2019 Azzi Abdelhak These
2019 Azzi Abdelhak These
2019 Azzi Abdelhak These
Secteur de Recherche : Mécanique des solides, des matériaux, des structures et des surfaces
Présentée par :
Abdelhak AZZI
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JURY
1
Nomenclature ................................................................................................................... 6
2
1.3.3 Études Numériques ................................................................................................. 53
1.3.3.1 Introduction ............................................................................................................................... 53
1.3.3.2 La méthode indirecte (inverse) .................................................................................................. 53
1.3.3.3 La méthode directe .................................................................................................................... 55
3
II.3.4.2 Caractérisation métrologique de la tige .................................................................................. 105
II.3.4.3 État de surface du joint ............................................................................................................ 107
4
III.5 Modélisation de l'interface lubrifiée ........................................................................154
III.8 Conclusion...............................................................................................................193
Perspectives...................................................................................................................196
Références .....................................................................................................................198
5
Nomenclature
Δd Interférence [mm]
γ Accélération [mm/s2]
t Temps [s]
γ Paramètre d'orientation
𝛂, 𝐧 Exposant
6
µ∞ Viscosité à taux de cisaillement élevé [MPa]
K Consistance [MPa.s-1]
𝐦 Paramètre de Papanastasious
K Consistance [MPa.s]
7
𝛄̇ Taux de cisaillement [s-1]
𝐧 Indice de l'écoulement
L Largeur de la gorge
𝛌𝐢 Élongation principales
8
𝛟𝐱 , 𝛟𝐲 Facteurs de pression suivant la direction x et y,
respectivement
𝛟𝐬 Facteur de cisaillement
r Remplissage [µm]
D Variable universelle
9
[𝐅 𝐡 ] Vecteur de force nodale de l'élément
hydrodynamique [N]
𝐮
̃ Vecteur de déplacement nodal [mm]
10
Introduction générale
Dans l’industrie, la plupart des systèmes mécaniques possèdent des jeux fonctionnels entre les
pièces. Ces jeux créent un passage par lequel peut s’échapper le fluide lubrifiant (graisse, huile,...)
ou le fluide de puissance (huile, air,...). Pour cela, le recours à des solutions d’étanchéité est
recommandé. Les joints jouent ce rôle ; leur fonction soit statique soit dynamique est d’empêcher
la perte de puissance et du fluide lubrifiant et/ou la rentrée de contaminants dans le système.
Dans le cas où un système comporte un ou plusieurs joints à fonctions similaires ou distinctes, on
l’appelle dispositif d’étanchéité. La fonction d’étanchéité doit être fiable et efficace dans le temps,
adéquate avec l’environnement et aux différentes contraintes de fonctionnement (serrage,
pression du fluide, etc.). La durée de vie d’une étanchéité dépend de plusieurs paramètres, tels
que les conditions de fonctionnement, l'état de surface, la nature du matériau des pièces, etc. Elle
ne sera conforme aux exigences que si ces paramètres sont pris en compte à partir de la
conception à la fabrication jusqu'au montage et à l’utilisation.
L'étanchéité dynamique est présente dans la plupart des systèmes mécaniques contenant des
composants en mouvement relatif l'un par rapport à l'autre. Le mouvement relatif entre les pièces
peut être une rotation ou une translation. Parmi les applications les plus répandues où l'on
rencontre l’étanchéité en translation, on retrouve les vérins pneumatiques et hydrauliques ainsi
que d'autres systèmes de transmissions. En fonction de l'environnement des conditions de
fonctionnement (vitesses relatives des surfaces, nature du fluide de puissance, puissance à
véhiculer, etc.) on utilise soit des vérins pneumatiques soit des vérins hydrauliques.
Cette étude sera concentrée sur les vérins pneumatiques lubrifiés avec de la graisse, mais la
plupart des méthodes proposées et les résultats obtenus dans certains cas peuvent être applicables
sur les vérins hydrauliques.
Les vérins pneumatiques sont des éléments fondamentaux dans l'automatisation de l'usine et
sont utilisés dans de nombreux appareils industriels, et ce, grâce à des avantages comme : le faible
coût, l'entretien facile, la propreté et la facilité du montage ainsi que la présence de l'air comprimé
dans presque chaque installation industrielle. Les vérins pneumatiques sont devenus compétitifs
dans de nombreuses applications telles que le contrôle de mouvement, les dispositifs de levage, la
robotique ainsi que dans différents procédés industriels.
Les vérins pneumatiques sont les dispositifs utilisés pour convertir l'énergie de pression de l'air
comprimé en énergie mécanique pour effectuer un travail utile. En d'autres termes, les vérins
pneumatiques sont utilisés pour créer un déplacement par le mouvement du piston. L'air sous
pression provenant du compresseur est fourni au vérin pneumatique pour effectuer un travail.
Les vérins pneumatiques sont constitués de deux types d'étanchéité, statique et dynamique.
L'étanchéité statique est présente entre les pièces statiques, elle est assurée généralement par des
11
joints toriques ou plats. L'étanchéité dynamique se trouve sur deux niveaux, tige et piston.
L'étanchéité au niveau de la tige est garantie par les joints dits « de tige » qui ont pour rôle de
minimiser voire d'éliminer les fuites d'air vers l'environnement, ainsi que d’empêcher l'entrée des
contaminants à l'intérieur du vérin. L'étanchéité du piston est maintenue par des joints dits « de
piston » qui ont pour rôle d’assurer une séparation étanche des deux chambres du vérin
autrement dit, d’empêcher le passage d’air d’une chambre vers l’autre. Les deux étanchéités, de
tige et de piston, sont nécessaires pour maintenir la puissance du vérin lors du fonctionnement.
Le choix d’une solution ou d’une conception d’étanchéité de tige ou de piston d’un vérin
pneumatique est défini en fonction de l’ensemble des paramètres de fonctionnement du système
de vérin. Ce dernier est donné généralement sous forme d’un cahier des charges. Les paramètres
de fonctionnement les plus influents sont les conditions de service (pression, vitesse et
température), l'environnement de travail, le type d'application et la nature du fluide de puissance.
La durée de vie des étanchéités dynamiques des vérins pneumatiques dépend fortement des
conditions de lubrification de ces étanchéités. Il existe deux méthodes principales de lubrification
des vérins pneumatiques. La première consiste à utiliser un brouillard d’huile comme fluide
pneumatique permettant ainsi d’assurer la lubrification des surfaces de contact dynamique des
joints. Cette méthode est moins recommandée car elle nécessite un système de récupération et de
filtration de la fuite afin de protéger l’air environnant.
La seconde méthode de lubrification est un graissage permanent des joints dynamiques avant
montage des vérins. Ce graissage est susceptible d’assurer la lubrification des joints le long de leur
durée de vie.
La graisse, de par ses propriétés rhéologiques (adhérence et fluide visqueux à seuil), permet la
formation de zones de rétention de graisse, généralement sous forme de couronne autour du
joint. Cette couronne joue principalement le rôle d’un réservoir de lubrifiant permettant la
réalimentation des zones de contact du joint. Le choix de la graisse est le plus souvent déterminé
en fonction de la vitesse, des conditions de température et d’environnement.
Dans le but de réduire les pertes d'énergie par frottement, réduire l'usure des surfaces, réduire
les fuites, etc., un film lubrifiant devrait séparer en permanence les éléments en mouvement
relatif. On parle alors de lubrification hydrodynamique à film complet. Malheureusement, tel n’est
pas toujours le cas, notamment lors du début et de la fin de course du vérin, mais aussi lorsque
les conditions de fonctionnement s’écartent significativement des conditions optimales. Dans de
tels cas, des zones de contact entre la tige ou le cylindre et le joint apparaissent. Lorsque la partie
lubrifiée du contact reste prépondérante par rapport aux zones de contact, nous considérons que
le joint fonctionne en conditions de lubrification mixte. Lorsque le film fluide sépare totalement
12
les deux surfaces, on parle de régime de lubrification hydrodynamique. Ces deux derniers régimes
correspondent aux conditions rencontrées dans ces travaux.
Les conditions pouvant conduire à une lubrification mixte sont diverses, tout comme les
phénomènes induits par ces conditions. L’exemple le plus habituel est au démarrage du vérin
mais aussi en début et en fin de course du vérin. Dans ces cas, quelques secondes, ou moins,
suffisent pour que le joint traverse ce régime de lubrification incomplète, avant d’atteindre le
régime hydrodynamique complet. On rencontre ici des phénomènes de frottement sec,
d’écrasement fluide, de fort cisaillement, de stick slip, de contact et de lubrification, tous
influencés par d’importants effets transitoires. Ces phénomènes sont rencontrés lors des phases
d'accélération et décélération du vérin et au démarrage. Cependant, la lubrification mixte peut
survenir aussi en régime établi. C’est le cas lorsque les joints sont soumis à des pressions
importantes, qui ne peuvent pas être compensées par l'effet hydrodynamique. Dans ces
conditions, le contact apparaît, souvent suivi par des taux de cisaillement importants, conduisant
à l'usure du joint, à la destruction de la graisse et peut-être à des élévations de température.
Lorsque la sévérité du contact reste faible, un lent processus d’usure apparaît, entraînant la
modification de la rugosité des surfaces (marquée par le lissage des aspérités), et éventuellement le
rétablissement d’un film lubrifiant quasi-complet.
La recherche sur la lubrification mixte dans les joints pneumatiques lubrifiés avec de la graisse
a comme objectif de définir les facteurs conduisant à ces phénomènes non désirés, d’évaluer les
caractéristiques d'étanchéité des joints pneumatiques fonctionnant dans ce régime et de prédire
ces effets non réversibles.
L’intérêt final est, bien évidemment, de prolonger la durée de vie et de réduire le coût de ces
systèmes, mais aussi d’évaluer les risques auxquels les joints sont exposés lors du passage dans ce
régime. Cela permettra de les employer dans une large gamme d'applications industrielles.
La recherche sur les joints pneumatiques est axée sur des essais expérimentaux au détriment
des études numériques. Ce fait s’explique par la difficulté de simuler le comportement
rhéologique de la graisse dans la zone de lubrification, l'interaction entre les aspérités, le
comportement non linéaire du matériau, etc. De plus, le nombre de paramètres d'entrée de la
simulation est très élevé et la difficulté d'évaluer chaque paramètre est très importante (demande
de moyens et de temps).
L'étude expérimentale n’est pas moins affectée par le très grand nombre de facteurs influents
sur les essais et les résultats des essais. Parmi les plus importants facteurs, on trouve les
déformations locales (dues aux pressions de contact et hydrodynamique), la difficulté de prélever
des données expérimentales entre des surfaces séparées par des films d’épaisseur de l'ordre du
13
micromètre, la difficulté d'évaluer le comportement rhéologique de la graisse à ce niveau
d'épaisseur, des taux de cisaillement élevés et la mesure de la fuite (d'air ou du lubrifiant).
Prenant en compte ces considérations, nous avons procédé à l'étude de notre sujet avec deux
voies, l'une étant complémentaire de l'autre. La première voie consiste à l'étude expérimentale
d'un vérin pneumatique industriel et des joints pneumatiques de différentes conceptions
(diamètre et section transversale) dans différentes conditions de fonctionnement (pression et
vitesse). Cette étude nous permettra d'évaluer les caractéristiques d'étanchéité de ces systèmes
pneumatiques dans différentes conditions de fonctionnement ainsi qu’elle nous permettra de
valider les résultats de la deuxième partie d’étude. La deuxième étude est consacrée au
développement d'un modèle de lubrification Elastohydrodynamique qui prend en compte l'état
de surface, la conception des joints, la nature du lubrifiant ainsi que la rupture et la réformation
du film.
Ce travail de thèse a abouti à un mémoire qui se compose de trois chapitres. Dans chaque
chapitre nous décrirons une partie du travail de la thèse.
Le premier chapitre est divisé en quatre parties. La première partie présente une introduction
sur l'étanchéité dynamique en mouvement alternatif dans les systèmes d'étanchéité pneumatiques
ainsi que le mécanisme d'étanchéité avec de la graisse. La deuxième partie décrit l'état actuel de la
recherche expérimentale, qui mettra en évidence le contexte scientifique qui justifie les objectifs
de la thèse. Au cours de cette partie, nous allons exposer l’ensemble des techniques utilisées pour
mesurer la fuite, l’épaisseur du film, la distribution des contraintes dans le contact et la force de
frottement, ainsi que l’influence des conditions de fonctionnement, des conditions tribologiques,
des conditions géométriques et de lubrification sur les caractéristiques de l'étanchéité des joints.
La troisième partie résume l’ensemble des avancées réalisées dans le développement de la
modélisation numérique de la lubrification hydrodynamique mixte des joints en élastomère,
particulièrement la modélisation de l’écoulement entre deux surfaces rugueuses et les méthodes
de résolution des problèmes ElastoHydrodynamiques sur les joints en élastomère. La dernière
partie met l'accent sur la lubrification avec de la graisse, la rhéologie de celle-ci et les études
réalisées dans ce contexte.
Le deuxième chapitre est consacré à la présentation du banc d'essais, avec la description des
matériels utilisés au cours des essais ainsi que les conditions d'essais et la formulation utilisée pour
déduire la force de frottement à partir de la force totale mesurée par le capteur de force. Une
analyse détaillée des effets des conditions de fonctionnement, de la conception des joints
(diamètre et section transversale) sur la force de frottement a été abordée. Les paramètres
impactant les mesures expérimentales ont été illustrées. On termine ce chapitre par les
14
visualisations de l'écoulement de la graisse au niveau de la zone d'étanchéité ainsi que l'état du
vérin au cours du mouvement et après les essais.
Le troisième chapitre, a pour vocation de présenter le modèle numérique retenu dans cette
étude ainsi que les améliorations apportées à ce modèle pour répondre à notre problématique. On
définit tout d’abord la loi rhéologique du comportement de la graisse utilisée. Puis, on illustre les
procédures d'évaluation des paramètres de contact. Par la suite, on aborde la mécanique des
structures, c'est à dire la modélisation des joints et la procédure d'identification des paramètres de
la loi de comportement à partir des données expérimentales, puis le calcul de la mise en service
du joint. La description du modèle est présentée avec la description des équations, la méthode de
couplage fluide-solide et la formulation de l'élément hydrodynamique, ainsi que la procédure de
calcul utilisée. Enfin, les résultats des calculs du modèle numérique sont confrontés à des résultats
numériques présents dans la littérature et les résultats expérimentaux obtenus par les essais
réalisés dans cette thèse.
Le mémoire est finalisé avec un dernier chapitre présentant les conclusions générales ainsi que
les nombreuses perspectives de cette étude.
15
Chapitre I-Étude Bibliographique
I.1.1 Introduction
Dans les systèmes mécaniques, il existe toujours des jeux entre les pièces qu'ils soient
dimensionnels ou non. Ces jeux sont des passages par lesquels peut s’échapper le fluide lubrifiant
(graisse) ou le fluide de puissance (huile, air). Pour éviter ces fuites, le recours à des solutions
d’étanchéité est recommandé. Les joints, statique ou dynamique, empêchent la perte de
puissance, la perte du fluide lubrifiant ou la rentrée de contaminants. Dans le cas où un système
comporte un ou plusieurs joints à fonctions similaires ou distinctes, on l’appelle dispositif
d’étanchéité. Cette étanchéité doit satisfaire différentes contraintes, dont les détails seront
approfondis. La fonction d’étanchéité doit être fiable et efficace dans le temps et adéquate avec
l’environnement. La durée de vie d’une étanchéité dépend de plusieurs paramètres. Elle ne sera
conforme aux exigences que si ces paramètres sont pris en compte à partir de la conception, la
fabrication, le montage et à l’utilisation.
La grande diversité des applications, dans tous les domaines industriels, des plus simples aux
plus innovants, que ce soit pour un usage courant ou pour une application ciblée, nécessite la
conception de joints et de systèmes d'étanchéité de plus en plus performants. Les vérins
pneumatiques sont des éléments fondamentaux dans de nombreux appareils industriels, et ce,
grâce à des avantages comme : le faible coût, l'entretien facile, la propreté et la facilité de
montage. De plus, l'air comprimé est disponible dans presque chaque installation industrielle. Les
vérins pneumatiques sont devenus compétitifs dans de nombreuses applications telles que le
contrôle de mouvement, les dispositifs de levage, la robotique, les procédés industriels et ceci
notamment dans l'industrie alimentaire et pharmaceutique.
Pour atteindre ces objectifs, une connaissance approfondie et une description des
caractéristiques de chaque composant pneumatique sont essentielles. Dans cette partie nous
allons traiter les différents types d'étanchéité existants et les éléments essentiels qui assurent leurs
fonctionnement.
16
Nous ne prétendons pas explorer l’intégralité de ce vaste sujet d’une façon exhaustive. Bien
que nous présentions la majorité des types d’étanchéité et les composantes associées, nous allons
insister sur les étanchéités pneumatiques en mouvement de translation linaire alternatif.
- Étanchéité statique : elle a pour rôle d’assurer l’étanchéité entre deux pièces fixes.
Cette étanchéité est réalisée par la compression d’une pièce en matériau souple entre
deux pièces rigides fixes l’une par rapport à l’autre.
- Étanchéité dynamique : elle doit assurer l’étanchéité entre deux pièces rigides en
mouvement l’une par rapport à l’autre. Elle est réalisée par la compression d’une pièce
souple entre les deux pièces en mouvement relatif.
De son côté l'étanchéité linéaire peut se diviser en deux familles. Suivant la nature du fluide
d'entraînement, on distingue les étanchéités pneumatiques et les étanchéités hydrauliques. Dans le
cas des étanchéités pneumatiques nous avons deux catégories, les étanchéités de distribution et de
vérins. Dans notre d'étude on ne s'intéresse qu’aux joints de tige et de piston pour des
applications pneumatiques (Figure 1).
Le vérin pneumatique est un dispositif simple et efficace conçu pour fournir une poussée
linéaire ou des mouvements linéaires avec une rapidité de réponse élevée. Les pertes par
frottement sont faibles, dépassant rarement 5 % [11] de la force maximale fournie avec un
cylindre en bon état. Il est particulièrement approprié pour des applications à usage unique et/ou
lorsqu'un mouvement rapide est requis. Les vérins pneumatiques peuvent également être utilisés
dans des conditions qui empêchent l'utilisation de vérins hydrauliques (température élevée,
conditions d'hygiène, vitesse élevée, absence de circuit de lubrification… etc.). Leur principale
limitation est liée à la compressibilité de l'air qui les rend impropres à certaines applications où
des forces absolument stables sont exigées ou lorsqu'une extrême précision de position est
nécessaire. Les vérins pneumatiques sont également intrinsèquement limités en puissance de
poussée par la pression d'alimentation relativement faible. Ainsi, la production de forces de sortie
élevées ne peut être obtenue que par une grande taille des cylindres. Le tableau ci-dessous résume
une analyse comparative entre les vérins hydrauliques et pneumatiques.
Avantages Inconvénients
Énergie - Forces de transmission élevées. - Risque d’accidents vu les pressions
Hydraulique - Souplesse d’utilisation dans de nombreuses véhiculées dans les systèmes.
applications. - Perte de rendement et contamination de
- Incompressibilité de l’huile qui permet l'environnement générée par des
d’avoir une bonne régulation de la vitesse. éventuelles fuites.
- Possibilité de démarrage en charge. - Présence de pertes de charge hydraulique
- La présence de l’huile qui augmente la dans le réseau d’alimentation.
longévité des composants ; de fait l’huile - L'utilisation d’huiles hydrauliques minérales
lubrifie les composants. inflammables qui peut provoquer des
risques d’incendie.
- Matériel et maintenance coûteux du fait du
prix de revient élevé des composants.
- Difficile à contrôler à faible vitesse
18
Énergie - Disponibilité de la source d’énergie (air - La source d’énergie exigeant un excellent
Pneumatique industriel), conditionnement (filtration).
- Moins encombrant et propre. - Les forces développées qui restent
- Matériel peu coûteux. relativement faibles.
- Lubrification à vie. - Peu précis du fait de la compressibilité de
- Facilité pour transmettre la puissance sur l’air.
de longues distances - Difficile à contrôler automatiquement
- Léger et rapide - Bruit.
- Usure.
Les efforts qui doivent être fournis conditionnent le choix du type du matériau de
construction. Toutes les constructions en plastique ont l'avantage d'être intrinsèquement
exemptées de corrosion mais, en général, elles se limitent à des vérins petits et à des applications
légères. À l'origine, elles étaient destinées à fournir des vérins à faible coût lorsque la rigidité de
l'unité n'était pas un facteur important. Le développement de vérins entièrement en plastique
pour des applications nécessitant des efforts élevés tend à annuler tout avantage en termes de
coûts et, par conséquent, ils ne trouvent pas beaucoup d'applicabilité, bien que le potentiel de
résistance à la corrosion subsiste.
La limitation de la force avec les vérins pneumatiques est purement une question de taille et de
coût. Étant donné que les pressions des circuits disponibles sont généralement très inférieures à
la pression courante dans les circuits hydrauliques, les vérins pneumatiques doivent avoir un
diamètre beaucoup plus grand que les vérins hydrauliques pour une même performance de
poussée. Lorsqu'une force très élevée est requise, le coût du vérin pneumatique approprié peut
dépasser le coût d'un système hydraulique complet pour effectuer le même travail. De plus, le
coût de l'alimentation en air comprimé d'un tel cylindre pourrait également être prohibitif.
Basé sur l'action du vérin nous pouvons classer les vérins en tant que simple effet et double
effet. Les vérins à simple effet ont une seule conduite d'entrée d'air. Les vérins à double effet ont
deux lignes d'entrée d'air. Les avantages des vérins à double effet par rapport aux vérins à simple
effet sont :
19
- Dans les vérins à simple effet, le cylindre peut produire le travail seulement dans une
direction. Dans un vérin à double effet, l'air comprimé peut déplacer le piston dans les
deux directions.
- Dans un vérin à simple effet, la longueur de course est limitée par la longueur
comprimée du ressort. Dans un vérin à double effet, la longueur de course est illimitée.
- Pendant que le piston avance dans un vérin à simple effet, l'air doit vaincre la raideur
du ressort et donc une certaine puissance est perdue avant que la course réelle du
piston ne commence. Ce problème n'est pas présent dans un vérin à double effet.
La construction du vérin à double effet est similaire à celle d'un simple effet. Cependant, il n'y
a pas de ressort de rappel. Les vérins à double effet sont généralement utilisés dans les
applications où une longue course est nécessaire. Les flasques avant et arrière sont fabriqués en
fonte, en aluminium ou en fonte malléable. Les deux flasques peuvent être fixés au cylindre par
des tirants, filetages ou des brides. Les organes étudiés dans notre thèse sont les joints
d'étanchéité (tige et piston) et les caractéristiques tribologiques du cylindre et de la tige (états de
surface).
20
Le cylindre est habituellement un tube en acier fabriqué d'une seule pièce, sans soudure, pour
augmenter la durée de vie des composants d'étanchéité. Pour les applications spéciales, le corps
du cylindre peut être en aluminium, en laiton ou en tube d'acier avec une surface d'appui chromée
dure. Ces conceptions spéciales sont utilisées lorsque le fonctionnement est peu fréquent ou
lorsqu'il y a des influences corrosives.
Les états de surface du cylindre et de la tige doivent respecter les normes relevant de la
spécification géométrique des produits GPS- NF EN ISO 4287, NF EN ISO 12085 et NF EN
ISO 13565 - 1 et 2. Les dimensions de l'alésage du cylindre et le diamètre de la tige répondent à la
norme ISO 3320. La norme ISO 497 réglemente la longueur de la course.
Des joints de piston sont prévus pour assurer l'étanchéité entre les deux chambres du vérin.
Une bague de guidage est insérée entre les deux joints piston afin d'assurer le guidage du piston
au cours du fonctionnement. Un ou plusieurs joints sont montés au niveau du flasque pour
assurer l'étanchéité entre l'intérieur du cylindre et l'environnement. De plus, le flasque héberge un
joint racleur dont la fonction est d’empêcher la poussière et les particules de saleté d'entrer dans
le cylindre. Une bague de guidage est montée dans le flasque afin d'assurer un bon alignement de
la tige et de protéger le joint tige contre l’usure. Un joint d'amortissement se loge au niveau du
flasque dans le but d'amortir le déplacement du piston en fin de course.
Pour ces raisons, les joints d'étanchéité pneumatiques ont évolué comme une classe de joints
très distincte avec des caractéristiques différentes des joints hydrauliques.
La conception basique de la zone de contact pour les joints pneumatiques est donc très
différente de celle des joints hydrauliques. Les joints sont conçus pour avoir une force de serrage
beaucoup plus. En plus de la charge plus faible, la conception du joint est destinée à encourager
tout le lubrifiant présent sous le joint à rester dans le contact.
σp ≈ σ0 + P (I.1)
L’interprétation physique de ce qui précède est qu'un joint en élastomère, avec une
compression initiale, exposé à la pression du fluide, se comporte comme un liquide de tension
superficielle très élevée, maintenant le serrage et transférant la pression du fluide au contact
d'étanchéité [1], [4].
Figure 5: .a) Joint tige typique pour vérin pneumatique, incorporant une lèvre d'essuyage avec
un profil favorisant la rétention du lubrifiant sous le joint. b) Étanchéité tige. Source :
Freudenberg Sealing Technologies.
Le joint d'Airzet (Figure 7.a), est un joint compact à double effet avec des rainures sur les
côtés pour s'adapter à l'effet de la pression. La conception compacte permet des formes de piston
court (dans le cas des vérins à course courte). Le profil d'étanchéité arrondi et la nature flexible
assurent un faible frottement et maintiennent le lubrifiant dans le contact. Une autre méthode de
construction consiste à intégrer le joint d'étanchéité dans le piston : sur la Figure 7.b. On
représente un joint à lèvre à double effet. L'espace inter-lèvres est conçu pour servir à la fois de
réservoir de lubrifiant et de guidage. Les lèvres ont un profil symétrique avec une faible force de
serrage de chaque côté. Le bourrelet en élastomère sur les faces radiales du piston peut également
être conçu pour servir d'amortissement aux extrémités de la course, ce qui donne l'avantage de
supprimer les joints de fin de course montés sur les flasques. Ce type de géométrie représente une
conception compacte et économique de piston pneumatique. Cependant, si les joints doivent être
remplacés, il est nécessaire de remplacer l'ensemble du piston. Une alternative qui utilise une
conception similaire est représentée sur la Figure 7.c : des joints de piston qui se clipsent sur le
piston.
Figure 7 : Exemples de joints piston pour vérins pneumatiques : source Freudenberg Sealing
Technologies
25
I.1.7 Comportement de la graisse dans la zone d'étanchéité
Le développement de joints pneumatiques modernes a été encouragé par la nécessité d'établir
un film lubrifiant permanent adhérent et protecteur contre la corrosion. La graisse émulsifiante
est utilisée pour la lubrification car les lubrifiants solides tels que le graphite ou le bisulfure de
molybdène ne sont pas de bons lubrifiants dans les vérins pneumatiques.
Pour des applications hydrauliques, les joints sont conçus pour racler le film liquide en cas de
dépassement durant la sortie de tige (outstroke) tout en permettant au film restant sur la tige de
revenir dans la zone d'étanchéité durant la rentrée (instroke). Rappelons que cela nécessite un
profil de champ pression de contact décentré vers le côté fluide pour créer une barrière
d'étanchéité. Dans une application pneumatique, le film de graisse doit rester intact dans les deux
directions du mouvement ; par conséquent, les joints de tige et les joints de piston doivent avoir
un profil de pression de contact symétrique. Idéalement, il devrait y avoir un pic modéré au
centre du contact, tandis que de chaque côté de celui-ci, la pression doit diminuer aussi lentement
que possible [1]. Ceci est obtenu en donnant à la zone de contact du joint une forme biconique
bombée [1], Figure 8. Si la pression de contact n'est pas symétrique l'épaisseur du film et donc le
débit sont plus faibles là où le gradient de pression est plus raide.
Figure 8: Contact typique d'un joint pneumatique élastomère, Forme de la lèvre et le profil de
la pression de contact
Normalement, le film de graisse déposé pendant l'assemblage est plus épais que l'épaisseur du
film au cours du fonctionnement. Comme pour les joints hydrauliques, l'épaisseur de film h peut
être estimée à partir du gradient de pression maximal ∆P, la vitesse de glissement U, et µ la
viscosité dynamique du lubrifiant. Cependant, comme une bande de graisses relativement épaisse
se forme d'abord devant le joint, l'épaisseur du film n'atteint pas immédiatement la valeur donnée
par l'équation I.2 [1].
9 µ𝑈
ℎ = √2 ∆𝑃 (I.2)
26
Après un certain nombre de cycles, une partie de la graisse excédentaire est déposée sur les
bords du joint et une autre partie est déplacée jusqu'à la fin de la course où elle sera aussi
déposée. L'épaisseur du film à l'état stable est faible si la pente ∆P est grande et la viscosité et/ou
la vitesse de glissement sont faibles. On peut remarquer que les périodes de ralenti peuvent
réduire de façon permanente l'épaisseur du film et entraîner une carence en lubrifiant [1]. Le
stockage de la graisse lubrifiante est incorporé généralement pour compenser cela, Figure 5.a.
Suivant le travail de Muller et al [1], des expériences avec un joint torique lubrifié à l'huile
montrent qu'avec une épaisseur de film initiale de 2 µm, après 2000 courses à vitesse de 0.3 m / s,
le film d'huile diminue jusqu'à 0.5 µm et même après 20000 courses, l'épaisseur du film vaut 0.25
µm, qui dépassent toujours la rugosité moyenne d'un alésage de cylindre bien usiné. Cependant,
dans des conditions moins favorables, le film lubrifiant peut diminuer jusqu'à ce que le joint
commence à s'abîmer. C'est principalement pour cette raison que les polymères résistants à
l'usure (par exemple, le polyuréthane) sont de plus en plus utilisés dans la technologie des joints
pneumatiques.
Afin d'optimiser la largeur de contact, Muller et al [1] proposent l'équation (I.3) qui évalue la
largeur de contact en fonction de la charge et du gradient de pression maximal. La largeur de
contact est optimale dans des conditions de lubrification élastohydrodynamique pour un joint
pneumatique qui glisse sur une surface lisse (Figure 8). Avec un différentiel de pression maximal
∆P, il suppose un profil de pression parabolique. Ainsi, le gradient de pression maximal est donné
par : ∆P = 4 Pmax / b. Si la charge linéique est définie comme : WL = Fr / (πd) où Fr représente
la force de serrage b est finalement donnée par :
WL
b = √(6 ∆P
) (I.3)
Des valeurs plus élevées de ∆P conduisent à un raclage prématuré du film de lubrifiant [1].
À première vue, le joint torique peut sembler être un joint pneumatique simple et efficace, en
raison de sa forme symétrique et de son faible prix. Bien que la largeur de contact d'un joint
27
torique soit sensiblement la même que celle d'un joint à double lèvre en élastomère, la rigidité
radiale plus élevée du joint torique donne une pression de contact beaucoup plus élevée, ce qui
entraîne des frottements plus élevés, le risque du stick-slip et de déformation spirale (certaines
parties du joint vont glisser tandis que les autres vont rouler ; ceci provoque des marques et des
coupures en forme spirale dans la surface du joint). Le risque de déformation spirale est réduit
par l'utilisation d'un X-Ring (quadring, Figure 9) qui, par ailleurs, facilite le stockage du lubrifiant
entre ses deux lobes. Cependant, d'autres conceptions sont encore plus souples et insensibles aux
tolérances de fabrication, par exemple les joints en I et en Z (Figure 9).
La Figure 10, montre deux conceptions de joints de piston à simple effet, un joint simple en
forme de L et un autre en forme de U. Dans les deux cas, deux paires de joints sont placées dos à
dos dans le piston. Similaires à ceux de la technologie hydraulique, les lèvres sont plus minces et
les zones de contact arrondies pour les raisons déjà évoquées.
I.2.1 Introduction
Nous découvrons à travers la littérature que la recherche expérimentale sur les joints
pneumatiques durant le XXe siècle était très limitée [28], [41], [63], [64], [65], [66],[67]. À partir du
XXIe siècle on note une forte préoccupation [12], [31], [32], [33], [34], [35], [55], [56], [57], [58],
[59], [60], [61], [62] des chercheurs et des industriels sur la compréhension du fonctionnement
des joints pneumatiques. Au cours du XXe siècle le fonctionnement des joints pneumatiques a
été perçu de la même façon que celui des joints hydrauliques. Avec l'arrivée de nouvelles
conditions de fonctionnement où ce n'était pas possible d'utiliser les actionneurs hydrauliques et
des restrictions normatives sur l'environnement, l'accent a été mis sur les actionneurs
pneumatiques afin d’améliorer leurs faisabilités et efficacité. Le développement des joints
pneumatiques a été cependant fortement inspiré par les joints hydrauliques.
La recherche expérimentale sur les joints pneumatiques a fait des progrès constants depuis le
XXIe siècle. Cela est attribué au développement des techniques expérimentales, en particulier les
techniques de visualisation et de mesures optiques à l'échelle micrométrique. Les mesures de
fuites, de frottements, de distribution de la pression de contact et de l'épaisseur du film fluide ont
été les principaux objectifs des études expérimentales car ils sont principalement responsables du
bon fonctionnement des joints pneumatiques lubrifiés à la graisse.
Dans cette partie nous présentons une recherche bibliographique qui mettra en évidence le
contexte scientifique justifiant les objectifs de la thèse. Au cours de cette recherche
bibliographique expérimentale nous allons exposer les principales études qui ont servi à la
compréhension du comportement des joints en mouvement alternatif. Cette recherche
bibliographique n'est pas exclusive aux systèmes pneumatiques mais elle porte aussi sur les
systèmes hydrauliques. Les recherches expérimentales sur les joints hydrauliques ont été très
29
utiles pour concevoir le banc d'essais et accroître notre expertise dans la compréhension des
systèmes pneumatiques.
L’ensemble des techniques utilisées pour mesurer la fuite, l’épaisseur du film, la distribution
des contraintes dans le contact, la force de frottement a été répertorié. L’influence des conditions
de fonctionnement et les conditions tribologiques, la géométrie des joints et les conditions de
lubrification seront aussi analysées à travers cette étude bibliographique.
La fuite du lubrifiant est mesurée aussi par d'autres techniques, plus précises, capables de
donner des résultats en temps réel. Ainsi, on peut approximer la fuite en mesurant l'épaisseur du
film au niveau de la zone d'étanchéité ou évaluer la quantité de lubrifiant déposée sur la tige.
La mesure de la fuite nette suffit dans la pratique pour juger la performance d'un joint. Une
mesure séparée de la fuite en entrée et en sortie de tige est souhaitable lorsque l'on étudie le
mécanisme d'étanchéité.
Globalement, ce type de mesure ne peut indiquer que la moyenne de la fuite sur de nombreux
cycles de fonctionnement.
30
I.2.2.2 Mesure du débit de lubrifiant
Pour les systèmes hydrauliques, la fuite nette peut également être déterminée en mesurant le
débit d'huile nécessaire pour maintenir une pression constante dans l'espace à étancher. Cela a été
fait par Field et Nau [14], [68] et Karaszkiewicz [16]. Ils ont mesuré seulement la fuite nette
moyenne de deux joints. Ils n'ont rien rapporté sur l'influence des fuites sur d'autres
caractéristiques d’étanchéité du système, telles que l’usure et la force de frottement.
Karaszkiewicz a testé cette influence de manière statique et a conclu qu'elle était petite. Il a
également analysé l'influence de la variation de pression et de la température sur la fuite, en
concluant quelle était négligeable. La précision globale sur le volume de la mesure de la fuite a été
estimée à environ± 3 mm3 .
Karaszkiewicz [16] a également mesuré la fuite en sortie de tige avec la même méthode. Il
essuya l'huile qui s'écoulait de la tige avant de commencer une entrée, afin d’éviter le retour
d’huile. L'utilisation supplémentaire d'un solvant n'a pas apporté de différences significatives.
Karaszkiewicz n'a pas déterminé la masse de l'huile essuyée pour la comparaison avec la mesure
de la variation du débit d'huile.
Prokop et Muller [18] ont rempli l'espace entre le joint d'essai et un deuxième joint, agissant
comme un joint racleur, avec de l'huile. Ils ont mesuré la variation de ce volume d'huile pour
déterminer la fuite nette du joint d'essai. La fuite nette possible du deuxième joint a été prise en
compte, en plus du prélèvement de l'huile déposée sur la tige. Les auteurs notent qu'il n’est pas
possible de comparer la variation du volume total d’huile avec la fuite prélevée sur la tige car
celle-ci est trop faible pour être représentative.
On peut classifier les différentes techniques en 4 catégories. Les trois premières sont des
techniques intrusives : méthode mécanique [15], méthode à induction magnétique [15]méthode
reposant sur les propriétés électriques (mesure de la résistance ou de la capacité électrique du
31
film) [14], [15], [19]. La quatrième catégorie, basée sur les techniques d'observation
optiques [21], [22], [23] est une technique non intrusive.
En 1978, Schrader et al. [15] ont utilisé une méthode mécanique pour évaluer l'épaisseur du
film d'un joint piston hydraulique. Le principe de la méthode est d’utiliser un pointeau avec un
rayon d'environ 0,15 mm, pressé contre la surface du joint par un ressort avec une force
d'environ 0,015 N. Le déplacement radial du pointeau et donc du joint, a été mesuré avec un
transducteur inductif. Ce déplacement est lié à l'épaisseur de film lubrifiant qui peut se former
entre le joint et le cylindre. L'inconvénient de cette technique est qu'elle est sensible à la rugosité
de la surface du joint qui est dans certains cas supérieure à l'épaisseur du film. De plus, elle est
influencée par les déformations du joint aux points de contact avec le pointeau : les erreurs de
déformation sont estimées à environ 1,5 µm pour un joint de module de Young de 1000MPa et à
5 µm pour un module de 100MPa.
Une autre tentative de Schrader pour mesurer l'épaisseur du film est d'utiliser la méthode à
induction magnétique. Dans cette méthode il a utilisé un capteur à induction monté sur la paroi
extérieure d'un vérin hydraulique. Le joint de piston utilisé est à base de ferrite. L’inconvénient de
cette méthode est que les mesures ont été perturbées par la dépendance de la perméabilité
magnétique du joint à la pression et à l'usure.
En 1973, Field et Nau [14] ont mesuré l’épaisseur du film lubrifiant avec une méthode
capacitive. Ils ont observé que l’épaisseur de film est plus importante en sortie qu’en entrée de
tige. De plus, ils ont constaté que la forme de l’épaisseur du film est différente entre l’entrée et la
sortie de tige. L’épaisseur du film lubrifiant est assez uniforme et faible pour les mouvements
d’entrée de tige. L’épaisseur de film minimale mesurée est comprise entre 1 et 5 µm. Les erreurs
de mesure de la méthode capacitive peuvent aller jusqu'à 12 % de l'épaisseur de film. Si la
pression augmente alors l’épaisseur du film diminue pour les entrées de tige et augmente pour les
sorties de tige. En 1975, ces mêmes auteurs [66] ont étudié les effets de plusieurs paramètres
(effort de serrage, dureté du joint, etc.) sur le comportement du film lubrifiant. À travers leurs
observations, les auteurs ont conclu que l’effort de serrage, la dureté du joint et sa géométrie
affectent le profil du film lubrifiant et par conséquent les performances du joint. De plus, la
forme du convergent d'entrée et le bord de fuite du joint sont également importants. Ces
paramètres sont supposés affecter le profil en modifiant les efforts dans tout le contact du joint.
Ils ont évalué l'erreur de mesure de l'épaisseur du film à plus de 40 %. Un autre inconvénient
remarqué est la dépendance de la résistance électrique du joint à la pression du fluide.
En 1990, Jagger et al [15] ont essayé les trois méthodes mécanique, optique et électrique
(résistive et capacitive) sur un joint hydraulique. Ils ont qualifié la méthode capacitive comme la
mieux adaptée. Leur dispositif de mesure était calibré sur une épaisseur de film de 30 µm avec des
32
pas de calibration de 5 µm. Les résultats de mesure de l'épaisseur du film ont montré des valeurs
inférieure à 5µm. Les auteurs ont conclu que les épaisseurs du film étaient au-dessous des
performances de leur dispositif (30 µm).
En 1964, Lawrie et O’Donghue [19] ont utilisé une méthode résistive pour la mesure de
l'épaisseur du film. La méthode consiste à mesurer la conductivité entre un joint hydraulique et
l'arbre. La finalité de cette étude est d'avoir une information qualitative sur la présence ou non du
film lubrifiant.
En 1969, Dowson et Swales [67] ont effectué des essais pour étudier les mécanismes
d’étanchéité d'un joint de tige hydraulique. Pour cela, ils ont développé une machine à disque
tournant qui simule l’action d’un joint hydraulique en translation. Le joint est monté dans une
chambre sous pression hydraulique en contact avec le disque tournant. Ils ont mesuré, par
capteurs capacitifs, les épaisseurs de film (comprises entre 5 µm et 38 µm) et ont observé que
l’épaisseur du film lubrifiant est plus grande pour la sortie que l’entrée de la tige. Pour Dowson et
Swales, cette différence sur l’épaisseur du film entre l’entrée et la sortie de la tige pourrait être une
des causes des fuites des joints en translation. Leurs résultats expérimentaux montrent que
l’épaisseur augmente avec la vitesse et diminue quand la pression de service augmente (pression à
l’intérieur de la chambre de joint).
En 1964, Kambayashi et Ishiwata [70] ont positionné une électrode au-dessus de la tige pour
mesurer la capacité électrique de la couche de film d'huile et de la couche d'air dans l'espace entre
l'électrode et la tige. Cette méthode permet la mesure continue de l'épaisseur de film. Cependant,
l'utilisation d'une seule électrode peut provoquer des erreurs importantes dues au mésalignement
entre l'électrode et la tige. L'utilisation d'une seconde électrode opposée à la première peut
éliminer ce problème Visscher[24]. Visscher ne présentait que des capacités mesurées, sans
calculer les épaisseurs de film.
33
combinaison de l’interférométrie optique et de l’imagerie numérique permet de nouvelles
approches en métrologie optique.
En 1978, McClune et Tabor [21] ont utilisé l'interférométrie optique pour étudier la formation
d'un film lubrifiant entre la surface d'un joint torique qui tourne contre une plaque de verre lisse
(Figure 11). Avec les mesures de l’épaisseur ils ont pu montrer que pour des surfaces bien
alignées, il apparaît que la source de génération de la pression dans le film de lubrifiant est due
aux aspérités et autres défauts de surface : un mésalignement radial favorise la formation d'un
film lubrifiant relativement épais et stable. Les résultats indiquent que la rugosité contrôlée et le
mésalignement devraient permettre aux joints d'étanchéité rotatifs de fonctionner de manière
satisfaisante en présence de lubrifiants de viscosité adéquate.
Une étude sur l'épaisseur de film d'huile avec la méthode d'interférométrie optique bi-
chromatique sur des joints de tige d'un moteur Stirling en mouvement alternatif a été réalisée par
Krauter [22] en 1982. La surface du joint a été revêtue d'une couche de laque pour mieux
réfléchir la lumière (Figure 12). Les résultats expérimentaux montrent que l'effet de la dureté du
joint joue un rôle important sur la formation du film d'huile. Aussi, il a fait une comparaison
entre les profils du film d'huile calculé analytiquement et expérimentalement à vitesse
relativement élevée. Cette comparaison relève un accord qualitatif global entre le modèle
analytique et les mesures. Les auteurs suggèrent des améliorations du modèle ainsi que de la
technique expérimentale pour plus de comparaisons.
34
Figure 12 : Schéma du dispositif de mesure de l'épaisseur du film de Krauter[22].
Tous les travaux cités précédemment ont la caractéristique commune d'employer des
techniques interférométriques optiques sur des échantillons et non directement sur le système
35
tribologique proprement dit, c'est-à-dire sans reproduire les conditions de travail réelles. La
technologie de l'interférométrie n'est pas épargnée d'inconvénients. Pour des épaisseurs plus
faibles, l'erreur peut être plus importante que la mesure elle-même et la calibration ainsi que la
préparation des surfaces nécessitent alors la plus grande attention. La technique interférométrie
impose des surfaces réfléchissantes, ce qui est n’est pas le cas des joints. Le revêtement des
surfaces pour augmenter leurs caractéristiques optiques, impose des états de surfaces différentes
de celles en fonctionnement réel.
Une autre méthode optique existant pour la mesure de l'épaisseur du film est l'ellipsométrie.
La mesure de l'épaisseur du film au moyen de l'ellipsométrie est basée sur la réflexion d'un
faisceau parallèle polarisé linéairement sur le film. L'état de polarisation du faisceau réfléchi
dépend de l'épaisseur du film. La relation entre l'état de polarisation et l'épaisseur du film est
complexe et l'évaluation des données mesurées n'est donc pas simple. Les mesures par
l'ellipsométrie sont traitées par des hypothèses fortes pour remonter à l'épaisseur du film au
niveau du contact. Meyer et Loyen [25] donnent un exemple de mesure de l'épaisseur du film
d'huile sur une surface métallique libre, tandis que Çavdar et Ludema [26] mesurent l'épaisseur
des films dans les contacts en acier pendant le mouvement.
En 1975, Meyer et Loyen [25] utilisent un laser He-Ne d'une longueur d'onde de 632,8 nm. Ils
signalent que l'incertitude de leurs mesures est d'environ 10 % et que l'épaisseur maximale du
film, pouvant être détectée, est de 500 nm. La raison de cette limitation est l'apparition simultanée
d'interférences, qui conduit à l'alternance de franges claires et sombres. Cette alternance de
franges perturbe les mesures puisque les franges sombres ne polarisent pas le faisceau, ce qui fait
qu'il n'y a pas de mesures.
En 2009, Hörl et al [27] se sont intéressés à la mesure de l'épaisseur du film par la méthode
ellipsométrie(Figure 14) pour un joint de tige hydraulique. Les mesures ont été réalisées sur la
surface de la tige. Les résultats des mesures ont été confrontés avec des calculs basés sur la
théorie inverse. Les résultats obtenus en sortie de tige (outstroke) sont en bonnes concordances
avec les calculs, mais se contredisent pour le cas d'entrée de tige (instroke).
36
Les mesures de l'épaisseur du film montrent une variation de l'épaisseur suivant la
circonférence. Cela est dû à la variation des conditions de surface sur la circonférence de la tige.
Malgré le caractère non destructif et la large gamme de mesures, la technologie reste limitée à des
mesures statiques.
En 1999, Bignardi et al. [28] ont déterminé la pression de contact entre un joint de tige
pneumatique en élastomère et une tige par un calcul éléments finis et par des mesures
expérimentales issues d'essais photo-élastiques. La photo-élasticité est une méthode optique se
basant sur la biréfringence du matériau acquise sous l'effet des contraintes. Les auteurs montrent
une bonne concordance entre les mesures et les calculs.
En 2003, Debler et al. [29] ont mis au point une procédure expérimentale pour mesurer la
pression de contact dans un joint d'étanchéité à plusieurs lèvres, à partir d'une approximation de
la force radiale (Figure 16). Une formule analytique est utilisée pour remonter à la pression de
contact à partir de la charge radiale mesurée. Un calcul éléments finis a été réalisé, la comparaison
entre les calculs et les mesures expérimentales étaiet en bonne concordance. Ce banc d'essai a été
proposé comme outil de contrôle de qualité dans la production des joints.
Figure 16 :a) dispositif de mesure de la force radiale, b) Profil du joint testé [29]
37
Une autre approche pour mesurer expérimentalement la pression de contact à l'interface
consiste à utiliser des films sensibles à la pression, qui produisent une réponse sous la forme
d'une empreinte sur leur surface, lorsqu'une pression est appliquée. De tels films ont été
largement utilisés dans le domaine biomécanique pour examiner la pression dans les articulations
et les prothèses [30]. Récemment, Lee et al. [31] ont utilisé ce type de film pour mesurer la largeur
de la zone de contact et la pression de contact maximale sur un joint à lèvre, sous différents
ajustements d'interférence.
Ces films ont été également utilisés pour les mesures statiques de la pression de contact locale
dans les applications pneumatiques par Conte [32] et par Belforte et al. [33], [34]. Ils ont
remarqué que ces capteurs (films) étaient efficaces pour estimer les caractéristiques de contact
(pression de contact et aire de contact). Néanmoins, une limite de ces films est due à leur
épaisseur non négligeable et à la difficulté de les positionner entre les deux parties en contact.
Certains chercheurs ont tenté de mesurer la force de frottement générée par le glissement
entre le joint et l'arbre en mesurant la force générée dans l'ensemble du système par
l'intermédiaire d'un capteur de force fixé au boîtier (logement de
joints) [12], [13], [14], [17],[36], [37], [38], [39], [40]. D’autres ont essayé de mesurer la force de
frottement générée par le glissement entre le joint et l'arbre en mesurant la force qui se développe
dans le système via un capteur de force fixé à la tige [41],[42], [43], [44], [45], [46], [47], [48].
Les différences entre la mesure de la force de frottement via la tige ou via le logement des
joints dépendent de la partie du système qui est statique et de la partie entraînée. Il existe trois
configurations utilisées.
La première configuration, représentée sur la Figure 17, utilise un logement guidé sur un
support à frottement négligeable et bloqué en translation par un capteur de force. Quand la tige
est entraînée la force de réaction est mesurée par le capteur de force fixé sur le boîtier. Avec cet
38
agencement si deux joints sont testés, la force mesurée représente la somme du frottement
joint/tige et les frottements visqueux entre le lubrifiant et la tige dans le
boîtier [12], [13], [17], [37], [40].
L’avantage de cette configuration est qu'elle assure les essais à des pressions constantes
puisqu’il n'y a pas de variation de volume dans le cylindre. Cependant, avec une telle
configuration, on n’a pas la possibilité de séparer la force de frottement en entrée et en sortie.
Lorsqu'un seul joint est testé, l'étanchéité entre l'arbre et le logement est assurée par une bague
(Figure 18). La force de frottement générée par la bague ne dépend pas de la pression. Avec une
telle configuration, on peut différencier le frottement du joint en entrée et en sortie. Si le cylindre
est plein d'huile que ce soit horizontalement ou verticalement [37], les pertes par frottement du
joint d'étanchéité sont mesurées en même temps que les frottements visqueux du lubrifiant dans
le cylindre et la bague [12], [39].
Le concept de la Figure 18 a été utilisé par Field et Nau [14], [36] pour des mesures sur des
joints de piston. L'utilisation de la bague peut être un inconvénient de cette installation puisqu’elle
génère un effort de frottement supplémentaire à celui du joint. De plus, l'étanchéité parfaite n'est
pas assurée avec une telle technologie.
Dans la configuration de la Figure 19, le logement est fixe, l'arbre est entraîné et la force de
réaction est mesurée sur l'arbre. Cette force représente la somme des frottements au niveau des
interfaces joint/tige et la bague et les frottements visqueux dans le cylindre lubrifiant [46].
39
Figure 19 : Concept du capteur de force fixé sur la tige
La Figure 20 montre la configuration utilisée par Gawrys et Kollek [51] en 1984: la tige est
divisée en deux parties reliées par un capteur de force. Un manchon de protection recouvre la
connexion des deux parties de la tige pour protéger le capteur et empêcher la pression du fluide
d'agir sur les extrémités des parties de la tige pour exercer une force axiale. Le banc d'essai a
ensuite été utilisé par Prokop et al [18]. L'avantage de ce concept est de pouvoir mesurer la force
de frottement du joint dans les deux sens du mouvement et dans le cas de pressions constantes.
La bague de guidage peut être remplacée par un joint pour assurer une bonne étanchéité.
L'inconvénient principal de ce concept consiste dans la difficulté d’assurer l’alignement du
système.
Le dispositif de la Figure 21, est utilisé par Lawrie & O'Donoghue [19] et Johannesson [44] en
1964 et par Kambayashi & Ishiata en 1964[70]. Pour ce dispositif, la tige ne traverse le logement
du joint que d'un seul côté et n'est guidée que par le capteur de force. Cela permet de mesurer la
force de frottement dans les deux sens du mouvement. Toutefois, cette configuration a un certain
nombre d'inconvénients : la pression dans le cylindre n'est pas constante en raison de la variation
du volume ; il y a un risque d'arc-boutement ; tout le poids de la tige est supporté par le joint.
40
En 1988, Flitney et Nau [68] ont défini un programme de recherche pour établir des
statistiques sur les fluctuations des résultats expérimentaux des joints hydrauliques en caoutchouc.
Pour cela, sept laboratoires, situés dans le monde entier, ont réalisés des essais identiques avec
une procédure et un contrôle très stricts. En général, les résultats montrent d'importantes
disparités dans les résultats. Deux facteurs expliquent probablement les variations observées : les
effets du jeu et de l’excentricité entre le joint et la tige ainsi que la rugosité de la surface de la tige.
En 1989, Prokop et Muller [18] ont déterminé analytiquement l’épaisseur du film lubrifiant
d’un joint en PTFE, à partir du gradient de pression mesuré, pour l’entrée et la sortie de tige d’un
vérin hydraulique. Pour mettre en évidence l’influence des rugosités des surfaces, ils ont comparé
certaines caractéristiques d’un joint rodé à celles d’un joint neuf. Pour l’entrée de la tige, le joint
neuf possède une force de frottement faible aux basses vitesses. Cette force de frottement
augmente avec la vitesse. Le joint rodé a un comportement opposé, i.e. une force de frottement
très élevée à basses vitesses et qui diminue fortement quand la vitesse s’accroît. De plus, si la
période de rodage est allongée, il n’y a plus de changement notable du comportement. Les
auteurs expliquent ce comportement en supposant que pour le joint neuf, seul un faible nombre
d’aspérités de la surface rugueuse entre en contact. En raison de l’interdépendance entre le
frottement et l'épaisseur du film, même des petites surfaces avec des contacts très étroits créent
un frottement très important. Les auteurs affirment qu’une petite surface rugueuse de PTFE
forme des contacts étroits au-dessus de seulement quelques zones. Le frottement est donc moyen
à basse vitesse et augmente légèrement avec l’accroissement de la vitesse. Ce fait peut-être dû aux
effets combinés du faible comportement hydrodynamique des aspérités et de l’augmentation du
cisaillement visqueux dans ces zones.
Des tests antérieurs ont montré que la longueur axiale de contact du joint a une influence
importante sur sa capacité de pompage. Pour cela, les auteurs ont comparé trois configurations
de joints : un joint chanfreiné, un joint normal et un joint normal dans une gorge chanfreinée.
Pour la sortie de tige, l’épaisseur moyenne du film est quasiment indépendante de la pression à
l’exception du troisième joint pour lequel elle diminue avec l’accroissement de la pression.
D’après les auteurs, cette différence est certainement due au pompage qui diffère pour ce
troisième joint. En conclusion de leur étude, les capacités et les caractéristiques de frottement du
joint PTFE changent durant le fonctionnement. Comparé à un joint neuf, un joint rodé présente
un frottement important à basses vitesses, et faible à grandes vitesses. Ce changement semble être
causé par une déformation plastique globale des aspérités de surface.
En 1990, Visscher et Kanters [15] et Kaneters [17], en 1992, Visscher [24] ont déterminé
expérimentalement les forces de frottement et les débits de fuite en utilisant trois tiges avec
différentes rugosités de surface. Le joint utilisé est en polyuréthane de section rectangulaire avec
coins arrondis. Des différences significatives sont observées entre l’entrée et la sortie de tige. En
41
effet, pour l’entrée de la tige, le frottement augmente avec la pression. Par contre, pour la sortie
de la tige, le frottement est indépendant de la pression. Ces résultats ont également été relevés par
Field et Nau [66], qui ont observé un écart significatif sur le frottement entre l’entrée et la sortie
de tige. Une diminution du frottement en sortie de tige lorsque la pression augmente est
également relevée. L’influence des rugosités de surface de la tige pour trois valeurs de Ra
(inférieure à 0,01 µm; 0,05 µm et 0,34 µm) est examinée. Pour les hautes vitesses et pour la sortie
de tige, le frottement est peu influencé par les rugosités de la surface de la tige. Toutefois, le
frottement diminue légèrement avec l’augmentation des hauteurs des rugosités. En entrée de tige,
le frottement augmente avec les Ra de la tige. Les fuites vers l’extérieur s’accroissent
approximativement avec la racine carrée de la vitesse. Pour ces auteurs, la théorie de la
lubrification pour des surfaces lisses n’est pas convenable pour décrire le comportement des
joints élastomères. En effet, en examinant la courbe frottement-vitesse, les auteurs s’aperçoivent
que le joint fonctionne surtout en lubrification mixte. En conclusion, pour une meilleure
compréhension du processus tribologique, la mesure du film lubrifiant est primordiale car celle-ci
permettra d'identifier le mode de lubrification.
En 1989, Belforte [41] et en 1993 Schroder et al. [65] ont réalisé des mesures de force de
frottement sur des vérins et des joints pneumatiques commerciaux. Ces mesures ont été
effectuées au moyen de bancs conçus spécialement. Les résultats ont permis de développer des
lois empiriques de frottement de vérins pneumatiques sur certaines conditions de
fonctionnement et de nouvelles solutions de géométries de joints à faible frottement ont été
proposées.
Belforte et al [63], [64] ont étudié les phénomènes de défaillance des joints qui se produisent
dans les électrovannes et les distributeurs pneumatiques. Des essais de vieillissement (durée de vie
accélérée) ont été réalisés sous différentes conditions (charges variables, avec ou sans lubrifiant,
vitesse, etc). Les typologies de défaillance et l'analyse des défauts ont mis en évidence
l'importance des conditions de graissage correctes et du matériau d'étanchéité (NBR, HNBR,
polyuréthane) sur la résistance à l'usure.
En 1997, Kanzaki et al. [69] ont analysé le comportement dynamique des films lubrifiants
entre des éprouvettes en caoutchouc (NBR) de sections différentes et une plaque en verre en
mouvement de translation alternatif. La technique d’interférométrie optique monochromatique a
été utilisée pour déterminer l’épaisseur du film lubrifiant. La force de frottement est également
déterminée. Le premier objectif de cette étude est de clarifier l’effet de la pression de contact sur
le frottement et les caractéristiques de l’étanchéité. Le second objectif est de valider l’utilisation de
la théorie inverse (calcul de l'épaisseur à partir du champ de pression considéré comme connu) et
d’expliquer les différences observées avec les résultats expérimentaux.
42
Les résultats obtenus dans cette étude sont résumés ci-dessous :
43
données expérimentales et numériques ont conduit à la conclusion que la méthodologie suivie
pourrait être utilisée pour les études paramétriques du comportement des joints.
En 2001, Rana [53] a présenté un dispositif expérimental conçu pour mesurer la force de
frottement et visualiser le contact entre une partie d'un joint hydraulique rectangulaire et une
plaque transparente en translation. Le dispositif est muni d’un microscope et d’une caméra vidéo
qui permet l’observation directe de la zone d'étanchéité pendant les expérimentations. Un poids
réglable comprime la plaque contre le joint. L'effort de frottement est mesuré par un capteur
piézoélectrique. Les paramètres réglables sont : la vitesse de translation de la plaque et sa rugosité,
l'effort de compression et la course. Deux plaques (en acier de rugosité 𝑅𝑎 = 1.4 𝜇𝑚 et en verre
de rugosité 𝑅𝑎 = 0.0075 𝜇𝑚) sont utilisées. Les vitesses de translation varient de 15,75 mm/s à
110 mm/s. La charge appliquée reste constante durant les tests et vaut 45,5 N.
Les résultats obtenus montrent que, pour la plaque en verre et pour de faibles vitesses
(<100 mm/s), la force de frottement ne dépend pas de la vitesse de translation mais de l’état de la
surface. Cela a été justifié par le fait que les conditions de tests ne permettent pas la formation
d'un film lubrifiant.
En 2005, Rana et al [54] ont amélioré le dispositif de mesure utilisé dans l'étude [53]. Le but
était d’augmenter la précision et la flexibilité des mesures. Les auteurs simulent le fonctionnement
d’un vérin hydraulique réel aux dimensions recommandées par les industries. La tige du piston est
en verre transparent. Cela permet la visualisation de l’interface de contact entre la tige et le joint à
44
l'aide d'un endoscope (boroscope). Le dispositif permet aussi la mesure de la force de frottement
sous différentes pressions et vitesses de translation. Les résultats montrent que la force de
frottement augmente globalement avec l’augmentation de la pression. Cependant, à certaines
valeurs de pression, la force de frottement reste constante. En effet, l'augmentation de la pression
augmente la charge appliquée au joint ce qui conduit à l'augmentation de la force de frottement.
En même temps, l'augmentation de la pression favorise aussi l'écoulement à l'interface et donc la
formation d'un film fluide.
En 2003, le travail de G. Belforte et al [55] a pour but d'évaluer l'effet de la dimension d'un
vérin pneumatique (piston et tige), de la pression d'air et de la vitesse sur la force de frottement.
Pour cela ils ont conçu un dispositif de test spécifique (Figure 25). Les essais ont été réalisés sur
six diamètres de piston (32, 40, 50, 63, 80 et 100 mm) et quatre diamètres de tige (12, 16, 20 et
25 mm). La pression maximum de test était de 0.8 MPa. La vitesse de translation atteignait les
0,5 m/s.
𝐹𝑟 = 𝑃1 𝑆1 − 𝑃2 𝑆2 + 𝐹𝐿 (I.4)
Où 𝐹𝑟 est la force de frottement, 𝑆1 , 𝑆2 sont les sections du piston et 𝐹𝐿 l'effort mesuré par le
capteur de force (S5). Les principaux résultats de ce travail sont les suivants :
En 2013, les mêmes auteurs [56] présentent des résultats obtenus sur une nouvelle version,
améliorée du dispositif de mesure présenté précédemment (voir la Figure 26). Une des
améliorations importantes consiste dans le fait que la force de frottement peut être mesurée
indépendamment pour les joints de tige et de piston. Dans ce travail les auteurs ont utilisé trois
joints différents, quatre pressions [0, 2, 4, 6 bars] et une vitesse de translation allant jusqu’à
300 mm/s. La course maximale est de 300 mm et le diamètre du cylindre varie de 16 mm à
63 mm. Le mouvement alternatif du piston est assuré par un vérin électrique offrant une
meilleure précision en termes de vitesse et position.
Une analyse comparative entre les deux dispositifs d'essais présentés dans les références [55]
et [56] sera illustrée. L’objectif des deux systèmes est le même : mesurer la force de frottement
sous différentes conditions de fonctionnement. Le déplacement de la tige pour le dispositif
représenté sur la Figure 25 [55] était assuré par un vérin hydraulique. Pour le deuxième dispositif,
les auteurs ont utilisé un vérin électrique [56] afin d'améliorer la précision et la fréquence du
déplacement. Le deuxième dispositif [56] permet de tester différents types de joints mais avec un
diamètre constant. Le dispositif initial [55] a été utilisé pour caractériser plusieurs diamètres de
joint de piston et de tige. Le deuxième dispositif permet la mesure séparée de la force de
frottement générée au niveau des joints de tige et de piston. Par ailleurs, les paramètres liés à la
température, la fuite et les conditions de lubrification ne sont pas évoqués dans ces deux études.
Dans le but d’étudier l’influence du lubrifiant et du type de joint sur la force de frottement
dans les systèmes pneumatiques, en 2012, Chang et al [57] ont utilisé un dispositif de mesure
semblable à celui présenté dans la référence [21]. Il est équipé de deux cylindres A et B. Le
cylindre A sert à entraîner le cylindre B. Les résultats montrent que la force de frottement
augmente avec la vitesse de translation pour les joints lubrifiés et elle reste constante pour les
joints non lubrifiés. La force de frottement est importante à faible vitesse (inférieure à 25mm/s)
Ils ont déduit que chaque joint possède sa propre autolubrification (capacité de former la couche
de film lubrifiante).
En 2013, Xuan et Yanada [58] ont publié un travail qui traite à la fois des investigations
expérimentales et de la modélisation numérique de la force de frottement dans les systèmes
47
pneumatiques. Pour la partie expérimentale, ils ont utilisé un dispositif qui fonctionne à faible
vitesse (<0,12 m/s) et des pressions de l’ordre de 0.6 MPa. Le piston pneumatique (Figure 28) est
entraîné par un vérin hydraulique qui contrôle le déplacement de la tige. La pression dans le
cylindre pneumatique est contrôlée par un régulateur de pression. Par rapport à l'équation I.4
présentée avant, les auteurs considèrent également l'effet de l'inertie sur la déduction de la force
de frottement :
Fr = P1 S1 − P2 S2 − mγ + FL (I.5)
Ce travail a montré que la variation de la force de frottement ne suit pas le même chemin
entre l'entrée et la sortie de la tige et présente donc une allure de type hystérésis. Le phénomène,
présent à faible vitesse est amplifié avec l'augmentation de la fréquence de déplacement de la tige.
Il augmente aussi avec la pression dans la chambre d'entraînement et diminue avec
l'augmentation de la pression dans la chambre résistante. De plus, ils ont constaté que le
comportement hystérésis de la force de frottement est plus important à grandes vitesses.
En 2013, Bihotz Pinedo et al [59] ont travaillé sur la conception d’un banc d’essais « TESSA »,
développé pour la caractérisation de différents systèmes d’étanchéité en mouvement de
translation et de rotation (Figure 29). La modularité de la chambre de test permet de tester une
grande variété de joints, matériaux, géométries et configurations. Elle permet notamment de
tester des joints tige de diamètre variant de 8mm à 50mm et des joints de piston de diamètre
variant de 18 mm à 200 mm, pour des pressions allant jusqu’à 300 bars et des vitesses de
translation jusqu'à 10,5 m/s. Les paramètres mesurés sont la force de frottement et la
température du fluide de puissance.
48
Figure 29: dispositif de mesure dans le cas de rotation et translation [59]
Le dispositif représenté sur la Figure 30 [60] est un dispositif d'essais dédié aux systèmes
pneumatiques breveté en Chine en 2014, qui permet de mesurer la force de frottement, la
température générée par le frottement des joints et la fuite pour différentes conditions de
fonctionnement. Le vérin électrique (1) est installé sur un bâti (4) à travers un bloc de
positionnement(2). La tige du vérin électrique est reliée à la tige du piston de la cellule d’essais (9)
par l'intermédiaire d'une rotule (3). La cellule d’essais est installée sur une paire de blocs de
glissement à billes (10) qui sont installés sur un rail de guidage (5). L'autre extrémité de la cellule
est reliée à une extrémité à un capteur de force (7) relié à son tour au bâti, à travers le support (8).
Un capteur de déplacement (11) permet le contrôle de course.
Figure 30: Schéma global du banc d'essai présenté dans la référence [60].
49
Figure 31: Dispositif de mesure de la force de frottement [60]
L’objectif de l’étude réalisée par Belforte et al [61] en 2014 est de trouver une géométrie de
joint qui répond aux critères de l’étanchéité sur les actionneurs pneumatiques surtout vis-à-vis de
la fuite et de la lubrification. Un tel joint permet une petite fuite d'air à travers un espace très
étroit entre la lèvre d'étanchéité et la contre-surface. Ce film d'air évite à la fois le contact et
assure la lubrification au niveau de l'interface de la pièce d'étanchéité, permettant ainsi une
réduction du frottement et de l'usure. Par la suite, l'utilisation de graisse pourrait être limitée ou
évitée. Une géométrie de joint équipée d'une chambre d'équilibrage auto-pressurisée a été conçue
pour rendre la fuite aussi insensible que possible à la pression d'alimentation et aux tolérances
d'usinage du cylindre. Pour cela un prototype a été fabriqué et des essais ont été effectués. Les
essais sont faits sur trois cylindres de diamètres différents 50 mm, 50.1 mm et 50.2 mm avec des
pressions allant jusqu’à 0.6 MPa. Les mesures de fuites, effectuées avec un débitmètre à flotteur,
sont de l’ordre de 0.02 l/min. Ce travail a permis de trouver un compromis entre la géométrie du
joint et la dimension du cylindre et d’avoir des informations sur l’évolution de la fuite en fonction
des conditions de fonctionnement.
50
approche analytique et expérimentale. L'approche analytique implique une estimation de la force
de frottement basée sur la conception du joint (moule d'élasticité, surface de frottement, angle de
la lèvre) et le coefficient de frottement du joint. L'approche expérimentale implique la réalisation
de mesures sur des actionneurs complets. Les résultats ont montré la dépendance de la force de
frottement des conditions de fonctionnement et en particulier de la pression dans la chambre et
de la vitesse. Au niveau de l'actionneur complet, l'étude a montré l'importance non seulement du
différentiel de pression à travers le piston mais aussi de la pression dans les chambres. La force de
frottement augmente avec l'augmentation du différentiel de pression. Pour tout différentiel de
pression donné, la force de frottement est plus élevée si la pression dans les chambres est plus
élevée. La force de frottement dépend de la direction du mouvement, le nombre de joints
(actionneur simple ou double tige) et de l'orientation des lèvres du joint. Le modèle théorique
tient compte des principaux facteurs qui influencent le phénomène : le coefficient de frottement,
l'orientation de la section transversale du joint, la direction de la vitesse, et la pression
différentielle à travers le joint. Les résultats obtenus avec le modèle analytique concordent avec
les résultats expérimentaux.
I.2.5 Conclusion
Cette étude bibliographique permet de formuler quelques conclusions sur l'état actuel de la
recherche expérimentale. Tout d’abord nous remarquons l'abondance d’études expérimentales qui
traitent la mesure de la fuite dans les joints hydrauliques. La fuite est mesurée par trois méthodes,
par le pesage du poids de la fuite, la mesure du débit et une troisième méthode beaucoup plus
répandue, basée sur la mesure de l'épaisseur du film. La mesure de l'épaisseur du film est utile
non seulement pour évaluer la fuite mais sert aussi comme paramètre d'entrée pour les modèles
numériques. Quatre techniques existent pour mesurer l'épaisseur du film, trois qui sont des
méthodes intrusives (mécanique, magnétique et électrique) et les techniques optiques qui sont
non intrusives et beaucoup plus utilisée dernièrement.
Deux autres paramètres caractérisant le contact des joints ont été investigués, la pression de
contact et la force de frottement. Plusieurs dispositifs ont été développés pour évaluer la pression
de contact au niveau de la zone d'étanchéité. La mesure de la pression de contact reste cependant
délicate et très sensible aux conditions de mesures.
51
I.3 Études théoriques
I.3.1 Introduction
Cette partie résume l’ensemble des avancées réalisées dans le développement de la
modélisation numérique de la lubrification des joints en élastomère. Elle présente l’état d’art sur
la lubrification hydrodynamique. Les régimes de lubrification, les principales caractéristiques
statistiques des surfaces rugueuses, ainsi que les méthodes de résolution des problèmes
ElastoHydrodynamique sur les joints en élastomère.
Ces régimes de lubrification peuvent être représentés à partir d’une courbe de variation du
𝑈
coefficient de frottement en fonction du nombre de Hersy, 𝐻𝑠 = 𝜇 𝑊, où U est la vitesse relative,
𝜇 est la viscosité dynamique du lubrifiant et W la charge supportée par le contact. En lubrification
limite, la charge est principalement supportée par les aspérités en contact. Lorsque l’effet
hydrodynamique prend progressivement de l’importance et commence à séparer les surfaces qui
restent encore en contact sur une partie de leurs aspérités, ce régime de lubrification est appelé
régime mixte. Dans la lubrification à film complet, le lubrifiant sépare totalement les surfaces et le
frottement est généré exclusivement par le cisaillement du lubrifiant.
La première façon, beaucoup moins utilisée, est appelée "méthode indirecte ou inverse". Elle
est basée sur l’hypothèse de l’égalité entre la pression statique de contact, obtenue à partir d’un
calcul de structure lors de la mise en position d'un joint et la pression hydrodynamique générée
dans le lubrifiant pendant le fonctionnement. Ainsi, l'équation de Reynolds peut être utilisée pour
prédire l'épaisseur de film.
La deuxième façon, la plus utilisée pour traiter des problèmes de lubrification, est appelée
"méthode directe" : la pression est l'inconnue de l’équation de Reynolds.
53
Kanters et all. [72] présentent une méthode d'évaluation des caractéristiques de la lubrification
hydrodynamique pour un joint rectangulaire en élastomère en utilisant la théorie inverse. Les
effets des rugosités des surfaces et de la piezoviscosité sont négligés. La pression de contact
statique est obtenue par la modélisation éléments finis de l'assemblage du joint. Le matériau du
joint est décrit avec le modèle Neo Hooke, obtenu à partir des essais de traction uni axiale. Un
code de calcul permet de déterminer l'épaisseur du film lubrifiant en tenant compte des effets
hydrodynamiques dans la région d'entrée où la dérivée seconde de la pression est nulle. Dans ce
but, les auteurs ont développé une méthode pour déterminer la position du point d'inflexion dans
la région d'entrée où la dérivée seconde de la pression est nulle. Les épaisseurs du film obtenues
sur ce joint par calcul ont été comparées avec celles de l'expérimentation. Les différences entre le
calcul et l'expérimentation sont de moins de 10%. La comparaison a été réalisée dans des
conditions loin des conditions réelles de fonctionnement.
Bien qu’ancienne, la théorie inverse reste tout à fait d’actualité, et trouve même de nouveaux
partisans. Nikas, G., très connu pour ses travaux dans la modélisation des joints hydrauliques
([74][75],[76], [77], [78]) s’est investi dans la création d’un modèle basé sur la théorie inverse avec
R.S. Sayles [79], en 2006. Les auteurs soulignent que, dans les conclusions de cette étude, la
corrélation avec les résultats expérimentaux est bonne avec le modèle de la théorie inverse.
Ce modèle a été ensuite amélioré afin de traiter les joints composites (PTFE +
élastomère) [80], en 2006. Une particularité des travaux de Nikas et de ses coauteurs consiste dans
l’approche analytique utilisée lors du calcul de la pression de contact. Alors que cette méthode est
probablement moins exacte qu’un calcul en éléments finis, elle permet de déterminer
analytiquement les dérivées de la pression, ce qui facilite le calcul de l’épaisseur du film à l’aide de
la méthode inverse.
En 2011, A. Fatu et al [81] ont utilisé la théorie inverse pour réaliser une analyse numérique
des joints hydrauliques. Les principales nouveautés apportées par les auteurs consistent à prendre
en compte l'influence des contraintes de cisaillement dans le film lubrifiant et le traitement des
effets hydrodynamiques sur l'entrée du joint. Les auteurs ont montré que le champ de pression
calculé directement à partir du modèle de structure ne donne pas une approximation réaliste de la
pression hydrodynamique dans la zone d'entrée et qu'une correction hydrodynamique est
nécessaire. En outre, il a été montré que si le frottement tangentiel dû à la contrainte de
cisaillement dans le film lubrifiant n’était pas pris en compte, une erreur d’environ 5% pouvait
être commise concernant les prédictions de fuites et de forces de frottement.
54
1.3.3.3 La méthode directe
Cette méthode fait toujours appel à l’équation de Reynolds dont l’inconnue est cette fois-ci la
pression. Cependant, l'épaisseur de film est reliée à la pression par les déformations mécaniques
du joint (modèles ElastoHydroDynamiques –EHD). Le lien entre la pression et l'épaisseur du
film est souvent réalisé par le calcul d'une matrice des coefficients d’influence (ou matrice de
compliance). Celle-ci suppose un comportement mécanique linéaire de la structure. La
connaissance de la pression de contact est toujours requise, celle-ci étant obtenue dans la phase
préparatoire du calcul, à l’aide des simulations de structure effectuées par la méthode des
éléments finis.
En 1983, Johannesson [82] développe une méthode de calcul EHD pour déterminer
l’épaisseur de film, le débit de fuite et la force de frottement dans les joints hydrauliques en
élastomère en tenant compte de la rupture et de la reformation du film d’huile. Dans cette étude,
l’auteur définit des "facteurs d’étanchéité" permettant de calculer le champ de pression. Ces
facteurs sont déterminés à partir de la méthode indirecte. Les calculs sont effectués sur un joint
torique. Les résultats ont montré que l’épaisseur du film d’huile est plus importante en sortie
qu’en entrée de tige avec l’apparition de contact en fin de sortie et en début d’entrée de tige.
L’épaisseur de film augmente avec la vitesse de tige. L’auteur affirme que l’épaisseur moyenne du
film diminue légèrement en sortie de tige et fortement en entrée de tige avec l’augmentation de la
pression de service. Cette différence est essentiellement due aux gradients maximums de pression
qui augmentent avec la pression de service lors de l’entrée de tige et qui diminuent quand la
pression de service diminue lors de la sortie de tige.
En 1984, Pratti et Strozzi [83] ont proposé une étude EHD des joints en élastomère de section
rectangulaire avec des coins arrondis. Une méthode numérique et une méthode expérimentale
basée sur la photoélasticité sont utilisées pour déterminer la distribution de la pression de contact.
En absence de fluide, deux pics de pression de contact près des bords du joint sont observés
expérimentalement et obtenus numériquement. La méthode expérimentale montre que la
distribution de la pression de contact statique est modifiée lorsqu’un mouvement existe entre la
tige et le joint avec ou sans présence de fluide dans le contact. Les influences de la pression de
contact et de la vitesse de translation sont étudiées expérimentalement alors que l’influence du
coefficient de Poisson du joint en élastomère est examinée numériquement. Les auteurs ont
utilisé la théorie hydrodynamique directe pour évaluer les caractéristiques du contact. La méthode
est basée sur les points suivants : la pression de contact sec entre le joint et la tige est évaluée par
un modèle éléments finis non-linéaire (modèle de Mooney-Rivlin), la compliance du joint est
évaluée pour les nœuds définissant l'épaisseur du film, l'écoulement est décrit par l’équation de
Reynolds. Le modèle numérique employé montre que dans le cas d’un joint rectangulaire, la
55
forme du film est quasiment uniforme sur toute la longueur du contact et qu’un bourrelet
(extrusion du joint) se produit à la sortie du contact (du côté air ambiant).
En 2003, Nikas [84] étudie les performances d’étanchéité d’un joint de section rectangulaire en
élastomère. Le modèle développé prend en compte un grand nombre de paramètres et a été
appliqué à l’étude des joints utilisés dans les actionneurs d’avions pour une large gamme de
températures (de -55 °C à +135 °C) et de pressions (de 1 MPa à 50 MPa). Le modèle permet le
calcul des champs de pression de contact et d’épaisseur de film, du taux de fuite et du frottement
pour des contacts statique et dynamique.
L'auteur a remarqué que la pression de contact moyenne est très proche de la pression de
service (pression d'alimentation) à cause de l’incompressibilité du matériau (caoutchouc).
L’épaisseur moyenne du film augmente avec l’accroissement de la pression de service et de
manière significative dans les contacts rugueux. Pour des pressions de service assez grandes,
l’épaisseur minimale du film augmente avec une diminution de la surface de contact entre les
aspérités.
La même année Nikas [85] consacre une étude à l’extrusion des joints rectangulaires en
élastomère. Ce phénomène, observé lors des sorties de tige, se situe au dégagement étroit entre la
tige et le corps de l’actionneur. Le joint développe un "bourrelet" sous l’effet des hautes pressions
de service ou bien sous l’effet d’un frottement important entre la tige et le joint. Ce phénomène a
été observé dans des études précédentes [83][84]. Ce « bourrelet » s’amplifie sans la présence
d'une bague d’extrusion. Cette anomalie provoque localement de l’abrasion. Finalement, cela peut
altérer la fonction principale du joint et conduire à la destruction de celui-ci. Nikas a développé
des équations algébriques qui décrivent la forme extrudée du joint ainsi que la pression de contact
du joint déformé. Ces dernières, intégrées au modèle développé dans l'étude précédente [84],
décrivent le comportement général des joints en termes de lubrification avec prise en compte de
l’extrusion. L’auteur a observé que :
- Les vitesses d’entrée et de sortie de tige ainsi que la viscosité du fluide n’influencent
pas l’extrusion,
- Le phénomène d’extrusion augmente avec l’accroissement de la pression de service et
l’augmentation du jeu entre la tige et le joint,
- La pression de contact sur la partie extrudée évolue rapidement vers zéro alors qu’elle
part d’un maximum qui est approximativement égal à la pression de service,
- La partie extrudée est partiellement en contact avec la tige et la pression de contact
augmente brusquement sur une petite largeur de contact, jusqu’à ce qu’elle atteigne la
pression de contact du joint, approximativement égale à la pression du cylindre.
56
D’après l’auteur, accroître la largeur du joint, le rayon des coins et spécialement le module
d’élasticité ou la dureté défavorise la formation de l’extrusion. Ce dernier observe qu’à basses
températures (inférieures à 50°C) où le module d’élasticité est généralement élevé, l’extrusion est
minimisée ou complètement éliminée ; sauf si l’extrusion est déjà présente lorsque la baisse de
température se produit. Pour conclure cette étude, l’auteur souligne que l’utilisation d’une bague
anti-extrusion semble être la seule solution satisfaisante pour protéger le joint de l’extrusion.
Le modèle numérique développé lors de la première étude [84] est amélioré afin d’inclure les
effets transitoires. La pression de service et la vitesse de la tige de l’actionneur varient avec le
temps. Le nouveau modèle [86] comprend également des améliorations concernant le traitement
de l’extrusion du joint, les effets élastiques non-linéaires, la modélisation de la bague anti-
extrusion. Ces améliorations permettent une analyse complète des caractéristiques d'étanchéité du
système joint-bague sous des conditions réelles de fonctionnement transitoire des actionneurs.
De plus, les effets thermiques et l’analyse des contacts rugueux sont également inclus. Cette étude
couvre une large gamme de pressions du cylindre (supérieure à 0,1 MPa) et de températures de
fonctionnement (de - 60 °C à 140 °C). L'auteur a montré que :
En 2004, Nikas et Sayles [87] consacrent une étude aux effets du comportement mécanique
non-linéaires du caoutchouc sur l’analyse EHD des joints rectangulaires en élastomère. Lorsque
les conditions de fonctionnement sont sévères (pression de service et température élevées), il est
impératif de décrire correctement le comportement non linéaire du joint pour déterminer
convenablement la pression de contact, la largeur de contact, la fuite et la force de frottement.
Les modèles classiques, Hooke (élasticité linéaire) et Mooney-Rivlin (élasticité non- linéaire) sont
utilisés et comparés. Les différences sont non-négligeables surtout sous des conditions de
fonctionnement sévères. En revanche, les écarts sont faibles pour des conditions de
fonctionnement qui ne produisent pas de déformations supérieures à 10%. Les auteurs notent
que pour des taux de déformation de moins de 10%, le modèle de Hooke décrit correctement le
comportement du caoutchouc. Pour des taux de déformation supérieurs, le modèle de Mooney-
Rivlin est plus adapté. De manière générale, la différence entre les deux modèles en termes de
contrainte-déformation est comprise entre 0 et 5% pour des conditions de fonctionnement
normales, pouvant atteindre 15% pour les hautes pressions de service et les hautes températures
57
de fonctionnement. En effet, dans ces conditions, la non-linéarité du matériau est fortement mise
en évidence. Pour le taux de fuite, l’effet du modèle choisi est significatif à hautes pressions et à
hautes températures. La force de frottement est quasiment identique quel que soit le modèle
même pour des conditions sévères de fonctionnement. Cependant, il est important de noter que
les auteurs affirment que leur modèle numérique et quelles que soient les lois de comportement
utilisées, sous-estime le frottement et surestime le débit de fuite.
Nikas [88] a mené, en 2004, une analyse de l’effet du module d’élasticité et des rugosités de
surface de la bague anti-extrusion sur les caractéristiques de l'étanchéité. Dans le cas étudié, les
résultats montrent que :
En 2006, Nikas et Sayles [89] ont utilisé leur modèle pour étudier un mécanisme d’étanchéité
avec deux joints élastomères montés en série avec deux bagues anti-extrusion (Figure 34).
L’espace entre les joints et les bagues appelé inter-joint ("interseal") est initialement rempli d’air
puis, lors du fonctionnement de l’actionneur, il se remplit d’un mélange d’air, de fluide
hydraulique, voire de gaz dissous dans le fluide. L’objectif de cette étude est de déterminer un
ordre de grandeur des taux de fuite pour ce type de mécanisme. De plus, les auteurs souhaitent
évaluer les problèmes associés au développement d’une pression dans l'espace inter-joint. Cette
création de pression a été remarquée dans des études expérimentales. Cette étude a été menée
pour des pressions de services comprises entre 0 MPa et 35 MPa, des températures de
fonctionnement comprises entre –54 et 135 °C et des vitesses de translation comprises entre 0,05
m/s et 0,5 m/s.
58
Figure 34 : Montage et géométrie du système d’étanchéité avec 2 joints et 2 bagues [89]
- Le montage avec deux joints et deux bagues, comparé à un montage avec un seul joint,
offre une réduction importante de la fuite (de l’ordre de 50 % voire plus dans certaines
conditions).
- La pression inter-joint est assez basse jusqu’à un certain moment où elle augmente
brusquement excédant la pression de service. Cette augmentation de pression est due à
l’accumulation continue de la fuite dans l’espace inter-joint. Le nombre de courses
avant l’apparition d’une pression inter-joint peut être prédite. Le problème peut être
évité en utilisant des valves anti-retour ou des systèmes de recirculation du fluide.
D'autre part, le nombre critique de courses peut être bien plus grand que le nombre
normal de courses pendant la durée de vie du système ou peut être sensiblement
augmenté en augmentant l'espace inter-joint.
- À hautes températures, les fuites sont vraiment faibles voire nulles.
59
sortie de tige de 0 ,635 m/s et une pression de service de 6,9 MPa. Les résultats de simulations
ont montré que :
- Pour la sortie de tige l’épaisseur de film est faible et constante sur la quasi-totalité du
contact. D’après les auteurs, cette faible épaisseur indique que le mode de lubrification
est mixte. Pour l’entrée de tige, il est constaté qu’une faible zone d’étanchéité est en
lubrification mixte et qu’une grande zone d’étanchéité est en film complet.
- Dans le cas de la sortie tige les pressions de contact (pression de contact et pression de
contact statique) sont significatives.
- Environ deux tiers de la zone d’étanchéité est en cavitation dans le cas de sortie tige.
- Les épaisseurs de film calculées sont inférieures à 3 µm.
- Pour un joint typique fonctionnant principalement en lubrification mixte la rugosité
joue un rôle très important dans la détermination des fuites.
En 2010, Yang [91] présente une étude d'un joint à double lèvres en utilisant le même modèle
utilisé en [90]. Les auteurs notent que le comportement d’un joint double lèvres peut être très
différent de celui d’un joint à simple lèvre. Tout d’abord, la fuite augmente avec la taille des
rugosités. Au-delà de Ra = 0,3 µm et pour le joint à doubles lèvres, on observe une fuite ; tandis
que pour le joint à simple lèvre, la fuite ne se produit que pour des valeurs supérieures à 0,6 µm.
De plus, la fuite est légèrement plus importante sur le joint double. Les auteurs affirment que cela
est dû à l’augmentation de la pression dans l’espace inter-lèvres. Pour la sortie de la tige, la
pression inter-lèvres est maximale (6,4 MPa pour une pression de service de 6,9 MPa) pour une
rugosité de 0,6 µm. Pour l’entrée de la tige, la pression inter-lèvres ne se crée que pour une taille
de rugosité comprise entre 1 et 1,2 µm ; autrement, il y a cavitation du fluide dans l’espace inter-
lèvres. Puis, pour le joint à double lèvres, les auteurs fixent deux valeurs de la rugosité : 0,22 µm
pour un joint sans fuite (premier cas) et 0,6 µm pour un joint qui fuit (deuxième cas) et
choisissent de présenter les résultats de la lèvre primaire. Dans le premier cas, les auteurs notent
que l’épaisseur du film est plus importante pour l’entrée de la tige que pour la sortie. Par contre la
60
longueur de la zone de contact est identique. De plus, le régime de lubrification est mixte. Lors de
la sortie de la tige, la zone de cavitation est plus étendue que lors de l’entrée de la tige. Pour le
deuxième cas, le régime de lubrification est toujours mixte. En outre, la longueur de la zone de
contact est plus petite pour la sortie de la tige que pour l’entrée de la tige. Les résultats montrent
qu’il n’y a pas de cavitation lors de la sortie de la tige et que la pression est élevée et quasiment
constante. Pour l’entrée de la tige, la zone de cavitation est étendue. Les auteurs précisent que
l’on obtient le même comportement en étudiant la lèvre secondaire. Finalement, les auteurs
précisent que les caractéristiques d’un joint simple lèvre pour avoir le minimum de fuite
s’appliquent également pour un joint à double lèvres, à savoir : cavitation lors de la sortie de la
tige et un film plus épais durant l’entrée que durant la sortie.
Nicholas B. Maser [92], a réalisé une étude sur un joint hydraulique de tige. L'originalité de ce
travail est l'utilisation d'un logiciel éléments finis (ANSYS) pour le calcul de la réponse élastique
de la structure et pour le calcul de la matrice de compliance. Les auteurs utilisent une approche
stochastique classique de modélisation de l’écoulement en régime de lubrification mixte, basée sur
l’équation de Reynolds modifiée par Patir et Cheng et avec la correction du débit dans les zones
de rupture introduite par Payvar et Salant [93]. Celle-ci est couplée à une approximation
stochastique de la pression de contact entre les aspérités (modèle de Greenwood et
Williamson [94]). L’épaisseur du film comporte, elle aussi, deux composants dont le calcul n’est
pas tout à fait traditionnel. Ils considèrent ainsi une « épaisseur statique », de valeur figée :
l’épaisseur statique est la hauteur du film pour laquelle la pression de contact stochastique des
aspérités (obtenue par la méthode de Greenwood et Williamson) est égale à la pression de contact
calculée par la modélisation en éléments finis. L’épaisseur totale du film est donnée par cette
hauteur statique à laquelle ils rajoutent les déplacements générés par le surplus de pression entre
la pression totale calculée (hydrodynamique + contact des aspérités) et la pression de contact
statique (calcul Ansys).
61
Öngün et al. [95] et T.Schmidt et al. [96] utilisent un couplage fort entre l'équation de
Reynolds et le logiciel Abaqus pour le calcul de structure. Ils proposent un nouveau type
d’élément 2D pour Abaqus, appelé par les auteurs « élément d’interface hydrodynamique ». La
formulation est basée sur l’équation de Reynolds 1D, couplée à l’approche stochastique de calcul
du contact de Greenwood et Williamson [94]. Tous les paramètres requis par la formulation
éléments finis sont dérivés et présentés par les auteurs (calcul des forces nodales, des contraintes
de cisaillement, du frottement, de la contribution à la matrice de rigidité, des résidus). Le modèle
est ensuite appliqué lors de la simulation d’un joint torique avec une description non-linéaire du
comportement mécanique du matériau. Les résultats incluent les épaisseurs du film et les champs
de pression pour différentes conditions.
Une autre approche de ce type est proposée par Stupkiewicz et Marciniszyn [97], en utilisant
les logiciels AceGen et AceFEM. L’approche théorique et l’implémentation sont moins détaillées,
les auteurs mettant l’accent sur les études de densité des maillages et le nombre de points de
calcul hydrodynamique associé à chaque élément. La pression hydrodynamique est toujours
calculée à l’aide de l’équation de Reynolds, en prenant en compte les effets piezo-visqueux et, de
manière simplifiée, la cavitation. Les auteurs présentent aussi deux analyses détaillées des joints
hydrauliques de tige, l’une pour un joint torique et l’autre pour un joint rectangulaire, en
formulation 2D axisymétrique. Le modèle non-linéaire de Mooney-Rivlin est utilisé pour
modéliser le matériau. Les résultats présentent l’épaisseur du film et les champs de pression
hydrodynamique pour différentes vitesses de glissement et différentes pressions de service, aussi
bien pour l’entrée que pour la sortie de la tige. L’influence de la courbure des congés du joint
rectangulaire est également étudiée. En fin de cette étude, des comparaisons très intéressantes
sont effectuées afin d’évaluer l’influence sur l’épaisseur du film de la contrainte tangentielle
générée par le frottement. Ainsi, pour le joint torique, négliger le frottement ne modifie pas
significativement la solution, alors que pour le joint rectangulaire, des écarts allant jusqu’à 15%
sont observés. En négligeant le frottement, l’épaisseur du film est sous-estimée en entrée de tige
de -1% à -3% et surestimée en sortie de tige de +2% à +15%.
En 2012, Thatte, A et Salant [98], ont étudié l'influence des effets viscoélastiques sur les
performances d'un joint hydraulique de forme U. Les auteurs montrent que :
62
joint rentre en contact) a été observé. Ce contact secondaire produit une augmentation
significative de la pression de contact et donc de la force de frottement sur la tige.
- La viscoélasticité induit des différences significatives dans le comportement du joint,
d’un cycle à l’autre. Avec une réduction de la fréquence de cycle, les différences de
cycle en cycle sont réduites. En effet, avec une réduction de la fréquence, le joint
viscoélastique a plus de temps pour se détendre et atteindre l'équilibre interne avant de
commencer le cycle suivant.
- Les caractéristiques de fuite sont très différentes pour le même joint utilisé dans des
applications avec des fréquences de cycle différentes. Le joint analysé, utilisé dans un
cycle de 1,5 seconde, ne fuit pas ; si la durée d'un cycle est de 3 ou 6 secondes, des
fuites importantes sont signalées.
En 2015, Huang, Y and Salant, R.F [99], ont effectué une étude numérique d'un joint de tige
hydraulique en mouvement alternatif, avec prise en compte d'éventuelles conditions de sous-
alimentation. Les auteurs supposent que la quantité de fluide transporté pendant la sortie de tige
doit intégralement retourner dans la zone d'étanchéité (équilibre des débits). L'étude montre que
les conditions de sous-alimentation entraînent une faible zone sous pression dans la zone
d'étanchéité, des pressions de contact plus élevées et une force de frottement plus élevée que
dans des conditions inondées (alimentées).
Une année après (2016) [100], les mêmes auteurs utilisent le modèle développé dans l'étude
précédente[98], [99] pour analyser un joint hydraulique de forme U avec une tige texturée. Les
résultats de l'étude montrent que pour des conditions de sous-alimentation, la force de frottement
exercée sur la tige par le joint ne peut pas être réduite de manière significative en texturant la tige
et même elle pourrait être légèrement augmentée.
Pour conclure cette partie, on note que les travaux publiés sur les études numériques des joints
en élastomère des actionneurs hydrauliques linéaires sont nombreux. Nikas et Salant sont les
principaux auteurs qui ont contribué à l'avancée de la modélisation EHD sur les joints en
63
élastomère. De plus en plus on note des travaux de recherche orientés vers le couplage de
l'équation de Reynolds à des logiciels de calcul de structure.
1.3.4 Conclusion
Cette étude bibliographique, bien que non exhaustive, permet toutefois de formuler quelques
conclusions sur l’état actuel de la recherche sur la modélisation des joints en élastomère. Nous
remarquons tout d’abord l’abondance des travaux de recherches sur la modélisation des joints
hydrauliques, en raison de leur utilisation de plus en plus répandue, contrairement aux études
numériques sur joints pneumatiques qui sont pratiquement inexistantes. À travers cette recherche
bibliographique, nous avons recensé deux principales méthodes utilisées pour la modélisation des
joints dynamiques en translation : la méthode inverse dont le champ de pression hydrodynamique
est connue et on calcule l'épaisseur de film, et la méthode directe dont l'inconnu est la pression
hydrodynamique. Même si la méthode inverse semble donner des résultats satisfaisants pour
certains cas, la méthode directe permet la prise en compte d'un nombre plus important de
paramètres (couplage mécanique film/structure, rhéologie du lubrifiant, lubrification mixte,
fonctionnement transitoire, …) et donc de prédire le comportement des étanchéités pour une
large gamme de conditions de fonctionnement.
64
I.4 Rhéologie de la graisse
I.4.1 Introduction
Certains organes mécaniques tels que les vérins pneumatiques sont peu accessibles. Il est donc
onéreux et difficile d’y intégrer des systèmes de lubrification. La graisse, de par ses propriétés
rhéologiques (adhérence, fluide visqueux à seuil), permet de s’affranchir de ces systèmes
complexes : en effet, la graisse forme une couronne autour du joint assurant une certaine
étanchéité et jouant ainsi le rôle d’un réservoir de lubrifiant. La graisse déposée au niveau et aux
bords du joint doit assurer une lubrification à vie.
Les mécanismes qui permettent de décrire ce type de lubrification sont encore mal connus.
Leur compréhension est cependant fondamentale pour améliorer la formulation des graisses dans
le but d’optimiser la durée de vie de ces systèmes.
Les joints pneumatiques en élastomère sont utilisés avec succès depuis des années pour
étancher les systèmes pneumatiques. Malgré la fiabilité de ces systèmes, on ne dispose pas de
nombreuses recherches expérimentales et théoriques sur ces sujets. En particulier, il n'est pas
encore clair comment ces systèmes d'étanchéité, lubrifiés à la graisse, fonctionnent. Dans cette
partie de la recherche bibliographique, l'accent est mis sur la lubrification avec de la graisse, la
rhéologie de celle-ci et les études réalisées dans ce contexte.
Les épaississants forment un réseau qui a pour rôle d'emprisonner l'huile de base et de donner
de la consistance à la graisse (semi-fluide, fluide, molle ou dure). Le savon donne à la graisse un
aspect semi-solide et permet la lubrification dans des applications où l'alimentation continue en
huile n'est pas possible.
Les additifs sont utilisés pour améliorer les performances des graisses. Ceux-ci sont incorporés
dans la graisse soit à l'état liquide, soit à l'état solide. Leur rôle est multiple : la protection des
surfaces solides contre l’usure (additifs pour pressions extrêmes, anti-usure, anti-frottement),
l’augmentation de la viscosité, la protection contre l’oxydation de l’huile de base et des surfaces
de contact (anti-oxydation), l'amélioration de l'adhésion de la graisse aux surfaces, etc.
De plus, les additifs peuvent avoir une influence significative sur la consistance des graisses
ainsi que sur le mécanisme de drainage d’huile. Par conséquent, leur utilisation nécessite une
bonne connaissance des interactions chimiques et des forces d’attraction entre les additifs, l’huile
de base et l’épaississant.
66
Figure 37: Image MEB d'un réseau de savon hydroxy stéarate de lithium sans huile de
base [103].
67
De plus, les propriétés de la graisse dépendent fortement de la température. La viscosité de
l'huile de base diminue significativement avec la température, ce qui réduit également la viscosité
de la graisse et la limite d'élasticité apparente. La rhéologie, ainsi que le type d'huile de base, le
type d'épaississant et la sélection d'additifs, sont les principaux paramètres qui déterminent la
performance des graisses dans de nombreuses applications d'ingénierie.
La rhéologie des graisses est quantifiée par plusieurs paramètres tels que la viscosité, le taux de
cisaillement, les efforts normaux, le module élastique et le module visqueux, etc. Ces différents
paramètres sont décrits par un nombre d’expressions mathématiques dénommées fonctions ou
modèles rhéologiques. Le comportement rhéologique des graisses traduit en quelque sorte une
réponse macroscopique de la structure microscopique des graisses. De ce fait, les courbes
d’écoulement et le seuil d’écoulement ainsi que la variation des modules dynamiques sont souvent
corrélés avec les modifications de la structure interne des graisses durant le fonctionnement, le
mécanisme de dégradation et les performances des graisses.
De nombreux modèles sont disponibles pour décrire les propriétés rhéologiques des fluides
lubrifiants. Certains modèles spécifiques trouvent leur application dans la lubrification à la graisse
et peuvent être utilisés pour décrire la viscosité et la contrainte de cisaillement en fonction du
taux de cisaillement.
1. Fluides à seuil
Pour des fluides à seuil, on n'a aucun écoulement tant que la contrainte appliquée ne dépasse
pas une valeur critique 𝜏0 (dans des ouvrages ou articles anciens on trouve également le
qualificatif de « fluides plastiques »). On introduit souvent la notion théorique de « fluide de
Bingham » qui suppose une variation linéaire de la déformation avec la contrainte au-delà du seuil
: une telle caractéristique ne reflète pas bien la relation contrainte - taux de cisaillement des fluides
réels et la loi réelle, au-dessus du seuil, est souvent plus proche d'une loi de puissance.
2. Fluides rhéo-fluidifiants
Ces fluides s'écoulent même sous une contrainte faible, mais ils ont une viscosité
effective 𝜂𝑒𝑓𝑓 = 𝜏/𝛾̇ , qui diminue lorsque la contrainte croît (la littérature en langue anglaise parle
de shear-thinning fluids). L'ancienne appellation de fluides « pseudo-plastiques » est parfois
rencontrée. De nombreuses solutions de polymères présentent ce type de comportement qui peut
être attribué à la composition de la structure.
3. Fluides rhéo-épaississants
Ce sont des fluides dont la viscosité augmente cette fois avec la contrainte appliquée. Le sable
mouillé en est un exemple : à faibles vitesses, les grains glissent les uns par rapport aux autres en
étant lubrifiés par 1'eau ; sous fortes contraintes, ils viennent frotter et se raidir les uns contre les
autres.
69
Quelques lois rhéologiques approchées
La rhéologie des graisses peut être déterminée par des essais de cisaillement (vitesse de
cisaillement constante) ou par des tests dynamiques (vitesse de cisaillement variable dans le temps
– généralement une variation sinusoïdale). Le comportement rhéo-fluidifiant (voir Figure 40) est
modélisé à l’aide de modèles généralisés Newtoniens pour lesquelles la viscosité varie en fonction
de la vitesse de cisaillement. On trouve la loi de puissance, le modèle de Carreau-Yasuda, le
modèle de Cross, le modèle de Herschel-Bulkley, etc.
Pour des taux de cisaillement très importants (>104 s −1 ) la microstructure des graisses se
décompose et les valeurs de la viscosité dynamique diminuent jusqu’à la viscosité des huiles de
base [105]. Ainsi, on peut établir dans la courbe de viscosité deux plateaux newtoniens qui
correspondent aux vitesses de cisaillement plus faibles et plus élevées, avec un domaine de
transition entre les deux plateaux définissant le caractère rhéo-fluidifiant [104][105] (voir Figure
40.b). Les modèles de Carreau-Yasuda et de Sisko semblent capables de décrire ce type de
comportement en incluant la présence des deux plateaux ainsi que le domaine de transition.
𝑑𝑈 −𝛼
µ = 𝐾 (𝑑𝑦 ) (I.6)
Un exposant 𝛼 > 0 , correspond à un fluide rhéo-fluidifiant (les plus fréquents), alors que
𝛼 < 0 correspond aux fluides rhéo-épaississants. Pour 𝛼 > 0 , la relation (1.6) prédit que µ
devient infini quand le taux de cisaillement γ̇ tend vers 0, alors qu'on observe que µ tend au
contraire vers une valeur limite constante (appelée souvent « palier newtonien ») comme on
1'observe dans la Figure 40.b et la Figure 41.
Figure 41: Courbe de viscosité caractéristique pour un fluide rhéo-fluidifiant, avec une
viscosité qui varie inversement avec le taux le cisaillement, µ0 : représente une approximation de
la viscosité à des taux de cisaillement faibles et µ∞ : la viscosité pour des taux de cisaillement très
grands [105].
Dans le cas, 𝑓(γ̇ ) = (1 + K²γ̇ 2 )−P le modèle décrit la loi de Carreau 1972 [106]. Dans le
n−1
cas où 𝑓(𝛾̇ ) = (1 + (𝐾γ̇ )a ) a , le modèle I.4.2 devient la loi de Carreau-Yasuda [106] où "a"
présente le paramètre qui décrit la transition entre le plateau newtonien supérieur à la région
décrite par la loi de puissance[8]. Le modèle Carreau-Yasuda est l'extension du modèle de
Carreau. L'avantage par rapport au modèle de Carreau est qu'il est continu pour tous les taux de
cisaillement supérieurs ou égaux à zéro [107].
Il est instructif de faire certaines approximations de ces modèles. Nous pouvons introduire un
certain nombre de modèles de viscosité populaires et largement utilisés. Pour le cas où µ ≪
µ0 et µ ≫ µ∞ , le modèle de Cross se résume à:
µ
µ = (Kγ̇0)m (I.8)
71
Avec une simple redéfinition des paramètres, on obtient la loi de puissance [106],
µ = K 2 γ̇ n−1 (I.9)
µ = µ∞ + K 2 γ̇ n−1 (I.12)
Cette forme décrit le modèle de SISKO (1958) [102][106]. Ce modèle s'adapte à la viscosité à
des taux de cisaillement élevés.
Gecim [101], [103], a proposé une loi rhéologique inspirée de celle de Cross, l'avantage de
cette loi est d'avoir un seul paramètre d’ajustement, contrairement à celle de Cross qui a deux
paramètres (Équation I.13). Elle s'écrit sous la forme suivante :
β+µ∞ γ̇
µ = µ0 (I.13)
β+µ0 γ̇
Les lois précédentes prédisent une viscosité finie pour γ̇ = 0; et ainsi elles ne s'appliquent pas
aux fluides à seuil. II faut donc utiliser d'autres équations, dont la plus simple est celle de
Bingham, qui suppose que le taux de cisaillement est proportionnel à la différence de contrainte
τ − τ0 au-dessus de la valeur seuil τ0 de la contrainte τ. Le modèle de Bingham est donné sous
la forme suivante :
τ0
µ = µB + (I.14)
γ̇
72
Très peu de fluides suivent une telle caractéristique et la relation contrainte-déformation
présente en général une courbure dirigée vers le bas (fluides à seuil rhéofluidifiants). On
représente souvent un tel comportement par des lois combinant l'effet de seuil et des lois de
puissance, comme la loi d'Herschel-Bulkley. En effet, le modèle Herschel-Bulkley combine la
limite élastique (seuil d'écoulement) τ0 et le comportement pseudo-plastique de la loi de
puissance. La loi d'Herschel-Bulkley s'écrit sous la forme :
τ0
µ= + Kγ̇ n−1 (I.15)
γ̇
73
I.4.3.2.2 Fluides non newtoniens dépendant du temps
1. Fluides Viscoélastiques
La viscoélasticité correspond à un comportement d'intermédiation entre celui d'un solide
élastique (déformation proportionnelle à la contrainte et reliée à celle-ci par les coefficients
d'élasticité) et celui d'un liquide (taux de déformation croissant avec la contrainte).
Le domaine de viscoélasticité linéaire (G’ > G’’) est conservé jusqu’à ce que la valeur du taux
de cisaillement (ou de la déformation appliquée) dépasse une valeur critique γcr (Figure 42). Dans
ce domaine de transition entre un état plutôt solide élastique vers un état plutôt visqueux, les
valeurs du module élastique commencent à diminuer et finalement deviennent plus faibles que
celles de la composante visqueuse. Pour des contraintes appliquées très élevées la réponse devient
similaire à un fluide visqueux, avec G’ < G’’.
Figure 42: Les modules dynamiques – élastique et visqueux avec le point d’intersection où G’
= G’’ et l’identification de la déformation critique qui marque la fin du domaine de viscoélasticité
linéaire. Les résultats correspondent à une graisse lithium 12% [105].
La valeur de la déformation critique γcr est dépendante du type d’épaississant mais ne dépend
pas de la concentration d’épaississant dans la graisse [111], [110]. Pour la même concentration
d’épaississant, la grandeur du domaine de viscoélasticité linéaire est également influencée par la
nature de l’huile de base (minérale, ester, etc.). Également, la valeur du module élastique
74
augmente avec la concentration d’épaississant : pour des concentrations réduites d’épaississant les
valeurs du module élastique sont faibles, presque nulles tandis que, pour des concentrations assez
importantes, le module élastique est plus élevé que le module visqueux, au moins dans le domaine
de viscoélasticité linéaire.
Généralement, la rhéologie des fluides viscoélastiques est obtenue par des essais de
cisaillement ou d’écrasement dynamique (variation des contraintes dans le temps).
2. Fluides thixotropes
Ces fluides ont une viscosité qui diminue avec le temps quand on leur applique une contrainte
constante. Après suppression de cette contrainte, on ne retrouve la viscosité initiale qu'après un
certain temps. De nombreux corps sont à la fois thixotropes, rhéo-fluidifiants et même à
seuil [101], [113]. Certains auteurs affirment que la thixotropie est valable pour tous les fluides
rhéo-fluidifiants si le temps de repos est suffisant [101][114].
75
Figure 43: Cylindres concentriques (a), Palette cylindrique (b), Plaques parallèles (c), Plaque
conique (d).
Dans le rhéomètre à cône et à plaque parallèle, il est supposé que, du fait de l'angle du cône, le
taux de cisaillement est constant sur le rayon de la plaque et suivant la hauteur de l'entrefer. Le
taux de cisaillement maximum qui peut être atteint est limité par la vitesse de rotation maximale
du rhéomètre ou par la rupture de graisse ou la perte de graisse qui peut se produire sur le bord.
L'avantage du rhéomètre à plaques parallèles rotatives est que des vitesses de cisaillement plus
élevées peuvent être atteintes en diminuant la hauteur entre les deux surfaces, et par conséquent,
les effets de bord sont moins susceptibles de se produire. Ici, le taux de cisaillement est supposé
constant sur la hauteur de la couche de graisse mais n'est plus constant sur le rayon de la plaque.
Dans le rhéomètre à cylindre concentrique, un petit espace est formé entre deux cylindres
concentriques dont l'un est en rotation. Là encore, il est supposé que la vitesse de cisaillement
(taux de cisaillement) est constante dans le petit espace, ce qui est une bonne approximation si le
jeu est suffisamment petit par rapport au rayon du cylindre. Pour réduire le glissement de la
graisse sur la paroi dans toutes ces géométries, une rugosité de surface est requise. Une version
extrême d'une telle rugosité est obtenue dans la géométrie à palette, où le cylindre interne dans le
rhéomètre à cylindres concentriques est remplacé par des palettes.
76
rotationnels comme le rhéomètre à tube capillaire, où la viscosité est déterminée en mesurant le
débit en fonction de la différence de pression dans une conduite.
Dans ce qui suit nous présentons à titre d'exemple des études réalisées sur le comportement
de la graisse et le mécanisme de lubrification dans le cas des roulements et des joints à lèvre.
En 2003, Couronne et al [110], ont analysé par interférométrie la formation du film dans des
roulements à billes lubrifiées avec des graisses à base de lithium et aluminium, de l’huile minérale
ou d’ester. La viscosité de ces huiles de base était de 65 cSt (à 40°C) avec 12% d'épaississant pour
tous les échantillons. Les résultats indiquent que :
- Pour une graisse à base de lithium le contact est rempli par l’huile de base, tandis que
l’épaississant s’accumule sur les bords du contact,
- Pour une graisse à base d’aluminium, les fibres d’épaississant sont détruites par la
dégradation mécanique et/ou thermique, et rentrent dans le contact. La viscosité du
mélange est supérieure à celle de l’huile de base et engendre une épaisseur de film plus
importante (ainsi qu’un couple de frottement plus important).
- La présence des additifs des graisses dans le contact fait augmenter l’épaisseur de film
au début du fonctionnement et modifie les limites du régime de lubrification limite
pour les deux types d’additifs utilisés.
- Pour la graisse à base d'aluminium, le régime limite de fonctionnement est atteint plus
rapidement comparé à celle à base de lithium. Ce fait est dû aux interactions physico-
chimiques entre les constituants des graisses et leur comportement rhéologique.
- La capacité de formation d’un film lubrifiant est aussi influencée par la composition
des graisses et la compatibilité entre leurs constituants (la solubilité de l’épaississant
dans l’huile de base).
La même année Couronné et al [111] ont conclu qu’une graisse avec une microstructure
compacte et résistante (des valeurs élevées du module d’élasticité - G’) démontre une faible
capacité de formation d’un film lubrifiant et favorise le régime de lubrification limite. D'autre
part, une graisse homogène (bonne solubilité de l'épaississant dans l'huile de base) dans des
conditions sévères de vitesse et de pression peut produire des structures hétérogènes qui peuvent
agir négativement sur le mécanisme de lubrification ou re-lubrification en jouant le rôle d'une
barrière. En revanche, une graisse à faible solubilité (structure hétérogène et moins élastique) peut
devenir homogène à des sollicitations sévères ce qui permet de générer des films lubrifiants épais
et retarder le régime limite.
En 2012, Hiraoka [112] a étudié les facteurs qui peuvent influencer le mécanisme
d'écoulement de la graisse dans les roulements. Dans cette étude il a testé quatre graisses
différentes dans différentes conditions (vitesse de rotation, mésaligement). D'après les
77
observations, ils remarquent que dans certains cas, la graisse présente initialement autour du
contact (dans un coin de graisse) pénètre dans le contact. Ce phénomène dépend des conditions
d'essai et de la nature du lubrifiant.
- Dans le cas d'un réservoir (coin de graisse) constitué entièrement d'un seul type de
graisse, le lubrifiant ne pénètre pas dans l'interstice (espace entre la plaque inférieure et
le disque).
- Si la plaque inférieure est couverte initialement d'un film mince de graisse avec des
propriétés différentes du volume de graisse constituant le coin de graisse, la graisse
pénètre dans l'interstice,
- Dans le cas des graisses à base d'huile minérale (UM et LiM) une fracture (séparation)
au niveau du réservoir est observée : le coin de graisse est divisé en deux volumes ; un
volume fixe attaché à la plaque inférieure et l'autre au disque supérieur en rotation.
- Dans le cas d'une graisse PTFE-PFPE une zone d'écoulement autour de la plaque est
observée au niveau du coin de graisse.
- Pour les cas où la couche limite est présente entre le réservoir de graisse et les parois,
les phénomènes présentés ci-dessus ne sont pas visibles.
La pénétration de graisse dans l'interstice peut donc être attribuée à la présence du phénomène
de glissement sur la paroi. Cela peut être expliqué ainsi :
Pour conclure, les facteurs qui influencent le mécanisme d'écoulement de graisse sont les
suivants :
En 2016, M. Sommer et al [115] ont étudié l'influence de la taille et la forme des particules des
épaississants sur le fonctionnement des joints à lèvre. Ils utilisent à la fois un montage sur disque
(tribomètre rotatif) et un banc d'essai pour joints radiaux développé spécialement pour ces tests.
Les coefficients de frottement, l'usure et le pompage du joint ont été mesurés et corrélés avec la
taille et la forme des particules d'épaississant. Il a pu être montré que :
- Des particules épaississantes sont présentes dans la zone d'étanchéité avec l'huile de
base et influent sur les performances du système d'étanchéité,
- Les graisses, avec de petites particules épaississantes en forme de sphères présentent le
coefficient de frottement le plus faible au cours de la lubrification mixte, mais le plus
élevé en lubrification hydrodynamique,
- Les particules épaississantes en forme de sphère avec un petit diamètre, sont capables
de diminuer le taux d'usure par rapport à l'huile de base,
- Le mécanisme de pompage des joints d'arbre rotatifs est favorisé par les particules
d'épaississant, surtout si elles sont de taille moyenne.
79
I.4.5 Conclusion
Dans les joints pneumatiques lubrifiés à la graisse, l’épaisseur de film varie en fonction de la
forme du joint, de l’état des surfaces de contact, des conditions de service (vitesse, température,
pression) et de la nature du fluide présent dans le contact.
La nature du fluide dans le contact représente un des plus importants points d’incertitude dans
le cas des joints pneumatiques, joints à lèvre et roulement. Les conclusions tirées par différents
auteurs à ce sujet sont souvent différentes. Plus précisément, le contact est parfois considéré
comme étant rempli par :
- Soit la graisse,
- Soit l’huile de base (donné par une séparation entre l’épaississant et l’huile),
- Soit le produit de drainage qui est contenu dans l’huile de base mélangée avec des
fibres cassées d’épaississant (résultant du mécanisme de drainage et du mécanisme de
dégradation).
Cet aspect est important, car l’épaisseur du film, le mécanisme de lubrification et les
caractéristiques de l’étanchéité varient selon la nature du fluide dans le contact.
80
Chapitre II-Étude expérimentale
II.1 Introduction
Ce chapitre s'intéresse à l'étude expérimentale des systèmes d'étanchéité des vérins
pneumatiques lubrifiés avec de la graisse. L’étude expérimentale du comportement de ces
systèmes d’étanchéité pneumatiques n'est pas une tâche facile à réaliser. En effet, leur
comportement est significativement affecté par leurs conditions de fonctionnement, telles que la
vitesse et la pression d'air comprimé ainsi que par différents facteurs tribologiques tels que l’état
de surface et les conditions de lubrification des joints pneumatiques.
Avant de procéder aux essais expérimentaux, nous avons inspecté chaque composant de ces
systèmes afin d’assurer le bon déroulement des essais. Ces inspections vont permettre avec ceux
réalisés à la fin des essais d’avoir une meilleure compréhension et interprétation des mesures et
des observations effectuées durant les essais.
La première partie de ce chapitre est consacrée à la présentation du banc d'essais. Elle décrira
l'ensemble des composants du banc et de son système de pilotage. Elle décrira aussi la partie
instrumentation du banc et le circuit pneumatique utilisé. La deuxième partie est dédiée à la
description des systèmes d’étanchéité pneumatiques testés. Ces systèmes comportent les éléments
d’un vérin pneumatique industriel (joints d’étanchéité, tige, piston, bagues, graisse, …). Dans la
troisième partie, on définit l’approche utilisée pour déterminer la force de frottement des joints
d’étanchéité à partir de la force brute mesurée par le capteur de force. Les conditions d'essais ont
été décrites dans la troisième partie. La cinquième partie est consacrée à l’analyse des résultats
expérimentaux. La sixième partie décrit les paramètres impactant les mesures expérimentales. La
septième partie présente les résultats de visualisation du comportement de la graisse lubrifiante.
Enfin, on termine par une conclusion de ce chapitre expérimental.
81
assure le mouvement de translation et un système d’instrumentation. Le piston est une pièce
modulable en fonction du diamètre et de la forme des joints, permettant ainsi de tester différentes
conceptions de joint de piston (diamètre et section). Également, la pièce adaptatrice pour le joint
de tige (au niveau du flasque) donne la possibilité de travailler sur différentes conceptions de
joints de tige (section et diamètre). Le flasque permet aussi de tester différents diamètres du
piston dans des conditions d’excentricité et de mésalignement de l'assemblage tige/cylindre. Le
flasque comporte deux orifices radiaux utilisés pour pressuriser en air comprimé la chambre
étanche ainsi que pour la mesure de la pression.
La cellule d’essais modulable permet de travailler sur des pièces usinées et/ou réelles (tige et
cylindre) provenant des vérins pneumatiques industriels. En outre, des cylindres en matériaux
transparents (PMMA, polycarbonate et verre) peuvent être considérés pour effectuer des
visualisations au niveau des chambres du cylindre et aussi au niveau de la zone d'étanchéité des
joints de piston. Par ailleurs, plusieurs configurations d’essais sont envisageables avec ce
dispositif et seront détaillées dans le paragraphe 3 de ce chapitre.
82
Figure 45: Schéma global du banc d'essais
Le vérin électrique présente des organes de commande permettant de mouvoir la tige de vérin
électrique en translation selon des cycles d'aller/retour d'amplitude imposée et à une vitesse et
une accélération également imposées. Le capteur d'efforts permet de fournir en temps réel l'effort
exercé sur la tige de la cellule, tandis que le piston est entraîné en mouvement en comprimant par
exemple la chambre étanche. Simultanément, le capteur de pression mesure les variations de
pression dans la chambre étanche. Cette pression est contrôlée via une vanne proportionnelle de
pression. De surcroît, la position de la tige de vérin électrique est repérée grâce au capteur de
déplacement installé sur le vérin électrique à l'aplomb de la tige du vérin électrique.
Les Figure 46 & 47 illustrent la cellule d'essais selon un premier mode de réalisation et en
perspective avec coupe axiale respectivement. Les composants de la cellule sont représentés par
des couleurs différentes.
Le cylindre creux est monté entre les deux flasques opposés, lesquels présentent
respectivement un alésage axial. Les deux flasques opposés sont maintenus en position fixe
contre les deux bords opposés du cylindre creux par l'intermédiaire des supports reliés entre eux
par deux paires de tiges filetées (tirants). Le cylindre creux peut être en matière opaque comme
l'aluminium ou en matière transparente (polycarbonate, PMMA ou verre). Ce dernier,
transparent, est réalisé de manière à pouvoir visualiser la répartition et l'évolution de la graisse
dans la zone d'étanchéité mais aussi mesurer la largeur d'étanchéité.
83
Figure 46: Vue schématique de la cellule d'essais
La Figure 48, est une vue schématique en perspective et en coupe du flasque (culasse). On y
retrouve l'un des flasques opposés en perspective sur lequel apparaissent, une paroi externe
cylindrique 1 vers l'alésage 2, les quatre rainures circulaires concentriques 3 sont là pour recevoir
quatre cylindres de quatre diamètres différents du plus petit au plus grand (50, 63, 80 et
100 mm). Les diamètres des rainures sont conçus de façon qu'elles respectent la norme ISO 3322
pour les dimensions standard des vérins pneumatiques.
Les flasques opposés présentent chacun deux chemins de passage 4 et 5 s'étendant selon une
composante radiale et débouchant d'une part dans l'alésage 2 et d'autre part dans la paroi externe
cylindrique 1.
84
De tels chemins de passage 4 et 5 permettent, non seulement l'entrée et la sortie d'air 4 sous
pression dans la chambre du vérin, mais aussi la mise en œuvre du capteur de pression 5 ou
d'autres outils de mesures (thermocouples, hygromètre,..).
Ainsi, les deux bords opposés du cylindre creux sont respectivement positionnés dans deux
rainures circulaires de même distance des périphériques des deux flasques. Ces deux rainures d'un
même diamètre, définissent un fond de rainures 6 formant un épaulement. De la sorte, les bords
opposés du cylindre creux viennent s'appliquer à plat contre l'épaulement et sont respectivement
en prise dans les rainures des flasques. Ainsi, on obtient une parfaite étanchéité entre le cylindre
creux et les flasques. Afin de parfaire cette étanchéité, on a rapporté un joint plat en élastomère
dans les rainures contre l'épaulement 6.
L’alésage 8 des deux flasques est adapté à recevoir respectivement deux pièces adaptatrices qui
seront détaillées prochainement. La pièce adaptatrice vient se positionner au niveau de l'alésage 8,
afin de garantir une parfaite étanchéité entre les deux pièces, le flasque et la pièce adaptatrice.
Nous avons prévu une rainure 7 sur le dos du flasque, dans laquelle vient se positionner un joint
torique pour garantir l'étanchéité statique.
La Figure 49 montre en détail et en coupe axiale la pièce adaptatrice du joint tige. La pièce
adaptatrice est de forme tubulaire réalisée par exemple en aluminium dans notre cas, lequel
supporte quatre perçages 1. Les perçages servent comme passage de vis entre le support et le
flasque pour tenir serrée la pièce adaptatrice avec le flasque et maintenir l'ensemble flasque pièce
adaptatrice. En outre, la pièce adaptatrice comporte à l’intérieur trois gorges. Une gorge centrale
2, permet de recevoir un joint d’étanchéité. Une gorge interne 3, permet de recevoir une bague de
guidage (bague d'usure), et une gorge externe 4 reçoit un joint racleur. Les dimensions des gorges
externes respectent la norme ISO 6195 et celles des gorges centrale et interne respectent la norme
ISO 5597. En modifiant les dimensions de cette pièce d'adaptation on peut tester différents
diamètres et géométries de joints de tige.
85
Figure 49: Vue en perspective et en coupe axiale de la pièce adaptatrice
Dans le cas d'une configuration avec une tige non-traversant, une des deux pièces d'adaptation
est remplacée par un simple "bouchon" permettant la fermeture du cylindre (Figure 50).
Le piston, Figure 51, est une pièce modulable non seulement par son diamètre qui varie en
fonction de celui des cylindres creux, mais aussi par la forme de ses logements circulaires recevant
les joints d'étanchéité et bague de guidage. En outre, le piston comporte sur la surface extérieure
trois gorges. Une gorge centrale 1, permet de recevoir une bague de guidage (bague d'usure).
Deux gorges 2 et 3, permettent de recevoir des joints d'étanchéité à simple effet ou à double effet
de même géométrie ou pas, ceci permet de combiner les joints. Les deux gorges externes 4
reçoivent deux joints toriques pour assurer l'étanchéité statique entre la tige et le piston. Les
dimensions du piston et des gorges respectent les normes ISO 3320 et ISO 5597 respectivement.
Dans la configuration d'un joint double effet, l'assemblage entre le piston et les deux tiges se
fait par les deux tiges qui viennent se visser l'une dans l'autre. Ces deux tiges viennent s'appuyer
sur l'épaulement 6 qui permet l'appui plan entre la tige et le piston. Dans le cas d'un joint simple
effet la tige taraudée est remplacée par un écrou qui s'appuie sur l'épaulement 6 qui permet de
serrer la tige filetée contre le piston. L'allongement de l'épaulement 5 sur les deux côtés du piston
86
permet d'avoir un bon alignement des deux tiges et d'éviter l'arc-boutant de tiges, ce qui peut
erroner les mesures de frottement.
Figure 51: Vue en coupe axiale du piston et en assemblage avec les tiges.
Figure 52: Interface utilisateur pour le pilotage et affichage de l'évolution des paramètres
mesurés du banc d'essais
Les deux interfaces de pilotage sont présentées sur la Figure 53 et Figure 53. La première
interface, Figure 53, permet de contrôler le fonctionnement du circuit pneumatique et d’acquérir
les valeurs des différents paramètres mesurés et contrôlés, à savoir : les pressions, la force, la
87
vitesse, la position du piston et le nombre de cycles. Elle permet aussi l'arrêt automatique des
essais en cas d'anomalies.
Les deux vannes proportionnelles utilisées fournissent une réponse linéaire en courant ou en
tension. Chaque vanne proportionnelle a été étalonnée ce qui a permis d'établir la relation entre la
consigne et la pression souhaitée. L'interface de contrôle LabVIEW intègre la loi d'étalonnage de
chaque vanne. L'incertitude des régulateurs de pression est de 1 % de l'étendue de mesure.
Le contrôle du mouvement du vérin choisi peut être effectué de deux manières (Figure 56).
On peut imposer la course accompagnée par la vitesse maximale et les temps d'accélération et de
décélération (cycle de déplacement). Une deuxième manière de contrôle est d'imposer la vitesse
maximale accompagnée par les temps d'accélération, de décélération et de vitesse constante (cycle
de vitesse). L'utilisation de cette solution de contrôle fait que la cinématique du mouvement est
indépendante de la charge au niveau de la cellule d'essais.
La Figure 57, présente les positions du capteur de déplacement laser ainsi que du capteur de
fin de course. Le capteur de déplacement permet de nous renseigner sur la position du piston
alors que le capteur de fin de course permet de bloquer le mouvement si la cible arrive au niveau
du capteur. Un deuxième capteur de fin de course est utilisé pour définir le déplacement maximal
89
du vérin. La plage maximale de déplacement est donc définie par la position des deux capteurs de
fin de course, position qui peut d'ailleurs varier en fonction de l'application.
La Figure 58 montre un exemple de cycle de mouvement pouvant être généré avec le vérin
électrique. La Figure 58a, présente le déplacement du vérin pour une course de 300 mm avec
une vitesse (Figure 58b) maximale de déplacement de 100 mm/s, un palier de vitesse constante
de 2 secondes et des phases d'accélération et décélération de 1 seconde. Le vérin fournit une
accélération/décélération constante de 0.1 m/s² pendant 1 seconde (Figure 58. c).
90
II.2.2 Instrumentation
II.3 Équipements
92
du vérin est assurée par deux joints en forme de U en Polyuréthane (PUR) (Figure 62). Le
guidage est assuré par trois bagues de guidage, deux au niveau de la culasse et une au niveau du
piston.
Pour la suite des essais, la cellule d’essais modulable présentée précédemment (paragraphe 1)
est considérée.
Le Tableau 3 présente l’ensemble des joints testés et leur type de matériau avec sa dureté. De
plus, une désignation est donnée à chaque type de joint. Cette désignation comporte une lettre
majuscule qui décrit la forme de la section du joint (U pour le joint U, O pour le joint O-ring, X
pour le joint X100 et R pour le joint tige-Racleur) suivie d’un chiffre désignant le diamètre de la
piste de frottement (tige ou cylindre). Pour la suite de l’étude, ces désignations seront utilisées.
93
Joints de Piston
Dureté
Désignation Matériaux Section
(IRHD)
U100 PUR 80
NBR
X100 70
O100 NBR 70
Joints de tige
R25 PUR 90
U25 PUR 90
O25 NBR 78
Le Tableau 4 montre les propriétés et la désignation des pièces utilisées au cours des essais.
Nous avons 4 diamètres différents du piston et un diamètre pour la tige. Concernant les pistons,
trois sont fabriqués en Polyacétal (POM) et le quatrième en alliage d'aluminium. La tige est
fabriquée en acier chromé. Les cylindres utilisés sont des cylindres récupérés à partir des vérins
industriels.
94
II.3.2.1 Caractérisation géométrique
Dans ce paragraphe on présente, en détail, la géométrie des joints utilisés. Chaque type de
joint a été sectionné suivant une direction radiale et ses dimensions ont été mesurées par une
méthode optique. Ainsi le modèle éléments finis est présenté et sera exploité pour évaluer la
charge de serrage.
96
Figure 66 : Profil et modèle éléments finis du joint tige O25
Ce type de joint comporte un cordon circonférentiel externe (bourrelet) sur son diamètre
extérieur qui permet la rétention du joint dans son logement adapté à cette forme. Cette forme
géométrique particulière a l’avantage de pouvoir monter ou démonter le joint sans avoir recours à
un démontage du vérin.
97
Figure 68: a)Appareil de mesure de la microdureté (IRHD), b) Mesures suivant ISO48 de la
microdureté
Le Tableau 5 à 6 présentent les valeurs des mesures de microdureté des différents joints neufs
de piston et de tige à tester.
98
Tableau 6: Mesures de la microdureté pour joints de piston diamètre 100mm
Généralement, les valeurs mesurées ne montrent pas de différences significatives avec les
données des fabricants. La différence obtenue pour le joint quadrilobe est de 4 ce qui correspond
à moins 6% de la valeur indiquée par le fabricant. Cette différence est peut-être due à l’effet de la
forme géométrique du joint quadrilobe sur les mesures effectuées.
99
pour chaque joint en essayant d'avoir une forme géométrique la plus identique possible. Les
essais sont réalisés selon la longueur du joint.
La Figure 69, présente un exemple des échantillons de joints utilisés pour les essais de traction
et de compression.
Figure 69: Exemples d’échantillons de joints utilisés pour les essais de traction, a) Joint U100, b)
Joint U25
Résistance
Longueur Charge à la Déformation
initiale Largeur Épaisseur Section Maximale traction maximale
Joint (mm) (mm) (mm) (mm²) [N] [MPa] [%]
U100 15.00 8.54 3.52 30.06 773.00 25.70 1550.00
X100 15.00 5.33 5.33 28.41 244.00 9.20 680.00
O100 15.00 5.00 5.00 25.00 256.00 11.00 681.00
U25 15.00 3.71 3.08 11.43 333.00 29.20 1120.00
O25 15.00 3.27 3.39 11.09 50.20 4.52 104.00
R25 15.00 4.62 2.10 9.70 347.00 34.70 1350.00
Tableau II.8: Conditions d'essais de traction
La Figure 70 présente les courbes de la charge en fonction du déplacement pour les essais de
traction des joints de tige. Les courbes de contrainte apparente en fonction de la déformation
sont présentées dans la Figure 71.
100
Figure 70: Courbes de charge en fonction du déplacement pour joints de tige "Traction"
Figure 71: Courbes de contrainte en fonction de la déformation pour joints de tige "Traction"
On note que le joint tige-racleur (R25) et le joint U25 ont quasiment la même réponse
mécanique. Le joint O25 présente un comportement complètement différent des deux autres
joints avec plus de souplesse.
Les essais de traction sur les joints de piston montrent un comportement similaire entre les
joints X100 et O100 (Figure 72).
a b
) ))
Figure 72: a)Courbes de charge en fonction du déplacement, b) Courbes de contrainte en
fonction de la déformation
101
Le joint U100 présente des contraintes relativement plus élevées par rapport aux autres joints
(X100 et O100), mais un comportement quasiment identique pour les joints X100 et O100 .
Les résultats des Figure 73.a et 29.b présentent les courbes de la charge en fonction du
déplacement et la contrainte en fonction de la déformation respectivement pour les joints tiges
On note que le joint O25 est relativement plus souple que le joint U25 à partir de 13% de
déformation.
a b
) )
Figure 73 :a) Courbes de charge en fonction du déplacement, b) Courbes de contrainte en
fonction de la déformation pour joints de tige
Les résultats des Figure 74.a et 30.b présentent les courbes de la charge en fonction du
déplacement et la contrainte en fonction de la déformation respectivement pour les joints de
piston. On constate que le comportement des joints est quasiment identique.
102
a b
) )
Figure 74 :a) Courbes de charge en fonction du déplacement, b) Courbes de contrainte en
fonction de la déformation pour joints de piston
Dans cette section nous présentons les résultats de mesures de l’état des surfaces effectuées
sur les différents éléments de frottement du vérin pneumatique (tige, cylindre et joint).
Secteur 1-0°
103
Secteur 2-120°
Secteur 3-240°
Les trois secteurs mesurés montrent une bonne correspondance des paramètres de rugosité.
Les valeurs moyennes des différents paramètres de rugosité mesurés sur les trois secteurs sont
présentées dans le Tableau 10.
Les mesures de circularité ont été réalisées pour le cylindre de diamètre 100 mm, sur quatre
secteurs au long du cylindre avec 36 points de mesure pour chaque secteur. Les procédures ISO
1101 ont été suivies au cours des mesures. L'appareil utilisé pour la caractérisation est
104
Messtechnik wetzlar Gmbh Metrology Systems. Les mesures ont été faites avec un palpeur de
diamètre 5 mm, la méthode des moindres carrés est utilisée pour le traitement des résultats de
mesures. Les résultats de mesure sont illustrés sur la Figure 76.
Les résultats obtenus montrent des défauts importants de circularité qui peuvent atteindre
96,6 µm ce qui est largement supérieur à l'épaisseur du film lubrifiant entre le joint et le cylindre
(~1µm). Par conséquent, ces défauts peuvent avoir un impact non négligeable sur les mesures de
frottement du joint de piston. Ils peuvent aussi conduire à une usure prématurée du joint.
105
Secteur 1-0°
Secteur 1-0°
Position-1
Ra 0.0648 μm
Rz 0.4453 μm
Rmax 0.5286 μm
Rt 0.5512 μm
Rpm 0.1707 μm
Rv 0.2746 μm
Rsk -0.66
Rku 3.611
RMr(-1.00,5.0) 100 %
Secteur 2-120°
Secteur 1-120°
Position-2
Ra 0.0747 μm
Rz 0.5002 μm
Rmax 0.566 μm
Rt 0.5931 μm
Rpm 0.1801 μm
Rv 0.3201 μm
Rsk -0.588
Rku 3.28
RMr(-1.00,5.0) 100 %
Secteur 3-240°
Secteur 1-240°
Position-3
Ra 0.0712 μm
Rz 0.5035 μm
Rmax 0.5445 μm
Rt 0.5578 μm
Rpm 0.1784 μm
Rv 0.3252 μm
Rsk -0.71
Rku 3.586
RMr(-1.00,5.0) 100 %
Moyenne
Ra 0.07023 μm
Rz 0.48300 μm
Rmax 0.54637 μm
Rt 0.56737 μm
Rpm 0.17640 μm
Rv 0.30663 μm
Rsk -0.65267
Rku 3.49233
RMr(-1.00,5.0) 100 %
106
De même que la surface du cylindre, la rugosité de la tige est similaire entre les trois secteurs
mesurés. On note aussi que la rugosité de la tige est très faible par rapport à celle du cylindre.
𝜽
⃗𝑼
⃗⃗
Figure 79: Surface obtenue après mesure - forme brute (lumière blanche, intensité optimale)
107
Une série de traitements est appliquée sur la surface mesurée pour en améliorer la qualité.
Dans un premier temps nous avons effectué un redressement de la surface, en lui soustrayant le
plan des moindres carrés. Ce traitement a permis de supprimer le défaut d'alignement entre l'axe
de la surface mesurée et l'axe optique. La deuxième étape a consisté à supprimer les défauts de
forme par un redressement de la surface par un polynôme de deuxième degré. Cette étape a
permis d'obtenir la distribution de la rugosité sur une surface cylindrique.
Environ 4.65 % de points n’ont pas été mesurés. Cela s'explique par le fait que les rayons
incidents n'ont pas été réfléchis dans la direction de l'objectif en raison d'une pente localement
trop élevée ou d'accidents de surface. Pour remédier à ce défaut de mesure nous avons utilisé la
fonction remplissage des points non mesurés. Son principe est basé sur l'interpolation des points
aux voisinages. La Figure 80 présente la surface obtenue après ces traitements d’amélioration.
Le dispositif de mesure est doté d’un logiciel qui donne la possibilité de calculer les paramètres
statistiques de la surface résultante (finale). Un profil vertical médian (Figure 80) correspondant à
la direction du mouvement du joint a été extrait à partir de la surface finale Figure 80.
108
Ce profil extrait montre la présence des ondulations périodiques suivant la direction du
mouvement du joint (Figure 82). Le pas de ces ondulations est de l'ordre de 30 µm.
Des mesures de la charge radiale sont effectuées sur l’ensemble des joints de piston testés. Ces
mesures ont permis de comparer le serrage des différents joints de piston et de caler les modèles
de simulation numérique.
109
II.3.5.1 Définition
La charge radiale d’un joint de piston correspond à la force totale exercée entre le joint monté
dans son logement et le cylindre. Cette force dépend des interférences géométriques entre le joint
a priori les lèvres extérieure et intérieure et leurs surfaces de contact. Elle dépend aussi de la
forme géométrique de la section du joint et de la raideur du joint. La Figure 84 présente un
exemple de calcul de serrage du joint piston U100.
Figure 84 : Composantes de la charge radiale du joint de piston U100 dans le cas du montage
Pour une mesure stabilisée de la charge radiale, il faut que la durée d’essai soit suffisante pour
une température d’environnement maintenue constante.
Les facteurs qui peuvent influer sur la valeur d’effort mesurée sont le fluage du joint
(caractéristique intrinsèque au matériau) et les conditions de température lors de l’essai.
111
Figure 87 : Évolution de la charge radiale du joint U100 à température ambiante
La graisse utilisée est composée d'un épaississant et d'une huile de base. Les épaississants sont
de type inorganique (Silica) et l’huile de base est une huile de Silicone de couleur blanche
translucide. La graisse est d’une viscosité cinématique de 2x10-6 cSt (centistokes (cSt)) et de masse
volumique approximativement 1100Kg/m3 (données fournies par le fabricant.)
Pour le travail présenté dans cette thèse, un rhéomètre rotatif composé de deux plaques
parallèles de 40 mm de diamètre de type ARES TA Instruments (Figure 88) est utilisé. Avant de
commencer les mesures, la plaque inférieure du rhéomètre est conditionnée à la température
requise, 19 °C dans notre cas, ce qui correspond à la condition de nos essais. Une quantité
excessive de graisse est chargée sur la plaque inférieure, qui est ensuite réglée à la hauteur de
300 µm qui représente la limite de notre rhéomètre. Comme l'excès de graisse doit être évacué,
certaines contraintes internes sont introduites dans l'échantillon. Ce surplus de graisse est
soigneusement retiré du bord. Ensuite, les contraintes internes sont éliminées avec un
programme de pré-cisaillement avant que la mesure réelle ne soit effectuée. Ce programme de
pré-cisaillement ne doit pas atteindre des vitesses trop élevées pour éviter la perte de graisse
involontaire sur les bords ou la rupture des bords. Après le programme de pré-cisaillement, la
graisse est laissée au repos pendant un certain temps (15 minutes dans notre cas). Des
expériences de balayage de fréquence et de déformation ont été réalisées pour situer les bonnes
112
conditions de mesure d'écoulement de la graisse. Dans notre cas la déformation imposée est de
1% et le taux de cisaillement commence de 0.01 jusqu’à 100 Hz avec une croissance en continu.
Trois essais d'écoulement ont été réalisés afin d'assurer la répétabilité des mesures, les courbes
d'écoulement sont données dans la Figure 87.
Avant de donner l'interprétation de ces résultats, il faut préciser que pour simuler les taux de
cisaillement élevés caractéristiques pour la lubrification des joints pneumatiques, des vitesses de
translation élevées et des épaisseurs de film faibles sont nécessaires. Ces conditions ne sont pas
atteintes par le rhéomètre utilisé. Les mesures rhéologiques des graisses dans ce type de
conditions sont par ailleurs très difficiles à obtenir. Il est donc important de préciser que les
mesures présentées dans ce paragraphe sont représentatives pour des épaisseurs de film
relativement importantes (300µm) quand on peut toujours faire l'hypothèse d'un milieu continu
(les propriétés de la graisse ne varient pas brutalement d'un point géométrique à ses voisins).
Sur la base de ces courbes d'écoulement, des ajustements sont effectués pour déterminer les
paramètres des lois du comportement rhéologique de la graisse. L'interprétation est donnée dans
le chapitre suivant, lors de la présentation du modèle numérique.
113
Figure 89: Courbes d'écoulement de la viscosité et de la contrainte de cisaillement de la graisse
en fonction du taux de cisaillement à 20 °C.
⃗⃗ = mγ
∑F ⃗⃗ (II. 1)
On considère qu’en régime établi de vitesse, l’effet de l’inertie est négligeable par rapport à
celui de l’effort de frottement. Dans ce cas, l’effort de frottement total Ff donné par le frottement
des différents joints et bagues d’étanchéité du vérin s’écrit :
Ff = Fcf + P1 S1 − P2 S2 (II.3)
114
Figure 91 : Schéma du montage pour la mesure de frottement des joints de tige (vérin complet)
La configuration 3, a été réalisée pour mesurer la force de frottement du joint de tige dans les
deux sens de mouvement dans différentes conditions de pression d'air (Figure 93).
Figure 93 : Schéma du montage pour la mesure de frottement des joints de tige (Configuration 3)
115
II.5 Conditions des essais de frottement
Le Tableau 13 présente les conditions des différents tests réalisés. Les tests sont effectués pour
différentes configurations de vérin pneumatique, différents joints, différents diamètres et
différentes conditions de fonctionnement (pressions d'air et vitesses de tige). Trois différentes
configurations de cylindre pneumatique sont considérées ; vérin pneumatique complet, joints de
piston et joints de tige.
Configurations Tests Piston Tige Joint Joint tige 𝐏𝟏 (bar) 𝐏𝟐 (bar) Vitesse (mm/s)
piston [10,200] [50,300]
Test Piston Tige U-100 RSPUR90
1 Cylindre 1 100 25 1 [1-10] X
complet Test / Tige / RSPUR90
2 25
Test Piston - U100 /
3 100
Test Piston - U80 /
4 80
Test Piston - U63 /
2 joints de piston 5 63
Test Piston - U50 /
6 50 1 [1-10] X
Test Piston - X100 /
7 100
Test Piston - O100 /
8 100
Test / Tige / U 25
3 Joints de tige 9 25
Test / Tige / O 25
10 25
Les premiers essais, tests 1 et 2, ont été réalisés sur un vérin pneumatique à double effet
complet du commerce (Figure 90). Le vérin testé est doté d'un alésage de diamètre 100 mm et
d'une tige de diamètre de 25 mm avec une course de 500 mm. Les joints du vérin sont graissés.
Le cylindre est en aluminium anodisé, les tiges en acier chromé et le piston en Aluminium léger.
Deux joints à lèvre en polyuréthane (U100) sont montés sur le piston et deux joints tige-racleurs
en polyuréthane (RSPUR 90) sur la tige. Les essais sont effectués pour différentes pressions d’air
dans la chambre 1 du cylindre et pour les deux sens de mouvement de l’ensemble piston/tige,
avec une vitesse comprise entre 50 et 300 mm/s.
116
Afin de séparer la mesure de la force de frottement des joints tige de celle de la force de
frottement globale du test 1 (vérin complet), le test 2 est réalisé en retirant les joints de piston du
cylindre. Les deux chambres de vérin sont donc ouvertes entre elles (Figure 91), ce qui donne une
configuration symétrique. De plus, il n'y aura pas de variation de volume de la chambre
pressurisée au cours de la course de tige. Ceci permet de maintenir une pression d'air constante
dans la chambre du vérin.
Par la suite, des tests sont menés sur des joints de piston et sur des joints de tige de manière
séparée afin d’étudier le frottement de chaque type de joint.
Les tests sur les joints de piston, de 3 à 6, sont effectués sur des joints de forme U en variant
le diamètre de cylindre, 50, 63, 80 et 100mm. Les tests 7 et 8 sont effectués respectivement sur un
joint O100 et un joint X100 pour un seul diamètre de cylindre (100mm).
Pour ces essais, les conditions de vitesse sont considérées entre 10 et 200 mm/s et celles de la
pression d'air entre 1 et 10 bars appliquée dans la chambre 2. Ces conditions de vitesse et de
pression sont considérées aussi pour les tests 9 et 10 sur des joints de tige.
Nous considérons une vitesse positive pour l'entrée (Instroke) du cylindre pneumatique de
gauche à droite et la vitesse négative pour la rétraction de droite à gauche (Outstroke). La
chambre 2 (configuration 1) se comporte soit comme une chambre résistante, lorsque la vitesse
est positive, soit comme une chambre motrice lorsque la vitesse est négative. La chambre 2
(configurations 2 et 3) se comporte soit comme une chambre résistante, lorsque la vitesse est
positive, soit comme une chambre motrice lorsque la vitesse est négative. Pour chaque test, vingt
cycles ont été réalisés afin d’assurer la répétabilité des résultats.
Les paramètres contrôlés durant les essais sont la pression d'air dans les chambres
pneumatiques, la vitesse et la position axiale de la tige. Le contrôle de la pression d’air est assuré
par un régulateur de pression. La Figure 94 montre un exemple d'un cycle typique d’entrée et de
sortie de la tige à pression atmosphérique. Comme on peut le constater, la vitesse et la position de
la tige sont contrôlées avec une bonne précision.
118
Figure 96 : Distribution de la force de frottement, P1=2 bar, V=± 50 mm / s
Ces fluctuations de force de frottement sont dues aux fluctuations de la pression d'air dans les
chambres du vérin (Figure 97). En effet, en raison de la compressibilité de l'air et de la variation
du volume des chambres, la pression constante dans les chambres n'est pas correctement
maintenue par le régulateur de pression utilisé.
Les courbes de force mesurées sont bien synchronisées avec les variations de pression des
chambres, ce qui implique que l’effet de la pression d'air sur la force mesurée est instantané.
La Figure 99 présente la variation de la force de frottement des joints de tige (test 2) du vérin
complet pour différentes pressions d’air et pour une seule vitesse de tige ± 50 mm/s. On note
l’absence des fluctuations de forces mesurées en raison du volume constant de la chambre d’air
durant les essais impliquant une pression d’air constante. Ceci confirme la dépendance des
fluctuations instantanées de la force mesurée avec celles de la pression d’air dans la chambre du
vérin.
Comme pour le cas du vérin complet contenant les mêmes joints de tige, la force de
frottement des joints de tige augmente avec l'augmentation de la pression d'air. L’augmentation
du frottement des joints de tige est estimée à 75 % ce qui correspond à environ 24 N pour une
augmentation de pression d’air de 1 à 10 bars. L'augmentation de la force de frottement des joints
de tige en fonction de la pression d’air est nettement inférieure à celle du vérin complet. On note
toujours, un décalage entre le frottement en entrée et en sortie de tige (10N).
120
Figure 99 : Distribution de la force de frottement, P= [1-10] bars, V=±50 mm/s
Par exemple, dans les conditions de pression atmosphérique, la force de frottement des joints
de tige est d'environ 35 N, ce qui correspond à trois quarts de la force de frottement totale. Ce
rapport est de seulement un dixième pour une pression d’air de 10 bars avec une force de
frottement de joints de tige de 55 N. Ces résultats montrent que le frottement dû aux joints de
piston est plus important que celui des joints de tige dans les conditions de pression d’air.
L’effet de la vitesse sur le frottement dépend des conditions de pression d’air dans la chambre.
Par exemple, à la pression atmosphérique, la force de frottement est multipliée par deux lorsque
la vitesse passe de 50 mm/s à 300 mm/s. Ce taux d’augmentation croît de manière significative
avec l’augmentation de la pression dans la chambre. Il atteint 3,4 à une pression d'air de 10 bars.
121
Figure 100 : Force de frottement en fonction de la pression et de la vitesse
122
Figure 102 : Force de frottement en fonction de la pression et de la vitesse pour différents diamètres de cylindre
123
On constate une augmentation quasi-linéaire de la force de frottement en fonction de la
vitesse quels que soient le diamètre du cylindre et le sens du mouvement.
La Figure 103 compare les forces de frottement obtenues pour différents diamètres du joint U
dans les conditions de pression atmosphérique et de différentes vitesses de tige. La force de
frottement en entrée de tige est plus élevée qu’en sortie. Ceci est peut-être dû à la forme
géométrique asymétrique du joint U. Généralement, les différences de forces de frottement
obtenues pour l’ensemble des diamètres de cylindre sont relativement faibles et présentent une
légère augmentation avec la vitesse.
124
Figure 104 : Évolution de la force de frottement en fonction du diamètre du cylindre (pression
atmosphérique)
Les Figure 105 et 106 montrent l'évolution de la force de frottement des joints Quadrilobes
(X100) et Torique (O100). Pour le joint U100, les résultats sont déjà présentés dans la Figure 102.
Comme nous pouvons le constater, la force de frottement augmente linéairement avec la pression
et la vitesse pour les différentes sections de joint. Pour les joints O100 et X100 l’entrée et la sortie
de tige présentent un comportement de frottement quasi-similaire.
Figure 105 : Force de frottement en fonction de la pression pour le joint piston Quadrilobes
(X100)
125
Figure 106 : Force de frottement en fonction de la pression et de la vitesse pour le joint piston
(O100)
L’effet de la pression d’air sur le frottement du joint U est nettement supérieur à celui sur les
joints O100 et X100 avec un rapport qui peut atteindre 2. Ceci est attendu, vu la forme
géométrique du joint U et l’effet de la pression d’air qui plaque les deux lèvres sur les surfaces de
contact.
La charge radiale au montage est plus importante pour le joint O100 que pour le joint U100
(voir le Tableau 14). Par conséquent, la force de frottement du joint torique est plus élevée que
celle du joint U. Puis, avec l’effet de la pression d’air, la force du joint U devient supérieure à celle
du joint torique. Cela est dû à l'augmentation avec la pression pneumatique de la zone de contact
joint/cylindre beaucoup plus importante dans le cas du joint U.
126
Figure 107 : Comparaison de la force de frottement pour joints piston 100mm (X100, U et
O100) en fonction de la pression, a) avec serrage, b) sans serrage.
L’effet du design du joint sur la force de frottement est étudié aussi pour le joint de tige (voir
les tests 9 et 10 dans le Tableau 13).
Les Figure 108 et 109 montrent respectivement les courbes de force de frottement pour le
joint en U (U25) et le joint torique (O25).
Comme nous pouvons le constater, la force de frottement augmente quasi linéairement avec la
vitesse pour les deux joints. La force de frottement des joints de tige augmente avec
l'augmentation de la pression. Enfin, la différence de force de frottement entre l'entrée (l'instroke)
et la sortie (outstroke) est négligeable pour le joint torique mais pas pour U25.
127
Figure 108 : Force de frottement pour joint U de tige en fonction de la pression et de la vitesse
Figure 109 : Force de frottement pour joint torique (O25) de tige en fonction de la pression et de
la vitesse
La Figure 110 présente la comparaison entre deux profils de joints de tige de diamètre 25 mm
à vitesse constante ±100 mm/s et à différentes pressions d’air. Comme nous pouvons le
constater, la force de frottement du joint torique est supérieure à celle du joint U. Cela peut
s'expliquer par la différence de la section des joints avec plus de souplesse de la lèvre du joint U
et aussi par la différence de l'interférence de montage entre les deux joints. Le taux
d'augmentation de la force de frottement du joint U est supérieur à celui du joint torique : lorsque
la pression passe de 1 bar à 10 bars, la force de frottement augmente de 41% pour le U-25 et
seulement de 29% pour le joint torique.
128
Figure 110 : Comparaison de la force de frottement pour joint tige 25mm (U et O) en fonction
de la pression, a) avec serrage, b) sans serrage.
Aussi bien pour les joints de piston (100 mm de diamètre) que pour les joints de tige (25 mm
de diamètre), le coefficient de frottement le plus élevé est observé pour les joints U. Cela peut
129
sembler contredire les résultats de la Figure 107 a) et de la Figure 110 a) qui montrent que les
joints U génèrent une force de frottement plus faible que les joints toriques. Cependant, il faut
tenir compte du fait que le serrage initial est beaucoup plus fort pour les joints toriques que pour
les joints en U. On peut également noter que, pour un même type de joint (O ou U), les
coefficients de frottement sont plus faibles si le diamètre est réduit.
Les comparaisons des variations des coefficients de frottement pour les joints de 100 mm de
diamètre montrent que le taux d'augmentation le plus élevé est observé pour le X100. En effet, si
à de faibles valeurs de G son coefficient de frottement est le plus bas des trois joints de piston, il
augmente rapidement et devient, pour les valeurs les plus élevées de G, supérieur à celui du
joint U.
130
tige et une légère augmentation en sortie de tige. Ceci peut s’expliquer par un léger
mésalignement du piston fixé sur une tige relativement longue. Les pics de frottement enregistrés
dans les zones de transition de début de course (segment 3) correspondent au changement de
signe de la vitesse. Les phases d’accélération en début de course (segment 4) et de décélération en
fin de course (segment 2) présentent également des zones de fonctionnement transitoire.
Figure 112 : Variation de la force de frottement au cours des cycles pour U100
On note que l’augmentation de la vitesse a tendance à augmenter les fluctuations et les zones
de transition de la force de frottement en début et en fin de course.
131
II.7 Paramètres impactant les mesures
Ces imprécisions se manifestent sous forme de fluctuations au niveau des courbes de pression
mesurées dans la chambre pressurisée. On distingue deux configurations possibles :
Dans ce cas, la pression montre des variations différentes entre l'entrée et la sortie de tige. En
entrée de tige (compression de la chambre d’air), le régulateur s’ouvre pour évacuer l'air
surcomprimé et maintenir la pression constante. Toutefois, cette régulation n’est pas parfaitement
assurée avec la présence des fluctuations de pression qui sont de l’ordre de 4,5% par rapport à la
pression moyenne. En sortie de tige (admission), la pression dans la chambre est maintenue
constante le long de la course. Cette différence de régulation entre l'entrée et la sortie de tige est
due à la sensibilité du régulateur utilisé qui réagit différemment entre l’admission et
l’échappement.
- Pour ces conditions de vitesse, les fluctuations de la pression sont plus importantes
que celles observées à des vitesses plus faibles.
132
Figure 115 : Variation de la pression à vitesse 100 mm/s et pression 2 bars
Afin de limiter l’effet des conditions de fonctionnement sur la qualité de visualisation, des
conditions de pression atmosphérique et de vitesse relativement faibles sont considérées.
133
Les visualisations effectuées ciblent particulièrement le comportement de la graisse sur le
piston et au niveau de la zone d'étanchéité des joints de piston ainsi que sur la paroi du cylindre
transparent.
La Figure 117, présente la zone de contact entre les joints de piston (U100) et le cylindre
transparent.
134
Figure 117 : Vue sur le piston et cylindre transparent
Ces visualisations montrent aussi une répartition symétrique de la graisse sur le piston et sur
les joints d’étanchéité. Ceci est vraisemblablement dû à la symétrie de la forme géométrique du
piston et aussi à celle de l’effet de la pression d’air (pression atmosphérique). De ce fait, dans la
suite de la présentation des résultats de visualisation, seulement la moitié du cylindre sera
considérée.
La Figure 118 présente une vue sur la zone d'étanchéité du joint. On note que la zone
d’étanchéité est une bande entourée par deux couronnes (bandes) de graisse lubrifiante. La bande
de graisse déposée sur la surface du cylindre correspond à la fin de course du joint présenté en
entrée de piston. Cette bande de graisse va être emportée (essuyée) par la lèvre du joint opposé en
sortie de piston jusqu’à la fin de sa course. Elle est donc partagée par les deux joints en fonction
du sens du mouvement.
135
Figure 118 : Distribution de la graisse au niveau de la surface du joint
La Figure 119 montre la distribution de la graisse déposée sur la paroi interne du cylindre
transparent ainsi que celle de la graisse collée sur la paroi du piston lors du mouvement. On
constate qu’au cours du mouvement du piston, la graisse collée sur le piston n’est pas en contact
avec la paroi du cylindre et ne change pas de forme (distribution) excepté en fin de course. En
conséquence, elle ne contribue pas au frottement du vérin. Aux fins de course, la graisse collée
sur le piston se mélange avec celle déposée sur le cylindre en fin de course côté extérieur.
La quantité et la forme de graisse collée sur le piston ou déposée sur le cylindre dépend de
plusieurs paramètres tels que les conditions de graissage initial, les propriétés de surface des
pièces, la rhéologie de la graisse, etc.
136
Figure 119 : Distribution de la graisse au niveau du contact et de la paroi interne du cylindre au
cours du mouvement
Le Tableau 15 illustre la répartition de graisse pour les trois phases de mouvement du piston,
sortie de piston, fin de course et entrée de piston.
137
Fin de course Dans cette phase, les deux
bandes de graisse se mélangent
en remplissant la zone d'entrée de
contact. Nous avons remarqué
que la largeur de la bande de
graisse à côté de la zone
d’étanchéité rentre en contact
avec la graisse déposée sur le
cylindre, ce qui fait que sa largeur
augmente considérablement.
Ce mécanisme contribue à la
réalimentation en graisse de la
couronne entourant la zone de
contact (zone d’étanchéité).
Pour conclure :
- La zone d’étanchéité des lèvres des joints est entourée par deux couronnes de graisse
lubrifiante.
- La couronne de graisse côté interne rentre en contact avec une bande de graisse de fin
de course collée sur la paroi du cylindre. Ceci permet d’assurer une réalimentation de
la couronne de graisse sur le côté interne de la zone de contact.
- La bande de graisse de fin de course côté interne est partagée entre les deux joints de
piston (joints à simple effet).
138
- La réalimentation de la couronne de graisse côté externe est assurée par un mélange en
fin de course entre une bande de graisse déposée sur le piston et une bande de graisse
collée sur la paroi du cylindre.
- La bande de graisse, côté extérieur, déposée sur le piston n’est pas en contact avec le
cylindre. Donc, elle ne contribue pas au frottement du vérin.
- De même, les bandes de graisse déposées sur le cylindre en fin de course (côté
extérieur et intérieur) ne contribuent pas au frottement du vérin car elles ne sont en
contact qu’avec la paroi du cylindre.
139
La Figure 121 montre le dépôt de graisse au niveau de la lèvre de raclage côté extérieur du
vérin. Cette graisse est chargée de particules de poussière d’où l’intérêt d’utiliser une lèvre de
raclage pour la protection du vérin contre la pénétration de cette poussière ou autres types de
contaminants extérieurs. En effet, la pénétration de saletés dans le vérin peut impacter la
lubrification des joints d’étanchéité et provoquer l’usure des surfaces de frottement.
La Figure 122 présente l'état des joints de piston avec la répartition de la graisse autour des
joints. On constate qu’il n’y a pas de changement considérable dans la réparation de la graisse par
rapport à la phase de montage des joints.
140
II.9 Conclusion
Dans ce chapitre nous avons présenté l’étude expérimentale menée dans le cadre de cette
thèse sur le comportement des joints d’étanchéité dynamique des vérins pneumatiques lubrifiés à
la graisse.
Le banc d’essai permet de mesurer les forces de frottement dans différentes conditions (vérins
pneumatiques industriels et conceptions de joint) pour une large gamme de vitesses et de
pressions. Les matériels utilisés lors de nos essais ont été caractérisés et étudiés. Cela sert à la
compréhension des résultats obtenus.
Un vérin pneumatique commercial, considéré dans son ensemble, a été testé pour différentes
conditions de fonctionnement (pression et vitesse). Les résultats obtenus montrent la forte
dépendance entre les fluctuations de la force mesurée et les fluctuations de la pression d’air dans
la chambre du vérin. La force de frottement moyenne sur l'ensemble du vérin augmente quasi
linéairement avec l'augmentation de la pression d'air et la vitesse de translation. La force de
frottement des joints de piston est davantage influencée par la pression d’air de la chambre que
par celle des joints de tige. De plus, l'apport de la force de frottement des joints piston sur le
frottement total est significatif par rapport aux joints de tige.
Afin de mieux expliquer les effets de la conception (diamètre et section transversale) des joints
et des conditions de fonctionnement (pression et vitesse) sur la force de frottement, des tests
supplémentaires ont été réalisés. Pour étudier les effets du diamètre, quatre diamètres de joints de
piston de forme U, venant du même fabricant et ayant le même matériau ont été testés dans
différentes conditions de pression et de vitesse. De plus, trois sections de joints piston et deux
sections de joints tige ont été étudiées, afin de voir leurs effets sur la force de frottement dans
différentes conditions de fonctionnement (pression et vitesse). Les résultats montrent que :
La force de frottement est plus influencée par la pression que par la vitesse ;
141
La force de frottement du joint en forme de U dépend fortement du sens du
mouvement et du comportement de la chambre (résistante, motrice). La force de
frottement est plus élevée lorsque la chambre est résistante plutôt que motrice ;
Les essais de visualisation ont permis d'analyser l’espace intérieur du cylindre, afin d'essayer et
de comprendre les mécanismes d’étanchéité et de lubrification des joints de piston. Nous avons
observé la formation de zones (bandes) de dépôts de graisse au niveau des fins de courses et une
zone de dépôt partagée entre les deux joints (espace entre joints) ainsi qu’une quantité de graisse
collée au piston. La visualisation in-situ a été complétée par des visualisations du vérin après
démontage ce qui nous a aidés à comprendre aussi quelques phénomènes au niveau des joints de
tige.
L'ensemble de ces données expérimentales représente une base de données pouvant être
utilisée pour la validation des modélisations théoriques des systèmes d'étanchéité utilisés dans les
vérins pneumatiques. Par ailleurs, la modélisation d'une partie de ces résultats est utilisée pour
valider la démarche numérique établie dans le chapitre suivant.
142
Chapitre III-Étude numérique
III.1 Introduction
La bibliographie a montré les limites des modèles existants et les points primordiaux à prendre
en compte dans les modèles décrivant la lubrification mixte dans les joints en élastomère. Ce
chapitre a pour vocation de présenter le modèle ElastoHydroDynamique (EHD) développé dans
cette étude. On commencera tout d’abord par présenter le modèle rhéologique qui décrit le
comportement de la graisse utilisée. Après, on décrira les procédures d'évaluation des paramètres
de contact en utilisant un calcul déterministe. Par la suite on abordera la mécanique des
structures, c'est à dire la modélisation des joints et la procédure d'identification des paramètres de
la loi de comportement à partir des données expérimentales ainsi que la mise en service du joint.
Les équations générales décrivant l'écoulement à faibles épaisseurs de films seront présentées,
ainsi que la méthode de couplage fluide-structure. La procédure de calcul sera aussi détaillée.
Enfin, les résultats des calculs seront confrontés à des résultats numériques de la littérature et aux
résultats expérimentaux présentés dans le deuxième chapitre de ce manuscrit.
La Figure 123 résume l'ensemble des paramètres pris en compte dans le modèle :
143
de trois modèles rhéologiques ainsi que les mesures expérimentales. Les trois modèles retenus
sont le modèle de puissance (équation III.1), le modèle de Bingham modifié (équation III.2) et le
modèle de Harschel-Buckley modifié (équation III.3).
µ = K 2 γ̇ n−1 (III.1)
τ0 [1−exp(−mγ̇ )]
µ = µ0 + (III.2)
γ̇
τ0 [1−exp(−mγ̇ )]
µ = Kγ̇ n−1 + + µ∞ (III.3)
γ̇
Figure 124 : Courbes d'écoulement comparatives entre lois rhéologiques avec les mesures
expérimentales
Les paramètres du modèle Herschel-Buckley modifié sont regroupés dans le tableau ci-
dessous :
Paramètre Valeur
K (Pa. s) 77.8431
n 0.4695
τ0 (Pa) 156.6850
m 1.00E+07
µ∞ (Pa.s) 0.08
144
III.3 Modélisation du contact entre les aspérités
La modélisation du contact entre des surfaces rugueuses représente un sujet complexe qui a
été largement abordé dans la littérature et qui seul pourrait faire l'objet d'une thèse de doctorat.
En même temps, l'analyse critique des études dédiées à la simulation des systèmes d'étanchéité
hydrauliques, présentée dans le chapitre bibliographique, montre que la loi de contact a une
influence très importante sur les prédictions des différents modes de lubrification. Très souvent,
dans le cas des joints en élastomère, une approche stochastique est utilisée et plus précisément le
modèle de Greenwood et Williamson [118][119]. C'est un modèle de contact élastique-linéaire :
les déformations plastiques ne sont pas considérées et le matériau a un comportement de Hooke
linéaire. Par ailleurs, on considère que la surface rugueuse est isotrope, que les aspérités ont des
sommets sphériques de même rayon et que les aspérités sont suffisamment éloignées les unes des
autres pour qu'il n'y ait pas d'interaction entre elles. À partir de quelques paramètres stochastiques
(la densité, le rayon moyen, l'écart-type et la moyenne des pics des aspérités) le modèle prédit la
variation de la pression moyenne de contact en fonction de l'épaisseur moyenne.
Les deux inconvénients principaux de tous ces modèles appliqués au cas des joints en
élastomère sont l'utilisation d'une loi de comportement linéaire et la non-considération de
l'évolution des paramètres stochastiques des surfaces lors de la variation de l'épaisseur moyenne.
La méthodologie utilisée dans ce chapitre est basée sur une modélisation numérique
déterministe du contact rugueux joint/cylindre. Ce type de méthode a déjà été utilisé par d'autres
auteurs pour différents types de contact rugueux (Chen W [126], Polonsky et Keer [127] et
Bonneau et. al. [127]) mais jamais dans le cas des joints hydrauliques/pneumatiques. Même si elle
élimine un certain nombre d'hypothèses utilisées par les modèles stochastiques, cette méthode
soulève d'autres problèmes liés au temps de calcul, à l'influence de la discrétisation de la surface et
au choix d'un échantillon représentatif.
Le point de départ de notre étude est la surfométrie de surface présentée dans le chapitre II et
obtenue pour le joint U100. L'échantillon de surface mesuré couvre seulement 0.344x0.344 mm²
de la surface de la lèvre du joint. De plus, on dispose d'un seul échantillon de surface et donc on
ne peut pas étudier la dispersion des résultats en fonction de la position de l'échantillon sur la
surface du joint.
145
La Figure 125 présente schématiquement les différents pas nécessaires à la détermination des
caractéristiques du contact. L'échantillon mesuré est premièrement traité pour suppression de
forme. Ensuite, la rugosité obtenue et discrétisée par un maillage éléments finis est importée sur
le logiciel Abaqus.
Le modèle est constitué de deux massifs en vis-à-vis : un massif supérieur avec une surface
lisse indéformable (le cylindre) et un massif inférieur avec une surface rugueuse (le joint) à
comportement hyperélastique. La Figure 126 montre une vue du maillage utilisé pour décrire la
surface rugueuse. Le pas de la discrétisation de surface est de 1 µm dans les deux directions. À
partir de la surface rugueuse, quatre couches d'éléments linéaires (brique à huit nœuds) de hauteur
variable sont générées. Pour obtenir un massif d'une hauteur suffisante, le logiciel Abaqus permet
de coller ce premier maillage à un second maillage, d'une hauteur de 1.5 mm. La face inférieure
du massif est encastrée. Les faces latérales sont bloquées suivant les directions normales.
Le massif supérieur est modélisé comme une surface analytique rigide à laquelle on applique
un déplacement incrémental. Il est initialement placé de telle manière qu'aucun contact ne se
produise entre les aspérités les plus hautes et la surface lisse. Ce positon, pour laquelle la pression
de contact est encore nulle, est choisi comme position de référence. Le massif supérieur est
descendu ensuite pas à pas. À chaque pas, un algorithme de contact sans frottement est utilisé
pour assurer la non pénétration des solides. À chaque déplacement du massif supérieur, le
programme évalue la pression de contact moyenne et l'écart-type de la surface rugueuse en
fonction de la distance h entre le massif supérieur et la hauteur moyenne des rugosités. Le calcul
s'arrête lorsque la surface rugueuse du massif inférieur devient lisse.
146
Figure 126 : Maillage du massif inférieur à surface rugueuse
Les résultats représentés sur la Figure 127, montrent la variation de la pression de contact ainsi
que l'écart-type en fonction de la distance h. On note que la pression de contact reste
relativement faible pour des épaisseurs moyennes supérieures à 0.5µm et présente une
augmentation rapide après. On note aussi une diminution importante de la valeur de l'écart-type
ce qui montre un aplatissement des rugosités avec la diminution de l'épaisseur moyenne.
Afin de pouvoir être utilisés facilement lors des calculs de lubrification, ces résultats sont
approximés par des fonctions exponentielles avec des paramètres obtenus par la méthode des
moindres carrés.
La variation de l'écart-type de la surface du joint est approximée par une fonction à deux
paramètres, E et F :
La rugosité équivalente de l'ensemble joint/ cylindre σEq (h), est donnée par la relation (III.6) :
2 2
σEq (h) = √(σjoint (h)) + (σcylindre ) (III.6)
σcylindre est la rugosité du cylindre qui, par hypothèse, reste constante et égale à 0.1 µm.
147
Figure 127 : Pression de contact et rugosité en fonction de la distance h
148
III.4.2 Loi de comportement
La modélisation du comportement mécanique des élastomères fait intervenir de grandes
déformations élastiques et un comportement quasi incompressible. Ainsi, les lois de
comportement mécanique doivent être formulées dans le cadre d'une modélisation en grandes
déformations [129], [130], [131].
Tels que :
Le modèle de Neo-Hooke est également utilisé par certains auteurs. Il présente un seul
paramètre matériau dépendant de 𝐼1 et peut décrire correctement le comportement d'un
élastomère pour des taux de déformations inférieurs à 40 % [130]:
1
𝑊(𝐶10 ) = 𝐶10 (𝐼1 − 3) + 𝐷 (𝐽𝑒𝑙 − 1)2 (III.10)
Nous pouvons également citer les modèles d'Ogden qui sont formulés à partir des
déformations principales, tels que :
2µ α α 𝛼
𝑊(µ, 𝛼) = ∑N i ̅ i ̅ i ̅ 𝑖
i=1 α2 × (λ1 + λ2 + 𝜆3 − 3) (III.11)
i
Pour avoir une caractérisation complète des matériaux de type élastomère, plusieurs données
expérimentales doivent être obtenues (Figure 128) : compression/traction uni-axiale, traction
équibiaxiale, compression plane, tests de compressibilité, etc.
149
Figure 128 : Domaine possible décrit en fonction des invariants I1 et I2 , [130]
Cependant, pour la caractérisation de notre joint, nous n'avons pu réaliser que des essais de
traction/compression uni-axiale sur des échantillons découpés des joints réels. Les résultats des
essais de traction et compression sont présentés dans le chapitre II.
Les paramètres matériaux du modèle hyperélastique sont identifiés par le logiciel Abaqus qui
permet d'évaluer le comportement d'un matériau en créant automatiquement, à partir des
données expérimentales, une réponse à l'aide de modèles sélectionnés du potentiel d'énergie de
déformation.
La Figure 129 montre la comparaison entre essais et simulations dans le cas du joint de piston
(U100).
150
Le Tableau 18 récapitule les valeurs des paramètres du modèle de comportement du joint
U100.
La discrétisation éléments finis de la géométrie est réalisée avec des éléments axisymétriques
linéaires (CAX4H). Le cylindre, l'arbre et le logement sont définis comme étant des éléments
rigides. Un raffinement du maillage est nécessaire dans les zones de contact afin d'obtenir une
bonne précision et d'éviter des problèmes de convergence.
La Figure 130 montre un exemple de maillage du joint de piston U100 et un joint de tige
torique O25.
Figure 130 : Maillages des joints pneumatiques, Joint de tige torique et joint de piston U
151
Figure 131 : Vue schématique du passage entre les mesures et la simulation
Lors de cette première étape on modélise la mise en position du joint qui va être contraint
entre son logement (la gorge) et, pour le cas d'un joint de piston, le cylindre (Figure 132). Les
interférences joint/gorge et joint/cylindre sont évaluées à partir de la métrologie du système. Du
point de vue numérique, il faut gérer deux zones de contact : joint/gorge et joint/cylindre. Pour
la première zone, on considère une simple condition de non pénétration avec un coefficient de
frottement de 0.5 (valeur relativement élevée choisie pour faciliter la convergence du calcul mais
sans effet sur les résultats au niveau de la zone d'étanchéité). Pour la deuxième zone, qui
représente la zone d'étanchéité, la pression de contact est calculée à partir de la loi établie dans le
paragraphe III.3 et qui modélise un contact rugueux entre le joint et le cylindre. Un coefficient de
frottement de 0.2 est utilisé pour cette interface.
152
Ce premier calcul permet l'approximation de la charge statique, calculée en intégrant le champ
de pression du contact joint/cylindre. Cette charge dépend de l'interférence de serrage, de la loi
de contact et de la réponse élastique du matériau. La validation de ce résultat est réalisée en
comparant les valeurs de la charge calculée avec celles données par le radiamètre (voir le chapitre
II, paragraphe II.3.5).
Lors de cette deuxième étape on va imposer une pression constante (la pression de service)
sur le côté actif du joint (Figure 133). Il faut cependant préciser que la valeur de cette pression
peut varier ensuite, lors du calcul hydrodynamique, en fonction des conditions de
fonctionnement qui doivent être simulées.
La Figure 134 montre une comparaison entre les champs de pression entre le joint et le
cylindre avant (Figure 134 a) et après l'application de la pression de service (Figure 134 b). On
note que l'application de la pression de service a comme résultat une augmentation de la charge
sur le cylindre ainsi qu'une augmentation de la zone d'étanchéité.
Figure 134 : Pression de contact joint/cylindre avant a) et après b) l'application d'une pression
de service de 1.0 MPa
153
La modélisation de l'assemblage est une étape primordiale dans la mise en place de la
modélisation numérique d'un joint pneumatique. En effet, il faut obtenir avec précision le champ
de pression de contact et la largeur de contact. La précision de ces résultats dépend
essentiellement de la loi de contact, de la loi de comportement de l'élastomère, du maillage ainsi
que des hypothèses de calcul (grandes déformations, grands déplacements, conditions aux
limites...).
Ce type de problème est fortement non linéaire. En effet, la pression déforme le joint, ce qui
modifie l'épaisseur du film lubrifiant, paramètre qui intervient au cube dans l'équation de
Reynolds. De plus, il faut aussi prendre en compte la modification de la viscosité avec le taux de
cisaillement. Par ailleurs, le modèle utilisé doit prendre en compte correctement le phénomène de
rupture et de reformation du film lubrifiant ainsi que les conditions de lubrification mixte et tout
cela en conditions transitoires.
Dans cette partie, nous présentons en détail la méthode de calcul EHD utilisée et basée sur le
couplage fort d'un logiciel commercial permettant des calculs non linéaires (ABAQUS) avec
l'équation de Reynolds. Cette approche permet d'exploiter les avantages d'Abaqus en termes de
modélisation du contact et des matériaux à comportement non-linéaire, tout en utilisant une
modélisation de l'écoulement de type film mince.
154
- Le domaine fluide est continu,
- L'écoulement est laminaire,
- Les forces massiques extérieures et d'inertie au sein du film lubrifiant sont
négligeables,
- Le glissement aux parois est négligeable,
- L'épaisseur du film lubrifiant est faible par rapport aux autres dimensions du domaine,
- Les rayons de courbure du joint sont suffisamment grands par rapport à l'épaisseur
moyenne du film,
- Le fluide est incompressible.
Par ailleurs, on fait aussi le choix d'un domaine d'étude axisymétrique, c'est-à-dire
unidimensionnel.
Pour mieux comprendre les hypothèses associées à notre étude, considérons un film mince
continu de lubrifiant séparant deux surfaces : la surface du cylindre et la surface du joint (Figure
135). Dans un référentiel cartésien OXY la direction Y correspond à l'épaisseur du film et la
direction X correspond à la position axiale du joint. Les composantes de la vitesse des surfaces
sont nulles, sauf la vitesse de la surface du cylindre U qui est positive suivant la direction X. En
admettant que les effets thermiques sont négligeables, la viscosité dynamique dépend seulement
du taux de cisaillement ce qui veut dire qu'elle varie à travers l'épaisseur du film et la largeur de
contact.
Comme dans le cas des joints pneumatiques, l'épaisseur du film et la rugosité des surfaces sont
de même ordre de grandeur (régime mixte), la modélisation de l’écoulement doit prendre en
compte la microgéométrie des deux surfaces antagonistes.
Dans notre travail nous ne nous intéressons qu'aux modèles stochastiques. Une forme
modifiée de l’équation de Reynolds est employée : des facteurs correctifs (dits « facteurs
d’écoulement »), calculés à partir des paramètres stochastiques sont ajoutés afin de prendre en
compte de façon stochastique l’influence de la rugosité.
L’approche a été introduite par Tzeng et Saibel [132] en 1967, lors de l’étude
unidimensionnelle d’une butée ayant une rugosité transversale. Elle a été ensuite améliorée par
Christensen [133], en 1971 par Christensen et Tonder [134], en 1974 par Rhow et Elrod [136] et
en 1976 par Chow et Cheng [137].
Cependant, ce sont les travaux de Patir et Cheng [138], [139]de 1978 et 1979 qui ont été
déterminants dans l’évolution ultérieure de la recherche sur la lubrification mixte. Ils proposent
d’intégrer trois facteurs d’écoulement supplémentaires dans l’équation de Reynolds (deux facteurs
de pression, ϕx et ϕy , et un facteur de cisaillement, ϕs ) . L'équation 15 s'écrit sous la forme :
Les facteurs d'écoulement ϕx et ϕs sont donnés en fonction du rapport h/σ et d'un facteur
élongationnel γ, défini par Peklenik [140] comme le rapport entre les longueurs de corrélation λ0.5x
156
et λ0.5y. Le λ0.5 est la longueur pour laquelle la fonction d'auto-corrélation du profil diminue de
50% de sa valeur initiale. Il est important de préciser que dans les calculs présentés plus tard dans
ce chapitre, la valeur de l'écart-type σ n'est pas constante mais dépend de l'épaisseur moyenne
suivant la variation présentée sur la Figure 127.
L'algorithme utilisé par la suite a été proposé par Hajjam et Bonneau en 2001. Ils assurent une
gestion de la rupture et la reformation du film lubrifiant dans le contact joint/cylindre. Il satisfait
la conservation du débit massique respectant le modèle de JFO[140] .
L'équation (III.16) doit être vérifiée dans les zones actives (zones sous pression). Pour les
zones inactives (zones de rupture) la pression est constante, égale à la pression de cavitation Pcav.
Dans ce cas, l'équation qui gouverne cette zone est donnée par l'équation de conservation du
débit massique :
U ∂ρm h ∂ρm h
+ = 0 (III.17)
2 ∂x ∂t
En définissant le remplissage r par:
ρm
r= h (III.18)
ρ
F t = F h + F s (III.23)
où F T , est la force du frottement total, F h est force du frottement visqueux et F s est la force
du frottement dû au contact.
L L
F s = πd ∫0 τs dx = πd ∫0 µs P s dx (III.24)
y = 0, u = U
{ (III.27)
y = h, u = 0
∂p J I
u(x, y, t) = (I1 − I0 J1 ) + U (1 − J0 ) (III.28)
∂x 0 0
h ξn
Jn (x, t) = ∫0 dξ (III.29)
µ(x,ξ,t)
y ξn
In (x, t) = ∫0 dξ (III.30)
µ(x,ξ,t)
158
En reportant l'expression de la vitesse dans l'expression du cisaillement et en remplaçant les
intégrales I0 , I1 , J0 , J1 dans l'expression du cisaillement on peut écrire :
∂p J Ur
τh = Φfp ∂x (y − J1 ) − J (Φf − Φfs ) (III.31)
0 0 h
L ∂p J Ur
F h = πd ∫0 (Φfp ∂x (y − J1 ) − J (Φf − Φfs )) dx (III.32)
0 0 h
Le débit de fuite nette est la différence de débit entre la sortie (outstroke) et l'entrée (instroke).
III.5.2.3 La charge
La charge totale W t supportée par le joint est la superposition de la charge due au contact entre
aspérités W s et la charge générée par la pression hydrodynamiqueW h .
Wt = Ws + Wh (III.34)
La charge due aux contacts entre aspérités est donnée par l'équation (III.35),
L
W s = πd ∫0 P s dx (III.35)
159
III.5.3 Formulation de l’élément de l'interface hydrodynamique
Le logiciel Abaqus permet d'ajouter, à l'aide des interfaces spécifiques, (sous-programmes
User Element) de nouveaux types d'éléments non-prévus initialement. C'est cette possibilité qui a
été exploitée pour créer le couplage entre l'équation de Reynolds et les autres éléments
constituant le maillage des solides.
Les nœuds à la surface du joint en contact avec le lubrifiant sont les nœuds qui appartiennent à
ce nouvel élément nommé "Élément de l'interface hydrodynamique" ou "Élément Utilisateur
Reynolds" (EUR). À chaque pas de calcul, l'EUR doit fournir au solveur d'Abaqus le vecteur de
force nodale {F P } résultant du champ de pression hydrodynamique. De plus, comme la
résolution du système global est réalisée par un processus Newton-Raphson, l'EUR doit aussi
fournir une matrice de raideur [K h ] qui est la dérivée des forces nodales par rapport aux
déplacements de chaque nœud de l'élément.
hi = R − (ui + yi ) (III.38)
Pour les besoins d'Abaqus, les valeurs de la pression doivent être converties en forces nodales.
Elles peuvent être calculées avec l'expression ci-dessous :
{F P } = [S]{P} (III.40)
160
Figure 136 : Discrétisation de la zone d'étanchéité pour un contact EHD
Matrice de raideur
La matrice de raideur de l'élément hydrodynamique [K h ] est calculée à partir de la dérivée
totale du vecteur des forces nodales {F P } par rapport au vecteur des déplacements nodaux ũ :
ũ = {u1 , v1 , … , un , vn }T (III.41)
Pour les nœuds se retrouvant dans les zones actives, la pression est calculée à partir de
l'équation (III.39) :
On peut écrire le terme source comme {B} = [Bℎ ]{h} où {h} représente le vecteur de
l'épaisseur du film. L'équation III.43 devient :
hi = {h1 , h2 , … , hN }T (III.46)
La dérivée des forces nodales par rapport aux déplacements est donnée par :
dFp dP dh dP dh
[K h ] = [ dũ ] = [S] [dh] [dũ] = [S] [dh] [dũ] = −[S][K f ]−1 [Bh ] (III.48)
161
Il faut préciser que les termes de la matrice [K h ] correspondant à des nœuds situés dans la
zone inactive sont considérés comme nuls.
Abaqus transmet le temps de calcul, les positions et les déformations nodales de l'élément
hydrodynamique au sous-programme EUR. Au niveau du sous-programme l'épaisseur du film est
calculée ainsi que la rugosité et les coefficients d'écoulement directement liés à cette épaisseur. Le
pas suivant est représenté par le calcul de l'équation de Reynolds donnant le champ de pression
hydrodynamique ainsi que la répartition des zones actives/inactives. Cette étape est réalisée par
un algorithme itératif car, une fois le calcul de D (l'inconnu de l'équation de Reynolds) effectué, il
faut vérifier que les valeurs obtenues sont compatibles avec les inéquations données par les
expressions III.21 et III.22 et qu'il y a stabilité de la partition active/inactive du domaine de
calcul. Dans le cas d'un fluide non newtonien, à chaque itération, il faut aussi mettre à jour les
162
valeurs de la viscosité du lubrifiant, dépendant directement du nouveau champ de pression. Cette
mise à jour est aussi le résultat d'un calcul itératif car, à pression constante, la viscosité dépend du
taux de cisaillement, qui est dépendant, à son tour, de la viscosité.
163
Figure 137 : Algorithme de calcul
164
III.6 Validation Numérique du modèle
Pour la validation du modèle numérique développé dans ce chapitre, nous avons effectué des
comparaisons avec les résultats présentés par T. Schmidt et al [96]. L'application visée est un
système d'étanchéité hydraulique constitué d'un joint d'étanchéité en élastomère et d'une tige en
mouvement de translation alternatif (voir la Figure 138).
Figure 138 : a) Éléments dimensionnels du modèle, b) O-ring, tige et logement avec le maillage,
c) assemblage du joint O-ring, d) déformation du joint sous l'effet de la pression du fluide
Le maillage du joint est effectué avec des éléments linéaires quadratiques (CAX4H). En raison
du comportement incompressible du matériau, la formulation de l'élément hybride avec un degré
de liberté supplémentaire est utilisée. Le maillage est raffiné dans les zones de contact joint/tige
et joint/logement (Figure 138.b).
L’écoulement du fluide dans la zone d’étanchéité est décrit par l’équation de Reynolds. La
viscosité dynamique du lubrifiant est µ = 0.01Pa. s ; la vitesse de translation de la tige est
maintenue constante à ±100mm/s. La pression du cylindre est de 1MPa. Le comportement
mécanique du joint considéré est décrit par le modèle de Neo-Hooke, avec les coefficients C10 =
1.064MPa et D1 = 0.001 MPa. L'interaction "normale" de contact joint/tige est décrite par une
165
variation exponentielle de la pression de contact en fonction de l'épaisseur moyenne : la pression
de contact est de 15 MPa pour un jeu nul et décroit à zéro pour des épaisseurs supérieures à
0.7µm. Le coefficient de frottement est égal à 0.1.
Les éléments dimensionnels et les différents paramètres du modèle sont regroupés dans la
Figure 138.a. Les calculs ont été effectués à une température constante.
Montage : Le joint d'étanchéité est monté dans son logement (gorge) en considérant des
propriétés de contact sans frottement (Figure 138. c).
Résultats
La Figure 139 et la Figure 140 présentent les variations de la pression hydrodynamique et de
contact ainsi que celles de l'épaisseur du film en fonction de la largeur de contact. Les résultats
ont été obtenus avec le modèle présenté dans ce chapitre et comparés aux résultats publiés T.
Schmidt et al.[96]. On désigne par h l’épaisseur du film, Ph la pression hydrodynamique et Pc la
pression de contact entre les aspérités.
Figure 139 : Comparaison entre les résultats du modèle et T.Schmidt et al [141]dans le cas
Outstoke (Sortie tige)
166
Figure 140 : Comparaison entre les résultats du modèle et T.Schmidt et al Erreur ! Source du
renvoi introuvable.dans le cas Instroke (Entrée tige)
On note une très bonne concordance entre les prédictions obtenues par les deux modèles. Les
différences peuvent être facilement expliquées par le maillage du joint qui n'est pas identique et
surtout par le fait que le modèle de T. Schmidt et al [96] utilise une méthode de résolution
approximative de l'équation de Reynolds. Par ailleurs, il faut noter que le lien entre la pression de
contact et l'épaisseur de film présenté par T. Schmidt et al. Erreur ! Source du renvoi
introuvable. ne s'explique pas par la loi de contact utilisée, ce qui suggère certaines inexactitudes
dans la présentation de leurs résultats.
Comportement du fluide
Le joint est théoriquement lubrifié avec un fluide non-newtonien (graisse). Le comportement
rhéologique est donné par la loi de Harschel-Buckley modifiée (Équation 3). Les paramètres du
modèle sont :
167
Paramètre Valeur
K (Pa. s) 77.8431
n 0.4695
τ0 (Pa) 156.6850
m 1.00E+07
µ∞ (Pa.s) 0.05 ou 0.08
Loi de contact
La pression de contact est définie par la fonction exponentielle donnée par l'équation 5 ; les
paramètres sont :
Paramètre Valeur
A 1.3151E-06
B -1.5427
C 1.1069
D 0
Rugosité
La rugosité du joint varie exponentiellement en fonction de l'épaisseur moyenne (Équation 4) ;
les paramètres sont :
Paramètre Valeur
E 0.6849
F 1.8476
σint,joint 0.7 µm
σarbre 0.1 µm
Conditions de montage
La géométrie du joint et les conditions du montage sont résumées dans le tableau ci-dessous
ainsi qu'illustrées dans la Figure 141 :
168
Vérin ISO 15551 Gorge joints piston Charge Section
Figure 141 : Éléments dimensionnels du modèle (les valeurs sont données en millimètres)
Loi de comportement
Les paramètres et le modèle du comportement mécanique du joint sont résumés dans le
tableau ci-dessous :
Assemblage du joint
La Figure 142 a) montre la géométrie du joint mis en position dans le cylindre. La Figure
142 b) montre la pression de contact ainsi que l'épaisseur de film joint/cylindre. Ce premier calcul
permet une approximation de la charge sur le cylindre obtenue par l'intégration du champ de
pression de contact. La comparaison de cette intégrale avec la charge mesurée avec le radiamètre
(118 N) permet un premier calibrage du modèle numérique.
169
Figure 142 : Épaisseur du film et pression de contact dans le cas de l'assemblage
Conditions de vitesse
La Figure 143 présente la variation de la vitesse relative joint/cylindre en fonction du temps.
Deux vitesses ont été investiguées : 40mm/s et 100mm/s, suivant un profil trapézoïdal, avec un
temps d'accélération et de décélération égal à 0.1 s et un palier de vitesse constante d'une durée de
0.4 s.
170
épaisseurs de film sont très faibles (de l'ordre du µm), il est considéré que seule l'huile de base
peut entrer dans le contact et le lubrifier. Cependant, cette hypothèse n'a jamais été confirmée
expérimentalement.
- La force de frottement générée par le contact entre les aspérités est plus importante
pendant l'entrée que pendant la sortie du piston.
- La force de frottement visqueuse est quasiment la même pendant l'entrée et la sortie
du piston.
- La force de frottement totale est plus importante pendant l'entrée que pendant la
sortie du piston.
- La force de frottement de contact générée par le contact entre les aspérités est
supérieure à la force de frottement visqueuse, ce qui permet de conclure que le joint
fonctionne en régime mixte.
La Figure 145 présente l'évolution du débit de fuite au cours du temps. On remarque que
l'évolution du débit de fuite suit l'évolution de la vitesse. Il est plus important pendant la phase de
sortie.
171
Figure 145 : Évolution du débit au cours du temps
Afin de mieux interpréter les résultats de la Figure 144 et de la Figure 145, nous avons suivi
l'évolution de la pression hydrodynamique, de la pression de contact et de l'épaisseur du film dans
la phase d'entrée (zone 1 sur la Figure 144) et la phase de sortie (Zone 2 sur la Figure 144).
172
Figure 146 : Pression hydrodynamique et pression de contact, épaisseur du film et remplissage
dans le cas entrée et sortie du piston.
Les résultats présentés dans le paragraphe précédent semblent être cohérents. Cependant, une
comparaison des forces de frottement prédites par le modèle avec celles mesurées sur le banc
expérimental (voir chapitre II) montre que la simulation numérique sous-estime fortement les
valeurs expérimentales. Il faut donc essayer de comprendre ces différences.
Lors des essais de visualisation présentés dans le chapitre 2 (paragraphe 7) nous avons
constaté qu'à pression atmosphérique et sauf les fins de cours, le contact est seulement alimenté
par une couche de lubrifiant déposée sur le cylindre. Or, pour les résultats présentés au-dessus,
on impose toujours un remplissage à 100% au niveau des limites de la zone d'étanchéité.
173
- Le lubrifiant est toujours newtonien à viscosité dynamique constante et égale à
0.08Pa.s.
Cependant, si le calcul est répété sur un nombre de cycles, encore plus important, on va
complètement "vider" le contact et on tend vers une situation fortement sous-alimentée,
accompagnée par une augmentation très importante de la force de frottement total. Du point de
vue expérimental, cela n'a pas été observé car, très rapidement (après quelques cycles initiaux), la
valeur de la force de frottement totale n'évolue plus d'un cycle à un autre (voir le chapitre II –
paragraphe II.5).
En se basant encore sur l'observation expérimentale, on peut noter que pendant les fins de
course, la bande de graisse déposée sur le cylindre (voir la figure 77 – chapitre II) vient alimenter
le contact ce qui évite une perte totale de lubrification. On peut alors faire l'hypothèse qu'à partir
d'une certaine valeur, la valeur de remplissage imposée comme condition à la limite ne peut plus
diminuer.
174
Figure 147 : Évolution de la force de frottement en fonction du temps
Figure 148 : Pression hydrodynamique et pression de contact pour différents remplissages dans
le cas entrée (a) et sortie (b) du piston.
Figure 149 : Épaisseur du film et remplissage pour différents remplissages dans le cas entrée (a)
et sortie (b) du piston.
175
III.7.2.1.1 Influence de la viscosité et du remplissage sur le frottement
Suite aux calculs présentés dans le paragraphe précédent, on note que, pour obtenir des
prédictions de la valeur de la force de frottement de même ordre que les mesures expérimentales,
il faut appliquer une condition de sous-alimentation aux bords de la zone d'étanchéité.
Cependant, la valeur du remplissage à imposer n'a pas pu être mesurée ou approximée
expérimentalement. En conséquence, dans ce chapitre on va analyser l'influence de deux valeurs
différentes du remplissage sur les prédictions de la force de frottement.
Par ailleurs, la valeur de la viscosité dynamique du lubrifiant n'est pas non plus connue. Donc,
afin de comprendre son influence sur le comportement du joint, on a choisi de faire des
simulations pour deux valeurs différentes de viscosité.
Effet de la viscosité
La Figure 150 présente une comparaison de la force de frottement calculée pour deux
viscosités dynamiques différentes : 0.05 Pa.s et 0.08 Pa.s. Pour les deux cas, on impose un
remplissage de 0.45 µm aussi bien en entrée qu'en sortie du piston. La Figure 150.a présente
l'évolution de la force de frottement totale et de celle générée par le contact entre les aspérités. La
Figure 150.b présente l'évolution de la force de frottement générée par le cisaillement visqueux.
176
Figure 150 : Effet de la viscosité sur la force de frottement.
Afin de mieux comprendre les résultats présentés sur la Figure 150, la Figure 151 et la Figure
152 montrent les champs de pression de l'épaisseur du film pendant l'entrée et la sortie du piston.
Pour l'entrée (Figure 151 a) on note que l'augmentation de la viscosité conduit à une légère
augmentation de la pression hydrodynamique ainsi qu'une augmentation de l'épaisseur du film.
En conséquence, la pression de contact diminue légèrement, ce qui explique la diminution du
frottement généré par le contact.
Pour la sortie du piston (Figure 151 b) on note une légère augmentation de la pression
hydrodynamique maximale avec l'augmentation de la viscosité. Cependant, il y a aussi des zones
où la pression hydrodynamique calculée avec une viscosité de 0.08 Pa.s est plus faible que celle
calculée avec une viscosité de 0.05 Pa.s. En effet, l'intégrale du champ de pression
hydrodynamique (la portance hydrodynamique) n'est pas vraiment influencée par l'augmentation
de la viscosité et, en conséquence, l'épaisseur du film ainsi que la pression de contact ne sont pas
non-plus influencées par le changement de la viscosité. L'augmentation de la force de frottement
totale est simplement expliquée par l'augmentation du cisaillement visqueux générée par
l'augmentation de la viscosité.
Figure 151 : Effet de la viscosité sur la pression hydrodynamique et la pression de contact dans
les cas entrée (a) et sortie (b) du piston.
177
Figure 152 : Épaisseur du film et remplissage pour les deux viscosités dans les cas entrée (a) et
sortie (b) du piston.
Il est important de noter qu'une augmentation de 60% de la viscosité dynamique n'a qu'une
très faible influence sur la portance hydrodynamique et donc sur l'épaisseur du film. En effet, le
principal paramètre qui contrôle l'épaisseur du film est la valeur du remplissage imposée sur les
bords du domaine de calcul. Même si la viscosité (ou la vitesse – voir le paragraphe suivant)
augmente de manière significative, l'épaisseur du film ne pourra pas augmenter au-delà de la
valeur du remplissage imposée.
Effet du remplissage
En conséquence, il est intéressant de comprendre quelle est l'influence de la valeur du
remplissage sur les prédictions numériques. La Figure 153 montre la variation de la force de
frottement pour deux valeurs différentes du remplissage : 0.45µm et 0.5µm. La viscosité du fluide
est de 0.08 Pa.s.
Les résultats montrent que l'augmentation du remplissage conduit à une diminution de la force
de frottement totale ainsi que de la force de frottement générée par le contact entre les aspérités,
aussi bien en entrée qu'en sortie du piston. Cela s'explique par une augmentation logique de
l'épaisseur de film avec la valeur du remplissage (voir Figure 155). On note aussi que l'écart entre
la force de frottement totale calculée pendant la sortie, comparée à la celle calculée pendant
l'entrée se réduit lorsque le remplissage diminue.
178
Figure 153 : Comparaison de la force de frottement dans le cas de remplissage différent
La Figure 154 montre le champ de pression hydrodynamique ainsi que celui de pression de
contact pour l'entrée et la sortie du piston. Il peut être surprenant de constater que, pour la valeur
plus élevée du remplissage, la pression hydrodynamique est légèrement plus grande, même si
l'épaisseur du film est plus grande aussi. En effet, plus de lubrifiant à l'entrée du contact conduit à
un point de formation du film hydrodynamique plus en aval et aussi à une zone active (sous
pression) plus étendue (voir aussi la Figure 155). Cela favorise la création d'une pression
hydrodynamique plus élevée. Concernant la pression de contact, elle diminue logiquement avec
l'augmentation de la valeur du remplissage car l'épaisseur du film augmente.
Figure 154 : Pression hydrodynamique et pression de contact pour différents remplissages pour
l'entrée (a) et la sortie (b) du piston.
179
Figure 155 : Épaisseur du film et remplissage pour différents remplissages dans le cas entrée (a)
et sortie (b) du piston.
Il faut souligner le fait que les prédictions numériques dépendent fortement de trois
paramètres qui sont le coefficient de frottement (égal à 0.2 pour les simulations présentées), la
viscosité du lubrifiant et la valeur du remplissage. Les valeurs de ces paramètres n'ont pas été
mesurées expérimentalement et donc peuvent être différentes de celles utilisées lors des
simulations. Pour prendre un exemple, si on impose une valeur de 0.29 au coefficient de
frottement, la force de frottement totale prédite numériquement va être très proche de celle
mesurée expérimentalement.
On considère donc que qualitativement, les comparaisons sont satisfaisantes. De plus, on peut
noter que le modèle numérique prédit une force de frottement plus élevée à l'entrée du piston, ce
qui est également observé expérimentalement.
180
Figure 156 : Comparaison des résultats de simulation avec l'expérimentation
Le premier résultat présenté sur la Figure 157 montre une comparaison de la force de
frottement calculée pour 40 mm/s et 100 mm/s. On ne considère ici que la viscosité à une valeur
de 0.08 Pa.s et le remplissage imposé sur les bords du domaine de calcul soit, de 0.45 µm.
On constate une augmentation significative du frottement total pour les deux directions de
mouvement. Cette augmentation est essentiellement due à l'augmentation du frottement
visqueux, car le frottement généré par le contact entre les aspérités est légèrement plus faible
pendant l'entrée et presque le même pendant la sortie. En effet, on note qu'une augmentation de
150 % de la vitesse génère une augmentation de 150 % de la force de frottement visqueuse. Cela
conduit à une augmentation de la force de frottement totale de 20% en entrée et de 25% en sortie
du piston.
La Figure 158 montre les champs de pression correspondant aux deux conditions de
fonctionnement. On note que la pression hydrodynamique est très faiblement influencée par
l'augmentation de la vitesse et cela pour les deux directions du mouvement. Les épaisseurs de
film, représentées sur la Figure 159 montrent aussi de très faibles variations avec la vitesse de
translation. À nouveau, on constate que les paramètres de contact lubrifié sont contrôlés par la
valeur du remplissage qui impose pratiquement la valeur de l'épaisseur de film. Même si elle reste
faible, l'influence de la vitesse peut être vue seulement pendant la course d'entrée du piston :
181
légère diminution de la pression de contact et augmentation de l'épaisseur du film avec
l'augmentation de la vitesse.
La faible diminution de la force de frottement de contact en entrée s'explique par une faible
augmentation de la pression hydrodynamique (Figure 158.a) ce qui fait augmenter la portance
hydrodynamique et soulève le joint (Figure 159.a) et conduit à la diminution de la pression de
contact (Figure 158.a). Pendant la sortie, la pression hydrodynamique et de contact (Figure 158.b)
ainsi que l'épaisseur du film (Figure 159.b) ne varient pas, ce qui explique pourquoi la force de
frottement de contact en sortie reste quasiment la même pour les deux vitesses.
Figure 158 : Pression hydrodynamique et pression de contact pour les vitesses 40 et 100mm/s
dans les cas entrée (a) et sortie (b) du piston.
182
Figure 159 : Épaisseur du film et remplissage pour les vitesses 40 et 100 mm/s dans les cas
entrée (a) et sortie (b) du piston.
183
Figure 161 : Pression hydrodynamique et pression de contact pour deux viscosités dans les cas
d'entrée (a) et de sortie (b) du piston.
Figure 162 : Épaisseur du film pour les viscosités 0.05Pa.s et 0.08Pa.s dans les cas entrée (a) et
sortie (b) du piston.
184
Pour conclure la présentation des résultats obtenus avec une pression de service nulle, on peut
affirmer que, du point de vue qualitatif, le modèle décrit correctement la réalité. Cependant, on
doit aussi souligner le fait que les prédictions numériques sont très sensibles aux valeurs de la
quantité de fluide présente sur le cylindre, de la viscosité du fluide ainsi que du coefficient de
frottement sec joint/cylindre.
Dans ce paragraphe on étudie le comportement du joint pour une pression de service de 1 bar.
L'application de cette pression a une influence sur la géométrie de la zone d'étanchéité. La Figure
163 présente la pression de contact et l'épaisseur du film avant et après l'application de la
pression. On note que la pression maximale ainsi que l'épaisseur minimale restent quasiment les
mêmes. En même temps, la largeur de la zone d'étanchéité augmente sensiblement : si cette zone
est définie comme la largeur du joint pour laquelle la pression de contact n'est pas nulle, on peut
calculer une augmentation d'environ 50%.
Suite aux observations expérimentales présentées dans le chapitre II, on note qu'en présence
d'une pression de service, une bande de graisse est toujours présente à l'entrée de contact : cette
bande "suit" le joint aussi bien pour un mouvement d'entrée que pour un mouvement de sortie
du piston. Cependant, de l'autre côté de la zone d'étanchéité, comme la pression est égale à la
pression atmosphérique, le contact est toujours sous-alimenté.
185
Ainsi, pour la modélisation numérique on va appliquer, côté pression de service, une
alimentation en film complet. Cette condition va influencer les calculs durant la course d'entrée.
Pour la course de sortie, on va imposer toujours une condition de sous-alimentation, avec une
valeur du remplissage calculée durant la course d'entrée.
La Figure 164 montre la variation du frottement calculée pendant deux cycles d'entrée/sortie.
On note que la force de frottement totale est largement supérieure durant l'entrée du piston.
Cette différence s'explique par un frottement visqueux très important pendant le mouvement
d'entrée. Le frottement généré par le contact est d'ailleurs légèrement plus élevé durant la sortie
du piston.
Il est aussi intéressant de noter que si pendant l'entrée la plupart du frottement est générée par
le cisaillement visqueux, pendant la sortie, c'est le frottement généré par le contact qui est plus
important.
Figure 164 : Force de frottement pour une combinaison de fluide non newtonien en entrée et
newtonien en sortie.
Comme on peut le noter sur la Figure 165 a), les champs de pression hydrodynamique ne sont
pas très différents entre l'entrée et la sortie du piston. Cependant, une différence non négligeable
est observée pour les champs de pression de contact. C'est d'ailleurs ce qui explique les
différences de frottements générés par le contact, représentés sur la Figure 164. Les épaisseurs de
186
film sont représentées sur la Figure 166. On remarque des valeurs plus importantes pour l'entrée
du piston.
Figure 165 : Pression hydrodynamique (a)et pression de contact (b) pour le cas d'un fluide non
newtonien en entrée et newtonien en sortie
Figure 166 : Épaisseur du film et remplissage dans les cas entrée et sortie du piston.
La comparaison avec les résultats expérimentaux (voir la Figure 170) montre que les
prédictions numériques présentées ci-dessus sous-estiment largement le frottement. En effet,
pour l'entrée du piston, la viscosité apparente du lubrifiant est relativement importante ce qui
conduit à une portance hydrodynamique capable de soulever le joint jusqu'à des épaisseurs de
l'ordre du micromètre. À ce niveau d'épaisseur, les pressions de contact sont relativement faibles
et le frottement est dominé par la composante visqueuse. Pour la sortie, l'épaisseur de film est
contrôlée par le remplissage imposé en entrée de contact et calculé lors de l'entrée du piston.
C'est la raison qui fait que les épaisseurs représentées sur la Figure 166 ne sont pas très
différentes. Mais, comme le lubrifiant a une viscosité plus faible, le frottement total est réduit
drastiquement. Ce résultat est en contradiction avec les mesures expérimentales qui montrent peu
de différences entre les deux directions de mouvement (avec un frottement légèrement supérieur
pendant l'entrée).
Afin de chercher une explication aux résultats expérimentaux, nous faisons par la suite
l'hypothèse d'une lubrification de la zone d'étanchéité par un fluide newtonien de viscosité
187
constante (même hypothèse faite lors des simulations effectuées avec une pression de service
nulle). Cependant, à cause de la présence de la graisse, nous considérons toujours que pendant
l'entrée du piston, l'alimentation est réalisée en film complet quand, pendant la sortie, le contact
est seulement alimenté par la quantité du fluide déposé sur le cylindre durant l'entrée. Deux
viscosités différentes de 0.05Pa.s et 0.08 Pa.s seront utilisées.
Comme on peut le constater sur la Figure 167, le frottement total est du même ordre de
grandeur pour les deux directions de mouvement et diminue avec l'augmentation de la viscosité.
On note que la force de frottement générée par le contact entre les aspérités diminue d'environ
25% pour les deux directions du mouvement lorsque la viscosité est augmentée de 60%. La force
de frottement visqueuse augmente de 30% lorsque la viscosité est augmentée de 60%.
L'analyse des champs de pression représentés sur la Figure 168 montre que pour les deux
directions de mouvement l'augmentation de la viscosité conduit à une augmentation de la
portance hydrodynamique qui se traduit par une augmentation de l'épaisseur (voir la Figure 169)
et par une diminution de la pression de contact.
Figure 168 : Pression hydrodynamique et pression de contact pour deux viscosités dans les cas
d'entrée (a) et de sortie (b) du piston.
188
Figure 169 : Épaisseur du film et remplissage pour les viscosités 0.05Pa.s et 0.08Pa.s dans les cas
entrée (a) et sortie (b) du piston.
Une comparaison des forces de frottement mesurées expérimentalement avec les prédictions
numériques est faite sur Figure 170. Pour tous les cas, les valeurs expérimentales sont plus élevées
que les prédictions numériques. Les différences sont relativement importantes, ce qui peut mettre
en doute la validité de la modélisation numérique ou, surtout, les données d'entrée utilisées lors
des calculs.
La modification de la vitesse n'a qu'une faible influence sur les valeurs du frottement total.
Encore plus important et contrairement aux mesures expérimentales (Figure 174), l'augmentation
189
de la vitesse conduit à une diminution de la force de frottement. Elle s'explique par
l'augmentation des effets hydrodynamiques avec la vitesse, conduisant à des épaisseurs de film
plus importantes (Figure 173) et la diminution drastique de la pression de contact (Figure 172).
Figure 172 : Pression hydrodynamique et pression de contact pour les vitesses 100 et 40 mm/s
dans les cas d'entrée (a) et de sortie (b) du piston.
Figure 173 : Épaisseur du film et remplissage pour les deux vitesses dans les cas entrée (a) et
sortie (b) du piston.
190
Une deuxième série de calculs est réalisée en considérant un comportement newtonien du
lubrifiant. Comme à 40 mm/s, deux viscosités différentes sont utilisées (0.05 Pa.s et 0.08 Pa.s).
Ainsi, des résultats numériques sont obtenus pour une valeur de remplissage imposée à 0.45
µm et pour deux valeurs de la viscosité dynamique : 0.05 Pa.s et 0.08 Pa.s. Les calculs sont
191
réalisés pour une vitesse de 40mm/s et une vitesse de 100mm/s. La Figure 175 et la Figure 176
montrent les comparaisons en termes de frottement, entre les résultats expérimentaux et
numériques. À 40 mm/s, les deux valeurs de la viscosité conduisent à une très bonne
concordance avec les mesures expérimentales. En entrée de piston, les prédictions numériques
sous-estiment légèrement la force de frottement quand en sortie elles la surestiment. Cette
différence est encore plus visible pour une vitesse de 100 mm/s. En effet, si les prédictions
numériques conduisent à la même valeur du frottement entre l'entrée et la sortie, les résultats
expérimentaux montrent un frottement plus important lors de l'entrée du piston. Cette différence
peut trouver une explication dans le fait que numériquement on impose la même valeur du
remplissage aux deux extrémités du domaine de calcul quand expérimentalement, la présence de
la graisse côté pressurisé, peut conduire à des valeurs différentes.
En conclusion, comme pour le cas non-pressurisé, le modèle numérique approche les résultats
expérimentaux en termes de frottement et prédit une augmentation du frottement avec la vitesse
seulement si une condition de sous-alimentation est utilisée.
192
Figure 176 : Comparaison de la force de frottement entre la simulation et l'expérimentation dans
le cas d'un remplissage imposé.
III.8 Conclusion
La première partie de ce chapitre nous a permis de faire une présentation détaillée du modèle
numérique développé. Il est basé sur un couplage structure-film mince, réalisé à l'aide d'un
logiciel commercial (Abaqus) permettant l'écriture des éléments propres à l'utilisateur. Ainsi, les
capabilités d'Abaqus en termes de modélisation non-linéaire ont été exploitées pour créer un
modèle de lubrification ElastoHydroDynamique transitoire avec prise en compte de
comportement hyper-élastique du matériau du joint. De plus, le modèle permet la prise en
compte des conditions de lubrification mixte et des modèles rhéologiques non-newtoniens.
Une première validation a été effectuée à travers une comparaison avec une étude numérique
d'un joint hydraulique présenté dans la littérature.
Nous avons pu montrer que le modèle développé peut prédire correctement le frottement
généré par le joint. Cependant, les prédictions numériques sont fortement dépendantes de trois
paramètres : la viscosité de l'huile de base ou plus généralement la rhéologie du lubrifiant à très
faible épaisseur de film, la condition d'alimentation de la zone d'étanchéité et le coefficient de
frottement utilisé pour prédire le frottement généré par le contact entre les aspérités. Il est
important de souligner le fait que seulement une condition de sous-alimentation peut conduire
aux mêmes niveaux de frottement mesurés expérimentalement et aussi prédire une augmentation
du frottement avec la vitesse de translation.
193
Conclusions générales
Les travaux présentés dans cette thèse portent sur le comportement des joints pneumatiques
lubrifiés avec de la graisse. Ce manuscrit est structuré en trois parties : une étude bibliographique,
une étude expérimentale et une étude numérique.
La lubrification des joints pneumatiques modernes est assurée par la graisse, fluide au
comportement non-newtonien qui peut être décrit par une variété de lois rhéologiques.
Cependant, la validité des modèles rhéologiques habituellement utilisés pour décrire le
comportement des graisses est remise en question dans le cas des épaisseurs de film très faibles
spécifiques aux joints pneumatiques. Les différentes hypothèses sur la nature du lubrifiant et le
mode d'alimentation ont été prises en compte dans la partie numérique, afin d'évaluer leurs effets
sur les caractéristiques d'étanchéité.
Dans la partie expérimentale nous avons développé un banc d'essai original qui permet de
quantifier les caractéristiques des systèmes d'étanchéité pneumatiques lubrifiés avec de la graisse
dans différentes conditions de fonctionnement. Les essais ont été réalisés en variant les
conditions de service (pressions d'air et vitesses de translation) pour les deux sens du mouvement
ainsi que pour différentes conceptions de joints. Par ailleurs, des visualisations originales ont été
réalisées au niveau de la zone d'étanchéité pendant et après le fonctionnement.
Le manuscrit est complété par une dernière partie, présentant la démarche de calcul adoptée
pour prédire le comportement des joints pneumatiques dans des conditions de fonctionnement
réelles. Le modèle utilisé peut tenir compte du comportement non linéaire (hyperélastique) du
matériau d'étanchéité, des conditions de lubrification mixte, de la rupture et de la reformation du
194
film, du comportement non newtonien du lubrifiant et des conditions transitoires en termes de
pression pneumatique et de vitesse de translation. Il a été utilisé pour simuler le comportement
d'un joint de piston pneumatique dans le double but de validation par comparaison à des résultats
expérimentaux présentés auparavant dans le manuscrit mais aussi pour comprendre le
fonctionnement de ce type de joint.
Contributions originales
Comme beaucoup de sujets abordés dans le cadre de la tribologie, le travail présenté dans cette
thèse peut être principalement caractérisé par son interdisciplinarité : mécanique des milieux
continus à comportement non-linéaire, mécanique des fluides, rhéologie, métrologie des surfaces,
modélisations expérimentales et numériques. Les contributions originales de ce travail de thèse
peuvent se diviser en deux catégories : contributions expérimentales et numériques.
- Nous avons développé un banc d'essais original qui a fait l’objet d'un brevet. Le banc
permet de caractériser les joints pneumatiques et les vérins pneumatiques dans différentes
conditions de fonctionnement. Il donne aussi la possibilité de visualiser le comportement
de la graisse au niveau des zones d'étanchéité et de leur environnement.
- Les mesures et les visualisations réalisées sur ce banc d'essais ont permis de clarifier le
fonctionnement des joints pneumatiques ainsi que leurs mécanismes de lubrification. De
plus, ces résultats constituent une base de données pouvant être utilisée pour le
développement de nouvelles solutions d'étanchéité ainsi que pour la validation des modèles
numériques.
- Les résultats de la partie expérimentale ont fait l'objet d'un brevet, d’une conférence
internationale (WTC 2018) et d’un article dans une revue internationale (Tribology
International).
Le modèle numérique développé dans cette thèse est, à notre connaissance, le premier
abordant la modélisation des joints pneumatiques lubrifiés avec de la graisse. Les résultats ont fait
l'objet de deux conférences internationales : STLE 2017 et Leeds-Lyon 2018.
195
Perspectives
Ces travaux de thèse ont conduit au développement de deux outils (un outil expérimental et
un outil numérique) nécessaires à la compréhension du fonctionnement des joints pneumatiques.
Nous disposons actuellement d'un banc d'essai modulable pour l'analyse expérimentale d'un large
éventail de types de joints et de conditions de fonctionnement. Le présent travail nous a permis
de développer le dispositif et d'effectuer les premières séries d'essais mettant en évidence ces
capacités. Cependant, nous sommes loin d'avoir exploité toutes les possibilités de ce banc
d'essais. Comme perspectives à relativement court terme, nous pourrons :
- Effectuer des essais à différentes températures afin d'établir l'influence de celles-ci sur les
caractéristiques des étanchéités (force de frottement, fuite...etc.),
- Effectuer des essais avec différents types de graisses afin de déterminer l'influence du
lubrifiant sur les performances des joints,
- Effectuer des essais d'endurance afin d'identifier les mécanismes d'usure des joints, le
vieillissement de la graisse et leur impact sur l'étanchéité et les performances des vérins. Ces
essais doivent être accompagnés par des surfométries des surfaces en contact et par des
mesures rhéologiques d'échantillons de graisse prélevés à différents temps de
fonctionnement,
- Effectuer les nouvelles visualisations pour obtenir des informations quantitatives sur la
largeur de contact et la cinématique du lubrifiant présent dans et autour de la zone
d'étanchéité.
Nous disposons aussi d'un deuxième outil, numérique, qui a été utilisé pour la modélisation
d'un seul type de joint de cylindre, pour deux conditions de vitesses et deux pressions
pneumatiques différentes. Toujours à court terme, nous pourrons :
À plus long terme, une double analyse expérimentale/numérique devra être menée afin de
comprendre le comportement de la graisse à très faible épaisseur de film et les conditions
d'alimentation de contact entre les joints et la surface antagoniste (tige ou cylindre). Par exemple,
une mesure de la quantité de graisse déposée sur le cylindre ou la tige sera une information très
utile. Il sera aussi important d'effectuer des mesures sur des tribomètres spécifiques permettant le
196
contrôle et la mesure des épaisseurs de film. Une caractérisation rhéologique plus fine de la
graisse à des taux de cisaillement et de géométries de contact compatibles avec celles observées au
niveau des joints pourra nous fournir des informations complémentaires.
D'un point de vue purement numérique, un modèle 3D déterministe peut être envisagé pour
des joints fonctionnant avec des largeurs de contact relativement faibles (moins d'un millimètre).
Ce type de modèle permettra de valider ou d'améliorer un certain nombre d'hypothèses utilisées
par le modèle axisymétrique.
197
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ETUDE THEORIQUE ET EXPERIMENTALE DES SYSTEMES D'ETANCHEITE
PAR JOINTS PNEUMATIQUES
La grande diversité des applications, dans tous les domaines industriels, des plus simples aux plus
complexes, que ce soit pour un usage quotidienne ou pour des applications high-tech, nécessite la conception
continue de systèmes d'étanchéité de plus en plus performants. Les vérins pneumatiques sont des éléments
fondamentaux de l'automatisation dans des domaines industriels très variés : les dispositifs de levage, la
robotique, l'aérospatial, les systèmes respiratoire, etc. Cependant, un dysfonctionnement d'étanchéité conduit à
des performances plus faibles et même à des disfonctionnements. Inversement, une meilleure connaissance des
phénomènes aux interfaces, permettra l’amélioration du rendement, la prolongation de la durée de vie et de la
fiabilité des différentes applications pneumatiques.
Ce travail de thèse est focalisé sur l'étude expérimentale et numérique des systèmes d'étanchéité par
joints pneumatiques. Un banc d'essais modulable a été conçu et réalisé pour permettre l'investigation
expérimentale de différents types de joints pneumatiques, pour une large gamme de conditions de
fonctionnement, en termes de vitesse linéaire, pression pneumatique et solutions constructives. Il permet
principalement de caractériser le frottement des joints mais aussi la visualisation des phénomènes physiques au
niveau de la zone d'étanchéité et de son environnement.
En parallèle, un modèle théorique ElastoHydroDynamique, incluant la prise en compte des conditions de
lubrification mixte et le comportement rhéologique non-newtonien de lubrifiant (graisse) a été développé. Il est
basé sur le couplage d'un logiciel de calcul non-linéaire (permettant la prise en compte du comportement
mécanique hyperélastique des joints) et un modèle d'écoulement en film mince. Les comparaisons de mesures
expérimentales avec les prédictions numériques ont permis de valider le modèle théorique ainsi que d'améliorer
la compréhension des conditions de fonctionnement et d'alimentation de la zone d'étanchéité.
Mots-clés : Frottement, Étanchéité, Joints en translation, Joints pneumatiques, Graisse,
ElastoHydroDynamique, Lubrification, Contact, Rugosité, Non-newtonien, Sous-alimentation.
The great diversity of applications in all industrial fields, from the simplest to the most complex, whether for
everyday use or for high-tech applications, requires the continuous design of increasingly efficient sealing
systems. Pneumatic cylinders are fundamental elements of automation in a wide variety of industrial fields: lifting
devices, robotics, aerospace, respiratory systems, etc. However, a sealing failure leads to lower performance and
even malfunctions. Conversely, a better knowledge of the phenomena at the interfaces will allow the
improvement of efficiency, the extension of the service life and of the reliability of the various pneumatic
applications.
This thesis work focuses on the experimental and numerical study of pneumatic seal systems. A modular
test bench has been designed and built to allow the experimental investigation of different types of pneumatic
seals, for a wide range of operating conditions, in terms of linear velocity, pneumatic pressure and constructive
solutions. It mainly allows to characterize the friction of the joints but also the visualization of physical phenomena
at the level of the sealing zone and its environment.
In parallel, an ElastoHydroDynamic theoretical model, including the consideration of mixed lubrication
conditions and the non-Newtonian rheological behaviour of lubricant (grease) has been developed. It is based on
the coupling of a non-linear commercial software (allowing the modelling of the hyperelastic mechanical
behaviour of the seals) and a thin film flow model. Comparisons of experimental measurements with numerical
predictions validated the theoretical model and improved the understanding of the operating and supply
conditions of the sealing area.
Key-words: Friction, Sealing, Reciprocating seals, Pneumatic seals, Grease, ElastoHydroDynamic,
Lubrication, Contact, Roughness, Non-Newtonian, Starvation.
208