Vers La Construction D'immeubles de Grande Hauteur en Bois
Vers La Construction D'immeubles de Grande Hauteur en Bois
Vers La Construction D'immeubles de Grande Hauteur en Bois
Vers la construction
d’immeubles de grande hauteur
en bois
Le sujet qui nous a été confié est extrêmement passionnant. C’est un thème éminemment
d’actualité qui s’insère dans une époque où nous vivons un véritable tournant pour la sécurité
incendie : l’ère du performantiel. Les lois pour l’évolution du logement, de l’aménagement et
du numérique (ELAN) et celle pour un État au service d’une société de confiance (ESSOC) sont
en passe de révolutionner le monde de la construction pour ceux qui souhaitent construire
différemment.
L’apport du bois dans la construction vient à la même époque et pour traiter ce sujet, il nous
a fallu beaucoup nous documenter et requérir de nombreux avis.
C’est pourquoi, la liste des personnes que nous souhaitons remercier pourrait être longue et
nous risquerions d’en oublier. Néanmoins, parmi celles-ci nous allons en retenir certaines.
Tout d’abord, nous exprimons toute notre gratitude au général de division commandant la
brigade de sapeurs-pompiers de Paris et à nos directeurs départementaux pour nous avoir
permis d’accéder à ce stage riche d’enseignements et hors du commun en termes d’échanges
ainsi que pour nous avoir accordé toutes les facilités afin de mener à bien ce mémoire de
groupe.
Nous remercions tout particulièrement notre directeur de stage qui nous a accompagné et aidé
pour cerner le périmètre de notre sujet et de l’étendre à la filière bois dans sa globalité.
Notre gratitude va également M. KRUPPA pour nous avoir permis de bien comprendre la nature
des travaux de l’association pour le développement des immeubles à vivre bois (ADIVbois).
La communauté scientifique nous a également été d’un grand secours compte tenu de la
technicité de la matière : Fabienne ROBERT et Siyimane MOHAINE (CERIB), Thomas GERNAY
(Johns Hopkins University), Stéphane HAMEURY (CSTB), Damien CHARCOSSET (Canton de
Genève, police du feu).
Nous remercions évidemment nos chefs et collègues pour le temps qu’ils nous ont consacré
parmi lesquels : le LCL FUENTES (BSPP), le LCL DUARTE PAIXAO (BSPP), le LCL DUFFAU (SDIS
33), le LCL DIGONNET (SDIS 74), le CDT JOURNAUX (SDIS 33), le CDT NADAL (BSPP), le CDT
FALVARD (SDIS 77) et le CNE BESSAGUET (BSPP).
Plus particulièrement, nous remercions les chefs de bataillon ROUSSIN et HAMONIC de l’école
qui ont veillé au bon déroulement de notre formation.
Enfin nous remercions nos amis et nos proches pour leur patience et leurs relectures.
LIBELLÉ DU SUJET
Le plan bois, dans le cadre de la Nouvelle France Industrielle (NFI), vise la construction
d’immeubles de grande hauteur (IGH), valorisant le bois en structure et en aménagement
intérieur. L’association pour le développement des immeubles à vivre en bois (ADIVbois) a
rédigé un vadémécum pour concevoir et réaliser ce type de bâtiments, d’autant qu’une
quarantaine de projets a été recensée.
Après avoir analysé les causes et les circonstances ayant conduit à des incendies majeurs en
IGH en France et sur la scène internationale, vous mènerez une étude comparative des
principales réglementations en la matière. Enfin, vous proposerez, en vous appuyant
notamment sur le vadémécum de l’ADIVbois, les adaptations règlementaires, nécessaires à la
construction d’IGH en bois.
RESUME
Le monde de la construction vit une nouvelle révolution en France avec l’arrivée massive du
matériau bois. Cela s’inscrit dans le cadre de la loi de transition écologique et le lancement du
plan « industrie du bois ». Ce dernier, dans son bilan de 2016, précise que le plan IGH bois de
la « Nouvelle France Industrielle » fait partie intégrante de l’axe « Ville durable ». Il vise
l’émergence de solutions bois dans des immeubles de 10 à 15 niveaux pour contribuer à
répondre aux enjeux d’avenir. Lors de ce bilan, il est établi que la filière bois-construction reste
peu développée en France, les immeubles en bois ne dépassant pas 8 niveaux pour 14 en
Europe et 18 niveaux en Amérique du Nord. Ce plan est porté par ADIVbois (Association pour
le Développement d’Immeubles à Vivre bois, créée en 2014) et vise à susciter des projets de
construction de bâtiments de moyenne et grande hauteur et d’aménagements intérieurs en
bois, et à contribuer ainsi à l’émergence de solutions.
Les travaux d’ADIVbois ont débouché sur un vade-mecum lequel se veut être un outil
d’accompagnement à la conception et à la réalisation des immeubles à vivre bois. Ce document
repose sur des études diligentées par ADIVbois et recueille un concentré d’informations utiles
au développement des premiers immeubles démonstrateurs. Il établit un état de l’art des
solutions constructives dans les domaines techniques et réglementaires et relaye l’essentiel
des études menées pour envisager la construction de bâtiment en bois, de moyenne et grande
hauteurs.
Pour autant, de nombreux retours d’expérience d’incendie dans des immeubles « de grande
hauteur », en bois ou non, ont permis d’identifier un certain nombre d’enseignements qu’il
convient d’intégrer dans les réflexions en cours. Il s’agit notamment de développements
importants du feu en raison de la participation du bois à l’alimentation de l’incendie avec une
menace d’incendie généralisé, de propagation aux bâtiments voisins et de ruine de l’édifice.
Les vides de structures sont également un point d’attention car ils sont sources de propagation
interne par les fumées et les gaz chauds. Suivant la nature des matériaux utilisés – bois ou
isolants – les façades peuvent être à l’origine de propagation à l’ensemble de l’immeuble
comme cela s’est produit lors de l’incendie de la tour Grenfell. Enfin, l’engagement des secours
a pu être rendu extrêmement complexe en raison du fort rayonnement thermique généré par
le bois lui-même.
Ainsi, la réflexion menée dans le cadre de ce mémoire a conduit ses auteurs à faire un certain
nombre de propositions. Tout d’abord, et avant même de traiter le matériau de construction,
il semble judicieux de fusionner les réglementations contre le risque d’incendie qui sont au
nombre de trois en France : ERP, code du travail et habitation. Les disparités qui en découlent
sont des freins à la co-activité et la réversibilité des usages des bâtiments. Pour ceux qui
présentent une hauteur de plus de 28 m, les travaux relatifs aux IMH semblent être
l’opportunité de réaliser cette harmonisation. Ensuite, il semble nécessaire de prendre en
compte la spécificité du matériau de construction et lorsqu’il est combustible comme le bois,
de mettre en place des mesures particulières de prévention, de protection et de prévision à
l’instar des pays étrangers. Pour cela, si le droit « dur1 » est trop contraignant à déployer, il
semble tout-à-fait envisageable d’utiliser la voie du « droit souple » par la réalisation et la
validation aux échelons centraux de guides.
S’inspirant des réglementations des pays étrangers qui ont déjà développé les constructions
en bois et s’appuyant sur les retours d’expérience précités, ces textes permettraient d’adapter
graduellement les mesures en fonction de la hauteur des bâtiments. Ces préconisations
pourraient notamment concerner les moyens de secours, le renforcement des dispositions
associées à la résistance et à la réaction au feu, la qualité de la main d’œuvre et du contrôle
en raison des spécificités de ce nouveau mode de construction. Enfin, les sapeurs-pompiers
vont devoir faire face à un risque nouveau qui impliquera de leur part une adaptation des
concepts opérationnels voire des moyens.
En conclusion, le monde de la construction français évolue dans un enjeu écologique fort dont
une des vitrines sera le village olympique lors des jeux 2024, entièrement conçu en bois. Ce
virage nécessite toutefois un accompagnement de l’ensemble des acteurs afin de garantir le
meilleur niveau de sécurité.
1Pour la suite de ce mémoire, est considéré comme droit « dur », les textes règlementaires (décrets, arrêtés,
règlements, etc.). Le droit « souple » fait quant à lui référence à des guides de bonnes pratiques ou textes
analogues.
ABSTRACT
Due to political and ecologic considerations, tall timber buildings are becoming popular in
France. To help these developments, an association named ADIVbois has organised several
thematic workshops. The aimed of ADIVbois is to find the way to go through technical
difficulties and building regulations when there are too restrictive to combustible components.
Based on different studies, this work has resulted in a vade-mecum, which is intended to be a
support tool for the design and construction of tall timber buildings.
However, many fire experience feedbacks in tall buildings, timber made or not, have allowed
us to identify several lessons that should be incorporated into the ongoing reflections.
Furthermore, many tests analysis show the limits of actual standard fire compared to “natural”
fire.
Thus, the reflection carried out within the framework of this memoir led its authors to make a
several propositions. First, and even before treating the structure components, it would be
easier to merge the building regulations that are three in France. Then, it seems necessary to
take into account the specificity of the combustible structure components. Timber building
request special measures to take account of the fire risk. These recommendations could be
aggregated in specific guides.
Inspired by the regulations of foreign countries that have already developed timber
constructions and based on the feedbacks, these guides would gradually adapt the measures
according to the height of buildings. These recommendations could notably concern the
reinforcement of the provisions associated with the resistance and the reaction to the fire, the
quality of the workmanship and the control. Finally, the firefighters will have to face a new risk
that will involve an adaptation of operational concepts or means.
In conclusion, French construction is evolving in a strong ecological issue of which one of the
showcases will be the village the Olympic Games 2024, entirely conceived in timber. This shift,
however, requires support from all stakeholders to ensure the highest level of security.
SOMMAIRE
INTRODUCTION ............................................................................................................................................... 1
1 ANALYSE DES INCENDIES MAJEURS EN IGH ......................................................................... 2
1.1 L’incendie de l’immeuble « Le Corbusier » à Marseille ............................................... 2
1.1.1 Historique et description du bâtiment ..................................................................... 2
1.1.2 Les circonstances de l’incendie ................................................................................... 2
1.1.3 Les caractéristiques principales du sinistre ........................................................... 3
1.2 L’incendie de l’IGH « Le Centenaire » à Chambéry ....................................................... 3
1.2.1 Historique et description du bâtiment ..................................................................... 3
1.2.2 Les circonstances de l’incendie ................................................................................... 3
1.2.3 Les caractéristiques principales du sinistre ........................................................... 4
1.3 Feu de résidence en construction à San-Francisco....................................................... 4
1.3.1 Historique et description du bâtiment ..................................................................... 4
1.3.2 Les circonstances de l’incendie ................................................................................... 4
1.3.3 Les caractéristiques principales du sinistre ........................................................... 4
1.4 Analyse globale ........................................................................................................................... 5
2 ETUDE COMPARATIVE DES PRINCIPALES REGLEMENTATIONS ................................. 5
2.1 La réglementation française .................................................................................................. 5
2.1.1 Historique de la réglementation ................................................................................. 5
2.1.2 Les bâtiments d’habitation ............................................................................................ 6
2.1.3 Les immeubles de grande hauteur ............................................................................. 7
2.2 Les réglementations étrangères .......................................................................................... 8
2.2.1 Les approches réglementaires à l’étranger............................................................. 8
2.2.2 L’harmonisation européenne ....................................................................................... 9
2.2.3 Particularités de certaines réglementations ....................................................... 10
3 LES CONSTRUCTIONS EN BOIS ................................................................................................ 14
3.1 Le contexte général des constructions bois en France ............................................ 14
3.2 La dynamique des constructions en bois en France et à l’étranger .................... 15
3.3 Le contexte réglementaire du bois en tant que matériau de construction ...... 15
3.4 L’état des connaissances du matériau de construction bois .................................. 16
3.4.1 L’élaboration d’un corpus relatif aux constructions en bois ......................... 16
3.4.2 Les étapes à franchir et les travaux en cours ...................................................... 17
3.4.3 Le bilan ............................................................................................................................... 19
3.5 Les difficultés opérationnelles........................................................................................... 19
4 LES ADAPTATIONS NECESSAIRES .......................................................................................... 20
4.1 Un contexte législatif en pleine évolution ..................................................................... 20
4.1.1 De la redéfinition de l’immeuble de grande hauteur ....................................... 20
4.1.2 Vers une réglementation par objectifs .................................................................. 21
4.1.3 Les pistes permettant d’introduire le bois dans les textes ............................ 21
4.2 Concevoir une défense en profondeur ........................................................................... 23
4.2.1 De la conception à l’intervention des secours .................................................... 23
4.2.2 Construction..................................................................................................................... 23
4.2.3 Maintenance, vérifications et contrôles en cours d’occupation ................... 24
4.2.4 L’éclosion .......................................................................................................................... 24
4.2.5 Développement............................................................................................................... 25
4.2.6 Propagation ...................................................................................................................... 26
4.2.7 Atteinte des cibles.......................................................................................................... 27
4.2.8 Intervention des secours ............................................................................................ 27
CONCLUSION .................................................................................................................................................. 29
SYNTHESE DES PROPOSITIONS ............................................................................................................. 30
GLOSSAIRE ...................................................................................................................................................... 31
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................................ 32
ANNEXE 1.1 : Feu d’IGH « LE CORBUSIER » 09 février 2012 à Marseille. .............................. 34
ANNEXE 1.2 : Feu d’IGH la tour du « Centenaire » à Chambéry le 07 janvier 2011 ........... 35
ANNEXE 1.3 : Feu de résidence en construction à San-Francisco le 11 mars 2014 ........... 36
ANNEXE 1.4 : Feu de la tour GRENFELL de Londres le 14 juin 2017....................................... 37
ANNEXE 1.5 : Feu d’un logement foyer à Dijon le 14 novembre 2010 .................................... 39
ANNEXE 1.6 : Feu de la tour Mermoz à Roubaix le 14 mai 2012 ............................................... 41
ANNEXE 1.7 : Feu de la tour « The Address Downtown » le 31 décembre 2015 (Dubaï) 43
ANNEXE 2.1 : Les bâtiments d’habitation ........................................................................................... 45
ANNEXE 2.2 : Exigences règlementaires des bâtiments d’habitation ...................................... 46
ANNEXE 2.3 : Rappel de certaines exigences réglementaires..................................................... 47
ANNEXE 2.4 : Préconisations du CSTB ................................................................................................. 48
ANNEXE 2.5 : Principes de sécurité des IGH ...................................................................................... 49
ANNEXE 2.6 : Note d’information – IGH en Bois du 27/07/2017 – V2 ................................... 50
ANNEXE 2.7 : Comparaison internationale ........................................................................................ 54
ANNEXE 2.8 : Exemples de réglementations étrangères .............................................................. 55
ANNEXE 2.9 : Les Euroclasses et les Eurocodes ............................................................................... 56
ANNEXE 2.10 : La réglementation suédoise ...................................................................................... 58
ANNEXE 2.11 : La réglementation canadienne CNBC .................................................................... 59
ANNEXE 3.1 : Le contexte général des constructions bois en France ...................................... 60
ANNEXE 3.2 : Articles et communiqués ............................................................................................... 64
ANNEXE 3.3 : Les 11 démonstrateurs des Immeubles à Vivre Bois ......................................... 66
ANNEXE 3.4 : État des lieux des connaissances du matériau de construction Bois ........... 72
ANNEXE 3.5 : ADIVBois / le vade-mecum et ses ateliers ............................................................... 79
ANNEXE 3.6 : La sécurité incendie des immeubles en bois ......................................................... 87
ANNEXE 3.7 : Synthèse des projets de note de l’atelier incendie d’ADIVbois au 1er
septembre 2019 ............................................................................................................................................ 97
ANNEXE 4.1 : Comparaison d’essais de résistance au feu conventionnels entre solutions
combustibles et incombustibles ............................................................................................................. 99
ANNEXE 4.2 : Comparaison entre feu réel et feu standard ....................................................... 100
ANNEXE 4.3 : Lien entre la résistance au feu et la résistance en incluant la phase de
refroidissement .......................................................................................................................................... 102
ANNEXE 4.4 : Feu d’immeubles en travaux ..................................................................................... 103
INTRODUCTION
Si le 20e siècle a été en France placé sous le signe du béton, le 21e siècle verra l’avènement
du bois dans la construction. C’est du moins ce que souhaitent les partisans de ce matériau
mis sur le devant de la scène depuis la COP 21 et l’objectif de réduction de l’empreinte carbone.
Le gouvernement français encourage d’ailleurs cette tendance et a lancé le plan bois dans le
cadre de la « Nouvelle France Industrielle ». Aujourd’hui, un nombre croissant de projets de
bâtiments en bois voit le jour : habitations individuelles et collectives, immeubles de bureaux
et établissements recevant du public.
Le bois, matériau combustible par nature, doit toutefois répondre aux exigences
réglementaires, notamment en ce qui concerne la résistance des structures et la réaction des
matériaux au feu. Les acteurs de la filière et les constructeurs sont parvenus à s’adapter pour
trouver des solutions à certaines exigences fixées par les différents textes. La réglementation
des immeubles de grande hauteur (IGH) présente toutefois certaines dispositions difficiles à
respecter.
Pour faire face au défi de l’introduction du bois dans les IGH, l’association pour le
développement des immeubles à vivre bois (ADIVbois) anime depuis 2014 plusieurs groupes
de travail à thème dont un spécifique à la sécurité incendie qui a débouché dans un premier
temps à l’élaboration d’un vade-mecum mettant en lumière les problématiques identifiées.
Ce travail s’effectue dans un contexte dans lequel les différentes réglementations ont été
conçues à une époque où les structures étaient majoritairement en matériau incombustible.
Le retour d’expérience des incendies dans les immeubles de grande hauteur, tant en France
qu’à l’étranger, démontre pourtant que des feux d’ampleur peuvent arriver dans ce type de
construction et que les matériaux utilisés peuvent jouer un rôle majeur suivant leur
comportement au feu.
Dans ce contexte, il s’agit désormais de s’interroger sur les mesures d’adaptation qu’il serait
pertinent de prendre pour faire face au défi de construction de bâtiments en bois de grande
hauteur (BBGH).
Il sera question également d’évoquer les moyens d’y parvenir. En effet, la France est en pleine
évolution législative avec notamment la volonté de libérer la construction en donnant une
alternative aux règles prescriptives. La notion d’objectifs devient centrale, les moyens et la
charge de la preuve étant laissés aux porteurs de projet.
Pour couvrir l’ensemble de cette thématique, une étude d’incendies majeurs ayant touchés
des immeubles de grande hauteur fera apparaître les points de fragilité de ces bâtiments. Il
ressortira ensuite de l’étude comparative des règlements en France et à l’étranger des pistes
de réflexion pour ce type de bâtiments. Un état de l’art en France comme à l’étranger sur les
constructions en bois mettra par ailleurs en évidence les avancées, les limites et les points de
blocage que rencontre la filière bois dans la construction. Enfin, des propositions seront
effectuées au regard de la réglementation en vigueur en France et de son évolution en cours.
1
1 ANALYSE DES INCENDIES MAJEURS EN IGH
Les modules d’habitation sont constitués de murs et plafonds en fibre de bois surfacés de
plâtre, de cloisons en plaque de plâtre, et de planchers en panneaux de bois. L’isolation
phonique est faite au moyen de panneaux d’isorel et linoléum.
L’immeuble comprend :
un PC sécurité (1 SSIAP2 et 1 SSIAP1) ;
un système de sécurité incendie (SSI) de catégorie A avec détection automatique
d’incendie (DAI) dans les circulations et les locaux à risques ;
des portes asservies au SSI permettent le recoupement des circulations des niveaux
desservant les appartements (soit les niveaux 1, 2, 5, 6 et 7e) ;
4 ascenseurs (dont un est prioritaire) ;
3 escaliers encloisonnés et désenfumés ;
4 colonnes sèches et un réseau de 4 robinets d’incendie armés (RIA) par niveau.
Le jeudi 9 février 2012 les secours sont appelés vers 13h42 pour un appartement (duplex)
situé au premier étage, entièrement embrasé. Les flammes sortent d’une baie et les lances
établies pour stopper la propagation en façade sont efficaces.
Le feu progresse par l’intérieur au travers des murs mitoyens composés par endroit d’un bâti
de bois, de plaques de plâtre, de laine de verre ou de vide.
Vers 15h, en dépit des actions d’extinction, le duplex situé immédiatement au-dessus du foyer
initial est atteint par le feu. Le sinistre semble maitrisé vers 17h, mais vers 20h45 les duplex
situés dans le compartiment supérieur (3e, 4e et 5e étages) s’embrasent brutalement. Puis,
c’est au tour de trois chambres de l’hôtel occupant les 7e et 8e étages d’être détruites.
Afin d’enrayer les propagations, les secours percent les cloisons et les planchers et remplissent
les vides de mousse. L’IGH est totalement évacué, soit 1 600 personnes.
Vers 23h, les pompiers sont « maîtres du feu » qui sera considéré éteint le lendemain à 18h.
Huit duplex et trois chambres d’hôtel sont détruits et une trentaine d’appartements sont
impactés par les fumées.
2
1.1.3 Les caractéristiques principales du sinistre
Il ressort de l’étude du sinistre que les secours ont été confrontés à un feu virulent en raison
du fort potentiel calorifique présent dans les appartements d’une part, et de la contribution
des éléments en bois d’autre part. Le feu s’est ensuite propagé par les vides de construction
et les gaines techniques non isolées ce qui a rendu l’action des secours complexe. La durée
d’intervention (28h) est révélatrice de ces difficultés et de l’importance de ce sinistre.
Il se compose de 22 étages dont le dernier est composé d’un unique appartement de 500 m2
accessible par un escalier privatif depuis le 21e étage. Une piscine se situe en toiture.
L’immeuble comprend en moyenne 10 appartements ou studios par étage et est occupé par
près de 600 résidents.
Le 7 janvier 2011, vers 13h un sinistre se déclare au niveau d’un canapé situé dans un studio
situé au 21e étage.
Rapidement, une fumée épaisse gagne la circulation. Un important panache s’échappe du
sommet de l’immeuble ; les gaz chauds sont rabattus par un vent fort, enfumant ainsi
l’ensemble des niveaux jusqu’au 14e étage et gênant l’action des secours.
Le feu initialement contenu dans un studio se propage par l’extérieur via les éléments en bois
(volets roulants, coffrage, lambris décoratifs).
Le 22e étage s’enfume progressivement après que le feu se soit propagé dans la pièce du
duplex située au 21e étage. Vers 14h30 la propagation extérieure horizontale s’intensifie,
favorisée par les éléments bois et le 22e étage s’embrase.
3
1.2.3 Les caractéristiques principales du sinistre
Il ressort essentiellement de l’étude de ce sinistre ses différents modes de propagation par les
façades : qu’il s’agisse de la contribution au feu des matériaux combustibles (bois des stores,
des coffres et des lambris desséchés par le soleil) ou de l’action du vent qui a rabattu les
fumées dans les appartements, l’incendie a été difficile à maîtriser, a fortiori à des hauteurs
que les échelles des services de secours ne peuvent atteindre.
La résidence, composée de 172 appartements répartis sur 6 étages, est entièrement construite
en bois (cf. annexe 1.3). Elle présente une surface au sol de 6 900 m² et est isolée par la
distance des tiers en vis à vis par des voies de 18 et 24 mètres.
L’ensemble immobilier étant en construction, un échafaudage est implanté sur toute sa
périphérie et le système d’extinction automatique à eau (EAE) de type sprinkleur est en cours
d’installation. Les fenêtres et portes des étages supérieurs ne sont pas installées.
Le 11 mars 2014 vers 16h56, les pompiers sont appelés pour un sinistre. Des témoins signalent
des flammes s’élevant du dernier étage à l’angle sud-est.
Rapidement la virulence croissante du feu, menaçant la stabilité des structures, oblige les
secours à évacuer. Malgré la mise en place de lances canons, les vitres des bâtiments mitoyens
éclatent.
Alors que le feu gagne l’ensemble de l’immeuble, les trois derniers étages s’effondrent vers
18h00, entrainant les façades par pans entiers.
La puissance du brasier contraint alors les pompiers à concentrer leurs moyens sur la
protection des immeubles menacés par le rayonnement. Les flammes dépassent 40 m et des
débris enflammés provoquent plusieurs départs de feux par projections.
Peu avant 20h, le feu se présente comme un brasier de 7 000 m² de ruines incandescentes.
Bien que le feu soit considéré comme maîtrisé, des éléments de la structure continuent de
s’effondrer sporadiquement obligeant les secours à reculer (d’une distance égale à la hauteur
des structures instables).
Ce sinistre est révélateur des difficultés auxquelles les services de secours peuvent s’attendre
à être confrontés lors d’un incendie d’un bâtiment en bois. Le développement important et le
fort rayonnement thermique associés ont facilité la propagation de l’incendie à l’ensemble
immobilier ainsi qu’aux bâtiments environnants. En l’absence de moyens de secours internes
due à la phase chantier et compte tenu de la fragilisation rapide des structures, les services
de secours n’ont pu attaquer le feu par l’intérieur, ce qui aurait permis une action plus efficace
mais trop périlleuse. Pour venir à bout de cet incendie, il aura fallu, au plus fort de la phase
d’extinction, la mise en œuvre d’un dispositif hydraulique de 60 000 l/min3.
3 Pour mémoire, les engins-pompes américains standards disposent de pompes de 6 000 l/min et d’une
lance-canon de 2 000 à 3 000 l/min au moins, d’autres pouvant atteindre les 15 000 l/min.
4
1.4 Analyse globale
Ces dernières années, plusieurs sinistres importants dans des immeubles de grande hauteur,
en structure bois ou non, ont occupé la scène médiatique. Ils ont permis de mettre en exergue
un certain nombre de facteurs qu’il convient de prendre en compte.
Par l’extérieur, certains sinistres se caractérisent par des propagations en façades comme le
témoignent les incendies de Londres (tour Grenfell), Dijon, Roubaix et Dubaï (cf. analyses en
annexes 1.4 à 1.7). Cette problématique remonte au premier Grenelle de l’environnement et
les techniques d’isolation thermique par l’extérieur (ITE).
Le feu de Chambéry démontre par ailleurs que d’autres facteurs, comme le vent, peuvent
conduire à une propagation atypique en rabattant les fumées et les gaz chauds à l’intérieur
des autres niveaux.
Les bâtiments s’avèrent d’autant plus vulnérables en phase chantier en raison de l’absence de
moyens de secours et de la fragilité des dispositions constructives (San-Francisco).
Les durées des incendies sont susceptibles d’aboutir à l’effondrement de la structure, soit
partiel entre deux planchers coupe-feu (Le Corbusier), soit total (San Francisco), créant un
risque supplémentaire difficile à appréhender par les secours.
Enfin la puissance des feux évoqués ci-dessus nécessite une réponse hydraulique conséquente
et une adaptation de la réponse opérationnelle.
Les premiers textes relatifs à la sécurité incendie des bâtiments d’habitation et de grande
hauteur datent des années cinquante à soixante et correspondent au début des constructions
de ce type de bâtiments en France.
Bien que notre mémoire soit orienté sur les immeubles de grande hauteur, l’évolution
réglementaire des bâtiments d’habitation est indissociable de celle des IGH et a engendré petit
à petit leurs mises en sécurité incendie.
5
C’est tout d’abord le décret du 22 octobre 1955, qui fixa les règles générales de construction
des bâtiments d’habitation en prenant en compte la notion de résistance au feu avec une
évacuation garantie en cas d’incendie4.
Par la suite, l’arrêté du 23 mai 1960 relatif à la protection des bâtiments d’habitation contre
l’incendie et sauvegarde des personnes fit apparaître pour la première fois, un classement des
bâtiments en quatre familles distinctes.
Ce texte prévoyait des mesures particulières de sécurité et de facilité d’intervention pour les
immeubles de plus de 16 étages en accord avec les services incendie, mais également la notion
de deux escaliers protégés distincts et obligatoires pour les bâtiments de plus de 28 mètres.
Face aux difficultés d’évacuation des occupants et d’intervention des secours dans ces hautes
constructions, des travaux de réflexion aboutissent à la création de notion d’immeubles de
grande hauteur et la rédaction du décret du 15 novembre 1967 et de l’arrêté du 24 novembre
1967 relatif au règlement de sécurité pour la construction des IGH et leur protection contre
les risques d’incendie et de panique.
Une circulaire du 15 décembre 1967, complète ces textes et les principales dispositions
suivantes sont introduites pour les IGH :
le compartimentage des niveaux ;
l’évacuation partielle ;
la limitation du potentiel calorifique ;
la facilitation de l’intervention des secours.
Les nombreux décès survenus lors d’incendie d’IGH à l’étranger, ont incité à réviser le texte
initial des IGH, par la parution de l’arrêté du 18 octobre 1977, qui fut ensuite abrogé par
l’arrêté du 30 décembre 2011.
On peut se rendre compte que globalement cette réglementation incendie a évolué au fur à
mesure des années, garantissant un niveau de sécurité relativement satisfaisant.
Cette réglementation est conçue de manière implicite pour des bâtiments en matériaux de
construction incombustible (béton, parpaing).
La prévention du risque incendie dans les bâtiments d’habitation s’appuie essentiellement sur
des dispositions constructives apportant une protection passive à l’ouvrage. Ces mesures
visent essentiellement à éviter la naissance, le développement du feu, la propagation de
l’incendie et assurer la sécurité des occupants et faciliter l’intervention des secours.
4 « Les structures retenues et les matériaux utilisés doivent résister avec une marge de sécurité convenable aux efforts et attaques
qu’ils peuvent normalement subir et présenter un degré suffisant de résistance au feu. Ce texte introduisait également en complément,
que la construction devait permettre aux occupants en cas d’incendie, soit de quitter l’immeuble sans secours, soit de recevoir le cas
échéant un tel secours. »
6
Les exigences réglementaires en matière d’incendie sont hiérarchisées selon le type de famille
(cf. annexe 2.2). Pour les habitations de 3e et 4e familles, l'emploi du matériau bois pour la
construction n'est restreint que pour certains éléments (cf. annexe 2.3).
L’article R.122-2 du CCH précise la définition6 d’un immeuble de grande hauteur (IGH). Le
seuil de 50 mètres est spécifique aux bâtiments d’habitation. Pour les bâtiments « autres »
(tertiaire, commerces, bâtiments administratifs ERP), le seuil à partir duquel un bâtiment est
considéré comme un IGH est fixé à 28 mètres.
Au-delà de 200 m de haut, l’immeuble est dit de très grande hauteur (ITGH).
5 « Constitue un immeuble de moyenne hauteur tout immeuble à usage d’habitation dont le plancher bas du
logement le plus haut est situé à plus de 28 mètres au-dessus du niveau du sol le plus haut utilisable pour
les engins des services publics de secours et de lutte contre l’incendie et qui n’est pas considéré comme un
immeuble de grande hauteur au sens de l’article R. 122-2 »
6 « Constitue un immeuble de grande hauteur, tout corps de bâtiments dont le plancher bas du dernier
niveau est situé, par rapport au niveau du sol le plus haut utilisable pour les engins des services publics de
secours et de lutte contre l’incendie, à plus de 50 mètres pour les immeubles d’habitations »
7
Les grands principes de sécurité des IGH sont définis dans l’article R.122-9 :
« Pour assurer la sauvegarde des occupants et du voisinage la construction des immeubles de
grande hauteur, qui doivent par ailleurs justifier d’une durée de stabilité au feu, doit permettre
de respecter les principes de sécurité » (cf. annexe 2.5) :
l’immeuble est divisé en compartiment coupe-feu de degré deux heures ;
les matériaux combustibles dans les compartiments sont limités voire interdits ;
l’évacuation des occupants doit être assurée par au moins deux escaliers par
compartiment ;
l’accès aux ascenseurs est interdit dans les compartiments menacés par le sinistre ;
des dispositions appropriées doivent empêcher le passage des fumées du
compartiment sinistré aux autres parties de l’immeuble ;
les escaliers et circulations doivent être protégés ;
un système d’alarme efficace ainsi que des moyens de lutte contre l’incendie doivent
être mise en place.
Afin de pallier cette difficulté, la note d'information du Ministère de l'Intérieur sur les IGH en
bois du 27 juillet 2017, version 2 (cf. annexe 2.6) introduit la possibilité de recourir à une
démarche d’ingénierie de la sécurité incendie (ISI) sous réserve du respect des objectifs
principaux suivants :
l’incendie doit rester confiné dans son compartiment d’origine ;
la stabilité des structures ne présente aucun risque de ruine sous l’effet de l’incendie ;
le comportement au feu des façades doit assurer la non transmission du feu au-delà
du niveau N+2.
Ceci vaut pour toute la durée du feu, jusqu'à épuisement de la charge calorifique, dans
l’hypothèse, d’un échec de toutes les mesures de lutte contre l’incendie.
Pour cela, les projets de construction d’IGH en bois devront a minima comporter des études
précises et conclusives sur les domaines suivants :
l’immeuble est divisé en compartiments à chaque niveau, avec des parois EI 120 ou
REI 120 en cas de fonction porteuse ;
la charge calorifique se trouvant dans chacun de ces compartiments est limitée, dans
les conditions fixées aux articles GH 16 et GH 61 du règlement de sécurité des IGH.
8
D’une manière globale, il ressort un certain nombre de points de convergences dans la plupart
des réglementations étrangères en matière d’IGH indépendamment des matériaux de
construction :
un niveau correspondant à un compartiment ;
la règle du C+D n’est pas appliquée dans les pays où l’extinction automatique à eau
(EAE) est obligatoire ;
la stabilité au feu de degré deux heures est assez répandue ;
la détection automatique d’incendie et l’alarme sont obligatoires ;
l’évacuation limitée au compartiment sinistré est assez répandue ;
l’usage de l’extinction automatique est très répandu ;
le désenfumage est obligatoire dans les escaliers et les sas ;
des degrés de réaction au feu contraignants des revêtements de façades sont exigés.
Les hauteurs qui conditionnent la définition des IGH peuvent varier d’un pays à l’autre de 18
à 200 mètres (cf. annexe 2.7).
Pour les bâtiments en bois, l’installation d’un système d’extinction automatique à eau
conditionne leur hauteur maximale qui est généralement fixée à 40 m avec EAE mais limitée
à 30 m pour les immeubles qui en sont dépourvus (cf. annexe 2.8).
Au niveau européen, deux systèmes de codification ont été harmonisés, à savoir la réaction7
et la résistance8 au feu. Il a pour cela fallu harmoniser des méthodes d’essais pour aboutir à
une classification commune – les Euroclasses – permettant de déterminer les caractéristiques
de réaction au feu des produits de construction et d’aménagement et de résistance au feu des
éléments de construction.
Les règles de calculs sont harmonisées au sein des Eurocodes constituant un ensemble de
58 normes utilisables pour vérifier la stabilité et le dimensionnement des différents éléments
constituants des bâtiments. Les Eurocodes 1 à 6 et 9 comprennent chacun une partie 1.2
consacrée aux règles de calcul pour la résistance au feu des ouvrages structurels
(cf. annexe 2.9).
7La réaction au feu est la manière dont un matériau va se comporter comme combustible
8La résistance au feu indique le temps durant lequel, lors d’un feu, un élément de construction (paroi,
plancher, etc.) conserve ses propriétés physiques et mécaniques.
9
L’Eurocode 5 (NF EN 1995) concerne la conception et le calcul des structures en bois. Cette
norme détermine notamment les profondeurs de carbonisation, certaines règles plus
particulières relatives aux poutres, poteaux, murs ou encore sols et jonctions bois-bois ou
acier-bois.
Ainsi, le règlement de construction laisse le choix au maître d’ouvrage entre deux conceptions :
la conception simplifiée où le constructeur utilise les solutions et les approches
énoncées dans le règlement pour atteindre les objectifs ;
la conception analytique où le constructeur satisfait une ou plusieurs dispositions du
règlement par d’autres moyens, tels que l’ingénierie ou des guides de performances.
Le ministère de la construction Suédois n’a pas souhaité entraver les progrès technologiques
et l’innovation à travers des règles trop détaillées. Le règlement est donc très peu développé
et le recours à l’ingénierie de la sécurité incendie (ISI) s’est réellement développé (plus d’un
millier d’études par an en Suède).
10
2.2.3.2 Le modèle Anglais
Dans tous les cas, pour les Anglais, chaque projet reste unique avec des approches
d’ingénieries différentes.
Concernant les bâtiments, ils sont considérés IGH à partir de 30 m et sont limités à 8 niveaux
pour le bois.
Le Code National du Bâtiment Canada (CNBC), code historique, comporte 9 parties, dont deux
traitent de la sécurité incendie dans les bâtiments.
Le code canadien était au départ prescriptif, mais s’est ouvert aux exigences axées sur la
performance, afin de favoriser la mise en œuvre de différentes méthodes de conception et de
construction, dans la mesure où elles respectent les objectifs clairement définis.
Le code a continué de définir des solutions prescriptives qui s’harmonisent avec ces objectifs,
et il fait de plus en plus appel aux méthodes de l’ingénierie.
Cette analyse est basée sur les méthodes de la National Fire Protection Association (NFPA).
Le CNBC classe les différents bâtiments en groupe et division (cf. annexe 2.11).
Cette classification est liée à l’activité principale du bâtiment et à son usage, ses dimensions
(aire et hauteur) et les divers types de risques à prendre en compte :
groupe A : « Réunion » ;
groupe B : « Soin » ;
groupe C : « Habitation » ;
groupe D : « Etablissement d’affaire » ;
groupe E : « Etablissement commercial » ;
groupe F : « Industriel ».
9L’indice de propagation est défini comme un essai de résistance au feu permettant de contrôler la présence
de combustible et de limiter l’inflammabilité des matériaux.
11
Les bâtiments dits de grande hauteur sont classés selon la hauteur et l’usage, entre 6 et 12
niveaux, ils doivent satisfaire à des exigences particulières car l’évacuation simultanée de tous
les planchers n’est pas prévue. A cet effet, le CNBC met en œuvre un certain nombre de
mesures permettant d’allouer suffisamment de temps pour l’évacuation notamment :
le recours à des systèmes de contrôles des fumées ;
l’accroissement de la résistance au feu des éléments structuraux ;
l’installation de gicleurs (EAE).
Le type de construction doit être incombustible, le bois peut seulement être utilisé dans la
construction des cloisons, des murs extérieurs, des revêtements de planchers. Le code
Canadien a imposé des limites d’utilisation du bois dans la construction en limitant les
bâtiments en structure bois jusqu’à 3 niveaux sur rez-de-chaussée (R+3) avant d’évoluer à
partir de 2009 (cf. partie 3.3).
Côté Suisse, la norme de protection incendie est assurée et réalisée par l’association des
établissements cantonaux d’assurance incendie (AEAI).
Les prescriptions de protection incendie se composent :
de la norme de protection incendie ;
des directives de protection incendie.
L'AEAI publie aussi des « notes explicatives » où sont détaillées certaines questions de
protection incendie, ainsi que des « aides de travail » visant à faciliter l'application des
directives de protection incendie.
La norme de protection incendie fixe le cadre et définit les standards de sécurité applicables.
Les bâtiments doivent être construits, exploités et entretenus de manière à :
garantir la sécurité des personnes et des animaux ;
prévenir les incendies, les explosions et limiter la propagation des flammes, de la
chaleur et des fumées ;
limiter les risques de propagation du feu aux bâtiments et aux ouvrages voisins ;
conserver la stabilité structurelle des bâtiments et des autres ouvrages pendant une
durée déterminée ;
permettre une lutte efficace contre le feu et garantir la sécurité des sapeurs-pompiers.
Les exigences de protection incendie dans les bâtiments sont notamment déterminées par :
le type de construction, la situation, les risques par rapport au voisinage, l'étendue et
l'affectation des locaux ;
la géométrie du bâtiment et le nombre de niveaux ;
le nombre d'occupants ;
la charge thermique et la réaction au feu des matériaux ainsi que le danger de
dégagement de fumées ;
le danger d'activation (éclosion) inhérent à l'affectation du bâtiment ou de l'ouvrage et
aux activités qui s'y déroulent ;
les possibilités d'intervention des sapeurs-pompiers.
L’emploi des matériaux de construction combustibles est autorisé dans la mesure où ils ne
conduisent pas à une « augmentation inadmissible » des risques.
12
Une directive définit les mesures à prendre pour assurer la qualité de la protection incendie
pendant toute la durée de vie des bâtiments.
L'assurance qualité doit reposer sur les critères de détermination des exigences de protection
incendie, ainsi que sur les équipements de protection incendie et les méthodes de preuves en
protection incendie. Le degré d'assurance qualité déterminé par l’autorité de protection est
choisi en fonction de l'affectation du bâtiment, de sa géométrie (hauteur, étendue), du type
de construction et des risques d'incendie particuliers qu'il présente.
Des mesures de sécurité supplémentaires spécifiques peuvent être exigées pour l'ensemble
d'une construction ou d'un ouvrage (par exemple systèmes de peintures intumescentes pour
une construction en bois).
Cette norme de protection est relativement prescriptive. Cependant, les Suisses considèrent
qu’en protection incendie, il est admis de recourir aux méthodes de preuves ou à d'autres
méthodes en vue d'évaluer le danger et le risque d'incendie.
Concernant les bâtiments bois, les matériaux combustibles sont autorisés pour les bâtiments
de faible et moyenne hauteur, soit au maximum trente mètres.
Le bois peut être apparent ou pas, selon son rôle porteur ou non, l’affectation, le type de local
concerné et la catégorie du bâtiment. Cependant, les cages d’escaliers et voie d’évacuation
horizontale en bois, doivent être systématiquement enveloppées d’un revêtement de
protection minimum coupe-feu 30 minutes. Les vides de structures sont également remplis
d’éléments incombustibles.
L’extinction automatique incendie n’est pas obligatoire, mais elle permet généralement une
réduction de la résistance au feu de 30 minutes de la structure porteuse du bâtiment.
un code de construction unique pour tous les types de bâtiments peut s’avérer une
véritable piste de simplification dans la compréhension et l’application des textes. Elle
permet en outre la réversibilité des bâtiments ;
la redéfinition du classement des établissements par une analyse des risques
s’apparenterait à faire évoluer le système français dans l’hypothèse de l’adoption d’un
socle commun à l’ensemble des réglementations (ERP, ERT et habitations) ;
des objectifs globaux de la sécurité incendie doivent être définis afin de mettre en
œuvre l’approche performantielle ;
le seuil de classement des IGH à l’étranger est commun à tous les types d’activités (30
m en moyenne), ce qui plaide pour une harmonisation du système de classement
français des immeubles dont la hauteur est comprise entre 28 et 50 m ;
La prise en compte de la spécificité du bois engendre :
la limitation de la hauteur des immeubles ;
le renforcement de la résistance au feu des structures pour les bâtiments en
bois ;
une attention particulière aux vides de construction ;
un isolement renforcé par rapport au tiers par la prise en compte de la
puissance sur le modèle des installations classées pour la protection contre
l’environnement – ICPE. Une modélisation des flux thermiques en ce qui
concerne le rayonnement thermique pourrait être envisagé.
la limitation du bois apparent à l’intérieur du bâtiment ;
13
une réflexion nécessaire sur les principes de mise en sécurité des
occupants (évacuation, confinement, dimensionnement des escaliers, etc.) ;
des dispositions particulières appliquées aux revêtements et isolants de façade,
souvent incombustibles dans les réglementations étrangères ;
la sanctuarisation des dégagements verticaux (escaliers) et des gaines
d’ascenseurs ;
la mise en œuvre de mesures compensatoires comme le désenfumage, la DAI
généralisée et l’EAE.
une implication des assurances dans le domaine de la sécurité incendie.
Les constats issus des différentes réglementations démontrent une appétence particulière pour
la méthode performantielle et de ce fait, une démocratisation de l’ingénierie. L’expérience de
l’emploi du bois dans la construction de certains pays comme le Canada est riche
d’enseignements et mérite de s’en inspirer.
Afin de comprendre comment la notion d’IGH en bois est apparue en France, il est nécessaire
de replacer notre sujet dans le contexte global (cf. annexe 3.1). La volonté affichée de réaliser
ce type de concept sur le territoire national s’inscrit dans une dynamique générale de
développement de constructions pour édifier des villes durables notamment dans le cadre de
la COP 21. Pour cela, il a été lancé des dispositifs à partir de la loi sur la transition énergétique10
qui ont eu pour conséquence l’introduction du bois dans les constructions. La démarche est
soutenue par une politique affirmée et volontariste de l’État en associant les différents acteurs
de la filière bois avec la création de l’Alliance Nationale Bois Construction Rénovation. Cette
initiative est un moyen pour atteindre les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone.
Le point d’étape du plan industries du bois d’octobre 2016 précise que le plan IGH bois de la
Nouvelle France Industrielle fait partie intégrante de l’axe « Ville durable ». Il vise l’émergence
de solutions bois dans des immeubles de 10 à 15 niveaux pour contribuer à répondre aux
enjeux d’avenir. Lors de ce bilan, il est établi que la filière bois-construction reste peu
développée en France. Les immeubles en bois ne dépassent pas 8 niveaux en France pour 14
en Europe et 18 en Australie. Le plan « Industries du bois » est porté par ADIVbois (Association
pour le Développement d’Immeubles à Vivre en bois créée en 2014) et vise à susciter des
projets de construction de bâtiments de moyenne et grande hauteur et d’aménagements
intérieurs en bois, et à contribuer ainsi à l’émergence de solutions.
10 Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte
14
projets lauréats bénéficient d’études de qualification financées par ce dispositif, sur les aspects
techniques tels que structures, façades, thermique, qualité de l’air intérieur, ingénierie de
sécurité incendie, ingénierie vibratoire, etc.
Certains immeubles bois déjà réalisés ou en cours de réalisation font l'objet d'articles ou
communiqués de presse dont des extraits ont été repris dans les annexes 3.2 et 3.3. Il peut
être constaté, que ce soit au plan national ou international, que les projets sont présentés
sous un angle esthétique et de « vivre bois », répondant aux questions environnementales,
mais aussi en annonçant clairement une volonté de défi vis-à-vis de la hauteur (tour Mjøstårnet
de 85 m et 18 étages en Norvège). Il est également mis en exergue la notion de facilité de
mise en œuvre comme par exemple la construction en module 3D (un module = un logement),
de structures en caisson bois de grande portée ainsi que la notion de réversibilité. En France,
il peut être pris comme exemple de l’annonce du projet de la tour Silva en 2016 (logements
biosourcés) en R+17 à Bordeaux ou encore l’immeuble bois le Palazzo de bureaux de 35
mètres à Nice.
Certains articles abordent succinctement les solutions mises en œuvre pour leurs
constructions. Il peut être identifié des notions comme des structures techniques mixtes, de
structures en bois lamellé collé ou l’emploi de CLT (Cross Laminated Timber, en français : bois
lamellé croisé). L’exemple de la tour Treet Bergen en Norvège (2016) démontre la volonté
d’aller vers des solutions novatrices en se basant sur des études d’ingénieries. Les revues
techniques spécialisées françaises font des points réguliers sur les projets bois qui annoncent
une augmentation de son emploi.
Enfin, il est affiché clairement par ADIVbois que les Jeux Olympiques et Paralympiques de
Paris en 2024 représentent une occasion indéniable de valoriser la filière bois. A ce titre, le
projet France Bois 2024 a été créé afin de la promouvoir et l’accompagner par la signature
d’un Contrat Stratégique le 16 novembre 201811.
Sur le plan international, il a pu être identifié plusieurs solutions évoquées pour l’utilisation du
bois dans la partie 2. Afin de réaliser un parallèle avec la réglementation prescriptive française,
il peut être ici relevé l’orientation qui a été prise en Amérique du nord, pionnière dans
l’utilisation de ce matériau du fait de son histoire. Il est très vite repéré que la réglementation
appliquée dans ces pays sépare les constructions en matériaux incombustibles et ceux
combustibles. Par exemple, le Canada (Québec) a orienté la réglementation en prenant en
compte le risque en fonction de la hauteur des bâtiments en bois avec une graduation des
mesures constructives et des dispositifs passifs ou actifs de prévention. Cette réflexion a été
basée sur les retours d’expérience à la suite des incendies majeurs de quartiers composés
d’immeubles en bois (conflagrations). Depuis 1941, les bâtiments en structure bois au-delà du
R+3 étaient interdits. Le code de la construction du Québec a évolué et autorise les bâtiments
en bois depuis 2015 jusqu’à R+5. Puis, une directive de la régie du bâtiment du Québec est
venue encadrer les règles pour les bâtiments bois d’au plus 12 étages (cf. annexe 3.4). La
deuxième catégorie d’immeubles est soumise à des critères contraignants, à l’instar de ceux
développés en partie 2 portant par exemple sur la résistance au feu, les revêtements et isolants
extérieurs (incombustibles), l’absence de bois à l’intérieur, la présence d’un système
d’extinction automatique à eau de type sprinkleur, la définition de l’alarme incendie, la
11 https://www.adivbois.org/actualite-jo-2024-avec-le-bois/
15
présence d’escaliers désenfumés et du désenfumage mécanique, le remplissage par des
matériaux incombustibles des vides de structure.
En France, face aux limites fixées par la réglementation IGH (cf. paragraphes 2.1.3.1 et
2.1.3.2) et les résultats du concours organisé par le PUCA, ADIVbois a orienté ses travaux
dans un premier temps afin de trouver des solutions techniques destinées à des bâtiments
bois hors IGH.
De son côté, le ministère d’Intérieur a permis la construction d’IGH bois par la parution de la
note d’information datée du 27 juillet 2017 (cf. annexe 2.6). Cette note détermine la démarche
à suivre pour permettre la construction d’IGH en bois. Considérant le caractère singulier de ce
type de construction, il est prévu que ces immeubles fassent l’objet de prescriptions spéciales
ou exceptionnelles et soient étudiés à l’échelon central.
Compte tenu du contexte décrit ci-avant, il a été fait le choix de réaliser un état de l’avancée
des travaux de l’atelier incendie d’ADIVbois. Pour cela, il a pu être identifié trois documents
cadres :
le vade-mecum des immeubles à vivre bois ;
le projet de note portant sur les bâtiments bois multi-niveaux (8m<h<28m) ;
le projet de note portant sur les bâtiments en bois de grande hauteur (BBGH > 28 m).
Pour la partie intéressant l’incendie, les projets de notes portant sur les bâtiments multi-
niveaux et les BBGH reprennent les principes annoncés dans le vade-mecum et définissent les
préconisations aux problématiques soulevées.
L’organisation de ces notes permet d’identifier les mesures applicables aux bâtiments bois de
manière large, puis plus spécifiquement aux IGH, selon le plan suivant :
le respect des exigences concernant les matériaux et éléments bois ;
les recommandations complémentaires selon le domaine d’application
pour les bâtiments multi-niveaux d’une hauteur inférieure à 28 m intégrant une
ouverture à l’ingénierie pour les immeubles d’habitations de la 3e famille B ;
pour les bâtiments présentant une hauteur supérieure à 28 m, à savoir :
- les immeubles d’habitation de la 4e famille ;
- les IGH.
16
D’une manière générale, la réglementation actuelle permet l'emploi du matériau bois pour la
construction des bâtiments d'habitation collective, les ERP et les bureaux de 8 à 28 m. Cela
est rendu possible du fait que les exigences formulées en matière de comportement au feu
sont indépendantes des matériaux de constructions employés. Il est à noter toutefois des
restrictions existantes détaillées en annexe des projets de note (reprise dans ce mémoire dans
l’annexe 2.3).
Ces notes concernant les bâtiments supérieurs à 8 mètres posent dans une première partie
les principes de base existants concernant la spécificité du matériau de construction bois. Puis
pour chaque cas, il est établi des préconisations à prendre en compte qui vont dépendre
essentiellement de l’activité et de la hauteur des bâtiments. Une synthèse de ces notes est
proposée dans l’annexe 3.7 qui dénote la complexité de l’exercice.
Quant aux bâtiments inférieurs à 8 mètres, ils font l’objet de certaines préconisations inscrits
dans plusieurs documents comme les guides issues des plans bois 12 et par le biais
d’informations détaillées disponibles dans les publications Synerbois diffusées par le FCBA et
le CSTB.
Les notes émettent des mesures complémentaires qui sont destinées à éviter la propagation
rapide du feu en limitant la contribution des matériaux de construction bois au développement
de l’incendie.
Pour les immeubles d’habitation de la 3e famille B et de la 4e famille, les exigences des principes
de sécurité à atteindre sont plus élevées du fait de leur hauteur qui empêche tout sauvetage
des occupants par l’extérieur. Les recommandations sont donc plus aggravantes comme par
exemple la protection passive généralisée du bois structural ou à défaut la mise en œuvre
d’une démarche d’ingénierie de la sécurité incendie.
Pour les IGH, le règlement actuel ne permet pas le recours à la construction en bois massif
sans une démarche en ingénierie de la sécurité incendie.
Les projets de note permettent également de faire un état des lieux de l’avancée des travaux
débouchant par exemple sur l’élaboration du guide de conception des façades et du guide
pour l’application de l’ISI à des bâtiments en bois dont ce dernier est versé en annexe de la
note sur les BBGH.
Les projets de note évoluent au fur et mesure de l’avancée des travaux de l’atelier incendie
d’ADIVbois. Les conclusions relevées dans ce paragraphe ne seront sans doute plus d’actualité
d’ici quelques mois.
L’atelier incendie a été créé à l’origine pour trois ans, soit jusqu’en 2018. Il a été reconduit de
deux ans. Toutefois, ses travaux devraient être poursuivis dans le cadre des projets de
construction des ouvrages olympiques.
Une présentation réalisée par le CSTB en 2018 permet d’établir un point précis sur l’état de
l’art et sur les étapes à franchir. Ce bilan est consultable en annexe 3.6.
12https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/sites/default/files/2019-
05/dgaln_plan_bois_novembre_2015.pdf
17
Des essais complémentaires sont prévus concernant les façades en bois du fait que ceux qui
sont validés intéressent uniquement les locaux avec des parois incombustibles. Ils ne
concernent pas les IGH dont les éléments de bardage sont déjà définis (A2-s3, d0 :
article GH 13). Le groupe d’ADIVbois ne préconise pas d’y déroger.
Des essais concernant les assemblages, doivent être réalisés en fin d’année du fait que
l’Eurocode encadrant le critère de la résistance au feu des structures en bois est limité à
60 minutes. Ils concerneront des assemblages qui tiendraient jusqu’à 90 ou 120 minutes
(cf. annexe 3.6).
Les feux couvants et la maîtrise de l’incandescence sont des critères importants restant à
déterminer pour valider certains paramètres dans le cadre de l’ISI. Les outils de calcul actuels
ont été adaptés pour prendre en compte l’extinction jusqu’à épuisement de la charge mobilière
mais pas au-delà. Si l’on a un volume (local) avec des parois en bois apparent, il peut être
démontré, qu’après un certain temps, lorsque la charge mobilière est épuisée, que les flammes
disparaissent. Cet aspect est retracé dans le logigramme de la méthodologie relative à l’ISI
(repris dans le projet de note) dont le raisonnement est de déterminer le nombre de parois
bois apparent admissible selon le scénario retenu. Actuellement, ces outils doivent évoluer
pour démontrer le critère de l’auto-extinction. ADIVbois semble assumer le fait que la
finalisation de l’extinction soit assurée par les secours (cf. annexes 3.4 et 3.6).
Les essais portant sur la problématique de délamination du CLT ne sont pas encore concluants
en raison de la qualité de la colle employée. La validation d’une autre colle est en cours
(démarche de normalisation estimée à deux ans). Dans l'attente, selon le laboratoire CSTB, le
CLT devrait être protégé en limitant la présence de bois apparent à 10 %, associé
éventuellement à de l'extinction automatique. Pour mémoire, en 2018, il était avancé une
évaluation de 30 %, mais avec toute prudence dans l’attente des essais.
Le passage de gaz chauds dans les vides de construction via les jonctions plafond / cloisons
ou dans certaines ouvertures est un risque principal dans ces constructions. L’élaboration d’un
guide du traitement de cette problématique abordera les garanties à prendre en considération.
Les réflexions sur les solutions d’extinction automatique à eau que ce soit de type sprinkleur
ou brouillard d’eau ne sont pas suffisamment abouties. Les débats portent sur le coût global
par rapport aux enjeux et la quantité d’eau déversée qui peut engendrer des problèmes de
résistance de la structure et de pourrissement du bois par la suite. Il est à noter que les
bâtiments en bois de plus de 28 mètres à l’étranger sont tous protégés par une installation
d’extinction automatique comme évoqué en partie 2.
18
3.4.3 Le bilan
Cette analyse montre que les travaux pour l'établissement des règles de l'art dans ce domaine
ne sont pas terminés. Or, il a été observé que certains immeubles sont déjà en exploitation ou
qu'ils sont en cours de construction et qu’actuellement, les services instructeurs reçoivent des
projets. A la vue des travaux colossaux réalisés par ADIVbois et ceux qui restent à finaliser, il
vient alors une interrogation sur la fiabilité des conceptions actuelles et de leurs contrôles.
Demain, il se pourrait que des mises en sécurité des bâtiments existants soient nécessaires.
Du fait de la tendance à ne pas refondre les règlements existants et d'aller plutôt vers du droit
souple, il serait sans doute intéressant d'ouvrir la réflexion vers une démarche pragmatique
en prenant en considération les mesures déjà appliquées dans d'autres pays. Il peut être cité,
pour la problématique des vides de construction, l'exemple de la réglementation du Québec
qui prévoit le remplissage de ces derniers par des matériaux incombustibles.
Un éclairage semble également nécessaire sur des problématiques non abordées par ADIVbois,
qui malgré une méthode rigoureusement scientifique, peut obérer d'autres phénomènes. En
effet, lors de nos recherches, il a pu être constaté par des spécialistes dans le monde d'autres
problématiques non étudiées jusqu'à ce jour. Par exemple, la vitesse du vent peut entraîner
des débits d'air plus important et donc des pressions internes plus élevées dans les
compartiments qui vont favoriser un développement du feu plus important que lors des essais.
Pour les IGH, les réflexions et les travaux concernant les constructions bois en général
porteront sans nul doute des enseignements. En tout état de cause, du fait qu’actuellement
les principes de sécurité édictés par les textes actuels ne sont pas remis en question dans le
cadre des constructions bois, les précautions à prendre et les études ISI associées devront
démontrer que le niveau de sécurité soit a minima au moins égal à celui des IGH traditionnels.
Toutefois, certains travaux non finalisés devront être suivis activement par l’ensemble des
ministères en charge des réglementations incendie, comme par exemple l'utilisation de l’EAE.
La route vers les IGH en bois commence tout juste à se construire et il semblerait qu'il soit
encore temps d’accentuer l'accompagnement des acteurs de cette filière.
Certains pays ont déjà leurs propres stratégies dans le domaine opérationnel à l’instar des
pays d'Amérique du Nord et de la Suède en Europe. Les dispositions qu’ils ont été amenés à
prendre démontrent qu'une réflexion sur le dimensionnement des secours et sur la
détermination d'une doctrine opérationnelle est à définir afin d'anticiper les phénomènes liés
à la spécificité de ces bâtiments. Il doit être pris en considération la possibilité pour les secours
d’avoir à faire face à des constructions entièrement embrasées, qu'elles soient déjà édifiées
ou en phase chantier. Les services de secours des pays précités sont pourvus de moyens
adaptés associés à des réseaux hydrauliques importants. Cette démarche devra être étendue
aux scenarii envisageables dans les IGH bois pour lesquels la quantité d'eau utilisée sera un
point essentiel des discussions.
19
En France, il subsiste une problématique opérationnelle avec les bâtiments en bois existants
dont un grand nombre s’est déjà construit sans avoir pu bénéficier d’accompagnement. Il
semble qu’il soit nécessaire d'identifier les constructions bois dimensionnantes qui répondent
aux préconisations et celles qui ne les ont pas prises en compte. Dans ce cadre, la question
de la nécessité d'une répertoriation et de la définition de stratégies particulières pourrait se
poser.
Il s’agit désormais de présenter des propositions et préconisations issues des conclusions des
parties précédentes. Dans un premier temps, il sera analysé les différents vecteurs possibles,
à savoir le « droit dur » et/ou le « droit souple ». Dans un second temps, il sera décrit les
mesures spécifiques jugées indispensables à la construction de bâtiments de grande hauteur
en bois.
Les règles de classement des IGH décrites en partie 2 suivant la hauteur et l’activité permettent
de constater une différence de traitement pour les bâtiments présentant une hauteur comprise
entre 28 et 50 m. En effet, si les ERP et ERT relèvent de la réglementation IGH, les bâtiments
d’habitation restent soumis à l’arrêté du 31 janvier 1986 (4e famille).
Cette logique de classement des bâtiments en premier chef par hauteur puis par nature
d’activités (par exemple : locaux à sommeil, soins, établissements festifs, bureaux) permettrait
d’assoir la réglementation incendie sur un socle commun et de simplifier l’enchevêtrement de
textes de sécurité incendie auxquels l’ensemble des parties prenantes de la construction,
services instructeurs compris, sont confrontés. La figure 1 illustre ce vers quoi il serait possible
de tendre en poursuivant le travail amorcé sur les immeubles de moyenne hauteur (IMH). En
effet, la définition restreint pour le moment les IMH aux immeubles d’habitation de la 4e famille,
celle-ci pourrait être étendue à tout type de bâtiments par l’intermédiaire d’un texte
autoporteur. Ce serait l’opportunité d’envisager plus facilement la réversibilité des exploitations
et la multi-activités.
Les documents d’ADIVbois et en particulier son vade-mecum et ses futures notes vont dans
ce sens comme expliqué dans la partie 3. Il est intéressant de noter que cette association a
elle aussi raisonné en termes de hauteur en considérant les bâtiments de grande hauteur
(BBGH : bâtiments bois de grande hauteur) à partir de 28 m.
Proposition no 1 : étendre la définition des IMH aux bâtiments à usage de bureaux et aux ERP
dont la hauteur du plancher bas du dernier niveau est comprise entre 28 et 50 m et concrétiser
un règlement propre à cette catégorie de bâtiments sur la base de la loi ELAN.
20
Figure 1 : Proposition d'évolution du classement des bâtiments
21
resistance » (résistance à la ruine)13. Cette notion est très intéressante car elle prolonge l’essai
plusieurs heures après la fin de la période de feu. En effet, comme démontré dans les travaux
précités du CERIB (cf. annexe 4.2), le bois peut céder soit avant la fin de la stabilité au feu
déterminée, soit plusieurs heures après la fin de l’incendie, ce qui fait de la résistance au feu
une notion insuffisante pour le bois. Thomas GERNAY a donc poussé plus loin la réflexion en
proposant un protocole de tests itératifs intégrant la phase de refroidissement et permettant
de déterminer la durée d’un incendie qu’un élément de structure en bois est capable de
supporter (DHP – duration of heating phase / durée de la phase d’échauffement14 - cf. annexe
4.3). Il convient toutefois de préciser que le protocole de détermination de la DHP peut être
encore amélioré puisqu’il est réalisé lui aussi sur la base de la courbe ISO 834, donc dans des
conditions favorables au bois. Il serait ainsi intéressant de parvenir à intégrer la contribution
du bois à l’incendie.
Associer à la résistance au feu d’un élément structurel, quelle que soit sa nature (béton, métal
ou bois), sa DHP semble un facteur pertinent qui renseignerait sur la capacité réelle de cet
élément à supporter un incendie. Cette information pourrait conduire l’autorité de police à
imposer, si nécessaire, des mesures de sécurité supplémentaires et les services de secours à
sécuriser leur intervention.
Comme expliqué dans les parties précédentes, les autres pays ayant développé la construction
en matériau combustible l’ont régulée par la mise en œuvre de mesures aggravantes
(limitation de la hauteur des bâtiments, généralisation de l’EAE et de la DAI, etc.).
Pour autant, en France, les immeubles déjà construits en bois ou en cours de construction
n’ont fait l’objet d’aucune attention particulière. Il y a là un véritable problème que les premiers
bâtiments en bois en cours de conception subiront à l’instar des premiers IGH conçus sans
réglementation spécifique. Cinquante ans après, il est extrêmement complexe de les mettre
en sécurité et, pour ne citer que les IGH d’habitation, un certain nombre d’entre eux a fait
l’objet d’un avis défavorable à la poursuite de l’occupation de l’immeuble de la part de la
commission de sécurité et/ou a dû mettre en place des schémas de mise en sécurité incendie
très complexes à réaliser et surtout très coûteux.
L’exemple de sinistres évoqués en partie 1 et notamment celui de l’immeuble « Le Corbusier »,
construit suivant une réglementation inadaptée, nous rappelle l’importance de la prise en
compte dès la construction de la nature même du bâtiment, a fortiori, si elle est novatrice.
Il semble donc indispensable que la spécificité du bois soit prise en compte à la construction
et que ces bâtiments fassent l’objet de mesures complémentaires de sécurité incendie.
Proposition no 3 : intégrer la spécificité du bois dans les textes à paraître et y associer des
mesures de sécurité complémentaires.
Les textes spécifiques au bois décrits dans la partie 3 et notamment le guide canadien permet
d’imaginer une solution identique en France. Sur ce principe, ADIVbois réalise une série de
guides (cf. paragraphe 3.4). Un des atouts majeurs de ces guides est qu’ils ont été conçus par
un ensemble d’acteurs de la construction dans le cadre d’ADIVbois et qu’à ce titre, ils peuvent
13 Présentation « Defining a burnout resistance rating to compare structural components under real fires »
réalisée lors du Congrès international de la sécurité incendie « IFireSS 2019 » au Canada
14 La DHP peut être définie comme le plus petit feu qu’un élément est capable de supporter. Elle s’exprime
en minutes.
22
faire consensus. Toutefois, il ne s’agit que de guides de bonnes pratiques, sans valeur
réglementaire, non validés officiellement par les ministères concernés et que les maîtrises
d’ouvrage (MOA) sont libres d’utiliser ou non. Si un service instructeur veut s’en servir de
référence, il ne le peut réellement sauf à faire une observation invitant le pétitionnaire à
s’inspirer de l’un de ces guides. De même, si ce service estime que les mesures qui y sont
décrites ne sont pas suffisantes au regard de la nature du bâtiment, il n’a pas
systématiquement de levier pour en imposer d’autres.
Il semble donc nécessaire que ces guides soient repris, éventuellement complétés, et
officialisés au niveau des ministères concernés.
4.2.2 Construction
L’application des règles de l’art n’est pas toujours aisée. Elle ne l’est pas pour des types de
construction maîtrisés depuis des décennies, elle le sera encore moins avec des nouvelles
techniques. La construction en bois implique des nouveaux savoir-faire peu utilisés en France
qui posent la question de la qualification de la main d’œuvre. En effet, si une application
particulière n’est pas opérée à la construction, cela remettra directement en cause le niveau
de sécurité du bâtiment. Cette problématique risque en particulier d’être prégnante pour les
assemblages et le risque de propagation du feu par les vides.
De la même façon, le suivi de la construction par le bureau de contrôle, devient primordial
notamment lorsqu’une démarche d’ingénierie est conduite. Ce contrôle peut être de deux
ordres, l’autocontrôle par l’entreprise qui s’engage sur ce qu’elle fait et le contrôle technique
par un organisme agréé.
Le contrôle de la conformité en IGH est bien cadré puisque tant à la conception qu’à la
réception des travaux, la commission de sécurité intervient. Il convient de souligner ici que
l’article L.122-1 ouvre une brèche en ce qui concerne les IMH. Plus précisément, il est stipulé
que les travaux […] ne peuvent être exécutés qu’après autorisation de l’autorité chargée de la
police de la sécurité, qui vérifie leur conformité aux règles prévues. A ce jour, le détenteur de
23
cette police pour les IMH n’est pas défini, de même que les modalités de vérifications de la
conformité.
Le contrôle des BBGH devra faire l’objet d’une attention particulière en raison des spécificités
du matériau de construction combustible.
Les exemples des immeubles de Londres (cf. annexe 4.4) et de San Francisco (cf. annexe 1.3)
détruits en fin de phase chantier sont marquants. Le rayonnement a été tel que certains
immeubles voisins ont commencé à prendre feu en dépit de leur éloignement. Les
conflagrations décrites au paragraphe 3.3 doivent nous rappeler que la concentration de
bâtiments en bois comme il est prévu à la ZAC Bruneseau dans le 13e arrondissement de Paris
pourrait avoir des conséquences dramatiques et difficilement maîtrisables par les pompiers.
Ce feu à Londres démontre également toute l’importance de prendre, dès la phase de
construction, des mesures permettant de détecter tout départ de feu, de garantir l’alimentation
en eau et de faciliter l’intervention des secours.
Proposition no 5 : utiliser une main d’œuvre qualifiée, en particulier sur les points névralgiques
(assemblages, etc.) concernant les montages techniques complexes.
Proposition no 6 : renforcer les contrôles en phase de construction, tant par l’entreprise, que
par le contrôleur technique.
Proposition no 7 : intégrer des obligations fortes à respecter en phase chantier en matière de
sécurité incendie visant à permettre la détection précoce, et l’attaque rapide de tout départ
d’incendie.
La vie du bâtiment est un problème central pour ce qui concerne notamment l’éclosion d’un
sinistre et sa propagation. L’entretien et les vérifications tout d’abord intéressent l’état du
bâtiment (vieillissement du bois, dégradation des éventuelles applications de produits
intumescents, etc.), l’état des installations techniques, électriques notamment, etc. Ces
opérations sont essentiellement du ressort du propriétaire, que ce soit en IGH (article GH 59)
ou en immeubles d’habitations (articles 100 à 104).
Ce que les habitants font de leur logement est en revanche quasiment incontrôlable. Qu’il
s’agisse de locataires ou de propriétaires, un occupant ne respecte pas nécessairement le
règlement de copropriété. Deux éléments sont particulièrement problématiques :
les travaux intérieurs et notamment les percements ;
le stockage.
Ces obligations, difficiles à imposer dans les immeubles d’habitation de toute nature, devront
pourtant faire l’objet d’une attention particulière dans les BBGH.
4.2.4 L’éclosion
24
Il s’agit donc davantage dans le cadre de ce mémoire d’identifier l’enchainement d’évènements
qui pourrait provoquer des victimes et/ou aboutir à la perte du bâtiment.
4.2.5 Développement
Le règlement IGH limite la charge calorifique mobilière (GH 61) et immobilière (GH 16) au sein
d’un compartiment. Les contraintes qui portent sur la charge calorifique immobilière interdisant
de facto la possibilité d’incorporer du bois dans la construction, c’est le recours à l’ingénierie
qui permettra de le faire comme précisé dans le paragraphe 2.1.3.2. Cette méthode
développée en annexe 3.6 n’interdit pourtant pas de mettre en place du bois apparent mais
en limite le nombre de parois par un processus itératif.
S’agissant à présent des autres éléments (mobiliers, revêtements, etc.), leur charge calorifique
est elle-aussi limitée à 480 ou 680 MJ/m² suivant la présence ou non d’une installation
d’extinction automatique (GH 61). S’agissant des IGH A (habitation), le paragraphe 7 de cet
article GH 61 précise que le locataire doit pouvoir justifier du respect de cette limitation, ce
qui semble utopique. Les locaux d’habitation demeurent là encore une véritable fragilité dans
le dispositif car il est régulièrement constaté sur intervention par les services de secours que
les logements sont de plus en plus remplis, ce qui crée des conditions propices à un
développement important des incendies et ensuite à leur propagation. Les mesures qui
s’imposent sont en premier lieu le contrôle du respect de l’article GH 61 §7 et la généralisation
de l’EAE à toutes les catégories de bâtiments en bois. Il semble très probable que les études
d’ingénierie aboutissent à la même conclusion mais les maîtrises d’ouvrage cherchant à réduire
les coûts pourraient être tentées de chercher des solutions pour s’en passer. L’expérience des
interventions vécues par les services de lutte contre l’incendie révèlent qu’il peut falloir
plusieurs heures pour éteindre un feu. Si cette durée d’extinction n’entame que très rarement
le béton, un phénomène d’emballement pourra se réaliser dans un bâtiment en bois
aboutissant à sa perte.
Les immeubles d’habitation de la 4e famille seront pour leurs parts extrêmement vulnérables
car ils ne font l’objet d’aucune limitation de potentiel calorifique et aucune mesure de défense
active n’est prévue dans le règlement pour réduire le développement du feu. Les secours
seront potentiellement confrontés à des incendies à développement rapide et avec une forte
puissance thermique.
Pour chacun des bâtiments, il réside une incertitude quant à la conservation dans le temps
des caractéristiques du bois, lequel aura sans doute subi un traitement avant la pose. Rien ne
garantit que sa résistance au feu sera la même au fil du temps. Ainsi, ses caractéristiques ne
correspondront plus à celles établies à l’origine.
Proposition no 10 : faire vérifier l’état des boiseries apparentes, en particulier celles ayant fait
l’objet d’un traitement.
25
4.2.6 Propagation
La propagation d’un incendie dépend avant tout du respect des mesures constructives
d’isolement et de distribution intérieure. Il s’agit bien de mettre des obstacles physiques
successifs permettant de limiter la propagation du feu et idéalement de le contenir dans son
volume initial. Ces dispositions, généralement passives, peuvent notamment être contrariées
par les éléments suivants :
une distribution intérieure qui ne serait pas en rapport avec le risque (résistance au
feu des parois et portes non adaptées au potentiel calorifique) ;
des défauts de construction ;
l’usure ou la détérioration (portes endommagées) ;
des comportements inappropriés (maintien de portes ouvertes, etc.) ;
une propagation par la façade.
Il est régulièrement constaté dans les IGH anciens des défauts de fonctionnement du
compartimentage (mauvaise fermeture des porte coupe-feu d’isolement des ascenseurs par
exemple), des installations de désenfumage. Ce vieillissement est inévitable dans tout
bâtiment et il est source de propagation. Lors d’un exercice mené en 2018 par la BSPP dans
un parc de stationnement situé en infrastructure d’un IGH, il a été constaté que les fumées se
sont propagées à tous les niveaux d’habitation15. Des remplacements de portes coupe-feu
d’isolement dans les sas isolant le parc au reste de l’immeuble avaient pourtant été effectués
quelques mois auparavant et la commission de sécurité avait noté un suivi rigoureux par les
gestionnaires de l’immeuble.
La note de la DGSCGC de 2017 précise bien que l’incendie doit rester dans son compartiment
initial. C’est effectivement la théorie à la construction lorsque l’immeuble est sur le point d’être
réceptionné, que toutes les installations sont neuves et que les locaux sont vides, cela peut
sembler vrai. Cela le sera probablement beaucoup moins en exploitation, dès lors que chacun
aura investi les lieux et après le vieillissement de l’immeuble.
En outre, en l’absence de mesures actives telles que l’EAE, il sera très difficile d’enrayer les
propagations. Des essais réalisés à la fois en Norvège16 en 2016 et par le CNPP et Efectis17 en
2019, démontrent qu’en cas de défaillance d’une tête de sprinkleur dans la chambre sinistrée,
l’importance de feu une fois propagée dans la circulation est telle qu’il ne peut être contenu
par les têtes du système de sprinkleur de la circulation.
En outre, lors de la conférence FSF2019 « 3rd international seminar Fire Safety of Façades »
qui s’est déroulée à Paris du 25 au 27 septembre 2019, Robert Mc Namee a réalisé une
présentation18 dont une partie des conclusions révèlent les points suivants :
la géométrie des ouvertures a un effet significatif sur la dynamique du feu et sur le
panache de feu externe résultant ;
la présence d'un plafond en bois entraîne un flux de chaleur sur la façade environ trois
fois plus élevé que lorsqu'un plafond incombustible est utilisé, ce qui augmente le
risque de propagation verticale du feu dans le bâtiment d'origine ;
la présence d'un plafond en bois entraîne des flux de chaleur opposés à l'ouverture
environ une fois et demie à deux fois celle d'un plafond incombustible, ce qui augmente
le risque de propagation horizontale du feu vers les bâtiments voisins.
15 Utilisation de fumées froides par l’emploi de machines à fumées dans un IGH à usage mixte (IGH Z)
16 Khristian HOX, « Full-scale fire test of CLT structure used for student housing », note technique « Etat des
lieux des évolutions règlementaires et travaux de recherche vis-à-vis des constructions en bois » - Juin 2016.
17 Compte-rendu « Prescriptions de base pour l’analyse du risque incendie des bâtiments de grande hauteur
non-combustible ceilings », FSF2019 « 3rd international seminar Fire Safety of Façades » – 25/27 sept 2019.
26
In fine, l’enrayement des propagations tant internes qu’externes s’avère plus complexe au sein
des bâtiments en bois. Il s’agirait donc, en ce qui concerne l’impact sur les tiers en vis-à-vis,
de mener une réflexion sur un changement de paradigme qui considèrerait les flux thermiques
plutôt que les distances d’isolement.
Proposition no 11 : évaluer, dès l’étude du projet, l’impact des flux thermiques sur les tiers en
vis-à-vis par l’intermédiaire d’une modélisation.
En cas de sinistre, il importe avant tout qu’il n’y ait pas de victime. Pour se faire, le premier
facteur important est la perception du sinistre par les occupants, facteur qui débute avec ce
que l’on nomme le temps de l’alarme.
Le temps de l’alarme peut être défini comme le temps compris entre l’éclosion du sinistre et
sa perception par l’ensemble des occupants concernés. La notion d’occupants concernés est
fonction du type : ERP, ERT, habitants, occupants d’un IGH car les concepts sont différents :
évacuation totale (ERP et ERT), confinement et évacuation partielle (habitation et IGH). Dans
le cas d’une évacuation totale, ce temps d’alarme s’arrête à la diffusion de l’alarme générale
sonore. En IGH, il prend fin à la diffusion de l’alarme dans le compartiment concerné. La
présence d’une détection automatique et d’un service de sécurité sont des éléments favorables
à une détection précoce et une évacuation rapide. Toutefois, la détection en IGH n’est pas
généralisée et le feu peut couver dans certaines parties avant d’être détecté. Ceci peut s’avérer
plus problématique dans un immeuble en bois car un feu couvant dans un espace sous-ventilé
endommagera plus facilement les structures bois – que nous considérons également comme
une cible dans notre réflexion – ainsi que le démontre les figures 3 et 4 de l’annexe 4.2 issues
du rapport d’essai du CERIB. Il semble donc judicieux d’envisager une généralisation de la
détection automatique d’incendie dans les immeubles en bois. L’association détection précoce,
EAE et service de sécurité pourrait alors s’avérer efficace pour permettre d’une part
l’évacuation des occupants en sécurité et enrayer les départs de feux avant qu’ils ne prennent
de l’ampleur.
Il est à noter que la filière bois s’inquiète des dégâts que pourraient générer un déclenchement
intempestif du sprinkleur, l’action de l’eau pouvant entrainer des problèmes de résistance de
la structure et de pourrissement du bois par la suite. Ce risque doit toutefois être mis en
balance avec les enjeux liés à un développement du feu non maîtrisé. Il semble donc bien plus
raisonnable de prendre toutes les dispositions nécessaires à une action précoce et mesurée
plutôt que d’être confronté à l’utilisation de plusieurs lances dont le débit minimal est de
500 l/min. En outre, l’utilisation du brouillard d’eau peut être une piste de réflexion.
Proposition no 12 : généraliser la détection automatique incendie dans les BBGH et lui associer
un service de sécurité incendie.
Proposition no 13 : renforcer la stabilité au feu et le degré coupe-feu des planchers et parois
des BBGH.
Les conclusions de la partie 3.5 plaident pour une répertoriation des immeubles en bois les
plus importants, en distinguant en outre ceux qui se sont construits sans les guides actuels et
ceux qui ont pris en compte les quelques mesures figurant dans les guides d’ADIVbois.
27
Ensuite, le dimensionnement en eau risque de s’avérer prégnant. En effet, il conviendra de
pouvoir apporter une réponse hydraulique importante en cas de feu majeur.
A l’inverse, la formation devra intégrer le fait que l’eau peut détériorer le bois et qu’il serait
bon, dans la mesure du possible de limiter la quantité d’eau d’extinction. Les secours vont
devoir s’interroger sur d’éventuelles modifications de leurs équipements et/ou tactiques
d’intervention. En effet, les Canadiens s’engagent avec des lances de 1 000 l/min voire plus.
A ces lances non maniables et inadaptées aux IGH peuvent être préférées par exemple des
lances diphasiques dont l’action s’apparente à celle du brouillard d’eau. Ces lances auraient
l’avantage de déverser des quantités d’eau plus faibles.
Enfin les services de secours devront être familiarisés aux risques liés à une intervention dans
un bâtiment en bois : rayonnement, ruine, utilisation parcimonieuse d’eau, etc. La formation
devra nécessairement intégrer ces caractéristiques au même titre que les autres types de feux.
Dans l’hypothèse très pessimiste de l’embrasement total d’un immeuble, il faudra très tôt
songer aux immeubles voisins.
Ainsi, faire face à un incendie dans un bâtiment et encore plus dans un IGH en bois n’est pas
neutre. Cela nécessitera une adaptation des moyens et des techniques de lutte contre
l’incendie et une formation spécifique des sapeurs-pompiers.
Enfin, la question de la « réparation » des parties bois à la suite d’un incendie mérite
également d’être soulevée. En effet, si le béton est capable de supporter plusieurs heures
d’incendie comme régulièrement constatés par les services de secours et de retrouver ses
propriétés après refroidissement, il n’en sera pas de même pour les parties en bois brûlées.
Aussi, il convient de s’interroger sur ce qu’il est envisagé de faire pour restituer ses propriétés
à une partie de structure calcinée. A ce jour, il ne semble pas qu’il y ait de réponse à cette
question qui devra être prise en compte pour assurer la pérennité du bâtiment.
28
CONCLUSION
Les services de secours devront de leur côté s’adapter à ce risque nouveau par la mise en
œuvre de concepts opérationnels, la formation et voire même par l’acquisition d’équipements
spécifiques.
Le monde de la construction français évolue donc dans un enjeu écologique fort dont une des
vitrines sera le village olympique lors des jeux 2024, entièrement conçu en bois. Il est crucial
que tous les acteurs accompagnent ce changement et trouvent des solutions à la résolution
des problématiques qui en découlent à l’heure où des concours pour des IGH jusqu’à une
hauteur de 180 m viennent d’être remportés.
29
SYNTHESE DES PROPOSITIONS
Proposition no 1 : étendre la définition des IMH aux bâtiments à usage de bureaux et aux ERP dont la
hauteur du plancher bas du dernier niveau est comprise entre 28 et 50 m et concrétiser un règlement
propre à cette catégorie de bâtiments sur la base de la loi ELAN.
Proposition no 2 : compléter la caractérisation de la résistance au feu d’un élément structurel par une
notion intégrant la phase de refroidissement : la « durée de la phase d’échauffement », par exemple
sous la forme DHP ; R.
Proposition no 3 : intégrer la spécificité du bois dans les textes à paraître et y associer des mesures de
sécurité complémentaires.
Proposition no 5 : utiliser une main d’œuvre qualifiée, en particulier sur les points névralgiques
(assemblages, etc.) concernant les montages techniques complexes.
Proposition no 6 : renforcer les contrôles en phase de construction, tant par l’entreprise, que par le
contrôleur technique.
Proposition no 7 : intégrer des obligations fortes à respecter en phase chantier en matière de sécurité
incendie visant à permettre la détection précoce, et l’attaque rapide de tout départ d’incendie.
Proposition no 8 : installer obligatoirement un système d’extinction automatique à eau dans les BBGH
indépendamment des études ISI.
Proposition no 10 : faire vérifier l’état des boiseries apparentes, en particulier celles ayant fait l’objet
d’un traitement.
Proposition no 11 : évaluer, dès l’étude du projet, l’impact des flux thermiques sur les tiers en vis-à-vis
par l’intermédiaire d’une modélisation.
Proposition no 12 : généraliser la détection automatique incendie dans les BBGH et lui associer un service
de sécurité incendie.
Proposition no 13 : renforcer la stabilité au feu et le degré coupe-feu des planchers et parois des BBGH.
Proposition no 15 : mener une réflexion sur la tactique opérationnelle et les équipements des sapeurs-
pompiers permettant une meilleure prise en compte de l’extinction des incendies dans les bâtiments en
bois.
30
GLOSSAIRE
AEAI Association des établissements cantonaux d’assurance incendie
ADIVbois Association pour le développement des immeubles à vivre bois
ATec Avis technique
ATEx Avis de chantier
BLC Bois lamellé-collé
BBR Boverket’s building regulations
BBGH Bâtiment bois de Grande Hauteur (Bois)
BSPP Brigade de sapeurs-pompiers de Paris
CCH Code de la construction et de l’habitation
CERIB Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton
CNBC Code National du Bâtiment Canada
CF Coupe-Feu
COP 21 21e Conference of parties
CODIFAB Comité Professionnel de Développement des Industries Françaises de
l’Ameublement et du Bois).
CNBC Code National du Bâtiment Canada
CLT Cross Laminated Timber
CNPP Centre national de prévention et de protection
CSTB Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
DAI Détection automatique incendie
DECI Défense extérieur contre l’incendie
DF Désenfumage
DGSCGC Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises
DHP Duration of heating phase (durée de la phase d’échauffement)
DHUP Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages
DTU Documents Techniques Unifiés
EAE Extinction automatique à eau
EAS Espace d’attente sécurisé
ERP Établissement recevant du public
ERT Établissement recevant des travailleurs
IGH Immeuble de grande hauteur
FCBA Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement
IT Instruction technique
ICPE Installations classées pour la protection contre l’environnement
HAB Habitation
IGH A Immeuble de grande hauteur habitation
IGH Z Immeuble de grande hauteur mixte
ITGH Immeuble de très grande hauteur
IMH Immeuble de moyenne hauteur
ISI Ingénierie de la sécurité incendie
ITE Isolation Thermique par l’Extérieur
LVL Laminated Veneer Lumber
LCPP Laboratoire central de la préfecture de police
MOA Maîtres d’ouvrage
NFPA National fire protection association
NFI Nouvelle France Industrielle
OSB Oriented strand board
PS Parc de stationnement
PUCA Plan Urbanisme Construction Architecture
PC sécurité Poste Central de sécurité
RIA Robinets d’incendie armés
SDIS Service départemental d’incendie et de secours
SSI Système de sécurité incendie
SF Stable au Feu
SSIAP Service de Sécurité incendie et d’Assistance à Personnes
31
BIBLIOGRAPHIE
Textes règlementaires
Autres références
1) Face au risque / Retours d’expérience :
a. n°471 – mars 2011, feu d’un logement foyer à Dijon le 14 novembre 2010
b. n°472 – avril 2011, feu d’IGH la tour du « Centenaire » à Chambéry le 07 janvier
2011
c. n°483 – mai 2012, feu d’IGH « LE CORBUSIER » 09 février 2012 à Marseille
d. n°486 – octobre 2012, feu de la tour Mermoz à Roubaix le 14 mai 2012
e. n°505 – mars 2014, feu de résidence en construction à San-Francisco le
11 mars 2014
f. n°521 – mars 2016, feu de la tour « The Address Downtown »le 31 décembre
2015
g. n°535 - 14 juin 2017, feu de la tour GRENFELL de Londres le 14 juin 2017
2) Face au Risque n°521 mars 2016 « France / Suède Prescription vs performance », Cne
Olivier Alvarez Article
3) Normes et directrices Suisse / AEAI (Association des Etablissements cantonaux
d’Assurance Incendie)
4) Le règlement de construction Suédois
32
5) Le Code National du Bâtiment Canada (CNBC)
6) La sécurité incendie dans les bâtiments / Ouvrage de référence pour la mise en
application des exigences de sécurité incendie / Code national du bâtiment - Canada
dans la conception des bâtiments (345 pages)
7) Code de construction du Québec, chapitre I – Bâtiment (Code national du bâtiment
2010 modifié) / Construction de bâtiment d’habitation en bois de 5 et 6 étages
8) Bâtiments de construction massive en bois d’au plus 12 étages / Directives et guide
explicatif / Régie du bâtiment du Québec
9) Rapport CSTB « rapport de mission : évaluation de la réglementation sécurité incendie
en habitation »
10) Mémoire PRV3 session 2017 « du maintien de la sécurité incendie dans les IGH »
11) Note d’information sur les IGH en bois (V2) du 27/07/2017
12) ADIVBois / le VADEMECUM des immeubles à vivre bois : (www.adivbois.org/wp-
content/uploads/Vademecum-27022017.pdf
13) Projet de note portant sur les bâtiments bois multi-niveaux (8m<h<28m) / ADIVbois
14) Projet de note portant sur les bâtiments en bois de grande hauteur (BBGH > 28 m) /
ADIVbois
15) Guide d’ADIVBois « pour l’application de l’ingénierie de sécurité incendie des bâtiments
en bois »
16) Defining a Burnout Resistance Rating to Compare Structural Components under Real
Fires – Thomas Gernay – 2019
17) Alastair I. Bartlett et al « Comparative Energy Analysis of Fire Resistance Tests on
Combustible versus Non-Combustible Slabs”, ASTM workshop, 6-7 December 2018,
Washington
18) Jean-Christophe Mindeguia et al, “THERMO-MECHANICAL BEHAVIOUR OF CROSS-
LAMINATED TIMBER SLABS UNDER STANDARD AND NATURAL FIRES “, Interflam
2019, Londres
33
ANNEXE 1.1 : Feu d’IGH « LE CORBUSIER » 09 février
2012 à Marseille.
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 483- mai 2012.
Le jeudi 9 février 2012 les secours sont appelés vers 13h42 pour un appartement (duplex)
situé au premier étage, entièrement embrasé. Les flammes sortent d’une baie et les lances
établies pour stopper la propagation en façade sont efficaces.
Le feu progresse par l’intérieur au travers des murs mitoyens composés par endroit d’un bâti
de bois, de plaques de plâtre, de laine de verre ou de vide.
Vers 15h, en dépit des actions d’extinction, le duplex situé immédiatement au-dessus du foyer
initial est atteint par le feu. Le sinistre semble maitrisé vers 17h, mais vers 20h45 les duplex
situés au 2e niveau (3e, 4e et 5e étages) s’embrasent brutalement. Puis, c’est au tour de trois
chambres de l’hôtel occupant les 7e et 8e étages d’être détruites.
34
ANNEXE 1.2 : Feu d’IGH la tour du « Centenaire » à
Chambéry le 07 janvier 2011
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 472- avril 2011.
Le 7 janvier 2011, vers 13h un sinistre se déclare au niveau d’un canapé situé dans un studio
situé au 21e étage.
Rapidement, une fumée épaisse gagne la circulation. Un important panache s’échappe du
sommet de l’immeuble ; les gaz chauds sont rabattus par un vent fort, enfumant ainsi
l’ensemble des niveaux jusqu’au 14e étage et gênant l’action des secours.
Le feu initialement contenu dans un studio se propage par l’extérieur via les éléments en bois
(volets roulants, coffrage, lambris décoratifs).
Le 22e étage s’enfume progressivement après que le feu se soit propagé dans la pièce du
duplex située au 21e étage.
Vers 14h30 la propagation extérieure horizontale s’intensifie, favorisée par les éléments bois.
Le 22e étage s’embrase.
35
ANNEXE 1.3 : Feu de résidence en construction à San-
Francisco le 11 mars 2014
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 505- septembre 2014.
Le 11 mars 2014 vers 16h56, les pompiers sont appelés pour un sinistre. Des témoins signalent
des flammes s’élevant du dernier étage à l’angle sud-est.
Rapidement la virulence croissante du feu, menaçant la stabilité des structures, oblige les
secours à évacuer. Malgré la mise en place de lances canons, les vitres des bâtiments mitoyens
éclatent.
Alors que le feu gagne l’ensemble de l’immeuble, les trois derniers étages s’effondrent vers
18h00, entrainant les façades par pans entiers.
La puissance du brasier contraint alors les pompiers à concentrer leurs moyens sur la
protection des immeubles menacés par le rayonnement.
Les flammes, dépassent 40 m, des débris enflammés provoquent plusieurs départs de feux
par projections.
Peu avant 20h, le feu se présente comme un brasier de 7 000 m² de ruines incandescentes.
Bien que le feu soit considéré comme maîtrisé, des éléments de la structure continuent de
s’effondrer sporadiquement obligeant les secours à reculer (d’une distance égale à la hauteur
des structures instables).
36
ANNEXE 1.4 : Feu de la tour GRENFELL de Londres le 14
juin 2017
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 535- septembre 2017.
La tour Grenfell est constituée de 24 étages. Les 3 premiers étages abritent hall, des locaux à
usage collectifs, bureaux, nursery club de sport, etc., les 20 derniers étages sont destinés à
recevoir 6 appartements.
La façade, réhabilitée en 2015-2016, est isolée par une couche de 150 mm d’isolant
(polyisocyanurate-PIR) classe 0 recouverte de panneaux sandwich (alu/polyéthylène/alu).
L’ensemble est fixé à l’ancienne façade de béton par une structure métallique. Les baies en
PVC sur armatures métalliques ont elles aussi été remplacées.
L’analyse du feu
Le mercredi 14 juin 2017, à 0h54 les secours reçoivent un appel pour un feu d’appartement
au 4e étage de la tour Grenfell (l’origine serait un réfrigérateur défectueux).
Les flammes se développent rapidement en façade au-dessus du 4e étage par les 5 fenêtres
de l’appartement initialement sinistré.
Les baies ont été avancées au droit de l’isolation de façade, offrant des zones permettant au
feu d’entrer dans chaque appartement.
37
Les plaques d’isolants se détachent en fusion. Le front de flamme atteint en quelques dizaines
de minutes le sommet de l’immeuble.
Ce feu de façades pénétrera dans chaque appartement sur tous les niveaux provoquant la
généralisation du sinistre et occasionnant le décès de 80 personnes.
croisement des intervenants et des résidents. L’escalier unique est rapidement devenu
impraticable par l’établissement des tuyaux (absence de colonne sèche) ;
propagation rapide en façade ;
généralisation du sinistre à l’ensemble du bâtiment ;
intervention de très longue durée.
38
ANNEXE 1.5 : Feu d’un logement foyer à Dijon le 14
novembre 2010
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 471- mars 2011.
L’immeuble est un logement foyer classé en 3e famille (R+9). Certaines parties sont classées
en ERP de 5e catégorie de type L pour les salles activités, de type N pour le self et W pour les
bureaux. Les quatre façades sont accessibles aux échelles aériennes. La structure du bâtiment
est en béton, les niveaux sont desservis par deux escaliers encloisonnés et deux ascenseurs.
A chaque niveau on trouve, un couloir en H desservant des chambres en façades. En partie
centrale, il y a les locaux communs.
Dans les années 2000, le bâtiment a fait l’objet d’une isolation par l’extérieur (selon les zones,
plaques de mousse de polystyrène expansé M1 sur des cornières en PVC, le tout couvert d’une
toile de verre enduite d’un crépi).
Un local poubelles, (couvert d’un auvent en tôle d’acier) de moins de 50 m² est implanté au
pied du mur pignon sud.
L’analyse du feu
Le 14 novembre 2010 vers 1h30, les secours sont appelés pour un feu de poubelles.
La cause du sinistre est volontaire. Le local est situé au pied de l’immeuble, les flammes se
propagent par les éléments extérieurs d’isolation situés sur la façade. Il est également accéléré
par un renforcement de la façade.
39
Rapidement au contact de la température les vitres des ouvrants situés au droit du local
poubelle se cassent.
A partir de ce moment la fumée va s’engouffrer à chaque niveau dans les couloirs, piégeant
les locataires.
Les enseignements
40
ANNEXE 1.6 : Feu de la tour Mermoz à Roubaix le 14
mai 2012
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 486- octobre 2012.
Construit en 1966, d’une surface au sol de 800 m², elle comprend 98 appartements repartis
sur 18 étages et un étage technique et terrasse.
Le plancher bas du dernier niveau est à 48.26 mètres, l’immeuble est classé en 4e famille.
Le bâtiment a été, au cours d’une de ses réhabilitations, isolé par l’extérieur par une
multicouches de laine minérale sur bâti bois supportant des tuiles de terre cuite.
En 2005 des travaux d’esthétismes sont effectués. Afin d’« arrondir » l’ensemble du bâtiment,
des panneaux sandwich sont installés à 1 mètre de la façade. Ces panneaux ont une largeur
de 10 mm d’épaisseur et sont constitués de 2 lames d’aluminium recouvrant une structure
alvéolaire en plastique.
L’analyse du feu
Le 14 mai 2012 vers 14h42 les secours sont appelés pour un feu d’appartement situé au
premier étage.
L’origine du sinistre est un débordement d’un barbecue réalisé sur le balcon de l’appartement
sinistré (proximité de stockage de bidons de peinture et de solvants).
Ce feu localisé initialement sur le balcon va se propager en quelques minutes jusqu’au 18ème
étage. Cette propagation étant due à l’inflammation des panneaux sandwich accélérée par les
éléments de la façade (effet cheminée).
Malgré la faiblesse de la masse calorifique de ces panneaux, elle permet l’inflammabilité des
menuiseries, des stores et/ou du stockage contenu sur les balcons et permettent au feu de
pénétrer dans les appartements situés aux 4e, 9e, 12e et 18e étages.
Les colonnes sèches étant hors services, un escalier est dédié aux secours (et établissements
de tuyaux), le second est réservé aux résidents pour l’évacuation (60 personnes environ).
Le feu est rapidement retombé faute de combustible.
Vers 16h30 une victime sera découverte en arrêt-cardio ventilatoire au 18e étage.
Vers 17h30 la décision d’évacuer l’ensemble de la tour est prise.
41
Les enseignements
42
ANNEXE 1.7 : Feu de la tour « The Address Downtown »
le 31 décembre 2015 (Dubaï)
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 521- mars 2016.
La tour est inaugurée en 2011, elle a une hauteur de 306 mètres et est composée de 62
étages.
On trouve un hôtel de 196 chambres, 626 appartements, 8 restaurants et bars, des centres
de remise en forme, une piscine etc.
La tour est construite en béton, les façades sont recouvertes de panneaux sandwich
(polyéthylène recouverte de deux plaques d’aluminium) fixés sur des cornières.
43
L’analyse du feu
Pour une raison inconnue, un feu se déclare sur le balcon du 20e étage. Rapidement le feu
gagne le revêtement du balcon supérieur.
Attisé par un vent violent, on assiste à une propagation rapide du sinistre sur plus de 200
mètres grâce à la présence des panneaux sandwich.
La température du feu brise les baies et le feu pénètre dans les chambres de l’hôtel et des
appartements (surface de 300 m²).
Des panneaux se détachent et tombent sur les niveaux inférieurs développant le sinistre aux
étages inférieurs.
44
ANNEXE 2.1 : Les bâtiments d’habitation
Trois textes de références concernent ces bâtiments :
Les bâtiments d’habitation sont classés par famille selon leur type (individuel ou collectif), leur
hauteur et les facilités d’intervention des services de secours.
Leur hauteur est limitée à 50 mètres.
Les exigences réglementaires incendie sont hiérarchisées selon le type de famille, sachant que
les principes de sécurité restent les mêmes à savoir :
*L’arrêté du 7 août 2019 modifiant l’arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la protection contre l’incendie des bâtiments
d’habitation supprime la possibilité de construire un duplex dont le plancher bas le plus haut est à plus de 50 m.
45
ANNEXE 2.2 : Exigences règlementaires des bâtiments
d’habitation
46
ANNEXE 2.3 : Rappel de certaines exigences
réglementaires
Les éléments suivants sont repris d’une annexe du projet de note d’ADIVbois (bâtiments bois multi-
niveaux et les BBGH).
Pour les habitations de 3ème et 4ème familles, les exigences réglementaires en matière de sécurité
incendie font l'objet de l'arrêté du 31 janvier 1986 modifié. L'emploi du matériau bois pour la
construction n'est restreint que pour les éléments suivants :
Les marches volées et paliers d'escalier doivent être construits en matériaux incombustibles (art
22).
Les revêtements des parois verticales, du rampant et des plafonds des cages d'escalier dans les
habitations collectives, dont le plancher bas du logement le plus haut est à plus de 8 m de
hauteur, doivent être classés M0. Les revêtements éventuels des marches et contremarches
doivent être classés en catégorie M3 (art 23).
Les revêtements des parois des circulations horizontales doivent être classés en catégorie (art.
32) :
M1 s'ils sont collés ou tendus en plafond.
M2 s'ils sont collés ou tendus sur les parois verticales.
M3 s'ils sont collés ou tendus sur le sol.
Les conduits d'amenée d'air et d'évacuation pour le désenfumage doivent être construits en
matériaux M0 (art 34).
Pour les parcs de stationnement couverts de plus de 100 m² pouvant se trouver dans un
bâtiment d’habitation, en superstructure ou en infrastructure ou sous un immeuble bâti : " Les
éléments de construction et leurs revêtements éventuels doivent être classés en catégorie M 0
du point de vue de leur réaction au feu" excepté pour les revêtements des sols qui peuvent être
classés en catégorie M3 (art. 80).
Pour les Établissements Recevant du Public (ERP) les exigences réglementaires en matière de
sécurité incendie font l'objet de l'arrêté du 25 juin 1980 modifié. L'emploi du matériau bois pour la
construction n'est restreint que pour les éléments suivants :
Pour le plafond des locaux et des dégagements non protégés avec des éléments porteurs en
bois ou en dérivés du bois du plafond, d'une largeur minimale de 45 mm, disposés avec un
écartement bord à bord supérieur ou égal à 30 cm ; les lambris et les panneaux peuvent alors
couvrir au maximum 50 % de la surface des parois verticales (art AM 4 et AM5).
Les gaines enfermant certains conduits doivent être en matériaux incombustible (Art CO 31 - §
4).
Les gaines enfermant de conduites de gaz doivent être en matériaux de catégorie M0 ou en
classe A2-s2-d0 (art GZ 16 § 4).
Les parois des cages d'escalier doivent être en matériaux incombustibles (art C0 52 § 2). Il y a
toutefois un avis de la Commission Centrale de Sécurité de juin 2007 permettant l’utilisation de
plaques de plâtre cartonnées (sur support bois) pour l’encloisonnement d’escaliers.
Les parois des gaines d'ascenseurs doivent être réalisés en matériaux incombustibles (art AS 1
§ 4).
Pour les constructions soumises au code du travail, les exigences réglementaires en matière de
sécurité incendie font l’objet des décrets du 31 mars 1992 (transférés dans les articles R235-3 à R235-
21 du code du travail) et de l’arrêté du 5 août 1992, l'emploi du matériau bois pour la construction n'est
restreint que pour les éléments suivants :
Les gaines, protégeant des conduits, et leur recoupement tous les 2 niveaux doivent être en
matériaux incombustibles (art 7 de l'arrêté).
Les parois verticales et plafonds des locaux et dégagements, nécessiteront généralement
l'utilisation, en tout ou partie, de bois ignifugé (art 9 de l'arrêté).
Certaines restrictions pour les papiers collés et peintures appliquées sur des supports
combustibles (art 9 de l'arrêté).
47
ANNEXE 2.4 : Préconisations du CSTB
48
ANNEXE 2.5 : Principes de sécurité des IGH
a) Pour permettre de vaincre le feu avant qu'il n'ait atteint une dangereuse extension :
L'immeuble est divisé, en compartiments définis à l'article R. 122-10, dont les parois
ne doivent pas permettre le passage du feu de l'un à l'autre en moins de deux heures ;
Les matériaux combustibles se trouvant dans chaque compartiment sont limités dans
les conditions fixées par le règlement prévu à l'article R. 122-4 ;
Les matériaux susceptibles de propager rapidement le feu sont interdits.
b) L'évacuation des occupants est assurée au moyen de deux escaliers au moins par
compartiment. L'accès des ascenseurs est interdit dans les compartiments atteints ou menacés
par l'incendie. Il reste possible au niveau d'accès des secours dans les conditions définies par
le règlement de sécurité prévu à l'article R. 122-4 ;
c) L'immeuble doit comporter un système d'alarme efficace ainsi que des moyens de lutte à la
disposition des services publics de secours et de lutte contre l'incendie et, s'il y a lieu, à la
disposition des occupants.
f) Pour éviter la propagation d'un incendie extérieur à un immeuble de grande hauteur, celui-
ci doit être isolé par un volume de protection répondant aux conditions fixées par le règlement
de sécurité.
49
ANNEXE 2.6 : Note d’information – IGH en Bois du
27/07/2017 – V2
50
51
52
53
ANNEXE 2.7 : Comparaison internationale
Comparaison internationale / Définition d’un IGH en fonction de
la hauteur
Issu du mémoire PRV3 « Du maintien de la sécurité incendie dans les IGH » - 2017.
54
ANNEXE 2.8 : Exemples de réglementations étrangères
Le tableau ci-après présente un recueil du nombre maximal d'étages [limite de hauteur
maximale] permis pour les bâtiments en bois, dans certains pays, selon qu'ils sont ou non
munis de système d'extinction automatique à eau.
55
ANNEXE 2.9 : Les Euroclasses et les Eurocodes
----------------------------------
Les Eucoclasses
En sécurité incendie, la réaction au feu et la résistance au feu sont deux choses différentes.
Elles sont codifiées au niveau national et européen de manière très réglementée.
La réaction au feu :
L'arrêté du 21 novembre 2002 modifié relatif à la réaction au feu des produits de construction
et d'aménagement, introduit désormais les «euroclasses» de réaction au feu. Celles-ci sont
plus complètes que l'ancien classement français, prenant en compte les fumées dégagées ainsi
que d'éventuelles gouttelettes projetées. Cette classification n'est valable toutefois que pour
les produits de construction avec trois distinguos, les matériaux de sols (indice « fl » pour
« floorings »), les matériaux longilignes (indice « l ») et les autres produits de construction.
Les euroclasses tiennent aussi compte de deux autres critères essentiels (après tests en
laboratoire) :
l’opacité des fumées (quantité et vitesse) notée s pour smoke
s1 : Quantité et vitesse de dégagement faibles
s2 : Quantité et vitesse de dégagement moyenne
s3 : Quantité et vitesse de dégagement haute
les gouttelettes et débris enflammés notées d pour droplets
d0 : aucun débris
d1 : aucun débris dont la combustion dure plus de 10 secondes
d2 : ni d0 ni d1
Elle indique le temps durant lequel, lors d'un feu, un élément de construction (paroi, plancher,
plafond, porte, …) conserve ses propriétés physiques et mécaniques. Ce matériau est classifié
dans trois catégories :
résistance mécanique ou force portante
étanchéité aux flammes et aux gaz chauds
isolation thermique
Les Euroclasses de résistance au feu tentent d'harmoniser les systèmes nationaux au sein de
l’Union Européenne. Il existe là aussi trois classes :
R : résistance mécanique ou stabilité
E : étanchéité aux gaz et flammes
I : isolation thermique (forcément utilisée en complément d'une classification R ou E)
56
Les Eurocodes
Ils visent à harmoniser les techniques de construction en Europe, et à faciliter le libre accès
des entreprises (travaux publics, bureaux d'études techniques) aux marchés des autres États
membres.
Ils sont le principal moyen de conception des structures de bâtiments et ouvrages de Génie
Civil, pour le secteur de la conception des ouvrages et pour l'industrie du bâtiment et des
Travaux Publics. Les différentes parties des Eurocodes et leurs dates de publication deviennent
des références devant être connus des praticiens.
Les prescriptions touchant à la résistance au feu ne sont pas réunies dans un Eurocode
particulier, mais sont contenues dans une partie spécifique de chacun des Eurocodes « actions
» (EC1) et « matériaux » (EC2 à EC6 et EC9).
Les Eurocodes 1 à 6 et 9 comprennent chacun une partie 1.2 consacrée aux règles de calcul
pour la résistance au feu des ouvrages structurels.
Les Eurocodes, au travers de la résistance que doit présenter une structure à l'incendie, ne
traitent que de mesures de protection passive face à l'incendie.
Pour ce qui concerne l’Eurocode 5 (NF EN 1995), il fixe les règles communes de calcul des
bâtiments et ouvrages de génie civil en bois (bois massif, scié, raboté ou sous forme de poteau,
bois lamellé collé etc.) ou panneaux à base de bois assemblés avec des adhésifs ou des
organes mécaniques.
Par ailleurs, certaines règles plus particulières sont données concernant les poutres, les
poteaux, les murs ou encore les sols, et les jonctions bois-bois ou acier-bois.
57
ANNEXE 2.10 : La réglementation suédoise
Par exemple, en classe 3 avec une bonne connaissance des lieux mais occupants qui
ne restent pas éveillés, on retrouve classé 3A : Les habitations, logements foyers,
logements pour personnes âgées, et classé 3B : logements communaux.
58
ANNEXE 2.11 : La réglementation canadienne CNBC
Classification des bâtiments
59
ANNEXE 3.1 : Le contexte général des constructions
bois en France
Cette annexe reprend les éléments essentiels et ciblés pour la compréhension de la dynamique
de la filière bois validés par le ministère du logement. Il a été volontairement pris des extraits
du texte sans modification en retenant uniquement les parties qui permettent de comprendre
la place des IGH bois.
La volonté affichée de réaliser ce type de concept en France s’inscrit dans une dynamique
générale de développement de constructions qui allient des performances autour de plusieurs
critères définis notamment dans le cadre de la COP 21. Il est recherché à édifier des villes
durables dont les items suivants sont au cœur des réflexions des projets :
diminuer les besoins énergétiques
s’adapter au changement climatique
réduire la pression sur les ressources naturelles
éviter les pollutions environnementales
apporter confort et bien-être aux habitants
créer de l’innovation et des emplois pour la croissance verte.
http://www.fncofor.fr/bois-climat-signature-alliance-nationale-bois-construction-renovation-4_2886.php
Cette fédération est une association créée en 1933 qui représente plus de 6 000 collectivités
adhérentes : communes propriétaires de forêts, syndicats de gestion forestière,
intercommunalités, départements et régions.
« Les signataires s'engagent à cofinancer une étude prospective sur la demande de matériau
bois dans la construction à horizon 2020-2030. De nouveaux adhérents pourront rejoindre
l'Alliance ultérieurement… »
La page du site du ministère reprend les arguments de la fédération ci-dessus via ce lien :
http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/une-alliance-nationale-pour-favoriser-l-utilisation-du-bois-dans-la-
construction-et-la-renovation
Il est possible de télécharger la charte éditée par le conseil national de l’industrie - comité de
stratégie de Filière bois dont son contenu permet de mieux identifier les enjeux et notamment
ceux liés aux IGH Bois : « Le Bois pour le Climat » / Alliance Nationale : Bois Construction
60
Rénovation / Stratégie bas carbone et développement de la Filière Bois Construction &
Rénovation pour la transition énergétique et pour la croissance verte »
Le bois est associé à l’une des solutions pour répondre aux problématiques du climat. A ce
titre, il a été préparé et mis à disposition aux différents acteurs des arguments afin de favoriser
son emploi (annexe : « …Stratégie bas carbone et développement de la Filière Bois
Construction & Rénovation pour la transition énergétique et pour la croissance verte… »).
Afin de consolider la stratégie, il a été mis à disposition des acteurs des boîtes à outils réparties
en 8 thématiques dont il sera repris qu’une partie de leurs contenus permettant une
compréhension du contexte pour notre étude :
Les avantages et performance du matériau bois
Mesures législatives et règlementaires
Performance énergétique des bâtiments neufs
Le Comité Stratégique de filière bois
Les Plans Bois 1, 2 et 3 pilotés par la DHUP
Le programme ARBRE : bois et rénovation des bâtiments
Etude prospective sur les évolutions de la demande de matériau bois dans la
construction et la rénovation des bâtiments
Point d’étape du plan industries de bois sur les immeubles de grande hauteur
en bois – octobre 2016
Construction bois et ville durable
Cet item rappelle les principaux textes dont la loi n°2015-992 du 17 août 2015 relative à la
transition énergétique pour la croissance verte prévoyant que pour bénéficier du dépassement
des règles de constructibilité, les constructions doivent faire preuve d’exemplarité énergétique,
d’exemplarité environnementale ou être considérées comme à énergie positive (Décret N°
2016-856 du 28 juin 2016).
Il est également mis en avant les évolutions des textes concernant la sécurité
incendie dans le cadre des mesures de simplification concernant les modifications
de l’arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la protection contre l’incendie des bâtiments
d’habitation et l'ouverture claire à l'ingénierie incendie dans le cas de dispositifs
ou dispositions non pris en compte par la réglementation. Elle aborde également
le cas de construction en zone de risque incendie.
61
« Annexe 5 : Les Plans Bois 1, 2 et 3 pilotés par la DHUP »
https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/sites/default/files/2019-05/dgaln_plan_bois_novembre_2015.pdf
Le plan bois N°1 (2009-2014) a été engagé dans le but de démontrer les performances des
solutions bois et leurs capacités à répondre aux exigences techniques de la réglementation du
bâtiment. « Les différentes études de caractérisation des produits bois (solidité, acoustique,
résistance et réaction au feu, etc.), engagées en 2009, ont apporté des règles ou outils
prédictifs capitalisés dans les référentiels normatifs, et ont permis d’établir des solutions
constructives à base de bois performantes… Par ailleurs, un catalogue de solutions
constructives bois-construction et un guide pour la réhabilitation de maisons individuelles ont
été publiés... » (Soutien, financement : CODIFAB, France bois Forêt, ADEME/ Partenaires :
FCBA, le CSTB, Mobatek, Cerema).
Ce programme propose la mise en œuvre d’outils mis à disposition des maîtres d’ouvrages ou
maitres d’œuvres désireux de s’engager dans une opération de réhabilitation comprenant une
cinquantaine de fiches sur les produits bois ou associés couramment utilisés dans la
construction, le bois massif, le lamellé-collé, les différents types de panneaux dérivés du bois,
les fenêtres, les parquet, les différents assemblages (pointes, connecteurs, équerres,…), les
colles, les produits de finition ou de traitement, les isolants, les produits d’étanchéité, etc.
« Annexe 8 : point d’étape du plan industries de bois sur les immeubles de grande
hauteur en bois – octobre 2016 »
Le plan « Industries du bois » est porté par ADIVbois, Association pour le développement
d’immeubles à vivre en bois. Il vise à susciter des projets de construction de bâtiments de
moyenne et grande hauteur et d’aménagements intérieurs en bois, et à contribuer
ainsi à l’émergence de solutions pour la ville durable, en apportant des éléments de réponse
aux enjeux suivants :
le stockage du CO2 et la réduction des émissions de Gaz à Effets de Serre sur le cycle
de vie du bâtiment ;
la performance énergétique des enveloppes ;
la densification de nos villes et, ainsi, la réduction de la consommation des espaces
naturels ;
les avantages de la filière sèche en tissu urbain dense (eau, nuisances, rapidité, etc.) ;
la valorisation d’un matériau biosourcé abondant sur nos territoires mais actuellement
sous-utilisé, avec une revitalisation des emplois concernés ;
le développement d’une offre technico-architecturale française innovante et
concurrentielle à l’international.
« Le plan IGH bois de la Nouvelle France Industrielle vise à l’émergence de solutions bois dans
des immeubles de 10 à 15 niveaux, pour contribuer à répondre aux enjeux d’avenir sur la
construction et la ville durable. « Le plan « Industries du bois » […] est porté par ADIVbois,
Association pour le développement d’immeubles à vivre en bois […]. Il vise à susciter des
projets de construction de bâtiments de moyenne et grande hauteur et
d’aménagements intérieurs en bois, et à contribuer ainsi à l’émergence de solutions pour
la ville durable ».
62
sélection et l’insertion, sur des sites urbains volontaires, de projets lauréats d’IGH bois
démonstrateurs. Les ministères chargés de la forêt et de l’économie ont également soutenu le
plan comme vecteur d’une meilleure valeur ajoutée pour la filière forêt bois et pour les
essences françaises.
Le PUCA (Plan, Urbanisme, Construction, Architecture) a été créé en 1998 afin de faire
progresser les connaissances sur les territoires et les villes et éclairer l'action publique. Dans
cette optique, le PUCA initie des programmes de recherche incitative, de recherche-action, des
actions d’expérimentation et apporte son soutien à l’innovation et à la valorisation scientifique
et technique dans les domaines de l’aménagement des territoires, de l’habitat, de la conception
architecturale et urbaine et de la construction.
Un concours national est lancé par le PUCA sur 7 sites depuis le 6 février 2017 (Le vade-
mecum de ce concours a été publié et présenté par ADIVbois le 27 février 2017). Les projets
lauréats bénéficieront d’études de qualification financées par le Plan, sur les aspects
techniques tels que structures, façades, thermique, qualité de l’air intérieur,
ingénierie de sécurité incendie, ingénierie vibratoire etc... Les équipes lauréates
pourront être sélectionnées par les maîtres d’ouvrage publics.
Pour relever les défis climat et environnementaux […] le gouvernement favorise l’émergence
de projets urbains innovants, qui ont vocation à devenir, à l’international, la vitrine de
l’excellence française en matière de ville durable. Les projets bois, qui s’inscrivent
naturellement dans ces enjeux seront à l’avenir mieux promus et mieux évalués. »
63
ANNEXE 3.2 : Articles et communiqués
Exemples d’Articles de revues spécialisées ou de communiqués de presse
portant sur les constructions bois de grande hauteur
64
Date Titre de l’article ou du communiqué Source
https://novae.ca/2016/09/la-
La plus haute tour en Bois du monde en plus-haute-tour-en-bois-du-
19/06/2016 monde-en-construction-a-
construction à Vancouver
vancouver/
→ structure et façade en bois
→ 18 étages / situé au cœur de l’université
→ principalement en bois lamellé collé
→ revêtement de la façade => 70 % en bois
→ premier bâtiment en bois de + de 14 étages
→ arguments avancés :
- immeuble qui permettra de réduire les émissions de gaz à effets de serre
- « démonstration éclatante des nouveaux débouchés que la technologie et l’innovation
ouvrent à l’industrie forestière »
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ANNEXE 3.3 : Les 11 démonstrateurs des Immeubles à
Vivre Bois
Colloque ADIVbois du 12 avril 2018
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Saint-Étienne / îlot Soulié
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ANNEXE 3.4 : État des lieux des connaissances du
matériau de construction Bois
Ce relevé est le résultat d'entretiens ou d'échanges avec des personnes consultées en raison
de leurs compétences, implications ou de leurs rôles dans la connaissance du matériau de
construction bois.
Les règlements existants, et quel que soit le domaine (habitation, ERP ou autre…), ont été
écrits pour des matériaux de construction à faible potentiel calorifique intrinsèque (béton,
parpaing…) et ne sont pas spécialement adaptés pour des matériaux de construction
combustible de type bois.
Actuellement, l’arrêté du 31 janvier 1986 modifié concernant les bâtiments d’habitation permet
de construire jusqu’à 50 mètres sans mesure aggravante. Cet état de fait est préoccupant
compte tenu que des projets sont déjà construits ou en cours d’étude. Certains dossiers
affichent la stabilité au feu d’un immeuble de 4ème famille requise (01h30 d’exigé) en respectant
les courbes « iso » actuelles alors que ces dernières ne sont pas adaptées aux immeubles en
matériaux combustibles (bois). Des constructions bois sont parfois incorporées dans des
projets complexes formant des îlots urbains comprenant des immeubles d'habitation avec
l’ajout de forts enjeux (présence d’ERP à sommeil, PS couvert ou largement ventilé...). L’atelier
ADIVbois est à la fois conscient et surpris de cette situation d’autant plus que les SDIS sont
consultés uniquement dans le cadre de leurs compétences pour les bâtiments d’habitation et
relevant du code du travail, soit l’accessibilité et la DECI.
La logique opérationnelle concernant les bâtiments bois en sera impactée. D’autant qu’il peut
être constaté que beaucoup de bâtiments bois sont déjà construits alors que les travaux
d’ADIVbois ne sont pas encore publiés, ou que certaines obligations soient imposées aux
constructeurs.
Globalement, les matériaux de construction combustibles (et quelque part tous les matériaux
biosourcés) ne devraient pas être construits sans que des mesures complémentaires soient
prises.
Il a été fait le choix d’établir dans cette province une réglementation spécifique pour les
constructions bois qui prend en compte ce risque en fonction de la hauteur des bâtiments en
bois avec une graduation des mesures constructives et des dispositifs passifs ou actifs de
prévention. Des critères plus sévères ont été imposés selon la hauteur du bâtiment.
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QUEBEC
Code de la construction spécifique aux France
constructions en Bois Habitation de 2ème famille
Bâtiment R+3
- Résistance au feu de 1h
- SF : ½ h
- Sprinkler
- Parois escalier CF 1/2h et matériaux M 2
- Alarme incendie
- 1 escalier désenfumé
- 2 escaliers
En comparant les réglementations étrangères, l’articulation des textes français actuelle est une
spécificité qui parfois aboutie à des incohérences. Dans le monde, le risque relatif à la sécurité
incendie est en général géré via un socle commun. Il est évoqué qu’il serait souhaitable d’aller
vers cette conception afin de clarifier le traitement des constructions bois. Cela permettrait
également de mieux prendre en considération des solutions novatrices favorables à l’écologie
et à l’environnement dans le cadre des protections thermiques. Ailleurs, c’est généralement le
ministère chargé de la construction qui règle ces questions.
Par exemple, la réglementation appliquée aux USA et/ou au Canada, est sensiblement abordée
de la même manière où il est séparé les constructions en matériaux incombustibles et ceux
combustibles.
Selon ADIVbois, les derniers dispositifs réglementaires mis en place permettent de déterminer
des objectifs de sécurité qui doivent être atteints en situation d’incendie. Par ce biais, il peut
être envisagé de laisser la possibilité de démontrer, quel que soit le matériau ou de la
conception du bâtiment concerné, qu’ils sont bien atteints. L’objectif principal est celui
d’assurer la sécurité des personnes : les occupants dans un premier temps, les intervenants
dans l’autre.
La place d'ADIVbois et la force des projets de note relatifs aux bâtiments multi-
niveaux
Les futurs documents cadres n’auront pas de portée réglementaire et s’adressent à tous les
acteurs. Ces préconisations viendront consolider les dispositions existantes dans le domaine
du droit souple.
L’association ADIVbois a été créée en novembre 2014 pour promouvoir la construction bois de
bâtiments de grande hauteur dont sa mission a évolué au fur et à mesure des débats. L’État
a participé avec un apport d’environ 6 millions d’euros afin de réaliser des travaux pour
accompagner des projets démonstrateurs. Une fois lancé avec l’aide du PUCA et d’organismes
locaux, une vingtaine de projets sont apparus mais il n’y avait pas d’IGH et concernaient
principalement des bâtiments d'habitation de 3ème et de 4ème famille, et quelques
ERP de moins de 28 m. ADIVbois a alors annoncé que les travaux étaient orientés
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pour établir des règles minimales pour la faisabilité des projets afin d’accompagner
les architectes et les bureaux d’étude. L’esprit des travaux d’ADIVbois est orienté vers la
détermination d’un minimum de règles à destination de l’ensemble des acteurs afin que les
projets puissent émergés avec des niveaux de sécurité acceptables.
Actuellement, le ministère de l’intérieur suit les travaux d’ADIVbois. Bien que moins présent,
la DHUP suit également les évolutions. Tous les ministères concernés sont destinataires des
documents et leurs rédactions sont réalisées pour qu’ils puissent être rendus exploitables.
Lorsque les travaux actuels conduits par ADIVbois seront disponibles dans le domaine public,
les recommandations auront une valeur de règle de l’art, et qu’à défaut d’autre chose, il y aura
lieu d'appliquer les préconisations (recommandations). En cas de problématique, ces règles
peuvent éventuellement être retenues juridiquement. Il est suggéré par ADIVbois que le fait
de porter dans les avis rendus par les services instructeurs (BSPP, SDIS…) de manière
suffisamment transparente cette notion, sera une manière de rappeler que ces règles de l’art
existent et donc qu’elles devront être respectées.
Il est souligné que la parution d’un guide sans appui officiel pour son application risque
d’entraîner un phénomène d’existence de deux types de construction, et les maîtres d’ouvrage
pourraient être tentés de prendre comme référence la réglementation existante. Dans ce
contexte, il est possible que les projets retenus soient ceux qui coûteront le moins cher.
Au-delà du bois, c’est toutes les filières des matériaux biosourcés qui se trouvent dans ce
schéma dont certaines réunions sont organisées actuellement afin de valoriser leurs emplois.
Les solutions apportées par l’atelier d’ADIVbois s’adressent de manière générale à tous les
types de construction en bois (ERP, ERT, habitation jusqu’à la 4ème famille). La construction
d'IGH Bois, étant non autorisée règlementairement, a été rendue possible par le biais de la
note d'information du mois de juillet 2017 (V2) émanant du ministère de l'intérieur dont la
démarche relève du domaine de l'ISI.
Le groupe d'ADIVbois a travaillé pour définir en novembre 2018 un guide spécifique pour
l’application de l’ingénierie de sécurité pour les immeubles dont les IGH par ADIVbois / Atelier
Incendie (membre du CODIFAB - Comité Professionnel de Développement des Industries
Françaises de l’Ameublement et du Bois).
La méthode développe le comportement du bois structural dans un incendie. Les modèles
classiques de la méthode ISI prend en compte la charge mobilière lors de l’incendie. Ces
données d’entrée ainsi que les conditions de ventilation et autres vont permettre de calculer
des températures.
Le problème, rapidement détecté au début des tests, concerne les parois en bois du local non
protégées qui apportent un combustible supplémentaire graduellement en fonction du temps.
Bien que les outils de calculs soient en évolution en fonction des avancées des travaux, ils
doivent encore être modifiés pour prendre en compte l’ensemble de ces paramètres. Un
deuxième point doit encore être intégré dans ces outils qui est l’arrêt de la combustion.
Pour confronter les modèles, un essai sur parking en bois a été effectué par le CSTB ciblé sur
la combustion, la détermination des critères d’inflammabilité et l’extinction du bois. Ce qui a
permis de préciser le maximum de critères pour effectuer une démarche d’ingénierie pour les
constructions en bois.
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Il est toutefois soulevé la limite de l’approche de l’ISI qui aboutit à un cahier des charges. Ce
dernier contient souvent des contraintes soit d’exploitation, soit enferme le projet dans ce qu’il
est. Et une évolution de la conception même du bâtiment peut impliquer une nouvelle étude
ISI.
La courbe ISO 384 relative à la résistance au feu pour les constructions bois
La courbe ISO 834 permettant d'établir le degré de résistance au feu d'un élément en bois
(CLT, ou autre) ne peut être retenue dans le cadre des constructions des IGH en Bois, car
l’arrêté de 2011 sur les IGH rend impossible l’utilisation de Bois pour la construction dont son
utilisation ferait dépasser largement la charge combustible limite imposée par le texte.
Aujourd’hui, la possibilité de construire des IGH en Bois est définie par la note d’information
de 2015 modifiée en 2017 du ministère de l’intérieur.
Dans la mesure où une démarche d'ISI est lancée, les caractéristiques de la stabilité au feu et
de compartimentage doivent être vérifiées avec des scénarios d’incendie réels qui seront pris
en compte dans l’étude. Cette démarche englobe les phases de développement du feu mais
aussi du refroidissement.
Les essais menés et validés concernant les façades en bois doivent être complétés du fait qu’ils
sont valables uniquement pour des locaux avec des parois incombustibles. Ils ne prennent pas
en compte les locaux comprenant des parois en bois. Les éléments de bardage pour les IGH
sont déjà définis (A2-s3, d0) par l’article GH 13. Il ne semble pas envisagé de déroger à ces
exigences (problématique du feu mais aussi d’entretien de vieillissement) par les acteurs de la
filière, conscients que prévoir des bardages bois en IGH serait contre-productif. Ils
s’adresseront par exemple plus particulièrement aux bâtiments d’habitation de 4ème famille
dans le cadre de l’évolution du futur cadre réglementaire.
Un des prochains essais dans le cadre d’ADIVbois concerne les assemblages. Il doit être réalisé
car l’Eurocode 5 portant sur le critère de la résistance au feu des structures en bois est limité
à 60 minutes pour la tenue au feu des assemblages. Un projet d’essais complémentaires (qui
ne couvrira pas tous les cas) est prévu pour des assemblages qui tiendraient jusqu’à 90 ou
120 minutes. Il est probable qu’il soit impératif de les protéger thermiquement pour atteindre
ces durées sans que cela devienne un élément beaucoup trop massif.
Aujourd'hui, il n’y a pas de perspective d’essais de locaux d’une certaine dimension de projeté.
Et du point de vue d'ADIVbois, il serait nécessaire de faire d’autres essais plus conséquents
mais le temps et le budget manqueront dans ce cadre.
Bien que certains essais ne soient pas réalisés, lorsqu’une démarche d’ISI est prévue, il nous
a été souligné qu’il est pris des valeurs conservatoires. Par exemple, cela peut être des
ajustements sur la vitesse de propagation du bois ou le flux thermique. Dans ce cadre, il y a
déjà eu des études en ISI sur les IGH qui ont été signées et qui n’ont pas fait l’objet d’essais.
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La problématique des feux couvants, de l'incandescence et des interfaces
Deux axes forts sont en cours de développement pour répondre à ces problématiques du fait
des retours d’expériences de feux abordés lors des séances de travail de l'atelier incendie
d'ADIVbois, orientés notamment par les officiers de sapeurs-pompiers participant à ces
travaux.
Les travaux d’ADIVbois vont dans le sens de maximaliser la présence de protection de plaques
de plâtre. Mais les souhaits des architectes recherche plutôt que le bois soit apparent afin de
répondre à leur créativité.
Il a été évoqué comme axe de réponse que, par exemple pour des IGH HAB, des règlements
de copropriété avec des exigences plus fortes soient rendues obligatoires. Mais il vient la
question de comment contrôler cet aspect notamment en commission de sécurité.
Ces discussions ont été abordées également par ADIVbois dans le cadre des systèmes
d’extinction automatiques à eau qui pourraint être une réponse à ces sources d’inquiétudes.
Une étude est en cours sur ce point (CNPP / Efectis). Derrière cette proposition, la
problématique majeure est le maintien en bon état du système notamment dans le domaine
des habitations.
Pour l’instant, les réflexions sur les solutions d’extinction automatiques à eau que ce soit
sprinklage, brouillard d’eau ne sont pas suffisamment abouties et l’étude doit éclaircir certains
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points. Il doit être débattu principalement le coût global par rapport aux enjeux et la quantité
d’eau déversée (y compris lors de la phase d’extinction des secours) qui peut engendrer des
problèmes de résistance de la structure et de pourrissement du bois par la suite. Le brouillard
d’eau pourrait être envisagé pour limiter la quantité d’eau déversée mais cette solution n’est
probablement pas la seule solution pour tous les cas car onéreuse.
A noter que les bâtiments en bois de plus de 28 mètres à l’étranger sont tous protégés par
une installation d’extinction automatique. Or il est argué par la filière bois d’une recherche du
coût global raisonnable pour rester compétitif avec les autres filières notamment dans le
domaine de l’habitation.
Pour la partie contrôle de manière large, le groupe ADIVbois est conscient de la problématique
et souhaiterait un soutien officiel plus affirmé sur cette réflexion. D’autant plus que toute la
filière redoute, en termes d’image, le contre-exemple comme l’effondrement d’un bâtiment de
grande hauteur lors d’un incendie et de mesures de sécurité qui ne seraient pas suffisantes.
Dans ce contexte large, les acteurs qui s’occupent de bâtiments de 3 à 4 étages souhaitent
s’en tenir au règlement actuel pour ne pas perdre les avantages du bois notamment pour le
côté compétitivité.
Des retours d’expérience opérationnels visant à alerter les différents acteurs sur la potentielle
dangerosité d’un immeuble en bois que ce soit sur le territoire Français ou à l’étranger ont été
présentés dans le cadre de l’atelier incendie ADIVbois. Il a été choisi certains exemples ciblés
afin de déterminer les problématiques majeures concernant notamment la propagation vers
les tiers, la stabilité des ouvrages, les risques de propagation par les vides intérieurs, la réaction
au feu, des techniques opérationnelles de secours français à adapter au risque émergent.
Pour le côté tactique des secours, l’atelier incendie d’ADIVbois devait émettre des
préconisations mais, malgré la présence d’officiers sapeurs-pompiers de qualité, il manque à
cet atelier des moyens et du temps pour organiser les réflexions sur ce point.
La Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers a pris conscience que les moyens en eau
devront être redimensionnés par rapport à un bâtiment classique.
Certains pays ont déjà orienté des réponses comme les Nords Américains et les suédois dont
il peut être illustré quelques grandes idées appliquées par la province du Québec. À la suite
d’une histoire opérationnelle riche concernant les constructions bois (notamment après des
feux de quartiers qualifiés de conflagration), il a été mis en œuvre des tactiques
opérationnelles concernant ce risque qui a abouti à une évolution considérable des services de
secours. Il peut être pris comme exemple certains critères :
Départ / Arrivée sur les lieux de plusieurs autopompes dans un délais extrêmement
court (inférieur à 5 min)
Tactique opérationnelle basée sur au moins 3 autopompes équipées de deux pompes
chacune pouvant travailler soit en série, soit en parallèle selon le besoin afin d’obtenir
des débits et/ou pressions importants et d’avoir une force de frappe au niveau du feu
rapidement.
une connaissance approfondie par le personnel des différentes constructions,
notamment en matière de construction bois afin d’adapter la tactique opérationnelle ;
outre certaines techniques d’attaques similaires selon la situation (flash over,
backdraft…), présence d’un officier jugeant de la nécessité de travailler en tactique
offensive ou défensive ;
la mise en place de tactiques particulières selon le type de construction :
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o Par exemple, il peut être fait le choix de laisser brûler la construction au
maximum et de ne faire que la part du feu puis de faire tomber le reste du
bâtiment fragilisé.
o La mise en place de tactiques d’attaque avec ventilation la plus précoce possible
notamment pour les feux sous-ventilés. Cela impose la mise en œuvre en même
temps de dispositifs hydrauliques imposants (attaque en simultané avec des
lances de 2000 l/min, d’où la nécessité de travailler avec plusieurs autopompes
et un réseau incendie solide).
Il peut être observé que les assurances ne sont pas représentées dans les groupes de travail
d’ADIVbois alors qu’il peut être déjà prédit que le coût d’un sinistre de ce type de bâtiment
sera élevé et que de certains pays édictent des règles en appui de ces dernières.
L'atelier incendie d'ADIVbois retarde depuis plus d’un an la publication des notes. Mais il peut
être considéré que le projet actuel est proche de la version finale. Il doit être déterminé une
date de publication, même si ces documents doivent encore évoluer.
L’atelier incendie d’ADIVbois a été ouvert en 2015 pour une durée de trois ans et devait se
terminer en 2018. Cette échéance a été prolongée de deux ans supplémentaires et porte cette
échéance à fin 2020. Le financement de ces travaux provenant de l’État, les documents
devront être publiés avant fin 2020.
Les travaux d'ADIVbois sont attendus dans l'optique des jeux olympiques de 2024. Une
association spécifique existe et du fait qu’ADIVbois soit membre de cette association, les
travaux non finalisés pourront se poursuivre dans ce cadre.
Il semblerait que le coût d’une construction en bois soit annoncé avec un surcoût de 15 % par
rapport à une construction traditionnelle. Une sortie des textes est donc attendue vis-à-vis des
enjeux relatifs au village bois olympique dont les PC doivent être déposés en mars 2020. Ce
qui implique que la réception de la phase concours et décision est prévue vers le mois de
novembre 2019. Par la suite, les maîtres d'ouvrage vont avoir entre novembre 2019 et mars
2020 pour affiner leurs dossiers. Pour cela, il est souhaitable que les guides ou
recommandations soient disponibles fin 2019 pour que SOLIDEO (Page internet : « Livrer les
ouvrages olympiques et paralympiques, bâtir la ville européenne de demain » :
https://www.ouvrages-olympiques.fr/) impose que les projets doivent s’appuyer sur ces
références.
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ANNEXE 3.5 : ADIVBois / le vade-mecum et ses ateliers
Le document est accessible depuis le site d’ADIVbois (www.adivbois.org/wp-
content/uploads/Vademecum-27022017.pdf). Il repose sur deux axes forts :
- rassembler les informations existantes afin de nourrir les projets,
- identifier les besoins à combler puis définir, lancer et encadrer les études nécessaires
pour nourrir le concept d’immeubles à « Vivre Bois »
Les travaux ont fait l’objet de nombreuses réunions d’information ou de dossiers de presse.
Une session inaugurale de présentation a été réalisée du 2 au 11 avril 2018 sur le thème
« habiter et bâtir en bois au XXI ème siècle » afin d’établir une synthèse sur l’état
d’avancement des premiers immeubles démonstrateurs. Les ateliers animés concernaient les
structures, l’incendie, l’enveloppe, l’acoustique et AMO technique. Il a été présenté lors de ces
séances l’étendue des solutions constructives entre la structure et le cadre de vie et entre
architecture et design.
Le groupe ADIVbois affiche la méthode et un calendrier ambitieux dès les premières réunions
pour résoudre les difficultés au travers ces différents compte rendu de réunion dès le
lancement des ateliers :
- « Référentiel technique : année 1 & 2 / 2016 et 2017 : lancement des ateliers et
rédaction du Vademecum, études de cas, échanges avec ateliers et bureaux de
contrôle (Coprec) et participation (support) au jury concours et journée d’information
lauréats.
- Essais génériques : années 2 & 3 / 2017 et 2018 : lancement d’études et essais génériques
filière bois (feu et ISI, structure et amortissement), analyse des projets lauréats afin de
définir les essais génériques basés sur des typologies effectivement rencontrées.
- Essais démonstrateurs : année 3 – 2018… : lancement des Cahiers des Charges adaptés
et réalisation des études essais, aide démonstrateurs et préparation mesures
démonstrateurs et REX »
Plusieurs ateliers sont constitués pour répondre aux objectifs fixés dont notamment :
L’atelier Structure
- L’étude de parangonnage :
- Les études de cas : études de 3 systèmes constructifs sur un même objet
architectural ;
Cas 1 : Hôtel + Bureaux avec une structure en poteaux/poutres lamellé
collé ;
Cas 2 : Logements avec une structure en CLT (noyau + refends) ;
Cas 3 : Bureaux avec une structure en exosquelette ;
- VADEMECUM des immeubles à vivre bois ; les points saillants structures.
Le bois, matériau combustible : les hypothèses de base des études et des réflexions générales
sont basées sur des critères physiques propres du bois pour répondre aux objectifs fixés par
la réglementation.
L’atelier Enveloppe : cet atelier a repéré des points saillants concernant le comportement
structurel et rappelé les références aux différentes règles de l’art. D’autres points sont
également mis en relief concernant les façades dont la nécessité de respecter les règles de
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l’IT 249 ou les règles du C+D variables selon les réglementations, ainsi que les guides relatifs
aux façades bois. L’application de l’essai LEPIR 2 pour certains cas est rappelé. Un autre point
est mis en relief concernant les parements où il est préconisé des solutions différentes selon
la hauteur du bâtiment, si la façade est porteuse ou non, etc.
Il est présenté les points d’action architecturaux et de design travaillés autour du cadre de vie
créant des opportunités dont il est dégagé les notions d’Ancrage (l’implantation), de Canopée
(l’investissement de la partie supérieure des immeubles), d’Épiderme (pour une notion de
façade moins formelle avec un travail visuel) et de Structure servante (notion de flexibilité, et
d’évolutivité) décomposé en structure primaire (ensemble du bâtiment) et secondaire (celle
d’un logement par exemple) - page 39. Un principe important de ces immeubles est mis
en relief : sa capacité à être mixte, évolutif, participatif et évolutif.
Dès le préambule et tout le long de cette partie, il est mis l'accent sur les particularités des
BGH par rapport à un bâtiment classique et notamment dans les différentes solutions qui
seront à choisir selon son utilisation.
80
En premier lieu, une coordination des interfaces spécifiques des BGH doit être réalisée pour
aborder les thématiques de géotechnique, façade, vent, séisme, ingénierie acoustique et
incendie, ascenseurs, méthode de construction et tous les autres corps d'état technique
(réseaux).
Les sujets à prendre en compte sont multiples du fait des caractéristiques des différentes
possibilités de structures bois. Les études sur les structures doivent être menées par des
ingénieurs faisant preuves de connaissances approfondies. Par exemple, le matériau bois peut
avoir des comportements différents selon le matériau comme la variation dimensionnelle en
fonction de l'équilibre hygrométrique, la prise en compte de risque de traction, son critère
fibreux, etc. Il est mis en exergue que ces critères sont impérativement à prendre en compte
pour que la résistance mécanique de l'ouvrage et le maintien de sa géométrie dans le temps
soient garantis.
D'autres critères peuvent être identifiés afin qu’ils soient considérés comme bénéfices et
comme limites :
- le poids limitant le coût des fondations ;
- les déformations imposant des notions notamment de déplacement global en tête de
tour ;
- la hauteur inter étage. Ce critère est considéré comme impactant. L'épaisseur des
planchers d'un bâtiment en bois est plus importante qu'une construction traditionnelle ;
- la préfabrication et la mise en œuvre : ce critère est celui qui apporte des avantages
conséquents. Il permet d'assurer des chantiers propres (filière sèche), de réduire les
nuisances par rapport aux riverains, de limiter les accidents sur chantier et enfin de
réduire la durée de chantier.
Il existe plusieurs types de matériaux bois qui devront être employés selon les concepts des
immeubles et leurs intérêts. Il est utilisé des bois dit « massif » afin de concevoir la structure :
- le bois lamellé-collé (BLC) : l'intérêt de ce procédé est d'obtenir des pièces de grandes
sections ou avec des formes particulières qui peut atteindre jusqu'à 40 m par exemple ;
- Lamibois (LVL – Laminated Veneer Lumber) : c'est un matériau à vocation
essentiellement structurelle présentant des caractéristiques mécaniques variables mais
toujours élevés en matière de contraintes axiales (utilisation possible en
contreventement vertical, caisson, support de couverture / d’étanchéité...) ;
- Le CLT (Cross-Laminated Timber) : il est une variante du lamellé-collé de bois massif
dont l’orientation des fils est croisée, d'une couche à l'autre. Le CLT n'est pas un
matériau traditionnel. Il faut se référer aux avis techniques et documents techniques
d’application des fabricants pour avoir la justification de la résistance de ces éléments.
Les autres matériaux bois sont principalement utilisés pour des bâtiments de faible hauteur tel
que les panneaux contreplaqués, OSB (Oriented Strand Board).
En termes techniques, le document cite les caractéristiques générales du matériau bois qui
répondent à des règles précises normatives, ou faisant l'objet d'études spécifiques concernant
des critères tels que le fluage, l'amortissement.
Les éléments relatifs aux structures qui doivent faire l'objet d’une attention particulière
sont les assemblages. Les différents éléments en bois sont connectés de plusieurs manières
(contact entre pièces assemblées, juxtapositions ou insertion d'éléments additionnels...). Il
peut être employé des organes métalliques, assembleurs surfaciques ou des tiges encollés à
la résine epoxy). Il est énoncé deux points critiques :
- le comportement des structures à la raideur ;
- la protection au feu des assemblages. Il est proposé deux stratégies possibles pouvant
être associées : surdimensionner, à froid, l'assemblage ou protéger thermiquement. La
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preuve des classes de résistance au feu doit être apportée par calcul ou justification
expérimentale.
La vigilance des acteurs est soulignée concernant la modélisation des assemblages qui doit
représenter le comportement réel du bâtiment. Ces points énoncés concernent les
constructions bois de manière générale. Dans le cas de bâtiments de grande hauteur en bois,
il est précisé que les assemblages sortent souvent des domaines d'emplois classiques. Les
essais permettant de caractériser de manière générale le couple résistances / raideurs de
connexions doivent être effectués (page 66).
Chaque système a ses points forts et points faibles qui seront choisis en fonction des
possibilités de l'aménagement de l'immeuble. Il a été réalisé trois études de cas d'immeuble
de grande hauteur en bois afin de détecter les points critiques et des recommandations à
destination des concepteurs et constructeurs qui ne peuvent pas être transposés directement
dans les projets qui doivent faire l'objet de réflexions et d'études spécifiques. Les études de
cas concernent trois items principaux :
- systèmes poteaux-poutres encastrés ;
- système avec des voiles de refends (En CLT) ;
- système en exosquelette.
82
Le principal avantage des immeubles en bois est une diminution du poids (environ 30 % en moins)
de la structure qui peut permettre des fondations moins onéreuses. Les infrastructures du BBGH
sont réalisées de manière traditionnelle en béton. Cet atout peut être utilisé quand les terrains
présente une faible capacité portante, il est souhaité une augmentation du nombre d'étages pour
un terrain donné, l’allègement d'ouvrage de transfert de charge est nécessaire.
D'autres dispositions affectant les structures doivent être prises en compte comme les réservations
dans les poutres et les réservations dans les panneaux CLT.
Il est cité un certain nombre de points qui sont à surveiller soit de manière périodique ou soit par
des mesures locales :
- tassement vertical ;
- comportement dynamique bâtiment ;
- performance thermiquement ;
- performance acoustique ;
- déformations ;
- forces / pressions ;
- variation d'humidité du bois ;
- comportement dynamique des planchers ;
- assemblages.
Incendie :
Le postulat de base du vade-mecum est qu'en matière incendie, la structure doit respecter les
règles de sécurité incendie dont les principaux éléments à prendre en compte sont :
- la résistance au feu : solution du traitement par le calcul ou ajout d'autres produits
pour protéger la structure ;
- la réaction au feu : dans certaines zones de l'immeuble, il peut être nécessaire de
prévoir des matériaux incombustibles ;
- mise en évidence pour les IGH que la masse calorifique de la structure doit
être limitée et que la règle du C+D doit être respectée.
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Le document met l'accent sur le traitement des détails, notamment pour empêcher le passage
des gaz chauds d'un local à l'autre et limiter drastiquement les risques de combustion lente dans
les zones non visibles pouvant provoquer des feux plusieurs heures après que les foyers principaux
soient éteints par les pompiers. Une conclusion majeure s'invite dans les constats : tous les
« corps creux » sont à éviter impérativement.
Quelques repères physico chimiques qui intégrés dans les études sont rappelés :
A 150 °C pendant un temps suffisamment long, le bois peut commencer sa pyrolyse. Au
cours de la pyrolyse du bois, des gaz se forment ;
De 225 °C à 325 °C : des réactions légèrement exothermiques commencent ;
De 325 °C à 375 °C, d'autres réactions exothermiques apparaissent et sont dues à la
dégradation de la cellulose ;
De 375 °C à 500 °C : la transformation devient fortement exothermique et le bois évolue
vers le charbon de bois ;
Au-delà de 500 °C, la production de gaz diminue considérablement et celle de charbon
augmente ;
Au-dessus de 1000 °C, les gaz émis sont principalement du monoxyde de carbone (CO)
et du dihydrogène (H2) et sont fortement inflammables.
Il est synthétisé les deux possibilités offertes aux constructeurs afin d'atteindre les objectifs :
- soit la mise en œuvre des exigences descriptives citées dans les différentes
réglementations
- soit de recourir à une approche d’évaluation des risques en faisant appel à l'ingénierie
de la sécurité incendie afin de démontrer que le projet atteint le même niveau de
sécurité en situation d'incendie qu'une construction courante.
Pour les IGH, il est explicité les points du règlement entrainant d’une part, la limitation
relative à la charge calorifique immobilière (art GH 16) et, d'autre part, l'imposition de
l'utilisation de matériaux classés A2-s1,d0 pour les cages d'ascenseurs (art GH17), les
plafonds (art GH 21), les parois support de revêtements de sol et de parois latérales
(art GH 22). Ces limitations ne permettent pas le recours à la construction en bois
massif sans une démarche en ingénierie de la sécurité incendie.
Le bois étant un matériau combustible, sa réaction au feu varie selon l'essence, l'humidité et
l'épaisseur de l'élément, entre D-s2,d0 et C-s1,d0, soit M3 ou M2 selon l'ancienne classification
française. Des informations détaillées sur les performances de réaction au feu du bois sont
disponibles dans des publications spécifiques "Réaction au feu des bois massifs en parements
extérieurs et intérieurs".
Il est abordé également les possibilités et le cadre de définition pour que les éléments de
construction présentent les caractéristiques de résistance au feu attendues pour le
compartimentage. Il est cité le cadre normatif des essais et abordé le cas particulier du CLT
non traité dans la version actuelle des Eurocode. Il est précisé qu'il est nécessaire d'avoir un
avis de laboratoire.
En fin de cette partie, il est énoncé, que compte tenu du manque actuel de connaissances
scientifiques, il faudra privilégier l'encapsulage, de manière telle que l'absence de
combustion de la zone d'assemblage soit assurée pendant toute la période de résistance
au feu requise, validée par un avis de laboratoire agréé. Pour toute autre solution technique
qui permettrait d'atteindre des performances REI 90 voire REI 120, le recours à l'essai (arrêté
du 22 mars 2004) est nécessaire.
84
Pour les fermetures / rebouchages dans les parois qui doivent justifier de classes de résistance
au feu, telles que des blocs-portes, volets, clapets, calfeutrement de pénétrations, il est
nécessaire de n'utiliser que des éléments ou procédés de construction dont les performances
en situation d'incendie sont parfaitement justifiées pour des conditions aux limites
représentatives d'éléments de compartimentage en bois.
Selon l'approche alternative devant être mise en œuvre, la démarche suivante est conseillée
(voir également "Action 01 – Formulation de la méthodologie générale - http://www.pn-
isi.fr/Default.aspx " et norme NF-ISO 23932) :
- Identification des objectifs de sécurité à atteindre et proposition des critères de
performance à utiliser,
- Sélection des scénarios d'étude (scénario d'incendie et, le cas échéant, scénario de
comportement humain),
- Proposition de solutions alternatives aux exigences descriptives concernées.
Bien souvent ces propositions devront prévoir des mesures de protection incendie
complémentaires pour compenser le risque accru dû à l'emploi de matériaux
combustibles,
- Analyse, avec les outils de l'ingénierie de la sécurité incendie, de la possibilité (ou
non) d'atteindre les critères de performances retenus, pour chacun des scénarios
d'étude sélectionnés.
Une telle approche, dans la mesure où elle concerne des objectifs réglementaires de
sécurité des personnes et du voisinage, doit être présentée aux autorités compétentes
dès les études de conception et doit faire l'objet d'un accord final de ces mêmes
autorités.
Extrait du CR du 12/04/2018
AUTRES CONSIDÉRATIONS
85
Lorsqu'elle est protégée de façon adéquate, les leçons que l'on peut tirer de sinistres à
l'étranger montrent que l'incendie dans une construction en bois massif est généralement
limité au local d'origine du feu. Cependant, c'est en phase de construction, lorsque ces
mesures de protection ne sont pas encore mises en place, que le bâtiment peut
être vulnérable ; quelques sinistres ont montré que le bâtiment pouvait alors être détruit
dans son ensemble. Des mesures appropriées doivent donc être mises en œuvre dans cette
phase de construction pour limiter le risque d'incendie.
Cette situation, doit inciter les concepteurs à être particulièrement vigilants lors
de la mise au point de tels ouvrages quant à la nature des référentiels sur lesquels
ils s’appuieront et sur l’étendue des démarches de validation à mener pour combler
les lacunes de ces référentiels et des retours d’expérience.
Il est par ailleurs souligné que la notion de grande hauteur est une notion progressive, que
l’on peut faire débuter à partir des réalisations actuelles de 6 à 8 niveaux. Les contraintes
augmentent avec la hauteur qui réduisent progressivement le nombre de solutions capables
de satisfaire aux exigences.
L’IGH représente un cap supplémentaire important dont les règles de sécurité incendie
durcissent notablement les critères, jusqu’à être potentiellement rédhibitoires. Ce cap devrait
être abordé ultérieurement et après des expérimentations intermédiaires en ce qui concerne
les parois de façade en bois.
La réglementation IGH interdit l’utilisation du bois pou les façades, par la limitation de la masse
combustible et de la réaction au feu des matériaux et produits constituant la façade. Il est
cependant envisageable d’obtenir la validation de systèmes dérogeant à la réglementation,
par des essais au feu LEPIR 2 et par des études d’ingénierie spécifique. Cette démarche est
rendue possible dans le principe par une note ministérielle (voir § 2.2 du VAEDEMECUM). Elle
est néanmoins potentiellement lourde en termes de moyens et de délais.
Les référentiels normatifs existants sont généralement insuffisants pour encadrer la réalisation de
façades de bâtiments de grande hauteur. Dans le meilleur des cas, ils ne permettent pas
d’aller au-delà de 28m, et les limites d’utilisation en hauteur sont variables et souvent
inférieures.
86
ANNEXE 3.6 : La sécurité incendie des immeubles en
bois
---------------------------------
---------------------------------
Il est repris dans cette annexe la présentation disponible sur internet qui a été dispensée en
2018 par M. Hameury Stéphane du CSTB. Elle permet de réaliser une synthèse de l’état des
lieux des connaissances scientifiques sur le plan national concernant le comportement des
constructions bois et en particulier de grande hauteur.
Cette synthèse éclaire sur l’avancée des travaux initiés par la filière bois mais également met
en lumière les sujets restants à aborder ou à traiter afin de réaliser ce type de construction
dans des conditions de sécurité suffisantes.
Ce document propose soit les propos tels qu’ils ont été donnés par le conférencier ou soit un
résumé par rapport à l’intérêt de notre étude.
---------------------------------
Présentation du
comportement en
situation d'incendie des
bâtiments bois et en
particulier de grande
hauteur
https://youtu.be/GiNG3NFQzOA
Matériau ambivalent :
Le bois entre aujourd'hui dans un type de technologie avec des systèmes constructifs
nouveaux.
87
Dans l'imaginaire et l'histoire on peut raccrocher le bois comme des constructions
simples qui ne durent pas longtemps (plutôt pour les petits budgets), ou encore comme
matériau permettant de pouvoir construire en se déplaçant rapidement comme dans la
conquête de la chercher de l'or. Mais aussi comme un matériau pour des constructions
de prestige comme par exemple les chalets en montagne
En outre, le bois est considéré comme "le matériau du développement durable" (RT
2012, futur Label E+C- qui préfigure les bâtiments de demain qui vont chercher à
diminuer le contenu carbone de ces bâtiments et donc les matériaux biosourcés auront
une place importante à prendre).
Extrait RT 2012 :
Conformément à l'article 4 de la loi Grenelle 1, la RT 2012 a pour objectif de
limiter la consommation d'énergie primaire des bâtiments neufs à un maximum
de 50 kWhEP/(m².an) en moyenne, tout en suscitant :
- une évolution technologique et industrielle significative pour toutes les
filières du bâti et des équipements,
- un très bon niveau de qualité énergétique du bâti, indépendamment
du choix de système énergétique,
- un équilibre technique et économique entre les énergies utilisées pour
le chauffage et la production d'eau chaude sanitaire.
Pourtant le bois est très présent dans notre civilisation et très technologique.
Il peut être cité les structures en lamellé collé modernes qui ont fleuries au début du
19e siècle avec des brevets déposés depuis 1906. Exemple : gare ou aéroport construits
avec des structures en bois avec une bonne durabilité.
88
Système à ossature en bois :
CLT :
Mais pour autant aussi du combustible : le volume de bois est largement plus important
que le système à ossature bois plus léger qui pose bien évidemment des questions
concernant la sécurité incendie.
89
Ces systèmes étant très performants dans les ouvrages de grandes hauteurs, ils sont
largement déployés dans le monde entier avec une course à l’international
à la hauteur.
Existants :
- Treet Tower – Bergen en Norvège de 14
étages proche de 50 mètres aujourd'hui
habité (bâtiment d'habitation) réalisé avec
des panneaux en CLT et un système en
exosquelette en lamellé collé,
- MURAY GROVE TOWER : un des premiers
bâtiments de grand hauteur (9 étages) à
Londres en CLT,
- En France, Bâtiment Jules Ferry de 8
étages à St Dié des Vosges qui à la
particularité d'être isolé par de la paille par
l'extérieur rapporté sur une structure en CLT
fermé ensuite par un bardage en terre cuite
ou en bardage bois.
90
Le bois est un matériau à la foi Combustible et Stable au feu
Il va contribuer au développement du
feu en particulier lorsqu'on utilise un
système en CLT.
Un feu conventionnel est un feu normé répondant à une courbe (temps / températures) maîtrisée. Or
ces modèles ne répondent pas totalement à des feux réels. Aujourd'hui, les Eurocodes
amènent peu d'élément d'appréciation pour réaliser les calculs.
Un certain nombre d'acteur (public ou privé) travaille pour sortir du cadre réglementaire d'aujourd'hui
pour se poser les questions fondamentales du comportement de ces ouvrages vis à vis d'un incendie :
91
Sortir du cadre prescriptif pour les constructions IGH bois :
volonté du ministère de l'intérieur au travers de la note d'information du
27/07/2017 ;
souhait de faire remonter l'ensemble des projets construits en France pour
pouvoir les étudier à l'échelle nationale sur leurs performances.
Performances : vérifier le comportement et la stabilité de l'ouvrage sous
un feu réel et cela pour une durée infinie qui renvoi à l'ISI qui doit
démontrer que quel que soit l'incendie auquel est confronté l'ouvrage. Ce
dernier est capable de résister sans intervention des services de secours.
L’objectif est de résister à un feu à une durée pratiquement infinie.
Les travaux ont été effectués à différentes échelles jusqu'à la simulation du feu du
PSLV à l'échelle 1. Ils ont abouti à des données représentables par une courbe qui
répond à la tendance du comportement du bois (flux / température) permettant de
définir si le matériau bois, selon des conditions données, s'enflamme ou pas. Ces
données vont être injectées dans des logiciels pour reproduire les phénomènes dans
un bâtiment. Une comparaison a été effectuée entre les prédictions du logiciel
en réalisant un feu réel sur un PSLV en bois dont les résultats se recoupent bien :
92
- extinction des voitures au bout d'une heure ;
- développement du feu pendant 5 heures avec la présence d’incandescences
et un bon comportement global de la structure.
Ces tests ont mis en évidence que les modèles sont capables de simuler
l'extinction de la flamme, mais pas l'incandescence. Quand la flamme
s'éteint, il ne peut pas être considéré que l'incendie est complètement éteint
car il perdure toujours un phénomène d'incandescence.
Étude sur les bâtiments de grande hauteur en s'appuyant sur un groupement (EFECTIS
/ CSTB) pour le compte d'ADIVbois :
But : fiabiliser les méthodologies de simulation en s'appuyant sur des essais qui
ont été réalisés à l’international puis sur l'exploration des différents modèles de
simulation
93
- Les tests doivent être affinés en raison de l’observation d'un palier à environ
10 min : dans un premier temps, la température augmente en début de feu,
puis s'abaisse brusquement. Cela reflète les conditions de sous ventilation du
local (présence de gaz de pyrolyse qui ne brûle pas car il manque d'oxygène).
Ce qui pourrait se traduire par une diminution de la puissance du feu dans le
local. Ce n'est pas toujours le cas dans la réalité et il peut être raisonnablement
établi qu'on aurait des températures plus importantes. Cet aspect pose un
problème pour l'instant car il n'a pas de vrai sens physique. Les
modèles d'aujourd'hui ne sont pas tout à fait fiables.
- A ce stade des études préalables (2018), il est avancé que si la surface bois
(mur, plancher, plafond) représente environ moins de 30 % de la surface
développée totale, l'objectif d’extinction de la flamme est réalisable.
Méthodologie / Logigramme :
94
À la suite de ces essais et de ces travaux, il a été développé une méthodologie sous
forme de logigramme à suivre pour tester l'ouvrage dans le cadre des futures études
ISI.
Globalement, tant qu'il n'y a pas d'extinction de la flamme, on augmente la surface
protégée par des matériaux inertes. S'il y a extinction, il peut être considéré que la
stabilité peut être infinie.
Il reste à démontrer que la stabilité mécanique est atteinte, et pour cela il est récupéré
les actions thermiques et il est procédé à un calcul thermomécanique standard qui
permet de vérifier que la capacité de la structure à maintenir sa stabilité.
Il a été demandé par ADIVbois des tests sur les escaliers (CSTB / EFECTIS) afin de définir les conditions
requises pour la réalisation de cages d'escaliers et d'ascenseur en CLT avec protection passive.
95
Dans les ERP, il doit être utilisé des
matériaux incombustibles dans les cages
d'escalier et d’ascenseur. De fait,
aujourd'hui lorsqu'on construit en bois
un ERP, la cage d'escalier et d’ascenseur
sont en béton. Cela pose des difficultés
de phasage de chantier et de tolérance
entre les différents matériaux. Il a été
demandé la possibilité d'avoir ces cages
en CLT sans qu'elles soient exposées
(protection par une plaque de plâtre). Le
but est qu'au dos de cette plaque, la
température atteinte ne provoque pas
des niveaux d’échauffement qui
provoqueraient des gaz de pyrolyse qui
peuvent contribuer au développement
du feu.
96
ANNEXE 3.7 : Synthèse des projets de note de l’atelier
incendie d’ADIVbois au 1er septembre 2019
Postulats de base
Toutes les constructions bois doivent répondre aux exigences réglementaires exprimées dans les arrêtés relatifs aux bâtiments concernés, sauf
dérogation dûment justifiée.
Les produits de construction bois « naturel » ont un classement au feu variable. Ceux d’une épaisseur supérieure ou égale à 18 mm qui respectent
la NF EN 14915 présentent une classe de réaction au feu a minima D-s2, d0.
-> Selon une décision européenne du 15 mai 2007, la classification de réaction au feu des panneaux à base de bois dits « conventionnels » réalisée
dans des conditions spécifiques et sur des supports incombustibles (lambris, bardages et panneaux).
-> Pour toutes les autres configurations, il doit être présenté un rapport de classement au feu.
-> Possibilité d’utiliser un produit d’ignifugation pour améliorer la réaction au feu du bois (durée d’efficacité non précisée)
-> Détails des performances disponibles dans les publications de Synerbois (FCBA et CSTB).
-> La durée de résistance sous incendie normalisé (ISO 834) des éléments structuraux peut être déterminée par essais ou par utilisation de la norme
NF-EN 1995-1.2 et son annexe nationale (Eurocode 5).
-> Cette norme de concerne pas certains types d’éléments comme le CLT (2019)
-> Les assemblages sont validés que pour une durée de 60 min (2019)
-> Pour des valeurs supérieures, la justification doit se faire par essais de résistance au feu ou avis de chantier d’un laboratoire agréé en résistance
au feu. Il est possible de devoir avoir recours à des protections thermiques.
La définition de la résistance au feu de certains éléments de compartimentage (parois verticales et planchers) est disponible dans le rapport de
Synerbois et dans l’annexe de l’Eurocode 5 comprenant des tableaux de résultats et une variante permettant d’optimiser la conception des parois.
Quelques articles GH de l’arrêté du 30/12/2011 relatifs aux IGH ne permettent pas la construction d’IGH bois (limitation de la charge calorifique -
GH 16, cages d’ascenseurs - GH 17, plafonds - GH 21, parois support de revêtements de sol et de parois latérales - GH 22).
-> Guide pour l’application de l’ISI à des bâtiments en bois : méthode pour évaluer les risques afin de montrer, pour une construction projetée, que
le risque en situation d’incendie présente un niveau de sécurité acceptable et au moins équivalent à celui de constructions courantes conformes aux
exigences descriptives.
97
Note relative aux
Domaine des Note relative aux Bâtiments bois multi-niveaux de 8 à
Bâtiments bois de grande
Exigences / Recommandations 28 m (1)
hauteur > à 28 m (2)
complémentaires
Habitations collectives,
3e famille B
ERP, et bâtiments de 3e famille 4e famille IGH
(AR : A Respecter) (> R+7)
bureaux
Fermetures / Rebouchages dans les
parois : - Les éléments ou procédés de construction doivent justifier de classes de résistances au feu
(Blocs-portes, volets clapets, calfeutrement - résultats d’essais au avis de chantier
de pénétration…)
Guide « interfaces » d’ADIVbois
Soin aux jonctions entre éléments
Exigence à respecter afin d’éviter les risques de propagation des gaz de combustion dans les zones
constitutifs
cachées.
Le toit d’une construction massive en bois ou
/ / AR AR /
hybride doit être accessible par un escalier
Cloisons séparatives (de compartimentage
entre logements ou avec les circulations
horizontales ou verticales) en bois, doivent / / AR AR /
être en bois massif afin de minimiser les vides
de construction.
Façades conformes aux dispositions prévues
par les arrêtés (A2, s3-d0). Sous-ensemble / / AR AR /
possible sous-conditions
En cas de présence, dans certains locaux, de
bois apparent, pour des scénarios d’incendie
AR
représentatifs, il doit être vérifié, sous la
/ / AR /
sévérité du feu résultant, l’efficacité des
(Annexe 5)
protections des éléments devant être
protégés.
Les panneau CLT
ou LVL non
protégés, doivent
justifier de leur
Panneaux CLT ou LVL 4e famille /
non-délamination
en situation
incendie (soumis à
conditions)
- Protection généralisée des parois structurales en bois pour
- Protection passive généralisée du
que les poutres ou poteaux de la structure primaire restent
bois structural, afin de limiter la
apparents + condition espacement des éléments linéaires
contribution du bois structural au
- Ou, pour chaque local, hors voies de circulation, une paroi
développement de l’incendie. Et un
Limitation des surfaces de bois structural verticale en bois massif est laissée apparente
système d’extinction à eau soit installé
apparent - Justification de non-délamination lors de la présence de
et maintenu.
panneaux CLT ou LVL non protégés. Possibilité de prendre des
- A défaut, recourir à l’analyse des
dispositions particulières si pas le cas.
conditions d’arrêt de la combustion
- A défaut, recourir à l’analyse des conditions d’arrêt de la
du bois avec flammes vives (ISI)
combustion du bois avec flammes vives (ISI).
Mise en place d’un système d’extinction
/ AR
automatique à eau
Mesures de protection en phases de
AR
construction
La couverture doit être de classe Broof (t3) / / AR AR /
Matériaux des parcs de stationnement en
/ / AR AR /
matériaux incombustibles
Les escaliers et les circulations horizontales
doivent répondre aux exigences de l’article 43
du 31/01/86
=> escaliers à l’abris des fumées et puissent / / / AR /
être mis en surpression
=> circulations horizontales à l’abris des
fumées et désenfumées
Portes palières munies de ferme-portes / / / AR /
Information des locataires sur les mesures de
prévention et la conduite à tenir en cas / / / AR /
d’incendie
Règlement de copropriété précisant les
contraintes d’exploitation particulières pour / / / AR /
les locataires
98
ANNEXE 4.1 : Comparaison d’essais de résistance au
feu conventionnels entre solutions combustibles et
incombustibles
Le projet européen « Epernon Fire Tests programme » réalisé par le consortium université
d’Edimbourg / université de Bordeaux / Brandskyddslaget AB / IBMB-Braunschweig / université
de Liège / CERIB-Centre d’Essais au Feu, cherche à comprendre les liens entre les
classifications de résistance au feu selon des approches conventionnelles et les performances
au feu réelles dans les bâtiments. Le projet a plusieurs objectifs, tels que la quantification de
la participation énergétique des matériaux combustibles dans les essais au feu normalisés,
l’influence des surfaces combustibles et des facteurs de ventilation sur la dynamique des
incendies dans les compartiments (y compris les flammes extérieures) et le comportement
thermomécanique sous feux naturels. Le programme d’essai comprend :
des essais en laboratoires ;
des essais réels intégrant 3 conditions différentes de ventilation.
En situation réelle, ce même plancher qui est confronté cette fois-ci à des conditions plus
proches de la réalité, ne présente plus les mêmes caractéristiques. Il vient même à
s’effondrer avant le temps requis (108 min pour un plancher CF de degré 2h) en conditions
de sous-ventilation.
450
Natural Gas Flowrate [m3/h]
400
350
300
250
200
150
100
50
0
0 20 40 60 80 100 120
Time [min]
Concrete Timber 1
Figure 2 : Consommation de gaz naturel enregistrée lors des essais du four sur des dalles bois CLT et béton
Réf : Alastair I. Bartlett et al « Comparative Energy Analysis of Fire Resistance Tests on Combustible versus Non-
Combustible Slabs”, ASTM workshop, 6-7 December 2018, Washington
99
ANNEXE 4.2 : Comparaison entre feu réel et feu
standard
Les courbes ci-dessous sont issues d’essais sous feu réel réalisés dans le cadre du projet
européen « Epernon Fire Tests programme » par le consortium université d’Edimbourg /
université de Bordeaux / Brandskyddslaget AB / IBMB-Braunschweig / université de Liège /
CERIB-Centre d’Essais au Feu. Les tests avaient pour objectif de comparer la réalité d’un feu
de plancher bois avec les essais de laboratoire effectués dans les conditions de la courbe ISO
834. Trois scénarios ont été testés :
Sc 1 : feu en espace très ventilé ;
Sc 2 : feu en espace moyennement ventilé ;
Sc 3 : feu en espace sous-ventilé.
Figure 3 : températures dans le compartiment avec un plancher CLT pendant un feu naturel (et comparaison avec un feu
standard)
100
Figure 4 : profondeur de carbonisation des lamelles (CLT) sous feu standard (à gauche) et feu naturel (à droite)
Charring rate In the 1st In the 2nd lamella (before In the 2nd lamella (after In the 3rd
(mm/min) lamella the loss of the 1st lamella) the loss of the 1st lamella) lamella
Scenario 1 2.06 0.46 - -
Scenario 2 1.85 0.62 1.90 -
Scenario 3 1.38 0.74 1.8 0.55
Standard furnace test 0.79 – 0.81 mm/min
Figure 4 : Vitesses de carbonisation définies lors des essais sous feu réel et feu conventionnel
101
ANNEXE 4.3 : Lien entre la résistance au feu et la
résistance en incluant la phase de refroidissement
Figure 5 : Relation entre la DHP et la résistance au feu pour différents matériaux de construction
Réf : Thomas Gernay, DEFINING A BURNOUT RESISTANCE RATING TO COMPARE STRUCTURAL COMPONENTS UNDER
REAL FIRES, IFireSS 2019 – 3nd International Fire Safety Symposium Ottawa, Ontario, Canada, June 5-7, 2019
102
ANNEXE 4.4 : Feu d’immeubles en travaux
PROPAGATIONS
103