RCR Esthétiques Ant Techniques

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Restauration corono-radiculaire et approche esthétique

en secteur antérieur : un point en 2022


Pierre-Antoine Eouzan

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Pierre-Antoine Eouzan. Restauration corono-radiculaire et approche esthétique en secteur antérieur :
un point en 2022. Sciences du Vivant [q-bio]. 2022. �dumas-03851807�

HAL Id: dumas-03851807


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THESE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
Année : 2022
Thèse N° : 29026

RESTAURATION CORONO-RADICULAIRE ET APPROCHE


ESTHETIQUE EN SECTEUR ANTERIEUR : UN POINT EN 2022

Thèse soutenue le 02/11/2022


devant le jury composé de :

Pr Reza ARBAB-CHIRANI
PU-PH, UFR d’odontologie de Brest
Président

Dr Karen VALLAEYS
Présentée par : MCU-PH, UFR d’odontologie de Brest
Directrice
Pierre-Antoine EOUZAN Dr Anaïs BONNABESSE
Né le 10/09/1996 à Saint-Brieuc MCU-PH, UFR d’odontologie de Brest
Assesseur

Dr Fanny BERBEL
CCU - AH, UFR d’odontologie de Brest
Assesseur

Dr Lorraine CLAPPE
CCU - AH, UFR d’odontologie de Brest
Assesseur

1
2
UNIVERSITÉ DE BRETAGNE OCCIDENTALE
-=-=-=-=-=-=-=-=-
PRESIDENT Monsieur Matthieu GALLOU
DIRECTEUR GENERAL DES SERVICES Madame Brigitte BONIN

CORPS PROFESSORAL DE L'U.F.R. D’ODONTOLOGIE DE BREST


Année Universitaire 2021-2022
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-

DOYEN Monsieur Reza ARBAB-CHIRANI

PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS


S57 Parodontologie Monsieur Hervé BOUTIGNY-VELLA
S57 Chirurgie Orale Madame Sylvie BOISRAME
S57 Biologie Orale Monsieur Jacques-Olivier PERS
S58 Dentisterie Restauratrice, Endodontie Monsieur Reza ARBAB-CHIRANI
MAITRES DE CONFÉRENCES DES UNIVERSITÉS
S56 Odontologie Pédiatrique Monsieur Hervé FORAY
S56 Odontologie Pédiatrique Madame Frédérique d’ARBONNEAU
S56 Prévention, Epidémiologie, Economie Santé, Odonto légale Monsieur Bertrand PIVER
S57 Biologie Orale Monsieur Jean-Éric ALARD
S57 Biologie Orale Madame Laëtitia LE POTTIER
S58 Dentisterie Restauratrice, Endodontie Madame Valérie CHEVALIER-HERISSET
S58 Dentisterie Restauratrice, Endodontie Madame Karen VALLAEYS
S58 Prothèses Monsieur Vincent JARDEL
S58 Fonction-Dysfonction, Imagerie, Biomatériaux Madame Céline BODERE
S58 Fonction-Dysfonction, Imagerie, Biomatériaux Madame Anaïs BONNABESSE
MAITRE DE CONFÉRENCES ASSOCIÉ
S56 Odontologie Pédiatrique Madame Charlotte GOUEDARD
ASSISTANTS HOSPITALO-UNIVERSITAIRES
S56 Prévention, Epidémiologie, Economie Santé, Odonto légale Monsieur Kevin-John FOUILLEN
S57 Chirurgie Orale Monsieur Sébastien GENEST- BEUCHER
S57 Parodontologie Madame Camille FRAMERY
S58 Dentisterie Restauratrice, Endodontie Madame Fanny BERBEL
S58 Prothèses Madame Coralie BURLE
S58 Prothèses Madame Camille BOSSARD
S58 Prothèses Madame Lorraine CLAPPE
ASSISTANTS ASSOCIES
S56 Odontologie pédiatrique Madame Caroline DARBIN-LUXCEY
S57 Parodontologie Madame Gwenola FERREC
S58 Prothèses Monsieur Damien ROUSSEL

3
À Monsieur le Professeur Reza ARBAB-CHIRANI

Professeur des Universités, Praticien Hospitalier, UFR d’Odontologie, UBO, Brest

Doyen de la faculté d’Odontologie de Brest

Qui nous fait l’honneur de présider ce jury de thèse.

Je vous remercie d’avoir accepté la présidence de cette thèse. Je vous remercie également pour votre
implication dans l’accompagnement des étudiants en odontologie. Vous avez à cœur de veiller au bien-
être de chacun et c’est réussi.

Veuillez trouver en ce travail l’expression de mon profond respect.

4
À Madame le Docteur Karen VALLAEYS

Maitre de Conférence des Universités, Praticien Hospitaliser, UFR d’Odontologie, UBO, Brest

Qui nous fait l’honneur de prendre la direction de ce travail.

Je vous remercie d’avoir accepté de diriger cette thèse, d’avoir toujours su être disponible et de m’avoir
aiguillé tout au long de la rédaction de cette dernière. Au-delà de votre rôle de directrice de thèse, je
tenais à vous remercier particulièrement pour la qualité de votre enseignement tant à la faculté qu’au
centre de soins et ce toujours avec passion et envie. C’est tout votre engagement qui nous fait aimer la
dentisterie restauratrice et particulièrement l’endodontie.

Veuillez trouver en ce travail l’expression de ma profonde admiration et de mes remerciements les plus
sincères.

5
À Madame le Docteur Anaïs BONNABESSE

Maitre de Conférence des Universités, Praticien Hospitalier, UFR d’Odontologie, UBO, Brest

Qui nous fait l’honneur de prendre part à la composition de ce jury.

Je vous remercie d’avoir accepté de prendre part à ce jury. Je vous remercie également pour la qualité
de votre enseignement, votre dynamisme et votre volonté de rendre les cours toujours plus ludiques et
interactifs.

Veuillez trouver dans ce travail l’expression de mon plus grand respect.

6
À Madame le Docteur Fanny BERBEL
Assistante Hospitalo-Universitaire, UFR d’Odontologie, UBO, Brest

Qui nous fait l’honneur de prendre part à la composition de ce jury

Je vous remercie d’avoir accepté de prendre part à ce jury. Je tenais à vous remercier également pour
votre accompagnement clinique au cours de ces dernières années. Votre passion pour l’endodontie est
grande et apprendre à vos côtés est un véritable plaisir.

Vous trouverez dans ce travail l’expression de mes remerciements les plus sincères.

7
A Madame le Docteur Lorraine CLAPPE

Assistante Hospitalo-Universitaire, UFR d’Odontologie, UBO, Brest

Qui nous fait l’honneur de prendre part à la composition de ce jury

Je vous remercie d’avoir accepté de prendre part à ce jury. Je vous remercie également pour votre
disponibilité au cours de ces dernières années cliniques. Votre travail plein de rigueur et de méticulosité
est source d’inspiration.

Vous trouverez dans ce travail l’expression de mon plus profond respect.

8
A mes parents, merci pour tout votre amour et votre soutien indéfectible tout au long de ma vie. Merci
d’avoir toujours cru en moi. Merci à toi maman, de m’avoir apporté rigueur et sens du travail. Merci à
toi papa, pour ta bonne humeur au quotidien, tu es pour moi plus qu’un exemple. Tu m’as transmis ta
passion pour le sport dès mon plus jeune âge, sache que j’attends avec impatience notre prochain défi.
A mon frère, Malo, merci d’être un petit frère sur qui je peux toujours compter. Je suis fière de toi, fier
de tout ce que tu entreprends. Tu es promis à un bel avenir et sache que je serai toujours là pour
t’apporter mon soutien.
A mes grands-parents, paternels et maternels, merci pour tout l‘amour que vous m’avez donné.
A mes cousins, cousines, Héloïse, Adel, Rosemarie, Romain, Léa et Aurore, pour que les fêtes de
familles continuent d’être inoubliables.
A ma marraine et mon parrain, vous êtes tous les deux extraordinaires.
A toute ma grande famille EOUZAN et BODARD, merci pour tous ses moments de joie partagés
A ma belle-famille, merci d’avoir su me faire une place auprès de vous.
A Quentin, binôme clinique d’exception mais pas que. Merci d’être l’ami sur qui je peux toujours
compter. Comme on dit chez toi, « tu es le sang ». Vivement notre prochain “gouté” au Tyr.
A Rémi, collègue de galère pour nos premiers TP et collègue de choc pour cavaler dans le GR. Merci
pour ton optimisme permanent, il va nous être utile pour le prochain raid.
A Yann et Alexis, les frérots d’aventure. Les montagnes ou les dunes dans le désert n’ont plus de secrets
pour nous, merci pour tous ces bons moments passés.
A Hugo, véritable dandy des temps modernes, merci d’être aussi drôle. Tu resteras, à mes yeux et pour
toujours, le meilleur skieur du monde.
A Hugues, Manu, Igor, Arthur, vous êtes des gars en or, merci tous ses bons moments partagés.
A Lénaïg, Cécile et Camille, pour votre sourire et votre bonne humeur.
A Flavien, merci pour ta folie et ta joie de vivre. Tout a commencé au championnat de France de volley
universitaire avec notre cap’taine Yann. Je n’oublierai pas nos after match au Blind avec la team volley.
Mais s’il te plait, revient vite en Bretagne.
A Thibaud et Eva, amis depuis tout petit. Quel régal d’avoir pu grandir et vivre tant de choses avec
vous. Promis Thibaud on viendra te voir en Nouvelle-Calédo.
Aux amis du lycée
Au Dr Le Verge Adrien, merci de m’avoir accueilli dans ton cabinet pour mon stage actif, de m’avoir
transmis tant de connaissances sans rien attendre en retour. Ta bienveillance, ta générosité et ta bonne
humeur font de toi un praticien et une personne extraordinaire.
Au Dr Busnel Nicolas, à Sophie et Laurence, merci de m’avoir accueilli dans ton cabinet pour mon
stage actif.
Au Dr Poilpre, Brandon, Gina et Julie. Merci de m’avoir fait confiance durant cette dernière année.
C’est un plaisir de venir travailler avec vous au cabinet.
A toi Alice, à ta détermination et ton amour sans limite. Merci d’avoir toujours été là, d’avoir toujours
cru en moi. Tu es mon équilibre, ma boussole qui me guide au quotidien. Tes valeurs et ta personnalité
font de toi une femme hors du commun. Je suis impatient de partir découvrir le monde à tes cotés. Je
t’aime.

9
Je certifie sur l'honneur ne pas avoir repris pour mon propre compte des
propos, des citations, des illustrations déjà publiés.

BREST, le 02 / 11 /2022

EOUZAN Pierre-Antoine

Signature.

10
RESTAURATION CORONO-RADICULAIRE ET
APPROCHE ESTHÉTIQUE EN SECTEUR
ANTÉRIEUR : UN POINT EN 2022

11
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION 21

CHAPITRE 1 : CARACTÉRISTIQUES DE LA DENT DÉPULPÉE 22

1. 1. Idée reçue 22

1. 2. Conséquences de la perte de vitalité 22


1. 2. 1. Modification biologique 22
1. 2. 2. Modification neuro-sensorielle 22
1. 2. 3. Modification esthétique 22
1. 2. 4. Modification biomécanique 23

1. 3. Conséquences liées au traitement radiculaire et à la perte de substance 23


1. 3. 1. Perte de substance associée à la lésion carieuse et à la cavité d’accès 23
endodontique
1. 3. 2. Perte de substance associée au traitement endodontique 26
1. 3. 3. Perte de substance associée au logement canalaire 26

1. 4. Conclusion 27

CHAPITRE 2 : LES RECONSTITUTIONS CORONO-RADICULAIRES (RCR) 28

2. 1. Rappels 28
2. 1. 1. Définition et rôle 28
2. 1. 2. Cahier des charges 28
2. 1. 3. Les différents types de RCR 29
2. 1. 3. 1. Les RCR directes 29
2. 1. 3. 2. Les RCR indirectes ou inlay-core 29
2. 1. 4. Apport du numérique : empreinte optique et Conception et Fabrication 30
assistées par ordinateur (CFAO)

2. 2. Les critères décisionnels 31


2. 2. 1. Structures dentaires résiduelles 31
2. 2. 2. Proximité cervicale et effet ferrule 32
2. 2. 3. Contraintes fonctionnelles et localisation sur l’arcade 33

12
2. 2. 4. Esthétique 35
2. 2. 5. Autres critères 36

2. 3. Conclusion 37

CHAPITRE 3 : LES RCR ESTHETIQUES EN SECTEUR ANTERIEUR 38

3. 1. Les RMIPP avec tenon en fibre de verre 38


3. 1. 1. Présentation générale 38
3. 1. 1. 1. Composition 38
3. 1. 1. 2. Propriétés 40
3. 1. 1. 2. 1. Propriétés mécaniques, physiques et chimiques des 40
tenons en fibre de verre
3. 1. 1. 2. 2. Propriétés optiques des tenons en fibres de verre 42
3. 1. 1. 2. 3. Propriétés mécaniques, physiques et chimiques des 43
composites de restauration corono-radiculaire
3. 1. 1. 2. 4. Propriétés optiques des composites de restauration 44
corono-radiculaire
3. 1. 1. 2. 5. Propriétés mécaniques du complexe tenon fibré / 45
composite de restauration
3. 1. 1. 3. Technique de mise en œuvre 45
3. 1. 2. Caractéristiques propres à l’ancrage corono-radiculaire 46
3. 1. 2. 1. Comportement biomécanique et distribution du stress : méthode 46
des éléments finis
3. 1. 2. 2. Résistance à la fracture et mode de fracture 49
3. 1. 2. 3. Adhésion, traitement de surface et protocole de collage 53
3. 1. 2. 4. Recul clinique et perspectives 56

3. 2. Les inlay-cores en fibres de verre usinés par CFAO 59


3. 2. 1. Présentation générale 59
3. 2. 1. 1. Composition et utilisation 59
3. 2. 1. 2. Propriétés 60
3. 2. 1. 2. 1. Propriétés mécaniques 60
3. 2. 1. 2. 2. Propriétés physiques et chimiques 61
3. 2. 1. 2. 3. Propriétés esthétiques 62
3. 2. 1. 2. 4. Propriétés biologiques 63

13
3. 2. 1. 3. Procédés de fabrication 63
3. 2. 2. Caractéristiques propres à l’ancrage corono-radiculaire 66
3. 2. 2. 1. Comportement biomécanique et distribution du stress : méthodes 66
des éléments finis
3. 2. 2. 2. Résistance à la fracture et mode de fracture 69
3. 2. 2. 3. Adhésion, traitement de surface et protocole de collage 72

3. 3. Les ancrages corono-radiculaires en zircone 75


3. 3. 1. Présentation générale 75
3. 3. 1. 1. Composition et utilisation 75
3. 3. 1. 2. Propriétés 76
3. 3. 1. 2. 1. Propriétés mécaniques 76
3. 3. 1. 2. 2. Propriétés physiques 77
3. 3. 1. 2. 3. Propriétés esthétiques 78
3. 3. 1. 2. 4. Propriétés chimiques et biologiques 81
3. 3. 1. 3. Procédés de fabrication 82
3. 3. 2. Caractéristiques propres à l’ancrage corono-radiculaire 83
3. 3. 2. 1. Comportement biomécanique et distribution du stress : méthode 83
des éléments finis
3. 3. 2. 2. Résistance à la fracture et mode de fracture 85
3. 3. 2. 3. Adhésion, traitement de surface et protocole de collage 90
3. 3. 2. 4. Recul clinique et perspective 96

3. 4. Les ancrage corono-radiculaires en PEEK 98


3. 4. 1. Présentation générale 98
3. 4. 1. 1. Composition et utilisation 98
3. 4. 1. 2. Propriétés 98
3. 4. 1. 2. 1. Propriétés mécaniques 98
3. 4. 1. 2. 2. Propriétés physiques et chimiques 99
3. 4. 1. 2. 3. Propriétés esthétiques 100
3. 4. 1. 2. 4. Propriétés biologiques 102
3. 4. 1. 3. Procédés de fabrication 103
3. 4. 2. Caractéristiques propres à l’ancrage corono-radiculaire 104
3. 4. 2. 1. Comportement biomécanique et distribution du stress : méthode 105
des éléments finis
3. 4. 2. 2. Résistance à la fracture et mode de fracture 108

14
3. 4. 2. 3. Adhésion, traitement de surface et protocole de collage 111

CHAPITRE 4 : DISCUSSION 119

4. 1. Propriétés physiques et mécaniques des matériaux pour ancrage radiculaire 119

4. 2. Comportement biomécanique et distribution du stress 120

4. 3. Résistance à la fracture et mode de fracture 121

4. 4. Adhésion, traitement de surface et protocole de collage 123

4. 5. Avantages et inconvénients des différents matériaux et classification clinique 127


4. 5. 1. RMIPP avec tenon en fibre de verre 127
4. 5. 2. RCR en fibre de verre usinés par CFAO 128
4. 5. 3. RCR en zircone 129
4. 5. 4. RCR en PEEK 130
4. 5. 5. Quelle RCR choisir ? Proposition de classification clinique 131

CONCLUSION 136

BIBLIOGRAPHIE 138

15
TABLES DES ILLUSTRATIONS

Liste des figures

Figure 1. 1 : Dyschromie d’une dent dépulpée 23


Figure 1. 2 : Perte de résistance à la fracture associée aux cavités endodontiques et 24
restauratrices
Figure 1. 3 : Photo de la cavité d’accès d’une molaire mandibulaire représentative de chaque 25
groupe testé.
Figure 1. 4 : Vue mésio-distal issue d’une coupe de CBCT objectivant la perte de tissu 26
dentinaire selon les différentes étapes du traitement.
Figure 2. 1 : Schéma d’une reconstitution corono-radiculaire 28
Figure 2. 2 : Empreinte pour inlay-core anatomique (à gauche) et inlay-core normalisé (à 30
droite)
Figure 2. 3 : Scan-post utilisé pour la prise d’empreinte optique d’inlay-core normalisé 31
Figure 2. 4 : Tableau de recommandations du choix du type de RCR selon le nombre, la 32
hauteur et l’épaisseur des parois résiduelles
Figure 2. 5 : Schéma de l’effet ferrule 32
Figure 2. 6 : Ferrule complète, partielle ou absente ? Différentes configurations possibles 33
Figure 2. 7 : Forme et angulation de la racine des incisives centrales et latérales maxillaires 34
et modification de la section radiculaire entre le tiers cervical (a) et apical (b)
Figure 2. 8 : Forme et angulation de la racine des incisives centrales et latérales 34
mandibulaires (a) et modification de la section radiculaire entre le tiers cervical et apical (b)
Figure 2. 9 : Propriétés optiques des matériaux d’assemblage 36
Figure 3. 1 : Image au microscope électronique à balayage (x1000) de différents tenons 39
préfabriqués en fibres de verre ou de quartz suite à une coupe transversale
Figure 3. 2 : Clichés photographiques des tenons irradiés par la lumière de lampe à 42
photopolymériser
Figure 3. 3 : Radiographie rétro-alvéolaire d’une 45 restaurée à l’aide d’un tenon en fibres de 43
verre
Figure 3. 4 : Carte des contraintes de Von Mises dans le cas d’une charge oblique de 50N 48
Figure 3. 5 : Risques de biais pour chaque étude incluse 50
Figure 3. 6 : Méta-analyse comparant les groupes contrôles (sans ancrage) avec les groupes 51
expérimentaux (avec ancrage)
Figure 3. 7 : Rapport de risque selon la localisation de la restauration 58

16
Figure 3. 8 : Bloc et disque de Numerys GF d’ITENA, prêt à l’usinage 59
Figure 3. 9 : Radiographie rétro-alvéolaire d’un inlay-core en fibres de verre Numerys GF 63
d’ITENA
Figure 3. 10 : Schéma d’un disque de Trinia, SHOFU : fibres multidirectionnelles organisées 64
en couche longitudinale
Figure 3. 11 : Orientation des fibres de verre dans les différents échantillons 64
Figure 3. 12 : Illustration du positionnement en 3 dimensions du tenon dans le disque en 65
fibre de verre près pour l’usinage par CFAO
Figure 3. 13 : Carte de distribution des contrainte selon les critères de Von Mises selon la 67
structure étudiée
Figure 3. 14 : Pic des contraintes en traction au niveau du ciment, de l’ancrage corono- 68
radiculaire et de la dentine radiculaire pour chaque type d’ancrage testé
Figure 3. 15 : Valeur de la contrainte maximale de Von Mises selon l’épaisseur de dentine et 69
le niveau osseux
Figure 3.16 : Transformation des cristaux d’oxyde de zirconium au cours du réchauffement 75
et du refroidissement
Figure 3. 17 : Mécanisme de renforcement de la zircone Y-TZP 77
Figure 3. 18 : Translucidité relative de différentes céramiques zircones en comparaison à une 79
céramique enrichie en disilicate de lithium
Figure 3. 19 : Classification des céramiques selon leur translucidité 79
Figure 3. 20 : Radiographie rétro-alvéolaire d’un inlay-core en zircone 81
Figure 3. 21 : Distribution du stress selon les contraintes de von Mises (en MPa) 83
Figure 3. 22 : Etudes in vitro évaluant la résistance à la rupture des tenons en zircone en 86
utilisant des dents naturelles
Figure 3. 23 : Résistance à la fracture selon le type de moignon de restauration 86
Figure 3. 24 : Image au microscope électronique à balayage des différents disques de zircone 92
après traitement de surface
Figure 3. 25 : Schéma explicatif du traitement tribochimique à l’aide d’alumine silicatée 94
Figure 3. 26 : Formule chimique du PEEK 98
Figure 3. 27 : Cliché rétro-alvéolaire d’un incisive latérale maxillaire droite traitée 102
endodontiquement et restaurée avec un ancrage corono-radiculaire en PEEK et une couronne
en disilicate de lithium
Figure 3. 28 : PEEK sous forme de granulés ou de disques usinables par CFAO 103
Figure 3. 29 : Schéma d’une imprimante 3D de modélisation par technique d’extrusion 104
Figure 3. 30 : Vue en coupe sagittale du profil de distribution des contraintes dans les 105
différents composants

17
Figure 3. 31 : Graphique des valeurs maximales des contraintes de Von Mises pour chaque 106
élément (en MPa)
Figure 3. 32 : Vue en coupe coronale du profil de distribution des contraintes au niveau de 106
l’interface dentine/ciment
Figure 3. 33 : Images au microscope électronique à balayage (x2000) de la surface des 115
échantillons testés
Figure 3. 34 : Observation au microscope électronique à balayage de l’interface entre le 116
PEEK et la résine de collage
Figure 4. 1 : Colle auto-adhésive avec embout mélangeur : RelyX Unicem 2, 3M 124
Figure 4. 2 : Colle avec potentiel adhésif avec embout mélangeur : Panavia V5, Kurarey 125
Figure 4. 3 : Système adhésif auto-mordançant contenant du 10-MDP : Scotchbond 126
Universal, 3M

18
Liste des tableaux

Tableau 1. 1 : Résistance à la fracture moyenne mesurée (en N/mm2) selon le type de cavité 25
d’accès et le nombre de parois restantes
Tableau 3. 1 : Composition des principaux tenons préfabriqué en fibres de verre 39
Tableau 3. 2 : Résistance à la flexion et les caractéristiques structurelles des différents 41
tenons testés
Tableau 3. 3 : Propriétés mécaniques et physiques des composites hybrides et de la dentine 44
Tableau 3. 4 : Résistance à la flexion moyenne (en MPa) des différents échantillons testés 45
Tableau 3. 5 : Résistance à la fracture (en N) selon le type de restauration 52
Tableau 3. 6 : Tableau résumé des principales propriétés mécaniques 61
Tableau 3. 7 : Tableau résumé des principales propriétés physiques 61
Tableau 3. 8 : Résistance à la flexion moyenne (en MPa) des échantillons en comparaison 65
au groupe témoin
Tableau 3. 9 : Valeur moyenne de la résistance à la fracture des différents matériaux utilisés 70
(en N)
Tableau 3. 10 : Résistance au cisaillement moyenne obtenue pour les différents échantillons 74
testés
Tableau 3. 11 : Tableau résumé des propriétés physiques de la zircone en comparaison à 78
celles de la dentine
Tableau 3. 12 : Comparaison de la translucidité et de la résistance à la flexion de 3 80
céramiques
Tableau 3. 13 : Tableau synthèse des différentes études publiées entre 2010 et 2022 88
comparants la résistance à la fracture des RCR en zircone
Tableau 3. 14 : Rugosité moyenne des échantillons de zircone selon le traitement de surface 93
appliqué
Tableau 3. 15 : Tableau récapitulatif des propriétés mécaniques du PEEK pur et PEEK 99
modifié en comparaison au propriétés mécaniques de la dentine
Tableau 3. 16 : Résistance à la fracture moyenne des différents matériaux testés 108
Tableau 3. 17 : Répartition des différents types d’échecs observés 109
Tableau 3. 18 : Résistance à la fracture moyenne selon le matériau, la longueur et le 110
diamètre de l’ancrage (en MPa)
Tableau 3. 19 : Types de fracture selon le matériau de l’ancrage corono-radiculaire 110
Tableau 3. 20 : Valeur moyenne en MPa de la résistance au cisaillement 112
Tableau 3. 21 : Valeur moyenne de la résistance au cisaillement (en MPa) 113
Tableau 3. 22 : Valeur moyenne de résistance au décollement (en MPa) 117

19
Tableau 4. 1 : Tableau résumé des propriétés mécaniques et physiques des différents 119
matériaux utilisés en comparaison aux propriétés de la dentine
Tableau 4. 2 : Modèle de distribution des contraintes selon le module d’élasticité de la 120
restauration corono-radiculaire.
Tableau 4. 3 : Avantages et inconvénients des RMIPP avec tenon en fibres de verre 128
Tableau 4. 4 : Avantages et inconvénients des RCR en fibre de verre usinés par CFAO 129
Tableau 4. 5 : Avantages et inconvénients des RCR en zircone 130
Tableau 4. 6 : Avantages et inconvénients des RCR en PEEK 131
Tableau 4. 7 : Classification clinique 134

20
INTRODUCTION

Au cours de ces dernières années, l’avènement du concept No Post No Crown évoqué pour la première
fois par Pascal Magne en 2012, ainsi que le développement des matériaux de reconstitution corono-radiculaire
(RCR) et des protocoles de collage ont bouleversé la réflexion du chirurgien-dentiste dans sa pratique
quotidienne. De plus, une meilleure compréhension des modifications histologiques et biomécaniques de la dent
traitée endodontiquement a contribué au développement de cette nouvelle vision.

A l’heure d’une dentisterie dont l’approche se veut moderne et conservatrice, l’indication d’un ancrage
radiculaire pour reconstituer une dent délabrée s’est peu à peu restreinte et a été l’objet de nombreuses
controverses.
Toutefois, la présence d’un ancrage radiculaire peut se retrouver nécessaire et bénéfique dans certaines
conditions cliniques notamment dans le cas de restauration de dents fortement délabrées en secteur antérieur
maxillaire (European Society of Endodontology developed by Mannocci et al, 2021). Dans cette région, les
forces masticatoires de cisaillement sont importantes et exercent sur la racine restaurée des contraintes en flexion
éprouvantes pour les restaurations.
Enfin, en plus de particularités mécaniques et fonctionnelles propre à ce secteur, une dimension
esthétique s’y additionne et doit être prise en compte par le praticien.

L’objectif de ce travail est de présenter les différentes reconstitutions corono-radiculaires pouvant


répondre à la fois aux critères fonctionnels et esthétiques. Pour chacune d’entre elles, les propriétés du matériau,
le comportement biomécanique sous l’effet d’une force externe, la résistance à la fracture et les procédés de
collage de la restauration sont étudiés afin d’établir les avantages et les inconvénients propres à chacune.
L'ensemble des paramètres évoqués vont permettre de proposer une classification clinique permettant de guider
le chirurgien-dentiste dans sa prise de décision concernant l’indication de la RCR ainsi que dans le choix du
matériau et de la technique de mise en œuvre de la RCR dans le cadre d’une restauration en secteur esthétique.

21
CHAPITRE 1 : CARACTÉRISTIQUES DE LA DENT DÉPULPÉE

1. 1. Idée reçue

Durant de nombreuses années, une dent traitée endodontiquement a renvoyé l’image d’une dent affaiblie
mécaniquement. La perte de vitalité était synonyme de fragilité et la dent devait, pour être maintenue sur
l’arcade, être renforcée mécaniquement. La solution par excellence proposée était la réalisation d’un ancrage
radiculaire surmonté d’une coiffe périphérique (Sokol, 1984).
Or, il a depuis été prouvé que la perte de vitalité ne provoque que de faibles modifications intrinsèques
des tissus dentaires et celles-ci n’ont que très peu d’impact sur les propriétés mécaniques de la dent.

1. 2. Conséquences de la perte de vitalité

1. 2. 1. Modification biologique

Tout d’abord, la perte d’humidité associée à la perte de vitalité est très faible voire négligeable (< 9%
de l’eau totale) et ne concerne que l’eau libre, c’est à dire non liée aux fibres de collagène (Helfer et al, 1972).
L’eau restante est liée aux cristaux et aux protéines.
Toutefois, la faible variation hydrique liée à la perte de vitalité pulpaire pourrait rendre la dent plus
susceptible aux fêlures et “micro cracks” sous l’effet d’une charge occlusale (Winter et Karl,2012).

Enfin, sur du court terme, aucune différence du réseau collagénique, de microdureté ou de résistance à
la fracture n’a été retrouvée entre une dent vivante et non vivante, ni aucune altération chimique liée à la perte
du tissu pulpaire (Dietschi et al, 2017). L’altération de la trame collagénique ne se fait que progressivement par
la dégradation des protéines et cette dégradation n’a que peu d’impact sur la résistance globale de la dent (Ferrari
et al, 2004). Cependant, le facteur temps doit ainsi être pris en compte.

1. 2. 2. Modification neuro-sensorielle

La nécrose pulpaire entraine la perte des fonctions de défenses de l’organe dentaire envers son
environnement. D’une part, il n’y a plus de système de défense immunitaire face aux agents pathogènes. La
nécrose pulpaire entraine la perte de pression intra-pulpaire, ainsi, les bactéries peuvent migrer librement au
sein de l'organe dentaire (Decup, 2015). D’autre part, cela entraine une diminution de la sensibilité
proprioceptive. Les dents dépulpées sont alors plus exposées à de fortes charges occlusales (Paphangkorakit et
Osborn, 2000).

1. 2. 3. Modification esthétique

22
La dent dépulpée subit avec le temps une altération de ses propriétés optiques, notamment une
modification de sa couleur. On parle de dyschromie acquise, liée à l’accumulation de pigments au sein des
canalicules dentinaires. Ils peuvent être organiques à la suite de l’hémolyse des globules rouges lors de
l’hémorragie pulpaire (coloration rouge) ou à la dégradation tissulaire lors de la nécrose (coloration grise voire
brune/noire lorsque que les produits de dégradation sont combinés avec le sulfite d’hydrogène produit par les
bactéries) mais aussi inorganiques s’ils sont issus des produits de désinfection canalaire, des ciments canalaires
ou de la gutta-percha (Decup et al, 2011).

Figure 1. 1 : dyschromie d’une dent dépulpée (Decup et al, 2011)

1. 2. 4. Modification biomécanique

Les modifications biologiques causées par la perte de vitalité pulpaire n’ont qu’une très faible influence
sur les propriétés mécaniques de la dent : le module de Young varie peu et il n’y a pas de diminution significative
de la résistance à la traction et à la compression (Huang et al, 1992).

Les modifications biomécaniques ne sont pas associées à la nécrose pulpaire mais belle et bien à la perte
des tissus dentaires à la suite des lésions carieuses, au traitement radiculaire et à la préparation du logement
canalaire. Ainsi, l’idée reçue qu’une dent non vitale est plus fragile mécaniquement est réfutée.

1. 3. Conséquences liées au traitement radiculaire et à la perte de substance

1. 3. 1. Perte de substance associée à la lésion carieuse et à la cavité d’accès endodontique

Les principaux changements du comportement biomécanique de la dent sont attribués à la perte de tissus
dentaires à la suite d’une lésion carieuse, d’une facture ou de la préparation de la cavité y compris la cavité
d’accès au réseau pulpaire. La réalisation de cette dernière occasionne une perte de résistance mécanique de
l’ordre de 5% (Reeh et al, 1989).

23
L’impact est somme toute faible. Toutefois, cette perte de résistance vient s’additionner à la perte
engendrée par les préparations additionnelles telles que l’exérèse d’une lésion carieuse. Plus l’étendue de cette
dernière est grande et plus l’impact sur la résistance de la dent est important. Ainsi, pour une dent cuspidée, la
perte d’une crête marginale affaiblit la dent de l’ordre de 46% et même 63% lorsque les deux crêtes marginales
sont supprimées.

Figure 1. 2 : Perte de résistance à la fracture associée aux cavités endodontiques et restauratrices


Courtoisie du Dr De Marche, d’après Reeh et al (Reeh et al, 1989)

En 2018, CORSENTINO et al confirme ces résultats. La conservation des parois lorsqu’elle est possible
est primordiale pour assurer la résistance mécanique de la dent (Corsentino et al, 2018).

24
Figure 1. 3: Photo de la cavité d’accès d’une molaire mandibulaire représentative de chaque groupe testé.
(Corsentino et al, 2018)
A : cavité d’accès standard avec 4 parois restantes, B : standard avec 3 parois restantes, C : standard avec 2
parois restantes, D : cavité d’accès a minima avec 4 parois restantes, E : a minima avec 3 parois restantes, F
: a minima avec 2 parois restantes

Cavité d’accès standard Cavité d’accès a minima


4 parois 1149,8 1380,5
3 parois 1082,5 1292,5
2 parois 618,4 654,6

Tableau 1. 1 : Résistance à la fracture moyenne mesurée (en N/mm2) selon le type de cavité d’accès et le
nombre de parois restantes (Corsentino et al, 2018)

La différence de résistance mesurée selon le type de cavité d’accès n’est pas significative lors de cette
expérience (p>0,5) contrairement à l’étude menée en 2014 par KRISHAN and al. Dans cette étude, une cavité
d’accès a minima permet d’augmenter la résistance à la fracture des dents cuspidées (molaire et prémolaire).
Concernant les incisives, aucune différence significative n’a été observée (Krishan et al, 2014).
De plus, une cavité a minima permet de réduire significativement la quantité de dentine retirée, en
particulier au niveau coronaire. Concernant les incisives, à la suite d’une ouverture standard, le volume de
dentine enlevé est 44% plus important que le volume retiré suite à une ouverture a minima.

Ainsi, la réalisation d’une cavité d’accès, qu’elle soit jugée standard ou a minima a peu d’influence sur
la résistance mécanique de la dent. Cependant, dans la recherche d’une dentisterie conservatrice, l’approche a
minima doit être favorisée.

25
1. 3. 2. Perte de substance associée au traitement endodontique

Une préparation mécanique du canal radiculaire bien menée n’affaiblit que très peu les structures
dentaires. La quantité de dentine retirée est faible (Reeh et al, 1989). Mais une vigilance particulière du praticien
est recommandée lors du traitement afin d’éviter toute manœuvre iatrogène telle qu’une sur-instrumentation ou
un amincissement excessif des parois dentinaires au niveau de la région cervicale. Maintenir cette région, la
plus intacte possible est essentiel pour garantir une bonne ferrule et ainsi optimiser les chances de succès du
traitement thérapeutique.

A contrario, l’irrigation chimique, néanmoins essentielle au traitement endodontique, impacte la


résistance de la dent et la qualité de la dentine. Les solutions chélatantes telles que l’EDTA (Ethylène Diamine
Tetra Acétique) ou protéolytiques telles que l’hypochlorite de sodium (NaOCl) utilisées lors du traitement
radiculaire réduisent le module d’élasticité, la résistance à la flexion de la dentine et sa microdureté (Grigoratos
et al, 2001 ; Sim et al 2001 ; Saleh et Ettman, 1999).

1. 3. 3. Perte de substance associée au logement canalaire

Le logement canalaire pour ancrage radiculaire est réalisé après le traitement endodontique. Il consiste
en la désobturation partielle du canal radiculaire puis, le plus souvent, est mis en forme par forage. Cette
manœuvre occasionne une perte de substance dentinaire fragilisant la résistance mécanique de la racine (Ikram
et al, 2009).

Figure 1. 4 : Vue mésio-distal issue d’une coupe de CBCT objectivant la perte de tissu dentinaire selon les
différentes étapes du traitement. (Ikram et al, 2009)
a : avant retrait de la lésion carieuse, b : après retrait de la lésion carieuse, c : après la cavité d’accès, d :
après traitement radiculaire, e : après logement canalaire pour tenon fibré, f : après logement canalaire pour
inlay-core

26
De plus, la réalisation du logement canalaire est un acte risqué, se faisant sans contrôle visuel direct.
Le risque de manœuvre iatrogène associée est élevé, notamment la perforation du canal radiculaire. Enfin,
l’amincissement, parfois excessif, des parois radiculaires est une source de fragilité lors de la mise en fonction
de la dent. Sous l’effet des contraintes occlusales, les zones fragilisées peuvent fracturer, et ce d’autant plus si
l’axe de l’ancrage est dévié (Heydecke et al, 2001).

1. 4. Conclusion

La dent dépulpée, en particulier la dentine, n’est pas plus fragile qu’une dent vivante. De plus, le
traitement endodontique affaiblit très peu la dent (résistance mécanique baissée de 5% suite à la cavité d’accès
et action des produits d’irrigation) et ce d’autant plus si celui-ci est bien mené (respect anatomie canalaire et
camérale). Ce qui fragilise mécaniquement la dent est bel et bien la perte de substance lié à la lésion carieuse,
(notamment perte des crêtes marginales) et toutes manœuvres iatrogènes réalisées lors du traitement radiculaire
et de la préparation du logement canalaire. Ainsi, l’approche la plus conservatrice possible doit être la priorité.

27
CHAPITRE 2 : LES RECONSTITUTIONS CORONO-RADICULAIRES (RCR)

2. 1. Rappels

2. 1. 1. Définition et rôle

Une reconstitution corono-radiculaire est une reconstitution complexe qui intéresse à la fois les portions
coronaires et radiculaires de la dent. Elle se compose d’un ancrage radiculaire ou tenon venant s’ancrer dans la
racine et d’une portion coronaire, formant un faux moignon, sur lequel la coiffe prothétique sera collée ou
scellée.

Figure 2. 1 : Schéma d’une reconstitution corono-radiculaire


(Https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03111671/document)

L’ancrage radiculaire renforce la cohésion corono-radiculaire et participe à la rétention de la restauration


mais en aucun cas il ne renforce mécaniquement la racine. Au contraire, il peut être un facteur de fragilisation
(Déjou et Laborde, 2001 ; Moyen et Armand, 1999).

2. 1. 2. Cahier des charges

Idéalement, la reconstitution corono-radiculaire, doit répondre au cahier des charges suivants (Bolla,
2014) :
- Restaurer la morphologie coronaire invalide ou absente
- Préserver un maximum de substance dentaire résiduelle
- Protéger l’organe dentaire restauré en remplaçant les tissus manquants
- Transmettre les contraintes dans les zones précises de la racine avec si possible les mêmes forces et
directions que pour une dent saine
- Préserver le maintien de l’étanchéité apicale de façon permanente

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- Permettre la réintervention au niveau canalaire

2. 1. 3. Les différents types de RCR

Il existe 2 grandes familles de reconstitution corono-radiculaire :


- Les RCR directe ou “foulée”, réalisées directement au fauteuil, sans étape laboratoire. Il s’agit d’une
restauration par matériau inséré en phase plastique (RMIPP) soutenue par un moyen d’ancrage
radiculaire (tenon).
- Les RCR indirecte ou “coulée”, plus connues sous le nom d’”inlay-core”. Elles nécessitent 2 séances
au cabinet dentaire et une étape de conception au laboratoire de prothèse.

2. 1. 3. 1. Les RCR directes

Elles sont composées de 3 éléments : un tenon préfabriqué, un matériau de restauration coronaire


formant “le faux-moignon" et un moyen d’assemblage (résine de collage ou ciment).

Le tenon préfabriqué peut être de différentes natures : en acier, en titane, en céramique (zircone) ou en
fibre de verre, de quartz ou de carbone. Il a pour rôle d’assurer la rétention et la stabilité de la restauration.
Idéalement, la longueur du tenon correspond à la moitié ou au 2/3 de la longueur de la racine intra-osseuse tout
en s’assurant de laisser 4 à 6 mm de gutta-percha à l’extrémité apicale de la racine ainsi que de respecter, si elle
est présente, la courbure radiculaire. Son diamètre varie entre 1 et 1,3 mm (Bolla et Bennami, 1999), il doit être
inférieur au 1/3 de la largueur radiculaire tout en laissant au minimum 1mm de dentine radiculaire au tour du
tenon.

Le tenon utilisé peut être normalisé ou anatomique. Le tenon normalisé est ajusté à la racine après le
passage du foret calibré correspondant. Le logement canalaire est ainsi adapté à la forme du tenon qui peut être
conique, cylindrique ou cylindro-conique tandis que le tenon anatomique s’adapte lui à la forme de la racine.
Celui-ci est moins délabrant. Il est inséré passivement dans le canal et c’est la résine de collage injectée au
préalable dans la racine qui s’adapte aux parois radiculaires.

En secteur antérieur, seuls les tenons en fibre de verre et en zircone répondent aux critères esthétiques.

Concernant le moignon coronaire, il est préférable de le réaliser en résine composite qui est plus fort
mécaniquement que les verres ionomères. Utilisé pendant un temps pour ce type de restauration, l’amalgame
doit être oublié dans la pratique du chirurgien-dentiste.

2. 1. 3. 2. Les RCR indirectes ou inlay-core

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Les inlay-cores peuvent être de différentes natures : en alliage précieux ou non précieux, en titane, en
céramique (zircone), en résine composite renforcée par des fibres de verre ou bien en PEEK
((PolyEtherEtherKetone).
De nos jours, l’indication pour les ancrages en alliages métalliques qu’ils soient précieux ou non
précieux ou bien même céramisés doivent être limitées à quelques situations cliniques exceptionnelles. En plus
d'être inesthétique (d’autant plus important en secteur antérieur), leur réalisation mutilante et leurs propriétés
mécaniques éloignées de celles de la dentine augmentent le risque de fracture radiculaire

Concernant les dimensions de l’ancrage radiculaire, les recommandations sont les mêmes que celles des
tenons préfabriqués.
L’ancrage corono-radiculaire coulée peut être normalisé (adapté au foret de désobturation calibré
utilisé) ou anatomique (utilisation d’un tenon calcinable ou empreinte avec un silicone de base viscosité injectée
dans le canal, plus ou moins soutenu par un tuteur).

Figure 2. 2 : Empreinte pour inlay-core anatomique (à gauche) (Bartala et al, 2005) et inlay-core normalisé
(à droite) (Ettore et al, 2008)

2. 1. 4. Apport du numérique : empreinte optique et Conception et Fabrication Assistée par Ordinateur


(CFAO)

Durant ces dernières décennies, le numérique a pris une part de plus en plus importante dans la pratique
quotidienne du chirurgien-dentiste, et ce d’autant plus lors de la réalisation de travaux prothétiques.

Tout d’abord, le développement des caméras optiques a apporté une nouvelle alternative pour les
empreintes intra-orales. Dans un premier temps, l’utilisation de scan-post ou corps de scannage a permis la prise
d’empreinte pour des inlay-cores normalisés. Leurs dimensions (diamètre et longueur) sont celles souhaitées
pour l’inlay-core. Chaque scan-post est identifié numériquement par un code barre. Puis, avec le
perfectionnement des caméras optiques, les plus récentes d’entre-elles ont une profondeur de champs suffisante

30
pour prendre une empreinte avec précision et sans scan body. Ceci permet de réaliser des inlay-cores
anatomiques.

Figure 2. 3 : Scan-post utilisé pour la prise d’empreinte optique d’inlay-core normalisé (Duminil, 2019)

Enfin, les conceptions et fabrications assistées par ordinateurs se sont développées en parallèle de
l’évolution des biomatériaux utilisés en chirurgie dentaire.
La conception permet de numériser la pièce prothétique selon différents facteurs : point de contact avec
les dents adjacentes, occlusion, hauteur prothétique … tout en tenant compte du matériau choisi pour la
restauration (épaisseur nécessaire par exemple).
La fabrication assistée par ordinateur peut être faite selon 2 méthodes : par addition (stéréolithographie,
impression tridimensionnelle ou micro fusion laser) ou par soustraction (usinage). Cette dernière est la méthode
la plus utilisée du fait de sa simplicité et car elle présente l’avantage d’être réalisable pour une grande partie des
biomatériaux : céramique, polymère, résine, PEEK...
Dans un souci d’optimisation du temps et de précision de la restauration thérapeutique, la numérisation,
la conception et la fabrication assistées par ordinateur se montrent comme des solutions de choix pour le
chirurgien-dentiste et le prothésiste dentaire.

2. 2. Les critères décisionnels

2. 2. 1. Structures dentaires résiduelles

L’un des premiers éléments essentiels à prendre en compte est la quantité de tissus dentaires restants
après réalisation de la préparation périphérique. La qualité des parois dentinaires restantes sont évaluées selon
3 critères : le nombre de paroi, leur hauteur et leur épaisseur. Pour qu’une paroi soit considérée comme
suffisamment résistante, sa hauteur doit être supérieure au 1/3 de sa hauteur initiale et faire au moins 1 mm
d’épaisseur.
En 2014, BOLLA a réalisé un tableau facilitant la prise de décision entre une RCR foulée ou une RCR
coulée.

31
Figure 2. 4 : Tableau de recommandations du choix du type de RCR selon le nombre, la hauteur et l’épaisseur
des parois résiduelles (Bolla, 2014)

Plus la quantité de tissus dentaires restante est importante et plus la surface de collage disponible sera
grande. Ainsi, une RCR foulée sera plus indiquée, d’où l’intérêt d'une approche la plus conservatrice possible.
En cas de parois trop faibles, les tissus dentaires ne pourront pas stabiliser suffisamment le tenon
préfabriqué. Les forces transversales subies seront à l’origine de micromouvement en flexion du tenon pouvant
mener au descellement ou à la fracture radiculaire. Dans cette situation, la mise en place d’un inlay-core est
favorisée.

2. 2. 2. Proximité cervicale et effet ferrule

Un autre facteur est tout aussi important, il s’agit de l’effet ferrule. Celui-ci renvoie à la notion de
cerclage ou de sertissage périphérique de la racine.

Figure 2. 5 : Schéma de l’effet ferrule (http://thedentalist.fr/leffet-ferrule/)

32
La présence d’un bandeau dentine sertissant la restauration corono-radiculaire est un élément
déterminant permettant d’augmenter la résistance à la fracture de la dent restaurée (Magne et al, 2017 ; Pereira
et al, 2006 ; Nascimento et al, 2018). Une hauteur minimale de 1,5mm à 2mm est recommandée pour une
meilleure efficacité (Juloski et al, 2012). Toutefois, même si le bandeau dentinaire n’est pas d’hauteur égale sur
l’ensemble du pourtour périphérique, voire à certains endroits absent, la présence d’une ferrule partielle ou
incomplète permet tout de même d'augmenter la résistance mécanique du complexe dent/restauration (Juloski
et al, 2012 ; Naumann et al, 2006).

Figure 2. 6 : Ferrule complète, partielle ou absente ? Différentes configurations possibles (Sherfudhin et al,
2011)

Ainsi, parvenir à conserver un sertissage périphérique serait l’élément déterminant la survie de la dent
traitée endodontiquement puis restaurée avec un ancrage corono-radiculaire. Cela serait plus important que la
présence de l’ancrage radiculaire lui-même (Magne et al, 2017 ; Naumann et al, 2018) car contrairement à la
présence de la ferrule, la présence d’un ancrage corono-radiculaire ne permet pas d’augmenter la résistance à la
fracture de la racine (Magne et al, 2017).
De plus, en l’absence du cerclage, les contraintes sont transmises directement en direction radiculaire
le long de l’ancrage, ce qui augmente le risque de fracture. La présence d’une ferrule permet donc de réduire
l’intensité des contraintes subies et de mieux les répartir au sein de la racine (Juloski et al, 2012 ; Naumann et
al, 2018 ; Pierrisnard et al, 2002).
Enfin, si le délabrement cervical de la dent à restaurer ne permet pas d’obtenir une ferrule suffisante,
l’indication d’une traction chirurgicale (Juloski et al, 2012) ou d’une élongation coronaire peut se poser. Celle-
ci peut s’accompagner ou non d’une gingivectomie. Cette dernière permet d’obtenir des limites de préparation
juxta ou supra-gingivale, facilitant l’isolation de la dent avec le champ opératoire au moment de la restauration
par technique de collage.
Cependant, le rapport bénéfice/risque doit toujours être évalué car ces techniques modifient le rapport
couronne/racine, peuvent exposer des anfractuosités radiculaires et causer un préjudice esthétique (Zarow et al,
2018).

2. 2. 3. Contraintes fonctionnelles et localisation sur l’arcade

33
Le choix de la RCR est en relation avec la position de la dent à restaurer sur l’arcade : l’anatomie
radiculaire et le type de force masticatoire subie varient selon les secteurs antérieur et postérieur. Ici, nous nous
intéressons uniquement aux restaurations esthétiques en secteur antérieur.

D’une part, l’anatomie radiculaire du bloc incisivo-canin maxillaire et mandibulaire présente certaines
particularités.
Les incisives maxillaires ont une racine plutôt large, rectiligne et de section plutôt arrondie. Une
vigilance particulière doit être apportée en cas d’amincissement important de la portion apicale de la racine.
Dans cette situation, des tenons plus courts sont à favoriser.

Figure 2. 7 : Forme et angulation de la racine des incisives centrales et latérales maxillaires et modification
de la section radiculaire entre le tiers cervical (a) et apical (b) (Laviole et Bartala, 2008)

Concernant, les canines maxillaires et mandibulaires, leurs racines sont larges mais de section ovalaire.
Ainsi, il est préférable d’utiliser des tenons anatomiques pour restaurer les canines.
Enfin, les racines des incisives mandibulaires sont très fines avec d’importantes invaginations
proximales. L’utilisation d’un ancrage n’est pas recommandée car trop mutilant et trop à risque de fragiliser la
racine.

Figure 2. 8 : Forme et angulation de la racine des incisives centrales et latérales mandibulaires (a) et
modification de la section radiculaire entre le tiers cervical et apical (b) (Laviole et Bartala, 2008)

34
Les restaurations corono-radiculaires en secteur antérieur sont soumises à des forces de cisaillement
importantes, contrairement au secteur postérieur soumis à des forces de compression axiales principalement.
Ces forces appliquées sur la face palatine des restaurations entrainent des micromouvements de flexion du
moignon coronaire pouvant causer à terme des fractures de fatigue, particulièrement dans la région maxillaire.
Ainsi, une restauration corono-radiculaire antérieure maxillaire a environ 3 fois plus de risque d’échec qu’une
restauration en secteur prémolaire ou molaire (Naumann et al, 2005). La présence d’un ancrage radiculaire pour
restaurer les incisives et canines maxillaires permet de renforcer le moignon coronaire mais aussi de répartir les
contraintes de flexion sur l’ensemble de la racine. Si, l’indication des tenons radiculaires est de plus en plus
limitée, ils restent des solutions de choix dans cette région de l’arcade dentaire.

2. 2. 4. Esthétique

La prise en compte de la demande esthétique n’est peut-être qu'un critère décisionnel secondaire mais
il ne doit pas être négligé dans la prise de décision concernant le choix de la restauration, et ce, d’autant plus en
secteur antérieur. Une fois le choix du type de RCR (coulée ou foulée) fait selon les critères fonctionnels et
mécaniques, le chirurgien-dentiste peut se pencher sur la problématique esthétique. La qualité optique de la
restauration finale est déterminée par 4 facteurs : la teinte du substrat dentinaire, le choix de la restauration
corono-radiculaire, le choix du matériau de la coiffe prothétique et le mode d’assemblage (scellement ou
collage) (Seguela et d’Incau, 2015).
Pour rappel, la couleur d’une dent est définie par les facteurs suivants : la teinte, la saturation, la
luminosité, la translucidité, l’opalescence, la fluorescence, l’état de surface et la brillance. Pour un résultat
esthétique et biomimétique réussie, le choix des matériaux est primordial. Ils doivent par exemple être capables
d'apporter l'opalescence marquée de la dentine et la translucidité propre de l’émail. Ainsi, le choix d’une
restauration contenant du métal, qu’il soit au niveau radiculaire ou au niveau de la couronne n’apporte aucune
satisfaction (opacité de la région cervicale, non translucide et assombrissement du parodonte péri dentaire,
d’autant plus si le parodonte est fin).

En cas de pilier fortement dyschromié, il est possible de réaliser un éclaircissement interne avant la mise
en place d’une RCR. Puis au moment du choix de la RCR, des solutions plus ou moins esthétiques sont possibles
: les RMIPP avec un tenon préfabriqué en fibre de verre et un composite de restauration teinte dentine permettent
de répondre favorablement aux exigences esthétiques. Tandis que si l’option coulée est choisie, le choix d’un
RCR en céramique zircone permet d’assurer une teinte naturelle mais elle restera plus opaque.
Ainsi, afin d’approcher un idéal biomimétique, l’utilisation d’une RMIPP est la plus judicieuse car elle laisse la
possibilité de réaliser une couronne toute céramique de haute translucidité type e.max Press HT permettant la
diffusion de la lumière et la reproduction du cœur chromatique de la dent. Au contraire, dès lors qu’une
céramique type zircone ou alumine sera utilisée pour la RCR ou l’armature de la coiffe prothétique toute
céramique, le résultat sera, certes, plus opaque, mais à un degré moindre de celui obtenu avec du métal.

35
Enfin, le mode d’assemblage choisi (scellement ou collage) influence le résultat esthétique. Les ciments
de scellement sont très opaques, les CVIMAR (CVI modifié par adjonction de résine) le sont légèrement moins.
L’idéal en termes de translucidité est la résine de collage, d’autant plus que certaines colles sont disponibles
désormais sous différentes teintes. L’influence observée est moins importante pour l’interface RCR-dentine
intra radiculaire que l’interface RCR-coiffe prothétique.

Figure 2. 9 : Propriétés optiques des matériaux d’assemblage (Seguela et d’Incau, 2015)

Ainsi, pour un résultat esthétique optimum, le praticien doit orienter ses choix de matériaux selon le
biotype parodontal observé, la couleur des structures dentaires résiduelles et ses connaissances sur la
translucidité des matériaux tout céramique (Seguela et d’Incau, 2015). Le choix du type de RCR et du mode
d’assemblage viennent magnifier le résultat hautement esthétique des coiffes céramo-céramiques translucides.

2. 2. 5. Autres critères

Le chirurgien-dentiste doit être attentif à d’autres critères décisionnels tels que :

- L'aspect biologique : plus le délai entre le traitement endodontique et la pose de la RCR est important,
plus le risque de contamination bactérienne du traitement radiculaire augmente. Les RMIPP ont
l’avantage de pouvoir être réalisées, dans certaines conditions, dans la même séance que le traitement
radiculaire. Contrairement aux inlay-core qui requièrent la mise en place d’une restauration provisoire
pouvant se révéler non étanche parfaitement (Demarchi et Sato, 2002).

- Le support parodontal : le rapport couronne/racine doit être évalué. Un rapport 1 : 1 au minimum est
recommandé quand le parodonte est sain et l’occlusion contrôlée (Ng et al, 2006). Toute pathologie
parodontale non traitée est néfaste pour la pérennité de la restauration. Une RCR réalisée sur une dent

36
avec un rapport couronne/racine non favorable, présentant un volume d’os alvéolaire réduit augmente
le risque de mobilité et de problèmes parodontaux (Baraban, 1967).

- La possibilité de ré-intervention : elle est plus ou moins possible selon le type d’ancrage radiculaire,
difficile pour les ancrages en fibre de verre (Khurshid et al, 2022) voire même impossible pour les
ancrages en zircone (Ozkurt et al, 2010). Dans cette situation, une chirurgie endodontique est préférable.
Concernant les tenons en fibre de verre, il est préférable de passer au travers de l’ancrage Pour cela, il
est recommandé au praticien d’exercer sous aides visuelles et de disposer d’un plateau technique
adéquat (forets spécifiques, ultrasons...)

- La compliance, la motivation et l’hygiène bucco-dentaire du patient (Roulet et al, 2003) : le patient doit
accepter que les séances de soins soient plus longues. De plus, la cavité buccale ne doit pas être trop
acide (alimentation sucrée, troubles du comportement alimentaire), car le comportement des
restaurations collées en milieu acide est mauvais. Enfin, une bonne hygiène bucco-dentaire est requise
afin d’assurer un bon nettoyage du joint de collage.

- L’occlusion et les parafonctions : un bilan occlusal, en statique et en dynamique, doit être effectué avant
la réalisation de la restauration afin d’évaluer la position de référence mandibulaire, la dimension
verticale d’occlusion et les relations occlusales interdentaires (Brocard et al, 2008). Chez les patients
présentant une parafonction occlusale type bruxisme, les forces peuvent être jusqu’à 6 fois supérieures
à la normale (Wassell et al, 2019). Ainsi, les RMIPP et RCR coulée en zircone sont à éviter chez les
patients dont la parafonction n’est pas traitée (Bolla, 2014).

2. 3. Conclusion

L’indication d’une RCR est gouvernée par différents critères mécaniques, esthétiques et biologiques
plus ou moins importants. La préservation des tissus résiduels et la présence d’une ferrule périphérique sont
des éléments déterminants pour la pérennité de la restauration. S’y ajoutent en secteur antérieur, des
contraintes esthétiques importantes.
Après avoir posé l’indication d’une restauration corono-radiculaire selon ses différents critères, le
chirurgien-dentiste dispose de deux techniques pour sa réalisation : la technique foulée ou la technique coulée.
La technique choisie sera guidée par le choix du matériau de la RCR.
Quelles sont les solutions thérapeutiques envisageable répondant à la fois aux critères mécaniques et
esthétiques ?

37
CHAPITRE 3 : LES RCR ESTHETIQUES EN SECTEUR ANTERIEUR

3. 1. Les RMIPP avec tenon en fibre verre

3. 1. 1. Présentation générale

3. 1. 1. 1. Composition

Depuis la fin des années 1990, est apparu sur le marché un nouveau type d’ancrage radiculaire
: les tenons en fibre de verre. Ils font suite aux tenons en fibre de carbone, peu à peu délaissés du fait
de leur préjudice esthétique.

Les tenons en fibres de verre sont utilisés conjointement avec une résine composite. Cette
dernière vient englober le tenon dans sa partie canalaire et forme dans la partie camérale de la dent, le
faux-moignon support de la future coiffe prothétique. Ce sont des reconstitutions corono-radiculaire par
matériau inséré en phase plastique (RMIPP). Cette méthode de reconstitution corono-radiculaire est de
plus en plus utilisée et performante depuis l’amélioration des protocoles de collage.

Les tenons préfabriqués sont composés de deux phases : des fibres de verre et une matrice.
Plusieurs types de fibres sont utilisées : des fibres de verre électriques (E-glass), des fibres de verre à
haute résistance (S-glass) et des fibres de quartz (Baba et al, 2009).
Ces fibres sont contenues dans une matrice époxy ou dans une matrice de polymère (résine
méthacrylate, ex : Bis-GMA). Elles sont parallèles entres elles, unidirectionnelles et orientées dans la
longueur de l’axe du tenon. Le diamètre des fibres varie entre 6 et 15 µm et la densité varie entre 25 et
35 fibres par mm² (Goracci et Ferrari, 2011). Elles constituent 50 à 70% du volume du tenon. Pour une
meilleure adhésion avec la matrice, les fibres sont préalablement silanisées.

38
Tenon préfabriqué Nature des fibres Type de matrice
RelyX Fiber Post Fibre de verre Resine époxy
3M ESPE, Minnesota, Etats-Unis
FRC Postec Plus, Fibre de verre Diméthacrylates
Ivoclar-Vivadent, Schaan,
Liechtenstein
GC Fiber Post, GC Corporation, Fibre de verre Dimethacrylates
Tokyo, Japon
DT Light Post Illusion Quartz Résine époxy
RTD, Grenoble, France
Dentin Post X Fibre de verre Résine époxy
Komet, Lemgo, Germany

Tableau 3. 1 : Composition des principaux tenons préfabriqués en fibres de verre (Goracci et Ferrari,
2011)

Figure 3. 1 : Image au microscope électronique à balayage (x1000) de différents tenons préfabriqués


en fibres de verre ou de quartz - coupe transversale (Novais et al, 2016)

Les tenons préfabriqués sont disponibles sous plusieurs formes : cylindrique, cylindro-conique,
conique ou à double conicité. Ces derniers ont l’avantage d’être plus adaptés à l’anatomie canalaire,
limitant ainsi l’élimination tissulaire lors de la préparation. Enfin, certains tenons présentent une tête
coronale avec des indentations à des fins de rétention (Goracci et Ferrari, 2011).
Pour une reconstitution complète, les tenons sont associés à une résine composite de
reconstitution. Comme tout matériau composite, il est constitué d’une matrice organique résineuse et
de charges inorganiques liées à l’aide d’un agent de couplage, le silane.

39
La phase organique est composée de monomères de “di-méthacrylates” dérivés du bis-GMA et
des polyuréthanes. Y sont ajoutés des contrôleurs de viscosité (TEGDMA, DEGMA...), des agents de
la polymérisation et divers additifs (Raskin, 2010).
Les charges sont incorporées dans la matrice. Leur taille, leur quantité et leur composition vont
influer sur les propriétés mécaniques et optiques du composite. La phase inorganique représente environ
65% du poids total du composite (Raskin, 2010).

Les composites de reconstitution coronoradiculaire font parties de la catégorie des composites


microhybrides comprenant des macrocharges (>10 µm) et une majorité de microcharges (>0,1 µm). La
taille moyenne des charges est inférieure à 1µm. Concernant ces composites, ils peuvent être
chémopolymérisables ou à prise duale (chémopolymérisable et photopolymérisable). La réalisation de
RMIPP avec tenon fibré engendre la présence de 3 interfaces (Bataillon-Linez et al, 2010) :
- Entre le système adhésif et le tenon
- Entre le système adhésif et la dentine radiculaire.
- Entre le système adhésif et la dentine coronaire

3. 1. 1. 2. Propriétés

3. 1. 1. 2. 1. Propriétés mécaniques, physiques et chimiques des tenons en fibre de verre

Le succès des tenons préfabriqués en fibres de verre est attribué à leurs propriétés mécaniques
proches de celles de la dentine.

En 2013, ZICARI et al comparent le module d’élasticité, la résistance à la flexion et la


résistance à la rupture de 6 tenons principalement commercialisés. Les auteurs se sont penchés sur
l’éventuel impact de la composition des tenons et leur diamètre sur leurs propriétés mécaniques.
Les résultats mesurés sont les suivants :
- Module d’élasticité : 10 à 25,5 GPa.
- Résistance à la flexion moyenne : 590 et 1100 MPa.
- Résistance à la traction : 50 et 240 N.

40
Résistance à la Densité de fibre Diamètre Radio
Tenon préfabriqué (taille) flexion moyenne (N/mm²) des fibres fibres/mat
(MPa) (µm) rice (%)
RelyX Fiber Post, 3M ESPE 945, 4 3260,38 14,88 53,26
ParaPost Taper Lux, Coltène- 890,86 3045,62 16,58 61,65
Whaledent, New Jersey, Etats-Unis
GC Fiber Post, GC 831,88 5172,87 11,85 57,83
LuxaPost, DMG, Hambourg, 817,21 7858,26 8,13 43,51
Allemagne
FRC Postec Plus, Ivoclar Vivadent 766,27 5082,20 12,24 60,53
DT Light Post, RTD 723,24 5332,15 12,02 61,26
Tableau 3. 2 : Résistance à la flexion et les caractéristiques structurelles des différents tenons testés
(Zicari et al, 2013).

D’après cette étude, les variations des propriétés mécaniques en flexion des tenons fibrés ne
sont pas corrélées avec leurs caractéristiques structurelles (densité des fibres, diamètre des fibres, ratio
fibres/matrice et distribution des fibres) mais plutôt impactées par le diamètre et la composition du
tenon. Ainsi, les ancrages de petits diamètres ont un module d’élasticité plus élevé tandis que la
résistance à la rupture est plus élevée pour les ancrages de gros diamètres. Pour l’auteur, les variations
des propriétés mécaniques en flexion sont plus liées à la matrice résineuse ainsi qu’à l’interface entre
les fibres et la matrice.

En 2016, NOVAIS et al évaluent la résistance à la flexion et le module de flexion de tenons


préfabriqués selon leurs caractéristiques structurelles. Les résultats sont mesurés à la suite d’un test de
flexion effectué pour chaque type d’ancrage (Novais et al, 2016).
Les valeurs de résistance à la flexion mesurées sont similaires avec celles mesurées par l’équipe
de ZICARI (entre 493,5 MPa et 835,9 MPa). Cependant, lors de cette étude, les auteurs observent une
corrélation positive entre la résistance à la flexion et le ratio fibre/matrice.
Le module de flexion mesuré est compris entre 4500,6 MPa et 8824,3 MPa. Plus le nombre de
fibre par mm² est faible, plus le module de flexion est élevé. Ainsi, selon NOVAIS, les propriétés
mécaniques sont influencées par les caractéristiques structurelles des tenons.

Enfin, la résistance à la compression des tenons fibrés préfabriqués est de 340 MPa. (Khurshid
et al, 2022)

41
Si les différentes expériences menées s’accordent sur les valeurs des propriétés mécaniques des
tenons en fibres de verre, il n’y a pas encore de consensus sur l’éventuelle influence des caractéristiques
structurelles. D’autres études standardisées doivent être menées.

Concernant les propriétés biologiques, les tenons en fibres de verre sont biocompatibles,
résistants à la solubilité et résistants à la dégradation biochimique (Lamichhane et al, 2014)

3. 1. 1. 2. 2. Propriétés optiques des tenons en fibres de verre

Les tenons préfabriqués en fibres sont translucides (Khurshid et al, 2022), ce qui leur confèrent
un avantage esthétique. Ils ne vont ni modifier la teinte de la future coiffe prothétique, ni assombrir la
zone cervicale. Cependant, le degré de translucidité n’est pas le même pour tous les ancrages disponibles
sur le marché.

En 2008, GORACCI et al évaluent la translucidité de 14 tenons préfabriqués en fibres de quartz,


de carbone ou de verre enrichi ou non en zircone. Pour chaque ancrage, la transmission de la lumière
de la portion coronaire à apicale est mesurée à l’aide d’un spectrophotomètre. Des clichés
photographiques sont aussi réalisés (Goracci et al, 2008).

Figure 3. 2 : Clichés photographiques des tenons irradiés par la lumière de lampe à


photopolymériser (Goracci et al, 2008)
A : Dentin Post X, Komet : diminution progressive de la transmission lumineuse puis augmentation à
l’extrémité apicale. B : FRC Postec Plus, Ivocalr Vivadent : schéma de transmission identique. C :
FibreKleer Post, Jeneric/Pentron, Connecticut, Etats-Unis : transmission uniquement dans la portion
coronaire du tenon. D : Tech21 X-OP, Carbotech-Isasan, Rovello Poro, Italie : transmission
uniquement dans la portion coronaire

42
Concernant, les ancrages en fibre de verre, le schéma de transmission lumineuse est le même
pour la majorité de ces tenons, à savoir une diminution progressive de la transmission lumineuse en
direction apicale puis augmentation à l’extrémité apicale. Mais avec des valeurs variant pour chaque
ancrage. Les tenons Dentin Post X de Komet et FRC Postec Plus de Ivocar-Vivadent se montrent les
plus translucides.
La transmission lumineuse est en relation directe avec la nature des fibres contenues dans le
tenon : la transmission est meilleure pour les ancrages en fibres de verre comparé aux ancrages en fibres
de quartz, de carbone ou en silice de zirconium.
La translucidité des tenons est importante d’une part pour l’esthétique et d’autre part pour
permettre une meilleure photopolymérisation des composites de restauration corono-radiculaire.

Autre facteur lié à la translucidité du tenon : la radio opacité. Les tenons en fibres de verre sont
radio-opaques et leur degré de radio opacité dépend de leur composition chimique (Erik et al, 2019)

Figure 3. 3 : Radiographie rétro-alvéolaire d’une 45 restaurée à l’aide d’un tenon en fibres de verre
(https://www.information-dentaire.fr/formations/mise-en-oeuvre-d-une-reconstitution-par-tenon-
fibre-et-composite-rmipp/)
Tenon en fibre de verre 3M RelyX FiberPost 3D. Colle 3M RelyX Unicem 2 et composite 3M Filtek
Bulkfill

3. 1. 1. 2. 3. Propriétés mécaniques, physiques et chimiques des composites de restaurations corono-


radiculaire

43
Les propriétés mécaniques et physiques des composites hybrides micro-chargés selon leur
viscosité sont résumés dans le tableau suivant :

Type de composite et Hybride de Hybride de Hybride Dentine


viscosité viscosité moyenne viscosité fluide compactable

Module d’élasticité (GPa) 9,3 4,5 9,5 18,3


(3,6-17,7) (1,9 – 5,9)
Résistance à la flexion 109,8 88 112,1 -
(MPa) (58,0 – 204,0) (42,8 – 114,3) (51,2 – 150)

Résistance à la traction 52 - 72 98,7


(MPa)

Dureté de Vickers (HV) 57 20,6 50,2 90


Coefficient de dilatation 22.10-6/°C - 35.10-6/°C 8,3.10-6 /°C
thermique
Conductivité thermique 1,09 W/m/°C 0,22 W/m/°C
Rétraction de prise (%) 3,04 4,68 2,58 -

Tableau 3. 3 : Propriétés mécaniques et physiques des composites hybrides et de la dentine (Raskin,


2010 ; Etienne et Anckennman, 2016)

L'absorption hydrique est comprise entre 0,2 et 2,2 mg/cm² et la solubilité dans l’eau après deux
semaines varie entre 0,01 et 2,2 mg/cm² (Raskin, 2010).
Les propriétés chimiques sont directement liées à la qualité de la polymérisation. Lors de la
polymérisation, le composite subit une rétraction de prise plus ou moins importante. L’absorption
hydrique entraine une expansion volumétrique qui compense la rétraction liée à la polymérisation.
Enfin, les composites de restauration corono-radiculaire ont un comportement thixotrope
optimal leur permettant de s’adapter parfaitement à la cavité.

3. 1. 1. 2. 4. Propriétés optiques des composites de restauration corono-radiculaire

L’utilisation des composites de restauration corono-radiculaire offrent des propriétés optiques


optimales qui ne nuiront pas à l’apport esthétique des couronnes céramo-céramiques. Ces composites
vont constituer le corps dentinaire de la restauration. Ils disposent d’une saturation élevée et d’une
fluorescence marquée. Le degré d’opacité plutôt élevé pour ces composites est obtenu grâce aux

44
différences d’indices de réfraction entre les charges minérales et la matrice. Tandis que le niveau de
saturation dépend de la concentration en oxydes métalliques (Raskin, 2010).
Les propriétés de translucidité et d’opalescence propres à l’émail sont apportées par la coiffe
prothétique en céramique.

3. 1. 2. 5. Propriétés mécaniques du complexe tenon fibré / composite de restauration

En 2009, KONO et al évaluent la résistance à la flexion des tenons en fibres de verre seuls et
associés à un composite de restauration. Pour cela, un test de flexion en 3 points est réalisé sur le tenon
en fibres de verre puis sur différents échantillons cylindriques de tenons fibrés avec du composite de
restauration. Pour chaque cylindre, le ratio tenon fibré/composite varie. Les produits testés sont ceux
du fournisseur GC (GC Fiber Post et Unifil Core)

Les résultats des tests de résistance en flexion sont résumés dans le tableau suivant.

Echantillon testé Résistance à la flexion moyenne (MPa)


Tenon seul (diamètre 1,2 mm) 1199
Tenon seul (diamètre 1,4 mm) 1282
Tenon seul (diamètre 1,6 mm) 1212
Composite seul 92,6
Ration tenon/composite : 0,16 115,8
Ration tenon/composite : 0,22 133,7
Ration tenon/composite : 0,28 192,4
Ration tenon/composite : 0,48 434

Tableau 3. 4 : Résistance à la flexion moyenne (en MPa) des différents échantillons testés (Kono et al,
2009)

La présence d’un tenon en fibres de verre au sein du composite permet de renforcer la résistance
à la flexion de ce dernier.

3. 1. 1. 3. Technique de mise en œuvre

La réalisation d’une restauration corono-radiculaire foulée nécessite la mise en place d’un


champ opératoire parfaitement étanche.

45
La première étape consiste en la préparation du canal : celui-ci doit être désobturé partiellement
et parfaitement nettoyé de tous résidus d’obturation et de ciment canalaire. Le tenon est ensuite inséré
en butée contre la gutta-percha restante. Il doit être passif dans le canal. Un contrôle radiologique est
recommandé.

Une fois le canal préparé, le collage peut être effectué. Le protocole dépend des types d’adhésif,
de colle et de composite de reconstitution choisis. Un pré-traitement des tissus dentaires et/ou du tenon
peut être recommandé. 3 techniques de mise en œuvre sont possibles (Bataillon-Linez et al, 2010) :
- La technique “foulée” : le tenon est préalablement collé dans sa portion canalaire à l’aide d’une
résine de collage. Les excès sont retirés. Puis un second composite hybride et
photopolymérisable est foulé pour reconstituer le faux moignon coronaire. Exemple de
composite de restauration : Clearfil Photocore de Kuraray, New-York, Etats-Unis.
- La technique injectée avec 1 seul matériau : un composite microhybride à prise dual est injecté
dans le canal puis le tenon est inséré. Le composite est polymérisé une première fois puis le
faux moignon est constitué avec le même composite utilisé précédemment. Exemples de
composites microhybrides utilisés : CoreX Flow de Dentsply, MultiCore Flow de Ivoclar
vivadent, Dentocore Build-up d’ITENA, Villepinte, France, Rebilda DC de VOCO, Cuxhaven,
Allemagne)
- La technique injectée avec 2 matériaux : un premier composite auto-adhésif est injecté dans le
canal pour le collage du tenon. Puis, après polymérisation, un deuxième composite à prise duale
est injecté pour réaliser le moignon coronaire. Exemple de couple de composite utilisé :
SmartCem 2 + CoreX Flow de Dentsply, SpeedCem + Multicore Flow de Ivoclar vivadent.

La préparation corono-périphérique peut ensuite être finalisée.

3. 1. 2. Caractéristiques propres à l’ancrage corono-radiculaire

3. 1. 2. 1. Comportement biomécanique et distribution du stress : méthode des éléments


finis

Le comportement biomécanique d’une dent traitée endodontiquement et restaurée à l’aide d'un


ancrage corono-radiculaire peut être évalué par des stimulations numériques et analysé par la méthode
des éléments finis.
Il s’agit d’un outil informatique de modélisation permettant de faire une approximation du
comportement mécanique d’un matériau soumis à une force (Salvodelli et al, 2009).
Le principe est de modéliser un objet (ici, l’ensemble des tissus parodontaux, dentaires et
matériaux de restauration : ancrage corono-radiculaire, couronne, résine de collage) puis de le soumettre

46
à une force. Les déformations et les contraintes qui en résultent sont évaluées en tout point du modèle
et les zones les plus sollicitées peuvent être mises en évidence.
Le stress généré est mesuré en contraintes équivalentes de von Mises. Le critère de Von Mises
permet de simplifier l’analyse des résultats en faisant une moyenne des différentes contraintes subies
par le matériau (traction, compression et cisaillement) afin d’obtenir une contrainte isotrope (identique
dans toutes les directions) (Salvodelli et al, 2009).

Pour se faire, l’objet étudié est scanné tridimensionnellement puis il est numérisé par des
logiciels informatiques. Le modèle obtenu est ensuite exporté dans les logiciels de calcul en éléments
finis. Les caractéristiques physiques (module d’élasticité, densité, coefficient de Poisson, etc…) de
chaque composant du modèle (dentine, émail, ancrage, couronne, ciment, os alvéolaire et ligament
dents-alvéolaire) sont rentrées. Puis la simulation biomécanique est faite sur le logiciel.
Les résultats obtenus sont donnés sous forme d’isovaleurs (champ de couleur associé à des
échelles de valeurs) ou de diagrammes (Salvodelli et al, 2009).

En 2002, PEGORETTI et al observent le comportement mécanique des ancrages en fibre de


verre avec un composite de reconstitution coronaire en les soumettant à 3 types de forces : une force
verticale de 100N pour simuler le bruxisme, une force oblique de 50N pour simuler les forces de
mastication et enfin une force horizontale de 10N pour simuler les forces externes traumatiques
(Pegoretti et al, 2002). Les résultats de simulation obtenus sont comparés à ceux des ancrages en fibre
de carbone et en alliage d’or ainsi qu’à une dent naturelle. Par souci de simplicité, l‘expérience est
réalisée sur une incisive modélisée en seulement deux dimensions.
Les contraintes enregistrées pour les modèles avec un ancrage en fibres de verre sont maximums
au niveau de la dentine radiculaire externe de la face palatine au niveau du 1/3 moyen et du 1/3 cervical.
L’intensité des contraintes au niveau cervical est plus élevée en cas de force oblique ou horizontale.
Cela est dû au faible module d’élasticité des composites de restauration comparé aux matériaux voisins
(couronne céramique, ancrage en fibres de verre et dentine). Des contraintes élevées dans la région
cervicale peuvent provoquer des micro-fuites et des lacunes au niveau de l’interface de collage de la
couronne.

47
Figure 3. 4 : Carte des contraintes de Von Mises dans le cas d’une charge oblique de 50N (Pegoretti
et al, 2002)
Modèle A : dent naturelle, modèle B : alliage en or, modèle C : fibre de carbone, modèle D : fibre de
verre

Les contraintes enregistrées au sein de l’ancrage et à l’interface ancrage/dentine sont plus


faibles pour les tenons en fibres de verre. De plus, ces contraintes sont mieux réparties tout au long du
tenon. Tandis que, les inlay-core en alliage d’or présentent des contraintes très élevées à ce niveau et
concentrées dans la portion apicale.

En 2009, SOARES et al comparent la distribution des contraintes sous l’effet d’une force
externe oblique de 135N des ancrages en fibres de verre et alliage métallique. Les mêmes observations
sont faites, à savoir une distribution plus homogène des contraintes pour les ancrages en fibres de verre,
des intensités moindres au sein du tenon mais plus élevées dans la dentine radiculaire au niveau du 1/3
moyen de la racine essentiellement. Les contraintes plus élevées au sein de la dentine externe sont dues
à la capacité de transfert des forces des ancrages fibrés. Tandis que des ancrages avec de hauts modules
d’élasticité vont absorber les contraintes sans les redistribuer (Soares et al, 2009).

48
Ces simulations permettent de mettre en évidence un des intérêts des tenons en fibre de verre :
la distribution des contraintes sous l’effet d’une charge externe est homogène au sein de la racine et se
rapproche d’avantage du modèle de distribution d’une dent naturelle.

La rigidité des ancrages corono-radiculaires exerce une influence considérable sur la


distribution du stress au sein de la racine. Cependant d’autres facteurs pourraient influencer cette
dernière. En 2009, SPAZZIN et al évaluent la potentielle influence de la résine de collage sur la
distribution du stress selon son épaisseur et son module d’élasticité. Pour cela, un modèle 3D d’une
incisive centrale maxillaire restaurée avec un tenon en fibre de verre ou en zircone est réalisé.
Différentes colles sont simulées selon leur épaisseur (70 et 200 µm) et leur module d’élasticité (7 et
18,6 GPa). Une force est appliquée sur la face palatine du composite de restauration et l’analyse de la
distribution des contraintes est réalisée selon la méthode des éléments finis.
La variation de rigidité de la colle exerce une influence sur la distribution des contraintes : une
colle avec un module d’élasticité plus élevé entraine davantage de contraintes au sein de la couche de
collage. Cela accroit le risque de décollement (Spazzin et al, 2009).

Tandis que l’épaisseur de la couche de colle n’a elle pas d’impact significatif sur la distribution
des contraintes. Toutefois, une épaisseur trop élevée favorise la formation de bulle et de vide réduisant
la qualité de collage. L’auteur recommande de coller les tenons en fibre de verre avec des colles ayant
un module d’élasticité inférieur à celui de la dentine.

Enfin, la distribution du stress au sein de la racine, sous l’effet d’une charge extérieure, est
influencée par la préparation périphérique et surtout la présence ou non d’une ferrule. En 2009,
ERASLAN et al démontrent lors d’une analyse par la méthode des éléments finis en 3 dimensions que
la présence d’un cerclage périphérique permet de réduire le stress perçu dans la dentine radiculaire.
Toutefois, la différence de stress est faible (Eraslan et al, 2009).

Il est important de rappeler que ces expériences utilisant la méthode des éléments finis restent
des simulations. Par simplicité, les structures dentaires et matériels du modèle sont toutes supposées
homogènes, isotropes et dotées d’une élasticité linéaire. Or, il est reconnu et démontré que les matériaux
modélisés et en particulier les tissus vivants se comportent différemment. Par exemple, l’os cortical
mandibulaire est transversalement isotrope et inhomogène. Il est ainsi difficile d’extrapoler directement
les résultats à une situation clinique. Des études simulant avec plus de précision l’environnement oral
sont recommandées.

3. 1. 2. 2. Résistance à la fracture et mode de fracture

49
L’utilisation d’ancrage corono-radiculaire pour la restauration de dents traitées
endodontiquement a fait l’objet de nombreuses discussions et controverses. Notamment, savoir si la
présence d’un ancrage augmente la résistance à la fracture de la racine traitée. Plusieurs centaines de
recherches ont été effectuées au cours de ces dernières années sans apporter de réponse unanime.
Récemment en 2021, JUREMA et al publient une méta-analyse afin d’apporter davantage de
précisons. Dans cette revue, la question est de savoir si la présence d’un ancrage corono-radiculaire
renforce la résistance à la fracture des dents restaurées endodontiquement dans le secteur antérieur en
comparaison à une restauration sans ancrage radiculaire. 29 articles sont conservés.
Le risque de biais est évalué pour chaque étude selon les critères suivants :
- randomisation des dents
- utilisation des matériaux selon les instructions des fabricants
- utilisation de dents de dimensions similaires
- traitement endodontique effectué par un seul opérateur
- test de résistance à l’aveugle pour l’opérateur

Figure 3. 5 : Risques de biais pour chaque étude incluse (Jurema et al, 2021)

50
Figure 3. 6 : Méta-analyse comparant les groupes contrôles (sans ancrage) avec les groupes
expérimentaux (avec ancrage) (Jurema et al, 2021)

Les valeurs mesurées pour les groupes expérimentaux sont très variables d’une étude à l’autre
(entre 199,05 N et 2178,5 N) mais sont, dans la très grande majorité, supérieures aux forces occlusales
antérieures moyennes mesurées chez l’adulte lors de la mastication (190 à 290N) (Steiner et al, 2009).
D’autant plus qu’en clinique, un rétrocontrôle inhibiteur exercé par les récepteurs parodontaux permet
de diminuer les activités musculaires excessives. Ceci réduisant davantage le risque de fracture
radiculaire.
Les auteurs expliquent l’hétérogénéité des valeurs mesurées par les différences de conditions
des expériences (intensité et angle d’application de la force, pré-fatigue des échantillons, protocole de
collage, nature de l’ancrage et la restauration coronaire).

Selon les résultats de la méta-analyse, la résistance à la fracture des dents antérieures traitées
endodontiquement augmente légèrement par l’usage d’un tenon pour la restauration définitive. Cela,
serait d’autant plus important en présence d’une perte de substance dans la région cervicale de la racine.
L’ancrage radiculaire en fibre de verre permettrait de réduire les contraintes dans la zone cervicale, zone
de très grande fragilité, et de mieux les répartir au sein de la racine.

51
Lors des situations suivantes : absence de ferrule, présence d’une ferrule de 1, 2 ou 3mm, cavité
d’accès endodontique et préparation pour facette, aucune différence significative n’est observée entre
les groupes témoins et expérimentaux (Jurema et al, 2021).

Enfin, les restaurations avec tenon en fibre de verre ont un schéma de fracture favorable et ainsi
un meilleur pronostic après fracture. Lors des différentes expériences menées, la grande majorité des
fractures sont jugées réparables : fracture coronaire sans atteinte radiculaire ou fracture radiculaire au
niveau du 1/3 cervical.
En secteur antérieur, la présence d’un ancrage radiculaire en fibre de verre pour la
reconstruction d’une dent avec un délabrement cervical est bénéfique en matière de résistance à la
fracture. Des études in vivo doivent cependant confirmer ces résultats.

Si cette méta-analyse ne conclue pas en faveur d’un potentiel impact (positif ou négatif) de la
présence ou non d’une ferrule sur la résistance à la fracture, 3 études publiées entre 2007 et 2017
apportent davantage de précisions (Naumann et al, 2007 ; Lima et al, 2010 ; Magne et al, 2017). Pour
chaque étude, la résistance à la fracture des incisives restaurées est comparée selon 3 situations :
présence de ferrule et d’un tenon en fibre de verre, présence de ferrule sans tenon et présence d’un tenon
sans ferrule. Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau suivant :

Ferrule et tenon fibré Pas de ferrule avec tenon Ferrule sans tenon
Naumann et al, 502 352 387
2007
Lima et al, 2010 573 275,3 552,5

Magne et al, 620 480 633


2017

Tableau 3. 5 : Résistance à la fracture (en N) selon le type de restauration (Naumann et al, 2007 ;
Lima et al, 2010 ; Magne et al, 2017)

Dans ces 3 études, la présence d’un cerclage périphérique est l’élément le plus important pour
augmenter la résistance mécanique de la racine restaurée. De plus, pour deux de ces études, si un
sertissage périphérique est possible, alors la présence d’un ancrage n’est pas bénéfique à la restauration
(Lima et al, 2010 ; Magne et al, 2017).

52
Pour conclure, d’un point de vue in vitro, la présence de ferrule est le facteur clé pour augmenter
la résistance à la fracture. Toutefois, dans le cas de situation extrême de délabrement important (absence
de cerclage périphérique ou atteinte cervicale), la présence d’un tenon en fibre de verre permet
d’augmenter la résistance à la rupture d’une incisive traitée endodontiquement en comparaison à une
restauration sans ancrage radiculaire.

3. 1. 2. 3. Adhésion, traitement de surface et protocole de collage

La qualité du collage est un élément déterminant pour la longévité et la performance des


restaurations corono-radiculaires avec un tenon fibres de verre. L’optimisation du protocole et
l’amélioration des résines de collage ont été l’objet de nombreuses recherches et expériences in vitro.
Face à la quantité des résultats obtenus, plus ou moins contradictoires, des revues de littératures et méta-
analyses ont depuis été publiées afin d’obtenir davantage de précisions.
L’objectif est de répondre à deux questions : quel type de colle utiliser et quel prétraitement de
surface appliquer au niveau des tissus dentaires et du tenon ?

En 2014, SARKIS-ONOFRE et al publient une méta-analyse répondant à la question du type


de colle à utiliser pour les restaurations corono-radiculaires avec un tenon fibré. Cette revue de la
littérature incluant 22 études compare la force d’adhésion des ancrages à la dentine radiculaire selon
deux types de colles : les colles auto-adhésives et les colles conventionnelles (avec ou sans potentiel
adhésif). Les meilleurs résultats d’adhésion sont obtenus pour les colles auto-adhésives tandis que les
colles conventionnelles montrent des résultats très hétérogènes selon le protocole de collage et le
système d’adhésif choisi (adhésif auto-mordançant ou système de mordançage/rinçage) (Sarkis-Onofre
et al, 2014).
Cette supériorité en matière de collage des colles auto-adhésives (type RelyX Unicem de 3M)
est expliquée par plusieurs facteurs :
- Elles contiennent des monomères d’acide pouvant attaquer et infiltrer le substrat dentinaire,
créant une rétention micromécanique et une adhésion chimique aux cristaux
d’hydroxyapatite.
- La réaction acide/base au sein de la colle produit de l’eau. Cela permet d’améliorer
l’interaction entre la colle et les tissus dentaires et la tolérance à l’humidité de la colle.
- Elles subissent un stress de polymérisation moindre.

A contrario, l’utilisation des colles conventionnelles est soumise à un conditionnement des


surfaces dentaires très opérateur-dépendant et particulièrement complexe. En effet, l’utilisation au
préalable d’adhésif nécessite de gérer l’évaporation des solvants, de retirer les excès d’adhésif et d’avoir
une polymérisation optimale dans la portion apicale. De plus, l’utilisation d’adhésif auto-mordançant

53
amène un dépôt de phosphate de calcium sur la dentine, qui ne sera pas rincé. Celui-ci peut nuire à la
qualité du collage.
Toutefois, les auteurs mettent en avant l’hétérogénéité des valeurs obtenues ainsi que le risque
de biais élevé de certaines études incluses dans la méta-analyse. Ces résultats in vitro ne constituent en
aucun cas une réalité clinique et des tests in vivo doivent être réalisés pour confirmer la tendance mise
en avant par les auteurs.

Si l’utilisation des résines de collage auto-adhésive permettent d’améliorer la force d’adhésion,


d’autres facteurs viennent influencer la qualité du collage.
En 2015, SKUPIEN et al mettent en avant plusieurs de ces facteurs dans une revue de la
littérature incluant 34 études. Tout d’abord, la technique d’application de la colle : les valeurs
d’adhésion sont plus élevées si la colle est appliquée uniquement dans la racine ou sur le tenon. La mise
en place de colle combinée sur le tenon et dans la racine nuit à la qualité du collage car cela favorise la
formation de bulle. En cas d’application de colle directement dans la racine, il est préférable d’utiliser
une seringue auto-mélangeuse avec un embout d’injection fin plutôt que de l’appliquer avec un lentulo.
Ce dernier peut chauffer la colle et ainsi accélérer la polymérisation (Skupien et al, 2015).

Par ailleurs, bien que le traitement endodontique doive toujours être effectué avant la mise en
place d’une restauration corono-radiculaire, celui-ci affecte négativement le collage. Certains ciments
comme l’hydroxyde de calcium peuvent être difficile à nettoyer et les résidus restants vont altérer la
qualité du collage. Tandis que les ciments contenant de l’eugénol réduisent la polymérisation des
adhésifs et résines de collage. Cela est confirmé par la méta-analyse publiée en 2015 par ALTMANN
et al, évaluant l’influence des ciments à base d‘eugénol sur la force d’adhésion des tenons en fibre de
verre avec le composite de collage. Il en conclue que la présence d’eugénol réduit la force d’adhésion
quel que soit le type d’adhésif ou de colle utilisé (Altmann et al, 2015). Les groupes hydroxyles de
l’eugénol interagissent avec les radicaux libres des monomères contenus dans la colle, ce qui bloque
leur réactivité et réduit le degré de conversion de la résine.

Un autre facteur influant mis en évidence est le conditionnement de la dentine radiculaire.


Différents irrigants peuvent être utilisés pour éliminer la boue dentinaire et ouvrir les tubuli dentinaires.
Leurs effets sur la qualité du collage ont été résumé dans la revue de la littérature publiée par
KHALIGHINEJAD et al.
L’utilisation d’hypochlorite de sodium (NaOCl) est bénéfique lorsqu’une colle auto-adhésive
est utilisée ou si le rinçage à l’hypochlorite a lieu après une étape de mordançage. Il est préférable
d’utiliser des concentrations de NaOCl plus faibles car cela limite la déprotéinisation de la dentine.
L'utilisation d’EDTA permet d’éliminer la couche de smear layer contenue dans le logement
canalaire. Son utilisation diminue la force du collage lorsqu’une colle auto-adhésive est utilisée.

54
L'inverse est observé lorsqu’une colle avec ou sans potentiel adhésif est utilisée. L’action couplée d’
NaOCl et d’EDTA permet d’augmenter la force d’adhésion dans le 1/3 apical uniquement si les
solutions sont activées à l’aide d’un dispositif ultrasonique.
L’utilisation d’une solution de mordançage (acide phosphorique à 35%) augmente les valeurs
d’adhésion quel que soit le type de colle utilisée.
Enfin, l’utilisation de chlorhexidine ou d’un laser n’a pas d’effet significatif sur le collage
(Khalighinejad et al, 2014).

Pour finir, le dernier facteur mis en avant SKUPIEN et al est le pré-traitement de surface des
tenons en fibres de verre. Selon eux, la force d’adhésion entre le tenon fibré et la résine de collage peut
être améliorée par une étape de pré traitement du tenon tel que le sablage ou l’application de silane
(Skupien et al, 2015).
La revue de littérature publiée en 2020 par MISHRA et al permet d’apporter davantage de
précisions sur les différents pré-traitements de surfaces possibles :
- Le sablage par des particules d’alumines (Al203) modifie l’état de surface des tenons en
enlevant une partie de la matrice et créant des zones de rétention mécanique. Cependant,
les résultats divergent quant à la potentiel amélioration de la force de collage qu’apporterait
le sablage seul des tenons. De nombreux facteurs tels que la taille des particules, la pression,
le temps et la distance influencent le résultat (Mishra et al, 2020).
- Le mordançage acide (acide phosphorique ou peroxyde d’hydrogène) permet de créer des
zones de rétention micromécanique. Le mordançage à l’acide phosphorique à 37% pendant
15sec permettrait d’améliorer la force de collage. Il est toutefois recommandé de respecter
scrupuleusement le temps d’application car une attaque acide trop longue de la matrice des
tenons est néfaste et entraine une diminution de la valeur de collage (Mishra et al, 2020).
- L'utilisation d’un laser type Er:YAG n’a pas montré de résultat significatif (Mishra et al,
2020).
- L’application d’un agent de couplage (silane) est fréquente. Pour rappel, les solutions de
silane sont des composés hybrides organiques/inorganiques faisant le lien entre la matrice
du tenon et de la colle par une réaction chimique. Cependant, utilisé seul, le silane n’est pas
suffisant pour améliorer l’adhésion. Mais, couplé à un traitement micromécanique (type
sablage ou mordançage), il permet d’accroitre la force de collage (Moraes et al, 2015 ;
Mishra et al, 2020 ; Souza et al, 2022). Un prétraitement chimique et micromécanique est
donc recommandé pour le collage d’un tenon en fibres de verre. Toutefois, l’application de
silane semble plus efficace sur les tenons avec une matrice de polymères types
méthacrylates plutôt que les matrices époxy.

55
Cependant, le pré-traitement de surface du tenon n’a pas démontré d’amélioration significative
de la force de collage lorsqu’une colle auto-adhésive est utilisée (Jacob et al, 2021). L’utilisation d’une
étape supplémentaire dans le protocole de collage serait source d’erreur (mordançage ou sablage trop
important, couche non homogène de silane).

Il est aussi important de rappeler que les expériences in vitro ne constitue en aucun une réalité
clinique in vivo. Ces études sont sujettes à de nombreux biais (randomisation, double aveugle, nombre
d’opérateur, etc....) et les résultats obtenus dépendent des conditions d’expériences qui ne sont jamais
les mêmes selon les différentes études (condition de stockage des échantillons, pré-fatigue, protocole
de collage, taille d’échantillon, type de test effectué, etc..). Ceci aboutit à une hétérogénéité de résultats
pouvant compliquer leurs interprétations. Néanmoins, elles permettent de donner de bonnes indications
concernant le type de colle et le protocole de collage. Ainsi, lors d’une restauration corono-radiculaire
avec un tenon fibré, l’utilisation d’une colle auto-adhésive est recommandée. Cette dernière possède
des monomères multifonctionnels et des groupes d’acide phosphorique pouvant déminéraliser et
infiltrer la dentine radiculaire créant une rétention micromécanique et chimique avec l’hydroxyapatite.
De plus, les colles auto-adhésives sont stables dans le temps et plus tolérantes à l’humidité (intérêt pour
le collage dans la portion apicale). Leur usage simplifié (ni traitement de surface de la dentine, ni du
tenon) permet de réduire les erreurs opératoires du praticien. Toutefois, le collage doit se faire sur une
dentine nettoyée de tous résidus de ciment endodontique.
Afin de confirmer tout cela, des essais cliniques contrôlés et randomisés, bien conçus et avec
de longues périodes de suivi doivent être menés.

3. 1. 2. 4. Recul clinique et perspectives

Les différents résultats obtenus lors des études in vitro montrent tout le potentiel et l’intérêt
d’utilisation des tenons en fibres de verre. Mais qu’en est-il de la réalité clinique ? Nombreuses études
de cohortes et essais cliniques ont été menés durant ces dernières décennies pour évaluer le taux de
survie ou d’échecs des restaurations avec un ancrage radiculaire en fibres de verre. Face à la quantité et
à l’hétérogénéité des valeurs obtenues, des revues de littératures et des méta-analyses ont par la suite
été publiées.

En 2015, FIGUEIREDO et al publient une méta-analyse comparant le taux de survie, le taux


de fracture radiculaire et d’échecs non catastrophiques des ancrages en fibres de verre et des tenons en
alliage métallique. Dans cette revue, 7 essais cliniques et 7 études de cohortes sont incorporés.
Concernant le taux de survie, sur une période de court-moyen terme allant de 5 à 10 ans, il est
légèrement supérieur pour les ancrages métalliques (90% contre 83,9% pour les ancrages fibrés). Le
taux d’incidence des fractures radiculaires est inférieur pour les tenons fibrés (4,78 pour 1000 contre

56
5,13 pour 1000 pour les alliages métalliques). De plus, si on isole uniquement les ancrages en fibres de
verre des ancrages en fibres de carbone, le taux d’incidence est encore plus faible, soit 3,58 pour 1000.
Enfin, concernant le taux d’incidence des échecs non catastrophiques, ils sont similaires : 12,69 pour
1000 pour les alliages métalliques et 14,17 pour 1000 pour les tenons en fibres de verre.
Sur du court-moyen terme, les tenons en fibres de verre présentent des résultats de survie
similaires au tenon en alliage métallique et ont surtout l’avantage de réduire le risque de fracture
radiculaire entrainant l’extraction de la dent (Figueiredo et al, 2015). Toutefois, il est important de
rappeler que les études incluses dans cette méta-analyse présentent pour certaines d’entre-elles des
risques de biais élevés. De plus, aucune distinction n’a été faite selon la localisation de la dent restaurée
(secteur antérieur ou postérieur).

Dans une revue de littérature publiée en 2017, MARCHIONATTI et al observent les mêmes
résultats. A savoir, un taux de survie similaire pour les ancrages en fibre de verre et en alliage métallique
mais un taux d’échecs catastrophiques inférieur pour les restaurations avec tenon fibré. Dans ce type de
restauration, ce sont principalement des échecs adhésifs qui sont recensés contre des fractures de la
racine et/ou de l’ancrage pour les alliages métalliques. Les essais cliniques incorporés dans cette revue
de littérature mettent en évidence que le taux de survie est augmenté en présence d’une ferrule et d’un
nombre de paroi dentinaire plus élevé (Marchionatti et al, 2017). Ainsi, cela montre toute l’importance
de la préservation tissulaire sur les performances mécaniques des dents traitées endodontiquement, et
ce, surement bien plus que le choix du matériau d’ancrage radiculaire.

En 2019, GARCIA et al dans une méta-analyse incluant 6 essais cliniques cherchent à évaluer
l’impact de la localisation de la restauration (secteur antérieur versus secteur postérieur) sur le taux
d’échec. Les situations suivantes sont considérées comme échecs : fracture de la racine, de l’ancrage ou
de la couronne, déplacement de l’ancrage ou de la couronne, présence de carie, échec parodontal ou
endodontique. Le secteur antérieur inclue les incisives et les canines, le secteur postérieur inclue les
prémolaires et molaires.
Puis le rapport de risque est mesuré pour chaque sous-groupe. Pour des restaurations avec un
ancrage radiculaire en fibres de verre, le rapport de risque entre le secteur antérieur et postérieur est de
1,10. Ainsi, aucune différence significative n’est trouvée et la localisation sur l’arcade de la restauration
n’aurait pas d’influence sur le risque d’échec thérapeutique (Garcia et al, 2019).

57
Figure 3. 7 : Rapport de risque selon la localisation de la restauration (Garcia et al, 2019)

Toutefois, des essais cliniques randomisés avec une période de suivi plus longue sont nécessaire
pour confirmer cette première observation.
De plus, les restaurations corono-radiculaires collées ont, dans un premier temps, été
recommandées en cas de dents faiblement délabrées. Avec l’amélioration des protocoles de collage et
l’optimisation des performances des différentes colles, l’usage des restaurations collées s’est peu à peu
étendu à des situations cliniques moins favorables. En 2019, WANG et al publient une méta-analyse
comparant les ancrages corono-radiculaires avec un tenon en fibre de verre collé aux ancrages en alliage
métallique utilisés pour restaurer des dents sévèrement endommagées (2 parois dentinaires ou moins
restantes). 4 essais cliniques présentant de très faibles risques de biais sont inclus. Ils évaluent le taux
de survie, le taux de succès et le taux d’échecs sur une période de 3 à 7 ans. Est considéré comme critère
de survie la présence de la dent restaurée sur l’arcade, comme critères de succès, la présence de la
restauration et de la dent dans une situation cliniquement acceptable ainsi que l’absence de
réintervention nécessaire et enfin comme critères d’échecs, les descellements et les fractures
radiculaires.
Sur la base de ses essais cliniques, il est conclu que les restaurations collées avec un ancrage en
fibre de verre présentent un taux de survie plus élevé sur du moyen terme (3 à 7ans). Tandis qu’aucune
différence significative n’est observée concernant le taux de succès et le taux d’échecs (Wang et al,
2019).

Pour conclure, les restaurations corono-radiculaires collées avec un tenon en fibre de verre ont
fait leur preuve clinique. Leur apport esthétique, leur biocompatibilité et leur comportement
biomécanique proche de celui de la dentine en font des solutions de choix. Ils doivent être favorisés par
les praticiens, en lieu et place des restaurations en alliage métallique.
Toutefois, il requiert une grande rigueur lors du protocole de collage car la multiplication des
interfaces de collage et une épaisseur importante de colle sont sources d’échecs thérapeutiques.

58
3. 2. Les inlay-cores en fibres de verre usinés par CFAO

3. 2. 1. Présentation générale

3. 2. 1. 1. Composition et utilisation

Depuis l’essor du numérique en chirurgie dentaire, de nouveaux types d’inlay-cores obtenus


par CFAO se sont développés. Les ancrages en fibres de verre usinés en sont un exemple et viennent
remplacer, ou du moins, proposer une alternative aux tenons en fibres de verre préfabriqués.
Ils sont développés dans le but de réduire le risque d’échec inhérent à l’utilisation des tenons
préfabriqués. Ainsi, ces nouveaux ancrages usinés sont individualisés et parfaitement adaptés à
l’anatomie canalaire.
L’adaptation de la prothèse est définie par le degré d’ajustement entre la prothèse et les
structures de soutien (Muttlib et al, 2016). Il s’agit d’un critère primordial pour le succès thérapeutique
car une prothèse mal adaptée crée un espace dans le canal. Ceci augmente le risque de fracture et peut
aussi engendrer une infiltration ou des micro-fuites si le collage marginal est non étanche. En 2006,
Balkenhol et al démontrent que le taux de survie des tenons est principalement lié à l’adaptation du
tenon à l’anatomie du canal radiculaire (Balkenhol et al, 2006).

Depuis la fin des années 2010, plusieurs sociétés commercialisent des matériaux usinables pour
la réalisation d’inlay-cores en fibres de verre monoblocs et adaptés à l’anatomie canalaire : Numérys
GF de ITENA (Villepinte, France), Trilor de BIOLOREN (Saronno, Italie) ou encore Trinia de SHOFU
(Kyoto, Japon).

Figure 3. 8 : Bloc et disque de Numerys GF d’ITENA, prêt à l’usinage (https://itena-


clinical.com/fr/index.php?controller=attachment&id_attachment=442)

59
Ces matériaux sont composés de deux phases distinctes : une matrice époxy contenant des fibres
de verres. Les résines époxy sont des polymères thermodurcissables formés par la réaction d’un
époxyde (base) avec un polyamide (réactif) (Lamichhane et al, 2014).
Les proportions des deux phases varient selon les fournisseurs, la quantité de fibre de verre
allant de 55% (pour Trinia, Shofu) à 80% (pour Numerys GF, Itena)
Leur usage n’est pas limité aux inlay-cores. Ils sont utilisés en prothèse supra implantaire ainsi
qu’en prothèse amovible et en prothèse fixée (bridge).

3. 2. 1. 2. Propriétés

3. 2. 1. 2. 1. Propriétés mécaniques

Le module d’élasticité de ces matériaux est légèrement supérieur au module d’élasticité de la


dentine (entre 18,8 et 26GPa contre 18,3). Mais ces valeurs restent bien inférieures au module
d’élasticité des inlay-cores en alliage métallique.
La résistance à la flexion des tenons usinés en Numérys GF (990 MPa) est supérieure à celle
de ses concurrents (393 - 540 MPa). Ceci serait dû à l’orientation des fibres de verres contenues dans
le bloc qui ont pour particularité d’être toutes orientées dans la même direction.
En effet, en 2004, Dyer et al démontrent que l'orientation des fibres de verre impacte la
résistance à la fracture. Les valeurs de résistance sont les plus élevées pour les composites avec des
fibres unidirectionnelles (Dyer et al, 2004).

Une étude publiée en 2018 par Ruschel et al confirme ces résultats. Le but de cette étude est de
comparer les propriétés mécaniques de tenons usinés en fibres de verre multidirectionnelles avec un
tenon préfabriqué en fibres de verre unidirectionnelles. Des blocs de Trilor (Bioloren), avec ses fibres
multidirectionnelles, sont utilisés pour cette expérience.
La résistance à la flexion des tenons préfabriqués avec des fibres unidirectionnelles est 2 fois
supérieure à celle des tenons usinés avec des fibres multidirectionnelles (900 MPa contre 357 MPa)
(Ruschel et al, 2018).
Toutefois, une organisation unidirectionnelle des fibres, en position parallèle au grand axe, se
révèle beaucoup plus fragile en cas d’application de force oblique. Ceci est le cas en secteur antérieur,
où les dents sont orientées à 45°. Dans cette position, la résistance diminue de façon significative,
entrainant une rupture par cisaillement (Wandscher et al, 2015). Ainsi, en secteur antérieur, il est
conseillé d’utiliser des ancrages avec des fibres multidirectionnelles.

Tout comme pour les tenons préfabriqués en fibres de verre, les propriétés mécaniques des
tenons usinés sont dépendantes de nombreux facteurs : le traitement de surface des fibres et leur

60
incorporation dans la matrice, la liaison entre les fibres et la matrice, la densité, le diamètre, l'orientation,
la position des fibres ainsi que l'absorption d'eau par la matrice (Lassila et al, 2002 ; Dyer et al, 2004 ;
Zicari et al, 2013).

Les différentes valeurs données par les fournisseurs sont regroupées dans le tableau suivant :

Numerys GF Trilor (Bioloren) Trinia (Shofu) Dentine


(Itena)
Module élasticité 23,8 GPa 26 GPa 18,8 MPa 18,3 GPa
Résistance à la 990 MPa 540 MPa 393 MPa 212 MPA
flexion
Resistance à la - 380 MPa 169 MPa 98,7 MPa
traction
Résistance à la - 530 MPa 339 MPa 297 MPa
compression
(perpendiculaire)
Résistance 1 300 000 cycles Stable après 1 200 - -
mécanique sous 000 cycles
charge cyclique

Tableau 3. 6 : Tableau résumé des principales propriétés mécaniques (Itenal Clinical Product a ;
Itena Clinical Product b ; Bioloren ; Trinia)

3. 2. 1. 2. 2. Propriétés physiques et chimiques

Les différentes valeurs sont données par les fournisseurs et sont regroupées dans le tableau
suivant.
Numérys GF (Itena) Trilor (Bioloren) Trinia (Shofu)
Densité 2,10 g/cm3 1,8 g/cm3 1,68 g/cm3
Point de fusion 310°C - -
Dureté de Rockwell - 111 HRR 125 HRR
Dureté de Barcol - 70 63
Dureté de Shore - 90 92,5

Tableau 3. 7 : Tableau résumé des principales propriétés physiques (Itenal Clinical Product (a) ;
Itena Clinical Product (b) ; Bioloren ; Trinia)

61
Les résines fibrées usinées sont stables chimiquement. Elles résistent à la corrosion et à
l’oxydation (Trilor, Bioloren).

D’après le fournisseur, les résines Trinia (SHOFU) ont une absorption hydrique très faible de
0,03% ainsi qu’une faible dégradation hydrique (Trinia). Toute incorporation d’eau au sein de la matrice
de polymère a pour conséquence une diminution des propriétés mécaniques et physiques, une variation
dimensionnelle et colorimétrique du matériau (Zayeri et al, 2012).

En 2019, SUZAKI et al comparent l’absorption hydrique de ces différents matériaux : bloc


usinable de Trinia (Shofu), un composite fibré (EverX Posterior, GC) et un composite conventionnel
(Beauti core flow poste, Shofu). Après immersion dans un bain d’eau à 37° pendant 7 jours, une
différence significative d’absorption hydrique est mesurée : les valeurs les plus faibles sont celles de la
résine renforcée Trinia (4,7 microgrammes par mm3) devant le composite fibré (16,1) puis le composite
conventionnel (17,3) (Suzaki et al, 2019).

En 2021, BECHIR et al comparent le comportement de 2 résines fibrées (Trinia de SHOFU et


Trilor de BIOLOREN) après une immersion dans des bains de salive artificielle pendant 21 jours. 3
groupes sont étudiés selon le pH du bain : pH 5,7, pH 7,6 et un bain avec un pH variant de 5,7 à 7,3
(12). Le comportement des deux matériaux est similaire : à savoir une baisse du poids du matériau
pendant les 7 premiers jours (lié à la perte des débris produits lors de l’usinage des blocs et qui restent
contenus dans la matrice époxy) puis une augmentation très faible du poids à partir du 14ème jour lié à
l’absorption hydrique.
Les faibles valeurs d’absorption hydrique ont été confirmées par l’observation au microscope
électronique de la surface des échantillons. Aucune différence significative de la morphologie de
surface n’est constatée et ce indépendamment du pH de la solution (Bechir et al, 2021).

D’après ces études, ces nouvelles résines fibrées et usinées présentent des propriétés physiques
et chimiques performantes. Cependant des études in vivo doivent être menées afin de confirmer ces
résultats.

3. 2. 1. 2. 3. Propriétés esthétiques

Ce sont des matériaux esthétiques de couleur claire (ivoire à blanc) avec une certaine
translucidité liée aux fibres de verre. Ils sont radio-opaques.

62
Figure 3. 9 : Radiographie rétro-alvéolaire d’un inlay-core en fibre de verre Numerys GF d’ITENA
(https://itena-clinical.com/fr/content/107-les-restaurations-corono-radiculaires-indirectes-par-
technique-cfao)

3. 2 .1. 2. 4. Propriétés biologiques

Les différents matériaux proposés sur le marché sont bio compatibles et ont répondu
favorablement aux tests de génotoxicité et cytotoxicité. Ils sont non mutagènes et non irritants.

B. 1. 3. Procédés de fabrication

La conception des inlay-cores fibrés est assistée par ordinateur. Après numérisation des
modèles ou prise d’empreinte optique, l’inlay-core est modélisé par ordinateur. Puis, il est usiné à partir
d’un bloc ou d’une galette à l’aide de fraises diamantées.
Cependant, le choix de l’axe d’usinage est un facteur primordial car ce dernier influe
considérablement sur les propriétés mécaniques du matériau.

Concernant les galettes ou disques Trinia (Shofu) et Trilor (Bioloren), il s’agit d’un assemblage
en couche de fibres de verre organisées de façon multidirectionnelles (tel un maillage). Tandis que les
galettes Numerys (Itena) sont elles aussi un assemblage en couche, mais avec des fibres
unidirectionnelles.

63
Figure 3. 10 : Schéma d’un disque de Trinia, SHOFU : fibres multidirectionnelles organisées en
couche longitudinale (Suzaki et al, 2019)

En 2019, SUZAKI et al démontrent l’importance du choix de l’axe d’usinage. Des échantillons


sont usinés dans des galettes Trinia et divisés en 3 catégories selon l’orientation des fibres de verre :
longitudinales, longitudinales avec rotation et anti-longitudinales.

Figure 3. 11 : Orientation des fibres de verre dans les différents échantillons (Suzaki et al, 2019)

L’orientation des fibres est directement liée à l’axe d’usinage des échantillons : orthogonal au
disque pour les échantillons avec fibres anti-longitudinales ou dans la longueur du disque pour les deux
autres groupes.
Puis pour chaque échantillon, la résistance à la flexion est mesurée. Les résultats obtenus sont
résumés dans le tableau suivant.

64
Résistance à la flexion (en MPa)
Fibres longitudinales 254,2 MPa
Fibres longitudinales + rotation 248,8 MPa
Fibres anti-longitudinales 96, 9 MPa
Témoin (Ever X posterior, GC) 98 MPa

Tableau 3. 8 : Résistance à la flexion moyenne (en MPa) des échantillons en comparaison au groupe
témoin (Suzaki et al, 2019)

Le mode de fracture est observé : 100% des fractures sont incomplètes pour les échantillons
avec les fibres longitudinales. Alors que près de la moitié des fractures sont complètes pour les fibres
anti-longitudinales.
Ces résultats montrent tout l’importance de l’orientation des fibres de verre pour assurer les
propriétés mécaniques optimales du matériau (Suzaki et al, 2019).

Ceci est confirmé par l’étude de Ruschel et al, menée en 2018. Dans cette expérience, ce sont
des groupes de Trinia (Bioloren) qui sont comparés à un tenon en fibres de verre préfabriqué. Si cette
étude permet de montrer que l’organisation unidirectionnelle des fibres de verre est propice à une
meilleure résistance à la flexion, elle affirme aussi que les propriétés mécaniques sont directement
impactées par l’axe d’usinage (Ruschel et al, 2018). Dans cette expérience, des inlay-cores sont usinés
selon deux directions positions : en diagonale ou verticale.

Figure 3. 12 : Illustration du positionnement en 3 dimensions du tenon dans le disque en fibres de


verre près pour l’usinage par CFAO. (Ruschel et al, 2018)
A gauche, tenon en position verticale, à droite tenon en position diagonale.

A la suite de l’usinage vertical (ou orthogonal), les fibres de verre sont en position anti
longitudinale dans l’inlay-core tandis que l’usinage en diagonale permet d’avoir des fibres en position

65
plus longitudinale. La résistance à la flexion mesurée dans cette expérience est plus faible pour les fibres
usinées en position orthogonale (101,8 MPa) que les fibres usinées en position diagonale (357,2 MPa).
De plus, l’axe d’usinage influence aussi le mode de fracture. Les inlay-cores usinés selon un
axe vertical présentent des fractures nettes de direction verticale tandis que ceux usinés selon un axe
diagonal présentent des fractures obliques.

Ainsi, si une organisation multidirectionnelle des fibres de verre est à favoriser pour les RCR
en secteur antérieur, le prothésiste dentaire doit être vigilant sur l’axe d’usinage sélectionné. Pour
assurer une meilleure résistance mécanique, il faut favoriser une organisation longitudinale des fibres
qui est obtenue à la suite d’un usinage dans la longueur du disque de résine.
Enfin, ces deux expériences illustrent le caractère anisotrope de ces matériaux. C’est à dire que
leurs propriétés mécaniques et physiques associées varient selon l’orientation du matériau (Suzaki et
al, 2019)

3. 2. 2. Caractéristiques propres à l’ancrage corono-radiculaire

3. 2. 2. 1. Comportement biomécanique et distribution du stress : méthodes des


éléments finis

En 2021, EID et al étudient le comportement mécanique et la distribution du stress selon la


méthode des éléments finis. Ils ont comparé 3 ancrages usinés avec un ancrage métallique. Les 3
ancrages usinés sont les suivants : un ancrage composite renforcé en fibres de verre (Trilor, Bioloren),
un ancrage composite renforcé en céramique (Ambarino, Creamed, Marbourg, Allemagne) et un
ancrage en céramique vitreuse (Vita Enamic, Vita, Bad Sackingen, Allemagne).
La modélisation informatique est effectuée à partir d’une incisive centrale maxillaire. Les
modèles comprennent l’os cortical, l’os alvéolaire, le ligament parodontal, la dentine radiculaire, la
gutta percha, la résine de collage, l’inlay-core et une couronne en disillicate de lithium. Une force de
100N appliquée à 45° sur la face palatine est simulée. La carte de distribution des contraintes est faite
selon les valeurs de Von Mises enregistrées.

66
Figure 3. 13 : Carte de distribution des contrainte selon les critères de Von Mises selon la structure
étudiée (Eid et al, 2021)
(b et c) : au niveau de la dentine. (d) au niveau du ciment. (e) au niveau de l’ancrage. Pour chaque
image, de gauche à droite : ancrage métallique, Vita Enamic, Trilor, Ambarino

Le mode de distribution des contraintes enregistré est le même quel que soit le type d'ancrage
utilisé : la zone d’intensité maximale se situe au niveau de la région cervicale palatine et les valeurs
maximales des contraintes sont croissantes concernant les trois zones suivantes : interface de collage,
ancrage et dentine.

67
Figure 3. 14 : Pic des contraintes en traction au niveau du ciment, de l’ancrage corono-radiculaire et
de la dentine radiculaire pour chaque type d’ancrage testé (Eid et al, 2021)

Si l’on compare les inlay-cores métalliques avec les ancrages renforcés en fibres de verre et
usinés (Trilor, BIOLOREN), les pics de contraintes enregistrés sont légèrement plus faibles aux 3
niveaux pour les ancrages fibrés : 13,2 contre 13,38 au niveau de la dentine, 4,2 contre 4,7 au niveau de
l’inlay-core et 3,2 contre 3,8 au niveau de l’interface de collage.

Les résultats obtenus sont surprenants. D’une part, il n’y a pas d’influence du module
d’élasticité de la RCR sur le mode distribution des contraintes. D’autre part, les contraintes enregistrées
dans l’ancrage radiculaire sont très peu différentes entre l’ancrage en résine renforcé par des fibres de
verre et l’ancrage en alliage métallique. Une diminution du module d’élasticité entraine une très légère
baisse des contraintes au sein de l’ancrage et de l’interface de collage.

Toutefois, il a déjà été démontré qu’un module d’élasticité faible permet une meilleure
répartition des contraintes. De plus, d’autres facteurs tels que le niveau osseux, l’épaisseur de dentine
résiduelle ou le rapport couronne/racine interviennent et influencent le comportement mécanique d’une
restauration corono-radiculaire en réaction à un stress provoqué.

En 2015, CHEN et al étudient l’influence du niveau osseux et de l’épaisseur de dentine. Les


modèles sont numérisés à partir d’une canine maxillaire. L’ancrage en composite renforcé en fibres de

68
verre est recouvert par une couronne en disilicate de lithium. Le stress est enregistré à la suite de
l’application d’une force de 100N sur la face palatine, angulée à 45° par rapport au grand axe de la dent.
Aucune différence significative n’est trouvée selon la variation d’épaisseur de dentine radiculaire
résiduelle. Cependant, le niveau osseux résiduel, a lui, un impact important sur le stress enregistré au
niveau de la dentine, de l’inlay-core et de la couronne (Chen (b) et al, 2015).

Figure 3. 15 : Valeur de la contrainte maximale de Von Mises selon l’épaisseur de dentine et le


niveau osseux (Chen (b) et al, 2015)

La contrainte maximum de Von Mises au sein de la dentine est doublée lorsque le niveau osseux
est réduit de moitié et même triplée si la perte osseuse est supérieure au 2/3 de la longueur racine en
comparaison à une situation sans perte de niveau osseux.
Il aurait été intéressant que cette étude compare différents types d’ancrage, afin d’obtenir plus
d’information sur le comportement mécanique des inlay-cores en composite usiné et renforcé en fibres
de verre.

Trop peu d’études analysant le comportement biomécanique des ancrages en fibre de verre
usinés par CFAO ont été publiées. Il n’est pas possible, à l’heure actuelle, de tirer des conclusions,
d’autant plus que les résultats obtenus dans ces études sont surprenants et vont même à l’encontre des
observations faites pour les ancrages en fibres de verre préfabriqués.

B. 2. 2. Résistance à la fracture et mode de fracture

En 2017, FALCAO et al comparent la résistance à la fracture et le mode de fracture de 3


matériaux esthétiques utilisés pour la réalisation d’inlay-cores en CFAO. Les 3 matériaux sont : une
céramique hybride (Vita Enamic, VITA), une nano céramique infiltrée de résine (Lava ultimate, 3M
ESPE) et un bloc expérimental de résine renforcé en fibres de verre contenant 80% de fibres parallèles
et 20% de résine époxy.

69
Les résultats obtenus pour le test de résistance à la fracture sont résumés dans le tableau
suivant :

Résistance à la fracture (en N)


Vita Enamic 414,5 N
Lava Ultimate 621,3 N
Bloc experimental 407,6 N

Tableau 3. 9 : Valeur moyenne de la résistance à la fracture des différents matériaux utilisés (en N)
(Falcao et al, 2017)

Les valeurs obtenues sont supérieures aux forces occlusales moyennes enregistrées chez
l’adulte en secteur antérieur (190-290N) (Steiner et al, 2009)

Concernant le mode de fracture, 90% des fractures enregistrées pour le bloc en résine renforcée
sont dites favorables (fracture horizontale ou oblique en coronaire du 1/3 cervical de la racine). Les
fractures sont dans 85% des cas mixtes. On retrouve près de 10% de fractures cohésives. Aucune
fracture de ce type n’a été enregistrée pour les blocs de Vita Enamic et Lava Ultimate. Ces fractures
cohésives sont dues à l’organisation parallèle des fibres de verre incorporées dans la résine époxy. Ceci
permet de prévenir la progression de la fracture (Falcao et al, 2017).

Ces résultats sont confirmés par les travaux de EID et al. Tout d’abord, en 2019, une première
étude compare la résistance à la fracture et le mode de fracture des matériaux suivants : tenon en fibre
de verre préfabriqué (RelyX Fiber Post, 3M ESPE) avec un composite (Filtek BulkFill, 3M ESPE), un
inlay-core en fibre de verre personnalisé et usiné (bloc de Trilor, BIOLOREN) et un inlay-core en
polymère de haute densité (Ambarino, CREAMED). La résistance à la fracture est supérieure pour ce
dernier matériau (620,02 N) comparée aux deux autres (426,08 N pour le tenon préfabriqué et 367,06
pour le bloc Trilor). Mais pour les 3 matériaux la résistance est aussi supérieure à 290 N (Eid et al (a),
2019)
Lors de cette expérience, la force fut exercée sur la face occlusale, parallèlement au grand axe
de la dent, afin de tester les propriétés cohésives du matériau et ce jusqu’à la fracture. Les différentes
fractures sont observées au microscope électronique. Concernant les inlay-core usinés et renforcés en
fibre de verre, 100% des ruptures sont favorables car situées dans la partie coronaire de l’inlay-core
sans atteinte des tissus dentaires.

Puis en 2021, une seconde étude confronte 4 matériaux : alliage métallique, bloc usiné de Trilor
(BIOLOREN), bloc usiné d’Ambarino (CREAMED) et bloc usiné de Vita Enamic (VITA).

70
Aucune différence significative de résistance à la fracture n’est trouvée entre ces 4 matériaux.
Les valeurs moyennes obtenues sont les suivantes : 590 N pour les inlay-cores en alliage métallique,
520 N, 585 N et 620 N pour les inlay-cores usinés respectivement dans un bloc Trilor, Ambarino et
Vita Enamic (Eid et al, 2021).
100% des fractures enregistrées pour les inlay-cores usinés dans un bloc de Trilor sont
favorables, 40% d’entre elles sont limitées à la couronne, 45% au complexe inlay-core/couronne et
seulement 15% atteignent les tissus dentaires (mais supérieur au niveau osseux simulé). L’analyse des
fractures au microscope électronique confirme le mode de fracture de ce matériau : la rupture est
cohésive entre une fibre de verre et la matrice époxy. Sous l’augmentation de la charge, la fibre elle-
même se rompt et la contrainte est transmise dans la matrice jusqu’à atteindre la prochaine fibre de
verre qui se rompt à son tour. Ce mode de rupture est appelé « brush-like cracking » (Kopernik et al,
2008)

En 2021, SUZAKI et al mènent une expérience similaire comparant la résistance à la fracture


et le mode de fracture de dents fortement délabrées et restaurées par un inlay-core et une couronne. Il
n’y a aucune férule au niveau cervical. La comparaison est faite entre des inlay-core usinés dans un bloc
de Trinia (Shofu) et un tenon en fibres de verre préfabriqué. La résistance à la fracture des inlays-core
CAD/CAM était 43,8% supérieure à celle des tenons préfabriqués (1559,9 N contre 1082,1 N).
Les ancrages usinés présentent aussi le mode de fracture le plus favorable avec 100% des
fractures ayant lieu dans la portion cervicale moyenne de la racine contre seulement 37,5% pour les
tenons préfabriqués qui ont surtout 50% de fracture dans la portion apicale (Suzaki et al, 2021).

Enfin en 2018, PANG et al comparent la résistance à la fracture et le mode de fracture de 3


inlay-core : inlay-core en alliage métallique, tenon fibré préfabriqué et tenon fibré usiné par CAD/CAM.
La résistance à la fracture des tenons fibrés usinés (927,6 N) est supérieure à celle des tenons
préfabriqués (616,5 N) et similaire à celle des tenons en métal (967,9 N).
Quant au mode de fracture, 60% des fractures sont réparables pour les inlay-core usinés contre
seulement 10% pour les alliages métalliques (Pang et al, 2018.

Les valeurs de résistance à la fracture varient selon les différentes études. Ceci peut s’expliquer
par des conditions d’expériences différentes (condition de stockage, condition de préparation,
angulation de la force appliquée, matériau utilisé, etc…).

Cependant, tous ces résultats tendent à montrer que les inlay-cores en fibres de verre, usinés
par procédé CAD/CAM ont une résistance à la fracture acceptable et un mode de fracture favorable.
Ceci en fait une alternative thérapeutique intéressante dans le cas de restauration avec ancrage
radiculaire en secteur esthétique.

71
Afin de confirmer ces résultats, des études in vivo doivent être menées car une des limites des
expériences in vitro est la difficulté à simuler avec précision les conditions rencontrées en condition
clinique.

3. 2. 2. 3. Adhésion, traitement de surface et protocole de collage

Les tenons usinés par CFAO sont personnalisés et ainsi plus adaptés aux parois radiculaires.
Plusieurs études ont mesuré l’impact de cette adaptation personnalisée sur la force d’adhésion,
l’épaisseur de ciment ainsi que les micro-fuites.

Tout d’abord, en 2017, TSINTSADZE et al comparent ses paramètres pour 3 types d’inlay-
cores : tenon fibré préfabriqué, inlay-core métallique et inlay-core usiné en fibres de verre. Les inlay-
cores ont été collés après conditionnement des surfaces avec une colle sans potentiel adhésif propre
(GC dual cure, GC). Une différence significative de force d’adhésion est observée entre les inlay-cores
personnalisés et ceux préfabriqués : la résistance à l’arrachement mesurée pour inlay-cores CAD/CAM
est de 17,12 MPa contre 8,19 pour ceux préfabriqués.
L’épaisseur de la couche de colle est significativement plus faible pour les inlay-cores
CAD/CAM (162µm contre 654 µm pour les inlay-core préfabriqué).
Enfin, les nano-fuites sont observées sous microscope à l’aide d’un marqueur coloré
(infiltration de nitrate d’argent au niveau de l’interface dentine/résine de collage) et aucune différence
significative n’est remarquée entre les inlay-cores usinés et préfabriqué (Tsintsadze et al, 2017).

En 2019, EID et al comparent la force d’adhésion entre les inlay-core en fibre de verre usinés
et les tenon fibrés préfabriqués. Les inlay-cores sont usinés dans les blocs de Trilor (Bioloren).
L’ensemble des ancrages sont collés avec une résine auto-adhésive (Rely X U200 automix, 3M). Le
test d’arrachement révèle une force d’adhésion plus forte pour les inlay-cores personnalisés (12,10 MPa
contre 8,54 MPa).
Quant au mode d’échec, les ruptures sont principalement adhésives pour les deux types
d’ancrages mais la proportion de rupture mixte (adhésive entre la dentine et la colle et cohésive dans la
colle) est plus élevée pour les inlay-core individualisés (34% des échecs contre seulement 20% pour les
tenons préfabriqués) (Eid et al (b), 2019).

Ces mêmes auteurs publient une étude en 2019 comparant la force de rétention de 4 types
d’inlay-core : 2 sont usinés (Trilor et Ambarino) et 2 préfabriqués.
Les valeurs de résistance à l’arrachement sont plus élevées pour les tenons usinés et
personnalisés : 12,43 MPa pour les tenons Trilor et 10,65 MPa pour les tenons Ambarino. Alors que la
résistance à l’arrachement est inférieure à 9,6 MPa pour les tenons préfabriqués.

72
La force d’adhésion est maximale en coronaire puis dimine progressivement en direction
apicale. Cette diminution de rétention observée en région apicale pourrait s’expliquer par une
diminution de la polymérisation liée à la profondeur, ainsi qu’un facteur C élevé dans cette région.
Cependant l’utilisation d’une résine à prise duale permet de réduire le risque de défaut de
polymérisation. Pour l’auteur, la diminution de l’adhésion en apical serait due à une diminution de
surface de contact entre le tenon et la dentine radiculaire à cause de la diminution du diamètre du tenon.
Plus la surface de contact entre les deux interfaces est grande, meilleure est la rétention.
Enfin, cette étude compare deux ancrages de même composition (matrice époxy et pourcentage
de fibres de verre), mais l’un était personnalisé (Trilor, Bioloren) et l’autre préfabriqué (tenon Bioloren
et composite de collage Filtek Bulkfill Posterior, 3M ESPE). La différence significative enregistrée en
matière de force de collage met en évidence l’effet d’un ajustement personnalisé sur la rétention des
tenons dans un canal radiculaire (Eid et al (c),2019).

Les résultats obtenus dans ces études confirment ceux trouvés par TSINTSADZE deux ans plus
tôt. Cependant, les valeurs mesurées au test d’arrachement sont plus faibles. Ceci peut s’expliquer par
un protocole de collage différent. Des valeurs encore plus faibles (7,2 MPa) (Falcao et al, 2017) sont
mesurées lors de l’étude menée FALCAO et al. Il n’y avait pas de comparaison avec des tenons
préfabriqués dans cette étude.
De plus, les études de FALCAO et EID observent l’impact potentiel des simulations d’usure
mécaniques et thermiques sur la force d’adhésion. Que la pré-fatigue soit mécanique (FALCAO) ou
thermique (EID), il n’y a pas de différence significative sur la valeur de résistance à l’arrachement
mesurée.

Cela montre toutes les limites des tests in vitro. D’autant plus que ces valeurs sont obtenues par
l’application d’une force unidirectionnelle bien différente des forces fonctionnelles générées in vivo.
Toutefois, les résultats de ces études sont positifs sur la force d’adhésion des tenons CAD/CAM
en fibres de verre aux parois radiculaires. Leur utilisation permet de réduire l’épaisseur de résine de
collage. Or, une couche épaisse de colle est propice à l’apparition de lacunes et micro-fissures entrainant
une augmentation des contraintes à l’origine de décollement et bien même de fractures (Fernandes et
al, 2021) .

Enfin, en 2018, GARCIA et al étudient l’influence du traitement de surface des inlay-cores en


fibres de verre usinés sur la force d’adhésion. 4 traitements de surface sont comparés : application
d’éthanol à 70% ; application de peroxyde d’hydrogène à 24% pendant 1 min ; application d’éthanol et
de silane (agent de couplage) ; application de peroxyde d’hydrogène et de silane.

73
Puis un adhésif universel contenant du silane (Single Bond Universal, 3M ESPE) est appliqué
avant une résine de collage auto-adhésive à prise duale (RelyX ARC, 3M ESPE). Un test de résistance
à l’arrachement est effectué et aucune différence significative n’a été enregistrée (Garcia et al, 2018).

En 2021, KURKCUOGLU et al comparent les valeurs d’adhésion entre un bloc usiné de Trinia
(Shofu) et une résine composite, selon un traitement de surface physique ou chimique. Un test de
résistance au cisaillement est effectué. Les valeurs obtenues sont résumées dans le tableau suivant.

Résistance au cisaillement (en MPa)


Sablage à l’alumine Al203 (110um) 28,01 (+/- 4,02) MPa
Traitement tribochimique (silice) 26,33 (+/- 4,11) MPa
Acide sulfurique 98% 12,30 (+/- 1,29) MPa
Peroxyde d’hydrogène 25% 23,20 (+/- 3,70) MPa
Contrôle 18,63 (+/- 4,40) Mpa

Tableau 3. 10 : Résistance au cisaillement moyenne obtenue pour les différents échantillons testés
(Kurkcuoglu et al, 2021)

Un traitement de surface physique par sablage à l’alumine ou un traitement tribochimique


permet d’augmenter la rugosité de surface du matériau et, dans le cas de cette étude, de plus que doubler
la résistance au cisaillement, augmentant ainsi la valeur d’adhésion. A contrario, un mordançage à
l’acide sulfurique réduit la force d’adhésion (Kurkcuoglu et al, 2021).
De plus pour chaque groupe, y compris le groupe témoin, les valeurs recueillies sont supérieures
à 10 MPa, la valeur moyenne des forces enregistrées en milieu buccal (Thurmond et al, 1994 ;
Piwowarczyk et al, 2005)

Néanmoins, d’autres études in vitro doivent être menées afin d’optimiser le protocole de collage
des inlay-cores usinés en fibres de verre, notamment concernant le type de colle à utiliser. A l’heure
actuelle, le protocole de collage recommandé par le fournisseur ITENA est le suivant : application sur
l’inlay-core d’un silane suivi d’un adhésif auto-mordançant puis collage à l’aide d’une colle auto-
adhésive.
Des essais cliniques randomisés devront être menés par la suite afin d’avoir un recul clinique
pertinent. Mais le développement des inlay-cores en fibres de verre usinés par CFAO semble s’inscrire,
dans un futur proche, dans la pratique courante de chaque chirurgien-dentiste.

74
3. 3. Les ancrages corono-radiculaires en zircone

3. 3. 1. Présentation générale

3. 3. 1. 1. Composition et utilisation

La zircone ou dioxyde de zirconium (ZrO2) est une céramique dense, poly cristalline dépourvue
de phase vitreuse.
Elle est constituée uniquement de cristaux, arrangés dans différentes phases selon la
température (Piconi et Maccauro, 1999 ; Mahiat, 2006 ; Etienne et Anckenmann, 2016)
- forme monoclinique stable de la température ambiante à 1170°C, sans propriétés mécaniques
intéressantes.
- forme tétragonale (ou quadratique) stable de 1170°C à 2370°C, aux propriétés mécaniques
optimales.
- forme cubique stable de 2370°C à 2690°C (température du point de fusion), aux propriétés
mécaniques légèrement diminuées mais avec de meilleures propriétés optiques.

Figure 3. 16 : Transformation des cristaux d’oxyde de zirconium au cours du réchauffement et du


refroidissement.
(Société Francophone de Biomatériaux Dentaires, J.Dejou, 2009-2010)

Lors de son refroidissement, la zircone repasse de la forme tétragonale à la forme monoclinique


à partir d’une température de 1070°C. En plus de perdre les propriétés mécaniques intéressantes de la
forme tétragonale, elle subit une expansion de volume de 4 à 5% causant des fissures qui fragilisent la
structure.

Afin de contrer ce phénomène, il est possible d’incorporer de l’oxyde d’yttrium (Y203) à la


zircone en phase cubique ou tétragonale. Ceci permet d’obtenir une zircone partiellement stabilisée à
température ambiante, tout en conservant les propriétés liées aux phases cubiques et tétragonales.

75
Ces zircones sont appelées Y-TZP. La forme stabilisée est dépendante de la quantité d’Yttrium
ajoutée dans la composition : une zircone avec 3% d’Yttrium (3Y-TZP) est stabilisée principalement
sous forme tétragonale. Plus la quantité d’Yttrium ajoutée est grande, plus la proportion de phase
cubique sera grande. Ainsi une zircone 3Y-TZP aura 15% de phase cubique contre près de 50% pour
une zircone 5Y-TZP. On qualifie les zircones contenant 3% ou moins d’Yttrium de zircone “1ère
génération” et toutes zircones contenant un pourcentage supérieur de zircone “nouvelle génération”.

En odontologie, la zircone est utilisée en prothèse fixée (couronne, inlay-core, bridge, prothèse
supra-implantaire) ainsi qu’en implantologie (implant et pilier).
Concernant les ancrages radiculaires, plusieurs types existent selon leur procédé de fabrication
: soit des restaurations corono-radiculaires “toute zircone”, soit des restaurations avec un tenon en
zircone et un moignon en composite. Concernant les restaurations “ toute zircone”, il existe 3 techniques
différentes : un tenon en zircone et un moignon zircone en méthode directe (moignon préfabriqué), un
tenon en zircone et un moignon zircone en méthode indirecte (moignon personnalisé) et enfin un inlay-
core en zircone tout en un, personnalisé et usiné par CFAO.
Pour les RCR, la zircone utilisée peut être de 1ère génération (ex : IPS e.max ZirCAD LT de
Ivoclar Vivadent, InCeram Zirconia de VITA) ou de nouvelle génération (ex : CeraPost de Komet,
InCeram YZ de Vita, CeramilZi de Amann Girbacch, Charlotte, Etats-Unis)

3. 3. 1. 2. Propriétés

3. 3. 1. 2. 1. Propriétés mécaniques

La résistance à la flexion de la zircone est comprise entre 600 et 1400 MPa. Les valeurs varient
selon la proportion d’yttrium incorporée. Plus la proportion est élevée, plus la part de forme cubique est
importante et plus la résistance à la flexion sera faible (Elias et al, 2017 ; Zhang et Lawn, 2018 ; Kwon
et al, 2018).
La résistance à la compression est comprise entre 2000 et 2500 MPa (Elias et al, 2017 ; Zhang
et Lawn, 2018).

La zircone est un biomatériau avec une ténacité (ou résistance à la fracture) élevée comprise
entre 7 et 15 MPa. Plus cette dernière est élevée et plus la durée de vie potentielle de la restauration est
grande. Elle caractérise le comportement d’un matériau face à la rupture en présence d’une fissure
préexistante.
Cette propriété rend la zircone unique et explique sa capacité à se renforcer sous l’effet des
contraintes par un changement dans sa configuration interne.

76
En effet, dans sa structure, la zircone présente des micros-défauts (fissures), source de fragilité.
Sa spécificité est d’utiliser l’énergie des contraintes externes pour modifier d’elle-même sa
microstructure (passage de la forme tétragonale à la forme monoclinique autour de la fissure). Cette
réversion en phase monoclinique entraine une augmentation du volume interne accompagnée de
contraintes de compression au niveau de la fissure, ralentissant ainsi la propagation de cette dernière.
Cependant, si la force externe est trop importante, la fissure se poursuit jusqu’à la fracture.

Figure 3. 17 : Mécanisme de renforcement de la zircone Y-TZP


(Société Francophone de Biomatériaux Dentaires, J.Dejou, 2009-2010)

Ainsi la ténacité est directement liée à la structure de la zircone : plus la forme cubique est
importante, plus la ténacité est faible (Zhang et Lawn, 2018).

Enfin, la zircone a un module d’élasticité (ou module de Young) très élevé, entre 200 et 210
GPa (Le Syndicat des Industriels des Céramiques Techniques, https://ceramique-technique.com), ce qui
en fait un matériau acceptant peu les déformations mécaniques.

3. 3. 1. 2. 2. Propriétés physiques

Les propriétés physiques de la zircone en comparaison à celles de la dentine sont résumées dans le
tableau suivant :

77
Zircone Dentine
Densité 6 g/cm3 -
Dureté 1200 - 1600 HV 90HV
Coefficient de dilatation
10,4.10^-6/°C 8,3.10^-6/°C
thermique
Conductivité thermique 2 - 2,5 W/m/°C 0,22 W/m/°C
Température de fusion 2690°C -

Tableau 3. 11 : Tableau résumé des propriétés physiques de la zircone en comparaison à celles de la


dentine (Gautam et al, 2016 ; Etienne et Anckenmann, 2016 ; Elias et al, 2017)

3. 3. 1. 2. 3. Propriétés esthétiques

La zircone est qualifiée de matériau « esthétique » du fait de sa teinte naturelle allant du blanc
à l’ivoire.
Les 1ères générations de Zircone sont cependant très opaques. En 2006, HEFFERNAN et al
comparent la translucidité et l’opacité de différentes céramiques (vitreuses et poly cristallines) en
comparaison avec un alliage céramo-métallique. La zircone testée lors de cette expérience est la zircone
InCeram Zirconia de VITA, une zircone dépourvue d’Yttrium. La translucidité mesurée pour cette
dernière est très faible et équivalente à celle de l’alliage céramo-métallique. Lors de cette même étude,
le contraste ratio (CR) est calculé pour chaque céramique. Le CR est le rapport entre la réflexion de la
lumière du matériau sur une surface noire et sur une surface blanche. Plus ce rapport se rapproche de 1,
plus il est opaque et inversement, plus le score est proche de 0, plus l’objet est translucide. Le CR de la
zircone testée a été calculé à 1, ce qui en fait une céramique très opaque (Heffernan et al, 2006).

Cependant, l’apport d’Yttrium dans la composition chimique des céramiques zircone permet
d’apporter de la translucidité et les propriétés optiques sont améliorées. En 2010, Baldissara et al
comparent la translucidité de différentes céramiques zircones avec une céramique esthétique (IPS
e.Max Press de Ivoclar Vivadent, céramique en disilicate de lithium, référence en matière de
translucidité). La translucidité mesurée des céramiques en zircone varie selon les différents fournisseurs
et reste inférieure à celle du témoin. Cependant, les résultats obtenus pour ces zircones tétragonales sont
acceptables en matière de translucidité et s’éloignent de la totale opacité des toutes premières zircones
(Baldissara et al, 2010).

78
Figure 3. 18 : Translucidité relative de différentes céramiques zircones en comparaison à une
céramique enrichie en disilicate de lithium (Baldissara et al, 2010)

L’apport d’Yttrium permet de passer d’une céramique opaque à une céramique semi-opaque
ou semi- translucide.

Figure 3. 19 : Classification des céramiques selon leur translucidité (Etienne et Watzki, 2009)

Enfin, en 2016, CARRABBA et al comparent la translucidité de 3 céramiques zircones et


l’impact potentiel sur leurs propriétés mécaniques. Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau
suivant.

79
Structure Contraste Résistance à la
ZrO2 Y202
cristalline Ratio flexion
Zircone 1 94,8 % 3% Tétragonale 0,74 1215 Mpa
Zircone 2 95 % 3% Tétragonale 0,69 983 MPa
Tétragonale /
Zircone 3 91 % 5% 0,65 539 MPa
cubique

Tableau 3. 12 : Comparaison de la translucidité et de la résistance à la flexion de 3 céramiques


(Carrabba et al, 2016)

Ces zircones « nouvelle génération » telles que les 5Y-ZTP ont des propriétés optiques
(translucidité) nettement améliorées. Le CR mesuré à 0,65 se rapproche de plus en plus du CR mesuré
pour le groupe témoin (IPS e.maxLT, Ivocalar Vivadent, CR=0,56). Mais cela se fait au détriment des
propriétés mécaniques (résistance à la flexion divisée par deux) (Carrabba et al, 2016).

Un compromis entre propriétés mécaniques et propriétés optiques doit être fait et le choix du
praticien doit s’orienter selon le type de restauration envisagé. Dans le cas d’inlay-core en secteur
antérieur, pour des dents fortement délabrées, la résistance mécanique ne doit pas être négligée, mais
l’inlay-core doit garder des propriétés optiques convenables. Toutefois, mêmes les zircones 4Y-TZP ou
5Y-TZP conservent des propriétés mécaniques fortes (résistance à la flexion > 500 MPa).

De nombreux facteurs, autres que la composition chimique, vont influencer les propriétés
optiques de la zircone : son épaisseur, les défauts structurels, la taille des grains, l’état de surface, le
polissage ou encore la méthode de pressage et de densification… tous ces facteurs ont un effet sur la
transmission, la réflexion, la réfraction, la diffusion et l’absorption de la lumière, modifiant ainsi les
propriétés optiques (Shahmiri et al, 2018).

Enfin, la zircone présente l’avantage d’être radio-opaque.

80
Figure 3. 20 : Radiographie rétro-alvéolaire d’un inlay-core en zircone (Ozkurt et al, 2010)

3. 3. 1. 2. 4. Propriétés chimiques et biologiques

La zircone est un biomatériau très stable, très résistant aux attaques chimiques avec une faible
solubilité en milieu acide (CNIFPD, 2010).
Elle est biocompatible et bio-inerte car elle ne déclenche pas de réaction de défense de
l’organisme (Covcacci et al, 1999 ; Manicone et al, 2007 ; Flinn et al, 2017). Différents tests in vitro
sont réalisés : aucun effet oncogène, cytotoxique ou mutagène n’est observé ni aucun effet stochastique
ou aberration chromosomique (Covacci et al, 1999).

Enfin, un avantage majeur de la zircone est son respect du parodonte. D’une part, l’adhérence
du biofilm sur la zircone est faible (inférieure à celle des couronnes céramo-métalliques), ceci permet
de réduire la plaque et ainsi l’inflammation gingivale (Romondini et al, 2002). D’autre part, elle permet
l’adhérence de cellules tels que les fibroblastes et les hémi-desmosomes (Kohal et al, 2004 ; Kohal et
al, 2006) contrairement aux couronnes céramo-métalliques (ce qui entraîne à terme un liseré métallique
gingival inesthétique). Pour finir, la zircone ne cause que de très peu de changement de couleur de la
muqueuse. En 2007, JUNG et al comparent les changements de couleurs des tissus mous au contact de
différents matériaux : titane et zircone avec ou sans recouvrement céramique, selon l’épaisseur de la
muqueuse. Aucun changement de couleur n’est observé dès lors que la muqueuse est supérieure ou
égale à 2mm. Quant aux muqueuses plus fines, les changements observés au contact de la zircone sont
faibles et inférieurs à ceux observés pour la muqueuse en contact du titane (Jung et al, 2007).

81
3. 3. 1. 3. Procédé de fabrication (Piconi et Maccauro, 1999)

Le Dioxyde de zirconium (ou zircone) est retrouvé à l’état naturel dans différents minerais,
principalement le baddeleyite (97,5% de ZrO2) et le zircon (66% de ZrO2).
La première étape de production consiste en l’obtention d’une poudre de zircone la plus pure
possible. Cette poudre est obtenue en 2 étapes : tout d’abord, une dissolution/précipitation afin d’obtenir
des sels de chlorure auxquels on peut ajouter des sels d’yttrium (pour les zircones Y-ZTP). Puis la
solution est séchée, hydrolysée, calcinée et broyée afin d’obtenir la poudre finale.
A cette étape, il faut veiller à ce que les grains de poudre obtenus n’excèdent pas 0,6 µm sinon
la stabilisation en phase quadriatique est difficile. A cette poudre, est incorporé des éléments minéraux
(dopants, colorants) et organiques (lubrifiants, plastifiants). Puis, une barbotine est obtenue par
incorporation d’eau. Cette dernière est atomisée afin d’obtenir des gouttelettes qui sont ensuite séchées,
mises en forme dans des moules et pressées (3000 bars). Les espaces entre les grains sont alors éliminés
au maximum et des blocs homogènes et denses de pâtes de zircone crues sont formés.

A la suite de ces étapes, la zircone doit être cuite, c’est l’étape de frittage. Le frittage est une
cuisson à haute température permettant une compaction maximale des grains sans aller jusqu’à leur
fusion. Il existe deux types de frittage :
- le frittage naturel dans un four à une température allant de 1350° à 1500°C. C'est le
procédé le plus utilisé actuellement.
- le frittage sous haute pression (HIP : Hot Isostatic Pressing) dans un four spécifique
pouvant exercer une pression pouvant aller jusqu’à 2000 bars. Cette technique permet
d’éliminer les micro-défauts internes et renforcer les propriétés de la zircone mais a
l’inconvénient d’être très longue et coûteuse.

A savoir, lors de la cuisson, la zircone subit une rétraction de volume de l’ordre de 20 à 30%.

Les pièces prothétiques sont usinées dans les blocs de zircone par système CFAO. L’usinage
peut avoir lieu avant ou après le frittage.
- lors de l’usinage avant le frittage, un pré-frittage est effectué à température de 1000°C
afin de densifier la zircone. L’usinage prend en compte la future rétraction de volume
que subira la pièce lors du frittage final. Ainsi la pièce est surdimensionnée de l’ordre
de 20%. Les avantages de cette technique sont la rapidité (15min par pièce), le faible
coût et la faible usure des machines-outils.

82
- lors de l’usinage après frittage il n’y a pas à prendre en compte le retrait volumétrique
de la pièce. Cependant, cette technique est longue (45/60 min par pièce), onéreuse et
use plus rapidement les machines-outils.

3. 3. 2. Caractéristiques propres à l’ancrage corono-radiculaire

3. 3. 2. 1. Comportement biomécanique et distribution du stress : méthode des


éléments finis

En 2009, COELHO et al étudient le comportement biomécanique et la distribution du stress de


6 ancrages radiculaires dont les ancrages en zircone, en fibre de verre et en alliage métallique. Pour
cela, ils procèdent à une analyse par la méthode des éléments finis. Une force de 10 Newtons est simulée
sur la face palatine de chaque modèle, à un angle de 45° par rapport au grand axe de la dent. Puis, la
distribution du stress est évaluée qualitativement en utilisant les critères de contrainte de von Mises.
Les 6 ancrages sont comparés à un modèle témoin, représentant une dent naturelle.

Figure 3. 21 : Distribution du stress selon les contraintes de von Mises (MPa) (Coelho et al, 2009)
1 : dent saine, 2 : inlay-core en alliage métallique, 3 : tenon en acier, 4 : tenon en titane, 5 : tenon en
zircone, 6 : tenon en fibres de carbone, 7 : tenon en fibres de verre.

La concentration de stress enregistrée dans la dentine est la plus élevée pour le modèle témoin.
Cependant, la distribution des contraintes y est plus homogène.

83
Les contraintes enregistrées au sein du tenon sont plus élevées pour les ancrages en zircone et
en alliage métallique que pour les ancrages en fibres de verre. Ces contraintes sont les plus fortes dans
le 1/3 moyen et apical du tenon. Mais les contraintes au sein de la dentine sont moins importantes pour
l’ancrage en zircone tandis que la répartition des contraintes pour les tenons en fibres de verre est plus
homogène (Coelho et al, 2009).

On retrouve ce mode de répartition des contraintes dans plusieurs études, notamment celle de
SEO et al, publiée en 2009. Cette étude utilisant aussi la méthode des éléments finis compare 3 tenons
de 3 matériaux différents : zircone, fibre de verre et acier. Les tenons rigides avec un module de Young
élevé (zircone et acier) ont une répartition des contraintes de stress non homogène (Seo et al, 2009), ce
qui est potentiellement dangereux pour la pérennité de la restauration (Boshian et al, 2006). De plus,
les contraintes enregistrées dans le tenon sont bien plus importantes pour ces tenons rigides. Cependant,
les contraintes enregistrées au niveau de la dentine radiculaire, éloignée du tenon, sont plus faibles pour
ces mêmes tenons (Seo et al, 2009).

Ce mode de répartition des contraintes est confirmé par l’étude de SHETTY et al, publiée en
2013. Les critères de von Mises enregistrés au sein du tenon en zircone (15,02 MPa) sont 3 fois
supérieurs à ceux dans le tenon en fibres de verre (4,58 MPa) mais les contraintes au niveau de la dentine
sont moindres pour les tenons en zircone (Shetty et al, 2013).

Enfin, l’étude publiée en 2009 par ERASLAN et al, confirme ces observations : les contraintes
enregistrées dans la dentine, au niveau de l’interface tenon/dentine sont plus élevées pour les ancrages
en zircone. Puis, les valeurs mesurées à distance du tenon, dans la dentine radiculaire, sont plus faibles
pour les ancrages en zircone en comparaison au tenon en fibre de verre (Eraslan et al, 2009).

Les inlay-cores en zircone, sous l’effet des contraintes, ont un comportement se rapprochant de
celui des inlay-cores en alliage métallique (Jafari et al, 2021 ; Bittner et al, 2010 ; Marghalani et al,
2012).

D’autres facteurs modifient la distribution et l’intensité du stress dans la dent sous l’effet d’une
charge tels que la présence ou non d’une ferrule et le niveau d’os alvéolaire. Une étude publiée par
CHEN et al démontre que plus le niveau d’os alvéolaire est élevé, moins les contraintes enregistrées
sont fortes. De plus, le mode de répartition des contraintes est conservé (contraintes plus élevées dans
le tenon que dans la dentine) (Chen (a) et al, 2015). Cependant, ces résultats sont à relativiser car le
ligament dento-alvéolaire n’est pas simulé dans le modèle informatique.

84
Concernant la ferrule, sa présence permet de réduire l’intensité du stress enregistré dans la
dentine. Toutefois, cette réduction reste faible (Eraslan et al, 2009 ; Jafari et al, 2021), voir insignifiante
(Chen (a) et al, 2015).

Malgré les différentes conditions d’expériences (variation dans l’intensité et dans la direction
de la force appliquée, présence ou non d’une couronne, simulation du ligament dento-alvéolaire...), les
résultats obtenus permettent de dégager une tendance : dans le cas de tenon avec un module d’élasticité
élevé, les contraintes sont davantage absorbées par le tenon et localisées à l’interface tenon/dentine,
ceci réduisant la transmission des contraintes dans la dentine. Mais la répartition des contraintes au sein
de la dentine est inhomogène et se localise principalement dans la portion apicale de l’ancrage. Ceci
réduit la résistance à la fracture de la dent induisant un risque majoré de fracture profonde ou verticale
catastrophique.
En contrepartie, du fait du module d’élasticité plus élevé, la résistance aux forces de flexion est
augmentée.

3. 3. 2. 2. Résistance fracture et mode de fracture

Comme vu précédemment, il existe plusieurs types d’ancrages corono-radiculaires en zircone


selon le procédé de fabrication et d’assemblage. Ces différentes méthodes influencent la résistance à la
fracture de ces ancrages.
En 2010, OZKURT et al analysent l’influence de ce facteur en recensant toutes les études
publiées auparavant et traitant de la résistance à la fracture des ancrages en zircone. 13 études réalisées
sur dent naturelle ont été sélectionnées. Les résultats sont résumés dans le tableau suivant.

85
Figure 3. 22 : Etudes in vitro évaluant la résistance à la rupture des tenons en zircone en utilisant des
dents naturelles (Ozkurt et al, 2010)

Les valeurs de résistance à la rupture vont de 300 à 1500N. La présence de ferrule permet
d’augmenter la résistance à la fracture maximale : sans ferrule, la résistance maximale enregistrée est
de 780N contre 1500N avec une ferrule de 2mm.
Cependant, les valeurs sont plus élevées pour les restaurations ayant un moignon en zircone
(800-1500N) en comparaison aux restaurations avec moignon en composite (300-700N). Seule une
étude mesure une résistance à la rupture plus élevée pour les restaurations avec moignon composite,
mais cette différence trouvée n’est pas significative (Toksavul, 2005).

Figure 3.23 : Résistance à la fracture selon le type de moignon de restauration (Ozkurt et al, 2010)

86
De plus, deux études permettent de comparer les moignons en céramique préfabriqués aux
moignons personnalisés. Les résistances à la rupture sont plus élevées pour les moignons préfabriqués
(Strub et al, 2001 ; Jeong et al, 2002).

Toutefois, cette revue est publiée en 2010, ainsi elle ne prend en compte ni les zircones
“nouvelle génération”, ni les inlay-cores zircone mono-blocs usinés par CFAO. Afin d’apporter
davantage de précisions, des études plus récentes sont nécessaires.
Entre 2010 et 2022, plusieurs études évaluant la résistance à la fracture des ancrages en zircone
sont publiées. Après consultation de ces études, 8 d'entre elles, effectuées sur des dents naturelles
semblent pertinentes (Soundar et al, 2014 ; Habibzadeh et al, 2017 ; Fadag et al, 2018 ; Alkhatri et al,
2019 ; Moyin et al, 2019 ; Palepwad et Kulkarni, 2020 ; Ozarslan et al, 2021 ; Anweigi et al, 2021).
Parmi lesquelles cinq traitent des restaurations corono-radiculaires sur les incisives centrales maxillaires
(Soundar et al, 2014 ; Fadag et al, 2018 ; Alkhatri et al, 2019 ; Palepwad et Kulkarni, 2020 ; Ozarslan
et al, 2021).

Les résultats obtenus ainsi que les conditions d’expériences sont résumés dans le tableau
suivant :

87
Type de dent Type
Type de Colle ou Autres ancrages Resistance à la Comparaison avec
Auteur, Année Nbr total ancrage Longueur Diamètre Ferrule
couronne ciment testés fracture autres ancrages
Echantillon zircone
Préfabriqué+
Incisive centrale > emax et alliage
moignon Usiné : 312 et 415 N
SOUNDAR et al, maxillaire Multilink Alliage métallique 1,4 et 1,7 (diamètre 1,7)
zircone Métal 11mm 2mm Préfabriqué : 313 et 638,6
2014 48 K Céramique eMax mm < Alliage (diamètre
CAD CAM N
6 1,4)
(céramilZi)
PM
Tenon préfabriquée
HABIBZADEH monoradiculée Panavia
CAD CAM Zircone en fibres de verre - - - 435,34 N < aux autres ancrages
et al, 2017 36 F2.0
Alliage métallique
12
Tenon préfabrique
Incisive carbone, fibres de
Préfabriqué > carbone, métal
FADAG et al, maxillaire Pas de RelyX verre, titane,
+ moignon - - - 704,8 N < fibres de verre,
2018 56 couronne unicem métallique et mixte
composite titane et mixte
8 (carbone + fibres de
verre)
Incisive
Alliage métallique
ALKHATRI et al, maxillaire CAD CAM Panavia
Métal Polymère infiltré de 11mm 1,7mm - 328,06 N > aux autres ancrages
2019 30 (Ceramil ZI) F2.0
céramique
10
PM
Préfabriqué Tenon préfabriqué en
MOYIN et al, monoradiculée Pas de
+ moignon - fibres de verre et en - - - 796,10 N > aux autres ancrages
2019 60 couronne
composite carbone
20
PALEPWAD et Incisive centrale Préfabriqué Tenon préfabriqué en 216,9 N (6mm)
Pas de Luxacore > fibre de verre
KULKARNI, 60 + moignon fibres de verre 6 ou 8mm 1,6mm 2mm 299,7 N (8mm)
couronne Z = alliage métallique
2020 20 composite Alliage métallique
Incisive central 289,5 N (7,5-1,4mm) > PEEK sauf diamètre
PEEK 7,5 ou 10
OZARSLAN et maxillaire Panavia 1,4 et 410,06 N (7,5 –1,6mm) étroit et court
CAD/CAM Zircone Tenon en fibres de mm -
al, 2021 120 V5 1,6mm 404,11 N (10 –1,4mm) < Fibre de verre sauf
verre
40 450,109 N (1à-1,6mm) diamètre large et court
PM
Alliage métallique 1576,26 N
ANWEIGI et al, monoradiculée Pas de G CEM
CAD CAM Tenon préfabriqué en 9mm 1,5 mm - (Résistance à la > aux autres alliages
2021 36 couronne capsule
fibres de verre compression)
9
Tableau 3. 13 : Tableau synthèse des différentes études publiées entre 2010 et 2022 comparants la résistance à la fracture des RCR en zircone (Soundar et al,
2014 ; Habibzadeh et al, 2017 ; Fadag et al, 2018 ; Alkhatri et al, 2019 ; Moyin et al, 2019 ; Palepwad et Kulkarni, 2020 ; Ozarslan et al, 2021 ; Anweigi et
al, 2021)

88
De plus, cinq de ces études évaluent la résistance à la fracture des ancrages en zircone conçus
par CFAO (Soundar et al, 2014 ; Habibzadeh et al, 2017 ; Alkhatri et al, 2019 ; Ozarslan et al, 2021 ;
Anweigi et al, 2021). Les valeurs obtenues sont comprises entre 289 et 450N à la suite de l’application
d’une force oblique, soit des valeurs moyennes plus faibles que pour les tenons en zircone préfabriqués.
Une de ces études compare directement un tenon préfabriqué avec un tenon usiné CAD/CAM (Soundar
et al, 2014). La résistance à la flexion enregistrée lors de cette expérience pour les tenons préfabriqués
est supérieure : 638,6N contre 415N. Enfin, les ancrages en zircone CAD/CAM ont une résistance à la
compression verticale importante (1576,26 N) supérieure aux autres ancrages testés (Anweigi et al,
2021).

En comparaison aux autres types d’ancrage testés (tenon préfabriqué en fibres de verre, en
carbone, en alliage métallique ou en titane), la résistance à la fracture des ancrages en zircone semble,
dans l’ensemble, supérieure à celle des tenons en fibre de verres préfabriqués et similaire aux alliages
métalliques.

Autre constat, plus le diamètre de l’ancrage en zircone augmente, plus la résistance à la fracture
est élevée (Soundar et al, 2014 ; Ozarslan et al, 2021).
Toutefois, ces résultats, comme toutes expériences in vitro sont seulement des indications du
potentiel mécanique du matériau testé. Les résultats obtenus sont dépendants des conditions
d’expériences qui varient grandement selon les études (dimension de l’ancrage, présence ou non d’une
couronne, protocole de collage/scellement, présence ou non d’une ferrule, direction de la force
appliquée, pré fatigue et cycle thermique...)

Pour finir, certaines de ces études observent les différents modes de fracture et les classent en
fractures dite “favorables” (1/3 cervical de la racine) ou en “non favorables” ou “catastrophiques” (1/3
moyen et 1/3 apical de la racine). Les résultats sont unanimes, la grande majorité des fractures avec un
ancrage en zircone sont non favorables.
Dans l’étude de OZARSLAN et al, quel que soit le diamètre et la longueur de l’ancrage, plus
de 50% des fractures observées ont lieu au niveau du 1/3 moyen ou apical, notamment pour les tenons
petits et larges où près de 80% des fractures ont lieu dans cette zone. Des résultats similaires sont
retrouvés dans les travaux de FADAG et al, avec 62,5% de fractures catastrophiques. Ce pourcentage
atteint même 100% dans l'étude de ALKHATRI et al.
Seule l’étude de PALEPWAD et KULKARNI donne des valeurs plus faibles, avec 40% de
fractures irréparables pour les ancrages de 6mm et 30% pour les ancrages de 8mm.

89
Ces résultats mettent en avant la compatibilité difficile des modules d’élasticité de la zircone et
de la dentine. De plus, cela coïncide avec les données observées dans les analyses par méthode des
éléments finis : les contraintes enregistrées dans les ancrages en zircone sont élevées dans la portion
apicale de l’ancrage. Cela se traduit par des risques accrus, sous l’effet de charges, de fracture au niveau
du 1/3 moyen et apical de la racine.

3. 3. 2. 3. Adhésion, traitement de surface et protocole de collage

Durant de nombreuses années, la zircone a été considérée comme un matériau pouvant être
uniquement scellé. Puis progressivement, avec l’amélioration des techniques de collage, il a été prouvé
que les restaurations en zircone pouvaient être collées. Toutefois, par sa nature polycristalline, la zircone
ne peut être collée avec les mêmes protocoles de collage utilisés pour les céramiques traditionnelles à
base de silice. Pour parvenir à un collage optimal, les chercheurs ont dû développer et améliorer les
techniques de traitement de surface et les résines de collage.

Pour rappel, la qualité du collage tient en 3 facteurs : l’adhésion physique, fondée sur la
mouillabilité des surfaces, l’adhésion mécanique fondée sur les micro-anfractuosités des surfaces et
l’adhésion chimique, propre aux liaisons chimiques fortes (liaisons ioniques et covalentes) (Etienne et
Anckenmann, 2016). La rétention mécanique est habituellement obtenue par le mordançage des
céramiques à l’acide fluorhydrique. L’acide appliqué sur la céramique vient attaquer la phase vitreuse,
permettant d’exposer au collage les structures cristallines. Cependant, du fait de l’absence de phase
vitreuse dans la composition des zircones, l’utilisation d’acide fluorhydrique n’a pas l’effet escompté
et est inefficace (Dupuis et al, 2011).

Afin d'améliorer la rugosité de surface pour une meilleur rétention mécanique, différentes
méthodes de traitement des surfaces ont été testées.
La plus utilisée est le sablage de la surface par des particules d’alumine (Al2O3), de 50 à 110
µm, à une pression de 0,2 MPa pendant 10 à 15sec. Cette technique permet d’augmenter la porosité de
la surface. Cependant, plusieurs études démontrent que le sablage n’a pas d’effet significatif sur
l’augmentation des valeurs d’adhésion et peut même induire un vieillissement prématuré fragilisant la
zircone (Kern et Thompson, 1994 ; Kosmac et al, 1999 ; Hallmann (b) et al 2012 ; Ozcan et al, 2013).
En effet, à la suite du sablage, des microfissures se forment en surface, provoquant un changement de
phase dans la structure de la céramique qui passe de la forme tétragonale à la forme monoclinique. Or,
cette dernière est moins résistante mécaniquement que la forme tétragonale. De plus, même si la zircone
a une ténacité importante, si la pression externe est trop importante, les fissures continuent à se propager
jusqu’à la fracture du matériau.

90
Depuis, d’autres méthodes expérimentales ont été développées : le mordançage par infiltration
sélective et le mordançage à chaud.
Le mordançage par infiltration sélective utilise un procédé de maturation induite par la chaleur
: la zircone est soumise à deux courts cycles thermiques qui modifient la surface pendant lesquelles une
fine couche de verre avec différents additifs est appliquée en surface. Cette fine couche s’infiltre entre
les grains de zircone. Ces deux étapes permettent d’incorporer une composante vitreuse dans le réseau
de grains de zircone. Puis, la couche de verre est mordancée à l’acide fluorhydrique, créant un réseau
tri-dimensionnel en surface prêt à recevoir la résine de collage (Cakirbay-Tanis et al, 2019).
En 2007, ABOUSHELIB et al comparent les forces d’adhésion de la zircone après un traitement
de surface par sablage avec des particules d’alumine 110 µm ou par mordançage par infiltration
sélective. La force d’adhésion moyenne est supérieure après un traitement mordançant : 49,8 +/- 2,7
MPa contre 33,4 +/-2,1 MPa après traitement par air abrasion.
Ces résultats sont confirmés par l’étude de CAKIRBAY-TANIS et al en 2019. A la suite d’un
pré-traitement par mordançage par infiltration sélective, la force d’adhésion moyenne mesurée est de
41,5 MPa contre 35,17 MPa après un pré traitement par sablage à l’alumine 50 µm.

Le mordançage à chaud consiste en l’application, pendant une durée déterminée, d’une solution
contenant du méthanol, de l’acide chlorhydrique à 37% et du chlorure ferrique.
En 2009, CASUCCI et ses collègues comparent l’état de surface d’échantillons de zircone pré
traités. 4 méthodes de traitement de surface sont comparées : le sablage à l’alumine, le mordançage à
l’acide fluorhydrique, le mordançage par infiltration sélective et le mordançage à chaud. La surface des
échantillons est ensuite observée au microscope électronique à balayage et au microscope à force
atomique.

91
Figure 3. 24 : Image au microscope électronique à balayage des différents disques de zircone après
traitement de surface. (Casucci et al, 2009)
A : sablage à l’alumine, B : mordançage à l’acide fluorhydrique, C : mordançage par infiltration
sélective, D - F : mordançage à chaud pendant respectivement 10,30 et 60 minutes, G : groupe
contrôle

Les groupes A et B ont une surface apparente relativement lisse, tandis que pour les groupes C,
D, E et F des irrégularités de surfaces sont apparentes, et ce, d’autant plus que la durée de mordançage
augmente.
La rugosité moyenne de surface est mesurée à l’aide du microscope à force atomique. Les
résultats sont présentés dans le tableau suivant :

92
Traitement de surface Rugosité moyenne (nm)
Sablage à l’alumine 7,11
Mordançage à l’acide fluorhydrique 5,23
Mordançage par infiltration sélective 26,02
Mordançage à chaud (10 min) 54,22
Mordançage à chaud (30min) 81,79
Mordançage à chaud (60min) 103,02
Groupe témoin 6,94

Tableau 3. 14 : Rugosité moyenne des échantillons de zircone selon le traitement de surface appliqué
(Casucci et al, 200)

Les techniques de mordançage à chaud ou par infiltration sélective permettent d’améliorer la


rétention micromécanique de la zircone en augmentant la surface totale disponible au collage.

D’autres méthodes de traitement de surface améliorant l’adhésion chimique ont pu être testées
durant ces dernières années, notamment l’application de silane. Cet agent de couplage très utilisé pour
le collage des céramiques traditionnelles est cependant peu efficace pour le collage de la zircone. Les
forces de liaison obtenues après une application sur la surface de zircone ne sont pas stables dans le
temps (Thompson et al, 2011). Ceci s’explique par la surface inerte de la zircone ainsi que par l’absence
de phase vitreuse contenant habituellement de la silice réactive au silane.

Si l’application de silane seule s’est montrée peu efficace en matière d’adhésion, l’utilisation
d’un traitement tribochimique (ou silanisation) s’est révélée plus performante. Ce traitement consiste
en la projection d’alumine silicatée sur la surface afin de permettre l’incorporation de silice dans la
surface superficielle de la zircone. Ces particules de silice peuvent ensuite interagir chimiquement avec
le silane et le traitement adhésif.

93
Figure 3. 25 : Schéma explicatif du traitement tribochimique à l’aide d’alumine silicatée (Dental
Tribune, Sablage et amélioration de la liaison adhésive, 2013)
1 : particule d’alumine encapsulée de silice, 2 : projection des particules, 3 : incorporation de silice
en surface de la zircone, 4 : application de silane, 5 : application d’adhésif, 6 : application de résine
de collage

Cette méthode permet à la fois d’augmenter, bien que légèrement la surface de collage, et
d’améliorer l’adhésion chimique. Les forces de collage mesurées dans plusieurs études comparant ce
traitement avec le traitement par sablage à l’alumine seul, sont supérieurs (Akgungor et al, 2008 ; Ebeid
et al, 2018).
Cependant, après les tests de vieillissement effectués dans ces mêmes études, la force
d’adhésion mesurée baisse fortement et devient inférieure à la force obtenue après sablage. Le
traitement tribochimique avec incorporation de silane montre des limites de pérennité dans le temps
(Thompson et al, 2011).

Enfin d’autres méthodes sont testées comme le prétraitement au laser (Cavalcanti et al, 2009 ;
Luthra et Kaur, 2016). Les résultats obtenus ne démontrent pas d’amélioration de la force d’adhésion
(valeur inférieure à celle obtenue après un traitement par air abrasion à l’alumine) et la surface des
zircones testées restent très lisses (Cavalcanti et al, 2016). De plus, l’utilisation d’un traitement laser
Er:Yag peut influencer négativement les propriétés mécaniques de la zircone (Luthra et Kaur, 2016).

Il est prouvé que le traitement de surface avant le protocole de collage modifie la force
d’adhésion. Toutefois, il ne s’agit que d’un des nombreux facteurs déterminant la qualité du collage. La

94
composition chimique du système adhésif et de la colle ainsi que le protocole choisi jouent un rôle
prépondérant dans la force de collage.
En effet, les différentes études menées sur le collage des céramiques zircones mettent en avant
l’importance du monomère de phosphate, 10-MDP. Ce dernier est retrouvé dans les primaires universels
et dans les colles avec potentiel adhésif (ex : Panavia F 2.0 de Kuraray). Ils se lient directement à la
surface de la zircone par des liaisons hydrogènes et ioniques (Nagaoka et al, 2017) et font le lien avec
la matrice résineuse de la colle.

Depuis le développement et l’amélioration des techniques de collage de très nombreuses études


sont menées sur l’aptitude au collage de la céramique zircone. Cependant, il est difficile de tirer des
conclusions unanimes tant les expériences varient sur les procédés de traitement de surface, les types
de colle utilisées, les tests effectués (test de traction ou de cisaillement) ou encore les méthodes de
vieillissement artificiel réalisées (nombre de cycle, milieu, usure thermique, etc.…). Ainsi, il n’existe
pas de protocole de collage universel.

Toutefois des analyses de la littérature réalisées entre 2015 et 2021 donnent des lignes
directrices sur le collage de la zircone (Ozcan et Bernasconi, 2015 ; Scaminaci-Russo et al, 2019 ;
Quigley et al, 2021) :
- la combinaison de traitements mécanique et chimique est essentielle pour une bonne
adhésion.
- les protocoles les plus documentés et ayant le plus de recul clinique sont le traitement
tribochimique accompagné de l’application d’un primaire contenant du silane et le sablage à
l’alumine suivi de l’application d’un primaire contenant du 10-MDP.
- la surface doit être préalablement nettoyée soit par sablage à l’alumine ou par rinçage
avec une solution d’hypochlorite de sodium
- l’utilisation de colle avec potentiel adhésif et contenant du 10-MDP (ex : Panavia F2.0
ou Panavia V5 de Kurarey) est recommandée. Les colles auto-adhésives restent une bonne
alternative (ex : RelyX Unicem de 3M ESPE)
- l’utilisation de digue dentaire est recommandée pour le collage de la zircone

En cas d’impossibilité de pose de champ opératoire étanche, l’utilisation d’un Ciment Verre
Ionomère modifié par adjonction de résine (CVI-MAR) reste une bonne alternative (ex : Fuji Plus de
GC). Les résultats des valeurs de force de collage des CVI-MAR avec la zircone sont plus élevés que
les valeurs obtenues avec un CVI traditionnel ou ciment phosphate de zinc (Peutzfeldt et al, 2011).
Cependant, ces valeurs restent inférieures à celles obtenues avec une colle contenant des monomères
de phosphates (Piwowarczyk et al, 2004).

95
3. 3. 2. 4. Recul clinique et perspectives

Les ancrages radiculaires en zircone sont utilisés dans la pratique quotidienne du chirurgien-
dentiste depuis plusieurs années. Plusieurs études analysant le taux de succès de ces ancrages ont été
effectuées.
En 2019, ZHANG et al publient une revue systématique de la littérature étudiant les résultats
cliniques des dents traitées endodontiquement et restaurées avec un ancrage radiculaire en zircone. 5
études de cohorte ont été sélectionnées dont 2 études prospectives et 3 études rétrospectives. Le taux de
succès du traitement à 3 ans est compris entre 86,1% et 100% soit une moyenne de 97,4% des
restaurations.
Les échecs ont été classés en deux catégories :
- les échecs catastrophiques, soit, ceux conduisant à l’extraction de la dent (fracture
radiculaire, parodontite sévère, fracture de l’ancrage)
- les échecs non catastrophiques (fracture de la couronne, fracture coronaire de
l’ancrage, décollement de la restauration ou échec endodontique)
A 3 ans, le taux d’échecs catastrophiques moyen est de 0,09%. Sur cette même durée, le taux
d’échecs moyen non catastrophiques est de 0,24% concernant l’ancrage radiculaire, 0,78% concernant
la couronne et enfin 0,03% concernant l’échec endodontique. Les résultats obtenus après 3 ans sont très
favorables (Zhang et al, 2019). Cependant, ils sont à relativiser. Tout d’abord, une seule de ces études
a un recul clinique supérieur à 5 ans. De plus, c’est dans cette étude que le taux d’échecs catastrophiques
est le plus important avec la grande majorité des extractions dentaires survenant après une durée de 8
ans.
Il est possible de s’interroger sur les raisons menant à l’échec catastrophique. Un des facteurs
pouvant expliquer l’augmentation des échecs menant à l’extraction est l’absence de ferrule lors de la
restauration. En effet, dans les études où au moins 1mm de ferrule est conservée, le taux d’échecs
catastrophiques est moins important mais le recul clinique de ces études est aussi plus court (inférieur
à 3 ans).
Enfin, d’avantage d’échecs sont observés en secteur antérieur comparé au secteur postérieur.

Face à la multitude de paramètres influençant le succès de la restauration (présence de ferrule,


type et dimension de l’ancrage, type de moignon coronaire, technique de collage), il est difficile
d’évaluer avec précision le succès clinique des restaurations. D’autant plus, qu’il serait préférable
d’avoir à disposition des études contrôlées et randomisées.
Enfin, il est regrettable de ne pas avoir d’étude clinique sur les inlay-cores monoblocs usinés
en zircone. Ici, les cinq études comprennent des tenons préfabriqués en zircone avec un moignon en
résine composite ou en céramique.

96
L’utilisation des ancrages radiculaires en zircone en secteur antérieur présentent certains
avantages. Tout d’abord, leurs propriétés mécaniques sont excellentes et ils peuvent supporter des
contraintes en flexion importantes. De plus, ils répondent aux critères esthétiques et ont un bon recul
clinique sur une période courte (inférieur à 3 ans)
Toutefois, le module d’élasticité important de la zircone cause une répartition non homogène
des contraintes dans la dentine radiculaire. Cette distribution a pour principale conséquence un risque
accru de fracture radiculaire. Enfin, en cas de nécessité de retraitement endodontique, il est quasiment
impossible de passer au travers d’un ancrage en zircone. La chirurgie apicale devra alors être envisagée.

97
3. 4. Les ancrage corono-radiculaires en PEEK

3. 4. 1. Présentation générale

3. 4. 1. 1. Composition et utilisation

Depuis les années 1980, l’utilisation du PEEK (PolyEtherEtherKetone) est de plus en plus
fréquente. Tout d’abord cantonné à l’industrie, son usage s’est peu à peu étendu au secteur médical,
notamment en orthopédie puis progressivement en chirurgie orale (implantologie, prothèse fixe et
amovible) (Kurtz et Devine, 2007)

Le PEEK est un biomatériau appartenant à la famille des PAEK (PolyArylEtherKetone). Il


s’agit d’un polymère thermoplastique qui, par définition, peut se ramollir à la chaleur puis se durcir en
refroidissant.

Sa structure chimique est polycyclique, linéaire et aromatique, il est de haut poids moléculaire
et son organisation semi-cristalline est obtenu par une polymérisation par étapes liant des groupes
fonctionnels cétone et éther avec des cycles aryles (Kurtz et Devine, 2007)

Figure 3. 26 : Formule chimique du PEEK (Kurtz et Devine, 2007)

Il est dit de « haute-performance » par la qualité de ces propriétés mécaniques, physiques,


chimiques.

3. 4. 1. 2. Propriétés

3. 4. 1. 2. 1. Propriétés mécaniques

Le PEEK a une résistance à la traction entre 80 et 103MPa (Najeeb et al, 2016 ; Diez-Pascual
et al, 2012) et une résistance à la flexion de 170 MPa (Bredent group, 2017). Ces valeurs, très proches
des valeurs de la dentine, en font un matériau potentiellement intéressant pour les reconstitutions
corono-radiculaires. D’autant plus dans le cas des restaurations antérieures pour lesquelles les forces de
flexion et cisaillement générées lors de la mastication sont importantes.

98
L’atout majeur du PEEK est son module d’élasticité (ou module de Young) très faible de 3 à 4
GPa (Najeeb et al, 2016 ; Diez-Pascual et al, 2012). Le PEEK se démarque ici des alliages métalliques
ou de la zircone qui ont un module d’élasticité bien plus important (>100GPa) et surtout très supérieur
à celui de la dentine (18,3 GPa).
De plus, depuis ces dernières années, les scientifiques ont développé du PEEK modifié par
apport de céramique ou de carbone dans le but d’améliorer les propriétés mécaniques. Le PEEK
renforcé en fibres de carbone (CFR-PEEK) possède un module de Young de 18 MPa et une résistance
à la traction de 120 MPa (Sandler et al, 2002)
La marque Bredent a commercialisé un PEEK renforcé à hauteur de 20% de microparticules de
céramique (BioHPP, Bredent, Senden, Germany) permettant de renforcer la résistance mécanique tout
en conservant un module d’élasticité faible (4,2 à 4,8GPa) (Bredent group, 2017).

Dentine PEEK Pur CFR-PEEK PEEK +


céramique
Module 18,3 GPa 3-4 GPa 18 GPa 4,2-4,8 GPa
élasticité
Résistance à la 98-103 MPa 80-103 MPa 120 MPa -
traction
Résistance à la 212 MPa 200 MPa - -
flexion
Résistance à la 297 MPa 246 MPa - -
compression

Tableau 3. 15 : Tableau récapitulatif des propriétés mécaniques du PEEK pur et PEEK modifié en
comparaison au propriétés mécaniques de la dentine

3. 4. 1. 2. 2. Propriétés physiques et chimiques

Le PEEK a un taux de cristallinité de 30%, une densité de 1,3g/cm3, un coefficient de dilatation


thermique de 50.10-6/°C et une conductivité thermique de 0,29 W/mK (Skirbutis et al, 2017)
Sa dureté est de 20 HV (Bredent group, 2017). Avec un apport de céramique, la dureté est
augmentée à 30 HV mais cela reste en dessous de la dureté de l’émail (90 HV).
Le PEEK est physiquement très stable. Avec une température de fusion supérieure à 300°C
(Jahandideh et al, 2020), il peut être stérilisé à haute température.

99
Il est aussi, par sa structure organique, très stable chimiquement. Dans une étude publiée en
2016, LIEBERMANN et al comparent la solubilité et l’absorption hydrique du PEEK avec différentes
résines composites, céramiques et autres polymères. Des échantillons sont placés dans différents
bains contenant de l’eau distillée ou de la salive artificielle ou de la salive naturelle ou du chlorure de
sodium. Après 180 jours immergés, les valeurs de solubilité et d’absorption hydrique sont les plus
faibles pour le PEEK (Liebermann et al, 2016). Or plus la solubilité d’un matériau est faible, meilleur
sera son vieillissement car les propriétés mécaniques sont conservées dans la durée. Le PEEK peut être
utilisé comme restauration d’usage sur le long terme.

Mais cette stabilité physique et chimique a pour conséquence une énergie de surface et donc
une mouillabilité très faible (Jahandideh et al, 2020). D’autant plus que le PEEK est très peu rugueux.
L’enjeu pour les scientifiques a été ces dernières années d’augmenter la mouillabilité pour améliorer la
force d’adhésion du PEEK aux ciments et résines composites.

3. 4. 1. 2. 3. Propriétés esthétiques

Le PEEK est qualifié de matériau esthétique du fait de sa couleur allant du gris clair au blanc
neige opaque. De plus, le PEEK est conditionné en blocs ou en disques usinables déclinés en différentes
teintes.

Dans une étude publiée en 2021, POROJAN et al se penchent sur les propriétés optiques du
PEEK en particulier la translucidité (TP), l’opalescence (OP) et la stabilité de couleur. L’opalescence
est la propriété d’un matériau à transmettre les longueurs d’onde du domaine du rouge-orangé et
réfléchir celles du domaine bleu-vert. La translucidité est la propriété d’un matériau à laisser une partie
du rayonnement lumineux (Etienne et Anckenmann, 2016). Ce sont deux propriétés caractéristiques de
l’émail.
Les résultats sont calculés à partir des données L*a*b* obtenus par un spectrophotomètre
calibré (CIE Lab système). La valeur L* détermine la luminosité, a* l’échelle de couleur allant du rouge
au vert et b* l’échelle allant du jaune au bleu.

Les résultats obtenus sont les suivants : la translucidité (TP) du PEEK est comprise entre 1,25
et 3,60. Cette valeur est bien inférieure à celle de l’émail (18,7), de la dentine (16,4) et aussi de la
zircone (4,83 à 9,10). Mais les scientifiques ont pu constater que le glaçage du PEEK permettait
d’augmenter davantage sa translucidité (comparé à un simple polissage de surface) (Porojan et al, 2021)
L’opalescence (OP) du PEEK est mesurée entre 0,27 et 0,75. Les valeurs obtenues sont aussi
inférieures à celle du complexe émail/dentine (4,8) et de la zircone (1,25 à 2,83)

100
Enfin, les résultats montrent une corrélation positive entre le Contrast Ratio (CR) et la
translucidité. Or concernant les dents naturelles, le CR varie inversement à la translucidité. Cela
démontre que les propriétés optiques du PEEK sont bien différentes de celles de la dent naturelle
(Porojan et al, 2021).

Le PEEK n’est donc pas un biomatériau aux propriétés optiques excellentes car il reste très
opaque. Une restauration d’usage esthétique uniquement en PEEK n’est pas encore à l’ordre du jour.
Mais dans le cas d’une reconstitution corono-radiculaire, où le PEEK est recouvert par une céramique
renforcée en disilicate de lithium (type Emax), le résultat esthétique obtenu est très appréciable (Zoidis,
2021). Le recouvrement par une céramique permet d’apporter davantage de translucidité et de
luminosité à la restauration.

Une des propriétés intéressantes du PEEK est la stabilité de sa couleur dans le temps. Une étude
publiée en 2017 compare la stabilité colorimétrique du PEEK avec celle d’un composite et de PMMA
(polyméthacrylate de méthyle). L’étude consiste à mesurer la stabilité de couleur des 3 matériaux après
une semaine plongés dans des bains colorés (curry, vin rouge et chlorhexidine). Si le PEEK a la valeur
L* initiale la plus élevée (plus L* est élevé, plus le matériau est sombre), c’est lui qui a la tendance à la
décoloration la plus faible (Heimer et al, 2017).
Ces résultats sont expliqués par la faible rugosité et la faible énergie de surface du PEEK.

Enfin, le PEEK est un matériau radio-clair.

101
Figure 3. 27 : Cliché rétro-alvéolaire d’un incisive latérale maxillaire droite traitée
endodontiquement et restaurée avec un ancrage corono-radiculaire en PEEK et une
couronne en disilicate de lithium (Zoidis, 2021)

3. 4. 1. 2. 4. Propriétés biologiques

Les études in vivo et in vitro effectuées ont démontré que le PEEK est un matériau
biocompatible, non toxique, non mutagène et ne provoquant pas de réaction inflammatoire de
l’organisme (Kurtz et Devine, 2007). De plus, son affinité pour la plaque bactérienne est très faible
(Hahnel et al, 2015). Ceci est expliqué par sa faible rugosité et sa faible énergie de surface.

HAHNEL et al comparent la rugosité de surface et l’adhésion bactérienne de 4 matériaux


utilisés pour les piliers implantaires : PEEK, zircone, titane et PMMA. Le PEEK est le moins rugueux
de ces 4 matériaux avec la Zircone. Concernant l’adhésion bactérienne après 44h au contact de salive,
la quantité de microorganismes vivants sur la paroi est significativement plus faible pour le PEEK puis
pour la zircone.

Enfin, le PEEK est biologiquement inerte (Kurtz et Devine, 2007). Les premières utilisations
du PEEK en sciences médicales ont été en chirurgie orthopédique. L’un des premiers enjeux des
recherches scientifiques a donc été d’augmenter son ostéo-intégration. Deux procédés ont été mis en
avant : le traitement de surface par des agents chimiques tel le plasma et l’incorporation dans sa structure

102
de matériau ostéoconducteur tel du phosphate tricalcique ou de l’hydroxyapatite (Kurtz et Devine,
2007)

3. 4. 1. 3. Procédés de fabrications

Le PEEK existe sous forme de pastilles ou de granulés.

Figure 3. 28 : PEEK sous forme de granulés ou de disques usinables par CFAO (Stawarczyk et al,
2015)

Il est ensuite mis en forme selon plusieurs techniques :


- Moulage par injection : les pastilles ou granules sont chauffées, fondues puis injectées
dans un moule lui-même chauffé entre 175°C et 205°C. Puis la pièce est obtenue après
refroidissement tout en étant maintenue sous pression.
- Moulage par compression : deux plateaux chauffants viennent compresser les pastilles
ou granules de PEEK afin de les faire fondre.
- Moulage par extrusion : les pastilles ou granules sont chauffées, fondues et poussées
vers une tête d'extrusion cylindrique. L’objet obtenu, de forme allongée (type tige),
refroidit à température ambiante.

Ces trois techniques utilisent les propriétés thermoplastiques du PEEK et permettent d’obtenir
des pièces préformées qui vont ensuite subir une étape de finition par usinage.

Sinon, les pièces prothétiques peuvent être obtenues par usinage (CFAO) dans des disques en
PEEK qui ont été initialement pressés industriellement à partir de PEEK en granulé (Stawarczyk et al,
2015).

103
Enfin, la conception de pièces prothétiques en PEEK est possible par impression 3D par la
technique d’extrusion. Le filament de PEEK solide est fondu dans une buse puis déposé couche par
couche sur la plate-forme d’impression selon le modèle numérique avant de refroidir et de se solidifier.

Figure 3. 29 : Schéma d’une imprimante 3D de modélisation par technique d’extrusion (Wang et al,
2020)

Il existe ainsi plusieurs méthodes de production des pièces prothétiques en PEEK. Cependant,
le mode de production a une influence sur les propriétés mécaniques du produit final.
En 2015, STAWARCZYK et al comparent la résistance à la fracture de bridge 3 éléments en
PEEK. L’un est usiné par CFAO dans un bloc de PEEK. L’autre est obtenu par technique de moulage
par compression à partir de PEEK en granulé. La résistance du bridge usiné est supérieure à celle du
bridge moulé (2354 N contre 1738N). Cela peut s’expliquer de plusieurs raisons : la technique de
moulage par compression est opérateur dépendant tandis que l’usinage dans un bloc de PEEK pressé
industriellement permet de diminuer la porosité et limiter les erreurs opérateurs dépendantes. Ainsi,
l’usinage par CFAO augmente la solidité et la fiabilité des pièces prothétiques (Stawarczyk et al, 2015).
De plus, lors des techniques de production par moulage, la moindre variation des températures
de chauffage et refroidissement influence les propriétés mécaniques mais aussi thermodynamiques et
optiques telle que la translucidité (Bodden et al, 2017).

Enfin, la technique de production influence l’adaptation et la précision de la prothèse. En 2020,


ATTIA et al comparent l’adaptation marginale de couronne en PEEK obtenu par CFAO ou par moulage
par compression à partir de granulé. Les résultats ont été comparés à l’adaptation marginale d’une
couronne en zircone. La méthode de CFAO permet d’obtenir de meilleurs résultats avec une adaptation
marginale similaire à celle de la couronne en zircone (43µm contre 45µm pour la zircone et 78µm pour
la couronne en PEEK pressée) (Attia et Shokry, 2020).

104
3. 4. 2. Caractéristiques propres à l’ancrage corono-radiculaire

3. 4. 2. 1. Comportement biomécanique et distribution du stress : méthode des éléments


finis

Du fait de ces propriétés mécaniques et physiques, le PEEK est présenté comme un biomatériau
pouvant répondre aux critères de qualité pour les restaurations corono-radiculaires.

Encore récent, les études in vitro analysant le comportement du PEEK comme ancrage corono-
radiculaire sont peu nombreuses mais pas inexistantes. Entre 2017 et 2022, cinq études ont analysé la
distribution du stress d’une dent restaurée avec un ancrage en PEEK selon la méthode des éléments
finis et l’ont comparé avec d’autres matériaux utilisés pour les ancrages radiculaires.

Tout d’abord, en 2017, LEE et al analysent et comparent trois types d’ancrages corono-
radiculaires : tenon en PEEK, tenon en fibres de verre et tenon en alliage d’or. Ils observent la
distribution du stress et la fatigue générée à la suite d’une force de 45 Newton appliquée sur la face
palatine de la couronne. Le stress généré au niveau de la couronne et de la résine de collage est plus
important pour les ancrages en PEEK et en fibres de verre, avec des valeurs plus élevées pour le PEEK.
Le stress généré au niveau de l’ancrage est bien plus faible pour le PEEK tout comme le tenon fibré,
avec des valeurs plus faibles pour le PEEK.

Figure 3. 30 : Vue en coupe sagittale du profil de distribution des contraintes dans les différents
composants (Lee et al, 2017)

105
Figure 3. 31 : Graphique des valeurs maximales des contraintes de Von Mises pour chaque élément
(en MPa) ((Lee et al, 2017))

Les zones de stress maximum pour les ancrages en or sont au niveau de la région cervicale et
de la moitié apicale du tenon.
Pour les ancrages en PEEK, les zones de stress sont plus équilibrées avec une zone d’intensité
maximum à la moitié de l’ancrage et des contraintes en zone cervicale et apicale beaucoup plus faibles.

Figure 3. 32 : Vue en coupe coronale du profil de distribution des contraintes au niveau de l’interface
dentine/ciment (Lee et al, 2017)

Ainsi d’après cette étude :

106
- L’ancrage en PEEK présente un profil de distribution des contraintes favorable au sein de la
surface inter radiculaire, réduisant ainsi le risque de fracture verticale de la racine. Le module
d’élasticité faible du PEEK permet une survie plus importante de la restauration en limitant le
risque de fracture catastrophique. Tandis que son module d’élasticité proche de celui de la
dentine permet de réduire les contraintes au sein du tenon.
- En conséquence, les contraintes générées au niveau de la résine de collage et de la couronne
sont plus importantes. La probabilité de descellement de la couronne et/ou de l’ancrage est
accrue (Lee et al, 2017).

En 2018, TEKIN et al étudient le stress généré au niveau des tissus parodontaux (ligament
dento-alvéolaire et os cortical) en fonction du type d’ancrage (PEEK ou fibres de verre) et de couronne
(couronne céramo-métallique et couronne en PEEK). La simulation est faite avec une force de 100
Newton appliquée sur la face palatine.
Au niveau du ligament dento-alvéolaire, le stress est maximal au niveau coronaire. Les valeurs
obtenues sont moins importantes pour les ancrages en PEEK, tout comme celles obtenues au niveau de
l’os cortical (Tekin et al, 2018).

L’usage du PEEK comme restauration corono-radiculaire permettrait, par ses propriétés


mécaniques, d’absorber davantage de contraintes et ainsi limiter la transmission de ces dernières aux
tissus parodontaux.
Cependant ces résultats ne sont pas en accord avec une étude publiée en 2021. Dans cette
dernière comparant le comportement biomécanique des ancrages en PEEK, en titane et en fibres de
verre, l’intensité des contraintes enregistrée au niveau du ligament parodontal et de l’os alvéolaire n’est
pas influencée par le type de matériau de restauration corono-radiculaire (Ibrahim et al, 2021).

Dans cette même étude, les contraintes enregistrées dans l’interface de collage est plus
importantes pour les tenons en titane, ce qui n’est pas le cas dans l’étude publiée par LEE et al.
Toujours dans cette étude, les chercheurs étudient le comportement biomécanique du complexe
dent/ancrage/couronne en réponse à un stress thermique. La simulation est effectuée à température de
5°C et de 60°C dans le but de simuler les variations de température pouvant être produites lors de
l’alimentation. Les ancrages avec une faible conductivité thermique (tenon fibré et PEEK) ont un
gradient thermique (différentiel de température enregistré selon un axe allant de la couronne en direction
apicale) plus important que le titane. De plus, le stress généré est plus important lors des stimulations à
froid.
Des variations thermiques plus importantes contribuent, dans la durée, à fragiliser le système
d’adhésion entre la restauration et la dent résiduelle (Palka et al, 2012).

107
Enfin, l’étude publiée en 2019 par SAMMANY et al permet de comparer les ancrages en PEEK
avec les ancrages en alliage métallique et en PEEK renforcé par des fibres de carbone (CFR-PEEK).
Si les ancrages en PEEK (simple et renforcé) ont un comportement mécanique plus proches de
celui de la dent naturelle, les contraintes générées au niveau de la résine de collage sont plus fortes que
pour les ancrages métalliques. Mais surtout, l’usage d’un tenon en PEEK renforcé en fibres de carbone
permet de diminuer et de mieux répartir les contraintes au niveau de la couche de ciment (Sammany et
al, 2019). L’auteur attribue ces résultats au module d’élasticité des tenons en CFR-PEEK (18 GPa) très
proche de celui de la dentine (18,3 GPa).

Toutefois, comme toute analyse par la méthode des éléments finis, les résultats obtenus sont à
relativiser.

3. 4. 2. 2. Résistance à la fracture et mode de fracture

En 2020, TEIXEIRA et al étudient la résistance à la fracture et le mode de fracture des ancrages


corono-radiculaires en PEEK en comparaison avec 3 autres types d’ancrages (composite renforcé par
des nanocéramiques, alliage métallique et tenon en fibres de verre). Pour chaque ancrage, 12 modèles
sont constitués à partir d’une prémolaire monoradiculée et traitée endodontiquement. Les ancrages en
PEEK sont personnalisés et usinés à partir d’un procédé CFAO.
Une charge de compression oblique et croissante est appliquée directement sur l’ensemble des
modèles selon un angle de 45° par rapport au grand axe jusqu’à la rupture. La charge maximale de
rupture est enregistrée. Les données moyennes obtenues sont résumées dans le tableau suivant.

Charge maximale moyenne en N


PEEK 379,4 N (+/- 119,8)
Composite renforcé par des nanocéramiques 506,4 N (+/- 138)
Alliage NiCr 939,6 N (+/- 146,5)
Tenon en fibre de verre 449,6 N (+/- 66,5)

Tableau 3. 16 : Résistance à la fracture moyenne des différents matériaux testés (Teixeira et al,
2020)

Les résultats démontrent que la résistance à la fracture des ancrages en PEEK est légèrement
inférieure à celle des tenons fibrés mais très inférieure à celle des ancrages en alliage métallique
(Teixeira et al, 2020).

108
Cependant, les modèles utilisés ici n’ont pas de couronne protégeant l’ancrage corono-
radiculaire. Les forces appliquées jusqu’à rupture sont donc plus faibles mais restent supérieures aux
forces occlusales moyennes chez l’adulte en secteur antérieur (190 à 290N) (Steiner et al, 2009).
Les différents échecs enregistrés lors de l’expérience sont divisés en deux types : ceux dits
« réparables » et ceux dits « catastrophiques ». Les échecs réparables correspondent aux descellements
et aux fractures situés au-dessus du niveau osseux simulé. Les échecs catastrophiques correspondent
aux fractures verticales et aux fractures sous le niveau osseux.
Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau suivant.

Echecs réparables Echecs catastrophiques


PEEK 84,3 % 16,7 %
Composité renforcé par des 66,7 % 33,3 %
nanocéramiques
Alliage NiCr 8,3 % 91,7 %
Tenon en fibre de verre 91,7 % 8,3 %

Tableau 3. 17 : Répartition des différents types d’échecs observés (Teixeira et al, 2020)

Les échecs enregistrés pour les ancrages en PEEK, en composite renforcé et en fibre de verre
sont en grande majorité réparables (contrairement à ceux en alliage métallique).
Concernant les ancrages en PEEK, une grande partie des échecs sont dus à un décollement sans
fracture de la racine (Teixeira et al, 2020).
Ceci est expliqué par le module de Young faible entrainant des fortes contraintes au niveau de
la couche de colle. De plus, le PEEK, comme vu précédemment est un biomatériau avec une surface
inerte causant des difficultés de collage.

Ces résultats sont confirmés par une étude publiée en 2021. Cette dernière compare l’influence
de la longueur et du diamètre de trois types d’ancrage (PEEK, tenon fibré et zircone) sur la résistance à
la fracture et le mode de fracture. Deux longueurs (7,5 mm et 10,5 mm) et deux diamètres (1,4mm et
1,6mm) sont sélectionnés.
Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau suivant.

109
Tenon court et Tenon court et Tenon long et Tenon long et
fin large fin large
PEEK 306,7 315,1 352,5 371
Zircone 396,8 401 454,1 514,2
Tenon fibré 289,7 410,9 404,6 450,4

Tableau 3. 18 : Résistance à la fracture moyenne selon le matériau, la longueur et le diamètre de


l’ancrage (en MPa) (Ozarslan et al, 2021)

La résistance à la fracture des tenons en PEEK est inférieure à celle des tenons fibrés, elle-
même inférieure aux tenons zircones (Ozarslan et al, 2021).
Selon l’auteur, il n’y a pas de différence significative de résistance à la fracture à la suite d’une
augmentation de la longueur et du diamètre de l’ancrage pour les ancrages en PEEK.

Les résultats obtenus dans cette même étude, concernant les types de fracture, sont résumés
dans le tableau suivant.

Fracture Fracture réparable Descellement


irréparable sans fracture
Type 1 Type 2 radiculaire

PEEK 6 18 0 16

Zircone 29 8 3 0

Tenon fibré 15 19 5 1

Tableau 3. 19 : Types de fracture selon le matériau de l’ancrage corono-radiculaire. (Ozarslan et al,


2021)
(Type 1 : fracture de l’ancrage seul. Type 2 : fracture de l’ancrage et des tissus dentaires)

Les résultats obtenus pour les ancrages en PEEK sont favorables, plus de 85% des échecs
enregistrés sont réparables dont près de la moitié sont des descellements de l’ancrage, sans fracture
radiculaire associée (Ozarslan et al, 2021).

110
Ainsi, un faible module d’élasticité présente pour avantage de se déformer sous la contrainte,
réduisant la transmission de cette dernière et limitant ainsi le risque de fracture radiculaire. Mais en
contrepartie, sous des charges occlusales élevées, la déformation de l’ancrage peut entrainer une perte
d’intégrité du joint de ciment avec des micro-fuites et un risque accru de descellement de la
restauration.

Enfin en 2021, une étude publiée par HARALUR affirme que la résistance à la fracture est
similaire entre les ancrages en PEEK et ceux en composite fibré ou composite renforcé par des
céramiques. Les valeurs de charges maximales enregistrées sont respectivement 1929N, 1715N et
1810N (Haralur, 2021). Ces valeurs sont supérieures à celles obtenues dans les études précédemment
citées (Teixeira et al, 2020 ; Ozarslan et al, 2021).

Les résultats de ces différentes études sont prometteurs concernant l’usage d’ancrages corono-
radiculaires en PEEK. Mais ils mettent en avant un problème essentiel, le risque de descellement très
important.

3. 4. 2. 3. Adhésion, traitement de surface et protocole de collage

Comme vu précédemment, le PEEK, par son organisation chimique en cercle aromatique,


possède une faible énergie de surface et une surface inerte très résistante au traitement chimique. Cela
est un frein à l’utilisation de ce polymère comme matériau de restauration d’usage. En effet, l’adhérence
entre le PEEK non traité en surface et les résines de collage est très faible voire nulle (Zhou et al, 2014
; Schmidlin et al, 2010 ; Uhrenbacher et al 2014).

Un des enjeux majeurs de ces dernières années est de trouver des procédés de traitement
mécaniques et chimiques améliorant la force d’adhésion entre les résines de collage (ou composite de
restauration) et le PEEK. Ainsi plusieurs procédés se sont développés : mordançage à l’acide sulfurique,
microsablage à l’alumine, sablage des particules d’alumine silicatées (traitement tribochimique),
traitement laser, etc…

Dans une étude publiée en 2018, ATES et al comparent l’adhésion entre un composite
(creaklign opaker A2, Bredent, Germany) et un bloc de PEEK dont la surface a été modifiée. Les
résultats obtenus pour la résistance au cisaillement sont résumés dans le tableau suivant.

111
Résistance au cisaillement (MPa)
Sablage alumine 50 µm 10,97 MPa
Sablage alumine silicatée 12,67 MPa
Laser 6,03 MPa
Laser ErYag + alumine 12,09 MPa
Laser ErYag + alumine silicatée 13,14 MPa
Contrôle 6,35 MPa

Tableau 3. 20 : Valeur moyenne en MPa de la résistance au cisaillement (Ates et al, 2018)

La résistance au cisaillement enregistrée sans traitement de surface est très faible (6 MPa) et
bien inférieure aux forces enregistrées en milieu buccal (10 à 12 MPa) (Thurmond et al, 1994 ;
Piwowarczyk et al, 2005). Cependant, un traitement mécanique de la surface par sablage ou par laser
combiné au sablage permet d’augmenter la résistance au cisaillement et d’obtenir des valeurs
compatibles avec la réalité clinique.
De plus, tous les blocs testés lors de cette expérience ont subi un traitement thermique initial
permettant de simuler une usure clinique de 4 à 5 ans.

Selon ZHOU et al, un traitement chimique de la surface est plus efficace qu’un traitement
physique. La résistance au cisaillement obtenue à la suite d’un mordançage par de l’acide sulfurique à
98% pendant 60s est supérieure à celle obtenue à la suite d’un sablage par des particules d’alumine ou
un traitement à l’argon (respectivement 8,7 MPa contre 5,3 MPa et 6,8 MPa) (Zhou et al, 2014)

Ses résultats confirment ceux de l’étude de SCHMIDLIN et al, publiée en 2010. D’après cette
dernière, le traitement chimique permet d’obtenir une meilleure résistance au cisaillement. Tandis que
le traitement physique permet d’obtenir une meilleure mouillabilité (Schmidlin et al, 2010).

D’autres auteurs ont étudié un traitement chimique par de l’acide piranha (acide sulfurique et
peroxyde d’hydrogène) sans obtenir de résultats significatifs (Uhrenbacher et al 2014 ; Hallmann (a) et
al, 2012).
Ces acides sont très corrosifs et doivent être manipulés avec précaution. Ceci limite leur
utilisation dans les laboratoires prothétiques.

Cependant, en comparant les études citées précédemment avec d’autres études publiées ces
dernières années, il est difficile de tirer de conclusions précises face à l’hétérogénéité des valeurs

112
obtenues. Des valeurs d’adhésion beaucoup plus faibles (<4 MPa) ont été obtenues lors des études de
ROCHA et al, en 2016 et UHRENBACHER et al, 2014 et cela, quel que soit le traitement utilisé
(mécanique par sablage alumine, traitement tribochimique avec de l’alumine silicoatée ou chimique par
acide sulfurique).
Cette hétérogénéité met en lumière l’importance du choix du système adhésif et le respect du
protocole de collage.

L’utilisation de colle auto-adhésive (ex : RelyX, 3M ESPE, Minnesota, Etats-Unis) a montré


des résultats très peu satisfaisants (Zhou et al, 2014 ; Schmidlin et al, 2010 ; Hallmann (a) et al, 2012),
contrairement aux colles sans ou avec potentiel adhésif couplées à l’utilisation d’un système d’adhésif
contenant du MMA (Méthyle MéthAcrylate) ou du 10-MDP (10- méthacryloxyloxydecyl-
dydrogenphosphate) (Uhrenbacher et al, 2014 ; Rocha et al, 2016 ; Keul et al, 2014 ; Stawarczyk et al,
2018).

En 2018, STAWARCZYK et al comparent l’adhésion entre le PEEK et une résine composite


selon le système adhésif choisi et le traitement de surface du PEEK.
3 systèmes adhésifs sont comparés : le système Visiolink (Bredent) contenant du MMA, le système
Scotchbond Universel (3M ESPE) contenant du 10-MDP et le MonoBond Plus (Ivoclar Vivadent)
dépourvue de MMA et MDP.
5 pré-traitements physiques sont comparés : sablage à l’alumine selon la granulométrie (50 ou
110 µm) et la pression (0,5 ou 3,5 bars) et le traitement tribochimique (alumine silicoatée, système
Rocatec, 3M)

Al2O3 - 50µm Al2O3 - 50 Al2O3 - 110 Al2O3 - 110 Système


- 0,5 bar µm- 3,5 bar µm - 0,5 bar µm - 3,5 bar Rocatec
Visio. Link 28,58 26,61 29,82 28,84 29,61
Scotchbond 10,58 29,52 5,83 25,76 20,44
universel
Monobond 1,57 5,90 2,28 12,68 5,96
Plus

Tableau 3. 21 : Valeur moyenne de la résistance au cisaillement (en MPa) (Stawarczyk et al, 2018)

Concernant le pré traitement physique des blocs de PEEK, la granulométrie des particules
d’alumine n’a pas d’influence sur la valeur d’adhésion contrairement à la pression du sablage. Enfin, le
sablage à l’alumine présente de meilleurs résultats que le traitement tribochimique.

113
Les meilleurs résultats sont obtenus avec l’adhésif Visio.link. Celui-ci contient du MMA
(monomère hydrophobe) permettant de faire la liaison avec le composite via ses sites méthyles et du
PETIA (pentaerythritoltriacrylate) permettant de dissoudre le PEEK.
Les résultats obtenus pour le Scotchbond (système auto mordançant) sont relativement proches
tandis que ceux obtenus par le Monobond Plus (adhésif non chargé) sont bien plus faibles (Stawarczyk
et al, 2018).

Si les valeurs d’adhésion initiales du PEEK avec des résines de collage ou composite sont
faibles, un traitement physique (avec ou sans traitement chimique) des surfaces et l’utilisation d’un
système adhésif adapté permet d’obtenir des valeurs d’adhésion performantes.
L’effet du pré-traitement est observé au microscope électronique à balayage par SCHMIDLIN
et al, en 2010.

Figure 3. 33: Images au microscope électronique à balayage (x2000) de la surface des


échantillons testés (Schmidlin et al, 2010)
A : échantillon poli, B : mordançage acide, C : sablage à l’alumine 50 µm, D : sablage à
l’alumine 110 µm, E : alumine silicatée, F : groupe témoin (titane)

114
Si la surface des blocs en PEEK polie et non traitée est lisse avec peu d’altération de surface
(A), l’utilisation d’un traitement physique ou bien chimique permet une modification visible de la
surface. L’utilisation d’acide créé un réseau poreux et complexe de fibres (B). Tandis que le traitement
physique par sablage (C et D) ou silice (E) créé une surface irrégulière. Le sablage avec des particules
de 50 µm (C) permet d’obtenir un résultat de surface similaire à celui du groupe témoin en titane (F)
(Schmidlin et al, 2010).

En 2016, SILTHAMPITAG et al observent l’interface adhésive entre le PEEK et la résine de


collage à la suite d’un pré-traitement de surface. L’interface est observée à un grossissement x1000 et
x3000 selon la technique de cryofracture.

Figure 3. 34 : Observation au microscope électronique à balayage de l’interface entre le PEEK et la


résine de collage. (Silthampitag et al, 2016)

La préparation de surface par de l’acide sulfurique à 98% (groupe B) et par l’acide piranha
(acide sulfurique 98% et peroxyde d’hydrogène 30%) (groupe C) permet la formation de tag de résine

115
pénétrant dans les blocs de PEEK (B.3, C.3) contrairement au groupe témoin (groupe A) et au groupe
traité par un sablage à l’alumine 50 µm (groupe D).

Enfin, 3 études utilisent des modèles de simulation à partir de dents extraites (incisives
monoradiculées) pour étudier les forces d’adhésion entre le PEEK et les résines de collage, selon
différents traitements de surface. Dans ces modèles, ce ne sont plus des blocs de PEEK qui sont étudiés
mais bien des ancrages corons-radiculaires usinés en PEEK.

En 2021, ATTIA et al étudient la résistance au décollement d’un ancrage corono-radiculaire en


PEEK suite à 3 pré-traitements de surface. L’ancrage est collé à l’aide d’une colle auto-adhésive. Les
valeurs sont enregistrées en 3 points : coronaire, médian et apical. Les différentes valeurs obtenues sont
résumées dans le tableau suivant.
Acide sulfurique Sablage alumine Traitement Groupe témoin
98% 50 µm thermique
plasma
Portion 15 +/- 0,9 8 +/- 1 7 +/- 1 4 +/- 0,5
coronaire
Portion 11 +/- 0,5 5 +/- 0,3 5 +/- 0,3 3 +/- 0,5
moyenne
Portion apicale 8 +/- 1 5 +/- 0,9 4 +/- 0,6 1 +/- 0,5
Moyenne 11+/- 2 6 +/- 1 5 +/- 1 3 +/-1

Tableau 3. 22 : Valeur moyenne de résistance au décollement (en MPa) (Attia et al, 2021)

Une différence significative est mesurée selon le traitement de surface utilisé : les meilleurs
résultats obtenus font suites à un traitement chimique. Les valeurs obtenues à la suite d’un traitement
physique (sablage ou plasma) sont supérieures au groupe témoin mais inférieures au groupe traité
chimiquement (Attia et al, 2021).
Une différence significative est mesurée selon la localisation radiculaire. Les valeurs
d’adhésion les plus élevées sont en coronaire. C’est dans cette portion que le nombre et la densité de
tubuli dentinaires sont le plus importants. Les valeurs d’adhésion dans la partie la plus apicale sont bien
plus faibles (divisée par 2). Ceci s’explique d’une part, par la difficulté de contrôler, lors du collage,
l’humidité de cette région ; et d’autre part, par la qualité moindre de la photopolymérisation en
profondeur.

116
Enfin, le type de rupture (adhésive, cohésive ou mixte) est étudié au microscope électronique.
A la suite d’un traitement physique, les ruptures sont dites « adhésives » dans la majorité des cas
(comme pour le groupe témoin).
Concernant le traitement chimique, les ruptures sont majoritairement adhésives mais on
retrouve davantage de ruptures dites « mixtes » (zone de rupture cohésive accompagné de zone de
rupture adhésive).

Ces résultats viennent confirmer une étude publiée en 2020 par CULHAOGLU et al. A la suite
d’un traitement de surface physique des blocs en PEEK, 100% des ruptures sont dites “adhésives” à la
suite d’un traitement à la silice et 72,7% à la suite d’un sablage à l’alumine. Tandis qu’à la suite d’un
traitement chimique (acide sulfurique à 98%), 90% des ruptures sont mixtes.
Comme vu précédemment, une attaque acide à la surface du PEEK permet de créer davantage
d’irrégularités de surface, permettant la pénétration de l’adhésif ou de la résine de collage dans les
porosités créées (Culhaoglu et al, 2020).

En 2018, AL-QAHTANI et al comparent la résistance au décollement d’ancrage corono-


radiculaires en PEEK selon le traitement de surface. Les ancrages sont collés à l’aide de l’adhésif
Scotchbond Universal de 3M ESPE (contenant du 10-MDP) et d’une colle auto-adhésive. Deux
traitements de surface sont comparés : le sablage à l’alumine 50µm et le mordançage à l’acide sulfurique
98%.
Les valeurs obtenues sont légèrement supérieures après un traitement physique (10,88 MPa)
contre 8,88 MPa à la suite d’un traitement chimique. Ces deux valeurs sont bien supérieures au groupe
témoin (5,99 MPa) (Al-Qahtani et al, 2018). Dans cette étude, un traitement physique est plus efficace
que le traitement chimique.

Enfin, en 2020, BENLI et al comparent la résistance à la traction de 3 ancrages corono-


radiculaires en PEEK, en alliage métallique et en tenon fibré. Chaque type d’ancrage subit un cycle de
traitement thermique ainsi qu’un traitement de surface : chimique à l’acide sulfurique pour le PEEK,
mordançage chimique à l’acide phosphorique pour le tenon fibré et mécanique par sablage pour le
métal. Puis, les ancrages sont collés à l’aide d’une colle avec potentiel adhésif propre (Panavia de
Kuraray, colle contenant du 10-MDP).
Les valeurs moyennes de résistance à la traction les plus élevées sont pour les ancrages en
PEEK (14,33 +/- 0,58 MPa) devant les ancrages métalliques (12,79 +/- 0,39 MPa) et les tenons fibrés
(10,05 +/- 0,53 MPa).
Dans cette étude, concernant les ancrages en PEEK, 80% des ruptures sont adhésives contre
respectivement 60% et 65% pour les ancrages métalliques et les tenons fibrés (Benli et al, 2020).

117
Face à l’hétérogénéité des valeurs obtenues dans les différentes études citées précédemment, il
est difficile de tirer des conclusions unanimes. En effet, les valeurs vont varier selon le type de PEEK
(renforcé ou non), le protocole de collage, le type de valeur mesuré (résistance au cisaillement, au
déchirement ou décollement), l’utilisation d’un traitement thermique initiale, etc…
Cependant, une tendance globale se dégage concernant le protocole de collage. Il est conseillé
d’effectuer un traitement de surface physique par sablage à l’alumine 50 µm puis d’utiliser un système
adhésif contenant du MMA ou du 10-MDP.
Même si le pré-traitement chimique par de l’acide sulfurique permet d’obtenir de meilleurs
résultats d’adhésion, il est à éviter du fait de la forte corrosivité du produit. Il serait potentiellement
intéressant de réaliser une expérience étudiant l’influence sur la force d’adhésion de produits de
mordançage moins corrosifs tel que l’acide fluorhydrique.
Pour conclure, l’utilisation du PEEK semble être, à première vue, par ses propriétés
mécaniques, physiques et biologique, une solution thérapeutique de choix pour la réalisation des
ancrages corono-radiculaires. Toutefois pour un usage apportant pleinement satisfaction, certains points
sont à améliorer notamment le protocole de collage afin de réduire le risque élevé de descellement. De
plus, des études doivent être menées dans le but d’avoir plus de recul clinique sur le moyen-long terme.

118
CHAPITRE 4 : DISCUSSION

4. 1. Propriétés physiques et mécaniques des matériaux pour ancrages radiculaires

Les différentes valeurs des propriétés physiques et mécaniques des matériaux cités
précédemment sont résumées dans ce tableau, en comparaison avec celles de la dentine.

Tenon Inlay-core
Composite
préfabriqué fibré et
pour Zircone PEEK Dentine
en fibre de usiné par
RMIPP
verre CFAO
Module 10 – 25,5 4,5 – 9,5 18,8 – 26 200 – 210
4-18 GPa 18,3 GPa
d’élasticité GPa GPa GPa GPa
Résistance à 590 – 1100 88 – 112,1 393 – 990 600 – 1400
200 MPa 212 MPa
la flexion MPa MPa MPa MPa
Résistance à
2000 –
la 339 – 530
340 MPa - 2500 MPa 246 MPa 297 MPa
compressio MPa
n
Résistance à 50 – 240 52 – 72 169 – 380 80 – 103 98,7 – 103
-
la traction MPa MPa MPa MPa MPa
Dureté de 20,6 – 57 1200 –
- 85 HV 20 HV 90 HV
Vickers HV 1600 HV
Coefficient
de 22.10-6/°C -
- - 10,4.10-6/°C 50.10-6/°C 8,3.10-6/°C
dilatation 35.10-6/°C
thermique
Conductivit 1,09 2 – 2,5 0,29 0,22
- -
é thermique W/m/°C W/m/°C W/m/°C W/m/°C

Tableau 4. 1 : Tableau résumé des propriétés mécaniques et physiques des différents matériaux
utilisés en comparaison aux propriétés de la dentine

Le PEEK est un matériau aux propriétés biologiques excellentes et surtout aux propriétés
physiques et mécaniques très similaires à celles de la dentine.
Les valeurs pour les tenons en fibres de verres préfabriqués ou usinés sont un peu plus éloignées
des valeurs de la dentine tandis que la zircone a des valeurs très éloignées de la dentine. Les propriétés
de la zircone se rapprochent davantage de celles des alliages métalliques.

119
4. 2. Comportement biomécanique et mode de distribution du stress

Sous l’effet de forces externes, les RCR sont très sollicitées. Les contraintes subies sont
transmises directement à la dentine radiculaire et le mode de transmission de ces contraintes à un impact
important sur la pérennité de la restauration.

La Méthode des Eléments Finis permet de simuler et analyser le mode de distribution des
contraintes des différents types de RCR.
En croisant et en analysant les nombreuses études publiées à ce sujet, il est possible d’attribuer
pour chacun des ancrages corono-radiculaires suivants : ancrages en fibres de verre préfabriqués, en
fibres de verre usinés, en zircone ou en PEEK, un modèle type de comportement biomécanique. Ce
dernier est lié au module d’élasticité du matériau de restauration. Ainsi, il est possible de répartir en 2
catégories les différentes RCR : d’un côté, les RCR avec un module de Young faible (RCR en fibres de
verre préfabriquée et en PEEK) et d’un autre côté, les RCR avec un module de Young élevé (Zircone).

Le modèle de distribution des ancrages selon le module d’élasticité est résumé dans le tableau
suivant :

Module d’élasticité Module d’élasticité


faible élevé
Mode de distribution
Homogène Inhomogène
des contraintes
Elevées
Contraintes au Faibles (principale
(principalement dans le
niveau de l’ancrage dans le 1/3 cervical)
1/3 apical)
Contraintes au Dentine proche du Dentine proche tenon >
niveau de la dentine tenon < dentine externe dentine externe
Contraintes au
niveau de l’interface Elevées Faibles
de collage

Tableau 4. 2 : Modèle de distribution des contraintes selon le module d’élasticité de la restauration


corono-radiculaire.

Les RCR avec un module d’élasticité faible sont capables de répartir les contraintes dans
l’ensemble des tissus dentaires et des matériaux de restauration. Ce mode de distribution homogène se

120
rapproche le plus de celui de dent naturelle. Il est favorable pour la pérennité de la restauration et réduit
le risque de fracture radiculaire. En contrepartie, les contraintes enregistrées dans l’interface de collage
sont plus importantes car, en se déformant, l’ancrage peut entrainer une perte d’intégrité du joint de
collage avec des micro-fuites. Ainsi le risque d’échecs attribués au collage est plus important. Mais ne
vaut-il pas mieux un échec réparable de ce type plutôt qu'une fracture irréversible de la racine ?
A contrario, les RCR avec un module d’élasticité très élevé absorbent les contraintes sans les
répartir de façon homogène dans la dentine radiculaire. En conséquence, les contraintes accumulées
dans la portion apicale de l’ancrage sont propices à des fractures radiculaires sous l’effet de pression
occlusale (Shetty et al, 2013).

Des facteurs, autres que le module d’élasticité, influencent l’intensité des contraintes
enregistrées sous l’effet d’une force externe :
- La qualité des tissus parodontaux, en particulier l’os alvéolaire : plus le niveau osseux est élevé,
plus l’intensité des contraintes est faible (Chen (a) et al, 2015 ; Chen (b) et al, 2015)
- La présence d’une ferrule permet de réduire le stress perçu au sein de la dentine radiculaire
(Eraslan et al, 2009)

Toutefois, ces deux facteurs n’influencent pas le mode de répartition (homogène ou non) des
contraintes.

Concernant les inlay-cores en fibres de verre usinés par CFAO, seules deux études ont été
publiées à ce sujet (Chen (b) et al, 2015 ; Eid et al, 2021). Les résultats obtenus ne permettent pas
d’établir de conclusion, et ce, d’autant plus qu’ils vont à l’encontre des observations faites concernant
la distribution des contraintes liées au module d’élasticité. Ainsi, d’autres études doivent être menées
pendant ces prochaines années afin de mieux comprendre le comportement biomécanique des ancrages
corono-radiculaires en fibres de verre usinés et personnalisés.

Pour finir, il est nécessaire de rappeler que les études utilisant la Méthode des Eléments Finis
restent des simulations informatiques. Les structures modélisées sont supposées homogènes, isotropes
et dotées d’une élasticité linéaire. Or ce n’est en aucun cas la réalité clinique. Ainsi, il est difficile
d’extrapoler avec une totale certitude ces résultats. Davantage d’études simulant avec plus de précisions
l’environnement oral sont recommandées.

4. 3. Résistance à la fracture et mode de fracture

121
Au cours de ces dernières décennies, de nombreuses études in vitro ont comparé la résistance à
la fracture des différents ancrages corono-radiculaires en secteur antérieur. Si les ancrages en PEEK ou
en fibres de verre usinés par CFAO disposent de moins de recul expérimental, les résultats déjà obtenus
permettent d’observer une certaine tendance : plus le module d’élasticité est élevé, plus la résistance
expérimentale à la fracture est élevée. Ainsi, dans l’ensemble, la résistance à la fracture des ancrages
en zircone est supérieure à celle des ancrages en fibres de verre, elle-même supérieure à celle des
ancrages en PEEK.
Pour tous ces ancrages, les forces de résistance moyennes mesurées sont supérieures aux forces
occlusales moyennes exercées, en secteur antérieur, lors de la mastication chez l’adulte (190 à 290 N)
(Steiner et al, 2009).

Toutefois, la présence d’un ancrage radiculaire permet-elle de renforcer mécaniquement la


racine restaurée ? Oui et non, tout dépend de la situation clinique, notamment du nombre de parois
résiduelles et de la présence ou de l’absence de ferrule.
En présence d’un cerclage périphérique suffisant, la mise en place d’un ancrage radiculaire
n’augmente pas la résistance à la fracture de la racine d’incisive restaurée (Lima et al 2010, Magne et
al, 2017). Cette observation n’est cependant pas partagée par l’étude publiée par NAUMANN et al,
dans laquelle la présence d’un ancrage même en présence d’une ferrule augmente la résistance
mécanique (Naumann et al, 2007).
En cas de délabrement cervical important, la présence d’un ancrage corono-radiculaire permet
d’augmenter la résistance mécanique de la dent en comparaison à une dent restaurée sans ancrage
corono-radiculaire. Notamment, les ancrages avec un module d’élasticité proche de la dentine, car ces
derniers permettent de mieux répartir les contraintes au sein de la racine et ainsi de soulager la zone
cervicale affaiblie (Jurema et al, 2021).

Concernant les ancrages en fibres de verre personnalisés et usinés par CFAO, la résistance à la
fracture est proche de celle des ancrages en fibres de verre préfabriqués (Eid (a) et al, 2019) voir
supérieure (Suzaki et al, 2021).

Concernant les ancrages radiculaires en zircone réalisés par méthode directe, la résistance à la
rupture est plus élevée pour les moignons en céramiques que les moignons en résine composite (Ozkurt
et al, 2010). Enfin, pour les zircones “nouvelles générations”, la résistance à la fracture est supérieure
pour les tenons préfabriqués que pour les inlay-cores usinés par CFAO (Soundar et al, 2014)

Enfin, le mode de fracture observé varie selon la nature des ancrages et est en relation avec le
mode de distribution des contraintes au sein de la racine. Pour les RCR ayant un mode distribution

122
homogène (module d’élasticité proche de celui de la dentine), l’essentiel des fractures sont jugées
favorables (fracture coronaire ou dans le 1/3 cervical de la racine).
Quelques particularités sont observées notamment pour les inlay-cores en fibres de verre usinés
et en PEEK. Pour les inlay-cores en fibres de verre usinés, davantage de ruptures cohésives au sein de
l’ancrage sont observées (en comparaison au tenon fibré préfabriqué). La rupture a lieu entre les fibres
de verre et la matrice époxy. Tout d’abord, sous l’augmentation de la charge, une première fibre se
rompt et transmet les contraintes dans la matrice jusqu’à la prochaine fibre qui finit par rompre
également. Ce mode de rupture est appelé “brush-like cracking” (Kopernik et al, 2008). Quant aux
ancrages en PEEK, le mode d’échec observé est très majoritairement favorable, seulement, un grand
nombre de décollements sont observés, et ce, sans fracture radiculaire associée (Ozarslan et al, 2021).
Des décollements fréquents ou des micro fuites au sein de l'interface de collage sont problématiques car
ils sont responsables d’une perte d’étanchéité coronaire pouvant entrainer des complications
endodontiques.
A contrario, la grande majorité des fractures observées pour les ancrages en zircone sont dites
“catastrophiques” (1/3 moyen et 1/3 apical de la racine) (Ozarslan et al, 2021 ; Alkhatri et al, 2019).

Toutefois, tous ces résultats issus d’expériences in vitro ne s’accordent pas tous entre eux. Ceci
s’explique par la multiplicité des conditions d’expériences possibles (dimension de l’ancrage, structure
résiduelle, protocole de collage, présence ou non d’une couronne, condition de stockage des
échantillons, direction et intensité de la force exercée …). Ainsi, ces expériences in vitro donnent des
tendances globales qui doivent être confirmées par des expériences in vivo bien menées (essais cliniques
randomisés et contrôlés)

4. 4. Adhésion, traitement de surface et protocole de collage

Les différentes études in vitro réalisées ces dernières années ont permis d’apporter des
précisions concernant les protocoles de collage à utiliser pour chaque matériau, qu’il s’agisse du type
de colle à utiliser ou du conditionnement des surfaces ou bien encore les facteurs influençant la qualité
du collage.

Concernant les RMIPP avec un tenon en fibres de verre préfabriqué, les valeurs d’adhésion les
plus élevées sont obtenues avec une colle auto-adhésive type RelyX Unicem de 3M ou SpeedCEM de
Ivoclar-vivadent. Ces colles contiennent des monomères acides pouvant attaquer et infiltrer le substrat
dentinaire. De plus, la réaction acide/base qu’elles produisent les rend plus tolérantes à l’humidité et
enfin elles subissent un stress polymérisation moindre (Sarkis-Onofre et al, 2014).

123
Figure 4. 1 : Colle auto-adhésive avec embout mélangeur : RelyX Unicem 2, 3M
(https://www.3mfrance.fr/3M/fr_FR/p/d/b00007450/)

Lorsqu’une colle auto-adhésive est utilisée, les étapes de conditionnement des surfaces
dentaires et du tenon n’ont pas démontré d’amélioration significative de la force de collage (Jacob et
al, 2021).
L'utilisation de colle avec ou sans potentiel adhésif propre pour le collage de tenons
préfabriqués en fibres nécessite, elles, des étapes de pré-traitement des surfaces dentaires et du tenon.
Dans ce cas, il est recommandé un pré traitement physique (type sablage) ou chimique (mordançage)
couplé à l’application d’un silane (Mishra et al, 2020). Cependant, ces étapes sont très « opérateur-
dépendant » et ainsi sources d’erreurs pouvant nuire à la qualité du collage (Sarkis-Onofre et al, 2014).

Concernant les inlay-cores en fibres de verre usinés par CFAO, les valeurs d’adhésion
moyennes obtenues sont supérieures à celles obtenues pour les ancrages fibrés préfabriqués.
L'adaptation personnalisée des inlay-cores à l’anatomie radiculaire permet de réduire l’épaisseur de la
couche de colle (Tsintsadze et al, 2017 ; Eid (b) et al 2019) réduisant le risque de formation de bulles
nuisant à l‘étanchéité et à la qualité du collage. Ainsi, on retrouve plus de ruptures dites “mixtes”
(adhésive et cohésives) pour les ancrages personnalisés que pour les ancrages préfabriqués (Eid (b) et
al 2019).
Si un pré-traitement physique par sablage à l’alumine semble augmenter les forces d’adhésion
(Kurkcuoglu et al, 2021) d’autres expériences in vitro doivent être menées pour confirmer ou infirmer
ce résultat mais aussi apporter davantage de précisions sur le type de colle à utiliser. Les fournisseurs
ITENA recommandent l’utilisation de colle auto-adhésive.

Concernant les ancrages corono-radiculaires en zircone, dorénavant le doute est levé sur la
possibilité de coller la zircone (Ozcan et Bernasconi, 2015). Toutefois, sa nature polycristalline
dépourvue de phase vitreuse modifie le protocole de collage à utiliser en comparaison avec une
céramique feldspathique. Ainsi, s’il n’est pas efficace de mordancer la zircone avec de l’acide
fluorhydrique, un pré traitement de surface de l’ancrage est tout de même nécessaire.
Les meilleurs résultats d’adhésion sont obtenus après un mordançage par infiltration sélective
(Aboushelib et al, 2007) ou après un mordançage à chaud (Casucci et al, 2009). Cependant, ces

124
techniques sont difficiles à réaliser au cabinet dentaire. Des techniques plus simples et conventionnelles
permettent d’améliorer, à moindre mesure, la qualité du collage de la zircone telle que le sablage à
l’alumine ou le traitement tribochimique couplé à l’application d’un silane (Ozcan et Bernasconi, 2015).
Pour coller la zircone, il est recommandé d’utiliser un adhésif ou une colle avec un potentiel
adhésif propre contenant du 10-MDP type Panavia V5 de Kurarey (Nagaoka et al, 2017 ; Ozcan et
Bernasconi, 2015).

Figure 4. 2 : Colle avec potentiel adhésif avec embout mélangeur : Panavia V5, Kurarey
(https://www.kuraraynoritake.eu/fr/order/options/panavia-v5)

L’utilisation d’une colle auto-adhésive est possible pour simplifier les protocoles de collage
mais l’adhésion mesurée à la zircone est moindre.
Enfin, en cas d’impossibilité de mise en place d’un champ opératoire étanche, le scellement à
l’aide d’un Ciment Verre Ionomère Modifié par Adjonction de Résine (CVI-MAR) est une bonne
alternative car plus tolérante à l’humidité (Peutzfeldt et al, 2011).

Concernant les inlay-cores en PEEK, l’adhésion de ces derniers aux résines de collage est un
véritable défi du fait de la nature inerte de la surface des ancrages en PEEK.
Sans pré-traitement de surface, les valeurs d’adhésion aux colles auto-adhésives sont très faibles voir
nulles (Schmidlin et al, 2010 ; Uhrenbacher et al, 2014).
Un pré-traitement des surfaces chimiques permet d’obtenir des meilleurs résultats d’adhésion
que les pré-traitements physiques (Schmidlin et al, 2010). Leur utilisation permet la formation de tag
de colle dans la préparation en PEEK (Silthampitag et al, 2016). Cependant, les différents acides testés
lors de ces expériences sont très corrosifs (acide sulfurique, acide piranha) et non utilisés au cabinet
dentaire. Il serait intéressant de réaliser ces expériences avec un acide plus conventionnel type acide
fluorhydrique.
Un pré-traitement physique par sablage à l’alumine est une meilleure alternative au pré-
traitement chimique que le traitement tribochimique (Stawarczyk et al, 2018).
Pour le collage, du fait de la faible efficacité des colles auto-adhésives pour coller au PEEK, il
est recommandé d’utiliser un système adhésif contenant du MMA (type Visio.link de Bredent) ou du

125
10-MDP (type Scotchbond Universel de 3M) et une colle avec un potentiel adhésif propre contenant
elle aussi du 10-MDP couplé à un pré-traitement des surfaces (Stawarczyk et al, 2018).

Figure 4. 3: Système adhésif auto-mordancant contenant du 10-MDP : Scotchbond Universal, 3M


(https://multimedia.3m.com/mws/media/1906552O/brochure-scotchbond-universal-plus-for-
france.pdf)

Des progrès concernant l’optimisation des techniques de collage du PEEK sont nécessaires car
les différentes valeurs obtenues lors des expériences déjà réalisées restent faibles, et même, pour
certaines en dessous des forces enregistrées dans le milieu buccal.

De plus, l’ensemble de ces études réalisées pour les différents matériaux ont mis en avant des
facteurs essentiels influençant la qualité du collage :
- Le mode d’application de la colle : il est conseillé de l’appliquer uniquement dans la racine ou
uniquement sur le tenon à l’aide d’une seringue auto-mélangeuse avec embout d’injection
(Skupien et al, 2015).
- La présence d’eugénol contenu dans les ciments endodontiques interfère avec le collage en
réduisant la polymérisation des adhésifs et des colles (Altmann et al, 2015). Les parois
dentinaires doivent être parfaitement nettoyées avant la procédure de collage. L'obturation
endodontique à l’aide de ciments biocéramiques dépourvus d’eugénol type TotalFill BC Sealer
de FKG ou Bioroot de Septodont peut être une alternative. Cependant, si une étape de
désobturation est nécessaire, elle devra être différée.

126
- La force d’adhésion dans le 1/3 apical du logement canalaire est moins importante que dans la
portion coronaire. Cela s’explique par une polymérisation moindre en profondeur, un facteur C
plus élevé dans cette région et enfin une surface de contact plus faible entre l’ancrage et la
dentine radiculaire (EID (b) et al, 2019). Les colles à prise duale sont plus efficaces pour le
collage du 1/3 apicale.

Enfin, il est important de rappeler que pour un collage optimum, la mise en place du champ
opératoire est nécessaire. D’une part, il permet d’éviter la contamination bactérienne des tissus dentaires
lors de l’assemblage. D’autre part, il permet d’isoler la préparation des fluides biologiques (sang, salive,
fluide sulculaire). Enfin, il permet de diminuer l’humidité environnante liée à l’air expiré et d’apporter
un véritable confort visuel au praticien (Etienne et Anckenmann, 2016). Dans certaines situations
cliniques où la mise en place du champ opératoire semble compromise (limite infra gingivale), plusieurs
solutions plus ou moins invasives sont possibles : utilisation de crampons avec des mors orientés vers
le bas, réalisation d’une gingivectomie et/ou d’une élongation coronaire ou enfin d’une égression
orthodontique. Le rapport bénéfice/risque doit toujours être évalué au préalable.

4. 5. Avantages/Inconvénients des différents matériaux et classification clinique

4. 5. 1. RMIPP avec tenon en fibres de verre

127
AVANTAGES INCONVENIENTS
Module d’élasticité proche de
la dentine
Liés aux propriétés Biocompatibilité
Rétraction de prise lors de la
mécaniques, physiques, Esthétique importante
polymérisation
esthétiques et biologiques Translucidité des fibres de
verre
Radio opaque
Distribution homogène des
Liés au mode de distribution Contraintes plus élevées au
contraintes au sein de la racine
des contraintes et à la sein de l’interface de collage et
Biomimétisme mécanique
résistance à la fracture de la zone cervicale
Mode de fracture favorable
Protocole de collage strict
praticien dépendant (se
simplifie avec les colles auto-
adhésives)
Liés au protocole de collage Continuum endo-prothétique Multiplicité des interfaces de
et de mise en place collage (si composite de
reconstitution coronaire
différent)
Couche épaisse de résine de
collage
Economie tissulaire Non personnalisé
Absence de phénomène de Coût du plateau technique
corrosion Réintervention endodontique
Autres
Recul clinique bon sur le possible mais nécessite un
moyen terme plateau technique conséquent

Tableau 4. 3 : Avantages et inconvénients des RMIPP avec tenon en fibre de verre

4. 5. 2. RCR en fibres de verre usinés par CFAO

128
AVANTAGES INCONVENIENTS
Module d’élasticité proche de
Liés aux propriétés
la dentine
mécaniques, physiques, Propriétés dépendantes de
Biocompatibilité
esthétiques et biologiques l’axe d’usinage
Esthétique
Radio opaque
Liés au mode de distribution
Manque d’études cliniques sur
des contraintes et à la
Mode de fracture favorable la distribution des contraintes
résistance à la fracture
dans la racine

Valeur d’adhésion supérieure


aux tenons fibrés préfabriqués
Liés au protocole de collage Manque d’études cliniques sur
Diminution des interfaces de
et de mise en place le conditionnement des
collage
surfaces
Diminution de l’épaisseur de
résine de collage
Forme anatomique Réintervention endodontique
Autres CFAO, gain en précision possible mais nécessite un
Absence de phénomène de plateau technique conséquent
corrosion Manque de recul clinique

Tableau 4. 4 : Avantages et inconvénients des RCR en fibre de verre usinés par CFAO

4. 5. 3. RCR en zircone

129
AVANTAGES INCONVENIENTS
Ténacité élevée
Liés aux propriétés Résistance mécanique à la Module d’élasticité très élevé
mécaniques, physiques, compression et à la flexion Esthétique moindre : opacité
esthétiques et biologiques élevée (esthétique améliorer pour les
Biocompatibilité zircones nouvelles générations)
Radio opaque
Contraintes moins importantes Distribution inhomogène des
Liés au mode de distribution au niveau de l’interface de contraintes au sein de la racine
des contraintes et à la collage Mode de fracture non
résistance à la fracture Résistance à la fracture de favorable
l’ancrage élevée Risque majoré de fracture en
secteur antérieur
Liés au protocole de collage Nécessite une étape au
Possibilité de collage ou de
et de mise en place laboratoire avec une phase de
scellement
temporisation
Forme anatomique si méthode
Réintervention endodontique
indirecte choisie
fortement déconseillée
Autres Bon recul clinique sur du
Manque de recul clinique sur
court-terme
les inlay-core en zircone usinés
Absence de phénomène de
par CFAO
corrosion

Tableau 4. 5 : Avantages et inconvénients des RCR en zircone

4. 5. 4. RCR en PEEK

130
AVANTAGES INCONVENIENTS
Propriétés dépendantes de
l’axe d’usinage
Liés aux propriétés Module d’élasticité très proche
Energie de surface inerte et
mécaniques, physiques, de la dentine (CFR-PEEK)
mouillabilité faible
esthétiques et biologiques Biocompatibilité
Esthétique moindre (opacité)
Stabilité colorimétrique
Radio claire

Distribution homogène des


Liés au mode de distribution Contraintes élevées au sein de
contraintes au sein de la racine
des contraintes et à la l’interface de collage et de la
Biomimétisme mécanique
résistance à la fracture zone cervicale
Mode de fracture favorable

Valeur d’adhésion faible,


Liés au protocole de collage
risque accrue de décollement
et de mise en place
Risque plus élevé de perte
d’étanchéité coronaire
Forme anatomique
Autres CFAO, gain en précision Très peu de recul clinique
Absence de phénomène de concernant les RCR en PEEK
corrosion

Tableau 4. 6 : Avantages et inconvénients des RCR en PEEK

4. 5. 5. Quelle RCR choisir ? Proposition de classification clinique

Face à une dent fortement délabrée et traitée endodontiquement, le chirurgien-dentiste doit dans
un premier temps poser l’indication d’une reconstitution corono-radiculaire. Plusieurs critères essentiels
sont à prendre en compte tels que la quantité de tissus dentaires restants, la présence d’un cerclage
périphérique cervical ou encore la localisation de la dent sur l’arcade.
Dans le cas de restauration en secteur antérieur, la composante esthétique s’ajoute aux critères
précédemment cités. C’est pourquoi les RCR en alliages métalliques, en plus d’engendrer des
contraintes importantes au sein de la racine (Zhou et Wang, 2013), ne sont pas une solution de choix.
En effet, ces derniers sont responsables d’une opacité de la région cervicale et d’un assombrissement
du parodonte péri-dentaire (Seguela et d’Incau, 2015).

131
Une fois l’indication de l’ancrage posée, le chirurgien-dentiste a le choix entre différents
matériaux et différentes méthodes pour réaliser la RCR.

La solution répondant le mieux au cahier des charges d’une RCR est la restauration par matériau
inséré en phase plastique associée à un tenon en fibres de verre.
D’une part, il s’agit de la restauration la plus conservatrice. Or, plus la quantité de tissus
dentaires restants est grande, plus la résistance mécanique est élevée. Ainsi, les chances de succès du
traitement réalisé sont accrues.
D’autres part, cette méthode dispose d’un recul clinique important. Les essais cliniques réalisés
ont démontré de bons résultats sur le moyen terme (Figueiredo et al, 2015) avec un nombre d’échecs
liés aux fractures radiculaires moindre que pour les ancrages en alliage métallique (Marchionatti et al,
2017). Ceci est lié au module d’élasticité des ancrages en fibres de verre proche de celui de la dentine
permettant une meilleure répartition des contraintes dans la racine. Ils ont un comportement
biomimétique sous l’effet d’une contrainte externe.
De plus, leur mise en place initialement complexe est de plus en plus aisée depuis le
développement de protocoles de collage simplifié, notamment avec l’apparition des colles auto-
adhésives. Ces dernières permettent de réduire le nombre d’étapes et ainsi diminuer l’effet praticien
dépendant sur le collage. Cela permet d’étendre les indications des RMIPP avec tenon fibré à des
situations cliniques moins favorables. Dorénavant, des RCR sur des préparations possédant 1 ou 2
parois sont possibles par cette technique et présentent un très bon taux de survie sur le moyen terme
(Wang et al, 2019).
En outre, les tenons en fibres de verre et les résines de collages utilisées dans le cadre de ces
restaurations permettent un rendu esthétique optimal.
Enfin, les RMIPP permettent d’assurer le continuum endo-prothétique. Une obturation
coronaire étanche réalisée le plus rapidement possible après le traitement endodontique permet
d’augmenter les chances de succès thérapeutiques (Heling et al, 2002). D’après TRONSTAD et al, le
taux de succès d’un traitement associant une obturation endodontique et coronaire de bonne qualité est
de 81% contre seulement 71% si la restauration coronaire est défectueuse (Tronstad et al, 2000).

Depuis peu, des RCR en fibres de verre et usinés par CFAO ont été développés, notamment le
Numerys GF d’ITENA. Ces restaurations présentent de nombreux avantages. En effet, leur forme
anatomique permet de réduire l’épaisseur de colle entre la restauration et la dentine radiculaire. Une
épaisseur trop élevée est source d’échec pour les RMIPP avec tenon fibré du fait de la possible formation
de bulle affaiblissant le collage. Ainsi, la force d’adhésion des inlay-core en fibre de verre usinés est
supérieure à celle des tenons préfabriqués en fibres de verre (Tsintsadze et al, 2017).
De plus, ces restaurations s’inscrivent dans la chaine numérique de CFAO, chaine qui permet
de gagner en précision. Si le praticien est équipé d’une caméra optique et d’une usineuse, il peut réaliser

132
le traitement radiculaire et la RCR dans la même journée permettant ainsi d'assurer le continuum endo-
prothétique. Cependant, cela nécessite un investissement économique important pour le chirurgien-
dentiste qui dans le cas contraire devra passer par un laboratoire de prothèse.
Enfin, ces restaurations sont encore très récentes, ainsi il manque de recul pour évaluer leur
qualité clinique sur le moyen-long terme. D’autres études in vitro et in vivo sont aussi nécessaires pour
optimiser le protocole de collage et étudier leur comportement biomécanique en réponse aux forces
occlusales.

En cas de situation clinique très délabrée ne permettant ni de conserver suffisamment de parois


dentinaires, ni d’avoir un effet ferrule, ni de pouvoir poser le champ opératoire, un traitement de
“dernière chance” peut être réalisé pour maintenir le plus longtemps possible la racine résiduelle. Dans
ce cas, il est possible de réaliser une RCR en zircone. Les propriétés mécaniques très élevées de la
zircone apportent de la résistance à la restauration, notamment en flexion ce qui est primordial en secteur
antérieur. De plus, la zircone peut aussi bien être collée que scellée à l'aide d'un CVIMAR (Peutzfeldt
et al, 2011). Cela est une solution aux situations cliniques avec des limites infra-gingivales où la pose
du champ opératoire étanche est impossible.
Cependant, la zircone est un matériau très rigide. Son utilisation comme RCR augmente le
risque de fracture de la racine restaurée. En effet, les ancrages en zircone par leur module d’élasticité
élevé, se comportent comme des alliages métalliques (Jafari et al, 2021). Mais contrairement à ces
derniers, ils ont l’avantage de ne pas apporter de préjudice esthétique ce qui en effet une alternative
thérapeutique en secteur antérieur.
De plus, le recul clinique sur du court terme (<3 ans) pour les RCR en zircone est bon (Zhang
et al, 2019) et le développement des zircones “nouvelles générations” usinables permet d’inscrire ces
restaurations dans la chaine du numérique et de gagner en précision et en esthétisme.
Enfin, la ré-intervention endodontique au travers d’un ancrage en zircone est impossible et sa
dépose est tout aussi difficile. Mais cet inconvénient est à relativiser vis-à-vis de la situation clinique
initiale précaire (situation avant la mise en place d’une RCR en zircone).

Ainsi, dans le cas de restauration corono-radiculaires, le chirurgien-dentiste dispose de


plusieurs solutions thérapeutiques. Ces dernières sont amenées à évoluer au cours des prochaines
années. En effet, les restaurations en fibres de verre usinés sont très récentes et peuvent être améliorées,
tout comme les restaurations en PEEK. Si ce dernier a fait ses preuves en implantologie, il montre
encore trop de limites pour être utilisé comme RCR. Notamment, les procédures de collage qui doivent
être optimisées afin de réduire le risque de décollement. Toutefois, ses propriétés mécaniques au plus
proches de celles de la dentine ainsi que son usinabilité par CFAO en font un matériau au potentiel très
encourageant.

133
Pour finir, les différents éléments apportés par ces recherches permettent de proposer une mise
à jour en 2022 de la classification clinique établie en 2018 par ZAROW et al. Cette dernière, basée sur
la quantité de tissu résiduel, propose cinq solutions de traitement : une restauration sans ancrage
radiculaire, une RMIPP avec tenon fibré, une RMIPP avec tenon fibré et pré-traitement, un inlay-core
en alliage précieux et l’extraction (Zarow et al, 2018).
La classification proposée aujourd’hui a pour but d’aider le praticien dans le choix de la
restauration d’usage d’une dent délabrée, traitée endodontiquement et localisée en secteur esthétique.
Elle doit permettre de répondre à deux questions : tout d’abord, un ancrage corono-radiculaire est-il
nécessaire ? Si oui, quel ancrage choisir ?
Elle est basée sur le nombre de parois résiduelles, la présence d’un cerclage périphérique et la
situation de la limite. Pour cela, il a été considéré comme paroi résiduelle toute paroi dont l’épaisseur
est supérieure à 1mm et dont la hauteur est supérieure à 1,5 mm. De plus, seules les reconstituions
corono-radiculaires dont les propriétés esthétiques jugées bonnes sont proposées.

La classification est décomposée en 6 classes :


Classe 1 Pas d’ancrage radiculaire, restauration avec un moignon composite
3 parois résiduelles ou plus, cerclage périphérique, limite juxta ou supra-gingival
Classe 2 RMIPP avec tenon préfabriqué en fibres de verre
2 parois résiduelles ou plus, cerclage périphérique, limite juxta ou supra-gingival
Classe 3 RMIPP avec tenon préfabriqué en fibres et pré-traitement associé (élongation
coronaire ou traction chirurgicale)
2 parois résiduelles ou plus, cerclage périphérique insuffisant, limite juxta ou infra-
gingivale
Classe 4 Inlay-core en fibres de verre usinée par CFAO
1 à 2 parois résiduelles, cerclage périphérique insuffisant, limite juxta ou supra-gingival
Classe 5 Inlay-core en zircone
1 paroi ou moins, cerclage périphérique insuffisant, limite juxta ou infra gingival
Classe 6 Avulsion

Tableau 4.7 : Classification clinique


Choix de la reconstitution corono-radiculaire en secteur esthétique selon le nombre de parois
résiduelles, la présence ou non du cerclage périphérique et la situation de la limite

Cette classification est basée sur les critères jugés comme essentiels et s’inscrit dans une volonté
de gradient thérapeutique. L’ensemble des autres critères évoqués précédemment permettent d’orienter
le choix vers un type de restauration. Ainsi, chez un patient avec une mauvaise hygiène bucco-dentaire,

134
les restaurations corono-radiculaires collées seront moins indiquées. Tandis que pour un patient
présentant des parafonctions (type bruxisme) non traitées ce seront les restaurations en zircone qui
seront moins indiquées.

135
CONCLUSION

En présence d’une dent délabrée, traitée endodontiquement et située en secteur antérieur, le


chirurgien-dentiste doit dans un premier temps évaluer le type de restauration le plus approprié. Parmi
les critères décisionnels, la quantité de tissu résiduel et la possibilité d’un cerclage périphérique sont
des éléments déterminants. L’indication d’une reconstitution corono-radiculaire ne sera posée qu’en cas
de délabrement important.

De plus, à l’heure d’une dentisterie moderne, l’approche doit être la plus conservatrice et
biomimétique possible. Ainsi, une fois l’indication d’une RCR posée, le praticien doit entreprendre une
réflexion sur le type de matériau utilisé et la technique de mise en œuvre. Cette réflexion sera également
guidée par des critères esthétiques.
Les restaurations foulées par matériaux insérés en phase plastique supportées par un ancrage
radiculaire en fibres de verre permettent l’approche la plus conservatrice et esthétique. Cependant elles
sont confrontées à un besoin plus important de tissus résiduels en comparaison aux restaurations
indirectes coulées qui sont, elles, moins économes en tissus dentinaires.

La dentisterie est une science médicale qui évolue au grès des avancées scientifiques, et dont
les recommandations cliniques sont amenées à être modifiés en fonction de ces dernières. En 2022, à la
vue des nouveaux matériaux de RCR disponibles (résine renforcée par des fibres de verre), du
développement des procédures de collage (colle auto-adhésive) et des procédés de fabrication
(empreinte optique, CFAO), une nouvelle classification concernant les RCR en secteur antérieur peut
être proposée et servir de guide de réflexion au chirurgien-dentiste dans sa pratique quotidienne. Mais
en aucun cas, le praticien confronté à une dent traitée endodontiquement, ne doit proposer et effectuer
le même traitement thérapeutique pour chaque patient. L’éventail de possibilités de traitements s’offrant
à lui doit être analysé et le choix se fera en fonction des critères mécaniques, fonctionnels et esthétiques
propres à la situation. Le type de restauration choisie devra également être en adéquation avec le plan
de traitement buccal global et prendre en compte les caractéristiques médicales et les attentes du patient.

Cette proposition de classification est amenée à évoluer au cours de prochaines années par le
fait du développement rapide des nouveaux matériaux de RCR. Si le PEEK est pour le moment
confronté à des problèmes de procédure de collage, de nouveaux matériaux sont en cours de
développement, notamment les polymères de hautes performances (HPP) usinables par CFAO (Vita
Enamic, VITA) ou encore les fibres de polyéthylènes (Ribbond Fibers)

136
137
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151
EOUZAN Pierre-Antoine

RESTAURATION CORONO-RADICULAIRE ET APPROCHE ESTHETIQUE EN SECTEUR


ANTERIEUR : UN POINT EN 2022

RESUME :

Dans une volonté de dentisterie conservatrice et biomimétique, l’indication des restaurations corono-
radiculaires a considérablement évolué au cours de ces dernières années. Aux critères fonctionnels,
viennent s’ajouter, en secteur antérieur, des critères esthétiques. L’objectif de ce travail est de
présenter les différents ancrages pouvant répondre à ces critères et de présenter pour chacun leurs
avantages et leurs inconvénients. Pour conclure, une classification clinique est proposée aux
praticiens afin d’aider à poser l’indication d’une RCR et à choisir la technique et le type de matériaux
à utiliser.

RUBRIQUE DE CLASSEMENT : Prothèse, Dentisterie Restauratrice et Endodontie

MOTS CLES : Restauration corono-radiculaire, Ferrule, Restauration par matériaux insérés en


phase plastique, RMIPP, CFAO, Zircone, PEEK.

JURY :
Président : Professeur Arbab-Chirani Reza (PU-PH)
Assesseurs : Docteur Vallaeys Karen (MCU-PH)
Docteur Bonnabesse Anaïs (MCU-PH)
Docteur Berbel Fanny (AH)
Docteur Clappe Lorraine (AH)

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