Empreinte Texte Episode 2

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L’EMPREINTE

Une famille moderne et citadine s’installe au château de Sallmard.


Pourquoi cette vieille demeure ? Est-ce un véritable choix de leur part ou
serait-ce la maison qui les a choisis ? Pourquoi ce nouveau départ ? Ils
tentent de donner l’image d’une famille ordinaire. Mais un secret ignoré
pèse sur eux.
Pour cette famille chargée du poids d’un passé oublié, passé sous silence,
l’installation dans ce château lui aussi chargé d’histoire va avoir des effets
cathartiques sur nos protagonistes. Chacun des personnages va être affecté
d’une manière différente par ce lieu.

Peu à peu une inquiétante étrangeté plane sur cette famille. Les
manifestations du passé sont-elles néfastes ? Portent-elles un message ? Les
visions et apparitions sont-elles réelles ou nos protagonistes ont-ils perdu la
tête ? Des secrets enfouis vont être révélés.

Le passé du château et celui des personnages vont se confondre,


s’entremêler. Des évènements de la Seconde Guerre Mondiale vont refaire
surface ; Germaine Chesneau, figure emblématique de la maison, et les
enfants qu’elle a cachés viendront-t-ils hanter ou guider les nouveaux
venus ? Nous suivrons cette famille de leur arrivée, au dénouement
inattendu.

Le secret fera surface Suzanne la mère de famille va découvrir qu’elle n’est


pas la fille de ceux qu’elle pensait. Elle est la descendante d’une enfant juive
cachée au château de Sallmard.

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Les Personnages

La fille :
LISA Jeune bachelière en spécialité cinéma. Passionnée de cinéma, va
développer ses expériences de tournage dans le décor incroyable de sa nouvelle
résidence.
Curieuse et altruiste, elle va mener une enquête mémorielle à partir des lettres
laissées par son grand-père Léo. Va se révéler être le moteur de la découverte et
de la une mise en lumière du secret de famille.
Révélation finale : Va découvrir qu’elle est la petite fille d’une enfant juive
cachée.

La mère :
SUZANNE Artiste Musicienne. Sujette à la dépression depuis toujours
(traumatisme transgénérationnel).
Est internée en hôpital psychiatrique suite à une nouvelle crise lors de la visite
du château de Sallmard.
Sa mère Bella est morte en la mettant au monde à l’âge de 43 ans. Fille unique
elle n’a connu que son père Léo, un imprimeur, plongé dans une grande tristesse
à la mort de sa femme. Son père Léo laisse après sa mort de nombreuses lettres
au sujet de sa mystérieuse femme Bella.

Fantôme de la grand-mère :
BELLA
Narratrice / guide des spectateurs – Fantôme de la mère de Suzanne. Enfant
juive dont les parents avaient été déportés, cachée pendant la guerre au château
de ses 4 à 7 ans avec son grand frère Abel, 14 ans mort dans le maquis du
Vercors.
Après la guerre elle est adoptée par un couple de paysans catholiques qui ne lui
révéleront que trop tardivement sa véritable identité.
Artiste peintre reconnue, elle se marie à un imprimeur Léo et meurt en mettant
au monde son unique enfant : Suzanne.

Le père :
PIERRE-LOUIS Se dit dentiste, mais est en fait prothésiste dentaire. Souffre
d’une honte sociale. A rencontré sa femme lors d’un récital, est tombé fou
amoureux de cette femme et sa beauté énigmatique.

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A coupé les ponts avec sa famille (aristocrate), n’ayant pas réussi les études de
dentiste sa famille lui a coupé les vivres.
Relation complexe avec ses enfants, qui ne suivent pas le parcours qu’il souhaite
pour eux. En conflit avec sa fille mais proche de son fils. Malgré l’amour qu’il
porte à femme ne sait plus comment se comporter face à son mal-être.
Son masque social, ses angoisses de l’irrationnel et son désir de tout maitriser
finiront par se retourner contre lui. Lorsque son fils se détournera de lui, son
monde s’effritera peu à peu.

Le fils :
BASILE En internat au lycée horticole, en paysagisme.
A déjà un passif d’exclusion de plusieurs établissements. Bénéficie d’un
favoritisme masculin de la part de son père. Besoin de reconnaissance. Adule
son père, se laisse manipuler par lui. Egocentrique et très sûr de lui son rapport
avec sa grande sœur ? s’avère conflictuel.

L’Homme : Ancien intendant de la maison. Ses arrières grands-parents étaient


au service de la comtesse de Sallmard, puis ses et grands-parents et parents ont
travaillés pour Germaine Chesneau.
A hérité des anciens propriétaires faute de descendant. Vend la maison ne
pouvant assurer les frais et cela lui permettant de rembourser ses dettes.
Se refuse à quitter la maison, n’ayant nulle part où aller : décide de rester caché
dans la maison.

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EPISODE 1 L’AUTOMNE
Un nouveau départ

SUZANNE La mère, après sa découverte du château, est internée sur


demande du père.
À la fin de l’épisode projection de la scène flash-back ou la mère découvre le
château avec son mari et est victime d’une étrange crise et décide d’acheter le
château.

PIERRE-LOUIS Le père après avoir fait interner sa femme et inscrit son fils
dans un internat à proximité, s’installe avec sa fille au château.

LISA la fille remet en question la décision de son père d’internement de sa


mère.

BASILE Le fils, fugue de son nouveau lycée et rejoint la famille. Il ignore


tout de la situation de sa mère.

L’HOMME, intendant de père en fils et dernier propriétaire de la maison.


Fait une visite aux nouveaux propriétaires du château auquel il est
extrêmement attaché.

Les spectatrices et spectateurs seront par moment séparés en deux groupes A


et B, par conséquent ils n’assisteront pas tous aux mêmes scènes.

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Sc 1 A et B le parvis :
Bella en costume des années 80 (année de sa mort elle a 43 ans)

BELLA
Bonjour à tous, merci d’avoir fait le voyage jusqu’ici. Je suis heureuse de vous
faire découvrir ce lieu empli d’histoires, histoires auxquelles je ne suis pas
totalement étrangère ; je me trouve, par la force des évènements « attachée » à
cette demeure. Quelques recommandations, lors de nos déambulations, rester
dans la mesure du possible groupé et discret, ne vous appuyer pas aux meubles,
ne tenter pas non plus de les déplacer, ou de subtiliser quel qu’objet que ce soit !
Je vous demanderai également de ne pas interférer avec les évènements présents.
Ne claquez pas les portes, ne faites pas grincer les volets, le parquet craque,
merci de rester silencieux, les nouveaux propriétaires apprécieront la quiétude
des lieux…les voici qui arrivent.

Une voiture arrive et se gare. Les fenêtres sont fermées mais à l’intérieur une
engueulade bat son plein. La tension est palpable entre le père et la fille.

PIERRE-LOUIS
C’est comme ça ! Et tu n’as pas à te mêler de ce qui ne te concerne pas.

LISA
Tu sais toujours mieux ce qui est bon pour les autres. C’est ma mère donc oui ça
me concerne.

PIERRE-LOUIS
Ce n’est pas à toi de décider, Lisa. La discussion est close.

LISA
Arrête de me traiter comme une enfant !

Le père sort de la voiture et claque la porte.

PIERRE-LOUIS
Ça suffit maintenant, j’ai la tête qui va exploser.

LISA
Quoi ? regarde-nous ! ça ressemble à ça une famille ? réalisant qu’ils sont
arrivés au château Ho la vache, mais c’est immense, je pensais pas que c’était si
grand ! Il n’a pas l’air si ancien, par contre le crépi c’est super moche. Se

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retournant vers son père Ca t’arrange qu’elle soit pas là, c’est pas toi qui gère le
problème.

PIERRE-LOUIS
Qu’est-ce que tu dis ? c’est quoi ton problème ? parce que tu as des problèmes ?
…attends… je ne suis pas certain qu’on ait du réseau dans cette cambrousse.

LISA
Quoi ? tu crois qu’on ne capte pas ici ?
Elle s’éloigne en panique avec son portable à la recherche de réseau
Il y a l’électricité au moins là-dedans ? ça, ça serait un vrai problème !

PIERRE-LOUIS
Préoccupations basses et matérielles ! tu n’es qu’une gamine, tu as tout à
apprendre ! Et tu n’as pas de problèmes. Respire l’air de la campagne.

Il s’étire quand soudain L’Homme surgit du jardin.

PIERRE-LOUIS
Mais vous êtes encore là, vous ! Vous n’étiez pas censé avoir quitter les lieux ?

L’HOMME
Je me suis dit qu’il fallait faire ça bien Pierre-Louis, vous expliquer deux trois
choses sur la maison, elle est spéciale, il faut connaitre/

LISA
Vous savez s’il y a un endroit où on capte m’sieur ?

L’HOMME :
Non. Faut connaitre ses secrets, comment elle fonctionne sinon vous allez avoir
quelques petits problèmes, la tuyauterie, les chaudières…

Lisa s’éloigne

PIERRE-LOUIS
Si vous y tenez, expliquez-moi, ne perdons pas de temps, ma fille et moi
aimerions nous installer, nous laver. Le voyage a été éprouvant.

Il ouvre le coffre pour prendre les valises

PIERRE-LOUIS

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Lisa, viens prendre ta valise et sortir ton bazar ! Qu’est-ce que c’est que ça ? ne
compte pas sur moi pour porter tes, ou est ce qu’elle est passé ? dès qu’il s’agit
de faire un effort…

L’HOMME
Ha jeunesse jeunesse !

PIERRE-LOUIS
Quand on n’a rien à dire, c’est bien le genre de chose qu’on dit « jeunesse
jeunesse » Silence. On arrive de Paris, ça fait plus de 6 heures, j’ai l’impression
d’être son chauffeur, le nez dans son téléphone et d’un coup je me fais agresser à
propos de sa … merde c’est quoi ces putains de vieux cartons !

L’HOMME
Vous savez c’est une vieille dame !

PIERRE-LOUIS
Comment ? Qui ?

L’HOMME
La maison.

PIERRE-LOUIS
Ah oui, je sais que c’est une vieille bâtisse, c’est ce qui a plu à ma femme, faut
croire.

L’HOMME
Et elle n’est pas venue avec vous votre femme ?

PIERRE-LOUIS
Non

L’HOMME
Comment va-t-elle ? La dernière fois elle n’avait pas l’air dans son assiette la
petite dame, toute chamboulée.

PIERRE-LOUIS
Oui

Lisa se tient à l’écart de l’autre côté du château

L’HOMME
Comment va-t-elle ?

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PIERRE-LOUIS
Arrêtez avec vos questions.

L’HOMME
Bon. Paraitrait qu’au 16ème, c’était une résidence de chasse d’Henri IV, mais à
cette époque l’entrée principale n’était pas celle-là, elle se trouvait a priori de ce
côté-ci sur cette aile, alors que les ailes ont été rajoutées au 17 ème , drôle
d’incohérence n’est-ce pas ?

PIERRE-LOUIS:
Par où entrons-nous aujourd’hui ?

L’HOMME
Plutôt par le côté ; je dois bien avouer qu’il persiste des imprécisions quant à son
histoire ! l’acquisition du château de Peyrins par Soffrey de Collignon, l’un des
rédacteurs de l’Edit de Nantes, mais également …de poèmes érotiques, vous
m’en direz des nouvelles, date de Mars 1606. Et à cette même époque, le futur
roi Henri IV lui fait également dont des « Pierre et attraits » du vieux château de
Peyrins alors en ruine, celui qui se trouve sur la colline du village, là-bas et c’est
avec les pierres du vieux château que celui-ci est agrandit, c’est assez alambiqué
n’est-ce pas !

PIERRE-LOUIS portant les valises


Merci pour ces étonnantes informations. Vous pouvez nous ouvrir maintenant ?

L’HOMME
Attendez-moi quelques secondes je vais vous ouvrir par l’intérieur, ça sera plus
commode pour vos bagages.

Lisa réapparait

PIERRE-LOUIS
Te revoilà. Va prendre tes affaires, il va nous ouvrir.

LISA
C’est qui ce mec ? il est chelou, il va parfaitement avec le décor ! elle cadre
avec ses doigts comme pour un repérage de tournage.

PIERRE-LOUIS
Le dernier proprio. C’est à lui qu’on a acheté, c’était l’intendant des proprio
d’encore avant, ils lui ont légué la maison.

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LISA
Étonnant un domestique propriétaire d’un château. Derrière, il y a du réseau on
capte un peu ; on dirait une autre maison de l’autre côté, genre cottage, une
maison double face. C’est chez nous. Un décor de film.

PIERRE-LOUIS
C’est la réalité, dire que j’ai cédé au caprice de ta mère.

LISA
Respire un coup, hein l’air de la campagne !

L’HOMME ouvre la porte principale de l’intérieur


Voilà, vous pouvez entrer par-là, au quotidien je vous conseille la porte du côté,
ici ça prend l’eau, la porte gonfle, la pierre qui est assez poreuse s’effrite,
d’ailleurs il faudrait rénover/

PIERRE-LOUIS
Oui merci, ça ira, entrons.

Bella intervient les comédiens se figent.

BELLA aux spectateurs


Effectivement dans la région la pierre de molasse a toujours été très utilisée,
mais avec le temps c’est une matière qui s’altère. Quant au crépi je suis du
même avis que Lisa, c’est assez moche, dans les années 80 il a bien fallu
consolider la façade. Entrons, afin que nos déplacements soient plus fluides,
placez-vous discrètement contre les murs afin que les nouveaux venus puissent
circuler dans l’escalier.

Les spectateurs entrent et se placent dans l’escalier

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Sc 2 A et B Grand escalier :
LISA entrant dans le château
Waouh ! c’est qui tous ces gens ?

L’HOMME
Soffrey de Calignon, les familles de Chabrière et de Sallmard, les anciens
propriétaires et leurs descendants jusqu’à l’arrivée de Mme Chesneau en 1936.

LISA
Certains ont des drôles de têtes.

PIERRE-LOUIS
Consanguinité !

LISA
Elle, son regard part complétement en vrille.

L’HOMME
Ma préférée, Isabeau de Vaugelet, elle va me manquer.

PIERRE-LOUIS
J’aime pas du tout ces horreurs.

L’HOMME
Vous allez vous habituer à eux.

LISA
Le château est-il hanté ?

PIERRE-LOUIS
Enfin Lisa ! il n’y a absolument rien à craindre ! Où se trouvent les chambres ?
On ne va pas faire une visite commentée. Des vieilleries ça se saurait s’il restait
quelque chose de valeur dans cette baraque.

LISA
Moi ça m’intéresse l’histoire de ma nouvelle maison.

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PIERRE-LOUIS
S’il te plait Lisa on ne va pas recommencer.

LISA
N’empêche, j’ai une sensation étrange, comme si on m’observait. Un temps. Ces
tableaux ont traversé tant d’époques !

PIERRE-LOUIS
N’importe quoi ! des vieilles croutes.

Il sort vers Monseigneur

L’HOMME
Ces tableaux mieux vaut rester polis avec eux, conseil d’ami !

PIERRE-LOUIS Repassant sur la balustrade du haut


Les chambres ?

L’HOMME
De l’autre côté.

PIERRE-LOUIS
Et ça ? c’est sur le point de s’écrouler ?

L’HOMME
Non là ça va j’ai consolidé la fissure principale, mais sinon faudrait faire appel
au monument de France pour la restauration de la voûte, ils financeront 20% des
travaux, je n’avais pas de quoi…mais vous/

PIERRE-LOUIS
On verra plus tard.

LISA
Mais papa vous ne l’avez pas visité avec maman avant de l’acheter ce Château ?
Je ne comprends pas.

L’HOMME
C’est que votre maman elle l’a voulu dès qu’elle l’a vu et puis/

PIERRE-LOUIS en off
Je vous attends.

LISA

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Et puis ?

L’HOMME
Venez voir la bibliothèque c’est une belle pièce.

L’Homme et Lisa rejoignent le père dans la bibliothèque

LISA en Off
Waou c’est …massif !

L’HOMME
Et oui les meubles étaient fabriqués sur mesure, là c’est du citronnier.

PIERRE-LOUIS
Faut reconnaitre que cette pièce a du cachet, du caractère, bien qu’elle soit tout
de même quelque peu sinistre.

LISA
Regarde tous ces livres ! Des collections anciennes d’Encyclopeadia Universalis
et les recueils de poèmes de Soffrey de callignon!

Musique

BELLA
Lorsque je suis arrivée ici, petite fille, ces tableaux m’intriguaient,
m’effrayaient. Pour exorciser ma peur, les apprivoisés, je leur parlais, mon
imagination me jouait des tours, ils me répondaient.

Des voix, chuchotements. Les tableaux se mettent à parler.

Poursuivons. Suivez-moi.

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Bibliothèque :

Quand le public entre dans la bibliothèque les comédiens sont figés. Lisa a
déposé son carton sur la table. Elle est sur un escabeau le nez dans la
bibliothèque. Le père affiche une moue d’insatisfaction. Bella au centre guide
les groupes A dans la chambre Germaine et B dans la chambre Trésor.

Sc 3 A Chambre Germaine
L’HOMME
Voici la plus belle chambre de la maison. La chambre Germaine. Impossible de
vous dire précisément de quand date ces boiseries et cette alcôve de style Louis
XV.

PIERRE-LOUIS
Hum hum, chambre Germaine…

L’HOMME
Oui c’était la chambre de Mme Chesneau, la dame qui a acheté le château à la
famille de Sallmard, qui en a fait une maison pour enfants !

PIERRE-LOUIS
Ah oui ? non.

L’HOMME
Mme Germaine Chesneau a caché des enfants juifs pendant la guerre.

PIERRE-LOUIS
Ah !

L’HOMME
C’était sa chambre, elle a servi de salle de classe pour les enfants durant la
guerre, l’une de ses filles est née ici/

PIERRE-LOUIS
Dans ce lit ? Cette Mme Chesneau a accouché ici ? Et elle y est morte aussi ?

L’HOMME
Dans ce lit ? non, pas à ma connaissance.

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PIERRE-LOUIS
C’est trop... Il n’y a pas une chambre plus moderne ?

L’HOMME
Ah, dans ce cas-là venez voir la chambre princesse.

Ils traversent la Bibliothèque pour entrer dans la chambre princesse

Sc 4 A Chambre princesse
Pierre Louis a fait le tour de la chambre, reste pensif .

L’HOMME
Cependant si vous voulez voir les autres chambres/

PIERRE-LOUIS
Non c’est bon je vais m’installer ici. Il faut bien que je me pose quelque part !

Quelque peu frénétiquement il commence à sortir ses affaires, ouvres ses


valises. En ouvrant un placard, Lisa apparait et l’effraye.

PIERRE-LOUIS
Merde qu’est-ce que tu fous là ?

LISA
C’est un passage secret, comme dans les vieux châteaux !

PIERRE-LOUIS
C’est un vieux château. Arrête de me filmer !

Son téléphone sonne.

PIERRE-LOUIS
Finalement on capte ici !
Il va dans la salle de bain

PIERRE-LOUIS sur un ton faussement enjoué


Allo, oui c’est bien moi. Oui tout à fait. Hum hum, oui oui c’est bien ça, oui
nous avions convenu de 2 jours par semaine. Ouiiii très bien, ma femme et moi
nous installons justement dans notre nouvelle maison, oui, les enfants également
sont ravi, merci. Oui première semaine d’Octobre. Ah oui le contrat… Mardi
10h directement au laboratoire. Très bien. Merci à vous, bonne fin de journée.

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Durant le coup de fil L’homme fouille dans les affaires de Pierre louis

L’HOMME
Le boulot ? Vous exercez dans ?

PIERRE-LOUIS
Le dentaire.

L’HOMME
Dentiste, bah dis donc.

PIERRE-LOUIS
Vous avez coupé l’eau ça ne coule pratiquement pas ?

L’HOMME
Non mais ça fait partie des choses que je dois vous expliquer. Le cheminement
de l’eau dans cette maison, tout un poème ; Imaginez un peu l’ancien système :
l’eau était pompée vers une bâche tout en haut au grenier avant d’être
redistribuée vers le bas afin qu’il y ait de la pression/

PIERRE-LOUIS
Là y’a pas de pression.

L’HOMME
Oui alors faudrait voir la vanne en bas.

PIERRE-LOUIS
Bon je pose ça et allons-y ! Personne ne se met en mouvement Je vous suis, je ne
sais pas où on va, donc je vous suis !

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Sc 3 B Chambre trésor
Lisa est accompagnée du fantôme de Bella

LISA
Elle a sorti une caméra, elle filme .
Bon voyons voir ce qu’on a là, pas mal soulevant des draps blancs recouvrant
le mobilier, bien conservé. Elle s’allonge sur le lit avec le livre de Soffrey. Elle
lit un poème.

« J’ay un gentil engin si decrire je l’ose,


A la beauté duquel ma dame prend playsir,
Qui, le voulant taster, manier et saysir,
Le fait tout fretiller entre ses doitz de rose.

Il demeure ocieus et lache se repose ;


Mais si quelque beauté le tient à son desir
On le voit sauteler, senfler et se grossir,
Et brusquement entrer en sa fente declose. »

Il y va franchement le cochon ! Incroyable.


Elle s’avance vers un petit tableau qui l’intrigue, juste en dessous, le fantome de
Bella est assise sur une petite chaise mais elle ne la voit pas. Son téléphone
sonne la faisant sursauter. Son frère au bout du fil.
Basile ? quoi ? oui il y a à peine heure. C’est… comment te décrire, ils disaient
maison mais c’est carrément une résidence de chasse d’Henri IV, c’est
incroyable que les parents aient acheté un truc pareil ! Un vrai décor de cinéma,
c’est une vieille maison genre manoir. Et toi le lycée, l’internat ? attends y’a une
porte en métal, un truc d’époque, genre porte de pièce forte. C’est blindé,
faudrait la clef ! Je viens d’apprendre qu’un des propriétaires était le chancelier
du roi de Navarre, Henri IV, celui qui a rédigé l’édit de Nantes, pour les droits
des protestants, il a aussi écrit des poèmes érotiques en vieux français c’est
improbable écoute :

« Si tost qu’il est dedans, d’un gaillard maniment


Le galant fait couler et jaillir doucement
La gentile liqueur d’une blanche rousee… »

Attends j’ai l’impression qu’il y a un passage secret au fond d’une armoire. Elle
ouvre la porte secrète effraye son père.

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PIERRE-LOUIS
Merde qu’est-ce que tu fous là ?

LISA
C’est un passage secret, comme dans les vieux châteaux !

PIERRE-LOUIS
C’est un vieux château ! Arrête de me filmer.

LISA sortant de la chambre Trésor


Basile, Basile allo ? alloooo.

Sc 4 B Chambre Germaine
Quand le public entre Lisa bidouille un vieux gramophone qui est posé sur une
table au centre de la pièce, elle réussit à activer la machine qui laisse
s’échapper une musique grésillante, elle filme la chambre. Bella est là et Lisa
ressent sa présence. Soudain le frère surgit d’un placard. Lisa s’effondre de
peur.

LISA
Merde ! t’es con, tu m’as fait flipper, qu’est-ce que tu fous là ?

BASILE
T’es blanche comme un linge, t’as vu un fantôme !

LISA
T’es pas censé être là. Et oui tu m’as vraiment fait peur. Comment t’es venu ?
Il se marre
Ça me fait pas rire.

BASILE
C’était trop tentant !

LISA
Pourquoi t’es pas à l’internat ?

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BASILE
J’ai fait du stop, le lycée horticole est à seulement 15 km d’ici. Je voulais
partager le privilège de découvrir la nouvelle maison. C’est mieux que l’internat.

LISA
T’es là depuis quand ? Tu peux pas débarquer, sans autorisation.

BASILE
Je vous ai suivi, un vrai labyrinthe ce château temps Ça va j’ suis pas en maison
de redressement, commence pas à me faire la morale avec tes grands airs !

LISA
Tu nous as espionné ?

Il sort de la chambre

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SC 5 A et B Bibliothèque
Les deux groupes de spectateurs se rejoignent.
Lisa suit Basile quand le père sort de la chambre princesse, Basile se cache
rapidement sous la table, Lisa s’assoit.

PIERRE-LOUIS
Tu en fait une tête ! qu’est- ce qu’il y a ?

LISA
Rien. Toi aussi tu en fais une tête. Qu’est -ce qu’il y a ?

PIERRE-LOUIS
Rien. Un temps. Tu as trouvé une chambre c’est bon ?

LISA
Ça devrait le faire, c’est pas ça qui manque ! sourit faussement

PIERRE-LOUIS
Alors ranges tes affaires et commence pas à t’éparpiller. On se retrouve en bas
faut que je voie avec Monsieur cette histoire de pression.

Il s’apprête à sortir quand il aperçoit son fils sous la table

Vous foutez de moi, t’es là depuis quand ? J’en ai pour un instant. Toi viens
avec moi. Le père et le fils sortent de la bibliothèque pour s’expliquer.

Lisa et l’Homme se retrouvent seule dans la Bibli

LISA ET LA LETTRE
Lisa a un carton contenant les affaires de son grand-père, vieux carnets, des
lettres, des photos, divers documents, des objets.
Lisa rapproche son carton l’ouvre cherche quelque chose dedans.

LISA
Vous êtes qui ?

L’HOMME
Qui je suis ?

LISA
Oui

L’HOMME

19
Je suis, j’étais l’intendant de la maison.

LISA
Comme dans une pièce de Tchékhov

L’HOMME
Pardon ?

LISA
C’est du théâtre, un auteur russe qui raconte la vie, joie et drame de petites gens
et de leur maison.

L’HOMME déclamant
« Être ou ne pas être, telle est la question » La vie est un théâtre ! un temps Et
vous ?

LISA
Quoi moi ?

L’HOMME
Vous faite quoi ?

LISA
Du cinéma. J’ai eu mon bac.

L’HOMME
Félicitation. Et ça c’est quoi ?

LISA
Des affaires qui appartenaient à mon grand-père maternel Léo.

L’HOMME
Vous êtes de ce genre !

LISA
Quoi ? Ah ca ! quand on a déménagé de Paris mes parents allaient tout jeter de
toute façon. Mon grand-père est mort juste avant le covid, ca a dévasté maman.
Il a beaucoup écrit sur ma grand-mère que je n’ai pas connue, je crois que
personne ne la connaissait vraiment, alors je garde ses vieilles lettres, ses carnets
dans ce carton, des reliques, ça pourrait m’inspirer. J’aime les vieilleries, les
histoires.

L’HOMME

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Alors, vous avez bien de la chance de vous trouver ici, des histoires il y en a
plein.

LISA
Dites m’en une.

L’HOMME
Ba tiens vous parlez de théâtre ici pendant la guerre Germaine Chesneau qui
cachait des enfants juifs dans son home d’enfant, hé bien elle faisait en sorte
qu’ils suivent l’école, c’est Nicolas Bernard, le petit fils de Tristan Bernard qui
leur donnait les cours de français. Vous connaissez Tristan Bernard ? il a écrit
du théâtre, il est célèbre ! C’est véridique ma grand-mère travaillait là à cette
époque.

LISA
Combien de pièces dans ce château ?

L’HOMME
24, peut-être plus, voici les clefs, je vous les confie, il y a des étiquettes pour les
plus utiles, certaines ne servent plus depuis longtemps, mais je les garde, des
reliques !

Le père et le fils entrent

PIERRE-LOUIS
Vous me montrez ces tuyauteries ?

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Sc 6 B Cuisine
L’HOMME Une pince à la main
Pour la pression, il s’agit de desserrer délicatement à ce niveau et de jauger, un
peu plus, un peu moins faut voir.

PIERRE-LOUIS
Vous vous fichez de moi ?

L’HOMME Il ouvre le robinet


Non regardez là on a un bon débit.

PIERRE-LOUIS
Vous croyez que j’ai une gueule à me balader avec ma tenaille à chaque fois que
je vais prendre une douche ?

L’HOMME
Une pince. Je ne sais pas… à vous de voir. Un conseil à l’inverse resserrer
complétement quand vous vous absenter, des fuites peuvent survenir à tout
moment et à n’importe quel endroit sans que l’on s’en rende compte tout de
suite. À vous de voir !

PIERRE-LOUIS
Je n’apprécie pas du tout le ton sur lequel vous me parlez ! et tout ce que vous
sous entendez.

L’HOMME
Quel ton ? je sous-entends moi ?

PIERRE-LOUIS
Ne vous foutez pas de ma gueule ! « À vous de voir » ne vous délectez pas trop
de nous avoir refourgué votre baraque pourrie. Si ça n’avait tenu qu’a moi je ne
l’aurais pas achetée.

L’HOMME
Si ça n’avait tenu qu’a moi je ne l’aurais pas vendue !

PIERRE-LOUIS
Je l’ai acheté par amour pour ma femme.

L’HOMME
Votre femme l’a acheté.

22
PIERRE-LOUIS
Écoutez-moi bien ! Si j’apprends que vous avez parlé à qui que ce soit dans le
village ou aux alentours des circonstances de l’acquisition de cette maison, vous
aurez affaire à moi et à mes avocats !

Il croit entendre un bruit

PIERRE-LOUIS
Quelle merveille cette cuisine ! j’adore cuisiner enfin un bon point.

L’HOMME
Tant mieux c’est la seule pièce que vous pourrez chauffer convenablement
l’Hiver !

PIERRE-LOUIS
Comment ça y’a pas de chauffage ?

L’HOMME
Je vais vous montrer une dernière chose : la chaufferie, le reste vous le
découvrirez par vous-même.

PIERRE-LOUIS
Non, c’est bon j’ai eu mon lot de surprises, je vais appeler mes enfants c’est leur
tour ! La plomberie c’est pas mon truc. Basile, Lisa !

Un temps

BASILE
Oui papa ?

PIERRE-LOUIS
Tu veux voir avec Monsieur comment fonctionne la chaufferie ?

BASILE
Lisa peut voir ça non ? ce n’est pas une tâche réservée aux garçons. Vous la
trouverez dans le grand salon celui avec la cheminée.

L’Homme s’en va Il se dirige vers le grand salon où se trouve la chaufferie

PIERRE-LOUIS
Tu devrais te choisir une chambre. Je vais me prendre une douche.

BASILE

23
Hé papa c’est incroyable comme endroit ; pourquoi ne pas m’avoir dit que
c’était un château !?

PIERRE-LOUIS
Pour te faire la surprise ! Tu aimes ?

BASILE
Oui, ça m’étonne de toi, il est un peu dans son jus quand même.

PIERRE-LOUIS
Oui mais vois le potentiel ! il faut avoir de l’ambition ! voir les choses en
grand !

BASILE
Et nous sommes « chatelains » !

PIERRE-LOUIS
Et oui nous sommes « chatelains » !

BASILE
Il y a largement la place, finalement je pourrais habiter avec vous, le lycée n’est
pas si loin. Tu connais ma passion pour la seconde guerre mondiale, j’aimerais
en savoir plus sur cette histoire de résistance et d’enfants cachés.

PIERRE-LOUIS
Tu pourras toujours te renseigner.

BASILE
Maman ça lui ferait plaisir aussi qu’on habite tous ensemble comme avant, non ?
Je me suis quand même calmé.

PIERRE-LOUIS
On en rediscutera. Allez fiston, c’est un nouveau départ, toujours aller de
l’avant ! Je suis fier de toi.

Un temps de silence, ils sortent.

24
SC 6 A Grand salon
Lisa et son frère. Elle se balade en filmant la pièce, lui est assis dans un
fauteuil. Long silence.

BASILE
Il manque plus que le tic-tac d’une vieille horloge. C’est vrai que ça serait
parfait pour tourner un film. Si tu as besoin d’un comédien ! Je serai toi, je
tournerai un film d’époque ou non d’horreur ! En fait les deux ! Silence Je suis
séropositif. Tu as décidé de m’ignorer ?

Elle explore des pièces adjacentes.

LISA
Le lycée horticole c’est ton truc ?

BASILE
Surprenant n’est-ce pas ? J’élargis mon champ de connaissances. M’occuper des
plantes, ça me donne un côté romantique. Et à l’internat je fais ce que je veux.

LISA
Tant mieux. En espérant que cette fois tu ne te fasses pas virer du lycée trop tôt !
au pire entre le parc et le jardin t’auras de quoi tailler ici.

BASILE
Dis, tu pourrais faire un effort avec papa ! apparemment t’as été extrêmement
désagréable pendant tout le trajet. Vous allez être en tête a tête pendant un
certain temps alors maitrise toi un peu !

LISA
Pardon ? Tu ne sais même pas de quoi tu parles, qu’est-ce qu’il est allé te
raconter !

BASILE
Juste un conseil, ne le prend pas comme ça ! regarde tu t’énerves, calme-toi !

LISA
Je le prends comme je veux, pas besoin de tes conseils. Tu viens de fuguer !

BASILE
Ca va t’inquiète pas pour moi, j’assume ! Je te demande juste de faire un effort
avec papa. Bon comment se profile cette année sabbatique ? Tu vas l’occuper à
ton passe-temps ? créer un chef d’œuvre ?

25
Voix du père :
Basile, Lisa !

BASILE
Tu ne viens pas ?
Basile rejoint son père dans la cuisine

Lisa un temps seule. L’homme arrive.

L’HOMME
La salle des machines ça vous intéresse ? Les Messieurs ont jeté l’éponge. Deux
vieilles chaudières au fioul, faut savoir qu’il y en a une grosse qui chauffe toute
la partie avant du château sur les trois étages puis une petite qui chauffe
l’arrière. Elles sont assez capricieuses et vous n’avez pas le choix soit vous
chauffez les trois étages, soit rien. À vous de voir. Si vous ne chauffez pas
l’arrière du château, les canalisations du grenier risquent de péter en cas de gel.

LISA
Ha.

L’HOMME
Donc là vous vérifiez le niveau de fioul avant de lancer la chaudière en appuyant
quelque seconde ici. Normalement ça part. Pour régler la température c’est ici,
c’est assez approximatif mais l’aiguille bouge quand même, si elle ne bouge pas
faut donner des petits coups de marteaux ici et ça débloque.

LISA
Des coups de marteau !?

26
SC 7 A et B LE PREMIER REPAS
Les deux groupes de spectateurs se rejoignent dans le réfectoire.

Les trois membres de la famille sont à table en arrêt sur image.


Dans un coin de la pièce une table avec plusieurs écrans.

BELLA
La visite avec l’ancien intendant ne s’est pas éternisée, le père l’a congédié et la
famille s’est retrouvée seule. Ils se sont retrouvés dans le réfectoire à l’heure du
soupé.

Ils mangent, les bruits des couverts résonnent. Lisa regarde son assiette et
triture sa nourriture. Le père guète son fils puis sa fille.

PIERRE-LOUIS
Basile tu es bien installé ?

BASILE
Je suis dans une chambre avec une porte blindée au fond, j’aimerais bien savoir
ce qu’il y a derrière, elle est fermée à clef. Il t’a laissé des clefs le mec ?

PIERRE-LOUIS
J’ai celle des portes d’entrées c’est tout. On regardera ça. Silence. Je suis content
que tu nous aies rejoints Basile pour cette première soirée.

LISA
Tu es content qu’il fugue, qu’il déconne à nouveau ? Nous avoir laissé seul à
Paris pendant 9 mois dans l’appartement de Papy n’était peut-être pas l’idée du
siècle. Combien de fois il a séché les cours, combien de fêtes dans
l’appartement, hein ? Et finir par se faire virer du Lycée.

PIERRE-LOUIS
Ne fais pas ta rabat-joie ! On était à Lyon avec ta mère pour trouver une maison,
qu’on a trouvé. Je trouve que ton frère a gagné en autonomie grâce à cette
expérience et là, il a fait preuve d’esprit d’initiative.

LISA Dépité
Ok

BASILE
Vois-tu j’avais envie de retrouver la famille, pour moi ça compte.

PIERRE-LOUIS

27
Braver les règles parfois ça ne fait pas de mal.

LISA
On parle d’une fugue là ; pas d’un acte héroïque !
Son téléphone sonne, elle s’écarte de la table.

LISA
Oui on est bien arrivé ce matin avec papa. Enfin bien, façon de parler !
exactement comme d’habitude ! tu avais raison elle est incroyable cette maison
et moi aussi elle me fait beaucoup d’effets, je ressens quelque chose. Papa ? Mal
comme tu peux l’imaginer.

PIERRE-LOUIS
C’est ta mère au téléphone ? met le son, tu sais bien que le temps est limité !

LISA
Attends une seconde je vais passer en visio sur mes écrans.

Elle branche un câble et Suzanne apparait sur un écran.

SUZANNE
Bonjour, mais… Basile qu’est -ce que tu fais là ?

BASILE
Je…

PÈRE
J’ai finalement décidé qu’il pouvait nous rejoindre le premier Week-end pour
découvrir la maison.

BASILE
Maman n’es-tu pas censé te recentrer sur tes chakras ?

SUZANNE
Cette première semaine dans ton nouveau lycée s’est bien passé ?!

Le père jette un regard insistant à son fils

BASILE
Mais oui maman t’inquiète. J’ai déjà commencé à manier le sécateur ! Et les
différentes essences d’arbres n’ont plus de secret pour moi !

PIERRE-LOUIS

28
Et toi ton séjour bien être ?

SUZANNE
Je suis bien entourée, de personnes…intéressantes. Avec un sourire forcé Je
travaille sur moi ! Basile promet-moi que tu ne recommenceras pas comme à
Paris !

BASILE
Ne t’inquiète pas, je gère.

On entend une voix qui appelle la mère pour une séance de parole collective.

BASILE
Quand est-ce que t’en as fini avec ta secte ? Il faut absolument que tu vois ce
lieu c’est incroyable, tu vas adorer Maman !

SUZANNE
Je ne sais pas encore, je vous tiendrais au courant, je voulais vous dire que/

L’image et le son se brouillent au même moment dans la maison un bruit sourd


et une coupure d’électricité. Noir. Le son va monter crescendo sut toute la fin de
scène

PIERRE-LOUIS
Non ce n’est pas vrai !
Il se lève paniqué, fait tomber quelque chose.

LISA
Ça va ça doit être un plomb qui a sauté, il t’a montré le disjoncteur le
Monsieur ?

PIERRE-LOUIS
Non, Le Monsieur, ne m’a pas montré le disjoncteur, il ne m’a rien montré !

LISA
Dis plutôt que tu n’as pas voulu qu’il te montre, il était plein de ressources et tu
l’as viré.

PIERRE-LOUIS
Lisa ne recommence pas, Merde ! j’aimerais qu’on trouve une source de
lumière.

BASILE

29
Papa, mon portable s’est éteint, c’est bizarre !

PIERRE-LOUIS
Comment ça, merde le mien aussi, pourquoi ?

LISA
Deux machos qui chient dessus parce qu’ils ont peur dans le noir, j’hallucine !

BASILE et PIERRE-LOUIS
On n’a pas peur.

LISA
Ouais, c’est ça ! Mon téléphone aussi s’est éteint.

BASILE plus bas


Ça ne va pas Lisa de parler comme ça à papa ? Respecte-le !

LISA
Parce que tu penses que ton père te respecte, en te mentant ? Maman n’est pas
en stage de développement personnel à faire du yoga, elle est à l’hôpital
psychiatrique !

BASILE
N’importe quoi ! ce n’est pas vrai papa ?

PIERRE-LOUIS
Si, mais c’est ta mère, c’est Suzanne qui a voulu te le cacher, pour t’épargner.
On pourrait remettre le courant les enfants ?

LISA
Basile c’est faux, c’est faux il fait toujours comme ça l’arrange.

Le son prend le dessus.

30
Bella découvre un écran de cinéma

Scène 8 : Final vidéo


Scène Flash-back de la crise de la mère en découvrant le château un mois
auparavant.

La voiture arrive sur le parvis du château, Pierre-Louis et Suzanne sortent de la


voiture. L’intendant arrive à leur rencontre.
Elle est directement comme hypnotisée, elle se tient immobile les yeux rivés sur
le château. Les deux hommes ne lui prêtent pas attention au début. Ils
échangent.
Apparition furtive du fantôme de Bella sur le grand balcon, trop long pour que
cela apparaisse comme une erreur de tournage, mais assez court pour que l’on
se pose la question.

- L’Homme : Bonjour,
- Pierre-Louis : Bonjour, nous venons pour la maison, enfin le château
- L’Homme : l’agent immobilier m’a prévenu
- Pierre-Louis : Oui il n’a pas pu venir aujourd’hui, mais ma femme voulait
absolument voir ce bien qui si j’ai bien compris va être mis aux enchères
sous peu.
- L’Homme : Tout à fait, la situation est particulière depuis que je suis seul…
et je suis contraint de vendre
- Pierre-Louis : Je vous le dis tout de suite, je ne pense pas que ca va
correspondre à ce qu’on recherche, c’est un peu grand pour quatre
personnes !
- Suzanne : Non
- Pierre-Louis : Non quoi ? c’est trop grand on est d’accord, non ?
- Suzanne : Non
- L’Homme : Madame veut peut- être visiter ?
- Suzanne : Non/ J’achète
- L’Homme : Attendez, des fois elle parle comme ca !
- Suzanne : Monsieur préparez-vous à venir signer chez le notaire aujourd’hui
même, j’achète !
Pierre-Louis l’emmène à l’écart pour essayer de la raisonner
- Pierre-Louis : Suzanne t’es pas sérieuse, tu vois bien que c’est un château, on
ne va pas acheter un château ? Soit raisonnable
Soudain Suzanne est prise de vivent douleurs au bas ventre
- Suzanne : Ha
- Pierre-Louis : Qu’est qu’il y a chérie ?
La douleur de Suzanne s’intensifie, elle s’appuie d’abord contre la voiture et se
met à souffler fort comme pour calmer des contractions.

31
- L’Homme : Heu ça n’a pas l’air d’aller.
- Pierre-Louis : s’il vous plait ça va je gère
Suzanne s’écroule au sol, un temps, la douleur semble être passer, elle se
balance assise les genoux repliés dans ses mains, elle fredonne une berceuse
Yiddish.
- Pierre-Louis : On va y aller Suzanne, d’accord ?
- Suzanne : reprenant ses esprits : Non, ça va.
- Pierre-Louis : Comment ça ça va », on aurait dit que tu allais crever, non ça
ne va pas, tu fais une rechute.
- Suzanne : Je ne sais pas ce qui vient de se passer mais je te dis que ça va.
- L’Homme : Madame ?
- Suzanne : je vous achète le château, je le veux. J’ai encore la force d’aller
signer un compromis.
- L’Homme : Très bien retrouvons- nous chez Monsieur Croze demain à la
première heure.
- Pierre-Louis : C’est un peu précipité non !?
- Suzanne : J’ai besoin de cette maison, je l’achète.

Musique Léonard Cohen Suzanne


Générique

FIN

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EPISODE 2 L’HIVER
Une inquiétante étrangeté

Au cœur de l’hiver, une inquiétante étrangeté plane sur le château de


Sallmard. Le retour de Suzanne, la mère, bouleverse la vie de la maison qui
semble faire ressurgir des éléments de son passé par bribes. Entre joie des
retrouvailles et cohabitation parfois houleuse, la famille enfin au complet
tente de trouver son équilibre alors que des phénomènes
étranges commencent à apparaitre

PARC
INSTALLATION : le campement
Dans le parc, une reconstitution de campement de résistant. Le Fils, Basile en
tenue de résistant a dormi dehors dans des couvertures, mange dans une
gamelle, relève un piège. Il prépare son rôle pour le film de sa sœur avec la
technique de l’Actor Studio, il vit son rôle pour pouvoir l’interpréter.
Sa sœur fait des test vidéo.
Le fantôme de Bella accueille également le public qui arrive sur le chemin.

REFECTOIRE
PROJECTION : Précédemment
Bande annonce résumant l’épisode précédent « L’Automne » :

Bella accueil le public, elle arrive de l’extérieur. Elle fait le lien entre acteurs
/spectateurs, Mort/Vivant. Elle porte « le manuel des personnes récemment
décédées ».

BELLA
Bonjour à tous, j’étais avec les deux jeunes dans la forêt, je ne me lasse pas de
les observer, il faut avouer qu’un monde nous sépare. Elle prend le temps
d’observer les spectateurs Heureuse de retrouver ceux qui sont déjà passé par ici
et bienvenu aux nouveaux. Vous avez atterri dans ce Château, le château de
Sallmard, votre arrivée ici génère surement des doutes, des questionnements,
dites-vous que les tracas du quotidien sont en ce moment derrière vous, ce qui
devrait directement être associé une cessation du stress. Il fait froid, dites-vous
que c’est une des conditions a se retrouver dans la situation dans laquelle nous
trouvons tous, dites-vous aussi qu’il est possible de trouver toutes sortes de
charmes extraordinaire a l’expérience inhabituel d’aujourd’hui qui n’a pas été
expérimenté auparavant. Je vais m’arrêter là avant de vous embrouiller l’esprit

33
et de tomber dans la confusion. Je propose une rétrospection sous forme de
panorama. Et ensuite laissez-vous guider.

Vidéo :« Mais papa vous ne l’avez pas visité avec maman la maison avant de
l’acheter ? » « Basile mais qu’est que tu fais là ? » « Ça ce sont les lettres de
mon grand-père Léo … » « Lisa ça suffit on va pas recommencer ! » « Maman
elle serait contente qu’on habite tous ensemble comme avant » « Maman elle
est en hôpital psychiatrique ! il ment, il ment ». « Suzanne on ne va pas acheter
un château, sois raisonnable ».

SCÈNE 1 : Arrivée de Suzanne


Le couple arrive dans le château, le père fait visiblement de beaux efforts pour
faire bonne figure le jour du retour de sa femme. Elle a passé presque 4 mois
dans une maison de repos.

PIERRE-LOUIS
En off Laisse-moi porter ton carton.

SUZANNE
Non je te dis que ça va. On passe pas par l’escalier ?

PIERRE-LOUIS
Non, j’aime pas passer par là.

SUZANNE
Je me souviens d’eux.

PIERRE-LOUIS
De quoi tu parles ? Il fait trop froid dans cet escalier et ces tableaux me glacent
le sang. Viens, on va se réchauffer à la cuisine !

Ils entrent dans le réfectoire. Pierre-louis poursuit sa traversée en direction de


la cuisine, Suzanne s’arrête en chemin.

PIERRE-LOUIS En off
Tu ne viens pas ? j’ai allumé un feu dans la cuisine avant de partir pour qu’il
fasse bien chaud.
Il revient Suzanne ça va ?

SUZANNE
Oui parfaitement.

34
Elle a posé son carton sur la table au centre de la pièce, ses mains sont toujours
posées sur le carton, elle reste comme ça immobile, comme si elle écoutait.

PIERRE-LOUIS
Tu ne viens pas au chaud ?

SUZANNE
Je n’ai pas froid.

PIERRE-LOUIS
Bon. Il repart en cuisine et revient avec un bouquet de fleur (pas de saison).
Je voulais que tu saches que je suis heureux que tu sois là et je m’en veux de
tout, la manière dont les choses se sont passées ; je ne savais plus quoi faire,
c’était peut-être la solution de facilité, pour moi. Tu m’as manqué.
Il la serre dans ses bras

SUZANNE
Je ne t’en veux pas. Des roses en hiver. Je suis contente d’être revenue.

PIERRE-LOUIS
Le séjour t’a fait du bien, tu es très belle Suzanne. Ce n’était pas une si mauvaise
idée cette maison de repos. Un temps Qu’est-ce que tu as dans ce carton ?

SUZANNE
Mes toiles.

PIERRE-LOUIS
Tu peins ? De l’art thérapie ? j’ai entendu dire qu’il préconisait cette pratique
pour divers troubles psychiques !

SUZANNE
Pierre-Louis, je n’ai pas de pathologie spécifique. J’ai un traitement léger, et un
état d’âme mélancolique, voilà tout. C’est la pièce idéale pour exposer mes
peintures.

Les enfants arrivent tout emmitouflés. Basile est en costume de résistant.

LISA
Maman ! Trop contente que tu sois enfin là.

BASILE
Salut, Maman. Ça va ?

35
SUZANNE
Bonjour mon grand. Vous allez bien ?

BASILE
C’était pas trop difficile l’hôpital psy.

PIERRE-LOUIS
Maison de repos.

LISA
On était en plein repérages pour mon projet de film dont je t’ai parlé.

BASILE
Et elle s’est incliné face à mon talent inné !

SUZANNE
Tu joues un résistant ?

PIERRE-LOUIS
Il passe sa vie dans le parc !

LISA
Depuis que papa lui a acheté toute la panoplie, costume, tente, accessoires
d’époque, il vit dehors.

BASILE
Avoue que ça t’arrange bien pour ton film !

LISA
En attendant moi j’économise toujours pour du matériel.

SUZANNE
Tu dors dans le parc Basile ?

BASILE
T’inquiète maman. Question température, dedans dehors, c’est la même chose.

PIERRE-LOUIS
J’ai essayé de le raisonner, rien à faire.

LISA
Si seulement la chaudière fonctionnait correctement !

36
PIERRE-LOUIS
Ça va Lisa !

BASILE se donnant des airs


Vous n’avez rien compris à l’art : expérimenter les circonstances du rôle, la
mémoire sensorielle du personnage ! Stanislavski ça vous parle ?

LISA
Il s’est cru à Hollywood !

BASILE
Tu m’as quand même choisi pour jouer dans ton film ! donc…

SUZANNE
Que c’est bon de vous entendre !

PIERRE-LOUIS
Vous voulez pas aller dans la cuisine ? On y est bien, il fait chaud…

LISA Apercevant les tableaux sur la table


Les tableaux de Bella ?

SUZANNE
Non, c’est moi qui les ai peints !

LISA
Ha bon, ils ressemblent beaucoup à ceux de ta mère non ?

SUZANNE
Je sais pas.

LISA
Tu vois les tableaux de fleurs que grand-père Léo avait dans sa chambre ? c’était
bien ceux de ta mère Bella ?

SUZANNE
Lisa tu me pose de ces questions ! Des tableaux de fleurs ça reste des natures
mortes.

BASILE
Des roses en hiver ! c’est toi papa ? ça craint, tu sais d’où elles viennent au
moins ? faut arrêter de faire ça !

37
SUZANNE
C’était pour me faire plaisir Basile.

PIERRE-LOUIS
Bon moi je vais en cuisine ! Qui m’aime me suive !
Le père sort vers la cuisine

BASILE
Je vais relever les pièges ! Lisa on se retrouve pour…tu sais !

LISA
Si seulement j’avais su ce qui s’était passé, j’aurais tout fait pour l’empêcher de
t’enfermer. Tu m’as dit que la maison t’avait chamboulée, papa n’a pas voulu
me raconter ce qu’il s’est réellement passé, dis-moi.

SUZANNE
Y’a rien à dire Lisa cette maison m’a fait de l’effet, j’ai su que je devais y être,
maintenant j’y suis. Je crois que ton père a juste été dépassé par la situation, et la
rapidité de ma décision.

LISA
La décision d’acheter le château ? Suzanne acquiesce Et c’est tout ? Maman
qu’est-ce que tu as fait pour que papa t’envoies en HP ?

SUZANNE
Une sorte de crise. Je sais pas comment expliquer ce qui s’est passé, sans passer
pour une folle.

LISA
Essaye !

SUZANNE
Je n’arrive même pas à me l’expliquer à moi-même ! Je crois que j’ai perdu le
control. C’est la maison qui...silence.

LISA
La maison qui quoi ? Silence qui t’a fait un signe ? La maison t’a parlé ? Tu as
entendu des voix ? en mode « Je vois des gens qui sont mort ».

SUZANNE
J’en sais rien Lisa.

LISA

38
On pourrait se parler vraiment, arrêter d’esquiver. Moi aussi maman, je sens des
choses ici.

SUZANNE
Hum hum Elle essaye de placer ses tableaux

LISA
J’ai décidé d’enquêter sur la maison.
Un silence

SUZANNE
Quand je suis arrivée, elle m’a…hypnotisée, puis j’ai eu mal, tous mes muscles
se sont crispés… comme quand j’accouchais de toi et ton frère. Ça venait du
plus profond de moi.

LISA
Des contractions ?

SUZANNE
Oui c’est ça, et puis d’un coup s’est passé et j’ai su qu’il fallait que j’achète le
château.

LISA
Ok…et papa à paniqué, logique ! Un temps elles se regardent.

SUZANNE
Je vais me reposer au petit salon, on se voit pour manger.

LISA
Je retourne à mon enquête !

SUZANNE
Tu devrais jeter un coup d’œil dans le bureau en bas de la grosse armoire.

LISA
Quoi ?
La mère est déjà partie

PIERRE-LOUIS arrivant de la cuisine


Suzanne tu veux que je monte tes affaires ?

LISA
Elle est partie s’installer au petit salon.

39
PIERRE-LOUIS
Ha bon mais pourquoi ? tu lui as fait faire le tour ?

LISA
Non.

PIERRE-LOUIS
Tu entends ?

LISA
Non

PIERRE-LOUIS
Un léger sifflement, non ? Ce doit être la chaudière, faut que je retourne voir ça.

Un son est subtilement apparu sur l’échange entre la mère et la fille.


Un son en lien avec l’Angoisse du père et de la chaudière ; à peine perceptible
qui pourrait être confondu avec un son de machine difonctionnelle qui ne
dérangerai pas tout le monde. Qu’on pourrait oublier si on ne nous y fait pas
penser. Qui pourrait augmenter comme une nape auditive anxiogène, qui
recouvrirait tous les autres sons, et les voix des comédiens.

Interscène

BELLA
La famille est enfin réunie, ça me réchauffe le cœur rire! La maison reprend vie.
Elle est faite pour qu’il y ait du mouvement, de l’agitation, de l’effervescence,
chacun peut s’affairer dans son coin, telle une ruche. Dans les souvenirs
d’enfance qui me reviennent c’est ce sentiment d’émulation qui domine, il se
passe toujours quelque chose quelque part ; on peut être dans une même maison
mais ne pas vivre la même histoire.

SCÈNE 2 : plan séquence

Le public placé par petit groupe dans 4 pièces en enfilade dans le château
guidé par Bella. 50 spec : 4 groupes : 10 +10+15+15
Père/Mère/Fille/ Fils/ Bella .Donner à voir l’effervescence.

40
Un moment de solitude simultané, pour chaque personnage chacun avec un
groupe de spectateur.

Bureau
Lisa cherche dans le bureau, s’assoit. Un temps. A la sensation qu’il y a du
monde autour d’elle.
Jamais l’impression d’être seule dans cette maison ! Continue à chercher dans
une armoire et trouve un registre, le feuillette. Elle est assise au bureau comme
Germaine dans la vidéo.

LISA
Incroyable les registres entrée/sortie des enfants cachés ! évidemment dans le
bureau de Germaine Chesneau pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt !

Petite salle à manger


Il y a des draps qui recouvrent les meubles. Basile, un moment couché sur le lit
recouvert de draps blancs, joue avec son fusil ; Cherche la bonne planque pour
ses armes. Observe en cachette sa mère dans la pièce d’à côté. « Chelou ma
mère ! »
Basile cache ses armes dans un placard et sort de la pièce.

Bella déplace des objets. Elle ressort les fusils de basile pour les placer en
évidence sur le lit. Elle place au mur un tableau de Suzanne. Elle place la caisse
à outil au pied du lit.

Petit salon
Suzanne ouvre une petite porte secrète, un son en sort, elle donne sur un petit
lavabo avec miroir, elle s’observe puis se recoiffe ; Bella est derrière elle.
Elle découvre qu’un bouton de son manteau s’est défait. Bella lui indique une
autre porte secrète pour trouver le nécessaire a couture ! « Oh ba ça alors ! »
Elle finit par sortir sa flute traversière qui va se mêler au son de la maison.

Billard
Pierre-Louis Fait les cent pas à côté de la porte de la chaufferie. Un bruit
strident provient de l’intérieur de la salle des machines ? pas sûr que ça
provienne de là, Pierre-Louis se bouche et se débouche les oreilles aves ses
mains. Il marmonne quelque chose qu’on ne comprend pas.
Puis entre dans la pièce où se trouve la chaudière, déplace du bazar, fulmine.

PIERRE-LOUIS
Et voilà l’aiguille pression est de nouveau sur le zéro ! Merde ! Je ne comprends
pas comment fonctionne cette foutue machine. Il inspire puis expire comme un

41
exercice de relaxation Les outils ? criant Basile ! Basile apporte moi la boite à
outils s’il te plait !

LISA
Fort Il relève ses pièges…
Elle lit les noms d’enfants inscrit sur le registre

PIERRE-LOUIS
Je vais me débrouiller !
Il traverse toutes les petites pièces en enfilades, passe le bureau va dans l’entrée
et revient. Je ne retrouve rien dans cette baraque ! Lisa j’avais laissé les outils
dans l’entrée, tu les as bougés ?

LISA
Non j’ai rien touché.

PIERRE-LOUIS
Fort J’aimerais que les outils restent à leur place d’outils. Pierre Louis repart
vers la chaufferie en passant par la petite salle à Manger ou il tombe sur la
caisse à outils. Qu’est-ce qu’ils font là ! Très bien, super, merci pour la blague.
il voit dépasser, sous un drap, un fusil. Qu’est-ce que c’est que ça ! Basile ? Il va
m’entendre ! se ravise, prend sur lui, inspire, expire bruyamment On verra plus
tard. Il retourne à la chaufferie avec la caisse à outils, marque un court arrêt au
petit salon. Tout va bien ma chérie ?

SUZANNE
S’arrêtant de jouer de la flute pour lui répondre J’ai retrouvé la cachette à
couture.

PIERRE-LOUIS
Ha, tant mieux ! Moi je ne retrouve strictement rien… pourquoi tu dis
« retrouver » ? Mais elle a repris sa flute. Une fois de retour dans la chaufferie
il continuera à pester contre Basile et l’arme qu’il a trouvé.

BASILE
Lisa t’es ou ? je t’attends ! Il entre dans le bureau, il porte une branche de pin
qui fera office de sapin.

LISA
Super la discrétion ! Maman est juste à coté …

BASILE

42
T’inquiète si on passe vite elle se rendra compte de rien. Pas envie de faire le
tour, c’est ton idée !

LISA
Les décorations ?

BELLA
Dans le placard du haut.

SUZANNE s’arrête de jouer de la flute


Dans le placard du haut !

BASILE et LISA
Tu nous parles ?

Ils trouvent des décos dans le placard du haut, trainent la branche jusqu’au
Billard.
Une fois que les enfants ont dépassé le petit salon ou Suzanne joue de la flute,
Bella va guider Suzanne en sens inverse vers le couloir.

LISA
Ici c’est bien !

Ils placent le sapin et commence à le décorer.

PIERRE-LOUIS
Qu’est-ce que vous faites ?

LISA
Bah on prépare le sapin.

BASILE
La branche… pour fêter Noël avec Maman !

PIERRE-LOUIS
En Février ? N’importe quoi, c’est ridicule, bon, je capitule Il pose ses outils
Suzanne, je suis désolée mais il va falloir bien te couvrir parce que cette
chaudière de merde ne chauffera pas ce soir ! ou est-ce qu’elle est passée ?
Suzanne, Suzanne…Il retraverse les pièces en enfilades répétant pour lui-même
« Pour fêter Noël avec Maman ! »

Un son s’est imperceptiblement intensifié.

43
Le public se déplace par le petit escalier vers Monseigneur.

Scène 3 : L’enquête mémorielle


Monseigneur

Le fantôme de Bella tente de lui mettre des indices en évidence.

Lisa pose les registres qu’elle a trouvés sur un grand bureau ou se trouve
aussi tous les indices qu’elle a récoltés : vieilles photos, vieilles bobines vidéo
d’archives, son carton avec les lettres et carnet de son grand-père…
Dans la pièce il y a aussi un autre bureau avec tout son matériel vidéo,
caméra, écran, vidéo projecteur.
C’est son Quartier général avec canapé…
Le temps que les spectateurs prennent place, elle lit les prénoms des enfants
du registre.

LISA
Reprenons chronologiquement : La mort de Papi Léo/ L’état de maman qui se
dégrade/ Papa et Maman nous laissent seul à Paris dans l’appartement de papy le
temps de trouver une maison dans le sud/ Pour un nouveau départ/ Ils trouvent le
château / Maman fait une crise/ Papa décide de l’interner/ Nous emménageons
papa et moi/ Basile est à l’internat à 3 kilomètres d’ici/ Papa déteste la maison/
j’ai la sensation que la maison veut /

PIERRE-LOUIS entrant
Suzanne est passée par là ?

LISA
Elle jouait de la flute en bas. Basile traverse la pièce avec un livre
Vous vous êtes donnez le mot ? c’est mon espace !

BASILE
T’as choisi une pièce traversante, on la traverse ! Au fait t’as regardé ce qu’on a
filmé tout à l’heure ? On y croit ?

LISA
Pas encore. Qu’est-ce qui t’a pris ? de base, t’avais pas de texte et là tu
m’improvise tout un monologue « Je suis Abel, j’ai 14 ans je veux combattre
l’ennemi qui m’a arraché mes parents, à moi et ma pauvre petite sœur, je suis
prêt à en découdre avec ces salauds de Nazis … » c’était quoi ça, c’est ton truc à
l’Actor Studio ?

44
BASILE
Bah…

LISA
Bah… c’était canon j’adore mais tu l’as sorti d’où cette histoire ?

BASILE
Ça m’est venu comme ça, le génie de l’improvisation ! Mon inspiration me
dictait les paroles !
Il se pose sur un canapé et regarde son livre sur les empreintes Bella est à
proximité

LISA
Ne te la pète pas trop quand même ! Un temps Heu, tu vas rester là ?

BASILE
J’ai trouvé des empreintes autour de mon campement, je me demande de quoi,
j’avais repéré ce livre dans la bibli… toutes les empreintes : « Marque en creux
ou en relief laissée par un corps qu'on presse sur une surface. Marque profonde,
durable. »

LISA
Les empreintes ! Mouais, bon alors moi j’ai trouvé les registres entrée/sortie des
enfants juifs, ils ont commencé à arriver en 42, cette Mme Chesneau les cachait
parmi les autres enfants qu’elle accueillait dans la maison. Le château a été
occupé par les Allemands en 44 ; Les enfants changeaient de noms à leur
arrivée, les Allemands sont repartis …

Une vidéo se déclenche toute seul c’est une interview de Germaine Chesneau.
Ils la regardent un temps.

LISA
Basile c’est toi qui a lancé la vidéo ?

BASILE
J’ai un livre dans les mains !

LISA
Ok…

BASILE
Qu’est ce qui s’est passé ?

45
LISA
Je viens de numériser une VHS mais j’avais pas encore écouté le contenu. Elle
farfouille dans les câbles Bon ça a dû se déclencher …tout seul.

BASILE
A mon avis le château est construit sur une zone énergétique avec un taux
vibratoire élevé ! Ca peut détraquer les ondes, je te le dis ! toutes les fois où la
lumière saute et que nos tel se déconnectent sans raison c’est surement le
magnétisme ! Rappelle-toi le premier repas qu’on a passé ici comme il avait
flippé Papa ! il rit

Suzanne entre par la porte de la chambre accolée. Bella est assise sur un
canapé dans la pièce et se redresse quand Suzanne entre la faisant sursauter,
Basile : Ça va Maman, j’t’ai fait peur ? t’es pale.

SUZANNE
C’est ici que tu « mènes l’enquête » ! quelles trouvailles ?

LISA
Un registre des enfants Juifs que Mme Chesneau cachait, avec leurs faux noms
et les dates d’entrées et de sorties. J’essaye d’avoir un maximum d’infos sur ce
qui s’est passé dans ce château. Des vidéos aussi, VHS et des vieilles bobines.
En fait j’écris mon film en m’inspirant de l’histoire de cette maison, là pour
l’instant ma ligne narrative n’est pas claire, je suis un peu perdue sur ce que je
veux vraiment raconter, c’est comme s’il me manquait des pièces du puzzle.

BASILE
Je lui dis qu’il faut absolument qu’il y ait des Zombies dans son film !

SUZANNE
D’accord. Montrant un carton sur lr bureau. Et ca c’est quoi ?

LISA
Des babioles de Papy Léo.

Suzanne s’apprête à sortir par les petits escaliers. Les enfants se regardent, se
font un signe stop.

BASILE
Maman pas par-là ! On t’a préparé/

LISA

46
On préfèrerait que tu traverses pas le grand salon.

Suzanne fait demi-tour et en passant près du bureau de Lisa, elle fait tomber le
carton de Papy léo. Bella ramasse les affaires mais laisse au sol un carnet. Un
moment de suspend. Elle va pour sortir.

SUZANNE
Rassurez-vous, tout va bien, là, je me sens bien.

Elle sort vers le grand escalier, on entend l’air de la berceuse à la flute.

BASILE
Tu crois qu’elle est défoncée aux médocs maman ?

LISA
Elle a toujours été comme ça, un peu dans les vapes.

BASILE
Elle a dû se sentir seule, moi qui la croyais en stage bien-être, quel con !

LISA
Basile, tu pouvais pas deviner, j’aurais dû te le dire plus tôt.

BASILE
Je ne parle pas de moi !
Il sort

LISA
Lisa ramasse le carnet resté au sol et lit.
Bella mon amour de toujours, tu dors d’un sommeil fiévreux, agité, tu parles
dans ton sommeil. Paroles qui ne cessent d’ajouter du mystère au mystère. Tu
me resteras à tout jamais voilée. Étrangère à toi-même ! tes cauchemars
reviennent : clac clac, les bottes. Tu penses aux Allemands dans les rues pavées,
à la guerre de notre enfance. Toi qui pourtant n’a connu que la vie à la ferme, tes
chats, les vaches, la messe venant rythmer ton quotidien d’enfant unique
protégée des tourments. Cette phrase que tu me répètes en te réveillant m’obsède
: « Je rêve que je n’ai pas le droit de rêver et cependant je rêve. »

Le public passe par le grand escalier (des chuchotements ?/ son )

47
Scène 4 : Un faux repas de Noël
Ils fêtent Noël à retardement.

Coupure de courant Pierre-Louis, entre dans la pénombre, alimente le feu.


Seule la lumière du feu de cheminée éclaire la pièce. Bella passe et dépose un
objet sur la table : Un Mouchoir brodé B. Lachmanovitch (nom de famille de
Bella avant que ses parents adoptifs lui donnent leur nom : Bella Lafosse)

PIERRE-LOUIS
Qui est là ? y’a quelqu’un ? Elle est vraiment nul votre blague. Les enfants, vous
le savez que je n’aime pas être dans le noir ! Lisa ? Basile, je sais que tu m’en
veux de t’avoir caché la vérité pour maman, mais là ça devient puérile ! Allez ça
suffit, on est tous réunis, oublions le passé veux-tu ? vous allez gâcher la soirée.
Basile, Lisa allez c’est bon j’ai pas du tout envie de rire.

Une porte claque. Suzanne entre.

SUZANNE
Tout va bien Pierre-Louis ?

PIERRE-LOUIS
Oui je, j’ai cru, un courant d’air. Waou, Suzanne, tu es magnifique. Tout va très
bien maintenant que tu es là, je suis ému de te retrouver plus belle que jamais.
Les plombs ont encore sauté ! il va dans la chaufferie Tiens la chaudière s’est
allumée !

SUZANNE
Vraiment ? une soirée de Noël !

PIERRE-LOUIS
Les enfants voulaient te faire une surprise, c’est raté.

SUZANNE
Viens cachons-nous, c’est nous qui allons les surprendre.

PIERRE-LOUIS
Suzanne, c’est pas la peine, ils vont pas se formaliser, ils sont grands, on va pas
se cacher comme des gamins !

SUZANNE
Ne fais pas ton rabat-joie. Par ici.
En off

48
PIERRE-LOUIS
Attends Suzanne qu’est-ce que tu fais ?

SUZANNE
A ton avis ?

PIERRE-LOUIS
Là ? maintenant ? les enfants vont surement arriver d’une minute à l’autre !

SUZANNE
Pierre Louis, ils ne vont pas se formaliser, ils sont grands !

PIERRE-LOUIS
Oh et puis merde t’as raison. On entend des bruits de lit et d’objets qui tombent.
On entend également des bruits de pas dans la pièce du dessus.

LISA entrant dans le grand salon


Je ne sais pas Basile ! Ils vont bien finir par réapparaitre ! Ils mettent la table, la
décore…C’est bon tout est branché ?

On entend des bruits de pas à l’étage

BASILE
Au micro Oui. Test test « à toi belle et grande maison qui a traversé les
siècles… »

Les parents, sortant de la petite chapelle, un peu décoiffés

SUZANNE
Alors ? qu’est-ce que vous manigancez ?

LISA
Ok dans la petite chapelle !

PIERRE-LOUIS
C’est Suzanne qui voulait visiter...la petite chapelle...

BASILE
C’est bon papa sérieux tais-toi.

SUZANNE
C’est une excellente idée de fêter un non-Noël !

49
PIERRE-LOUIS
On est heureux que cela te rende heureuse.

LISA
Pardon ?

BASILE
Ha ! « Excellente idée » hein papa !

PIERRE-LOUIS
Jamais dit le contraire.

LISA
Quoi ?

PIERRE-LOUIS
Lisa, qu’est-ce que tu cherches ?

BASILE
Lisa laisse.

LISA
Mais non. Je comprends pas pourquoi il fait ça à chaque fois, retourner la
situation à son avantage. C’est pas une tare de reconnaitre ses faiblesses,
merde… il prétend vouloir « nous éduquer » !

PIERRE-LOUIS
Mais elle a un grain, c’est pas possible !

SUZANNE lui jetant un regard désapprobateur


Pierre-Louis !...

PIERRE-LOUIS
Suzanne ce n’est pas ce que je voulais dire ! Personne n’est fou/

SUZANNE
S’il vous plait tous les deux… c’est Noël !

Basile lance la musique d’un karaoké chanson de Noël « It’s the most wonderful
time of the year » Andy William

Basile commence à chanter, rejoins par sa mère et sa sœur qui esquisse avec
son père quelques pas de danse puis toute la famille chante en cœur ( petite

50
chorégraphie) . Ils prennent la pose, se servent de la table comme d’une
estrade. Bella est assise dans l’un des fauteuil près de la cheminée et assiste
avec joie à la scène de transe. A la dernière note chacun a une coupe à la main
et Basile tient le micro.

The Most Wonderful Time Of The Year


Le moment le plus merveilleux de l'année

It's the most wonderful time of the year /C'est le moment le plus merveilleux de l'année
With the kids jingle belling /Avec les enfants et leurs grelots qui sonnent
And everyone telling you "be of good cheer"/Et tout le monde te dit "sois de bonne humeur"
It's the most wonderful time of the year /C'est le moment le plus merveilleux de l'année
It's the hap-happiest season of all / C'est la saison la plus heureuse de toutes
With those holiday greetings / Avec ces vœux de vacances
And gay happy meetings when friends come to call / Et les réunions heureuse et gaie quand
les amis appellent
It's the hap-happiest season of all /C'est la saison la plus heureuse de toutes
There'll be parties for hosting /Il y aura des fêtes à héberger
Marshmallows for toasting / Guimauves a griller
And caroling out in the snow / Et chanter dans la neige
There'll be scary ghost stories /Il y aura des histoires de fantômes effrayantes
And tales of the glories / Et les contes des gloires
Of Christmases long, long ago / Des Noëls depuis longtemps, il y a longtemps
It's the most wonderful time of the year / C'est le moment le plus merveilleux de l'année
There'll be much mistletoeing / Il y aura beaucoup de gui
And hearts will be glowing when loved ones are near / Et les cœurs brilleront quand les
proches seront proches
It's the most wonderful time of the year / C'est le moment le plus merveilleux de l'année
There'll be parties for hosting / Il y aura des fêtes à héberger
Marshmallows for toasting / Guimauves pour la grillade
And caroling out in the snow / Et chanter dans la neige
There'll be scary ghost stories / Il y aura des histoires de fantômes effrayantes
And tales of the glories / Et les contes des gloires
Of Christmases long, long ago /Des Noëls depuis longtemps, il y a longtemps
It's the most wonderful time of the year /C'est le moment le plus merveilleux de l'année
There'll be much mistletoeing /Il y aura beaucoup de gui de Noël
And hearts will be glowing when loved ones are near / Et les coeurs brilleront quand les
proches seront proches
It's the most wonderful time / C'est le moment le plus merveilleux
Yes the most wonderful time /Oui le moment le plus merveilleux
Oh the most wonderful time of the year / Oh le moment le plus merveilleux de l'année.

Ils sont tous un peu sonné.

PIERRE-LOUIS
Nos coupes sont vides, ha, ha !

SUZANNE.
J’ai une faim de loup, si on mangeait ?

51
PIERRE-LOUIS.
Installez-vous, je vais arranger ça. Je ne sais pas vous, mais ce petit air de Noël
m’a mis en joie. Il sort chercher à manger.

Un temps dans le silence avec le crépitement du feu dans la cheminée. Puis


subitement ils prennent la parole au même moment.

LISA. Tu pourrais nous parler de notre grand-mère ?

BASILE. J’aimerais quitter l’internat/

SUZANNE. D’où vient ce mouchoir ?

Rires

LISA Tu nous parlerais de notre grand-mère, Bella ?

Un son, monte comme si la maison signifiait qu’elle touche le sujet du doigt

BASILE Tu sais bien qu’elle ne l’a pas connue ! Maman tu penses que je
pourrais quitter l’internat pour venir habiter avec vous ?

LISA Mais qu’est-ce que grand- père Léo te disait d’elle ?

SUZANNE Il faudrait en parler avec ton père.

BASILE. Toi maman, tu en dis quoi ?

PIERRE-LOUIS entre avec son plat


Je vous ai préparé une spécialité du coin, Suzanne tu vas m’en dire des
nouvelles !

SUZANNE Perturbée par le mouchoir brodé J’ai pas envie de parler se


ressaisissant, mangeons ce délicieux…

BASILE Gratin/

LISA dépités. De ravioles.

Silence chacun dans ses pensées/ Suzanne saisi le mouchoir brodé que Bella
avait déposé sur la table.

52
BASILE
J’ai trouvé des empreintes de loup dans le parc, un temps j’avais repéré les
lièvres, les renards et les chevreuils mais je ne pensais pas que les loups du
Vercors viendraient si bas.

LISA
N’importe quoi ! c’est surement un chien ! y’a pas de loup ici, Papa ? Maman ?

Ils haussent les épaules

BASILE
D’après mes recherches, ce sont bien des empreintes de loup.

PIERRE-LOUIS. Basile je ne veux plus que tu dormes dehors !

BASILE
Et concernant l’internat ? je ne suis pas si sûr de poursuivre dans l’horticulture !

PIERRE-LOUIS Pierre-louis avale de travers Ah bon ? Ha bah tiens c’est


nouveau ça ! j’étais pas au courant Suzanne. Un son se fait entendre
Tu avais l’air heureux d’expérimenter cette filière, ton comportement s’est
nettement amélioré et tes résultats ne sont pas si mauvais, je ne comprends pas
Basile. Un peu de persévérance ! Vous n’entendez pas un bruit ? Ils font tous
non de la tête Je suis intimement persuadé que cette amélioration on la doit au
fait que tu sois à l’internat. Suzanne qu’est-ce que tu en pense ?

SUZANNE J’ai pensé qu’il y avait des enfants que nous devions garder, tout
simplement.

PIERRE-LOUIS Quoi ? Tu penses qu’il doit quitter l’internat et venir ici ?

SUZANNE Des adultes aussi nous ont rejoint ; ils nous ont beaucoup aidés à
l’entretien de ces enfants.

PIERRE-LOUIS Tu parles de l’équipe éducative ? Suzanne je ne comprends pas


bien ou tu veux en venir.

SUZANNE On a vécu comme on a toujours vécu dans cette maison, comme une
grande famille.

PIERRE-LOUIS Heu oui, on va s’attacher à vivre comme une famille, hein les
enfants ?

53
SUZANNE Les enfants se sont intégrés petit à petit, tous ne sont pas arrivés en
même temps.

PIERRE-LOUIS Suzanne tu as pris tes médicaments ?

SUZANNE Je ne me suis pas posée la question de savoir si j’étais en danger.

Le son stop net

PIERRE-LOUIS Suzanne tu n’es pas en danger, mais j’aimerais que tu prennes


tes médicaments correctement.

BASILE Maman ça va ?

SUZANNE Mais oui, pourquoi vous me regardez tous avec des yeux de merlan
frit ? Pierre-Louis je ne me sent absolument pas en danger, et ne t’inquiète pas,
les somnifères je les prends en fin de repas, sinon je m’endors au milieu de la
soirée ! elle rit j’aime beaucoup ce gratin de « raviole », rassure-toi c’est
délicieux !

BASILE Maman on parlait de l’internat !?

LISA Mais t’étais là maman ? tu as entendu la vidéo tout à l’heure ? Basile c’est
les paroles de Germaine Chesneau. A Pierre-Louis On a trouvé une cassette
vidéo avec une interview de Germaine et maman vient de dire exactement/

PIERRE-LOUIS On pourrait tenir des propos cohérent s’il vous plait ? Lisa
arrête avec cette Germaine, ça tourne à l’obsession ! Trinquons à l’avenir,
arrêtons de ressasser les vieilles histoires, place aux vivant ! Et Lisa, je voulais
te remercier d’avoir réparer la chaudière.

LISA J’ai rien réparé.

PIERRE-LOUIS Je te remercie, ne cherche pas les embrouille merci. C’est à toi


que l’intendant a expliqué son fonctionnement ? bon alors !

LISA Il faudra te faire à l’idée que cette maison est pleine de fantômes !

PIERRE-LOUIS Allez Lisa, arrête veux-tu avec tes histoires… fantasques, tu


n’es plus une gamine ! Ouvrons nos cadeaux !

SUZANNE Les fantômes ne sont pas des absents mais des invisibles.

PIERRE-LOUIS Suzanne ne l’encourage pas dans son délire !

54
Ils déballent leurs cadeaux : Un pull de Noel pour chacun

BASILE Ça c’est nous ! allez faut les mettre.

PIERRE-LOUIS Son pull est bien trop grand Vous avez fait exprès pour que
j’ai l’aire ridicule ?

Ils rient tous de bon cœur en se moquant de Pierre Louis. Un Polaroïd pour Lisa.
Un couteau pour Basile. Un châle pour Suzanne.

BASILE Comme, je sais que tu aimes les vieillerie…

LISA Merci Bazille

BASILE Ouah il est trop beau !?

LISA Pour ta survie en extérieur !

PIERRE-LOUIS Je ne valide pas. Je ne voulais pas mettre ça sur le tapis mais tu


peux m’expliquer le fusil dans le petit salon sous un drap ?

BASILE Heu il était caché dans un placard…

PIERRE-LOUIS Peu importe, on avait dit non pour les armes, je t’ai payé tout
l’équipement, c’est comme ça que tu me remercie ?

SUZANNE Basile un fusil ?

BASILE Comme ça je pourrais me défendre si le loup m’attaque ?

PIERRE-LOUIS. Ne t’inquiète pas Suzanne, je gère. Vient avec moi qu’on


discute. Ils passent dans le petit salon on les entend avoir une discussion
houleuse, puis le père va céder.

Lisa rejoint sa mère sur un canapé

SUZANNE Lisa merci pour cette soirée… je n’ai pas prévu de cadeau pour
vous…Je sais que tout ne se passe pas comme tu l’aurais voulu, depuis la mort
de papy…j’ai pas voulu vous laisser tout seul ton frère et toi à Paris… je n’ai
pas ta force de caractère, je me laisse porter…tiens, j’ai ceci pour toi, je te
l’aurais donnée un jour ou l’autre, elle retire une bague de son doigt et la lui
tend c’était à ma mère, Bella, c’est ton grand-père qui me l’a donné. Cette
bague/

LISA. Maman ?

55
LISA Maman, il se passe certaines choses que je n’explique pas, je sens que / je
dois suivre une piste / cette maison elle veut quelque chose/ et ça nous concerne.

SUZANNE Je me sens à ma place ici Lisa.

Basile entre en râlant et se pose dans un coin.

BASILE Vieux con !

PIERRE-LOUIS Bon l’affaire est réglée.

LISA Venez tous prêt du sapin, je vais prendre une photo ! Bazille refuse de
s’approcher Aller vient ! plutôt maman au centre, échangez de place, Basile à
coté de maman, Papa reste debout, détend toi, on dirait que tu sais pas quoi faire
de tes mains !

PIERRE-LOUIS Je ne sais pas quoi faire de mes mains !

LISA Pause ta main sur l’épaule de maman. Allez c’est parti !

Soudain au même moment où elle prend la photo on entend à l’étage, la


musique du gramophone, des meubles qui bougent et un son par-dessus ce
remue-ménage.

Ils se regardent tous stupéfaits. Le père se précipite à l’étage. Silence.

BASILE fort Papa ? Papa ? qu’est ce qui se passe ?

PIERRE-LOUIS depuis l’étage Y’a rien, y’a rien, y’a rien ! Tout est en place !

SUZANNE Quoi ? Suzanne le rejoint à l’étage

PIERRE-LOUIS Vous avez tous entendu, comme moi ? Quelqu’un a déplacé les
meubles ! Pourquoi tout est à sa place ? où est le gramophone ? Où EST LE
GRAMOPHONE !

Basile s’apprête à les rejoindre à l’étage

LISA Basile vient voir.

BASILE Quoi ?

LISA Viens je te dis, il y a quelqu’un sur la photo ! Ils regardent avec


stupéfaction la photo qui vient de sortir du polaroïd, puis se regardent.

A l’étage

56
SUZANNE Calme toi, y’a pas de gramophone ! Pierre Louis ça va aller !

PIERRE-LOUIS Non Suzanne, ça va pas aller, cette maison me rend fou !

Le son recouvre la scène. Noir

FIN

Suzanne Léonard Cohen

Scène Bonus entre épisode 2 et 3 :


Dans un site extérieur, Saint Ange ou ruines du Château du Roux, cimetière…

57
Lisa pour pousser son enquête sur la mémoire de la famille décide de
rencontrer quelqu’un de proche de la famille de sa mère des arrières
grands parents paysans./ou quelqu’un du village qui a bien connu l’histoire
du château…

EPISODE 3 : LE PRINTEMPS

La nature, la vie reprend ses droits. Conte fantastique/ Film d’auteur.


La sortie du tunnel de l’hiver a redonné un peu de bonne humeur à la famille,
le père s’est mis en tête un certain nombre de rénovations. Dont le jardin.
La mère s’est mise à peindre guidée par le fantôme de Bella. Les toiles sont
exposées dans la salle du réfectoire.
Lisa va faire le lien entre le passé de la maison et le passé de sa famille.

Projection Vidéo : Précédemment


Infos importantes de l’épisode précédent : retour de la mère/ multiplication des
phénomènes étranges/ Objet qui a mis en transe Suzanne : paroles de germaine/
père qui commence à perdre pied/ la chaudière

Est-ce qu’il s’est passé quelque chose avec Bazile dans la fôret. Il a subi une
attaque de loup ? L’âme du loup et la sienne se sont mêlée ? Il devient mystique.

Scène 1 : Réaménagement du jardin


Le père passe de plus en plus de temps dehors, il ne supporte plus d’être dans la
maison. Il essaye de garder la tête froide de ne pas la perdre. Il se fait peur.
Le père fait intervenir un groupe de paysagistes ? pour réaménagement du jardin
à la française. Chacun suggère un réaménagement afin de conserver le charme
tout en protégeant la faune et la flore. Ce qui ne lui convient pas, lui qui veut
bétonner pour le confort.
Le Fils en opposition féroce, argumente, puis dérive sur la mythologie avec la
statue de « Pomone » déesse des vergers qui se dresse au côté de « Bellone »,
déesse de la guerre à l’entrée du jardin.

Père et fils Le père entre les deux statues regarde le jardin puis le château. Il
s’adosse à l’une des statues repense à la crise de Suzanne. Le fils arrive du
jardin fait sursauter son père.
Qu’est-ce que tu fais ?
Je pense.
A quoi tu penses ?

58
Je pense qu’il faudrait bétonner la terrasse et une allée dans le jardin.
T’es fou ! c’est un sol vivant que tu as là et une faune à préserver !
C’est le botaniste en herbe raté qui parle ?
Ok je me casse c’est bon !

Scènes 2 : L’intime individuel


Le public par demi-groupe assiste à des scènes avec 1 ou 2 personnages dans
leur intimité. Les spectateurs voient toutes les scènes ( qui se jouent 2 fois)

Visionnage des rushs


Lisa et Basile se rendent comptent que des gens apparaissent sur leurs
photos et les rush de leur film ( les fantômes spectateurs et Bella)
Scène que les enfants tournaient dans le parc, échange entre un résistant (écho
au frère de Bella, Abel adolescent juif monté au maquis mort les armes à la
main) et une agente de liaison qui lui transmet un message. Avec Bella au coté
de Basile.

La mère : dans la « Chambre Germaine », peint, guidée par le fantôme de


Bella qui lui chante une berceuse en yiddish. Bella tante de communiquer
avec sa fille, elle lui parle mais c’est un dialogue à sens unique.

SUZANNE paroles de l’air qu’elle joue à utiliser épisode 3


Un jeune homme est debout, debout et il réfléchit
Il réfléchit et réfléchit toute la nuit :
Qui choisir et ne pas offenser ?
Qui choisir et ne pas offenser ?

Résonne bala, résonne bala, résonne balalaïka,


Résonne balalaïka, sois joyeuse !

Jeune fille, jeune fille, puis-je te demander ?


Qu'est-ce qui peut grandir, grandir sans pluie ?
Qu'est-ce qui peut brûler, brûler sans cesse ?
Qu'est-ce qui peut pleurer, pleurer sans larme ?

Stupide jeune homme, que demandes-tu ?


Une pierre peut grandir, grandir sans pluie
L'amour peut brûler, brûler sans cesse
Un cœur peut pleurer, pleurer sans larmes.

59
Le père : Dans la cuisine, se questionne sur la réhabilitation de la maison.
Commence à vriller, il est provoqué par Bella, qui déplace ses ustensile de
cuisine, ça le terrorise, la maison le hante.
Décide d’exposer ses empreintes de dents à côté des tableaux de Suzanne.

Lisa : dans la « Chambre Trésor » les clefs.


Son enquête met en lien une photo avec les registres entrée/sortie des enfants
juifs cachés dans la maison. L’enfant est une fille qui ressemble étrangement à
sa mère Suzanne.
Elle film la découverte de la pièce au trésor. Des éléments dont un objet
significatif …mais quoi ?

Le Fils : dans le grenier avec l’ancien intendant qui se cache, qui connait très
bien la maison lui indique où trouver les documents qui intéresseront sa sœur
Lisa. Il parle avec quelqu’un au grenier, qu’est-ce qu’il manigance ? l’interroge
Lisa. Communique-il avec un fantôme ?

Mère et fille Suzanne et Lisa au petit salon : discussion autour de son


accouchement de son passé de petite fille, celui de sa mère. Suzanne dit qu’elle a
failli mourir lorsqu’elle a accouché de Lisa et Bazile et que sa propre mère Bella
étant morte en accouchant …il y a la surement un traumatisme …
Lisa : tu n’as pas connu ta mère et toi on dirait que tu ne veux pas qu’on te
connaisse. J’ai un attachement ambivalent a toi. Je t’aime et je t’en veux
secrètement mais je ne sais absolument pas de quoi …

Scène 3 : Un repas
Public séparé entre cuisine et réfectoire.
Communication toujours tendue, mais les enfants sont déterminés à livrer les
éléments pertinents de leurs recherches concernant le passé de la maison et celui
de la mère, mais les adultes ne sont visiblement pas prêts à entendre. Il y a un
mur qui sépare les adultes et les enfants.

Lisa questionne sa mère sur l’enfance de sa grand-mère Bella dans la Drôme et


sur ses arrières grands-parents, mais Suzanne ne sait que peu de choses sur ce
couple de paysans avec qui sa mère avait coupé les ponts.
Suzane devient étrange, bafouille, dit mal…Suzanne prend conscience de son
ignorance face à ses origines, elle qui n’a connu ni sa mère, ni ses grands-
parents. Lorsque Lisa lui montre la photo jaunie d’une petite fille juive
caché au château, Suzanne est bouleversée. Une photo de bella enfant petite
devant le château. Et il y a aussi ses tableaux qui son peint du même coup
de pinceau que ce que faisait bella .

60
« Pendant des années je n’ai pas pleuré, jamais »

Scène de ménage, le père reproche à sa femme le trop plein d’œuvres, et le


manque d’harmonie générale de la maison. Il reproche un laisser-aller de la
famille. Sa femme lui retorque qu’il est simplement jaloux de pas trouver son
moyen de s’exprimer et de se libérer.

Suzanne chantonne en permanence la chanson en Yiddish que lui transmet sa


mère Bella.

Scène 4 : installation sonore et vidéo


La Bascule
Connexion entre la mémoire de la famille et la mémoire la maison
à Monseigneur
Lisa s’est endormie dans sa salle de travail, autour et sur elle, sont projetés des
vidéos entre rêve et réalité, montage d’images mélange de ce qu’elle a filmé, de
ce qu’elle a vécu et ses trouvailles historiques et des archives d’enfants cachés
au château. Des voix, d’enfant et de personnes âgées racontant leur histoire
d’enfants caché au château
Brèche entre les deux mondes vivants /morts, passé/présent s’accentue.
Intensification des phénomènes de vibrations et sonores.
Quelqu’un allume la lumière, les vidéos et le son s’arrêtent, elle se réveille.

FIN

Scène Bonus entre épisode 3et 4 :


Le père au marché du Jardin de Cocagne interpellé par des habitants locaux, va
rependre tout un tas ragots sur cette maison. Il prétend qu’elle est hantée.

EPISODE 4 : L’ÉTÉ
Dans cet épisode on assiste au dénouement de l’enquête mémorielle. La
lumière vat être faite sur les origines Juive de Suzanne son lien avec ce
château.

Dans la salle ou la mère exposait ses toiles s’est ajoutée une exposition
d’empreintes dentaires du père.

Projection vidéo : Précédemment


Courte bande annonce résumant l’épisode précédent

61
Scène 1 : Retour du marché
Le père dans la cuisine prépare une recette traditionnelle juive qu’il ne connait
pas, il est guidé par le fantôme de Bella.

Scène 2 : L’apparition de Bella et la révélation

Au cours du repas le Fantôme de Bella apparait aux yeux de tous pour


dévoiler à sa fille la part manquante de son histoire. Elle s’invite donc au
repas pour raconter toute son histoire sa vie d’enfant cachée, son amnésie
puis la révélation de ses parents adoptifs alors qu’elle était enceinte de
Suzanne. Tout prend sens l’histoire peut à présent être transmise.

Seul le père reste hébété par cette invitée fantomatique et ses révélations.

Scène 3 : l’intendant reprend sa place


L’Homme ancien intendant est propriétaire n’avait pu se résoudre à abandonner
la maison. Après une année caché dans le château, grâce à la complicité des
enfants il reprendra sa place dans la maison auprès de cette famille.

Scène 4 : Tournages de Lisa peut être au début ?


Lisa avec un groupe d’amies tourne dans le parc son film : « Les résistants
contre les zombies nazis ».( marionnettes géantes) Une grosse fête est organisé ,
le père arrive déguisé en drag Queen, décompense et part se faire interner.

FIN

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