Milieu Poreux - Chapitre I

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Université de Thiès

UFR SET
MIHA

MODULE
D’ECOULEMENT EN
MILIEU POREUX
Mohamed Talla CISSE

PLAN GENERAL
Chapitre I: Eau dans le sol

Chapitre II: Notion d’infiltration

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Chapitre III: Hydrodynamique d’un milieu saturé

Chapitre IV: Hydrodynamique en milieu non saturé

Chapitre V: Hydrodynamique d’un milieu poreux hétérogène et


anisotrope

Chapitre I : Eau dans le sol


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Le sol est la couche superficielle, meuble de l’écorce
terrestre. Il résulte de la désintégration ou désagrégation
physique et de l’altération chimique d’une roche dite mère,
ainsi que de nombreux processus biologiques.

Le sol est un milieu poreux, hétérogène, tri-phasique,


dispersé, et finement divisé.

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L’eau est la phase du sol la plus instable du fait qu’elle soit
soumise à une série de forces que sont : la succion matricielle, la
succion racinaire et la force de gravité.

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Figure 1 (a): schéma récapitulatif de la désintégration physique et de l'altération chimique de la roche mère
Figure 1 (b): schéma récapitulatif de la désintégration physique et de l'altération chimique de la roche mère

Figure 1 (c): schéma récapitulatif de la désintégration physique et de l'altération chimique de la roche mère

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Figure 1 (d): schéma récapitulatif de la désintégration physique et de l’altération chimique de la roche mère
Selon la dominance respective des forces, l’eau aura tendance à être
abordée par les racines, à percoler en profondeur, à remonter en
surface du sol ou à être retenue statique au niveau du sol.

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Figure 2: L'eau dans le sol

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1. Notion de texture et de structure du sol
La phase solide du sol est caractérisée par sa texture
c’està-dire sa composition granulométrique qui est déterminée
à travers une analyse granulométrique.
La granulométrie classe les particules solides du sol en :
Argiles : particules de taille ≤ 0,2𝜇𝑚
Limons : particules de taille entre 0,2 𝑒𝑡 50𝜇𝑚
Sables : particules comprise de taille entre 50𝜇𝑚 𝑒𝑡 20𝑚𝑚

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Blocs : particules de taille > 20𝑚𝑚
Selon la dominance de l’une ou de l’autre faction (argile,
sable ou limon), on détermine la dénomination texturale du sol
en utilisant le triangle des textures de Hennin. On parlera ainsi
de texture : sableuse, limoneuse, argileuse, sablo-limoneuse,
limono-argileuse, sablo-argileuse, argilo-sableuse, etc.

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Il est considéré de texture grossière ou légère, les sols à
dominance sable, de texture moyenne, les sols à dominance
limon, de texture fine ou lourde, les sols à dominance argile.

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Figure 3: Triangle des textures

La structure d’un sol, concerne l’organisation des


particules solides. Elle renseigne sur leur mode d’agencement
ainsi que sur leur cohésion. On parlera de texture : dispersée,
fondue, battante, particulaire, grumeleuse, floculée, etc.
La cohésion des particules peut varier de faible jusqu’à très
forte.

NB: la détermination de la texture et de la structure du sol


représente la première étape de toute étude pédologique. A

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partir d’elles, tous les paramètres physiques du sol peuvent être
estimés.
2. Porosité d’un sol (n)
La porosité est un indice de volume relatif aux vides dans le
sol. Elle est notée 𝒏.

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Avec :
𝑽𝒂: Volume d’air (gaz) ; 𝑽𝒘: Volume d’eau (liquide) ; 𝑽𝒔: Volume de solides (solide)

Il existe, une macroporosité et une microporosité. Dans un


sol saturé d’eau, puis suffisamment ressuyé, l’air occupe la
macroporosité et l’eau la microporosité. La macroporosité est
aussi appelée porosité efficace notée 𝒏𝒆 ou porosité de drainage.

Avec : 𝒏𝒆 ≪ 𝒏

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Les sols de texture grossière ont tendance à être moins
poreux que les sols de textures fines, alors que la taille moyenne
des pores prises individuellement est plus grande dans les
premiers que dans les seconds.

NB : Ne pas confondre l’indice de porosité 𝒏 et avec l’indice


des vides 𝒆 qui est donné par la formule suivante.

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3. Densité apparente du sol (da)
La densité apparente est le rapport entre la masse des particules
sèches et le volume total du sol.

La densité est liée à la structure du sol c’est-à-dire à son degré


d’ameublissement ou de compaction ainsi qu’à ces caractéristiques de
gonflements. Elle s’exprime en gramme par litre (𝒈Τ𝒎𝒍) ou en 𝒈Τ𝒄𝒎𝟑.
Sa détermination se fait in-situ sur un échantillon de sol non remanié.
Elle est différente de la densité en vrac qui est déterminée au labo
(invitro) sur un échantillon de sol tamisé.
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4. Humidité du sol
Dans le sol, l’eau se présente sous forme de constituant ou sous
forme liée à la matrice solide c’est-à-dire absorbée, ou sous forme libre.

Si on prend un pédon (échantillon de sol) qu’on sature d’eau, la


quantité d’eau qui suinte librement à sa base est dite eau libre. Après
sortie de cette dernière, celle qui reste dans l’échantillon de sol est dite
eau absorbée ou liée. Après séchage de l’échantillon à l’étuve à 𝟏𝟎𝟓℃
pendant 𝟐𝟒 𝒉𝒆𝒖𝒓𝒆𝒔, il y restera toujours des traces d’eau sous forme

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moléculaire 𝑯𝟐𝑶, c’est l’eau de constitution. Pour l’extraire, il faut
dénaturer le sol.
4.1. Humidité pondérale (w)

C’est la masse d’eau contenue dans l’échantillon de sol rapportée à


la masse des particules de sol sec.
𝑴𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒅𝒆 𝒍′ 𝒆𝒂𝒖 𝒎𝒘
𝒘= =
𝑴𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒔𝒐𝒍𝒊𝒅𝒆𝒔 𝒎𝒔

𝒘: humidité Massique ou Humidité pondérale

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Dans un sol saturé, l’humidité pondérale ou massique peut varier
de 25 à 60% selon la densité apparente du sol. Cette humidité ne
traduit pas exactement l’état de saturation du sol car elle n’intègre pas le
volume des vides.
4.2. Humidité volumique (𝜃)
Elle est calculée sur la base du volume total de sol.

Avec 𝑽𝑻 = 𝑽𝒂 + 𝑽𝒘 + 𝑽𝒔

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𝜃 dépend de l’état de saturation des pores, donc celui du sol.

𝟏
𝜽= 𝝆𝒘
× 𝒘 × 𝒅𝒂
On démontre que : avec

𝜃 : Adimensionnel car 𝝆𝒘 s’exprime en 𝑲𝒈Τ𝒅𝒎𝟑 et 𝒅𝒂 en 𝑲𝒈Τ𝒅𝒎𝟑


4.3. Hauteur de la lame d’eau infiltrée dans le sol (𝒉)
La hauteur de la lame d’eau infiltrée dans le sol notée 𝒉 est
calculéeà partirde l’humidité volumique en considérant une
profondeur du sol bien déterminée.

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𝒉=𝜽×𝒛

Avec
𝜽: humidité volumique
𝒛: profondeur du sol
Les unités de 𝒉 sont exactement celles de 𝒛. Toutefois, elles sont toujours
converties ou exprimées en 𝒎𝒎 c’est-à-dire en 𝑳/𝒎𝟐.
𝟏𝒎𝒎 = 𝟏𝑳/𝒎𝟐

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5. États énergétiques caractéristiques du sol
A l’état statique, l’eau est soumise dans le sol à une
certaine énergie potentielle qui comporte différents niveaux dont
les principaux sont : la saturation et la non saturation.
Cette énergie potentielle est notée 𝝋 et résulte de la somme
du potentiel gravitationnel dû aux forces de pesanteur 𝒈 et du
potentiel matriciel 𝝍 dû aux forces capillaires.

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Suivant le niveau d’énergie potentielle de l’eau dans le sol,
on définit les humidités caractéristiques du sol.
5.1. Humidité à la saturation
C’est le stade où l’eau dans le sol occupe la totalité des vides. Le sol est
gorgé d’eau dont la quasi-totalité est libre. Elle circule dans les espaces lacunaires
et percole en profondeur. On l’appelle de l’eau libre ou l’eau de gravité.
Le potentiel hydrique d’un tel milieu 𝝋 s’écrit de la manière suivante :

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𝝋 = 𝝋𝒈 = 𝝆𝒈𝒛

𝑧: étant la profondeur ou la hauteur du milieu saturé


5.2. Humidités caractéristiques à la non saturation
Un milieu poreux est dit non saturé quand l’eau occupe
une partie des vides et l’air l’autre partie. La non saturation
possède plusieursniveaux d’humidités dont les plus
caractéristiques sont celle à la capacité au champ et celles aux
points de flétrissement.

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5.2.1. Humidité à la capacité au champ (𝑾𝒄𝒄 𝒐𝒖𝜽𝒄𝒄)
La capacité au champ d’un sol correspond à sa capacité de rétention
en eau c’est-à-dire la quantité que les forces matricielles du sol peuvent
retenir. L’humidité à la capacité est déterminée après saturation du sol,
suivi d’un drainage parfait c’est-à-dire évacuation de toute eau libre ou
gravitaire.

Dans un tel sol, l’eau occupe toute la microporosité et l’air toute la


macroporosité, le potentiel hydrique du sol se réduit au potentiel matriciel
du sol qui est égal à l’opposé de la succion racinaire.

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𝝋=𝝍=−𝝎

𝝎: succion racinaire ; 𝝍: correspond à la hauteur d’ascension capillaire


Tension superficielle

Si on considère l’interface entre deux (2) fluides, et on isole un


élément de surface 𝒅𝒔, délimité par un contour 𝑪, chaque portion de
contour sera soumise à une force 𝒅𝒇 tangente à l’interface telle que :
𝒅𝒇 = 𝝈. 𝒅𝒍

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𝝈: est une force par unité de longueur appelée tension superficielle
exprimée en (𝑁/𝑚).

Ascension capillaire
La capillarité est définie par des phénomènes qui se produisent aux
lieux de raccordements de la surface libre d’un fluide avec une paroi
solide ou avec un autre liquide. Elle est liée à l’angle de raccordement 𝜃 :

• Quand 𝜃 = 0, on dit que le liquide mouille parfaitement.


• Quand 0 < 𝜃 ≤ 90, on dit que le liquide mouille imparfaitement.
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• Quand 𝜃 > 90, on dit que le liquide ne mouille pas.
La hauteur d’ascension capillaire ℎ est donnée par la loi de Jurin

𝒉: potentiel matriciel du sol

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Figure 4: Détermination de la hauteur d’ascension capillaire

30
𝑹 𝑹
𝒔𝒊𝒏 𝜽 = ⟹ 𝒓 =
𝒓 𝐬𝐢𝐧 𝜽

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5.2.2. Humidité équivalente (𝑾𝒆 𝒐𝒖𝜽𝒆)
L’humidité équivalente correspond à une mesure ou une
détermination au laboratoire de l’humidité à la capacité au
champ. Il s’agit d’une mesure arbitraire de l’humidité
résiduelle contenue dans un échantillon de sol saturé puis soumis
à une accélération de 𝟏𝟎𝟎𝟎𝒈 pendant 30𝑚𝑖𝑛𝑢𝑡𝑒𝑠 dans une
centrifugeuse. On obtient généralement :

𝑾𝑪𝑪 ≅ 𝑾𝒆 𝒐𝒖 𝜽𝑪𝑪 ≅ 𝜽𝒆

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5.2.3. Humidités critiques du sol
Dans un sol, il existe un niveau d’énergie ou potentiel
hydrique en dessous duquel la succion racinaire devient
insuffisante pour aspirer l’eau du sol. Les plantes commencent
ainsi à souffrir d’un manque d’eau.

Ces humidités sont dites critiques, nous en distinguons


deux (2) niveaux : le point de flétrissement temporaire et le
point de flétrissement permanent.

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5.2.3.1. Humidité au point de flétrissement temporaire (𝐖𝐏𝐅𝐓 ou 𝜽𝑷𝑭𝑻)

Elle correspond sensiblement à l’humidité critique nécessitant une


force de succion racinaire de 𝟏𝟎 𝒂𝒕𝒎. Les plantes commencent à subir
des difficultés dans l’absorption racinaire, il apparait alors des lésions
qui sont quand même réversibles bien que les rendements seront
affectés.

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5.2.3.2. Humidité au point de flétrissement permanent (𝐖𝐏𝐅𝑷 ou 𝜽𝑷𝑭𝑷)

Elle correspond à un niveau énergétique où la force de succion


racinaire est strictement intférieure à celle de liaison de l’eau au sol. Il
est sensiblement égal à une force de succion de 𝟏𝟓 𝒌𝒈Τ𝒄𝒎 . Les lésions
𝟐

sont irréversibles, la chute des rendements est très importante et va


jusqu’à la destruction du matériel végétal.

𝑾𝑷𝑭𝑷 = 𝟎, 𝟓𝟓𝑾𝑪𝑪

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5.3. Potentiel hydrique (𝑷𝑭)
Il correspond à la quantité d’énergie nécessaire pour faire
passer l’eau de l’état lié au sol à l’état libre. Il faut de l’énergie
pour extraire l’eau du sol. On considère ainsi le 𝑷𝑭 comme étant
toujours inférieur à 0. (𝑷𝑭< 𝟎 ).Le 𝑷𝑭 représente, en
conséquence, l’énergie de fixation de l’eau au sol.
Il est calculé par unité de volume et a les dimensions d’une
pression, on parlera de tension mesurée en bars, ou atmosphère

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(atm), ou mètre de colonne d’eau (mCE). Il varie très fortement
raison pour laquelle on adopte une échelle logarithmique.
𝑷𝑭 = 𝒍𝒐𝒈 𝒉 avec h: la hauteur de pression

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Tableau 1: Valeurs de 𝑷𝑭 par rapport aux humidités caractéristiques du sol

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6. Réserve en eau du sol
6.1. Réserve utile (RU) du sol

Il y a des quantités d’eau limites qui sont fonction de la


profondeur d’enracinement et de la nature du sol. Cette quantité
limite est appelée réserve utile (𝑹𝑼) du sol. Elle est comprise
entre l’humidité à la capacité au champ (𝑾𝑪𝑪) et celle au point
de flétrissement permanent ( 𝑾𝑷𝑭𝑷); c’est-à-dire que c’est la
quantité d’eau qu’il est possible d’extraire d’un sol à sa capacité

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au champ pour baisser son humidité jusqu’au point de
flétrissement permanent.
𝑹𝑼 = 𝜽𝑪𝑪 −𝜽𝑷𝑭𝑷 × 𝒛 = 𝑾𝑪𝑪 −𝑾𝑷𝑭𝑷 × 𝒅𝒂 ×𝒛
6.2. Réserve facilement utilisable (RFU) du sol
On définit aussi la notion de réserve facilement utilisable
(RFU) qui correspond à la lame d’eau infiltrée dans le sol pour
faire varier l’humidité du point de flétrissement temporaire à
la capacité au champ.

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𝑹𝑭𝑼 = 𝜽𝑪𝑪 − 𝜽𝑷𝑭𝑻 × 𝒛 = 𝑾𝑪𝑪 − 𝑾𝑷𝑭𝑻 × 𝒅𝒂 × 𝒛
NB : Dans la zone de saturation, l’eau occupe tout ou partie de
la macroporosité et crée ainsi une asphyxie racinaire car les
racines respirent en utilisant l’air contenu dans les macropores.

41
42
Figure 5: Synthèse humidités caractéristiques

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NB : Dans la zone de saturation, l’eau occupe tout ou partie de
la macroporosité et crée ainsi une asphyxie racinaire car les
racines respirent en utilisant l’air contenu dans les macropores.
40

Quand l’humidité est en deçà du plus point de flétrissement


temporaire, la plante est devant un dilemme qui est de continuer sa
protection et sa nutrition donc sa croissance qui est garantie par
l’évapotranspiration (consommation d’eau), ou de préserver le peu
d’eau qui lui reste en bloquant sa croissance. Ce phénomène est appelé
stress hydrique.
Par conséquent, la croissance optimale de la plante est garantie par
des niveaux d’humidités du sol compris entre la capacité au champ et
le point de flétrissement permanent.

On démontre aussi que:


6.2. Profil hydrique
Le profil hydrique correspond à la courbe qui donne la distribution de
l’humidité volumique (𝜽) en fonction de la profondeur (𝒛) du sol.
ℎ0−10 = 𝜃0−10 × 𝑧0−10 Avec

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ℎ = 25𝑚𝑚 est la lame d’eau infiltrée entre 0 et 10 cm de profondeur.
Figure 6: Profil hydrique
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Figure 7: Profil sec et profil humide
Exercice d’application
Les humidités pondérales d’un sol ont été relevées avant et après pluie
respectivement à des dates 𝑡1𝑒𝑡 𝑡2. Les valeurs mesurées sont données

par le tableau suivant en fonction de la profondeur :


1)Tracer les profils hydriques du sol aux dates 𝑡1𝑒𝑡 𝑡2.
50
2)Donner la hauteur en mm de la pluie qui a créé cette variation de stock en eau
du sol.
On donne 𝑑𝑎= 1,2𝑔/𝑐𝑚3.

Fin Chapitre I

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