Résines Composites en Technique Directe
Résines Composites en Technique Directe
Résines Composites en Technique Directe
■ A. Raskin / N. Lehmann ■
es résines composites ont été déve- organique) et d’un renfort constitué de Composition et structure
L loppées pour pallier notamment les
insuffisances esthétiques de matériaux
charges (ou phase chargée).
Outre ses propriétés esthétiques, ce Les trois constituants des résines
antérieurs (silicates et résines acry- matériau est collé au substrat dentaire composites dentaires (en abrégé dans
liques). Elles se sont considérablement par l’intermédiaire d’une résine adhé- la suite du texte : composite) sont la
développées et améliorées depuis leur sive et cela a permis le développement phase organique, les charges et l’agent
mise sur le marché dans les années d’une dentisterie peu mutilante, res- de couplage (silane) (fig. 1).
60. Actuellement, dans de nombreux pectant les tissus sains.
pays, c’est le matériau de restauration Un relevé sur Internet a permis de Phase organique
le plus utilisé en technique directe. En dénombrer plus de 130 résines com- La phase organique ou matrice rési-
odontologie, on appelle une résine posites utilisées en technique directe, neuse représente 25 à 50 % du volume
composite un matériau constitué d’une commercialisées chez plus de 30 fabri- (12 à 40 % en poids) du composite.
matrice organique résineuse (ou phase cants (cf. tableau en annexe 1). Elle sert de liant et permet l’insertion
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Résines composites en technique directe. Propriétés, intérêts et indications cliniques
2
A. Raskin, N. Lehmann
Il y a donc tout intérêt à augmenter noyau en silice inorganique greffé de de 1 à 40 μm (macrochages de quartz).
les charges et à diminuer leurs dimen- groupements multifonctionnels de Ils ont un pourcentage de charges de
sions. Malheureusement, ces deux méthacrylate. On trouve également des 78,0 % en poids (64,0 % vol) et sont
objectifs concourent à augmenter la charges organo-organiques (triméthy- tous chémopolymérisables. Ils ne
viscosité du composite et limitent les lol propane triméthacrylate). représentent plus qu’environ 1 % du
possibilités de manipulation. Les métaux lourds (baryum, alumi- marché.
nium, strontium, etc.) confèrent au maté-
Principales charges riau un pourcentage de radio-opacité. Microchargés
La silice pure se présente sous dif- Afin d’améliorer l’esthétique et l’état
férentes formes cristallines (telles que Silane de surface des composites, les micro-
la crystobalite, la tridymite et le quartz), La cohésion des phases organique chargés sont apparus dans les années
et sous forme non cristalline (le verre). et chargée est assurée dans la plupart 70. Ils ont des charges de 0,04 μm
Les formes cristallines sont plus dures des cas par le processus de silanisa- (microcharges) de silice et une distri-
et plus résistantes, mais posent des tion des charges. Les deux organosi- bution des autres charges (charges
problèmes de finition et de polissage. lanes les plus fréquemment utilisés sont prépolymérisées) de 10 à 50 μm. Le
C’est pourquoi la plupart des compo- le MPMA (g-méthacryloxypropyltrimé- pourcentage moyen de charges est de
sites actuels sont composés de verre thoxysilane) et le APM (g-acryloxypro- 57,0 % en poids (44,5 % vol). Ils repré-
de silicate. pyltriméthoxysilane). Grâce aux sentent 9 % du marché.
On distingue classiquement des méthodes apportées par la nanotech-
macrocharges ou charges tradition- nologie, il est possible actuellement de Hybrides
nelles (initialement de 10 à 100 μm) créer directement soit des charges Les composites hybrides, apparus
composées de grosses particules de organo-minérales (type OrMoCer®) ou dans les années 80, représentent la
verre ou de quartz et des microcharges des charges silanisées en un temps plus grande famille (90 % du marché).
(0,04 μm soit 40 nm) constituées de de synthèse. Actuellement, trois sous-familles
silice (SiO2). peuvent se distinguer : ceux à « midi »
Au fur et à mesure du développe- particules qui gardent le nom de
Classification des résines
ment des techniques permettant de composites [7-10] « hybrides », ceux à « mini » particules
mieux fragmenter les macrocharges, sont plus généralement appelés
celles-ci se sont rapprochées de la taille Les composites ont été classés de « microhybrides » – ce qui peut prê-
des microcharges et ont été appelées différentes manières pour essayer de ter à confusion avec les microchargés,
midi (1-10 μm) – et mini (0,1-1 μm) par- prendre en compte la diversité des composés uniquement de micro-
ticules. orientations prises par les fabricants. charges de SiO2. Enfin, actuellement,
L’incorporation d’un maximum de La manière la plus répandue s’appuie la tendance est à la commercialisation
charges dans la résine, compatible sur la taille moyenne des particules du de composites s’appuyant sur la nano-
avec une viscosité adéquate pour la composant le plus important en volume technologie et contenant, entre autres,
clinique, demande une distribution opti- (fig. 2). D’autres paramètres doivent des nanoparticules de 2 à 70 nm plus
male des tailles des particules. L’utili- également être pris en considération : des mini-particules : ce sont les
sation de charges de même diamètre distribution des charges, viscosité, « microhybrides nanochargés ».
ne permet pas une occupation maxi- mode de polymérisation. Enfin, les
male des espaces. En choisissant plu- composites sont également nommés Selon la viscosité
sieurs granulométries, les vides laissés selon leurs indications cliniques. Trois viscosités sont proposées pour
par les particules les plus grosses peu- les résines composites : standard,
vent être comblés grâce à des parti- Selon la taille et le fluide et compactable.
cules plus petites. La reproduction de pourcentage de charges La viscosité standard est la plus fré-
ce processus a mené à l’utilisation Il existe 3 familles de composites : quente des viscosités utilisées et dis-
d’une distribution sophistiquée des les macrochargés, les microchargés ponibles sur le marché (fig. 4). Jus-
tailles de particules de charge. et les hybrides (fig. 2 et 3). qu’en 1996, elle était la seule
Certains fabricants utilisent des commercialisée.
charges « organiques » à base de céra- Macrochargés
mique organiquement modifiée, ce Les macrochargés ont été les pre- Fluide
sont des OrMoCers®. Il s’agit de miers composites commercialisés En 1996, les fabricants ont proposé
macromonomères composés d’un (années 60). Ils présentent des charges les premiers composites fluides pour
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Résines composites en technique directe. Propriétés, intérêts et indications cliniques
Compactable
Plusieurs fabricants ont commercia-
lisé (après 1997) des composites cen-
sés rejoindre la facilité et la vitesse de
Microhybrides nanochargés manipulation des amalgames. Ces
composites sont donc indiqués pour
des restaurations dans le secteur pos-
77,4 térieur (classes I et II). Ces matériaux
ont une viscosité élevée d’où leur
61,0
appellation de compactables
(« condensable » en anglais). La consis-
tance de ces composites a été modi-
fiée par divers procédés : modifications
des charges (poreuses pour le Soli-
taire® de Heraeus Kulzer ; fibres de
fig. 2 - Structure, pourcentage de charges (poids et volume) et distribution des verre pour Alert™ de Jeneric Pentron).
charges des résines composites de viscosité standard. D’autres fabricants ont opté pour des
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A. Raskin, N. Lehmann
modifications de la matrice organique semble plus se développer actuelle- sation par rapport à la chémopolymé-
(Prodigy condensable®, Kerr ; P60®, ment. risation. En effet, les composites ché-
3M Espe). mopolymérisables, même s’ils pré-
Les qualités annoncées pour ces Selon le mode de polymérisation sentent une cinétique de dissipation
matériaux ont été rarement confirmées Les composites utilisés en technique des contraintes de rétraction favorable,
et les propriétés mécaniques, à directe ont un mode de prise essen- ont des propriétés inférieures aux com-
quelques exceptions près, sont infé- tiellement photopolymérisable, parfois posites photopolymérisables : temps
rieures aux microhybrides et microhy- chémopolymérisable et très rarement de travail limité, temps de prise long,
brides nanochargés de viscosité stan- dual (fig. 6). Ceci est la conséquence incorporation de bulles d’air limitant la
dard. Cette famille de composites ne des avantages de la photopolyméri- polymérisation et augmentant la rugo-
sité de surface, discolorations fré-
quentes, taux de conversion réduit,
esthétique moins satisfaisante, pour-
centage de charges plus faible et donc
propriétés mécaniques inférieures.
Malgré cela, les chémopolyméri-
sables ont été et sont encore utilisés, en
particulier dans le secteur postérieur.
Les arguments sont la possibilité de les
placer en masse et de gagner du temps.
Cependant, le gain de temps n’est pas
flagrant et la technique en masse n’est
pas en faveur du facteur C (nombre de
parois collées/nombre de parois non
collées) ni de la diminution de la rétrac-
tion de prise. De plus, on sait actuelle-
ment que la rétraction de prise ne se
fait pas en direction de la lumière [11]
fig. 5 - Vue de l’affaissement de 0,1 ml de composite dit « fluide » à 22 °C en et que, par conséquent, il n’y a pas plus
1 minute [d’après CRA 2006 ; 10(9)]. de risque de décollement dans le fond
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Résines composites en technique directe. Propriétés, intérêts et indications cliniques
H 3 1 10 14
H 2 2
H-Mi 1 64 65
H-Mi* 2 2
H-MiN 8 8
H-Mi 1 1
H RFV 1 1
H-Mi 1 1
H-Mi 2 2
a été corrigé après mise à jour
H-MiN 26 26 116 de Kuraray le 4 mars 2009 : ajout
MA 1 1 de Majesty Posterior (MHN
MI 8 8 viscosité M), élimination de
MIR 2 2 posterior 3 (Mi viscosité M),
clearil ST (H viscosité M chémo)
Total 6 1 126 133
et photo anterior (MI viscosité M)
Nb absolu
Macro- 100
chargés 1 0 90 Microchargés
Hybrides 1 4 117 Hybrides
80
Micro- Macrochargés
chargés 0 8 70
1 5 125 131 60
50
% 40
fig. 6 - Part 30
Dual Chémo Photo du marché des
20
différents modes
Macro- de polymérisation 10
pour chaque famille
chargés 0 1 0 de résines
0
Hybrides 1 3 89 composites. Dual Chémo Photo
Micro-
chargés 0 0 6
1 4 95 100
de la cavité avec la photopolymérisa- Selon les indications cliniques en fonction de ces deux paramètres et
tion. La direction de contraction est sur- (tabl. I) que le cahier des charges est différent
tout dépendante de la forme de la cavité Les composites sont généralement selon la localisation de la restauration.
et de la qualité du collage. présentés par le fabricant comme étant À cela, il faut ajouter les impératifs bio-
Dans les études cliniques, les com- un composite « antérieur », « postérieur » logiques, mécaniques, fonctionnels et
posites photopolymérisables ont, la ou « antéro-postérieur ». Ce choix est lié esthétiques qui conditionneront le choix
plupart du temps, un taux de succès à la famille et à la viscosité du compo- du matériau d’obturation.
supérieur aux composites chémopo- site. Ceci sous-entend bien sûr que les Cette partie sera développée ci-après
lymérisables. propriétés du composite sont différentes (p. II, Intérêts et indications cliniques).
6
A. Raskin, N. Lehmann
Macro-
Famille Microchargés Microchargés renforcés Hybrides
chargés
Pour la rétraction de prise et le coefficient d’expansion thermique (CET), les signes – indiquent un comportement défavorable.
Mi : microchargés ; MiH : microhybrides ; MiHN : microhybrides nanochargés.
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Résines composites en technique directe. Propriétés, intérêts et indications cliniques
conductivité thermique (aptitude d’un permet de détecter le matériau radio- tine est caractérisée par une opacité
matériau à transmettre la chaleur qui logiquement, de poser le diagnostic élevée, une fluorescence marquée et
lui est fournie) des composites est, différentiel avec les récidives de caries une variabilité importante de sa satu-
quant à elle, faible. Par conséquent, et de vérifier l’adaptation marginale du ration liée à l’âge du patient. À l’in-
les changements de température de composite. Idéalement, la radio-opa- verse, l’émail est translucide, opales-
la cavité buccale doivent probablement cité devrait être légèrement supérieure cent et très faiblement saturé.
être prolongés pour que les contraintes à celle de l’émail [13], surtout pour les Les différences d’opacité sont obte-
générées par ceux-ci puissent être restaurations dans le secteur posté- nues grâce aux différences d’indice de
transmises à l’interface. rieur (importance du dépistage radio- réfraction entre les charges minérales
Un fond de cavité éventuellement logique des récidives de caries) (fig. 7 et la matrice ; les différents niveaux de
placé n’aura donc pas d’intérêt en et 8). Mis à part les composites micro- saturation sont obtenus grâce à des
termes d’isolant thermique. chargés (dont les charges à base de concentrations variables en oxydes
SiO2 ne sont pas radio-opaques), la métalliques.
Absorption d’eau plupart des composites commerciali- Les premiers composites commer-
Les composites absorbent de l’eau sés sont radio-opaques [14]. cialisés proposant des niveaux de satu-
(± 2 % en poids). Cette absorption • Teintes ration en deux opacités différentes
d’eau est d’autant plus importante que La réduction du nombre de teintes étaient l’Herculite XRV® (Kerr) et le
le pourcentage de charges est faible disponibles dans un système et l’ap- Brilliant® (Coltène-Whaledent). Ces sys-
et que le taux de conversion est réduit. parition d’une nouvelle terminologie tèmes reposaient sur le teintier Vita®
Ce processus est progressif et même (abandon très souvent du système Vita®) qui propose 4 teintes différentes : A,
s’il peut compenser en partie la rétrac- caractérisent l’évolution colorimétrique B, C et D avec différents niveaux de
tion de prise du matériau, il n’empê- des nouveaux composites. En effet, saturation classés de 1 à 4.
chera pas l’arrachement éventuel du depuis plusieurs années, certains fabri- Cette approche se heurte aux limites
joint adhésif lors de la rétraction de cants avaient multiplié le nombre de de la perception visuelle et à la discri-
prise qui est, elle, immédiate et ne per- teintes afin de réaliser des restaurations mination précise de la totalité des
mettra pas de le récupérer. d’un niveau esthétique élevé (technique teintes par les praticiens. DE doit être
de stratification pour la reconstitution > 3,3. (DE = distance entre deux
Propriétés optiques des dents antérieures). Ces composites points dans le repère colorimétrique
• Radio-opacité sont surtout utilisés par des praticiens L*, a*, b*) [15].
La radio-opacité est obtenue par les spécialisés en restaurations esthétiques Par conséquent, les limites physiolo-
métaux lourds (baryum, strontium, (composites dits « experts ») (fig. 9). giques de la perception visuelle de ces
ytterbium, etc.) et est généralement La dentine et l’émail ont des pro- différences, souvent faibles, entre cer-
évaluée par rapport à l’aluminium. Elle priétés optiques différentes : la den- taines des 16 couleurs, ont conduit à
fig. 7 - Un composite fluide radio-clair (par exemple, Renamel fig. 8 - Un composite fluide radio-opaque (exemple : Virtuoso
Flowable Microfill®, Cosmedent) peut ressembler à des lésions Flowable®, Denmat) est parfaitement identifié sur une
carieuses sur une radiographie [d’après CRA 2006;10(10)]. radiographie [d’après CRA 2006;10(10)].
8
A. Raskin, N. Lehmann
Tableau III - Propriétés des différentes familles de composites (les moyennes citées dans ce tableau
ont été calculées à partir des données obtenues chez les fabricants ou publiées par plusieurs auteurs [16-22]).
Module Résistance
Dureté Rétraction
Famille Viscosité Nb d’élasticité à la flexion
(Vickers) de prise
(GPa) (MPa)
Macrochargé (1)
Microchargés (8)
Microchargés Standard 4 4,8 (2,3-7,6) 69,5 (48,4-90,0) 31,5 (15,4-54,7) 3,1 (1,8-5,2)
Fluide 2 4,4 96,0 30,0 ND
Microchargés renforcés Compactable 1 6,5 125,0 41,5 2,7
Standard 1 6,0 78,0 35,0 1,9
Hybrides (122)
Hybrides Compactable 4 9,7 (2,9-20,6) 103,2 (80,0-117,2) 51,2 (24,2-88,1) 2,7 (1,7-3,6)
Standard 8 14,5 (9,0-17,7) 148,6 (100,0-204,0) 86,7 (85,0-88,4) 2,3
Fluide 4 9,1 112,5 (110,0-115, 0) ND ND
Microhybrides Compactable 9 10,6 (4,9-20,8) 124,8 (105,5-150,0) 58,7 (37,2-74,0) 2,3 (1,2-3,4)
Standard 39 9,7 (6,1-13,6) 111,5 (67,6-161,0) 58,4 (32,3-110,6) 2,9 (1,5-4,7)
Fluide 23 4,4 (1,9-5,9) 88,0 (42,8-114,5) 24,3 (12,1-54,4) 4,0 (2,0-5,0)
Microhybrides nanochargés Compactable 0
Standard 23 9,0 (7,4-10,2) 93,6 (58,0-128,0) 44,6 (25,8-59,9) 2,9 (1,7-4,0)
Fluide 12 5,5 80,9 28,4 ND
9
Résines composites en technique directe. Propriétés, intérêts et indications cliniques
aux forces latérales. Les résultats enre- mission de contraintes aux interfaces Dureté
gistrés avec ce type de tests sont dis- (flexion des cuspides résiduelles). En La dureté peut être définie comme
persés parce que les composites ont revanche, un faible module d’élasticité la résistance qu’un corps oppose à
des défauts internes, des micro-frac- sera recherché pour les restaurations une déformation plastique locale, sous
tures de surface qui diminuent la résis- de classe V qui subissent des charge. C’est une propriété mécanique
tance à la traction. contraintes en flexion consécutives aux de surface.
Les composites ont néanmoins une forces masticatoires. Dans ce cas, un Plusieurs procédés existent, mais ils
bonne résistance à la traction (25,5- module d’élasticité élevé pourrait entraî- reposent tous sur le même principe :
71,9 MPa), résistance supérieure à ner l’expulsion de la restauration en mesure de la pénétration d’un inden-
celle de l’amalgame (48,0 MPa), à l’ex- composite [25]. teur à la surface du composite [Vickers
ception des composites microchargés À l’exception de quelques compo- (HV), Knoop (HK), Brinell (HB), Rockwell
et des composites fluides. Cependant, sites compactables, tous les compo- (HR)].
dans une même famille de composites, sites ont un module d’élasticité infé- La dureté reflète la difficulté de fini-
la diversité des résultats est importante, rieur à celui de la dentine (18,5 GPa) tion et de polissage d’un matériau [27]
ce qui rend impossible la sélection d’un et tous ont un module d’élasticité infé- et donne une indication de la résis-
matériau pour une indication précise rieur à l’émail (82,5 GPa). Des diffé- tance du matériau à l’abrasion [28].
sur la seule base de la famille d’ap- rences importantes de modules d’élas- Elle est aussi exploitée pour mesurer
partenance. ticité sont observées entre les le degré de conversion du composite
différentes familles de composites ainsi puisque c’est une technique simple à
Ténacité qu’entre les composites d’une même réaliser [29].
La ténacité (fracture toughness = KlC) famille. Les valeurs les plus élevées La dureté de l’émail est nettement
est une propriété intrinsèque qui tra- sont enregistrées avec les composites supérieure à tous les matériaux com-
duit la résistance d’un matériau à s’op- microhybrides et microhybrides nano- posites (268 à 375 HV). La variabilité
poser à la propagation des fissures chargés de viscosité standard haute- est importante entre les différents com-
(défauts) [23]. La présence d’une fêlure ment chargés. Le module d’élasticité posites même si la dureté est influen-
affecte la résistance à la fracture. Un des composites microchargés et/ou cée par la phase organique et corré-
tel défaut in vivo serait le résultat du de viscosité fluide n’atteint pas la moi- lée au taux de charges. Les composites
phénomène de fatigue qui survient lors tié de la valeur de ceux des compo- fluides et microchargés sont les moins
de la mastication [24]. sites microhybrides et microhybrides durs [30]. Les valeurs les plus élevées
La ténacité des composites macro- nanochargés de viscosité standard et sont enregistrées pour les microhy-
chargés et surtout des microhybrides de certains composites compactables brides et les microhybrides nano-
et microhybrides nanochargés de vis- (tabl. II et III). chargés de viscosité standard (tabl. II
cosité standard est plus élevée que Cependant, une étude plus récente et III).
celle des composites microchargés [26] sur la rétention de classe V n’a
et/ou fluides. plus montré de différence significative Résistance à la fatigue
entre un composite hybride et un com- Les contraintes buccales sont
Module d’élasticité posite microchargé. On pourrait attri- cycliques. Bien que le mécanisme ne
Le module d’élasticité ou module buer ces résultats aux améliorations soit pas clairement établi, il est pos-
d’Young caractérise la rigidité d’un des produits et des techniques adhé- sible que la fatigue de la liaison inter-
matériau soumis à une contrainte. Plus sives. Les composites microchargés faciale ainsi que le phénomène d’hy-
le module d’élasticité est élevé, plus le gardent néanmoins l’avantage d’un drolyse auquel est sujette la couche
matériau est rigide et moins il se défor- meilleur état de surface. d’adhésif [31] causent des déforma-
mera sous la contrainte. Il joue avec le À l’heure actuelle, les composites à tions de cette zone [32]. Les répétitions
système adhésif un rôle important dans faible module d’Young comme les successives de ces déformations peu-
la prévention de la percolation, des dis- microhybrides et les microhybrides vent conduire à des phénomènes de
colorations marginales et des récidives nanochargés fluides sont surtout utili- fracture.
de caries. sés comme matériau intermédiaire Certaines propriétés mécaniques
Lorsque le matériau subit les forces sous des composites postérieurs hau- (résistance à la traction, module d’élas-
masticatoires, il est intéressant d’avoir tement chargés. Leur viscoélasticité ticité, dureté…) ne peuvent pas tou-
un module d’élasticité élevé, se rap- est censée dissiper les contraintes de jours prédire tous les modes d’échecs
prochant de celui de la dent et, en par- rétraction du composite chargé. en fatigue des restaurations en com-
ticulier, de la dentine pour éviter la trans- posite [33]. De plus, les matériaux pré-
10
A. Raskin, N. Lehmann
sentant une haute résistance initiale ne performants dans les restaurations sans groupe incisivo-canin maxillaire asso-
sont pas forcément les plus résistants contacts occlusaux. ciées à une parodontite et des migra-
en fatigue. Malgré une corrélation hau- Cependant, l’environnement buccal tions secondaires des incisives
tement significative entre le taux de est complexe et le(s) facteur(s) princi- mandibulaires. Après motivation,
charges du composite et son module pal(aux) de l’usure n’ont pas été déter- apprentissage de l’hygiène orale et
d’élasticité, aucune relation du même miné(s). D’ailleurs, il n’y a que peu de plusieurs séances de détartrage, il a
ordre ne peut être établie entre le taux corrélation entre les tests in vitro et les été nécessaire de supprimer les foyers
de charges et la résistance à la frac- tests in vivo. carieux avant d’entreprendre la cor-
ture en 4 points ou la limite de flexion Une revue de littérature [36] montre rection des migrations secondaires.
en fatigue [34]. En outre, la viscosité que l’usure est toujours parmi les prin- Nous avons envisagé dans un premier
du composite ne présente aucune cor- cipales causes d’échecs des restau- temps de rétablir l’esthétique et la fonc-
rélation avec les valeurs enregistrées : rations. tion de ces dents par la réalisation de
certains composites fluides sont plus Le matériau n’est pas seul en cause, restaurations composites qui, en plus,
résistants que d’autres viscosité24. Une d’une façon générale, plus la restau- permettent une économie des tissus
étude [35] a même montré que les ration est grande, plus il y a de contacts durs des dents atteintes (fig. 10 à 14).
composites microhybrides nanochar- occlusaux et plus elle est située en pos-
gés (Ceram X Mono de Dentsply ; Fil- térieur, plus importante sera l’usure. Intérêts esthétiques et fonctionnels
tek™ Supreme de 3M Espe ; Grandio® Depuis une dizaine d’années, on
de Voco ; Premise® de Kerr Hawe) ne Intérêts et indications cliniques assiste à une modification des
présentaient pas de résistance plus exigences esthétiques de la part
élevée à la fatigue en flexion que le Les restaurations adhésives en com- des patients. En effet, si la demande
composite microchargé testé (Helio- posite constituent des thérapeutiques esthétique était auparavant dirigée
molar® de Ivoclar Vivadent). de choix eu égard à leurs intérêts et essentiellement vers les dents anté-
indications cliniques. rieures, aujourd’hui, cette exigence se
Résistance à l’usure porte également sur les dents moins
L’usure a longtemps été considérée Intérêts biologiques visibles. La face vestibulaire de la pre-
comme le point faible des composites Les thérapeutiques adhésives en mière molaire maxillaire et la face occlu-
postérieurs. Depuis le développement composite permettent la pratique d’une sale de la première molaire mandibu-
des composites hybrides et en parti- dentisterie dite « a minima ». En effet, laire peuvent être visibles chez des
culier des microhybrides et des micro- la préservation de la vitalité pulpaire et patients qui découvrent largement lors
hybrides nanochargés, l’usure s’est l’économie des tissus durs de la dent du sourire. Une restauration adhésive
nettement améliorée (forme, taille et permettent de freiner le cycle des res- en composite permet de rétablir par-
taux de charges). Actuellement, les taurations dentaires favorisant ainsi la faitement l’esthétique originelle de l’or-
composites microhybrides et les micro- conservation plus longue des dents gane dentaire délabré. L’esthétique ori-
hybrides nanochargés, hautement sur l’arcade [37]. ginelle est à considérer tant sur le plan
chargés ont une usure satisfaisante, colorimétrique que sur le plan mor-
parfois inférieure à l’émail (±40 μm/an). Présentation d’un cas phologique et anatomique. Le rétablis-
Les composites microchargés ont une Une patiente de 34 ans présentait sement d’une anatomie originelle cor-
bonne résistance à l’abrasion et sont d’importantes lésions carieuses sur le recte permet de rétablir une fonction
11
Résines composites en technique directe. Propriétés, intérêts et indications cliniques
occlusale correcte : guide antérieur Présentation de cas tômes pulpaires permettaient d’envi-
dans le cas des incisives et occlusion • Premier cas sager le maintien de la vitalité pulpaire.
stable et équilibrée dans le cas des Ce cas porte sur une patiente qui a Après curetage du tissu carieux, le
molaires et prémolaires. Les restaura- consulté pour des sensibilités au froid délabrement coronaire était modéré et
tions adhésives en composite ont donc en secteur 1. L’examen clinique a mis les parois résiduelles étaient relative-
des intérêts fonctionnels et esthétiques en évidence une lésion carieuse ment épaisses. Nous avons envisagé
concomitants évidents. occluso-mésiale sur 15. Les symp- de restaurer cette dent par la réalisa-
a a
a b c d
a b c d
fig. 16 - a – Après préparation des tissus dentaires par l’application d’un système
adhésif, la restauration commence par la réalisation de la paroi proximale mésiale (à
l’aide du composite WR Miris 2®, Coltène-Whaledent) transformant ainsi la cavité de fig. 17 - Situation initiale.
classe 2 en cavité de classe 1. b – Vue clinique après application des couches de
masse dentine (S2 Miris 2®, Coltène-Whaledent) et masse émail (WR Miris 2®,
Coltène-Whaledent). c – Vue après caractérisation des sillons de la restauration avec
l’effet gold (Miris 2®, Coltène-Whaledent). d – Vue clinique finale après dépose du
champ opératoire, polissage et contrôle de l’occlusion de la restauration.
12
A. Raskin, N. Lehmann
tion d’un composite en technique d’une série de facteurs cliniques sys- à 23). Le résultat clinique est satisfai-
directe. (fig. 15 et 16). tématiques (liés à la patiente et à la sant (fig. 24).
• Deuxième cas situation clinique) a orienté l’indication,
Cette patiente, âgée de 24 ans, a après une réflexion tenant essentielle- Intérêts mécaniques
consulté pour une doléance esthétique ment compte du jeune âge de cette Les molaires mandibulaires peuvent
bien légitime au niveau des dents 11 patiente, vers une technique de strati- présenter parfois un angle cuspidien
et 21 (fig. 17). La prise en compte fication de composite antérieure (fig. 18 très marqué. Une telle anatomie est
considérée « à risque » en termes de
résistance biomécanique. De plus, en
raison de l’inclinaison linguale de leur
couronne, les molaires mandibulaires
sont prédisposées aux fractures des
cuspides guides (linguales) sous des
contraintes fonctionnelles.
Avec les techniques restauratrices
conventionnelles, le risque de fracture
fig. 18 - Une cire de diagnostic est fig. 19 - Mise en place du champ mésio-distale des premières prémo-
réalisée au niveau de la 11 et 21 sur un opératoire et essayage de la clé en laires est en rapport direct avec la pré-
moulage en plâtre et une clé palatine en silicone qui doit être positionnée sans
silicone est réalisée directement sur le interférence. On objective ainsi très sence de concavités cervicales et la
moulage pour enregistrer la morphologie facilement les modifications de forme profondeur des restaurations [38, 39].
des faces palatines à restaurer et servir proposées par la cire de diagnostic. Pour toutes ces raisons, les restaura-
de matrice « sur mesure » lors de la
tions adhésives en composite présen-
stratification.
tent un avantage certain pour les dents
fragilisées sur le plan biomécanique
[40-42].
l 13
Résines composites en technique directe. Propriétés, intérêts et indications cliniques
a b c d e
fig. 25 - a – 36 présente une perte de substance importante consécutive à une facture coronaire. La perte de substance intéresse
les cuspides linguales de la dent. La restauration de la dent avec un onlay composite est indiquée. b – Vue de la préparation
dentaire. c – Vue de l’onlay en composite (Adoro®, Ivoclar Vivadent). d – Vue après collage de l’onlay. e – Vue après dépose du
champ opératoire et réglage de l’occlusion.
Conclusion taines indications pourront être rem- 7 Rawls HR, Esquivel-Upshaw J. Restorative
resins. In: Anusavice KJ, ed. Phillips’science of den-
plies par les composites fluides.
tal materials. St. Louis: Saunders, 2003:399-441.
L’évolution structurale des compo- Au cabinet dentaire, un composite
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sites a surtout été marquée par l’aug- microhybride (nanochargé ou non) de Wilson NHF, Roulet JF, Fuzzi, eds, 2001:161-172.
mentation du pourcentage de charges, viscosité standard ainsi qu’un fluide et 9 Willems G, Lambrechts P, Braem M, Celis JP,
la diminution de leur taille, la modifi- éventuellement un microchargé de vis- Vanherle G. A classification of dental composites
cation de leur forme, l’amélioration de cosité standard permettent de according to their morphological and mechanical
l’agent de couplage (silane) et l’utili- répondre à toutes les indications cli- characteristics. Dent Mater 1992;8:310-319.
sation de particules de charges moins niques en technique directe. ■ 10 Heymann HO, Sturdevant JR, Roberson TM,
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dures. Depuis plus de 10 ans, la consis- II, and VI cavity preparations. In: Sturdevant CM,
tance de ces matériaux a également Anne Raskin - MCU PH, DDS, PhD Biomatériaux Roberson TM, Heymann HO, Sturdevant JR, eds.
été diversifiée puisque proposée ini- UFR d’odontologie de Marseille The art and science of operative dentistry. St. Louis:
Université de la Méditerranée Aix-Marseille II
tialement en une seule viscosité « stan- Mosby, 1995:586-625.
27, boulevard Jean-Moulin
dard », ils existent aussi sous la forme 13355 Marseille Cedex 05 11 Versluis A, Tantbirojn D, Douglas WH. Do den-
tal composites always shrink toward the light? J
de composites fluides (« flowables ») Nicolas Lehmann - DDS, PhD
Dent Res 1998;77(6):1435-1445.
17, rue Joseph-Le-Brix
et de composites compactables (« pac- 42160 Andrezieux-Boutheon 12 Mehl A, Hickel R, Kunzelmann KH. Physical
kables »). properties and gap formation of light-cured com-
Des composites macrochargés à la posites with and without “softstart-polymerization”.
« nano »-technologie, en passant par bibliographie J Dent 1997;25:321-330.
les microhybrides, les résines compo- 1 Van Noort R. Resin composites and polyacid-
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On peut distinguer actuellement trois Introduction to dental materials. St Louis: Mosby,
162.
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14 Sabbagh J, Vreven J, Leloup G. Radiopacity
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110.
particules de charges < 1 μm) et les
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14
A. Raskin, N. Lehmann
19 Manhart J, Kunzelmann KH, Chen HY, 28 Van Noort R. Introduction to dental materials, 36 Manhart J, Chen HY, Hamm G, Hickel. Review
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RÉSUMÉ Depuis leur mise sur le marché dans les années 60, les résines composites se sont considérablement développées
et améliorées. Une résine composite est constituée d’une matrice organique résineuse (phase organique) et d’un renfort consti-
tué de charges (phase chargée). Ce matériau est collé au substrat dentaire par l’intermédiaire d’une résine adhésive, per-
mettant le développement d’une dentisterie a minima, respectant les tissus sains.
La phase organique est constituée de résine matricielle, de diluants, du système de polymérisation et d’inhibiteurs de prise.
L’évolution structurale des composites a surtout été marquée par l’augmentation du pourcentage de charges, la diminution
de leur taille, la modification de leur forme, l’amélioration de l’agent de couplage (silane) et l’utilisation de particules de charges
moins dures. La consistance de ces matériaux a également été diversifiée (standard, fluide, compactable).
Des composites macrochargés à la « nano »-technologie, en passant par les microhybrides, les résines composites se sont
fortement développées.
On peut distinguer actuellement trois familles de résines composites : les macrochargés, les hybrides et les microchargés, les
hybrides comportant le plus grand nombre de matériaux. Parmi ceux-ci, on peut distinguer les microhybrides (taille moyenne
des particules de charges < 1 μm) et les microhybrides nanochargés (contenant des particules nanométriques).
Les composites hybrides et, en particulier, les microhybrides et les microhybrides nanochargés en viscosité standard convien-
nent pour toutes les indications cliniques des composites. Les microchargés seront préférés pour les cavités de classe V et
certaines indications pourront être remplies par les composites fluides.
La rétraction de prise, inhérente à la réaction de polymérisation, est le maillon faible de ce type de matériau. Le coefficient
d’expansion thermique est plus élevé que pour les tissus dentaires, mais la conductivité thermique est faible, ce qui en fait un
matériau relativement isolant. L’absorption d’eau est d’environ 2 %, mais elle ne compense pas la rétraction de prise et, en
aucun cas, n’empêche l’éventuel arrachement du joint adhésif lors de la rétraction de prise. Elles sont, la plupart du temps,
radio-opaques et les teintes disponibles (composites « experts » ou non) permettent de réaliser des restaurations esthétiques
tout à fait satisfaisantes.
15
Résines composites en technique directe. Propriétés, intérêts et indications cliniques
D’une manière générale, plus la résine composite est chargée, plus les propriétés mécaniques (résistance à la traction, téna-
cité, module d’élasticité, dureté, etc.) sont élevées. Cependant, la corrélation avec les modes d’échecs en fatigue n’est pas
établie. L’usure reste toujours parmi les principales causes d’échecs de ces restaurations.
Les exigences esthétiques des patients ont augmenté et les résines composites peuvent répondre à celles-ci tout en rétablis-
sant la fonction occlusale. Sur le plan biomécanique, les restaurations adhésives présentent un avantage certain pour les dents
fragilisées.
Au cabinet, un composite microhybride (nanochargé ou non) de viscosité standard ainsi qu’un fluide et éventuellement un
microchargé de viscosité standard permettent de répondre à toutes les indications cliniques en technique directe.
SUMMARY Composite resins in direct technique: properties, interest and clinical indications
Since their launch on the market in the 60s, composite resins considerably developed and improved.
A composite resin is constituted by an organic matrix (organic phase) and by a reinforcement constituted by loads (loaded
phase). This material is stuck on the dental substratum through an adhesive resin, allowing the development of a minima den-
tistry, respecting healthy tissues.
The organic phase is constituted by matrix resin, by thinners, by the system of polymerisation and of inhibitors of grip. The
structural evolution of composites was especially marked by the increase of the percentage of loads, the decrease of their size,
the modification of their shape, the improvement of the agent of coupling (silane) and the use of particles of less hard loads.
The consistency of these materials was also diversified (standard, flow, condensable).
From macroloaded composites (macrocharged) to the “nano” technology, by way of microhybrids, composite resins strongly
developed.
We can distinguish at present three families of composite resins: macroloads, hybrids and microloads, the hybrids containing
most large number of materials. Among these, we can distinguish microhybrids (average size of the particles of loads < 1 μm)
and nanoloaded (nanocharged) microhybrids (containing nanometric particles).
The hybrid composites and, in particular, microhybrids and microhybrids nanoloaded (nanocharged) in standard viscosity
agree for all the clinical indications of composites. The microloaded will be preferred for the cavities of class V and certain indi-
cations can be performed by the flow composites.
The shrinkage of grip, inherent to the reaction of polymerisation is the weak link of this type of material. The coefficient of ther-
mal expansion is more raised than dental tissues but the thermal conductivity is weak, what makes it a relatively insulating
material. The water absorption is about 2% but it do not compensates the shrinkage of grip and on no account, does not pre-
vent the possible tearing of the adhesive joint during the shrinkage of grip. They are most of the time radio-opaque and avai-
lable tints (“expert” composites or not) allow to realize completely satisfactory aesthetic restorations.
Generally speaking, the more the composite resin is loaded with, the more the mechanical properties (traction resistance, tena-
city, module of elasticity, hardness etc.) are raised. However, the correlation with the modes of failures in fatigue are not still cor-
related. The wear always stays among the main causes of failures of these restorations.
The aesthetic requirements of the patients increased and composite resins can answer these while restoring the occlusal func-
tion. On the biomechanical plan, the adhesive restorations present certain advantage for the weakened teeth.
In the office, a microhybid composite (nanoloaded or not) with standard viscosity as well as a flow and possibly a microloaded
of standard viscosity allow to answer all the clinical indications in direct technique.
Raskin A, Lehmann N. Résines composites en technique directe : propriétés, intérêts et indications cliniques. Cah Prothèse 2009;148:?-?.
16
A. Raskin, N. Lehmann
Annexe 1 - Liste des résines composites développées par la plupart des fabricants.
Mode
Fabricant Composites Catégorie Viscosité
de polymérisation
17
Résines composites en technique directe. Propriétés, intérêts et indications cliniques
Annexe 1 - Liste des résines composites développées par la plupart des fabricants (suite).
Mode
Fabricant Composites Catégorie Viscosité
de polymérisation
18
A. Raskin, N. Lehmann
Annexe 1 - Liste des résines composites développées par la plupart des fabricants (suite).
Mode
Fabricant Composites Catégorie Viscosité
de polymérisation
19
Résines composites en technique directe. Propriétés, intérêts et indications cliniques
Annexe 1 - Liste des résines composites développées par la plupart des fabricants (suite).
Mode
Fabricant Composites Catégorie Viscosité
de polymérisation
H : hybride.
H-Mi : microhybride.
H-MiN : microhybride nanochargé.
MA : macrochargé.
MI : microchargé.
* Ormocer®. ** Renforcé par des fibres de verre.
M : moyenne.
F : fluide.
C : compactable.
20