Efficacité Du Marketing Social en Promotion
Efficacité Du Marketing Social en Promotion
Efficacité Du Marketing Social en Promotion
SYNTHÈSE DE CONNAISSANCES
L'efficacité du marketing social
en promotion des saines habitudes de vie
SYNTHÈSE DE CONNAISSANCES
Direction Développement des individus et des communautés
31 mars 2016
AUTEURS
Gérald Baril, Ph. D.
Marie-Claude Paquette, Dt. P., Ph. D.
Développement des individus et des communautés
SOUS LA COORDINATION SCIENTIFIQUE DE
Johanne Laguë, M.D., M. Sc., FRCPC
Développement des individus et des communautés
MISE EN PAGE
Carmen Michaud, agente administrative
Développement des individus et des communautés
Ce document est disponible intégralement en format électronique (PDF) sur le site Web de l’Institut national de
santé publique du Québec au : http://www.inspq.qc.ca.
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Dépôt légal – 2e trimestre 2016
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN : 978-2-550-75906-5 (PDF)
Gouvernement du Québec (2016)
L’efficacité du marketing social en promotion des saines habitudes de vie
Faits saillants
Cette publication est la première d’une série visant à identifier des stratégies efficaces ou
prometteuses d'intervention socioculturelle pour favoriser la saine alimentation et le mode de vie
physiquement actif. Les deux premières stratégies étudiées seront : 1) le marketing social;
2) l’engagement des leaders du milieu.
Le marketing social utilise les techniques du marketing commercial pour influencer les
comportements, dans le but de générer des effets bénéfiques pour la population. C’est également
une stratégie bien adaptée pour les interventions socioculturelles, qui visent à influencer les relations
sociales, les règles sociales et les représentations de la réalité.
Sommaire
Ce rapport sur le marketing social est le premier d'une série de synthèses de connaissances visant à
identifier des stratégies efficaces ou prometteuses d'interventions socioculturelles, afin de favoriser la
saine alimentation et le mode de vie physiquement actif.
Afin de recenser les interventions de marketing social faisant la promotion d'une saine alimentation
ou d'un mode de vie physiquement actif, une recherche a été menée dans les bases électroniques de
références, suivant une procédure proche de la revue systématique. Des recherches
complémentaires ont été menées dans les écrits scientifiques et la littérature grise, notamment sur la
définition du marketing social et les principes de sa pratique.
Principaux constats
On note la référence à une définition commune du marketing social dans la grande majorité des
interventions se réclamant de cette stratégie.
Les revues et les études empiriques d'intervention analysées montrent que les données sur
l’efficacité plus grande du marketing social, en comparaison avec la communication médiatique
seule, s’accumulent et gagnent en qualité.
Le marketing social a démontré un potentiel d'efficacité à promouvoir une saine alimentation et un
mode de vie physiquement actif, dans une grande diversité de contextes et auprès de diverses
populations.
Il est généralement reconnu que l'application des critères de référence d'Andreasen est favorable
au succès d’une intervention. D'autres recherches seraient toutefois nécessaires pour préciser les
critères et les facteurs les plus importants selon divers paramètres, tels que l'objectif poursuivi, la
population cible et le contexte.
Appliquer les critères du marketing social pour améliorer l'efficacité des interventions
1) L'objectif comportemental
Au moment de la conception d'une intervention, il importe de bien définir la portée des objectifs
comportementaux. Au terme de l'intervention, veut-on mesurer, par exemple, une augmentation de la
consommation d'aliments sains (changer un comportement), ou plutôt une plus grande ouverture aux
nouveaux aliments chez les enfants (agir sur un déterminant du comportement de consommation)?
Une telle précision favorise la cohérence de l'intervention et son positionnement parmi l'ensemble
des actions de promotion des saines habitudes de vie.
2) La recherche formative
La recherche formative favorise l'efficacité de l'intervention en appuyant son élaboration sur une
connaissance approfondie de la population cible. L'impact de l'intervention sera également tributaire
d'un bon équilibre entre recherche préalable et action.
3) La segmentation
La segmentation de la population cible, ou le ciblage d'un segment spécifique d'une population,
permet la mise au point de messages et de mesures de soutien plus spécifiquement adaptés et donc
plus susceptibles de produire l'effet escompté.
4) L'échange
Le critère de l'échange signifie que les personnes touchées par l'intervention doivent en retirer un
bénéfice, non seulement à long terme (par exemple, de meilleures habitudes de vie leur assurant une
meilleure santé), mais aussi à court terme (par exemple, la satisfaction personnelle d'avoir atteint un
but, ou l'accès à des équipements et des activités procurant un plaisir immédiat).
6) La concurrence
Une intervention de marketing social propose un changement de comportement, en concurrence
avec des forces contraires, tant de nature individuelle qu'environnementale. Cette concurrence doit
être identifiée et des moyens doivent être pris pour en minimiser l'impact.
Introduction
Ce rapport sur le marketing social est produit dans le but de soutenir le ministère de la Santé et des
Services sociaux et le réseau de santé publique du Québec, dans leurs interventions de promotion
des saines habitudes de vie. En cohérence avec la visée stratégique misant sur les interventions
environnementales afin de favoriser l'adoption d'une saine alimentation et d'un mode de vie
physiquement actif (MSSS, 2012), il importe de mettre en œuvre des actions dans l'ensemble des
environnements (physique, économique, politique et socioculturel).
En ce qui concerne l'environnement socioculturel, le caractère le plus souvent intangible des facteurs
en cause rend plus difficile l'identification de stratégies d'action efficaces. Toutefois, des
interventions de santé publique dans l'environnement socioculturel ont connu du succès – pensons
entre autres à la dénormalisation du tabagisme (Jacques, Hubert et Laguë, 2004) –, ce qui justifie de
poursuivre le travail de mise au jour des meilleurs moyens d'agir sur ces facteurs. À cet effet, l'INSPQ
a produit des travaux sur les normes sociales, en lien notamment avec l'alimentation et l'image
corporelle (Baril et collab., 2012; Baril et Paquette, 2012). De même, le Groupe de travail sur la
transformation des normes sociales (2014) indiquait plusieurs possibilités d'action au sujet
desquelles il apparaît utile de fournir davantage d'information et de balises opérationnelles.
Ce rapport s'inscrit donc dans une série de synthèses de connaissances visant à identifier des
stratégies efficaces ou prometteuses d'intervention dans l'environnement socioculturel, afin de
favoriser la saine alimentation et le mode de vie physiquement actif. En effet, ces stratégies
d'intervention ont suscité la publication d’un nombre d’études justifiant d’en dégager les principaux
enseignements.
Les deux premières synthèses de connaissances porteront sur les thématiques suivantes :
le marketing social;
l'engagement de leaders du milieu.
Le marketing social
On définit généralement le marketing social comme une approche utilisant les techniques du
marketing commercial pour promouvoir des changements sociaux bénéfiques pour la population. La
présente synthèse de connaissances vise à décrire ces techniques et à préciser comment elles
peuvent être mises à contribution dans les interventions de promotion des saines habitudes de vie.
Les objectifs poursuivis sont les suivants :
caractériser le marketing social comme type de stratégie d'intervention socioculturelle;
recenser les interventions de marketing social faisant la promotion d'une saine alimentation ou
d'un mode de vie physiquement actif;
analyser l'impact potentiel ou observé des interventions de ce type;
identifier des facteurs de réussite des interventions de marketing social.
Dès le tournant des années 2000, L'Organisation mondiale de la santé (OMS) (2003) soulignait que
l'évolution des environnements dans les pays riches a favorisé la sédentarité et les habitudes
alimentaires malsaines. Dans la même optique, les chercheurs affiliés à l'International Obesity Task
Force (IOTF) appliquaient une approche écologique au problème de l'obésité (Egger et Swinburn,
1997) et proposaient une stratégie de prévention axée sur les politiques publiques et la modification
des environnements (Kumanyika et collab., 2002). On a ainsi défini comme « obésogènes » les
environnements qui encouragent les comportements nuisibles au maintien de l'équilibre énergétique
individuel (Swinburn, Egger et Raza, 1999).
L’environnement socioculturel peut être défini comme l’ensemble des attitudes, croyances, valeurs et
normes sociales partagées par une communauté ou une société, lesquelles sont influencées par
diverses appartenances et affiliations (Swinburn, Egger et Raza, 1999). Selon une vision plus
analytique, on peut répartir l'environnement socioculturel en trois catégories de facteurs (tableau 1) :
(1) les rapports sociaux, (2) les règles sociales et (3) les représentations de la réalité (MSSS, 2012).
Adapté de Pour une vision commune des environnements favorables à la saine alimentation, à un mode de vie physiquement
actif et à la prévention des problèmes reliés au poids, ministère de la Santé et des Services sociaux, 2012.
Les interventions dans l'environnement socioculturel visent à transformer certains aspects des règles
sociales, des relations sociales ou des représentations de la réalité, de façon à généraliser des
manières de voir et d'agir plus favorables à la santé. En s'inspirant à la fois de l'approche écologique
en santé publique (Egger et Swinburn, 1997; McLeroy et collab., 1988; MSSS, 2012) et de certaines
théories psychosociales (Ajzen, 2012; Bandura, 1986), on peut représenter graphiquement la suite
logique des effets anticipés d'une intervention de promotion des saines habitudes de vie dans
l'environnement socioculturel (figure 1).
Ce modèle logique montre que les interventions ou politiques publiques visant l'environnement
socioculturel, dans le but de prévenir l'obésité et des maladies chroniques, agissent d'abord sur des
facteurs intermédiaires. Ainsi, une intervention socioculturelle – par exemple la normalisation du
transport actif, la dénormalisation des boissons sucrées, l'élévation du niveau de connaissances en
nutrition, ou la représentation d'une diversité de formats corporels dans les médias – transforme
certains éléments de l'environnement socioculturel. Ces changements sont générés dans
l'environnement socioculturel afin de produire un effet conséquent sur l'alimentation et l'activité
physique de la population. En parallèle, autant que possible de manière concertée, d'autres
interventions poursuivent le même objectif et agissent tant sur le plan individuel que dans les
Transformation de
l’environnement
socioculturel associé aux
habitudes de vie
Exemples :
- Normalisation du Amélioration de Réduction de la
Intervention transport actif et de la l’alimentation et du prévalence de
socioculturelle niveau d’activité l’obésité et des
saine alimentation
physique de la maladies
- Dénormalisation des population chroniques
boissons sucrées
- Représentation d’une
diversité de formats
corporels dans les
médias
Autres interventions
individuelles et dans les
environnements physique,
politique et économique
Adapté du modèle général des effets des politiques publiques de Morestin et collab. (2011, p. 5).
Plusieurs stratégies d'action peuvent être mises à contribution pour transformer l'environnement
socioculturel. La communication compte parmi ces stratégies, mais de nombreux autres moyens – et
la combinaison de ces moyens – peuvent être utilisés pour « dénormaliser » certains comportements
et en « normaliser » d'autres, plus favorables à la santé. Par exemple, l'affichage nutritionnel est
clairement un moyen d'agir sur l'environnement socioculturel qui relève de la communication, mais
les règles qui déterminent la teneur de cet affichage peuvent être fixées par une loi ou un règlement,
ce qui relève de l'environnement politique.
L'environnement socioculturel évolue sous l'influence de multiples facteurs, dont nous sommes plus
ou moins conscients et sur lesquels nous exerçons plus ou moins de contrôle. Toutefois, il est
possible de concevoir et de mettre en œuvre des actions dans le but explicite de susciter des
changements d'ordre socioculturel. C'est l'objet de la série de synthèses à laquelle appartient la
présente étude. Ces interventions spécialement conçues pour agir sur l'environnement socioculturel
sont complémentaires aux interventions sur les autres environnements et les différents aspects
environnementaux des interventions se renforcent mutuellement. Pour prendre l'exemple de la piste
cyclable, l'infrastructure (environnement physique) est primordiale pour permettre de se rendre d'un
point A à un point B à vélo, de manière agréable et sécuritaire. La construction de la piste peut
toutefois avoir été facilitée par une politique d'aménagement du territoire (environnement politique) et
des subventions aux municipalités (environnement économique). Enfin, le recours au marketing social
(environnement socioculturel) permettra de mousser l'utilisation de la piste, par la communication des
bienfaits associés au transport actif, mais également par des stratégies de normalisation, par
exemple en demandant à des usagers de la piste influents dans leur milieu (élus municipaux,
entrepreneurs, gestionnaires d'organismes publics, etc.) de servir de modèles.
En somme, seront considérées dans le cadre de la présente série d'études les interventions visant
explicitement à modifier l'environnement socioculturel, dans un but de promotion d'une saine
alimentation ou d'un mode de vie physiquement actif. Tenant compte du modèle logique présenté
plus haut, les interventions socioculturelles sont jugées efficaces lorsqu'elles atteignent leurs
objectifs, y compris lorsque ces objectifs ciblent des facteurs intermédiaires (par exemple : la
normalisation du transport actif, la dénormalisation des boissons sucrées, l'élévation du niveau de
connaissances en nutrition, ou la représentation d'une diversité de formats corporels dans les
médias), considérés comme des déterminants des comportements.
Dans une phase préliminaire de la recherche, le tri des études repérées a permis de dégager
plusieurs types d'intervention, dont le marketing social et l'engagement de leaders du milieu. Pour
chacun des types d’intervention retenus, une recherche spécifique de documentation sera effectuée
et une synthèse sera produite.
Afin de recenser les interventions de marketing social faisant la promotion d'une saine alimentation
ou d'un mode de vie physiquement actif, une recherche a été menée dans les bases électroniques de
références, suivant une procédure proche de la revue systématique (voir le protocole détaillé à
l'annexe 1). La littérature scientifique révisée par les pairs a été repérée en interrogeant des bases de
données en santé, en sciences sociales et en psychologie. La collecte de données a été complétée
par une recherche dans la littérature grise, de même que par un processus de veille continue.
Les articles scientifiques retenus pour la synthèse portent sur des interventions de marketing social,
c'est-à-dire des interventions se réclamant du marketing social et répondant à un certain nombre de
critères reconnus (voir protocole détaillé à l'annexe 1). Les critères sont présentés au chapitre
suivant.
Selon les chercheurs McDermott, Stead et Hastings (2005), il faut éviter la confusion possible entre le
« marketing social », le « marketing sociétal » et le « marketing de partage 1 (cause marketing) ». Le
marketing sociétal est une version du marketing pratiquée par des entreprises aspirant à une
responsabilité sociale corporative, tenant compte non seulement des intérêts de l’entreprise, mais
également des intérêts de la société. On pourrait dire, par exemple, que Coca Cola prétend pratiquer
un marketing « sociétal » en affirmant se préoccuper de la problématique de l’obésité. Quant au
« marketing de partage » (ou cause marketing dans la culture anglophone), il consiste en
l’engagement d’une entreprise à but lucratif dans la promotion d’une cause, généralement par
l'entremise d'un organisme sans but lucratif, ce qui se traduira pour l'entreprise par un gain sur le
plan de l'image et bien souvent aussi par un gain pécuniaire. Pensons entre autres à la pétrolière
Ultramar qui offre, pendant un mois chaque année, de verser un cent à la Fondation du cancer du
sein pour chaque litre d'essence suprême vendu 2. On voit donc que ces variantes du marketing sont
très différentes du marketing social, pratiqué quant à lui par des pouvoirs publics et des
organisations poursuivant notamment des objectifs de santé publique.
Certaines campagnes dites de marketing social sont davantage des campagnes de communication
sociale, c’est-à-dire qu’elles se limitent à transmettre des messages d’intérêt public au moyen de
divers canaux de communication. Afin de reconnaître ce qui distingue le marketing social de toute
autre stratégie, mais également de disposer de balises pour orienter la conception et la mise en
1 Voir Turgeon et Martin (2002), « Le marketing de partage comme outil de marketing pour l’entreprise », Gestion, vol. 27,
n° 1, p. 22-30.
2 http://www.ultramarcst.ca/fr/notre-entreprise/engagement-communautaire/cancer-du-sein/
3 Le marketing mix est une expression de langue anglaise dont il n'existe pas d'équivalent français consacré. L'expression
désigne la combinaison et le dosage des efforts investis dans chacune des composantes stratégiques du marketing
commercial, souvent désignées comme les « 4P » du marketing : produit, prix, distribution (place en anglais) et promotion.
œuvre de telles interventions, plusieurs auteurs ont énoncé des principes qui devraient en guider la
pratique.
Ces principes doivent être appliqués en cohérence avec la distinction fondamentale évoquée plus
haut, voulant que le marketing social soit motivé par la recherche d'effets bénéfiques pour la
population, plutôt que par la recherche de bénéfices pour une entreprise. La formulation de ces
principes peut varier quelque peu d'un auteur à l'autre, mais un consensus se dégage nettement
autour de six critères (tableau 1) initialement proposés par Alan R. Andreasen (2002) : 1) le marketing
social vise à susciter un changement comportemental; 2) l'action du marketing social est orientée par
la connaissance du public cible; 3) la segmentation est utilisée pour tenir compte des variantes de
capacités et de motivation; 4) la notion d'échange implique un bénéfice en retour pour la population
cible; 5) plusieurs moyens usuels du marketing sont combinés (le marketing mix) pour rejoindre et
influencer; 6) l'intervention cherche à minimiser l'impact de la concurrence, ou des forces contraires
au changement, et met en place des moyens pour lever les barrières qui empêchent l'adoption du
changement proposé.
Certains auteurs incluent davantage de critères dans leur cadre d'analyse. Par exemple, Lagarde
(2015) ajoute aux six critères d'Andreasen le critère de l'« engagement à long terme ». Ce critère tient
au fait que les changements visés par le marketing social peuvent demander des années et même
des décennies d'efforts répétés. D'où la nécessité d'adopter une vision à long terme et de fixer des
objectifs réalistes pour chaque campagne et à chaque étape. On trouve aussi chez Lagarde une
conception élargie du cinquième critère, concernant le marketing mix. Plutôt que de s'en tenir
strictement aux quatre facteurs considérés par le marketing pour favoriser la décision d'achat
(produit, prix, distribution, promotion), Lagarde propose une combinaison adaptée de stratégies ou
de méthodes, afin de « créer des environnements physiques, sociaux et économiques propices à
l'adoption du comportement » (2015, p. 175). D'autres critères, par exemple le recours explicite aux
théories du changement comportemental ou du changement social (NSMC, 2010), peuvent
contribuer à l'efficacité d'une campagne de marketing social. Toutefois, les six critères d'Andreasen
font l'objet d'un large consensus et nous les retiendrons ici comme base de référence, non limitative,
pour déterminer l'appartenance d'une campagne au marketing social et pour caractériser chaque
campagne.
Pour les besoins de la présente synthèse, tel que mentionné au chapitre méthodologique, nous
incluons les études qui respectent certains des critères d'Andreasen. Aussi, les études retenues
décrivent des campagnes qui, en plus de s'identifier au marketing social :
1) ont pour objectif un changement comportemental;
2) utilisent au moins un autre moyen ou méthode pour rejoindre son public cible (composante du
marketing mix), outre la communication par les médias de masse;
3) appliquent au moins un autre des six critères d'Andreasen, outre l'objectif de changement
comportemental et la combinaison des moyens ou méthodes.
Carins et Rundle-
Positif Positif
Thiele, 2014
Gordon et
Positif Positif Positif
collab., 2006
Gracia-Marco et
Positif Positif Mitigé
collab., 2011
Stead et collab.,
Positif Positif Positif
2007
Note : une case vide signifie que l'étude ne fournit pas de données sur cet aspect.
Des 34 articles analysés dans l'étude de Carins et Rundle-Thiele, 23 rapportent une influence positive
sur l'alimentation, 4 rapportent une absence d'effet et 7 ne produisent pas de données à cet égard. Il
est à noter que les quatre interventions au sujet desquelles on rapporte une absence d'effet font
partie d'un sous-ensemble d'interventions qui respectent dans une moindre mesure les six critères
d'Andreasen.
La revue de revues de Gordon et ses collaborateurs fournit des données probantes sans équivoque,
à l'effet que les interventions de marketing social peuvent influencer les habitudes alimentaires. Par
exemple, parmi 18 interventions visant une augmentation de la consommation de fruits et de
légumes, 10 obtiennent des résultats positifs, 6 obtiennent des effets modérés ou mixtes, une est
sans effet et une produit un résultat négatif. De même, 13 études sur 17 se révèlent efficaces pour
influencer au moins un facteur psychosocial, par exemple l'attitude à l'endroit de la saine
alimentation ou la confiance en sa capacité d'améliorer ses habitudes alimentaires.
L'étude de Gracia-Marco et ses collaborateurs, rapporte quant à elle que, pour l'ensemble de la
période couverte (1990–2009), 25 des 27 interventions ayant pour objectif un changement
comportemental en prévention de l'obésité (alimentation, ou activité physique, ou les deux) ont
produit un impact positif.
L'étude de Gracia-Marco et ses collaborateurs visait avant tout à déterminer si le nombre de critères
de référence du marketing social respectés par une intervention était associé positivement au taux de
succès de l'intervention. L'article ne précise pas, parmi les 25 (sur 27) interventions ayant eu un
impact positif en prévention de l'obésité, combien touchaient spécifiquement la pratique de l'activité
physique.
La revue de Stead et ses collaborateurs fait état de 21 interventions ayant pour objectif une
augmentation du niveau d'activité physique (14 interventions communautaires, 7 en milieu scolaire,
une en milieu de travail et une utilisant principalement les médias de masse). Les preuves d'efficacité
sont jugées modestes par les auteurs. Sur les 21 interventions, 8 affichent des résultats positifs, 7
présentent des résultats mixtes et 6 rapportent une absence d'effet. Comme exemple d'intervention
ayant produit l'effet recherché sur le comportement, on rapporte par exemple une intervention dans
un milieu de travail. On mettait à contribution dans ce cas la communication, les activités régulières
et ponctuelles, ainsi que les changements environnementaux, pour générer, selon une collecte de
données « avant-après », une augmentation du niveau de pratique de trois types d'activité dans le
groupe cible principal.
L’équipe de Garcia Marco et ses collaborateurs a réparti les études de son corpus en trois périodes,
d’après les dates de mise en œuvre. L’examen de la mise en application des critères de référence du
marketing social dans chacune des interventions a révélé que le nombre de critères appliqués était
plus important dans les interventions plus récentes. Or, on a aussi observé que les impacts positifs,
en ce qui concerne les changements comportementaux (9 interventions sur 9), étaient concentrés
dans la période moyenne, entre 1997 et 2002, même si le nombre de critères appliqués au cours de
cette période était inférieur à celui de la période la plus récente. L'article en déduit que, si
l'application des critères de référence peut favoriser une plus grande efficacité, le nombre de critères
mis en œuvre dans l'intervention n'est pas en soi une garantie de succès. Les auteurs concluent que
d'autres recherches seraient nécessaires pour déterminer quels critères pourraient être plus
importants selon le type d'intervention et comment les mettre à profit de manière optimale.
Carins et Rundle-Thiele observent pour leur part une efficacité plus fréquente des interventions de
promotion de la saine alimentation intégrant un plus grand nombre des six critères d'Andreasen.
Dans cette revue, les auteurs ont réparti leur corpus en deux groupes d'études. Les 16 études du
premier groupe sont des revues systématiques appliquant en moyenne 5 critères et on compte 6
études de ce groupe appliquant intégralement les six critères d'Andreasen. Le deuxième groupe
comprend 18 études qui font état d'interventions identifiées au marketing social, mais dont l'action
est davantage limitée à la communication et qui font peu appel aux autres dimensions du marketing
social. Or, des changements positifs dans l'alimentation de la population cible sont observés dans 15
des 16 interventions du premier groupe, contre 8 interventions sur 18 affichant de tels changements
dans le deuxième groupe. Les auteurs concluent que le marketing social offre de meilleures chances
de succès en promotion de la saine alimentation lorsqu'il est pratiqué dans son intégralité, c'est-à-
dire en appliquant le plus grand nombre possible de critères.
Cette section examine les études empiriques sur des interventions uniques. Dans certains cas on
compte plusieurs études pour une même intervention, chaque article apportant des données
complémentaires. Ainsi, les 22 études du corpus concernent 17 campagnes 4 de marketing social : 8
en promotion de l'activité physique, 6 en alimentation et 3 visant plus largement les habitudes de vie,
en prévention de l'obésité et des maladies chroniques.
4 Dans la présente étude les expressions « campagne de marketing social » et « intervention de marketing social » sont
synonymes. Qu'il s'agisse d'une campagne ou d'une intervention, l'action mise en œuvre doit respecter les critères du
marketing social pour y être identifiée.
Interventions en activité
Objectifs comportementaux Résultat
physique (AP)
Attention en classe +
Step Up. Step Out! Temps dédié à la marche et à d'autres activités physiques +
Interventions en alimentation
Interventions en activité
physique et alimentation
Scale Back Alabama (SBA) Poids, activité physique et consommation de produits laitiers +
Presque toutes les études rapportent un impact positif, considérant les objectifs de changement
comportemental des campagnes (tableau 5 et, pour un portrait d'ensemble plus détaillé, l'annexe 4 :
Tableau sommaire descriptif des interventions et de leurs résultats). Deux interventions présentent
des résultats mitigés. La campagne FunAction est jugée sans effet pour certains aspects (Bush,
Laberge et Laforest, 2010) et efficace pour d'autres (Laberge, Bush et Chagnon, 2012). La campagne
Change For Life affiche des résultats évalués comme faibles par les chercheurs (Croker, Lucas et
Wardle, 2012).
La diversité des objectifs et des méthodes des études empiriques recensées ne permet pas d'établir
une mesure comparative de l'efficacité atteinte dans chaque cas. Il suffit qu'une étude fasse état
d'un impact d'ordre comportemental pour que le résultat de l'intervention soit jugé positif. Sur cette
base, le potentiel d'efficacité du marketing social est amplement confirmé par les études du corpus.
Des deux analyses différentes de FunAction, il ressort que cette campagne a eu un impact limité.
Cette intervention expérimentale, menée dans une école de milieu défavorisé, consistait à offrir aux
élèves de 1re année du secondaire plusieurs activités réputées populaires dans cette population
(danse africaine, Kung Fu, Hip Hop, etc.) et à en faire la promotion au moyen de divers événements
et communications. Après 16 semaines, on a mesuré une amélioration de l'attention/concentration
chez les jeunes participants, mais aucun effet sur le temps global de pratique libre d'activité physique
au cours de la semaine précédente. Les chercheurs notent que l'intervention disposait de moyens
modestes. De plus, les chercheurs doivent conclure à l'absence d'effet sur le temps d'activité parce
que ce temps a augmenté à la fois dans le groupe intervention et dans le groupe témoin (le groupe
témoin était une classe d'élèves de la même école). Donc, l'intervention peut avoir eu un impact sur
les deux groupes, mais on ne peut en faire la preuve.
Deux études rapportent les résultats de campagnes de promotion de la marche à pied : PATH,
auprès d'une population afro-américaine de faible niveau socioéconomique et Wheeling Walks,
auprès d'une population de personnes âgées. Ici encore, la combinaison de la communication et des
mesures de soutien ont fait augmenter le nombre de marcheurs réguliers dans la communauté et
l'effet s'est maintenu dans le temps.
Get Firefighters Moving avait pour objectif l'amélioration de la condition physique d'une population
de pompiers professionnels. Dans ce cas, la recherche formative a révélé que, tenant compte de la
culture interne de cette population, proposer la création d'équipes sportives compétitives serait une
stratégie prometteuse. La participation fut élevée (90 % du groupe de 190 pompiers) et la condition
physique des participants a montré plusieurs signes d'amélioration en six mois.
L'étude de Jarvis et ses collaborateurs sur Think Again, une campagne de promotion du soutien
parental à l'activité physique des enfants, dans le cadre du programme à long terme ParticipACTION,
montre que le fort taux de reconnaissance de la marque (la dénomination ParticipACTION) dans la
population est un facteur favorable à l'efficacité.
Notre corpus compte 5 études consacrées à la campagne VERB, faisant la promotion d'un mode de
vie physiquement actif auprès des jeunes de 9 à 13 ans aux États-Unis. Cette campagne de grande
envergure, menée de 2002 à 2006 à l'initiative des Centers for Disease Control and Prevention (CDC),
a produit des résultats qui contribuent fortement à confirmer le potentiel d'efficacité du marketing
social. Après deux ans d'intervention, plus les jeunes rapportaient avoir été exposés aux messages
de VERB, plus ils rapportaient avoir été actifs physiquement. Après quatre ans d'intervention, les taux
d'activité rapportés par les jeunes étaient toujours associés au taux d'exposition à la campagne.
L'étude de Berkovitz, Huhman et Nolin (2008) a montré que des résultats plus importants étaient
obtenus dans les communautés exposées à une plus forte dose de la campagne. Les auteurs citent
d'autres études selon lesquelles l'impact d'une campagne est plus important lorsque les activités de
communication sont accompagnées d'activités de marketing expérientiel et de la participation de
partenaires. Selon Berkovitz et ses collaborateurs, le succès de VERB serait attribuable à une telle
conjonction de communication et de diverses activités.
La campagne The Food Friends visait une population d'enfants de 3 à 5 ans de milieux défavorisés.
Tel que le rapportent Johnson et ses collaborateurs, l'intervention a permis d'améliorer la disposition
des enfants à goûter de nouveaux aliments.
Concernant la campagne LEAN, l'article de McDermott et ses collaborateurs traite d'un objectif de la
campagne en particulier, celui de susciter un accroissement de l'appui des membres des conseils
scolaires de la Californie aux mesures pour améliorer l'environnement alimentaire des écoles. Après
deux ans de campagne, les chercheurs ont observé une présence plus fréquente des questions
reliées aux politiques alimentaires à l'ordre du jour des conseils scolaires et une augmentation du
nombre de politiques alimentaires adoptées par ces mêmes conseils.
Les interventions de promotion des saines habitudes de vie (alimentation et activité physique)
Trois études du corpus concernent des campagnes dont les objectifs touchent à la fois l'alimentation
et l'activité physique, dans une perspective de prévention de l'obésité et des maladies chroniques.
Parmi celles-ci, l'étude de Croker, Lucas et Wardle, qui évaluait l'impact d'une composante
spécifique de la campagne Change for Life, rapporte des résultats mitigés. La transmission de
matériel d'information imprimé à un sous-groupe de participants a eu peu d'impact sur ceux-ci, en
comparaison des participants n'ayant pas eu accès à ce matériel. L'étude concernant la campagne
Scale Back Alabama montre quant à elle que le soutien de pairs, et particulièrement les
manifestations d'empathie, peut avoir un effet positif sur le changement de comportement et le
maintien de nouvelles habitudes de vie. Enfin, tel que le rapporte l'étude sur 5-4-3-2-1 Go!, une
composante de soutien conseil personnalisé, associée à d'autres activités plus larges de
communication et de promotion, peut contribuer à augmenter l'efficacité d'une intervention visant
l'adoption de saines habitudes de vie.
On note la référence à une définition commune du marketing social dans la grande majorité des
interventions se réclamant de cette stratégie.
Les revues et les études empiriques d'intervention analysées montrent que les données sur
l’efficacité plus grande du marketing social, en comparaison avec la communication médiatique
seule, s’accumulent et gagnent en qualité.
Le marketing social a démontré un potentiel d'efficacité à promouvoir une saine alimentation et un
mode de vie physiquement actif, dans une grande diversité de contextes et auprès de diverses
populations.
Il est généralement reconnu que l'application des critères de référence d'Andreasen est favorable
au succès d’une intervention. D'autres recherches seraient toutefois nécessaires pour préciser les
critères et les facteurs les plus importants selon divers paramètres, tels que l'objectif poursuivi, la
population cible et le contexte.
L'examen de l'intégration des six critères d'Andreasen dans la planification et la réalisation des
interventions permettra de voir les implications de chaque principe en vue de son application. Le
tableau suivant (tableau 6) montre que le tiers des campagnes étudiées (6/17, surlignées dans le
tableau) mettent en œuvre la totalité des critères. Nous examinerons donc plus en détail chacun des
critères, en donnant des exemples de leur application, pour illustrer plus concrètement ce
qu'implique l'intégration d'un critère et mieux comprendre comment chaque critère peut contribuer à
l'efficacité d'une campagne.
5-4-3-2-1 Go! * * * * *
Eat It To Beat It * * * *
FunAction * * * * *
Go for 2&5 * * * *
Snack Right * * *
VERB * * * * * *
Wheeling Walks * * * *
Note : une case vide signifie que l'étude ne fournit pas de données sur cet aspect.
Toutes les interventions étudiées dans le corpus sont orientées vers un objectif comportemental,
puisqu'il s'agit là d'un critère d'inclusion dans la présente synthèse. On peut toutefois constater que
diverses applications du critère sont possibles.
Si l'objectif ultime est de modifier les habitudes de vie d'individus, les objectifs spécifiques d'une
intervention peuvent aussi inclure des objectifs concernant les conditions favorables à l'adoption du
comportement souhaité. Un objectif d'amélioration de connaissances uniquement ne respecterait
pas le critère comportemental, mais il est pertinent de viser par exemple une amélioration des
connaissances sur les fruits, comme objectif corollaire à l'objectif d'augmentation de la
consommation. Ainsi, la campagne Go for 2&5 visait uniquement une augmentation de la
consommation de fruits et légumes dans une population adulte. D'autre part, la campagne Energize
Your Life! cherchait à susciter une augmentation de la consommation de fruits chez les étudiants
d'un campus, mais également à améliorer leurs connaissances et leur attitude à l'endroit des fruits.
La campagne The Food Friends avait quant à elle pour objectif de rendre les nouveaux aliments plus
attrayants aux yeux des tout-petits et d'augmenter la disposition de ces derniers à goûter de
nouveaux aliments. C'est donc dire qu'un objectif comportemental peut inclure des facteurs en
amont des comportements, des connaissances, perceptions ou attitudes considérées favorables au
passage à l'acte souhaité.
Les interventions en activité physique sont souvent caractérisées par un objectif de recrutement
directement relié à un programme, conçu ou non dans le cadre de l'intervention. Dans le cas de la
campagne Fit and Fab, des sessions d'activité physique étaient offertes depuis un certain temps
dans la communauté. L'objectif de l'intervention étant d'augmenter la participation, la stratégie de
marketing social a entraîné une importante révision du produit et de la manière de le présenter à la
population cible. Dans le cas de Get Firefighters Moving, l'objectif initial était d'améliorer la condition
physique des pompiers par l'activité physique et le programme d'activités a été conçu à la lumière
des données recueillies sur la population cible. On a donc ici un cas où l'objectif de recrutement de
participants aux activités a été déterminé dans le cours du processus de conception de l'intervention.
Il est également possible d'adopter un objectif comportemental plus large, et à plus long terme, par
exemple promouvoir l'adoption d'un mode de vie physiquement actif dans un segment de
population, comme on l'a vu avec la campagne VERB destinée aux jeunes de 9 à 13 ans, les
« tweens », aux États-Unis. Un tel objectif appelle la mobilisation de moyens d'une grande envergure
et ce fut le cas avec VERB. Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) lançaient la
campagne en 2002 et une des formulations de l'objectif général était : « [d']encourager les jeunes de
9 à 13 ans à être physiquement actifs chaque jour 5 » (Huhman et collab., 2010). La campagne a
évidemment bénéficié de l'apport de spécialistes du marketing et cela transparaît dans une autre
formulation du même objectif : « l'intention était d'imposer VERB comme la marque associée à
l'activité physique pour les jeunes de 9 à 13 ans, d'influencer les normes comportementales de ces
jeunes en positionnant l'activité physique comme hautement attrayante et allant de soi 6 » (Huhman et
collab., 2007). L'objectif général s'est décliné dans le cas de VERB en plusieurs objectifs spécifiques
et il peut en être de même pour des campagnes de moindre envergure. Entre autres, VERB avait
pour objectifs corollaires de sensibiliser les parents à l'importance de l'activité physique pour leurs
tweens, de susciter chez les parents des attitudes positives et le soutien aux activités physiques de
5 « In 2002, the Centers for Disease Control and Prevention (CDC) launched the VERB campaign to encourage children aged
9 to 13 years to be physically active every day. »
6 « VERB’s intent was to become the children’s brand for physical activity, affecting behavioral norms by positioning physical
activity as a highly appealing and easy choice. »
leurs enfants, ainsi que de leur suggérer divers moyens pour exercer une influence positive sur les
comportements des enfants (Price, Huhman et Potter, 2008).
Une campagne de marketing social peut être dirigée directement vers le groupe dont les
comportements sont à modifier, mais elle peut également cibler d'autres groupes ou segments de
population dont les décisions et les actions sont susceptibles de favoriser les changements de
comportements ultimement souhaités. Une possibilité consiste à agir sur le réseau social. Des
interventions peuvent par exemple cibler les parents, afin d'influencer au bout du compte les
comportements des enfants; c'est le cas des campagnes 5-4-3-2-1 Go!, Change For Life et Think
Again.
Il peut aussi être pertinent et efficace de concevoir une intervention auprès de groupes ayant le
pouvoir d'agir sur divers facteurs environnementaux susceptibles d'influencer les comportements,
que ces facteurs soient ou non d'ordre socioculturel. La campagne LEAN est intéressante à cet
égard. Dans ce cas, l'objectif comportemental était d'inciter les membres des conseils de districts
scolaires de Californie à adopter des mesures pour améliorer l'offre d'aliments sains à l'école. Moins
de deux ans après le début de la campagne, on a observé une augmentation significative des sujets
reliés à l'alimentation à l'ordre du jour des réunions des conseils scolaires, un plus grand nombre de
politiques alimentaires ont été adoptées et les membres des conseils scolaires ont déclaré une
volonté accrue de soutenir les mesures pour favoriser la saine alimentation à l'école. En d'autres
mots, la campagne a permis un rehaussement du niveau de priorité accordé par les conseils
scolaires à l'adoption de politiques favorables à une saine alimentation.
À RETENIR
Au moment de la conception d'une intervention, il importe de bien définir la portée des objectifs
comportementaux. Au terme de l'intervention, veut-on mesurer, par exemple, une augmentation de la
consommation d'aliments sains (changer un comportement), ou plutôt une plus grande ouverture aux
nouveaux aliments chez les enfants (agir sur un déterminant du comportement de consommation)?
Une telle précision favorise la cohérence de l'intervention et son positionnement parmi l'ensemble
des actions de promotion des saines habitudes de vie.
Les campagnes sont toutes différentes, notamment parce qu'elles reposent en général sur une
recherche formative. C'est en effet cette recherche préalable qui permet d'approfondir la
connaissance de la population cible, de mieux comprendre ses contraintes, ses besoins et ses
aspirations. Cette connaissance doit alimenter directement la conception de la campagne. Les
informations peuvent être recueillies dans les écrits scientifiques, auprès d'experts, ou auprès de
divers acteurs de la population cible. Idéalement, la recherche formative comprend une consultation
auprès de la population ciblée.
Par exemple, la campagne Energize Your Life! a bénéficié d'entrevues de groupes menées avec des
étudiants du campus visés par l'intervention, dans le but d'identifier les barrières à la consommation
de fruits et pour recueillir des idées de messages à transmettre afin d'encourager les étudiants à
augmenter leur consommation quotidienne.
Dans le cas de la campagne Fit and Fab, où l'on faisait la promotion de l'activité physique auprès
d'une population adulte de faible niveau socioéconomique, la recherche formative a révélé que
certaines contraintes liées à la participation à un programme d'activité physique représentent des
barrières plus importantes pour une telle population. Les aspects identifiés comprenaient : le coût de
l'abonnement, la garde des enfants, l'accès à l'information sur les programmes, le soutien de
l'entourage immédiat (en particulier pour les femmes), l'importance des occasions de socialisation et
de plaisir partagé, de même que la perception de sa propre compétence (ou sentiment d'auto-
efficacité). Ces données ont amené les responsables de l'intervention à modifier le produit d'origine,
pour en faire un programme d'activités à prix modique, ne demandant pas de compétences
préalables et comportant diverses mesures pour en faciliter l'accès.
La recherche formative a été particulièrement importante dans le cas de Get Firefighters Moving.
L'intervention était motivée par le fait, confirmé par de nombreuses recherches, que les pompiers
constituent une population à risque de maladie coronarienne et de mortalité subite due à des
problèmes cardiaques. Les décès de pompiers survenus en service en Caroline du Nord seraient en
effet attribuables à un accident cardiaque dans une proportion de 44 %. L'activité physique étant
identifiée comme solution préventive, il est apparu dès le départ de la démarche que le succès d'une
intervention de promotion de l'activité physique dans ce milieu demandait une mobilisation
d'ensemble des pompiers professionnels et de leurs officiers et administrateurs à tous les niveaux.
Une stratégie de collecte de données par étapes consécutives, comprenant des entrevues
individuelles de type ethnographique, des entrevues de groupe et des sondages, a permis de
construire une connaissance fine de la culture des pompiers de l'État de Caroline du Nord. La
recherche a entre autres montré que les pompiers avaient des dispositions pour les sports d'équipe
compétitifs, mais les gestionnaires étaient réticents, en raison des risques de blessures et de pertes
de jours de travail. À partir des résultats de la recherche formative, on a suscité la création d'équipes
dans les casernes, dans des sports comme le volleyball, le basketball, le flag football et le Frisbee
football. Les équipes associaient toujours des pompiers avec des officiers ou des administrateurs, ce
qui renforçait l'esprit de corps de chaque caserne et servait bien la compétition sportive entre les
casernes. On a obtenu un taux de participation de 90 % des 190 pompiers visés. Les mesures
effectuées sur une période de six mois montrent une amélioration générale de la condition physique
des pompiers participants, mesurées notamment par la pression artérielle systolique, la condition
cardiovasculaire, la flexibilité et le taux d'adiposité corporelle (Staley, 2009). Les résultats obtenus
mettent en lumière l'importance de tenir compte des perceptions, des valeurs et des normes sociales
partagées par un groupe au moment de concevoir une intervention visant un changement des
habitudes de vie.
Selon les auteurs de l'étude sur la campagne Energize Your Life! (Shive et Neyman Morris, 2006), la
recherche formative comporte ses avantages et ses inconvénients. Ce critère essentiel du marketing
social, qui oriente l'intervention à partir des connaissances acquises auprès de la population cible et
utilise des messages et du matériel testé auprès de cette population, favorise l'efficacité. Toutefois, la
recherche formative exige un investissement en temps et en ressources qu'il faut bien évaluer dans la
planification d'une campagne, afin de ne pas réduire la capacité d'intervention.
À RETENIR
La recherche formative favorise l'efficacité de l'intervention en appuyant son élaboration sur une
connaissance approfondie de la population cible. L'impact de l'intervention sera également tributaire
d'un bon équilibre entre recherche préalable et action.
4.3 La segmentation
La segmentation est liée à l'efficacité, au sens où, quelle que soit l'envergure de la campagne, les
messages transmis et les mesures mises en place ont davantage de chance d'avoir un impact s'ils
sont conçus en regard de caractéristiques partagées de façon relativement homogène au sein du
groupe ciblé. Une intervention peut être orientée en misant sur des dispositions favorables d'un
groupe par rapport à l'objectif poursuivi ou, au contraire, en cherchant à éliminer des barrières. Ces
deux aspects peuvent également cohabiter dans une même campagne.
Par exemple, les étudiants américains de niveau universitaire sont réputés partager une alimentation
pauvre en fruits et légumes et riche en gras, sodium et sucres ajoutés. Ce constat ne distingue pas
particulièrement les étudiants du reste de la population des États-Unis. Par contre, la campagne
Energize Your Life! misait sur le fait que les individus de cette population, étant donné leur statut et
leur rôle d'apprenants, à cette période de leur vie, sont susceptibles d'être ouverts au changement.
Dans le cadre de la campagne, au sein de la population étudiante du campus visé, on a aussi
effectué le découpage d'un sous-segment d'étudiants plus à risque de faible consommation de
fruits, à qui on a expédié par la poste du matériel promotionnel. Les résultats de cette campagne
sont considérés modestes par Shive et Neyman Morris, puisque malgré une augmentation
significative de la consommation, le nombre d'étudiants qui consomment au minimum deux fruits par
jour est demeuré en deçà de 50 %. Les chercheurs avancent comme facteur explicatif qu'environ
25 % des étudiants vivent avec des revenus insuffisants, ce qui affecte la qualité de leur alimentation.
Les résultats sont tout de même prometteurs, considérant que l'intervention a duré seulement deux
mois, dans un collège dont l'effectif est d'environ 15 000 étudiants.
Dans le cas de la campagne Fit and Fab, la population cible, composée en majorité de femmes, était
sensibilisée aux bénéfices de l'activité physique et entretenait une attitude plutôt positive à cet égard.
L'intervention misait sur cette base favorable et devait s'attaquer à des barrières telles la peur de se
présenter seule à une activité ou le sentiment d'incompétence à participer à des activités nouvelles.
Pour ce qui est de Get Firefighters Moving, les pouvoirs publics commanditaires de l'intervention ont
exprimé leur désir d'inclure les policiers comme cible de la campagne. Après discussion, il a été
convenu de s'en tenir aux pompiers, chez qui l'organisation du travail et les relations d'équipe sont
différentes de celles des policiers. De plus, des éléments culturels particuliers ayant été révélés par la
recherche formative dans chaque caserne, des mesures interventionnelles particulières ont
également été mises au point pour les différentes casernes, en tant que segments de la population
de pompiers.
La campagne LEAN ciblait un segment de population très restreint, soit les membres des conseils
scolaires. L'intervention auprès de ce groupe constituait un investissement important, relativement au
nombre de personnes touchées, mais l'issue de l'intervention avait un potentiel d'impact majeur sur
l'environnement alimentaire de toutes les écoles de l'État de Californie.
La campagne VERB ciblait les jeunes de 9 à 13 ans de l'ensemble des États-Unis. Dans ce segment
de population, on observe une décroissance du temps consacré à l'activité physique, mais en même
temps, on considère qu'il est possible de susciter l'adoption d'habitudes qui seront conservées pour
le reste de la vie. Au sein de la population cible, là encore, une sous-segmentation a été effectuée,
donnant lieu par exemple à la diffusion de messages en espagnol à travers des stations de radio et
de télévision hispanophones de Houston, Los Angeles et Miami. Dans le même esprit de
segmentation, des sous-groupes ont été identifiés, en cours de campagne, comme ayant une moins
grande connaissance/compréhension des messages. Pour remédier à cette progression inégale, des
efforts de renforcement ont été investis auprès des sous-groupes concernés.
À RETENIR
La segmentation de la population cible, ou le ciblage d'un segment spécifique d'une population,
permet la mise au point de messages et de mesures de soutien plus spécifiquement adaptés et donc
plus susceptibles de produire l'effet escompté.
4.4 L’échange
L'échange est une dimension essentielle de la distinction entre une campagne de marketing social et
une campagne de communication. La campagne de communication est fondée sur la transmission
d'information, tandis que la campagne de marketing social demande à son public cible un
engagement, un effort pour modifier un comportement, poser une action ou prendre une décision en
faveur de sa santé personnelle ou de la santé de la collectivité. En retour de leur effort, les adhérents
à la campagne doivent retirer un bénéfice. Outre le bénéfice à long terme, les participants doivent
recevoir à court terme une certaine forme de rétribution, tangible ou intangible. Cela peut prendre la
forme de récompenses matérielles, financières, ou encore symboliques, comme la reconnaissance
ou la satisfaction personnelle.
Les responsables de la campagne Energize Your Life! ont su mobiliser des partenaires de la
communauté qui ont apporté un soutien à l'intervention en temps de travail et en matériel. Cela a
notamment permis d'offrir à la population cible, en plus des messages sur les bienfaits associés à la
consommation de fruits, des occasions de goûter des fruits et des produits à base de fruits, ainsi que
des recettes utilisant les fruits. Dans le cas de Fit and Fab, le plaisir de la socialisation faisait partie de
l'offre au même titre que le plaisir de bouger. Pour les pompiers de Get Firefighters Moving, la
compétition sportive était en elle-même un bénéfice et le renforcement de la capacité physique
d'intervention, en situation de danger, représentait aussi un gain très concret. Les membres des
conseils scolaires touchés par la campagne LEAN étaient motivés par les bénéfices pour les élèves
sous leur responsabilité (attention, assiduité, réussite…). Aux enfants de la campagne The Food
Friends, on a proposé des images associant les fruits et légumes à des personnages amusants.
La notion d'échange a inspiré en grande partie la campagne VERB, qui présentait le mode de vie
physiquement actif comme une occasion de socialisation, de plaisir et d'inclusion dans ce qui est
considéré populaire (cool) (Huhman et collab., 2010). En plus des bénéfices non tangibles, des
possibilités concrètes d'être actifs et du matériel de jeu ont été offerts aux jeunes à de nombreux
moments de la campagne. Entre autres, des kiosques VERB étaient installés dans divers festivals et
foires, où les jeunes pouvaient jouer dans une zone identifiée à VERB et recevoir des items aussi
identifiés à VERB, comme des Frisbees (Berkowitz, Huhman et Nolin, 2008). Un outil de recherche
d'activités par code postal fut ajouté au site Web de VERB la deuxième année (Huhman et collab.,
2007). Des échanges ont été entretenus avec les écoles et les jeunes à travers des activités
ponctuelles. Par exemple, un programme de créativité sportive de trois semaines fut proposé aux
écoles. Le programme encadrait un concours consistant à combiner le basketball avec un autre sport
ou une pièce d'équipement afin de créer un sport hybride. VERB fournissait aux écoles une trousse
très complète comprenant entre autres des ballons, des guides pour les enseignants, des lettres
types pour les parents, des affiches et des objets récompenses. Comme mesure financière incitative,
les écoles participantes pouvaient courir la chance de gagner 20 bourses de 1 000 dollars.
L'accent sur l'échange dans la conception de la campagne VERB semble avoir été un ingrédient
important du succès. Pour cet aspect et pour son utilisation poussée des possibilités du marketing
social, la campagne est citée en exemple, notamment par l'Institute of Medicine (2012) des États-
Unis. VERB a par ailleurs inspiré la campagne WIXX au Québec, une intervention également destinée
aux jeunes de 9 à 13 ans, utilisant divers médias, entre autres le Web, et dont les principales phases
de promotion ont été déployées en 2012 et 2013 (Bélanger-Gravel et collab., 2014).
À RETENIR
Le critère de l'échange signifie que les personnes touchées par l'intervention doivent en retirer un
bénéfice, non seulement à long terme (par exemple, de meilleures habitudes de vie leur assurant une
meilleure santé), mais aussi à court terme (par exemple, la satisfaction personnelle d'avoir atteint un
but, ou l'accès à des équipements et des activités procurant un plaisir immédiat).
Le marketing social fait référence au marketing mix en tant que principe de base du marketing
commercial, mais il l'adapte et le complète en fonction de ses objectifs propres. Appliqué au
marketing social dans le domaine de la santé publique, le marketing mix prend la couleur des objets
spécifiques au domaine.
Dans le marketing commercial, le marketing mix, aussi connu sous l'expression « 4P du marketing »,
désigne le produit, le prix, la distribution (place en anglais) et la promotion. En promotion des saines
habitudes de vie, tel que le formulent par exemple Sharpe et ses collaborateurs :
le produit est représenté par les comportements sains et tous les avantages qui en découlent
pour les personnes qui les adoptent;
le prix consiste en tous les investissements, notamment sociaux, économiques et
psychologiques, nécessaires pour réaliser un changement de comportement;
la distribution concerne la manière de mettre le produit à la disposition du groupe cible, tenant
compte du contexte, des ressources disponibles et des possibilités de soutien de la part de
partenaires;
la promotion réfère à toutes les actions entreprises pour faire en sorte que les saines habitudes de
vie soient perçues comme désirables, entre autres la communication de messages et le matériel
pour les transmettre.
L'étude de Withall, Jago et Fox décrit bien quelques éléments du marketing mix de la campagne Fit
and Fab. Le produit offert, des sessions d'activité physique en groupe, a été remodelé en s'appuyant
sur la recherche formative et sur les écrits spécialisés en lien avec le recrutement et la rétention. Le
produit devait être accessible et attrayant pour des adultes (en majorité des femmes) peu familiers
avec le sport et les centres d'entraînement. Aussi, les sessions comprenaient de la danse (danse en
ligne, zumba et salsa), de la gymnastique dirigée et des séances de Body Tone (étirements et
exercices d'équilibre). Le prix des sessions était très peu élevé (gratuit les six premières semaines et
environ 2 dollars par session par la suite). Le produit était disponible dans le milieu de vie de la
population cible (les centres de loisirs locaux), assez tôt le matin, mais après le départ des enfants
pour l'école ou la garderie. Un grand soin fut porté à rendre le produit attrayant, par exemple en
offrant sur place du thé et du café gratuits et des occasions pour les participants de se connaître et
de partager leurs impressions sur l'expérience. Côté promotion, les principaux messages de la
campagne étaient inspirés de l'analyse des barrières, des motivations et des facteurs favorables
identifiés dans la recherche formative. Les canaux médiatiques furent choisis en tenant compte des
habitudes de la population cible, en évitant le plus possible le débordement de la promotion à des
secteurs voisins, plus aisés. Les efforts de publicité furent concentrés sur l'affichage, la distribution
de matériel et le bouche à oreille dans la communauté.
Concernant la campagne Get Firefighters Moving, l’article de Staley avance une intéressante
réflexion sur le prix. Bien que les activités compétitives fussent bien adaptées à la culture des
pompiers et que la participation fût offerte gratuitement, incluant l’accès à tout l’équipement requis,
la participation avait tout de même un prix. Certains pompiers pouvaient trouver difficile la pression
des pairs pour l'adoption d'habitudes susceptibles d'améliorer la performance sportive, par exemple
arrêter de fumer ou adopter une alimentation plus saine. Pour certains, il pouvait être difficile d'avoir
moins de temps pour les activités personnelles (par exemple, répondre à ses courriels personnels et
naviguer sur Internet), à cause des périodes occupées par les rencontres sportives et toute la
préparation en conséquence. Ce prix devait donc être minimisé, entre autres par des mesures de
promotion et de soutien de la part des pairs.
Le marketing mix peut mobiliser des moyens de promotion expérientiels, par exemple voir, toucher et
sentir de nouveaux aliments avant de les goûter, comme dans la campagne The Food Friends. Cette
campagne pilote de 12 semaines consistait surtout en de multiples occasions offertes aux enfants de
découvrir de nouveaux aliments, avec le soutien de livrets illustrés pour les enfants et de matériel
promotionnel destiné aux enseignants et aux parents. La création de personnages colorés
représentant des légumes, spécialement pour l'intervention, représentait néanmoins un
investissement relativement important dans la promotion.
On peut également tabler sur des moyens moins tangibles et néanmoins efficaces pour atteindre
l'objectif poursuivi. Dans le cas de la campagne LEAN, par exemple, on misait sur les réseaux
d'influence des milieux de l'éducation et les contacts directs, comme les ateliers de formation et les
colloques, davantage que sur la communication de masse.
Les moyens peuvent être plus spectaculaires, comme avec les vidéos publicitaires de VERB. Dans ce
cas, la promotion a occupé une place prépondérante dans le marketing mix. Le produit offert aux
jeunes était le mode de vie physiquement actif, présenté comme une occasion présente dans
n'importe quel milieu et qu'il suffit de saisir pour en profiter. La campagne, d'une durée de quatre
ans, était conçue de façon à saturer l'environnement socioculturel des jeunes de 9 à 13 ans de
messages en provenance de la télévision, des médias imprimés, de la radio, d'Internet, de la
communauté, des événements ponctuels, de l'école, des partenaires locaux et nationaux et de porte-
parole significatifs pour le groupe cible (Price, Huhman et Potter, 2008). Les messages vidéo diffusés
sur des chaînes de télévision populaires auprès des jeunes fut le principal élément de promotion de
VERB (Huhman et collab., 2007). Les productions vidéo furent réalisées par des publicitaires aguerris,
utilisant des acteurs professionnels et des techniques de pointe. Des publicités furent également
placées dans des magazines comme Sports Illustrated for Kids, Game Pro et ELLEgirl. La plus
grande part des 339 millions de dollars américains de financement public de la campagne furent
dévolus à la publicité (voir entre autres Step into the Sun :
https://www.youtube.com/watch?v=47cHf1YqE2A).
Le travail dans les communautés et dans les écoles a bénéficié de la visibilité de la publicité VERB
dès la première année et fut intensifié la deuxième année. Des trousses de promotion furent
distribuées en grand nombre dans les organisations communautaires et les écoles à travers les
États-Unis. Dans les communautés ciblées pour recevoir une « dose augmentée » de la campagne,
on a expérimenté des formes plus directes de promotion. Par exemple, des jeunes de 16 à 21 ans
ont été recrutés pour interpeller directement les tweens à des endroits stratégiques (centres
commerciaux, entrées de cinéma…), les entretenir sur le plaisir d'être actif et distribuer des objets
portant la marque VERB, comme des tatouages temporaires et des bracelets (Berkowitz, Huhman et
Nolin, 2008). Dans ces communautés à forte dose, des partenariats furent constitués avec des
organismes locaux, en vue d'assurer la pérennité de VERB après la fin de la campagne en 2006.
Dans le marketing mix, il faut aussi inclure l'association à une marque (le branding) comme un atout
majeur pour susciter l'adhésion à une intervention. Comme le montre l'étude de Jarvis et ses
collaborateurs, sur Think Again, la valeur de la marque peut contribuer à l'efficacité d'une campagne
de marketing social. On remarque d'ailleurs que toutes les campagnes analysées ici sont identifiées
par une marque distinctive. Par exemple, pour Fit and Fab, on a testé plusieurs noms auprès du
groupe cible. Fit and Fab a été retenu parce que « Fit », qui fait référence à la bonne forme plutôt qu'à
l'exercice, était perçu comme plus familier et parce que l'association avec « Fab » (pour fabulous)
renvoie au plaisir et à la fantaisie. En somme, la marque à elle seule devient ainsi un message inclusif.
De plus, la consultation de représentants du groupe cible sur le nom de la campagne faisait partie de
la stratégie pour générer un mouvement sociétal en faveur du programme. Dans le cas de VERB, la
valeur de la marque a été entretenue avec soin pour que les jeunes puissent s'y identifier. Dès la
deuxième année de campagne, la marque n'était plus utilisée dans les messages destinés aux
parents, afin de renforcer le lien entre VERB et les tweens.
À RETENIR
L'idée principale à retenir ici est qu'un ensemble de moyens de soutien et d'encouragement, incluant
la communication, doivent être dosés et agencés pour chaque campagne et que ce mélange, selon
la durée de la campagne, doit souvent être ajusté en cours de route.
4.6 La concurrence
Encore une fois, on s'inspire ici du marketing commercial, qui tient compte de la compétition dans
ses efforts pour faire adopter un produit. En marketing social, la notion de compétition peut englober
tous les facteurs qui constituent des forces contraires aux objectifs poursuivis, tant chez les
personnes de la population cible que dans les environnements.
Dans le cas d'Energize Your Life!, on a mené des entrevues de groupe auprès des étudiants sur les
barrières à la consommation de fruits. De plus, une entrevue en profondeur a été conduite avec le
gestionnaire des services alimentaires, avant l'intervention, sur les barrières et sur la faisabilité d'une
adaptation de l'environnement alimentaire du campus. Pour les pompiers visés par Get Firefighters
Moving, les appels d'urgence constituaient la première cause possible de conflit avec les périodes
réservées à l'activité physique. Des facteurs personnels, tels que les habitudes antérieures pouvaient
constituer des forces contraires. Des facteurs organisationnels, tels les horaires de la formation
continue, les événements de relations publiques et diverses tâches courantes étaient considérés par
les pompiers « de première ligne » comme des facteurs non favorables et cela fut porté à l'attention
des gestionnaires, afin qu'ils apportent les correctifs pour assurer un meilleur soutien au programme
de conditionnement physique. Dans le contexte de la campagne LEAN, plus de la moitié des districts
scolaires étaient liés par des contrats avec des entreprises de restauration rapide ou de vente
d'aliments camelote. Ces contrats étaient vus par les membres des conseils comme nécessaires
pour pallier le financement décroissant et l'augmentation des coûts assumés par les établissements 7.
7 Une situation similaire prévalait au Québec, dans plusieurs écoles, au moment de l'adoption de la politique-cadre Pour un
virage santé à l'école en 2007.
Les normes sociales sont assurément au nombre des forces qui peuvent faire obstacle à des
comportements plus favorables à la santé, comme on a pu le voir en lien avec plusieurs
interventions. Entre autres, il a été observé par la recherche formative de Get Firefighters Moving que
l'habitude de s'entraîner n'était pas bien vue chez les pompiers de la Caroline du Nord. La norme
sociale valorisait plutôt le contraire. De leur côté, les responsables de la campagne Fit and Fab ont
privilégié des tactiques pour attirer le plus grand nombre de personnes possible à expérimenter au
moins une session du programme, de façon à ce que l'information sur le programme circule de
bouche à oreille et contribue à un changement de norme sociale dans la communauté. Enfin, la
campagne The Food Friends visait à aider une population de tout-petits à surmonter la néophobie
alimentaire, une attitude réfractaire à la découverte de nouveaux aliments. La néophobie étant
inégalement distribuée dans diverses sociétés, les promoteurs de la campagne ont misé sur
l'hypothèse voulant que cette attitude soit dans une large part déterminée par le contexte
socioculturel. En effet, la réaction négative face aux nouveaux aliments, partagée parmi les enfants
d'un milieu donné, peut relever au moins en partie de la norme sociale. La campagne a montré que
cette norme peut changer. On a vu que ces enfants peuvent être amenés à aimer goûter de
nouveaux aliments lorsqu'on leur offre des occasions nombreuses et variées d'explorer avec tous
leurs sens et d'ingérer de nouveaux aliments, dans un cadre collectif stimulant.
À RETENIR
Une intervention de marketing social propose un changement de comportement, en concurrence
avec des forces contraires, tant de nature individuelle qu'environnementale. Cette concurrence doit
être identifiée et des moyens doivent être pris pour en minimiser l'impact.
Afin de favoriser une exploitation optimale des ressources du marketing social, il importe de
structurer la réalisation de toute campagne suivant une méthode éprouvée. Généralement parlant, on
pourra s'inspirer du schéma habituel de tout programme de prévention ou de promotion de la santé :
analyse de la situation; détermination des objectifs; mobilisation autour du projet; élaboration de la
stratégie; mise en œuvre; et, finalement, évaluation. Mais, au-delà du schéma de base, il sera utile de
profiter d'une procédure plus explicite et davantage spécifique au marketing social. En ce sens,
plusieurs auteurs ont proposé des guides de réalisation. Notamment, parmi les études de notre
corpus, Shive et Neyman Morris proposent une procédure en six étapes. Des organisations comme
les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis
(http://www.cdc.gov/healthcommunication/) et le National Social Marketing Centre (NSMC) au
Royaume-Uni (http://www.thensmc.com/content/tools-resources) fournissent également des guides
et des outils de planification d'une campagne de marketing social. Nous décrirons brièvement ici le
« plan de marketing social » proposé par Lagarde (2015), un guide complet qui tient compte des
expériences canadienne et québécoise. La planification d'une intervention y est décrite en sept
étapes : 1) les objectifs de changement; 2) l'analyse des publics cibles; 3) l'analyse du contexte; 4)
les objectifs mesurables; 5) la stratégie; 6) le suivi et l'évaluation; et 7) la mise en œuvre. Au moment
de concevoir une campagne, on aura avantage à consulter la publication de Lagarde, qui comprend
de nombreux exemples, outils et conseils pratiques.
3) L’analyse du contexte
L’analyse du contexte relève de la recherche formative, mais renvoie également au critère de la prise
en compte des forces contraires. En effet, il s’agit ici d’étudier les forces en présence, d’identifier les
occasions favorables, les défis et les menaces éventuelles.
5) La stratégie
L'étape cruciale des choix stratégiques fait appel à plusieurs critères, ou principes, du marketing
social. Ici on approfondit l'approche segmentée de la population cible et on développe les divers
moyens du marketing mix, en mettant en valeur l'échange et en tenant compte des forces contraires.
Lagarde identifie cinq aspects de l'élaboration de la stratégie :
a) « le positionnement;
b) la création de conditions favorables ou la modification de l'offre (programme, service ou produit,
comportement) dont on fait la promotion de façon à le rendre attrayant et avantageux pour les
publics cibles, peu coûteux sur le plan psychologique ou financier et facile d'accès;
c) les canaux et les activités de communication;
d) les messages et les messagers;
e) les partenariats, afin d'établir la crédibilité de l'organisme, d'exercer plus d'influence, d'avoir
accès aux publics cibles ou de mobiliser les ressources nécessaires. » (op. cit. p. 180)
6) Le suivi et l'évaluation
Il s'agit ici d'un processus continu, depuis la conception de la campagne jusqu'à sa conclusion. Le
suivi des activités permet d'appliquer le plan et éventuellement de procéder aux ajustements
nécessaires en cours de route. Ainsi, les données sont collectées pendant toute la réalisation du
projet, en vue de l'évaluation des résultats de la campagne.
7) La mise en œuvre
Le calendrier et le budget sont les principaux éléments pour assurer la réussite de la mise en œuvre.
3) Modifier largement autour du projet, y compris obtenir le soutien concret des partenaires
La mobilisation autour du projet concerne autant la population cible que les partenaires potentiels de
la communauté et les instances de divers ordres qui pourraient apporter un soutien à la conception
et à la réalisation de l'intervention. Dans plusieurs cas, certaines carences de financement peuvent
être comblées par des contributions en nature de la part d'organismes ou d'entreprises.
Conclusion
Cette synthèse de connaissances confirme le potentiel d'efficacité du marketing social. Le cadre de
planification et de conception offert par le marketing social permet une définition sur mesure des
composantes de l'intervention, afin d'en optimiser l'impact.
La littérature consultée permet également de penser que l'utilisation du marketing social est en
croissance dans les interventions de santé publique, considérant son plus grand potentiel d'efficacité
en comparaison avec les campagnes de communication. D'une part, les conditions d'efficacité du
marketing social, selon les objets d'intervention, les populations et les contextes, restent à être
précisées. D'autre part, son orientation consistant à prendre en compte un ensemble de
déterminants des comportements, y compris les déterminants environnementaux, lui assure un
avantage certain. Cet avantage est acquis en théorie et tend à être confirmé dans la pratique.
Depuis plusieurs décennies, l'approche écologique exerce son influence dans de nombreuses
sphères d'activité, dont la santé publique. Le marketing social est également marqué par la même
influence, comme en témoigne sa propension à agir sur les déterminants environnementaux des
comportements.
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Critères d’inclusion
Articles publiés dans des revues scientifiques reconnues, soumises à un processus d'évaluation par
les pairs.
(2) utilisant au moins une autre composante du marketing mix que la communication
par les médias de masse;
Plan thématique L'étude analyse l’impact de toute intervention de marketing social ayant pour objectif la
promotion d'une saine alimentation ou d'un mode de vie physiquement actif.
Territoire Les études incluses décrivent des interventions mises en œuvre dans des pays (États-
d’application Unis, Europe, Australie) comparables au Canada et au Québec.
CINAHL
Environment Complete
ERIC
MEDLINE Complete
PsycINFO
Mots clés
Promotion d'un mode de vie physiquement actif ((physical W1 (activit* OR conditioning)) OR training
OR exercis* OR sport* OR ((physically OR living OR
lifestyle* OR life-style*) N1 active) OR fitness) OR AB
((physical W1 (activit* OR conditioning)) OR training
OR exercis* OR sport* OR ((physically OR living OR
lifestyle* OR life-style*) N1 active) OR fitness)
478 articles
(après dédoublonnage Articles exclus (n=463) :
automatique)
• doublons restants
• non identifiés au marketing social
• autres habitudes de vie
• articles théoriques/conceptuels
• sociétés non comparables
• campagnes de communication
15 articles • études non seulement marketing social
(4 revues et 11 études
d'intervention unique) • pas de données sur l'impact
26 articles
(4 revues et 22 études
d'intervention unique)
Note : Les revues de Gordon et collab. 2006 et Stead et collab. 2007 incluent des interventions communautaires non
étiquetées « marketing social » par les auteurs des études empiriques.
Interventions en activité
Référence Pays Moyens mis en œuvre Évaluation
physique
Fit and Fab Withall, Jago et Royaume-Uni La partie visible de l'intervention consistait en divers moyens Des données sur la participation ont été recueillies
Promotion de l'activité Fox, 2012 de communication, incluant les communications dans les chaque semaine et analysées mensuellement pour
physique auprès d'une médias de masse, pour susciter la participation aux activités montrer l'évolution de la participation au cours des
population adulte de organisées dans le cadre de la campagne (gymnastique, 6 mois d'intervention. Des analyses de variance ont
milieux de faible niveau danse en ligne, Zumba, etc.). Les messages présentaient les été appliquées pour déterminer l'impact de la
socioéconomique (2010) activités comme accessibles à tous et des mesures campagne sur le recrutement et la participation. On a
particulières soutenaient l'accessibilité (ex. déjeuner offert sur comparé les abandons et les adhésions afin de juger
place). de l'efficacité du recrutement. On a comparé les taux
d'adhésion lors de l'intervention, lors d'activités
antérieures et dans une communauté témoin sans
intervention de marketing social.
FunAction Bush, Laberge Canada Au cours de 16 semaines d'intervention, 152 sessions de Évaluation quasi-expérimentale, avant-après, du
Promotion de l'activité et Laforest, Montréal diverses activités réputées attrayantes pour les jeunes ont été temps d'activité physique libre et du plaisir à
physique auprès 2010 offertes au groupe cible (danse africaine, cardio-surprise, pratiquer une activité physique; auprès d'un groupe
d'adolescents des niveaux “Abdominator”, Kung Fu, Hip Hop, basketball, etc.). Divers témoin (n = 137) de 2e secondaire et d'un groupe
scolaires secondaire 1 et 2, événements et moyens de communication ont été mis en intervention (n =165) de 1re secondaire, de la même
en milieu multiethnique et œuvre pour promouvoir les activités (ex. spectacles de école; questionnaire auto-administré en décembre
défavorisé (2004) variétés, annonces et rappels, photos des participants 2004 et juin 2005.
affichées dans l'école, T-Shirts offerts aux participants, etc.).
FunAction Laberge, Bush Idem Idem. Étude quasi-expérimentale, menée auprès des élèves
Promotion de l'activité et Chagnon, de 8e année (n = 165), les élèves de 7e année formant
physique auprès 2012 le groupe témoin (n = 137). Questionnaire auto-
d'adolescents des niveaux administré, avant et après l'intervention. Analyses de
scolaires secondaire 1 et 2, variance et de corrélation, afin de noter les
en milieu multiethnique et adolescents par rapport à 5 compétences et attitudes
défavorisé (2004) : maîtrise de soi, estime de soi,
attention/concentration, compétence sociale et
relations interethniques.
Get Firefighters Moving Staley, 2009 États-Unis La recherche formative a examiné tous les aspects de la Pendant les 6 premiers mois de l'intervention, des
Promotion de la bonne culture interne des services d'incendie de la Caroline du Nord. données biométriques ont été recueillies auprès des
forme physique par le Les connaissances recueillies par la recherche préliminaire ont participants lors de chaque compétition sportive
sport, chez les pompiers orienté l'intervention vers la création d'équipes sportives de organisée.
professionnels (2008) compétition.
Interventions en activité
Référence Pays Moyens mis en œuvre Évaluation
physique
PATH (Positive Action for Wilson et États-Unis L'intervention complète comportait un volet de marketing Trois communautés ont été recrutées et un statut
Today's Health) collab., 2014 social destiné à faire percevoir la marche comme sécuritaire différent a été attribué à chacune : 1) activité de
Promotion de la marche à et accessible. Les messages étaient diffusés par des leaders marche sous protection policière, plus marketing
pied dans une population de la communauté, notamment à l'aide de produits sur social; 2) activité de marche sous protection policière
afro-américaine de faible mesure et d'objets promotionnels. Un calendrier de 12 mois seulement; et 3) intervention de promotion de la santé
niveau socioéconomique présentait un message différent chaque mois et montrait des sans offre d'activité de marche. Au total
(2008) photos de membres de la communauté pratiquant la marche, 434 participants (62 % de femmes; âge moyen 51
dans le but de modifier les normes sociales relatives aux ans) ont fourni des données d'accéléromètre et des
habitudes de vie. données psychosociales au temps zéro, ainsi qu'à 12,
18 et 24 mois du début de l'intervention.
Step Up. Step Out! Sharpe et États-Unis La recherche participative a été menée par une équipe Les données d'évaluation proviennent de deux
Promotion de l'activité collab., 2010 d'universitaires et de membres de la communauté. sondages, l'un auprès de la population adulte de
physique, auprès de L'intervention complète fournissait aux participants, en plus 18 ans et plus (exposée aux messages médiatiques
femmes de 35 à 54 ans des messages médiatiques : une trousse comprenant un seulement) et l'autre auprès d'un échantillon de
peu actives physiquement podomètre et divers outils et conseils; des messages participantes touchées par l'intervention complète.
(2004) hebdomadaires pendant 24 semaines, par la poste ou par Les deux sondages ont été administrés par
courriel; des événements mensuels; des encouragements téléphone, avant et après l'intervention. Le sondage
matériels (ex. 50 $ pour fournir régulièrement des données sur auprès de la population adulte était également mené
ses activités). auprès d'une population témoin.
Think Again Jarvis et Canada L'utilisation d'une marque (branding) comme signe de Étude transversale auprès d'échantillons de
(ParticipACTION) collab., 2014 reconnaissance d'une campagne est présumée favorable au participants interviewés à 3 moments de la
Promotion du soutien succès. Dans ce cas-ci, les chercheurs voulaient déterminer campagne : mars 2011 (T1), n = 702; septembre 2011
parental (spécialement des si la valeur de la marque, Think Again, a contribué à la (T2), n = 706; mars 2012 (T3), n = 670. Des analyses
mères) à l'activité physique médiation de la relation entre l'exposition aux messages et le de variance et une modélisation ont été effectuées
des enfants âgés de 5 à 11 soutien parental, en une année de campagne. afin de révéler les changements dans l'exposition aux
ans (2011) messages et la composition de la valeur de la marque
dans le temps, de même que le modèle de relation
entre les composantes de la valeur de la marque.
VERB Berkowitz, États-Unis La campagne VERB a mis en œuvre des moyens d'une L'étude longitudinale et quasi-expérimentale, sur une
Promotion de l'activité Huhman et ampleur exceptionnelle (environ 340 millions de dollars période de deux ans, visait à vérifier si, dans le cadre
physique auprès des Nolin, 2008 américains de financement public pour 4 ans de campagne). de la campagne nationale, des résultats plus
jeunes de 9 à 13 ans et En plus des moyens publicitaires et promotionnels mis en importants ont été obtenus dans six communautés
leurs parents (2002-2004) place à l'échelle nationale, des communautés ciblées ont reçu ayant reçu une dose supplémentaire de publicité et
une « dose augmentée » comportant les éléments suivants : d'activités.
1) placement média supplémentaire; 2) événements et
activités; 3) partenariat avec des organisations locales.
Interventions en activité
Référence Pays Moyens mis en œuvre Évaluation
physique
VERB Huhman et États-Unis Lancée en 2002 par les Centers for Disease Control and Étude longitudinale au moyen de sondages
Promotion de l'activité collab., 2007 Prevention, la campagne a utilisé le placement publicitaire téléphoniques pour évaluer la pratique d'activité
physique auprès des dans les médias électroniques nationaux (télé surtout), les physique et l'attitude à l'égard de l'activité physique
jeunes de 9 à 13 ans et de activités promotionnelles en milieu scolaire et dans les au temps zéro et après deux ans. Une cohorte
leurs parents (2002-2004) communautés, de même que l'Internet, pour encourager les nationalement représentative de 2257 dyades
21 millions de jeunes Américains de 9 à 13 ans à être actifs parents-enfants a participé à l'étude.
physiquement au quotidien.
VERB Huhman et États-Unis Idem Examen de l'association de l'exposition à la
Promotion de l'activité collab., 2010 campagne VERB avec : 1) le temps d'activité
physique auprès des physique (libre et organisé) et 2) les effets
jeunes de 9 à 13 ans et psychosociaux (attentes de résultats, auto-efficacité
leurs parents (2002-2006) et influences sociales) dans 3 cohortes nationalement
représentatives d'enfants. La méthode des scores de
propension (Propensity scoring) a été utilisée pour
minimiser les effets de facteurs confondants.
VERB Huhman, États-Unis Idem Afin d'évaluer l'effet précoce de la campagne dans la
Promotion de l'activité Bauman et population cible, en vue de produire des messages
physique auprès des Bowles, 2008 plus efficaces et d'ajuster le placement média pour
jeunes de 9 à 13 ans et les années subséquentes : étude transversale auprès
leurs parents (2002-2003) d'une cohorte nationalement représentative de
2729 enfants de 9 à 13 ans (tweens). Données
recueillies après un an de campagne (2002-2003), sur
le rappel spontané, le rappel assisté et la
compréhension des messages principaux de la
campagne. Des analyses de régression logistique ont
été menées sur les données.
VERB Price, Huhman États-Unis Des moyens particuliers ont été mis en œuvre pour rejoindre Analyser le niveau de connaissance des parents de la
Promotion de l'activité et Potter, 2008 les parents de préadolescents (9-13 ans), en tant que campagne, en association avec les attitudes,
physique auprès des population cible secondaire. Des messages ont été conçus croyances et comportements de soutien à l'égard de
jeunes de 9 à 13 ans et pour encourager les parents à influencer leurs enfants et à l'activité physique de leurs enfants de 9 à 13 ans
leurs parents (2002-2006) pratiquer des activités physiques avec eux. La publicité a été (préadolescents).
placée majoritairement dans des magazines féminins et en À partir des données du Youth Media Campaign
complément dans certains médias électroniques pour des Longitudinal Survey (YMCLS), un sondage mené
segments « ethniques » de population. auprès de 1 946 parents d'enfants de 9 à 13 ans, des
analyses de régression multiple ont été menées afin
de déterminer si la connaissance des parents de la
campagne était un facteur de prédiction significatif
d'un ensemble de variables telles l'attitude, les
croyances et le comportement de soutien à l'activité
physique de leurs enfants.
Interventions en activité
Référence Pays Moyens mis en œuvre Évaluation
physique
Wheeling Walks Reger-Nash et États-Unis La population cible a été rejointe par les moyens suivants, au L'impact de l'intervention a été mesuré à l'aide de
Promotion de la marche à collab., 2005 cours d'une année : 1) placement publicitaire télévision sondages téléphoniques, au temps zéro, puis 3 mois,
pied auprès de personnes (chaînes majeures et communautaires) et journal; 2) relations 6 mois et 12 mois après la fin de l'intervention.
âgées de 50 à 65 ans médias et événements (ex. une marche compétitive parrainée
(2001-2002) par le maire) dans la communauté, qui ont généré 170
publications télé, radio et journal; 3) publicité de relance au
11e mois; 4) clinique de marche de 16 semaines, offerte à
toute la communauté.
Eat It To Beat It Glasson et Australie En conjonction avec deux campagnes visant une population Une étude transversale avant-après (avec
Promotion de la collab., 2013 plus large et concentrée dans les médias de masse, Eat It To communauté témoin non randomisée) a été menée
consommation de fruits et Beat It incluait un programme éducatif, des distributions de pour déterminer si un programme de mobilisation
légumes auprès de parents fruits et légumes, des interventions dans les écoles primaires, locale peut ajouter de l'impact à une plus large
d'enfants d'âge scolaire des dégustations et démonstrations culinaires en centre campagne médiatique de promotion de la
primaire(2008) commercial et d'autres stratégies de communication. consommation de fruits et légumes. Des entrevues
téléphoniques ont été menées auprès de
1403 parents au temps zéro (2008) et 1401 parents
suivant l'intervention (2011).
Energize Your Life! Shive et États-Unis Une brochure et une affiche ont été diffusées sur le campus; Une étude transversale, utilisant une méthode quasi-
Promotion des fruits Neyman Morris, des dépliants-tentes étaient distribués sur les tables de la expérimentale avant-après, visait à évaluer l'impact
auprès d'étudiants 2006 cafétéria. Durant les 2 mois de campagne, des événements de la campagne pilote sur les connaissances et les
universitaires de (entre autres, préparation de smoothies et distribution de jus attitudes à l'égard des fruits, de même que sur la
Community Colleges (2002) 100 % fruits) avaient lieu deux fois par semaine. Du matériel consommation de fruits. 1367 étudiants ont été
imprimé a été expédié par la poste à un échantillon à risque. choisis au hasard et interrogés sur leurs
Un réseau de partenaires appuyait l'intervention. connaissances, leurs attitudes et leur consommation
de fruits, avant et après l'intervention. Les étudiants
d'un autre campus ont fait office de population
témoin.
Go for 2&5 Pollard et Australie De 2002 à 2005, la campagne a incité la population cible à L'évaluation mesurait les valeurs, croyances,
Promotion de la collab., 2008 augmenter sa consommation de fruits et de légumes d'une connaissances et comportements des participants.
consommation de fruits et portion par jour, sur une période de 5 ans. La stratégie de Deux sondages téléphoniques ont été auprès
de légumes auprès communication incluait les médias de masse, les relations d'adultes de la région métropolitaine de Perth. Le
d'adultes de 18 ans et plus publiques, les publications (incluant des livres de recettes) et Campaign Tracking Survey (n = 5 032) a recueilli des
(2002-2005) un site Web. On a fait de la promotion au point de vente, données sur les attitudes, croyances et habitudes de
offert des activités à l'école et dans la communauté. La consommation avant, pendant et après la campagne.
publicité a notamment exploité des personnages animés faits Le Health & Wellbeing Surveillance System
de fruits et de légumes. (n = 17 993) a effectué une surveillance continue de la
consommation, de 2001 à 2006.
Interventions en activité
Référence Pays Moyens mis en œuvre Évaluation
physique
LEAN (Leaders McDermott et États-Unis La recherche formative a permis d'identifier des porte-parole Une étude de cas a évalué l'efficacité du marketing
Encouraging Activity and collab., 2005 (experts de la santé, représentants des services alimentaires social à : 1) accroître la fréquence des sujets reliés
Nutrition) scolaires, directeurs d'école et parents), qui ont porté les aux politiques alimentaires à l'ordre du jour des
Intervention pour inciter les messages à travers une diversité d'activités et de canaux réunions des conseils scolaires; 2) augmenter le
membres des conseils (publication de guides, site Web, formations, séminaires et nombre de districts ayant adopté et appliqué une
scolaires à adopter des conférences…). Les messages ont été renforcés par la politique alimentaire; 3) faciliter l'engagement des
mesures pour améliorer mobilisation d'organisations partenaires. membres de conseils scolaires à commanditer les
l'offre d'aliments sains à initiatives reliées aux politiques alimentaires, en
l'école (2000) faisant la promotion d'attitudes positives envers ces
actions et en éliminant les obstacles à l'engagement.
Snack Right Richards et Angleterre Des messages ont été conçus à l'intention des parents et des Afin de démontrer la faisabilité et la valeur du
Intervention visant un collab., 2009 enfants. La population cible a été rejointe par les moyens marketing social appliqué à un vaste espace
accroissement du nombre suivants : 1) 113 000 dépliants distribués par la poste et lors géographique, deux enquêtes transversales ont été
d'enfants de 2 à 4 ans, de d'événements; 2) développement d'un réseau de volontaires menées (avant l'intervention et 3 mois après), auprès
milieux défavorisés, porteurs des messages; 3) 15 événements de promotion d'un échantillon de convenance de la population
consommant des fruits ou comportant des démonstrations et des jeux pour les enfants; cible.
des légumes comme 4) couverture média du lancement de campagne et de
collation (2007) plusieurs événements.
The Food Friends Johnson et États-Unis Afin d'accroître la disposition des enfants d'âge préscolaire à Quatre sites (2 interventions, 2 contrôles) du
Promotion du goût pour les collab., 2007 goûter de nouveaux aliments, on les a exposés lors de cette programme Head Start (programme préscolaire
nouveaux aliments auprès campagne pilote de 12 semaines aux moyens suivants : destiné aux enfants de milieux défavorisés) ont
d'enfants de 3 à 5 ans activités axées sur les aliments; livres d'histoires axés sur les participé à l'étude quasi-expérimentale. L'intervention
(sans date) aliments; occasions répétées de goûter de nouveaux a été évaluée au moyen de tests de préférences,
aliments. Les éducateurs ont reçu un instrument-guide et les d'observations en classe et de sondages auprès des
parents ont été tenus informés. enseignants.
5-4-3-2-1 Go! Evans et États-Unis Des messages ont été diffusés dans les médias, dans la 524 parents d'enfants de 3 à 7 ans ont été
Prévention de l'obésité par collab., 2011 communauté et dans les activités en milieu scolaire. Un aléatoirement assignés à recevoir ou non un soutien-
la promotion de réseau de partenaires a été développé afin de multiplier le conseil. Les parents ont été interrogés sur leurs
comportements sains nombre de porteurs des messages dans des lieux fréquentés habitudes de vie et leurs perceptions des
auprès de parents à faible par les parents et leurs enfants. comportements des enfants, au temps zéro et après
revenu (2007) un an. Des analyses de régression logistique ont été
effectuées pour chaque variable.
Interventions en activité
Référence Pays Moyens mis en œuvre Évaluation
physique
Change For Life Croker, Lucas Angleterre La campagne comportait 4 phases : 1) recadrer l'obésité L'étude contrôlée randomisée visait à évaluer l'impact
Promotion du changement et Wardle, 2012 comme une question de santé et non d'apparence; 2) d'un ensemble de matériel d'information imprimé
de l'attitude et de engager les familles en leur faisant remplir le questionnaire (phases 2 et 3) sur : 1) l'attitude des parents à l'égard
comportement des parents How are the Kids; 3) une trousse d'information personnalisée des habitudes alimentaires, de l'activité physique et
d'enfants de 5 à 11 ans à était fournie aux familles ayant répondu au questionnaire; 4) du poids de leur enfant; 2) l'intention des parents de
l'égard de l'alimentation et une relance était effectuée auprès des familles considérées changer les habitudes alimentaires et d'activité
de l'activité physique de les plus à risque. Plus généralement, on cherchait à créer un physique de leur enfant; 3) les pratiques alimentaires
leurs enfants (2009) mouvement sociétal en mobilisant divers partenaires et d'activité physique des parents et de leur enfant
Scale Back Alabama (SBA) Forbus et États-Unis SBA est un programme d'État qui recrute ses participants Les chercheurs ont observé que des participants
Promotion de la perte de Snyder, 2013 dans divers milieux de travail, entre autres les milieux perdent du poids et améliorent leurs habitudes de vie
poids, de la consommation gouvernementaux. Le programme utilise des personnalités sans utiliser les outils offerts sur le Web. Ils ont
de produits laitiers et de connues comme porte-parole et offre des ressources- effectué une analyse des données de suivi de 4
l'activité physique au conseils sur le Web. Les succès sont mesurés par la perte de années de la campagne, dans le but d'expliquer
travail (2007) poids, l'augmentation de la consommation d'eau et de pourquoi certaines personnes voient leurs efforts
produits laitiers, ainsi que l'augmentation de la pratique davantage couronnés de succès que d'autres. Les
d'activité physique. données ont été recueillies au moyen de sondages
annuels en ligne.
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