Tout Ce Que Vous Avez Toujours Voulu Savoir À Propos de La Patate Douce

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Tout ce que vous avez toujours voulu

savoir à propos de la patate douce


Manuel de FDF pour le projet "Atteindre les Agents du Changement"

VOLUME 4
Thème 6: Production et gestion de la patate douce
Thème 7: Gestion des ravageurs et des maladies de la patate
ate douce

A member of the
CGIAR Consortium

JUIN 2013
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à propos de la patate douce
Manuel de FDF pour le projet "Atteindre les Agents du Changement"

© Centre International de la Pomme de Terre, Nairobi, Kenya, 2013

ISBN: 978-92-9060-456-3
DOI: 10.4160/9789290604563.v4

Les publications du CIP fournissent au public des informations importantes sur


le développement. Les lecteurs sont encouragés à citer ou à reproduire la
documentation produite par le CIP dans leurs propres publications. En tant que
détenteur des droits d'auteur, le CIP demande une citation de la source et une
copie de la publication où apparait la citation ou la source documentaire.
Veuillez envoyer une copie au Département de la communication et de la
sensibilisation du public à l’adresse ci-dessous:

Centre International de la pomme de terre


BP. 1558, Lima 12, Pérou
cip@cgiar.org • www.cipotato.org

Produit par le CIP- Bureau Régional de l'Afrique subsaharienne (SSA), Nairobi

Comment bien citer le volume 4:


Stathers, T., Carey, E., Mwanga, R., Njoku, J., Malinga, J., Njoku, A., Gibson, R.,
Namanda, S. (2013). Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à propos de la
patate douce: Atteindre les agents du changement, manuel de formation des
formateur (FdF) 4: Production et gestion de la patate douce; Gestion des
ravageurs et des maladies de la patate douce Centre International de la Pomme
de Terre, Nairobi, Kenya. vol. 4.

Coordonnateur de la production
Hilda Munyua

Conception et mise en page


Tanya Stathers
Movin Were, Dessins
Département de la communication et de la sensibilisation du public,
Couvertures

Imprimerie
Straight Jacket Media Ltd. (Nairobi, Kenya)

Tirage: 500
Décembre 2013
Avant-propos
Au cours de la dernière décennie un regain d’intérêt a été constaté pour la patate douce en Afrique
Sub-saharienne (ASS). Le nombre de projets intervenant dans le domaine de la patate douce s’est
accru de même que la demande en formation au profit des professionnels du développement et des
producteurs. Les spécialistes de la patate douce du Centre International de la Pomme de Terre (CIP)
et des centres nationaux de recherches sont de plus en plus sollicités pour la formation. Ils
organisent fréquemment des sessions de formation de 1 à 3 jours en s’appuyant sur tout support de
formation en leur possession ou rapidement rassemblés pour l’occasion. L'insuffisance de cette
approche a été tout à fait évidente, mais la disponibilité des ressources permettant de remédier à la
situation était restée un problème jusqu’à présent.
Le financement du projet « Atteindre les Agents du Changement (AAC) » en 2011, a changé la
situation. Le projet AAC mis en œuvre par le CIP conjointement avec Helen Keller International (HKI),
vise à renforcer des plaidoyers en faveur de la patate douce à chair orange (PDCO) afin d’accélérer
avec succès une prise de conscience par rapport à la PDCO et mobiliser des ressources pour des
projets PDCO. Le projet AAC vise également à renforcer les capacités du personnel de vulgarisation
du secteur publique et des Organisations Non Gouvernementales (ONG), pour une mise en œuvre
effective de tels projets financés en vue de promouvoir la dissémination et l’utilisation appropriée de
la patate douce à chair orange riche en vitamine A. Le but est de voir une capacité durable pour la
formation d’agents techniques supérieurs de vulgarisation sur les dernières technologies en
développement en matière de production et d’utilisation de la patate douce dans chacune des
principales sous-régions de l’Afrique Sub-saharienne (ASS): Afrique de l’Est et du Centre, Afrique du
Sud et Afrique de l’Ouest. Par conséquent, le CIP a identifié une institution locale dans chacun des
pays, au Mozambique, en Tanzanie, et au Nigéria, avec laquelle il travaille pour accueillir un module
de formation annuel intitulé : «Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à propos de la Patate
Douce». Au cours de la première phase de formation, les chercheurs du CIP ont travaillé en étroite
collaboration avec les chercheurs nationaux pour la mise en œuvre de la formation. Au cours de la
seconde phase, les chercheurs nationaux conduiront les activités de formation et de gestion des
modules avec l'appui du personnel du CIP. Au cours de la troisième phase, les chercheurs nationaux
organiseront et conduiront eux-mêmes les modules de formation avec seulement un appui financier
du projet. Pour les années à suivre, nous espérons que la formation deviendra entièrement
autonome en termes de recouvrement des fonds.
Pour la conception du contenu du module, une collaboratrice de longue date du CIP, Le Dr Tanya
Stathers de l'Institut des ressources naturelles (NRI), de l’Université de Greenwich, a dirigé les
travaux de bibliographie, sur les manuels didactiques existants, sur les connaissances nouvelles
recueillies auprès de chercheurs et professionnels de la patate douce, et a formaté le module avec
un accent fort sur l'apprentissage par la pratique. Auparavant, le Dr Stathers a collaboré avec le CIP,
avec les chercheurs ougandais de la patate douce de l'Organisation nationale de recherches
agricoles (NARO), et avec une structure mondiale de Gestion intégrée des ravageurs de la FAO basée
au Kenya qui a mis au point dans le cadre d’un projet de terrain en 2005, un manuel complet et
détaillé de champ-école sur la Gestion Intégrée de la Production et des Ravageurs (GIPR) de la patate
douce en Afrique subsaharienne. Pour la conception de ce module, le Dr Stathers a consulté
plusieurs personnes ressources du CIP notamment, Robert Mwanga, Ted Carey, Jan Low, Maria
Andrade, Margaret McEwan, Jude Njoku, Sam Namanda, Sammy Agili, Jonathan Mkumbira, Joyce
Malinga et Godfrey Mulongo. Elle a aussi consulté des nutritionnistes de HKI en l’occurrence,
Margaret Benjamin, Heather Katcher, Jessica Blankenship de même qu’un spécialiste du genre Sonii
David (HKI), et aussi ses propres collègues du NRI, Richard Gibson, Aurelie Bechoff et Keith Tomlins.
Le Dr. Stathers a adapté du matériel de formation à partir du projet DONATA, « Reaching End
Users » en français «Atteindre les Utilisateurs Finaux»). Après avoir mis en route la formation en
utilisant le manuel en 2012, une révision du dit manuel a été effectuée et par la suite les modules
ont été mis á jour pour répondre aux attentes des animateurs et des participants. De plus, une série

iii
de supports d'accompagnement sous forme de présentations sous PowerPoint ont été mis au point.
Le Dr. Stathers a fait un travail extraordinaire et nous apprécions profondément son engagement
dans la préparation de ce manuel de haute qualité.
Le niveau de ce module de formation est destiné aux agents techniques supérieurs de vulgarisation
agricole ou aux responsables des organisations paysannes qui à leur tour devront prendre le relais
pour former les autres acteurs. Nous envisageons que les modules soient améliorés annuellement
au fur et à mesure que les connaissances nouvelles surviennent et en fonction des retours de
commentaires des participants aux formations. Dans ce sens, nous espérons que la brillante
communauté bien formée sur les connaissances pratiques de la patate douce va continuer à
s’agrandir au fil des années à venir. Le module « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à
propos de la patate douce » nous aidera à atteindre les principaux objectifs de l’Initiative Patate
Douce pour le Profit et la Santé (IPDPS). Lancée en octobre 2009, l’IPDPS cherche à améliorer la vie
de 10 millions de familles d'Afrique subsaharienne dans 16 pays d'ici à l’an 2020 à travers l'utilisation
diversifiée des variétés améliorées de patate douce.

Jan W. Low, Responsable de l’Initiative Patate Douce pour le Profit et la Santé, Centre international
de la pomme de terre, Juin 2013.

iv
Remerciements
Le présent manuel et les supports et matériels didactiques ont été mis au point par le Dr. Tanya
Stathers en étroite collaboration avec M. Jan Low. Le Dr. Tanya a travaillé sur différents thèmes avec
les personnes ressources suivantes: Thème 2: Jan Low; Thème 3: Ted Carey, Robert Mwanga, Jude
Njoku, Silver Tumwegamire, Joyce Malinga, Maria Andrade; Thème 4: Margaret Benjamin, Heather
Katcher, Jessica Blakenship, Jan Low; Thème 5: Margaret McEwan, Richard Gibson, Robert Mwanga,
Ted Carey, Sam Namanda, Erna Abidin, Jan Low, Joyce Malinga, Sammy Agili, Maria Andrade,
Jonathan Mkumbira; Thème 6: Ted Carey, Robert Mwanga, Jude Njoku, Joyce Malinga, Anthony
Njoku; Thème 7: Richard Gibson, Sam Namanda; Thème 8: Aurelie Bechoff, Kirimi Sindi; Thème 9:
Aurelie Bechoff, Kirimi Sindi; Thème 10: Jan Low, Kirimi Sindi, Daniel Ndyetabula; Thème 11: Sonii
David; Thème 12: Jan Low, Godfrey Mulongo, Adiel Mbabu; Thème 13: Jan Low. Hilda Munyua, Adiel
Mbabu et Frank Ojwang ont fourni un soutien inestimable tout au long du processus.
Les membres de cette équipe ont mis ensemble et partagé leurs longues années d'expérience de
travail dans les systèmes de la patate douce et le processus d’apprentissage des producteurs á
travers l'Afrique subsaharienne pour compiler ce document intitulé « Tout ce que vous avez toujours
voulu savoir à propos de la patate douce ». Aucune expérience n’aurait pas pu être capitalisée sans
le partenariat de nombreux producteurs de patate douce et autres acteurs (vulgarisateurs agricoles,
chercheurs nationaux, commerçants, transporteurs, personnel d’ONG, nutritionnistes, médias et
donateurs) á travers la région. Nous vous remercions et espérons que ce manuel puisse vous offrir
en retour un soutien dans vos activités sur de la patate douce.
Les photographies utilisées dans ce manuel proviennent de sources très diversifiées, et nous
remercions les personnes suivantes pour les avoir aimablement partagées : Margaret McEwan, Jan
Low, Richard Gibson, Erna Abidin, Aurelie Bechoff, Keith Tomlins, Sam Namanda, J. O’Sullivan,
Gabriela Burgos, Tanya Stathers, Olasanmi Bunmi, Benson Ijeoma, Grant Lee Neurenberg, Sammy
Agili, the late Constance Owori, Ted Carey, Robert Mwanga, Ana Panta, Kirimi Sindi, Frank Ojwang.
Nous remercions G. Holmes, B. Edmunds, et Nicole Smit pour les archives numériques du CIP. La
plupart des bandes dessinées utilisées dans ce manuel ont été réalisées par Movin Were.
Ce manuel a été produit dans le cadre du projet « Atteindre les agents du changement » financé par
la fondation Bill & Melinda Gates.
Ce manuel devrait être cité de la manière suivante:
Stathers, T., Low., J., Mwanga, R., Carey, T., David., S., Gibson, R., Namanda, S., McEwan, M.,
Bechoff., A., Malinga, J., Benjamin, M., Katcher, H., Blakenship, J., Andrade, M., Agili, S., Njoku, J.,
Sindi, K., Mulongo, G., Tumwegamire, S., Njoku, A., Abidin, E., Mbabu, A. (2013). Tout ce que vous
avez toujours voulu savoir à propos de la patate douce: Atteindre les agents du changement, manuel
de formation des formateur (FdF). Centre International de la Pomme de Terre, Nairobi, Kenya. 7
vols. xviii, 454 p.

v
Acronyms and abbreviations Acronymes et abréviations
ACIAR Australian Centre for International Centre australien de recherche agronomique
Agricultural Research internationale
AIs Adequate Intakes Apports adéquats
ARMTI Agricultural and Rural Management Institut agronomique et de formation en
Training Institute gestion rurale
ASCII American Standard Code for Code américain normalisé pour l’échange
Information Interchange d'information
AVRDC The World Vegetable Centre Centre mondial des légumes
BMGF Bill and Melinda Gates Foundation Fondation Bill & Melinda Gates
CBO Community Based Organisation Organisation sur Base Communautaire : OBC
CGIAR Consultative Group on International Groupe consultatif pour la recherche agricole
Agricultural Research internationale
CIAT International Centre for Tropical Centre international d'agriculture tropicale
Agriculture
CIP International Potato Center Centre international de la pomme de terre
DAP Days After Planting Jours après plantation
DFE : Dietary Folate Equivalents Équivalents de folate diététique
DONATA Dissemination of New Agricultural Diffusion des nouvelles technologies agricoles
Technologies in Africa en Afrique
DVM : Decentralised Vine Multipliers Multiplicateurs décentralisés de boutures
dwb Dry weight basis Calcul sur la base du poids sec
EMU Eduardo Mondlane University Université Eduardo Mondlane
FAEF Faculty of Agronomy and Forestry Faculté d'ingénierie agronome et forestière
Engineering
FAO Food and Agriculture Organisation Organisation mondiale pour l’alimentation et
l’agriculture
FC Food Consumption Consommation alimentaire
FW Fresh Weight Poids à l'état frais
GI Glycemic Index Indice glycémique
HH House hold Ménage
HIV/AIDS Human Immunodeficiency Syndrome VIH/SIDA Virus de l'immunodéficience
humaine / Syndrome d'immunodéficience
acquise
HKI Helen Keller International Helen Keller International
IBPGR Bioversity International Bioversity International
IFPRI International Food Policy Research Institut International de recherche sur les
Institute politiques alimentaires
IIAM Institute of Agricultural Research Institut de Recherche Agronomique du
Mozambique Mozambique
IIED International Institute for Institut international pour l'environnement et
Environment and Development le développement
IIRR International Institute of Rural Institut international de reconstruction rurale
Reconstruction
IITA International Institute for Tropical Institut International d'Agriculture Tropicale
Agriculture
IMMPACT International Micronuntrient Programme de prévention et de contrôle
Malnutrition Prevention and Control international de la malnutrition et de la
Program carence en nutriments
IPGRI International Plant Genetic Resources Institut international des ressources
Institute phytogénétiques

vi
IPM Integrated Pest Management Gestion intégrée des ravageurs
IPPM Integrated Pest&Production Gestion intégrée des ravageurs et de la
Management production
IRETA Institute for Research Extension and Institut de recherche, de vulgarisation et de
Training in Agriculutre formation agricole
K Potassium Potassium
LGA Local Government Areas Espaces du Gouvernement Local
LGB Larger Grain Borer Grands capucins
LZARDI Lake Zone Agricultural Research and Institut de recherche et de développement
Development Institute (Tanzania) agricoles de la zone du Lac (Tanzanie)
M&E Monitoring and Evaluation Suivi et Evaluation
m.a.s.l. metres above sea level mètres au dessus du niveau de la mer
MAP Months After Planting Mois après plantation
MRC Medical Research Council, South Conseil de la recherche médicale d'Afrique du
Africa Sud
MM Mass Multiplication Multiplication de masse
MSC Most Significant Change Changement le plus significatif
N Nitrogen Azote ou nitrogène
NARO National Agricultural Research Organisation nationale pour la recherche
Organisation agricole
NAS National Academy of Sciences Institut des ressources naturelles
NBS National Bureau of Statistics Bureau national de statistique
NGO Non Government Organisations Organisations non gouvernementales
NHV Negative Horizontal Ventilation Ventilation horizontale négative
NPC National Population Commission Commission nationale de la population
NPCK National Potato Council of Kenya Conseil national de la pomme de terre du
Kenya
NPK Nitrogen, Phosphorus and Potassium Azote, phosphore et potassium
NRI Natural Resources Institute Institut de ressources naturelles
OFSP Orange-fleshed sweetpotato Patate douce à chair orange
P Phosphorous Phosphore
PMCA Participatory Market Chain Approach Approche participative des chaînes de marché
PMCA Participatory Market Chain Approach Approche participative de la chaine du marché
PMS Primary Multiplication Site Site de multiplication primaire
PPP Public Private Partnership Partenariat public-privé
PVC Polyvinyl chloride Chlorure de Polyvinyle
QDPM Quality Declared Planting Material Matériel de semis déclaré de qualité
QDS Quality Declared Seed Semence de qualité déclarée
RAC Reaching Agents of Change Atteindre les agents du changement
RAE Retinol Activity Equivalents Equivalents d’activités du rétinol
RCT Randomised Control Trial Test de contrôle randomisé
RDA Recommended Daily Allowances Doses quotidiennes recommandées
RE Retinol Equivalents Equivalents de rétinol
REU Reaching End Users Atteindre les utilisateurs finaux
RH Relative Humidity Humidité Relative
SASHA Sweetpotato Action for Security and Action de la patate douce pour la sécurité et la
Health in Africa santé en Afrique
SMS Secondary Multiplication Site Site de multiplication secondaire
SP Sweetpotato Patate douce
SPCSV Sweetpotato chlorotic stunt virus Virus du rabougrissement chlorotique de la
patate douce

vii
SPFMV Sweet potato feathery mottle virus Virus de la panachure plumeuse de la patate
douce
SPHPI Sweet Potato Health and Profit Initiative de la patate douce pour le profit et la
Initiative santé
SPKP Sweetpotato Knowledge Portal Portail des connaissances sur la patate douce
SPVD Sweetpotato Virus Disease Maladie virale de la patate douce
SSA Sub-Saharan Africa Afrique sub-saharienne
SUA Sokoine University of Agriculture Université agricole de Sokoine
TFNC Tanzania Food and Nutrition Centre Centre tanzanien d'alimentation et de nutrition
TMS Tertiary Multiplication Site Site de multiplication tertiaire
ToT Training of Trainers Formation des formateurs (FdF)
Tshs. Tanzanian Shillings Shillings tanzaniens
TSNI Towards Sustainable Nutrition Vers l’amélioration d'une nutrition durable
Improvement
UNESCO United Nations Educational, Scientific Organisation des Nations Unies pour
and Cultural Organization l'éducation, la science et la culture
UN United Nations Human Settlements Programme des Nations Unies pour les
Habitat Programme établissements humains
UNICEF United Nations Children’s Fund Fonds des Nations Unies pour l'enfance
UNU United S Nations Univeersity Université des Nations Unies
USA United States Nations États-Unis d'Amérique
USAID United States Agency for Agence des États-Unis pour le développement
International Development international
USD United States Dollar Dollar américain
USDA United States Department of Département américain de l'agriculture
Agriculture
Ushs. Ugandan Shillings Shillings ougandais
USIM United States Institute of Medicine Institut de médecine des États-Unis
VAD Vitamin A Deficiency Carence en vitamine A
WAP Weeks After Planting Semaines après Plantation
WHO World Health Organisation Organisation Mondiale de la Santé
WTP Willingness To Pay Consentement à payer

viii
Sommaire
THÈME 1 .......................................................................................................................................................... 1
THÈME 1: AIDER LES ADULTES À APPRENDRE ............................................................................................................... 2
1.1 Devenir un animateur qualifié ..................................................................................................................... 2
1.2 Planifier un cours de formation ................................................................................................................... 8
1.2.1 Les exigences d’une formation réussie .......................................................................................... 8
1.2.2 Un bon animateur.......................................................................................................................... 8
1.2.3 Évaluation des besoins de préformation, résultats de la formation, et sensibilisation des
acteurs ........................................................................................................................................... 9
1.2.4 Préformation en planification et épreuve pratique des formateurs ........................................... 11
1.2.5 Sélection des participants ............................................................................................................ 13
1.2.6 Le programme du cours de formation ......................................................................................... 14
1.2.7 Ravailler sur les activités de l’apprentissage par la pratique ....................................................... 18
1.2.8 Ressources adéquates et planification anticipée ........................................................................ 21
1.2.9 Suivi et évaluation à long terme .................................................................................................. 22
1.2.10 Expansion et diffusion de la formation ........................................................................................ 24
1.3 Les aspects genre et diversité dans le cadre de la formation “aider les adultes à apprendre” ................. 24
1.4 Des idées pour la formation en activités d’apprentissage par la pratique ................................................ 26
1.4.1 Apprendre à être un facilitateur pratiquant l’apprentissage par la pratique .............................. 27
1.4.2 Idées pour des opportunités supplémentaires d’apprentissage par la pratique à propos
de la patate douce ....................................................................................................................... 29
1.4.3 Evaluer un cours .......................................................................................................................... 29
1.5 Références utilisées ................................................................................................................................... 30

THÈME 2 ........................................................................................................................................................ 33
THÈME 2: ORIGINE ET IMPORTANCE DE LA PATATE DOUCE............................................................................................ 34
2.1 D’où vient la patate douce? ....................................................................................................................... 34
2.2 Où est produite la patate douce et comment est-elle utilisé? .................................................................. 35
2.3 Quelles sont les tendances qui affectent la production et l’utilisation de la patate douce? ..................... 40
2.4 Pourquoi promouvoir la patate douce? ..................................................................................................... 41
2.5 Quels sont les défis de la production et de l’utilisation de la patate douce? ............................................ 44
2.6 Plaidoyer en faveur de la patate douce à chair orange ............................................................................. 45
2.7 Briser les mythes autour de la patate douce: quels sont les faits? ............................................................ 47
2.8 Références utilisées ................................................................................................................................... 49

THÈME 3 ........................................................................................................................................................ 51
THÈME 3: SÉLECTION VARIÉTALE ET CARACTÉRISTIQUES DE LA PATATE DOUCE ................................................................... 52
3.1 Diversité naturelle de la patate douce ....................................................................................................... 52
3.2 Quelles sont les caractéristiques que vous recherchez dans vos plants de patate douce?....................... 53
3.3 Comment accéder et tester les différentes variétés de patate douce? .................................................... 58
3.4 Aspects genre et diversité dans la sélection variétale et dans les caractéristiques de la patate douce.... 66
3.5 Idées pour la sélection variétale et les caractéristiques de la patate douce et les activités
d’apprentissage par la pratique ................................................................................................................. 67
3.5.1 Repérer la différence ................................................................................................................... 68
3.5.2 Sélection de variétés de patate douce ........................................................................................ 70
3.6 Références utilisées ................................................................................................................................... 71

THÈME 4 ........................................................................................................................................................ 73
THÈME 4: PATATE DOUCE À CHAIR ORANGE ET LA NUTRITION ....................................................................................... 74
4.1 Qu’est-ce qu’une bonne nutrition? ........................................................................................................... 74
4.1.1 Quelles sont les conséquences de la malnutrition? .................................................................... 76
4.1.2 Quelles sont les causes de la malnutrition? ................................................................................ 80
4.1.3 Approches pour lutter contre la malnutrition ............................................................................. 81

ix
4.2 L’importance de la vitamine A ................................................................................................................... 82
4.2.1 Les Fonctions de la vitamine A .................................................................................................... 82
4.2.2 Déficience de vitamine A ............................................................................................................. 83
4.2.3 Les Sources de vitamine A ........................................................................................................... 84
4.3 Pourquoi faut-il consommer la patate douce à chair orange? .................................................................. 86
4.3.1 La patate douce à chair orange est une source de vitamine A .................................................... 86
4.3.2 Autres bénéfices nutritionnels des racines tubéreuses de patate douce à chair orange............ 88
4.3.3 Avantages des feuilles de patate douce et de vignes .................................................................. 90
4.4 La bio fortification et la patate douce à chair orange ................................................................................ 91
4.4.1 Qu’entend-on par cultures bio fortifiées ? .................................................................................. 91
4.4.2 La patate douce bio fortifiée ....................................................................................................... 91
4.5 Modules de nutrition pour les interventions au niveau des communautés – Exemple à suivre ............... 92
4.6 Changement d’habitudes alimentaires à travers des campagnes de création de demande ..................... 92
4.7 Les aspects liés au Genre et à la diversité et à la nutrition dans la patate douce à chair orange ............. 95
4.8 Quelques propositions sur les activités d’apprentissage par la pratique sur la nutrition et la patate
douce à chair orange ................................................................................................................................. 96
4.9 Références utilisées ................................................................................................................................. 106

THÈME 5 ...................................................................................................................................................... 109


THÈME 5: SYSTÈMES SEMENCIERS DE LA PATATE DOUCE ............................................................................................ 110
5.1 Que signifie le terme «semence» ............................................................................................................ 110
5.2 Systèmes semenciers ............................................................................................................................... 111
5.3 Comment reconnaitre des boutures ........................................................................................................ 113
5.4 Comment multiplier rapidement vos matériels de plantation? .............................................................. 115
5.4.1 Multiplication rapide des matériels de plantation .................................................................... 117
5.4.2 Matériel de plantation de qualité déclaré (QDPM) ................................................................... 119
5.4.3 Culture de tissus des matériels de plantation ........................................................................... 121
5.5 Comment conserver les matériels de plantation pendant la saison sèche ............................................. 122
5.5.1 Conservation et multiplications des boutures pendant la saison sèche ................................... 123
5.5.2 Conservation des jeunes pousses en saison sèche pour la production des matériels de
plantation – le système triple S: entreposage, sable, germination ........................................... 125
5.6 Choisir votre stratégie de multiplication et de diffusion des plants ........................................................ 126
5.6.1 Différents niveaux de multiplication de matériel de plantation ............................................... 126
5.6.2 Les principaux acteurs et leurs responsabilités dans le système semencier ............................. 127
5.6.3 Les facteurs de prise de décisions pour les stratégies de multiplication et de diffusion des
matériels de plantation ............................................................................................................. 128
5.6.4 Stratégies de diffusion du matériel de plantation centralisées et décentralisées .................... 134
5.6.5 Stratégies de diffusion du matériel de plantation subventionnées et commercialisées .......... 137
5.7 Mettre sur pied un plan de multiplication et de diffusion ....................................................................... 139
5.8 Directives de calcul des coûts des activités de multiplication et de diffusion ......................................... 148
5.9 Diversité des systèmes semenciers de la patate douce: aspects liés au genre ....................................... 152
5.10 Quelques propositions d’activités d’apprentissage par la pratique sur les systèmes semenciers de
la patate douce ........................................................................................................................................ 152
5.10.1 Boutures destinées à la plantation: saines et multipliées ......................................................... 154
5.10.2 Le système triple s: sable, stockage, germination ..................................................................... 156
5.10.3 Planification de votre stratégie de multiplication et de diffusion ............................................. 157
5.10.4 Travailler avec les DVM ............................................................................................................. 164
5.11 Références utilisées ................................................................................................................................. 167

THÈME 6 ...................................................................................................................................................... 169


THÈME 6: GESTION ET PRODUCTION DE LA PATATE DOUCE ......................................................................................... 170
6.1 Planification des activités de semis de la patate douce........................................................................... 170
6.2 Sélection et préparation du terrain ......................................................................................................... 171
6.3 Méthodes et périodes de plantation ....................................................................................................... 172
6.4 Echelonné les semis pour des rendements bénéfiques et un approvisionnement régulier .................... 174
6.5 La patate douce en culture associée ........................................................................................................ 174

x
6.6 Exigences de la patate douce et troubles physiologiques ....................................................................... 176
6.6.1 Les différentes étapes de croissance de la patate douce .......................................................... 176
6.6.2 La gestion des mauvaises herbes .............................................................................................. 179
6.6.3 Arrachage et repiquage des plants ............................................................................................ 180
6.6.4 Troubles physiologiques ............................................................................................................ 181
6.6.5 Irrigation des cultures de patate douce..................................................................................... 182
6.7 Besoins nutritionnels de la patate douce ................................................................................................ 182
6.8 Production et gestion de la patate douce: aspects liés au genre et à la diversité ................................... 188
6.9 Idées pour l’apprentissage de la production de la patate douce par la pratique d’activités .................. 189
6.9.1 Comparaison des variétés de patate douce et pratiques de gestion ........................................ 190
6.9.2 Planification à l’avance .............................................................................................................. 191
6.10 Références utilisées ................................................................................................................................. 193

THÈME 7 ..................................................................................................................................................... 195


THÈME 7: GESTION DES RAVAGEURS ET DES MALADIES DE LA PATATE DOUCE ................................................................. 196
7.1 D’où viennent les ravageurs et les maladies de la patate douce et comment se propagent-ils ? ........... 196
7.1.1 Cycles de vie des insectes .......................................................................................................... 196
7.1.2 Cycles de vie des maladies des plantes ..................................................................................... 199
7.1.3 Programme de lutte intégrée contre les ravageurs ................................................................... 200
7.2 Comment reconnaître et combattre les charançons de la patate douce ................................................ 203
7.2.1 Reconnaître et comprendre le cycle de développement et le comportement des
charançons de la patate douce (Cylas spp.) .............................................................................. 203
7.2.2 Les méthodes de lutte contre les charançons de la patate douce ............................................ 206
7.2.3 Le charançon rugueux de la patate douce (Blosyrus spp.) ........................................................ 208
7.3 Comment reconnaître et gérer les virus de la patate douce ................................................................... 209
7.4 Comment reconnaître et enrayer les maladies fongiques ....................................................................... 211
7.5 Comment reconnaître et combattre les rats-taupes ............................................................................... 212
7.6 Comment reconnaître et combattre les érinoses / la pilosité / acariens ériophydes ............................. 213
7.7 Comment reconnaître et combattre les insectes ravageurs dans l’entreposage de la patate douce ..... 214
7.8 Genre et Aspects divers des insectes ravageurs de la patate douce et gestion de maladie ................... 217
7.9 Quelques idées d’activités d’apprentissage par la pratique sur la gestion des ravageurs et des
maladies de la patate douce .................................................................................................................... 218
7.9.1 Chasses aux ravageurs et aux maladies de la patate douce et apprentissage de leur
gestion ....................................................................................................................................... 219
7.9.2 Les dégâts dissimulés: l'importance de la compréhension des cycles de vie des insectes ....... 220
7.9.3 Former d’autres personnes sur les insectes ravageurs et les maladies de la patate douce ...... 222
7.10 Références utilisées ................................................................................................................................. 223

THÈME 8 ...................................................................................................................................................... 225


THÈME 8: GESTION DE LA RÉCOLTE ET DE L’APRÈS RÉCOLTE......................................................................................... 226
8.1 Prolongation de la récolte de la patate douce ......................................................................................... 226
8.2 Quand et comment récolter .................................................................................................................... 227
8.3 Comment emballer soigneusement et transporter les racines tubéreuses frais de patate douce ......... 229
8.4 Le durcissement avant et après la récolte ............................................................................................... 230
8.5 Gestion des stocks frais de racines tubéreuses de patate douce ............................................................ 231
8.5.1 Les fosses de stockage ............................................................................................................... 232
8.5.2 Le Magasin sous forme d’étau ................................................................................................... 233
8.5.3 Chambre froide sans énergie ..................................................................................................... 233
8.5.4 Installation de stockage vaste et moderne ................................................................................ 235
8.5.5 Effet du stockage des racines tubéreuses fraiches sur le bêta-carotène .................................. 236
8.5.6 Causes des pertes après la production des racines tubéreuses fraiches de patate douce ....... 236
8.6 Rehausser la valeur marchande des racines tubéreuses fraiches de patate douce à travers
l’amélioration du conditionnement post-récolte .................................................................................... 237
8.7 Gestion et conservation des chips séchées de racines tubéreuses de patates douces ........................... 239
8.8 Gestion de la récolte et de l’après-récolte de la patate douce : aspects liés au genre et à la diversité .. 242

xi
8.9 Quelques propositions sur des activités d’apprentissage par la pratique pour la récolte et l’après-
récolte de la patate douce ....................................................................................................................... 243
8.9.1 Accroitre le profit à travers le stockage des racines tubéreuses fraiches de patate douce ...... 244
8.9.2 Effet du séchage au soleil puis du stockage sur la teneur en bêta-carotène de la patate
douce à chair orange ................................................................................................................. 246
8.10 Références utilisées ................................................................................................................................. 249

THÈME 9 ...................................................................................................................................................... 251


THÈME 9: TRANSFORMATION ET UTILISATION ......................................................................................................... 252
9.1 Comment transformer, conserver la teneur en beta carotène et valoriser la patate douce à
chair orange ............................................................................................................................................. 252
9.2 Farine de patate douce contre patate douce râpée ou purée de patate douce ..................................... 254
9.3 Utiliser la patate douce pour augmenter la valeur nutritionnelle des ménages ..................................... 255
9.4 Comment réaliser de délicieuses recettes à base de patate douce ........................................................ 256
9.5 Transformation commerciale à grande échelle des produits de la patate douce ................................... 269
9.6 La patate douce comme aliment pour animaux ...................................................................................... 271
9.7 Transformation et utilisation de la patate douce : aspects liés au genre et à la diversité ...................... 277
9.8 Quelques propositions d’activités d’apprentissage par la pratique sur la transformation
et l’utilisation ........................................................................................................................................... 277
9.9 Références utilisées ................................................................................................................................. 282

THÈME 10 .................................................................................................................................................... 285


THÈME 10: MARKETING ET ENTREPRENARIAT ......................................................................................................... 286
10.1 Commercialisation des racines tubéreuses fraiches de patate douce en Afrique subsaharienne .......... 286
10.2 Marketing et orientation commerciale .................................................................................................... 289
10.3 Entreprenariat.......................................................................................................................................... 292
10.4 Comprendre les cinq piliers du marketing (les 5P): Produit, Prix, Place, Promotion, Population ........... 295
10.5 Explorer la chaine de valeur du marché de votre patate douce .............................................................. 297
10.6 Pourquoi travailler en groupe pour commercialiser votre patate douce? .............................................. 303
10.7 Est-il possible de faire des bénéfices en commercialisant les racines tubéreuses fraiches de
patate douce? .......................................................................................................................................... 305
10.8 Quand est-il judicieux de développer un produit transformé? ............................................................... 308
10.8.1 Comment sélectionner le meilleur produit à tester .................................................................. 308
10.8.2 Comment développer un produit à base de patate douce ....................................................... 309
10.8.3 Produits de la patate douce à valeur commerciale ................................................................... 310
10.9 Marketing et entreprenariat: Aspects liés au genre et à la diversité....................................................... 311
10.10 Idées pour la commercialisation de la patate douce et l’apprentissage de l’entreprenariat par
la pratique d’activités .............................................................................................................................. 312
10.10.1 Visite de marché ........................................................................................................................ 313
10.10.2 Calcul de votre marge de profit ................................................................................................. 316
10.10.3 Les cinq piliers du marketing ..................................................................................................... 316
10.11 Références utilisées ................................................................................................................................. 318

THÈME 11 ................................................................................................................................................... 321


Thème 11: Aspects liés au genre et à la diversité ......................................................................................... 322
11.1 Définir le genre et la diversité .................................................................................................................. 322
11.2 Pourquoi les questions liées au genre et à la diversité sont-elles importantes pour l’agriculture
et le domaine de la patate douce ............................................................................................................ 323
11.3 Rôles et responsabilités liés au genre dans la chaine de valeur de la patate douce ............................... 326
11.4 Contraintes, besoins et priorités des cultivateurs et cultivatrices de la patate douce ............................ 329
11.5 Meilleures pratiques concernant la prise en compte du genre dans les programmes de patate douce 330
11.6 Références utilisées ................................................................................................................................. 337

xii
THÈME 12 ................................................................................................................................................... 339
THÈME 12: SUIVI, DIFFUSION ET ÉVALUATION DE LA PDCO........................................................................................ 340
12.1 Suivi et évaluation .................................................................................................................................... 340
12.2 Elaboration d’un systèmes de S&E pour un projet de patate douce ....................................................... 341
12.2.1 Comprendre la logique d’un projet ........................................................................................... 342
12.2.2 Conception d’un système de projet S&E ................................................................................... 343
12.3 Comment suivre un projet de la patate douce ........................................................................................ 345
12.3.1 Approches et outils pour le suivi ............................................................................................... 345
12.3.2 Indicateurs de développement.................................................................................................. 345
12.3.3 Échantillonnage ......................................................................................................................... 347
12.4 Comment évaluer un projet de patate douce?........................................................................................ 348
12.5 Diffusion de la patate douce et interet du suivi: outils et exemples ....................................................... 349
12.5.1 Suivi de la diffusion des boutures à partir des processus de multiplication de masse ............. 350
12.5.2 Suivi de la diffusion des matériels de plantation à l'aide des systèmes de commande ............ 352
12.5.3 Suivi de la performance des boutures diffusées ....................................................................... 355
12.5.4 Suivi de l’utilisation des boutures diffusées ............................................................................. 355
12.5.5 Suivi des personnes ayant suivi la formation sur la patate douce et l’usage qu’ils
entendent en faire ................................................................................................................................... 355
12.6 Suivi et évaluation de la patate douce aspects liés au genre et à la diversité ......................................... 360
12.7 Idées de suivi de la patate douce et apprentissage de (quelques propositions d’activités
d’apprentissage par la pratique sur le suivi et) la diffusion de la PDCO par des travaux pratiques ........ 362
12.7.1 Où cela mène t’il? ...................................................................................................................... 362
12.8 Références utilisées ................................................................................................................................. 364

THÈME 13 ................................................................................................................................................... 367


THÈME 13: UTILISATION DU COURS ET MANUEL DE FDF « TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR À
PROPOS DE LA PATATE DOUCE » .......................................................................................................................... 368
13.1 Un aperçu des 10 jours de FdF sur le cours « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à
propos de la patate douce » .................................................................................................................... 368
13.2 Présentation des 5 jours du cours sur la FdF ‘Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à
propos de la patate douce’ ...................................................................................................................... 386
13.3 Présentations accompagnant le cours sur la FdF ‘Tout ce que vous avez toujours voulu
savoir à propos de la patate douce’ ......................................................................................................... 393
13.4 Cartes aide-mémoire pour le cours sur la FdF “Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à
propos de la patate douce” ..................................................................................................................... 394

THÈME 14: REFLEXIONS ............................................................................................................................... 395

ANNEXES ..................................................................................................................................................... 399


Annexe 1. Les Stimulations, exercices de stimulation de groupe et plan d’action de la formation ................... 400
Annexe 2. Comment utiliser le portail de savoir sur la patate douce ................................................................ 405
Annexe 3. Graphiques descriptifs de la patate douce, graphique descriptif en couleur du bêta-carotène et
formulaires pour les essais à la ferme ..................................................................................................... 406
Annexe 5. Soins pour les boutures en culture tissulaire et construction d’un tunnel en filet ........................... 419
Annexe 6. Déterminer votre type de sol ............................................................................................................ 424
Annexe 11. Analyse des listes de contrôle des situations liées aux genres ........................................................ 425
Annexe 12. Formulaire de collecte de données de base sur la patate douce .................................................... 432

xiii
Comment utiliser ce manuel?
Ce manuel contient «Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à propos de la patate douce ».
Nous espérons qu'il sera utile à plusieurs niveaux pour ceux qui sont impliqués dans la formation des
agents de vulgarisation agricole et du personnel des ONG. Nous espérons aussi que ces derniers
formeront en retour les producteurs de façon pratique de sorte que cela les aide á résoudre eux-
mêmes les problèmes auxquels ils sont confrontés. Les producteurs ainsi formés devraient avoir les
compétences requises pour la prise de décisions de sorte qu’ils puissent continuer à apprendre, à
poser des questions, à expérimenter et à faire face aux diverses opportunités et défis inhérents à
leurs moyens de subsistance.
Ce manuel est composé de quatorze thèmes organisés de sorte qu’après les deux thèmes
préliminaires portant sur la présentation de la formation et sur l'origine et l'importance de la patate
douce, suivent les thèmes sur le cycle de production de la patate douce. Chaque thème traite de
besoins clés pour connaître les aspects qui éclair sur les questions pertinentes en rapport avec le
genre. Ensuite, des suggestions sont données sur comment le thème pourrait être inséré dans un
module de FdF de 10 jours avec un guide pas-à-pas d’apprentissage par la pratique de plusieurs
activités. Les deux derniers thèmes se focalisent sur la Formation-de- Formateurs (FdF) et la
préparation des modules de formation. Les quatorze thèmes sont :
Thème 1: Aider les adultes à apprendre. Ce thème traite des caractéristiques d’un bon animateur, et
propose des suggestions pour améliorer la compétence des animateurs. Il prend en compte la façon
de planifier un module de formation à partir de l’évaluation des besoins, á travers les résultats
attendus de la formation, la prise de conscience, le choix des participants, la mise en œuvre du
programme, l’utilisation des approches axées sur la découverte- á partir de / l’apprentissage
expérimentale, le suivi et évaluation à long terme et l’expansion et l’intensification de la formation.
Les activités de l’apprentissage par la pratique impliquent que les participants mettent en pratique
leur compétence d’animateur au cours de l’enseignement des différents thèmes sur la patate douce
tout en gardant à l’esprit l’importance de l’évaluation de leurs sessions de formation.
Thème 2: Origine et Importance de la patate douce. Ce thème décrit l’origine historique et la
propagation (géographique) de la patate douce. Il présente également un aperçu général sur les
utilisations actuelles la patate douce et donne des chiffres sur sa production á travers le monde.
Thème 3: Patate douce, Sélection variétale et caractéristiques. Les racines tubéreuses de patate
douce se distinguent par une gamme de couleurs allant du pourpre, orange, jaune et blanc. Il existe
aussi une grande diversité dans la forme des feuilles, diversité dans la taille et la forme des racines
tubéreuses, diversité dans les gouts, diversité dans la texture, diversité dans le temps de maturité et
diversité dans la couleur de la chair. Les producteurs utilisent de telles caractéristiques pour choisir
les variétés à cultiver. Il est décrit une méthode pour la comparaison des caractéristiques des
différentes variétés en champ.
Thème 4: La Patate douce à chair orange et la nutrition. Une synthèse est donnée sur les groupes
d’aliments et la notion de bonne nutrition. Ensuite ce thème traite des conséquences d’une
malnutrition y compris la carence en vitamine A et aussi de l’utilisation de méthodes
conventionnelles d’amélioration génétique pour le développement de plantes bio-fortifiées. Les
avantages liés à la consommation de la patate douce à chair orange sont développés en même
temps que les difficultés á mettre á disposition des aliments qui aident á faire face aux problèmes
nutritionnelles telle que la carence en vitamine A, souvent méconnus du grand publique.
Thème 5: Les Systèmes semenciers de la patate douce. Dance thème, les Systèmes semenciers de la
patate douce sont répertoriés y compris les détails sur les différentes étapes de multiplication de la
semence, et le rôle des divers acteurs au sein des systèmes. Ce thème traite des facteurs influençant
les décisions sur l’approche de multiplication des semences-boutures à partir une bouture unique ou
à partir de matériel déjà en cours de propagation et aussi du niveau de subvention requis. Des

xiv
exemples sont donnés sur la planification de différentes stratégies pour la plantation de matériel
pour la multiplication et la propagation de boutures-semences. Des méthodes de sélection de
boutures saines de patate douce sont également présentées, ainsi les techniques de multiplication
et de conservation de ces boutures.
Thème 6: Gestion et Production de la Patate Douce. Ce thème, traite de l’importance d’une la
planification anticipée pour assurer la disponibilité des boutures en quantité suffisante en début de
la saison des pluies. Il traite également de la préparation du sol, des techniques de plantation, des
aspects de culture en association et des besoins en fertilisants. Enfin, il définit les principaux stades
de croissance et les tâches liées à leur gestion.
Thème 7: Gestion des ravageurs et des maladies de la Patate Douce. Ce thème explique comment
reconnaitre les cycles de vie des insectes nuisibles tels que le charançon (Cylas spp.) de la Patate
Douce. Il permet aussi de reconnaitre les symptômes de maladies telles que les viroses, ceci pour
aider les producteurs à les gérer avec succès. Les impacts des rats-taupes et des érinoses ainsi que
les stratégies de leur contrôle sont également décrits dans ce thème.
Thème 8: Récolte et Gestion Post-Récolte. Les dommages physiques causés au cours de la récolte et
du transport peuvent réduire la durée de conservation et la valeur marchande des racines
tubéreuses de patate douce. Le séchage excessif et le stockage prolongé peuvent réduire la teneur
en bêta-carotène dans les tranches séchées de Patate Douce à chair orange. Ce thème traite des
bonnes pratiques, post-récolte et de conservation/stockage des produits séchés et des méthodes et
soins appropriés pour une conservation/stockage des racines tubéreuses fraiches permettant
d'augmenter leur qualité ainsi que leur valeur marchande et leur disponibilité.
Thème 9: Transformation et Utilisation. Beaucoup de produits alimentaires, délicieux, nutritifs et
potentiellement enrichissants peuvent être préparés à partir de la patate douce à chair orange.
L’utilisation de la Patate Douce dans l’alimentation du bétail est aussi développée dans ce thème.
Thème 10: Marketing et Entreprenariat. Dans ce thème les concepts de marketing, d’orientation de
marché, d’entreprenariat et les 5 piliers du marketing (produit, lieu, prix, promotion et population)
sont développés en rapport avec les racines tubéreuses fraiches de patate douce et les produits issus
de la transformation de la patate douce.
Thème 11: Aspects liés au Genre et à la Diversité. Ce thème traite l’importance de la reconnaissance
des questions du genre et de la diversité en agriculture et dans les systèmes de la patate douce. Il
traite ainsi de situations où la patate douce est considérée comme une culture féminine et d’autres
où elle est considérée comme une culture masculine ou encore une culture mixte avec les
différentes contraintes, besoins et priorités en fonction du sexe. Des suggestions de meilleures
pratiques sont faites sur la manière dont l’approche genre peut être incorporée dans les
programmes de la patate douce.
Thème 12: Suivi de la dissémination et de la consommation de la PDCO. Une explication est donnée
sur les raisons du suivi et sur la différence entre le suivi et l’évaluation. Ceci est accompagné par une
gamme d’outils qui peuvent être utilisées pour le suivi de la vulgarisation, de la performance et de
l’utilisation des boutures de la patate douce. Dans le but de comprendre les impacts à long terme et
les atteintes de la formation sur la patate douce, il est important de collecter et conserver les
données sur les participants formées. Ces données enregistrées peuvent être utilisées pour les
activités à suivre.
Thème 13: Utilisation du module de FDF « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à propos de
la Patate Douce » : Ce thème présente des programmes détaillés de modules d’apprentissage par la
pratique de 10 et de 5 jours pour une Formation des Formateurs (FdF). Il y est décrit : les thèmes à
couvrir chaque jour, les résultats attendus de la formation, les activités séquentielles et leur
chronogramme et les matériels et préparatifs à prévoir á l’avance. Ces programmes ne sont pas

xv
totalement rigides et nous souhaitons que les animateurs puissent user de leur créativité pour les
ajuster en fonction des besoins de leurs participants.
Thème 14: Réflexions. Nous espérons qu’après le teste de ce manuel sur le terrain, les formateurs et
les participants mèneront des réflexions et partageront leurs idées sur la manière dont il pourrait
être amélioré. Veuillez envoyer s’il vous plait, toute suggestion que vous avez à Jan Low
(j.low@cgiar.org) que nous pourrons incorporer dans la mesure du possible dans de nouvelles
éditions.

xvi
THÈME 6: PRODUCTION ET GESTION DE LA
PATATE DOUCE
Dans
« Tout ce que vous avez toujours voulu savoir À
propos de la patate douce »

Sommaire

Thème 6: Gestion et production de la patate douce .................................................................................... 170


6.1 Planification des activités de semis de la patate douce ............................................................................ 170
6.2 Sélection et préparation du terrain ........................................................................................................... 171
6.3 Méthodes et périodes de plantation ......................................................................................................... 172
6.4 Echelonné les semis pour des rendements bénéfiques et un approvisionnement régulier ..................... 174
6.5 La patate douce en culture associée ......................................................................................................... 174
6.6 Exigences de la patate douce et troubles physiologiques ......................................................................... 176
6.6.1 Les différentes étapes de croissance de la patate douce ............................................................... 176
6.6.2 La gestion des mauvaises herbes .................................................................................................... 179
6.6.3 Arrachage et repiquage des plants ................................................................................................. 180
6.6.4 Troubles physiologiques ................................................................................................................. 181
6.6.5 Irrigation des cultures de patate douce .......................................................................................... 182
6.7 Besoins nutritionnels de la patate douce .................................................................................................. 182
6.8 Production et gestion de la patate douce: aspects liés au genre et à la diversité ..................................... 188
6.9 Idées pour l’apprentissage de la production de la patate douce par la pratique d’activités .................... 189
6.9.1 Comparaison des variétés de patate douce et pratiques de gestion.............................................. 190
6.9.2 Planification à l’avance ................................................................................................................... 191
6.10 Références utilisées ................................................................................................................................... 193

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 169


Thème 6: Gestion et production de la patate douce
La patate douce a la capacité de produire des rendements particulièrement élevés dans des
conditions de culture normale. De source sûre, la patate douce à plus de rendement que beaucoup
d’autres cultures sous des conditions défavorables; c’est pourquoi la patate douce est si importante
pour la sécurité alimentaire des ménages dans plusieurs pays de l’Afrique sub-saharienne (ASS). Le
thème 6 traite des facteurs environnementaux qui influencent la production de la patate douce (le
sol et les nutriments, l'eau, la lumière et la température) ainsi que la gestion de ces facteurs et les
pratiques de production qui peuvent effectivement aider à donner de bonnes récoltes de patate
douce. Les spécialistes de développement doivent être conscients de ce que les connaissances de
l'agriculteur en matière de meilleures pratiques de gestion de la patate douce peuvent varier d’un
agriculteur à un autre en fonction des genres et des régions. Dans les régions où la production de la
patate douce est importante, de nombreux agriculteurs sont susceptibles d’être des producteurs
hautement qualifiés, faisant une bonne gestion des récoltes dans leurs champs avec les ressources
disponibles. Dans ce manuel nous ne décrivons pas comment cultiver la patate douce mais essayons
plutôt d'aider le lecteur (formateur) à comprendre les principes et les pratiques pouvant contribuer
à une bonne production.

6.1 Planification des activités de semis de la patate douce


Le calendrier des opérations est essentiel
pour le succès de l’exploitation. Avoir
suffisamment de boutures en cas de
besoin, généralement en début de saison
pluvieuse, est l'un des plus grands défis
pour la production de la patate douce en
ASS. Il y a bien sûr d'autres défis liés à
l'équilibre de la gestion de la patate
douce avec les autres cultures sur
l’exploitation et les activités des ménages.
Ceci est particulièrement vrai pour les
ménages à faibles ressources qui
dépendent de la production pluviale,
travaillant sur un sol de plus en plus Calendrier des activités de la culture de la patate douce
dégradé et faisant face aux changements d’Ukerewe, Tanzanie.
climatiques croissants.
Il est important pour les promoteurs de la patate douce à chair orange (OFSP) de comprendre le
calendrier agricole de la communauté dans laquelle ils travaillent, et comment la patate douce à
chair orange s'adaptera à ce calendrier. Les spécialistes de développement doivent connaître le
degré de commercialisation de la patate douce et comprendre les rôles et les responsabilités de
l’aspect genre tout le long de la chaîne de valorisation de la patate douce. Les propriétaires hommes
et femmes dans la gestion des champs de patate douce dans la plupart des régions de l'Afrique
subsaharienne peuvent être regroupés en trois catégories:
 La patate douce est traditionnellement une culture féminine; aucun ou peu d'hommes la
cultivent
 La patate douce est traditionnellement une culture masculine; aucune ou peu de femmes la
cultivent
 La patate douce est cultivée par les hommes et les femmes; sur des parcelles individuelles,
des parcelles familiales ou des parcelles louées

Comme abordés dans le thème 11, les rôles du genre dans la production de la patate douce varient
dynamiquement selon les régions d’un pays et changent au fil du temps. Dans de nombreuses

170 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


régions de l'Afrique subsaharienne, la patate
douce est largement cultivée par les femmes
pour la subsistance. Mais les hommes sont de
plus en plus impliqués dans la production au
fur et à mesure que la demande augmente sur
le marché. Toutefois, la situation inverse
existe également. Dans certaines régions au
nord du Nigeria où les hommes sont les
principaux producteurs de patate douce, les
femmes progressivement font pousser la
moisson qui est de plus en plus
commercialisée. L'élaboration avec les
agriculteurs d'un calendrier agricole qui
explore le rôle de chacun dans les activités de
la patate douce ainsi que les autres activités autour du travail des femmes à ce moment donné peut
aider à expliquer la situation.
Toutes les activités du calendrier agricole nécessitent une planification à l’avance, c'est
généralement le cas lors de la multiplication des boutures de la patate douce pour avoir
suffisamment de semences au moment prévu pour les semis.

6.2 Sélection et préparation du terrain


Altitude: La patate douce pousse bien en altitude jusqu'à 1700 m au-dessus du niveau de la mer
(m.a.s.l.). Certaines variétés vont même jusqu'à 2500 m.a.s.l. mais avec un goût peu agréable et une
teneur faible en matière sèche.
Sols: La patate douce peut être cultivée sur de nombreux types de sol avec cependant une nette
préférence pour les sols profonds, moyennement fertile et sablonneux ce qui produit une bonne
qualité de racines tubéreuses ayant un aspect et des formes attrayantes. Il est important d’avoir un
sol bien drainé et aéré c’est l’une des raisons pour laquelle la patate douce est très souvent cultivée
en buttes, en billons ou en lits. La patate douce produit mieux sur des sols légèrement acides, avec
un pH optimum compris entre 5.6 et 6,6, mais peut aussi tolérer des sols avec un pH plus élevé ou
plus bas. Les descriptions et les tests rapides pour déterminer votre type de sol sont donnés en
Annexe 6.1.
La patate douce, comme les autres cultures, bénéficie incontestablement d'une bonne fertilité des
sols. Comme toute plante à tubercule, la patate douce a besoin de beaucoup de potassium.
Cependant, un sol avec une forte teneur en azote peut entrainer un excès de croissance du feuillage
et limiter la production des racines tubéreuses, particulièrement dans les milieux humides. Les
agriculteurs ajoutent rarement les engrais lors de la culture de la patate douce, mais la culture
bénéficie d’un fertilisant résiduel quand elle suit ou est intercalaire d’une autre culture tel que le
maïs fertilisé. Lors de la préparation du sol, les buttes, les lits ou les billons peuvent être construits
en entassant la terre sur les résidus de cultures précédentes ou sur la végétation provenant des
périodes de jachère pour fertiliser la patate douce et ameublir le sol qui, comprimé, peut entraver la
formation des racines tubéreuses . L’engrais provenant de la basse-cour, le compost ou l’engrais vert
peuvent être très bénéfique s’ils sont disponibles, mais sont plus susceptibles d'être utilisés dans un
jardin d’arrière-cour ou un potager que dans un vaste champ de production. La cendre est riche en
potassium et peut être incorporée dans les sols pour booster la formation des racines tubéreuses de
la patate douce.
Rotation des cultures et séparation des parcelles: comme dans toute culture, il est recommandé de
faire une rotation entre la patate douce et d'autres cultures ou d'avoir une période de jachère entre
deux cultures, afin de réduire l'accumulation des maladies telles que les virus et des insectes

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 171


ravageurs que sont les charançons et les nématodes (bien qu’il n’y ait pas trop de problèmes avec ce
dernier en Afrique subsaharienne). La patate douce se développe bien après la culture des céréales
ou des légumineuses, mais elle n'est pas conseillée après la culture d’autres plantes à racines et
racines tubéreuses, notamment le manioc, en raison de leurs besoins nutritionnels semblables. La
patate douce est reconnue être une bonne première et dernière culture dans la rotation suivant la
jachère. Comme première culture, elle laisse le sol facile à préparer pour la prochaine culture, bien
que les sols très fertiles soient capables de produire suffisamment de tiges mais très peu ou aucune
racine tubéreuses.
Il est également conseillé, même si pas toujours possible de séparer les nouveaux champs de patate
douce des champs existants ou fraichement récoltés, en particulier dans les milieux où les
charançons et les virus sont un problème. Une culture de séparation entre les anciennes et les
nouvelles plantations ou un écart supérieur à 120 m peut aider à prévenir les charançons de
pénétrer la nouvelle plantation de patate douce. S'il n'y a pas d'autre choix que de réutiliser
l’ancienne parcelle, une intégration complète ou un retrait des vieilles racines et des tiges (qui
peuvent être brûlées ou servir d’aliments pour bétail) peut aider à réduire la propagation des
insectes ravageurs et des maladies dans la nouvelle culture. Si possible, la patate douce doit être
cultivée une fois tous les trois ans sur la même parcelle afin de limiter l’impact des ravageurs et des
maladies; reportant ainsi les problèmes. Ceci est particulièrement important lorsqu’une nouvelle
variété vient d’être introduite dans une zone.
Accès à la terre: dans la plupart des régions de l'Afrique subsaharienne, les hommes sont considérés
comme les propriétaires fonciers et prennent toutes les décisions en ce qui concerne la
distribution des terres, même lorsque les cultures telles que la patate douce sont largement
cultivées et contrôlées par les femmes. Il est essentiel que les spécialistes du développement soient
sensibles quant au contrôle de la terre par les hommes et s’assurent qu’ils sont consultés sur les
activités du projet, même lorsqu’ils ne sont pas directement impliqués.

6.3 Méthodes et périodes de plantation


La patate douce est plantée sur les monticules, les billons ou
les lits plats. Une bonne aération du sol est nécessaire pour
l'initiation et la croissance des racines tubéreuses d’où les
grands rendements. La hauteur d’un monticule ou d’un billon
doit être importante. Les monticules et les billons assurent un
bon drainage et facilitent la récolte des racines tubéreuses
matures, particulièrement lorsque la récolte se fait de façon
fragmentaire comme c'est généralement le cas de la patate
douce.
Quel que soit les monticules, les billons ou les lits utilisés,
leurs tailles varient selon les endroits et découlent le plus
souvent des pratiques les plus courantes des agriculteurs de
la zone. Dans les endroits où les tracteurs ou les charrues sont
disponibles, les billons sont généralement préférés; mais les
billons, les monticules et les lits peuvent tous être préparés à La patate douce plantée sur des
la main. La préparation du sol pour le semis est la partie la monticules
plus laborieuse dans la production de la patate douce. Dans les ménages où il y a pénurie de main-
d'œuvre, la patate douce peut être plantée en lits plats, bien que cela donne généralement des
rendements plus faibles que lorsque les billons ou les monticules sont utilisés.

172 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


Les boutures de tiges de la patate douce ou germe d’au moins 3 nœuds (environ 20-30 cm [voir
Figure 6.1]) de long sont généralement plantés à un espacement de 25-30 cm entre les plantes et 60-
100 cm entre les billons; même si les agriculteurs préfèrent expérimenter des espacements
différents et planteront très souvent des variétés avec de larges rampantes écartées de celles avec
des tiges semi-dressées ou dressées. Lorsque la patate
douce est cultivée sur des monticules, les agriculteurs
plantent habituellement 3 boutures par monticule avec un
espacement entre elles. À une distance de 1 m x 1 m entre
les monticules, 30.000 boutures sont nécessaires par
15 cm hectare si 3 boutures sont utilisées par monticule. Alors
que sur les billons 33.333 boutures sont requises pour un
hectare avec des espacements de 30 cm entre les plants
et 1 m entre les billons. L’ajustement des espacements
peut être utilisé pour contrôler la taille des racines
tubéreuses. Les espacements plus serrés produisent une
30 cm
plus grande proportion de patate douce à petites racines
tubéreuses qui sont préférées par certains marchés.
Figure 6.1 - la longueur inter nœuds peut Pour semer, un
différée entre les variétés, pour certainesbâton, une
variétés 3 nœuds =15 cm et pour d’autres machette ou
3 nœuds =30 cm de long une houe est
utilisé pour faire
un trou où la majeure partie de la bouture (au moins deux
nœuds doivent être sous le sol pour favoriser
l’implantation et augmenter le nombre de racines
tubéreuses qui se forment) est placée dans le sol laissant
seulement la pointe exposée. Le sol est refermé pour
assurer un bon contact entre les nœuds et le sol. Parfois La patate douce cultivée sur les billons
les feuilles inférieures sont enlevées avant le semis, mais
ceci n'est pas nécessaire. Les agriculteurs gardent parfois
les boutures pour une journée ou deux dans un endroit
frais et ombragé pour encourager l'initiation des racines
tubéreuses avant de les planter. Dans de nombreux
endroits les agriculteurs utilisent traditionnellement deux
boutures par trou, mais ceci nécessite beaucoup de plants
supplémentaires. Les vulgarisateurs agricoles
recommandent une seule bouture par trou, puis de Semis des boutures de patate douce
combler les trous des plantes qui ne parviennent pas à
s’implanter. Sur les monticules, les trois boutures sont plantées vers le sommet du monticule mais à
égale distance les unes des autres dans une configuration en triangle. Sur les billons, les boutures
sont plantées à la verticale ou en oblique le long du sommet du billon en maintenant l'espacement
requis.
La patate douce est souvent cultivée après les premières récoltes céréalières et d'autres importantes
cultures de rente lorsque suffisamment de boutures ont été générées par les pluies. Toutefois, dans
les régions avec des courtes saisons des pluies, ces retards de semis peuvent finir par exposer la
culture de la patate douce à des périodes de sécheresse et aux dommages causés par les
charançons, réduisant considérablement le potentiel de rendement.

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 173


6.4 Echelonné les semis pour des rendements bénéfiques et un
approvisionnement régulier
Mettre les semis de la patate douce aussitôt que possible en début saison pluvieuse peut être
bénéfiques à terme pour maximiser la croissance et permet également une récolte précoce pour la
consommation des ménages ou pour les ventes précoces sur le marché. Toutefois, engager toute la
semence en une fois peut conduire à une surabondance de la récolte bien qu’il y ait des différences
entre les variétés au terme de leur développement et en raison de l’option de récolte progressive, la
récolte des racines tubéreuses peut encore être échelonnée sur quelques mois.
Lorsque la saison de culture le permet, les semis échelonnés qui sont des semis successifs faites sur
une période de plusieurs semaines ou mois, peuvent aussi avoir des avantages. Ceux-ci inclus
 Une large zone de terre ensemencée par les repousses de boutures issues des multiplications
de parcelles,
 Répartition des risques de perte de rendement dus à des débuts de saisons de pluies
incertains et à une saison sèche prolongée,
 Faible probabilité de goulots d'étranglement liée à la pénurie de main-d'œuvre vu que les
exigences du travail sont réparties sur une période plus longue,
 Un approvisionnement fluide desracines tubéreuses sur une longue période, contrairement à
une surabondance de production des racines tubéreuses dans tous les champs de la zone au
même moment. Une bonne réserve a des conséquences positives sur le marché
d’approvisionnement et sur la sécurité alimentaire des ménages, particulièrement avec la
patate douce à la chair orange qui répond aux besoins quotidiens des ménages en vitamine A.
Cependant, en prolongeant la période de semis, les derniers plants peuvent être exposés à des
conditions très sèches après la fin de la saison des pluies causant ainsi des baisses de rendement,
l’infestation par des charançons, une sévère incidence des maladies et une probabilité accrue de vol.
La patate douce déjà est une culture assez souple, de sorte que les -racines tubéreuses tubéreuses
peuvent être récoltées dès qu'elles sont suffisamment grandes pour la consommation et la vente.
On peut aussi les laisser croître pendant une période prolongée aux champs si les prix ne sont pas
favorables sur le marché ou si le ménage a déjà assez de nourriture. Pratiquer l’échelonnement de
semis permet d’augmenter cette flexibilité.

6.5 La patate douce en culture associée


Dans certaines régions, la patate douce est associée à
d'autres cultures, surtout dans les zones où la pression
foncière est élevée et où on fait moins de billons.
En plus d'améliorer les cultures et la diversité alimentaire,
la culture intercalaire peut également contribuer: á
améliorer l'efficacité du travail; á augmenter la fertilité du
sol si l'azote est utilisé dans la fixation des cultures
associées ou intercalées; et á réduire la croissance des
mauvaises herbes. La culture intercalaire de la patate
douce est plus facile lorsqu’elle est faite sur les billons. Culture intercalaire de la patate douce
Comme dans toutes les cultures intercalaires, celle-ci doit avec les pois d’Angole
essayer de minimiser les problèmes de luminosité et de nutriment entre les cultures associées. Si la
patate douce est associée au haricot, au soja ou au pois, elle peut être plantée le long du billon et
une rangée de haricot de chaque côté.

174 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


Bien qu’elle soit régulièrement associée à d’autres cultures
dans de nombreuses situations, très peu d'études ont
effectivement analysé les impacts de la culture intercalaire
de la patate douce contre toute perspective. Une récente
étude au Malawi a révélé que le rendement et le bénéfice
peuvent accroître grâce à la culture intercalaire de la patate
douce à la chair orange et du maïs. En évaluant les attitudes
des agriculteurs, on a relevé qu’ils préfèrent intercaler deux
rangées de maïs avec une rangée de patate douce en
raison de l'importance du maïs dans leur culture
alimentaire, bien que les données indiquent que deux
rangées de patate douce avec une rangée de maïs sont
économiquement plus rentables. Lorsque la patate douce
est intercalée avec le maïs fertilisé, elle peut profiter de
l’engrais résiduel; et il existe des preuves qu’associée au
maïs, la patate douce est moins infestée par les
charançons.
Des études réalisées en Afrique de l'Est ont montré que le
pois d'Angole intercalé avec la patate douce accroît la La patate douce intercalée avec le
productivité. Non seulement le pois d'Angole aide à fixer soja (en haut) et le maïs (en bas)
l'azote, il pousse aussi très lentement et ne rivalise pas
fortement avec la patate douce. Le pois d'Angole a un système racinaire très profond qui continue
de croître au cours de la saison sèche après la récolte de la patate douce, et quand rien d'autre ne
peut être planté. Au Costa Rica, les cultures intercalaires de deux rangées de patate douce entre les
rangées de manioc plantées simultanément et en continu sur quatre années ont été bénéfiques et
n'ont montré aucune augmentation majeure d’insectes nuisibles ou de maladies.
La culture intercalaire de la patate douce avec la canne à sucre a été jugée économiquement
rentable en Afrique du Sud. Relayer le semis de la patate douce avec le maïs, au moment où celui-ci
approche la récolte, a également été utilisé avec succès par certains producteurs commerciaux dans
la région centrale du Ghana.
La patate douce peut aussi être semée entre les arbres ou les arbustes agro forestiers, de
préférence, entre des légumineuses à la croissance rapide ayant des couronnes ouvertes aux rayons
solaires. Les branches de ces arbres ou arbustes sont taillés régulièrement, lesquelles se
décomposent et fonctionnent comme l’engrais vert pour fournir les éléments nutritifs et améliorer
les propriétés physiques du sol. Les espèces
locales de légumineuses arbustives et d’arbres
seront différentes selon les sites, mais les plus
communes sont: l'arbre du haricot fluvial
(Sesbania sesban); les feuilles oreillées d’acacia
(Acacia auriculiformis); l'arbre de kassod (Cassia
cajan); le pois d'Angole (Cajanus cajan); la mère du
cacao ou le cacao du Nicaragua (Gliricidia sepium);
et l'arbre aux oreilles d'éléphant (Enterolobium
cyclocarpum). Les agriculteurs souhaitent
expérimenter les différents espacements pratiqués Batata-doce em um pomar misto
pour les espèces agro forestières tels que 4-8 m entre
les rangées et 0,3 m à l’intérieur des rangées.

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 175


6.6 Exigences de la patate douce et troubles physiologiques
6.6.1 Les différentes étapes de croissance de la patate douce
La patate douce exige généralement une saison de croissance de 4 à 5 mois avec des températures
optimales allant de 20 ° C à 25 ° C. Elle peut cependant se développer sur une large échelle de
températures comprises entre 15 ° C et 35 ° C. les plus hauts rendements desracines tubéreuses sont
obtenues entre les températures diurnes de 25 à 30°C et une température nocturne de 15 à 20°C.
Les variétés de patate douce à maturation précoce peuvent être récoltées 3 à 4 voire 5 mois après
les semailles, constituant ainsi une importante source alimentaire rapide pendant les périodes de
famine dans la plupart des pays de l’Afrique sub-saharienne. Les températures et le nombre de jours
ensoleillés affectent fortement les rendements de la patate douce. Si les températures sont basses,
la période de croissance doit être étendue à 6-7 mois, et s’il y a beaucoup de jours peu ensoleillés, le
rendement sera réduit et la qualité des racines tubéreuses sera moins bonne. La durée de la période
de croissance affecte la taille des racines tubéreuses, une courte période de croissance se traduira
par un pourcentage élevé de petites et moyennes -racines tubéreuses tubéreuses, tandis que le
poids moyen des -racines tubéreuses sera plus élevé si elles sont récoltées plus tard.

176 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


Figure 6.1 - La plante de patate douce

Nœud

Racines en
crayon Racine fibreuse

Racine tubéreuses t

Après le semis, des racines adventives émergent de la racine originelle et préformée des nœuds,
pour devenir racines fibreuses, lesquelles, exposées à une bonne eau, aux bonnes conditions
atmosphériques et minérales ont le potentiel de se transformer en racines tubéreusestubéreuses,
dans les 20-25 premiers centimètres du sol. Dans des conditions défavorables, les racines peuvent
ne pas se transformer en racines tubéreuses tubéreuses mais plutôt devenir des racines à la forme
du crayon ou des racines ligneuses. Plusieurs racines se développent à partir du système initial de
racines adventives du plant. Mais avec certaines variétés, ou si des monticules se reforment, de
nouvelles racines adventives (racines tubéreusestubéreuses) peuvent se développer, contribuant à
une récolte fragmentaire et étendue. La transformation de la racine tubéreuses peut commencer
deux ou trois semaines après le semis, et en moyenne 4 à 6 semaines, en fonction de la variété et
des conditions environnementales. Par conséquent, les conditions favorables durant le premier mois
après les semailles sont d’une importance vitale pour l'initiation des racines tubéreuses et
influencera fortement le rendement d'un plant.

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 177


Figure 6.2 - Les premières étapes de la formation des racines dans le plant de la patate douce

Clé: AR = racines adventives, AC = cambium anormale; SR = racine tubéreuses tubéreusesphases d'initiation 1, 2, 3


Source: Villardon et al., 2009

Cette première phase de la formation des racines tubéreuses peut être découpée en trois étapes
cruciales: mise en place initiale (SR1) et la présence d'au moins une racine adventive (RA), la
différenciation des racines tubéreuses avec le développement de cambium anormale (AC) (SR2), et
initiation de racines tubéreuses fibreuses (SR3). Puisque les températures influencent les taux de
développement, Les mesures de temps thermique (La croissance par degré et par jours) sont plus
efficaces pour décrire le temps qu'il faut pour arriver à chaque étape. Dans un champ
d’expérimentation avec une variété américaine de patate douce à maturation précoce appelée
Beauregard, SR1 a été atteint en 3 jours, SR2 en 13 jours et SR3 en 26 jours. Le stress, y compris
l'excès de chaleur, la sécheresse ou les inondations au cours de ces étapes critiques ont le potentiel
de réduire considérablement le rendement de ces cultures qui résulte des racines ligneuses
crayonneuses, au lieu des racines tubéreuses.
8 à 12 semaines après les semis, toute l'énergie est concentrée
au gonflement de la racine tubéreuses. Quand beaucoup de
racines tubéreuses sont formés sur une plante, le poids de la
racine tubéreuse est normalement faible, alors que quand elles
sont peu par plante, cela résulte normalement de grosses
racines tubéreuses .
Selon la variété, la croissance d’un bon champ de patate douce
dans laquelle l'ensemble des exigences pour un
développement maximum sont remplies, peut être très riche.
Le niveau normal d’attaques des ravageurs et des maladies
n’entraîneront ni beaucoup de pertes, ni les symptômes de
carence de la récolte en éléments nutritifs. Quoique certains
insectes ravageurs, tels que les rongeurs des feuilles peuvent
dévorer une bonne partie des feuilles, un plant sain est capable
de compenser de tels dommages. La longueur de la tige atteint
au maximum la moitié de celle qu’elle aura normalement à la
phase finale. A ce stade, le feuillage des cultures est assez
luxuriant. Après cela, la densité de la tige diminue, parce que la
plante utilise de plus en plus l’énergie pour combler les racines Une plante de patate douce
tubéreuses plutôt que pour former et maintenir les feuilles. fraîchement récoltée
colhida
La patate douce à trois principales phases de croissance, les tâches qui doivent être faites au cours
de chacune de ces phases sont décrites dans le Tableau 6.1.

178 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


Tableau 6.1 - Les différentes phases de développement de la plante de la patate douce et
les tâches associées
Semaine Phase de Caractéristiques Tâches
développement

0 I. Phase de  Plantation  Plantation


1 mise en place  La croissance rapide des  Remplissage des
2 jeunes racines trous
3  Les racines tubéreuses  Évitez le stress
commencent à se former
 Ralentissement de la
croissance de la plante
4 II. Phase  Initiation des racines  Désherbage
5 intermédiaire tubéreuses
6 (Initiation des  La croissance rapide de la
7 racines plante
tubéreuses)  Forte augmentation de la
surface foliaire
8 III. Phase finale  La croissance de la plante  Relevage
9 (gonflement des cesse
10 racines  Gonflement rapide des
11 tubéreuses) racines tubéreuses
12  Réduction de la surface  Palissage
13 foliaire en raison du
14 jaunissement et de la chute
15
16  Récolte  Récolte
17

52

6.6.2 La gestion des mauvaises herbes


Si les mauvaises herbes ne sont pas contrôlées lors de la mise en terre des plants et dans les deux
premiers mois suivant les semis, elles entrent en concurrence avec les plantes de patate douce pour
la recherche de l’eau et des éléments nutritifs et peuvent être des refuges d’insectes ravageurs et de
maladies. Les racines de certaines herbes piquantes peuvent même percer et endommager les
racines de la patate douce. Il existe trois grandes catégories de mauvaises herbes:
Tableau 6.2 - Exemples des trois principales catégories de mauvaises herbes
Gazon Sedges Plantes aux larges feuilles

Imperata cylindrica Cyperus esculentus Lantana camara Solanum incanum


Spear grassEng, MtimbiKsw, Nut grassEng, NdagaKsw, Sleeper weed, wild sageEng Nightshade, Sodom’s appleEng,
EbiatAt, Lalang, LusankeLg, AyayaHau MtululuKsw, AkayuukiyuukiLg, Mtunguja mwituKsw,
TofaHau, AtaIgb OmuhuukiAn, MagwagwaLo, EntengotengoLg, MutongoKi,
MukeniaKi, OchokLo,
Chave: Eng = English; Ksw = Kiswahili; Lg = Luganda; At = Ateso; An = Ankole; Ki = Kikuyu; Lo = Luo; Hau = Hausa; Igb = Igbo

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 179


Les mauvaises herbes peuvent aussi être utiles. Certaines espèces peuvent être récoltées pour
nourrir le bétail, certaines peuvent être réduites et utilisées comme un paillis à la surface du sol,
tandis que d’autres peuvent être transformées en composte puis enfouies dans le sol pour servir de
nutriments et de matière organique dans l’amélioration de la structure du sol.
Les mauvaises herbes sont généralement supprimées manuellement. Une fois que les plantes ont
grandi et couvert les billons, il n’est pas nécessaire de poursuivre le désherbage. Cependant, dans
des régions très humides, un désherbage plus sélectif peut être nécessaire pour éliminer les
mauvaises herbes tenaces ou vigoureuses. Si celles-ci sont peu nombreuses et dispersées, on peut
les arracher à la main tout en veillant à ce que les racines tubéreuses restent couvertes par le sol. Le
désherbage est plus facile quand il n'y a pas de culture à éviter. La suppression des mauvaises herbes
tenaces et résistantes (telles que, chiendent (Imperata spp.), des herbes étoiles (Cynodonspp.),
l’herbe écrou (Cyperus spp.) et chiendent (Digitaria spp.), et l'enfouissement des mauvaises herbes
annuelles qui doit être effectué lors de la préparation des terres. Pendant qu’on fait les billons et les
monticules, toutes les nouvelles mauvaises herbes doivent être enterrées dans le sol, puis un autre
désherbage doit être effectué au cours des quatre à six premières semaines après la plantation
avant que les plantes ne couvrent le sol. Rappelez-vous qu'il est beaucoup plus facile d’enlever les
mauvaises herbes avant qu’elles n’aient développé des racines et des tiges. Il est mieux de les
éliminer avant qu'elles ne répandent une nouvelle génération de graines.
Le paillage permet de réduire considérablement la croissance des mauvaises herbes. La rotation des
cultures permet également d'éviter l'accumulation de plusieurs types de mauvaises herbes. Les
cultures intercalaires peuvent réduire les problèmes de mauvaises herbes en raison de l’ombre et de
la concurrence accrue entre les cultures et les mauvaises herbes et grâce à l'étroit espacement des
cultures.
Pour les agriculteurs commerciaux qui peuvent souhaiter utiliser un herbicide tel que le glyphosate
pour contrôler les mauvaises herbes résistantes, le mieux est de le faire au moins deux semaines
avant le semis. Au Nigeria, Primextra Gold (ingrédient actif: l'atrazine et le S-métolachlore) appliqué
à 1,5kg 1 à 2 jours après la plantation de la patate douce s’est révélé être un herbicide efficace pour
une utilisation dans les domaines de la patate douce. Là où les mauvaises herbes piquantes et
résistantes (Imperata cylindrica) sont prédominantes, un mélange de Glyphosate+Prométryne/S-
métolachlore au taux de 3,5+ 2,0kg ma/ s’est révélé efficace à 4, 8 et 12 semaines après les semis.
Les précautions de sécurité de base doivent être respectées lors de l'utilisation d'herbicides; suivez
les instructions sur l'étiquette, utilisez le taux d'application spécifié, utilisez des vêtements de
protection. Les femmes enceintes ou celles qui allaitent ne doivent pas pulvériser des herbicides ou
des pesticides. Ne pulvérisez pas lorsqu’il y a du vent parce que l'herbicide débordera sur les côtés,
loin du champ visé et se déversera éventuellement sur d'autres cultures, rincez le matériel de
pulvérisation après usage et versez l'eau de rinçage dans un puit perdu et non dans une rivière ou à
proximité. À petite échelle, les agriculteurs peuvent trouver les herbicides coûteux et avoir des
difficultés quant à l’exactitude du temps d’application.

6.6.3 Arrachage et repiquage des plants


Si le sol est humide et que les branches rampantes de la tige y touchent, les racines vont croître à
partir de nœuds que celles-ci auront formés. Certains producteurs arrachent les tiges afin qu’elles ne
produisent pas de petites racines tubéreuses. Car ces dernières sont difficilement commercialisables.
Si cela est fait, faites attention à n’arrachez que les tiges tout en veillant à ne pas les retourner sinon
les feuilles risqueraient de pourrir.
Le repiquage permet de s'assurer que les racines tubéreuses qui se développent sont bien couvertes
et qu’elles ne sont pas exposées au soleil ou aux attaques des charançons. Sarclez le sol autour de la
base de la plante afin de boucher les crevasses dans le sol causées par l'expansion des racines
tubéreuses, ou l’érosion des billons, ou encore les monticules, éloignés des extrémités de la plante.

180 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


6.6.4 Troubles physiologiques
De nombreux facteurs influencent le rendement de la culture de la patate douce: la qualité des
boutures, le type de sol, la préparation et la gestion de la fertilité de celui-ci, la variété, le climat,
l’espacement, la date de semis et de récolte, les virus et les niveaux d'infestation des ravageurs et
enfin l'irrigation ou la pluviosité.
Les troubles physiologiques de la patate douce peuvent être dus à divers facteurs
environnementaux, physiologiques et génétiques. Ils sont souvent identifiés à tort comme étant des
maladies pathologiques. Les symptômes, les causes ainsi que les stratégies de prévention de
quelques-uns des troubles physiologiques les plus fréquents sont présentés dans le tableau 6.3.
Tableau 6.3 - Exemples de troubles physiologiques de la patate douce et les stratégies de prévention
Troubles physiologiques Symptômes Causes Stratégies de
prévention
Mutations Les racines La patate douce a Utilisez une bonne
tubéreuses ont des un taux de mutation sélection de boutures
zones d’une couleur exceptionnellement pour éviter d’avoir de
de chair ou de peau très élevé telles racines
différente tubéreuses

Phlyctène (oedème) Petites bosses Exposition Planter la patate douce


(lenticelles dilatées) prolongée sur un terrain bien
à l’extérieur des racines irrigué. S’assurer que
des racines tubéreuses à un sol les billons ou les
tubéreuses. très humide monticules sont hauts
conduisant à un dans les zones
manque d’oxygène humides

Echaudage Les zones brulées par L’exposition directe Placer les racines
le soleil sont marron des racines tubéreuses des patates
violacé et sont tubéreuses au soleil douces à l’ombre
enclines à des à des températures immédiatement après
Infections élevées la récolte
secondaires

Éclatement des racines tubéreuses L’éclatement de la L’éclatement est dû Les prédispositions à


peau du tubercule. à des conditions de ce problème diffèrent
Plus fréquents sur croissance inégales, selon les variétés
les gros racines surtout à un L’irrigation pendant
tubéreuses. arrosage les saisons sèches.
Les racines inégal.
tubéreuses infectées
par les nématodes y
sont prédisposées.
Tiges écrasées (fasciation) Tiges flétries avec Incertain Les tiges flétries sont
De nombreuses généralement malades
feuilles et ne doivent pas être
utilisées comme
boutures

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 181


6.6.5 Irrigation des cultures de patate douce
Les cultures de patate douce sont rarement irriguées en Afrique sub-saharienne, à l'exception de
l’Afrique du sud. Bien que la patate douce résiste assez bien à la sécheresse, l'eau demeure le
facteur le plus contraignant pour en produire. De plus, la sécheresse provoque des pertes
importantes au niveau du rendement. Ses effets dépendent du stade de croissance au cours duquel
il y a pénurie d'eau. La profondeur (de 0,75 à 0,9 m) et les ramifications des racines de la patate
douce permettent à la plante d'absorber de l'eau dans les couches les plus profondes du sol par
rapport à la plupart des cultures de légumes. Une bonne répartition de la pluviosité de 500 mm
pendant le cycle de croissance suffit pour une productivité élevée. En cas de besoin et si possible,
l'irrigation peut être utilisée pour s’assurer que la culture de la patate douce soit développée sur un
sol humide et qu’elle dispose d’une quantité d'eau suffisante tout au long de la période de
croissance. L'irrigation peut également être utilisée pour réduire les températures du sol.
La plupart des méthodes d'irrigation (ex les sillons, le goutte à goutte, les inondations et l’arrosoir)
sont appropriées pour la patate douce. Une irrigation des sillons avec irrigation des sillons parallèles
peut être utilisée lorsque la culture est faite en billons. L’irrigation par goutte à goutte est
actuellement pratiquée dans certains milieux de la recherche. Elle est la méthode d’arrosage la plus
efficace. En Afrique du Sud, l’on a découvert que l’irrigation par goutte à goutte n’est appropriée que
pour les sols bien drainés avec 10 à 15% de teneur en argile et des températures ambiantes élevées.
Il y a très peu d’informations sur les besoins en eau de la patate douce, bien qu'il soit reconnu
qu’une humidité suffisante est importante pendant le premier mois de la culture. En général, la
culture nécessite entre 450 et 650 mm d'eau (cela peut être de l’eau de pluie) bien répartie tout au
long de la période de croissance. Une fois que les racines sont implantées, elles peuvent résister à
l’humidité réduite du sol, se régénérant une fois les pluies revenues. Les besoins en eau dépendent
du type de sol, de la pluviosité, de la qualité et de la disponibilité de l’eau, de la variété et du stade
de croissance. Généralement, il est recommandé d’irriguer deux fois par semaine jusqu'à 20 jours
après la plantation, une fois par semaine du 20e au 40e jour après la plantation, et une fois toutes les
deux semaines du 40e jour après la plantation jusqu'à la récolte. Pendant l'irrigation, le sol ne doit
être mouillé qu’au niveau de la profondeur des racines de la culture, et pas plus. Un arrosage
excessif ou une période prolongée de fortes pluies peut également être problématique car, la patate
douce ne supporte pas les sols très humides pendant de longues périodes. Cela aurait pour
conséquence un développement faible des racines tubéreuses, l’apparition des phlyctènes et les
racines tubéreuses peuvent pourrir.
Sur les côtes du Pérou, la patate douce est fréquemment irriguée. L'irrigation commence avant la
plantation afin d'ameublir le sol et d’en faciliter la préparation. Une légère irrigation permet alors à
la plante de s’enraciner. Une irrigation fréquente est effectuée les 5-6 premières semaines après la
plantation, et après le repiquage (voir thème 7) et également avant la récolte. Un total de 2000 à
3000 m3 d'eau par hectare et par saison est recommandé, bien que cela varie selon le type de sol et
la variété de la culture.

6.7 Besoins nutritionnels de la patate douce


Toutes les cultures absorbent les nutriments, et pendant la récolte, ces nutriments sont enlevés du
sol. Afin de maintenir le taux d'éléments nutritifs du sol, les nutriments doivent retourner à la terre.
Cela peut être fait en partie par: le labourage des résidus de la culture (en se décomposant les
matières végétales restitueront leurs nutriments au sol); par l’ajout des fertilisants (qui peuvent être
sous la forme de fumier organique et de composts ou d'engrais chimiques). En Asie, les tiges de la
patate douce sont généralement utilisées comme engrais vert. Les plantes ont besoin de nutriments
non seulement pour leur croissance, mais aussi pour le renforcement de leur résistance aux
maladies.

182 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


La patate douce, comme la plupart des racines tubéreuses comestibles, absorbe plus de potassium
(K) et moins d'azote (N) et de phosphore (P) que le maïs.
Le potassium est l'élément le plus important du développement des racines tubéreuses, de ce fait, la
patate douce bénéficiera de potassium supplémentaire à de nombreux endroits: à travers
l’utilisation des cendres, celles-ci étant riches en potassium. Cependant, il n’y a pas que la quantité
de potassium qui soit importante, mais également le rapport entre le potassium et l'azote à fournir.
Le grossissement des racines tubéreuses est meilleur lorsque l'azote et le potassium sont présents
dans le sol à un rapport d'environ 1/3. L'application de potassium au cours de la deuxième moitié du
cycle de croissance de la culture contribue à promouvoir le développement d'une peau épaisse.
Si l’azote (N) est présent à des concentrations trop élevées, cela peut entraîner la croissance
abondante des tiges, mais le faible développement des racines tubéreuses. Ceci est particulièrement
dommageable si l'azote est appliqué après la première moitié de la période de croissance de la
culture. Bien que la patate douce se développe normalement même dans les sols très pauvres, si les
niveaux d'azote sont trop bas, la croissance des tiges sera limitée et les rendements seront faibles.
Les nutriments peuvent être ajoutés au sol de plusieurs façons.
Le fumier peut être utilisé et on le trouve souvent plus facilement que les fertilisants synthétiques.
Des taux d’environ 5 tonnes par hectare sont recommandés, mais des taux aussi élevés sont
rarement appliqués. Le contenu nutritif de tous les engrais diffère, ce qui rend difficile la
recommandation des taux d'application. Il est plus judicieux que les agriculteurs expérimentent une
gamme de taux d'application différents afin de déterminer lequel produit la meilleure culture dans
leur champ. Le fumier doit être ajouté quelques semaines avant la plantation pour permettre sa
décomposition partielle. Le fumier non composté favorise la pousse des mauvaises herbes dans le
champ et ne doit donc pas être utilisé.
Les mélanges d'engrais tels que le NPK sont disponibles sur le marché avec des compositions variées.
Très souvent les fertilisants recommandés pour la patate douce sont: N (34-45 kg/ha), P202 (50-101
kg/ha), K20 (84-169 kg/ha) ou NPK complet 6:9:15 (560-1,120 kg/ha). Au Nigeria, les agriculteurs
utilisent le NPK 15:15:15 (400 kg/ha). Cependant, les sols étant différents, il est préférable
d'expérimenter les différents taux dans votre champ ou faire une analyse du sol pour déterminer le
taux d'engrais à appliquer.
Les fertilisants (qu’ils soient fait de fumier organique ou de produits chimiques industriels), peuvent
être appliqués en épandant la quantité nécessaire sur le terrain, puis en l'incorporant à la terre avant
la plantation. La façon la plus efficace dépend de l'engrais et de de la forme du sillon en transversale,
en appliquant et en incorporant la quantité requise pour chaque plante.
Les recherches ont montré que si les agriculteurs ont suffisamment de terres pour alterner leurs
cultures et garder un peu de terre en jachère, la plantation de Mucuna spp. (une légumineuse
fixatrice d'azote, plus connu sous le nom de fèves de velours ou pois de mascate) dans le champ
deux ans avant la plantation de la patate douce, peut augmenter le rendement en racines
tubéreuses et ce de manière significative. Pendant les essais, cette pratique a augmenté la
production des racines beaucoup plus que l’ajout du fertilisant NPK, cela a été probablement dû au
fait que la Mucuna avait amélioré la structure du sol en même temps qu’elle avait fourni des macros
et micronutriments absents dans le fertilisant NPK.
Le pH du sol est également important, car il affecte la disponibilité des nutriments du sol pour les
plantes. La patate douce pousse mieux dans un sol mi- acide et mi- alcalin au pH compris entre 5 et
7.5. Si le pH du sol est plus acide (par exemple <5) alors, la chaux agricole doit être incorporé à la
terre avant la plantation et un test d'analyse du sol déterminera le pH et la quantité de chaux
nécessaire.

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 183


Alors qu’il est possible par des analyses de déterminer si le sol prévu pour la culture de la patate
douce est déficient en éléments nutritifs, en Afrique sub-saharienne, il n'est pas courant pour les
agriculteurs d'avoir accès aux services d’analyses du sol. Les symptômes de carence nutritive chez la
patate douce peuvent être utiles à l'agriculteur et à l’agent de vulgarisation pour l’identification des
carences nutritives. Si une plante a une carence nutritive, elle présentera certains symptômes,
principalement sur ses feuilles et son modèle de croissance tout entier pourrait être affecté.
Les symptômes typiques des carences en éléments nutritifs chez la plante sont:
 Une coloration inhabituelle de plusieurs parties de la plante:
o La chlorose: les feuilles deviennent vert clair, jaune
o Des taches nécrotiques: taches brunes sèches sur les feuilles où le tissu pourrit.
o Une coloration violacée des feuilles
o Une décoloration brunâtre
 Une défoliation inattendue
 Les plantes sont plus courtes que la normale (retard de croissance)
 Une déformation des parties de la plante: par exemple, des tiges minces ou grêles, et des feuilles
recroquevillées
 La plante perd sa tige et les pointes de ses racines
 Des symptômes semblables sur de jeunes et vieilles feuilles peuvent indiquer des carences en
divers éléments.
 Cependant, faites attention à ne pas confondre une carence dont les symptômes sont viraux
avec les caractéristiques des plantes.
Les symptômes spécifiques des carences en potassium, azote et phosphore sont présentés dans le
tableau 6.4-6.6. Des informations et des photographies d'autres troubles nutritifs peuvent être
trouvées sur DiagNote de la patate douce http://keys.lucidcentral.org/keys/sweetpotato. La carence
en potassium est la cause courante de faible rendement en racines tubéreuses. Les racines
tubéreuses ont des besoins élevés en potassium et plusieurs successions culturales de racines
tubéreuses peuvent appauvrir le sol en potassium. La carence en azote est courante sur des sols à
faible matières organiques, ou sur des sols qui ont été cultivés pendant un certain temps sans
fertilisation ou fumure adéquate. L'application de l'urée sur une zone de test (par exemple un rang
dans la culture) rendrait la zone de test visiblement plus verte s'il y existe une carence en azote. Les
sols volcaniques et calcaires peuvent se mêler au phosphore et en priver ainsi la plante, et sur les
sols acides, la toxicité de l'aluminium peut provoquer une carence en phosphore.
Le pH du sol est également important, car il affecte la disponibilité des nutriments du sol pour les
plantes. La patate douce pousse mieux dans un sol mi- acide et mi- alcalin au pH compris entre 5 et
7,5. Si le pH du sol est plus acide (par exemple <5) alors, la chaux agricole doit être incorporé à la
terre avant la plantation et un test d'analyse du sol déterminera le pH et la quantité de chaux
nécessaire.

184 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


Tableau 6.4 - Les symptômes d’une carence en potassium (K) de la patate douce
Les symptômes d’une carence en potassium (K)
 Des tiges courtes avec des entre-nœuds
courts et de petites feuilles sont les premiers
symptômes
 Les feuilles ont une couleur plus foncée (vert
foncé), surtout au niveau des bords
 Des pétioles courtes et pâles
 De petites taches brunes brillantes
apparaissent sur les feuilles, en premier sur la
partie inférieure de celles-ci et ensuite sur les
vieilles feuilles
 Les vielles feuilles deviennent jaunâtres ou
rougeâtres, à partir de la partie supérieure,
puis cela s’étend à travers les bords de la
feuille jusqu’à la base de celle-ci.
 Les plantes se dessèchent plus vite et les
feuilles tombent facilement
 Lorsque la feuille entière souffre d’une
carence sévère, elle devient jaune à
l'exception de la base et du tissu de la feuille
qui, situés à proximité des nervures
deviennent vert foncé
 Faible nombre de racines tubéreuses Jaunissement des vielles feuilles
 Les racines tubéreuses sont longues et minces
 Les racines tubéreuses s’infectent facilement par la pourriture des racines et les nématodes

Les plantes qui ont reçu De petites lésions nécrotiques Propagation de la chlorose et
100%, 14% et 1,7% d’une apparaissant à la suite d’une de la nécrose sur les vielles
alimentation optimale en chlorose entre les nervures feuilles
potassium d’une feuille arrivée à
maturité
Source: O’Sullivan et al., 1997

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 185


Tableau 6.5 - Les symptômes d’une carence en azote (N) sur la patate douce
Les symptômes d’une carence en azote (N)
 Les feuilles deviennent vert
clair puis jaunâtre et enfin
d’une apparence terne
 Une croissance réduite des
tiges
 Les vielles feuilles
deviennent rougeâtre sur les
bords, jaunâtre au milieu,
puis rougeâtre et marron
partout
 Les tiges des vielles plantes
deviennent rougeâtres
 De courtes pétioles
 Les symptômes apparaissent
de la base de la plante vers
le haut Une parcelle déficiente en azote (devant) comparé à une parcelle
fertilisée avec de l’azote (derrière)

Plante en bonne santé (G) et Culture déficiente en azote Pigmentation rouge des nervures
plante déficiente en azote (D) présentant des vielles feuilles sur la surface inférieure des
Jaunes et molles et un jeunes feuilles
rougissement des nervures sur la
surface inférieure des jeunes
feuilles
Source: O’Sullivan et al., 1997

186 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


Tableau 6.6 - Les symptômes d’une carence en phosphore sur la patate douce
Les symptômes d’une carence en phosphore (P)
 Les feuilles sont vert foncé puis
bleuâtre avec des nervures violacées
 Une croissance réduite des tiges
 Une sénescence prématurée des
vielles feuilles suivie d’une
décoloration violacée qui devient
jaune
 Une chlorose entre les nervures qui
devient une nécrose sur les vielles
feuilles
 De petites racines tubéreuses aux
formes irrégulières
 Une coloration violacée des racines
tubéreuses est plus évidente Coloration automnale des feuilles sénescentes d’une culture
déficiente en phosphore, et de nombreuses fleurs (souvent un
signe de stress)
estresse)

Plante en bonne santé (G) et Pigmentation violacée des jeunes Plante de 6 semaines déficiente en
plante déficiente en phosphore feuilles sur une plante déficiente P et sévèrement rabougri, violaçant
(D) en P et présentant des signes de
sénescence sur les vielles feuilles et
de fonçage du vert des jeunes
feuilles
Source: O’Sullivan et al., 1997

En plus des carences en éléments nutritifs, la patate douce peut également montrer des signes de
manque d'eau, de toxicité des substances nutritives et de maladies.
Le manque d’eau: La patate douce résiste plus ou moins bien à la sécheresse par rapport aux autres
cultures. Toutefois, une pénurie d'eau prolongée au stade primaire du développement des racines
tubéreuses, peut considérablement réduire la capacité des plantes à produire un bon rendement. Le
nombre de racines tubéreuses va diminuer et celles-ci seront pour la plupart de petite taille. Les
symptômes immédiats du manque d’eau sont: le flétrissement des feuilles et une croissance réduite.

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 187


Le stress hydrique peut également rendre les plantes plus sensibles aux virus, aux attaques des
insectes ravageurs des cultures, et à l’éclatement des racines tubéreuses.
La toxicité des substances nutritives: La plupart des substances nutritives peuvent être toxiques pour
les plantes lorsqu'elles sont appliquées en quantités excessives. Trop d'engrais azoté provoque une
croissance luxuriante des tiges, mais la croissance et le développement des racines tubéreuses sont
entravés. Une application excessive d'azote peut empêcher la floraison des plantes de la patate
douce, quoiqu’il convient de rappeler que toutes les variétés de patate douce ne produisent pas des
fleurs. La toxicité du potassium est rarement un problème. La patate douce résiste plutôt bien aux
sols acides.
Les symptômes d’une infection virale: les plantes présentant
des symptômes tels que: un retard de croissance, des feuilles
recroquevillées, et / ou une coloration différente des feuilles
ou des nervures, sont susceptibles d'être infectées par une
maladie virale. Les virus sont généralement transmis par des
insectes suceurs de feuilles, tels que les pucerons et les
aleurodes (voir thème 7 pour plus de détails). Il est parfois
difficile de faire la différence entre les symptômes d’une
maladie et les symptômes d’une carence en éléments
nutritifs ou d’une toxicité. Le distinguo que l’on peut faire Les deux plus petites plantes sont
infectées par un virus
entre les carences en éléments nutritifs et les troubles
provoqués par une maladie, en particulier les virus, est que les maladies se répandent inégalement
dans le champ. On y trouve un mélange de plantes saines et des plantes malades. La maladie peut
toucher une seule variété et peut survenir soudainement.
En revanche, les carences en éléments nutritifs touchent souvent de vastes zones ou des champs
entiers dès le début de la croissance.

6.8 Production et gestion de la patate douce: aspects liés au genre et à la


diversité
Une discussion approfondie sur les aspects liés au genre et à la
diversité par rapport à la patate douce est présentée dans le
Thème 11. Les questions fondamentales liées au genre et à la
diversité dans la gestion et la production de la patate douce sont:
Plusieurs personnes auront une compréhension différente des
pratiques de gestion de la patate douce, en fonction de leurs expériences dans la culture de cette
dernière, de leurs différents rôles dans la production de celle-ci, de leur accès aux ressources, de
leurs réseaux d'information et de l’accès à la formation, et enfin de l’importance de la patate douce
pour leur subsistance.
Il est important que les artisans du développement comprennent qui s’occupe généralement de quel
aspect dans la gestion et la production de la patate douce, quand est-ce que ces activités sont
effectuées, comment elles sont faites, à quelles contraintes font généralement face ceux qui les font,
et quelles activités sont en concurrence pour ce travail ou pour la terre proprement dite. Le
calendrier de l’annexe 11b sur l'égalité des cultures peut aider à cette compréhension.
Outre la compréhension de qui fait typiquement quoi (il faut savoir que ceci peut varier en fonction
du ménage ou selon que la culture est destinée à la vente ou à la consommation personnelle), il est
également important de comprendre qui possède, contrôle l'accès et prend les décisions concernant
les ressources nécessaires à la production de la patate douce. Cela peut inclure la superficie sur
laquelle la patate douce est cultivée, l'ordre de priorité dans la plantation et les soins aux différentes
cultures, que la patate douce soit une culture intercalaire, la main-d'œuvre disponible pour les

188 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


activités telles que: la préparation du sol, la formation de billons ou de monticules, la plantation, la
récolte, le transport et la transformation, l'accès à l'irrigation pour conserver le matériel de
plantation, l'accès au fumier ou aux fertilisants; et qui peut décider de l'utilisation de tout revenu
généré par les ventes de la patate douce.
Ces facteurs sont tous pertinents pour décider du type d'information à partager, des personnes avec
lesquelles les partager, des personnes cibles et du moment. L'importance de la culture dans les
moyens d'existence des populations locales (elle peut varier selon le type de ménage et entre les
hommes et les femmes), influencera les niveaux d'investissement que les agriculteurs sont prêts à
faire en termes de temps et de ressources.
Dans la plupart des régions de l'Afrique subsaharienne, les hommes sont considérés comme les
propriétaires de terres et prennent toutes les décisions concernant leur répartition même lorsqu’un
produit agricole comme la patate douce est largement cultivé et contrôlé par les femmes. Il est
crucial que les artisans du développement soient sensibles à la domination des hommes sur les
terres et qu’ils veillent à ce que les hommes soient consultés sur les activités du projet, même là où
ils ne sont pas directement impliqués.

6.9 Idées pour l’apprentissage de la production de la patate douce par la


pratique d’activités

Ces activités d’apprentissage par la pratique ont été conçues pour offrir des
opportunités pratiques de découvertes. Le programme complet de 10 jours de
la FdF est décrit dans le Thème 13 du présent manuel. Les activités suivantes
interviennent le jour 6 des 10 jours du cours de la FdF et présentent ci-dessous
des généralités sur le jour 6.
Jour Thèmes Résultats attendus de Activités
l’apprentissage
6 Production de Les participants vont: - Activité 6.9.1: Comparer les variétés et les
la patate douce - Être capables d'aider les pratiques de gestion de la patate douce.
et gestion de la agriculteurs à mettre Mettre sur pied un champ
récolte sur pied un d’expérimentation de la patate douce (voir
champ d’expérimentati les détails à 6.9.1) [3 heures]
on pour comparer les - Activité 6.9.2: La planification avancée.
différentes variétés ou L’établissement du calendrier agricole de
les différentes pratiques leurs patates douces et l'identification des
de gestion de la patate activités de planification avancée et de
douce gestion des cultures y associées et débat
- Comprendre les sur le rôle des genres associés à ces
différentes étapes du activités et sur les changements qui
cycle de la patate douce s’opèrent (voir 6.9.2) [75 minutes]
et les implications liées
- Présentation 6. traiter du cycle de la patate
à la gestion de chaque
douce (y compris des étapes post-récolte),
étape
les participants dessineront ensuite le
cycle de la culture dans leurs carnets ou
bloc-notes, et après une discussion ils y
ajouteront les détails de ce à quoi il faut
faire attention à chaque étape [45
minutes]

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 189


6.9.1 Comparaison des variétés de patate douce et pratiques de gestion
Résultat attendu de l’apprentissage: Les participants vont être capables d'aider les agriculteurs à
mettre sur pied un champ d’expérimentation pour comparer les différentes variétés de patate douce
ou les différentes pratiques de gestion de la patate douce.
Durée: 3 heures
Matériels: Tableaux de conférence, stylos, corde, mètre ruban, des bêches, des étiquettes, des
bâtons, un champ à proximité dans lequel les participants peuvent faire l’expérimentation, thèmes
3, 6 et 7 de ce manuel, pages 20-22 de la brochure intitulée «Qu’est-ce qui abîme ma patate
douce?».
Les dispositions supérieures requises: Identifier un champ vide à proximité, d'une superficie
d'environ 30m *, 30m que les participants peuvent utiliser pour s’exercer à la conception et à la mise
sur pied d’un champ d’expérimentation.
Etapes suggérées:
1. Demander aux participants de former des groupes de 5 personnes. Leur expliquer qu'ils vont
planifier et concevoir une expérience qu’ils pensent utile de faire avec les agriculteurs auprès
desquels ils prestent. Leur rappeler de ne pas faire d'expérience trop complexe, une expérience
doit étudier un seul thème à la fois sinon les résultats deviennent trop difficiles à comprendre.
2. Leur demander de discuter et de s'entendre sur l’objectif de leur expérience et les traitements
qu’ils compareront (trop ou peu ne produiront pas d’informations utiles, 3 à 5 traitements par
expérience fonctionnent bien), veillez à leur rappeler qu'ils doivent également inclure un
contrôle de traitement qui pourrait être la pratique normale des agriculteurs ou la pratique
recommandée. Rappelez-leur de penser à:
 Ce qu’ils doivent découvrir
 Aux traitements qu’ils vont comparer
 Quels agriculteurs impliquer dans la planification, la gestion et l'évaluation de
l'expérimentation (en tenant compte du fait que les agriculteurs n'ont pas eu la chance
de participer à cet exercice précis autant qu’ils devront le faire dans la réalité)
 À la fréquence à laquelle ils pourraient aller voir leur expérimentation et ce qu'ils
observeraient ou évalueraient à chacune de ces visites
 Comment ils pourraient s’assurer que les résultats de leur expérimentation sont fiables?
(par exemple, mentionner la notion de reproduction, et leur dire qu’ils doivent
reproduire leurs traitements au moins trois fois pour mieux s’assurer que toute
différence dans les résultats obtenus dans l’intervalle des traitements, soit due aux
traitements et non à la nature du coin de terre sur lequel ce traitement serait appliqué.)
[Notons que: Dans une communauté, il est également possible de reproduire des essais
dans plusieurs champs. C'est de cette façon que nous faisons des essais de variétés dans
les champs.]
 Aux dimensions de leur terrain
 A la manière d’inviter d'autres agriculteurs et agents de vulgarisation pour partager les
enseignements tirés de l’expérimentation, et à la façon de mieux présenter leur
expérience à ces visiteurs (par exemple, explications agriculteur-agriculteur, des
étiquettes claires, l'évaluation participative des visiteurs?)
Donner à chaque groupe quelques tableaux de conférences vierges pour concevoir leur
expérimentation, en leur rappelant qu'ils devront la présenter au reste des participants [45
minutes]
3. Demander à chaque groupe de présenter les objectifs, les traitements, et la conception de leur
expérience. Ensuite, demander à l'ensemble du groupe de lire dans leur brochure «Qu'est-ce qui

190 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


abîme ma patate douce? » les pages 20-22 sur l’expérimentation’. Permettre au groupe de voir
s'il doit apporter des modifications à son expérience [30 minutes]
4. Se rendre dans le champ à proximité et demander à chaque
groupe de prendre une zone de leur champ et d’y mettre
sur pied leur expérimentation autant que faire se peut, en
ajoutant les étiquettes. Montrer aux participants comment
dessiner un angle droit pour faire un champ rectangulaire
ou carré. [Notons qu’ils ne disposeront pas de boutures de
patate douce et devront donc les imaginer. Ils peuvent
dessiner les différentes parcelles et élaborer des étiquettes
claires (y compris des photos) pour montrer ce qui se
trouve dans chaque parcelle]. Leur expliquer qu'ils ne
disposent que d’une heure pour le faire, et qu’ensuite le groupe tout entier visitera chaque
expérimentation. Le facilitateur se déplacera entre les groupes en s'assurant qu'ils ont
soigneusement pensé au plan de leur champ par exemple les pentes, les dimensions de leurs
différentes parcelles, la randomisation des traitements, et un étiquetage clair. Le facilitateur
peut faire la démonstration de la randomisation simple d’un champ. [60 minutes]
5. Imaginer que vous êtes des visiteurs lors de la visite des expériences par l’ensemble du groupe
environs 3 mois après la plantation. Discutez de:
 chaque aspect du plan qui n’ont pas bien fonctionné et comment les améliorer?
 quand et comment vous évaluerez les essais avec les agriculteurs?
 pourquoi il serait profitable pour les agriculteurs de créer, visiter et évaluer un champ
d’expérimentation réel plutôt que de simplement écouter un exposé sur le sujet?
 pourquoi l’étiquetage les différents traitements est important?
 pourquoi il est important que les femmes tout comme les hommes et les agriculteurs des
différentes couches sociales soient impliqués? [30 minutes]
6. Demander aux participants de relever dans leur bloc-notes les objectifs et le plan de leur propre
expérience, et ceux d’une autre expérience qui pourraient leur être utiles et de mettre en
évidence les points clés dont ils devront se rappeler lors de la mise sur pied d’expériences avec
les agriculteurs [15 minutes].

6.9.2 Planification à l’avance


Les résultats attendus de l’apprentissage: Les participants comprendront les différentes étapes du
cycle de la patate douce et les implications liées à la gestion de chaque étape
Durée: 75 minutes
Matériels: tableaux de conférence, marqueurs indélébiles, crayons, du ruban adhésif
Etapes suggérées:
1. Demander aux participants de former des groupes de 10 personnes (de se réunir de
préférence par zone géographique de travail de sorte que le timing de leurs saisons des
pluies soit identique). Leur demander de désigner parmi eux deux facilitateurs afin d’obtenir
un calendrier aussi chargé que possible des activités de la patate douce. Rappelez-leur:
 de marquer les saisons et les mois de pluies de l'année sur le calendrier,
 de commencer par bien réfléchir à toutes les activités qui se rapportent aux aspects de
la production de la patate douce et post-récolte,
 d’inclure une façon de montrer qui dans le ménage fait habituellement le travail, et s'il
s'agit d'une association de la femme et du mari quel pourcentage de la tâche est
effectué par chacun (le calendrier de la culture de la patate douce à l'annexe 11b peut
être utile),

Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 191


 qu’ils peuvent utiliser des images et des symboles ainsi que des mots dans leur
calendrier,
 qu’ils devront présenter leurs calendriers au reste des participants,
 et de laisser environ 5 rangées activités vides au bas du calendrier [30 minutes]
2. Demander à présent aux participants s'ils devaient conserver soigneusement leurs boutures
saines pendant la saison sèche, à quel période ils auraient choisi leurs boutures et comment
ils les auraient conservés durant la saison sèche. Demandez-leur de réfléchir sur le processus
de multiplication de leurs boutures avant la saison des pluies afin qu'ils en aient
suffisamment pour leur champ entier (ils doivent préciser les dimensions de leur champ) au
début de la saison des pluies. Ils doivent discuter et réfléchir, et ensuite l’ajouter à leur
calendrier (dans les lignes vides en bas de la page):
 à quelle période ils prélèveraient de leur culture précédente leurs boutures propres et
saines
 comment ils conserveraient ces boutures durant la saison sèche, y compris leur
irrigation
 préparation des pépinières de leur multiplication
 prendre des boutures propres et saines dans leur réserve, et les planter
 entretien de leur terrain de multiplication
 récolte de leurs boutures (ceci pourrait inclure la récolte des repousses (plusieurs
récoltes à venir) [20 minutes]
3. A présent, faites se déplacer un par un tous les participants autour du calendrier de chaque
groupe, pendant que le groupe propriétaire fait un bref exposé sur son calendrier.
Encourager les questions et les discussions sur:
 les difficultés que les participants prévoient du fait de la nécessité d'une planification
avancée et de la conservation des boutures
 des aspects du genre liés au rendements du travail et du marché qui interviennent
actuellement dans la production de la patate douce, et ce que les rôles du genre
représentent pour les personnes qu’ils doivent former sur la production de la patate
douce
 les autres activités pour lesquelles il est crucial de planifier à l'avance
 les autres aspects des opérations agricoles et ménagères et la disponibilité de la main-
d'œuvre, en étant réaliste [25 minutes]

192 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


6.10 Références utilisées
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Thème 6 : Gestion et production de la patate douce - 193


Notes sur: La Gestion et la Prod uction de la Patate Douce

194 - Thème 6 : Gestion et production de la patate douce


Thème 7: GESTION DES RAVAGEURS ET DES
MALADIES DE LA PATATE DOUCE
DANS
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir à
propos de la patate douce

Sommaire

Thème 7: Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce........................................................... 196


7.1 D’où viennent les ravageurs et les maladies de la patate douce et comment se propagent-ils ? ............ 196
7.1.1 Cycles de vie des insectes ............................................................................................................... 196
7.1.2 Cycles de vie des maladies des plantes ........................................................................................... 199
7.1.3 Programme de lutte intégrée contre les ravageurs ........................................................................ 200
7.2 Comment reconnaître et combattre les charançons de la patate douce .................................................. 203
7.2.1 Reconnaître et comprendre le cycle de développement et le comportement des charançons
de la patate douce (Cylas spp.) ....................................................................................................... 203
7.2.2 Les méthodes de lutte contre les charançons de la patate douce ................................................. 206
7.2.3 Le charançon rugueux de la patate douce (Blosyrus spp.) ............................................................. 208
7.3 Comment reconnaître et gérer les virus de la patate douce ..................................................................... 209
7.4 Comment reconnaître et enrayer les maladies fongiques ........................................................................ 211
7.5 Comment reconnaître et combattre les rats-taupes ................................................................................. 212
7.6 Comment reconnaître et combattre les érinoses / la pilosité / acariens ériophydes ............................... 213
7.7 Comment reconnaître et combattre les insectes ravageurs dans l’entreposage de la patate douce ....... 214
7.8 Genre et Aspects divers des insectes ravageurs de la patate douce et gestion de maladie ..................... 217
7.9 Quelques idées d’activités d’apprentissage par la pratique sur la gestion des ravageurs et des
maladies de la patate douce ...................................................................................................................... 218
7.9.1 Chasses aux ravageurs et aux maladies de la patate douce et apprentissage de leur gestion ....... 219
7.9.2 Les dégâts dissimulés: l'importance de la compréhension des cycles de vie des insectes ............. 220
7.9.3 Former d’autres personnes sur les insectes ravageurs et les maladies de la patate douce ........... 222
7.10 Références utilisées ................................................................................................................................... 223

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 195


Thème 7: Gestion des ravageurs et des maladies de la Patate Douce
7.1 D’où viennent les ravageurs et les maladies de la patate douce et
comment se propagent-ils ?
Pour faire face aux ravageurs et aux maladies, il est important de savoir d'où ils proviennent,
comment ils se propagent, à quel moment précis ils arrivent et bien évidemment comment les
reconnaître et les gérer.
Il est important de comprendre les cycles de développement, les comportements et les modes de
déplacement habituels des ravageurs et des maladies afin d’être capable de: les reconnaître au
cours des différentes étapes de leur cycle de développement, d’être attentif à l’accroissement de
leurs populations à des niveaux critiques, afin de briser leur cycle de développement et leurs modes
de transmission.

7.1.1 Cycles de vie des insectes


Au cours de leur vie, les insectes passent à travers un certain nombre de stades. Souvent, nous n’en
connaissons qu’une seule et ne pouvons pas reconnaitre les autres. Le stade adulte est responsable
de la reproduction et peut ou pas s’alimenter. Après l'accouplement, la femelle adulte dépose ses
œufs dans des endroits choisis (par exemple : sous les feuilles, sur la surface du sol, etc.). Les œufs
éclosent et les insectes immatures se nourrissent, grandissent et deviennent éventuellement des
adultes. Cependant, chez de nombreux insectes, la forme de l’insecte immature est complètement
différente de celle de l'insecte adulte, et il peut être difficile d’imaginer qu'elles sont liées. Le
processus de transformation pendant lequel l'insecte change de forme au cours de son cycle de vie
est appelée la métamorphose. Certaines espèces d'insectes passent par une métamorphose totale
au cours de laquelle se forment des larves et des chrysalides qui ne ressemblent aucunement à
l'insecte adulte. D'autres espèces d'insectes ont une métamorphose incomplète au cours de laquelle
un jeune insecte appelé nymphe sort de l'œuf, puis grandit graduellement jusqu'à atteinte la taille
de l’adulte. Ces deux types de métamorphose sont décrits ci-dessous.

adult
adulte Métamorphose totale (adulte  œuf  larve chrysalide  adulte):
Certains insectes adultes passent par une métamorphose totale au cours de
laquelle une larve (par exemple, une chenille ou un asticot) sort de l'œuf. Elle
pupa
chrysalide egg se nourrit généralement de la matière végétale qui l'entoure pendant une
œuf
certaine période et perd son enveloppe à mesure qu’elle grandit; puis
larva
larve s’immobilise et se transforme en chrysalide. Bien que la chrysalide reste
immobile, à l'intérieur, d’énormes changements ont eu lieu au fur et mesure que ses tissus se
réorganisent de sorte que, quand il apparaîtra comme un adulte, qu’il soit complètement différent.
(C’est le cas chez les coléoptères, les pyrales ou les papillons). Par exemple pour les charançons de la
patate douce, le changement total d'apparence et de comportement complique la relation que
peuvent établir les producteurs entre les quelques petits coléoptères noirs qu'ils voient ramper sur
les plantes de patate douce et la multitude des trous d'alimentation et des nombreuses petites
larves blanches et molles, qu'ils trouvent une semaine plus tard dans les racines tubéreuses.

196 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


Figure 7.1 - Cycles de développement du charançon et du sphinx de la patate douce, illustrant leur
métamorphose totale de l'œuf à la larve, de la chrysalide à l'adulte.

adulte
adulte

Le charançon de
Le sphinx de la
la patate douce œuf patate douce œuf

chrysalide chrysalide
larve
larve

Amener les producteurs à faire le lien entre l'adulte et l'œuf, la larve et la chrysalide d'un insecte est
la première étape pour les aider à reconnaître la présence des ravageurs et leurs dégâts avant qu'ils
n'atteignent des seuils plus graves. Il est préférable de chercher à empêcher les adultes d’atteindre
ou de pondre sur les plantes que d’essayer à gérer une infestation à grande échelle, surtout des
larves qui se trouvent dans les racines tubéreuses! Le charançon de la patate douce Cylas spp., le
charançon résistant Blosyrus sp., le sésie, le papillon de la patate douce, le sphinx de la patate douce
et les mites légionnaires sont des exemples d’insectes ravageurs de la patate douce qui passent par
une métamorphose complète où les formes adultes et immatures sont totalement différentes les
unes des autres.

Métamorphose incomplète (adulte  œuf  nymphe  adulte): Certains


adulte
adult
insectes se développent à travers un processus de métamorphose incomplète par
lequel une nymphe (par opposition à une larve) sort de leurs œufs. La nymphe
egg œuf est semblable à l'insecte adulte, mais plus petite, sans ailes, ni organes
œuf
nymph sexuels et se nourrit de la même façon que ce dernier. Les nymphes se
nymph
nourrissent et se développent nymphe à travers une série de mues, avant de
e
devenir adultes. Les pucerons, les aleurodes, les sauterelles et les insectes suceurs tels que les
mirides sont des exemples d’insectes ravageurs de la patate douce qui passent par une
métamorphose incomplète. Les pucerons et les aleurodes peuvent propager les maladies virales de
la patate douce. Les sauterelles peuvent consommer les feuilles des plantes de la patate douce, mais
sont généralement considérées comme des ravageurs mineurs de la patate douce. Les insectes
suceurs tels que les mirides, se nourrissent généralement des jeunes pousses et des feuilles
occasionnant ainsi des lésions noires et des feuilles recroquevillées. De sérieux dommages peuvent
arrêter la croissance des plantes si toutes les boutures sont détruites.

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 197


Figure 7.2 - Cycles de développement du puceron, de la sauterelle, et de la capside illustrant leur
métamorphose incomplète (de l’œuf à la nymphe et de la nymphe à l'adulte)
nymphe adulte 2 à 3
semaines

éclosion des
oeufs 6 à 9
adulte
œuf 5ème ponte jours
adulte
Cycle de vie Cycle de vie de
la capside 1er
du puceron Cycle de vie de
la sauterelle
5 étapes larvaires
4ème
16 à 18 jours
2ème
adulte
œuf
nymphe/larve
3ème

Les périodes de développement des insectes et d’accroissement de la population des ravageurs: Le


temps que prend un insecte pour se développer de l’œuf à l’adulte est influencé par
l’environnement. Les températures chaudes favorisent le développement rapide des insectes,
jusqu'à ce qu’elles deviennent si chaudes pour être capable d’entraver leurs développements et
leurs survies. Le type d’aliment dont l'insecte immature se nourrit affecte également son niveau de
développement. Certains insectes peuvent se nourrir de différentes plantes et parties des plantes au
cours de leur cycle de vie, et nous disons de ces plantes qu’elles sont des hôtes alternatifs. Par
exemple: le charançon de la patate douce peut également se nourrir d'épinards d'eau, Ipomoea
aquatic, et peut s’abriter sur cette plante entre les cultures de patate douce, et ensuite infester les
cultures nouvellement plantées.
La croissance rapide des populations d'insectes: En raison de leurs courtes périodes de
développement, à travers lesquelles les insectes passent de l’état d’œuf à l’état adulte, la population
peuvent s’accroitre sur une courte période
Figure 7.3 - Croissance rapide de la population de
lorsqu’ils pondent beaucoup d’œufs. charançons de la patate douce
Par exemple si un charançon de la patate
douce pond 100 œufs qui éclosent tous et
Nombre de
deviennent adultes en un mois, cela charançons
signifie qu’il y aura 50 charançons femelles mâles

de la patate douce qui pourront


s'accoupler et pondre chacune 100 œufs, Nombre de
et un mois plus tard, il y aura 2500 charançons
femelles
charançons femelles de la patate douce qui
se nourriront de votre culture et y
pondront leurs œufs, plus 2500 Au départ Après 1 Après 2 Après 3
(1F+1M) la mois (50F mois mois (125
charançons mâles. Si toutes ces femelles femelle + 50M) (2500F + 000F +
pondent 100 œufs chacune, dans le mois pond 100 2500M) 125000M)
œufs
suivant, il y aura 125000 femelles prêtes à
s'accoupler et à pondre leurs œufs sur votre culture de patate douce.
Si des explosions aussi spectaculaires de ravageurs se produisent de temps en temps, plusieurs sont
évitées par la destruction des insectes ravageurs par des agents pathogènes/des maladies, des
prédateurs ou des parasites ou tout simplement l’absence d’aliments.
Les agents pathogènes: sont des micro-organismes tels que : les bactéries, les champignons ou les
virus, qui causent des maladies. Ils pénètrent dans le corps de l'insecte, y vivent et se multiplient,

198 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


l’affaiblissent et finalement tuent l’insecte. Les insectes attaqués par les agents pathogènes sont
généralement gonflés, d’une couleur différente, se déplacent plus lentement que d'habitude et
cessent de s’alimenter. Ces agents pathogènes sont parfois élevés pour être utilisés dans les
programmes de lutte biologique contre les insectes. La bactérie Bacillus thuringiensis, plus connue
sous le nom "Bt" est un exemple d'agent pathogène produit comme un pesticide biologique.
Les prédateurs: sont des animaux ou des insectes qui chassent, tuent et se nourrissent d’autres
êtres. Les araignées, les fourmis, les scarabées, les perce-oreilles, les coccinelles, les chrysopes et les
coléoptères, sont les insectes que l’on retrouve généralement dans les champs de patate douce et
qui sont utiles aux agriculteurs, car ils tuent et mangent les insectes ravageurs de la patate douce.
Par conséquent, nous ne voulons pas les tuer avec des insecticides!
Les parasites: sont des organismes qui entrent dans le corps de leurs victimes et s'en nourrissent
avant de les tuer filament. Les parasites qui attaquent les insectes sont généralement des espèces de
guêpes ou de mouches minuscules. Ils pondent leurs œufs sur leur victime et, lorsque les œufs
éclosent, les larves se cachent et se nourrissent de leur hôte.
La propagation des insectes: Nous avons tous vu des insectes rampants et volants et il est évident
que les problèmes de ravageurs peuvent se répandre quand un insecte vole ou rampe sur une
nouvelle plante. Cependant, ce qui est souvent moins bien compris, c'est que les insectes ravageurs
peuvent également être transportés sur de longues distances par le vent ou par le mouvement
accidentel du sol infesté, de matières végétales (y compris des aliments de l’homme), les outils et les
chaussures, et par un transport discret sur le bétail ou à l’intérieur des véhicules. C'est la raison pour
laquelle les agents phytosanitaires examinent des échantillons d'aliments et autres matières
végétales qui sont transportés à l'intérieur d’un pays et entre plusieurs pays afin d’essayer de
réduire les risques d’une propagation des problèmes liés aux ravageurs dans des zones nouvelles.

7.1.2 Cycles de vie des maladies des plantes


Les maladies des plantes ont des cycles de vie variées et souvent complexes. Seulement, tout
comme les insectes ravageurs dont les cycles de vie et la croissance commencent avec un œuf qui
devient adulte, le cycle de vie et la propagation des maladies des plantes commencent par une
infection précédente de la même maladie. D'où la nécessité de ne pas utiliser des semences ou des
boutures infectées ou de transporter des plantes infectées par des maladies.
Les maladies fongiques et bactériennes ont généralement des phases exceptionnelles de repos
pendant lesquelles l'organisme responsable de la maladie peut survivre durant de longues périodes,
souvent dans les feuilles mortes, et peut être emporté par le vent sur de jeunes cultures jusque-là
intactes. Lorsque ces organismes en phases de repos arrivent sur une nouvelle plante hôte, ils
peuvent germer et pénétrer dans la nouvelle plante hôte. Vous pouvez souvent voir les phases de
repos des maladies fongiques sur leurs spores comme un joli point aux extrémités de fin poils
décollant de la surface de la feuille malade comme un tapis. Parfois, tout comme le charbon de blé,
ces fructifications peuvent être massives et les spores peuvent faire une fine poussière. Les moyens
les plus fréquents par lesquels les plantes contractent les maladies fongiques et bactériennes sont:
 Par des spores des cultures malades plus âgées emportés par le vent;
 Par des spores aspergées d’eau de fortes pluies provenant de la litière;
 Par du matériel de plantation contaminé, surtout si la culture se multiplie par végétation
tout comme la patate douce.
Les maladies virales sont étranges en ceci qu'elles n'ont pas une forme qui leur permet de pénétrer
dans la peau d'un nouvel hôte de manière à l’infecter. Au lieu de cela, elles s'appuient sur un autre
organisme, généralement un insecte suceur de plantes qui se nourrit de produit agricole comme
l’aleurode, la cicadelle ou le puceron, pour transmettre le virus d’une plante à l’autre. L'organisme
qui joue ce rôle est appelé un vecteur. Tout comme l’anophèle femelle se nourrit du sang d’un
paludéen pour inoculer la maladie à une autre personne en bonne santé, le puceron ou l'aleurode

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 199


doit d’abord se nourrir d’une plante malade pour transmettre la maladie à une plante en bonne
santé. De cette façon, l’insecte agit de la même manière que les moustiques agissent en inoculant le
paludisme aux hommes. De ce fait, si nous pouvons empêcher ces insectes de se nourrir des cultures
malades et de se déplacer d'une culture malade plus âgée à une nouvelle culture, cela peut
empêcher que les plantes de la nouvelle culture ne deviennent malades. Outre, tout comme il n’y a
que l'anophèle femelle pour inoculer le paludisme, il n'y a qu’un seul type d'insecte pour
transmettre un virus spécifique. Ainsi, seuls les aleurodes peuvent transmettre la mosaïque du
manioc ou le virus du rabougrissement chlorotique de la patate douce et seuls les pucerons peuvent
transmettre le virus spumeux de la tache de la patate douce. Une fois que la plante est infectée par
le virus, ce dernier se multiplie et se propage à travers la plante de sorte que toutes ses parties
soient infectées par des millions de particules virales (qui sont si minuscules que vous avez besoin
d'un microscope électronique pour les voir). De cette façon, la plante toute entière devient malade.
Un puceron ou un aleurode peut contracter le virus à partir de n'importe quelle partie de la plante et
les boutures prélevées d’une partie apparemment saine d'une plante récemment infectée seront
probablement infectées.

Figure 7.4 - Cycle de vie des virus de la patate douce

Les aleurodes et les


Les aleurodes et les
pucerons contractent
pucerons transmettent le
les particules virales
virus d’une plante de
en se nourrissant
patate douce malade à
d’une plante de patate
une plante de patate
douce infectée
douce en bonne santé

Le cycle de vie
d’un virus
plante de patate plante de patate
douce infectée douce en bonne
par un virus santé

Ensuite, le virus se multiplie et se


propage à travers la plante causant des
symptômes de maladie

7.1.3 Programme de lutte intégrée contre les ravageurs


Le Programme de lutte intégrée contre les ravageurs (IPM) intègre une compréhension de l'écologie
de l'organisme ravageur et d’une variété de stratégies pouvant empêcher, éviter ou réduire les
pertes en rendement causées par les ravageurs. Il combine la surveillance, l'assainissement des
cultures ainsi que des méthodes de contrôle culturelle, mécanique et biologique pour arrêter le
développement de la population de ravageurs et limiter le recours aux pesticides afin de réduire les
risques pour la santé de l’homme et l'environnement. L’IPM met l'accent sur la croissance d'une
culture en bonne santé, avec le moins de perturbation possible pour les agrosystèmes et encourage
les mécanismes naturels de lutte contre les ravageurs.
Les pratiques de l’IPM sont probablement différentes selon la spécificité de l’exploitation et des
plantes cultivées, du climat, du sol et du paysage environnant. Cependant, en général, la biodiversité
sera renforcée (inclusion temporelle et spatiale des différentes espèces de plantes et d'organismes
utiles), de sorte que le champ soit moins exposé à l’invasion des insectes nuisibles, et une multitude

200 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


d'approches de gestion des ravageurs sera combinée. Les pesticides ne seront utilisés que lorsque la
densité de ravageurs aura atteint un niveau précis, les types de pesticides utilisés seront ceux qui
sont moins nocifs pour la santé de l'homme et de l’environnement, et ils seront utilisés de manière à
réduire les risques pour l'applicateur, les autres êtres humains et les animaux, y compris les
auxiliaires et à diminuer la pollution des cours d'eau locaux.
La surveillance comprend le dépistage régulier des signes de parasites ou de maladie sur les cultures,
et associe ces résultats à la compréhension de la façon dont les différents ravageurs, maladies et
auxiliaires se développent et se comportent dans des conditions environnementales diverses, et
examine l'efficacité des mesures de contrôle.
L’assainissement des cultures vise à éviter ou éradiquer les vecteurs de maladies et les ravageurs.
Les boutures doivent être en bonne santé, sans parasites ni maladies. Les matières végétales
anciennes, les mauvaises herbes ou les plantes spontanées qui pourraient être une source
d'infestation pour les nouvelles cultures, doivent être enlevées et brûlées, enterrées ou utilisées
comme fourrage. Il faut prendre soin de ne pas endommager les plantes en bonne santé, car cela
pourrait faciliter l'entrée de parasites ou de maladies. Il faut veiller à travailler en partant des parties
saines de la culture vers la partie la plus infectée, pour réduire la propagation des parasites et des
maladies aux zones saines de la culture, et les agents de terrain doivent être informés de la
possibilité de la propagation d'organismes nuisibles sur les chaussures, les outils, les vêtements, le
bétail et par les eaux d'irrigation. La rotation des cultures peut aider à prévenir l'accumulation des
parasites et des maladies spécifiques des cultures dans un espace du champ.
Le contrôle des cultures inclut l’utilisation de boutures exempts de parasites et de maladies; la
culture des plantes de manière à accroître leur résistance aux agents destructeurs, en faisant en
sorte qu'elles ne souffrent d’aucune carence du sol en éléments nutritifs, ou de stress hydrique, et
qu’elles poussent dans un climat adéquat. Si quelques-uns des facteurs de croissance ne sont pas
totalement optimaux, la culture deviendra stressée, et lorsque les plantes sont stressées, elles sont
moins résistantes aux insectes nuisibles et aux maladies. Une plante en bonne santé résiste mieux
aux attaques des insectes ou des maladies. Aussi, lorsque vous savez qu'il y a de fortes chances que
survienne l’attaque d’un ravageur ou d’une maladie particulière, il est possible de cultiver des
variétés résistantes. La période de plantation des cultures peut être ajustée de sorte qu'elle ne
coïncide pas avec les principales périodes d’infestation des ravageurs ou des maladies. Les fortes
densités de plantes doivent être évitées, car elles peuvent engendrer des plantes faibles qui seront
plus sensibles aux parasites et aux maladies. La diversité des espèces végétales cultivées dans la
région environnante peut être augmentée; la culture intercalaire peut également aider à atteindre
cet objectif. Pratiquer la rotation des cultures peut aider à réduire l'accumulation des ravageurs et
des maladies spécifiques des cultures.
La lutte mécanique implique l'emploi de méthodes physiques. Les insectes volants peuvent être
tenus à l'écart des boutures et des pépinières avec l'aide de tunnels en filet (voir l'annexe 5.2).
Recouvrir le sol de polyéthylène peut empêcher que les larves attaquent les racines tubéreuses et
les racines absorbantes. Des plaques de glu, des pièges à la phéromone et des désinsectiseurs
Insecte-o-cutors peuvent être utilisés pour piéger les insectes volant. Les graines, les bulbes, les
racines tubéreuses ou les boutures de certaines plantes peuvent être immergées dans de l'eau
chaude ou traitées avec de l'air chaud pour tuer certains parasites. L’on peut désinfecter le sol en le
recouvrant d’un polyéthylène transparent pendant plusieurs semaines permettant ainsi aux
températures élevées du sol de tuer les organismes nuisibles. Inonder une surface pendant une
période de temps suffisante peut détruire certains organismes nuisibles. Enlever et détruire les
boutures infestées peut réduire la propagation des ravageurs et des maladies.

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 201


Les méthodes de lutte biologique
utilisent les ennemis / les auxiliaires
naturels pour enrayer les parasites et
les maladies. Parmi les ennemis
naturels nous avons: les prédateurs;
les parasites et les micro-organismes.
Les prédateurs sont des animaux qui
chassent, tuent et mangent d'autres
animaux, ils possèdent généralement
de solides rostres, une vue nette et
des pattes solides. Les parasites se
nourrissent aussi d'autres organismes, mais le font en pénétrant dans le corps de leurs victimes. Ils
se procurent leur nourriture à partir des fluides et des tissus de leurs victimes, ce qui affaiblit ou tue
la victime (l'hôte). Les parasites qui s’en prennent aux insectes sont généralement des espèces de
guêpes ou de mouches. En général l’adulte cherche un hôte, puis, pond ses œufs à l’intérieur ou au-
dessus du corps de l'hôte (certains parasites pondent leurs œufs sur les œufs de l'hôte, d'autres le
font sur le stade larvaire de l'hôte, d'autres encore sur le stade de pupe de l'hôte et d'autres à
l’intérieur du stade de nymphe ou du stade adulte de leur hôte). Les œufs de ces parasites se
développent et deviennent des larves qui se nourrissent à l'intérieur de l'hôte, l’affaiblissant
lentement et l'empêchant de se développer, alors qu’eux (les parasites) se nourrissent, se
développent et deviennent des pupes soit à l'intérieur de l’hôte ou soit à proximité de ce dernier.
Les parasites adultes émergent alors et se nourrissent habituellement de nectar ou de pollen. Les
agents pathogènes sont des micro-organismes (tels que : les bactéries, les champignons et les virus)
qui causent les maladies. Ils pénètrent dans le corps de leur hôte, y vivent, se multiplient et finissent
par le tuer. Les insectes victimes des agents pathogènes sont généralement gonflés, changent de
couleur, se déplacent lentement, cessent souvent de s’alimenter et peuvent être recouverts d'une
substance poudreuse. La bactérie appelée Bacillus thuringiensis (Bt ou en plus court) est un agent
pathogène des insectes bien connu et qui est présentement produit et commercialisé pour être
utilisé comme pesticide biologique. Lors de l'utilisation d'ennemis naturels, il est important qu'ils
soient introduits le plus tôt possible. Des conditions optimales peuvent être créées dans la culture
pour les attirer par exemple : des plantes attractives, ou une humidité accrue. Il est utile de
comprendre la biologie des ennemis naturels, et si possible de veiller à ne pas éliminer les
populations utiles pendant la récolte. Pour maintenir leur cycle de vie, les ennemis naturels doivent
avoir une source d'alimentation. Ceci signifie que nous devons accepter l'existence d'un petit
nombre d’insectes ravageurs dans les champs agricoles. Autrement, les ennemis naturels, en
particulier ceux qui ne mangent qu’un seul type d'aliment, ne pourront pas survivre. S’ils sont privés
de nourriture, leur disparition peut conduire à une augmentation rapide du nombre de d’insectes
ravageurs.
Dans le cadre de l’approche par IPM, la lutte chimique signifie que des pesticides sélectifs moins
dangereux pour les auxiliaires, sont utilisés, et que des techniques d'application sélectives sont
utilisées par exemple la restriction de l’application aux jeunes plantes ou l’utilisation de graines
traitées avec un revêtement de graines. Des produits chimiques de courte durée peuvent être
utilisés. Ils doivent être appliqués de manière à réduire les risques pour l'applicateur, les populations
humaines et animales voisines et l'environnement - ce qui implique le port un équipement de
protection, de s’assurer que les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants, ou ceux qui préparent
la nourriture ne pulvérisent pas de pesticides. Il ne faut pas pulvériser lorsqu’il y a du vent car le
pesticide peut être emporté dans les zones voisines. Le matériel de pulvérisation doit être
soigneusement lavé et ne doit pas être rincé dans un cours d’eau ou à proximité d’un cours d'eau.
Les produits chimiques doivent être bien étiquetés et conservés à l'écart des denrées alimentaires.
Le récipient du pesticide doit être perforé après utilisation afin d’éviter tout usage abusif. Il convient
de rappeler que les pesticides sont des poisons, pas des médicaments. L'application de pesticides

202 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


doit être effectuée sur la base des observations de contrôle des insectes ravageurs ou des maladies
par opposition à un programme régulier de pulvérisation. La pulvérisation de pesticides ne doit
s’effectuer que lorsque le seuil économique est atteint (par exemple, lorsque le coût de la
pulvérisation est inférieur au coût escompté des dommages faits aux cultures si aucune mesure n'est
prise).
La plupart des agriculteurs pourraient combiner une variété de pratiques de lutte antiparasitaire. Ils
devront expérimenter ces différentes pratiques pour trouver celle qui correspond le mieux à leur
situation.

7.2 Comment reconnaître et combattre les charançons de la patate douce


7.2.1 Reconnaître et comprendre le cycle de développement et le comportement des
charançons de la patate douce (Cylas spp.)
Le charançon de la patate douce (Cylas spp) est le principal insecte ravageur de la patate douce; on
le trouve dans toutes les régions du monde où l’on cultive la patate douce.
À son stade adulte, il est un petit coléoptère allongé de couleur noire ou bleue métallisée (5 à 6 mm
de long), qui ressemble un peu à une grosse fourmi. Les adultes mâles et femelles peuvent se
distinguer par la forme de leurs antennes, celles des mâles sont droites tandis que celles des
femelles ont un bout en forme de massue.

L'antenne du charançon mâle est droite

L'antenne du charançon femelle est en


forme de massue

Après l'accouplement, le charançon femelle de la patate douce pond ses œufs séparément dans des
trous qu'elle a creusé soit dans les tiges ou dans les racines
tubéreuses exposées et facilement accessibles. Alors que le
charançon femelle a une durée de vie de 4 mois, il pond
généralement tous ses œufs (50 à 250) pendant les deux
premiers mois. S’il arrive sur une plante avant que celle-ci n’ait
produit des, elle va pondre ses œufs dans les tiges. Si les racines
tubéreuses sont déjà formées, le charançon femelle va chercher
ceux qui sont exposées. Œufs de charançon de la patate douce

Les charançons ne peuvent pas creuser, alors ils accèdent aux racines tubéreuses de la patate douce
à travers les fissures dans le sol lorsque celui-ci est sec ou alors en suivant la tige jusque dans le sol
et en se déplaçant le long du système des racines jusqu'à ce qu'ils tombent sur un tubercule. Les
femelles des charançons creusent des trous sur les tiges et les racines tubéreuses pour se nourrir et
pondre leurs œufs. Les trous contenant des œufs se distinguent par leur couleur sombre, les œufs
sont recouverts d'un tampon d'excréments de charançon. Bien que la période de développement
soit affectée par la température à ce moment-là, l'œuf éclot généralement après 3 à 7 jours.
La larve qui émerge n’a pas de pattes, elle est arrondie et blanchâtre avec une tête de couleur
marron foncé. Elle commencera à se nourrir et en le faisant, elle élargira le trou dans la tige ou la
racine tubéreuse dans laquelle l’œuf a été placé. C'est l’élargissement des trous sur les racines
tubéreuses qui constituent les dégâts les plus importants sur la culture de la patate douce. Les trous
d’alimentation et de ponte réduisent la valeur marchande des racines tubéreuses et peuvent être

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 203


une source d’infestation si les racines tubéreuses infestées sont placés
a coté des racines tubéreuses non infestées. Mêmes de faibles niveaux
d'infestation peuvent réduire la qualité et le rendement
commercialisable des racines tubéreuses , puisqu’ils secrètent une
toxine au goût amer le terpénoïde, en réponse à l'alimentation des
charançons de la patate douce. Ce dommage peut continuer même
après la récolte des racines tubéreuses. Les larves vivent pendant 11 à 33 Larves de charançon de la
jours avant de se transformer en chrysalide. patate douce

La transformation en chrysalide se produit dans les galeries larvaires,


et dure 3 à 28 jours après lesquels le coléoptère adulte émerge.
L’adulte a d’abord une couleur marron clair, mais, au bout d'une
semaine, sa peau durcit et devient marron foncé. L'adulte quitte Pupe de charançon de la
ensuite la zone des racines et commence à chercher un mâle ou une patate douce
femelle. Le charançon femelle produit une phéromone (un signal
chimique) pour attirer les mâles. Les charançons mâles se déplacent
généralement sur le feuillage pendant la nuit, à la recherche des
femelles, qui se cachent pendant la journée sous les feuilles ou dans
les fissures du sol. Ils s'accouplent dans la nuit et ensuite, la femelle se
nourrit et pond des œufs pendant la journée. Le cycle de vie complet
de l'œuf à l'adulte dure généralement 32 jours. Si de nombreux Charançon adulte de la
charançons sont découverts sur le feuillage, c'est l’indication que les patate douce
racines tubéreuses sont densément infestées.

204 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


Figure 7.5 - Cycle de vie du charançon de la patate douce, Cylas spp.

Source: Stathers et al., 2005

Racine tubéreuse de patate douce endommagée Tiges de patate douce endommagée par
par les charançons les charançons

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 205


7.2.2 Les méthodes de lutte contre les charançons de la patate douce
Les agriculteurs peuvent intégrer autant que possible les pratiques de lutte antiparasitaire suivantes
pour réduire les pertes en cultures provoquées par les charançons de la patate douce.
Le buttage: En situation de sécheresse où le sol se fissure, les dégâts du charançon de la patate
douce peuvent devenir un sérieux problème car, les insectes peuvent plus facilement atteindre les
racines tubéreuses. Le sol s’écarte de la tige de la plante, permettant un accès facile aux racines
tubéreuses et le sol des billons et des monticules se fissure souvent exposant ainsi les racines
tubéreuses. Pour cette raison, contrairement au manioc, les racines tubéreuses de patate douce ne
peuvent pas être stockées dans le sol d’un champ pendant une longue période sans investir dans le
buttage. Pour protéger leurs cultures, les producteurs peuvent butter le sol autour de la base des
plantes et sur les côtés des billons pour prévenir ou combler les fissures du sol. Le buttage se fait
habituellement lors de récoltes progressives: quand les femmes se déplacent d'une plante à l’autre à
la recherche des grosses racines tubéreuses qu'elles pourraient rapporter chez elles pour la cuisine
ou pour la vente, elles retournent également le sol des billons ou des buttes pour combler les
fissures. Cette pratique peut aider à accroître le rendement des racines tubéreuses ainsi qu’à réduire
les dégâts des charançons.
L'assainissement du champ: enlever et détruire soigneusement (en les brûlant ou en les donnant
comme nourriture au bétail) toutes les vieilles tiges ou les résidus de racines laissés dans les champs,
peut aider à briser le cycle de vie des charançons de la patate douce et des autres insectes
ravageurs, en les empêchant de survivre et de se déplacer dans un champ nouvellement cultivé. Cela
est plus difficile à faire dans les régions où l’on fait deux ou plusieurs cultures de patate douce par
an, et les charançons peuvent facilement survivre et trouver une culture de la patate douce fraîche à
infester. Ceci souligne l'importance de ne pas planter la patate douce continuellement au même
endroit (rotation des cultures), et s’assurer que la nouvelle culture est plantée aussi loin que possible
de la culture précédente (séparation parcellaire). Si vous laissez généralement les tiges dans le
champ pour améliorer la fertilité du sol, alors vous devez les laisser en plein soleil jusqu'à ce qu'elles
meurent et ne puissent plus germer, avant de les incorporer dans le sol. Pendant la récolte
progressive, toute racine tubéreuse infestée que l’on trouve doit être enlevée et détruite ou utilisée
comme nourriture ou fourrage.
Toutes les repousses (les plantes de patate douce qui se sont développées à partir des tiges ou des
racines accidentellement oubliées dans le champ), et les plantes hôtes alternatives doivent être
enlevées pour tenter de diminuer la population de charançon et réduire les risques que les
charançons ne passent d'une saison à l'autre.
L’utilisation de boutures propres: Il est important d'utiliser des boutures propres (non infestées). Les
charançons ont tendance à pondre leurs œufs dans les parties les plus anciennes et ligneuses de la
tige. Les trous d’alimentation et de ponte des charançons ne sont également pas facile à voir sur les
tiges, il est donc judicieux de prélever les boutures apicales des tiges et d’éviter de façon rigoureuse
d’utiliser la partie basale de la tige de 10 cm. Aussi il est nécessaire de traité les boutures en les
mettant dans une solution de cendre ou d’insecticide pendant au moins 30mn. Les boutures doivent
uniquement être prélevées des plantes apparemment en bonne santé. Car, les maladies virales
peuvent être transmises à de nouvelles zones si des boutures infectées par un virus sont utilisés.
Récolter en temps opportun pour éviter la fissuration du sol pendant la saison sèche: En plantant la
patate douce au début de la saison des pluies, vous augmentez les chances de la récolter avant que
la saison sèche ne s’installe. Les sols seront moins fissurés et les racines tubéreuses ne seront pas
exposées aux charançons. Au Vietnam, récolter deux semaines plus tôt réduit les pertes dues aux
charançons de> 30% à <5%.
La rotation des cultures: Il est important d’alterner la patate douce avec d'autres cultures, de sorte
que la patate douce ne sera pas continuellement plantée dans une partie de votre champ, ce qui

206 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


augmenterait les risques que les charançons traversent d'une saison à l'autre par le biais de boutes,
de racines tubéreuses ou de tiges infestées et laissées dans le champ.

Saison/Année 1 Saison/Année 2 Saison/Année 3

Patate douce Patate douce

Patate douce

La séparation parcellaire: Comme les charançons de la patate douce ne volent pas très souvent et
seulement sur de courtes distances 500m-1000m afin de trouver des plantes de patate douce,
cultiver votre nouveau champ de patate douce à une certaine distance des champs de patate douce
existants et récemment récoltés, peut aider à réduire les chances que de nombreux charançons se
retrouvent dans votre champ nouvellement cultivé
Les ennemis naturels: Permettre à des prédateurs naturels tels que : les fourmis, les perce-oreilles,
les scarabées et les araignées de se déplacer à travers les champs de patate douce, peut aider à
garder les populations de charançons sous contrôle. Les nids de fourmi peuvent être déplacés dans
le champ de patate douce pour augmenter la prédation. Dans certains endroits, une solution a été
trouvée avec le champignon pathogène, Beauveria bassiana, qui est utilisée pour traiter les boutures
et le sol afin de réduire les populations de charançons. S’abstenir de pulvériser son champ avec des
pesticides chimiques peut contribuer à maintenir la population d’ennemis naturels.

Tolérer les ennemis naturels pour aider à réduire les problèmes d’insectes ravageurs
Barrière des cultures: l’utilisation d'une barrière des cultures comme le manioc, le maïs, les bananes
ou le sorgho en bandes d'au moins 3 à 5m de large entre les champs de patate douce existants et
votre champ de patate douce nouvellement cultivé, peut réduire le nombre de charançons migrant
dans votre culture nouvellement plantée. Toutefois, pour qu’il en soit ainsi, la barrière de cultures
doit être plantée assez tôt afin qu'elle soit suffisamment grande pour agir comme barrière aérienne,
une culture qui pourrait empêcher les charançons de détecter les produits volatils attractifs des
plantes de patate douce.

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 207


Le paillage: Recouvrir le sol avec de la paille peu de temps après la plantation permet de préserver
l'humidité du sol et de réduire son risque de fissuration et d’infestation par les charançons.
L’inondation: Inonder le champ de patate douce pendant au moins 48 heures après la fin de la
récolte noiera tous les charançons dans le sol.
La lutte chimique: il est difficile de lutter contre les charançons de la patate douce quand on utilise
des pesticides chimiques parce que les stades de l'œuf, de la larve et de la chrysalide dans leur cycle
de développement sont protégés à l’intérieur des tiges et des racines tubéreuses , ce qui fait que les
insecticides ne les atteignent pas facilement. Dans certains pays, la bouture est plongée dans un
insecticide avant la plantation, ce qui peut retarder les infestations de ravageurs pendant plusieurs
mois.
Les variétés résistant aux charançons: Les producteurs n'ont pas encore produit de variétés de
patate douce résistant aux charançons. Toutefois, les variétés dont l’enracinement est profond
semblent être moins attaquées par les charançons que les variétés à l’enracinement peu profond.
Ceci parce que les charançons ne peuvent pas atteindre les racines tubéreuses si facilement. Les
variétés ayant une maturation précoce peuvent également échapper aux dégâts des charançons
parce qu'elles sont récoltées avant que le sol ne commence à sécher, car les fissures fournissent un
accès plus facile aux racines tubéreuses .
Les pièges à la phéromone: La phéromone sexuelle du charançon de la patate douce est
commercialisée dans certains pays et les appâts qui y sont contenus peuvent être accrochés dans les
champs au-dessus d'un récipient d'eau savonneuse. Quand les adultes mâles arrivent, attirés par la
phéromone, ils tombent dans l'eau savonneuse et meurent. Cependant, lors des essais pratiqués en
Ouganda, l'utilisation de pièges à la phéromone n'a pas conduit à la réduction des dommages sur les
racines tubéreuses causés par les charançons.

7.2.3 Le charançon rugueux de la patate douce (Blosyrus spp.)


Le charançon rugueux de la patate douce n'est pas un insecte ravageur aussi redoutable que le
charançon de la patate douce; cependant, il cause des dégâts importants aux
racines tubéreuses de la patate douce dans certaines parties de l'Afrique.
Le charançon rugueux adulte de la patate douce a 8 à 9mm de long et semble
plus grand que le charançon de la patate douce (Cylas spp.), son corps
rugueux et ses taches marbrées lui permettent de se camoufler. Il pond ses
œufs jaunes en groupes sur les bords des feuilles de la patate douce et plie
l’extrémité de la feuille sur les œufs. Il peut également pondre ses œufs sur le
sol, en-dessous des feuilles mortes. Après l'éclosion, les larves en forme de C
dégringolent des feuilles jusqu’au sol et s’y enfoncent à la recherche de
nourriture. Lorsqu'elles rencontrent des racines tubéreuses
de la patate douce, elles se nourrissent de leur surface,
faisant des rainures profondes sur la peau. Les dégâts
ressemblent à ceux que font les mille-pattes et les vers
blancs, et peuvent considérablement réduire la valeur
marchande des racines tubéreuses, parce qu’il faut éplucher
en profondeur pour éliminer les dommages, ce qui aboutit à
des pertes en rendement. Cependant, contrairement aux
dégâts occasionnés par le charançon de la patate douce,
l'alimentation du charançon rugueux ne semble pas déclencher la production de terpénoïde amères
dans la racine tubéreuse. Après environ 30 jours d'alimentation, la larve devient chrysalide dans le
sol pendant une période d'environ 20 jours, avant que l'adulte n’émerge. Pendant la journée, les
adultes ont tendance à se cacher sous le feuillage qui se trouve par terre. Leurs excréments violet-

208 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


noirs (~ 7 mm de diamètre), sont souvent la principale indication hors-sol de la présence de
charançons rugueux de la patate douce.
La plupart des méthodes de lutte antiparasitaire décrites dans la section 7.2.2 sur la gestion des
charançons de la patate douce, sont également applicables à la lutte antiparasitaire contre le
charançon rugueux.
Vous pouvez obtenir plus d'informations et des photos des insectes ravageurs et des maladies de la
patate douce dans les ressources suivantes : ‘Manual for Sweetpotato IPPM Farmer Field Schools in
sub-Saharan Africa’ et le site internet de ‘Sweetpotato DiagNotes’
https://keys.lucidcentral.org/keys/sweetpotato/

7.3 Comment reconnaître et gérer les virus de la patate douce


Les virus sont si petits que vous ne pouvez pas les voir. Toutefois, vous pouvez voir leurs effets. Car,
en dépit de leur petite taille, ils sont le groupe le plus nuisible d'organismes pathogènes affectant la
patate douce en Afrique.
Les virus ne survivent qu’à l'intérieur de leurs hôtes vivants et c’est là qu'ils se multiplient et causent
des dommages. Tous les virus de plantes ont d'une certaine manière besoin de se propager d'une
plante à l’autre et cela se fait généralement par l’intermédiaire d’un insecte qui se nourrit de la sève
de la plante. Lorsqu’un insecte, comme le puceron ou l'aleurode, se nourrit d’une plante, il transmet
simultanément le virus à cette plante. Une fois que le virus pénètre dans une cellule du nouvel hôte,
il prend en charge la gestion et le contrôle des processus de cette cellule et force cette dernière à
produire plus de virus qui lui sont identiques au lieu du rendement des cultures. Ces nouvelles
particules virales vont par la suite se propager à travers la plante pour infecter plus de cellules.
Les symptômes les plus fréquents d'infections virales des plantes, y compris de la patate douce,
sont:
 Une croissance réduite / un retard de croissance faisant que la plante et les feuilles restent
petites ;
 Une chlorose (pâleur) du tissu de la feuille de sorte que les plantes malades se démarquent
du reste de la culture. Ceci peut être général ou particulier, souvent entre les nervures
principales dans une mosaïque ou marbrure moins bien définie, ou le long des nervures pour
former un réseau chlorotique ;
 Des feuilles pigmentées, souvent violettes ou jaunes en générale ou par endroits ou par
segments ;
 Une production réduite de racines tubéreuses de la patate douce.
Il existe deux principaux virus de la patate douce qui
affectent la patate douce en Afrique (le Virus
spumeux de la tache de la patate douce (SPFMV)
transmis par les pucerons et le Virus du
rabougrissement chlorotique de la patate douce
(SPCSV) transmis par les aleurodes. Chaque virus en
lui-même peut causer des symptômes très anodins
mais lorsqu’une plante de la patate douce est infectée
par ces deux virus, il en résulte une maladie très grave
appelée Maladie virale de la patate douce (SPVD).
Les insectes ne propagent pas la SPVD sur de très
longues distances. Mais si les plants infectés par les
virus (les tiges ou les racines tubéreuses) sont
transportés sur de longues distances, la maladie peut Plante infectée par la maladie virale de la patate
se propager sur une très grande étendue. douce (SPVD) (en bas à gauche)

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 209


Afin de réduire les risques d’infestation virale de votre culture:
1) Toujours utiliser des boutures issues de plantes apparemment saine. De plus:
 Assurez-vous que le champ tout entier dans lequel vous prélevez vos plants est sain. Car,
cela permettra de réduire la probabilité que vous préleviez des boutures à partir des
plantes qui viennent d'être infectées, mais qui n’ont pas encore présenté de symptômes.
 Essayez de recueillir des boutures des plantes jeunes ou matures (âgées de 3 à 4 mois),
car il est plus difficile de voir les symptômes de maladie virale de la patate douce sur des
plantes plus âgées.
2) Retirer et brûler ou nourrir le bétail des plantes malades aussitôt qu’elles apparaissent sur
les jeunes cultures. Cette pratique d’élimination des plantes malades est connue sous le
nom d'épuration. Elle est très importante pour réduire la propagation du virus à l’intérieur
de votre champ de patate douce. N'oubliez pas que si une plante est infectée, elle ne
rapportera pas beaucoup de toute façon. De ce fait, vous augmentez vos chances de faire
une bonne récolte si vous enlevez les plantes infectées le plus tôt possible. Sinon, les
insectes peuvent les utiliser pour propager la maladie sur une grande étendue dans votre
champ et réduire considérablement votre rendement. Les voisins des plantes qui ont été
épurées combleront bientôt le vide et produiront de plus grosses racines, ou alors vous
pouvez remplir l’espace avec une nouvelle bouture.

3) Plantez des variétés de patate douce qui résistent à la maladie. Certaines variétés sont
rarement touchées par la maladie virale. Vous pouvez reproduire un essai pour tester les
variétés qui semblent résister aux maladies virales.

4) Évitez de planter de nouvelles cultures de patate douce où vous en avez planté la saison
dernière. S'il y a des racines ou des vieilles tiges malades qui ont survécues dans le sol, elles
peuvent germer et produire des plantes malades à partir desquelles l'infection se répandra
facilement dans votre nouvelle culture. Ceci est également un aspect important de la lutte
contre le charançon.

5) Plantez votre nouvelle culture de patate douce loin des cultures de patate douce âgées.
Ainsi, il sera plus difficile pour les pucerons et les aleurodes d’atteindre votre nouvelle
culture et d’y propager la maladie virale. C'est aussi un aspect important de la lutte contre
les charançons.

Retirez toutes les plantes malades aussitôt qu’elles apparaissent, ceci contribue à réduire
la propagation de la maladie

210 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


7.4 Comment reconnaître et enrayer les maladies fongiques
En plus des maladies virales, les plantes de patate douce peuvent aussi être infectées par des
maladies fongiques ou bactériennes. Les maladies fongiques causent l’apparition de zones circulaires
marron ou noirci sur les feuilles et les tiges de la patate douce. Ces zones sont appelées des lésions.
D'autres symptômes incluent des zones couvertes de poudre, ou des tas de filaments. Les zones
couvertes de poudre sont constituées de spores fongiques qui peuvent ensuite transmettre la
maladie à d'autres plantes. Les filaments sont les moyens par lesquels le champignon se propage et
envahit les nouvelles parties de la plante. Alternaria, Phomopsis et la carie noire sont des maladies
fongiques graves de la patate douce (Tableau 7.1).

Tableau 7.1 - Les symptômes, le mode de transmission et la gestion recommandée de trois maladies
fongiques
Maladies dues à l’Alternaria Maladies dues au Phomopsis Maladies de la carie noire
(Ceratocystis sp.)
Symptômes: Apparition de lésions Symptômes: Les vieilles feuilles ont Symptômes: Apparition de taches
nécrotiques brunes sur les feuilles, des lésions blanchâtres à brun clair creuses brunes (~ 0,5 cm diam.) sur
les tiges ou les pétioles et d’anneaux de forme irrégulière (~ 5 à 10 mm les racines tubéreuses. Ces taches
concentriques à l'apparence typique de largeur), entourées de bordures deviennent fermes, sèches et noires
de l'œil de bœuf et des bordures violet foncé à marron, avec une et peuvent fusionner pour recouvrir
bien définies. Les taches sont tête d'épingle noire comme des la racine tubéreuse entière. La zone
généralement entourées d'un halo structures au centre. de la racine tubéreuse que les taches
chlorotique. Plusieurs lésions, Transmission: Le champignon entourent a un goût fruité amer. Les
recouvrent la surface de la feuille, survit dans le sol et les débris des plantes apparaissent rabougries et
suivie de la chute des feuilles. Sous plantes. Les blessures augmentent chlorotiques à cause des chancres
les tiges infectées, le sol est souventla possibilité d'une infection. Bien sur les racines. La carie noire peut
tapissé de débris de feuilles noircies.que le champignon pénètre aussi attaquer les racines, les plantes et
Transmission: Le champignon par les lenticelles. Les racines les boutures dans le champ et le
demeure dans les débris des plantes tubéreuses infectées entrainent grenier.
qui sont sur le sol, sous forme de des pousses infectées. Transmission: Le champignon reste
mycélium et de conidie et peut se dans les débris de la plante qui sont
transmettre à travers la pluie, les sur le sol et ses spores se libèrent
éclaboussements, les eaux lorsque le champ est humide.
d’irrigation, le vent et les insectes.
Une humidité relativement élevée
est nécessaire pour que l’infection
et la sporulation soient possibles.

Taches symptomatiques de Symptômes du Phomopsis La carie noire à l'intérieur et à


l’Alternaria sur une feuille sur une vieille feuille l'extérieur d’une racine tubéreuse

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 211


Gestion des Lésions noires sur les Gestion des symptômes de Gestion des symptômes de la carie
pétioles et les tiges: Alternez les Phomopsis sur une jeune feuille: noire sur les racines tubéreuses:.
champs. Détruisez et brûlez les Alternez les champs. Alternez les champs. Utilisez des
résidus des cultures après récolte. L'assainissement du champ doit boutures saines Utilisez moins de
Utilisez des boutures saines. Évitez être effectif, car le champignon cultivars prédisposés aux maladies.
les irrigations surélevées. Les survit dans les débris des cultures Sélectionnez soigneusement les
fongicides tels que: Mancozèbe, infectées abandonnés dans le racines tubéreuses à stocker.
Chlorotalonil et Dyrene peuvent être champ. Contrôlez les insectes et les rongeurs
efficaces, mais ont besoin d’être dans les magasins. Les boutures
testés. Planter les variétés peuvent être trempées dans le
résistantes. fongicide Bénomyl ou Thibendazole,
ou alors vous pouvez faire des
pulvérisations sur les racines
tubéreuses avant le stockage.

7.5 Comment reconnaître et combattre les rats-taupes


En plus des insectes et des maladies des plantes, il existe
quelques ravageurs vertébrés importants de la patate
douce, tels que : les taupes, les rats, les porcs épics, les
chèvres, les bovins, les pintades, les singes, les babouins et
les éléphants. Les haies ou les clôtures d'épines peuvent
aider à protéger la patate douce des ravageurs tels que : les
chèvres, les bovins, les cochons sauvages, et les porcs épics.
Les animaux domestiques doivent être attachés pendant la
saison sèche pour les empêcher de brouter les boutures,
les terrains de conservation et de multiplication.
Les taupes creusent à travers les billons et les monticules
en se nourrissant des racines tubéreuses de la patate
douce. Ils gaspillent souvent plus de racines tubéreuses
qu’ils n’en mangent réellement. Les indices de leur
présence et de leurs dégâts sont: de petits monticules de
terre fraîchement creusée, les tiges de patate douce
remises dans le sol, des trous dans les côtés des billons ou
des monticules.
La lutte contre les rongeurs fonctionnera mieux si elle est
faite sur une grande échelle, de ce fait, les producteurs et leurs voisins doivent unir leurs forces et
travailler ensemble.

212 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


Arrêtez ce rat-taupe!
Les producteurs utilisent les méthodes suivantes pour réduire les dégâts des rongeurs dans leurs
cultures de patate douce:
 La destruction de terriers de rongeurs.
 La suppression dans le champ et les zones environnantes de toute végétation et détritus afin
de réduire les populations de rongeurs.
 Le creusement d’un fossé profond autour du périmètre de leur champ pour empêcher les
rongeurs de creuser tout droit des tunnels dans les champs.
 L’utilisation des substances répugnantes à l'intérieur des terriers ouverts des rongeurs. Les
feuilles de certaines plantes sont répugnantes, des excréments humains ou un mélange de
bouse de vache et de poivre/piment brulé pour enfumer le rongeur.
 La plantation comme répulsif dans le champ d’arbustes vénéneux aux racines profondes tels
que le Tephrosia vogelli.
 La plantation de sésame dans le pourtour du champ, car ses racines sont considérées
comme
toxiques pour les rats-taupes. Ainsi, ils ne vont pas creuser sous ces racines
 L’ébouillantement et la mort par noyade du rongeur en versant dans le terrier de l'eau ou un
mélange d’eau chaude et piment rouge pilé.
 La pose des pièges dans les endroits où les enfants n’ont pas accès
 L’empoisonnement : Les poisons sont parfois placées à l'intérieur des terriers des rongeurs
et quelque fois , les racines tubéreuses de patate douce sont empoisonnées et utilisées
comme appât. Toutefois, il convient de rappeler que les rongeurs sont des mammifères,
tout poison qui est toxique pour eux le sera également pour les hommes et le bétail. Ainsi,
l’empoisonnement n'est pas recommandé, sauf s’il peut être très soigneusement supervisé,
de manière à éviter que les appâts ne soient consommés par les enfants ou le bétail.

7.6 Comment reconnaître et combattre les érinoses / la pilosité /


acariens ériophydes
L’Érinose, un état où les feuilles et les tiges de la patate douce sont recouvertes d'une couche
épaisse de poils blancs, est causée par une infestation des mites ériophydes et peut parfois être un
problème. Aussi, les feuilles et les plantes sont généralement un peu rabougries. Les feuilles et les
tiges grossissent, et réduisent le rendement.

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 213


De temps en temps, des cultures entières sont
attaquées mais souvent les symptômes ne se
manifestent que sur une seule plante ou alors sur
un carré de plantes et généralement des variétés
particulières. Les mites pénètrent dans le
bourgeon et se nourrissent du jeune feuillage de
la plante de la patate douce en y injectant par la
même occasionnes substances de croissance, de
façon à ce que la plante produit l’épais tapis de
poils (qui protège les mites).
Les mesures de contrôle suivantes ont été
développées et sont utilisées avec succès par
Patrick Makokha de l’entreprise de transformation La pousse à droite montre les symptômes typiques
Siwongo - Systèmes de PCDO dans l'ouest du d’erinose (poils blancs et grossissement de la tige).
Kenya La pousse sur la gauche montre une tige saine de la
même variété
1. Inspecter régulièrement les champs, à la
recherche des pousses velues, le signe avant-
coureur qu'une infestation par les mites est en
cours. Enlever et détruire simplement les bouts des
tiges poilus favorise une nouvelle croissance rapide
des pousses non infestées.
2. Lorsque l'infestation montre des signes de
récurrence, il faut élaguer et utiliser simultanément
un fertilisant foliaire sélectif et une bombe
acaricide (mitigan / dicofol) et les nouvelles
pousses développées n’auront pas d’erinose. Scanner au microscope électronique
3. L’érinose, présent sur les extrémités des pousses montrant une image agrandie du mite
ériophyde qui provoque la pilosité
infestées, a été enrayé en enterrant
complètement les tiges à ~ 30 cm de profondeur pendant 4 à 5 jours, durée de temps
pendant laquelle les mites sont morts. Les tiges ont ensuite été plantées, et ont poussé en
bonne santé.
4. D’autres agriculteurs de la partie occidentale du Kenya ont rapporté avoir coupé les tiges
infestées et les avoir gardées à l’ombre pendant un certain temps jusqu'à ce que les feuilles
tombent puis, ils ont planté ces tiges.

7.7 Comment reconnaître et combattre les insectes ravageurs dans


l’entreposage de la patate douce
Les ravageurs et les maladies peuvent également endommager la patate douce après la récolte. Des
actions peuvent être entreprises pour empêcher des pertes pendant l’entreposage de la patate
douce fraîche ou séchée. Il s'agit notamment de s’assurer que:
 Le produit à entreposer est en bon état (par exemple : pour les produits séchés – séchage
suffisant; et pour les produits frais ou secs en bon état et non infestés par des parasites ou
des maladies);

 Le magasin d’entreposage est en bon état (le conteneur d’entreposage doit permettre de
conserver le produit dans un endroit relativement frais; exempt de rongeurs [pour
empêcher l'entrée des rongeurs, il devrait être conservé à 1m de hauteur du sol, avoir des

214 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


garde-rats installés aux pieds, et ne pas avoir de branches en surplomb], des oiseaux, du
bétail et des voleurs; [à l’abri de l’eau et des inondations];

 Une bonne hygiène d’entreposage est pratiquée (la zone autour du magasin doit être
maintenue propre et dépourvue de détritus sinon les parasites peuvent s’y reproduire; tous
les résidus des cultures des saisons précédentes doivent être enlevés et le conteneur
d’entreposage doit être nettoyé à fond pour empêcher que les parasites ne se déportent sur
la nouvelle récolte à entreposer[des sacs peuvent être tournés à l'envers puis brossés et
plongés dans de l'eau bouillante et enfin séchés ; les magasins aux murs en terre battue
doivent être recouverts chaque année afin de détruire tout insecte ou spore s’étant caché
dans les crevasses, si des insectes ravageurs des entrepôts tels que le plus grand insecte
foreur de grain Prostephanus truncatus ont creusé dans les parties en bois du magasin, ce
bois devra être détruit par le feu pour empêcher une infestation.

 Une surveillance régulière et soignée des produits entreposés et du magasin à la recherche


de signes de dommages (tels que: les petits trous d'alimentation dans le produit, de grandes
quantités de poussière, la présence d'insectes, odeurs étranges) est faite.

Les principaux insectes ravageurs de l’entreposage attaquant la patate douce séchée sont
semblables à ceux qui s'attaquent aux morceaux de manioc séchés. Les stades adultes de plusieurs
de ces parasites des produits entreposés sont présentés ci-dessous (Figure 7.6).
Figure 7.6 - Les insectes des produits entreposés qui attaquent la patate douce séchée (en haut à
gauche : le Prostaphanustruncatus [le plus grand insecte foreur de grain (LGB)], le Rhizopertha
dominica [le petit insecte foreur de grain], le Tribolium castaneum [coléoptère de la farine rouge], le
Sitophilus zeamais [charançon du maïs], le Lassioderma serricorne [coléoptère de la cigarette ou du
tabac], le Dinoderus minutus, l’Araecerus fasciculatus [charançon de grains de café])

Les ravageurs des produits entreposés sont généralement de petite taille, moins de 1 cm de
longueur. Les adultes creusent généralement des trous dans le produit et pondent leurs œufs. Les
larves qui se développent se nourrissent alors du produit en creusant des trous et dégage de la
poussière. Ce qui provoque des pertes quantitatives et qualitatives du produit entreposé. La
transformation en chrysalide a habituellement lieu dans le produit et les insectes adultes émergent
alors, s'accouplent et pondent des nouvelles œufs à l'intérieur du produit.
Les pratiques de lutte contre les ravageurs qui peuvent être combinées pour protéger les patates
douces séchées et réduire les dommages pendant l'entreposage sont:

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 215


Le séchage au soleil: Le produit doit être bien séché avant d’être entreposé pour empêcher qu’il ne
pourrisse à cause des champignons. Si le produit séché est infesté par des insectes pendant
l’entreposage, il peut être placé au soleil sur une couche fine sur un tapis ou une feuille de plastique
pendant quelques heures pour permettre à la chaleur du soleil de détruire les œufs, les larves et les
chrysalides qui s’y développent. Un séchage régulier permet également de réduire la teneur en
humidité du produit et permet au producteur de soigneusement vérifier tout signe d'infestation.
L'étuvage: les patates douces fraîchement coupées peuvent être étuvées pendant 5 minutes ou
plus, puis séchées au soleil. Ceci contribue à réduire les risques d'infestation et de développement
des insectes dans les chips séchés. Sinon, les racines tubéreuses de patate douce fraiches peuvent
être bouillies pendant 30 à 60 minutes avant d’être épluchées, coupées et sécher au soleil. La
solidité des tranches étuvées aide à les protéger contre les attaques d'insectes.
La salaison: L’application de 20 à 30g de sel par kg de patates douces fraîchement coupées en
lamelles, avant le séchage au soleil, affecte négativement l’infestation des insectes ravageurs de
l’entreposage et le développement de lamelles séchées.
Le roulement et le tremblement: Le roulement ou le tremblement périodique des sacs ou des
barquettes des lamelles de patate douce peut tuer les larves en développement et réduire ainsi
l’apparition des adultes et des dégâts. Cependant, il cassera également quelques lamelles en petits
morceaux.
Les agents protecteurs traditionnels : Les matières végétales et les cendres peuvent être ajoutées à
la patate douce séchée afin de repousser ou de tuer les insectes ravageurs de l’entreposage, de
réduire les dégâts que provoque leur alimentation. Cependant, de grandes quantités de ces matières
doivent être ajoutées au produit entreposé pour le protéger. Par la suite, elles doivent être retirées
du produit avant la consommation, ce qui est plutôt laborieux. Certaines matières végétales peuvent
être toxiques pour l’homme. De ce fait, des précautions doivent être prises lors de la sélection des
matières à utiliser.
Des récipients résistant aux insectes: L'utilisation de récipients tels que des pots en terre cuite aux
couvercles scellés qui résistent aux insectes peuvent être très efficaces dans la prévention des
dégâts causés par les insectes pendant l’entreposage tant que le produit n'a pas été infesté avant
d'être placé dans le récipient.
La durée de l’entreposage: La durée pendant laquelle la patate douce séchée doit être entreposée
affectera les méthodes de contrôle utilisées; la plupart des insectes ravageurs tubéreuses
complètent leur cycle de développement vie de l'œuf à l’adulte en un mois. Si le produit est
entreposé pendant quelques mois seulement, les dégâts des ravageurs sont peu élevés à moins qu’il
y ait eu un très haut niveau d'infestation au début de la période saison tubéreuses. Cependant, le
plus important grandes insectes foreurs de grain le Prostephanus truncatus cause très rapidement
des dégâts élevés et des mesures de contrôle doivent être prises immédiatement si cet insecte
ravageur est détecté.
La résistance variétale: Les variétés ont une sensibilité différente vis-à-vis des dégâts des insectes
tubéreuses. Si les producteurs sont conscients que certaines variétés sont plus sensibles aux
attaques des insectes pendant le stockage que d'autres, les variétés sensibles doivent être
consommées en premier.
L’hygiène: Les larves de certains insectes ravageurs peuvent également survivre dans la farine de
patate douce. Si la farine de patate douce est placée à proximité de l'environnement tubéreuses, elle
peut agir comme une source importante de propagation des ravageurs d’une période à une autre. Le
récipient tubéreuses doit être soigneusement nettoyé, et les résidus des produits stockés de toutes
les périodes précédentes doivent être enlevés avant que le nouveau produit ne soit stocké.
Autrement, les insectes iront directement sur le nouveau produit et commenceront à
l’endommager.

216 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


La patate douce fraîche peut être stockée dans des silos pendant plusieurs mois. Seules les racines
tubéreuses sans dommages causés par une entaille pendant la récolte, le transport ou les insectes
ravageurs doivent être emmagasinées. Les magasins doivent être inspectés régulièrement toutes les
3 ou 4 semaines à la recherche de pourriture sur les racines tubéreuses , des dommages causés par
les rongeurs ou les insectes. Si l’on trouve quelque signe de ces problèmes, le magasin tout entier
doit être vidé, les racines tubéreuses touchées doivent être jetées et les autres doivent être utilisées
ou vendues rapidement pour éviter de nouvelles pertes. S'il n'y a aucun signe de quelque problème
que ce soit au cours de l'inspection, le magasin doit être refermé hermétiquement et l’entrepôt
remis en place. Des précautions doivent être prises pendant l'inspection car des serpents se trouvent
parfois dans les magasins. Retrouvez plus d'informations sur le stockage des racines tubéreuses
fraiches dans le Thème 8.

7.8 Genre et aspects divers des insectes ravageurs de la patate douce et


gestion de maladie
Une discussion approfondie sur les aspects liés au genre et à
la diversité par rapport à la culture de la patate douce est
présentée dans le Thème 11. Toutefois, les préoccupations
centrales liées au genre et à la diversité, en rapport avec la
gestion des insectes ravageurs et des maladies de la patate
douce sont:
Des personnes différentes auront une compréhension, une connaissance et des expériences
différentes au sujet de la lutte contre les insectes ravageurs et les maladies, leurs moyens
d'information seront différents et pourront inclure les grands-parents, les parents, les voisins, les
agents et les matériaux de vulgarisation, les commerçants et l’école. Il est important pour que les
ouvriers de développement comprennent qui est impliqué dans les différentes activités de
production, tubéreuses et de transformation de la patate douce, car ceci influencera leurs
expériences et leurs connaissances, et les aidera à décider de qui doit être ciblé pour la formation.
Si les femmes sont généralement impliquées dans le suivi, le sarclage et la récolte de la culture de la
patate douce, elles peuvent avoir une grande expérience du fait d’avoir observé les comportements
des ravageurs dans les champs ou les modèles de propagation de la maladie, et peuvent avoir évalué
différentes pratiques de lutte contre les ravageurs. Si les hommes ont assisté à des formations de
vulgarisation sur la lutte contre les ravageurs et les maladies, ils peuvent avoir des connaissances sur
les stratégies appropriées de lutte contre les ravageurs.
Il est important de savoir qui fait quelles activités, quelles sont les moyens d'information habituels,
comment sont compris les ravageurs et les maladies, et comment ils sont actuellement gérés au sein
de la communauté cible. Ces informations peuvent être utilisées par la suite pour élaborer un
programme de formation, ciblant les personnes qui entreprennent des activités agricoles pendant
les périodes où les stratégies de lutte contre les ravageurs et les maladies peuvent être mises en
place et ceux qui prennent les décisions concernant ce qui doit être fait dans le champ ou dans un
magasin. De nombreux agriculteurs ne connaissent ni les différentes étapes du cycle de vie des
insectes, ni comment est-ce que les maladies des plantes se propagent. En partageant ces
connaissances et en aidant les agriculteurs à faire des observations pertinentes, nous leur
permettons de commencer à expérimenter des pratiques différentes. Dans certains cas, les femmes
ont un accès limité aux zones irriguées dans lesquelles elles pourraient préserver et produire des
matériels de plantation de patate douce en bonne santé. Ce qui a pour conséquence une plantation
tardive, l’utilisation de matériels de plantation malades, de faibles rendements, une récolte tardive
et une infestation élevée de charançons. En aidant ces femmes et leurs maris à expérimenter
l'utilisation du nettoyage des matériels de plantation, cela peut influencer la prise de décision au
sujet de la conservation et de la qualité du matériel de plantation, et conduire à une plus grande
productivité et à la réduction des pertes pour le ménage.

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 217


Il est généralement conseillé que les femmes enceintes ou qui allaitent, les personnes qui préparent
le repas et les enfants ne soient pas impliqués dans la pulvérisation de pesticides. Les pesticides sont
des poisons et doivent être conservés à l’abri des enfants. Les pesticides présentent un risque pour
la santé des enfants en particulier, parce que: leurs organes internes se développent encore; par
rapport à leur masse corporelle, ils mangent, boivent et respirent plus que les adultes, cela
augmente probablement leur exposition aux pesticides à travers les aliments, l'eau et l'air; certains
comportements – tels que: les jeux à même le sol ou l’ingestion d’objets peuvent accroître les
risques d'exposition d'un enfant. Les enfants exposés aux pesticides, que ce soit dans l’utérus ou
pendant les autres périodes critiques, sont confrontés à des risques importants pour la santé,
notamment un taux plus élevé de malformations congénitales, un développement neurologique
tardif et des déficiences cognitives, des cancers du cerveau chez l'enfant, des troubles du spectre de
l’autisme, des troubles déficitaires de l’attention/ l’hyperactivité, et une perturbation endocrinienne.
Des précautions doivent être prises pour conserver les pesticides. Il faut s'assurer qu'ils ne soient pas
stockés dans des barquettes où sont conservés les aliments ou les boissons, que les enfants ou les
adultes pourraient accidentellement consommer.

7.9 Quelques idées d’activités d’apprentissage par la pratique sur la


gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce
Ces activités d’apprentissage par la pratique ont été conçues pour
offrir des opportunités pratiques de découvertes aux participants au
cours des 10 jours de Formation des formateurs (FdF) sur le « Tout
ce que vous avez toujours voulu savoir à propos de la patate
douce ». Nous espérons qu’en leur donnant une formation pratique
sur la patate douce, les formateurs seront en mesure de former les
autres en utilisant une approche d’apprentissage par la pratique.
Le programme complet de 10 jours de la FdF est décrit dans le
Thème 13 du présent manuel. Les activités suivantes interviendront
le jour 5 des 10 jours de cours de la FdF et présentent ci-dessous des généralités sur le jour 5.
Toutefois, nous espérons que ces activités seront également utilisées par les formateurs comme des
techniques d’apprentissage autonomes et pourront ainsi être appliquées à d’autres domaines de
formation.
Jours Thèmes Résultats attendus de Activités
l’apprentissage
5 Les ravageurs - Les participants vont: - Activité 7.9.1: Chasses aux ravageurs et aux
et les - Être en mesure de trouver maladies de la patate douce et apprentissage de
maladies de la des échantillons sur le leur gestion. Collecte des racines tubéreuses
patate douce terrain des principaux infestées, des feuilles endommagées et malades,
et leur gestion ravageurs et des maladies observation de l'activité des insectes dans un
de la patate douce, champ de patates douces, groupes de discussion
d’expliquer et de montrer et de brainstorming sur la provenance de ces
les dommages causés par ravageurs et maladies et leur mode de
chacun propagation (notamment des aleurodes si
- De connaitre un éventail possible). Inclure des pratiques et des discussions
de techniques pratiques sur le buttage et le rougissement des plantes
pour lutter contre ces touchées par le SPVD (voir 7.9.1) [85 minutes]
principaux ravageurs et - Présentation 7a. Des cycles de vie des principaux
ces maladies insectes ravageurs et des maladies de la patate
douce [30 minutes]
- Activité 7.9.2: Les dégâts dissimulés. Dissection
des racines tubéreuses infestées pour essayer
d’identifier les différents stades du cycle de vie des
charançons Cylas, et de calculer le pourcentage de

218 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


racines tubéreuses physiquement abimées par les
dommages des charançons. [Notons que: le
modérateur doit préparer à l'avance quelques
racines tubéreuses infestées par les, charançons]
(Voir 7.9.2) [1 heure]
- Présentation 7b. Pratiques de lutte contre les
ravageurs et les maladies de la patate douce (y
compris les rats-taupes) suivi d’une discussion [45
minutes]
- Activité 7.9.3: Formation des autres sur les
principaux ravageurs et les principales maladies de
la patate douce. Mise au point des exposés et des
activités de formation sur un éventail des
principaux ravageurs et des principales maladies
de la patate douce. (Voir 7.9.3) [1h45 minutes]

7.9.1 Chasses aux ravageurs et aux maladies de la patate douce et apprentissage de leur
gestion
Les résultats attendus de l’apprentissage: Les participants vont être en mesure de trouver des
échantillons sur le terrain des principaux ravageurs et des maladies de la patate douce, d’expliquer
et de montrer les dommages
causés par chacun.
Durée: 85 minutes plus le temps de transport
Matériels: une jeune culture à proximité infectée par le SPVD, un champ de patates douces
nouvellement récoltées et une culture de patate douce arrivée à maturité ou âgée, que les
participants peuvent explorer et dans laquelle ils peuvent trouver des maladies, et des plantes de
patate douce endommagées par les ravageurs; 20 pelles; 8 seaux pour transporter les racines
tubéreuses infestées; 8 sacs; 20 pots de collecte transparents ou des jarres avec des couvercles
perforées; 20 verres grossissants; les participants doivent avoir leurs bloc-notes et crayons; tableau
de conférence et stand; marqueurs indélébiles; ruban.
Préparations faites à l’avance: Identifier un champ à proximité dans lequel se trouve une jeune
culture infectée par le SPVD, un champ de patates douces récemment récoltées, et une culture de
patate douce arrivée à maturité ou âgée, que les participants peuvent explorer et dans laquelle ils
peuvent trouver des maladies, et des plantes de patate douce endommagées par les ravageurs.
Étapes proposées:
1. Demander aux participants de former de petits groupes de ~6 personnes. Expliquer leur que
vous allez visiter les champs de patate douce situés à proximité, afin d'identifier les
problèmes liés aux ravageurs et aux maladies de la patate douce. Ces problèmes pourraient
endommager les racines tubéreuses , les tiges et les feuilles, ou la plante entière. Les
participants devraient également essayer de trouver les insectes ou autres types de
ravageurs qui ont causé les dommages et les recueillir dans les pots de collecte pour les
montrer par la suite aux autres groupes. [5 minutes]
2. Parcourir le champ de patates douces.
3. La chasse aux ravageurs et aux maladies. Donner à chaque petit groupe quelques pelles, des
pots de collecte, et un seau ou un sac. Demander à chaque groupe de couvrir différentes
zones des champs. Donnez-leur 20 minutes pour chasser les insectes ravageurs et chercher
les signes de dommages causés par les ravageurs et les maladies sur la patate douce - dont
ils doivent recueillir des échantillons pour la séance de discussion. Rappelez-leur qu'ils

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 219


doivent essayer d’observer les ravageurs en action, pour avoir une meilleure compréhension
de ce qu’ils font et de la manière qu’ils endommagent la patate douce. Pendant que les
groupes font la chasse, l'animateur doit se déplacer entre les groupes pour s’assurer que
chaque groupe voit quelques maladies virales, quelques pucerons et aleurodes, et quelques
racines tubéreuses endommagées par les charançons. [20 minutes]
4. Les appeler pour la discussion à l’ombre d'un arbre, près des champs. Demandez à chaque
groupe d’exposer ses racines tubéreuses infestées, feuilles etc. et les pots de collecte sur
leur sac. De sorte qu’un groupe entier se déplace d’un sac à un autre pour entendre parler
de ce que chacun des petits groupes a observé et recueilli. S'ils ont tous recueilli des choses
semblables, accélérez l'exercice en demandant aux groupes suivants de décrire et de
montrer quelque chose de différent qu'ils ont vue ou recueillie. [20 minutes]
5. En utilisant des questions d’approfondissement ouvertes, le facilitateur doit demander aux
participants de partager leurs observations et leurs considérations sur:
 Ce que faisait le ravageur quand ils l'ont vu,
 Comment est-ce qu’il cause des dommages,
 D’où est-ce qu’il pourrait venir,
 Comment est-ce qu’il survit pendant la saison lorsqu’il n'y a pas de culture de patate
douce dans le champ,
 Comment se propagent les maladies.
Demandez à l’un des participants d’agir comme un rapporteur et de relever les suggestions et les
questions sur un tableau de conférence. Remballez les parties de la plante et les pots de collecte
contenant les insectes dans les sacs prêts à emporter dans la salle de formation. [20 minutes]
6. L’animateur doit ramener le groupe dans le champ, et leur demander ce qu'ils pourraient
faire pour empêcher les infestations de ravageurs ou de maladies dans leur champ de patate
douce, et ce qu'ils pourraient faire si de telles infestations se produisaient pour empêcher
qu’elles se propagent et causent d'autres dommages. L’importance de matériels de boutures
en bonne santé, des variétés résistantes, de l'assainissement des champs, de la surveillance
régulière, des ennemis naturels, du buttage, d’un désherbage régulier et d’une moisson
propice, doit être abordée. Chaque participant doit s’exercer au buttage des racines
tubéreuses exposées et au triage des plantes infestées par les virus. [20 minutes]

7.9.2 Les dégâts dissimulés: l'importance de la compréhension des cycles de vie des
insectes
Les résultats attendus de l’apprentissage: Les participants comprendront les différents stades du
cycle de développement vie du charançon de la patate douce et quels stades causent d’importants
dégâts.
Durée: 1 heure
Matériels: Environ 50 racines tubéreuses de patate douce infestés par les charançons; 20 tableaux
en bois; 20 couteaux tranchants; 20 verres grossissants; 40 plats ou des sacs en plastique; 1 jeu de
balance pour peser les parties endommagées et non endommagées des racines tubéreuses de
patate douce; les bloc-notes et les crayons de participants.
Préparations faites à l’avance: Amassez quelques racines tubéreuses de patate douce infestées par
des charançons des semaines avant le stage de formation. Les participants pourraient en trouver
pendant la sortie sur le terrain, mais dans le cas où ils n’en trouvent pas, l'animateur doit être sûr
qu'il en a pour que les participants les disséquer afin de voir les œufs, les larves, les chrysalides et les
trous d'alimentation. Cela peut nécessiter l’utilisation des racines tubéreuses infestées
artificiellement en laboratoire, si des échantillons infestés dans les champs ne sont pas facilement
disponibles au moment de la formation.

220 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


Etapes proposées:
1. Rappelez aux participants qu'ils ont vus et ramassés des racines tubéreuses endommagées
de patate douce dans le champ. Demandez-leur à présent de travailler en binôme pour
disséquer les racines tubéreuses et les tiges et de chercher les différents stades des insectes
ravageurs à l'intérieur des racines [Notons qu’ils viennent tout juste de recevoir des cours sur
les cycles de développement des principaux insectes ravageurs et des maladies de la patate
douce]. Chaque paire doit travailler avec au moins 5 racines tubéreuses endommagées. Ils
doivent peser leurs racines tubéreuses au début avant de les découper, et relever ce poids
total dans leur bloc-notes. Ils doivent alors commencer à disséquer avec soins les racines
tubéreuses et à rechercher les différents stades du cycle de développement à l’intérieur des
racines tubéreuses, et les examiner à l’aide de leurs verres grossissants: ils peuvent dessiner
un croquis de chacun des différents stades de cycle de vie qu'ils trouvent. A mesure qu’ils
découpent les racines tubéreuses, ils doivent garder les parties non endommagées d'un côté
et les parties endommagées de l'autre. L’animateur doit se déplacer entre les groupes pour
les aider à: identifier les stades de l’œuf, de la larve, de la nymphe et de l’adulte des
charançons de la patate douce; s’assurer qu'ils voient les trous d'alimentation; les aider à
séparer les parties endommagées (non comestibles) des racines tubéreuses des parties en
bon état. [30 minutes]
2. Lorsqu’ils ont terminé de disséquer leurs racines tubéreuses, ils peuvent mettre toutes les
parties endommagées dans un sac, les peser et enregistrer leur poids. Ils peuvent ensuite
faire de même avec les parties non endommagées des racines tubéreuses. Ils doivent
ensuite calculer le pourcentage (%) total des racines tubéreuses non comestibles du fait des
dommages causés par cet insecte. [5 minutes]
3. Ensuite, l’animateur doit demander aux groupes ce qu'ils ont appris de l'exercice. Les
domaines devant faire l’objet des questions sont:
 À quel point est-ce important de comprendre à quoi ressemblent les différents stades du
cycle de vie d'un insecte, de sorte que les agriculteurs puissent lier la présence du stade
adulte apparemment inoffensif aux dégâts qui se produisent plus tard et qui sont causés
par le stade larvaire?
 Comment pourraient-ils réduire la propagation de ces ravageurs et limiter les dommages
qu'ils causent?
 Quelle proportion de racines tubéreuses comestibles peut être perdue à cause de
l’infestation du charançon de la patate douce?
 Quel effet ces dommages ont-ils sur la commercialisation des charançons de la patate
douce?
 Que pourrait-il arriver si vous stockez des racines tubéreuses infestées par les
charançons à proximité des racines tubéreuses en bonne santé et non infestées? [20
minutes]

4. Eclaircissements [5 minutes].

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 221


7.9.3 Former d’autres personnes sur les insectes ravageurs et les maladies de la patate
douce
Les résultats attendus de l’apprentissage: Les participants auront une expérience dans l'utilisation de
leurs observations sur le terrain pour développer des approches et des matériels de formation afin
de former les autres (les agents de vulgarisation ou les agriculteurs) sur les ravageurs et les maladies
de la patate douce.
Timing: 1heure et 45 min
Matériels: La racine tubéreuse et la tige et les insectes qu'ils ont rassemblé pendant la sortie sur le
terrain ce matin-là; les tableaux de conférence; 40 marqueurs indélébiles; du ruban adhésif; des
verres grossissants; 3 paquets d’autocollants / post-it; les bloc-notes et les stylos des participants.
Étapes proposées:
1. Regrouper les participants en petits groupes (~ 3 personnes par groupe) et attribuer à
chaque groupe un ravageur et une maladie de la patate douce (par exemple: le charançon
de la patate douce, le virus de la patate douce, les taupes, le charançon rugueux de la patate
douce, la mite légionnaire). Expliquez-leur que chaque groupe dispose de 20 minutes pour
préparer un exposé de 5 minutes, un sketch ou un jeu de rôle sur le ravageur ou la maladie
qui leur a été attribué(e) et les dommages qu'il/elle cause aux agriculteurs. Rappelez-leur
que ces présentations qu'ils développent pourraient leur être utiles quand ils formeront
d'autres personnes. [25 minutes]
2. Demandez aux groupes de partager leur présentation. Rappelez-leur qu'ils ont 5 minutes
maximum, et demandez à quelqu'un de chronométrer. Demandez aux autres participants
d’utiliser des autocollants pour faire des remarques rapides, après chaque présentation, sur
les choses qu'ils ont aimées, les informations manquantes ou erronées de la présentation et
une suggestion sur la façon dont la présentation pourrait être améliorée (un autocollant par
présentation). Faire un tableau de conférence, pour chaque présentation, sur lequel les
participants peuvent cocher leurs observations (ce qui signifie qu’à la fin, chaque petit
groupe pourra lire tous les commentaires au sujet de sa présentation et avoir des idées sur
la façon dont il aurait pu la faire différemment). [1 heure]
3. L'animateur peut utiliser les présentations comme un moyen d'évaluer la compréhension du
sujet des participants, et les aider à réfléchir sur la façon de partager les connaissances qu’ils
construisent avec les autres. L'animateur doit inviter chaque petit groupe à visiter le tableau
de conférence sur lequel sont inscrits les commentaires portant sur sa présentation, et lui
donner 5 minutes pour examiner ces observations et en discuter, avant d'ouvrir une
discussion de groupe de 10 minutes sur le processus de présentation. L'animateur doit
rappeler aux participants que nous apprenons en permanence, et qu’écouter et répondre
aux commentaires des autres est très important pour l’amélioration de notre performance.
[20 minutes]

222 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce


7.10 Références utilisées
Andrade, M., Low, J., Naico, A., Ricardo, J., Sandramo e Filipe Zano, A., (undated). Manual Sobre O
Cultivo Da Batata – Doce. International Potato Centre, Mozambique. pp79.
Environmental Protection Agency, (2012). Pesticides and food: why children may be especially
sensitive to pesticides. http://www.epa.gov/pesticides/food/pest.htm
Schafer, K.S., Marquez, E.C., (2012). A generation in jeopardy: how pesticides are undermining our
children’s health and intelligence. Pesticide Action Network North America. 44pp
Smit, N.E.J.M., (1997). Integrated Pest Management for Sweetpotato in East Africa. PhD Thesis,
Wageningen University, The Netherlands.
Stathers, T., Namanda, S., Mwanga, R.O.M., Khisa, G., Kapinga, R., (2005). Manual for sweetpotato
integrated production and pest management farmer field school in sub-Saharan Africa. CIP,
Uganda. pp168+xxxi ISBN 9970-895-01-X
Stathers, T.E., Olupot, M., Namanda, S., Mwanga, R.O.M., Khisa, G., Gibson, R.W., Julianus, T.,
Ndamugoba, D., Kapinga, R., (2006). What is damaging my sweetpotato? A field guide for
farmers on pests and diseases of sweetpotato. International Potato Centre, Kampala,
Uganda. pp26. ISBN 9970-895-05-2.
Van de Fliert, E., Braun, A.R., (1999). Farmer Field School for Integrated Crop Management of
Sweetpotato: Field Guides and Technical Manual. International Potato Centre, Indonesia.
Visser, D., (2004). Chapter 9: Pests. In: Guide to Sweet Potato Production in South Africa. Ed. J.G.
Niederwieser. ARC-LNR, Pretoria, South Africa. pp85-94.

Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce - 223


Notes sur: Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce

224 - Thème 7 : Gestion des ravageurs et des maladies de la patate douce

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