Vers La Construction D'immeubles de Grande Hauteur en Bois

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Mémoire de stage PRV 3 – session 2019

RESPONSABLE DÉPARTEMENTAL DE LA PRÉVENTION

Vers la construction
d’immeubles de grande hauteur
en bois

Auteurs Directeur de mémoire


Chef de bataillon Fabien MOIGNE – BSPP Commandant Aurélien SABOURDY – SDIS 87
Commandant Éric GUIMARAES – SDIS 74
Capitaine Jean-François PERES – SDIS 13
Capitaine Fabrice RAGUES – SDIS 33
REMERCIEMENTS

Le sujet qui nous a été confié est extrêmement passionnant. C’est un thème éminemment
d’actualité qui s’insère dans une époque où nous vivons un véritable tournant pour la sécurité
incendie : l’ère du performantiel. Les lois pour l’évolution du logement, de l’aménagement et
du numérique (ELAN) et celle pour un État au service d’une société de confiance (ESSOC) sont
en passe de révolutionner le monde de la construction pour ceux qui souhaitent construire
différemment.

L’apport du bois dans la construction vient à la même époque et pour traiter ce sujet, il nous
a fallu beaucoup nous documenter et requérir de nombreux avis.

C’est pourquoi, la liste des personnes que nous souhaitons remercier pourrait être longue et
nous risquerions d’en oublier. Néanmoins, parmi celles-ci nous allons en retenir certaines.

Tout d’abord, nous exprimons toute notre gratitude au général de division commandant la
brigade de sapeurs-pompiers de Paris et à nos directeurs départementaux pour nous avoir
permis d’accéder à ce stage riche d’enseignements et hors du commun en termes d’échanges
ainsi que pour nous avoir accordé toutes les facilités afin de mener à bien ce mémoire de
groupe.

Nous remercions tout particulièrement notre directeur de stage qui nous a accompagné et aidé
pour cerner le périmètre de notre sujet et de l’étendre à la filière bois dans sa globalité.

Notre gratitude va également M. KRUPPA pour nous avoir permis de bien comprendre la nature
des travaux de l’association pour le développement des immeubles à vivre bois (ADIVbois).

La communauté scientifique nous a également été d’un grand secours compte tenu de la
technicité de la matière : Fabienne ROBERT et Siyimane MOHAINE (CERIB), Thomas GERNAY
(Johns Hopkins University), Stéphane HAMEURY (CSTB), Damien CHARCOSSET (Canton de
Genève, police du feu).

Nous remercions évidemment nos chefs et collègues pour le temps qu’ils nous ont consacré
parmi lesquels : le LCL FUENTES (BSPP), le LCL DUARTE PAIXAO (BSPP), le LCL DUFFAU (SDIS
33), le LCL DIGONNET (SDIS 74), le CDT JOURNAUX (SDIS 33), le CDT NADAL (BSPP), le CDT
FALVARD (SDIS 77) et le CNE BESSAGUET (BSPP).

Nous tenons également à remercier l’équipe pédagogique de l’antenne d’Oudiné de l’ENSOSP


pour leur disponibilité et investissement, ainsi que le centre de documentation.

Plus particulièrement, nous remercions les chefs de bataillon ROUSSIN et HAMONIC de l’école
qui ont veillé au bon déroulement de notre formation.

Nous remercions également la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris et en particulier le bureau


prévention pour son accueil et la mise à disposition de salles et d’outils.

Enfin nous remercions nos amis et nos proches pour leur patience et leurs relectures.
LIBELLÉ DU SUJET

Vers la construction d’immeubles de grande hauteur en bois

Le plan bois, dans le cadre de la Nouvelle France Industrielle (NFI), vise la construction
d’immeubles de grande hauteur (IGH), valorisant le bois en structure et en aménagement
intérieur. L’association pour le développement des immeubles à vivre en bois (ADIVbois) a
rédigé un vadémécum pour concevoir et réaliser ce type de bâtiments, d’autant qu’une
quarantaine de projets a été recensée.

Aujourd’hui, la réglementation française semble suffisamment contraignante pour éviter que


les feux naissent et prennent de l’ampleur. En revanche, des évènements récents, aux Émirats
arabes unis et en Chine notamment, ont montré que des IGH pouvaient être la proie
d’incendies généralisés.

Dans la perspective de la construction d’IGH en bois, des adaptations de notre réglementation


semblent indispensables pour garantir la sécurité non seulement des occupants mais
également des intervenants.

Après avoir analysé les causes et les circonstances ayant conduit à des incendies majeurs en
IGH en France et sur la scène internationale, vous mènerez une étude comparative des
principales réglementations en la matière. Enfin, vous proposerez, en vous appuyant
notamment sur le vadémécum de l’ADIVbois, les adaptations règlementaires, nécessaires à la
construction d’IGH en bois.
RESUME

Le monde de la construction vit une nouvelle révolution en France avec l’arrivée massive du
matériau bois. Cela s’inscrit dans le cadre de la loi de transition écologique et le lancement du
plan « industrie du bois ». Ce dernier, dans son bilan de 2016, précise que le plan IGH bois de
la « Nouvelle France Industrielle » fait partie intégrante de l’axe « Ville durable ». Il vise
l’émergence de solutions bois dans des immeubles de 10 à 15 niveaux pour contribuer à
répondre aux enjeux d’avenir. Lors de ce bilan, il est établi que la filière bois-construction reste
peu développée en France, les immeubles en bois ne dépassant pas 8 niveaux pour 14 en
Europe et 18 niveaux en Amérique du Nord. Ce plan est porté par ADIVbois (Association pour
le Développement d’Immeubles à Vivre bois, créée en 2014) et vise à susciter des projets de
construction de bâtiments de moyenne et grande hauteur et d’aménagements intérieurs en
bois, et à contribuer ainsi à l’émergence de solutions.

Les travaux d’ADIVbois ont débouché sur un vade-mecum lequel se veut être un outil
d’accompagnement à la conception et à la réalisation des immeubles à vivre bois. Ce document
repose sur des études diligentées par ADIVbois et recueille un concentré d’informations utiles
au développement des premiers immeubles démonstrateurs. Il établit un état de l’art des
solutions constructives dans les domaines techniques et réglementaires et relaye l’essentiel
des études menées pour envisager la construction de bâtiment en bois, de moyenne et grande
hauteurs.

En complément de ce vade-mecum, ADIVbois a lancé une série d’ateliers chargés de rédiger


des guides techniques. Le domaine de la sécurité incendie est naturellement représenté en
raison notamment des barrières règlementaires. Ces dernières sont surtout présentes pour les
immeubles de grande hauteur (IGH) puisque les réglementations des établissements recevant
du public (ERP) et des bâtiments d’habitation ne possèdent quasiment aucune restriction pour
l’utilisation de matériaux combustibles. Cela étant, pour parvenir à « contourner » ces points
de blocages réglementaires, ADIVbois compte s’appuyer sur les modifications législatives à
venir. En effet, dans le même temps, de profondes mutations sont en train de s’opérer
notamment par l’intermédiaire de deux lois dites ELAN (évolution du logement, de
l’aménagement et du numérique) et ESSOC (État au service d’une société de confiance). La
loi ELAN introduit la notion d’immeubles de moyenne hauteur (IMH), qui correspondent à ce
jour aux immeubles d’habitation de la 4e famille (hauteur comprise entre 28 et 50 mètres). Les
nouveaux travaux en cours semblent s’orienter vers la création d’un texte autoporteur pour
cette catégorie d’immeubles en intégrant tous les types d’activités. La loi ESSOC vise à
introduire une approche performantielle de la sécurité incendie. L’ensemble combiné devrait
permettre aux maîtres d’ouvrage de construire des bâtiments en bois sans limite de hauteur.

Pour autant, de nombreux retours d’expérience d’incendie dans des immeubles « de grande
hauteur », en bois ou non, ont permis d’identifier un certain nombre d’enseignements qu’il
convient d’intégrer dans les réflexions en cours. Il s’agit notamment de développements
importants du feu en raison de la participation du bois à l’alimentation de l’incendie avec une
menace d’incendie généralisé, de propagation aux bâtiments voisins et de ruine de l’édifice.
Les vides de structures sont également un point d’attention car ils sont sources de propagation
interne par les fumées et les gaz chauds. Suivant la nature des matériaux utilisés – bois ou
isolants – les façades peuvent être à l’origine de propagation à l’ensemble de l’immeuble
comme cela s’est produit lors de l’incendie de la tour Grenfell. Enfin, l’engagement des secours
a pu être rendu extrêmement complexe en raison du fort rayonnement thermique généré par
le bois lui-même.
Ainsi, la réflexion menée dans le cadre de ce mémoire a conduit ses auteurs à faire un certain
nombre de propositions. Tout d’abord, et avant même de traiter le matériau de construction,
il semble judicieux de fusionner les réglementations contre le risque d’incendie qui sont au
nombre de trois en France : ERP, code du travail et habitation. Les disparités qui en découlent
sont des freins à la co-activité et la réversibilité des usages des bâtiments. Pour ceux qui
présentent une hauteur de plus de 28 m, les travaux relatifs aux IMH semblent être
l’opportunité de réaliser cette harmonisation. Ensuite, il semble nécessaire de prendre en
compte la spécificité du matériau de construction et lorsqu’il est combustible comme le bois,
de mettre en place des mesures particulières de prévention, de protection et de prévision à
l’instar des pays étrangers. Pour cela, si le droit « dur1 » est trop contraignant à déployer, il
semble tout-à-fait envisageable d’utiliser la voie du « droit souple » par la réalisation et la
validation aux échelons centraux de guides.

S’inspirant des réglementations des pays étrangers qui ont déjà développé les constructions
en bois et s’appuyant sur les retours d’expérience précités, ces textes permettraient d’adapter
graduellement les mesures en fonction de la hauteur des bâtiments. Ces préconisations
pourraient notamment concerner les moyens de secours, le renforcement des dispositions
associées à la résistance et à la réaction au feu, la qualité de la main d’œuvre et du contrôle
en raison des spécificités de ce nouveau mode de construction. Enfin, les sapeurs-pompiers
vont devoir faire face à un risque nouveau qui impliquera de leur part une adaptation des
concepts opérationnels voire des moyens.

En conclusion, le monde de la construction français évolue dans un enjeu écologique fort dont
une des vitrines sera le village olympique lors des jeux 2024, entièrement conçu en bois. Ce
virage nécessite toutefois un accompagnement de l’ensemble des acteurs afin de garantir le
meilleur niveau de sécurité.

1Pour la suite de ce mémoire, est considéré comme droit « dur », les textes règlementaires (décrets, arrêtés,
règlements, etc.). Le droit « souple » fait quant à lui référence à des guides de bonnes pratiques ou textes
analogues.
ABSTRACT

Due to political and ecologic considerations, tall timber buildings are becoming popular in
France. To help these developments, an association named ADIVbois has organised several
thematic workshops. The aimed of ADIVbois is to find the way to go through technical
difficulties and building regulations when there are too restrictive to combustible components.

Based on different studies, this work has resulted in a vade-mecum, which is intended to be a
support tool for the design and construction of tall timber buildings.

However, many fire experience feedbacks in tall buildings, timber made or not, have allowed
us to identify several lessons that should be incorporated into the ongoing reflections.
Furthermore, many tests analysis show the limits of actual standard fire compared to “natural”
fire.

Thus, the reflection carried out within the framework of this memoir led its authors to make a
several propositions. First, and even before treating the structure components, it would be
easier to merge the building regulations that are three in France. Then, it seems necessary to
take into account the specificity of the combustible structure components. Timber building
request special measures to take account of the fire risk. These recommendations could be
aggregated in specific guides.

Inspired by the regulations of foreign countries that have already developed timber
constructions and based on the feedbacks, these guides would gradually adapt the measures
according to the height of buildings. These recommendations could notably concern the
reinforcement of the provisions associated with the resistance and the reaction to the fire, the
quality of the workmanship and the control. Finally, the firefighters will have to face a new risk
that will involve an adaptation of operational concepts or means.

In conclusion, French construction is evolving in a strong ecological issue of which one of the
showcases will be the village the Olympic Games 2024, entirely conceived in timber. This shift,
however, requires support from all stakeholders to ensure the highest level of security.
SOMMAIRE

INTRODUCTION ............................................................................................................................................... 1
1 ANALYSE DES INCENDIES MAJEURS EN IGH ......................................................................... 2
1.1 L’incendie de l’immeuble « Le Corbusier » à Marseille ............................................... 2
1.1.1 Historique et description du bâtiment ..................................................................... 2
1.1.2 Les circonstances de l’incendie ................................................................................... 2
1.1.3 Les caractéristiques principales du sinistre ........................................................... 3
1.2 L’incendie de l’IGH « Le Centenaire » à Chambéry ....................................................... 3
1.2.1 Historique et description du bâtiment ..................................................................... 3
1.2.2 Les circonstances de l’incendie ................................................................................... 3
1.2.3 Les caractéristiques principales du sinistre ........................................................... 4
1.3 Feu de résidence en construction à San-Francisco....................................................... 4
1.3.1 Historique et description du bâtiment ..................................................................... 4
1.3.2 Les circonstances de l’incendie ................................................................................... 4
1.3.3 Les caractéristiques principales du sinistre ........................................................... 4
1.4 Analyse globale ........................................................................................................................... 5
2 ETUDE COMPARATIVE DES PRINCIPALES REGLEMENTATIONS ................................. 5
2.1 La réglementation française .................................................................................................. 5
2.1.1 Historique de la réglementation ................................................................................. 5
2.1.2 Les bâtiments d’habitation ............................................................................................ 6
2.1.3 Les immeubles de grande hauteur ............................................................................. 7
2.2 Les réglementations étrangères .......................................................................................... 8
2.2.1 Les approches réglementaires à l’étranger............................................................. 8
2.2.2 L’harmonisation européenne ....................................................................................... 9
2.2.3 Particularités de certaines réglementations ....................................................... 10
3 LES CONSTRUCTIONS EN BOIS ................................................................................................ 14
3.1 Le contexte général des constructions bois en France ............................................ 14
3.2 La dynamique des constructions en bois en France et à l’étranger .................... 15
3.3 Le contexte réglementaire du bois en tant que matériau de construction ...... 15
3.4 L’état des connaissances du matériau de construction bois .................................. 16
3.4.1 L’élaboration d’un corpus relatif aux constructions en bois ......................... 16
3.4.2 Les étapes à franchir et les travaux en cours ...................................................... 17
3.4.3 Le bilan ............................................................................................................................... 19
3.5 Les difficultés opérationnelles........................................................................................... 19
4 LES ADAPTATIONS NECESSAIRES .......................................................................................... 20
4.1 Un contexte législatif en pleine évolution ..................................................................... 20
4.1.1 De la redéfinition de l’immeuble de grande hauteur ....................................... 20
4.1.2 Vers une réglementation par objectifs .................................................................. 21
4.1.3 Les pistes permettant d’introduire le bois dans les textes ............................ 21
4.2 Concevoir une défense en profondeur ........................................................................... 23
4.2.1 De la conception à l’intervention des secours .................................................... 23
4.2.2 Construction..................................................................................................................... 23
4.2.3 Maintenance, vérifications et contrôles en cours d’occupation ................... 24
4.2.4 L’éclosion .......................................................................................................................... 24
4.2.5 Développement............................................................................................................... 25
4.2.6 Propagation ...................................................................................................................... 26
4.2.7 Atteinte des cibles.......................................................................................................... 27
4.2.8 Intervention des secours ............................................................................................ 27
CONCLUSION .................................................................................................................................................. 29
SYNTHESE DES PROPOSITIONS ............................................................................................................. 30
GLOSSAIRE ...................................................................................................................................................... 31
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................................ 32
ANNEXE 1.1 : Feu d’IGH « LE CORBUSIER » 09 février 2012 à Marseille. .............................. 34
ANNEXE 1.2 : Feu d’IGH la tour du « Centenaire » à Chambéry le 07 janvier 2011 ........... 35
ANNEXE 1.3 : Feu de résidence en construction à San-Francisco le 11 mars 2014 ........... 36
ANNEXE 1.4 : Feu de la tour GRENFELL de Londres le 14 juin 2017....................................... 37
ANNEXE 1.5 : Feu d’un logement foyer à Dijon le 14 novembre 2010 .................................... 39
ANNEXE 1.6 : Feu de la tour Mermoz à Roubaix le 14 mai 2012 ............................................... 41
ANNEXE 1.7 : Feu de la tour « The Address Downtown » le 31 décembre 2015 (Dubaï) 43
ANNEXE 2.1 : Les bâtiments d’habitation ........................................................................................... 45
ANNEXE 2.2 : Exigences règlementaires des bâtiments d’habitation ...................................... 46
ANNEXE 2.3 : Rappel de certaines exigences réglementaires..................................................... 47
ANNEXE 2.4 : Préconisations du CSTB ................................................................................................. 48
ANNEXE 2.5 : Principes de sécurité des IGH ...................................................................................... 49
ANNEXE 2.6 : Note d’information – IGH en Bois du 27/07/2017 – V2 ................................... 50
ANNEXE 2.7 : Comparaison internationale ........................................................................................ 54
ANNEXE 2.8 : Exemples de réglementations étrangères .............................................................. 55
ANNEXE 2.9 : Les Euroclasses et les Eurocodes ............................................................................... 56
ANNEXE 2.10 : La réglementation suédoise ...................................................................................... 58
ANNEXE 2.11 : La réglementation canadienne CNBC .................................................................... 59
ANNEXE 3.1 : Le contexte général des constructions bois en France ...................................... 60
ANNEXE 3.2 : Articles et communiqués ............................................................................................... 64
ANNEXE 3.3 : Les 11 démonstrateurs des Immeubles à Vivre Bois ......................................... 66
ANNEXE 3.4 : État des lieux des connaissances du matériau de construction Bois ........... 72
ANNEXE 3.5 : ADIVBois / le vade-mecum et ses ateliers ............................................................... 79
ANNEXE 3.6 : La sécurité incendie des immeubles en bois ......................................................... 87
ANNEXE 3.7 : Synthèse des projets de note de l’atelier incendie d’ADIVbois au 1er
septembre 2019 ............................................................................................................................................ 97
ANNEXE 4.1 : Comparaison d’essais de résistance au feu conventionnels entre solutions
combustibles et incombustibles ............................................................................................................. 99
ANNEXE 4.2 : Comparaison entre feu réel et feu standard ....................................................... 100
ANNEXE 4.3 : Lien entre la résistance au feu et la résistance en incluant la phase de
refroidissement .......................................................................................................................................... 102
ANNEXE 4.4 : Feu d’immeubles en travaux ..................................................................................... 103
INTRODUCTION

Si le 20e siècle a été en France placé sous le signe du béton, le 21e siècle verra l’avènement
du bois dans la construction. C’est du moins ce que souhaitent les partisans de ce matériau
mis sur le devant de la scène depuis la COP 21 et l’objectif de réduction de l’empreinte carbone.
Le gouvernement français encourage d’ailleurs cette tendance et a lancé le plan bois dans le
cadre de la « Nouvelle France Industrielle ». Aujourd’hui, un nombre croissant de projets de
bâtiments en bois voit le jour : habitations individuelles et collectives, immeubles de bureaux
et établissements recevant du public.

Le bois, matériau combustible par nature, doit toutefois répondre aux exigences
réglementaires, notamment en ce qui concerne la résistance des structures et la réaction des
matériaux au feu. Les acteurs de la filière et les constructeurs sont parvenus à s’adapter pour
trouver des solutions à certaines exigences fixées par les différents textes. La réglementation
des immeubles de grande hauteur (IGH) présente toutefois certaines dispositions difficiles à
respecter.

Pour faire face au défi de l’introduction du bois dans les IGH, l’association pour le
développement des immeubles à vivre bois (ADIVbois) anime depuis 2014 plusieurs groupes
de travail à thème dont un spécifique à la sécurité incendie qui a débouché dans un premier
temps à l’élaboration d’un vade-mecum mettant en lumière les problématiques identifiées.

Ce travail s’effectue dans un contexte dans lequel les différentes réglementations ont été
conçues à une époque où les structures étaient majoritairement en matériau incombustible.

Le retour d’expérience des incendies dans les immeubles de grande hauteur, tant en France
qu’à l’étranger, démontre pourtant que des feux d’ampleur peuvent arriver dans ce type de
construction et que les matériaux utilisés peuvent jouer un rôle majeur suivant leur
comportement au feu.

Dans ce contexte, il s’agit désormais de s’interroger sur les mesures d’adaptation qu’il serait
pertinent de prendre pour faire face au défi de construction de bâtiments en bois de grande
hauteur (BBGH).

Il sera question également d’évoquer les moyens d’y parvenir. En effet, la France est en pleine
évolution législative avec notamment la volonté de libérer la construction en donnant une
alternative aux règles prescriptives. La notion d’objectifs devient centrale, les moyens et la
charge de la preuve étant laissés aux porteurs de projet.

Pour couvrir l’ensemble de cette thématique, une étude d’incendies majeurs ayant touchés
des immeubles de grande hauteur fera apparaître les points de fragilité de ces bâtiments. Il
ressortira ensuite de l’étude comparative des règlements en France et à l’étranger des pistes
de réflexion pour ce type de bâtiments. Un état de l’art en France comme à l’étranger sur les
constructions en bois mettra par ailleurs en évidence les avancées, les limites et les points de
blocage que rencontre la filière bois dans la construction. Enfin, des propositions seront
effectuées au regard de la réglementation en vigueur en France et de son évolution en cours.

1
1 ANALYSE DES INCENDIES MAJEURS EN IGH

1.1 L’incendie de l’immeuble « Le Corbusier » à Marseille

1.1.1 Historique et description du bâtiment

L’immeuble « Le Corbusier » est un bâtiment expérimental dispensé de permis de construire


conçu entre 1947 à 1950. Sa structure mixte bois/béton est un parallélépipède de 137 m de
long, 56 m de haut et 24 m de large. Classé immeuble de grande hauteur (IGH) à usage mixte2
(IGH Z), il comprend 337 appartements, une école maternelle, un hôtel, un restaurant, un
gymnase, une salle de réunion et un magasin (cf. annexe 1.1).

La conception de l’immeuble est celle du « casier à bouteilles », ou « nid d’abeilles ». Sa


structure porteuse, sur 36 piliers en béton, est faite par un quadrillage de poteaux horizontaux
et verticaux en béton armé (stable au feu de degré 1 heure – SF 1h). Chaque
« compartiment » est séparé par un plancher coupe-feu 1 heure (CF 1h) et comprend 3 étages
constitués d’alvéoles. Chaque alvéole reçoit deux duplex imbriqués et répartis autour d’une
rue intérieure.

Les modules d’habitation sont constitués de murs et plafonds en fibre de bois surfacés de
plâtre, de cloisons en plaque de plâtre, et de planchers en panneaux de bois. L’isolation
phonique est faite au moyen de panneaux d’isorel et linoléum.

L’immeuble comprend :
 un PC sécurité (1 SSIAP2 et 1 SSIAP1) ;
 un système de sécurité incendie (SSI) de catégorie A avec détection automatique
d’incendie (DAI) dans les circulations et les locaux à risques ;
 des portes asservies au SSI permettent le recoupement des circulations des niveaux
desservant les appartements (soit les niveaux 1, 2, 5, 6 et 7e) ;
 4 ascenseurs (dont un est prioritaire) ;
 3 escaliers encloisonnés et désenfumés ;
 4 colonnes sèches et un réseau de 4 robinets d’incendie armés (RIA) par niveau.

1.1.2 Les circonstances de l’incendie

Le jeudi 9 février 2012 les secours sont appelés vers 13h42 pour un appartement (duplex)
situé au premier étage, entièrement embrasé. Les flammes sortent d’une baie et les lances
établies pour stopper la propagation en façade sont efficaces.
Le feu progresse par l’intérieur au travers des murs mitoyens composés par endroit d’un bâti
de bois, de plaques de plâtre, de laine de verre ou de vide.
Vers 15h, en dépit des actions d’extinction, le duplex situé immédiatement au-dessus du foyer
initial est atteint par le feu. Le sinistre semble maitrisé vers 17h, mais vers 20h45 les duplex
situés dans le compartiment supérieur (3e, 4e et 5e étages) s’embrasent brutalement. Puis,
c’est au tour de trois chambres de l’hôtel occupant les 7e et 8e étages d’être détruites.

Afin d’enrayer les propagations, les secours percent les cloisons et les planchers et remplissent
les vides de mousse. L’IGH est totalement évacué, soit 1 600 personnes.
Vers 23h, les pompiers sont « maîtres du feu » qui sera considéré éteint le lendemain à 18h.

Huit duplex et trois chambres d’hôtel sont détruits et une trentaine d’appartements sont
impactés par les fumées.

2 Art. R. 122-5 du code de la construction et de l’habitation

2
1.1.3 Les caractéristiques principales du sinistre

Il ressort de l’étude du sinistre que les secours ont été confrontés à un feu virulent en raison
du fort potentiel calorifique présent dans les appartements d’une part, et de la contribution
des éléments en bois d’autre part. Le feu s’est ensuite propagé par les vides de construction
et les gaines techniques non isolées ce qui a rendu l’action des secours complexe. La durée
d’intervention (28h) est révélatrice de ces difficultés et de l’importance de ce sinistre.

1.2 L’incendie de l’IGH « Le Centenaire » à Chambéry

1.2.1 Historique et description du bâtiment

L’immeuble « Le Centenaire » est un IGH à usage d’habitation (IGH A) conçu en béton


(cf. annexe 1.2). Son permis de construire date de 1967, juste avant la première
réglementation IGH (décret du 15 novembre 1967). Haut de 75 mètres, il a une surface au sol
de 500 m². Il est composé de deux blocs (B et C) séparés par un joint de dilatation. Chaque
bloc est desservi par une cage d’escalier et 2 ascenseurs. A partir du 7e étage, un couloir relie
les deux blocs.

Il se compose de 22 étages dont le dernier est composé d’un unique appartement de 500 m2
accessible par un escalier privatif depuis le 21e étage. Une piscine se situe en toiture.
L’immeuble comprend en moyenne 10 appartements ou studios par étage et est occupé par
près de 600 résidents.

L’immeuble comprend les installations de sécurité suivantes :


 un PC sécurité (1 SSIAP1) ;
 un système de sécurité incendie (SSI) de catégorie A avec détection automatique
d’incendie (DAI) dans les circulations et les caves situées au 1er étage ;
 deux colonnes sèches de 70 mm avec deux sorties de 45 mm tous les deux niveaux
 un réseau de RIA à tous les niveaux pairs alimenté par le réseau de ville couplé à un
surpresseur, la piscine permettant de bénéficier d’une réserve tampon ;
 des escaliers mis en surpression ;
 2 ascenseurs prioritaires ;
En outre, les portes de compartimentage sont toutes équipées d’un ferme porte et maintenues
fermées.

1.2.2 Les circonstances de l’incendie

Le 7 janvier 2011, vers 13h un sinistre se déclare au niveau d’un canapé situé dans un studio
situé au 21e étage.
Rapidement, une fumée épaisse gagne la circulation. Un important panache s’échappe du
sommet de l’immeuble ; les gaz chauds sont rabattus par un vent fort, enfumant ainsi
l’ensemble des niveaux jusqu’au 14e étage et gênant l’action des secours.
Le feu initialement contenu dans un studio se propage par l’extérieur via les éléments en bois
(volets roulants, coffrage, lambris décoratifs).
Le 22e étage s’enfume progressivement après que le feu se soit propagé dans la pièce du
duplex située au 21e étage. Vers 14h30 la propagation extérieure horizontale s’intensifie,
favorisée par les éléments bois et le 22e étage s’embrase.

3
1.2.3 Les caractéristiques principales du sinistre

Il ressort essentiellement de l’étude de ce sinistre ses différents modes de propagation par les
façades : qu’il s’agisse de la contribution au feu des matériaux combustibles (bois des stores,
des coffres et des lambris desséchés par le soleil) ou de l’action du vent qui a rabattu les
fumées dans les appartements, l’incendie a été difficile à maîtriser, a fortiori à des hauteurs
que les échelles des services de secours ne peuvent atteindre.

1.3 Feu de résidence en construction à San-Francisco

1.3.1 Historique et description du bâtiment

La résidence, composée de 172 appartements répartis sur 6 étages, est entièrement construite
en bois (cf. annexe 1.3). Elle présente une surface au sol de 6 900 m² et est isolée par la
distance des tiers en vis à vis par des voies de 18 et 24 mètres.
L’ensemble immobilier étant en construction, un échafaudage est implanté sur toute sa
périphérie et le système d’extinction automatique à eau (EAE) de type sprinkleur est en cours
d’installation. Les fenêtres et portes des étages supérieurs ne sont pas installées.

1.3.2 Les circonstances de l’incendie

Le 11 mars 2014 vers 16h56, les pompiers sont appelés pour un sinistre. Des témoins signalent
des flammes s’élevant du dernier étage à l’angle sud-est.
Rapidement la virulence croissante du feu, menaçant la stabilité des structures, oblige les
secours à évacuer. Malgré la mise en place de lances canons, les vitres des bâtiments mitoyens
éclatent.
Alors que le feu gagne l’ensemble de l’immeuble, les trois derniers étages s’effondrent vers
18h00, entrainant les façades par pans entiers.

La puissance du brasier contraint alors les pompiers à concentrer leurs moyens sur la
protection des immeubles menacés par le rayonnement. Les flammes dépassent 40 m et des
débris enflammés provoquent plusieurs départs de feux par projections.

Peu avant 20h, le feu se présente comme un brasier de 7 000 m² de ruines incandescentes.
Bien que le feu soit considéré comme maîtrisé, des éléments de la structure continuent de
s’effondrer sporadiquement obligeant les secours à reculer (d’une distance égale à la hauteur
des structures instables).

1.3.3 Les caractéristiques principales du sinistre

Ce sinistre est révélateur des difficultés auxquelles les services de secours peuvent s’attendre
à être confrontés lors d’un incendie d’un bâtiment en bois. Le développement important et le
fort rayonnement thermique associés ont facilité la propagation de l’incendie à l’ensemble
immobilier ainsi qu’aux bâtiments environnants. En l’absence de moyens de secours internes
due à la phase chantier et compte tenu de la fragilisation rapide des structures, les services
de secours n’ont pu attaquer le feu par l’intérieur, ce qui aurait permis une action plus efficace
mais trop périlleuse. Pour venir à bout de cet incendie, il aura fallu, au plus fort de la phase
d’extinction, la mise en œuvre d’un dispositif hydraulique de 60 000 l/min3.

3 Pour mémoire, les engins-pompes américains standards disposent de pompes de 6 000 l/min et d’une
lance-canon de 2 000 à 3 000 l/min au moins, d’autres pouvant atteindre les 15 000 l/min.

4
1.4 Analyse globale

Ces dernières années, plusieurs sinistres importants dans des immeubles de grande hauteur,
en structure bois ou non, ont occupé la scène médiatique. Ils ont permis de mettre en exergue
un certain nombre de facteurs qu’il convient de prendre en compte.

En matière de développement, l’incendie de l’immeuble « Le Corbusier » permet de constater


que les résidents ont tendance à stocker à outrance, engendrant des feux à fort pouvoir
calorifique. En outre, la contribution de la structure en bois renforce la puissance des incendies
et favorise leur propagation. Cette propagation peut se faire de local à local ou par les vides
de construction et les gaines techniques.

Par l’extérieur, certains sinistres se caractérisent par des propagations en façades comme le
témoignent les incendies de Londres (tour Grenfell), Dijon, Roubaix et Dubaï (cf. analyses en
annexes 1.4 à 1.7). Cette problématique remonte au premier Grenelle de l’environnement et
les techniques d’isolation thermique par l’extérieur (ITE).

Le feu de Chambéry démontre par ailleurs que d’autres facteurs, comme le vent, peuvent
conduire à une propagation atypique en rabattant les fumées et les gaz chauds à l’intérieur
des autres niveaux.

Le rayonnement, la convection, la projection de matériaux incandescents dans le cadre d’un


embrasement généralisé constituent un risque de propagation important pour les immeubles
voisins.

Les bâtiments s’avèrent d’autant plus vulnérables en phase chantier en raison de l’absence de
moyens de secours et de la fragilité des dispositions constructives (San-Francisco).

Les durées des incendies sont susceptibles d’aboutir à l’effondrement de la structure, soit
partiel entre deux planchers coupe-feu (Le Corbusier), soit total (San Francisco), créant un
risque supplémentaire difficile à appréhender par les secours.

Enfin la puissance des feux évoqués ci-dessus nécessite une réponse hydraulique conséquente
et une adaptation de la réponse opérationnelle.

2 ETUDE COMPARATIVE DES PRINCIPALES REGLEMENTATIONS

2.1 La réglementation française

2.1.1 Historique de la réglementation

Les premiers textes relatifs à la sécurité incendie des bâtiments d’habitation et de grande
hauteur datent des années cinquante à soixante et correspondent au début des constructions
de ce type de bâtiments en France.

Bien que notre mémoire soit orienté sur les immeubles de grande hauteur, l’évolution
réglementaire des bâtiments d’habitation est indissociable de celle des IGH et a engendré petit
à petit leurs mises en sécurité incendie.

5
C’est tout d’abord le décret du 22 octobre 1955, qui fixa les règles générales de construction
des bâtiments d’habitation en prenant en compte la notion de résistance au feu avec une
évacuation garantie en cas d’incendie4.
Par la suite, l’arrêté du 23 mai 1960 relatif à la protection des bâtiments d’habitation contre
l’incendie et sauvegarde des personnes fit apparaître pour la première fois, un classement des
bâtiments en quatre familles distinctes.
Ce texte prévoyait des mesures particulières de sécurité et de facilité d’intervention pour les
immeubles de plus de 16 étages en accord avec les services incendie, mais également la notion
de deux escaliers protégés distincts et obligatoires pour les bâtiments de plus de 28 mètres.
Face aux difficultés d’évacuation des occupants et d’intervention des secours dans ces hautes
constructions, des travaux de réflexion aboutissent à la création de notion d’immeubles de
grande hauteur et la rédaction du décret du 15 novembre 1967 et de l’arrêté du 24 novembre
1967 relatif au règlement de sécurité pour la construction des IGH et leur protection contre
les risques d’incendie et de panique.
Une circulaire du 15 décembre 1967, complète ces textes et les principales dispositions
suivantes sont introduites pour les IGH :
 le compartimentage des niveaux ;
 l’évacuation partielle ;
 la limitation du potentiel calorifique ;
 la facilitation de l’intervention des secours.

Les nombreux décès survenus lors d’incendie d’IGH à l’étranger, ont incité à réviser le texte
initial des IGH, par la parution de l’arrêté du 18 octobre 1977, qui fut ensuite abrogé par
l’arrêté du 30 décembre 2011.

Parallèlement, la connaissance du phénomène incendie dans les bâtiments ayant bénéficié de


progrès sensibles à la suite des essais et études menés par les laboratoires scientifiques, mais
également l’évolution des techniques de construction ont permis d’actualiser la réglementation
incendie des bâtiments d’habitation par la parution de l’arrêté du 31 janvier 1986 modifié.

On peut se rendre compte que globalement cette réglementation incendie a évolué au fur à
mesure des années, garantissant un niveau de sécurité relativement satisfaisant.
Cette réglementation est conçue de manière implicite pour des bâtiments en matériaux de
construction incombustible (béton, parpaing).

2.1.2 Les bâtiments d’habitation

Le code de la construction et de l’habitation (CCH) regroupe les grands principes de la sécurité


incendie pour les logements. Il distingue deux grandes catégories de bâtiments d’habitation
selon qu’ils sont considérés de grande hauteur ou non.
Concernant les bâtiments d’habitation, ils sont classés par famille selon leur type (individuel
ou collectif), leur hauteur et les facilités d’intervention des services de secours. Leur hauteur
est limitée à 50 mètres (cf. annexe 2.1). Au-delà, l’immeuble est classé en IGH.

La prévention du risque incendie dans les bâtiments d’habitation s’appuie essentiellement sur
des dispositions constructives apportant une protection passive à l’ouvrage. Ces mesures
visent essentiellement à éviter la naissance, le développement du feu, la propagation de
l’incendie et assurer la sécurité des occupants et faciliter l’intervention des secours.

4 « Les structures retenues et les matériaux utilisés doivent résister avec une marge de sécurité convenable aux efforts et attaques
qu’ils peuvent normalement subir et présenter un degré suffisant de résistance au feu. Ce texte introduisait également en complément,
que la construction devait permettre aux occupants en cas d’incendie, soit de quitter l’immeuble sans secours, soit de recevoir le cas
échéant un tel secours. »

6
Les exigences réglementaires en matière d’incendie sont hiérarchisées selon le type de famille
(cf. annexe 2.2). Pour les habitations de 3e et 4e familles, l'emploi du matériau bois pour la
construction n'est restreint que pour certains éléments (cf. annexe 2.3).

La loi 2018-1021 du 23 novembre 2018 pour l’évolution du logement de l’aménagement et du


numérique – dite Loi ELAN – crée les immeubles de moyenne hauteur (IMH) dont la définition5
est introduite par le décret du 16 mai 2019 (R. 122-30 du CCH). Cette loi devrait permettre
l’évolution de la réglementation concernant ce type de bâtiment dans un contexte de prise en
compte du retour d’expérience de l’incendie de Grenfell. En effet, suite à ce feu, le Centre
Scientifique et Technique du bâtiment (CSTB) a établi un rapport daté du 29 juin 2017 dont
les conclusions ont permis d’aboutir à la rédaction de deux arrêtés en date du
7 août 2019 portant sur le renforcement des exigences des dispositions constructives des
façades (cf. annexe 2.4).

Globalement, la modification de la réglementation de 1986 concernant les bâtiments


d’habitation permet deux approches possibles :
 soit de mettre en œuvre les exigences descriptives ;
 soit de recourir à une approche d’évaluation des risques en faisant appel à l’ingénierie
du risque tel que le définit l’article 105, pour les dispositifs ou dispositions constructives
non prévus par la réglementation et permettre la prise en compte des matériaux
innovants.

2.1.3 Les immeubles de grande hauteur

2.1.3.1 Principes généraux

L’article R.122-2 du CCH précise la définition6 d’un immeuble de grande hauteur (IGH). Le
seuil de 50 mètres est spécifique aux bâtiments d’habitation. Pour les bâtiments « autres »
(tertiaire, commerces, bâtiments administratifs ERP), le seuil à partir duquel un bâtiment est
considéré comme un IGH est fixé à 28 mètres.
Au-delà de 200 m de haut, l’immeuble est dit de très grande hauteur (ITGH).

5 « Constitue un immeuble de moyenne hauteur tout immeuble à usage d’habitation dont le plancher bas du
logement le plus haut est situé à plus de 28 mètres au-dessus du niveau du sol le plus haut utilisable pour
les engins des services publics de secours et de lutte contre l’incendie et qui n’est pas considéré comme un
immeuble de grande hauteur au sens de l’article R. 122-2 »
6 « Constitue un immeuble de grande hauteur, tout corps de bâtiments dont le plancher bas du dernier

niveau est situé, par rapport au niveau du sol le plus haut utilisable pour les engins des services publics de
secours et de lutte contre l’incendie, à plus de 50 mètres pour les immeubles d’habitations »

7
Les grands principes de sécurité des IGH sont définis dans l’article R.122-9 :
« Pour assurer la sauvegarde des occupants et du voisinage la construction des immeubles de
grande hauteur, qui doivent par ailleurs justifier d’une durée de stabilité au feu, doit permettre
de respecter les principes de sécurité » (cf. annexe 2.5) :
 l’immeuble est divisé en compartiment coupe-feu de degré deux heures ;
 les matériaux combustibles dans les compartiments sont limités voire interdits ;
 l’évacuation des occupants doit être assurée par au moins deux escaliers par
compartiment ;
 l’accès aux ascenseurs est interdit dans les compartiments menacés par le sinistre ;
 des dispositions appropriées doivent empêcher le passage des fumées du
compartiment sinistré aux autres parties de l’immeuble ;
 les escaliers et circulations doivent être protégés ;
 un système d’alarme efficace ainsi que des moyens de lutte contre l’incendie doivent
être mise en place.

2.1.3.2 L’ouverture à l’ingénierie

Un certain nombre de dispositions règlementaires interdit de fait l’introduction du bois dans


les IGH, et notamment les articles suivants :
 GH 16 : limitation de la charge calorifique immobilière à 255 MJ/m² et par
compartiment ;
 GH 17, GH 21 et GH 22 : utilisation de matériaux d’une réaction au feu A2-s1, d0 pour
les cages d'ascenseurs, les plafonds et les parois supports de revêtements de sol et les
parois latérales.

Afin de pallier cette difficulté, la note d'information du Ministère de l'Intérieur sur les IGH en
bois du 27 juillet 2017, version 2 (cf. annexe 2.6) introduit la possibilité de recourir à une
démarche d’ingénierie de la sécurité incendie (ISI) sous réserve du respect des objectifs
principaux suivants :
 l’incendie doit rester confiné dans son compartiment d’origine ;
 la stabilité des structures ne présente aucun risque de ruine sous l’effet de l’incendie ;
 le comportement au feu des façades doit assurer la non transmission du feu au-delà
du niveau N+2.
Ceci vaut pour toute la durée du feu, jusqu'à épuisement de la charge calorifique, dans
l’hypothèse, d’un échec de toutes les mesures de lutte contre l’incendie.

Pour cela, les projets de construction d’IGH en bois devront a minima comporter des études
précises et conclusives sur les domaines suivants :
 l’immeuble est divisé en compartiments à chaque niveau, avec des parois EI 120 ou
REI 120 en cas de fonction porteuse ;
 la charge calorifique se trouvant dans chacun de ces compartiments est limitée, dans
les conditions fixées aux articles GH 16 et GH 61 du règlement de sécurité des IGH.

2.2 Les réglementations étrangères

2.2.1 Les approches réglementaires à l’étranger

En fonction des contextes socio-économiques de chaque pays, des possibilités techniques et


des coutumes, il est constaté l’absence d’harmonisation des pratiques de la réglementation
incendie.

8
D’une manière globale, il ressort un certain nombre de points de convergences dans la plupart
des réglementations étrangères en matière d’IGH indépendamment des matériaux de
construction :
 un niveau correspondant à un compartiment ;
 la règle du C+D n’est pas appliquée dans les pays où l’extinction automatique à eau
(EAE) est obligatoire ;
 la stabilité au feu de degré deux heures est assez répandue ;
 la détection automatique d’incendie et l’alarme sont obligatoires ;
 l’évacuation limitée au compartiment sinistré est assez répandue ;
 l’usage de l’extinction automatique est très répandu ;
 le désenfumage est obligatoire dans les escaliers et les sas ;
 des degrés de réaction au feu contraignants des revêtements de façades sont exigés.

Selon les pays, deux approches réglementaires peuvent être distinguées :

 Le modèle prescriptif, où la réglementation fixe les moyens à mettre en œuvre pour


atteindre les objectifs principaux de sécurité, en matière de conception, comportement
au feu des matériaux et éléments de construction utilisés, désenfumage, conditions
d’évacuation... par le biais de règles et de normes, très détaillées et exhaustives.
 Le modèle performantiel, où les objectifs principaux sont édictés complétés par la
possibilité d’avoir recours à une approche d’évaluation des risques en faisant appel à
des outils d’ingénierie de sécurité incendie (conception analytique, où le constructeur
satisfait une ou plusieurs dispositions du règlement par d’autres moyens).

Les hauteurs qui conditionnent la définition des IGH peuvent varier d’un pays à l’autre de 18
à 200 mètres (cf. annexe 2.7).

Pour les bâtiments en bois, l’installation d’un système d’extinction automatique à eau
conditionne leur hauteur maximale qui est généralement fixée à 40 m avec EAE mais limitée
à 30 m pour les immeubles qui en sont dépourvus (cf. annexe 2.8).

En Suisse, les sociétés d’assurance sont plus présentes et réalisent elles-mêmes la


réglementation incendie. L’analyse de risques est prise en compte directement par ces sociétés
qui peuvent imposer des mesures de sécurité particulières en fonction de la dangerosité du
bâtiment concerné. Elles en déduisent ensuite la prime d’assurance.

2.2.2 L’harmonisation européenne

Au niveau européen, deux systèmes de codification ont été harmonisés, à savoir la réaction7
et la résistance8 au feu. Il a pour cela fallu harmoniser des méthodes d’essais pour aboutir à
une classification commune – les Euroclasses – permettant de déterminer les caractéristiques
de réaction au feu des produits de construction et d’aménagement et de résistance au feu des
éléments de construction.

Les règles de calculs sont harmonisées au sein des Eurocodes constituant un ensemble de
58 normes utilisables pour vérifier la stabilité et le dimensionnement des différents éléments
constituants des bâtiments. Les Eurocodes 1 à 6 et 9 comprennent chacun une partie 1.2
consacrée aux règles de calcul pour la résistance au feu des ouvrages structurels
(cf. annexe 2.9).

7La réaction au feu est la manière dont un matériau va se comporter comme combustible
8La résistance au feu indique le temps durant lequel, lors d’un feu, un élément de construction (paroi,
plancher, etc.) conserve ses propriétés physiques et mécaniques.

9
L’Eurocode 5 (NF EN 1995) concerne la conception et le calcul des structures en bois. Cette
norme détermine notamment les profondeurs de carbonisation, certaines règles plus
particulières relatives aux poutres, poteaux, murs ou encore sols et jonctions bois-bois ou
acier-bois.

2.2.3 Particularités de certaines réglementations

Certaines pratiques appliquées à l’étranger méritent d’être mises en exergue et comparées au


modèle français.

2.2.3.1 Le modèle Suédois

L’approche et la vision suédoise sont réellement différentes puisque deux critères de


classement sont prévus, mais ils concernent tous les bâtiments quels qu’ils soient (ERP, HAB,
IGH, établissements recevant des travailleurs - ERT). Les deux critères sont la classe d’activité
et les classes de construction (cf. annexe 2.10).

Les activités sont réparties en 6 classes et 9 sous-classes, en fonction de critères précis :


 connaissance des lieux et des cheminements d’évacuation ;
 capacité des personnes à évacuer par elles-mêmes ;
 si les occupants sont éveillés ou pas ;
 s’il existe un risque accru d’éclosion d’incendie ou de propagation rapide et importante.

Le deuxième critère concerne la classe de construction, qui permet de différencier les


bâtiments selon leurs besoins de protection en fonction des points suivants :
 la probabilité d’incendie ;
 les conséquences potentielles d’un incendie ;
 la complexité du bâtiment ;
 les facteurs liés à l’évacuation ;
 l’impact de l’effondrement du bâtiment.

Le règlement de construction suédois (Boverket’s building regulations – BBR) fixe des


exigences différentes pour chaque classe d’activité et de construction, en privilégiant l’atteinte
des objectifs de sécurité plutôt que l’application stricte de mesures prescriptives.

Ainsi, le règlement de construction laisse le choix au maître d’ouvrage entre deux conceptions :
 la conception simplifiée où le constructeur utilise les solutions et les approches
énoncées dans le règlement pour atteindre les objectifs ;
 la conception analytique où le constructeur satisfait une ou plusieurs dispositions du
règlement par d’autres moyens, tels que l’ingénierie ou des guides de performances.

Le ministère de la construction Suédois n’a pas souhaité entraver les progrès technologiques
et l’innovation à travers des règles trop détaillées. Le règlement est donc très peu développé
et le recours à l’ingénierie de la sécurité incendie (ISI) s’est réellement développé (plus d’un
millier d’études par an en Suède).

En termes de contrôle de la réglementation, le maître d’ouvrage doit s’entourer, sous sa


responsabilité de personnes compétentes, afin d’assurer un autocontrôle. Il peut également
faire appel à un expert privé en protection contre l’incendie.

10
2.2.3.2 Le modèle Anglais

La réglementation Anglaise est très succincte et comprend uniquement un code de


construction avec des normes d’application (“British Standards”).
Ces normes d’application ne sont pas obligatoires, puisque l’approche performantielle peut
être utilisée en complément pour la globalité des aspects de la sécurité :
 détection incendie et évacuation ;
 compartimentage et réaction au feu ;
 stabilité au feu des structures ;
 isolement ;
 accès pompiers et moyens de secours.

Une approche intéressante est également développée pour la problématique de rayonnement


et des distances d’isolement coupe-feu entre deux bâtiments. En effet, comme en France pour
les études de dangers des installations classées, une modélisation spécifique des flux
thermiques est prise en compte pour les bâtiments à fort potentiel calorifique, permettant ainsi
de définir des périmètres et distance de sécurité.

Dans tous les cas, pour les Anglais, chaque projet reste unique avec des approches
d’ingénieries différentes.
Concernant les bâtiments, ils sont considérés IGH à partir de 30 m et sont limités à 8 niveaux
pour le bois.

2.2.3.3 Le modèle Canadien

Le Code National du Bâtiment Canada (CNBC), code historique, comporte 9 parties, dont deux
traitent de la sécurité incendie dans les bâtiments.
Le code canadien était au départ prescriptif, mais s’est ouvert aux exigences axées sur la
performance, afin de favoriser la mise en œuvre de différentes méthodes de conception et de
construction, dans la mesure où elles respectent les objectifs clairement définis.
Le code a continué de définir des solutions prescriptives qui s’harmonisent avec ces objectifs,
et il fait de plus en plus appel aux méthodes de l’ingénierie.
Cette analyse est basée sur les méthodes de la National Fire Protection Association (NFPA).

Le CNBC classe les différents bâtiments en groupe et division (cf. annexe 2.11).
Cette classification est liée à l’activité principale du bâtiment et à son usage, ses dimensions
(aire et hauteur) et les divers types de risques à prendre en compte :
 groupe A : « Réunion » ;
 groupe B : « Soin » ;
 groupe C : « Habitation » ;
 groupe D : « Etablissement d’affaire » ;
 groupe E : « Etablissement commercial » ;
 groupe F : « Industriel ».

Suivant le classement et le groupe, les mesures de sécurité s’attacheront plus particulièrement


à garantir la protection du public pour les groupes A, B, C et D et le confinement du feu pour
les groupes E et F.
Les objectifs de sécurité incendie du CNBC sont le compartimentage, l’indice de propagation
de flamme9, la détection incendie, les moyens d’évacuations et les alarmes, les degrés de
résistance au feu, les systèmes d’extinctions des incendies et les moyens de lutte contre
l’incendie.

9L’indice de propagation est défini comme un essai de résistance au feu permettant de contrôler la présence
de combustible et de limiter l’inflammabilité des matériaux.

11
Les bâtiments dits de grande hauteur sont classés selon la hauteur et l’usage, entre 6 et 12
niveaux, ils doivent satisfaire à des exigences particulières car l’évacuation simultanée de tous
les planchers n’est pas prévue. A cet effet, le CNBC met en œuvre un certain nombre de
mesures permettant d’allouer suffisamment de temps pour l’évacuation notamment :
 le recours à des systèmes de contrôles des fumées ;
 l’accroissement de la résistance au feu des éléments structuraux ;
 l’installation de gicleurs (EAE).

Le type de construction doit être incombustible, le bois peut seulement être utilisé dans la
construction des cloisons, des murs extérieurs, des revêtements de planchers. Le code
Canadien a imposé des limites d’utilisation du bois dans la construction en limitant les
bâtiments en structure bois jusqu’à 3 niveaux sur rez-de-chaussée (R+3) avant d’évoluer à
partir de 2009 (cf. partie 3.3).

2.2.3.4 Le modèle Suisse

Côté Suisse, la norme de protection incendie est assurée et réalisée par l’association des
établissements cantonaux d’assurance incendie (AEAI).
Les prescriptions de protection incendie se composent :
 de la norme de protection incendie ;
 des directives de protection incendie.

L'AEAI publie aussi des « notes explicatives » où sont détaillées certaines questions de
protection incendie, ainsi que des « aides de travail » visant à faciliter l'application des
directives de protection incendie.
La norme de protection incendie fixe le cadre et définit les standards de sécurité applicables.
Les bâtiments doivent être construits, exploités et entretenus de manière à :
 garantir la sécurité des personnes et des animaux ;
 prévenir les incendies, les explosions et limiter la propagation des flammes, de la
chaleur et des fumées ;
 limiter les risques de propagation du feu aux bâtiments et aux ouvrages voisins ;
 conserver la stabilité structurelle des bâtiments et des autres ouvrages pendant une
durée déterminée ;
 permettre une lutte efficace contre le feu et garantir la sécurité des sapeurs-pompiers.

Les exigences de protection incendie dans les bâtiments sont notamment déterminées par :
 le type de construction, la situation, les risques par rapport au voisinage, l'étendue et
l'affectation des locaux ;
 la géométrie du bâtiment et le nombre de niveaux ;
 le nombre d'occupants ;
 la charge thermique et la réaction au feu des matériaux ainsi que le danger de
dégagement de fumées ;
 le danger d'activation (éclosion) inhérent à l'affectation du bâtiment ou de l'ouvrage et
aux activités qui s'y déroulent ;
 les possibilités d'intervention des sapeurs-pompiers.

Les bâtiments sont classés en fonction de leur hauteur totale :


 bâtiments de faible hauteur : 11 m au maximum ;
 bâtiments de moyenne hauteur : de 11 à 30 m ;
 bâtiments élevés : au-delà de 30 m et jusqu’à 100 m.

L’emploi des matériaux de construction combustibles est autorisé dans la mesure où ils ne
conduisent pas à une « augmentation inadmissible » des risques.

12
Une directive définit les mesures à prendre pour assurer la qualité de la protection incendie
pendant toute la durée de vie des bâtiments.

L'assurance qualité doit reposer sur les critères de détermination des exigences de protection
incendie, ainsi que sur les équipements de protection incendie et les méthodes de preuves en
protection incendie. Le degré d'assurance qualité déterminé par l’autorité de protection est
choisi en fonction de l'affectation du bâtiment, de sa géométrie (hauteur, étendue), du type
de construction et des risques d'incendie particuliers qu'il présente.
Des mesures de sécurité supplémentaires spécifiques peuvent être exigées pour l'ensemble
d'une construction ou d'un ouvrage (par exemple systèmes de peintures intumescentes pour
une construction en bois).

Cette norme de protection est relativement prescriptive. Cependant, les Suisses considèrent
qu’en protection incendie, il est admis de recourir aux méthodes de preuves ou à d'autres
méthodes en vue d'évaluer le danger et le risque d'incendie.

Concernant les bâtiments bois, les matériaux combustibles sont autorisés pour les bâtiments
de faible et moyenne hauteur, soit au maximum trente mètres.
Le bois peut être apparent ou pas, selon son rôle porteur ou non, l’affectation, le type de local
concerné et la catégorie du bâtiment. Cependant, les cages d’escaliers et voie d’évacuation
horizontale en bois, doivent être systématiquement enveloppées d’un revêtement de
protection minimum coupe-feu 30 minutes. Les vides de structures sont également remplis
d’éléments incombustibles.
L’extinction automatique incendie n’est pas obligatoire, mais elle permet généralement une
réduction de la résistance au feu de 30 minutes de la structure porteuse du bâtiment.

2.3 Mise en relief des points clés

L’étude des différentes pratiques internationales permet de lister un certain nombre


d’enseignements et des pistes de réflexion pour l’évolution de la réglementation française :

 un code de construction unique pour tous les types de bâtiments peut s’avérer une
véritable piste de simplification dans la compréhension et l’application des textes. Elle
permet en outre la réversibilité des bâtiments ;
 la redéfinition du classement des établissements par une analyse des risques
s’apparenterait à faire évoluer le système français dans l’hypothèse de l’adoption d’un
socle commun à l’ensemble des réglementations (ERP, ERT et habitations) ;
 des objectifs globaux de la sécurité incendie doivent être définis afin de mettre en
œuvre l’approche performantielle ;
 le seuil de classement des IGH à l’étranger est commun à tous les types d’activités (30
m en moyenne), ce qui plaide pour une harmonisation du système de classement
français des immeubles dont la hauteur est comprise entre 28 et 50 m ;
 La prise en compte de la spécificité du bois engendre :
 la limitation de la hauteur des immeubles ;
 le renforcement de la résistance au feu des structures pour les bâtiments en
bois ;
 une attention particulière aux vides de construction ;
 un isolement renforcé par rapport au tiers par la prise en compte de la
puissance sur le modèle des installations classées pour la protection contre
l’environnement – ICPE. Une modélisation des flux thermiques en ce qui
concerne le rayonnement thermique pourrait être envisagé.
 la limitation du bois apparent à l’intérieur du bâtiment ;

13
 une réflexion nécessaire sur les principes de mise en sécurité des
occupants (évacuation, confinement, dimensionnement des escaliers, etc.) ;
 des dispositions particulières appliquées aux revêtements et isolants de façade,
souvent incombustibles dans les réglementations étrangères ;
 la sanctuarisation des dégagements verticaux (escaliers) et des gaines
d’ascenseurs ;
 la mise en œuvre de mesures compensatoires comme le désenfumage, la DAI
généralisée et l’EAE.
 une implication des assurances dans le domaine de la sécurité incendie.

Les constats issus des différentes réglementations démontrent une appétence particulière pour
la méthode performantielle et de ce fait, une démocratisation de l’ingénierie. L’expérience de
l’emploi du bois dans la construction de certains pays comme le Canada est riche
d’enseignements et mérite de s’en inspirer.

3 LES CONSTRUCTIONS EN BOIS

3.1 Le contexte général des constructions bois en France

Afin de comprendre comment la notion d’IGH en bois est apparue en France, il est nécessaire
de replacer notre sujet dans le contexte global (cf. annexe 3.1). La volonté affichée de réaliser
ce type de concept sur le territoire national s’inscrit dans une dynamique générale de
développement de constructions pour édifier des villes durables notamment dans le cadre de
la COP 21. Pour cela, il a été lancé des dispositifs à partir de la loi sur la transition énergétique10
qui ont eu pour conséquence l’introduction du bois dans les constructions. La démarche est
soutenue par une politique affirmée et volontariste de l’État en associant les différents acteurs
de la filière bois avec la création de l’Alliance Nationale Bois Construction Rénovation. Cette
initiative est un moyen pour atteindre les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone.

En 2016, le Ministère de l’Ecologie de l’Energie et de la Mer et le Ministère du Logement et de


l’Habitat Durable contribuent à l'élaboration des plans bois. La Direction de l’habitat, de
l’Urbanisme et des paysages (DHUP) est chargée de les piloter. Quant à l’Alliance, elle décline
ces plans bois aux échelles régionales et locales.

Le point d’étape du plan industries du bois d’octobre 2016 précise que le plan IGH bois de la
Nouvelle France Industrielle fait partie intégrante de l’axe « Ville durable ». Il vise l’émergence
de solutions bois dans des immeubles de 10 à 15 niveaux pour contribuer à répondre aux
enjeux d’avenir. Lors de ce bilan, il est établi que la filière bois-construction reste peu
développée en France. Les immeubles en bois ne dépassent pas 8 niveaux en France pour 14
en Europe et 18 en Australie. Le plan « Industries du bois » est porté par ADIVbois (Association
pour le Développement d’Immeubles à Vivre en bois créée en 2014) et vise à susciter des
projets de construction de bâtiments de moyenne et grande hauteur et d’aménagements
intérieurs en bois, et à contribuer ainsi à l’émergence de solutions.

A l'origine, le PUCA (le Plan Urbanisme Construction Architecture), structure de recherche et


d’expérimentation, a assuré l’organisation d’un concours national pour la sélection et
l’insertion, sur des sites urbains volontaires, de projets lauréats d’IGH bois démonstrateurs. Il
a été alors annoncé pour 2017 les premiers immeubles en bois de 10 à 15 étages et pour 2030
les immeubles en bois de plus de 30 étages. Cette impulsion a entraîné une forte dynamique
autour des Immeubles à Vivre Bois dans 12 des 13 régions métropolitaines françaises. Les

10 Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte

14
projets lauréats bénéficient d’études de qualification financées par ce dispositif, sur les aspects
techniques tels que structures, façades, thermique, qualité de l’air intérieur, ingénierie de
sécurité incendie, ingénierie vibratoire, etc.

3.2 La dynamique des constructions en bois en France et à l’étranger

Certains immeubles bois déjà réalisés ou en cours de réalisation font l'objet d'articles ou
communiqués de presse dont des extraits ont été repris dans les annexes 3.2 et 3.3. Il peut
être constaté, que ce soit au plan national ou international, que les projets sont présentés
sous un angle esthétique et de « vivre bois », répondant aux questions environnementales,
mais aussi en annonçant clairement une volonté de défi vis-à-vis de la hauteur (tour Mjøstårnet
de 85 m et 18 étages en Norvège). Il est également mis en exergue la notion de facilité de
mise en œuvre comme par exemple la construction en module 3D (un module = un logement),
de structures en caisson bois de grande portée ainsi que la notion de réversibilité. En France,
il peut être pris comme exemple de l’annonce du projet de la tour Silva en 2016 (logements
biosourcés) en R+17 à Bordeaux ou encore l’immeuble bois le Palazzo de bureaux de 35
mètres à Nice.

Certains articles abordent succinctement les solutions mises en œuvre pour leurs
constructions. Il peut être identifié des notions comme des structures techniques mixtes, de
structures en bois lamellé collé ou l’emploi de CLT (Cross Laminated Timber, en français : bois
lamellé croisé). L’exemple de la tour Treet Bergen en Norvège (2016) démontre la volonté
d’aller vers des solutions novatrices en se basant sur des études d’ingénieries. Les revues
techniques spécialisées françaises font des points réguliers sur les projets bois qui annoncent
une augmentation de son emploi.

Enfin, il est affiché clairement par ADIVbois que les Jeux Olympiques et Paralympiques de
Paris en 2024 représentent une occasion indéniable de valoriser la filière bois. A ce titre, le
projet France Bois 2024 a été créé afin de la promouvoir et l’accompagner par la signature
d’un Contrat Stratégique le 16 novembre 201811.

3.3 Le contexte réglementaire du bois en tant que matériau de construction

Sur le plan international, il a pu être identifié plusieurs solutions évoquées pour l’utilisation du
bois dans la partie 2. Afin de réaliser un parallèle avec la réglementation prescriptive française,
il peut être ici relevé l’orientation qui a été prise en Amérique du nord, pionnière dans
l’utilisation de ce matériau du fait de son histoire. Il est très vite repéré que la réglementation
appliquée dans ces pays sépare les constructions en matériaux incombustibles et ceux
combustibles. Par exemple, le Canada (Québec) a orienté la réglementation en prenant en
compte le risque en fonction de la hauteur des bâtiments en bois avec une graduation des
mesures constructives et des dispositifs passifs ou actifs de prévention. Cette réflexion a été
basée sur les retours d’expérience à la suite des incendies majeurs de quartiers composés
d’immeubles en bois (conflagrations). Depuis 1941, les bâtiments en structure bois au-delà du
R+3 étaient interdits. Le code de la construction du Québec a évolué et autorise les bâtiments
en bois depuis 2015 jusqu’à R+5. Puis, une directive de la régie du bâtiment du Québec est
venue encadrer les règles pour les bâtiments bois d’au plus 12 étages (cf. annexe 3.4). La
deuxième catégorie d’immeubles est soumise à des critères contraignants, à l’instar de ceux
développés en partie 2 portant par exemple sur la résistance au feu, les revêtements et isolants
extérieurs (incombustibles), l’absence de bois à l’intérieur, la présence d’un système
d’extinction automatique à eau de type sprinkleur, la définition de l’alarme incendie, la

11 https://www.adivbois.org/actualite-jo-2024-avec-le-bois/

15
présence d’escaliers désenfumés et du désenfumage mécanique, le remplissage par des
matériaux incombustibles des vides de structure.

En France, face aux limites fixées par la réglementation IGH (cf. paragraphes 2.1.3.1 et
2.1.3.2) et les résultats du concours organisé par le PUCA, ADIVbois a orienté ses travaux
dans un premier temps afin de trouver des solutions techniques destinées à des bâtiments
bois hors IGH.

De son côté, le ministère d’Intérieur a permis la construction d’IGH bois par la parution de la
note d’information datée du 27 juillet 2017 (cf. annexe 2.6). Cette note détermine la démarche
à suivre pour permettre la construction d’IGH en bois. Considérant le caractère singulier de ce
type de construction, il est prévu que ces immeubles fassent l’objet de prescriptions spéciales
ou exceptionnelles et soient étudiés à l’échelon central.

3.4 L’état des connaissances du matériau de construction bois

3.4.1 L’élaboration d’un corpus relatif aux constructions en bois

Compte tenu du contexte décrit ci-avant, il a été fait le choix de réaliser un état de l’avancée
des travaux de l’atelier incendie d’ADIVbois. Pour cela, il a pu être identifié trois documents
cadres :
 le vade-mecum des immeubles à vivre bois ;
 le projet de note portant sur les bâtiments bois multi-niveaux (8m<h<28m) ;
 le projet de note portant sur les bâtiments en bois de grande hauteur (BBGH > 28 m).

Le vade-mecum est composé de 180 pages et développe l’ensemble des arguments du


contexte général de la construction en bois en France. Il permet un regroupement des
différents éléments nécessaires pour la conception et la réalisation des constructions bois. Les
commissions thématiques d’ADIVbois ont permis l’élaboration, durant l’année 2016, de ce
bréviaire. L’annexe 3.5 portant sur ce document met en relief les éléments pour appréhender
la place des IGH Bois. Le vade-mecum est destiné aux professionnels dans les domaines
techniques, architecturaux, design, marketing et environnemental. La logique d’écriture
rassemble les informations existantes et identifie les besoins à combler afin de définir, lancer
et encadrer les études nécessaires pour concrétiser le concept d’immeubles à vivre bois.
L’atelier incendie s’est organisé globalement en quatre étapes intégrant la rédaction du
référentiel technique, des essais et l'élaboration de cahiers des charges.

Pour la partie intéressant l’incendie, les projets de notes portant sur les bâtiments multi-
niveaux et les BBGH reprennent les principes annoncés dans le vade-mecum et définissent les
préconisations aux problématiques soulevées.

L’organisation de ces notes permet d’identifier les mesures applicables aux bâtiments bois de
manière large, puis plus spécifiquement aux IGH, selon le plan suivant :
 le respect des exigences concernant les matériaux et éléments bois ;
 les recommandations complémentaires selon le domaine d’application
 pour les bâtiments multi-niveaux d’une hauteur inférieure à 28 m intégrant une
ouverture à l’ingénierie pour les immeubles d’habitations de la 3e famille B ;
 pour les bâtiments présentant une hauteur supérieure à 28 m, à savoir :
- les immeubles d’habitation de la 4e famille ;
- les IGH.

16
D’une manière générale, la réglementation actuelle permet l'emploi du matériau bois pour la
construction des bâtiments d'habitation collective, les ERP et les bureaux de 8 à 28 m. Cela
est rendu possible du fait que les exigences formulées en matière de comportement au feu
sont indépendantes des matériaux de constructions employés. Il est à noter toutefois des
restrictions existantes détaillées en annexe des projets de note (reprise dans ce mémoire dans
l’annexe 2.3).
Ces notes concernant les bâtiments supérieurs à 8 mètres posent dans une première partie
les principes de base existants concernant la spécificité du matériau de construction bois. Puis
pour chaque cas, il est établi des préconisations à prendre en compte qui vont dépendre
essentiellement de l’activité et de la hauteur des bâtiments. Une synthèse de ces notes est
proposée dans l’annexe 3.7 qui dénote la complexité de l’exercice.
Quant aux bâtiments inférieurs à 8 mètres, ils font l’objet de certaines préconisations inscrits
dans plusieurs documents comme les guides issues des plans bois 12 et par le biais
d’informations détaillées disponibles dans les publications Synerbois diffusées par le FCBA et
le CSTB.

Les notes émettent des mesures complémentaires qui sont destinées à éviter la propagation
rapide du feu en limitant la contribution des matériaux de construction bois au développement
de l’incendie.

Pour les immeubles d’habitation de la 3e famille B et de la 4e famille, les exigences des principes
de sécurité à atteindre sont plus élevées du fait de leur hauteur qui empêche tout sauvetage
des occupants par l’extérieur. Les recommandations sont donc plus aggravantes comme par
exemple la protection passive généralisée du bois structural ou à défaut la mise en œuvre
d’une démarche d’ingénierie de la sécurité incendie.

Pour les IGH, le règlement actuel ne permet pas le recours à la construction en bois massif
sans une démarche en ingénierie de la sécurité incendie.

Les projets de note permettent également de faire un état des lieux de l’avancée des travaux
débouchant par exemple sur l’élaboration du guide de conception des façades et du guide
pour l’application de l’ISI à des bâtiments en bois dont ce dernier est versé en annexe de la
note sur les BBGH.

3.4.2 Les étapes à franchir et les travaux en cours

Les projets de note évoluent au fur et mesure de l’avancée des travaux de l’atelier incendie
d’ADIVbois. Les conclusions relevées dans ce paragraphe ne seront sans doute plus d’actualité
d’ici quelques mois.
L’atelier incendie a été créé à l’origine pour trois ans, soit jusqu’en 2018. Il a été reconduit de
deux ans. Toutefois, ses travaux devraient être poursuivis dans le cadre des projets de
construction des ouvrages olympiques.

Actuellement, certaines vérifications et essais sont en cours de réalisation portant notamment


sur les notions d’interfaces, de feux couvants et de l’incandescence et sur les solutions
d’extinction à eau (cf. annexe 3.4) et devraient déboucher sur la rédaction d’un guide.

Une présentation réalisée par le CSTB en 2018 permet d’établir un point précis sur l’état de
l’art et sur les étapes à franchir. Ce bilan est consultable en annexe 3.6.

12https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/sites/default/files/2019-
05/dgaln_plan_bois_novembre_2015.pdf

17
Des essais complémentaires sont prévus concernant les façades en bois du fait que ceux qui
sont validés intéressent uniquement les locaux avec des parois incombustibles. Ils ne
concernent pas les IGH dont les éléments de bardage sont déjà définis (A2-s3, d0 :
article GH 13). Le groupe d’ADIVbois ne préconise pas d’y déroger.

Des essais concernant les assemblages, doivent être réalisés en fin d’année du fait que
l’Eurocode encadrant le critère de la résistance au feu des structures en bois est limité à
60 minutes. Ils concerneront des assemblages qui tiendraient jusqu’à 90 ou 120 minutes
(cf. annexe 3.6).

Les feux couvants et la maîtrise de l’incandescence sont des critères importants restant à
déterminer pour valider certains paramètres dans le cadre de l’ISI. Les outils de calcul actuels
ont été adaptés pour prendre en compte l’extinction jusqu’à épuisement de la charge mobilière
mais pas au-delà. Si l’on a un volume (local) avec des parois en bois apparent, il peut être
démontré, qu’après un certain temps, lorsque la charge mobilière est épuisée, que les flammes
disparaissent. Cet aspect est retracé dans le logigramme de la méthodologie relative à l’ISI
(repris dans le projet de note) dont le raisonnement est de déterminer le nombre de parois
bois apparent admissible selon le scénario retenu. Actuellement, ces outils doivent évoluer
pour démontrer le critère de l’auto-extinction. ADIVbois semble assumer le fait que la
finalisation de l’extinction soit assurée par les secours (cf. annexes 3.4 et 3.6).

Les essais portant sur la problématique de délamination du CLT ne sont pas encore concluants
en raison de la qualité de la colle employée. La validation d’une autre colle est en cours
(démarche de normalisation estimée à deux ans). Dans l'attente, selon le laboratoire CSTB, le
CLT devrait être protégé en limitant la présence de bois apparent à 10 %, associé
éventuellement à de l'extinction automatique. Pour mémoire, en 2018, il était avancé une
évaluation de 30 %, mais avec toute prudence dans l’attente des essais.

Le passage de gaz chauds dans les vides de construction via les jonctions plafond / cloisons
ou dans certaines ouvertures est un risque principal dans ces constructions. L’élaboration d’un
guide du traitement de cette problématique abordera les garanties à prendre en considération.

Les réflexions sur les solutions d’extinction automatique à eau que ce soit de type sprinkleur
ou brouillard d’eau ne sont pas suffisamment abouties. Les débats portent sur le coût global
par rapport aux enjeux et la quantité d’eau déversée qui peut engendrer des problèmes de
résistance de la structure et de pourrissement du bois par la suite. Il est à noter que les
bâtiments en bois de plus de 28 mètres à l’étranger sont tous protégés par une installation
d’extinction automatique comme évoqué en partie 2.

Le groupement de laboratoires CSTB / Efectis ainsi que le CNPP participent activement à la


réalisation des essais et à l’élaboration des guides. A ce titre, il est réalisé régulièrement des
colloques où il est présenté l’avancée de leurs travaux et cet été, les points suivants ont été
abordés :
 la résistance au feu des planchers bois avec une protection (plaques de plâtre) ;
 la prise en compte des problématiques d'encastrement des installations électriques ;
 une proposition de calcul pour la détermination du critère REI d’un ensemble bois /
plaque de protection afin de déterminer l’épaisseur de bois pour une résistance voulue ;
 la parution d'un futur guide précisant les règles pour éviter l'accumulation de chaleur
sur certaines zones (problématique des feux couvants et de l'incandescence) ;
 la réalisation d’une note relative aux cages d’escaliers et ascenseurs ;
 l'orientation, en aggravation par rapport aux projets de notes, de préconiser
l’intervention systématique d’un ingénieur feu dès les bâtiments d'habitation de
3e famille pendant la phase de construction.

18
3.4.3 Le bilan

Cette analyse montre que les travaux pour l'établissement des règles de l'art dans ce domaine
ne sont pas terminés. Or, il a été observé que certains immeubles sont déjà en exploitation ou
qu'ils sont en cours de construction et qu’actuellement, les services instructeurs reçoivent des
projets. A la vue des travaux colossaux réalisés par ADIVbois et ceux qui restent à finaliser, il
vient alors une interrogation sur la fiabilité des conceptions actuelles et de leurs contrôles.
Demain, il se pourrait que des mises en sécurité des bâtiments existants soient nécessaires.

Du fait de la tendance à ne pas refondre les règlements existants et d'aller plutôt vers du droit
souple, il serait sans doute intéressant d'ouvrir la réflexion vers une démarche pragmatique
en prenant en considération les mesures déjà appliquées dans d'autres pays. Il peut être cité,
pour la problématique des vides de construction, l'exemple de la réglementation du Québec
qui prévoit le remplissage de ces derniers par des matériaux incombustibles.

Un éclairage semble également nécessaire sur des problématiques non abordées par ADIVbois,
qui malgré une méthode rigoureusement scientifique, peut obérer d'autres phénomènes. En
effet, lors de nos recherches, il a pu être constaté par des spécialistes dans le monde d'autres
problématiques non étudiées jusqu'à ce jour. Par exemple, la vitesse du vent peut entraîner
des débits d'air plus important et donc des pressions internes plus élevées dans les
compartiments qui vont favoriser un développement du feu plus important que lors des essais.

Pour les IGH, les réflexions et les travaux concernant les constructions bois en général
porteront sans nul doute des enseignements. En tout état de cause, du fait qu’actuellement
les principes de sécurité édictés par les textes actuels ne sont pas remis en question dans le
cadre des constructions bois, les précautions à prendre et les études ISI associées devront
démontrer que le niveau de sécurité soit a minima au moins égal à celui des IGH traditionnels.
Toutefois, certains travaux non finalisés devront être suivis activement par l’ensemble des
ministères en charge des réglementations incendie, comme par exemple l'utilisation de l’EAE.
La route vers les IGH en bois commence tout juste à se construire et il semblerait qu'il soit
encore temps d’accentuer l'accompagnement des acteurs de cette filière.

3.5 Les difficultés opérationnelles

Certains pays ont déjà leurs propres stratégies dans le domaine opérationnel à l’instar des
pays d'Amérique du Nord et de la Suède en Europe. Les dispositions qu’ils ont été amenés à
prendre démontrent qu'une réflexion sur le dimensionnement des secours et sur la
détermination d'une doctrine opérationnelle est à définir afin d'anticiper les phénomènes liés
à la spécificité de ces bâtiments. Il doit être pris en considération la possibilité pour les secours
d’avoir à faire face à des constructions entièrement embrasées, qu'elles soient déjà édifiées
ou en phase chantier. Les services de secours des pays précités sont pourvus de moyens
adaptés associés à des réseaux hydrauliques importants. Cette démarche devra être étendue
aux scenarii envisageables dans les IGH bois pour lesquels la quantité d'eau utilisée sera un
point essentiel des discussions.

S’agissant des stratégies et des techniques opérationnelles et du matériel nécessaire, ils


devront être adaptés aux difficultés inhérentes au bois. Par exemple, la délamination du CLT
peut avoir pour conséquence l’emprisonnement de foyers résiduels à l'intérieur même de la
structure. De même, lors des phases de déblaiement, la fragilisation du contreventement de
la structure peut engendrer des risques d'effondrement de la structure en phase de
refroidissement.

19
En France, il subsiste une problématique opérationnelle avec les bâtiments en bois existants
dont un grand nombre s’est déjà construit sans avoir pu bénéficier d’accompagnement. Il
semble qu’il soit nécessaire d'identifier les constructions bois dimensionnantes qui répondent
aux préconisations et celles qui ne les ont pas prises en compte. Dans ce cadre, la question
de la nécessité d'une répertoriation et de la définition de stratégies particulières pourrait se
poser.

4 LES ADAPTATIONS NECESSAIRES

Il s’agit désormais de présenter des propositions et préconisations issues des conclusions des
parties précédentes. Dans un premier temps, il sera analysé les différents vecteurs possibles,
à savoir le « droit dur » et/ou le « droit souple ». Dans un second temps, il sera décrit les
mesures spécifiques jugées indispensables à la construction de bâtiments de grande hauteur
en bois.

4.1 Un contexte législatif en pleine évolution

4.1.1 De la redéfinition de l’immeuble de grande hauteur

Les règles de classement des IGH décrites en partie 2 suivant la hauteur et l’activité permettent
de constater une différence de traitement pour les bâtiments présentant une hauteur comprise
entre 28 et 50 m. En effet, si les ERP et ERT relèvent de la réglementation IGH, les bâtiments
d’habitation restent soumis à l’arrêté du 31 janvier 1986 (4e famille).

Cette logique de classement des bâtiments en premier chef par hauteur puis par nature
d’activités (par exemple : locaux à sommeil, soins, établissements festifs, bureaux) permettrait
d’assoir la réglementation incendie sur un socle commun et de simplifier l’enchevêtrement de
textes de sécurité incendie auxquels l’ensemble des parties prenantes de la construction,
services instructeurs compris, sont confrontés. La figure 1 illustre ce vers quoi il serait possible
de tendre en poursuivant le travail amorcé sur les immeubles de moyenne hauteur (IMH). En
effet, la définition restreint pour le moment les IMH aux immeubles d’habitation de la 4e famille,
celle-ci pourrait être étendue à tout type de bâtiments par l’intermédiaire d’un texte
autoporteur. Ce serait l’opportunité d’envisager plus facilement la réversibilité des exploitations
et la multi-activités.

En l’absence ou dans l’attente de cette issue juridique permettant d’aboutir à la création de


« droit dur », une voie demeure possible, celle du « droit souple » qui consiste, en complément
des textes actuels, à introduire des guides de bonnes pratiques. Ce sont ces guides qui vont
permettre dans un premier temps de délivrer aux acteurs de la filière bois, un ensemble de
règles permettant de résoudre un ensemble de difficultés techniques afin d’atteindre les
objectifs fixés par les différents règlements.

Les documents d’ADIVbois et en particulier son vade-mecum et ses futures notes vont dans
ce sens comme expliqué dans la partie 3. Il est intéressant de noter que cette association a
elle aussi raisonné en termes de hauteur en considérant les bâtiments de grande hauteur
(BBGH : bâtiments bois de grande hauteur) à partir de 28 m.

Proposition no 1 : étendre la définition des IMH aux bâtiments à usage de bureaux et aux ERP
dont la hauteur du plancher bas du dernier niveau est comprise entre 28 et 50 m et concrétiser
un règlement propre à cette catégorie de bâtiments sur la base de la loi ELAN.

20
Figure 1 : Proposition d'évolution du classement des bâtiments

4.1.2 Vers une réglementation par objectifs

Le code de la construction et de l’habitation (CCH) définit les objectifs en matière de sécurité


incendie. Toutefois, ses articles sont en cours de modification dans le cadre des travaux relatifs
à la loi ESSOC et notamment sa deuxième ordonnance à paraître avant le 14 février 2020. La
première ordonnance de cette loi (décrets no 2018-937 du 30 octobre 2018 et no 2019-184 du
11 mars 2019) permet le recours à l’ingénierie de la sécurité incendie (ISI) dans les ERT et les
bâtiments d’habitation dans des conditions sensiblement similaires aux ERP.
In fine, tout type de bâtiment devrait pouvoir recourir à l’ingénierie sous réserve de faire la
preuve de l’atteinte de résultats équivalents aux objectifs définis.
Ainsi, la construction des futurs IGH en bois devrait prendre place dans ce nouveau cadre
législatif et réglementaire. Il semble cependant essentiel que les objectifs de non-ruine, de
confinement du feu dans son compartiment d’origine et de non-transmission du feu par les
façades (au-delà du niveau N+2) fixés par la note de la DGSCGC de 2017 soient maintenus
(cf. paragraphe 2.1.3.2).

4.1.3 Les pistes permettant d’introduire le bois dans les textes

4.1.3.1 Intégrer le bois dans les nouveaux textes à paraître

La réglementation française ne fait pas de distinction entre un matériau ou un autre. Pourtant,


les retours d’expérience et les enseignements tirés des réglementations étrangères montrent
que cela s’avère désormais indispensable.
En outre, les essais réalisés par le Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton
(CERIB) démontrent toute la différence entre un essai réalisé avec un matériau incombustible
et le même essai réalisé avec un matériau qui ne l’est pas (cf. annexe 4.1). Les conditions de
tests ne prennent pas en compte la participation du bois à l’élévation de température lors de
l’essai, si bien que pour satisfaire au respect de la courbe normalisée de montée en
température décrite dans la norme ISO 834, il faut diminuer la puissance des brûleurs jusqu’à
les éteindre. Il est donc permis de s’interroger sur le sens de ce feu ISO qui est censé traduire
un feu courant ainsi que sur la pertinence du degré de stabilité au feu obtenu dans ces
conditions. Cette problématique étant connue, la norme NF EN 1995-1-2 – « Eurocode 5 :
conception et calcul des structures en bois » (partie 1-2 : Généralités – Calcul des structures
au feu) est en cours de modification. Toutefois, afin de tenir compte de la phase de
refroidissement, Thomas GERNAY a introduit une nouvelle notion qu’il a baptisée « burnout

21
resistance » (résistance à la ruine)13. Cette notion est très intéressante car elle prolonge l’essai
plusieurs heures après la fin de la période de feu. En effet, comme démontré dans les travaux
précités du CERIB (cf. annexe 4.2), le bois peut céder soit avant la fin de la stabilité au feu
déterminée, soit plusieurs heures après la fin de l’incendie, ce qui fait de la résistance au feu
une notion insuffisante pour le bois. Thomas GERNAY a donc poussé plus loin la réflexion en
proposant un protocole de tests itératifs intégrant la phase de refroidissement et permettant
de déterminer la durée d’un incendie qu’un élément de structure en bois est capable de
supporter (DHP – duration of heating phase / durée de la phase d’échauffement14 - cf. annexe
4.3). Il convient toutefois de préciser que le protocole de détermination de la DHP peut être
encore amélioré puisqu’il est réalisé lui aussi sur la base de la courbe ISO 834, donc dans des
conditions favorables au bois. Il serait ainsi intéressant de parvenir à intégrer la contribution
du bois à l’incendie.
Associer à la résistance au feu d’un élément structurel, quelle que soit sa nature (béton, métal
ou bois), sa DHP semble un facteur pertinent qui renseignerait sur la capacité réelle de cet
élément à supporter un incendie. Cette information pourrait conduire l’autorité de police à
imposer, si nécessaire, des mesures de sécurité supplémentaires et les services de secours à
sécuriser leur intervention.

Proposition no 2 : compléter la caractérisation de la résistance au feu d’un élément structurel


par une notion intégrant la phase de refroidissement : la « durée de la phase
d’échauffement », par exemple sous la forme DHP ; R.

Comme expliqué dans les parties précédentes, les autres pays ayant développé la construction
en matériau combustible l’ont régulée par la mise en œuvre de mesures aggravantes
(limitation de la hauteur des bâtiments, généralisation de l’EAE et de la DAI, etc.).
Pour autant, en France, les immeubles déjà construits en bois ou en cours de construction
n’ont fait l’objet d’aucune attention particulière. Il y a là un véritable problème que les premiers
bâtiments en bois en cours de conception subiront à l’instar des premiers IGH conçus sans
réglementation spécifique. Cinquante ans après, il est extrêmement complexe de les mettre
en sécurité et, pour ne citer que les IGH d’habitation, un certain nombre d’entre eux a fait
l’objet d’un avis défavorable à la poursuite de l’occupation de l’immeuble de la part de la
commission de sécurité et/ou a dû mettre en place des schémas de mise en sécurité incendie
très complexes à réaliser et surtout très coûteux.
L’exemple de sinistres évoqués en partie 1 et notamment celui de l’immeuble « Le Corbusier »,
construit suivant une réglementation inadaptée, nous rappelle l’importance de la prise en
compte dès la construction de la nature même du bâtiment, a fortiori, si elle est novatrice.
Il semble donc indispensable que la spécificité du bois soit prise en compte à la construction
et que ces bâtiments fassent l’objet de mesures complémentaires de sécurité incendie.

Proposition no 3 : intégrer la spécificité du bois dans les textes à paraître et y associer des
mesures de sécurité complémentaires.

4.1.3.2 Le « droit souple »

Les textes spécifiques au bois décrits dans la partie 3 et notamment le guide canadien permet
d’imaginer une solution identique en France. Sur ce principe, ADIVbois réalise une série de
guides (cf. paragraphe 3.4). Un des atouts majeurs de ces guides est qu’ils ont été conçus par
un ensemble d’acteurs de la construction dans le cadre d’ADIVbois et qu’à ce titre, ils peuvent

13 Présentation « Defining a burnout resistance rating to compare structural components under real fires »
réalisée lors du Congrès international de la sécurité incendie « IFireSS 2019 » au Canada
14 La DHP peut être définie comme le plus petit feu qu’un élément est capable de supporter. Elle s’exprime

en minutes.

22
faire consensus. Toutefois, il ne s’agit que de guides de bonnes pratiques, sans valeur
réglementaire, non validés officiellement par les ministères concernés et que les maîtrises
d’ouvrage (MOA) sont libres d’utiliser ou non. Si un service instructeur veut s’en servir de
référence, il ne le peut réellement sauf à faire une observation invitant le pétitionnaire à
s’inspirer de l’un de ces guides. De même, si ce service estime que les mesures qui y sont
décrites ne sont pas suffisantes au regard de la nature du bâtiment, il n’a pas
systématiquement de levier pour en imposer d’autres.
Il semble donc nécessaire que ces guides soient repris, éventuellement complétés, et
officialisés au niveau des ministères concernés.

Proposition no 4 : dans l’attente de mesures réglementaires ou en complément de celles-ci,


mener une réflexion au niveau de l’échelon central visant à la création d’un cahier des charges
relatif la construction de bâtiments en bois. Ce cahier pourra renvoyer à des guides techniques
et évolutifs. Les travaux d’ADIVbois pourront servir de base de travail.

4.2 Concevoir une défense en profondeur

4.2.1 De la conception à l’intervention des secours

Il s’agit à présent de balayer les différentes mesures permettant de renforcer la sécurité


incendie de ces constructions.
Sur la base d’une analyse de risque chronologique – éclosion, développement, propagation,
atteinte des cibles, intervention des secours – il est possible de dégager un certain nombre de
mesures à mettre en œuvre.
Les différentes étapes qui vont suivre reprennent donc l’ensemble de la vie d’un bâtiment quel
qu’il soit. En effet, pour être le plus exhaustif possible et intégrer le concept de défense en
profondeur, chaque étape doit faire l’objet d’une réflexion particulière. C’est cette succession
de barrières qui doit permettre in fine aux bâtiments en bois, IMH comme IGH, de remplir les
conditions de sécurité nécessaires et d’éviter que l’ensemble de ces barrières s’avère inefficace.

4.2.2 Construction

4.2.2.1 Le respect des règles de l’art

L’application des règles de l’art n’est pas toujours aisée. Elle ne l’est pas pour des types de
construction maîtrisés depuis des décennies, elle le sera encore moins avec des nouvelles
techniques. La construction en bois implique des nouveaux savoir-faire peu utilisés en France
qui posent la question de la qualification de la main d’œuvre. En effet, si une application
particulière n’est pas opérée à la construction, cela remettra directement en cause le niveau
de sécurité du bâtiment. Cette problématique risque en particulier d’être prégnante pour les
assemblages et le risque de propagation du feu par les vides.
De la même façon, le suivi de la construction par le bureau de contrôle, devient primordial
notamment lorsqu’une démarche d’ingénierie est conduite. Ce contrôle peut être de deux
ordres, l’autocontrôle par l’entreprise qui s’engage sur ce qu’elle fait et le contrôle technique
par un organisme agréé.

4.2.2.2 Le contrôle de la conformité

Le contrôle de la conformité en IGH est bien cadré puisque tant à la conception qu’à la
réception des travaux, la commission de sécurité intervient. Il convient de souligner ici que
l’article L.122-1 ouvre une brèche en ce qui concerne les IMH. Plus précisément, il est stipulé
que les travaux […] ne peuvent être exécutés qu’après autorisation de l’autorité chargée de la
police de la sécurité, qui vérifie leur conformité aux règles prévues. A ce jour, le détenteur de

23
cette police pour les IMH n’est pas défini, de même que les modalités de vérifications de la
conformité.
Le contrôle des BBGH devra faire l’objet d’une attention particulière en raison des spécificités
du matériau de construction combustible.

4.2.2.3 La phase chantier

Les exemples des immeubles de Londres (cf. annexe 4.4) et de San Francisco (cf. annexe 1.3)
détruits en fin de phase chantier sont marquants. Le rayonnement a été tel que certains
immeubles voisins ont commencé à prendre feu en dépit de leur éloignement. Les
conflagrations décrites au paragraphe 3.3 doivent nous rappeler que la concentration de
bâtiments en bois comme il est prévu à la ZAC Bruneseau dans le 13e arrondissement de Paris
pourrait avoir des conséquences dramatiques et difficilement maîtrisables par les pompiers.
Ce feu à Londres démontre également toute l’importance de prendre, dès la phase de
construction, des mesures permettant de détecter tout départ de feu, de garantir l’alimentation
en eau et de faciliter l’intervention des secours.

Proposition no 5 : utiliser une main d’œuvre qualifiée, en particulier sur les points névralgiques
(assemblages, etc.) concernant les montages techniques complexes.
Proposition no 6 : renforcer les contrôles en phase de construction, tant par l’entreprise, que
par le contrôleur technique.
Proposition no 7 : intégrer des obligations fortes à respecter en phase chantier en matière de
sécurité incendie visant à permettre la détection précoce, et l’attaque rapide de tout départ
d’incendie.

4.2.3 Maintenance, vérifications et contrôles en cours d’occupation

La vie du bâtiment est un problème central pour ce qui concerne notamment l’éclosion d’un
sinistre et sa propagation. L’entretien et les vérifications tout d’abord intéressent l’état du
bâtiment (vieillissement du bois, dégradation des éventuelles applications de produits
intumescents, etc.), l’état des installations techniques, électriques notamment, etc. Ces
opérations sont essentiellement du ressort du propriétaire, que ce soit en IGH (article GH 59)
ou en immeubles d’habitations (articles 100 à 104).

Ce que les habitants font de leur logement est en revanche quasiment incontrôlable. Qu’il
s’agisse de locataires ou de propriétaires, un occupant ne respecte pas nécessairement le
règlement de copropriété. Deux éléments sont particulièrement problématiques :
 les travaux intérieurs et notamment les percements ;
 le stockage.
Ces obligations, difficiles à imposer dans les immeubles d’habitation de toute nature, devront
pourtant faire l’objet d’une attention particulière dans les BBGH.

4.2.4 L’éclosion

Les mesures de prévention mises en œuvre n’empêcheront cependant pas l’éclosion de


sinistres : erreurs humaines (maladresse, surcharge des installations électriques, etc.),
défaillances des installations techniques malgré les mesures liées à l’entretien et aux
vérifications, incendies d’origine criminelle, etc.
Ces différentes sources de risques qui vont permettre à un incendie d’éclore ont été en partie
évoquées ci-dessus. Le respect des dispositions prévues dans le règlement doit permettre de
réduire fortement ce risque. Il n’y a donc que peu de mesures particulières pour un bâtiment
en bois à imaginer en complément de celles déjà existantes.

24
Il s’agit donc davantage dans le cadre de ce mémoire d’identifier l’enchainement d’évènements
qui pourrait provoquer des victimes et/ou aboutir à la perte du bâtiment.

4.2.5 Développement

Le règlement IGH limite la charge calorifique mobilière (GH 61) et immobilière (GH 16) au sein
d’un compartiment. Les contraintes qui portent sur la charge calorifique immobilière interdisant
de facto la possibilité d’incorporer du bois dans la construction, c’est le recours à l’ingénierie
qui permettra de le faire comme précisé dans le paragraphe 2.1.3.2. Cette méthode
développée en annexe 3.6 n’interdit pourtant pas de mettre en place du bois apparent mais
en limite le nombre de parois par un processus itératif.

S’agissant à présent des autres éléments (mobiliers, revêtements, etc.), leur charge calorifique
est elle-aussi limitée à 480 ou 680 MJ/m² suivant la présence ou non d’une installation
d’extinction automatique (GH 61). S’agissant des IGH A (habitation), le paragraphe 7 de cet
article GH 61 précise que le locataire doit pouvoir justifier du respect de cette limitation, ce
qui semble utopique. Les locaux d’habitation demeurent là encore une véritable fragilité dans
le dispositif car il est régulièrement constaté sur intervention par les services de secours que
les logements sont de plus en plus remplis, ce qui crée des conditions propices à un
développement important des incendies et ensuite à leur propagation. Les mesures qui
s’imposent sont en premier lieu le contrôle du respect de l’article GH 61 §7 et la généralisation
de l’EAE à toutes les catégories de bâtiments en bois. Il semble très probable que les études
d’ingénierie aboutissent à la même conclusion mais les maîtrises d’ouvrage cherchant à réduire
les coûts pourraient être tentées de chercher des solutions pour s’en passer. L’expérience des
interventions vécues par les services de lutte contre l’incendie révèlent qu’il peut falloir
plusieurs heures pour éteindre un feu. Si cette durée d’extinction n’entame que très rarement
le béton, un phénomène d’emballement pourra se réaliser dans un bâtiment en bois
aboutissant à sa perte.

Proposition no 8 : installer obligatoirement un système d’extinction automatique à eau dans


les BBGH indépendamment des études ISI.
Proposition no 9 : renforcer le contrôle du respect des dispositions de l’article GH 61 §7 relatif
à la limitation de la charge calorifique tant par le propriétaire que par les commissions de
sécurité.

Les immeubles d’habitation de la 4e famille seront pour leurs parts extrêmement vulnérables
car ils ne font l’objet d’aucune limitation de potentiel calorifique et aucune mesure de défense
active n’est prévue dans le règlement pour réduire le développement du feu. Les secours
seront potentiellement confrontés à des incendies à développement rapide et avec une forte
puissance thermique.

Pour chacun des bâtiments, il réside une incertitude quant à la conservation dans le temps
des caractéristiques du bois, lequel aura sans doute subi un traitement avant la pose. Rien ne
garantit que sa résistance au feu sera la même au fil du temps. Ainsi, ses caractéristiques ne
correspondront plus à celles établies à l’origine.

Proposition no 10 : faire vérifier l’état des boiseries apparentes, en particulier celles ayant fait
l’objet d’un traitement.

25
4.2.6 Propagation

La propagation d’un incendie dépend avant tout du respect des mesures constructives
d’isolement et de distribution intérieure. Il s’agit bien de mettre des obstacles physiques
successifs permettant de limiter la propagation du feu et idéalement de le contenir dans son
volume initial. Ces dispositions, généralement passives, peuvent notamment être contrariées
par les éléments suivants :
 une distribution intérieure qui ne serait pas en rapport avec le risque (résistance au
feu des parois et portes non adaptées au potentiel calorifique) ;
 des défauts de construction ;
 l’usure ou la détérioration (portes endommagées) ;
 des comportements inappropriés (maintien de portes ouvertes, etc.) ;
 une propagation par la façade.

Il est régulièrement constaté dans les IGH anciens des défauts de fonctionnement du
compartimentage (mauvaise fermeture des porte coupe-feu d’isolement des ascenseurs par
exemple), des installations de désenfumage. Ce vieillissement est inévitable dans tout
bâtiment et il est source de propagation. Lors d’un exercice mené en 2018 par la BSPP dans
un parc de stationnement situé en infrastructure d’un IGH, il a été constaté que les fumées se
sont propagées à tous les niveaux d’habitation15. Des remplacements de portes coupe-feu
d’isolement dans les sas isolant le parc au reste de l’immeuble avaient pourtant été effectués
quelques mois auparavant et la commission de sécurité avait noté un suivi rigoureux par les
gestionnaires de l’immeuble.
La note de la DGSCGC de 2017 précise bien que l’incendie doit rester dans son compartiment
initial. C’est effectivement la théorie à la construction lorsque l’immeuble est sur le point d’être
réceptionné, que toutes les installations sont neuves et que les locaux sont vides, cela peut
sembler vrai. Cela le sera probablement beaucoup moins en exploitation, dès lors que chacun
aura investi les lieux et après le vieillissement de l’immeuble.
En outre, en l’absence de mesures actives telles que l’EAE, il sera très difficile d’enrayer les
propagations. Des essais réalisés à la fois en Norvège16 en 2016 et par le CNPP et Efectis17 en
2019, démontrent qu’en cas de défaillance d’une tête de sprinkleur dans la chambre sinistrée,
l’importance de feu une fois propagée dans la circulation est telle qu’il ne peut être contenu
par les têtes du système de sprinkleur de la circulation.
En outre, lors de la conférence FSF2019 « 3rd international seminar Fire Safety of Façades »
qui s’est déroulée à Paris du 25 au 27 septembre 2019, Robert Mc Namee a réalisé une
présentation18 dont une partie des conclusions révèlent les points suivants :
 la géométrie des ouvertures a un effet significatif sur la dynamique du feu et sur le
panache de feu externe résultant ;
 la présence d'un plafond en bois entraîne un flux de chaleur sur la façade environ trois
fois plus élevé que lorsqu'un plafond incombustible est utilisé, ce qui augmente le
risque de propagation verticale du feu dans le bâtiment d'origine ;
 la présence d'un plafond en bois entraîne des flux de chaleur opposés à l'ouverture
environ une fois et demie à deux fois celle d'un plafond incombustible, ce qui augmente
le risque de propagation horizontale du feu vers les bâtiments voisins.

15 Utilisation de fumées froides par l’emploi de machines à fumées dans un IGH à usage mixte (IGH Z)
16 Khristian HOX, « Full-scale fire test of CLT structure used for student housing », note technique « Etat des
lieux des évolutions règlementaires et travaux de recherche vis-à-vis des constructions en bois » - Juin 2016.
17 Compte-rendu « Prescriptions de base pour l’analyse du risque incendie des bâtiments de grande hauteur

en bois avec un système fixe d’extinction automatique à eau » (projet)


18 Robert McNamee, « Heat Fluxes to a Facade Resulting from Compartment Fires with combustible and

non-combustible ceilings », FSF2019 « 3rd international seminar Fire Safety of Façades » – 25/27 sept 2019.

26
In fine, l’enrayement des propagations tant internes qu’externes s’avère plus complexe au sein
des bâtiments en bois. Il s’agirait donc, en ce qui concerne l’impact sur les tiers en vis-à-vis,
de mener une réflexion sur un changement de paradigme qui considèrerait les flux thermiques
plutôt que les distances d’isolement.

Proposition no 11 : évaluer, dès l’étude du projet, l’impact des flux thermiques sur les tiers en
vis-à-vis par l’intermédiaire d’une modélisation.

4.2.7 Atteinte des cibles

En cas de sinistre, il importe avant tout qu’il n’y ait pas de victime. Pour se faire, le premier
facteur important est la perception du sinistre par les occupants, facteur qui débute avec ce
que l’on nomme le temps de l’alarme.

Le temps de l’alarme peut être défini comme le temps compris entre l’éclosion du sinistre et
sa perception par l’ensemble des occupants concernés. La notion d’occupants concernés est
fonction du type : ERP, ERT, habitants, occupants d’un IGH car les concepts sont différents :
évacuation totale (ERP et ERT), confinement et évacuation partielle (habitation et IGH). Dans
le cas d’une évacuation totale, ce temps d’alarme s’arrête à la diffusion de l’alarme générale
sonore. En IGH, il prend fin à la diffusion de l’alarme dans le compartiment concerné. La
présence d’une détection automatique et d’un service de sécurité sont des éléments favorables
à une détection précoce et une évacuation rapide. Toutefois, la détection en IGH n’est pas
généralisée et le feu peut couver dans certaines parties avant d’être détecté. Ceci peut s’avérer
plus problématique dans un immeuble en bois car un feu couvant dans un espace sous-ventilé
endommagera plus facilement les structures bois – que nous considérons également comme
une cible dans notre réflexion – ainsi que le démontre les figures 3 et 4 de l’annexe 4.2 issues
du rapport d’essai du CERIB. Il semble donc judicieux d’envisager une généralisation de la
détection automatique d’incendie dans les immeubles en bois. L’association détection précoce,
EAE et service de sécurité pourrait alors s’avérer efficace pour permettre d’une part
l’évacuation des occupants en sécurité et enrayer les départs de feux avant qu’ils ne prennent
de l’ampleur.

Il est à noter que la filière bois s’inquiète des dégâts que pourraient générer un déclenchement
intempestif du sprinkleur, l’action de l’eau pouvant entrainer des problèmes de résistance de
la structure et de pourrissement du bois par la suite. Ce risque doit toutefois être mis en
balance avec les enjeux liés à un développement du feu non maîtrisé. Il semble donc bien plus
raisonnable de prendre toutes les dispositions nécessaires à une action précoce et mesurée
plutôt que d’être confronté à l’utilisation de plusieurs lances dont le débit minimal est de
500 l/min. En outre, l’utilisation du brouillard d’eau peut être une piste de réflexion.

Ainsi, des conclusions de l’analyse de l’enchainement développement-propagation-atteinte des


cibles, il en ressort les deux propositions suivantes.

Proposition no 12 : généraliser la détection automatique incendie dans les BBGH et lui associer
un service de sécurité incendie.
Proposition no 13 : renforcer la stabilité au feu et le degré coupe-feu des planchers et parois
des BBGH.

4.2.8 Intervention des secours

Les conclusions de la partie 3.5 plaident pour une répertoriation des immeubles en bois les
plus importants, en distinguant en outre ceux qui se sont construits sans les guides actuels et
ceux qui ont pris en compte les quelques mesures figurant dans les guides d’ADIVbois.

27
Ensuite, le dimensionnement en eau risque de s’avérer prégnant. En effet, il conviendra de
pouvoir apporter une réponse hydraulique importante en cas de feu majeur.
A l’inverse, la formation devra intégrer le fait que l’eau peut détériorer le bois et qu’il serait
bon, dans la mesure du possible de limiter la quantité d’eau d’extinction. Les secours vont
devoir s’interroger sur d’éventuelles modifications de leurs équipements et/ou tactiques
d’intervention. En effet, les Canadiens s’engagent avec des lances de 1 000 l/min voire plus.
A ces lances non maniables et inadaptées aux IGH peuvent être préférées par exemple des
lances diphasiques dont l’action s’apparente à celle du brouillard d’eau. Ces lances auraient
l’avantage de déverser des quantités d’eau plus faibles.

Enfin les services de secours devront être familiarisés aux risques liés à une intervention dans
un bâtiment en bois : rayonnement, ruine, utilisation parcimonieuse d’eau, etc. La formation
devra nécessairement intégrer ces caractéristiques au même titre que les autres types de feux.
Dans l’hypothèse très pessimiste de l’embrasement total d’un immeuble, il faudra très tôt
songer aux immeubles voisins.

Des procédures bien particulières et l’intervention d’experts (officiers de sécurité et de


prévention, architectes, etc.) s’avèreront utiles après l’extinction des flammes vives. La phase
de déblai et surtout de dégarnissage permettant d’éviter toute reprise de feu devra se faire
soigneusement afin de s’assurer que le bois ne continue pas de charbonner. Une surveillance
et des rondes pendant plusieurs heures devront être réalisées et la question de la réintégration
des occupants sera difficile à résoudre.

Ainsi, faire face à un incendie dans un bâtiment et encore plus dans un IGH en bois n’est pas
neutre. Cela nécessitera une adaptation des moyens et des techniques de lutte contre
l’incendie et une formation spécifique des sapeurs-pompiers.

Enfin, la question de la « réparation » des parties bois à la suite d’un incendie mérite
également d’être soulevée. En effet, si le béton est capable de supporter plusieurs heures
d’incendie comme régulièrement constatés par les services de secours et de retrouver ses
propriétés après refroidissement, il n’en sera pas de même pour les parties en bois brûlées.
Aussi, il convient de s’interroger sur ce qu’il est envisagé de faire pour restituer ses propriétés
à une partie de structure calcinée. A ce jour, il ne semble pas qu’il y ait de réponse à cette
question qui devra être prise en compte pour assurer la pérennité du bâtiment.

Proposition no 14 : prendre en compte, au sein des règlements départementaux de défense


extérieure contre l’incendie, le risque lié aux bâtiments en bois.
Proposition no 15 : mener une réflexion sur la tactique opérationnelle et les équipements des
sapeurs-pompiers permettant une meilleure prise en compte de l’extinction des incendies dans
les bâtiments en bois.
Proposition no 16 : apporter des réponses techniques à la « réparation » des éléments
structurels endommagés par un incendie (constructeurs).

28
CONCLUSION

Les nombreux retours d’expérience partout dans le monde démontrent l’importance de


prendre en compte dès la phase de construction les mesures de sécurité incendie, en
particulier lorsqu’il s’agit de technologies nouvelles. L’exemple de l’immeuble « Le Corbusier »
est emblématique et l’incendie qui l’a frappé est riche d’enseignements. Il nous éclaire sur les
risques auxquels d’autres immeubles sont ou seront confrontés : immeubles de grande
hauteur (IGH) construits avant toute réglementation, bâtiments de toute hauteur en matériaux
combustibles bio-sourcés ou en bois.

La réglementation incendie pour la construction de bâtiments en bois d’une manière générale


et d’IGH en particulier trouve ses limites car elle a été essentiellement établie pour des
matériaux de construction incombustible comme le béton. Le règlement IGH français
comprend certaines contraintes qui bloquent l’intégration du bois dans cette catégorie de
bâtiment. Les pratiques étrangères en la matière constituent une source d’informations et de
comparaison qui peut utilement guider la réflexion française dans l’appréhension des
évolutions à conduire. En effet, nombre de pays anglo-saxons ou même européens marient
habilement les règlements prescriptifs et les pratiques performantielles.
Les évolutions réglementaires en cours sur la base de la loi pour l’évolution du logement, de
l’aménagement et du numérique (Loi ELAN) et de la loi pour un État au service d’une société
de confiance (loi ESSOC) constituent une opportunité pour l’harmonisation du traitement des
bâtiments dont la hauteur est comprise entre 28 et 50 mètres et pour l’introduction de
solutions sur la base de l’ingénierie de la sécurité incendie. Ces vecteurs législatifs pourraient
servir de supports à une nouvelle réglementation tant pour les immeubles de moyennes
hauteur (IMH) que les IGH.

Un grand nombre de points reste à prendre en compte : de la pertinence de l’évaluation de la


stabilité au feu du bois, au renforcement des mesures de sécurité dont notamment la
généralisation de l’extinction automatique à eau, la filière bois se devra d’agir de manière
responsable. En effet, si les règlements à paraître ne discriminent pas la spécificité du matériau
bois, la voie du « droit souple » par la réalisation de guides demeure une solution alternative
soumise toutefois à la bonne volonté des maîtres d’ouvrage.

Les services de secours devront de leur côté s’adapter à ce risque nouveau par la mise en
œuvre de concepts opérationnels, la formation et voire même par l’acquisition d’équipements
spécifiques.

Le monde de la construction français évolue donc dans un enjeu écologique fort dont une des
vitrines sera le village olympique lors des jeux 2024, entièrement conçu en bois. Il est crucial
que tous les acteurs accompagnent ce changement et trouvent des solutions à la résolution
des problématiques qui en découlent à l’heure où des concours pour des IGH jusqu’à une
hauteur de 180 m viennent d’être remportés.

29
SYNTHESE DES PROPOSITIONS

Proposition no 1 : étendre la définition des IMH aux bâtiments à usage de bureaux et aux ERP dont la
hauteur du plancher bas du dernier niveau est comprise entre 28 et 50 m et concrétiser un règlement
propre à cette catégorie de bâtiments sur la base de la loi ELAN.

Proposition no 2 : compléter la caractérisation de la résistance au feu d’un élément structurel par une
notion intégrant la phase de refroidissement : la « durée de la phase d’échauffement », par exemple
sous la forme DHP ; R.

Proposition no 3 : intégrer la spécificité du bois dans les textes à paraître et y associer des mesures de
sécurité complémentaires.

Proposition no 4 : dans l’attente de mesures règlementaires ou en complément de celles-ci, mener une


réflexion au niveau de l’échelon central visant à la création d’un cahier des charges relatif la construction
de bâtiments en bois. Ce cahier pourra renvoyer à des guides techniques et évolutifs. Les travaux
d’ADIVbois pourront servir de base de travail.

Proposition no 5 : utiliser une main d’œuvre qualifiée, en particulier sur les points névralgiques
(assemblages, etc.) concernant les montages techniques complexes.

Proposition no 6 : renforcer les contrôles en phase de construction, tant par l’entreprise, que par le
contrôleur technique.

Proposition no 7 : intégrer des obligations fortes à respecter en phase chantier en matière de sécurité
incendie visant à permettre la détection précoce, et l’attaque rapide de tout départ d’incendie.

Proposition no 8 : installer obligatoirement un système d’extinction automatique à eau dans les BBGH
indépendamment des études ISI.

Proposition no 9 : renforcer le contrôle du respect des dispositions de l’article GH 61 §7 relatif à la


limitation de la charge calorifique tant par le propriétaire que par les commissions de sécurité.

Proposition no 10 : faire vérifier l’état des boiseries apparentes, en particulier celles ayant fait l’objet
d’un traitement.

Proposition no 11 : évaluer, dès l’étude du projet, l’impact des flux thermiques sur les tiers en vis-à-vis
par l’intermédiaire d’une modélisation.

Proposition no 12 : généraliser la détection automatique incendie dans les BBGH et lui associer un service
de sécurité incendie.

Proposition no 13 : renforcer la stabilité au feu et le degré coupe-feu des planchers et parois des BBGH.

Proposition no 14 : prendre en compte, au sein des règlements départementaux de défense extérieure


contre l’incendie, le risque lié aux bâtiments en bois.

Proposition no 15 : mener une réflexion sur la tactique opérationnelle et les équipements des sapeurs-
pompiers permettant une meilleure prise en compte de l’extinction des incendies dans les bâtiments en
bois.

Proposition no 16 : apporter des réponses techniques à la « réparation » des éléments structurels


endommagés par un incendie (constructeurs).

30
GLOSSAIRE
AEAI Association des établissements cantonaux d’assurance incendie
ADIVbois Association pour le développement des immeubles à vivre bois
ATec Avis technique
ATEx Avis de chantier
BLC Bois lamellé-collé
BBR Boverket’s building regulations
BBGH Bâtiment bois de Grande Hauteur (Bois)
BSPP Brigade de sapeurs-pompiers de Paris
CCH Code de la construction et de l’habitation
CERIB Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton
CNBC Code National du Bâtiment Canada
CF Coupe-Feu
COP 21 21e Conference of parties
CODIFAB Comité Professionnel de Développement des Industries Françaises de
l’Ameublement et du Bois).
CNBC Code National du Bâtiment Canada
CLT Cross Laminated Timber
CNPP Centre national de prévention et de protection
CSTB Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
DAI Détection automatique incendie
DECI Défense extérieur contre l’incendie
DF Désenfumage
DGSCGC Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises
DHP Duration of heating phase (durée de la phase d’échauffement)
DHUP Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages
DTU Documents Techniques Unifiés
EAE Extinction automatique à eau
EAS Espace d’attente sécurisé
ERP Établissement recevant du public
ERT Établissement recevant des travailleurs
IGH Immeuble de grande hauteur
FCBA Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement
IT Instruction technique
ICPE Installations classées pour la protection contre l’environnement
HAB Habitation
IGH A Immeuble de grande hauteur habitation
IGH Z Immeuble de grande hauteur mixte
ITGH Immeuble de très grande hauteur
IMH Immeuble de moyenne hauteur
ISI Ingénierie de la sécurité incendie
ITE Isolation Thermique par l’Extérieur
LVL Laminated Veneer Lumber
LCPP Laboratoire central de la préfecture de police
MOA Maîtres d’ouvrage
NFPA National fire protection association
NFI Nouvelle France Industrielle
OSB Oriented strand board
PS Parc de stationnement
PUCA Plan Urbanisme Construction Architecture
PC sécurité Poste Central de sécurité
RIA Robinets d’incendie armés
SDIS Service départemental d’incendie et de secours
SSI Système de sécurité incendie
SF Stable au Feu
SSIAP Service de Sécurité incendie et d’Assistance à Personnes

31
BIBLIOGRAPHIE
Textes règlementaires

1) Code de la construction et de l’habitation


2) Loi n° 2018-727 du 10 août 2018 pour un Etat au service d'une société de confiance
3) Loi 2018-1021 du 23 novembre 2018 pour l’évolution du logement de l’aménagement
et du numérique
4) Ordonnance n° 2018-937 du 30 octobre 2018 visant à faciliter la réalisation de projets
de construction et à favoriser l'innovation
5) Décret du 22 octobre 1955 fixant les règles générales de construction des bâtiments
d’habitation
6) Décret du 15 novembre 1967 relatif au règlement de sécurité pour la construction des
IGH et leur protection contre les risques d’incendie et de panique
7) Décret n° 2019-184 du 11 mars 2019 relatif aux conditions d'application de
l'ordonnance n° 2018-937 du 30 octobre 2018 visant à faciliter la réalisation de projets
de construction et à favoriser l'innovation
8) Décret du 16 mai 2019 relatif aux travaux de modification des immeubles de moyenne
hauteur
9) Arrêté du 23 mai 1960 relatif à la protection des bâtiments d’habitation contre l’incendie
et sauvegarde des personnes
10) Arrêté du 24 novembre 1967 relatif au règlement de sécurité pour la construction des
IGH et leur protection contre les risques d’incendie et de panique
11) Arrêté du 18 octobre 1977 portant règlement de sécurité pour la construction des
immeubles de grande hauteur et leur protection contre les risques d'incendie et de
panique
12) Arrêté du 31 janvier 1986 modifié relatif à la protection contre l'incendie des bâtiments
d'habitation
13) Arrêté du 30 décembre 2011 règlement de sécurité pour la construction des immeubles
de grande hauteur et leur protection
14) Arrêté du 7 août 2019 relatif aux travaux de modification des immeubles de moyenne
hauteur et précisant les solutions constructives acceptables pour les rénovations de
façade
15) Arrêté du 7 août 2019 modifiant l'arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la protection contre
l'incendie des bâtiments d'habitation

Autres références
1) Face au risque / Retours d’expérience :
a. n°471 – mars 2011, feu d’un logement foyer à Dijon le 14 novembre 2010
b. n°472 – avril 2011, feu d’IGH la tour du « Centenaire » à Chambéry le 07 janvier
2011
c. n°483 – mai 2012, feu d’IGH « LE CORBUSIER » 09 février 2012 à Marseille
d. n°486 – octobre 2012, feu de la tour Mermoz à Roubaix le 14 mai 2012
e. n°505 – mars 2014, feu de résidence en construction à San-Francisco le
11 mars 2014
f. n°521 – mars 2016, feu de la tour « The Address Downtown »le 31 décembre
2015
g. n°535 - 14 juin 2017, feu de la tour GRENFELL de Londres le 14 juin 2017
2) Face au Risque n°521 mars 2016 « France / Suède Prescription vs performance », Cne
Olivier Alvarez Article
3) Normes et directrices Suisse / AEAI (Association des Etablissements cantonaux
d’Assurance Incendie)
4) Le règlement de construction Suédois

32
5) Le Code National du Bâtiment Canada (CNBC)
6) La sécurité incendie dans les bâtiments / Ouvrage de référence pour la mise en
application des exigences de sécurité incendie / Code national du bâtiment - Canada
dans la conception des bâtiments (345 pages)
7) Code de construction du Québec, chapitre I – Bâtiment (Code national du bâtiment
2010 modifié) / Construction de bâtiment d’habitation en bois de 5 et 6 étages
8) Bâtiments de construction massive en bois d’au plus 12 étages / Directives et guide
explicatif / Régie du bâtiment du Québec
9) Rapport CSTB « rapport de mission : évaluation de la réglementation sécurité incendie
en habitation »
10) Mémoire PRV3 session 2017 « du maintien de la sécurité incendie dans les IGH »
11) Note d’information sur les IGH en bois (V2) du 27/07/2017
12) ADIVBois / le VADEMECUM des immeubles à vivre bois : (www.adivbois.org/wp-
content/uploads/Vademecum-27022017.pdf
13) Projet de note portant sur les bâtiments bois multi-niveaux (8m<h<28m) / ADIVbois
14) Projet de note portant sur les bâtiments en bois de grande hauteur (BBGH > 28 m) /
ADIVbois
15) Guide d’ADIVBois « pour l’application de l’ingénierie de sécurité incendie des bâtiments
en bois »
16) Defining a Burnout Resistance Rating to Compare Structural Components under Real
Fires – Thomas Gernay – 2019
17) Alastair I. Bartlett et al « Comparative Energy Analysis of Fire Resistance Tests on
Combustible versus Non-Combustible Slabs”, ASTM workshop, 6-7 December 2018,
Washington
18) Jean-Christophe Mindeguia et al, “THERMO-MECHANICAL BEHAVIOUR OF CROSS-
LAMINATED TIMBER SLABS UNDER STANDARD AND NATURAL FIRES “, Interflam
2019, Londres

Articles et communiqués : annexe 3.2

Quelques sites internet utilisés :


1) ADIVbois : https://www.adivbois.org/
2) Fédération nationale des Communes forestières : http://www.fncofor.fr/bois-climat-
signature-alliance-nationale-bois-construction-renovation-4_2886.php
3) Union Industrielle des constructions bois : http://www.uicb.pro/
4) Actualités de la filière bois : https://www.bois.com/
5) ENSOSP / Portail National des Ressources et des Savoirs (Pnrs) :
http://pnrs.ensosp.fr/Plateformes/PREV
6) Page internet de SOLIDEO : « Livrer les ouvrages olympiques et paralympiques, bâtir
la ville européenne de demain » : https://www.ouvrages-olympiques.fr/
7) Colloque 2018 Sécurité incendie des immeubles bois – M. Stéphane HAMEURY :
https://youtu.be/GiNG3NFQzOA

33
ANNEXE 1.1 : Feu d’IGH « LE CORBUSIER » 09 février
2012 à Marseille.
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 483- mai 2012.

Rappel du § 1.1.2 l’analyse du feu

Le jeudi 9 février 2012 les secours sont appelés vers 13h42 pour un appartement (duplex)
situé au premier étage, entièrement embrasé. Les flammes sortent d’une baie et les lances
établies pour stopper la propagation en façade sont efficaces.
Le feu progresse par l’intérieur au travers des murs mitoyens composés par endroit d’un bâti
de bois, de plaques de plâtre, de laine de verre ou de vide.
Vers 15h, en dépit des actions d’extinction, le duplex situé immédiatement au-dessus du foyer
initial est atteint par le feu. Le sinistre semble maitrisé vers 17h, mais vers 20h45 les duplex
situés au 2e niveau (3e, 4e et 5e étages) s’embrasent brutalement. Puis, c’est au tour de trois
chambres de l’hôtel occupant les 7e et 8e étages d’être détruites.

34
ANNEXE 1.2 : Feu d’IGH la tour du « Centenaire » à
Chambéry le 07 janvier 2011
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 472- avril 2011.

Rappel du § 1.2.2 l’analyse du feu

Le 7 janvier 2011, vers 13h un sinistre se déclare au niveau d’un canapé situé dans un studio
situé au 21e étage.
Rapidement, une fumée épaisse gagne la circulation. Un important panache s’échappe du
sommet de l’immeuble ; les gaz chauds sont rabattus par un vent fort, enfumant ainsi
l’ensemble des niveaux jusqu’au 14e étage et gênant l’action des secours.
Le feu initialement contenu dans un studio se propage par l’extérieur via les éléments en bois
(volets roulants, coffrage, lambris décoratifs).
Le 22e étage s’enfume progressivement après que le feu se soit propagé dans la pièce du
duplex située au 21e étage.
Vers 14h30 la propagation extérieure horizontale s’intensifie, favorisée par les éléments bois.
Le 22e étage s’embrase.

35
ANNEXE 1.3 : Feu de résidence en construction à San-
Francisco le 11 mars 2014
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 505- septembre 2014.

Rappel du § 1.3.2 l’analyse du feu

Le 11 mars 2014 vers 16h56, les pompiers sont appelés pour un sinistre. Des témoins signalent
des flammes s’élevant du dernier étage à l’angle sud-est.
Rapidement la virulence croissante du feu, menaçant la stabilité des structures, oblige les
secours à évacuer. Malgré la mise en place de lances canons, les vitres des bâtiments mitoyens
éclatent.
Alors que le feu gagne l’ensemble de l’immeuble, les trois derniers étages s’effondrent vers
18h00, entrainant les façades par pans entiers.
La puissance du brasier contraint alors les pompiers à concentrer leurs moyens sur la
protection des immeubles menacés par le rayonnement.
Les flammes, dépassent 40 m, des débris enflammés provoquent plusieurs départs de feux
par projections.
Peu avant 20h, le feu se présente comme un brasier de 7 000 m² de ruines incandescentes.
Bien que le feu soit considéré comme maîtrisé, des éléments de la structure continuent de
s’effondrer sporadiquement obligeant les secours à reculer (d’une distance égale à la hauteur
des structures instables).

36
ANNEXE 1.4 : Feu de la tour GRENFELL de Londres le 14
juin 2017
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 535- septembre 2017.

Historique et description du bâtiment

La tour Grenfell est constituée de 24 étages. Les 3 premiers étages abritent hall, des locaux à
usage collectifs, bureaux, nursery club de sport, etc., les 20 derniers étages sont destinés à
recevoir 6 appartements.

Chaque étage a une superficie de 484 m².


L’accessibilité se fait par le noyau central de 57 m² ou l’on trouve les circulations communes,
2 ascenseurs, un escalier de 1.05 mètres de large, encloisonné (mais pas de SAS) et non
désenfumé.

La façade, réhabilitée en 2015-2016, est isolée par une couche de 150 mm d’isolant
(polyisocyanurate-PIR) classe 0 recouverte de panneaux sandwich (alu/polyéthylène/alu).
L’ensemble est fixé à l’ancienne façade de béton par une structure métallique. Les baies en
PVC sur armatures métalliques ont elles aussi été remplacées.

L’analyse du feu

Le mercredi 14 juin 2017, à 0h54 les secours reçoivent un appel pour un feu d’appartement
au 4e étage de la tour Grenfell (l’origine serait un réfrigérateur défectueux).

Les flammes se développent rapidement en façade au-dessus du 4e étage par les 5 fenêtres
de l’appartement initialement sinistré.
Les baies ont été avancées au droit de l’isolation de façade, offrant des zones permettant au
feu d’entrer dans chaque appartement.

37
Les plaques d’isolants se détachent en fusion. Le front de flamme atteint en quelques dizaines
de minutes le sommet de l’immeuble.

Ce feu de façades pénétrera dans chaque appartement sur tous les niveaux provoquant la
généralisation du sinistre et occasionnant le décès de 80 personnes.

1.2.3 Les caractéristiques principales du sinistre

 croisement des intervenants et des résidents. L’escalier unique est rapidement devenu
impraticable par l’établissement des tuyaux (absence de colonne sèche) ;
 propagation rapide en façade ;
 généralisation du sinistre à l’ensemble du bâtiment ;
 intervention de très longue durée.

38
ANNEXE 1.5 : Feu d’un logement foyer à Dijon le 14
novembre 2010
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 471- mars 2011.

Historique et description du bâtiment

L’immeuble est un logement foyer classé en 3e famille (R+9). Certaines parties sont classées
en ERP de 5e catégorie de type L pour les salles activités, de type N pour le self et W pour les
bureaux. Les quatre façades sont accessibles aux échelles aériennes. La structure du bâtiment
est en béton, les niveaux sont desservis par deux escaliers encloisonnés et deux ascenseurs.
A chaque niveau on trouve, un couloir en H desservant des chambres en façades. En partie
centrale, il y a les locaux communs.

Dans les années 2000, le bâtiment a fait l’objet d’une isolation par l’extérieur (selon les zones,
plaques de mousse de polystyrène expansé M1 sur des cornières en PVC, le tout couvert d’une
toile de verre enduite d’un crépi).

Un local poubelles, (couvert d’un auvent en tôle d’acier) de moins de 50 m² est implanté au
pied du mur pignon sud.

L’analyse du feu

Le 14 novembre 2010 vers 1h30, les secours sont appelés pour un feu de poubelles.
La cause du sinistre est volontaire. Le local est situé au pied de l’immeuble, les flammes se
propagent par les éléments extérieurs d’isolation situés sur la façade. Il est également accéléré
par un renforcement de la façade.

39
Rapidement au contact de la température les vitres des ouvrants situés au droit du local
poubelle se cassent.
A partir de ce moment la fumée va s’engouffrer à chaque niveau dans les couloirs, piégeant
les locataires.

Les enseignements

Les caractéristiques de ce sinistre sont notamment :

 local « poubelles » non isolé ;


 présence d’ouvrant au droit du sinistre ;
 géométrie particulière du bâtiment (renforcement de l’effet « cheminée ») ;
 présence de matière inflammable en façade.

40
ANNEXE 1.6 : Feu de la tour Mermoz à Roubaix le 14
mai 2012
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 486- octobre 2012.

Historique et description du bâtiment

Construit en 1966, d’une surface au sol de 800 m², elle comprend 98 appartements repartis
sur 18 étages et un étage technique et terrasse.
Le plancher bas du dernier niveau est à 48.26 mètres, l’immeuble est classé en 4e famille.

Deux escaliers imbriqués de type « Chambord », deux ascenseurs et un monte-charge


desservent les étages.
L’immeuble est équipé d’un SSI de catégorie A, la DAI est installée dans les couloirs
asservissant le désenfumage mécanique des circulations horizontales.

Le bâtiment a été, au cours d’une de ses réhabilitations, isolé par l’extérieur par une
multicouches de laine minérale sur bâti bois supportant des tuiles de terre cuite.
En 2005 des travaux d’esthétismes sont effectués. Afin d’« arrondir » l’ensemble du bâtiment,
des panneaux sandwich sont installés à 1 mètre de la façade. Ces panneaux ont une largeur
de 10 mm d’épaisseur et sont constitués de 2 lames d’aluminium recouvrant une structure
alvéolaire en plastique.

L’analyse du feu

Le 14 mai 2012 vers 14h42 les secours sont appelés pour un feu d’appartement situé au
premier étage.
L’origine du sinistre est un débordement d’un barbecue réalisé sur le balcon de l’appartement
sinistré (proximité de stockage de bidons de peinture et de solvants).

Ce feu localisé initialement sur le balcon va se propager en quelques minutes jusqu’au 18ème
étage. Cette propagation étant due à l’inflammation des panneaux sandwich accélérée par les
éléments de la façade (effet cheminée).
Malgré la faiblesse de la masse calorifique de ces panneaux, elle permet l’inflammabilité des
menuiseries, des stores et/ou du stockage contenu sur les balcons et permettent au feu de
pénétrer dans les appartements situés aux 4e, 9e, 12e et 18e étages.

Les colonnes sèches étant hors services, un escalier est dédié aux secours (et établissements
de tuyaux), le second est réservé aux résidents pour l’évacuation (60 personnes environ).
Le feu est rapidement retombé faute de combustible.
Vers 16h30 une victime sera découverte en arrêt-cardio ventilatoire au 18e étage.
Vers 17h30 la décision d’évacuer l’ensemble de la tour est prise.

41
Les enseignements

Les caractéristiques de ce sinistre sont notamment :

 architecture particulière du bâtiment (renforcement accélérant l’effet cheminée) ;


 feu aussi violent que bref ;
 problématique supérieure si le feu avait eu lieu la nuit.

42
ANNEXE 1.7 : Feu de la tour « The Address Downtown »
le 31 décembre 2015 (Dubaï)
Image extraite du magazine « Face au risque » N° 521- mars 2016.

Historique et description du bâtiment

La tour est inaugurée en 2011, elle a une hauteur de 306 mètres et est composée de 62
étages.
On trouve un hôtel de 196 chambres, 626 appartements, 8 restaurants et bars, des centres
de remise en forme, une piscine etc.
La tour est construite en béton, les façades sont recouvertes de panneaux sandwich
(polyéthylène recouverte de deux plaques d’aluminium) fixés sur des cornières.

43
L’analyse du feu

Pour une raison inconnue, un feu se déclare sur le balcon du 20e étage. Rapidement le feu
gagne le revêtement du balcon supérieur.
Attisé par un vent violent, on assiste à une propagation rapide du sinistre sur plus de 200
mètres grâce à la présence des panneaux sandwich.
La température du feu brise les baies et le feu pénètre dans les chambres de l’hôtel et des
appartements (surface de 300 m²).
Des panneaux se détachent et tombent sur les niveaux inférieurs développant le sinistre aux
étages inférieurs.

Les caractéristiques du feu

 feu rapide et violent ;


 nombreuses propagations aussi bien en partie supérieure qu’en partie inferieure
développant plusieurs foyers à l’intérieur de la tour ;
 grande hauteur du sinistre.

44
ANNEXE 2.1 : Les bâtiments d’habitation
Trois textes de références concernent ces bâtiments :

 l’arrêté du 31 janvier 1986 modifié, relatif à la protection contre l’incendie des


bâtiments d’habitation ;
 l’arrêté du 21 novembre 2002, portant sur la classification des matériaux de
construction et d’aménagement selon leur réaction au feu et définition des méthodes
d’essais ;
 l’arrêté du 22 mars 2004, relatif à la détermination du degré de résistance au feu des
éléments de construction.

Le texte de 1986 réaffirme les principales dispositions et mesures de sécurité suivantes :

 des mesures de prévention évitant la naissance du feu, sa transmission vers d’autres


locaux ou vers les tiers.
 des dispositions concernant l’évacuation des occupants et leur protection par des
moyens incorporés au bâtiment.
 des dispositions permettant l’accès aisé et l’intervention des services de lutte contre
l’incendie

Les bâtiments d’habitation sont classés par famille selon leur type (individuel ou collectif), leur
hauteur et les facilités d’intervention des services de secours.
Leur hauteur est limitée à 50 mètres.

Les exigences réglementaires incendie sont hiérarchisées selon le type de famille, sachant que
les principes de sécurité restent les mêmes à savoir :

 éviter l’éclosion d’un incendie ;


 limiter la propagation ;
 assurer la sécurité des occupants ;
 faciliter l’intervention des secours.

*L’arrêté du 7 août 2019 modifiant l’arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la protection contre l’incendie des bâtiments
d’habitation supprime la possibilité de construire un duplex dont le plancher bas le plus haut est à plus de 50 m.

45
ANNEXE 2.2 : Exigences règlementaires des bâtiments
d’habitation

Tableau : Comparaison des principales exigences


réglementaires en fonction de la classe de bâtiment (CSTB).

46
ANNEXE 2.3 : Rappel de certaines exigences
réglementaires
Les éléments suivants sont repris d’une annexe du projet de note d’ADIVbois (bâtiments bois multi-
niveaux et les BBGH).

Pour les habitations de 3ème et 4ème familles, les exigences réglementaires en matière de sécurité
incendie font l'objet de l'arrêté du 31 janvier 1986 modifié. L'emploi du matériau bois pour la
construction n'est restreint que pour les éléments suivants :
 Les marches volées et paliers d'escalier doivent être construits en matériaux incombustibles (art
22).
 Les revêtements des parois verticales, du rampant et des plafonds des cages d'escalier dans les
habitations collectives, dont le plancher bas du logement le plus haut est à plus de 8 m de
hauteur, doivent être classés M0. Les revêtements éventuels des marches et contremarches
doivent être classés en catégorie M3 (art 23).
 Les revêtements des parois des circulations horizontales doivent être classés en catégorie (art.
32) :
 M1 s'ils sont collés ou tendus en plafond.
 M2 s'ils sont collés ou tendus sur les parois verticales.
 M3 s'ils sont collés ou tendus sur le sol.
 Les conduits d'amenée d'air et d'évacuation pour le désenfumage doivent être construits en
matériaux M0 (art 34).
 Pour les parcs de stationnement couverts de plus de 100 m² pouvant se trouver dans un
bâtiment d’habitation, en superstructure ou en infrastructure ou sous un immeuble bâti : " Les
éléments de construction et leurs revêtements éventuels doivent être classés en catégorie M 0
du point de vue de leur réaction au feu" excepté pour les revêtements des sols qui peuvent être
classés en catégorie M3 (art. 80).

Pour les Établissements Recevant du Public (ERP) les exigences réglementaires en matière de
sécurité incendie font l'objet de l'arrêté du 25 juin 1980 modifié. L'emploi du matériau bois pour la
construction n'est restreint que pour les éléments suivants :
 Pour le plafond des locaux et des dégagements non protégés avec des éléments porteurs en
bois ou en dérivés du bois du plafond, d'une largeur minimale de 45 mm, disposés avec un
écartement bord à bord supérieur ou égal à 30 cm ; les lambris et les panneaux peuvent alors
couvrir au maximum 50 % de la surface des parois verticales (art AM 4 et AM5).
 Les gaines enfermant certains conduits doivent être en matériaux incombustible (Art CO 31 - §
4).
 Les gaines enfermant de conduites de gaz doivent être en matériaux de catégorie M0 ou en
classe A2-s2-d0 (art GZ 16 § 4).
 Les parois des cages d'escalier doivent être en matériaux incombustibles (art C0 52 § 2). Il y a
toutefois un avis de la Commission Centrale de Sécurité de juin 2007 permettant l’utilisation de
plaques de plâtre cartonnées (sur support bois) pour l’encloisonnement d’escaliers.
 Les parois des gaines d'ascenseurs doivent être réalisés en matériaux incombustibles (art AS 1
§ 4).

Pour les constructions soumises au code du travail, les exigences réglementaires en matière de
sécurité incendie font l’objet des décrets du 31 mars 1992 (transférés dans les articles R235-3 à R235-
21 du code du travail) et de l’arrêté du 5 août 1992, l'emploi du matériau bois pour la construction n'est
restreint que pour les éléments suivants :
 Les gaines, protégeant des conduits, et leur recoupement tous les 2 niveaux doivent être en
matériaux incombustibles (art 7 de l'arrêté).
 Les parois verticales et plafonds des locaux et dégagements, nécessiteront généralement
l'utilisation, en tout ou partie, de bois ignifugé (art 9 de l'arrêté).
 Certaines restrictions pour les papiers collés et peintures appliquées sur des supports
combustibles (art 9 de l'arrêté).

47
ANNEXE 2.4 : Préconisations du CSTB

Rapport mission du CSTB du 29 juin 2017, concernant


l’évaluation de le réglementation incendie française dans les
bâtiments d’habitation.

Neuf préconisations ont été formulées :


 réviser de l’arrêté du 31 janvier 1986 dans son ensemble ;
 clarifier la réglementation applicable pour les bâtiments à usage mixte ;
 construire une réglementation relative à la protection contre l’incendie des bâtiments
d’habitation adaptée aux travaux de rénovation ;
 renforcer les exigences sur les dispositions constructives des façades ;
 faciliter la prise en compte de l’innovation dans l’analyse de risques incendie ;
 renoncer au classement français de réaction au feu dans les textes réglementaires
relatifs à la sécurité incendie des bâtiments ;
 faire réaliser un audit de sécurité incendie de tous les bâtiments d’habitation de 4e
famille ;
 renforcer l’éducation citoyenne au risque incendie en rappelant les règles de bonnes
conduites ;
 accompagner l’innovation par l’acquisition de savoirs scientifiques.

48
ANNEXE 2.5 : Principes de sécurité des IGH

Pour assurer la sauvegarde des occupants et du voisinage la construction des immeubles de


grande hauteur, qui doivent par ailleurs justifier d’une durée de stabilité au feu, doit permettre
de respecter les principes de sécurité ci-après :

a) Pour permettre de vaincre le feu avant qu'il n'ait atteint une dangereuse extension :
 L'immeuble est divisé, en compartiments définis à l'article R. 122-10, dont les parois
ne doivent pas permettre le passage du feu de l'un à l'autre en moins de deux heures ;
 Les matériaux combustibles se trouvant dans chaque compartiment sont limités dans
les conditions fixées par le règlement prévu à l'article R. 122-4 ;
 Les matériaux susceptibles de propager rapidement le feu sont interdits.

b) L'évacuation des occupants est assurée au moyen de deux escaliers au moins par
compartiment. L'accès des ascenseurs est interdit dans les compartiments atteints ou menacés
par l'incendie. Il reste possible au niveau d'accès des secours dans les conditions définies par
le règlement de sécurité prévu à l'article R. 122-4 ;

c) L'immeuble doit comporter un système d'alarme efficace ainsi que des moyens de lutte à la
disposition des services publics de secours et de lutte contre l'incendie et, s'il y a lieu, à la
disposition des occupants.

e) Des dispositions appropriées doivent empêcher le passage des fumées du compartiment


sinistré aux autres parties de l'immeuble ;

f) Pour éviter la propagation d'un incendie extérieur à un immeuble de grande hauteur, celui-
ci doit être isolé par un volume de protection répondant aux conditions fixées par le règlement
de sécurité.

49
ANNEXE 2.6 : Note d’information – IGH en Bois du
27/07/2017 – V2

50
51
52
53
ANNEXE 2.7 : Comparaison internationale
Comparaison internationale / Définition d’un IGH en fonction de
la hauteur

Pays Hauteur (m)


28
France
50 (habitations)
Royaume-Uni 30
Etats-Unis d’Amérique 23
Espagne (Barcelone) 50
36 (tertiaire, commerce, industrie)
Canada
18 (détention, soins, résidentiel)
République de Corée 200 (ou 50 étages)
Suisse 30
Suède 28

Issu du mémoire PRV3 « Du maintien de la sécurité incendie dans les IGH » - 2017.

54
ANNEXE 2.8 : Exemples de réglementations étrangères
Le tableau ci-après présente un recueil du nombre maximal d'étages [limite de hauteur
maximale] permis pour les bâtiments en bois, dans certains pays, selon qu'ils sont ou non
munis de système d'extinction automatique à eau.

Nombre maximal d'étages


Pays Réglementation
Avec sprinklers Sans sprinkler
Code fédéral de
Allemagne 8 [18 m] 5
2012
Australie BCA de 2013 3 3
Austrian Building
Autriche 8 [22 m] 4
codes
RBQ selon CNB de 12 [40 m] (et
Canada (Québec)
2015 encapsulage)
Building regulation
Royaume-Uni 8 6
de 2010
Building Act de
Suède 8 2
2013
Suisse AEAI Jusqu'à 30 m Jusqu'à 30 m
Etats-Unis NFPA 5000 de 2012 6* (18m) 5*
(*) : pour construction en bois massif

Issu du projet de note sur les BBGH – ADIVbois.

55
ANNEXE 2.9 : Les Euroclasses et les Eurocodes
----------------------------------

Les Eucoclasses

En sécurité incendie, la réaction au feu et la résistance au feu sont deux choses différentes.
Elles sont codifiées au niveau national et européen de manière très réglementée.

La réaction au feu :

L'arrêté du 21 novembre 2002 modifié relatif à la réaction au feu des produits de construction
et d'aménagement, introduit désormais les «euroclasses» de réaction au feu. Celles-ci sont
plus complètes que l'ancien classement français, prenant en compte les fumées dégagées ainsi
que d'éventuelles gouttelettes projetées. Cette classification n'est valable toutefois que pour
les produits de construction avec trois distinguos, les matériaux de sols (indice « fl » pour
« floorings »), les matériaux longilignes (indice « l ») et les autres produits de construction.

Les euroclasses, définies dans la norme européenne EN 13501-1+A1, sont un système de


classement en cinq catégories d’exigence : (A1, A2), B, C, D, E, (F correspondant au NC du
classement M).

Les euroclasses tiennent aussi compte de deux autres critères essentiels (après tests en
laboratoire) :
 l’opacité des fumées (quantité et vitesse) notée s pour smoke
 s1 : Quantité et vitesse de dégagement faibles
 s2 : Quantité et vitesse de dégagement moyenne
 s3 : Quantité et vitesse de dégagement haute
 les gouttelettes et débris enflammés notées d pour droplets
 d0 : aucun débris
 d1 : aucun débris dont la combustion dure plus de 10 secondes
 d2 : ni d0 ni d1

La résistance au feu, définition :

Elle indique le temps durant lequel, lors d'un feu, un élément de construction (paroi, plancher,
plafond, porte, …) conserve ses propriétés physiques et mécaniques. Ce matériau est classifié
dans trois catégories :
 résistance mécanique ou force portante
 étanchéité aux flammes et aux gaz chauds
 isolation thermique

Les Euroclasses de résistance au feu tentent d'harmoniser les systèmes nationaux au sein de
l’Union Européenne. Il existe là aussi trois classes :
 R : résistance mécanique ou stabilité
 E : étanchéité aux gaz et flammes
 I : isolation thermique (forcément utilisée en complément d'une classification R ou E)

Ces lettres sont suivies de 2 ou 3 chiffres donnant le temps de résistance en minutes.


Exemple : REI 120 (Coupe-feu pendant 120 minutes).

56
Les Eurocodes

Les Eurocodes sont les normes européennes de dimensionnement et de justification des


structures de bâtiment et de génie civil.

Ils visent à harmoniser les techniques de construction en Europe, et à faciliter le libre accès
des entreprises (travaux publics, bureaux d'études techniques) aux marchés des autres États
membres.

Ils permettent de concevoir des ouvrages et de contrôler la conformité aux exigences


essentielles no 1 de la Directive sur les Produits de Construction « résistance mécanique et
stabilité » (incluant les aspects liés à l'exigence essentielle no 4 « sécurité d'utilisation ») et les
éléments relatifs à l'exigence essentielle no 2 « sécurité en cas d'incendie » ainsi que la
durabilité, telles que définies dans l'annexe 1 de la Directive.

Ils sont le principal moyen de conception des structures de bâtiments et ouvrages de Génie
Civil, pour le secteur de la conception des ouvrages et pour l'industrie du bâtiment et des
Travaux Publics. Les différentes parties des Eurocodes et leurs dates de publication deviennent
des références devant être connus des praticiens.

Les prescriptions touchant à la résistance au feu ne sont pas réunies dans un Eurocode
particulier, mais sont contenues dans une partie spécifique de chacun des Eurocodes « actions
» (EC1) et « matériaux » (EC2 à EC6 et EC9).

Les Eurocodes 1 à 6 et 9 comprennent chacun une partie 1.2 consacrée aux règles de calcul
pour la résistance au feu des ouvrages structurels.

Les Eurocodes, au travers de la résistance que doit présenter une structure à l'incendie, ne
traitent que de mesures de protection passive face à l'incendie.

Chacun des Eurocodes « matériaux » définit l'évolution des caractéristiques mécaniques


(résistance, déformation, relation contrainte-déformation) en fonction de la température, ainsi
que d'autres propriétés des matériaux (masse volumique, dilatation thermique, chaleur
spécifique, conductivité thermique).

Pour ce qui concerne l’Eurocode 5 (NF EN 1995), il fixe les règles communes de calcul des
bâtiments et ouvrages de génie civil en bois (bois massif, scié, raboté ou sous forme de poteau,
bois lamellé collé etc.) ou panneaux à base de bois assemblés avec des adhésifs ou des
organes mécaniques.

Dans sa Partie 1-2, les Règles générales de comportement au feu concernent le


dimensionnement des structures en bois exposées accidentellement au feu. La norme
détermine les profondeurs de carbonisation.

Par ailleurs, certaines règles plus particulières sont données concernant les poutres, les
poteaux, les murs ou encore les sols, et les jonctions bois-bois ou acier-bois.

57
ANNEXE 2.10 : La réglementation suédoise

Classe d’activité, répartie en 6 classes et 9 sous-classes.

CLASSES D’ACTIVITE EXEMPLES


Classe 1 : bonne connaissance des lieux, pas de sommeil Bâtiments industriels sans risques particuliers, bureaux
ne recevant pas de public
Classe 2 : mauvaise connaissance des lieux mais les occupants Ecoles (sauf maternelles), commerces, centre de
restent éveillés conférence, auditoriums, cinémas, restaurants, etc…
Clause particulière pour les discothèques et pubs
(consommation d’alcool)
Classe 3 : bonnes connaissances des lieux mais occupants ne 3A : habitations, logements foyers, logements pour
restent pas éveillés personnes âgées
3B : logements communaux
Classe 4 : mauvaises connaissances des lieux et occupants ne Hôtels, chambres d’hôtes, auberges
restent pas éveillés
Classe 5 : Pas de possibilité / capacité à se familiariser à la sécurité 5A : écoles maternelles
5B : hébergements des personnes handicapées
moteurs ou mentales
5C : Hôpitaux, cliniques
5D : prisons, hôpitaux psychiatriques
Classe 6 : probabilité accrue de survenue d’un incendie ou Usines, industrie du papier, textiles, de production de
propagation rapide bois, etc…

Par exemple, en classe 3 avec une bonne connaissance des lieux mais occupants qui
ne restent pas éveillés, on retrouve classé 3A : Les habitations, logements foyers,
logements pour personnes âgées, et classé 3B : logements communaux.

Les Classes de construction

Le règlement fixe des exigences différentes pour chaque classe de


construction.

58
ANNEXE 2.11 : La réglementation canadienne CNBC
Classification des bâtiments

59
ANNEXE 3.1 : Le contexte général des constructions
bois en France
Cette annexe reprend les éléments essentiels et ciblés pour la compréhension de la dynamique
de la filière bois validés par le ministère du logement. Il a été volontairement pris des extraits
du texte sans modification en retenant uniquement les parties qui permettent de comprendre
la place des IGH bois.

La volonté affichée de réaliser ce type de concept en France s’inscrit dans une dynamique
générale de développement de constructions qui allient des performances autour de plusieurs
critères définis notamment dans le cadre de la COP 21. Il est recherché à édifier des villes
durables dont les items suivants sont au cœur des réflexions des projets :
 diminuer les besoins énergétiques
 s’adapter au changement climatique
 réduire la pression sur les ressources naturelles
 éviter les pollutions environnementales
 apporter confort et bien-être aux habitants
 créer de l’innovation et des emplois pour la croissance verte.

A / Le site de la Fédération Nationale des Communes Forestières

http://www.fncofor.fr/bois-climat-signature-alliance-nationale-bois-construction-renovation-4_2886.php

Cette fédération est une association créée en 1933 qui représente plus de 6 000 collectivités
adhérentes : communes propriétaires de forêts, syndicats de gestion forestière,
intercommunalités, départements et régions.

Le 9 mars 2017, a eu lieu la signature de l'Alliance Nationale Bois Construction en présence de


la Ministre du Logement, d'élus locaux et régionaux, de l'ADEME (Agence de l'environnement
et de la maîtrise de l'énergie) et des acteurs de la filière bois. Cette initiative multi-partenariale
en faveur du bois dans la construction et la rénovation des bâtiments a pour ambition d'inciter
les maîtres d'ouvrage à utiliser le bois dans leurs opérations et constituer un cadre pour l'action
publique. Cette charte s'adresse à l'ensemble des maîtres d'ouvrages publics, privés et bailleurs
sociaux, aux maîtres d'œuvre, à l'Etat et ses opérateurs, aux collectivités territoriales, aux
professions et prescripteurs du bâtiment et aux acteurs de la filière forêt-bois.

Les performances carbones du matériau bois, ses caractéristiques énergétiques et


environnementales et de son potentiel de valorisation de la ressource nationale, le
développement du bois dans la construction et la rénovation des bâtiments sont des qualités
retenues pour atteindre les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone.

« Les signataires s'engagent à cofinancer une étude prospective sur la demande de matériau
bois dans la construction à horizon 2020-2030. De nouveaux adhérents pourront rejoindre
l'Alliance ultérieurement… »

B / Le site de la Cohésion des Territoires et la signature de l’alliance nationale

La page du site du ministère reprend les arguments de la fédération ci-dessus via ce lien :

http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/une-alliance-nationale-pour-favoriser-l-utilisation-du-bois-dans-la-
construction-et-la-renovation

Il est possible de télécharger la charte éditée par le conseil national de l’industrie - comité de
stratégie de Filière bois dont son contenu permet de mieux identifier les enjeux et notamment
ceux liés aux IGH Bois : « Le Bois pour le Climat » / Alliance Nationale : Bois Construction

60
Rénovation / Stratégie bas carbone et développement de la Filière Bois Construction &
Rénovation pour la transition énergétique et pour la croissance verte »

Le bois est associé à l’une des solutions pour répondre aux problématiques du climat. A ce
titre, il a été préparé et mis à disposition aux différents acteurs des arguments afin de favoriser
son emploi (annexe : « …Stratégie bas carbone et développement de la Filière Bois
Construction & Rénovation pour la transition énergétique et pour la croissance verte… »).

Dès le préambule de ce document de 27 pages, il est affiché la politique volontariste du


développement de la filière bois :
« - La filière forêt-bois est un pilier de la croissance verte française.
- Elle permet d’éviter et de compenser l’équivalent d’environ 20% des émissions françaises de
CO2 […].
- Cette filière est au cœur d’enjeux majeurs qui concernent l’ensemble de la société et joue un
rôle essentiel dans la transition climatique, écologique, et énergétique […] »
[…] Compte tenu des performances carbone du bois matériau, de ses caractéristiques
énergétiques et environnementales, et de son potentiel de valorisation de la ressource
nationale, le développement du bois dans ses usages les plus vertueux pour l’environnement
dans la construction et la rénovation des bâtiments (rénovation énergétique,
extensions, surélévations, aménagements intérieurs et extérieurs) est un axe
affirmé des politiques publiques, et un moyen pour atteindre les objectifs de la Stratégie
Nationale Bas Carbone. L’Alliance Bois Construction Rénovation Environnement nationale a
pour ambition de constituer un cadre pour cette action publique. »

Afin de consolider la stratégie, il a été mis à disposition des acteurs des boîtes à outils réparties
en 8 thématiques dont il sera repris qu’une partie de leurs contenus permettant une
compréhension du contexte pour notre étude :
 Les avantages et performance du matériau bois
 Mesures législatives et règlementaires
 Performance énergétique des bâtiments neufs
 Le Comité Stratégique de filière bois
 Les Plans Bois 1, 2 et 3 pilotés par la DHUP
 Le programme ARBRE : bois et rénovation des bâtiments
 Etude prospective sur les évolutions de la demande de matériau bois dans la
construction et la rénovation des bâtiments
 Point d’étape du plan industries de bois sur les immeubles de grande hauteur
en bois – octobre 2016
 Construction bois et ville durable

« Annexe 2 : Mesures législatives et règlementaires »

Cet item rappelle les principaux textes dont la loi n°2015-992 du 17 août 2015 relative à la
transition énergétique pour la croissance verte prévoyant que pour bénéficier du dépassement
des règles de constructibilité, les constructions doivent faire preuve d’exemplarité énergétique,
d’exemplarité environnementale ou être considérées comme à énergie positive (Décret N°
2016-856 du 28 juin 2016).

Il est également mis en avant les évolutions des textes concernant la sécurité
incendie dans le cadre des mesures de simplification concernant les modifications
de l’arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la protection contre l’incendie des bâtiments
d’habitation et l'ouverture claire à l'ingénierie incendie dans le cas de dispositifs
ou dispositions non pris en compte par la réglementation. Elle aborde également
le cas de construction en zone de risque incendie.

61
« Annexe 5 : Les Plans Bois 1, 2 et 3 pilotés par la DHUP »

https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/sites/default/files/2019-05/dgaln_plan_bois_novembre_2015.pdf

Le plan bois N°1 (2009-2014) a été engagé dans le but de démontrer les performances des
solutions bois et leurs capacités à répondre aux exigences techniques de la réglementation du
bâtiment. « Les différentes études de caractérisation des produits bois (solidité, acoustique,
résistance et réaction au feu, etc.), engagées en 2009, ont apporté des règles ou outils
prédictifs capitalisés dans les référentiels normatifs, et ont permis d’établir des solutions
constructives à base de bois performantes… Par ailleurs, un catalogue de solutions
constructives bois-construction et un guide pour la réhabilitation de maisons individuelles ont
été publiés... » (Soutien, financement : CODIFAB, France bois Forêt, ADEME/ Partenaires :
FCBA, le CSTB, Mobatek, Cerema).

« Annexe 6 : Le programme ARBRE / bois et rénovation des bâtiments »

Ce programme propose la mise en œuvre d’outils mis à disposition des maîtres d’ouvrages ou
maitres d’œuvres désireux de s’engager dans une opération de réhabilitation comprenant une
cinquantaine de fiches sur les produits bois ou associés couramment utilisés dans la
construction, le bois massif, le lamellé-collé, les différents types de panneaux dérivés du bois,
les fenêtres, les parquet, les différents assemblages (pointes, connecteurs, équerres,…), les
colles, les produits de finition ou de traitement, les isolants, les produits d’étanchéité, etc.

« Annexe 8 : point d’étape du plan industries de bois sur les immeubles de grande
hauteur en bois – octobre 2016 »

Le plan « Industries du bois » est porté par ADIVbois, Association pour le développement
d’immeubles à vivre en bois. Il vise à susciter des projets de construction de bâtiments de
moyenne et grande hauteur et d’aménagements intérieurs en bois, et à contribuer
ainsi à l’émergence de solutions pour la ville durable, en apportant des éléments de réponse
aux enjeux suivants :
 le stockage du CO2 et la réduction des émissions de Gaz à Effets de Serre sur le cycle
de vie du bâtiment ;
 la performance énergétique des enveloppes ;
 la densification de nos villes et, ainsi, la réduction de la consommation des espaces
naturels ;
 les avantages de la filière sèche en tissu urbain dense (eau, nuisances, rapidité, etc.) ;
 la valorisation d’un matériau biosourcé abondant sur nos territoires mais actuellement
sous-utilisé, avec une revitalisation des emplois concernés ;
 le développement d’une offre technico-architecturale française innovante et
concurrentielle à l’international.

« Le plan IGH bois de la Nouvelle France Industrielle vise à l’émergence de solutions bois dans
des immeubles de 10 à 15 niveaux, pour contribuer à répondre aux enjeux d’avenir sur la
construction et la ville durable. « Le plan « Industries du bois » […] est porté par ADIVbois,
Association pour le développement d’immeubles à vivre en bois […]. Il vise à susciter des
projets de construction de bâtiments de moyenne et grande hauteur et
d’aménagements intérieurs en bois, et à contribuer ainsi à l’émergence de solutions pour
la ville durable ».

Le Ministère de l’Ecologie de l’Energie et de la Mer et le Ministère du Logement et de l’Habitat


Durable contribuent au plan, en mobilisant la Direction de l’Habitat de l’Urbanisme et des
Paysages (DHUP) et le plan urbanisme construction architecture (PUCA), structure de
recherche et d’expérimentation, qui assure l’organisation d’un concours national pour la

62
sélection et l’insertion, sur des sites urbains volontaires, de projets lauréats d’IGH bois
démonstrateurs. Les ministères chargés de la forêt et de l’économie ont également soutenu le
plan comme vecteur d’une meilleure valeur ajoutée pour la filière forêt bois et pour les
essences françaises.

Le PUCA (Plan, Urbanisme, Construction, Architecture) a été créé en 1998 afin de faire
progresser les connaissances sur les territoires et les villes et éclairer l'action publique. Dans
cette optique, le PUCA initie des programmes de recherche incitative, de recherche-action, des
actions d’expérimentation et apporte son soutien à l’innovation et à la valorisation scientifique
et technique dans les domaines de l’aménagement des territoires, de l’habitat, de la conception
architecturale et urbaine et de la construction.

Un Appel à Manifestation d’Intérêt du PUCA a été lancé le 7 juin 2016 en présence


d’Emmanuelle COSSE, ministre chargée du logement, et de Stéphane LE FOLL, ministre en
charge de l’agriculture, pour identifier les sites volontaires pour servir de support à ce
concours. Il s’est achevé le 9 septembre 2016. Il a rencontré un vif succès, qui témoigne du
dynamisme de la demande de construction bois chez les acteurs de la ville durable. Les sites
lauréats et les sites partenaires ont été annoncés le 17 octobre 2016. L’impulsion amorcée par
ADIVbois avec les acteurs du développement urbain a entraîné une forte dynamique autour
des Immeubles à Vivre Bois : 36 sites ont répondu.

Au total, 24 sites répartis dans 12 des 13 régions métropolitaines françaises, accueilleront un


Immeuble à Vivre Bois.

Un concours national est lancé par le PUCA sur 7 sites depuis le 6 février 2017 (Le vade-
mecum de ce concours a été publié et présenté par ADIVbois le 27 février 2017). Les projets
lauréats bénéficieront d’études de qualification financées par le Plan, sur les aspects
techniques tels que structures, façades, thermique, qualité de l’air intérieur,
ingénierie de sécurité incendie, ingénierie vibratoire etc... Les équipes lauréates
pourront être sélectionnées par les maîtres d’ouvrage publics.

« Annexe 9 - Construction bois et ville durable »

Pour relever les défis climat et environnementaux […] le gouvernement favorise l’émergence
de projets urbains innovants, qui ont vocation à devenir, à l’international, la vitrine de
l’excellence française en matière de ville durable. Les projets bois, qui s’inscrivent
naturellement dans ces enjeux seront à l’avenir mieux promus et mieux évalués. »

63
ANNEXE 3.2 : Articles et communiqués
Exemples d’Articles de revues spécialisées ou de communiqués de presse
portant sur les constructions bois de grande hauteur

Date Titre de l’article ou du communiqué Source


Norvège : la tour en bois la plus haute au
26/08/2009 LE MONITEUR.fr
monde
→ article de communication de l’annonce de l’intention de construction d’une tour haute de 17 étages
→ construction commandée par un organisme étatique
→ bureaux, bibliothèque, théâtre et espaces dédiés à la création et à la recherche
→ symbole du grand nord : bilan carbone négatif / construction à partir de matériaux naturels ou
recyclés

Date Titre de l’article ou du communiqué Source


http://elioth.com/projets/tour-bois-silva-
bordeaux-euratlantique/
La plus haute tour en bois de France
2016 https://www.adivbois.org/wp-
Bordeaux, 2016
content/uploads/Fra_L_Tech_Communiqu
%C3%A9-de-Presse-Tour-Silva.pdf
Communiqué du site internet :
Concevoir le plus haut bâtiment bois de France, un défi pour Elioth. La tour Silva est un bâtiment de
logements bio-sourcé en R+17 dont les trois premiers niveaux sont un parking en béton et les niveaux
supérieurs en structure bois. Ce projet, sans précédent en France, s’inscrit dans une forte volonté
d’innovation de Bordeaux Euratlantique. Pour ce projet, Elioth a poussé les études de pré-
dimensionnement afin de garantir la sécurité et le confort des usagers en toutes circonstances.

Article ADIVbois abordant les sujets suivants :


- structure technique mixte
- valorisation technique mixte avec rapprochement des modes de construction plus traditionnel,
- minimiser l’intensité énergétique des constructions, utilisation d’une ressource locale => le bois

Date Titre de l’article ou du communiqué Source


La plus haute tour en bois du monde est en
18/03/2016 LE MONITEUR.fr
Norvège
Sujets abordés :
→ Tour Treet de Bergen en Norvège => 14 étages
→ association d’une structure poteaux-poutres en lamellé collé à des modules tridimensionnels (3D)
préfabriqués organisés en 4 étages fermés par des méga poutres en bois lamellé collé et recouvertes
par des dalles bétons préfabriquées séparant chaque module
→ ascenseurs et escaliers en panneaux de bois en CLT + balcons
→ pieux fondation en acier, sous-sol en béton (parkings)
→ sur socle béton / empilement sur quatre niveaux
→ les habitants ont aménagé en décembre 2015
→ projet accordé par autorité locale en 2009 alors que la réglementation n’autorisait que 9 étages
→ basée sur études d’ingénieries
→ calcul de la résistance au feu du bâtiment de 90 min structure et modules 3 D, sans ajout de plâtre
→ les pièces métalliques de connexion des poutres sont cachées au sein du bois et rendus
inaccessibles au feu par des joints intumescents.
- précautions supplémentaires prises : de la peinture intumescente protègent le bois des parties
communes
- système de sprinklers installé à tous les étages / cage d’escalier en surpression

64
Date Titre de l’article ou du communiqué Source
https://novae.ca/2016/09/la-
La plus haute tour en Bois du monde en plus-haute-tour-en-bois-du-
19/06/2016 monde-en-construction-a-
construction à Vancouver
vancouver/
→ structure et façade en bois
→ 18 étages / situé au cœur de l’université
→ principalement en bois lamellé collé
→ revêtement de la façade => 70 % en bois
→ premier bâtiment en bois de + de 14 étages
→ arguments avancés :
- immeuble qui permettra de réduire les émissions de gaz à effets de serre
- « démonstration éclatante des nouveaux débouchés que la technologie et l’innovation
ouvrent à l’industrie forestière »

Autres articles de presse ou de communiqués abordant les mêmes sujets ou traitant de


thématiques liées aux constructions bois de grande hauteur :

Date Titre de l’article ou du communiqué Source


https://www.batiactu.com/edito/gouvernemen
Tour en bois : le gouvernement dégage
21/12/2015 t-degage-pres-6-millions-euros-construction-
près de 6 millions d’euros
43124.php
Une tour de bois s'enracinera dans https://www.batiactu.com/edito/tour-bois-s-
01/07/2016
l'Eco-Vallée de Nice enracinera-dans-eco-vallee-nice-45557.php
IGH et Sécurité incendie : le monde de https://www.labo-promethee.fr/igh-et-
13/10/2016 la construction est-il à la hauteur des securite-incendie-le-monde-de-la-construction-
défis à relever ? est-il-a-la-hauteur-des-defis-a-relever/
https://www.batiweb.com/actualites/vie-des-
Sécurité incendie : le bois a-t-il sa place societes/securite-incendie-le-bois-a-t-il-sa-
03/02/2017
dans les immeubles de grande hauteur ? place-dans-les-immeubles-de-grande-hauteur-
2017-02-03-29822
https://www.batiactu.com/edito/securite-
Sécurité incendie des IGH bois : le point
14/02/2017 incendie-igh-bois-experts-francais-s-
de vue des experts français
enflamment-48028.php
https://www.batiactu.com/edito/durabilite-
Durabilité, sismicité et qualité, les
26/04/2017 sismicite-et-qualite-grands-enjeux-
grands enjeux de la construction IGH
construction-48913.php
https://www.pascaljacob.fr/single-
Immeubles de grande hauteur en bois :
post/2018/03/15/Immeubles-de-grande-
15/03/2018 prenons garde de ne pas griller les
hauteur-en-bois-prenons-garde-de-ne-pas-
étapes !
griller-les-%C3%A9tapes-
https://www.batiactu.com/edito/securite-
Sécurité Incendie : vers un escalier «
11/12/2018 incendie-vers-un-escalier-sanctuarise-dans-
sanctuarisé » dans les IMH
54701.php
Construction du plus haut immeuble
07/03/2019 bois de bureaux : palazzo merida de Magasine le point 2427
35 m / Nice pour fin 2019
L’immeuble en bois le plus haut du
monde est achevé
https://www.architecturebois.fr/batiment-
26/03/2019 En Norvège, la Mjøstårnet, le bâtiment
bois-haut-monde/
en bois le plus haut du monde, vient
d’être officiellement inauguré.
https://www.batiactu.com/edito/securite-
Sécurité incendie : les assureurs
03/04/2019 incendie-assureurs-militent-exigences-
militent pour des exigences renforcées
renforcees-56006.php
Du beau, du bon du bois :
- La construction adopte le
réflexe bois
- Du bois où on ne l’attend pas
26/04/2019 Revue Le moniteur du 26/04/2019
- Intérieur et extérieur manient
la langue de bois
- Le lamellé-croisé touche au
cœur de l’ouvrage

65
ANNEXE 3.3 : Les 11 démonstrateurs des Immeubles à
Vivre Bois
Colloque ADIVbois du 12 avril 2018

66
67
68
69
70
Saint-Étienne / îlot Soulié

71
ANNEXE 3.4 : État des lieux des connaissances du
matériau de construction Bois
Ce relevé est le résultat d'entretiens ou d'échanges avec des personnes consultées en raison
de leurs compétences, implications ou de leurs rôles dans la connaissance du matériau de
construction bois.

Les réglementations Françaises relatives à la sécurité incendie et le matériau de


construction bois

De manière générale, la réglementation incendie actuelle n’interdit pas totalement l’emploi du


bois. Elle impose dans certains cas quelques interdictions comme par exemple son utilisation
dans les cages d’escalier. La réglementation habitation est la plus permissive et peu
d’exigences sont imposées pour utiliser du bois (en dehors des 4ème famille).

Les règlements existants, et quel que soit le domaine (habitation, ERP ou autre…), ont été
écrits pour des matériaux de construction à faible potentiel calorifique intrinsèque (béton,
parpaing…) et ne sont pas spécialement adaptés pour des matériaux de construction
combustible de type bois.

Actuellement, l’arrêté du 31 janvier 1986 modifié concernant les bâtiments d’habitation permet
de construire jusqu’à 50 mètres sans mesure aggravante. Cet état de fait est préoccupant
compte tenu que des projets sont déjà construits ou en cours d’étude. Certains dossiers
affichent la stabilité au feu d’un immeuble de 4ème famille requise (01h30 d’exigé) en respectant
les courbes « iso » actuelles alors que ces dernières ne sont pas adaptées aux immeubles en
matériaux combustibles (bois). Des constructions bois sont parfois incorporées dans des
projets complexes formant des îlots urbains comprenant des immeubles d'habitation avec
l’ajout de forts enjeux (présence d’ERP à sommeil, PS couvert ou largement ventilé...). L’atelier
ADIVbois est à la fois conscient et surpris de cette situation d’autant plus que les SDIS sont
consultés uniquement dans le cadre de leurs compétences pour les bâtiments d’habitation et
relevant du code du travail, soit l’accessibilité et la DECI.

La logique opérationnelle concernant les bâtiments bois en sera impactée. D’autant qu’il peut
être constaté que beaucoup de bâtiments bois sont déjà construits alors que les travaux
d’ADIVbois ne sont pas encore publiés, ou que certaines obligations soient imposées aux
constructeurs.

Globalement, les matériaux de construction combustibles (et quelque part tous les matériaux
biosourcés) ne devraient pas être construits sans que des mesures complémentaires soient
prises.

Réglementation Canada (Québec)

Il a été fait le choix d’établir dans cette province une réglementation spécifique pour les
constructions bois qui prend en compte ce risque en fonction de la hauteur des bâtiments en
bois avec une graduation des mesures constructives et des dispositifs passifs ou actifs de
prévention. Des critères plus sévères ont été imposés selon la hauteur du bâtiment.

72
QUEBEC
Code de la construction spécifique aux France
constructions en Bois Habitation de 2ème famille
Bâtiment R+3
- Résistance au feu de 1h
- SF : ½ h
- Sprinkler
- Parois escalier CF 1/2h et matériaux M 2
- Alarme incendie
- 1 escalier désenfumé
- 2 escaliers

QUEBEC (Directive – Bois) France


Bâtiment R+6 à R+12 Équivalent => Habitation de 3ème famille
- Résistance au feu de 2 h
- revêtement et isolant extérieurs incombustibles
- Pas de bois apparent à l’intérieur
- SF : 1 h
- Sprinkler
- Parois escalier CF 1 h et matériaux incombustibles
- Alarme incendie
- 1 escalier désenfumé naturellement
- 2 escaliers + DF mécanique
- Vide de structure rempli par matériau
incombustible

Réflexion sur l’évolution de la réglementation

En comparant les réglementations étrangères, l’articulation des textes français actuelle est une
spécificité qui parfois aboutie à des incohérences. Dans le monde, le risque relatif à la sécurité
incendie est en général géré via un socle commun. Il est évoqué qu’il serait souhaitable d’aller
vers cette conception afin de clarifier le traitement des constructions bois. Cela permettrait
également de mieux prendre en considération des solutions novatrices favorables à l’écologie
et à l’environnement dans le cadre des protections thermiques. Ailleurs, c’est généralement le
ministère chargé de la construction qui règle ces questions.

Par exemple, la réglementation appliquée aux USA et/ou au Canada, est sensiblement abordée
de la même manière où il est séparé les constructions en matériaux incombustibles et ceux
combustibles.

Selon ADIVbois, les derniers dispositifs réglementaires mis en place permettent de déterminer
des objectifs de sécurité qui doivent être atteints en situation d’incendie. Par ce biais, il peut
être envisagé de laisser la possibilité de démontrer, quel que soit le matériau ou de la
conception du bâtiment concerné, qu’ils sont bien atteints. L’objectif principal est celui
d’assurer la sécurité des personnes : les occupants dans un premier temps, les intervenants
dans l’autre.

La place d'ADIVbois et la force des projets de note relatifs aux bâtiments multi-
niveaux

Les futurs documents cadres n’auront pas de portée réglementaire et s’adressent à tous les
acteurs. Ces préconisations viendront consolider les dispositions existantes dans le domaine
du droit souple.

L’association ADIVbois a été créée en novembre 2014 pour promouvoir la construction bois de
bâtiments de grande hauteur dont sa mission a évolué au fur et à mesure des débats. L’État
a participé avec un apport d’environ 6 millions d’euros afin de réaliser des travaux pour
accompagner des projets démonstrateurs. Une fois lancé avec l’aide du PUCA et d’organismes
locaux, une vingtaine de projets sont apparus mais il n’y avait pas d’IGH et concernaient
principalement des bâtiments d'habitation de 3ème et de 4ème famille, et quelques
ERP de moins de 28 m. ADIVbois a alors annoncé que les travaux étaient orientés

73
pour établir des règles minimales pour la faisabilité des projets afin d’accompagner
les architectes et les bureaux d’étude. L’esprit des travaux d’ADIVbois est orienté vers la
détermination d’un minimum de règles à destination de l’ensemble des acteurs afin que les
projets puissent émergés avec des niveaux de sécurité acceptables.

Actuellement, le ministère de l’intérieur suit les travaux d’ADIVbois. Bien que moins présent,
la DHUP suit également les évolutions. Tous les ministères concernés sont destinataires des
documents et leurs rédactions sont réalisées pour qu’ils puissent être rendus exploitables.

Lorsque les travaux actuels conduits par ADIVbois seront disponibles dans le domaine public,
les recommandations auront une valeur de règle de l’art, et qu’à défaut d’autre chose, il y aura
lieu d'appliquer les préconisations (recommandations). En cas de problématique, ces règles
peuvent éventuellement être retenues juridiquement. Il est suggéré par ADIVbois que le fait
de porter dans les avis rendus par les services instructeurs (BSPP, SDIS…) de manière
suffisamment transparente cette notion, sera une manière de rappeler que ces règles de l’art
existent et donc qu’elles devront être respectées.

Il est souligné que la parution d’un guide sans appui officiel pour son application risque
d’entraîner un phénomène d’existence de deux types de construction, et les maîtres d’ouvrage
pourraient être tentés de prendre comme référence la réglementation existante. Dans ce
contexte, il est possible que les projets retenus soient ceux qui coûteront le moins cher.

Au-delà du bois, c’est toutes les filières des matériaux biosourcés qui se trouvent dans ce
schéma dont certaines réunions sont organisées actuellement afin de valoriser leurs emplois.

Les constructions bois et l'ISI

Les solutions apportées par l’atelier d’ADIVbois s’adressent de manière générale à tous les
types de construction en bois (ERP, ERT, habitation jusqu’à la 4ème famille). La construction
d'IGH Bois, étant non autorisée règlementairement, a été rendue possible par le biais de la
note d'information du mois de juillet 2017 (V2) émanant du ministère de l'intérieur dont la
démarche relève du domaine de l'ISI.

Le groupe d'ADIVbois a travaillé pour définir en novembre 2018 un guide spécifique pour
l’application de l’ingénierie de sécurité pour les immeubles dont les IGH par ADIVbois / Atelier
Incendie (membre du CODIFAB - Comité Professionnel de Développement des Industries
Françaises de l’Ameublement et du Bois).
La méthode développe le comportement du bois structural dans un incendie. Les modèles
classiques de la méthode ISI prend en compte la charge mobilière lors de l’incendie. Ces
données d’entrée ainsi que les conditions de ventilation et autres vont permettre de calculer
des températures.

Le problème, rapidement détecté au début des tests, concerne les parois en bois du local non
protégées qui apportent un combustible supplémentaire graduellement en fonction du temps.
Bien que les outils de calculs soient en évolution en fonction des avancées des travaux, ils
doivent encore être modifiés pour prendre en compte l’ensemble de ces paramètres. Un
deuxième point doit encore être intégré dans ces outils qui est l’arrêt de la combustion.

Pour confronter les modèles, un essai sur parking en bois a été effectué par le CSTB ciblé sur
la combustion, la détermination des critères d’inflammabilité et l’extinction du bois. Ce qui a
permis de préciser le maximum de critères pour effectuer une démarche d’ingénierie pour les
constructions en bois.

74
Il est toutefois soulevé la limite de l’approche de l’ISI qui aboutit à un cahier des charges. Ce
dernier contient souvent des contraintes soit d’exploitation, soit enferme le projet dans ce qu’il
est. Et une évolution de la conception même du bâtiment peut impliquer une nouvelle étude
ISI.

La courbe ISO 384 relative à la résistance au feu pour les constructions bois

La courbe ISO 834 permettant d'établir le degré de résistance au feu d'un élément en bois
(CLT, ou autre) ne peut être retenue dans le cadre des constructions des IGH en Bois, car
l’arrêté de 2011 sur les IGH rend impossible l’utilisation de Bois pour la construction dont son
utilisation ferait dépasser largement la charge combustible limite imposée par le texte.
Aujourd’hui, la possibilité de construire des IGH en Bois est définie par la note d’information
de 2015 modifiée en 2017 du ministère de l’intérieur.

Dans la mesure où une démarche d'ISI est lancée, les caractéristiques de la stabilité au feu et
de compartimentage doivent être vérifiées avec des scénarios d’incendie réels qui seront pris
en compte dans l’étude. Cette démarche englobe les phases de développement du feu mais
aussi du refroidissement.

Lorsqu’on teste dans un laboratoire un élément en bois, ce dernier produit suffisamment de


chaleur et les brûleurs doivent être coupés pour respecter les critères de la courbe ISO. Ce
type d’essais n’est donc pas représentatif dans le cadre des IGH Bois. Une approche d’ISI doit
être réalisée lorsque on veut travailler sur les notions de compartimentage ou de stabilité au
feu dans un IGH.

Les prochains essais prévus dans le cadre d'ADIVbois

Les essais menés et validés concernant les façades en bois doivent être complétés du fait qu’ils
sont valables uniquement pour des locaux avec des parois incombustibles. Ils ne prennent pas
en compte les locaux comprenant des parois en bois. Les éléments de bardage pour les IGH
sont déjà définis (A2-s3, d0) par l’article GH 13. Il ne semble pas envisagé de déroger à ces
exigences (problématique du feu mais aussi d’entretien de vieillissement) par les acteurs de la
filière, conscients que prévoir des bardages bois en IGH serait contre-productif. Ils
s’adresseront par exemple plus particulièrement aux bâtiments d’habitation de 4ème famille
dans le cadre de l’évolution du futur cadre réglementaire.

Un des prochains essais dans le cadre d’ADIVbois concerne les assemblages. Il doit être réalisé
car l’Eurocode 5 portant sur le critère de la résistance au feu des structures en bois est limité
à 60 minutes pour la tenue au feu des assemblages. Un projet d’essais complémentaires (qui
ne couvrira pas tous les cas) est prévu pour des assemblages qui tiendraient jusqu’à 90 ou
120 minutes. Il est probable qu’il soit impératif de les protéger thermiquement pour atteindre
ces durées sans que cela devienne un élément beaucoup trop massif.

Aujourd'hui, il n’y a pas de perspective d’essais de locaux d’une certaine dimension de projeté.
Et du point de vue d'ADIVbois, il serait nécessaire de faire d’autres essais plus conséquents
mais le temps et le budget manqueront dans ce cadre.

Bien que certains essais ne soient pas réalisés, lorsqu’une démarche d’ISI est prévue, il nous
a été souligné qu’il est pris des valeurs conservatoires. Par exemple, cela peut être des
ajustements sur la vitesse de propagation du bois ou le flux thermique. Dans ce cadre, il y a
déjà eu des études en ISI sur les IGH qui ont été signées et qui n’ont pas fait l’objet d’essais.

75
La problématique des feux couvants, de l'incandescence et des interfaces

Deux axes forts sont en cours de développement pour répondre à ces problématiques du fait
des retours d’expériences de feux abordés lors des séances de travail de l'atelier incendie
d'ADIVbois, orientés notamment par les officiers de sapeurs-pompiers participant à ces
travaux.

 L’élaboration d’un guide sur les interfaces :


Un des risques principaux dans ces constructions concerne le passage des gaz chauds dans
les vides de construction via les jonctions plafond / cloisons ou dans certaines ouvertures, etc.
Ce guide abordera les garanties à prendre afin d’éviter en terme opérationnel de « courir après
le feu », dans l'hypothèse d'une propagation du feu dans les vides.

 La problématique des feux couvants et de l’incandescence :


Les outils de calcul actuels ont été adaptés pour prendre en compte l’extinction jusqu’à
épuisement de la charge mobilière mais pas au-delà. Pour un volume (local) avec quelques
parois en bois apparentes, il peut être démontré qu’après un certain temps, lorsque la charge
mobilière est épuisée, les flammes disparaissent. Mais cela n’induit pas l’extinction totale du
feu. Il est plutôt orienté par ADIVbois une réponse en assumant le fait que la finalisation de
l’extinction soit assurée par les secours en présentant les arguments suivants :
 L'ISI répond à l’objectif principal : le feu ne doit pas sortir d’un compartiment
et il ne doit pas prendre une ampleur insurmontable. Le feu reste confiné dans
un compartiment.
 La seconde phase d’incandescence est un phénomène relativement lent.
 Pour des problèmes d’acoustiques, les solutions apporteront des protections
supplémentaires comme des plaques de plâtre ou autre (voir vade-mecum).
 Dans une démarche globale d'ISI, si certains éléments en bois doivent être
protégés pour qu’ils ne brûlent pas, ils sont suffisamment dimensionnés par
rapport au risque incendie. Par exemple, les résultats ne s’arrêtent pas à se
satisfaire que du BA 13 est suffisant. La notion d’interface protection / bois doit
assurer des températures maximales à ne pas atteindre. L’annexe du projet de
note relative aux recommandations d’ADIVbois est à finaliser sur ce point. La
démonstration de l’ISI va jusqu’à la décroissance du feu pour admettre le critère
« infini ». Ce qui se solde que pour une protection de base de 60, 90 minutes
ou autre, que la protection sera augmentée.

La problématique du vieillissement de ce type de construction

Les travaux d’ADIVbois vont dans le sens de maximaliser la présence de protection de plaques
de plâtre. Mais les souhaits des architectes recherche plutôt que le bois soit apparent afin de
répondre à leur créativité.

Il a été évoqué comme axe de réponse que, par exemple pour des IGH HAB, des règlements
de copropriété avec des exigences plus fortes soient rendues obligatoires. Mais il vient la
question de comment contrôler cet aspect notamment en commission de sécurité.

Ces discussions ont été abordées également par ADIVbois dans le cadre des systèmes
d’extinction automatiques à eau qui pourraint être une réponse à ces sources d’inquiétudes.
Une étude est en cours sur ce point (CNPP / Efectis). Derrière cette proposition, la
problématique majeure est le maintien en bon état du système notamment dans le domaine
des habitations.

Pour l’instant, les réflexions sur les solutions d’extinction automatiques à eau que ce soit
sprinklage, brouillard d’eau ne sont pas suffisamment abouties et l’étude doit éclaircir certains

76
points. Il doit être débattu principalement le coût global par rapport aux enjeux et la quantité
d’eau déversée (y compris lors de la phase d’extinction des secours) qui peut engendrer des
problèmes de résistance de la structure et de pourrissement du bois par la suite. Le brouillard
d’eau pourrait être envisagé pour limiter la quantité d’eau déversée mais cette solution n’est
probablement pas la seule solution pour tous les cas car onéreuse.

A noter que les bâtiments en bois de plus de 28 mètres à l’étranger sont tous protégés par
une installation d’extinction automatique. Or il est argué par la filière bois d’une recherche du
coût global raisonnable pour rester compétitif avec les autres filières notamment dans le
domaine de l’habitation.

Pour la partie contrôle de manière large, le groupe ADIVbois est conscient de la problématique
et souhaiterait un soutien officiel plus affirmé sur cette réflexion. D’autant plus que toute la
filière redoute, en termes d’image, le contre-exemple comme l’effondrement d’un bâtiment de
grande hauteur lors d’un incendie et de mesures de sécurité qui ne seraient pas suffisantes.
Dans ce contexte large, les acteurs qui s’occupent de bâtiments de 3 à 4 étages souhaitent
s’en tenir au règlement actuel pour ne pas perdre les avantages du bois notamment pour le
côté compétitivité.

Les problématiques opérationnelles

Des retours d’expérience opérationnels visant à alerter les différents acteurs sur la potentielle
dangerosité d’un immeuble en bois que ce soit sur le territoire Français ou à l’étranger ont été
présentés dans le cadre de l’atelier incendie ADIVbois. Il a été choisi certains exemples ciblés
afin de déterminer les problématiques majeures concernant notamment la propagation vers
les tiers, la stabilité des ouvrages, les risques de propagation par les vides intérieurs, la réaction
au feu, des techniques opérationnelles de secours français à adapter au risque émergent.

Pour le côté tactique des secours, l’atelier incendie d’ADIVbois devait émettre des
préconisations mais, malgré la présence d’officiers sapeurs-pompiers de qualité, il manque à
cet atelier des moyens et du temps pour organiser les réflexions sur ce point.

La Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers a pris conscience que les moyens en eau
devront être redimensionnés par rapport à un bâtiment classique.

Certains pays ont déjà orienté des réponses comme les Nords Américains et les suédois dont
il peut être illustré quelques grandes idées appliquées par la province du Québec. À la suite
d’une histoire opérationnelle riche concernant les constructions bois (notamment après des
feux de quartiers qualifiés de conflagration), il a été mis en œuvre des tactiques
opérationnelles concernant ce risque qui a abouti à une évolution considérable des services de
secours. Il peut être pris comme exemple certains critères :
 Départ / Arrivée sur les lieux de plusieurs autopompes dans un délais extrêmement
court (inférieur à 5 min)
 Tactique opérationnelle basée sur au moins 3 autopompes équipées de deux pompes
chacune pouvant travailler soit en série, soit en parallèle selon le besoin afin d’obtenir
des débits et/ou pressions importants et d’avoir une force de frappe au niveau du feu
rapidement.
 une connaissance approfondie par le personnel des différentes constructions,
notamment en matière de construction bois afin d’adapter la tactique opérationnelle ;
 outre certaines techniques d’attaques similaires selon la situation (flash over,
backdraft…), présence d’un officier jugeant de la nécessité de travailler en tactique
offensive ou défensive ;
 la mise en place de tactiques particulières selon le type de construction :

77
o Par exemple, il peut être fait le choix de laisser brûler la construction au
maximum et de ne faire que la part du feu puis de faire tomber le reste du
bâtiment fragilisé.
o La mise en place de tactiques d’attaque avec ventilation la plus précoce possible
notamment pour les feux sous-ventilés. Cela impose la mise en œuvre en même
temps de dispositifs hydrauliques imposants (attaque en simultané avec des
lances de 2000 l/min, d’où la nécessité de travailler avec plusieurs autopompes
et un réseau incendie solide).

Les acteurs périphériques

Il peut être observé que les assurances ne sont pas représentées dans les groupes de travail
d’ADIVbois alors qu’il peut être déjà prédit que le coût d’un sinistre de ce type de bâtiment
sera élevé et que de certains pays édictent des règles en appui de ces dernières.

La Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France avait constitué un groupe de travail


relatif aux constructions bois. Cette initiative a été arrêtée du fait de la nature des travaux du
groupe d’ADIVbois dont les items se fusionnent. Le travail d’ADIVbois concerne tous les
bâtiments en bois et notamment ceux relevant de l’habitation dont ces derniers intéressaient
plus particulièrement le groupe de la fédération qui a pour ambition de participer aux travaux
d’ADIVbois. Elle se garde l’opportunité d’écrire sur le sujet en complément d’ADIVbois,
notamment via son groupe de travail prévention dont les points suivants seront probablement
abordés :
 souhait d’une réflexion sur les bâtiments d’habitation de 2ème famille. Le marché de ces
constructions bois représente 40 % du marché (notion de hauteur, renforcement de la
stabilité) ;
 les documents qui seront publiés par ADIVbois seront adoubés par la fédération

Les contraintes calendaires

L'atelier incendie d'ADIVbois retarde depuis plus d’un an la publication des notes. Mais il peut
être considéré que le projet actuel est proche de la version finale. Il doit être déterminé une
date de publication, même si ces documents doivent encore évoluer.

L’atelier incendie d’ADIVbois a été ouvert en 2015 pour une durée de trois ans et devait se
terminer en 2018. Cette échéance a été prolongée de deux ans supplémentaires et porte cette
échéance à fin 2020. Le financement de ces travaux provenant de l’État, les documents
devront être publiés avant fin 2020.

Les travaux d'ADIVbois sont attendus dans l'optique des jeux olympiques de 2024. Une
association spécifique existe et du fait qu’ADIVbois soit membre de cette association, les
travaux non finalisés pourront se poursuivre dans ce cadre.

Il semblerait que le coût d’une construction en bois soit annoncé avec un surcoût de 15 % par
rapport à une construction traditionnelle. Une sortie des textes est donc attendue vis-à-vis des
enjeux relatifs au village bois olympique dont les PC doivent être déposés en mars 2020. Ce
qui implique que la réception de la phase concours et décision est prévue vers le mois de
novembre 2019. Par la suite, les maîtres d'ouvrage vont avoir entre novembre 2019 et mars
2020 pour affiner leurs dossiers. Pour cela, il est souhaitable que les guides ou
recommandations soient disponibles fin 2019 pour que SOLIDEO (Page internet : « Livrer les
ouvrages olympiques et paralympiques, bâtir la ville européenne de demain » :
https://www.ouvrages-olympiques.fr/) impose que les projets doivent s’appuyer sur ces
références.

78
ANNEXE 3.5 : ADIVBois / le vade-mecum et ses ateliers
Le document est accessible depuis le site d’ADIVbois (www.adivbois.org/wp-
content/uploads/Vademecum-27022017.pdf). Il repose sur deux axes forts :
- rassembler les informations existantes afin de nourrir les projets,
- identifier les besoins à combler puis définir, lancer et encadrer les études nécessaires
pour nourrir le concept d’immeubles à « Vivre Bois »

Les travaux ont fait l’objet de nombreuses réunions d’information ou de dossiers de presse.
Une session inaugurale de présentation a été réalisée du 2 au 11 avril 2018 sur le thème
« habiter et bâtir en bois au XXI ème siècle » afin d’établir une synthèse sur l’état
d’avancement des premiers immeubles démonstrateurs. Les ateliers animés concernaient les
structures, l’incendie, l’enveloppe, l’acoustique et AMO technique. Il a été présenté lors de ces
séances l’étendue des solutions constructives entre la structure et le cadre de vie et entre
architecture et design.

Le groupe ADIVbois affiche la méthode et un calendrier ambitieux dès les premières réunions
pour résoudre les difficultés au travers ces différents compte rendu de réunion dès le
lancement des ateliers :
- « Référentiel technique : année 1 & 2 / 2016 et 2017 : lancement des ateliers et
rédaction du Vademecum, études de cas, échanges avec ateliers et bureaux de
contrôle (Coprec) et participation (support) au jury concours et journée d’information
lauréats.
- Essais génériques : années 2 & 3 / 2017 et 2018 : lancement d’études et essais génériques
filière bois (feu et ISI, structure et amortissement), analyse des projets lauréats afin de
définir les essais génériques basés sur des typologies effectivement rencontrées.
- Essais démonstrateurs : année 3 – 2018… : lancement des Cahiers des Charges adaptés
et réalisation des études essais, aide démonstrateurs et préparation mesures
démonstrateurs et REX »

Plusieurs ateliers sont constitués pour répondre aux objectifs fixés dont notamment :

L’atelier Structure

- L’étude de parangonnage :
- Les études de cas : études de 3 systèmes constructifs sur un même objet
architectural ;
 Cas 1 : Hôtel + Bureaux avec une structure en poteaux/poutres lamellé
collé ;
 Cas 2 : Logements avec une structure en CLT (noyau + refends) ;
 Cas 3 : Bureaux avec une structure en exosquelette ;
- VADEMECUM des immeubles à vivre bois ; les points saillants structures.

L’atelier Incendie : Joël Kruppa, JK Expertise incendie

Le bois, matériau combustible : les hypothèses de base des études et des réflexions générales
sont basées sur des critères physiques propres du bois pour répondre aux objectifs fixés par
la réglementation.

L’atelier Enveloppe : cet atelier a repéré des points saillants concernant le comportement
structurel et rappelé les références aux différentes règles de l’art. D’autres points sont
également mis en relief concernant les façades dont la nécessité de respecter les règles de

79
l’IT 249 ou les règles du C+D variables selon les réglementations, ainsi que les guides relatifs
aux façades bois. L’application de l’essai LEPIR 2 pour certains cas est rappelé. Un autre point
est mis en relief concernant les parements où il est préconisé des solutions différentes selon
la hauteur du bâtiment, si la façade est porteuse ou non, etc.

Le concept des immeubles à vivre bois


La première partie aborde le concept même des immeubles à vivre bois et en donne le
vocabulaire, les définitions, le contexte et présente les arguments et l’analyse de la place du
bois de la filière bois. Il peut être repris la définition précise de ce qu’est un immeuble à vivre
bois :
- la structure est en bois (système porteur vertical, et horizontal : planchers…) ;
- la structure et l’agencement intérieur font appel au bois et sont en interaction (ou ont
été conjointement conçus) pour créer une « ambiance Bois » ;
- le « charpentier / constructeur bois » et « le menuisier / agenceur » sont des
constructeurs-aménageurs qui répondent aux aspirations des modes de vie du XXIème
siècle en termes d’usage, de fonctionnalité, de parti-pris créatif, d’organisation et de
mutation des espaces (habitat, bureau, hôtellerie, etc.) ;
- vise à valoriser la palette d’essences disponibles notamment en France (résineux et
feuillus) dans la construction et l’aménagement / ameublement ;
- valorise et créé le patrimoine culturel et immobilier des Immeubles à Vivre Bois de
demain. » (Page 18 du VADEMECUM).

Il est présenté les points d’action architecturaux et de design travaillés autour du cadre de vie
créant des opportunités dont il est dégagé les notions d’Ancrage (l’implantation), de Canopée
(l’investissement de la partie supérieure des immeubles), d’Épiderme (pour une notion de
façade moins formelle avec un travail visuel) et de Structure servante (notion de flexibilité, et
d’évolutivité) décomposé en structure primaire (ensemble du bâtiment) et secondaire (celle
d’un logement par exemple) - page 39. Un principe important de ces immeubles est mis
en relief : sa capacité à être mixte, évolutif, participatif et évolutif.

État de l’art / Ingénierie conception technique :

La deuxième partie aborde la démarche de conception de la structure d'un immeuble en bois.


Il est évoqué des études réalisées : études de parangonnage et études de cas.

L’étude de parangonnage correspond à l’analyse des règlements français et de l’état de l’art,


canadien, anglais et suédois. 72 immeubles ont été étudiés dont 26 en France dont les sujets
abordés ont porté sur :
- la Technique (structure, sécurité incendie, enveloppe, acoustique, environnement,
durabilité / entretien, méthodologie) ;
- architecture / design / communication.

Il est réaffirmé qu'ADIVbois prévoit dans sa démarche d’accompagner la dynamique de


construction d’IGH pour mettre en évidence le potentiel de cette filière et de l'impulser. Il est
espéré une graduation dans la construction des bâtiments dont l'objectif des premiers est
d'atteindre 15 niveaux, présentant des qualités (structures et aménagements) de références
européennes.

Dès le préambule et tout le long de cette partie, il est mis l'accent sur les particularités des
BGH par rapport à un bâtiment classique et notamment dans les différentes solutions qui
seront à choisir selon son utilisation.

80
En premier lieu, une coordination des interfaces spécifiques des BGH doit être réalisée pour
aborder les thématiques de géotechnique, façade, vent, séisme, ingénierie acoustique et
incendie, ascenseurs, méthode de construction et tous les autres corps d'état technique
(réseaux).

Les sujets à prendre en compte sont multiples du fait des caractéristiques des différentes
possibilités de structures bois. Les études sur les structures doivent être menées par des
ingénieurs faisant preuves de connaissances approfondies. Par exemple, le matériau bois peut
avoir des comportements différents selon le matériau comme la variation dimensionnelle en
fonction de l'équilibre hygrométrique, la prise en compte de risque de traction, son critère
fibreux, etc. Il est mis en exergue que ces critères sont impérativement à prendre en compte
pour que la résistance mécanique de l'ouvrage et le maintien de sa géométrie dans le temps
soient garantis.

D'autres critères peuvent être identifiés afin qu’ils soient considérés comme bénéfices et
comme limites :
- le poids limitant le coût des fondations ;
- les déformations imposant des notions notamment de déplacement global en tête de
tour ;
- la hauteur inter étage. Ce critère est considéré comme impactant. L'épaisseur des
planchers d'un bâtiment en bois est plus importante qu'une construction traditionnelle ;
- la préfabrication et la mise en œuvre : ce critère est celui qui apporte des avantages
conséquents. Il permet d'assurer des chantiers propres (filière sèche), de réduire les
nuisances par rapport aux riverains, de limiter les accidents sur chantier et enfin de
réduire la durée de chantier.

Il existe plusieurs types de matériaux bois qui devront être employés selon les concepts des
immeubles et leurs intérêts. Il est utilisé des bois dit « massif » afin de concevoir la structure :
- le bois lamellé-collé (BLC) : l'intérêt de ce procédé est d'obtenir des pièces de grandes
sections ou avec des formes particulières qui peut atteindre jusqu'à 40 m par exemple ;
- Lamibois (LVL – Laminated Veneer Lumber) : c'est un matériau à vocation
essentiellement structurelle présentant des caractéristiques mécaniques variables mais
toujours élevés en matière de contraintes axiales (utilisation possible en
contreventement vertical, caisson, support de couverture / d’étanchéité...) ;
- Le CLT (Cross-Laminated Timber) : il est une variante du lamellé-collé de bois massif
dont l’orientation des fils est croisée, d'une couche à l'autre. Le CLT n'est pas un
matériau traditionnel. Il faut se référer aux avis techniques et documents techniques
d’application des fabricants pour avoir la justification de la résistance de ces éléments.

Les autres matériaux bois sont principalement utilisés pour des bâtiments de faible hauteur tel
que les panneaux contreplaqués, OSB (Oriented Strand Board).

En termes techniques, le document cite les caractéristiques générales du matériau bois qui
répondent à des règles précises normatives, ou faisant l'objet d'études spécifiques concernant
des critères tels que le fluage, l'amortissement.

Les éléments relatifs aux structures qui doivent faire l'objet d’une attention particulière
sont les assemblages. Les différents éléments en bois sont connectés de plusieurs manières
(contact entre pièces assemblées, juxtapositions ou insertion d'éléments additionnels...). Il
peut être employé des organes métalliques, assembleurs surfaciques ou des tiges encollés à
la résine epoxy). Il est énoncé deux points critiques :
- le comportement des structures à la raideur ;
- la protection au feu des assemblages. Il est proposé deux stratégies possibles pouvant
être associées : surdimensionner, à froid, l'assemblage ou protéger thermiquement. La

81
preuve des classes de résistance au feu doit être apportée par calcul ou justification
expérimentale.

La vigilance des acteurs est soulignée concernant la modélisation des assemblages qui doit
représenter le comportement réel du bâtiment. Ces points énoncés concernent les
constructions bois de manière générale. Dans le cas de bâtiments de grande hauteur en bois,
il est précisé que les assemblages sortent souvent des domaines d'emplois classiques. Les
essais permettant de caractériser de manière générale le couple résistances / raideurs de
connexions doivent être effectués (page 66).

Dans le monde, il est employé plusieurs systèmes structuraux :


- système de poteaux-poutres : réseau de poutres et poteaux reprenant les efforts
horizontaux et verticaux (hauteur maximale est d’environ R+10 / R+15 dont l'ajout
d'un noyau en bois permet d'atteindre une hauteur d'environ R+20 et en béton R+25)
- système de panneaux porteurs et contreventement par refends (la hauteur maximale
atteignable est de 32 niveaux)
- système d'exosquelette : systèmes poteaux-poutres + un ensemble de diagonales
placées au niveau de la façade pour la reprise des efforts horizontaux (la hauteur
maximale atteignable est de 35 niveaux)
- structures mixtes : combinaison du bois avec d'autres matériaux. Le principal
avantage est l'adéquation du béton avec un certain niveau de sécurité incendie. Ce
système est très rependu dans les immeubles déjà construits et en cours de
construction. L’avantage des structures mixtes permet à chaque matériau d'agir là où
il est le plus performant. C’est une structure optimisée (ex : noyaux en béton et tirants
métalliques)
- systèmes de planchers :
-> plancher bois nervuré : léger mais augmente l’épaisseur du plancher,
-> plancher CLT : léger, « équivalent » à une dalle pleine en béton, réduction
de l'épaisseur du plancher
-> plancher de planchers mixtes bois-béton : avantage de reprise des charges,
meilleure isolation acoustique, possibilité de systèmes mixtes avec des
configurations pleines (CLT) ou nervurées

Chaque système a ses points forts et points faibles qui seront choisis en fonction des
possibilités de l'aménagement de l'immeuble. Il a été réalisé trois études de cas d'immeuble
de grande hauteur en bois afin de détecter les points critiques et des recommandations à
destination des concepteurs et constructeurs qui ne peuvent pas être transposés directement
dans les projets qui doivent faire l'objet de réflexions et d'études spécifiques. Les études de
cas concernent trois items principaux :
- systèmes poteaux-poutres encastrés ;
- système avec des voiles de refends (En CLT) ;
- système en exosquelette.

82
Le principal avantage des immeubles en bois est une diminution du poids (environ 30 % en moins)
de la structure qui peut permettre des fondations moins onéreuses. Les infrastructures du BBGH
sont réalisées de manière traditionnelle en béton. Cet atout peut être utilisé quand les terrains
présente une faible capacité portante, il est souhaité une augmentation du nombre d'étages pour
un terrain donné, l’allègement d'ouvrage de transfert de charge est nécessaire.

Les caractéristiques concernant les produits ou procédés de construction relèvent du domaine


normatif et sont donc d'application volontaire et bien souvent rendus obligatoires par les
pièces particulières de marchés et les assurances. Les DTU (Documents Techniques Unifiés)
permettent le calcul du dimensionnement des ouvrages. Les références de ces divers documents
références en la matière sont abordés dans le vade-mecum. Un paragraphe précise les notions
d'avis de chantier et technique (ATEx et ATec).

D'autres dispositions affectant les structures doivent être prises en compte comme les réservations
dans les poutres et les réservations dans les panneaux CLT.

Il est cité un certain nombre de points qui sont à surveiller soit de manière périodique ou soit par
des mesures locales :
- tassement vertical ;
- comportement dynamique bâtiment ;
- performance thermiquement ;
- performance acoustique ;
- déformations ;
- forces / pressions ;
- variation d'humidité du bois ;
- comportement dynamique des planchers ;
- assemblages.

Incendie :

Le postulat de base du vade-mecum est qu'en matière incendie, la structure doit respecter les
règles de sécurité incendie dont les principaux éléments à prendre en compte sont :
- la résistance au feu : solution du traitement par le calcul ou ajout d'autres produits
pour protéger la structure ;
- la réaction au feu : dans certaines zones de l'immeuble, il peut être nécessaire de
prévoir des matériaux incombustibles ;
- mise en évidence pour les IGH que la masse calorifique de la structure doit
être limitée et que la règle du C+D doit être respectée.

83
Le document met l'accent sur le traitement des détails, notamment pour empêcher le passage
des gaz chauds d'un local à l'autre et limiter drastiquement les risques de combustion lente dans
les zones non visibles pouvant provoquer des feux plusieurs heures après que les foyers principaux
soient éteints par les pompiers. Une conclusion majeure s'invite dans les constats : tous les
« corps creux » sont à éviter impérativement.

Quelques repères physico chimiques qui intégrés dans les études sont rappelés :
 A 150 °C pendant un temps suffisamment long, le bois peut commencer sa pyrolyse. Au
cours de la pyrolyse du bois, des gaz se forment ;
 De 225 °C à 325 °C : des réactions légèrement exothermiques commencent ;
 De 325 °C à 375 °C, d'autres réactions exothermiques apparaissent et sont dues à la
dégradation de la cellulose ;
 De 375 °C à 500 °C : la transformation devient fortement exothermique et le bois évolue
vers le charbon de bois ;
 Au-delà de 500 °C, la production de gaz diminue considérablement et celle de charbon
augmente ;
 Au-dessus de 1000 °C, les gaz émis sont principalement du monoxyde de carbone (CO)
et du dihydrogène (H2) et sont fortement inflammables.

Il est synthétisé les deux possibilités offertes aux constructeurs afin d'atteindre les objectifs :
- soit la mise en œuvre des exigences descriptives citées dans les différentes
réglementations
- soit de recourir à une approche d’évaluation des risques en faisant appel à l'ingénierie
de la sécurité incendie afin de démontrer que le projet atteint le même niveau de
sécurité en situation d'incendie qu'une construction courante.

Pour les IGH, il est explicité les points du règlement entrainant d’une part, la limitation
relative à la charge calorifique immobilière (art GH 16) et, d'autre part, l'imposition de
l'utilisation de matériaux classés A2-s1,d0 pour les cages d'ascenseurs (art GH17), les
plafonds (art GH 21), les parois support de revêtements de sol et de parois latérales
(art GH 22). Ces limitations ne permettent pas le recours à la construction en bois
massif sans une démarche en ingénierie de la sécurité incendie.

Le bois étant un matériau combustible, sa réaction au feu varie selon l'essence, l'humidité et
l'épaisseur de l'élément, entre D-s2,d0 et C-s1,d0, soit M3 ou M2 selon l'ancienne classification
française. Des informations détaillées sur les performances de réaction au feu du bois sont
disponibles dans des publications spécifiques "Réaction au feu des bois massifs en parements
extérieurs et intérieurs".

Il est abordé également les possibilités et le cadre de définition pour que les éléments de
construction présentent les caractéristiques de résistance au feu attendues pour le
compartimentage. Il est cité le cadre normatif des essais et abordé le cas particulier du CLT
non traité dans la version actuelle des Eurocode. Il est précisé qu'il est nécessaire d'avoir un
avis de laboratoire.

En fin de cette partie, il est énoncé, que compte tenu du manque actuel de connaissances
scientifiques, il faudra privilégier l'encapsulage, de manière telle que l'absence de
combustion de la zone d'assemblage soit assurée pendant toute la période de résistance
au feu requise, validée par un avis de laboratoire agréé. Pour toute autre solution technique
qui permettrait d'atteindre des performances REI 90 voire REI 120, le recours à l'essai (arrêté
du 22 mars 2004) est nécessaire.

84
Pour les fermetures / rebouchages dans les parois qui doivent justifier de classes de résistance
au feu, telles que des blocs-portes, volets, clapets, calfeutrement de pénétrations, il est
nécessaire de n'utiliser que des éléments ou procédés de construction dont les performances
en situation d'incendie sont parfaitement justifiées pour des conditions aux limites
représentatives d'éléments de compartimentage en bois.

Le comportement global, en situation d'incendie, d'une construction, dont les constructions en


bois, est également conditionné par le soin apporté, tant au stade de la conception qu'à celui
de sa mise en œuvre, aux jonctions entre éléments constitutifs.

L'emploi du bois en solution d'ingénierie :

Selon l'approche alternative devant être mise en œuvre, la démarche suivante est conseillée
(voir également "Action 01 – Formulation de la méthodologie générale - http://www.pn-
isi.fr/Default.aspx " et norme NF-ISO 23932) :
- Identification des objectifs de sécurité à atteindre et proposition des critères de
performance à utiliser,
- Sélection des scénarios d'étude (scénario d'incendie et, le cas échéant, scénario de
comportement humain),
- Proposition de solutions alternatives aux exigences descriptives concernées.
Bien souvent ces propositions devront prévoir des mesures de protection incendie
complémentaires pour compenser le risque accru dû à l'emploi de matériaux
combustibles,
- Analyse, avec les outils de l'ingénierie de la sécurité incendie, de la possibilité (ou
non) d'atteindre les critères de performances retenus, pour chacun des scénarios
d'étude sélectionnés.

Une telle approche, dans la mesure où elle concerne des objectifs réglementaires de
sécurité des personnes et du voisinage, doit être présentée aux autorités compétentes
dès les études de conception et doit faire l'objet d'un accord final de ces mêmes
autorités.

Extrait du CR du 12/04/2018

« …Si le nombre de parois à protéger pour atteindre l’arrêt de combustion du bois


structural est trop important, ou la sévérité du feu conduit à des éléments structuraux
ou de compartimentage trop massifs, ou la protection à apporter aux parois protégées
est trop conséquente, la mise en place d’un système d’extinction à eau peut être une
solution… »

AUTRES CONSIDÉRATIONS

Bien que la réglementation descriptive permette d'utiliser des éléments de constructions en


bois apparent dans tous les locaux autres que les dégagements et circulations, pour les
bâtiments d'habitation de grande hauteur, compte tenu de la stratégie de sécurité incendie
qui conduit généralement à ce que les habitants, autres que ceux de l'appartement incendié,
restent dans leur logement, il est nécessaire de prendre toutes les mesures possibles
pour éviter une propagation rapide de l'incendie. Une manière de limiter la
contribution du bois structural au développement de l'incendie est de mettre en
place un encapsulage partiel ou total.

85
Lorsqu'elle est protégée de façon adéquate, les leçons que l'on peut tirer de sinistres à
l'étranger montrent que l'incendie dans une construction en bois massif est généralement
limité au local d'origine du feu. Cependant, c'est en phase de construction, lorsque ces
mesures de protection ne sont pas encore mises en place, que le bâtiment peut
être vulnérable ; quelques sinistres ont montré que le bâtiment pouvait alors être détruit
dans son ensemble. Des mesures appropriées doivent donc être mises en œuvre dans cette
phase de construction pour limiter le risque d'incendie.

ENVELOPPE DU POINT DE VUE DE LA SÉCURITÉ INCENDIE

Il est proposé de parcourir l’environnement technique de la conception et de la réalisation des


enveloppes des immeubles en bois de grande hauteur. Cet environnement réglementaire et
normatif ainsi que l’état de l’art concernant les enveloppes en bois pour des bâtiments de
grande hauteur, c’est-à-dire dépassant les 6 à 8 niveaux réalisés récemment, sont en cours
d’élaboration, pour partie incomplets, et pour partie à l’état d’expérimentation. Ils font l’objet
de débats afin de les faire évoluer qui ne sont pas encore conclusifs.

Cette situation, doit inciter les concepteurs à être particulièrement vigilants lors
de la mise au point de tels ouvrages quant à la nature des référentiels sur lesquels
ils s’appuieront et sur l’étendue des démarches de validation à mener pour combler
les lacunes de ces référentiels et des retours d’expérience.

Il est par ailleurs souligné que la notion de grande hauteur est une notion progressive, que
l’on peut faire débuter à partir des réalisations actuelles de 6 à 8 niveaux. Les contraintes
augmentent avec la hauteur qui réduisent progressivement le nombre de solutions capables
de satisfaire aux exigences.

L’IGH représente un cap supplémentaire important dont les règles de sécurité incendie
durcissent notablement les critères, jusqu’à être potentiellement rédhibitoires. Ce cap devrait
être abordé ultérieurement et après des expérimentations intermédiaires en ce qui concerne
les parois de façade en bois.

La réglementation IGH interdit l’utilisation du bois pou les façades, par la limitation de la masse
combustible et de la réaction au feu des matériaux et produits constituant la façade. Il est
cependant envisageable d’obtenir la validation de systèmes dérogeant à la réglementation,
par des essais au feu LEPIR 2 et par des études d’ingénierie spécifique. Cette démarche est
rendue possible dans le principe par une note ministérielle (voir § 2.2 du VAEDEMECUM). Elle
est néanmoins potentiellement lourde en termes de moyens et de délais.

Les référentiels normatifs existants sont généralement insuffisants pour encadrer la réalisation de
façades de bâtiments de grande hauteur. Dans le meilleur des cas, ils ne permettent pas
d’aller au-delà de 28m, et les limites d’utilisation en hauteur sont variables et souvent
inférieures.

86
ANNEXE 3.6 : La sécurité incendie des immeubles en
bois
---------------------------------

Colloque de sciences appliquées au SP du 03 avril 2018 M. Stéphane


Hameury (CSTB)

---------------------------------

Il est repris dans cette annexe la présentation disponible sur internet qui a été dispensée en
2018 par M. Hameury Stéphane du CSTB. Elle permet de réaliser une synthèse de l’état des
lieux des connaissances scientifiques sur le plan national concernant le comportement des
constructions bois et en particulier de grande hauteur.

Cette synthèse éclaire sur l’avancée des travaux initiés par la filière bois mais également met
en lumière les sujets restants à aborder ou à traiter afin de réaliser ce type de construction
dans des conditions de sécurité suffisantes.

Ce document propose soit les propos tels qu’ils ont été donnés par le conférencier ou soit un
résumé par rapport à l’intérêt de notre étude.

---------------------------------

Présentation du
comportement en
situation d'incendie des
bâtiments bois et en
particulier de grande
hauteur

https://youtu.be/GiNG3NFQzOA

Le bois dans la construction : Structures primitives

Matériau ambivalent :

Le bois entre aujourd'hui dans un type de technologie avec des systèmes constructifs
nouveaux.

87
Dans l'imaginaire et l'histoire on peut raccrocher le bois comme des constructions
simples qui ne durent pas longtemps (plutôt pour les petits budgets), ou encore comme
matériau permettant de pouvoir construire en se déplaçant rapidement comme dans la
conquête de la chercher de l'or. Mais aussi comme un matériau pour des constructions
de prestige comme par exemple les chalets en montagne

En outre, le bois est considéré comme "le matériau du développement durable" (RT
2012, futur Label E+C- qui préfigure les bâtiments de demain qui vont chercher à
diminuer le contenu carbone de ces bâtiments et donc les matériaux biosourcés auront
une place importante à prendre).

Extrait RT 2012 :
Conformément à l'article 4 de la loi Grenelle 1, la RT 2012 a pour objectif de
limiter la consommation d'énergie primaire des bâtiments neufs à un maximum
de 50 kWhEP/(m².an) en moyenne, tout en suscitant :
- une évolution technologique et industrielle significative pour toutes les
filières du bâti et des équipements,
- un très bon niveau de qualité énergétique du bâti, indépendamment
du choix de système énergétique,
- un équilibre technique et économique entre les énergies utilisées pour
le chauffage et la production d'eau chaude sanitaire.

Extraits définition Label E+C- : à la suite de l’accord de Paris à l’occasion de la


COP 21, l’État et les acteurs de la construction se sont engagés vers une
ambition sans précédent pour produire des bâtiments à énergie positive et bas
carbone. La France place le secteur du bâtiment au cœur de sa stratégie pour
relever le défi du changement climatique.

Afin de généraliser les bâtiments à énergie positive et à faible empreinte


carbone, l'État a lancé un label volontaire dédié à la valorisation de ces deux
objectifs : le label Énergie + Carbone - (E+C-).

Cette future réglementation viendra remplacer en 2020 l’actuelle


Réglementation Thermique 2012 (RT 2012).

Le bois dans la construction : l'histoire d'une ambition réaffirmée

Pourtant le bois est très présent dans notre civilisation et très technologique.

Il peut être cité les structures en lamellé collé modernes qui ont fleuries au début du
19e siècle avec des brevets déposés depuis 1906. Exemple : gare ou aéroport construits
avec des structures en bois avec une bonne durabilité.

88
Système à ossature en bois :

La recherche de construction avec système à ossature en bois a été initiée en


Amérique du Nord. Il a pour but d'utiliser le matériau là où il est pertinent. Dans
ces systèmes, les sections bois ont largement été diminuées avec une
protection au feu passive rapportée réalisée en matériau de plâtre. Ce
type de technologie pose un problème de robustesse. Dès qu'une protection est
perdue dont la protection en plâtre, les sections de bois résiduelles peuvent ne
pas résister longtemps à un incendie :
=> la conception de l'ouvrage et sa mise en œuvre doivent être
irréprochable pour assurer une pérennité et un bon comportement de
l'ouvrage dans une situation d'incendie.

CLT :

Ces dernières années, pour


apporter de la robustesse aux
ouvrages, il a été décidé de
développer des systèmes
constructifs très innovants de
panneaux massifs contrecollés
(CLT – Cross Laminated Timber /
bois lamellé collé croisé) qui
consistent à empiler des couches
de bois les unes sur les autres à
90° pour reproduire des murs
préfabriqués en bois massifs.

Le CLT est choisi du fait qu’il apporte de la performance mécanique et de la robustesse


au système.

Ce concept constructif est prisé en raison de ses caractéristiques et de sa


résistance équivalente à un mur béton en banc d’essai, mais aussi pour sa
production en usine comme prêt à poser :
=> transposition quasiment directe des plans d’architecte en plans
d’usinage à commande numérique comprenant ouvertures,
réservations, perforations…
=> chantier : montage sur chantier effectué avec des connecteurs
d’où une durée de chantier et un nombre d’ouvriers nécessaires
considérablement réduits (10 min à 3 ou 4 ouvriers pour positionner
un mur CLT), faible nuisance sur le chantier, meilleures performances
énergétiques
=> un mode de construction présenté comme répondant aux
exigences de la COP 21
=> mode de construction possible sur sols peu stables ou pollués
=> une résistance mécanique qui autorise de construire en bois à des
hauteurs importantes
=> une résistance au feu supérieure aux constructions légères en bois

Mais pour autant aussi du combustible : le volume de bois est largement plus important
que le système à ossature bois plus léger qui pose bien évidemment des questions
concernant la sécurité incendie.

89
Ces systèmes étant très performants dans les ouvrages de grandes hauteurs, ils sont
largement déployés dans le monde entier avec une course à l’international
à la hauteur.

Illustrations de projets (existants et à venir) :

Existants :
- Treet Tower – Bergen en Norvège de 14
étages proche de 50 mètres aujourd'hui
habité (bâtiment d'habitation) réalisé avec
des panneaux en CLT et un système en
exosquelette en lamellé collé,
- MURAY GROVE TOWER : un des premiers
bâtiments de grand hauteur (9 étages) à
Londres en CLT,
- En France, Bâtiment Jules Ferry de 8
étages à St Dié des Vosges qui à la
particularité d'être isolé par de la paille par
l'extérieur rapporté sur une structure en CLT
fermé ensuite par un bardage en terre cuite
ou en bardage bois.

Plan national pour la nouvelle France


industrielle qui vise à monter en hauteur
avec des projets soit avancés ou en
construction :
- deux tours sur Bordeaux (Sylva et
Hyperion) – Bâtiment d’habitation 4ème
famille => Contraintes réglementaires un
petit peu moins sévères que celles de
l'IGH. Ce qui fait qu'aujourd'hui les
architectes se limitent à ce type de
bâtiment (< à 50 m).
- îlot bois à Strasbourg en CLT,
- foyer logement – Marne la Vallée prévu
vers 2020 (R+10 réalisé en exosquelette
lamellé collé).

Cela préfigure les bâtiments de demain


dont certains dans le monde existent déjà :

- Brock Commons – Vancouver, Canada –


18 étages, 2016,
- Projet au Japon avec l’ambition de réaliser
un bâtiment de 350 m (70 étages) à
l'horizon de 2041.

Cela traduit l'ambition de la filière bois complètement affirmée et il est recherché à


accompagner cet élan autour de la question de la Sécurité Incendie.

90
Le bois est un matériau à la foi Combustible et Stable au feu

Le Bois est un matériau


combustible :

Il va contribuer au développement du
feu en particulier lorsqu'on utilise un
système en CLT.

Le potentiel calorifique contenu


dans ces systèmes constructifs
peut être dangereux et donc il va
falloir les sécuriser.

Stable au feu, résistant au feu :

Prédictible dans son comportement


vis à vis de sa résistance au feu

- Les outils modernes de calcul, que


sont les Eurocodes, permettent de
prédire la durée de stabilité d'un
ouvrage en bois sous feu
conventionnel avec ou sans
protection passive rapportée de type
plaque de plâtre (qui vont avoir
tendance à tomber au bout d'un
certain temps) et contribuer à la
protection globale.

Un feu conventionnel est un feu normé répondant à une courbe (temps / températures) maîtrisée. Or
ces modèles ne répondent pas totalement à des feux réels. Aujourd'hui, les Eurocodes
amènent peu d'élément d'appréciation pour réaliser les calculs.

Accepter l'alternative au cadre réglementaire :

Un certain nombre d'acteur (public ou privé) travaille pour sortir du cadre réglementaire d'aujourd'hui
pour se poser les questions fondamentales du comportement de ces ouvrages vis à vis d'un incendie :

91
 Sortir du cadre prescriptif pour les constructions IGH bois :
 volonté du ministère de l'intérieur au travers de la note d'information du
27/07/2017 ;
 souhait de faire remonter l'ensemble des projets construits en France pour
pouvoir les étudier à l'échelle nationale sur leurs performances.
Performances : vérifier le comportement et la stabilité de l'ouvrage sous
un feu réel et cela pour une durée infinie qui renvoi à l'ISI qui doit
démontrer que quel que soit l'incendie auquel est confronté l'ouvrage. Ce
dernier est capable de résister sans intervention des services de secours.
L’objectif est de résister à un feu à une durée pratiquement infinie.

 L'association ADIVbois, qui accompagne ces projets de grandes hauteurs, se


pose les mêmes questions pour sortir du cadre réglementaire actuel pour les
bâtiments entre 28 et 50 mètres d'habitation car moins exigent, et de sortir du
cadre prescriptif et préconise le recours à l'ISI :
La crainte est d’utiliser le règlement de 1986 à la lettre sans se
poser les bonnes questions. La démarche de l'association est plutôt
de comprendre comment fonctionne ces nouveaux bâtiments. Ce qui n'est
pas confortable car se poser des questions scientifiques de fond ne vont
pas de pair avec la volonté de construire rapidement ce type d'ouvrage.

 La loi ESSOC va proposer des alternatives au règlement de sécurité prescriptif


par l'approche de résultat qui peut être intéressant pour étudier ces ouvrages.

L'ensemble des acteurs d'ADIVbois sont partisans de cette approche :


- sortir du cadre réglementaire ;
- comprendre comment fonctionne ces bâtiments sur le plan de la
physique ;
- adapter les stratégies de mises en sécurité et les tactiques
d'opération.
Accompagner l'acquisition du savoir

Essais sur un PSLV en bois :


Des essais effectués par le CSTB ont été menés en
collaboration avec Arbonis (filiale de construction
bois Vinci) sur des PSLV en Bois pour comprendre
comment se comporte ce type d'ouvrage en
situation d'incendie sous deux angles :
- comment le matériau bois s'enflamme
(conditions d'inflammation) ?
- quelles sont les conditions d'extinction ?
Ce critère est important du fait qu’il est
recherché à démontrer que cette
structure, qui est en matériau
combustible, est capable de s'éteindre
d'elle même sans l'intervention des
secours, soit en déduire que la stabilité
est infinie.

Les travaux ont été effectués à différentes échelles jusqu'à la simulation du feu du
PSLV à l'échelle 1. Ils ont abouti à des données représentables par une courbe qui
répond à la tendance du comportement du bois (flux / température) permettant de
définir si le matériau bois, selon des conditions données, s'enflamme ou pas. Ces
données vont être injectées dans des logiciels pour reproduire les phénomènes dans
un bâtiment. Une comparaison a été effectuée entre les prédictions du logiciel
en réalisant un feu réel sur un PSLV en bois dont les résultats se recoupent bien :

92
- extinction des voitures au bout d'une heure ;
- développement du feu pendant 5 heures avec la présence d’incandescences
et un bon comportement global de la structure.

Ces tests ont mis en évidence que les modèles sont capables de simuler
l'extinction de la flamme, mais pas l'incandescence. Quand la flamme
s'éteint, il ne peut pas être considéré que l'incendie est complètement éteint
car il perdure toujours un phénomène d'incandescence.

Étude sur les bâtiments de grande hauteur en s'appuyant sur un groupement (EFECTIS
/ CSTB) pour le compte d'ADIVbois :

But : fiabiliser les méthodologies de simulation en s'appuyant sur des essais qui
ont été réalisés à l’international puis sur l'exploration des différents modèles de
simulation

Essais basés sur la


construction d'un logement
en CLT dans lequel il est placé
des produits d'aménagement
puis il est mis le feu. Une
hotte calorimétrique récupère
l'ensemble des gaz et des
effluents pour mesurer les
débits calorifiques avec la
présence de thermocouples
afin d'analyser l'évolution de
la température dans ces
locaux.

Les essais donnent


différentes courbes selon que
les parois en CLT sont
apparentes ou pas. De
manière générale, moins il 'y
a de surfaces apparentes,
plus la structure résiste au
feu. Certaines conditions de
protection passives
permettent l'extinction
thermique de la flamme
jusqu'à extinction du feu de
lui-même.

93
- Les tests doivent être affinés en raison de l’observation d'un palier à environ
10 min : dans un premier temps, la température augmente en début de feu,
puis s'abaisse brusquement. Cela reflète les conditions de sous ventilation du
local (présence de gaz de pyrolyse qui ne brûle pas car il manque d'oxygène).
Ce qui pourrait se traduire par une diminution de la puissance du feu dans le
local. Ce n'est pas toujours le cas dans la réalité et il peut être raisonnablement
établi qu'on aurait des températures plus importantes. Cet aspect pose un
problème pour l'instant car il n'a pas de vrai sens physique. Les
modèles d'aujourd'hui ne sont pas tout à fait fiables.

- A ce stade des études préalables (2018), il est avancé que si la surface bois
(mur, plancher, plafond) représente environ moins de 30 % de la surface
développée totale, l'objectif d’extinction de la flamme est réalisable.

Méthodologie / Logigramme :

94
 À la suite de ces essais et de ces travaux, il a été développé une méthodologie sous
forme de logigramme à suivre pour tester l'ouvrage dans le cadre des futures études
ISI.
 Globalement, tant qu'il n'y a pas d'extinction de la flamme, on augmente la surface
protégée par des matériaux inertes. S'il y a extinction, il peut être considéré que la
stabilité peut être infinie.
 Il reste à démontrer que la stabilité mécanique est atteinte, et pour cela il est récupéré
les actions thermiques et il est procédé à un calcul thermomécanique standard qui
permet de vérifier que la capacité de la structure à maintenir sa stabilité.

Conception des façades :


- l'augmentation de bois dans un
local entraîne un risque
d'augmentation de la température
- figure en haut à gauche :
sans contribution de bois ;
- figure en bas : toutes les
parois sont en bois.

- la présence de bois provoque


davantage d’imbrûlés et il se
produit des panaches de flammes
au niveau des façades plus
importants.

Ce problème doit être


appréhendé lors de la
conception de la façade vis à
vis du risque de propagation du
feu par la façade. L'action
thermique ne sera pas la même
que pour une construction
traditionnelle.

- Guide des constructions des façades bois du CSTB

Il est rappelé lors de cette


présentation que ce guide se
limite aux locaux dont les
parois sont complètement
protégées par des parois de
plâtres.

Lorsqu’il y a présence de bois dans


le local, le panache à l’extérieur est
plus important et cela n'a pas été
encore testé et analysé.

Afin de définir les conditions


requises, il est prévu des essais qui
seront effectués par CSTB &
EFECTIS.

Les escaliers et les cages d’ascenseur :

Il a été demandé par ADIVbois des tests sur les escaliers (CSTB / EFECTIS) afin de définir les conditions
requises pour la réalisation de cages d'escaliers et d'ascenseur en CLT avec protection passive.

95
Dans les ERP, il doit être utilisé des
matériaux incombustibles dans les cages
d'escalier et d’ascenseur. De fait,
aujourd'hui lorsqu'on construit en bois
un ERP, la cage d'escalier et d’ascenseur
sont en béton. Cela pose des difficultés
de phasage de chantier et de tolérance
entre les différents matériaux. Il a été
demandé la possibilité d'avoir ces cages
en CLT sans qu'elles soient exposées
(protection par une plaque de plâtre). Le
but est qu'au dos de cette plaque, la
température atteinte ne provoque pas
des niveaux d’échauffement qui
provoqueraient des gaz de pyrolyse qui
peuvent contribuer au développement
du feu.

Quels sont les enjeux principaux qui subsistaient en 2018

 Des enjeux scientifiques / Techniques :


 Valider la robustesse des approches méthodologique ISI de développement : Il
est nécessaire de fiabiliser les modèles en les croisant avec des essais
complémentaires.
 Les feux couvants et la maîtrise de l'incandescence restent à démontrer
(l'extinction de la flamme ne suffit pas pour démontrer la non reprise de feu ou
voir une instabilité de l'ouvrage).
 Mieux maîtriser les détails de conception (traversée de gaine, jonction planchers
/ murs…).
 Concevoir des assemblages résistants au feu : un travail sur les assemblages
doit être complété. Actuellement l’Eurocode permet de concevoir des
assemblages pour une durée de 60 min. Or pour les immeubles de 4ème
famille, la stabilité requise est de 90 min.

 Des enjeux de stratégie de sécurité :


 Faut-il mettre en œuvre des systèmes d’extinction automatique à eau comme
alternative aux approches traditionnelles de protection passives ?

 Des enjeux opérationnels :


 Gestion de la phase chantier : quand il est prévu de réaliser une protection
passive rapportée pour une structure en CLT ou autre, l’ouvrage peut ne pas
être protégé en totalité pendant la phase de chantier. Il y a donc des surfaces
de bois non protégées très importantes qui doivent être gérées en cas de
survenance d’un incendie. C’est l’Aléa le plus présent.
 Stratégie de l'intervention des secours en exploitation : (la présence d'eau dans
l’ouvrage après l’extinction peut affaiblir fortement la structure).

96
ANNEXE 3.7 : Synthèse des projets de note de l’atelier
incendie d’ADIVbois au 1er septembre 2019
Postulats de base
Toutes les constructions bois doivent répondre aux exigences réglementaires exprimées dans les arrêtés relatifs aux bâtiments concernés, sauf
dérogation dûment justifiée.
Les produits de construction bois « naturel » ont un classement au feu variable. Ceux d’une épaisseur supérieure ou égale à 18 mm qui respectent
la NF EN 14915 présentent une classe de réaction au feu a minima D-s2, d0.
-> Selon une décision européenne du 15 mai 2007, la classification de réaction au feu des panneaux à base de bois dits « conventionnels » réalisée
dans des conditions spécifiques et sur des supports incombustibles (lambris, bardages et panneaux).
-> Pour toutes les autres configurations, il doit être présenté un rapport de classement au feu.
-> Possibilité d’utiliser un produit d’ignifugation pour améliorer la réaction au feu du bois (durée d’efficacité non précisée)
-> Détails des performances disponibles dans les publications de Synerbois (FCBA et CSTB).
-> La durée de résistance sous incendie normalisé (ISO 834) des éléments structuraux peut être déterminée par essais ou par utilisation de la norme
NF-EN 1995-1.2 et son annexe nationale (Eurocode 5).
-> Cette norme de concerne pas certains types d’éléments comme le CLT (2019)
-> Les assemblages sont validés que pour une durée de 60 min (2019)
-> Pour des valeurs supérieures, la justification doit se faire par essais de résistance au feu ou avis de chantier d’un laboratoire agréé en résistance
au feu. Il est possible de devoir avoir recours à des protections thermiques.
La définition de la résistance au feu de certains éléments de compartimentage (parois verticales et planchers) est disponible dans le rapport de
Synerbois et dans l’annexe de l’Eurocode 5 comprenant des tableaux de résultats et une variante permettant d’optimiser la conception des parois.
Quelques articles GH de l’arrêté du 30/12/2011 relatifs aux IGH ne permettent pas la construction d’IGH bois (limitation de la charge calorifique -
GH 16, cages d’ascenseurs - GH 17, plafonds - GH 21, parois support de revêtements de sol et de parois latérales - GH 22).
-> Guide pour l’application de l’ISI à des bâtiments en bois : méthode pour évaluer les risques afin de montrer, pour une construction projetée, que
le risque en situation d’incendie présente un niveau de sécurité acceptable et au moins équivalent à celui de constructions courantes conformes aux
exigences descriptives.

Note relative aux


Domaine des Note relative aux Bâtiments bois multi-niveaux de 8 à
Bâtiments bois de grande
Exigences / Recommandations 28 m (1)
hauteur > à 28 m (2)
complémentaires
Habitations collectives,
3e famille B
ERP, et bâtiments de 3e famille 4e famille IGH
(AR : A Respecter) (> R+7)
bureaux
Construction
Annexe 3 (1) (2) – rappel de certaines exigences réglementaires selon les risques bois non
Restrictions réglementaires de l’emploi du
estimés (nombre d’occupants, hauteur du dernier plancher accessible et type possible :
bois
d’activité exercée) GH 16, GH 17,
GH 21, GH 22
-> Note d’information du 27/07/2017 sur les
Construction
IGH bois avec recours à l’ISI :
IGH bois
- résistance au feu et compartimentage /
possible avec
- façades
ISI
- comportement au feu
-> En application de l’IT 249 de 2010, les solutions pour des Appréciation de
Visa de façade
conceptions suffisantes des façades bois sont précisées dans le laboratoire agréé
guide « bois construction et propagation du feu par les façades
V 2 si toutes parois incombustibles »
Façades bois
-> Si bois structural apparent, appréciation laboratoire
en réaction et résistance au feu
spécifique
-> Balcons, loges, coursives => avis laboratoire agréé
-> Dièdres => avis particulier de laboratoire agréé
- Objectif de non-contribution des matériaux de la cage d’escalier à la propagation
du feu
/
Circulations verticales : - Ne pas faire valoir les dispositions relatives aux revêtements des marches et
contremarches
Objectif de non-contribution des matériaux de Annexe 4 (1) et 2 (2) - Cages d’escaliers et gaines d’ascenseurs en bois massif /
la cage d’escalier et des gaines d’ascenseurs Demande de dérogation possible pour le remplacement de
à la propagation du feu parois incombustibles exigées réglementairement par des
/ /
parois en bois massif dûment protégés sur les 2 faces dont
une marge de sécurité est souhaitable (Annexe 5).
- Mise en place d’un écran de protection incendie sur les parois en bois afin de
Circulations horizontales : limiter la température à 250°C entre protection et bois pendant la durée de la /
stabilité au feu du bâtiment (Annexe 5)
- Eurocode 5 partie 1.2 et guide « interfaces » d’ADIVbois
Incorporations : - Les écrans de protection ne doivent pas être affaiblis.
(Blocs de prises électriques, suspension, - Résultats des essais ou des avis de chantier délivrés par un laboratoire agréé
interrupteurs…) - Des mesures d’entretien et de maintenance doivent être prises pour s’assurer du respect de
préconisations dans la vis du bâtiment.

97
Note relative aux
Domaine des Note relative aux Bâtiments bois multi-niveaux de 8 à
Bâtiments bois de grande
Exigences / Recommandations 28 m (1)
hauteur > à 28 m (2)
complémentaires
Habitations collectives,
3e famille B
ERP, et bâtiments de 3e famille 4e famille IGH
(AR : A Respecter) (> R+7)
bureaux
Fermetures / Rebouchages dans les
parois : - Les éléments ou procédés de construction doivent justifier de classes de résistances au feu
(Blocs-portes, volets clapets, calfeutrement - résultats d’essais au avis de chantier
de pénétration…)
Guide « interfaces » d’ADIVbois
Soin aux jonctions entre éléments
Exigence à respecter afin d’éviter les risques de propagation des gaz de combustion dans les zones
constitutifs
cachées.
Le toit d’une construction massive en bois ou
/ / AR AR /
hybride doit être accessible par un escalier
Cloisons séparatives (de compartimentage
entre logements ou avec les circulations
horizontales ou verticales) en bois, doivent / / AR AR /
être en bois massif afin de minimiser les vides
de construction.
Façades conformes aux dispositions prévues
par les arrêtés (A2, s3-d0). Sous-ensemble / / AR AR /
possible sous-conditions
En cas de présence, dans certains locaux, de
bois apparent, pour des scénarios d’incendie
AR
représentatifs, il doit être vérifié, sous la
/ / AR /
sévérité du feu résultant, l’efficacité des
(Annexe 5)
protections des éléments devant être
protégés.
Les panneau CLT
ou LVL non
protégés, doivent
justifier de leur
Panneaux CLT ou LVL 4e famille /
non-délamination
en situation
incendie (soumis à
conditions)
- Protection généralisée des parois structurales en bois pour
- Protection passive généralisée du
que les poutres ou poteaux de la structure primaire restent
bois structural, afin de limiter la
apparents + condition espacement des éléments linéaires
contribution du bois structural au
- Ou, pour chaque local, hors voies de circulation, une paroi
développement de l’incendie. Et un
Limitation des surfaces de bois structural verticale en bois massif est laissée apparente
système d’extinction à eau soit installé
apparent - Justification de non-délamination lors de la présence de
et maintenu.
panneaux CLT ou LVL non protégés. Possibilité de prendre des
- A défaut, recourir à l’analyse des
dispositions particulières si pas le cas.
conditions d’arrêt de la combustion
- A défaut, recourir à l’analyse des conditions d’arrêt de la
du bois avec flammes vives (ISI)
combustion du bois avec flammes vives (ISI).
Mise en place d’un système d’extinction
/ AR
automatique à eau
Mesures de protection en phases de
AR
construction
La couverture doit être de classe Broof (t3) / / AR AR /
Matériaux des parcs de stationnement en
/ / AR AR /
matériaux incombustibles
Les escaliers et les circulations horizontales
doivent répondre aux exigences de l’article 43
du 31/01/86
=> escaliers à l’abris des fumées et puissent / / / AR /
être mis en surpression
=> circulations horizontales à l’abris des
fumées et désenfumées
Portes palières munies de ferme-portes / / / AR /
Information des locataires sur les mesures de
prévention et la conduite à tenir en cas / / / AR /
d’incendie
Règlement de copropriété précisant les
contraintes d’exploitation particulières pour / / / AR /
les locataires

98
ANNEXE 4.1 : Comparaison d’essais de résistance au
feu conventionnels entre solutions combustibles et
incombustibles
Le projet européen « Epernon Fire Tests programme » réalisé par le consortium université
d’Edimbourg / université de Bordeaux / Brandskyddslaget AB / IBMB-Braunschweig / université
de Liège / CERIB-Centre d’Essais au Feu, cherche à comprendre les liens entre les
classifications de résistance au feu selon des approches conventionnelles et les performances
au feu réelles dans les bâtiments. Le projet a plusieurs objectifs, tels que la quantification de
la participation énergétique des matériaux combustibles dans les essais au feu normalisés,
l’influence des surfaces combustibles et des facteurs de ventilation sur la dynamique des
incendies dans les compartiments (y compris les flammes extérieures) et le comportement
thermomécanique sous feux naturels. Le programme d’essai comprend :
 des essais en laboratoires ;
 des essais réels intégrant 3 conditions différentes de ventilation.

Il ressort de moins bonnes performances du béton que le bois lors de l’essai en


laboratoire et l’inverse en feu réel. Tout d’abord, l’essai de laboratoire a été réalisé suivant
la courbe ISO 834 qui fixe la courbe de températures durant tout l’essai. La sollicitation du
béton est constante et conforme aux attendus. En revanche, pour respecter cette courbe,
l’essai avec un matériau combustible nécessite de diminuer la puissance des brûleurs en raison
de la participation du bois à l’augmentation de la température. Cet essai permet pourtant
aujourd’hui de qualifier la résistance au feu ou d’un élément en bois, un plancher par exemple.

En situation réelle, ce même plancher qui est confronté cette fois-ci à des conditions plus
proches de la réalité, ne présente plus les mêmes caractéristiques. Il vient même à
s’effondrer avant le temps requis (108 min pour un plancher CF de degré 2h) en conditions
de sous-ventilation.

450
Natural Gas Flowrate [m3/h]

400
350
300
250
200
150
100
50
0
0 20 40 60 80 100 120
Time [min]
Concrete Timber 1
Figure 2 : Consommation de gaz naturel enregistrée lors des essais du four sur des dalles bois CLT et béton

Réf : Alastair I. Bartlett et al « Comparative Energy Analysis of Fire Resistance Tests on Combustible versus Non-
Combustible Slabs”, ASTM workshop, 6-7 December 2018, Washington

99
ANNEXE 4.2 : Comparaison entre feu réel et feu
standard
Les courbes ci-dessous sont issues d’essais sous feu réel réalisés dans le cadre du projet
européen « Epernon Fire Tests programme » par le consortium université d’Edimbourg /
université de Bordeaux / Brandskyddslaget AB / IBMB-Braunschweig / université de Liège /
CERIB-Centre d’Essais au Feu. Les tests avaient pour objectif de comparer la réalité d’un feu
de plancher bois avec les essais de laboratoire effectués dans les conditions de la courbe ISO
834. Trois scénarios ont été testés :
 Sc 1 : feu en espace très ventilé ;
 Sc 2 : feu en espace moyennement ventilé ;
 Sc 3 : feu en espace sous-ventilé.

Ces essais permettent, notamment de faire les constats suivants :


 Un feu très ventilé se développera très rapidement mais il entrera également en phase
de refroidissement assez vite un fois les éléments brulés. Le plancher ne
s’effondrera pas et le bois ne participera que très peu à l’incendie (la figure 2
nous montre que seule la première couche du CLT est détruite) ;
 Moins le feu est ventilé, plus il a une cinétique lente mais atteint le cœur du
bois jusqu’à provoquer la ruine ;
 Dans le scénario 3, la ruine arrive avant 2h ;
 Le scénario 2 démontre qu’un feu éteint reste dangereux puisque la ruine arrive
plusieurs heures après l’extinction des flammes pendant la phase de refroidissement.

En outre, les figures 3 et 4 montrent que la vitesse de carbonisation est extrêmement


rapide dans le cas d’un feu réel (2,06 mm/min contre 0,8 mm/min suivant l’Eurocode 5).
Cette vitesse est également importante dans le cas d’un feu sous-ventilé après la perte de la
première lamelle (1,9 mm/min).

Figure 3 : températures dans le compartiment avec un plancher CLT pendant un feu naturel (et comparaison avec un feu
standard)

100
Figure 4 : profondeur de carbonisation des lamelles (CLT) sous feu standard (à gauche) et feu naturel (à droite)

Charring rate In the 1st In the 2nd lamella (before In the 2nd lamella (after In the 3rd
(mm/min) lamella the loss of the 1st lamella) the loss of the 1st lamella) lamella
Scenario 1 2.06 0.46 - -
Scenario 2 1.85 0.62 1.90 -
Scenario 3 1.38 0.74 1.8 0.55
Standard furnace test 0.79 – 0.81 mm/min
Figure 4 : Vitesses de carbonisation définies lors des essais sous feu réel et feu conventionnel

Réf : Jean-Christophe Mindeguia et al, “THERMO-MECHANICAL BEHAVIOUR OF CROSS-LAMINATED TIMBER SLABS


UNDER STANDARD AND NATURAL FIRES “, Interflam 2019, Londres

101
ANNEXE 4.3 : Lien entre la résistance au feu et la
résistance en incluant la phase de refroidissement

Le graphique ci-dessous compare la DHP (duration of heating phase – durée de la phase


d’échauffement) et la stabilité au feu. Il démontre que :

 Quel que soit le matériau, la DHP est inférieure à la SF ;


 Pour un élément bois, la DHP est très inférieure à la SF, ce qui laisse craindre un
effondrement de la structure après la phase d’extinction, alors que tout danger semble
écarté.

Figure 5 : Relation entre la DHP et la résistance au feu pour différents matériaux de construction

Réf : Thomas Gernay, DEFINING A BURNOUT RESISTANCE RATING TO COMPARE STRUCTURAL COMPONENTS UNDER
REAL FIRES, IFireSS 2019 – 3nd International Fire Safety Symposium Ottawa, Ontario, Canada, June 5-7, 2019

102
ANNEXE 4.4 : Feu d’immeubles en travaux

Londres a connu des incendies d’immeubles en bois en phase travaux.


Vers la fin du chantier, lors de travaux de plomberie semble-t-il, un incendie s’est déclaré. Il
n’a non seulement pas pu être maîtrisé par les secours mais il s’est en outre propagé aux
immeubles voisins comme le témoignent les photos ci-dessous.

PROPAGATIONS

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