BF National Dialogue Handbook FR
BF National Dialogue Handbook FR
BF National Dialogue Handbook FR
En collaboration avec
Manuel de
dialogue national.
Guide à l’attention
des praticiens
Manuel de
dialogue national.
Guide à l’attention
des praticiens
Manuel de dialogue national
PUBLIÉ PAR
Septembre 2017
11 Introduction
PARTIE II
Avant-propos
Le dialogue national peut être envisagé en cas de conflit afin de
surmonter les dissensions internes et de permettre aux États, à leurs
institutions et aux différents groupes en désaccord de renouer des
liens et, si possible, d’élaborer un nouveau contrat social entre les
divers groupes d’intérêt ayant partie au conflit. De ce fait, il a gagné
une influence considérable ces dix dernières années et est devenu un
puissant vecteur de transformation en faveur de la paix. L’Allemagne et
la Suisse ont contribué à plusieurs initiatives de ce type, notamment au
Yémen, au Liban et au Soudan.
PARTIE I
Introduction
11
Manuel de dialogue national
À qui s’adresse le manuel de dialogue national ? Le manuel est destiné aux acteurs
intérieurs et extérieurs impliqués dans les processus de transition rapide et parfois
quelque peu dépassés par l’ampleur de la tâche. Il les aide à planifier, organiser,
mettre en œuvre et appuyer le dialogue national, dans une optique de performance
et d’efficacité. L’accent est mis sur les moyens nécessaires à l’exécution du dialogue
national, plutôt que sur la question de sa nécessité. Les parties au dialogue peuvent
également consulter des études de cas, afin d’apprendre de leurs prédécesseurs et
d’éviter leurs erreurs et faux pas. La place et le rôle des intervenants extérieurs sont
évoqués. Cependant, le manuel cible en priorité l’expérience des parties prenantes
locales et les besoins qu’elles ont exprimés. En effet, le choix du modèle, de
l’organisation et de la mise en œuvre du dialogue national revient en dernier lieu aux
acteurs locaux.
12
Introduction
détail dans les chapitres suivants. Le plus délicat est d’ajuster le rôle des intervenants
extérieurs de manière efficace et pérenne, et en tenant compte des risques de conflit,
afin de ne pas compromettre l’appropriation nationale. Par ailleurs, le manuel
distingue les acteurs politiques de ceux du développement, chacun disposant de ses
propres modalités d’appui et connaissant des défis qui lui sont propres. La qualité des
relations entre les acteurs du développement et les parties au dialogue est assez peu
évoquée dans la littérature actuelle. C’est pourquoi le manuel entend, de manière tout
à fait inédite, soutenir et valoriser la mobilisation de ces acteurs en faveur du dialogue
national.
Partie I
13
Manuel de dialogue national
Partie II
14
Introduction
Outre les études de cas, la Fondation Berghof a procédé à des analyses thématiques
ainsi qu’à une cartographie détaillée des initiatives de dialogue national et autres
processus similaires menés dans plusieurs régions. Elle a participé activement aux
consultations de spécialistes du dialogue national et aux échanges avec le groupe
consultatif du projet. Ce dernier rassemblait également des experts étrangers, des
techniciens et des conseillers spéciaux des Nations Unies, chargés de commenter le
contenu du manuel afin d’en garantir l’exhaustivité.
15
Chapitre 1
Définition du
dialogue national
17
Manuel de dialogue national
18
Dialogue national : quelle définition proposer ?
En 1989, face au séisme politique provoqué par l’effondrement du bloc
soviétique en Europe de l’Est et en Europe centrale, la Pologne, la Hongrie, la
Tchécoslovaquie, l’ex-République démocratique allemande et la Bulgarie ont
organisé des tables rondes, signant l’ouverture démocratique des nouveaux
acteurs et programmes politiques.
Au début des années 1990, plusieurs conférences nationales, nées du vaste
sentiment de mécontentement que suscitait l’écart croissant entre les citoyens et
l’élite politique africaine et de la prise de conscience inspirée par le bicentenaire
de la Révolution française, ont été organisées en Afrique francophone.
De nos jours, l’émergence du dialogue national est étroitement liée aux
événements survenus dans la région MENA lors du Printemps arabe2. Des
dialogues nationaux ou autres processus similaires ont successivement été mis
en place, avec plus ou moins de réussite, au Maroc, en Libye, en Tunisie, en
Égypte, au Soudan, au Liban, en Jordanie, au Bahreïn et au Yémen.
19
Manuel de dialogue national
Dialogues nationaux
au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
20
Dialogue national : quelle définition proposer ?
Quand et pourquoi s’engager dans un dialogue national ? Le dialogue national peut être
envisagé dans plusieurs contextes. En cas de crise nationale ayant des retentissements
sur l’ensemble de la société (impasses politiques critiques ou blocage des institutions
politiques), l’objectif sera d’apaiser les tensions, de trouver un compromis politique,
voire d’instaurer (ou de réinstaurer) un (nouveau)
cadre institutionnel, afin de désamorcer la crise. On
Le dialogue national aide à peut également avoir recours au dialogue national
gérer et résorber les crises dans le cadre d’une transition politique, par exemple,
d’ampleur nationale. après une guerre civile ou lorsque les institutions
perdent leur légitimité et doivent faire place à des
mécanismes plus inclusifs. Le dialogue national
permet alors aux acteurs de s’approprier le nouveau système politique, économique
et/ou social, dans l’objectif de renouveler
les institutions et de (re)négocier un contrat Le dialogue national est employé
social entre l’État et le peuple. Le cas échéant, dans les situations de transition,
« il est essentiel de créer des processus socio- lorsque les vieilles institutions
politiques qui permettent de trouver une issue perdent leur légitimité et qu’un
pacifique au problème envisagé. Une telle nouveau contrat social doit être
démarche permet également de créer un socle établi entre l’État et le peuple.
empirique en vue de réformer en profondeur
le paysage institutionnel et de consolider la
nation » (Barnes, 2017, 7).
Aux fins du présent manuel, le dialogue national est défini comme suit :
Démarche stratégique à court terme visant à contrer ou à prévenir la montée de
la violence armée
21
Manuel de dialogue national
Démarche à long terme visant à redéfinir les relations entre l’État et la société,
ou à établir un nouveau « contrat social »
Objectifs principaux : réformer en profondeur les institutions et la constitution
Exemple intéressant : Yémen
Caractéristiques principales : le mandat a une portée significative. Le processus
est généralement d’assez grande ampleur et cherche à mobiliser de larges pans
de la société et à susciter un élan massif. La gestion peut être épineuse du fait de
sa mise en œuvre à grande échelle.
Ces deux modèles de dialogue national sont présentés ici de manière théorique. Dans
la réalité, il arrive que les processus soient mixtes et empruntent des composantes à
chacun des deux modèles. Leur cadre doit également rester souple, la fonction du
dialogue national étant susceptible d’évoluer au cours du temps. Ainsi, ce qui n’était
au départ qu’un mécanisme provisoire de gestion de crise peut devenir un outil au
service d’un vaste changement. Toutefois, le fait de distinguer ces deux modèles
permet de bien délimiter leurs contextes respectifs et leurs avantages fonctionnels, et
de promouvoir une conception efficace.
22
Quelle est la structure du dialogue national ?
Phases du dialogue national : chaque processus débute par une phase de préparation.
Certains distinguent la phase de préparation et celle de l’exploration, bien que les
différences soient en réalité minimes. La mise en place d’un dialogue national implique
nécessairement d’effectuer les démarches suivantes : analyser le conflit ; rechercher
les faits ; définir la volonté et les positions politiques ; rechercher des soutiens. Une
fois que la volonté et/ou l’élan politiques sont suffisants, une annonce publique
marque le lancement officiel des préparatifs, souvent menés par des unités créées
spécialement à cette fin. La phase de préparation peut durer aussi longtemps – voire
plus – que le processus officiel, et constitue souvent elle-même un mini-processus de
négociation. Une fois tous les paramètres négociés – et si possible, après avoir convenu
des modalités de déroulement – la phase de processus peut commencer, puis, une fois
le résultat correspondant atteint, celle de la mise en œuvre. Par souci de clarté, le
manuel différencie ces trois phases et consacre un chapitre à chacune d’elles. Dans la
pratique, cependant, le passage d’une phase à l’autre est généralement fluctuant, non
linéaire, et doit souvent être interrompu et recommencé.
23
Manuel de dialogue national
Objectif et priorités
Structure du processus
Nomination du président
24
Quelle est la structure du dialogue national ?
Garanties et
mécanismes de suivi
GROUPES DE TRAVAIL
Les groupes de travail sont des petits forums
qui prennent en charge des thématiques
spécifiques. Forums de dialogue
pour le suivi des accords
Groupes de travail (Afghanistan, Yémen),
Équipes de travail (Bahreïn),
Commissions de travail (Bénin, Bolivie),
Groupes thématiques (RCA),
Commissions de travail (Guatemala),
Table ronde principale et Sous-tables
rondes (Pologne), Comités (Soudan),
Comités techniques (Afrique du Sud)
25
Manuel de dialogue national
En règle générale, les mécanismes d’élimination des impasses ou les filets de sécurité
sont également intégrés dans la structure globale, de même que les cellules d’enquête
créées au début de la phase de préparation. Cet ensemble forme la structure d’appui
du dialogue national.
Le dialogue national est une méthode parmi d’autres de résolution des crises politiques
et des conflits violents. Tous les processus de changement (processus de paix,
transitions politiques ou processus de prévention et de gestion des crises politiques)
ont généralement recours à des méthodes et mécanismes divers, notamment la
médiation et la négociation. La limite entre ces notions est flottante et de nombreux
chevauchements existent dans la pratique. Certaines caractéristiques et nuances
essentielles permettent toutefois de différencier ces mécanismes. Qu’entendons-nous
alors par négociation, médiation et dialogue national ? Trop souvent, la capacité des
acteurs intérieurs et extérieurs à réagir efficacement en cas de conflit est « freinée
par un manque de connaissances quant aux avantages relatifs des différentes
méthodes » (Bercovitch et Jackson, 2001, 14). C’est pourquoi les parties prenantes
au conflit et les praticiens doivent être au fait des avantages et des inconvénients de
chaque méthode – négociation, médiation et dialogue national – afin de choisir la
plus adaptée à leur situation.
Dans la pratique, toute solution s’inscrivant dans la durée peut être amenée à inclure
plusieurs méthodes et processus. Il n’est pas rare qu’un processus crée les conditions
nécessaires à d’autres processus. Ainsi, le dialogue national peut avoir lieu avant ou
après un processus de paix obtenu par négociation ou médiation. Il peut également
intervenir durant le processus de médiation lui-même, ce qui permet de consulter
en parallèle de larges pans de la société. Même dans le cadre d’un dialogue national
indépendant, le mode opératoire peut osciller sensiblement entre les différentes
méthodes : la médiation externe, par exemple, peut s’avérer indispensable durant la
phase de préparation, en raison du faible lien de confiance. De même, au moment
des grands choix politiques, les principales parties prenantes peuvent reprendre les
négociations à huis clos. Un dialogue national donné est donc susceptible de faire
appel à plusieurs mécanismes, en fonction des contextes spécifiques rencontrés.
26
Le dialogue national et les autres mécanismes de transformation des conflits
« La médiation consiste en
l’accompagnement, par un
Négociation Médiation tiers, de deux ou plusieurs
Le dialogue national parties consentantes, afin de
est un processus prévenir, gérer ou résoudre un
politique réalisé par conflit, en les aidant à trouver
Dialogue national le pays. Il vise à trouver un terrain d’entente4. »
un consensus entre Elle inclut les principales
diverses parties prenantes parties au conflit et veille à ce
nationales en cas de crise que les opinions et les besoins
ou de transition politique de des autres protagonistes
Lors d’une négociation, les grande ampleur, et dans les soient intégrés dans le
États et/ou d’autres acteurs situations d’après-conflit. processus à l’aide de divers
échangent des propositions Il implique une large gamme modes de participation.
directement, sans l’aide de parties prenantes natio- La médiation peut prendre
d’un tiers, afin de trouver nales, notamment les prin- plusieurs formes et intervient
un terrain d’entente dans un cipales parties au conflit. Le aux différents niveaux de la
domaine d’intérêt mutuel ou processus intervient princi- société (niveaux 1 à 3).
de résoudre un litige ou un palement au niveau 1, mais Des tiers sont activement
conflit3. mobilise des participants à mobilisés en tant que
La négociation regroupe les chaque niveau. Il est généra- facilitateurs ou médiateurs.
principales parties au conflit lement organisé et présidé L’impartialité est souvent citée
et peut intervenir à n’importe à l’échelle nationale. Les comme principe directeur clé.
quel niveau de la société. acteurs extérieurs exercent Le degré d’implication varie
Aucun tiers n’intervient dans principalement une fonction en fonction de la méthode
le processus de négociation. d’appui. utilisée.
27
Manuel de dialogue national
Le niveau 2 se rapporte aux acteurs sociétaux de premier plan qui sont en contact
avec les interlocuteurs du premier niveau et peuvent influencer les acteurs locaux des
niveaux inférieurs. Il regroupe les responsables religieux, les intellectuels et les cadres
intermédiaires. Le niveau 3 est constitué des acteurs locaux : chefs locaux, direction
des ONG locales, chargés de développement communautaire, etc.
Le dialogue national est organisé et coordonné par les acteurs nationaux eux-
mêmes. Comme indiqué plus haut, le rôle des acteurs extérieurs est différent selon
qu’il s’agit d’un processus de dialogue national ou de médiation. Par définition,
les négociations n’impliquent aucune participation directe de tiers. La médiation
mobilise généralement des acteurs nationaux et internationaux participant en tant
que tiers. En revanche, le dialogue national est organisé et coordonné uniquement
par des tiers internes (souvent des « médiateurs insiders ») ou d’autres intervenants
nationaux. Une structure complexe est généralement élaborée afin de soutenir la
présidence et l’encadrement du processus (→ 3.2). La méthode du dialogue national est
particulièrement indiquée en cas de grande méfiance vis-à-vis des acteurs extérieurs.
Dans les faits, cependant, ces derniers sont souvent mobilisés à plusieurs titres lors
des différentes phases du dialogue national (→ chapitre 5 sur les acteurs extérieurs).
Il revient néanmoins aux parties prenantes nationales d’élaborer, d’organiser et de
diriger le processus, en vertu du principe d’auto-organisation propre au dialogue
national.
28
Le dialogue national et les autres mécanismes de transformation des conflits
29
Manuel de dialogue national
30
Le dialogue national et le processus constitutionnel
Suivi Démarrage
Vigilance citoyenne Demande de réforme
(conformité et prise constitutionnelle
de dispositions ET/OU
pour la mobilisation Décision ou accord
citoyenne) en vue de réformer
Demande de modifi- ou modifier la
cations, le cas constitution
échéant
Adoption et Conception
mise en œuvre du processus
Réforme institutionnelle Choix des acteurs à
correspondante mobiliser, des activités
Réforme politique et juridique et du rôle du public
Prise de disposition Repérage des problé-
pour la mobilisation matiques à traiter
citoyenne
Révision et consensus Rédaction
Révision par les ou réécriture
citoyens, référendum, Recueil des contributions
sensibilisation aux des acteurs non étatiques
enjeux de la proposi- Regroupement des
tion et de la réforme propositions
Modifications supplé- Rédaction par
mentaires, le cas des experts
échéant (juridiques)
31
Manuel de dialogue national
Au sens large, la tenue d’un dialogue national dynamique, portant sur des questions
politiques, économiques et sociales, peut aider à mettre en place les conditions
requises pour un processus constitutionnel durable (Afrique du Sud, Tunisie,
Bénin). Les délibérations sont l’occasion de s’accorder sur les causes profondes des
enjeux sociétaux et les solutions à apporter. Le dialogue national peut contribuer
directement aux aspects procéduraux et matériels de l’élaboration de la future
constitution, par exemple, en déterminant la procédure à appliquer ou en arrêtant
certaines composantes spécifiques de la constitution. Le mode de fonctionnement
du dialogue national lui permet d’introduire des pratiques facilitant la prise de
décision constitutionnelle (Afrique du Sud, Bénin) ou de surmonter les obstacles
survenant lors du processus constitutionnel (Tunisie, Bolivie). La communication
entre les parties prenantes principales au cours du processus constitutionnel est
souvent déterminante, car elle permet de surmonter les obstacles politiques sous-
jacents (Tunisie).
32
Le dialogue national et le processus constitutionnel
court terme de l’État, il est peut probable que les propositions remportent
l’adhésion. Il en va de même pour les programmes de réforme trop ambitieux
et difficiles à mettre en œuvre. Le manque d’adhésion des élites politiques et
l’éloignement des réalités politiques constituent également des freins. Ainsi,
au Yémen, bien que l’accord de fédéralisme négocié entre les factions du
Nord, du Sud et les représentants des Houthis ait été adopté par le dialogue
national global, le processus était déconnecté des réalités politiques et n’a
suscité que peu d’adhésion. La réussite du processus sud-africain achevé
en 1996 résultait, dans une large mesure, des accords conclus entre les
élites. Ajoutons que, si le processus constitutionnel et le dialogue national
ont lieu en même temps sans pour autant être raccordés, ils seront très
vraisemblablement voués à l’échec, comme ce fut le cas en Libye. Un comité
chargé de la rédaction de la Constitution y a été élu voici quelques années.
Les Libyens ont également tenté d’établir un dialogue national à plusieurs
reprises au cours des dernières années. Les chevauchements sont flagrants,
le dialogue national étant censé alimenter la future Constitution. Cependant,
aucun mécanisme n’a été mis en place pour veiller au renforcement mutuel
des processus et éliminer les foyers de discorde entre les parties concernant
l’avenir constitutionnel du pays.
33
Manuel de dialogue national
déroulé de manière bien différente, entre autres parce que l’une des parties n’était
pas véritablement engagée en faveur de la réforme et a pu recourir à la force pour
influencer la réponse du public. De même, le modèle de table ronde utilisé en
Pologne a été reproduit avec moins de succès en Europe de l’Est.
34
Notes
1
Le concept de « troisième vague de démocratisation » est apparu en 1991 sous la plume de
Huntington. Selon lui, plus de 60 pays d’Europe, d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique
ont connu une forme de transition démocratique, à commencer par la Révolution des
œillets en 1974.
2 Dans le sillage de Huntington, le Printemps arabe est parfois qualifié de « quatrième vague
de démocratisation » ; voir Howard et Hussain (2013).
4 Définition reprise des Directives des Nations Unies pour une médiation efficace (2012, 4).
5
Cette partie s’appuie sur une étude ordonnée aux fins de préparation du présent
rapport (Murray, 2017).
6
« Au cours d’une année donnée quelconque, [...] envfaitiron 4 ou 5 constitutions seront
remplacées, entre 10 et 15 seront amendées, et une vingtaine de propositions seront
en cours de révision » (Ginsburg, Elkins et Blount, 2009, 202).
7
« Que ce soit au Nicaragua, dans les années 1980, en Afrique du Sud, dans les années 1990,
au Timor oriental, dans les années 2000 ou en Islande, au début des années 2010, les
auteurs de constitutions ont sollicité la participation de millions de citoyens, afin de
produire des chartes nationales qui soient les plus légitimes possible, de maximiser
l’appropriation nationale et de répondre authentiquement aux besoins et aux aspirations
du peuple » (Gluck et Ballou, 2014).
9 La portée du processus constitutionnel peut donner lieu à diverses interprétations. Ainsi,
l’Institut des États-Unis pour la paix (2011) privilégie le terme général « élaboration de
la Constitution », lequel se rapporte à sa création et sa mise en œuvre, et englobe par
conséquent les accords de paix, les nouvelles lois et institutions, ainsi que l’éducation
à la citoyenneté. D’après le manuel publié par Interpeace et intitulé Le processus
constitutionnel : élaboration et réforme (Brandt et al., 2011) la réforme et la mise en
œuvre constitutionnelles dépassent le processus d’élaboration. Les réflexions détaillées
sur les risques, les possibilités et les solutions liés à chaque phase du processus
constitutionnel en font cependant un outil précieux.
11 Le Rwanda est l’une des rares exceptions. « Le dialogue national fait désormais partie
des points permanents de l’agenda politique du Rwanda. L’article 168 de la Constitution
de 2003 institue un Conseil national de dialogue » (Murray, 2014, 12). Par ailleurs, en
2013, les dialogues nationaux organisés en Égypte, au Bahreïn, au Liban, au Yémen et
en Tunisie visaient précisément une réforme constitutionnelle.
35
Manuel de dialogue national
Chapitre 2
Phase de préparation :
planification et préparation
du dialogue national
Sommaire
39 2.1 Préparation du terrain
37
Manuel de dialogue national
« Il ne faut pas oublier que la phase d’exploration fait bel et bien partie du processus
de dialogue. Chaque élément, qu’il s’agisse des questions posées, des interlocuteurs,
de l’ordre et du lieu des discussions, ou des attentes liées au dialogue, influence le
processus d’une manière ou d’une autre. Le fait d’en tenir compte durant toute la phase
d’exploration augmente les chances de réussite de la mise en œuvre en renforçant,
dès le départ, les liens de confiance et la crédibilité ».
SG/OEA et PNUD (2013)
38
Préparation du terrain
Durant cette phase, les membres des comités de préparation doivent acquérir une
bonne compréhension de la situation et des protagonistes, et préparer le terrain en vue
du dialogue. Le détail de ces grandes étapes est présenté dans la figure 2.1 ci-dessous.
Réunion de
Consultations Définition du
préparation
au sein des mandat et an- Élaboration
Niveau de formalisation
Exploration parties et nonce officielle du cadre Comité
au-delà des du dialogue préparatoire de préparation
clivages national
Commission
Recueillir toute information
Accord
Définition de
de préparation
pertinente au regard des international la structure du + structure
enjeux dialogue national d’appui
Décret
Comprendre les positions,
présidentiel Établissement
les intérêts et les opinions des priorités
des parties prenantes Accord
de paix Critères de
Analyser les entreprises
composition et
de dialogue antérieures Accord de procédures de
et en tirer des leçons cessez-le-feu sélection des
participants
Repérer les participants
Référendum
et les mécanismes d’inclu- public Désignation
sion du président
39
Manuel de dialogue national
40
Démarrage du processus
41
Manuel de dialogue national
42
Démarrage du processus
43
Manuel de dialogue national
Le mandat doit tenir compte des principales préoccupations des parties
prenantes et ne pas être imposé par un parti ou un acteur extérieur. En revanche,
il peut être étayé par des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies,
comme ce fut le cas au Yémen.
44
Négociation et élaboration du mandat
Le mandat doit être rédigé d’une manière qui soit acceptable pour les différents
acteurs et qui reflète authentiquement leurs inquiétudes.
Le mandat doit stipuler clairement le but et les paramètres du dialogue national,
qui doit rester conforme aux règles en dépit de sa nature non constitutionnelle.
(d) L’examen des divers enjeux nationaux, notamment les causes des tensions dans
la province de Saada ;
45
Manuel de dialogue national
Accord sur le mécanisme de mise en œuvre de la transition au Yémen, réalisée dans le cadre de l’initiative du Conseil
de coopération du Golfe. Traduction non officielle de l’arabe par le Yemen Peace Project (2011).
Modalités :
i. Le processus de dialogue national et de réconciliation s’appuie sur le programme
proposé et convenu par le Groupe d'éminentes personnalités africaines (ci-après « le
Groupe »). Ce programme sera enrichi par les parties afin de résoudre les questions
ayant abouti à la crise actuelle, dans un esprit d’équité et de fraternité.
46
Négociation et élaboration du mandat
iii. En outre, chaque partie désignera un chargé de liaison, qui participera à toutes
les séances du processus de dialogue national et de réconciliation, mais ne pourra
ni voter ni prendre la parole. Les chargés de liaison resteront en contact permanent
avec le Secrétariat du Groupe. Ils pourront se faire représenter par un suppléant,
le cas échéant.
vii. Le cas échéant, le Groupe se référera, en consultation avec les parties, à l’avis
d’experts extérieurs indépendants, conformément aux dispositions du mandat.
viii. Si et lorsque cela s’avère nécessaire, le Groupe pourra organiser, dans le cadre du
processus, un atelier participatif en interne, au cours duquel les parties, avec l’aide
d’experts indépendants, élaboreront et définiront les questions à traiter. Les résultats
de ces ateliers seront ensuite intégrés dans les négociations officielles.
ix. Le Groupe peut mettre sur pied des comités et des équipes spéciales chargés de
traiter certaines questions spécifiques et d’émettre des recommandations, le cas
échéant.
xi. Tous les accords conclus par les parties au cours du processus de dialogue national
et de réconciliation seront rendus publics.
xii. Les parties acceptent d’être liées par le résultat du processus de dialogue national
et de réconciliation et s’engagent à le mettre en œuvre.
xiii. Le Groupe et les parties ne dévoileront aux médias aucune information à caractère
sensible relative aux questions débattues lors des réunions du processus de dialogue
national et de réconciliation. Seul le Secrétariat du Groupe est habilité à diffuser les
47
Manuel de dialogue national
48
Négociation et élaboration du mandat
où les principaux groupes ethniques armés ne sont pas parvenus à conclure d’accord
national de cessez-le-feu, faisant s’éloigner la perspective d’un accord politique. Un
nouveau gouvernement a ensuite été élu à la tête du pays et le mandat initial est resté
ouvert aux négociations.
Tiers
Crise
Partie A Partie B
En Afrique du Sud, les partis politiques ont décidé d’organiser une conférence
constitutionnelle multipartite à laquelle tous les partis participeraient de manière
équitable, quel que soit le nombre de partisans qu’ils comptent parmi eux, afin d’ériger
ensemble les grands principes constitutionnels et la structure du gouvernement
de transition. Le peuple élirait ensuite les partis membres du gouvernement
de transition, fondé sur le partage des pouvoirs, ainsi que les représentants
de l’assemblée chargée de rédiger le texte final de la constitution. Après un
très bon départ, le premier processus, baptisé Convention pour une Afrique du
Sud démocratique (CODESA), s’est enlisé. Une Conférence de planification des
négociations a été organisée après une nouvelle série de négociations. Les partis
politiques ont pu ajuster le processus, résoudre certaines objections formulées à
l’encontre de la CODESA et créer le Processus de négociations multipartites (PNMP).
49
Manuel de dialogue national
Au Yémen, l’initiative du CCG a été cosignée par les principaux partis politiques
du Nord. En revanche, deux grands mouvements politiques, les Houthis au nord
et le Mouvement du Sud (Al-Hirak), ont été exclus de l’accord. Pourtant, ils étaient
considérés comme des acteurs de premier plan, et les questions relatives à la
province de Saada et au Sud figuraient parmi les grandes priorités de la Conférence
du dialogue national. On constate a posteriori que l’intégration du mouvement
sécessionniste du Sud a été faible durant la Conférence. Quant aux Houthis, ils n’ont
jamais véritablement cautionné l’initiative du CCG, en dépit de leur engagement en
faveur du dialogue et des résultats qui en émaneraient.
Les partis plus modestes qui manquent d’influence politique ou de partisans sont
souvent marginalisés et contraints d’accepter le mandat sous peine d’exclusion2. Il
arrive pourtant que de petites formations politiques décident de s’allier pour obtenir
une place à la table des négociations et influencer le processus, comme ce fut le cas au
Myanmar. S’ils sont trop nombreux, les groupes marginalisés peuvent tenter de mettre
à mal la légitimité du dialogue ou s’y opposer activement, risquant de faire échouer
le processus ou sa mise en œuvre. Le mandat du dialogue national doit donc être
le fruit d’un consensus entre les principales parties prenantes susceptibles
d’entraver le processus. Il faut également s’assurer que tous les participants,
même les plus marginaux, adhèrent au mandat.
50
Négociation et élaboration du mandat
supervise le
LOI Constitution gouvernement
ADMINISTRATIVE provisoire provisoire
mandate
TRANSITOIRE
mandate
51
Manuel de dialogue national
Le fait que les États-Unis aient fortement influencé et géré de près l’intégralité du
cadre de transition s’est répercuté sur l’élaboration du mandat, ce qui, par la suite,
a directement compromis l’appropriation locale et la création d’un accord politique
significatif.
Le processus de rédaction et d’adoption de la Constitution provisoire a
été vivement critiqué. Les groupes non consultés ou non satisfaits de
certaines dispositions l’ont rejetée. Beaucoup ont refusé de reconnaître un
texte constitutionnel provisoire préparé sous l’influence d’un « pouvoir
d’occupation3 ». Par conséquent, le processus d’élaboration du mandat et le
texte final n’ont pas fait l’objet d’un vaste consensus politique.
52
Négociation et élaboration du mandat
53
Manuel de dialogue national
Commission
Réunion de Comité et de préparation
Réunion informelle préparation Commission dotée d’une
officielle de préparation structure d’appui
(p. ex., Secrétariat)
Informel Formel
Objectif et priorités
Structure du dialogue national
54
Préparation du processus et des acteurs
Les organes de préparation ne disposent bien souvent que d’une marge de manœuvre
restreinte pour préparer le dialogue national et arrêter les critères de participation,
les modalités décisionnelles, les structures d’appui et les priorités. La composition
et la présidence de l’organe de préparation diffèrent souvent de celles du dialogue
national lui-même. À titre d’exemple, les comités de préparation du Bénin et du Liban
ont déterminé des éléments importants du processus de dialogue national.
Liban. Les séances de dialogue national, organisées sous les auspices du président
Sleiman de 2008 à 2014, ont été préparées avec l’appui d’un Comité directeur.
Celui-ci était composé de conseillers choisis parmi les membres du Bureau du
président et de conseillers extérieurs de sa garde rapprochée, notamment des
chercheurs universitaires spécialisés dans la résolution des conflits et des experts
techniques. Le conseiller politique auprès du président a assuré la coordination du
Comité directeur. Les séances étaient présidées par le chef de l’État. Généralement,
le Comité se réunissait en amont des séances de dialogue pour discuter l’ordre du
jour, fournir des recherches préparatoires sur les points abordés et conseiller le
président sur les questions de procédures. La préparation s’est déroulée sans heurt
grâce à ce cadre restreint. Par la suite, cependant, le processus est resté en grande
partie confiné dans des paramètres assez exclusifs.
55
Manuel de dialogue national
Des discussions peuvent être organisées aux niveaux 1.5 ou 2, de manière informelle
et discrète, et selon des modèles très variés. En mars 2012, par exemple, le Forum de
développement politique au Yémen et la Fondation Berghof ont organisé ensemble
une rencontre avec les principaux décideurs yéménites à Potsdam, en Allemagne. Le
cadre, le programme, ainsi que les principes et mécanismes de base de la Conférence du
dialogue national ont été négociés en comparant les expériences des autres processus
organisés dans le monde. L’objectif était de favoriser l’apport de connaissances,
l’interaction, et la résolution conjointe des problèmes entre les principales parties
prenantes au conflit, dans un cadre informel et sécurisant. La rencontre de Potsdam et
celles organisées par la suite au Yémen ont beaucoup contribué à affermir la confiance
dans le processus et à clarifier les objectifs du nouveau dialogue national. On peut
également renforcer les capacités de dialogue et de négociation au sein même des
parties, afin qu’elles gagnent en cohérence et se sentent en confiance pour pouvoir
communiquer avec « l’autre ».
56
Préparation du processus et des acteurs
Mise en marche COMITÉ dédié aux rela- COMITÉ dédié aux rela- COMITÉ dédié au
des activités du Haut tions avec l’opposition tions avec l’opposition dialogue communau-
Comité de coordination armée en dehors du civile au Soudan (un taire (un représentant
et appui à la création Soudan (un représen- représentant du du gouvernement et
d’un environnement tant du gouvernement gouvernement et un un représentant de
propice et un représentant de représentant de l’op- l’opposition)
l’opposition) position)
57
Manuel de dialogue national
58
Préparation du processus et des acteurs
résultat
conception du processus
59
Manuel de dialogue national
Les trois aspects suivants ont défini la phase de préparation et déterminé les
paramètres du dialogue national au Yémen :
60
Instauration de la confiance
Les groupes armés et les partis d’opposition exigent souvent des garanties
supplémentaires de sécurité des personnes et l’octroi d’une amnistie provisoire avant
de s’engager dans le dialogue national. Le manque de mesures de sécurité risque de
discréditer le processus d’entrée de jeu, comme ce fut le cas au Soudan et au Bahreïn
où des figures majeures de l’opposition ont été arrêtées durant le dialogue national. En
Jordanie, aucune mesure de renforcement de la confiance n’a été appliquée en amont
du dialogue national. Le roi s’est toutefois engagé à satisfaire les revendications de
l’opposition au cours du processus, afin de convaincre ses membres de réintégrer les
négociations.
61
Manuel de dialogue national
Soudan. L’annonce et les préparatifs du dialogue national ont été accueillis avec la
plus grande méfiance dans ce pays dirigé d’une main de fer par le gouvernement
depuis plusieurs décennies et en proie à des combats incessants dans les zones de
guerre. Quatre décrets présidentiels ont été publiés au cours de la première réunion
de consultation en vue d’instaurer un environnement propice au dialogue, comme
l’exigeait l’opposition :
(1) Les partis politiques sont autorisés à mener des activités politiques au sein et en
dehors de leur siège, conformément à la loi.
(2) La participation de tous aux médias est élargie. La liberté de la presse est
améliorée afin que les médias puissent contribuer à la réussite de la Conférence
du dialogue national.
(3) Tous les prisonniers politiques n’ayant pas été condamnés en vertu du droit
seront libérés.
(4) Le gouvernement s’engage à fournir aux mouvements armés des garanties
suffisantes afin qu’ils puissent participer à la Conférence du dialogue national.
De l’avis général, les mesures répressives à l’encontre des médias et des activités
politiques, notamment l’incarcération des chefs de parti, ainsi que les combats
dans les zones de guerre, se sont poursuivis, en dépit de ces promesses et des
autres engagements réitérés par le président au cours de la troisième réunion de
consultation. Plusieurs participants au dialogue national ont salué le fait d’avoir
été invités à exprimer leur opinion, une démarche qui leur aurait valu d’être arrêtés
quelques temps auparavant. Globalement, il a été cependant considéré que les
décrets et les mesures prises ultérieurement par le gouvernement n’avaient pas
véritablement modifié le climat ambiant, la situation des partis d’opposition ou celle
du public en général.
Jordanie. Seize membres du Comité de dialogue national ont annoncé leur démission
suite aux deux journées de violence survenues en mars 2011, invoquant le manque de
sincérité des travaux de réforme du Comité, uniquement occupé à mystifier le peuple
jordanien, et ont également dénoncé la violence d’État. Ils ont accepté de reprendre leur
fonction à condition d’être reçus personnellement par le roi. Ce dernier devait garantir la
non-réitération des attaques envers les manifestants, ainsi que la création d’un comité
de révision constitutionnelle. Les 16 membres ont réintégré le Comité de dialogue
national après que le souverain a promis de mettre en œuvre le fruit du travail du
Comité et nommé une commission royale chargée de réviser la Constitution de 1952.
62
Principales considérations relatives à la phase de préparation
Avant d’amorcer la phase d’exploration en vue d’un possible dialogue national, il est
essentiel de se rappeler les éléments suivants :
63
Manuel de dialogue national
64
Notes
65
Manuel de dialogue national
Chapitre 3
Phase de processus :
mise en place du
dialogue national
Sommaire
68 3.1 Élaboration du programme
67
Manuel de dialogue national
Dialogue national
CADRE ORGANISATION
Structure et paramètres Principes directeurs
institutionnels (→ 1.2) Prise de décision
Programme Partage de l’information
Délégué principal et consultation du public
Taille et participation Structures d’appui
68
Élaboration du programme
69
Manuel de dialogue national
Afghanistan
70
Élaboration du programme
Afrique du Sud
Les partis politiques ont convenu de la mise en place d’une conférence
constitutionnelle multipartite à laquelle toutes les formations politiques
pourraient participer de manière équitable. Le programme a été décidé
conjointement par les participants.
Bahreïn
Le programme préliminaire a été établi par le roi et limité à quatre thématiques.
Le programme complet a été élaboré par les participants.
Colombie
Le programme préliminaire a été établi par décret présidentiel et limité
à quelques thématiques.
Le programme complet a été élaboré par le gouvernement et les chefs des partis
politiques invités.
Liban
Le président a mis en place le Comité directeur du dialogue national, l’organe
de préparation chargé de l’élaboration du programme.
Tunisie
Yémen
Le programme préliminaire s’inscrivait dans le cadre de l’initiative du Conseil
de coopération du Golfe.
Le Comité technique a élaboré un programme très détaillé contenant des
sous-thématiques, débattues par les groupes de travail.
71
Manuel de dialogue national
Exemples de programmes
« (a) les mesures d’urgence visant à mettre fin aux violences et à restaurer les libertés et
les droits fondamentaux ;
72
Élaboration du programme
Faire appel à des groupes de travail et à des sous-comités : Bien que les
sujets les plus sensibles doivent être discutés à la table ronde principale, et non
au sein de sous-comités ou groupes de travail, il peut être utile de les fragmenter
et d’en confier certaines parties à des groupes spécifiques afin que ces derniers
puissent faire des propositions sur la manière d’aborder et de discuter ces sujets
à la table ronde principale.
73
Manuel de dialogue national
Le délégué principal peut être nommé par le président, le roi (Jordanie) ou être élu
par les parties au dialogue national au cours des premières séances de l’Assemblée
plénière (Afghanistan). Le processus peut aussi simplement rester entre les
mains du chef de l’État (Soudan, Liban). Les participants peuvent influencer
fortement sa conception, notamment par le recours à une procédure de sélection
au cours du processus. On peut également favoriser la légitimité en procédant par
consensus (Afrique du Sud, Népal). En Afrique du Sud, l’association de la société
civile Consultative Business Movement a joué à plusieurs reprises le rôle de délégué
principal médiateur, aux côtés du Conseil sud-africain des Églises, dans le cadre du
processus de l’Accord de paix national, et de Secrétariat, dans le cadre des processus
CODESA et de négociations multipartites. En revanche, si les instigateurs du
dialogue national, qu’ils soient intérieurs (comme le gouvernement du Soudan) ou
extérieurs (comme en Irak), ne bénéficient d’aucune légitimité, il est très peu probable
que le délégué principal nommé ou sélectionné sur leur initiative soit bien accueilli.
74
Choix d’un délégué principal fiable et crédible
75
Manuel de dialogue national
Les médiateurs insiders peuvent être des personnes, comme au Népal, des institutions
citoyennes de premier plan, comme l’Église catholique en Pologne et au Guatemala,
ou un groupement d’institutions sociétales, comme en Tunisie. L’Église a joué un rôle
important à de nombreuses reprises, notamment lors des tables rondes en Pologne
et des conférences nationales en Afrique francophone, où les fonctions centrales de
médiation et de coordination étaient fréquemment assumées par un archevêque ou
un membre du clergé. Solidement ancrées dans la culture et les traditions locales,
ces personnes jouissaient d’une très grande réputation au sein de la société. Notons
qu’au Mali, cette fonction a échu à un grand responsable politique, en raison de ses
accomplissements lors de la phase de transition.
Au Népal, les deux médiateurs insiders, Padma Ratna Tuladhar et Daman Nath
Dhungana, ont coordonné des réunions secrètes et échangé des informations
bien avant le lancement d’un processus officiel. Bien qu’ils n’aient jamais reçu
aucun mandat officiel, ils jouissaient d’une très grande confiance et, du fait de leur
collaboration, étaient acceptés par les deux camps. Comme l’a expliqué Padma Ratna
Tuladhar : « Lorsque le gouvernement avait besoin de se mettre en lien avec les chefs
maoïstes, les partis politiques [ou] les acteurs internationaux s’adressaient à lui. Son
parcours de gauche, sa réputation sociale pour avoir dirigé les grands mouvements
76
Choix d’un délégué principal fiable et crédible
Dès la troisième année du conflit, qui devait durer dix ans, Ram Chandra Paudel, alors
Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, a entrepris, par l’intermédiaire de
Padma Ratna Tuladhar, de sonder les intentions des maoïstes en vue d’un possible
dialogue ou, selon les mots de Tuladhar, de « discuter des discussions ». Tuladhar
a lui-même organisé en 2000 la première rencontre officielle dont la date et le lieu
ont été tenus secrets, bien que l’événement ait été annoncé publiquement. Aucun
véritable préparatif ni aucune mesure d’instauration de la confiance n’ont été
entrepris en amont de la réunion, qui a toutefois constitué une étape décisive, bien
qu’elle n’ait abouti à aucun résultat significatif. Le conflit a continué de s’aggraver
et le paysage politique a évolué. Les deux camps ont alors nommé officiellement
des représentants et mené plusieurs cycles de dialogue, pour lesquels Dhungana et
Tuladhar ont joué un rôle de coordination essentiel. Ils ont pu ainsi développer et
assurer une communication constante, qui a fini par aboutir à un processus de paix
officiel et à la signature, en 2006, d’un Accord de paix global.
77
Manuel de dialogue national
délicats. Malgré leur partialité et leur préférence connue pour les revendications de
Solidarność, leur rôle dans le processus, accepté par les deux camps, a été perçu
comme essentiel.
78
Choix d’un délégué principal fiable et crédible
79
Manuel de dialogue national
80
Choix du nombre de participants
81
Manuel de dialogue national
est large, plus il importe d’adopter une structure autorisant une participation utile et
efficace (voir ci-dessus).
Quels acteurs doivent être mobilisés pour faire évoluer les discussions ?
(→ 3.4 Sélection des participants)
82
Sélection des participants
D’un point de vue réaliste, quels résultats peuvent être attendus au vu des
ressources et du financement disponibles ? (→ voir chapitre 5 sur l’appui
extérieur)
Les réponses sont susceptibles de varier selon les positions et les préoccupations
des participants. Des consultations approfondies sur ces questions doivent être
intégrées dans le processus de négociation du mandat, avant ou pendant la phase
de préparation. Des dispositifs doivent être mis en place, afin que les résultats de
ces consultations et des autres forums de participation indirecte soient incorporés
directement dans le processus de dialogue national, sans quoi ces manifestations
n’auront qu’une valeur factice et un impact très limité.
83
Manuel de dialogue national
84
Sélection des participants
Étapes et considérations
La procédure de sélection est souvent complexe et comporte plusieurs étapes, comme
ce fut le cas en Afghanistan, au Yémen et, dans une moindre mesure, au Liban (voir
ci-dessous). D’autres scénarios existent cependant. Au Soudan, par exemple, le
président a simplement invité publiquement tous les partis politiques à participer au
dialogue national. Au départ, le processus était donc composé presque exclusivement
de partis proches du régime – avec quelques exceptions notables, bien que la majorité
des figures de l’opposition se soient retirées peu après. En Afrique du Sud, tous les
partis politiques, quelle que soit leur envergure, étaient autorisés à participer et à
choisir leurs représentants. En revanche, les modalités de participation des chefs
traditionnels étaient plus controversées. Ceux-ci ont finalement été autorisés à
participer, mais pas sur le même plan que les partis politiques.
85
Manuel de dialogue national
En cas d’élection directe des participants au processus, le scrutin peut être subdivisé à
l’échelle locale (communauté, caucus), régionale et nationale. Le cas échéant, il peut
être nécessaire d’établir des processus de vérification et de former le public en amont,
comme en Afghanistan. L’organe de préparation joue souvent un rôle central dans le
déroulement des élections. Le degré et la nature de l’incidence des quotas dépendent
du contexte. Au Yémen, leur introduction a permis d’améliorer le précédent système
de sélection, perçu comme inéquitable, et d’intégrer un mécanisme favorisant
une représentation plus juste. La Jordanie n’est pas parvenue à instaurer ce type
de système, qui lui aurait permis d’élargir la représentation et, potentiellement, le
sentiment d’appropriation.
86
Sélection des participants
Les acteurs non étatiques armés et violents comptant parmi les principales parties
prenantes au conflit doivent être impliqués dans le dialogue national.
Les groupes armés non étatiques peuvent être définis comme des acteurs
« intervenant principalement à l’intérieur des frontières nationales et cherchant
à perturber ou réformer l’équilibre et les structures du pouvoir politique et
économique par la violence, afin de venger ce qu’ils considèrent comme des
injustices passées et/ou de défendre ou de contrôler des ressources, un territoire
ou des institutions, au bénéfice d’un groupe ethnique ou social particulier ».
Ricigliano (2005, 98)
87
Manuel de dialogue national
Il est probable que ces acteurs et leurs représentants soient inclus dans tout
processus de négociation et dans les arrangements politiques en découlant. Les
arguments éthiques et pragmatiques en faveur de leur participation à la médiation
et au dialogue national sont nombreux. (Dudouet, 2010) :
Les interventions militaires (« pouvoir de contraindre ») contre les insurrections
armées se sont avérées inadaptées à la création d’une paix durable ;
Beaucoup de ces acteurs sont à même de négocier ou de mettre en œuvre des
accords, et de faire échouer ceux dont ils sont exclus ;
Toute occasion d’apaiser la violence doit être saisie : même si les tentatives de
dialogue n’aboutissent à aucun accord, elles peuvent permettre d’améliorer la
situation humanitaire et de sauver des vies ;
Les groupes armés non étatiques peuvent représenter des groupes partisans
marginalisés et aspirer légitimement à la démocratie ;
Les moyens de mobilisation pacifiques ont tendance à renforcer les éléments
modérés et favorables au dialogue au sein d’un groupe, tandis que leur absence,
qui élimine toute solution non violente viable, contribue à renforcer la position
des radicaux ;
Le dialogue avec les groupes armés non étatiques permet de mieux comprendre
leurs motifs et leurs intérêts, et peut renforcer leurs capacités à prendre part à
des pourparlers de paix ;
Ces acteurs sont souvent des partis politiques en devenir qui pourraient enrichir
le débat démocratique par la suite.
Les chefs d’un groupe armé non étatique ayant des motifs politiques seront
certainement peu enclins à négocier ou à déposer volontairement les armes, à moins
que les revendications qui les ont justement poussés à prendre les armes soient
satisfaites et qu’ils puissent envisager une participation à la gouvernance une fois
le conflit terminé. L’inclusion des parties au conflit dans les accords politiques
d’après-guerre est le principal facteur empêchant la reprise des violences (Dudouet,
Giessmann et Planta, 2012).
88
Sélection des participants
qui reflète leur statut au sein de la société. Au Bahreïn, par exemple, le plus grand
parti d’opposition au Parlement a reçu le même nombre de sièges que tous les autres
partis d’opposition, ce qui a entraîné un profond désaccord. Au Liban, le nombre de
participants a progressivement augmenté et la question de la composition du dialogue
national a continué de faire débat.
Par ailleurs, seuls 35 des 300 sièges ont été attribués aux groupes d’opposition, ce
qui a conduit certains à dénoncer une forte sous-représentation de l’opposition.
En outre, plusieurs groupes d’opposition, qui figuraient pourtant parmi les principaux
instigateurs des manifestations, mais qui n’étaient pas reconnus légalement par le
gouvernement, n’ont pas été invités à se joindre au dialogue national.
Au Liban, les séances de dialogue national ont été convoquées par le président après
consultation des principaux partis.
Les premières séances de dialogue national lancées par le président Sleiman entre
2008 et 2009 comptaient 16 représentants politiques. Après les élections de 2009,
ce nombre a légèrement augmenté pour s’établir à 20. La composition de la table
est déterminée selon plusieurs critères spécifiques : les partis politiques détenant
plus de quatre sièges au parlement sont autorisés à participer, de même que les
représentants (anciens et en poste) des trois « présidents » du pays (le président,
le Premier ministre et le président du Parlement). Les deux grandes coalitions,
l’Alliance du 8-mars et l’Alliance du 14-mars, sont identiquement représentées, avec
chacune sept sièges, complétés par cinq sièges occupés par des indépendants, et le
président. Les sectes chrétiennes, sunnites, chiites et druzes les plus importantes
sont également représentées.
En principe, chaque parti est représenté par un candidat sélectionné par ses pairs.
Les participants sont tous des hommes politiques, à l’exception d’un universitaire.
Aucune femme ne participe aux négociations.
89
Manuel de dialogue national
Décret présidentiel
15 juillet 2003
La Loya Jirga constitutionnelle sera composée de 500 membres, dont 450 seront élus et 50 seront
nommés par le président. Ces derniers compteront 25 femmes et 25 experts juridiques et
constitutionnels.
Décret présidentiel du 24 avril 1382, articles 2 et 6.
Procédure
électorale
Processus 33 membres ont été invités
des élections en tant qu’observateurs,
générales 344 membres seront élus par vote à bulletin sans droit de vote ni de
secret par les 15 000 représentants des parole :
districts choisis par leurs districts durant – les membres du gouver-
Étape III : élections la préparation de la Loya Jirga d’urgence nement provisoire
de Jawza 1381 (mai 2002). – le président de la Cour
suprême
– le président et les
42 membres, dont 15 % de femmes, seront membres de la Commis-
Étape II : vérification
élus par des représentants des réfugiés sion constitutionnelle
et enregistrement
du Pakistan et de l’Iran, des personnes – les présidents de la
déplacées, des Kuchis, des Hindous et Commission judiciaire
des Sikhs. et de la Commission
afghane des droits de
Étape I : sensibilisation l’homme
et formation du public 64 femmes seront élues par des représen-
tantes des 32 provinces. Les hauts fonctionnaires
du gouvernement, les
responsables de l’armée
et les représentants des
forces de police n’étaient
pas autorisés à participer.
Les représentants de la Loya Jirga d’urgence ont été élus par un scrutin à deux tours
identique à celui de la Loya Jirga constitutionnelle, mais avec un électorat plus large
englobant toute la population (environ 1 500 représentants originaires de tout
l’Afghanistan ont participé à la Loya Jirga d’urgence, dont plus de 1 000 élus).
90
Sélection des participants
nomme définit
565 DÉLÉGUÉS
91
Manuel de dialogue national
Les femmes et les jeunes ont joué un rôle central durant la conférence, laquelle a
fortement marqué la société yéménite. L’introduction de quotas de représentation
des jeunes (20 %) et des femmes (30 %) au sein du gouvernement et des institutions,
ainsi que dans les comités de suivi de la conférence, compte parmi les principaux
résultats de la conférence. Le plus difficile a été de définir concrètement les acteurs
« indépendants » parmi les jeunes, les femmes et la société civile, certains remettant
en cause leur degré d’indépendance. Le Comité technique n’est pas parvenu à
résoudre cette question et les Nations Unies ont fini par intervenir. Ces acteurs ont été
progressivement marginalisés au cours du processus, notamment durant la phase de
mise en œuvre.
Groupes participants :
Président Jordaniens
Jordaniens d’origine
palestinienne 52 personnes
Participants originaires 4 femmes
d’Amman
Gouvernement définit
Participants originaires
de gouvernorats isolés
Chrétiens
Musulmans
92
Sélection des participants
Le processus était totalement opaque, notamment les critères de participation
ou d’identification des groupes participants.
Les différents groupes politiques n’étaient pas représentés de façon
proportionnelle : le Front de l’action islamique, le plus grand parti politique
d’opposition de Jordanie, s’est ainsi vu attribuer le même nombre de sièges que
d’autres partis moins importants.
Aucun système de quotas n’a été mis en place pour garantir la représentation
équitable des femmes, des jeunes et des minorités. Les organisations de
femmes ont dénoncé une sous-représentation, les 52 participants ne comptant
que 4 femmes. Les jeunes, qui représentent environ 75 % de la population
jordanienne, ont été complètement laissés de côté.
Les militants politiques ont accusé la Conférence d’exclure les membres des
mouvements populaires, ainsi que des figures et militants politiques de premier
plan, tels que Laith Shbailat et Toujan Al-Faisal, deux figures réputées de
l’opposition.
Bien que la Conférence ait initialement visé à satisfaire les revendications
des manifestants, les membres des mouvements populaires ayant pris part
aux manifestations dans divers gouvernorats ont été totalement exclus des
négociations.
Bien que le processus ait été conçu et mis en place par le gouvernement, et que des
sous-comités aient fini par mener des consultations dans les gouvernorats, le dialogue
national n’a pas réussi à obtenir une vaste légitimité et a continué d’être perçu comme
un processus largement aux mains des élites.
93
Manuel de dialogue national
94
Sélection des participants
La participation au dialogue de parlementaires, de responsables de syndicats,
ou de personnes bénéficiant d’une légitimité traditionnelle, telles que les
chefs religieux ou tribaux, simplifie la responsabilité et la représentation. Les
associations professionnelles jouissent également d’un très grand crédit, car
elles possèdent généralement des lignes de communication et d’autorisation
claires, ainsi que des mécanismes de redevabilité. L’inclusion des représentants
de ces associations, s’ils sont acceptés par une grande partie de la population,
permet d’ancrer le processus dans l’ensemble de la société. En Tunisie, par
exemple, le Quartette a amené avec lui des liens sociétaux historiques qui ont
profité au processus tout entier.
L’intérêt croissant porté à l’inclusion des femmes, des jeunes et des minorités
dans les processus de transition a contribué à augmenter le nombre de
représentants issus de ces groupes. Même s’ils réussissent à défendre les
préoccupations de leurs pairs durant les réunions internes des partis, ils risquent
finalement d’être sévèrement encadrés par les lignes des partis. Le cas échéant,
il est notamment possible d’inclure les représentants d’organisations de la
société civile spécialisées dans ces questions. Dans les sociétés traditionnelles,
qui considèrent la femme comme inférieure à l’homme, la nomination de
femmes – promue et instiguée par la communauté internationale – doit être
soigneusement mesurée. S’il est important de s’opposer à certaines normes
archaïques, il faut néanmoins se garder de toute prescription ou imposition, qui
vouerait à l’échec les résultats espérés.
Les procédures de sélection ayant tendance à favoriser les groupes déjà dominants,
les mesures préventives suivantes doivent être appliquées :
95
Manuel de dialogue national
Représentation juste : l’attribution des sièges doit se fonder sur une évaluation
honnête de l’influence de chaque parti. Les pays qui accordent le même nombre
de sièges à tous les partis d’opposition créent une symétrie artificielle au sein
du dialogue national, oblitérant les réalités du terrain. Au Bahreïn, chaque
groupe d’opposition invité à participer au dialogue national s’est vu attribuer
cinq sièges, quelles que soient son envergure et son influence. Ce fut le cas du
parti Al-Wefaq, qui avait pourtant remporté 45 % des suffrages aux élections
législatives de 201010 et a fini par se retirer. D’autres groupes sociétaux, tels que
les femmes et les jeunes, qui jouent un rôle central dans la société, doivent
être justement représentés. Le système de quotas créé à cette fin par le Yémen
a eu un effet positif durable. En revanche, la Jordanie n’a trouvé aucun moyen
d’inclure convenablement les femmes et les jeunes, décrédibilisant l’ensemble
du processus.
96
Sélection des participants
Problèmes liés aux groupes armés non étatiques12 : l’apport de garanties peut
grandement faciliter l’inclusion des acteurs armés non étatiques, tandis que leur
absence peut contribuer de fait à les exclure, comme ce fut le cas au Soudan.
En Colombie, les pourparlers de paix menés séparément, mais en parallèle du
dialogue national, ont accordé à chaque groupe armé un siège à la table des
97
Manuel de dialogue national
98
Définition des règles et principes directeurs
Adhésion à une prise de décisions fondée sur le consensus et clarification
des modalités décisionnelles ;
Clarification de la stratégie de sensibilisation du public et de la stratégie
médiatique ;
Les règles procédurales engagent les participants à dialoguer dans le respect. En cas
de non-conformité, elles peuvent être invoquées par les facilitateurs afin d’éviter les
conflits à chaque étape et de mener le processus comme prévu, à condition qu’elles
soient claires et acceptées par toutes les parties. Dans le cas contraire, elles risquent
de susciter des conflits.
99
Manuel de dialogue national
4) Au cours des réunions, un participant pourra soulever une motion d’ordre, auquel
cas le président ou le coprésident de la séance réagira promptement. Dans son
intervention, le participant ne sera pas nécessairement obligé de s’en tenir à la
question examinée.
6) N’importe quel participant peut demander la clôture des discussions une fois que la
question examinée a été suffisamment débattue. Si le président ou le coprésident
estime qu’un sujet a été épuisé, par manque d’intervenants ou d’idées nouvelles,
il doit résumer et clore la discussion.
100
Définition des règles et principes directeurs
101
Manuel de dialogue national
« 1. Partir de la réflexion collective des diverses communautés sur les causes, (origines)
de la crise, les questions qu’elle pose et les réponses possibles, en mettant en
exergue les valeurs à promouvoir pour en sortir.
2. Lancer un débat public sur les modalités actuelles de gouvernance des affaires
publiques et les réformes politiques, institutionnelles et économiques qui
s’imposent.
102
Définition des règles et principes directeurs
« Nous, les représentants dûment autorisés des partis politiques, des organisations
politiques, des administrations et du gouvernement sud-africain, rassemblés à
l’occasion de cette première séance de la Convention pour une Afrique du Sud
démocratique, conscients de l’immense responsabilité qui nous est confiée
à ce moment de l’histoire de notre pays, nous engageons solennellement à :
1. faire de l’Afrique du Sud une nation unie partageant une citoyenneté, une loyauté et
un patriotisme communs, et aspirant, au sein de sa diversité, à la liberté, l’égalité
et la sécurité de tous, quels que soient leur race, leur couleur, leur sexe ou leur
religion ; un pays libéré de l’apartheid ou de toute autre forme de discrimination
ou de domination ;
3. nous efforcer d’améliorer la qualité de vie de notre peuple par le biais de politiques
promouvant la croissance économique et le développement humain et garantissant
à tous les Sud-Africains l’égalité des chances et la justice sociale ;
(a) l’Afrique du Sud est un État uni, démocratique, exempt de ségrégation raciale et de
discrimination sexiste dans lequel l’autorité souveraine est exercée sur l’ensemble du
territoire ;
(b) la Constitution est la loi suprême dont le système judiciaire indépendant, impartial et
exempt de ségrégation raciale est le garant ;
(c) l’Afrique du Sud est une démocratie multipartite dans laquelle les citoyens ont le droit
de créer des partis politiques et d’y adhérer ; des élections se tiendront régulièrement sur
la base du suffrage universel des adultes et de listes électorales communes ; le système
électoral de base sera généralement celui de la représentation proportionnelle ;
(d) il existe une séparation des pouvoirs entre les fonctions législative, exécutive et
juridictionnelle ainsi que des mécanismes adaptés d’équilibre des pouvoirs ;
103
Manuel de dialogue national
(f) tous les citoyens jouiront des droits de l’homme, des libertés fondamentales et
des libertés civiles universellement acceptés, notamment la liberté de religion,
d’expression et de réunion ; ceux-ci seront protégés par une Déclaration des droits
inaliénable et justiciable et par un système juridique garantissant l’égalité de tous
devant la loi.
NOUS CONVENONS
1.
que les participants actuels et futurs seront autorisés à soumettre librement à la
Convention toute proposition conforme au principe démocratique ;
Nous, les représentants des partis politiques, des organisations politiques et des
administrations, nous engageons solennellement à être liés par les accords de la
CODESA et, en toute bonne foi, à entreprendre tout ce qui est en notre pouvoir et
autorité pour faire advenir la mise en œuvre de la Convention.[...]
Nous, le gouvernement de l’Afrique du Sud, nous déclarons liés par les accords
cosignés avec les autres participants à la CODESA, en conformité avec les règles
établies, et par la présente, nous engageons à mettre en œuvre la Convention dans la
mesure des capacités, des pouvoirs et de l’autorité qui nous sont conférés. »
3.6
Élaboration des modalités de prise de décisions
et de recherche de consensus
104
Élaboration des modalités de prise de décision et de recherche de consensus
prise de décision par consensus et par vote. Par ailleurs, la méthode du consensus se
décline en plusieurs versions, comme l’explique le schéma p. 106. Il est judicieux de
convenir d’une voie de sortie en cas d’échec du consensus.
CONSENSUS VOTE
Chaque partie doit approuver la décision. Les décisions sont adoptées à la majorité.
L’approbation par la seule majorité est
Le vote à la majorité est souvent considéré
insuffisante. Le dialogue se poursuit tant comme un processus d’affrontement
que le consensus n’est pas atteint. (gagnant/perdant) plutôt que de
Les parties au dialogue collaborent coopération.
en vue de parvenir à un accord qui
Modes de prise de décisions par vote :
satisfasse tous les participants. – Majorité simple (50 % ou plus de
Caractéristiques
Les participants se réunissent pour l’ensemble des suffrages)
partager des informations, échanger – Majorité absolue (50 % ou plus des
leurs points de vue et discuter les suffrages des participants)
questions de politique, en vue de – Majorité qualifiée (min. 2/3, 3/4, etc.,
formuler une décision commune de l’ensemble des suffrages ou des
acceptable par tous. suffrages des participants)
Le degré d’accord peut varier en fonction – Actions spécifiques/droits de veto
du type de consensus recherché. spéciaux (pour certains groupes
Le consensus peut être actif, passif, tels que les minorités)
général, à la majorité qualifiée ou
suffisant.
dialogue.
Le processus de prise de décisions est
L a prise de décisions par consensus plus facile à gérer.
catalyse l’engagement de tous les
participants vis-à-vis des décisions et
facilite la mise en œuvre efficace de
celles-ci.
L’obtention d’un consensus, notamment
L a dynamique d’affrontement du vote
pour les décisions politiques majeures, risque d’affaiblir le dialogue et la créativité
Faiblesses
105
Manuel de dialogue national
CONSENSUS
CONSENSUS GÉNÉRAL
Le consensus général suppose que l’ensemble des participants acceptent la décision.
en cas d’impasse :
SORTIE D’IMPASSE
Le consensus général reste la méthode la plus indiquée pour prendre une décision.
Le consensus suffisant ou à la majorité qualifiée peut être invoqué en cas d’impasse,
lorsque les participants ne parviennent pas à s’entendre.
Il leur permet de trouver un accord au lieu de laisser le processus s’enliser et
d’accumuler les occasions manquées. Toutefois, les participants doivent s’engager
à maintenir le dialogue.
106
Élaboration des modalités de prise de décision et de recherche de consensus
En Afrique du Sud, 26 formations politiques ont participé au dialogue sur la base d’une
« égalité formelle, quelle que soit le nombre estimé de leurs partisans » (Odendaal,
2014, 69). La règle du consensus
a été introduite, afin d’empêcher
les parties d’opposer leur veto Arbitrage
et de bloquer les négociations. Le litige est porté devant un tiers, lequel
Le Comité de planification était met fin au désaccord en prenant une
appelé à la rescousse en cas décision contraignante.
d’impasse. Il a introduit le principe
de « consensus suffisant », c’est- Solutions :
à-dire entre les deux principaux Création d’un « Conseil des Anciens »,
belligérants, le Congrès national qui peut tenter d’adopter une décision
africain et le Parti national. Si ces par consensus ou, en cas d’impasse,
par vote à la majorité absolue.
derniers étaient libres d’user de
Organisation d’un référendum pour
leur pouvoir pour influencer leurs
débloquer une question particulière.
partisans et obtenir le soutien
nécessaire, cela a néanmoins porté
atteinte au principe de consensus
et a manifestement contribué à isoler les partis minoritaires. La prise de décisions par
consensus est une entreprise souvent fastidieuse et à l’issue incertaine. La plupart
du temps, les processus de dialogue recourent à une approche en plusieurs étapes
intégrant des mécanismes de sortie, utilisés en cas d’impasse ou de difficulté dans la
prise de décisions (Bahreïn, Yémen). Ces mécanismes font généralement appel à la
médiation ou l’arbitrage et sont dotés d’un organe intervenant expressément lorsque
aucun consensus ne peut être obtenu (→ 3.8 Création de structures d’appui).
107
Manuel de dialogue national
COMPATIBILITÉ TOTALE
108
Élaboration des modalités de prise de décision et de recherche de consensus
ALLIANCE ALLIANCE
Origine
nationale
Origine
religieuse
Origine Toutes les
religieuse parties doivent
s’entendre sur
la question.
Affiliation
régionale
Affiliation
régionale
109
Manuel de dialogue national
Moins de 75 %
des suffrages Président
Membres du Présidium
Décision approuvée
110
Élaboration des modalités de prise de décision et de recherche de consensus
La prise de décisions consensuelle occupe une place centrale dans le dialogue
national. Elle remplit une importante fonction empirique, contribue à améliorer
la confiance et les relations, et favorise la collaboration politique. Cela ne
111
Manuel de dialogue national
doit pourtant pas faire oublier que, la plupart du temps, les décisions restent
confinées dans les frontières identitaires, comme ce fut notamment le cas au
Liban.
La plupart des processus intègrent des mécanismes de sortie des impasses
afin d’éviter, en l’absence de consensus, la rupture des négociations. Il peut
s’agir d’un comité ou d’une institution chargé(e) de résoudre les litiges et/ou
d’organiser un nouveau scrutin. Les négociations à huis clos entre les acteurs
principaux sont également une procédure classique quoiqu’à double tranchant :
elles peuvent faire progresser sensiblement le dialogue, mais risquent aussi de
le faire passer pour élitiste et exclusif, et de le discréditer.
La conception des mécanismes de sortie des impasses n’est pas sans importance.
Le Yémen et le Bahreïn avaient opté pour un comité chargé de régler les questions
non résolues en plénière. Le Yémen avait même créé une procédure à double
niveau. En cas de controverse, les décisions étaient prises en dernier lieu par
le président, une démarche qui a discrédité certains choix et créé des tensions,
notamment vers la fin du processus, du fait de la non-résolution de questions
stratégiques liées à la division des régions.
Les grandes questions liées à l’identité profonde des différents groupes
partisans (reconnaissance de la langue, défense de la culture, etc.) ne doivent
pas se régler par vote. En effet, la majorité l’emporte généralement sur les
ethnies minoritaires qui revendiquent depuis longtemps la reconnaissance de
leur identité. Ce fut notamment le cas en Afghanistan, où les grandes questions
identitaires ont failli avoir raison du processus au moment du vote en plénière.
112
Mobilisation du public
113
Manuel de dialogue national
Information, Adoption et
Consultation
sensibilisation et mise en œuvre
et information
formation du public des résultats
Figure 3.7 : Mobilisation du public suivant les différentes phases du dialogue national
114
Mobilisation du public
Auditions
publiques
Rapport
COMMISSION
DE PRÉPARATION
ASSEMBLÉE
Programme CONSTITUANTE
provisoire NATIONALE
Synthèse
d’experts
115
Manuel de dialogue national
3 sous-comités
chargés de mener
les consultations
publiques
Consultations
Comité du publiques dans
dialogue national tous les gouvernorats
de Jordanie
116
Mobilisation du public
Le Mali a adopté une nouvelle constitution par référendum public juste après la
Conférence nationale de 1991. Des consultations régionales se sont tenues en 1994
pour engager un dialogue local sur les changements débattus lors de la Conférence.
Il semble qu’aucun mécanisme n’ait été mis en place pour prendre en compte les
résultats de ces consultations. Ces manifestations ont surtout voulu transposer
localement les défis rencontrés au niveau central. Les résultats ont été mitigés : certes,
la Conférence nationale a bel et bien réglé les préoccupations nationales liées à la
démocratisation, cependant, elle n’a pas su prendre en compte les défis immédiats
auxquels sont confrontés les citoyens ordinaires.
« Lors des consultations régionales (à Mopti), les organisateurs avaient fait
venir des représentants de services techniques, des chefs de villages, factions,
arrondissements, ainsi que des délégués des “cercles” pour engager un dialogue
régional. Les organisateurs avaient, lors de la consultation, lu des textes législatifs,
la Constitution et le Code électoral, évoqué la démocratie, le multipartisme,
etc. Toutefois, les thèmes débattus n’intéressaient pas les paysans, dont les
préoccupations n’étaient pas d’ordre politique. Ainsi, les participants (surtout les
paysans), qui ne maîtrisaient pas suffisamment les thèmes de la consultation, n’ont
pas pu participer pleinement aux débats et leurs aspirations n’ont pas été prises en
compte. Les organisateurs avaient pour consigne de laisser les populations locales
choisir les thèmes du débat et s’exprimer dans les langues locales. De son côté,
l’administration devait les accompagner et les conseiller. Mais cela n’a pas été le
cas. Les exactions des agents des eaux et forêts, de la gendarmerie (p. ex., lors
du recouvrement des impôts) avaient été dénoncées par la population, mais les
consultations n’ont pas pu donner de suites favorables à leurs revendications. Par
conséquent, dans les villages, rien n’a changé depuis 1990. Au contraire, d’autres
problèmes ont surgi, tels que les conflits de compétences entre les communes et
les préfets ou sous-préfets. »
117
Manuel de dialogue national
21 - 23 juil-
let 2014
Janvier -
Forum de 4 - 11 mai 2015
mars 2015
réconciliation Forum national
Consultations
nationale inter- de Bangui
populaires
centrafricain
à Brazzaville Accord
de cessa- 4 rapports
tion des théma-
hostilités tiques
Thématiques :
Paix et sécurité
Justice et réconciliation
Bonne gouvernance
Développement socio-économique
118
Mobilisation du public
Les consultations populaires ont eu lieu de janvier à mars 2015, une fois la sécurité
revenue. Elles visaient à cerner clairement les opinions et les revendications de la
population quant aux thématiques centrales (voir sections thématiques). Leurs
conclusions ont servi à préparer le Forum national de Bangui, qui constituait la
troisième et dernière étape du processus. Les consultations ont été menées dans tout
le pays, dans les États voisins où vivaient des réfugiés centrafricains (Cameroun,
République démocratique du Congo, République du Congo, Tchad) et en France.
Vingt-huit équipes de 3 à 15 facilitateurs ont été formées au cours de trois ateliers
puis déployées à Bangui, dans les 16 préfectures, en République démocratique du
Congo, en République du Congo, au Tchad, au Cameroun et en France. Les chefs
d’équipe étaient tous des ministres centrafricains (résidant sur le territoire). Environ
17 730 personnes ont été consultées en République centrafricaine et quelque 2 114 dans
les autres pays (345 en République démocratique du Congo, 1 200 en République du
Congo, 138 au Tchad, 370 au Cameroun et 61 en France). Leurs préoccupations et leurs
recommandations ont été compilées, examinées et présentées au public à l’occasion
de deux grandes réunions, la première dans l’hémicycle de l’Assemblée générale et la
seconde, dans un stade de 20 000 places.
119
Manuel de dialogue national
NÉGOCIATIONS BILATÉRALES
UNITÉ RÉVOLUTIONNAIRE
NATIONALE GUATÉMALTÈQUE
Transmission Soumission de
du document l’accord final pour
de consensus délibération et
(éventuellement)
approbation
1. Partis politiques
2. Groupes
religieux Rôle de la société
3. Syndicats/ civile et de l’armée
organisations dans une société
populaires démocratique
4. Universitaires,
petites Identité et droits des
coopératives de peuples autochtones
commerçants
5. Organisations Réforme constitu-
TOUS LES autochtones tionnelle et système
électoral Débat de l’Assemblée
SECTEURS 6. Organisations
et choix par consensus
DE LA de femmes
SOCIÉTÉ Réinstallation des des 5 sujets principaux
7. O NG de
développement personnes déplacées
8. C entres de et réfugiées en raison
recherche du conflit
9. Groupes de dé-
fense des droits Problèmes socio-
de l’homme économiques et
10. Organisations réforme agraire
de médias (redistribution
des terres)
*10 représentants
par secteur
120
Mobilisation du public
L’Assemblée de la société civile a mobilisé tous les secteurs et fini par rallier des
participants de la plupart des grands groupes sociétaux. Elle était chargée de mener
des consultations et de partager les informations. Les décisions étaient prises par
consensus. Le processus était lent en raison de la longueur des consultations, mais
les documents ainsi obtenus jouissaient d’une très grande légitimité. L’Assemblée
cherchait surtout à faire entendre l’opinion de la société civile, plutôt qu’à mobiliser
un public diversifié. Contrairement à l’Afrique du Sud, il y a eu peu d’effort de
sensibilisation de la population, ce qui a pu donner l’impression que celle-ci ne
serait pas en mesure de suivre les négociations au sommet, et a finalement provoqué
l’échec du référendum public sur les dispositions principales des accords devant être
intégrées dans la Constitution. Malgré tout, le travail considérable réalisé par le forum
de l’Assemblée a été reconnu aux plus hauts niveaux. Selon Jean Arnault, le médiateur
des Nations Unies, « la participation de l’Assemblée de la société civile, présidée par
Monseigneur Quezada Toruño, au processus de paix [...] a légitimé celui-ci » (cité par
le Centre d’études du Guatemala, 2016, 21).
121
Manuel de dialogue national
122
Mobilisation du public
En cas de taux élevé d’analphabétisme, par quels moyens atteindre la population
illettrée ?
123
Manuel de dialogue national
Comment atteindre les personnes résidant à l’étranger, telles que les grandes
communautés de la diaspora ?
* Des méthodes et moyens adaptés doivent impérativement être établis, afin de traiter et de réintégrer
utilement dans le processus les informations recueillies lors des consultations publiques.
124
Mobilisation du public
125
Manuel de dialogue national
Au total, 18 tentes de dialogue ont été organisées dans 14 gouvernorats [...] par
des organisations de la société civile locales, sous la supervision et avec l’appui
du Secrétariat et de partenaires, tels que l’Organisation internationale pour
les migrations. Plus de 520 organisations de la société civile [ont participé] aux
interventions de sensibilisation dans les communautés. [...]
Le Secrétariat a assuré la retransmission en direct des séances plénières de la
Conférence du dialogue national, en partenariat avec des chaînes de radio et de
télévision yéménites et arabes. Au total, plus de 1 000 heures de conférence ont
été retransmises. Les séances des groupes de travail et des différents comités de la
Conférence se tenaient à huis clos. […] Le Secrétariat a donc créé une unité spéciale
chargée de préparer des rapports quotidiens au format écrit et audiovisuel, et de
les distribuer à tous les médias intéressés. [...]
1 380 heures d’émissions radiophoniques et télévisées en direct
13 chaînes yéménites
5 chaînes arabes
14 stations de radio locales et nationales [...]
180 observateurs yéménites et étrangers ont participé à 350 réunions de la
Conférence du dialogue national et publié des rapports indépendants. »
Les réseaux sociaux ont joué un rôle majeur lors des soulèvements
du Printemps arabe, même s’il ne s’agissait pas du principal outil de
communication.
Ils ont facilité le dialogue entre les réseaux militants, lesquels ont pu
ensuite lancer des appels à la réforme.
Ils ont aidé les manifestants à organiser et coordonner leurs activités.
Ils ont permis d’attirer l’attention de la communauté internationale
sur la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, en relayant
l’information depuis des lieux difficilement accessibles par les médias
traditionnels et en favorisant un journalisme ascendant et décentralisé.
126
Mobilisation du public
INFORMATION PARTICIPATION
127
Manuel de dialogue national
128
Création de structures d’appui, de mécanismes de sortie des impasses et de filets de sécurité
En théorie, les mécanismes de sortie des impasses et les filets de sécurité sont deux
notions distinctes (voir encadré ci-dessous). Dans la pratique, cependant, les filets de
sécurité peuvent également faire office de mécanisme de sortie des impasses.
Ils visent surtout à gérer les conflits durant le processus. Ils cherchent
à débloquer les impasses qui paralysent le dialogue national ou les
négociations multipartites, et à créer ou rétablir un consensus sur les
questions importantes ou les procédures.
Filets de sécurité
Ils ont une portée plus large, et la fonction de sortie des impasses n’est
qu’un de leurs nombreux usages. Plusieurs structures d’appui peuvent
être envisagées à cette fin (→ Infrastructures de paix, p. 130).
Alors que les filets de sécurité soutiennent le processus dans son ensemble
(→ Common Space Initiative au Liban, Transition to Peace Initiative au Népal et
structures de l’Accord national de paix en Afrique du Sud, p. 133-135), les mécanismes
de sortie des impasses sont spécialement conçus pour absorber le choc en cas d’arrêt
des négociations ou du dialogue, et trouver une solution.Ils sont intégrés au processus
global, tandis que les filets de sécurité continuent de fonctionner même en cas de
rupture du processus officiel. Les filets de sécurité peuvent jouer un rôle salutaire au
moindre risque d’éclatement du processus, que ce soit pour empêcher sa dissolution
129
Manuel de dialogue national
Giessmann (2016), Ryan (2012), Unger et al. (2013), van Tongeren (2013a ; 2013b)
130
Création de structures d’appui, de mécanismes de sortie des impasses et de filets de sécurité
Tiers :
II. Mécanismes Médiation, arbitrage, auditions d’experts
externes de sortie Comité d’ambassadeurs du G-10 aux fins de garantie du
des impasses processus (Yémen)
Résolutions du Conseil de sécurité (Yémen)
131
Manuel de dialogue national
Au cours des tables rondes en Pologne, les questions les plus sensibles ont été
débattues par les principaux chefs de file à l’occasion de rencontres ponctuelles à
la Villa Madgalenka. Bien que réservées presque exclusivement aux élites (deux
représentants du clergé y assistaient également), ces réunions ont permis de faire
évoluer les positions sur les questions essentielles.
TABLE RONDE
RÉUNIONS PONCTUELLES
entre les principaux chefs
de file, avec la médiation
de l’Église catholique
compromis et orientation
Les
principaux chefs des deux camps n’ont pas pris part aux négociations
formelles. Cependant, en cas d’impasse majeure, ils se réunissaient dans une villa
de Magdalenka pour négocier et prendre des décisions générales. Onze réunions
de ce type ont ainsi eu lieu. Elles ont favorisé la recherche de compromis et permis
d’orienter les futures discussions de la table ronde principale.
L’Église
catholique avait régulièrement appelé le gouvernement à entamer des
négociations avec l’opposition et a finalement contribué au rapprochement des
deux camps. Elle a aidé à définir les conditions préliminaires des négociations,
ainsi que leurs résultats finaux. À Magdalenka, les deux représentants du clergé
ont joué le rôle de témoins, mais également de médiateurs à certains moments
délicats. Ils étaient acceptés par les deux parties en dépit d’une certaine partialité :
en effet, tous deux avaient leurs propres intérêts et étaient bien plus proches des
revendications de Solidarność.
La
fonctionnalité de cette institution ponctuelle lui a permis de s’implanter
durablement. Elle a contribué à la réussite du dialogue et les grandes décisions y
ont gagné un poids politique certain. Toutefois, ces mêmes décisions ont été prises
en dehors du cadre participatif, ce qui a considérablement restreint l’influence des
autres acteurs.
132
Création de structures d’appui, de mécanismes de sortie des impasses et de filets de sécurité
133
Manuel de dialogue national
134
Création de structures d’appui, de mécanismes de sortie des impasses et de filets de sécurité
135
Manuel de dialogue national
136
Notes
5 Papagianni (2014).
6 Voir www.inclusivepeace.org/content/broadening-participation.
137
Manuel de dialogue national
Chapitre 4
138
Phase de mise
en œuvre : déploiement
et pérennisation
des résultats
Sommaire
141 4.1 En quoi se distingue la mise en œuvre
des résultats du dialogue national ?
139
Manuel de dialogue national
Le présent chapitre se divise en quatre sous-chapitres. Le premier porte sur les défis et
les possibilités liés spécifiquement à la phase de mise en œuvre du dialogue national,
et offre des conseils pour résoudre les principales difficultés. Le deuxième présente la
typologie des résultats obtenus grâce au dialogue national et explique la différence
entre résultats tangibles et résultats intangibles. Le troisième propose des exemples
d’infrastructures et de mécanismes de mise en œuvre, ainsi que d’autres facteurs
pouvant faciliter celle-ci. Le quatrième détaille les aspects essentiels à prendre en
compte durant la phase de mise en œuvre.
140
En quoi se distingue la mise en œuvre des résultats du dialogue national ?
DÉFIS POSSIBILITÉS
141
Manuel de dialogue national
142
En quoi se distingue la mise en œuvre des résultats du dialogue national ?
veulent généralement s’assurer qu’elles peuvent mettre leur veto aux décisions
qui ne leur conviennent pas, ce qui a tendance à faciliter l’apparition de blocs
(Liban) menant à des impasses politiques. La création de structures et de
mécanismes originaux suscitant une interdépendance entre les parties dans
l’atteinte de leurs objectifs peut favoriser les partenariats et la collaboration.
Une vision claire doit être définie au moment de la finalisation des résultats
et indiquer concrètement en quoi consistera la mise en œuvre. Le processus
doit être suffisamment souple pour permettre l’examen et la vérification des
résultats, au cas où la situation évoluerait. Il est essentiel de maintenir les voies
de communication ouvertes, afin de relayer les éventuels changements et de
continuer à affermir la confiance. Cela permet également de mettre sur la touche
les acteurs qui renoncent à honorer leurs engagements et d’exercer sur eux une
pression supplémentaire. Les garanties et les mécanismes de contrôle doivent
être fixés au cours du processus de dialogue national.
Il est important de gérer les attentes, notamment en ce qui concerne le calendrier
prévu pour la mise en œuvre des résultats. Le fait de préciser qu’il s’agit d’un
travail au long cours permet d’éviter les attentes irréalistes et favorise la sortie
de crise sans faire passer le processus pour un fiasco. On retiendra également
que les conflits prolongés requièrent des outils de rétablissement de la paix qui
s’inscrivent dans la durée et tiennent compte de la nature non linéaire des cycles
de transformation des conflits. À titre d’exemple, le processus de transition
de l’Afrique du Sud a été interrompu trois fois avant de donner des résultats
probants. Enfin, démarrer rapidement la mise en œuvre juste après le dialogue
national peut favoriser le soutien initial à cette nouvelle phase.
143
Manuel de dialogue national
Résultats intangibles
Les résultats intangibles peuvent être des changements subtils dans les attitudes,
les relations et les modes d’engagement. Le dialogue national aura peut-être
permis d’aborder pour la première fois certaines questions à l’échelle nationale et,
144
Comprendre les résultats du dialogue national
Les études de cas ci-dessous illustrent l’importance des résultats intangibles pour la
mise en œuvre du dialogue national et, plus largement, du processus de changement.
145
Manuel de dialogue national
armé ont donc commencé à être discutées ouvertement dans l’espace public, une
première dans l’histoire du Guatemala. Le dialogue a constamment mis en avant
l’idée que la paix n’était pas seulement l’absence de guerre, mais également la
possibilité de fonder une nouvelle nation. Les questions et les défis ont été mieux
analysés et compris. Les acteurs défendaient des positions et des besoins mutuels, et
partageaient les mêmes principes et objectifs. La culture démocratique du dialogue
a été encouragée. Les élites politiques (partis politiques, société civile) ont gagné en
compétence, et des réseaux de communication intersectorielle ont été mis en place
(dans la société et entre la société et l’État). La société civile s’en est trouvée confortée
et légitimée dans son rôle de partenaire dans l’élaboration de politiques, une petite
révolution vu l’autoritarisme politique dont faisaient traditionnellement preuve les
autorités guatémaltèques. Ce changement de cap s’est avéré déterminant quelques
années plus tard, au moment de définir le programme de négociation officiel entre
l’Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque et le gouvernement/l’armée. Ce
processus s’est déroulé en public, et la participation citoyenne a été encouragée et
recherchée. Compétente et organisée, la société guatémaltèque a pu s’extraire de son
rôle de spectatrice pour devenir une force active du processus de paix.
Résultats tangibles
146
Comprendre les résultats du dialogue national
C’est pourquoi une feuille de route pour la transition se trouve souvent parmi les
principaux résultats tangibles. Elle peut prévoir l’instauration d’un gouvernement
provisoire ou d’unité, et détailler les étapes nécessaires à sa mise en place.
Changement
politique
Travail
de mémoire Changement
et justice constitutionnel
transitionnelle
Résultats
tangibles
Réforme Réglementation
économique relative aux
et sociale droits de l’homme
Transition
en matière
de sécurité
147
Manuel de dialogue national
148
Comprendre les résultats du dialogue national
Elles ont su faire preuve de retenue au plus fort des agressions israéliennes et
des violences palestiniennes, notamment durant la guerre de Gaza en 2009. Elles
ont publié un code d’honneur, afin de maîtriser leurs interventions politiques
et médiatiques. Enfin, elles se sont engagées à respecter la politique conjointe
de dissociation vis-à-vis de la guerre civile en Syrie établie dans la Déclaration de
Baabda du 12 juin 2012.
Réforme économique et sociale. Les résultats visent à relever les défis socio-
économiques nationaux et peuvent prendre plusieurs formes : engagement ou
mesures concrètes pour améliorer les services sociaux (Bolivie) et l’éducation
(Jordanie) ; réforme agraire (Kenya) ; mesures de lutte contre la corruption
(Bahreïn) ; mesures d’amélioration de la compétitivité économique (Pologne).
Au Yémen, les groupes de travail se consacraient aux questions sociales et
environnementales, ainsi qu’au développement global, intégré et durable.
Certains processus visant la création d’une politique nationale de développement
cohérente se concentrent exclusivement sur les questions de développement.
Toutefois, ils ne sont pas étudiés en détail dans le présent manuel.
149
Manuel de dialogue national
150
Mécanismes de mise en œuvre des résultats
La phase de mise en œuvre est facilitée par des infrastructures, des mécanismes et
des forums.
151
Manuel de dialogue national
Garanties et
mécanismes
de suivi
Forums de dialogue
Infrastructure
pour le suivi
de mise en œuvre
des accords
Mise en œuvre
Figure 4.3 : Éléments facilitant la mise en œuvre des résultats du dialogue national
Afrique du Sud. Établi dans le cadre de la Convention pour une Afrique du Sud
démocratique et du Processus de négociations multipartites, l’accord sur les grands
principes constitutionnels et le processus de transition a été mis en œuvre avec
l’élection de l’Assemblée constituante au suffrage universel, une première en Afrique
152
Mécanismes de mise en œuvre des résultats
Dans de nombreux pays étudiés, la phase de mise en œuvre a été marquée par la
création d’une foule d’institutions. Au Bahreïn, le gouvernement a créé une commission
chargée de mettre en œuvre une large gamme de recommandations résultant
directement du dialogue national. Celle-ci était composée de neuf responsables du
gouvernement et présidée par le Vice-Premier ministre.
153
Manuel de dialogue national
Tunisie. La phase de mise en œuvre s’est déroulée rapidement, toutes les parties ayant
approuvé la feuille de route établie par le Quartette, notamment les composantes
gouvernementales, constitutionnelles et électorales.
Création de l’Ins-
tance supérieure
indépendante Démission du Organisation et Finalisation du
pour les élections, gouvernement mise en œuvre texte constitution-
chargée d’organi- islamiste et des élections nel et adoption
ser et de contrôler instauration d’un présidentielles et de la Constitution
les élections, et gouvernement législatives par l’Assemblée
notamment de technocratique constituante
rédiger la loi sur indépendant nationale
les élections
154
Mécanismes de mise en œuvre des résultats
Bahreïn16. Les recommandations ont été remises au roi, lequel les a ensuite confiées aux
autorités compétentes en vue de leur exécution. Plusieurs mesures ont été appliquées
par décret royal, d’autres ont été remises au Parlement et aux ministères pour être
approfondies et mises en œuvre. Chaque institution devait rendre des comptes sur
l’avancement de la mise en œuvre. Une commission composée de neuf responsables
du gouvernement a été créée pour mettre en œuvre les recommandations. Les
réformes proposées visaient notamment la création de procédures législatives plus
efficaces, afin de réduire les retards de ratification et les lacunes de mise en œuvre.
Par la suite, le roi Hamad a annoncé que la Constitution du Bahreïn serait amendée
conformément aux recommandations.
Yémen. Le mandat du président Hadi avait été prolongé d’un an, afin que celui-ci
puisse mettre en œuvre certaines réformes et continuer de superviser le processus de
transition par le biais du dispositif de mise en œuvre suivant :
155
Manuel de dialogue national
Togo17. En 1991, l’armée a été exclue des multiples cycles de dialogue national en
raison du manque de confiance et de la crainte de voir les chefs militaires détourner
le processus s’ils participaient. Lorsque le président a déployé des troupes pour
intimider et harceler les participants, les chefs des armées ne se sont pas sentis liés
par les accords découlant du processus, ni tenus de les mettre en œuvre.
156
Principales considérations relatives à la phase de mise en œuvre
Durant la phase de mise en œuvre, les parties prenantes nationales doivent pouvoir
effectuer un suivi détaillé des accords, selon les besoins, et régler les questions
épineuses ou non résolues. Des forums de suivi informels ou semi-formels dans les
régions et les communautés permettent de creuser certaines questions, de rapprocher
les acteurs principaux des niveaux 2 et 3 (→ figure 1.5) et, ainsi, de garantir une mise
en œuvre continue et homogène. En Tunisie, des forums de dialogue pour le suivi
ont été créés sous forme de petits groupes de travail chargés d’étudier certaines
clauses sensibles du projet de constitution et de proposer des amendements. Les
participants ont ainsi pu discuter longuement des clauses afin de trouver des solutions
consensuelles.
4.4 P
rincipales considérations relatives à la phase de mise
en œuvre
157
Manuel de dialogue national
pourra alors bénéficier d’un vaste soutien d’entrée de jeu, ce qui augmentera
les chances d’une mise en œuvre réussie. Cette dernière est également facilitée
lorsque les accords dépassent le niveau du plus petit dénominateur commun et
traitent véritablement des revendications profondes. Le processus mis en place
pour produire un résultat est donc aussi important que la qualité dudit résultat
et influence directement ce dernier.
1 Pour une discussion sur la mise en œuvre des accords de paix, voir Stedman,
Rothchild et Cousens (2002).
2 La Conférence du dialogue national (CDN) a décidé que le Yémen devait devenir un État fé-
déral, mais la décision importante portant sur le découpage des frontières a été confiée
à d’autres autorités. Au bout du compte, le président Hadi a mis en place la structure
fédérale en moins de deux semaines, suscitant de nombreuses critiques et donnant
l’impression que les décisions importantes étaient toujours prises par les mêmes.
4 « Les résultats concrets du dialogue national prennent généralement la forme d’un accord
officiel qui recense à la fois les principes sous-tendant des réformes importantes et
les processus mis en place pour les adopter » (Barnes, 2017, p. 32).
158
Notes
5 Les résultats se différencient des produits à plusieurs égards : pour certains, les résultats
sont intangibles tandis que les produits sont tangibles ; pour d’autres, les résultats
sont le fruit de la transformation suscitée par les produits. Voir par exemple
Mills-Scofield (2012). Le présent manuel ne fait référence qu’au terme « résultats »,
en faisant une distinction entre leurs aspects tangibles et intangibles.
6 L’exemple du Guatemala est tiré de Alvarez (2002), de Leon (2014) et de Centro de Estudios
de Guatemala (2016).
13 Voir www.africareview.com/news/Sudan-rebels-rebuff-Bashir-amnesty/979180-2883144-
11ysdt5/index.html.
159
Chapitre 5
Mobilisation extérieure
en faveur du dialogue
national
Sommaire
163 5.1 Rôles des acteurs extérieurs
161
Manuel de dialogue national
Les dialogues nationaux sont, par définition, dirigés par les pays et propres à
chacun d’entre eux. Ils s’inscrivent dans un cadre et sont par conséquent exposés
à l’influence d’éléments, de conditions et d’acteurs extérieurs. Idéalement, ce sont
les parties prenantes nationales à l’origine du dialogue qui décident du rôle joué
par les protagonistes extérieurs, en veillant à ce que leur engagement soutienne le
processus. Toutefois, l’expérience montre que la mobilisation extérieure peut être
néfaste en l’absence de coordination ou si elle est essentiellement motivée par des
intérêts personnels.
Quels sont les acteurs extérieurs influant sur le dialogue national ? Le présent manuel
passe en revue un vaste ensemble d’acteurs, en s’attachant à distinguer les acteurs
politiques des acteurs du développement. Les premiers comprennent généralement
les organisations internationales et régionales, les États et les organisations non
gouvernementales. Il peut également s’agir de chefs religieux, d’institutions
universitaires, de groupes de la diaspora, de représentants du secteur commercial et
de figures influentes. S’ils agissent souvent seuls, ils peuvent également faire partie de
coalitions spécialement créées pour accompagner le dialogue national, telles que les
amicales ou les groupes de contact.
162
Rôles des acteurs extérieurs
Aide indispensable
Bailleur de fonds
Observateur/Garant
Facilitateur
Figure 5.1 : Rôles des acteurs extérieurs dans les processus de dialogue national
163
Manuel de dialogue national
Cette partie décrit les rôles endossés par les acteurs politiques et du
développement (→ figure 5.2, p. 174-175). Le fait qu’ils se soient tous deux engagés
à soutenir le dialogue national témoigne d’une disparition progressive des divisions
traditionnelles entre les rôles, caractérisée par une intervention des acteurs du
développement suite à la conclusion d’un processus politique visant à appuyer les
efforts de reconstruction et de développement au cours de la phase de mise en œuvre.
Ces dernières années, les acteurs du développement jouent un rôle de plus en plus actif
dans les processus politiques, remplissant différentes fonctions d’appui au dialogue
national. Parmi ces fonctions, citons : l’adoption de mesures favorisant la confiance,
la définition d’incitations à la participation des parties prenantes nationales au
processus de dialogue, la garantie de l’intégration des questions de développement
dans le dialogue national, le versement de fonds et la fourniture d’une expertise
technique, ou encore l’appui à l’infrastructure de dialogue ainsi qu’à la mise en œuvre
des résultats du dialogue national.
Aide indispensable
Fonction : Les acteurs extérieurs peuvent être vus comme des « aides indispensables »
lorsqu’ils s’unissent pour soutenir le dialogue national au niveau international,
et lorsqu’ils exercent une influence sur les parties au conflit pour les inciter au
dialogue. Pour encourager les parties à se mobiliser, les acteurs extérieurs peuvent
avoir recours à des moyens de pression et à des mesures incitatives. Citons par
exemple les déclarations publiques, les sanctions « intelligentes » et les embargos (y
compris les interdictions de voyager), ou encore les moyens incitatifs tels que les
mesures d’allégement de la dette, les programmes d’aide financière et la promesse
de normaliser les relations, entre autres. Il convient de faire preuve de prudence lors
de l’adoption de politiques de sanctions intelligentes, car, en tant qu’interventions
actives, elles peuvent modifier les rapports de force entre les parties présentes sur
le terrain. Utilisées avec précaution, elles peuvent toutefois aider à faire avancer la
situation et ouvrir les parties au dialogue.
164
Rôles des acteurs extérieurs
Les acteurs extérieurs peuvent également être des « freins » s’ils découragent
activement les parties au conflit de participer au dialogue national et s’ils prennent
des mesures qui réduisent les probabilités de compromis entre les parties au conflit.
L’exemple de l’Ukraine est très parlant. L’éclatement de la guerre dans l’est du pays et
la concurrence géopolitique croissante entre l’Est et l’Ouest ont favorisé l’émergence
d’une logique de confrontation, et non de dialogue, entre les différents segments de la
société au lendemain de la « révolution de Maïdan » de février 2014.
165
Manuel de dialogue national
syriennes et la plateforme d’appui à la société civile Civil Society Support Room (gérée
par swisspeace et le Norwegian Centre for Conflict Resolution [NOREF]) en marge des
pourparlers intra-syriens à Genève, insistant sur le fait que le conflit syrien ne pourra
être résolu qu’en intégrant de larges pans de la société. Les débats sur le dialogue
national sont rendus difficiles par le fait que le gouvernement syrien a suggéré, à
plusieurs reprises au cours du conflit, d’organiser un dialogue dans le but de saper
l’opposition. Ce sera à la population syrienne de décider si un dialogue national doit
avoir lieu, et sous quelle forme.
Bailleur de fonds
166
Rôles des acteurs extérieurs
Observateur et garant
167
Manuel de dialogue national
168
Rôles des acteurs extérieurs
de dialogue national, lequel a bénéficié de leur soutien politique. S’en est suivie
l’adoption de l’Accord de Doha, en mai 2008. La Ligue arabe avait pour fonction
de « renforcer la confiance au sein de la société libanaise »3. Le Qatar, quant à lui,
participait à des réunions à huis clos et maintenait le contact avec les principaux
acteurs régionaux et nationaux, sans pour autant s’engager directement dans
le processus. Le Qatar et la Ligue arabe étaient donc les garants du processus de
dialogue national au Liban.
Phases : L’assistance technique prend toute son importance lors des phases de
préparation et de processus. Elle peut également s’avérer utile lors de la phase de
mise en œuvre du dialogue national.
169
Manuel de dialogue national
Jordanie – PNUD
En mars 2011, la Jordanie a créé un Comité de dialogue national (CDN), qui avait
pour mission d’émettre des recommandations concernant d’éventuelles réformes
politiques. À l’exception du PNUD, les acteurs extérieurs ont globalement joué un
rôle secondaire en Jordanie. Le PNUD Jordanie a fourni une assistance technique et
logistique lorsque les discussions au sein du CDN se sont trouvées dans l’impasse. Il
a par exemple organisé une réunion visant à fournir aux membres du CDN des conseils
d’experts internationaux sur différents systèmes électoraux. Cette réunion a eu lieu
alors que ce point était venu perturber le processus.
Népal – Suisse
Entre 2005 et 2007, la Suisse a dépêché deux conseillers principaux à la suite.
Spécialisés dans les questions de consolidation de la paix, ils avaient pour fonction
d’appuyer le processus de paix au Népal et ont pour cela fourni une assistance
technique dans le cadre de l’initiative Nepal Transition to Peace (NTTP). Celle-
ci a été mise en place en 2005 pour servir de filet de sécurité et de mécanisme de
soutien au processus de paix. Le premier conseiller a agi comme consultant auprès
du Secrétariat pour la paix et des facilitateurs locaux, sur des questions liées à
l’élaboration du processus et au partage du pouvoir. Il a ensuite guidé les parties
sur des questions techniques relatives à la préparation de l’élection des membres
de la nouvelle Assemblée constituante. De même, le deuxième conseiller a appuyé
le processus constitutionnel, fourni un avis d’expert sur le fédéralisme et renforcé
les capacités de la société civile, des acteurs politiques et des facilitateurs grâce à
l’organisation de séminaires et de voyages d’études, à des recherches et à la collecte
de documents. Outre l’engagement de la Suisse, un expert venu d’Afrique du Sud et
financé par l’USAID a également fourni une assistance technique au NTTP.
Facilitateur
170
Rôles des acteurs extérieurs
Les acteurs extérieurs ont parfois également joué le rôle de facilitateurs officiels dans
le cadre des dialogues nationaux. C’est le cas par exemple des Nations Unies en Libye.
Autre exemple, celui du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine
pour le Soudan : ce n’est pas lui qui a coordonné le dialogue national dans le pays,
mais il a en revanche aidé les parties à négocier l’adoption d’un accord politique,
ouvrant ainsi la voie à un processus de dialogue au niveau national.
Ce qu’il faut retenir ici, c’est que les acteurs extérieurs peuvent jouer un rôle de
facilitateurs, en particulier lorsqu’il est nécessaire d’exercer une certaine pression
pour avancer. Les acteurs extérieurs seront pourtant tenus de réconcilier leur rôle
de facilitateurs avec le besoin d’assurer le maintien de l’appropriation nationale du
processus.
171
Manuel de dialogue national
Fonction : Les acteurs extérieurs endossent tantôt le rôle d’« agents de mise en
œuvre », tantôt celui de « contrôleurs et vérificateurs », lorsqu’ils se chargent d’aider à
mettre en pratique les résultats du dialogue national ou à les contrôler. Cette fonction
recoupe souvent les autres rôles décrits dans ce chapitre, comme la prestation d’une
expertise technique, le versement de fonds et la fourniture de garanties, qui souvent se
poursuivent lors de la phase de mise en œuvre. Compte tenu de l’ampleur des tâches
à exécuter, cette fonction est généralement remplie par des organisations régionales
ou internationales, comme l’illustrent les cas du Yémen et du Kenya. Les acteurs du
développement jouent également un rôle déterminant au cours de la mise en œuvre,
comme le montre l’exemple du Yémen. Au cours de cette phase, le travail des acteurs
extérieurs est souvent complété par des organisations et réseaux de surveillance issus
de la société civile locale, qui connaissent bien le contexte local et peuvent se rendre
dans les zones les plus reculées.
172
Rôles des acteurs extérieurs
173
Manuel de dialogue national
PHASE DE PRÉPARATION
PHASE DE PROCESSUS
Prennent des mesures
Adoptent des mesures
incitatives et mobilisent incitatives en faveur
le soutien politique du dialogue national
en faveur du dialogue en accordant des fonds/ Acteurs politiques
national limitant le financement
Nouent des relations
Renforcent les capacités
Fournissent une expertise
avec des parties des groupes plaidant en thématique et en matière
prenantes internationales faveur de l’intégration de processus
et régionales influentes d’un programme de
afin de créer un développement dans
Créent un environnement
environnement propice le processus sûr en endossant le rôle
au dialogue national d’observateur ou de
Appuient l’instauration garant
Appuient l’instauration d’une relation de
d’une relation de confiance et le tissage
Assurent l’appui
confiance et le tissage de liens international en faveur
de liens du dialogue national
Soutiennent
les campagnes
Organisent des réunions
d’information publique parallèles
menées au niveau local
174
Rôles des acteurs extérieurs
Acteurs du développement
Figure 5.2 : Rôle des acteurs politiques et du développement dans le processus de dialogue national
175
Manuel de dialogue national
5.2
Principales considérations relatives
à la mobilisation extérieure
La mobilisation des acteurs extérieurs dans le dialogue national peut être utile,
comme le montrent les exemples mentionnés dans le présent manuel. L’engagement
extérieur dans des processus pour lesquels l’appropriation nationale est un élément
clé n’est toutefois pas dépourvu de risques. Les acteurs extérieurs doivent prêter une
attention particulière à trois « signaux d’alerte ».
L’un des aspects de cet enjeu réside dans les obligations contenues dans certaines
normes et valeurs inscrites dans les constitutions nationales ou chartes auxquelles
sont tenus les États et les organisations multilatérales. Ceci ne devrait pas empêcher
les acteurs extérieurs de dialoguer de manière impartiale avec tous les acteurs
nationaux importants, notamment lorsqu’ils traitent avec des groupes proscrits, ni
d’être respectueux des réalités et des systèmes de valeurs locaux.
176
Principales considérations relatives à la mobilisation extérieure
Les mécanismes tels que les amicales ou les groupes de soutien peuvent aider
à résoudre les problèmes de coordination. Dans le cas du Yémen, un groupe de
dix ambassadeurs (G10) issus des cinq membres permanents du Conseil de sécurité
des Nations Unies, de l’UE et du Conseil de coopération du Golfe ont travaillé en étroite
collaboration avec l’Envoyé spécial des Nations Unies. La coordination et l’unité dont
ils ont fait preuve ont été particulièrement appréciées, et ils ont été considérés par
de nombreux observateurs comme favorisant le bon déroulement de la Conférence
du dialogue national. Le fait que cette unité ait ensuite cédé à la pression des
intérêts nationaux divergents a contribué à la dérive du processus de dialogue dans
son ensemble.
Dans le cadre du dialogue national, la coordination est surtout essentielle entre les
acteurs extérieurs et les parties prenantes nationales qui dirigent le processus. Les
priorités stratégiques de chacun doivent être alignées, et les acteurs extérieurs doivent
mesurer leur engagement en fonction des besoins des parties prenantes locales
dirigeant le dialogue national. D’une manière générale, une approche multipartite et
régie par la demande — plutôt que prescriptive et régie par l’offre – garantit l’efficacité
du soutien extérieur.
1 Cet aspect sera examiné plus avant dans une étude sur le sujet, publiée en 2017 par
la Banque mondiale et différents organismes des Nations Unies.
2 « Accord d’Oslo : Accord de base pour la recherche de la paix par des moyens politiques »,
1990. peacemaker.un.org/guatemala-osloagreement90.
3 « Accord de Doha », 2008 (traduction non officielle de « Now Lebanon »). http://peacemaker.
un.org/sites/peacemaker.un.org/files/Lebanon_AccordDoha2008_Fr.pdf.
177
Chapitre 6
Observations finales
Sommaire
180 6.1 Caractéristiques d’un dialogue national réussi
179
Manuel de dialogue national
180
Caractéristiques d’un dialogue national réussi
Groupes ayant une optique différente. Il est important d’adopter une stratégie
claire pour nouer le dialogue avec des acteurs armés peu accessibles, y compris
des groupes militaires et proscrits, afin qu’ils ne perturbent pas le processus
ultérieurement.
181
Manuel de dialogue national
182
Dilemmes et compromis relatifs au dialogue national
pour gagner du temps et maintenir ainsi le statu quo » (CSPPS, 2011, 2). La liste est
longue, et souligne la nécessité de faire preuve d’esprit critique lors de l’examen du
dialogue national, non pas tel que présenté en théorie, mais une fois mis en pratique.
Ces processus ne sortent pas de nulle part, mais s’inscrivent dans des périodes de
divisions très politisées qu’ils cherchent à résoudre.
183
Manuel de dialogue national
national peut favoriser le rééquilibrage des rapports de force, ce qui en fait une
alternative intéressante aux processus de négociation menés au niveau de l’élite.
Toutefois, si les élites n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les questions cruciales,
le dialogue national ne constitue plus qu'un forum impuissants échouant à obtenir
l’adhésion des acteurs ayant un pouvoir décisif sur les accords de paix. Comprendre
cet état de fait permet d’envisager de nombreuses stratégies pour sortir des
impasses ou parvenir à un accord. Ces dernières sont tantôt innovantes, comme
l’introduction de la notion de « consensus suffisant » en Afrique du Sud, tantôt plus
conventionnelles, comme le principe « deux plus deux » au Yémen, les négociations
arbitrées par Kofi Annan entre Mwai Kibaki et Raila Odinga dans le parc national du
Tsavo, au Kenya, au moment où les pourparlers semblaient piétiner, ou encore la
« voie Cyril–Roelf » mise en place par les négociateurs de l’ANC et du Parti national,
en Afrique du Sud alors que les négociations étaient sur le point d’échouer. Mais
ces mécanismes exclusifs ne vont pas sans poser de difficultés. S’ils sont parfois
nécessaires et efficaces, ils peuvent également porter atteinte à la nature inclusive
du dialogue national. Dans le même temps, un processus ouvert ne produit pas
automatiquement des résultats inclusifs. La Loya Jirga constitutionnelle de
l’Afghanistan montre comment un processus ayant consacré beaucoup d’énergie
à la mise en place d’une procédure de sélection inclusive peut échouer, lors de
la conception du processus, à assurer son appropriation, largement compromise
par la nature internationale de l’initiative. Tout dialogue national doit aborder
les questions fondamentales suivantes : en matière décisionnelle, quel degré
d’inclusion est souhaitable et possible ? Comment éviter les mesures de façade ?
Comment mettre en place des structures décisionnelles parallèles à l’aide de
mécanismes contraignants ? Comment éviter de cimenter les déséquilibres de
pouvoir, et donc de perpétuer le conflit ?
184
Dilemmes et compromis relatifs au dialogue national
185
Manuel de dialogue national
186
Dilemmes et compromis relatifs au dialogue national
7. Le dialogue national est-il toujours l’outil le plus adapté pour lutter contre
les défis liés à la transition ? Les exemples du présent manuel montrent que le
dialogue national n’est pas toujours le mécanisme le plus adapté et ne constitue
certainement pas le seul outil de gestion des transitions politiques. Il ne s’agit
pas d’un remède miracle. Une évaluation approfondie des structures du pouvoir
en place peut amener à la conclusion que le dialogue n’est pas envisageable quel
que soit le moment des troubles, de la crise ou du conflit en cours. C’est le cas
lorsqu’il semble improbable de trouver un terrain d’entente et que le dialogue peut
être compromis par les acteurs cherchant à tirer profit du pouvoir qu’ils sont en
mesure d’exercer. De même, le dialogue se révélera impossible et inadapté en cas
de fortes contraintes de temps, ou lorsque certains groupes clés sont fragmentés,
manquent de cohésion interne, de volonté ou de capacité à participer, ou expriment
leur refus de s’engager dans un processus influent (Pruitt et Thomas, 2007). En
outre, le recours excessif ou abusif au dialogue ou à des procédés similaires peut
également en compromettre la légitimité, notamment lorsque les tentatives menées
précédemment n’ont pas réussi à provoquer le changement souhaité (« lassitude
vis-à-vis du dialogue »). Au Soudan, par exemple, la suspicion fondée sur les
expériences passées a constitué l’une des principales raisons avancées par
187
Manuel de dialogue national
188
Notes
3 Bien que la Conférence du dialogue national au Yémen ait émis 1 800 recommandations,
« certains estiment que le processus a été bâclé, tirant des conclusions qui n’étaient pas
suffisamment réfléchies ou approuvées, qui ont servi à renforcer les tensions plutôt qu’à
les dissiper » (Mancini et Vericat, 2016, 12).
189
Manuel de dialogue national
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195
PARTIE II
Cartographie des initiatives
de dialogue national
dans le monde
Fiches pays
Manuel de dialogue national
198
Fiches pays
200
Pourquoi élaborer des fiches pays ?
201
Manuel de dialogue national
Afghanistan
Au lendemain de l’invasion de l’Afghanistan dirigée par les États-Unis
et de la chute du régime taliban fin 2001, le cadre de transition du
pays (mieux connu sous le nom de processus de Bonn), négocié par
25 parties prenantes éminentes, afghanes et internationales, au cours de
la Conférence internationale sur l’Afghanistan, appuyée par les Nations
Unies et organisée à Bonn en décembre 2001, a instauré une Loya Jirga
constitutionnelle (LJC). Cette dernière s’inscrit donc dans le processus de
Bonn, l’initiative de consolidation de la nation en Afghanistan.
Le processus de Bonn
5 déc. 2001 11-19 juin 2002 14 déc. 2003-4 jan. 2004 9 oct. 2004
202
Afghanistan
Le processus a été soutenu par des OIG (MANUA, PNUD, HCR, UNOPS, FIAS),
Soutien des ONG nationales et étrangères, le ministère de l’Intérieur et l’agence de
international sécurité Global Risk Strategies. Les États-Unis et les Nations Unies ont joué
un rôle important tout au long du processus de Bonn.
203
Manuel de dialogue national
L’Autorité
La Loya Jirga d’ur- La Loya Jirga consti-
intérimaire met
MANDAT Accord de Bonn gence élit l’Autorité tutionnelle adopte
en place la Loya
de transition la Constitution
Jirga d’urgence
Secrétariat de rédaction
Secrétariat de la Commission Secrétariat de la Loya Jirga
constitutionnelle constitutionnelle
204
Afghanistan
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
18 autres
52 9 Kuchis
spécialistes et femmes, 6 personnes
2 représentants des déplacées
personnes handicapées 3 hindous
choisis par le président et sikhs
64
représentantes élues
(deux de chaque province) Nombre total : 502
24
élus parmi les réfugiés
au Pakistan et en Iran
344
délégués généraux
PARTICULARITÉS
205
Manuel de dialogue national
Composition :
Augmentation du personnel ;
à Kaboul et dans 11 bureaux
régionaux (y compris au Pakistan
et en Iran)
9 33
206
Afghanistan
Structure
PHASE DE
MISE EN ŒUVRE
élit
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE/PLÉNIÈRE
e
oi Mandat :
nv s
re ticle s Élire les membres du Bureau du leadership
ar rsé Discuter le processus
les rove
n t Discuter et statuer sur les articles controversés
co
(envoyés par la Commission de réconciliation)
Adopter la Constitution (par consensus)
Composition :
502 délégués, parmi lesquels sont élus :
344 représentants régionaux
42 représentants des réfugiés, des personnes
déplacées et des minorités ethniques et religieuses
64 femmes Ratification de
Sont nommés par le président : la Constitution
25 spécialistes, 25 femmes, 2 personnes handicapées par le président
+ observateurs
ame
envo ents
dote en personnel
nde osés
Diffusion de
prop
la Constitution
ie le
m
par le Secrétariat
s
de la LJC
GROUPES DE TRAVAIL
Structure : 10 groupes composés de 50 délégués chacun
Mandat :
Passer en revue chaque article du projet et voter ou
noter les amendements proposés
Composition :
Équilibre régional et ethnique, et parité entre les sexes
502
207
Manuel de dialogue national
Afrique du Sud
À la fin des années 1980, les deux parties au conflit armé déchirant l’Afrique du Sud
depuis de nombreuses années se sont retrouvées dans une impasse paralysante et ont
subi d’importantes pressions de la part de la communauté internationale pour régler le
problème. Le système de l’apartheid commençait à s’effriter dans un contexte marqué
par la crise économique et l’isolement international, ainsi qu’en raison de ses propres
ramifications éducatives et psychosociales, tandis que la chute de l’Union soviétique
posait problème au mouvement de libération, qui a vu son soutien financier et politique
s’amenuiser.
Le processus de paix a débuté le 2 février 1990 avec une annonce par le président de
l’époque, FW de Klerk, autorisant tous les mouvements politiques interdits et lançant
les négociations en faveur d’une « nouvelle Afrique du Sud ». Dans ce contexte, des
réunions formelles entre le Congrès national africain (ANC) et le gouvernement ont
été organisées à Groote Schuur et Pretoria, suivies d’un Accord national de paix ratifié
par 27 dirigeants politiques, syndicaux et gouvernementaux. Le processus de paix est
à l’origine d’un code de conduite régissant la période de transition et a ouvert la voie
à l’organisation d’un premier forum multipartite, la Convention pour une Afrique du
Sud démocratique (CODESA). Après l’échec des CODESA I et II, les négociations ont
été relancées par des discussions bilatérales continues entre l’ANC et le gouvernement,
ainsi que par la convention du Processus de négociation multipartite (ou du Forum de
négociation multipartite), dans le cadre duquel une constitution provisoire a été adoptée.
Des élections libres et régulières organisées le 27 avril 1994 ont donné naissance à une
assemblée constituante, qui a adopté la Constitution en 1996.
Le processus de paix, associant des aspects relatifs à la gestion de la crise (contenir la vio-
lence) et au changement fondamental, s’est donné pour mission de créer une « nation arc-
en-ciel » en atteignant un nouveau consensus sur les principes, normes et procédures de
base de la société. Probablement l’un des plus célèbres au monde, il est particulièrement
remarquable pour plusieurs raisons : la qualité du leadership des deux principaux diri-
geants, ainsi que des chefs à tous les niveaux de la société et dans tous les secteurs (grande
importance accordée au Consultative Business Movement ainsi qu’aux chefs religieux) ;
de sérieux efforts en faveur de l’inclusion verticale, malgré son caractère fondamentale-
ment élitiste ; et son haut degré d’appropriation nationale grâce à l’auto-médiation.
1990 1991 Déc. 1991 Mai 1992 Avr.-nov. 1993 27 avr. 1994 1995 18 déc. 1996
Si les discussions tenues dans le cadre des cycles CODESA précédents étaient
présidées par des juges haut placés, les réunions du processus de négociation
Coordination multipartite étaient quant à elles dirigées à tour de rôle par les membres des
équipes de négociation, renforçant ainsi le sentiment d’inclusion des parties.
Les parties se sont appuyées sur les enseignements tirés de la CODESA pour
remanier le processus et les structures de négociation lors d’une conférence
préparatoire mobilisant l’ensemble des parties prenantes en mars 1993. Ces
enseignements portaient sur : l’importance de mettre en place une structure
Défis/ensei- simple composée d’un organe de négociation et d’un organe décisionnel ; le
gnements tirés recours à des experts techniques pour assurer des discussions « fondées sur
les intérêts » ; la création d’un « comité de coordination » digne de confiance
ayant pour mission de protéger le processus, d’anticiper et de prévenir les
problèmes ; et le rôle fondamental des mécanismes de sortie de l’impasse
sur lesquels les parties s’étaient préalablement mises d’accord.
209
Manuel de dialogue national
Premières
discussions Élections
Accord Processus de Assemblée
entre l’ANC et CODESA I libres et
MANDAT national négociations consti-
le gouvernement et II régu-
de paix multipartites tuante
à Groote Schuur lières
et Pretoria
Les décisions ont été prises sur la base d’un « consensus suffisant », c’est-à-dire que les
recommandations (des comités techniques) pouvaient être adoptées si un nombre suffisant
de parties s’exprimaient en faveur de la poursuite du processus. Dans la pratique, un
PRISE DE
consensus suffisant pouvait être atteint si l’ANC et le gouvernement et leurs alliés respectifs
DÉCISIONS
se montraient favorables à une recommandation donnée, ouvrant ainsi la voie à une
progression stable et évitant les dérives des petits partis. Frustrés par ce principe, le Parti
Inkatha de la liberté (IFP) et certains partis de droite ont préféré se retirer du processus.
Les comités techniques chargés de gérer les propositions des parties et de porter les enjeux
principaux à l’attention du Conseil de négociation se sont penchés sur sept grandes questions :
L’opinion publique a été prise en compte dans les négociations de différentes manières :
Tout le monde pouvait présenter des propositions aux comités techniques et à la
CONSUL-
Commission des emblèmes nationaux, ainsi qu’à celle pour la démarcation des provinces.
TATION
Les représentants des médias et les agents chargés des relations publiques étaient
PUBLIQUE
autorisés à assister aux réunions du Conseil de négociation.
Une salle d’écoute équipée d’écrans de télévision a été mise à disposition des personnes
souhaitant assister aux débats.
210
Afrique du Sud
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
0 26
L’Organisation du parties, dont groupes
peuple azanien politiques, représentants
(AZAPO, un parti du gouvernement central et
d’extrême gauche) des bantoustans et chefs
et le Mouvement de traditionnels (y compris
résistance afrikaner des parties auparavant
(AWB) étaient les Nombre total : 208 non représentées
seuls à ne pas dans le processus).
participer.
L’Assemblée plénière était composée de 208 délégués, tandis que le forum de négociation le
plus important, le Conseil de négociation, a réuni deux négociateurs et deux conseillers, dont
au moins une femme, par partie.
PARTICULARITÉS
211
Manuel de dialogue national
supervise supervise
ADMINISTRATION
Fonctions : Soutien administratif et secrétariat, rédaction
des programmes, du procès-verbal et des rapports
212
Afrique du Sud
Structure
PHASE DE MISE
EN ŒUVRE
ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE
Mandat :
Organe décisionnel suprême
Ne s’est réuni qu’une fois pour approuver
la Constitution provisoire.
208
213
Manuel de dialogue national
Bahreïn
Le dialogue national de 2011 a vu le jour après la répression par le
gouvernement des manifestations organisées par différents groupes
d’opposition, y compris les « Jeunes du 14 février ». Ce mouvement avait
appelé la population bahreïnie à descendre dans la rue le 14 février 2011
pour exiger des réformes politiques et économiques plus importantes.
Cette date marquait le 10e anniversaire du référendum qui a obtenu
l’approbation de la Charte d’action nationale et permis l’introduction
d’une nouvelle constitution réduisant les pouvoirs de la chambre élue.
Févr. 2011 Mars 2011 Juin 2011 Juill. 2011 Nov. 2011 Févr. 2013-janv. 2014 Nov. 2014
214
Bahreïn
Bien que le dialogue national ait été officiellement mandaté par le roi Hamad
Mandat ben Issa Al Khalifa, ce sont les manifestations organisées en février dans le
contexte du « Printemps arabe » qui ont donné l’impulsion première.
216
Bahreïn
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
110
65 Délégués de formations
Personnalités publiques politiques, y compris
les partis d’opposition
(uniquement ceux qui
ont été enregistrés)
65
Représentants
de groupes de femmes Nombre total :
de groupes de jeunes plus de 300*
de syndicats
de la chambre de commerce
des médias
30 35
Représentants de groupes sociaux Délégués d’associations
professionnelles
Les groupes d’opposition ont reçu environ 10 % des sièges. Aucun ministre ou décideur
politique de haut niveau faisant partie du gouvernement n’a participé au dialogue national.
* Chiffres approximatifs
PARTICULARITÉS
Inclusion insuffisante.
Dès le début, les groupes d’opposition ont estimé être sous-représentés par rapport au
nombre réel de leurs partisans. Le processus a par ailleurs exclu certains groupes critiquant
le régime ainsi que quelques hauts représentants de groupes d’opposition, qui avaient été
incarcérés pendant les manifestations et ne pouvaient donc pas participer au dialogue. Le
pouvoir exécutif n’était pas non plus représenté lors des discussions, amenuisant ainsi les
chances que les recommandations formulées soient mises en œuvre.
Faiblesse du mandat.
Le mandat de l’Assemblée générale se limitait strictement à l’émission de recommandations
vouées à être mises en œuvre dans un deuxième temps par une commission établie
spécialement à cette fin et dont les membres ne devaient rendre de comptes qu’au seul roi.
217
Manuel de dialogue national
Composition :
Le roi a invité les organisations autorisées à participer
au dialogue national.
Indépendamment de sa taille, chaque organisation
pouvait nommer cinq personnes pour la représenter
lors des séances.
Plus de 300 représentants des secteurs social, politique
et privé ont été invités à participer au dialogue national,
y compris :
1 300
218
Bahreïn
Structure
COMITÉ GÉNÉRAL
PHASE DE MISE EN ŒUVRE
PUBLICATION d’un vaste ensemble
Mandat : de recommandations fondées sur
Discuter des résultats/recommandations les quatre thématiques principales :
des équipes de travail
Adopter une liste de recommandations réforme du système politique
mesures de lutte contre la corruption
Présidence : président du Parlement recherche d’un équilibre dans les
Khalifa ben Ahmed Al Dhahrani politiques de privatisation et
amélioration de la compétitivité
Prise de décisions : économique
Par consensus (différents degrés : compatibilité totale, renforcement des organisations de
large soutien avec quelques exceptions, divergences la société civile
non résolues) amélioration des services sociaux
mise en œuvre et ratification de
Programme : normes et conventions de protection
4 thématiques principales : questions politiques, des droits de l’homme
questions sociales, questions économiques, droits de
l’homme + de nombreux sous-thèmes (en amont des COMMISSION GOUVERNEMENTALE
séances, tous les participants avaient la possibilité Mandat : mettre en œuvre les
de présenter des propositions de sujets à aborder) recommandations du dialogue national.
Créée le 31 juillet 2011.
Plus de 300 participants Composée de neuf représentants
du gouvernement et présidée par
le Vice-Premier ministre Cheikh
Mohammed ben Mubarak Al Khalifa.
Recommandations mises en œuvre :
Amendements constitutionnels
4 ÉQUIPES DE TRAVAIL ratifiés par le roi Hamad en mai 2012,
qui renforcent légèrement le pouvoir
Composition : de la Chambre des députés
Jusqu’à 50 participants Libération de détenus et retour de
3 membres du Conseil de la Choura et un représen- nombreux manifestants à leur poste
tant du gouvernement devaient être présents de travail
Les participants au dialogue national pouvaient
choisir le groupe de travail sous-thématique Contestation de la mise en œuvre :
auquel contribuer Le régime estime que la plupart
des recommandations ont été
Questions Questions Affaires Questions mises en œuvre.
politiques économiques féminines et sociales L’opposition juge que la mise en
familiales œuvre s’est limitée à des points
de faible importance.
Mandat :
Les équipes de travail discutent des projets et émettent
des recommandations, qui sont ensuite passées en
revue par le Comité général
10
25 juill. 2011
219
Manuel de dialogue national
Bénin
En 1989, le Bénin se trouvait dans une situation de crise ; l’instabilité
économique et sociale qui touchait le pays avait donné naissance à
un mouvement de masse qui exigeait un renouveau démocratique. Le
7 décembre 1989, le gouvernement confiait au chef de l’État la mission de
convoquer une conférence nationale afin de contribuer « à l’avènement
d’un renouveau démocratique et au développement d’une saine ambiance
politique nouvelle ».
Le gouvernement annonce
qu’il abandonne l’idéologie Élections
marxiste et convoque Conférence Référendum public parlementaires
une conférence nationale nationale sur la Constitution et présidentielles
220
Bénin
221
Manuel de dialogue national
La Conférence avait pour mission de rassembler toutes les forces vives de la nation,
PRINCIPES
indépendamment de leur orientation politique.
Au cours de la période de préparation, le Comité préparatoire a régulièrement organisé
des conférences de presse pour informer le public après chaque étape importante.
La première a eu lieu le 5 janvier 1990. À cette occasion, les différentes catégories de
participants ont été annoncées, ainsi que les quotas de délégués, et les citoyens ont été
CONSUL- invités à communiquer les noms de leurs délégués
TATION au Comité préparatoire.
PUBLIQUE
Le Comité préparatoire a appelé tous les Béninois à envoyer leurs propositions de
mesures à prendre. Toutes les suggestions ont été présentées à la Conférence nationale,
de même que les « documents de base » établis par le Comité préparatoire en vue de
la Conférence.
222
Bénin
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
15
Catégories :
1. Personnalités et sages
2. Cultes et assimilés
3. Cadres de l’Administration publique
4. Syndicats autres que l’Union nationale des syndicats
des travailleurs du Bénin (UNSTB), dirigée par le PRPB
5. Parti de la Révolution Populaire du Bénin (PRPB) et
ses organisations de masse 520 délégués classés
6. Associations régionales de développement en 15 catégories
7. Toutes autres organisations non gouvernementales
8. Ordres professionnels et associations professionnelles
9. Toutes sensibilités politiques
10. Étudiants
11. Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin
et Organisation nationale des employeurs du Bénin
12. Paysans
13. Toutes organisations de jeunes et de femmes
à l’exception de celles proches du PRPB
14. Armée
15. Communautés béninoises à l’étranger et personnels
des ambassades et consulats
PARTICULARITÉS
223
Manuel de dialogue national
Mandat : Composition :
Définir les modalités pratiques 13 membres, dirigés par Isidore de Souza,
de l’organisation de la Conférence archevêque de Cotonou
nationale (y compris la sélection des
participants), en arrêter le programme
et élaborer les documents de base.
Composition :
8 ministres BUREAU PROVISOIRE
Mandat :
Discuter des règles d’engagement
2 rapporteurs du Présidium
Composition :
GROUPES DE TRAVAIL
3 membres, y compris le participant
Éducation et culture le plus jeune et le doyen de la Conférence
Économie
Justice et droits de l’homme
présentation d’un rapport
Implication du public par le biais
de conférences de presse régulières COMMISSION DE VÉRIFICATION
(à partir de janvier 1990) et soumission DES MANDATS
de propositions par le public à la
Conférence nationale. Suite au rapport de la Commission de
vérification des mandats, le nombre de
participants est passé de 488 à 520.
8 520
224
Bénin
Structure
ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE
Mandat :
Initialement, simple rôle consultatif ; après
la déclaration de souveraineté, la Conférence
a discuté des changements fondamentaux
à apporter à l’État. Dissolution des institutions politiques
créées par la Loi fondamentale de
Composition : 1977 (Assemblée nationale révolu-
520 délégués classés en 15 catégories tionnaire, Conseil exécutif et armée)
COMMISSION CONSTITUTIONNELLE
Nomination d’une
COMMISSION CONSTITUTIONNELLE
COMMISSION CHARGÉE DES QUESTIONS
ayant pour mission de rédiger
ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
une constitution fondée sur
les principes convenus par
COMMISSION DE L’ÉDUCATION, DE LA CULTURE, DE
la Conférence.
LA SCIENCE, DES SPORTS ET DE L’ENVIRONNEMENT
225
Manuel de dialogue national
Bolivie
La crise politique qui a touché la Bolivie au début du XXIe siècle a culminé
lors des troubles de 2003 (surnommés « guerre du gaz ») et débouché sur
la démission du président Sánchez de Lozada. L’idée d’une Assemblée
constituante (AC) a fait son chemin dans l’esprit des principales forces
politiques et chefs d’État successifs ; différentes mesures ont été prises
en ce sens, jusqu’à l’adoption par le Congrès national bolivien, en 2006,
d’une loi convoquant une Assemblée constituante. L’objectif poursuivi
était d’augmenter la participation des peuples autochtones à la sphère
politique et d’instaurer un État réellement plurinational. L’AC a donc axé
ses efforts sur le changement fondamental, sur fond de multiethnicité et de
profondes divisions entre, d’une part, les anciennes élites de propriétaires
fonciers dans les plaines de la Media Luna, et, d’autre part, le mouvement
social populaire incarné par le Movimiento al Socialismo (MAS) du
président Evo Morales.
2003 Avr. 2004 2 juill. 2006 6 août 2006 9 déc. 2007 25 janv. 2009
226
Bolivie
Assemblée constituante
Durée 16 mois (6 août 2006-9 déc. 2007) ; durée initialement prévue : 6-12 mois
Rédiger une constitution qui soit plus inclusive et qui favorise notamment
Objectif la participation des peuples autochtones à la sphère politique
Coordination Présidence de l’AC assurée par Mme Silvia Lazarte, 11 autres membres
227
Manuel de dialogue national
Les délégués se sont mis d’accord sur la nature originaria de l’AC, soit une Assemblée
PRINCIPES
plénipotentiaire disposant d’un mandat illimité en matière de réforme de la Constitution.
Des groupes de travail Une majorité des deux tiers des Le projet de constitution
PRISE DE rédigent des propositions délégués de l’AC doit approuver dans son ensemble
DÉCISIONS d’articles relevant de leur chaque article ainsi que le texte doit être approuvé par
domaine de travail dans son ensemble référendum populaire
L’AC était composée de 21 groupes de travail, qui se sont consacrés aux questions suivantes :
Consolidation
Une vision pour le pays Citoyenneté et nationalité
de la nation
CONSUL- En 2007, les délégués de l’AC ont organisé une série de forums publics (Foros territoriales)
TATION sur l’ensemble du territoire afin de réunir des propositions quant à la nouvelle Constitution.
PUBLIQUE Les groupes de travail de l’AC ont ensuite classé ces propositions en vue de leurs discussions.
228
Bolivie
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
27
8 Frente de Unidad Nacional (UN)
8 Movimiento Bolivia Libre (MBL) 13
6 Alianza Social (AS) Autres
5 Concertación Nacional (CN)
18
Movimiento Nacionalista
Revolucionario (MNR)
Nombre total : 255
137
Movimiento
al Socialismo (MAS)
60
Poder Democrático Social
(PODEMOS)
PARTICULARITÉS
229
Manuel de dialogue national
Mandat : Mandat :
Préparer l’élection des délégués Gérer les questions de procédure
et d’organisation
Composition :
Multipartite, multiethnique
Présidence : Silvia Lazarte
Délégués élus :
Issus de chacun des neuf départements Composition :
administratifs : 2 délégués du parti ayant obtenu Présidente + 11 membres de
la majorité + 3 délégués des trois partis suivants 6 partis
ayant obtenu plus de 5 % des voix.
COMMISSION AD HOC
Mandat :
Préparer l’Assemblée
8 255
2003-2006
230
Bolivie
Structure
révocatoire
dote en
231
Manuel de dialogue national
Colombie
Les conflits armés internes opposant guérilleros, paramilitaires, milices
urbaines et cartels de la drogue, dans un contexte de système politique
exclusivement bipartite et sur fond d’assassinats de candidats à l’élection
présidentielle de 1990, ont engendré une crise de légitimité à grande échelle
dans la sphère politique en Colombie. À la suite d’un plébiscite informel
devenu officiel lors des élections présidentielles de 1990, le président
César Gaviria a convoqué en 1991 une Assemblée constituante (AC) visant
à résoudre la crise de légitimité et à mettre un terme à l’escalade de la
violence en instaurant une constitution plus inclusive et participative.
1987 1989 Mars 1990 Mai 1990 Sept.-déc. 1990 Déc. 1990 Févr. 1991 Juill. 1991
232
Colombie
Coprésidence élue par l’Assemblée plénière le premier jour de l’AC : Antonio Navarro
Coordination Wolff (ADM-19), Alvaro Gómez Hurtado (MSN) et Horacio Serpa Uribe (Parti libéral)
Ni les Nations Unies, ni aucun État étranger n’ont participé aux discussions
préalables à l’AC ; aucun garant extérieur de l’accord de paix.
La communauté internationale a contribué financièrement au développement
Soutien
des capacités techniques du gouvernement (assistance technique fournie par
international une agence présidentielle financée par les Nations Unies), au renforcement
du rôle de la société civile et à la diffusion d’informations sur les débats à
l’Assemblée et sur la Constitution.
Le processus a fait l’objet de critiques pour avoir été dirigé par l’élite intellec-
tuelle et les mouvements réformateurs urbains dans le cadre des structures
Défis/ensei- traditionnelles du pouvoir. Le faible taux de participation aux élections de délé-
gués a soulevé des questions de légitimité. Certaines structures traditionnelles
gnements du pouvoir se sont opposées au processus. Des difficultés de mise en œuvre
tirés sont apparues ; les élections de 1991 ont été remportées par les deux princi-
paux partis, notamment en raison de l’interdiction pour les délégués de l’AC de
se présenter, parmi eux les dirigeants de la plupart des partis et mouvements
de moindre envergure.
233
Manuel de dialogue national
Les questions centrales ont tourné autour de la résolution de la crise de légitimité de l’État.
L’AC s’est organisée sous forme de cinq commissions thématiques :
PROGRAM-
ME ET Aménagement Administration
Économie,
QUESTIONS Principes du territoire, Gouvernement de la justice
société et
CENTRALES et droits autonomie régio- et Congrès et ministère
environnement
nale et locale public
1 580 groupes de travail préparatoire ont été créés. Entre septembre et décembre 1990,
ils ont recueilli des projets, commentaires et suggestions auprès d’un grand nombre
CONSUL- de parties prenantes dans tout le pays, y compris dans les camps de la guérilla.
TATION Plus de 150 000 demandes ont été enregistrées et analysées par un groupe de 900 experts
PUBLIQUE issus de tous horizons, formant la base des débats ultérieurs au sein de l’AC. Malgré un fort
taux de participation, il convient de souligner l’ascendant relatif de l’élite intellectuelle sur
la population générale lors du processus de consultation.
234
Colombie
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
15
5 Parti social conservateur
4 Conservateurs indépendants
25
2 Union chrétienne
Représentants
2 Union patriotique
du Parti libéral
2 Mouvements autochtones
Nombre total : 74
11
Représentants
du Mouvement
de salut national
4
Membres issus de groupes armés
démobilisés (tels que l’Armée de 19
libération nationale [ELN], le mouvement Représentants de l’Alliance
armé autochtone Quintín Lame démocratique M-19
[Movimiento Armado Quintín Lame] et
le Parti révolutionnaire des travailleurs),
nommés par le gouvernement
PARTICULARITÉS
235
Manuel de dialogue national
Missions pendant la
phase de préparation :
- Assistance technique Missions pendant la phase de processus :
- Contribution à - Assistance technique
l’élaboration du projet - Préparation de projets de loi en vue
gouvernemental de de la mise en œuvre législative de
constitution soumis à l’AC la Constitution
1 580
236
Colombie
Structure
70
237
Manuel de dialogue national
Éthiopie
Dans une tentative visant à mettre fin à la guerre civile en Éthiopie (1974-
1991), les États-Unis ont invité les mouvements politiques armés les plus
puissants, à savoir le Front démocratique révolutionnaire du peuple
éthiopien (FDRPE), le Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE),
le Front de libération oromo (FLO), ainsi que le gouvernement en exercice,
à se rendre à la Conférence de Londres le 27 mai 1991. Cette réunion n’a
finalement pas eu lieu, les troupes du FDRPE ayant atteint Addis-Abeba
et renversé le régime de Mengistu (le Derg) dans la nuit du 28 mai. Le
même jour, les dirigeants du FDRPE, du FPLE et du FLO ont publié une
déclaration conjointe relative à l’organisation d’une nouvelle conférence
au plus tard le 1er juillet 1991.
238
Éthiopie
239
Manuel de dialogue national
PRISE DE
Non fondée sur un consensus ; vote à la majorité simple vraisemblablement requis
DÉCISIONS
Non-discrimination
Indépendance du
Structure du gouvernement de transition dans les médias
PROGRAM- pouvoir judiciaire
de masse
ME ET
QUESTIONS Droit des peuples à disposer
Question
CENTRALES Nouveau Code du travail d’eux-mêmes (mais discussions
érythréenne
très limitées)
CONSUL-
TATION La Conférence de 5 jours a été en partie diffusée.
PUBLIQUE
240
Éthiopie
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
Les mouvements qui ne s’étaient pas opposés au Derg ont été exclus de la Conférence.
27
Représentants de 1
27 mouvements politiques, FPLE, seule organisation
presque tous fondés érythréenne présente
sur la nationalité/ Statut d’observateur
l’origine ethnique
Représentants de
la société civile, Nombre total : 500
notamment de
l’université
d’Addis-Abeba
Représentants de groupes
politiques revenus d’exil
PARTICULARITÉS
241
Manuel de dialogue national
PHASE DE PRÉPARATION
242
Éthiopie
Structure
Mandat :
500
243
Manuel de dialogue national
Guatemala
Face à la crise touchant l’Amérique centrale dans les années 1980, les gouvernements
du Costa Rica, du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua et du Salvador ont décidé
de se réunir en vue de la conclusion des Accords d’Esquipulas I et II. Ces déclarations
d’intention politique au plus haut niveau ont supposé un certain degré de sécurité et
de coopération économique à l’échelle régionale, ainsi que la tenue de négociations
et de dialogues au sein des pays en conflit.
En mars 1990, lors d’une nouvelle tentative, la CNR et l’URNG ont signé un Accord de
base pour la recherche de la paix par des moyens politiques, également connu sous le
nom d’Accord d’Oslo. Celui-ci reposait sur la conviction que les problèmes de la nation
devaient être résolus par des moyens politiques, un processus de réconciliation, et
l’amélioration d’une démocratie fonctionnelle et participative. La CNR s’est par la
suite attachée à coordonner le dialogue entre l’URNG et les représentants de différents
secteurs dans le cadre du processus d’Oslo.
244
Guatemala
GDN : le GDN n’a jamais abouti pour des raisons de sécurité, mais il a
permis d’amorcer des discussions sur les causes profondes du conflit,
de favoriser la mobilisation du grand public et d’ouvrir la voie au
processus d’Oslo.
Processus d’Oslo : celui-ci a donné lieu à un consensus sur la nécessité
d’organiser des négociations de paix officielles et a fourni des
contributions thématiques importantes, notamment :
Résultats l’Accord de l’Escorial entre dix partis politiques et l’URNG
des déclarations unilatérales entre le secteur des affaires et l’URNG
la Déclaration de Quito entre l’Église et l’URNG
la Déclaration de Metepec entre les syndicats, les mouvements
populaires et l’URNG
la Déclaration d’Atlixco entre les universitaires, les membres de
coopératives, les colons et l’URNG
245
Manuel de dialogue national
Création de
Grand
Esquipulas la Commission Accord Processus
MANDAT dialogue
I et II nationale de d’Oslo d’Oslo
national
réconciliation (CNR)
GDN :
Questions centrales (quinze sujets retenus répartis en quatre domaines généraux) :
Après des dizaines d’années de guerre civile, le processus a, pour la première fois, favorisé
le débat public sur les problèmes structurels. En préparation du processus de négociation à
CONSUL-
venir, la société civile a été consolidée et a eu accès à une tribune pour établir le programme
TATION
des futures discussions. L’Église catholique a activement soutenu et coordonné le Grand
PUBLIQUE
dialogue national, notamment par l’intermédiaire du président de la Commission nationale
de réconciliation, Mgr. Quezada Toruño.
Commission GDN :
nationale Assemblée plénière
de réconciliation 15 groupes de travail
(CNR)
STRUCTURE Processus d’Oslo :
Consultations avec cinq secteurs
Déclarations conjointes ou
unilatérales
Commission nationale de
réconciliation (CNR)
246
Guatemala
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
GDN :
47 0
Organisations : Absences remarquées :
gouvernement, partis organisations de
politiques, médias, femmes et groupes
églises, réfugiés, autochtones, organisa-
coopératives, syndicats, tions professionnelles
commission des Nombre total : 84 puissantes, certains
droits de l’homme, partis conservateurs,
associations d’étudiants forces armées et
et propriétaires de groupes de guérilla
petites entreprises (principaux acteurs du
conflit). L’URNG s’est
vu refuser l’accès
au processus tant
qu’elle n’avait pas
déposé les armes.
PARTICULARITÉS
247
Manuel de dialogue national
ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE
COMMISSION NATIONALE
DE RÉCONCILIATION (CNR) Mandat :
Créer des commissions de travail lors
Fonctions : de la séance plénière d’inauguration
Veiller à la mise en œuvre Une séance plénière finale était
de l’Accord d’Esquipulas II prévue, mais n’a pas eu lieu pour
Pérenniser et faciliter des raisons de sécurité
la tenue d’activités de
recherche de la paix Présidence : Mgr. Rodolfo Quezada Toruño
Exercer ses bons offices Prise de décisions : par vote
Présider l’Assemblée plénière
et le processus d’Oslo Composition
84 représentants de 47 organisations :
Présidence : Rodolfo Quezada gouvernement, partis politiques, médias, églises,
Toruño réfugiés, coopératives, syndicats, commission
des droits de l’homme, associations d’étudiants
Composition : et propriétaires de petites entreprises
2 représentants du gouvernement,
y compris le vice-président ; dote en
2 représentants des 11 partis personnel
politiques légaux, y compris
le futur président Jorge Serrano ; dote en soumettent des
2 citoyens éminents ; et personnel propositions
Mgr. Rodolfo Quezada Toruño RÉUNIONS PRIVÉES écrites
de la Conférence des évêques
15 COMMISSIONS DE TRAVAIL
du Guatemala. Entre le président de
la CNR, Mgr. Quezada Mandat : Discuter des
Toruño, et des per- 15 sujets retenus répartis en
sonnalités éminentes, quatre domaines généraux :
dans le but d’atténuer Renforcement du système
les préoccupations en démocratique
matière de sécurité Organisation et
participation citoyennes
Qualité de vie
Politiques économiques
7 84
248
Guatemala
Structure
GDN
Le GDN n’a jamais abouti pour des raisons
de sécurité.
Principales réalisations :
Débat sur les causes profondes du conflit
Ouverture d’une tribune permettant de
mobiliser le grand public
Préparation du terrain en vue du processus
PROCESSUS D’OSLO d’Oslo
Mandat :
Discuter des difficultés rencontrées
par les différents secteurs de la société PROCESSUS D’OSLO
Discuter de la nécessité de mettre en A permis de dégager un consensus sur
place des négociations de paix officielles la nécessité d’organiser des négociations
et du contenu du programme de paix officielles
A fourni des contributions thématiques
Présidé par la CNR importantes sur le contenu du programme
qui ont alimenté le processus de négociation
Prise de décisions : de la paix
Adoption de déclarations conjointes après
chaque réunion (excepté pour une d’entre elles)
Les cinq réunions du processus d’Oslo ont débouché
sur la conclusion des accords suivants :
Composition :
Accord de l’Escorial : consultation entre dix partis
L’URNG s’est réunie lors de 5 consultations avec
politiques et l’URNG (Espagne, 1er juin 1990)
des représentants de différents secteurs,
Déclarations unilatérales : consultation entre
parmi lesquels des partis politiques,
le secteur des affaires et l’URNG (Canada,
le secteur des affaires, l’Église,
1er septembre 1990)
des syndicats, des universitaires,
Déclaration de Quito : consultation entre
des coopératives, des colons, etc.
l’Église et l’URNG (Équateur, 26 septembre 1990)
Déclaration de Metepec : consultation entre
les syndicats, les mouvements populaires et
l’URNG (Mexique, 25 octobre 1990)
Déclaration d’Atlixco : consultation entre les
universitaires, les membres de coopératives,
les colons et l’URNG (Mexique, 28 octobre 1990)
249
Manuel de dialogue national
Irak
La Conférence nationale irakienne s’inscrit dans le cadre de transition
mis en place par l’Autorité provisoire de la Coalition (APC) et le Conseil
de gouvernement irakien (CGI) nommé par les États-Unis, après l’invasion
du pays dirigée par ces derniers. Elle résulte de la loi d’administration
de l’État irakien pendant la période transitoire (LAT), qui a fait l’objet
de contestations de la part de plusieurs intervenants et n’était pas
représentative d’un vaste consensus politique.
Loi d’adminis-
tration de l’État Élection de
irakien pendant l’Assemblée Élection Premier
la période Conférence nationale Référendum du Conseil des gouvernement
transitoire (LAT) nationale de transition constitutionnel représentants permanent
8 mars 2004 15-18 août 2004 30 janv. 2005 15 oct. 2005 15 déc. 2005 20 mai 2006
250
Irak
Conférence nationale
251
Manuel de dialogue national
Peu de consultations du public ont eu lieu, que ce soit avant ou pendant la Conférence.
Pendant le processus préparatoire, le public a été informé par le biais d’affiches et de
spots télévisés qui se sont contentés d’annoncer la tenue d’une Conférence nationale à
la fin du mois de juillet. Le 29 juillet, le président a reporté de 2 semaines le début de la
Conférence suite aux recommandations des Nations Unies, qui ont financé une campagne
CONSUL- d’information publique prenant la forme d’articles quotidiens dans les journaux et de
TATION tables rondes.
PUBLIQUE
Les informations disponibles publiquement étant limitées, la société civile et les groupes
d’opposition étaient peu renseignés et n’ont eu que peu de possibilités de participer au
processus. Le mandat et le programme de la Conférence n’ont pratiquement pas fait l’ob-
jet de débats publics. À la clôture de cette dernière, les groupes d’opposition et la société
civile se sont sentis marginalisés.
252
Irak
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
550-850
Représentants de
partis politiques, tribus,
universités, groupes
de femmes et autres
548 organisations de la
Représentants des société civile, ainsi que
18 provinces du pays Nombre total : des principaux groupes
1 200-1 500 ethniques et sectes
religieuses du pays,
nommés par la HCP
0
Plusieurs petits partis,
groupes de citoyens et
100 indépendants se sont sentis
Membres de la HCP exclus, tandis que certains
groupes politiques importants
ont choisi de ne pas participer.
PARTICULARITÉS
Absence de transparence.
Le peu de transparence caractérisant la préparation de la Conférence, la sélection des
participants, l’information du public et le processus décisionnel lui a ôté toute crédibilité.
Forte perception d’un processus dirigé par les élites et guidé par des intérêts étrangers.
D’après Marina Ottaway de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, « il ne s’agit pas
d’un processus auquel participe l’ensemble de la population irakienne, mais plutôt d’un petit
groupe de personnes triées sur le volet qui se réunissent pour choisir un groupe plus restreint
encore de personnes elles aussi triées sur le volet ». Les États-Unis ont par ailleurs largement
pesé sur le processus en nommant les membres du CGI, qui a par la suite façonné et dominé
l’ensemble des activités.
253
Manuel de dialogue national
PHASE DE PRÉPARATION
Mandat :
Décider de la composition, du programme et des règles procédurales
Composition :
100 membres nommés par le gouvernement provisoire (aucun critère public
clairement défini) ; dominé par les principaux partis politiques membres du
gouvernement provisoire
Les comités n’avaient que trois ou quatre jours pour informer le public,
recevoir les candidatures, délibérer et choisir les participants ; pas de person-
nel de soutien et aucune instruction claire de la HCP concernant la sélection.
Certaines réunions provinciales ont donc été vivement contestées.
1 200-1 500
100 18
254
Irak
Structure
Mandat :
Élire 81 des 100 membres du Conseil national provisoire
(les 19 autres sont des membres de l’ancien Conseil
de gouvernement n’ayant pas obtenu de poste au sein
du gouvernement provisoire)
100
255
Manuel de dialogue national
Jordanie
Inspirés par les manifestations organisées en Égypte, en Tunisie et
dans d’autres pays arabes, les Jordaniens sont descendus dans la rue
au début de l’année 2011 pour exiger diverses réformes politiques telles
que la dissolution du Parlement, l’adoption d’une nouvelle loi électorale
garantissant une représentation plus équitable des différents segments
de la société ou encore le retour à la Constitution de 1952, qui octroyait
beaucoup moins de pouvoir au roi. Outre la naissance de nouveaux
mouvements de jeunes tels qu’Al-Hirak, la Jordanie a également assisté
à l’émergence de nouvelles formes de manifestations telles que sit-in,
forums en ligne et hors ligne ou autres campagnes étudiantes.
Nomination
Manifestations du gouvernement Comité de
populaires par le roi Abdallah II dialogue national
256
Jordanie
Mandaté par le roi, qui a demandé une révision immédiate des lois régissant
la vie politique et les libertés publiques. Le Comité était chargé de réviser
Mandat les lois très critiquées régissant les partis politiques et les élections, et de
formuler des recommandations générales sur des lois connexes.
Coordination Le processus était présidé par Taher Al-Masri, alors président du Sénat.
257
Manuel de dialogue national
Le CDN est le fruit d’une initiative descendante : le processus a largement été initié
par le roi Abdallah II par le biais du Premier ministre. Il a bénéficié du soutien des élites
politiques et des partisans du gouvernement.
CONSUL-
Des consultations publiques ont été menées par les trois sous-comités du CDN, qui
TATION
avaient pour mission de communiquer avec différents segments de la société. Leurs
PUBLIQUE
membres se sont rendus dans les différents gouvernorats du royaume pour y rencontrer
la population, écouter son point de vue et lui présenter leurs idées sur les nouvelles lois
(électorale et relative aux partis politiques). Les idées et opinions recueillies dans les
gouvernorats ont ensuite été présentées à l’assemblée générale du CDN.
258
Jordanie
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
52
Représentants
de partis politiques,
de mouvements
politiques, de la société
civile,du monde
académique/d’instituts
Nombre total : 52 de recherche,
d’associations
professionnelles,
des médias,
d’entrepreneurs et
d’indépendants
PARTICULARITÉS
Un processus élitiste.
La conception et la structure du CDN ont permis à un éventail raisonnable d’acteurs politiques
et d’autres membres de la société de participer à une certaine forme de débat politique et
d’exercer une certaine influence sur la législation. Le processus a été déployé et dirigé par
le roi et le gouvernement nommé. Selon l’opinion publique, le CDN est demeuré un processus
élitiste que le peuple jordanien ne s’est pas approprié.
259
Manuel de dialogue national
1 10
260
Jordanie
Structure
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Mandat :
Proposer des recommandations de loi électorale
et de loi régissant les partis politiques
Émettre des recommandations générales sur Projet de loi électorale
des lois connexes
Loi relative aux partis politiques
Présidence : Président du Sénat, Taher Al-Masri
Rapport contenant des recom-
Composition mandations de lois connexes
52 délégués
- Pas de critère de participation clairement établi ;
les participants ont été choisis par le roi et le La loi électorale n’a pas été
gouvernement approuvée par le gouverne-
- Se réunissant tous les quinze jours pour ment. Elle n’a été ratifiée par
délibérer sur le processus de rédaction le Parlement qu’une fois des
modifications importantes
apportées par le gouvernement
au système électoral mixte.
dote en La loi électorale ratifiée ne
personnel correspond pratiquement pas
aux attentes des réformateurs.
3 GROUPES DE TRAVAIL
Mandat :
Rédiger une loi électorale et une loi sur les partis
politiques, et formuler des recommandations générales
de lois régissant la vie politique
Composition :
Membres de partis politiques, mouvements politiques,
société civile, monde académique, associations
professionnelles, médias, entrepreneurs, indépendants
52
5 juin 2011
261
Manuel de dialogue national
Kenya
La contestation des résultats de l’élection présidentielle du
27 décembre 2007 au Kenya a entraîné des violences politiques, qui se sont
rapidement transformées en crise politique, humanitaire et économique
nationale. À l’invitation du président Mwai Kibaki (ou, selon certains,
pour répondre aux préoccupations de la communauté internationale), le
président de l’Union africaine (UA) et du Ghana, John Agyekum Kufuor,
s’est rendu au Kenya en janvier 2008. Suite à un accord entre le président
Kibaki et le dirigeant de l’opposition, Raila Odinga, il a mis sur pied un
Groupe d’éminentes personnalités africaines.
27 déc. 2007 10 janv. 2008 29 janv. 28 févr. 4 mars 30 juin 4 août 2008
262
Kenya
PRISE DE Décisions prises par consensus. Les dirigeants ont négocié directement pour
DÉCISIONS sortir de l’impasse.
Prendre des mesures d’urgence pour mettre fin aux violences et restaurer les libertés
et les droits fondamentaux.
Soulager la crise humanitaire et promouvoir la réconciliation, l’apaisement et
PROGRAM-
le rétablissement.
ME ET
QUESTIONS
Remédier à la crise politique.
CENTRALES
Enjeux à long terme : lutter efficacement contre la pauvreté, les inégalités, le chômage
(notamment chez les jeunes) et l’impunité, procéder à une réforme foncière et consolider
la cohésion nationale et la transparence.
Le Groupe a adopté une stratégie de communication visant à assurer la transparence
et à susciter la confiance du public envers le processus.
Des consultations régulières ont été menées auprès de différents secteurs de la société
civile. Citons notamment les groupes de femmes, les entreprises, les groupes religieux
CONSUL-
et les militants pour la paix.
TATION
PUBLIQUE
Tous les accords ont été immédiatement publiés, et un site Internet a été créé, sur lequel
tous les accords du processus de dialogue national et de réconciliation ont été postés.
264
Kenya
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
Équipes de négociation
4
4 Opposition/
Gouvernement/Parti de Mouvement démocra-
l’unité nationale (PNU) : tique orange (ODM) :
Martha Karua, ministre Musalia Mudavadi,
de la Justice et des William Ruto,
Affaires constitution- Sally Kosgei et
Nombre total : 8
nelles, Sam Ongeri, James Orengo
ministre de l’Éducation,
2
Mutula Kilonzo, député,
Chargés de liaison
et Moses Wetang’ula,
Gichira Kibara (PNU) et
ministre des Affaires
Caroli Omondi (ODM)
étrangères
(ont pris des notes mais
n’ont pas participé)
Mwai Kibaki (PNU) et Raila Odinga (ODM) ont reçu l’aide de 20 délégués chacun, comptant
leurs équipes de négociation.
PARTICULARITÉS
265
Manuel de dialogue national
Mandat :
Préparer le processus et établir le soutient
programme. Ce mandat lui a été
confié par l’UA, le PNU et l’ODM.
Éléments du programme :
10 janv. 2008
266
Kenya
Structure
Mandat : Mandat :
Présider les réunions et coordonner Appuyer et suivre la mise en œuvre
le processus La société privée South Consulting a également
procédé au suivi de la mise en œuvre.
Composition :
Kofi Annan, Benjamin Mkapa, Graça Machel Février
Accord de partage du pouvoir
coordonne
Mars
Commission indépendante de révision (IREC)
ÉQUIPES DE NÉGOCIATION Commission d’enquête sur les violences
postélectorales (CIPEV)
Mandat : Commission vérité, justice et
Trouver une solution à la crise réconciliation (TJRC)
Enjeux à court terme Processus de révision constitutionnelle
Enjeux à long terme
Composition :
4 négociateurs du PNU, 4 négociateurs de l’ODM Août
Promulgation de la Constitution et référendum
Procédure :
Réunions quotidiennes pendant 41 jours
Prise de décisions fondée sur un BUREAU DE COORDINATION ET DE LIAISON (CLO)
consensus réel
Fonctions :
Favoriser la mise en œuvre des accords conclus
dans le cadre du dialogue national et aider le
gouvernement de coalition à lutter contre les causes
profondes de la crise postélectorale de 2007.
267
Manuel de dialogue national
Liban
Le dialogue national fait depuis longtemps partie de la culture politique
et sociale du Liban, où il représente un forum crucial d’échanges en
dehors du Parlement et du Conseil des ministres. Le Comité de dialogue
national a vu le jour dès 1975 dans le but de résoudre la crise politique ;
deux Conférences du dialogue national se sont tenues au début des
années 1980 ; et en 2006, une nouvelle série de sessions de dialogue
national a vu le jour afin de sortir de l’impasse politique. Le dialogue
national organisé entre 2008 et 2014 a été approuvé alors que la stabilité
du pays était menacée par la multiplication des violences.
2008 16-21 mai 2008 Sept. 2008 24 mai 2014 Oct. 2016
268
Liban
269
Manuel de dialogue national
Instaura-
Promouvoir Empêcher l’esca- Éviter et
tion de la
l’adoption lade des tensions gérer les
confiance Renforcement
d’un accord politiques internes répercussions
OBJECTIF entre les de l’autorité de
sur une straté- et créer un climat des crises
groupes l’État libanais
gie de défense propice à l’applica- régionales
politiques
nationale tion des décisions sur le pays
du Liban
Le président de la République
Conférence du dialogue Accord de Doha endosse le rôle de président
MANDAT
national (mai 2008) (2008) du dialogue national
(mai 2008-mai 2014)
PRISE DE
Par consensus
DÉCISIONS
Information du public par le biais de déclarations finales formulées à l’issue des réunions
CONSUL- du Comité de dialogue national.
TATION
La Common Space Initiative, appuyée par le PNUD et la Fondation Berghof, a tenté de
PUBLIQUE compenser le manque d’inclusion en introduisant le point de vue de spécialistes et
de la société civile dans le dialogue national.
270
Liban
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
1
Participant indépendant
8
5 Alliance du 14-Mars
Alliance du 8-Mars 2008-2009 (17 partis et quelques
(37 partis) membres indépendants)
Nombre total : 14
7
Alliance du
2010-2014 14-Mars
Nombre total : 19*
5
Participants indépendants
7
Alliance du 8-Mars
* En juin 2012, Najib Mikati remplace Saad Hariri au poste de Premier ministre. Le dirigeant des Forces libanaises,
Samir Geagea, a boycotté cette première séance et les suivantes pour protester contre la question non résolue
de l’armement du Hezbollah. Plus tard en 2012, l’Alliance du 14-Mars a annoncé son retrait collectif du dialogue.
En mars 2014, certains partis de l’Alliance du 8-Mars, dont le Hezbollah, ont boycotté une tentative de reprise du
dialogue.
PARTICULARITÉS
271
Manuel de dialogue national
Mandat :
Mandat :
Conférence de 6 jours pour sortir de
Conception du processus, recherche,
18 mois d’impasse politique au Liban
rédaction de propositions stratégiques
Fourniture d’un soutien au président
Composition :
en matière de coordination
Membres de la Conférence du dialogue
Consultation d’experts tout au long
national, composée des principaux
de la conception du processus
dirigeants politiques
Composition :
Consultation des pays représentés au sein 9 experts et personnalités nommés
du Comité ministériel de la Ligue arabe, par le président
ainsi que d’autres acteurs de la région.
ACCORD DE DOHA
soutient
Prévoit :
l’élection du général Michel Sleiman, soutient
le candidat du compromis, au poste de
président de la République ; ASSISTANCE TECHNIQUE
la formation d’un gouvernement
d’union nationale ; Fonctions : approfondir l’inclusion
l’adoption d’une loi électorale ; verticale en introduisant le point de
la poursuite du dialogue sur le vue de spécialistes et de la société
renforcement des pouvoirs de l’État. civile dans le dialogue national
Organisations :
COMITÉ DIRECTEUR DU DIALOGUE NATIONAL 2008-2010 :
PNUD et Fondation Berghof
Mandat :
Définir les critères de participation À partir de 2010 :
et le programme Common Space Initiative
272
Liban
Structure
PHASE DE MISE
EN ŒUVRE
Mandat :
Se réunir régulièrement pour discuter des
enjeux (et du nouveau cadre de sécurité nationale)
conformément au mandat et créer un nouveau
consensus au sein de l’élite
14 19
273
Manuel de dialogue national
Mali
Dans un contexte marqué par la rébellion armée, le coup d’État contre
le président Moussa Traoré en mars 1991 et la chute de la deuxième
République, les acteurs de la société civile malienne issus du mouvement
démocratique ont forcé le régime à engager le dialogue, mais sans
succès. La violence a pris de l’ampleur et une partie de l’armée s’est
insurgée, créant, en collaboration avec les acteurs de la société civile, le
Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), duquel a été issu un
gouvernement de transition. Le CTSP a adopté l’Acte fondamental de 1991,
octroyant le statut d’assemblée souveraine à la Conférence nationale.
26 mars 1991 31 mars 1991 28 avr. 1991 29 juill. 1991 12 août 1991 25 févr. 1992
274
Mali
275
Manuel de dialogue national
Adopter une
Rédiger un projet Adopter un Discuter de l’état
OBJECTIF charte des partis
de constitution code électoral de la nation
politiques
Les décisions de la Conférence nationale étaient contraignantes. Elle s’est dotée de règles
procédurales précises. L’article 5 des Règles procédurales a également établi que les
participants ne pouvaient à aucun moment, pendant ou après la Conférence nationale, être
PRINCIPES poursuivis ou faire l’objet de procédures judiciaires en raison des opinions qu’ils auraient
exprimées. C’est ainsi qu’a été établi le principe de liberté d’expression. L’un des principes
informels sous-tendant la Conférence nationale a été le soutien apporté au processus
démocratique par tous les groupes et mouvements politiques représentés.
PRISE DE
À la majorité simple des personnes présentes.
DÉCISIONS
PROGRAM- Mise en place d’un État de droit, d’une démocratie participative et représentative,
ME ET d’un système véritablement multipartite et d’institutions durables
QUESTIONS
CENTRALES
Adoption d’une politique de décentralisation, instauration de la démocratie locale
et création de forums de dialogue intercommunautaire
Les délégués ont fait appel aux voies de communication tant officielles que privées pour
CONSUL-
publier les objectifs et les actes de la Conférence nationale (télévision, radio et presse
TATION
locale et internationale).
PUBLIQUE
Un référendum populaire visant à adopter la nouvelle Constitution a été organisé en 1992.
276
Mali
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
132 237
Membres du comité Autres
d’organisation
126
77
Représentants
Maliens vivant
de la presse
à l’étranger
135
Délégués de
125 cercles politiques
Délégués de partis politiques
PARTICULARITÉS
Ouverture.
La Conférence nationale de 1991 représente le forum national de dialogue le plus ouvert et
le plus démocratique depuis l’indépendance du pays en 1960.
Transformation radicale.
La Conférence nationale a été érigée en assemblée souveraine dont les décisions étaient
contraignantes. Elle a donné lieu à une réorganisation radicale des institutions et à la
naissance d’une nouvelle république.
Inclusion.
L’organisation de la Conférence a suivi une approche participative ; la nouvelle Constitution
a dû être adoptée par le biais d’un référendum public. Parmi les participants se trouvaient
des représentants des nouveaux partis politiques, de groupes de femmes, d’étudiants et
de paysans, de groupes religieux et de syndicats.
277
Manuel de dialogue national
COMITÉ DE TRANSITION
POUR LE SALUT DU PEUPLE
(GOUVERNEMENT PROVISOIRE)
Mandat :
Coordonner la préparation et
organiser la Conférence nationale, PRÉSIDIUM
puis lui soumettre le projet de
constitution Mandat :
Piloter le travail de la Conférence
nationale. Il a supervisé l’application
des règlements internes, maintenu
l’ordre et la discipline, dirigé les débats,
COMMISSION DE CONSULTATION annoncé l’ouverture et la clôture des
PRÉLIMINAIRE séances et appelé au vote.
Mandat : Composition :
Conseiller le Premier ministre Président Amadou Toumani Touré et
sur le choix des participants, 9 vice-présidents
l’organisation et la gestion
COMMISSION DE VÉRIFICATION
DES MANDATS
Mandat :
Passer en revue la liste officielle
des participants.
1 500
Mars-juill. 1991
278
Mali
Structure
PHASE DE MISE
EN ŒUVRE
ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE
Composition
1 500 participants inscrits (jusqu’à 1 800 participants
réels d’après certains rapports), y compris des
représentants des nouveaux partis politiques,
de groupes de femmes, d’étudiants et de paysans,
de groupes religieux et de syndicats
Mise en œuvre de la
4 COMMISSIONS DE TRAVAIL THÉMATIQUES : réforme en matière de
décentralisation, création de
703 communes, élection de
Commission Commission Commission Commission 10 000 fonctionnaires locaux
constitution- Code électoral Charte des par- État de la
nelle tis politiques nation Création d’une démocratie
multipartite suite à l’adoption
d’une Charte des partis
Chaque commission est dirigée par un bureau. politiques
279
Manuel de dialogue national
Népal
Bien que le processus de paix au Népal ne soit pas considéré par la majorité comme
un dialogue national, les différents mécanismes de dialogue avec la société civile et
de négociations multipartites utilisés à différents niveaux constituent un exemple
intéressant. Le processus est généralement entendu comme étant endogène, et dirigé
et géré à l’échelle nationale.
L’objectif général poursuivi par les négociations bilatérales, les négociations
multipartites et le dialogue avec la société civile était le suivant : rétablir la paix
et la stabilité en mettant fin à dix ans de guerre civile entre, d’une part, le Parti
communiste du Népal (maoïste), le CPN-M, et d’autre part, le gouvernement népalais.
Ces négociations et discussions visaient par ailleurs à rééquilibrer les rapports de
force sociopolitiques et le système économique du pays, par l’adoption d’une nouvelle
constitution. Le processus de paix était composé des éléments suivants :
Grâce à ces efforts de paix, la guerre civile a pris fin en 2006, et une nouvelle
constitution a été adoptée en 2015, faisant du Népal une république fédérale laïque
fondée sur un système parlementaire bicaméral. Comme pour les autres processus
décrits ici présentant un degré de complexité équivalent et s’étalant sur une période
comparable, la présentation du processus dans son ensemble dépasserait la portée
de cette fiche pays. C’est pourquoi seule la phase préalable à l’adoption de l’Accord de
paix global (2000-2006) sera détaillée ici.
6 ans (2000-2006)
Cette période englobe les processus de négociation et de dialogue qui ont
Durée mené à la signature de l’Accord de paix global. La nouvelle Constitution n’a
toutefois été adoptée qu’en 2015.
Le mouvement populaire non violent (Jana Andolan II, 6-24 avril 2006), lancé
par l’Alliance des sept partis, appuyé par les maoïstes et très suivi, a permis
de mettre un terme à la guerre civile maoïste, et a exercé une pression
considérable sur toutes les parties au conflit afin qu’elles lancent la dernière
série de négociations de paix officielles.
Participation
et critères de Les délégations des parties au conflit (gouvernement/roi et CPN-M en 2001
et 2003, gouvernement dirigé par l’Alliance des sept partis et le CPN-M en
sélection 2006), et parfois seulement leurs dirigeants, ont participé aux négociations
officielles. Les nombreuses initiatives de la société civile, parmi lesquelles
le mécanisme informel de dialogue, la NTTP, ont réussi à exprimer leur point
de vue sur certains points litigieux, favorisant ainsi la participation indirecte
de la population aux pourparlers officiels exclusifs.
Processus de négociations
Initiative de dialogue
MANDAT et de dialogue formels et Assemblées constituantes
exploratoire
informels
Bien que la société civile ait joué un rôle essentiel dans la réussite du mouvement populaire
d’avril 2006, sa mission au sein des négociations et du dialogue s’est résumée à une
fonction d’appui. Les négociations constituaient un processus descendant et exclusif, les
CONSUL-
grandes questions d’intérêt public faisant souvent l’objet d’une décision par un nombre
TATION
restreint de personnes. Les équipes de négociation n’étaient pas non plus inclusives (p. ex.,
PUBLIQUE
exclusion d’importants groupes sociétaux). Si les grandes lignes du mandat ont été définies
par le mouvement populaire participatif, avec le soutien de la société civile, des précisions
importantes ont été négociées par les diverses parties, voire par leurs dirigeants.
282
Népal
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
PARTICULARITÉS
283
Manuel de dialogue national
Fonctions :
Soutenir le Comité de haut niveau pour la paix et son sous-comité
NÉGOCIATIONS de consultation et de coopération ; appuyer l’institutionnalisation
MULTIPARTITES du processus de paix.
Organiser les pourparlers de paix et la mise en œuvre des résultats
Mandat : en coopération avec le gouvernement ; formuler un plan d’action
Premières discussions relatif aux pourparlers de paix.
informelles entre les Maintenir la communication et entretenir les relations avec
parties, portant sur les organismes étrangers.
leur volonté de dialoguer
et d’organiser une Composition : Secrétaire, co-secrétaire et autres fonctionnaires
première rencontre déployés par le gouvernement
entre les dirigeants
des principales parties
STRUCTURE DE DIALOGUE INFORMELLE
au conflit (« Discuter
De nombreuses initiatives informelles de la société civile, parmi
des discussions »)
lesquelles la NTTP, ont appuyé le processus formel de paix et fourni
un filet de sécurité.
Composition :
Un négociateur chacun INITIATIVE NTTP (« NEPAL TRANSITION TO PEACE ») (2005-présent)
pour le gouvernement
et pour le CPN-M, et Mandat :
un facilitateur Étudier et favoriser la possibilité de mettre en place des pourparlers
de paix et fournir un espace informel de dialogue pour trouver un
terrain d’entente et proposer des solutions.
Structure :
- Forum de la NTTP
- Groupes thématiques (jeunes dirigeants politiques, femmes,
Madheshis, Janajatis, Dalits)
- Groupes de dialogue infranationaux
Composition :
Chefs des principaux partis politiques (forum) et membres influents
de leur communauté respective issus de tous les partis et de la société
civile (groupes thématiques)
3
2000
284
Népal
Structure
Mandat :
Mettre un terme à la guerre entre
le gouvernement/le roi et le CPN-M
Trois cycles de négociations
entre le gouvernement et le CPN-M
Coordination :
Deux à quatre facilitateurs et/ou témoins,
y compris Daman Nath Dhungana et
Padma Ratna Tuladhar
ASSEMBLÉE
CONSTITUANTE I
Composition :
Mai 2008-
Quatre à cinq hauts responsables
Mai 2012
du gouvernement et du CPN-M
Coordination :
Deux à cinq facilitateurs/observateurs, y compris LA CONSTITUTION
Daman Nath Dhungana et Padma Ratna Tuladhar EST ENTRÉE
EN VIGUEUR LE
Composition : 20 SEPTEMBRE 2015
Le gouvernement et le CPN-M ont chacun formé
une équipe de négociation composée d’un chef
et de deux membres
10-17
285
Manuel de dialogue national
Pologne
Les négociations de la Table ronde en Pologne ont pris place suite à la
hausse des tensions sociales provoquées par la situation économique
déplorable et la répression politique. Si la pression exercée sur le régime
était de plus en plus forte, en raison notamment des revendications
pour une plus grande liberté (1956) et des émeutes liées à la hausse
des prix de l’alimentation (1970), les manifestations se sont intensifiées
avec les grèves sur le chantier naval de Gdansk, la création du syndicat
indépendant Solidarność en 1980 et la déclaration de la loi martiale entre
1981 et 1983, sur fond de déclin du communisme en Europe. L’opposition
cherchait à légaliser Solidarność ainsi que d’autres associations interdites
et à avancer certaines réformes économiques, tandis que le gouvernement
essayait de son côté de maintenir le contrôle tout en apaisant le climat
de crise morale et politique. Les discussions ont d’abord été lancées sous
forme de mécanisme de gestion de crise pour ensuite se transformer en
pourparlers sur l’établissement d’un nouveau contrat social.
1981 1988 Janv. 1989 Févr. 1989 Avr. 1989 Juin 1989
286
Pologne
Le processus n’a pas fait l’objet de coordination officielle, mais l’Église ca-
tholique a joué un rôle important en rassemblant les parties et en maintenant
le cap des négociations. Plusieurs réunions de haut niveau organisées dans
Coordination une villa de Magdalenka ont permis de sortir des impasses dans lesquelles
se sont retrouvés les groupes de travail (les principaux dirigeants des deux
parties n’ont pas participé à la Table ronde).
L'un des principaux défis a tenu au fait que les négociations ont été per-
çues comme un consensus de l’élite, certaines décisions sur d’importantes
Défis/ensei- questions étant souvent prises ailleurs par les principaux dirigeants. Crai-
gnant pour sa pertinence politique, l’OPZZ a essayé à plusieurs reprises de
gnements tirés saboter les discussions en raison de son désaccord avec l’un des résultats
escomptés : la légalisation de Solidarność. La formation de petits groupes
et sous-groupes de travail thématique a prouvé son efficacité et favorisé une
négociation technique détaillée.
287
Manuel de dialogue national
Légaliser Solidarność
Négocier l’adoption Négocier un nouveau contrat social
et d’autres associations
OBJECTIF de réformes (nouvel objectif qui a émergé pendant
interdites en vertu de la loi
économiques les négociations)
martiale (1981)
Crise économique Les deux parties ont compris Le Politburo a octroyé au général
MANDAT et soulèvements que la négociation était le seul Jaruzelski un mandat pour négo-
populaires moyen d’aller de l’avant. cier avec l’opposition.
Avant le début des négociations, les parties se sont mises d’accord sur deux principes directeurs :
Solidarność et les autres associations ne pouvaient qu’être légalisées (et non « relégali-
sées », ce qui serait revenu à admettre que le gouvernement avait commis une erreur),
PRINCIPES et les délégués ne reviendraient pas sur le passé, puisque cela pouvait s’avérer source de
divisions.
Dans la pratique, les deux parties ont également appliqué un principe informel : résoudre
les impasses au sein des groupes de travail par le biais de négociations de haut niveau
tenues ailleurs.
288
Pologne
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
PARTICULARITÉS
Expansion du programme.
Le programme s’est largement développé une fois les discussions engagées, passant de la
simple gestion de la crise à la négociation d’un changement fondamental sur le plan politique
et à la recherche d’un nouveau contrat social. L’un des deux objectifs principaux (négociation
des réformes économiques techniques) n’a guère abouti, contrairement aux négociations
relatives à un nouveau contrat social, qui ont, quant à elles, largement porté leurs fruits.
Rôle de l’Église.
L’Église catholique a joué un rôle très important dans la coordination du dialogue entre les
deux parties. Elle a assisté à toutes les réunions, même à celles de haut niveau organisées
entre les principaux dirigeants. Elle n’était pas considérée comme impartiale mais a été
acceptée par les deux parties.
289
Manuel de dialogue national
Mandat :
Procéder à des négociations sur les ques-
tions les plus délicates afin de sortir des
impasses paralysant les groupes de travail
SÉRIE DE
Décider de la composition et du programme
RÉUNIONS
des groupes
PRÉPARATOIRES
Composition :
Mandat :
44 principaux dirigeants des deux parties
Préparer les
négociations,
établir des règles
de base
en
ca
sd
’im
TABLE RONDE PLÉNIÈRE
pa
Seules deux réunions plénières officielles,
ss
e
le 6 février et le 5 avril, respectivement au
début et à la toute fin du processus
Composition :
58 délégués :
29 de la coalition gouvernementale
26 de Solidarność et de l’opposition
3 observateurs (Église catholique)
200
290
Pologne
Structure
PHASE DE MISE
EN ŒUVRE
TABLE RONDE PRINCIPALE I
ACCORDS DE LA TABLE
« PLURALISME SYNDICAL »
RONDE
Mandat : Signés le 4 avril 1989
Légalisation de Solidarność Légalisation des associa-
tions interdites (parmi
Présidence : 1 membre du gouverne- lesquelles Solidarność)
ment, 1 membre de l’opposition Organisation d’élections
Composition : législatives partiellement
36 négociateurs : 14 membres de libres
Solidarność, 22 du gouvernement ; Formation d’un Sénat-
17 experts participant à des démocratiquement élu
groupes de travail restreints Présidence : nouvelle-
TABLE RONDE PRINCIPALE II ment instituée, dotée
« RÉFORMES POLITIQUES » d’importants pouvoirs
exécutifs
Mandat : Accord sur un certain
À l’origine, sur les conditions dans nombre de solutions
lesquelles Solidarność pouvait économiques et
participer aux élections sociales
Assouplissement
Présidence : 1 membre du gouver-
de la censure
nement, 1 membre de l’opposition
Composition : COMMISSION
40 négociateurs : 18 issus SUR LES ACCORDS
de Solidarność et 22 du DE LA TABLE RONDE
TABLE RONDE PRINCIPALE III gouvernement
« RÉFORMES SYSTÉMIQUES ET Mandat :
RÉFORME DES POLITIQUES Évaluer la mise en
SOCIALES ET ÉCONOMIQUES » œuvre de l’accord
Arbitrer les litiges
Mandat : Décider des modalités 11 SOUS-TABLES ET à venir
précises d’une réorganisation de la GROUPES DE TRAVAIL
vie publique (pacte anti-crise)
Mandat : Composition :
Présidence : 1 membre du Discuter des réformes pratiques Membres de la Table
gouvernement, 1 membre de concernant différentes questions, ronde et des « autres
l’opposition y compris les réformes juridiques groupes concernés »
Composition : et judiciaires, la politique média-
46 négociateurs : 24 issus tique, l’éducation, les collectivi-
de Solidarność et 22 tés locales, l’exploitation
du gouvernement minière, etc.
291
Manuel de dialogue national
République centrafricaine
Depuis 2012, la République centrafricaine (RCA) est le théâtre de conflits
armés et de violences politiques intenses entre la Seleka, les forces
gouvernementales et les milices anti-balaka. Les combats ont finalement
conduit en 2013 à l’organisation d’un coup d’État par la Seleka, dirigée
par Michel Djotodia, contre le gouvernement de François Bozizé. En 2014,
alors que les hostilités se poursuivaient, Catherine Samba-Panza a été
nommée présidente par intérim par le Conseil national de transition de
la RCA, un organe ad hoc créé après l’accession au pouvoir de la Seleka.
Processus de Brazzaville
Juill. 2014 Janv.-mars 2015 Mai 2015 Déc. 2015 Mars-mai 2016
292
République centrafricaine
La notion d’État-nation est encore remise en cause par les groupes
Défis/ensei- politiques (armés) de la RCA, de même que ses fonctions
gnements tirés Écart considérable entre les mandats octroyés et les moyens de
mise en œuvre
293
Manuel de dialogue national
Mandat octroyé
Forum de réconciliation Consultations Forum national
par la CEEAC
MANDAT nationale inter-centrafricain populaires de Bangui
au médiateur
de Brazzaville (2014) (2015) (2015)
Sassou-Nguesso
PRISE DE La prise de décisions sur le Pacte républicain se fonde sur l’obtention d’un consensus entre
DÉCISIONS tous les participants.
Le programme du Forum national de Bangui et ses quatre ateliers thématiques étaient fondés
sur les résultats des consultations populaires :
PROGRAM-
ME ET
QUESTIONS Bonne Développement
CENTRALES Paix et sécurité Justice et réconciliation
gouvernance socio-économique
294
République centrafricaine
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
3e phase
Forum national de Bangui
(4-11 mai 2015)
600-700
Participants issus du gouvernement de transition,
des partis politiques nationaux, des groupes armés
concernés, du secteur privé, de la société civile,
des chefs traditionnels et des groupes religieux.
Dont près de 120 femmes provenant des 16 préfectures
du pays et représentant différents groupes religieux,
communautés et origines ethniques, y compris
la diaspora et les populations réfugiées.
PARTICULARITÉS
295
Manuel de dialogue national
170
296
République centrafricaine
Structure
Élections
parlementaires
et présidentielles
COMITÉ TECHNIQUE 4 ATELIERS le 30 décembre
D’ORGANISATION 2015
Mandat :
Composition : Analyse et orientation stratégique
Coordinateur général et opérationnelle fondée sur
et 10 membres les consultations populaires
1. Paix et sécurité
Secrétariat technique
2. Justice et réconciliation
3. Gouvernance
4. Développement
600
–
700
297
Manuel de dialogue national
Soudan
Le dialogue national a vu le jour au Soudan alors que le pays s’était enlisé
dans une guerre civile (Nil Bleu, Kordofan du Sud et Darfour), à laquelle
se sont ajoutées une situation d’instabilité et plusieurs crises internes.
Le conflit opposant le gouvernement à différentes forces d’opposition est
tombé dans une impasse dommageable, aucune partie ne disposant d’un
avantage net sur l’autre. Dans ce contexte, en janvier 2014, le président
soudanais a invité les forces politiques du pays, notamment les partis
d’opposition et les groupes armés, à se joindre à un processus de dialogue
national.
Lancement du dialogue
national par le président Début de la Adoption du
El Béchir dans son Conférence document national
discours en faveur du 2e réunion du dialogue par l’Assemblée
« bond en avant » de consultation national générale
27 janv. 2014 6 avr. 2014 2 nov. 2014 20 août 2015 10 oct. 2015 Mars 2016 10 oct. 2016
298
Soudan
299
Manuel de dialogue national
Le président
Des décrets prési-
Contexte : El Béchir convoque Tenue de la première
dentiels, autorisant
impasse une réunion pour réunion de consulta-
entre autres la liberté
prolongée et discuter d’une tion sur les questions
MANDAT d’action politique,
multiplication initiative en faveur liées au lancement
sont adoptés afin
des appels d’un dialogue de la Conférence en
de favoriser la
à la sécession national approfondi avril 2014
participation.
en janvier 2014.
Des comités chargés de traiter des questions fondamentales suivantes ont été créés
pendant la Conférence :
CONSUL- Il semble qu’aucune consultation publique n’ait eu lieu pendant le processus de la Conférence
TATION nationale au Soudan. Les trois réunions de consultation préparatoires ont rassemblé les parti-
PUBLIQUE cipants à la Conférence (dont certains qui se sont ultérieurement retirés du processus).
300
Soudan
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
79 partis politiques
28 mouvements
Oct. 2015
Séance d’ouverture
Nombre total :
env. 160 38 mouvements
Mars 2016
Nombre total :
50 personnalités env. 225
nationales
75 personnalités
nationales
Les statistiques varient considérablement d’une source à l’autre. Le schéma ci-dessus représente les chiffres
de la séance d’ouverture et les nombres les plus récents (décembre 2016) issus du site officiel du dialogue
national, hewarwatani.gov.sd, et du Secrétariat général de la Conférence. L’augmentation du nombre de
partis, mouvements et personnalités nationales ayant participé au processus n’est pas due à une hausse de
l’inclusion, mais plutôt à une différence de taille et de représentativité des parties concernées, de nombreux
partis d’opposition s’étant par ailleurs retirés pendant la phase de préparation.
PARTICULARITÉS
301
Manuel de dialogue national
7+7
302
Soudan
Structure
PHASE DE MISE
EN ŒUVRE
transmet des propositions pour décision finale
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Mandat :
Présidence : Président El Béchir
Procéder au suivi
de la mise en
Composition :
œuvre des
Environ 250 membres invités : représentants de partis
résultats de
politiques officiels et de mouvements armés, personnalités
la Conférence
nationales et responsables communautaires
Prise de décisions :
Une voix par partie, prise de décisions basée sur
le consensus ou majorité fixée à 90 %
dote en
personnel
6 COMITÉS
Adoption
Mandat : du document
Délibérer sur des sujets spécifiques et soumettre des recommandations au HCC national
Composition :
Alternance entre gouvernement et opposition aux postes de président et d’adjoint
Unité et paix
Économie
Libertés et droits fondamentaux
Identité
Gouvernance
Mise en œuvre des résultats de la Conférence
250
303
Manuel de dialogue national
Tunisie
La chute du président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011, suite
aux manifestations de masse de la Révolution de la dignité, a conduit
à l’élection en octobre de la même année d’une Assemblée nationale
constituante. L’assassinat d’un chef de l’opposition, Mohamed Brahmi,
le 25 juillet 2013, a totalement paralysé le processus de rédaction d’une
nouvelle constitution. Il s’agissait du deuxième assassinat politique de
l’année : Chokri Belaïd, lui-même leader d’un parti d’opposition, avait
trouvé la mort devant son domicile au mois de février. Ces événements
ont accentué les divisions entre, d’une part, le gouvernement dirigé par
le parti islamiste Ennahdha, et d’autre part, les nouvelles coalitions
de partis et forces laïques et de gauche. C’est à cet instant critique que
certains responsables politiques et acteurs de la société civile ont entamé
un dialogue national, certes difficile, mais qui a porté ses fruits. L’Union
générale tunisienne du travail, qui avait engagé plusieurs initiatives visant
à entamer un dialogue en 2012 et 2013, a dirigé la formation d’un Quartette
du dialogue. Celui-ci a réussi à sortir le pays de l’impasse politique, en
coordonnant les négociations relatives à l’élaboration d’une feuille de
route portant sur trois questions qui allaient être abordées pendant le
dialogue national : la finalisation de la Constitution, la substitution d’un
gouvernement technocrate au pouvoir exécutif en place, et la préparation
d’élections. Le projet de constitution de la Tunisie, composé de 146 articles,
a été adopté par l’Assemblée constituante le 26 janvier 2014.
2010-janv. 2011 Oct. 2011 Févr. 2013 Juill. 2013 17 sept. 2013 5 oct. 2013 26 janv. 2014
304
Tunisie
305
Manuel de dialogue national
Substituer un gouvernement
Parachever la rédaction
OBJECTIF technocrate au pouvoir Préparer les élections
d’une constitution
exécutif en place
Les partis qui avaient signé la feuille de route ont assisté aux négociations officielles,
PRISE DE par ailleurs appuyées par différents dialogues informels entre de nombreux individus.
DÉCISIONS L’objectif déclaré des négociations était d’atteindre un consensus sur les trois principales
questions mentionnées dans la feuille de route.
Questions controversées :
PROGRAM-
ME ET
QUESTIONS Calendrier relatif à l’adoption Calendrier relatif à la substitution d’un gouvernement
CENTRALES de la Constitution technocrate à la troïka en place
CONSUL- Le dialogue national était largement centralisé à un niveau politique élevé et fermé au public.
TATION Le Quartette a su utiliser efficacement les médias, seule opportunité pour le public d’avoir
PUBLIQUE connaissance du déroulement du processus.
306
Tunisie
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
23
Dont le parti islamiste Ennahdha,
à la tête du gouvernement, Ettakatol,
membre de l’exécutif, et leur principal
adversaire, Nidaa Tounes
Nombre total :
23 partis 0
Ni le troisième parti de la coalition
gouvernementale, le Congrès pour la
République (CPR), ni le parti Tayar Al Mahaba
(anciennement Al Aridha Chaabia),
ni Attayar Addimocrati, ni le mouvement
Wafa n’ont participé.
Il est toutefois important de souligner que le dialogue national s’est déroulé à différents
niveaux entre de nombreuses personnes, et que les réunions et les dialogues se sont chevau-
chés à plusieurs reprises.
PARTICULARITÉS
Lorsqu’il a reçu le prix Nobel de la paix en 2015, le Quartette a été reconnu pour sa « contribu-
tion décisive à la construction d’une démocratie pluraliste en Tunisie ».
Un pouvoir décisionnel entre les mains des responsables politiques et des dirigeants âgés
de la société civile.
Si la Révolution de la dignité de 2011 a été largement dirigée par les jeunes, le dialogue
national a quant à lui placé le pouvoir décisionnel entre les mains de puissances politiques
établies, tant au sein de la société civile qu’au niveau 1.
307
Manuel de dialogue national
PHASE DE PROCESSUS
23
308
Tunisie
Structure
PHASE DE MISE
EN ŒUVRE
Mandat :
Se mettre d’accord sur les points abordés dans
la feuille de route et traiter des problèmes à venir.
Présidence :
Arbitrage par le Quartette du dialogue national
Composition :
23 partis signataires de la feuille de route, y compris :
les partis du gouvernement Ennahdha et Ettakatol ;
et leur principal adversaire, Nidaa Tounes. Mehdi Jomaa nommé
Premier ministre
Le processus s’est toutefois moins appuyé sur
des sessions formelles que sur des discussions
informelles, non seulement entre délégués Démission du gouvernement
officiels, mais aussi en coulisse. Le processus d’Ali Larayedh
a également été largement influencé par les
interventions, manifestations et sit-in organisés
par les partisans et opposants au gouvernement, Ratification d’une nouvelle
ainsi que par une couverture médiatique dénuée constitution par l’Assemblée
de tout sens critique. En l’absence de mécanismes constituante
de consultation publique, la population générale
s’est sentie exclue.
Détermination des dates
de l’élection présidentielle
présente des
propositions
309
Manuel de dialogue national
Yémen
Suite à l’important soulèvement contre le régime et le président Ali
Abdallah Saleh en 2011, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a
appuyé des négociations entre les principaux partis du pays et proposé
une feuille de route pour mettre un terme à la crise. L’initiative du CCG
et son mécanisme d’exécution ont défini les phases du processus de
transition politique au Yémen. Après une série de négociations et suite
aux pressions exercées par la communauté internationale, Saleh et les
principaux partis de l’opposition (rassemblés au sein de la coalition JMP
[Joint Meeting Parties]) ont signé l’initiative proposée par le CCG et son
mécanisme d’exécution, et le président a accepté de remettre le pouvoir à
son vice-président en échange d’une immunité.
310
Yémen
Les critères de participation ont été définis par le Comité technique chargé de
la préparation de la CDN. Les principales circonscriptions ont été déterminées
par le mécanisme d’exécution de l’initiative du CCG. Si aucune circonscription
n’a été exclue, certaines ont été ou se sont senties sous-représentées (p. ex.,
le mouvement Al-Hirak). Au cours du processus de sélection, les différents
Participation partis politiques et segments de la société ont été invités à nommer leurs
et critères propres délégués en s’alignant sur le quota fixé dans le mandat de la CDN
de sélection (30 % de femmes, 20 % de jeunes, 50 % de sudistes). Après publication d’un
appel à candidatures et examen des dossiers, le Comité technique a choisi
des femmes, des jeunes et des représentants d’OSC indépendants. Les
candidats devaient remplir certains critères, tels que celui de l’âge (18-40 ans
pour les jeunes) ou l’absence d’affiliation politique. Les 61 délégués restants
ont été choisis de façon assez aléatoire par le président.
311
Manuel de dialogue national
Transparence, justice sociale, responsabilité des fonctionnaires, protection des droits, égalité
entre les citoyens, non-discrimination, État de droit, démocratie et pluralisme
Une règle spécifique, selon laquelle le président avait le dernier mot concernant les questions
PRINCIPES
pour lesquelles les délégués n’avaient pas réussi à atteindre de consensus, a été contestée par
de nombreux participants et a par la suite porté atteinte à la recherche d’un consensus, qui était
l’un des principes sous-jacents majeurs de la CDN.
Le Secrétariat général a reçu pour mission d’élaborer un plan d’information publique et
CONSUL- de mettre sur pied des mécanismes de participation du public.
TATION
Le programme d’appui au dialogue national a organisé des forums de dialogue à l’échelle
PUBLIQUE locale pour renforcer les interactions entre la CDN et les discussions revêtant un intérêt local.
La Constitution doit être approuvée par référendum public.
312
Yémen
Processus
TAILLE ET COMPOSITION
Il a été demandé à chacune des parties principales à la CDN de garantir dans leurs listes de
représentants un quota de 30 % de femmes, de 20 % de jeunes et de 50 % de sudistes.
263
Partis politiques
62
112
Liste du président
Congrès populaire
général (GPC)
120
137
40 Représentants
JMP (coalition
des jeunes
de l’opposition
40 Représentants
Nombre total : 565 traditionnelle)
des femmes
50 Al-Islah
40 Société civile, syndicats
37 socialistes
et défenseurs des droits
30 nasséristes
de l’homme
20 partis politiques
120 de moindre envergure
85 Mouvement du Sud 14
35 Houthis Nouveaux partis politiques
7 Parti de la justice et de la construction
7 Union salafiste Rashad
PARTICULARITÉS
Inclusion de la CDN.
En théorie, le processus était inclusif, mais deux parties importantes étaient sous-représen-
tées, Ansar Allah (Houthis) et Al-Hirak. Le premier n’a reçu que 30 sièges à la Conférence,
alors qu’il s’agissait de l’une des principales forces sur le terrain. L’effet de cette marginalisa-
tion n’a été ressenti qu’un an plus tard, lorsqu’Ansar Allah a pris le contrôle de la capitale. La
CDN au Yémen se démarque toutefois par l’inclusion considérable des jeunes (20 %) et des
femmes (30 %), qui, grâce aux quotas de représentation, ont joué un rôle majeur tout au long
du processus, transformant ainsi profondément la société yéménite.
25 565
Juill.-déc. 2012
314
Yémen
Structure
COMITÉ DE RÉDACTION
DE LA CONSTITUTION
Composition : 17 membres
nommés par le président
Représente différentes
forces politiques
GROUPES DE TRAVAIL
AUTORITÉ NATIONALE
Mandat : Dialogue de fond et atteinte d’un consensus
DE SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE
DES RÉSULTATS DE LA CDN
Question du Sud COMITÉ 8+8
fait sortir de Comité ad hoc composé de 8 délé-
l’impasse Composition : 82 membres choisis
gués du Nord et 8 délégués du Sud par le président
Question de Saada
Bonne gouvernance
Fondations pour consolider l’armée et les forces de sécurité
Construction de l’État
Questions d’intérêt national, réconciliation nationale
et justice transitionnelle
Indépendance d’entités spéciales
Droits et libertés
Développement
17
315
Manuel de dialogue national
Afrique du Sud
Autrice : Vanessa Prinz. Nous adressons nos sincères remerciements à Andries Odendaal pour
sa révision de la fiche pays.
316
Collaborateurs et principales ressources
Bahreïn
Autrice : Nadine Francis-Pohle. Nous adressons nos sincères remerciements à Munira Fakhro
pour sa révision de la fiche pays.
Fakhro, Elham 2013. Bahrain’s National Dialogue faces a Stalemate. Centre d’études d’Al
Jazeera.
www.studies.aljazeera.net/en/reports/2013/10/2013101091036321935.html.
Gulfnews Archive 2013. Bahrain: A kingdom in turmoil: Timeline on stalling national
dialogue. www.gulfnews.com/news/mena/other/bahrain-a-kingdom-in-turmoil-1.1230387.
Kinninmont, Jane et Sirri, Omar 2014. Bahrain : Civil Society and Political Imagination.
Londres : Chatham House. www.chathamhouse.org/sites/files/chathamhouse/field/field_
document/20141028BahrainKinninmontSirri.pdf.
Moritz, Jessie 2015. Prospects for National Reconciliation in Bahrain: Is it Realistic?.
Washington : The Arab Gulf States Institute in Washington. www.agsiw.org/wp-content/
uploads/2015/04/Moritz_Bahrain.pdf.
Bénin
Autrice : Nina Bernarding. Nous adressons nos sincères remerciements à Jonathan Harlander
pour sa révision de la fiche pays.
Brandt, Michele, Cottrell, Jill, Ghai, Yash et Regan, Anthony 2015. Le processus constitutionnel :
élaboration et réforme. Quelles options ? Genève : Interpeace.http://www.interpeace.org/
wp-content/uploads/2015/07/2015_02_Constitution-Making_Handbook_French.pdf.
Dossou, Robert 2000. Rapport introductif n° 1. L’expérience béninoise de la Conférence
nationale. democratie.francophonie.org/IMG/pdf/1592.pdf.
Heilbrunn, John R. 1993. Social Origins of National Conferences in Benin and Togo, in :
Journal of Modern African Studies, vol. 31, n° 2, 277–299.
Robinson, Pearl T. 1994. The National Conference Phenomenon in Francophone Africa, in :
Comparative Studies in Society and History, vol. 36, n° 3, 575–610.
Bolivie
Auteurs : Karin Göldner-Ebenthal et Damjan Denkovski. Nous adressons nos remerciements au
réviseur anonyme pour ses commentaires utiles.
317
Manuel de dialogue national
Colombie
Auteurs : Karin Göldner-Ebenthal et Damjan Denkovski. Nous adressons nos sincères
remerciements à Katrin Planta, David Rampf, ainsi qu’à un réviseur anonyme, pour leur étude
minutieuse et constructive.
Éthiopie
Autrice : Nina Bernarding.
Smith, Lahra 2007. Political Violence and Democratic Uncertainty in Ethiopia. Washington :
United States Institute of Peace Press. www.files.ethz.ch/isn/38969/2007_August_sr192.pdf.
Tewfik, Hashim 2010. Transition to Federalism: The Ethiopian Experience.
Ottawa : Forum of Federations. www.forumfed.org/pubs/occasional_papers/OCP5.pdf.
Vaughan, Sarah 1994. The Addis Ababa Transitional Conference of July 1991: Its Origins, History
and Significance. Édimbourg : Centre of African Studies, Edinburgh University.
Guatemala
Auteur : Centro de Estudios de Guatemala. Nous adressons nos sincères remerciements à
Corinne von Burg pour sa révision de la fiche pays.
Alvarez, Enrique 2002. The Grand National Dialogue and the Oslo Consultations:
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Public Participation in Peacemaking, Londres : Conciliation Resources, 44–47. www.c-r.org/
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Alvarez, Enrique et Palencia Prado, Tania 2002. Guatemala’s peace process: Context,
analysis and evaluation, in : C. Barnes (dir.). Accord 13. Owning the Process: Public
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Centro de Estudios de Guatemala 2016. Case Study on Guatemala – Observations and
reflections on the negotiation and national dialogue process. Berne : swisspeace.
Également disponible en espagnol.
318
Collaborateurs et principales ressources
Irak
Autrice : Vanessa Prinz. Nous adressons nos sincères remerciements à Katia Papagianni pour
sa révision de la fiche pays.
Otterman, Sharon 2005. Iraq: The National Conference. New York : Council on Foreign
Relations (CFR). www.cfr.org/iraq/iraq-national-conference/p7638.
Papagianni, Katia 2005. Transitional politics in Afghanistan and Iraq: Inclusion, consultation,
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Papagianni, Katia 2006. National Conferences in Transitional Periods: The Case of Iraq, in :
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Ridolfo, Kathleen 2008. Assessing Iraq's National Conference. Washington :
Fondation Carnegie pour la paix internationale. carnegieendowment.org/sada/?fa=21206.
Jordanie
Autrice : Malika Bouziane. Nous adressons nos sincères remerciements à Mohammed Halaiqah
pour sa révision de la fiche pays.
Bouziane, Malika et Lenner, Katharina 2011. Protests in Jordan: Rumblings in the Kingdom of
Dialogue, in : Protests, revolutions and transformations – the Arab World in a Period of
Upheaval. Collaborative Research Center 700 « Governance in Areas of Limited Statehood »
Working Paper No 1, Freie Unviersität Berlin.
Hamid, Shadi et Freer, Courtney 2011. How stable is Jordan? King Abdullah’s half-hearted
reforms & the challenge of the Arab Spring. Policy Briefing. Doha : Brookings.
www.brookings.edu/~/media/research/files/papers/2011/11/jordan-hamid-freer/10_
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Hazaimeh, Hani 2011. National dialogue resumes. ar.ammannet.net/news/101090.
Tarawnah, Naseem 2011. The Missing Youth: How to have a National Dialogue without Jordan’s
biggest constituency? Black Iris. black-iris.com/2011/03/16/the-missing-youth-how-to-
have-a-national-dialog-without-jordans-biggest-constituency.
Kenya
Autrices : Barbara Kemper et Engjellushe Morina. Nous adressons nos sincères remerciements
à Meredith Preston McGhie et à Neha Sanghrajka pour leur révision de la fiche pays.
319
Manuel de dialogue national
Liban
Auteurs : Feras Kheirallah, Sonja Neuweiler et Oliver Wils. Nous adressons nos sincères
remerciements à Karam Karam et à Martin Wählisch pour leur révision de la fiche pays.
Mali
Auteurs : Ousmane Sy, Ambroise Dajouo et Kadari Traoré. Nous adressons nos sincères
remerciements à Veronique Dudouet pour sa supervision et sa relecture de l’étude de cas, ainsi
qu’à Karin Göldner-Ebenthal pour son soutien au processus de révision.
Eboussi Boulaga, Fabien 2009. Les conférences nationales en Afrique noire : Une affaire à
suivre. Paris : Karthala.
Massicotte, Louis 2009. Mapping the road to democracy: the national conference of Mali
29 July to 12 August 1991. Document présenté lors de la Conférence « Changer la donne
politique : Nouveaux processus constituants ». Québec : Université Laval.
Sy, Ousmane, Dajouo, Ambroise et Traoré, Kadari 2016. Dialogue national au Mali – Leçons
de la Conférence Nationale de 1991 pour le processus de sortie de crise.
Étude de cas du Manuel de dialogue national. Berlin : Fondation Berghof.
Thiriot, Céline 2002. Rôle de la société civile dans la transition et la consolidation
démocratique en Afrique : éléments de réflexion à partir du cas du Mali, in : Revue
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Népal
Auteurs : Bishnu Raj Upreti et Bishnu Sapkota. Nous adressons nos sincères remerciements à
Corinne von Burg pour sa révision de la fiche pays.
Ariño, María Villellas 2008. Nepal: a gender view of the armed conflict and the peace process.
Barcelone : School for a Culture of Peace, Universitat Autònoma de Barcelona.
Einsiedel von, Sebastian, Malone, David M. et Pradhan, Suman 2012. Nepal in Transition:
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Grävingholt, Jörn, Bendfeldt, Lennart, Berk, Linda, Blos, Yvonne, Fiedler, Charlotte et
Mroß, Karina 2013. Struggling for stability International support for peace and democracy
in post-civil war Nepal, Discussion Paper 27. Bonn : German Development Institute.
Upreti, Bishnu Raj 2006. Armed Conflict and Peace Process in Nepal: The Maoist Insurgency,
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Adroit Publishers.
Upreti, Bishnu Raj et Sapkota, Bishnu 2016. Case Study on Nepal - Observations and
reflections on the peace and constitution-making process. Bern : swisspeace.
320
Collaborateurs et principales ressources
Pologne
Autrice : Corinne von Burg.
Curtis, Glenn E. (dir.) 1992. Poland: A Country Study. Washington : Federal Research Division,
Library of Congress.
Elster, Jon (dir.) 1996. The Roundtable Talks and the Breakdown of Communism. Chicago et
Londres : University of Chicago Press.
Kennedy, Michael D. 2002. Negotiating Revolution in Poland: Conversion and Opportunity
in 1989. Michigan : University of Michigan.
République centrafricaine
Auteurs : Barbara Kemper et Nico Schernbeck. Nous adressons nos sincères remerciements à
Freddy Nkurikiye pour sa révision de la fiche pays.
Arieff, Alexis et Husted, Tomas F. 2015. Crisis in the Central African Republic, Congressional
Research Service Report, 17 août 2015. http://libguides.nps.edu/africa/crs.
Centre pour le dialogue humanitaire (HD). Central African Republic.
www.hdcentre.org/en/our-work/peacemaking/central-african-republic.
CPFNB 2015. Rapport général d’activités de la Commission préparatoire du Forum national de
Bangui. jfakiblog.files.wordpress.com/2016/05/rapport-gc3a9nc3a9ral-de-la-cpfnb.pdf.
Soudan
Auteur : Elshafie Khidir Saeid. Nous adressons nos sincères remerciements à Nayla Hajjar pour
sa révision de la fiche pays.
Tunisie
Autrice : Rikke Hostrup Haugbølle. Nous adressons nos sincères remerciements à Dhamir
Mannai pour sa révision de la fiche pays.
Haugbølle, Rikke Hostrup, Yousfi, Hèla, Ghali, Amine, Limam, Mohamed et Grønlykke
Mollerup, Nina 2017. Tunisia’s 2013 National Dialogue: Political Crisis Management.
Étude de cas du Manuel de dialogue national. Berlin : Fondation Berghof.
Haugbølle, Rikke Hostrup et Cavatorta, Francesco 2011. Will the real Tunisian opposition
please stand up?, in : British Journal of Middle Eastern Studies, vol. 38, n° 3, 323–341.
M’rad, Hatem 2015. Le dialogue national en Tunisie. Association tunisienne d’études
politiques (ATEP) et United States Institute of Peace (USIP). Tunis : Nirvana.
Yousfi, Hèla 2015. L’UGTT, une passion tunisienne. Enquête sur les syndicalistes en
révolution (2011-2014). Tunis-Paris : IRMC-Karthala.
Yémen
Autrices : Alia N. Eshaq et Sonja Neuweiler. Nous adressons nos sincères remerciements à
Afrah Al-Zouba, Ali Saif Hassan et Oliver Wils pour leur révision de la fiche pays.
321
Notes
Toutes les publications élaborées dans le cadre de ce projet sont disponibles
à l’adresse suivante :
www.berghof-foundation.org/publications/national-dialogue-handbook
ISBN : 978-3-941514-26-3