui suivra, constituera la présentation de la
problématique.

IV – PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE
Dans la plupart des langues africaines, il existe des parties du discours qui permettent
de communiquer. Cette conception est mise en œuvre par le linguiste américain Greenberg
(1963), dont les travaux portent sur la description des langues africaines. Selon la théorie des
universaux du langage, il y aurait des caractéristiques communes et indispensables dans toutes
les langues, que ce soit dans le domaine phonétique, morphologique et syntaxique. Force est
donc de préciser que les catégories grammaticales qui existent dans les langues du monde en
général et dans les langues africaines en particulier n’ont pas le même fonctionnement dans la
structure de la phrase. Cela voudrait donc dire que l’étude du fonctionnement du système
pronominal dans la langue Tupuri traite de manière spécifique le système de modalités
pronominales. De ce constat, la question fondamentale sur laquelle nous allons bâtir notre
travail est celle de savoir :
Comment appréhender sur le plan morphosyntaxique la notion de pronom personnel
dans la langue Tupuri ?
Cette question principale se décline en questions secondaires qui sont entre autres :
- Quels sont les pronoms personnels attestés en Tupuri ?
- Comment fonctionnent-ils au plan morphosyntaxique ?
- Comment s’opère le processus de substitution des nominaux par leur pronom ?

V - HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
L’hypothèse est une proposition énoncée en vue d’expliquer un phénomène, admise à
titre provisoire et destinée à être soumise à une vérification par sa confrontation
(expérimentale, observationnelle…) avec le réel. Elle joue un rôle capital dans un travail de
recherche. Suite donc à la problématique, s’en découlent quelques hypothèses dans ce cadre
de recherche portant sur l’approche fonctionnelle appliquée à la langue Tupuri. Au fait, il
nous incombe essentiellement de dégager une hypothèse principale, selon laquelle le Tupuri,
comme toute autre langue, possède son propre système nominal qui se sert de trois personnes
(1re, 2ème et 3ème) et dont les morphèmes sont libres ou se distinguent à vue d’œil. Les pronoms
personnels Tupuri sujets, objets directs, objets indirects et toniques subissent constamment
des changements bien que le Tupuri ne soit pas une langue à flexion (concernant les noms).
Ceci étant, il reste à présenter la théorie qui nous permettra à analyser ces données.

VI - OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Le présent travail se fixe comme tâche essentielle de contribuer à l’évolution de la
linguistique en général et à la propagation des langues africaines en particulier. Par la
description des pronoms personnels Tupuri, concepts, méthodes de la linguistique, nous
espérons découvrir des nouvelles connaissances, des nouveaux faits non découverts dans cette
langue. Nous voulons principalement, dans ce travail, décrire le système pronominal de la
langue Tupuri. Ce travail a pour but de décrire, de promouvoir et de valoriser la langue Tupuri
afin que cette dernière trouve sa place parmi les langues nationales intégrées dans les
curricula de l’enseignement au Cameroun.

VII - CADRE THÉORIQUE


Le cadre théorique oriente et définie de manière conséquente le domaine intellectuel
ou disciplinaire dans lequel s’inscrit la recherche. Une fois spécifié, des démarches propres
doivent être adoptées pour l’atteinte des objectifs. Allant dans le même sens, Jean-Marie de
Ketele et al.(1996), l’approche théorique est « un ensemble intégré des concepts et des sous-
concepts que l’on tente habituellement d’utiliser pour mieux structurer l’explication de la
réalité observable. ». Nous privilégions une approche fonctionnelle. Nous travaillerons
précisément avec la linguistique fonctionnelle qui est définie par Mahmoudian comme : « une
variante de la linguistique structurale où la fonction occupe une place importante, voire
prépondérante. ». Le fonctionnalisme, qui est issue de la linguistique structurale, nous servira
de repère comme cadre théorique pour mieux aboutir aux résultats de notre recherche.
Cependant, il nous est nécessaire de passer en revue ce courant afin de mieux le cerner.
L’approche fonctionnelle est une théorie développée par André Martinet en 1960 avec
son ouvrage intitulé Éléments de linguistique générale. On entend par là une grille d’analyse
syntaxique applicable à l’étude linguistique. Cette théorie permet de faire une description de
la langue du point de vue structural.
Une langue est selon Martinet, (1960 : 21), « un instrument de communication
doublement articulée auquel répond une organisation particulière des données de
l’expérience. ». La double articulation désigne la propriété qu’à tout énoncé linguistique
d’être segmenté à deux niveaux : à un premier niveau c’est-à-dire la première articulation en
unités ayant à la fois une phase formelle et une phase significative que Martinet appelait
monèmes de première articulation minimale comportant un signifié et un signifiant.
Autrement dit, tout message à transmettre s’analyse en une suite des unités douées d’une
forme vocale et d’un sens. Ces unités (monèmes) peuvent être analysées en unités de
deuxième articulation appelées les phonèmes par Martinet.

VIII - LE CADRE MÉTHODOLOGIQUE


Le balisage du cadre méthodologique constitue un volet nécessaire dans la
compréhension des résultats d’un travail de recherche. Dans cette partie, il sera question pour
nous, d’indiquer non seulement les méthodes ou techniques utilisées pour la collecte des
données, mais aussi d’indiquer l’instrument utilisé pour contrôler le suivi et la faisabilité
technique du projet.
En effet, nous envisageons adopter une méthodologie qui permettra une démarche
systématique pour aborder notre sujet. En ce qui concerne le processus d’analyse des
données, nous, en tant que locuteur natif, procéderons par la collecte des mots, des phrases
verbales en Tupuri, nous consulterons le Recueil de cantique en langue Tupuri, 4ème Édition
NAA TOGOƊ BAA et la bible en langue Tupuri pour constituer une base de données textuelles
et surtout un corpus consistant pour réaliser cette étude. Après avoir collecté les données
nécessaires, nous allons nous appesantir sur les travaux méthodologiques de la description des
langues africaines prônés par Bouquiaux et Thomas (1976 : 258) pour distinguer les différents
niveaux d’analyse portant sur le système pronominal. Sur ce, au moins deux cents phrases
seront recensées par le biais de la recherche documentaire (bibliothèque du Département de
Français, ouvrages, textes bibliques en langue Tupuri) afin de pouvoir identifier le pronom,
ainsi que ses fonctions dans les phrases Tupuri puis de les analyser du point de vue
fonctionnel.

IX - INTÉRÊT DU TRAVAIL
Notre travail contribuera d’abord dans la perspective du développement des langues
africaines ainsi que la vulgarisation de la culture africaine, ensuite, arrimer le peuple Tupuri
au contexte de mondialisation qui voudrait faire du monde « un village planétaire », intégrant
en son sein les éléments culturels positifs de chaque peuple. Or, il est incontestable que
l’instrument par excellence de véhicule d’une culture est la langue. Tout travail de recherche
scientifique nécessite un intérêt. Cet intérêt peut être personnel, didactique, pédagogique,
linguistique, culturel, politique, etc.
En effet, dans le cadre de ce travail, cinq éléments seront mis en exergue :
- L’intérêt personnel : la recherche approfondie sur le système pronominal nous sera
d’une fierté incommensurable dans la mesure où nous aurons apporté notre contribution à la
grammaire du Tupuri ;
- L’intérêt didactique et pédagogique : cette analyse a pour but d’apporter un coup
d’accélérateur à l’intégration de la langue Tupuri dans le système éducatif qui demeure un
défi parmi tant d’autres que doivent relever par les pays en voie de développement. Ainsi,
étudier les éléments de la grammaire qui fait partie du patrimoine socioculturel de
l’Afrique, pourrait permettre aux africains d’intégrer les éléments de la culture dans le
système éducatif. On pourrait cependant puiser et prendre des exemples dans la culture
pour illustrer des éléments grammaticaux. Ce travail pourrait enrichir le capital du savoir sur
les langues africaines en générale et les langues camerounaises en particulier ;
- L’intérêt linguistique : notre étude vise à lutter contre l’insécurité linguistique due au
contact du Tupuri avec les autres langues du terroir, à davantage l’enrichir, car chaque peuple
a sa culture et sa vision du monde. Bien sûr, en nous appuyant sur le principe selon lequel la
culture est la seule chose qui nous reste quand on a tout perdu.
- L’intérêt culturel : valoriser et faire la promotion de la langue Tupuri dans le monde.
Ce travail met en exergue la carte syntaxique du Tupuri pour contribuer à l’édification
de la grammaire dans cette langue. La grammaire se veut une discipline scientifique et
universelle. Le système pronominal Tupuri participe à la réalisation de son universalité.
Par ailleurs, ce travail de description morphosyntaxique contribue à la documentation
scientifique de la langue Tupuri.
PLAN INDICATIF DU TRAVAIL
Le présent travail qui aborde le fonctionnement du système pronominal dans la
langue Tupuri est structuré en quatre chapitres développant chacun un aspect particulier
de la langue :
Le chapitre premier se consacrera à la présentation historique, géographique et sociologique
du peuple Tupuri. Dans ce chapitre, nous allons montrer l’origine de ce peuple, exposer sa
culture et ses traditions, son organisation sociopolitique et les principales activités que mène
ce dernier. Pour mieux connaître une communauté, on se réfère à sa langue comme le dit
Laburthe-Tolra (1993 : 247) : « la compréhension d’une société humaine suppose la
connaissance de la langue de ses membres.» ;

Le deuxième chapitre abordera de la taxinomie et la typologie des pronoms personnels


Tupuri qui a un système fonctionnel variable ;

Le troisième chapitre, quant à lui, sera consacré aux structures morphologiques des pronoms
personnels Tupuri ;

Le quatrième chapitre traitera des différentes fonctions syntaxiques qu’occupe le pronom


personnel Tupuri dans un énoncé.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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- KAUFMA J. C., (2007) L’Entretien compréhensif, 2ième édition refondue, Paris, Armand Colin.
- RUELLAND S., (1975) Rapport préliminaire pour une étude des toponymes du pays Tupuri, in
L’Homme et le milieu, Annales de l’Université du Tchad.
- RUELLAND S., (1988) Dictionnaire Tupuri-Français-Anglais, Région de Mindaoré, Tchad,
Éditions Peeters/SELAF.
- RUELLAND S., (2003) « Verbes, auxiliaires et déplacements dans l’espace en Tupuri »,
Perspectives synchroniques sur la grammaticalisation : Polysémie, transcatégorialité et
échelles syntaxiques, éd. S. Robert, Louvain-Paris, Peeters, (Collection Afrique et Langage),
pp. 127-148.
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Phonologie, morphologie, syntaxe, Thèse de Doctorat d’État ès Lettres, Université de Paris II,
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