NAFI Amir Hassene Ali 2006
NAFI Amir Hassene Ali 2006
NAFI Amir Hassene Ali 2006
THÈSE DE DOCTORAT
__________________________________________________________________________
LA PROGRAMMATION PLURIANNUELLE DU
RENOUVELLEMENT DES RESEAUX D’EAU POTABLE
___________________________________________________________________________
Composition du jury :
Laboratoire d’accueil
Je remercie tout particulièrement mon encadrante Mme Caty WEREY et mon directeur
de thèse M.Patrick LLERENA pour leur encadrement, les remarques et conseils qu’ils m’ont
prodigués au cours de l’élaboration de ce modeste travail.
Un vif merci à ma famille qui m’a toujours soutenu, réconforté et cru en moi dans cette
formidable et unique aventure qui est la thèse. A mes parents, à ma femme, à mes frères et à ma
sœur.
Sommaire
Introduction générale 20
1. Introduction 29
2. La problématique de renouvellement
des réseaux d’eau potable 30
3. Le renouvellement et les choix d’investissement 34
4. La gestion du patrimoine et les réseaux d’eau potable 37
4.1 La gestion du patrimoine - Asset Management : Définition 38
4.2 La gestion du patrimoine appliquée aux réseau AEP 40
4.2.1 L’analyse économique 42
4.2.2 L’analyse technique 43
5. La programmation pluriannuelle et
la décision de renouvellement 44
5.1 Absence de contraintes budgétaires,
disponibilité de la ressource financière 46
5.2 Contraintes budgétaires, insuffisance de la ressource financière 47
6. Conclusion 49
1. Introduction 54
2. L’Alimentation en Eau Potable (AEP) 54
2.1 Fonctions d’Alimentation en Eau Potable 54
3. La distribution de l’eau potable en France 55
4. La distribution et les réseaux AEP 57
4.1 Structure du réseau AEP 57
4.1.1 Les conduites 58
4.1.2 Les nœuds 61
4.1.3 Topologie du réseau AEP 64
5. La modélisation hydraulique du réseau AEP 65
5.1 Modèle pour le dimensionnement du réseau 65
5.2 Modèle pour l’analyse du fonctionnement
hydraulique et diagnostic 65
5.3 Modèle pour la gestion du réseau 65
5.4 Modèle pour la mesure de la qualité de l’eau 66
5.5 Précision du modèle et représentation du réseau AEP 66
6. Etude de la fiabilité hydraulique des réseaux 67
6.1 Modèles pour la fiabilité hydraulique des réseaux AEP 70
6.1.1 Failnet-Reliab (CEMAGREF) 71
6.1.2 Relnet (Université de Technologie de Brno) 72
6.1.3 Aquarel (SINTEF) 73
7. Prise en compte de l’effet réseau et
mesure de l’importance d’une conduite 74
7.1 Indices de fiabilité hydrauliques 76
7.1.1 Indice de Criticité Hydraulique 76
7.1.2 Indice de déficience aux nœuds 78
7.2 Données nécessaires et calcul des indices de fiabilité 78
8. Conclusion 81
Chapitre 3 - Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux
d’eau potable
1. Introduction 84
2. Les approches pour la hiérarchisation des conduites 84
2.1 Approches basées sur la prévision des défaillances 84
2.1.1 Approche par chaînes de Markov 85
2.1.2 L’analyse multicritères 87
3. Les approches d’optimisation de la date de renouvellement 89
3.1 Approche d’optimisation à l’aide de méthodes exactes 89
3.1.1 Le modèle de référence 89
3.1.2 L’approche MNRAP 90
(Multistage Network Rehabilitation Analysis Procedure) 90
3.1.3 Approche d’optimisation par méthodes des cohortes 91
3.1.4 Le modèle RENCANA 92
3.1.5 Approche d’optimisation par Branch & Bound 93
3.1.6 Approches d’optimisation par méthodes non-exactes 94
3.2 Les modèles d’aide à la décision 94
3.2.1 Le modèle KANEW 94
3.2.2 Le modèle UtilNets 94
3.2.3 Le WLC (Whole Life Costing) 95
3.2.4 Le modèle PARMS 96
(Pipeline Asset and Risk Management System) 96
3.2.5 Le modèle CARE-W 96
(Computer Aided Rehabilitation of Water Networks) 96
4. Conclusion 100
1. Introduction 104
2. Principes : Définition et vocabulaire 104
3. L’Algorithme Génétique Simple (AGS) 106
3.1 Génération de la population initiale et codage des individus 106
3.2 Evaluation de la population 106
3.3 La sélection des individus 107
3.3.1 La sélection par tournoi 107
3.3.2 La sélection par roulette 107
3.3.3 La sélection par rang 107
3.4 L’opération de croisement 108
3.4.1 Opération de croisement simple 108
3.4.2 Opération de croisement uniforme 108
3.5 L’opération de mutation 109
4. Métaheuristiques, optimisation multiobjectif
et algorithmes génétiques 110
4.1 Définition d’un problème multi-objectif 111
4.2 Méthodes de résolution 112
4.2.1 Méthodes scalaires 112
4.2.2 Méthode non-Pareto 113
4.2.3 Méthodes Pareto 114
5. Approche multiobjectif et Algorithme Génétique 115
5.1 Les méthodes non élitistes 115
5.1.1 Multiple Objective Genetic Algorithm (MOGA) 115
5.1.2 Non dominated Sorting Genetic Algorithm (NSGA) 116
5.1.3 Niched Pareto Genetic Algorithm (NPGA) 117
5.2 Les méthodes élitistes 118
5.2.1 Strength Pareto Evolutionary Algorithm (SPEA) 118
5.2.2 Pareto Archived Evolution Strategy (PAES) 118
5.2.3 Pareto Envelope based Selection Algorithm (PESA) 119
5.2.4 Pareto Envelope based Selection Algorithm II (PESA II) 119
5.2.5 Strength Pareto Evolutionary Algorithm (SPEA II) 120
5.2.6 Non sorting Genetic Algorithm II (NSGA II) 120
5.3 Comparaison des approches multiobjectif 121
6. Applications diverses des algorithmes
génétiques et de l’optimisation multiobjectif 124
6.1 Algorithme génétique et infrastructures routières 124
6.2 Algorithmes génétiques et problèmes d’ordonnancement 127
6.3 Algorithmes génétiques dans le domaine de l’eau 129
6.3.1 Les algorithmes génétiques et
le dimensionnement des réseaux AEP 129
6.3.2 Les algorithmes génétiques et
le renouvellement des réseaux AEP 131
7. Conclusion 136
1. Introduction 139
2. Les hypothèses 139
3. Identification des données 141
3.1 Données portant sur la conduite et le réseau 141
3.2 Données liées au coût des travaux 142
3.2.1 Les coûts liés à la conduite 143
3.2.2 Les coûts de terrassement 143
4. Sélection des conduites candidates 145
4.1 Analyse de la fiabilité hydraulique 145
4.2 Analyse de la détérioration structurelle 146
4.3 Prise en compte de l’état de la chaussée et travaux de voirie 148
5. Formulation du problème 149
5.1 Les variables de décision 151
5.2 Fonctions objectifs et contraintes 152
6. Approche d’optimisation multiobjectif 153
6.1 Définition du codage et génération des solutions 155
6.2 Evaluation de la fonction objectif technique 156
6.3 Evaluation de la fonction objectif économique 157
6.4 Détermination du rang et calcul de la fonction d’adaptation 158
6.5 Création de nouvelles solutions 160
6.5.1 La procédure de sélection 160
6.5.2 Le croisement et la mutation 160
6.6 Mélange avec la solution initiale 161
6.7 Convergence de l’algorithme 161
7. Programmation pluriannuelle 162
7.1 Programmation des travaux sur le réseau 163
8. Le modèle d’aide à la décision 166
9. Conclusion 168
Chapitre 6 – Implémentation du modèle
Bibliographie 220
Annexes 230
Liste des figures
a : taux d’actualisation
Cm (t) : coût de maintenance à une année t
Crép : exprime le coût de réparation d’une défaillance
Cremf : exprime le coût de remplacement d’une conduite
Crenf : exprime le coût de renforcement d’une conduite
C : coefficient de rugosité de Hazen-Williams
c : coefficient de perte de charge singulière propre à la vanne
Pm : Probabilité de mutation
Pc : Probabilité de criosement
3
Q : consommation en m / s
Qi : demande au nœud i
Q Init : demande totale sur l’ensemble du réseau
Q Nouv : consommation réelle au nœud
Qdem(i,t) :exprime la demande au nœud i à l’instant t
Q : consommation moyenne
Qt : consommation à une période t
ri : rang d’une solution
σ share : fonction de partage pour l’espace des solutions
Ω :horizon de planification en années
PF :nombre de défaillances antérieures
t simulation : date de début de simulation, correspond au début de l’horizon de planification
v : vitesse d’écoulement de l’eau dans la conduite supportant la vanne en m/s
v ji : correspond à la consommation au nœud i pour la défaillance de la conduite j
Abréviations
Positionnement du problème et
description du travail de thèse
Introduction générale 20
La gestion du patrimoine ou « Asset Management » est une approche qui permet de suivre
l’évolution d’un patrimoine et d’anticiper les travaux à réaliser pour son maintien en service tout
au long de sa durée de vie. La mise en place d’une telle approche nécessite la prise en compte
dans le processus de décision de critères à la fois économiques, techniques et sociaux. L’analyse
économique à elle seule ne suffit pas : la disposition des infrastructures en réseau nécessite la
mesure de la fiabilité, de la criticité de chaque composante et de son rôle dans le réseau. Il est
donc indispensable de comprendre le fonctionnement de ces infrastructures et de pouvoir définir
des objectifs précis permettant leur évaluation. Il est nécessaire de décrire l’impact de leur
configuration et de leur topologie sur leur fonctionnement.
Nous proposons un outil d’aide à la décision permettant d’évaluer les besoins en renouvellement,
de déterminer les priorités et de programmer dans le temps la réalisation des travaux sur un
horizon donné de manière pluriannuelle. Nous considérons des sources d’incertitude liées à l’état
du patrimoine et la disponibilité des ressources financières requises. Dans le cadre de la thèse, ce
patrimoine est constitué par les conduites formant les réseaux d’Alimentation en Eau Potable
(AEP).
Introduction générale 21
L’outil élaboré propose une séquence acceptable d’interventions sur le réseau en identifiant les
conduites devant faire l’objet de travaux, ainsi que la nature des interventions à effectuer. Ceci,
tenant compte de contraintes liées à la disponibilité des ressources financières et aux prescriptions
techniques de fonctionnement du réseau sur un horizon de planification donné.
Dans le cadre de la thèse nous tenons compte seulement des deux premiers niveaux. Le
renouvellement est un investissement matériel qui consiste à remplacer un équipement ou un
patrimoine par un autre patrimoine identique ou de fonction identique. A travers la revue des
différents types d’investissements, nous identifions les spécificités du renouvellement et mettons
en exergue les insuffisances liées aux critères économiques permettant la prise de décision en
matière d’investissement : VAN, TRI. Il est clair que la décision de renouvellement des réseaux
AEP doit tenir compte au delà des critères économiques, des critères liés au fonctionnement du
réseau et à sa topologie. Par la suite, nous introduisons la notion de gestion du patrimoine ou
« Asset Management », en décrivant la démarche et les différentes étapes qui la caractérisent.
Introduction générale 22
Par analogie à la gestion du patrimoine (EPA, 2003), nous proposons une démarche de gestion
du réseau d’alimentation en eau potable dans laquelle le renouvellement des réseaux AEP est
partie intégrante. La réalisation des travaux de renouvellement requiert la disponibilité
d’enveloppes budgétaires importantes. Pour pallier l’insuffisance des ressources financières, un
lissage des travaux est effectué dans le temps permettant d’effectuer les travaux les plus urgents
en premier. Nous identifions l’approche de nivellement des ressources traitée par (Boctor, 2005)
comme une démarche exploitable pour la programmation du renouvellement des réseaux AEP et
l’estimation de l’enveloppe budgétaire nécessaire annuellement. Nous émettons deux hypothèse
qui seront vérifiées dans le dernier chapitre. Ces hypothèses permettent de vérifier pour un même
budget sur l’horizon de planification :
Deux aspects doivent être prise en compte : l’aspect lié à la détérioration structurelle qui tend à
considérer l’ensemble des conduites du réseau et l’aspect lié au fonctionnement hydraulique du
réseau qui tend à simplifier le réseau pour faciliter la modélisation. Il s’agit donc de trouver un
compromis permettant de traduire fidèlement le fonctionnement réel du réseau. Nous utilisons
des indices de fiabilité pour mesurer l’impact de la survenue d’une casse sur l’ensemble du réseau
en nous s’inspirant des travaux de (Wagner et al., 1988).
Dans le chapitre 3, nous analysons les différents modèles et approches proposés pour la pratique
du renouvellement des réseaux AEP en distinguant 3 niveaux d’analyse. Le premier niveau
comporte l’ensemble des outils, modèles et méthodes qui cherchent à décrire la détérioration
structurelle du réseau à l’aide des variables susmentionnées et hiérarchiser les conduites
sans proposer une programmation des travaux à effectuer, en utilisant diverses approches :
chaîne de Markov, analyse multicritère, analyse statistique. Le second niveau d’analyse,
s’appuie sur la détermination d’échéances pour le renouvellement. A l’aide d’outils
d’optimisation, des choix sont effectués et une programmation des travaux permet de traiter les
éléments dits critiques identifiés au niveau initial. L’optimisation s’articule sur des objectifs
économiques ou techniques. La méthode d’optimisation utilisée généralement est la
Programmation Dynamique. Nous identifions deux limites principales. L’implémentation de la
méthode dans le cas de plusieurs alternatives d’intervention sur le réseau crée un accroissement
du nombre de sommets des graphes de décision, en particulier pour des réseaux de taille
importante. La seconde limite concerne le caractère uni-objectif de la recherche des solutions ne
permet pas de tenir compte de plusieurs critères à la fois. Nous explicitons les insuffisances de
chaque approche et introduisons les méta-heuristiques, particulièrement les algorithmes
génétiques (Goldberg, 1994) comme approche d’optimisation appliquée à la problématique de
renouvellement et aux problèmes multi-objectif (Halhal et al., 1997). Le troisième niveau traite
des modèles d’aide à la décision intégrés de gestion du réseau dans son ensemble, qui
s’articulent sur des données et modules de calcul pour le renouvellement des réseaux AEP.
L’intérêt est de décrire le processus d’aide à la décision et de s’en inspirer pour proposer une
approche pour la programmation des travaux de renouvellement.
Dans le Chapitre 4, nous présentons les méthodes utilisées pour l’optimisation multi-objectif
et de résolution non-exacte en utilisant les algorithmes génétiques. La décision de renouveler
revêt un caractère multi-objectif. Elle doit tenir compte d’un ensemble de critères
incommensurables et de contraintes diverses liées à l’état de la conduite, à la structure et au
fonctionnement du réseau, ainsi qu’à la disponibilité des ressources financières.
Introduction générale 24
Le modèle développé dans le cadre de la thèse considère ces critères à travers une approche
d’optimisation multi-objectif utilisant la notion de dominance au sens de Pareto. Cela permet
d’obtenir des solutions offrant un compromis entre critères économiques et techniques.
Nous identifions des approches d’ordonnancement de tâches en atelier et de gestion de projet
traitant de problèmes multi-objectif que nous avons exploitées pour la programmation des
travaux sur le réseau. Nous discutons de l’utilisation d’algorithmes génétiques dans le domaine de
l’eau principalement pour le dimensionnement des réseaux (Sirvinas et al., 1994), l’optimisation
du fonctionnement des pompes (Cheung, 2003) et le renouvellement des réseaux AEP.
L’utilisation des algorithmes génétiques nécessite la définition d’un certain nombre de variables
de décision, de codes et d’opérateurs génétiques. Nous identifions les liens entre l’utilisation des
algorithmes génétiques, l’optimisation multi-objectif et la problématique de renouvellement.
Dans le chapitre 5, nous proposons une approche originale par rapport à la littérature, pour la
prise de décision en matière de renouvellement des réseaux AEP. Elle s’articule sur un ensemble
de données (que nous identifions), la détermination des conduites critiques et l’utilisation d’un
algorithme génétique considérant les variables de décision du problème, un codage spécifique,
ainsi qu’une construction des opérateurs génétiques à utiliser. La détermination des conduites
critiques s’appuie sur l’évaluation de la détérioration structurelle des conduites à l’aide d’un
modèle statistique et l’évaluation du rôle hydraulique de chaque conduite. Nous utilisons le
modèle de risques proportionnels, Proportional Hazard Model (PHM) appliqué à l’étude du
vieillissement des conduites d’eau par (Eisenbeis, 1996) qui cherche à décrire l’état des conduites
à l’aide de variables endogènes et exogènes à la conduite collectées depuis la date de pose des
conduites ou sur une fenêtre d’observation. L’intervention sur une conduite donnée peut avoir un
effet sur plusieurs autres conduites. Nous proposons des indices qui mesurent le rôle de chaque
conduite dans la desserte en eau des usagers. Les variables de décision représentent les travaux de
renouvellement à réaliser sur le réseau.
Nous identifions trois types d’interventions à savoir : ne rien faire et donc réparer s’il y a
défaillance, remplacer la conduite par une conduite de même diamètre et renforcer la conduite
en effectuant un remplacement avec un diamètre supérieur. La description de la détérioration
structurelle des conduites ne tient pas compte de la topographie du réseau, de la structure du
réseau et de son fonctionnement. Nous proposons d’intégrer un calcul hydraulique permettant de
mesurer la performance hydraulique du réseau pour un programme de travaux donné en utilisant
le simulateur hydraulique Epanet2 (Rossman, 2001).
Introduction générale 25
Dans le Chapitre 6, nous présentons l’implémentation du modèle d’aide à la décision que nous
proposons. La première étape consiste à décrire l’état du réseau AEP par l’analyse du
fonctionnement hydraulique du réseau et la description de l’état des conduites par l’utilisation du
modèle PHM. Ainsi, Le modèle permet d’identifier les conduites vulnérables dans le réseau d’un
point de vue structurel et fonctionnel. Nous appliquons le modèle élaboré sur un réseau AEP
d’un syndicat de communes en Alsace (Bas-Rhin) en milieu rural, constitué d’environs 320 nœuds
et 450 conduites assurant la desserte en eau de 5042 abonnés, 2 industriels, 1 maison de retraite et
une piscine. Nous proposons de limiter l’horizon de planification à 5 ans. L’implémentation du
modèle permet d’obtenir un ensemble de politiques viables d’un point de vue technique et
économique. Nous évaluons les différentes propositions et décrivons les critères de choix d’une
politique de renouvellement en effectuant une analyse de sensibilité des résultats aux paramètres
des opérateurs génétiques de l’algorithme. La programmation des travaux de renouvellement
s’effectue sur la base de la politique sélectionnée et permet d’identifier la nature des travaux et la
date de leur réalisation en fonction de l’horizon défini et du budget annuel disponible au niveau
du service d’eau.
Chapitre 1
Sommaire
1. Introduction 29
2. La problématique de renouvellement 30
des réseaux d’eau potable 30
3. Le renouvellement et les choix
d’investissement 34
4. La gestion du patrimoine et
les réseaux d’eau potable 37
5. La programmation pluriannuelle
et la décision de renouvellement 44
6. Conclusion 49
Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse 29
1. Introduction
Il est intéressant de définir dans un premier temps le contexte actuel dans lequel évoluent les
services d’eau. Les priorités et objectifs des services ont changé, en effet de grands chantiers de
pose de conduites d’eau ont été lancés après la seconde guerre mondiale. La cadence s’est
intensifiée vers les années 1960 jusqu'au début des années 1980. L’acheminement de l’eau vers les
habitations étant assuré, les priorités des services de l’eau évoluent afin de permettre la continuité
du service : la desserte en eau de la population en quantité et qualité satisfaisante. Pour ce faire,
une amélioration du rendement des réseaux est nécessaire, par l’accroissement de la fiabilité du
réseau (maillage, renouvellement, renforcement) et une meilleure gestion des défaillances.
Dans l’objectif de réduire la gêne occasionnée aux usagers et les risques de contamination de
l’eau, le service d’eau ne doit pas seulement assurer la distribution de l’eau mais anticiper aussi
l’évolution future du réseau et de la demande des usagers, afin de pérenniser l’approvisionnement
en eau. La nécessité du renouvellement se fait ressentir car une bonne partie du réseau
d’Alimentation en Eau Potable (AEP) en France a été posée entre la fin des années 1940 et 1970.
De plus, la durée de vie moyenne d’une conduite est d’environ 70 ans, il sera bientôt urgent de
remplacer une grande partie du réseau.
Afin de connaître l’état des réseaux et d’identifier les besoins en renouvellement, des initiatives
locales de recensement et de collecte de données relatives aux réseaux d’eau potable ont été
menées. L’opération pionnière est celle menée dans le département de la Manche en 1996. Par la
suite une enquête nationale fut lancée afin d’établir un inventaire du patrimoine des réseaux d’eau
à l’échelle nationale, à cet effet 8 départements ont été retenus : l’Allier (03), l’Aveyron (12), le
Doubs (25), l’Hérault (34), l’Indre-et-Loire (37), La manche (50), La somme (80) et le Bas-Rhin
(67). L’étude entreprise évalue à un milliard d'euros par an les besoins de renouvellement de
l'ensemble des réseaux d’eau potable en France estimés à environ 850 000 km, la valeur à neuf de
ce patrimoine est de 85 milliards d’Euros (Cador, 2002).
30 Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse
2. La problématique de renouvellement
des réseaux d’eau potable
Notre étude vise donc à permettre au gestionnaire du service d’eau, de programmer les travaux
sur le réseau et d’estimer les enveloppes budgétaires nécessaires à court et moyen terme. Cela a
pour but le maintien en service du réseau d’alimentation en eau potable à travers le
renouvellement des conduites, en prenant en compte un ensemble de variables et critères dans le
processus de prise de décision. : des variables qui sont liées à la conduite, à son environnement et
au service de l’eau.
Ainsi, dans le cadre de la thèse, nous utilisons le terme renouvellement pour décrire l’ensemble
des interventions sur les conduites susceptibles d’améliorer le fonctionnement du réseau. Sur
l’ensemble des dispositifs hydrauliques constituant le réseau, nous considérons exclusivement le
renouvellement des conduites d’alimentation en eau potable. Pour le service de l’eau, le
renouvellement peut être inscrit dans le cadre d’une politique à long terme, donc planifiée dans le
temps et s’effectuant selon une approche préventive précise. D’un autre coté, le renouvellement
peut être fait de manière arbitraire, se basant sur des critères empiriques et de manière curative
non planifiée. Le renouvellement est inéluctable, il concerne des conduites dont la durée de vie
technique est importante mais limitée dans le temps et qui est définie comme la période de temps
durant laquelle la conduite fonctionne en garantissant des spécifications précises.
1
. Le recours à l’endettement pour financer les travaux de renouvellement peut entraîner une augmentation du prix de l’eau, cette
répercussion n’est pas traitée dans le cadre de la thèse, nous estimons les besoins sans spécifier l’origine du financement des
travaux de renouvellement. .
Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse 31
Les conduites subissent des dégradations tout au long de leur exploitation, ces dégradations
accélèrent le processus de vieillissement et réduisent la performance du réseau, impliquant des
travaux sur les conduites. Nous distinguons des travaux de maintenance qui en général, désignent
l’ensemble des activités planifiées ou non planifiées afin de préserver la conduite dans son état
d’origine. La maintenance consiste à inspecter de manière périodique le réseau afin de contrôler
son état et son niveau de performance. La maintenance du réseau peut être préventive afin
d’assurer un bon fonctionnement et d’atteindre une durée de vie technique préalablement établie,
ou curative se manifestant par des réparations à l’occurrence de pannes et d’événements
imprévus. Les dépenses qu’engendrent les travaux de maintenance sont enregistrées comme
dépenses de fonctionnement, imputées à la section exploitation du budget des services d’eau. Les
travaux de renouvellement représentent un investissement lourd pour les services de l’eau, d’où la
nécessité de les programmer dans le temps et dégager les enveloppes budgétaires nécessaires à
leur réalisation. Les dépenses engendrées sont inscrites à la section investissement du budget du
service de l’eau.
Même si les travaux de renouvellement font l’objet d’une programmation dans le temps, souvent
les critères pris en compte ne tiennent pas compte de la performance du réseau et de l’état de
détérioration des conduites. Afin de réaliser une économie d’échelle et éviter l’interdiction
d’ouverture de tranchée suite à la réfection de chaussée qui est d’environ 5 ans, les services d’eau
préfèrent se caler sur les travaux de voirie. Les travaux de renouvellement se concentrent
exclusivement sur les conduites se trouvant dans les rues figurant dans le programme de réfection
de voirie. Cette solution peut être viable d’un point de vue économique mais ne l’est pas
forcement d’un point de vue technique. L’optimum économique ne l’est pas forcement d’un
point de vue technique. Cette pratique du renouvellement ne permet pas de pallier les déficiences
liées à la détérioration du réseau.
32 Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse
Pour (Rajani & Kleiner, 2001) la détérioration du réseau se manifeste par l’occurrence de
défaillances rendant le réseau incapable d’atteindre la performance assignée. Les auteurs
identifient la:
détérioration structurelle : rupture physique des conduites, casses nécessitant réparation
détérioration hydraulique ou fonctionnelle : diminution de la capacité hydraulique qui se
traduit par des baisses de pression et débit dans le réseau.
détérioration de la qualité de l’eau : dégradation de la qualité de l’eau, présence d’eau
rouge, coloration, présence d’odeur.
En ce qui nous concerne, nous prenons en compte les deux premiers points dans la description
de l’état de la détérioration du réseau. La fiabilité d’une conduite sera traduite par son degré de
détérioration structurelle et de détérioration hydraulique2.
La Figure 1 décrit les relations entre la détérioration structurelle et fonctionnelle du réseau, tout
en identifiant les variables et paramètres à considérer dans la prise de décision en matière de
renouvellement.
Ces variables qui sont liées à la conduite et à son environnement permettent d’évaluer l’état des
conduites et donc de mesurer la fiabilité du réseau. La disposition des conduites en réseau doit
être prise en compte, en effet l’impact du renouvellement d’une conduite dépend de sa
localisation, de ses dimensions et de son rôle dans la desserte des abonnées. La prise de décision
d’appuie sur des critères liés à :
2
. Nous introduisons dans le chapitre 2, la notion de fiabilité hydraulique qui traduit le rôle d’une conduite dans le
fonctionnement du réseau et la capacité du réseau à pallier la survenue d’une défaillance. Ce qui entraîne une perte de pression
pouvant perturber l’alimentation en eau de certains consommateurs.
Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse 33
Mouvement
du sol
Prise en
compte de Effet du gel
l’effet réseau
Goût, odeur
Prévision des
Charge due
changements Type du Contraintes au trafic
futurs de la réseau : Internes
Contamination, demande
infiltration Maillé ou (pression)
ramifié
Autres
Caractéristiques :
Traitement Défaillances potentielles.
insuffisant Fréquences de défaillances
Isolation des conduites
Régulation de température
Protection cathodique
Collection de Evaluation des Revêtement
données et conduites
analyses Niveau de
détérioration
Prévision du
réseau
hydraulique
futur Prévision des
Evaluer l’effet de la défaillances
conduite sur la qualité
de l’eau
Prévision de la fiabilité du
réseau Coûts :
Réparation
Remplacement
Réhabilitation
Critères de Renforcement
performance Sociaux
Prise de décision
Autres travaux
Contraintes programmés
budgétaires
Performance des
alternatives de
renouvellement
Avec quoi ? Renouvellement Quand ?
Discussion
(Bancel & Richard, 1995) considèrent que la notion d’investissement diffère en fonction du
secteur d’activité. Pour les économistes, il s’agit essentiellement d’un flux de capital permettant
de modifier le stock existant, qui constitue avec le facteur travail l’un des principaux facteurs de la
fonction de production.
Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse 35
Pour les gestionnaires, l’investissement représente un coût pour l’entreprise, qui génère de
nouveaux cash-flows (avantages). D’où la nécessité de hiérarchiser les divers projets possibles à
partir d’un bilan global (coût-avantages) qui mesure la rentabilité de chaque projet.
(Dafflon, 1998) définit l’investissement comme une dépense qui accroît la valeur du patrimoine
et dont l’utilité s’étend sur plusieurs années. Cette dépense conserve ou améliore l’usage du
patrimoine sur plusieurs années d’un point de vue qualitatif et quantitatif. Par analogie, le
renouvellement des réseaux d’eau potable (investissement) aura comme incidence l’augmentation
de la durée de vie des conduites, la baisse de l’occurrence des défaillances, l’amélioration de la
desserte en eau des usagers, le gain de performance du réseau de manière générale et la réduction
des coûts opérationnels et de maintenance. Nous distinguons les investissements de
renouvellement et les autres types d’investissement et établissons un lien avec les investissements
de modernisation. Pour (Kohel, 2003) les investissements de renouvellement permettent un
renouvellement des équipements mais pas nécessairement à l’identique. Ils ont pour vocation de
compenser la dépréciation des équipements installés entraînée par l’usure3 ou l’obsolescence4 .
Investissements
Productivité
Renouvellement Maintenance
3
. L’usure est traduite par l’altération physique d’un équipement en raison de son utilisation ce qui réduit sa durée de vie technique
4
. L’obsolescence traduit la diminution de la valeur du capital d’un équipement en raison de progrès technologique.
36 Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse
En avenir certain, la décision d’investissement s’appuie soit sur la comparaison des flux financiers
dégagés par l’investissement sur une durée de vie donnée avec le montant de l’investissement, ou
par l’évaluation de la durée de vie permettant de récupérer le capital investi.
Le taux de rentabilité moyen permet de comparer les flux moyens dégagés par
l’investissement avec le montant moyen de l’investissement.
Le délai de récupération permet d’évaluer la durée sur laquelle le montant de
l’investissement sera récupéré.
La valeur actuelle nette (VAN) traduit la différence entre la valeur actuelle des flux
générés par l’investissement et les dépenses d’investissement. L’investissement sera
rentable pour une VAN>0.
Le Temps Interne de Rendement correspond au temps d’actualisation qui rend la
VAN nulle.
Ces approches supposent la connaissance du montant exacte du Cash- Flow dégagé et du taux
d’actualisation. Elles ne tiennent pas compte de l’incertitude liée à l’évolution de l’environnement
économique. En ce sens, nous citons les travaux de (Arrow & Fischer, 1979) et les travaux de
(Henry, 1979) qui introduisent des modèles de décision en information croissante. Il définissent
des valeurs d’option pour la prise de décision en fonction de trois conditions réunies
simultanément à savoir : un ensemble de décisions, une incertitude dans la réalisation des états
dans le futur et une information croissante dans la réalisation de ces états. La prise de décision en
matière d’investissement s’appuie sur la notion de valeur d’option qui permet de différer
l’investissement jusqu'à ce que des informations plus fiables soient disponibles permettant de
réduire l’incertitude.
La définition donnée par (Bancel & Richard, 1995) nous semble intéressante. La notion
d’avantages résultants de la décision d’investir va au delà de la création de flux financiers.
Comme le renouvellement est un investissement de modernisation il tend à réduire les coûts de
maintenance d’un patrimoine et améliorer sa performance.
Discussion
La gestion du patrimoine ou «Asset Management » cherche à suivre d’une manière continue l’état
d’un patrimoine constitué d’immobilisations corporelles. Selon (Hoskins et al., 1998), la gestion
du patrimoine vise à assurer le bon fonctionnement des ces immobilisations par la planification
de diverses actions de maintenance, réparation et réhabilitation. D’après (FHWA, 1999) la gestion
du patrimoine est un processus continu, itératif, adaptatif et flexible aux changements, évolutions
et orientations pouvant s’opérer. Pour (EPA, 2003) la gestion du patrimoine est un processus de
planification qui permet de maintenir la valeur d’une immobilisation à son plus haut niveau et de
dégager les ressources financières nécessaires pour la réhabilitation ou le renouvellement du
patrimoine quand cela est nécessaire. La gestion du patrimoine intègre aussi des actions
permettant de réduire les coûts de fonctionnement et d’améliorer la fiabilité du patrimoine
considéré. Le processus de gestion du patrimoine fait appel à un ensemble d’outils d’analyse et
d’ingénierie financière comprenant des analyses coûts/bénéfices, analyse du coût sur la durée de
vie du système, analyse des risques d’ordre : financier, opérationnel et naturel. La gestion du
patrimoine se situe à un niveau stratégique de décision. Elle nécessite :
Objectifs et politiques
(attentes et besoins)
Inventaire du patrimoine
Condition d’évaluation,
Performance du système et données
Modélisation Allocation
de budgets
Evaluation, Alternatives
Hiérarchisation et Optimisation
Mise en œuvre
Contrôle et analyse
Cette approche doit être adaptée à chaque organisation5, permettant de définir un ensemble
d’indicateurs de performance et des variables de décision traduisant la politique de l’organisation
et ses objectifs. Elle se traduit par des objectifs fixés, le type de patrimoine à considérer, le budget
alloué, les procédures opérationnelles, la structure organisationnelle et les pratiques financières.
Le processus décrit par la Figure 3 regroupe les étapes principales à intégrer dans la gestion du
patrimoine. A travers un patrimoine, l’organisation cherche à répondre à des besoins, fournir un
service ou un produit. L’étape préalable est donc de définir les objectifs et le niveau de
performance à atteindre. L’inventaire du patrimoine cherche à identifier l’ensemble des moyens
dont dispose l’organisation pour assurer sa mission.
5
Représente le gestionnaire du patrimoine : municipalités, services publics, entreprises,…
40 Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse
Ensuite, vient l’étape d’évaluation de la condition et de l’état du patrimoine. Cette étape permet
d’identifier les déficiences du patrimoine et les variables et paramètres liés à son fonctionnement.
L’étape de modélisation cherche à comprendre le fonctionnement du patrimoine en simulant son
fonctionnement à l’aide de modèles. La compréhension du fonctionnement du système vise à
identifier les insuffisances afin de hiérarchiser le patrimoine considéré de manière à établir des
priorités et identifier les actions correctives à apporter. Ces actions se manifestent par des
décisions à court, moyen et long terme. La mise en œuvre vise à tester les décisions prises et à
mesurer leur impact sur le fonctionnement du patrimoine. La mesure de fonctionnement du
patrimoine se fait sur des critères liés à :
la durée de vie technique et/ou comptable du patrimoine
la disponibilité de ressources financières suffisantes
la performance à atteindre par le patrimoine
les coûts de fonctionnement et de maintenance.
La gestion du patrimoine prend en compte l’ensemble de ces critères tout au long de la durée de
vie du patrimoine.
Le renouvellement des réseaux d’eau potable cherche donc à gérer un patrimoine constitué par
les conduites d’eau potable, les organes hydrauliques, les installations de pompages, de traitement
et de stockage de l’eau. Il s’inscrit dans une démarche de gestion du patrimoine.
Dans le cadre de la thèse nous considérons seulement les conduites d’alimentation en eau
potable, qui constituent pour certains services environ 80 %(en valeur) des immobilisations
corporelles. D’un point de vue décisionnel, la problématique du renouvellement des réseaux
d’eau potable implique des décisions à court et moyen terme qui dépendent d’une approche
stratégique (à long terme). Voir Figure 4
Le service d’eau cherche à travers le réseau d’eau potable à satisfaire les besoins des abonnés en
eau. Ceci, en assurant la continuité du service et la satisfaction des abonnés en quantité et qualité,
par l’augmentation de la fiabilité du réseau à un coût minimum. Le renouvellement des réseaux
d’eau répond à ces attentes à travers une politique qui s’inscrit dans le cadre d’une gestion du
patrimoine à court, moyen et long terme.
En ce sens (Skipworth et al., 2002) préconisent l’intégration d’une analyse purement économique
avec une approche d’analyse de performance du réseau AEP dans la prise de décision. Voir
Figure 5.
Figure 5. Outil d’aide à la décision pour la gestion du réseau AEP (Adapté de Skipworth et
al.,2002)
Il apparaît que le renouvellement des réseaux AEP fait partie d’un processus plus global qui est la
gestion du réseau AEP dans son ensemble. Nous proposons d’adapter l’approche proposée par
(Skipworth et al., 2002) en identifiant les données devant être considérées au cours de notre
analyse et les évaluations permettant de mesurer la performance du réseau AEP. La collecte, la
mise à jour et le traitement des données sont gérés dans le cadre du système d’information du
service de l’eau. Nous identifions des Systèmes de Gestion de Bases de Données (SGBD) et un
Système d’Information Géographique (SIG) contenant des données graphiques du réseau. Ces
données cherchent à décrire la topologie du réseau et la localisation des conduites et organes
hydrauliques constituant le réseau à l’aide de cartes et plans ainsi que la nature des abonnés
desservis. Les deux dispositifs communiquent afin d’avoir une information complète sur le réseau
AEP. De plus en plus de services d’eau se dotent d’un système d’information permettant une
meilleure prise en compte des données pour alimenter le processus de prise de décision. L’analyse
des données nécessaires porte sur :
L’analyse économique porte sur l’ensemble des coûts liés aux réseaux AEP et aux conduites à
savoir les coûts directs : d’installation des conduites, d’inspection, de réparation, de maintenance
et de remplacement. Les coûts indirects sont plus difficiles à mesurer d’un point de vue
économique car induits par des évènements imprévisibles et liés aux externalités qui traduisent
l’impact sur l’environnement du réseau en cas de défaillances ou travaux de renouvellement :
Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse 43
dégâts, inondation, interruption du service, manque à gagner, gêne pour le trafic (Care-W, 2003).
Le renouvellement est tributaire des ressources financières disponibles. L’analyse porte sur
l’ensemble de la durée de vie technique de la conduite. Tout au long de cette durée de vie, il est
nécessaire d’identifier les coûts directs :
d’acquisition et d’installation de la conduite
de réparation et maintenance
de dépose et renouvellement.
Ainsi que l’identification de coûts indirects liés :
à la gêne occasionnée lors de travaux sur le réseau
au manque à gagner du au à la baisse d’activité lors de travaux
à la dégradation de biens en cas de casse ou fuites : inondations, affaissement de la
chaussée
aux plaintes d’usagers en cas de déficience de pression ou interruption du service.
Cette analyse cherche à étudier l’évolution de l’état du réseau tout au long de la durée de vie des
conduites. Il s’agit d’apporter une description et une mesure aux phénomènes de détérioration
structurelle (physique) des canalisations qu’accompagne le vieillissement des conduites et la
détérioration hydraulique qui se rapporte au fonctionnement du réseau qui se manifeste par une
déficience de la desserte en eau. Le renouvellement du réseau d’eau potable nécessite la
description du mécanisme de détérioration des conduites en identifiant les facteurs qui
conduisent à une dégradation du réseau (facteurs de désordre), et ceux qui peuvent donner lieu à
un renouvellement (facteurs déclencheurs). Une connaissance du réseau est indispensable. Elle
est assurée par la localisation de l’emplacement des conduites, matériaux de constitution,
diamètre, âge, localisation et type des autres éléments du réseau (pompes, vannes, etc.). Ces
informations alimentent les bases de données du service d’eau et son système d’information
(SIG6, Progiciel de gestion, fiches d’immobilisation7). Une fois les éléments du réseau identifiés,
nous devons être en mesure de décrire leur fonctionnement, en effectuant des mesures de
certaines grandeurs. Pour chaque partie constituant le réseau, il est important de connaître :
le volume distribué annuellement, celui comptabilisé et non comptabilisé
L’intérêt est de pouvoir définir des indicateurs de performance du réseau à travers des
caractéristiques liées à la distribution, aux canalisations et à la qualité de l’eau distribuée. Un
inventaire des interventions et travaux sur le réseau doit être effectué, cela passe par le recueil sur
le terrain d’informations en matière d’interventions, réparations dans le but d’alimenter les bases
de données qui répertorient :
Ces données permettent aussi d’actualiser les informations sur les plans de réseau, et de
déterminer les secteurs à forte fréquence de défaillance.
Discussion
Il apparaît que le renouvellement des réseaux d’alimentation en eau potable fait partie
intégrante de la politique de gestion du réseau dans son ensemble. Nous considérons cette
politique comme une gestion du patrimoine constitué par les conduites, les composants et
installations hydrauliques du service d’eau. Nous soulignons l’importance de la disponibilité
de données, à la fois économiques et techniques en rapport avec l’exploitation du réseau, qui
permettent d’alimenter le processus de décision. La politique de renouvellement doit être en
adéquation avec la gestion de l’ensemble des éléments et installations formant le réseau AEP
à long terme.
5. La programmation pluriannuelle et
la décision de renouvellement
Nous distinguons deux étapes dans le processus de prise de décision. La première étape qui est
décrite ci-dessus et qui cherche à apporter une analyse économique et technique au réseau et à
l’interaction avec son environnement (usagers, condition d’exploitation, emplacement des
conduites). Cette étape vise à comprendre le fonctionnement du réseau et décrire sa détérioration
au cours du temps afin d’identifier les conduites prioritaire au renouvellement. Il est clair que
parmi l’ensemble des conduites du réseau, une partie seulement devra faire l’objet de travaux de
renouvellement.
Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse 45
La seconde étape consiste à évaluer l’impact du renouvellement des conduites critiques identifiées
sur la performance du réseau. L’intérêt et d’effectuer une analyse coût/bénéfice. Il est important
d’identifier plusieurs scénarios à cette étape, cela permet au service de l’eau de prévoir différents
programmes de renouvellement en fonction des spécifications techniques requises mais aussi en
fonction des ressources financières dont il dispose. Il s’agit donc de programmer un ensemble de
travaux sur le réseau sur un horizon de temps donné en général égal à 5 ans, en favorisant les
conduites critiques et en utilisant les ressources financières de manière satisfaisante. Nous
établissons une analogie avec la problématique d’ordonnancement de projet (Giard, 2004) et la
réalisation de travaux de renouvellement au moyen de ressources limitées. Des ressources qui
peuvent être renouvelables et disponibles sur l’ensemble de l’horizon de planification à l’exemple
d’équipement de production, main d’œuvre, machine, ou non renouvelable et disponibles de
manière restreinte sur l’ensemble de l’horizon de planification comme le budget. Nous supposons
qu’il n’y a pas de conflit sur la disponibilité de main d’œuvre et l’exécution des travaux de
renouvellement. La limite concerne la ressource financière traduite par le budget disponible pour
la réalisation de travaux de renouvellement. Dans le cadre de la thèse, nous établissons une
analogie entre la programmation du renouvellement et :
Cette critique porte sur le nivellement des ressources qui ne peut s’effectuer indéfiniment dans le
temps. La disponibilité des ressources est donc limitée dans le temps et le nivellement des
ressources permet de minimiser les coûts du projet. Plusieurs approches sont proposées dans la
littérature (Hegazi, 1999) , (Son & al., 1999) et (Hiyassat, 2001). Nous établissons une analogie
entre la programmation du renouvellement et l’ordonnancement de projet tel que:
les tâches du projet correspondent aux travaux de renouvellement à réaliser sur le réseau
les contraintes de précédence sont désignées par les niveaux de priorité de renouvellement des
conduites et leur rôle dans le fonctionnement du réseau
pour chaque année de l’horizon de planification, la réalisation des travaux de renouvellement
ne doit pas dépasser la ressource disponible qui correspond au budget alloué
la programmation pluriannuelle vise à minimiser les coûts de renouvellement et à améliorer le
fonctionnement du réseau.
Le délai de réalisation des travaux de renouvellement est compris entre 1 et 5 ans. L’estimation
de la ressource financière s’effectue à l’aide du modèle d’aide à la décision que nous avons
élaboré.
Nous considérons deux cas de figure :
Le service de l’eau dispose des ressources financières nécessaires à la réalisation des travaux de
renouvellement, dans ce cas il s’agira de déterminer un coût minimum permettant de réaliser les
travaux nécessaires en assurant un fonctionnement adéquat du réseau.
Niveau requis
Travaux de renouvellement
Performance du réseau
Enveloppe requise
Nous illustrons dans La Figure 6 l’impact d’un investissement important sur la performance du
réseau. (AWWA, 1998) conditionne la fiabilité du réseau par les investissements consentis pour
l’amélioration du réseau. Dans ce cas précis, la disponibilité de ressources financières pour la
réalisation des travaux de renouvellement permet une amélioration significative et rapide de la
performance du réseau.
Dans ce cas, le service de l’eau ne dispose pas de ressources financières suffisantes. Il s’agira
d’identifier la programmation de travaux qui permette d’assurer un bon fonctionnement du
réseau tout en minimisant les coûts d’intervention sur le réseau. Une fois une programmation
satisfaisante identifiée, un lissage des travaux de renouvellement permet de répartir le coût de
mise en œuvre sur l’ensemble de l’horizon de programmation. Il s’agira d’améliorer le
fonctionnement du réseau tout en respectant la contrainte sur le budget et une utilisation
optimale de la ressource disponible.
Travaux de renouvellement
Enveloppe requise
Budget
Lissage
t t+1
t t+1
Travaux de renouvellement
Enveloppe requise
Budget
Travaux de renouvellement
Travaux de renouvellement
Performance du réseau
Performance du réseau
L’hypothèse illustrée par la Figure 8 traduit l’impact d’une programmation donnée des travaux sur
le réseau. Il ne suffit pas d’identifier les travaux de renouvellement à effectuer pour chaque
conduite, il est important de mesurer l’influence de ces travaux sur la performance du réseau en
présence d’une contrainte budgétaire annuelle. Nous vérifierons cette hypothèse dans le chapitre
6.
Chapitre 1 – Problématique de thèse et éléments de réponse 49
6. Conclusion
Fonctionnement du réseau
AEP et fiabilité hydraulique
L’importance d’une conduite est décrite par la quantité d’eau qu’elle permet
d’acheminer, la nature et le nombre d’abonnés qu’elle dessert. Après avoir défini
la problématique du renouvellement, nous décrivons dans ce chapitre le
fonctionnement hydraulique du réseau AEP et présentons des indices qui
permettent de mesurer la vulnérabilité d’un réseau d’alimentation en eau potable.
Ces indices définissent une hiérarchisation des conduites constituant le réseau.
Par la suite nous proposons deux indices traduisant le role de chaque conduite
dans la desserte en eau et l’impact de son indisponibilité , qui décrit une
défaillance ou une casse sur le fonctionnement du réseau. Ce chapitre vise à
décrire le fonctionement d’un réseau AEP et renseigne sur la nécessite de la prise
en compte de critère technique en matière de renouvellement .
Sommaire
1. Introduction 54
2. L’Alimentation en Eau Potable (AEP) 54
3. La distribution de l’eau potable en France 55
4. La distribution et les réseaux AEP 57
5. La modélisation hydraulique du réseau AEP 65
6. Etude de la fiabilité hydraulique des réseaux 67
7. Prise en compte de l’effet réseau et
mesure de l’importance d’une conduite 74
8. Conclusion 81
Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique 54
1. Introduction
Nous présentons dans un premier temps les différentes notions en rapport avec un réseau
d’Alimentation en Eau Potable (AEP), ensuite nous présentons une revue de la littérature sur
l’étude de la fiabilité hydraulique du réseau, en identifiant des indices de fiabilité hydraulique
permettant de mesurer l’impact d’une indisponibilité d’une conduite donnée sur le
fonctionnement hydraulique du réseau, qui s’accompagne d’une redistribution des flux et une
variation des niveaux de pression aux nœuds de consommation. Le modèle d’aide à la décision
doit intégrer l’analyse de la déterioration structurelle du réseau et une description de son
fonctionnement.
captage jusqu'à proximité de la zone de distribution. Avant d’être distribuée l’eau doit subir des
traitement ce qui permet de transformer l’eau brute en eau potable. L’eau est ensuite acheminée
vers les zones de stockage afin de réguler le débit dans le réseau et prévenir une pénurie d’eau en
cas de défaillance ou forte demande. L’eau est distribuée à travers le réseau d’Alimentation d’Eau
Potable aux usagers.
La première loi traitant globalement du service de l’eau en France a été la loi cadre de 1964.
La loi sur l’eau de 1992 est désormais le cadre général d’une gestion de l’eau, où l’eau est le
patrimoine de tous1. En France, l’alimentation en eau potable et l'assainissement des eaux usées
sont gérés par des services publics locaux dont la gestion relève de la compétence des communes
(ou de regroupements de communes).
Leur type d'organisation relève de la décision des élus, qui ont le choix entre deux grands modes
de gestion : la gestion directe (la régie) ou la gestion déléguée sur la base d’appels d’offres ouverts
à la concurrence (Voir Annexe 1). Chaque mode de gestion présente des particularités en terme
de gestion de la maintenance du réseau et de ses équipements (Voir Annexe 2).
Selon (Tavernier, 2001) la France compte environ 15000 services d’eau et d’assainissement. Les
régies concernent le plus souvent de petites communes, tandis que la délégation de service public
(DSP) est préférée dans les grandes villes. Environ 52 % des communes délèguent la gestion du
service d’eau. Le Tableau 2 décrit les modes de gestion des services de distribution d’eau et
d’assainissement en France. Dans le cadre de la thèse, le mode de gestion n’est pas pris en
compte car nous pensons qu’il n’influe pas direcetement sur les décisions en matière de
renouvellement. Le modèle d’aide à la décision que nous proposons est valable quelque soit le
mode de gestion du service d’eau.
1
. Un projet de loi sur l’eau et les milieux aquatiques encours de discussion au sénat.
Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique 56
Trois grands groupes se partagent l'essentiel de la gestion déléguée de l'eau en France : Vivendi,
Suez et Bouygues-SAUR. Le tableau renseigne sur la répartition des prestataires privés du marché
de la distribution de l’eau et d’assainissement en France.
Tableau 3. Parts de marché des prestataires privés dans la distribution de l’eau (Tavernier 2001)
Nom de la société Groupe Part des Types de collectivités Nombre de
abonnés contrats
desservis
Générale de eaux Véolia 51 % Grandes villes, en particulier en Ile-de- 4 800
environnement france
Lyonnaise des eaux Suez 24 % Communes rurales, villes petites et 3 000
moyennes
Société Bouygues 13 % Communes rurales, villes petites et 7 000
d’Aménagement moyennes
Urbain et Rural
(SAUR)
Filiales communes Générales et 10 % Grandes villes et agglomérations (n.c)
Lyonnaise (12
filiales)
Lyonnais et SAUR
(02 filiales)
Une dizaine de 2% Communes rurales, petites villes (n.c)
sociétés
indépendantes
57 Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique
Dans le cadre de la thèse, nous considérons la partie du réseau permettant d’acheminer l’eau des
zones de stockage vers les abonnés. Nous distinguons plusieurs types d’abonnés en fonction de la
raison sociale : domestique, commerce, industriel, administration.
Les zones de stockage comprennent généralement des réservoirs à grande capacité, la liaison
entre les abonnées est assurée à l’aide des conduites. La jonction entre conduites constitue des
nœuds. L’écoulement de l’eau s’accompagne d’une perte d’énergie en raison des frottements avec
les parois internes des conduites et des organes hydrauliques que comporte le réseau. Cette
dissipation d’énergie est traduite par le phénomène de perte de charge.
Les conduites permettent l’acheminement l’eau d’un point à un autre point du réseau. Une
conduite est un segment de tuyau ou canalisation délimitée par deux points de consommation
d’eau appelés nœuds. Chaque conduite est caractérisée par :
L’écoulement de l’eau s’effectue du nœud disposant de la pression la plus élevée vers le nœud
dont la pression est plus faible. La rugosité traduit la résistance de la conduite à l’écoulement de
l’eau. Les parois internes des conduites au contact de l’eau créent un phénomène de friction qui
s’accompagne de perte d’énergie due au frottement créant ainsi une perte de charge linéaire.
Dans le cadre de la thèse, nous utilisons la formule de Hazen-Williams pour le calcul de la perte
de charge dans les conduites.
10.674.L . Q1.852
HL = (2.1)
C 1.852 .D 4.871
Où :
H L : perte de charge linéaire, en mètres
3
Q : débit, en m / s
L : longueur de la conduite
D : diamètre de la conduite, en mètres
C : coefficient de rugosité de Hazen-Williams
Nous distinguons entre les conduites en fonction de leur rôle dans le réseau et la nature du
matériau les constituants. Le transport de l’eau vers les zones de stockage nécessite des conduites
de diamètre important (300-800 mm). Pour la distribution les conduites sont de diamètres
inférieurs (80-250 mm) et enfin les branchements qui sont de plus faible diamètre (40-60 mm) qui
permettent d’acheminer l’eau jusqu'au abonnés à partir des conduites de distribution. Une autre
distinction peut être effectué en se basant sur la nature du matériau constituant la conduite,
59 Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique
La fonte (alliage de fer et de carbone) apparaît comme le matériau le plus utilisé dans la
confection des canalisations. On distingue entre les fontes grises (dites fontes anciennes) et les
fontes ductiles. Cette distinction est relative à la disposition du graphite (carbone) dans la matière,
rendant la fonte ductile moins fragile. La fonte ductile est donc plus adaptée, car elle présente les
propriétés suivantes :
bonne résistance mécanique (traction, chocs) ;
résistance aux attaques du sol, fluides, solides transportés, aux variations de pression et de
température.
Certaines conduites de longueur fictive peuvent contenir des dispositifs hydrauliques spécifiques :
pompes, vannes, coudes, stabilisateur de pression, autres appareils de mesure. Ils représentent des
points singuliers :
2
. PVC : Polychlorure de Vinyle
. PEHD : Polyéthylène Haute Densité
. PRV : Composite en Stratifié Verre-Resine
Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique 60
Hauteur ( m)
3
Débit ( m / s )
Figure 10. Exemple de courbe caractéristique d’une pompe
Certaines conduites de longueur fictive comporte des vannes qui permettent de limiter la pression
ou le débit en des points précis du réseau. Les vannes sont caractérisées par :
les nœuds d’entrée et de sortie,
le diamètre
la consigne de fonctionnement et l’état de la vanne
coefficient de perte de charge singulière
Une vanne peut être ouverte ou fermée, le fonctionnement de la vanne est fonction de consignes
relatives à un nœud indexé généralement en rapport avec la pression. L’écoulement de l’eau à
travers la vanne s’accompagne d’une perte d’énergie exprimée par la perte de charge singulière.
v2
HS = c . (2. 2)
2. g
H s : perte de charge singulière en mètres
c : coefficient de perte de charge singulière propre à la vanne
v : vitesse d’écoulement de l’eau dans la conduite supportant la vanne en m/s
g : gravité en m / s 2
61 Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique
Les nœuds représentent des points de jonction entre les conduites. Ils correspondent à des points
d’entrée ou de sortie d’eau. Il existe deux catégories de nœuds :
Ces nœuds se caractérisent par une cote au sol connue et un débit connu (demande), l’inconnue
est la pression au nœud qui doit être calculée. Ils correspondent à des points de consommation
dans le réseau. Ces nœuds peuvent décrire la consommation d’un ou de plusieurs abonnées de
même type. Nous distinguons entre les abonnés selon le type de consommation : domestique,
industrielle, administration. La consommation au nœud exprimée par la demande peut être
constante ou variable. Selon la nature des abonnés, la demande est décrite par une courbe de
consommation.
Qt
μt = (2. 3)
Q
et
∑Q
24
t
t =1
Q= (2. 4)
24
Période 1 2 3 4 5 6 7 . . . 21 22 23 24
Multiplicateur μ1 μ 2 μ 3 μ 4 μ 5 μ 6 μ 7 . . . μ 21 μ 22 μ 23 μ 24
K2
Moyenne
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 (Heures)
Le rendement du réseau noté η exprime le rapport entre la quantité produite au cours d’une
année donnée et la quantité facturée (vendue). Le rendement du réseau permet de déterminer le
volume d’eau non facturé (arrosage, poteaux incendie, pertes).
Volume facturé ( m 3 / an )
η= (2. 7)
Volume produit ( m 3 / an )
63 Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique
Ce sont des nœuds où la charge est fixée ou dont la cote piézométrique3 de l’eau est connue. Il
peut s’agir d’un réservoir dont le niveau d’eau varie en fonction du temps au sol ou sur tour, d’un
poteau à incendie ou d’une bâche de pompage dont le niveau reste inchangé. Pour ces nœuds le
débit doit être calculé.
Les réservoirs sont des nœuds avec une capacité de stockage, dont le volume d’eau peut varier au
cours du temps. Cette variation est décrite par la courbe de volume, qui pour un point de
stockage (Réservoir, château d’eau) définit la relation entre le niveau d’eau et le volume qu’il
contient. Cette relation tient compte de la forme géométrique du point de stockage. Les
caractéristiques d’un réservoir sont :
L’altitude du radier qui correspond à un niveau zéro de l’eau.
Le diamètre du réservoir ou sa courbe de volume
Les niveaux : initial, minimal et maximal de l’eau
Volume (m3)
Niveau (m)
Ces nœuds sont des points de stockage à capacité infinie, il représente des sources externes
d’approvisionnement en eau (pompage, lac, fleuve). Les bâches sont caractérisées par un niveau
d’eau fixe.
3
. Ligne idéale qui joint les points obtenus en portant verticalement vers le haut, à partir de la cote géodésique de
chaque point de l'installation, une longueur égale à la hauteur de liquide due à la pression en ce point. La cote ainsi
obtenue pour chaque point est appelée cote piézométrique
Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique 64
Mailles
Bâche Ramifications
Nœud
Pompe
Réservoir
La topologie du réseau est la représentation schématique des différents nœuds d'un réseau et de
leurs liaisons physiques (conduites, pompes, vannes). La disposition des nœuds et des conduites
dépend de la localisation des abonnés, présence de routes, obstacles naturels, présence d’autres
réseaux. En terme de topologie, nous distinguons :
Ce type de réseau se présente selon une structure arborescente à partir du nœud à charge fixée
assurant la mise sous pression. Cette configuration est justifiée par la dispersion des abonnés.
Cependant, ce type de topologie réduit la fiabilité du réseau dans le cas d’une rupture d’une
conduite, privant en eau les utilisateurs en aval du point de rupture. Elle caractérise généralement
les réseaux de distribution d’eau en milieu rural.
Le modèle permet de vérifier pour une configuration donnée du réseau, la satisfaction des
exigences des abonnés en terme de pression et de débit. L’intérêt est de dimensionner les
conduites et dispositifs hydrauliques. L’état des conduites et la demande sont supposés connus.
Le niveau de détail est important, toutes les conduites sont représentées.
Dans ce cas, le modèle cherche à décrire le fonctionnement d’un réseau existant, par la
détermination de l’état des conduites à travers la mesure de la rugosité des conduites et la
demande des abonnés. Pour un réseau, des données liées à la topologie du réseau, les types des
conduite, la typologie des consommateurs ainsi que des mesures de pression et débits en des
points du réseau sont supposés connus. Un calage du modèle permet de déterminer certains
paramètres inconnus : rugosité, consommation afin de s’approcher le plus possible du
fonctionnement réel du réseau.
Dans ce cas le modèle servira à décrire le comportement des sources d’approvisionnement, des
zones de stockage et des stations de pompage. L’intérêt de ce type de modèle est d’optimiser
l’exploitation des sources d’eau et de minimiser les coûts d’exploitation du réseau en régulant le
pompage et le stockage de l’eau dans la journée. Ce modèle ne retient que les conduites de grand
diamètre servant au transport et à la distribution de l’eau.
Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique 66
Dans ce cas le modèle cherche à décrire les temps de séjour (stagnation de l’eau) de l’eau dans le
réseau. En effet des temps de séjour important altèrent la qualité de l’eau dans le réseau. L’objet
du modèle est de mesurer l’évolution d’un produit à titre d’exemple le chlore dans le réseau et
d’en mesurer les concentrations à des points précis du réseau.
L’autre aspect à prendre en compte est la définition des conduites. L’étude du fonctionnement du
réseau et la détérioration hydraulique n’utilisent pas la même définition de la conduite.
Rue
Rue
Conduite réelle
Présence d’organes hydraulique : pompe, vanne, poteau à incendie
Conduite pour le modèle hydraulique
Figure 14. Modélisation du réseau AEP : prise en compte de l’aspect hydraulique et structurelle.
67 Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique
La Figure 14 illustre la distinction entre le réseau tel qu’il existe réellement et la modélisation
hydraulique. Cette modélisation doit être attentive à l’étude de la détérioration structurelle des
conduites qui s’articule sur une définition plus détaillée des conduites qui correspond plus au
réseau réel. Nous devons trouver un niveau de description du réseau assurant un compromis
entre l’étude de la détérioration structurelle et hydraulique. Cela nécessite l’adaptation des
données disponibles et une définition appropriée des conduites du réseau.
Les premiers travaux menés par (Shamir & Howard, 1979) (Walski & pellicia,1982) ce sont
intéressés à l’impact de la détérioration structurelle sur les coûts de maintenance et la
détermination d’un optimum économique définissant un seuil pour le renouvellement des
conduites. (Todini, 2000) revient sur cette approche et identifie des insuffisances à une approche
purement économique. Un réseau construit et géré en fonction d’un optimum économique peut
ne pas répondre à des contraintes techniques. Des problèmes de dimensionnement des conduites
ou de déficience de pression sont relevés. L’auteur revient sur l’importance de la topologie du
réseau dans la prise de décision, en comparant la fiabilité d’un réseau se présentant en maille et un
réseau ramifié. Cependant, la topologie du réseau n’est pas seulement dictée par le gestionnaire
ou le concepteur du réseau d’eau mais respecte des contraintes liés à la disposition des usagers, les
routes, la présence d’obstacles naturels, la présence d’autres réseaux : gaz, électricité. (Todini,
2000) introduit la notion de résilience qui traduit la capacité du réseau à pallier une défaillance ou
une rupture et limite son impact sur le fonctionnement réseau. Pour l’auteur le réseau doit être en
mesure de faire face à des incidents dont l’effet est temporaire dans le temps mais pouvant
engendrer des dégradations importantes. Même si la notion de résilience n’est pas évoquée sous
ce nom, on y fait souvent allusion. Il apparaît que la fiabilité du réseau dépend de sa capacité à
limiter l’incidence d’un évènement sur son fonctionnement. Pour (Ormsbee & Kessler,1990)
définissent la redondance comme mesure de la fiabilité. Il définissent deux types : typologique et
hydraulique. La redondance typologique assure l’existence d’un chemin (physique) de la source au
nœud de consommation. La redondance hydraulique assure la capacité d’un chemin
redondant(autre) qui fournit une pression adéquate pour les demandes au niveau des nœuds pour
des conditions de charges spécifiques. Pour (Xu et al.,1999) la fiabilité du réseau est mesurée par
sa capacité à assurer la demande aux nœuds à une pression minimale requise. La fiabilité dépend
de la défaillance des organes hydrauliques( casses des conduites, arrêt des pompes, fuites dans le
réseau), de la diminution de la capcité hydraulique du réseau en raison de la déterioration de
Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique 68
Les auteurs évaluent cette surpression sur l’ensemble des nœuds de consommation en définissant
Total surplus Head Index, I t tel que :
n
I t =∑ (Pmesurée(i)- Prequise(i) ) (2. 2)
i =1
(Todini, 2000) établit un bilan de l’énergie contenue dans le réseau. Pour l’auteur plus il y’a
d’énergie dans le réseau plus le réseau est fiable. L’énergie contenue dans le réseau En réseau
s’exprime comme la somme de l’énergie dissipée Endissipée en raison des frictions internes dans les
conduites et les pertes de charge, ainsi que l’énergie nécessaire aux nœuds de consommation
Endelivrée .
Endissipée
Ir =1 - max (2. 4)
Endissipée
Où En dissipée exprime l’énergie dissipée pour une pression Prequise et une demande donnée à chaque
max
nœud de consommation et En dissipée correspond à l’énergie dissipée correspondant à une pression
(Ivaltemir et al, 2004) proposent de mesurer la fiabilité du réseau à l’aide d’un indice calculant
l’adéquation de la pression au nœud de consommation avec pression minimale requise , l’indice
ψ pb ( i , t ) est calculé par :
68 Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique
Pat ( i , t ) - Pmin
ψ pb ( i , t ) = si Pmin ( i , t ) ≤Pat ( i , t ) ≤Pmax ( i , t )
Pmax ( i , t ) - Pmin
Avec Pmin correspond à la pression minimale à partir de laquelle une desserte en eau des nœuds de
consommation est possible, Pat ( i , t ) correspond à la pression disponible aux nœuds de
consommation i à l’instant t mesurée par Epanet 2 et Pmax ( i , t ) traduit la pression maximale
tolérée au nœud de consommation i à l’instant t. Ils définissent un indice traduisant la satisfaction
de la demande aux nœuds de consommation tel que :
24 n
HBSD = ∑∑ ψ pb ( i , t ) .
Qdem ( i , t )
n (2. 2)
t =1 i =1
∑Q dem ( i ,t )
i =1
n
ft j =∑
v ji
(2. 3)
V
i =1 i
Discussion
Nous étudions dans le cadre de la thèse, des modèles de mesure de la fiabilité hydraulique des
réseaux AEP développés dans le cadre du projet Care-W, dans lequel le CEMAGREF a participé
(voir chapitre 3). Trois modèles de fiabilité Hydrauliques (Hydraulic Reliability Models,
HRM) ont été développés permettant de mesurer l’importance hydraulique de chaque conduite
du réseau d’eau et l’impact sur son fonctionnement en cas de défaillance à l’aide d’indices de
fiabilité. Ces modèles sont : Failnet-Reliab élaboré par le CEMAGREF (France), Relnet élaboré
par Université de Technologie de Brno (République Tchèque), Aquarel : élaboré par SINTEF
(Norvege). Ces modèles ont été testés sur des réseaux de taille réel.
Pour une pression satisfaisante aux nœuds de consommation, on compare l’eau réellement
acheminée et celle demandée. En cas de déficience importante, la conduite sera considérée
comme critique. Cependant, l’approche de calcul et les outils utilisés sont sensiblement différents.
L’objectif est d’évaluer deux indicateurs importants exprimés à l’échelle du réseau :
L’indice proposé est le « Hydraulic Criticity Index » (HCI) qui s’appuie sur la simulation de casse
sur le réseau et la comparaisons des consommations d’eau avant et après la survenue de la
défaillance. Pas de casses simultanées sur le réseau, une défaillance est possible pendant l’analyse
du réseau. Le calcul de cet indice s’inspire des travaux menés par (Bertin,1994). Il s’appuie sur
une estimation du taux de défaillance de la conduite considérée, du temps d’indisponibilité de la
conduite donnée par MTTR(Mean Time To Repair). Les consommations sont localisées au
niveau des nœuds. Pour une conduite j, l’impact est donné par :
Avec ωi est l’importance du nœud i dans le réseau, qui permet d’identifier des consommateurs
important dans le réseau. Les calculs sont effectués à l’aide d’un algorithme spécifique. L’outil
utilise un modèle hydraulique spécifique basée sur le logiciel Porteau® (CEMAGREF) .
Discussion
Le modèle Failnet-Reliab propose un indice de fiabilité qui mesure l’impact d’une défaillance
sur la desserte en eau. Il distingue les consommateurs par des pondération selon leur
importance et intègre un taux de défaillance dans le calcul de l’indice. Nous avons testé le
modèle et relevons certaines limites :
Il n’existe pas de passerelle d’un modèle de simulation hydraulique vers Failnet-
Reliab, un fichier spécifique doit renseigner le réseau.
l’analyse hydraulique qu’effecute le modèle ne tient pas compte des organes
hydrauliques du réseau : vannes, pompes. Le fonctionnement du réseau n’est pas pris
en compte (courbes caractéristiques, courbes de consommation, etc). le demande
prise en compte et la demande de pointe. Le calcul est ponctuel.
le modèle est plus lent que les autres modèles de fiabilité.
Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique 72
Propose un modèle permettant de mesurer l’impact d’une indisponibilité d’une conduite donnée
sur le fonctionnement du réseau en tenant compte des pressions et consommations aux nœuds.
Le modèle utilise Epanet2®(Rossman,2000) pour effectuer les simulations hydrauliques. Il
permet de calculer le HCI qui représente pour une conduite donnée le rapport entre l’eau qui est
réellement consommée dans le réseau et l’eau devant être consommée :
∑(Demande i - Consommation i )
Noeuds i
HCI j = (2. 16)
∑ Demande
Noeuds i
Le calcul des consommations au niveau des nœuds s’appuie sur les niveaux de pression aux
nœuds. Deux niveaux sont identifiés : une pression minimale, à partir de laquelle une desserte en
eau est possible mais en quantité proportionnelle à la demande et une pression désirée à partir de
laquelle la desserte en eau correspond à la demande au nœud. Pour un niveau de pression
inférieur à la pression désirée, la consommation est inférieure à la demande aux nœuds. La
première étape consiste à analyser le fonctionnement hydraulique du réseau en calculant les
pressions aux nœuds et en déterminant la demande totale sur l’ensemble du réseau. L’étape
suivante est de rendre la conduite considérée indisponible (en la fermant). Une nouvelle
simulation hydraulique est effectuée permettant de mesurer les niveaux de pression aux nœuds.
La consommation au nœud sera fonction de la comparaison des niveaux des pressions avant et
après l’indisponibilité de la conduite. La consommation à un nœud donné sera nulle si la
pression à ce nœud est inférieure à la pression minimale initialement définie. Pour une pression
comprise entre la pression minimale et la pression désirée, la consommation sera proportionnelle
à la demande au nœud et aux pression avant et après l’indisponibilité de la conduite tel que :
Pr ession après i
Consommation i = Demande i (2. 17)
Pr ession avant i
Pour une pression au nœud supérieure à la pression désirée, alors la consommation au nœud sera
égale à la demande au nœud.
73 Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique
Discussion
Le modèle Relnet propose un indice de fiabilité qui mesure l’impact d’une défaillance sur la
desserte des abonnés. Il permet de comparer la quantité d’eau fournie après la survenue d’une
défaillance et celle devant être fournie. Nous avons testé le modèle et relevons certaines
limites :
dans la description du modèle, aucun travail théorique n’est évoqué pour le calcul de
la demande au nœuds après la survenue des défaillances
les niveaux de pression permettant de paramètrer la demande aux nœuds sont fixes
compris entre 25 m et 15 m, ce qui n’est pas toujours le cas. Le modèle n’est pas
flexible.
le modèle considére que l’indisponibilité de la conduite est par défaut égale à une
heure, correspondant à l’heure de pointe. Le modèle ne permet pas de définir la plage
horaire de survenue de défaillance et la durée d’indisponibilité des conduites.
Le modèle effectue les calculs à l’heure de pointe
Le modèle développé par le SINTEF utilise la même approche basée sur la simulation de
défaillance et la mesure d’impact sur le fonctionnement du réseau. Aquarel considère l’impact de
défaillance sur le niveau des réservoirs dans le réseau. Il peut considérer jusqu’à 2 défaillances
simultanées sur le réseau. L’outil intègre la détérioration structurelle de la conduite à travers un
taux de casse ou une probabilité de casse et un temps d’indisponibilité de la conduite. L’outil fait
appel à Epanet ® pour les simulation hydraulique. Il n’existe pas de description précise de
l’approche de calcul utilisée. Nous n’avons pas pu testé Aquarel car nous ne disposions pas d’une
verison du modèle.
Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique 74
Discussion
Nous constatons que la démarche de calcul des indices de fiabilité est similaire. En effet il
s’agit de mesurer l’impact de l’indisponibilité d’une conduite donnée sur l’ensemble du réseau.
Cela en comparant la quantité d’eau desservie avant et après. Nous avons identifié des limites
qui paraissaient importantes et que nous proposons de prendre en compte dans la mise en
place d’un outil de mesure de la fiabilité hydraulique. Cet outil s’inspire des travaux de
(Wagner et al., 1988) et des approches de calcul des indices de fiabilité présentés. L’outil
développé à pour but de :
modifier plus facilement les paramètres de calcul de l’indice de fiabilité à savoir les
niveau de pression pour le calcul de la demande, la durée de la défaillance et la palge
horaire de sa survenue.
tenir compte de l’ensemble des composants hydrauliques du réseau : courbe de
consommation, courbe caractéristique, courbe de volume.
Le réseau d’alimentation en eau potable est un réseau connexe dont la fiabilité dépend de l’état
des canalisations et la configuration même du réseau. Nous proposons d’utiliser deux indices qui
traduisent l’incidence de la rupture d’une conduite sur la distribution de l’eau dans le réseau. La
rupture est simulée par la fermeture de la conduite. L’impact est mesuré d’un point de vue
hydraulique, tous les calculs hydrauliques sont effectués à l’aide de Epanet2®. Selon la position
de la conduite dans le réseau, la nature et le nombre d’abonnés qu’elle dessert, son rôle dans
l’acheminement de l’eau est différent. Ce rôle est obtenu à l’aide de la comparaison entre la
quantité d’eau transportée avant et après l’occurrence de la défaillance. L’impact de la défaillance
dépend des niveaux de pression aux nœuds de consommation. Ainsi l’occurrence de la défaillance
engendrera une redistribution des pressions au niveau des nœuds de consommation ce qui
provoquera une baisse de pression dans certains nœuds et une augmentation dans d’autres. En
fonction de la variation du niveau de pression, la demande au niveau des nœuds de
consommation change. D’un point de vue théorique, la mesure du changement de la demande au
niveau des nœuds de consommation est cité dans (Wagner et al., 1988) et (Ivaltimir et al., 2004).
75 Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique
Pour chaque conduite élaguée, une simulation hydraulique du fonctionnement du réseau est
effectuée, la démarche décrite ci-dessous est effectuée pour chaque conduite, afin de calculer
l’indice de criticité des conduites constituant le réseau.
Nous exploitant les travaux de (Wagner et al., 1988) qui établissent une relation entre la quantité
d’eau desservie et la pression à un nœud de consommation. Ils distinguent trois paliers pour les
valeurs de pression, déterminer par deux seuils de pression, une pression inférieure ( PInf ) et une
pression supérieure( PSup ) :
Le premier palier concerne les nœuds où la pression est au-dessous de la pression inférieure
requise, dans ce cas là, la desserte en eau ne peut être assurée, la demande au nœud est nulle.
QNouv = 0 (2. 18)
Le deuxième palier concerne les nœuds où la pression (PNouv) est comprise entre la pression
inférieure et la pression supérieure. Dans ce cas la desserte de l’eau est partiellement assurée, la
demande au niveau des nœuds de consommation ( Q Nouv ) est donnée par :
PNouv - PInf
QNouv = QInit . (2. 19)
PSup - PInf
Le troisième palier concerne les nœuds dont la pression dépasse la pression supérieure ( PSup )
assurant ainsi une desserte normale de l’eau vers les nœuds de consommation dans ce cas la
demande est donnée par :
% Demande
100%
Pression(m)
PInf PSup
Pas de Desserte Desserte
desserte réduite normale
En s’inspirant des indices relevés dans la littérature, nous proposons deux indices permettant de
mesurer le rôle d’une conduite donnée dans l’acheminement de l’eau.
Cet indice permet de comparer la quantité d’eau desservie dans l’ensemble du réseau avant et
après l’indisponibilité d’une conduite donnée. Afin de calculer l’Indice de criticité hydraulique
(ICH) d’une conduite j, il est nécessaire de calculer les pressions et demande au niveaux de tous
les nœuds de consommation en fonction des paliers susmentionnés. L’équation ci-dessous définit
l’expression de calcul du ICH pour un réseau de n nœuds :
n
∑( Q Init - Q Nouv )
ICHj = i =1
n avec ICH ∈ ]0,1] (2. 1)
∑Q Init
i =1
77 Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique
i ≤p Pour i=1 à p
La Figure 16 présente la démarche de calcul des indices de fiabilité pour une réseau donné.
L’indice ICH obtenu pour l’ensemble des conduites du réseau, traduit la quantité d’eau réellement
desservie dans l’absence d’une conduite donnée. Il est compris entre 0 et 1, plus la valeur est
proche de 1, plus la conduite est importante dans le réseau. Si la valeur de ICH est voisine de 0,
cela signifie que l’eau est bien desservie même en l’absence de la conduite considérée,
l’importance de la conduite est faible.
A partir d’un fichier de données décrivant le réseau à considérer, nous effectuons le calcul de
l’ICH à l’aide d’une macro permettant de lancer plusieurs simulations à la fois et estimer les
différents paramètres nécessaires au calcul. Nous considérons un réseau de n nœuds et p
conduites.
Cet indice traduit l’impact de l’indisponibilité d’une conduite donnée sur la desserte en eau des
abonnés. Il permet de recenser l’ensemble des nœuds de consommation où la desserte n’est pas
assurée. (Wagner et al, 1988) suppose qu’au-dessous d’une certaine pression PInf la desserte en eau
n’est plus assurée. Pour chaque conduite élaguée, un calcul de pression est effectué à l’aide de
Epanet2®, puis une comparaison avec la pression PInf est effectuée. Si la pression mesurée au
nœud de consommation est inférieure à la pression, alors le nœud considéré ne sera pas desservi
tant que la conduite est indisponible. Cette procédure permet d’identifier l’ensemble des nœuds
non desservis. Une fois ces nœuds identifiés, pour chaque conduite élaguée nous calculons le
rapport entre le nombre de nœuds non desservis et le nombre de nœuds total constituant le
réseau. La procédure de calcul est décrite dans la .
Le calcul des indices de fiabilité s’effectue selon la procédure décrite par la Figure 16. Le calcul
est assuré à l’aide de la macro Mesure_fiabilité en VBA Excel, utilisant la boite à outil Entoolkit
développée par EPA4 . La macro permet de simuler une casse pour chaque conduite du réseau en
la rendant indisponible pendant une période donnée, l’indisponibilité est traduite par la fermeture
de la conduite. Nous supposons que le temps d’indisponibilité correspond au temps nécessaire à
la remise en l’état de la conduite c’est le Temps moyen de réparation, MTTR5. Nous supposons
que seule une conduite est indisponible, écartant ainsi la possibilité que deux ou plusieurs
défaillances surviennent au même moment. Le calcul des indices de fiabilités nécessite la
disponibilité de données spécifiques liées au fonctionnement du réseau et à la durée de réparation
des conduites. Les données devant être disponibles sont :
La macro proposée pour le calcul des indices de fiabilité utilise la simulation hydraulique obtenue
à partir des données sus-mentionnées. Le modèle hydraulique est construit à l’aide d’Epanet2.
L’impact de l’indisponibilité d’une conduite dépend de sa localisation de la nature des abonnés
qu’elle dessert, de la période d’occurrence de la défaillance. La macro proposée permet de simuler
l’indisponibilité de la conduite sur une période de temps donnée. Cette approche permet
d’identifier les plages horaires où l’indisponibilité de la conduite est la plus critique. Pour un
réseau donné, le modèle hydraulique peut être sauvegarder à l’aide d’un fichier d’extension .net
ou .inp. Le calcul des indices de fiabilité nécessite le paramétrage de la macro, les paramètres
d’entrée sont les suivant :
Définir les pression PInf et PSup décrivant les états de fonctionnement du réseaux
Algorithme .1. Calcul des indices de fiabilité ICH et IDN à l’aide de Mesure_fiabilité.
n : nombre de nœuds dans le réseau Psup :pression désirée pour un fonctionnement normal du réseau
Qi : demande au nœud i Q Init : Demande totale sur l’ensemble du réseau
Q Nouv : Consommation réelle au nœud T :temps d’indisponibilité de la conduite
p :nombre de conduites dans le réseau Période :plage horaire, début et fin de la simulation
Pi : pression au nœud i Pinf :pression inférieure requise pour la desserte en eau
Initialisation
Lancer Epanet (P) {simulation hydraulique pour la plage horaire désignée}
∀ i = 1, n Calculer Qi {détermination de la demande aux nœuds}
n
Q Init ← ∑Q i {détermination de la demande sur l’ensemble du réseau}
i =1
pour j = 1,..,p
Fermer la conduite j
Lancer Epanet (Période,T) {simulation hydraulique pour la plage horaire désignée, avec une indisponibilité de j de T}
∀ i = 1, n Calculer Pi
QTotale ← 0
noeud ← 0
pour i = 1,..,n faire
si Pi < Pinf alors
Qi ← 0
noeud ← noeud +1
sinon
si Pinf ≤Pi < Psup alors
Pi - Pinf
Q Nouv ← Qi .
Psup - Pi
sinon
si Pi ≥Psup alors
Q Nouv ← Qi
fin si
fin si
fin si
QTotale ← Q Nouv + QTotale
fin pour
Q Init - QTotale
ICH j ←
Q Init
noeud
IDN j ←
n
fin pour
fin
81 Chapitre 2 – Fonctionnement du réseau AEP et fiabilité hydraulique
8. Conclusion
Nous avons introduit la notion de fiabilité hydraulique , qui traduit la capacité du réseau à pallier
une déficience de pression due à la survenue de défaillance ou à la détérioration structurelle.
L’analyse de la littérature montre que la fiabilité hydraulique dépend non seulement des niveaux
de pression, mais aussi des caractéristiques des conduites (rugosité, diamètre) de la topologie du
réseau et la satisfaction des abonnées. Ces critères déterminent la performance du réseau et
doivent être pris en compte dans la prise de décision en matière de renouvellement.
Nous avons exploité les modèles et indices identifiés dans la littérature pour la mesure de la
fiabilité hydraulique. Cela a permis de définir une approche plus flexible pour la mesure d’indices
de fiabilité appropriés. Les indices proposés permettent d’identifier les conduites jouant un rôle
important dans la desserte des abonnés. Ces conduites nécessitent une attention particulière lors
de travaux de renouvellement, elle seront prioritaires par rapport aux autre conduites. Nous
avons élaborée un outil informatique « Mesure_fiabilité » pour le calcul de ces indices .
Les développement effectués dans ce chapitre vont permettre de mesurer l’impact des travaux de
renouvellement sur le fonctionnement du réseau et de hiérarchiser les conduites en fonction de
leur rôle dans le réseau.
Chapitre 3
Les approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable dépendent des
critères pris en compte dans le processus de prise de décision. Nous décrivons
dans ce chapitre un ensemble de modèles et d’approches dans le but d’identifier
une démarche cohérente dans l’identification des travaux de renouvellent et leur
programmation dans le temps. L’analyse que nous effectuons porte
principalement sur les critères pris en compte, les méthodes et approches de
hiérarchisation des conduites du réseau, l’étude de la détérioration structurelle et
hydraulique et enfin les méthodes d’optimisation utilisées. Il s’agit au cours de ce
chapitre de décrire les liens entres les points susmentionnés et leur coordination.
L’intérêt est de comprendre comment ils sont pris en compte au sein des
modèles d’aide à la décision que nous avons rencontrés.
Sommaire
1. Introduction 84
2. Les approches pour la hiérarchisation
des conduites 84
3. Les approches d’optimisation
de la date de renouvellement 89
4. Conclusion 100
Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable 84
1. Introduction
Les approches d’aide à la décision sont présentées en littérature en fonction de la nature des
outils mathématiques utilisés, des données considérées et de la prise en compte du
fonctionnement hydraulique du réseau. (Kleiner & Rajani, 2001) identifient des modèles
probabilistes uni-varié et multi-variés. (EPA, 2002) identifie des modèles ne se basant pas sur des
modèles hydrauliques pour le renouvellement, il présente des approches probabilistes ou
statistiques qui s’intéressent au phénomène de vieillissement de la conduite sur la base d’un
historique de défaillance et des données d’environnement, des approches déterministes qui
cherche à définir des échéances de renouvellement, la recherche de politique de renouvellement à
coût minimal et des approches se basant sur des heuristiques ou utilisant l’avis d’expert et des
méthodes de pondération de critères afin de hiérarchiser les conduites et identifier des priorités.
Nous proposons d’établir une typologie en fonction de l’objet de chaque approche en faisant la
distinction entre :
les approches pour la hiérarchisation des conduites permettant d’identifier les
prioritaires nécessitant un renouvellement
les approches permettent de déterminer des échéances pour le renouvellement
les modèles d’aide à la décision (prototypes ou opérationnels) qui permettent à l’aide
de modules diverses de proposer des programmes de renouvellement.
Nous présentons les différentes approches en analysons les avantages et limites de chacune d’elle.
Ces approches décrivent le vieillissement du réseau par l’estimation des défaillances futures à
partir de données liées à la conduite et à son environnement. Ces données sont prises en compte
à l’aide de variables explicatives afin de mesurer leur influence sur le processus de détérioration
des conduites. Les données sont collectées depuis la date de pose t0 ou à partir d’une date de
début observation td jusqu'à la date de fin d’observation tf.. Voir la Figure 17.
85 Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable
Ces approches identifient les conduites les plus vulnérables nécessitant un renouvellement en
décrivant le phénomène de vieillissement des conduites.
t0 td tf temps
Fenêtre d’observation
L’approche utilise les chaînes de Markov pour décrire le phénomène de détérioration structurelle
des conduites (Le Gaufre et al., 2000). Elle considère des groupes de conduites homogènes
(même diamètre, matériaux, année de pose) pouvant être obtenues à l’aide d’une régression de
Poisson qui permet d’identifier l’influence des variables explicatives (endogènes et exogène à la
conduite) et la survenue de défaillance. Cette approche a été appliquée sur le réseau AEP de
l’agglomération Lyonnaise par (Malandain, 1999). La détérioration de la conduite nécessite la
description des états de dégradation ( k= 1,K ) qui seront caractérisés par une probabilité Pk (t) de
défaillance à un instant t. La transition entre états de dégradation est représentée par une fonction
de risque hk(t) qui peut être représentée par le taux de défaillance d’une fonctions exponentielle
( λ ) ou Weibull ( λ, p ). L’espérance du taux de défaillance FR(t) est donnée par l’expression
suivante :
Discussion
Cette approche nécessite une description des états de détérioration des conduites par des
inspections régulières et une définition des fonction de transition entre états. La
caractérisation des états de détérioration est difficile à établir pour les réseaux enterrés non
visitables (inaccessibles). Cette approche est plus utilisée dans la gestion du patrimoine
visitable : conduites d’assainissement de diamètre important (Abraham et
Wirahadikusumah,1999) (Kleiner, 2001), gestion des ponts (Lounis & Vanier, 1998).
autoroutes.
Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable 86
(Røstum, 2000) applique cette approche au réseau AEP de Trondheim (Norvège), en considérant
que la survenue des défaillance suit un Processus de Poisson Non Homogène, le taux de défaillance λ
est une fonction du temps (t) et d’un ensemble de variables explicatives prises en compte par des
covariables (zk) et paramètres de régression (βi) pour décrire le phénomène de détérioration.
L’expression du taux de défaillance est donnée comme suit avec ( δ ) est un paramètre de la loi:
La prise en compte des variables explicatives qui peuvent être quantitatives ou qualitatives
s’effectue par l’introduction de covariables (zk) dans la fonction de risque qui s’exprime à l’aide
d’une fonction de risque instantané h0(t) décrivant l’évolution au cours du temps et un terme de
régression exponentielle qui traduit l’effet des variables explicatives. Nous présentons dans ce
qui suit le modèle de risque proportionnels (Proportional Hazard Model, PHM) qui a été appliqué au
réseau AEP par (Andreou, 1982) et utilisé par la suite par (Eisenbeis, 1996), (Arnoux, 1998) et
(Werey, 2000).
87 Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable
Discussion
Les modèles NHPP et PHM présentent l’avantage d’étudier la détérioration des conduites en
se basant sur des données collectées sur une fenêtre d’observation. Les données concernent
la conduite : longueur, année de pose, diamètre, nombre de défaillances, nature du matériau
et l’environnement de la conduite : occupation du sol, nature du sol, niveau du trafic routier.
Ces données sont prises en compte à l’aide des co-variables dans la fonction de risque. Les
conduites peuvent ainsi être hiérarchisées selon l’espérance des défaillances futures. Cette
approche nécessite la mise en place de seuil de défaillance critique pour le renouvellement et
la disponibilité des données susmentionnées.
L’approche multicritères a été utilisée pour établir des priorités des besoins en renouvellement
(Le Gauffre et al., 2002a). L’approche se base sur la notion de sur-classement (Roy, 1996) et
utilise la méthode Electre-Tri (Mousseau et al., 2001). Cette méthode cherche à déterminer des
classes en fonction de critères précis. Pour la problématique de renouvellement, ces classes vont
représentées les conduites prioritaires pour des travaux de renouvellement, en se basant sur des
critères et indicateurs de performance définis (Le Gauffre et al, 2002b). Ces critères sont liés :
à la coordination entre les services intervenant sur la chaussée (gaz, électricité, voirie)
au coût annuel de réparation
aux Pertes en eau et les interruptions du service
Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable 88
Les auteurs définissent des classes traduisant le niveau de priorité. Une évaluation des critères est
effectuée pour l’ensemble des conduites, plus la valeur du critère est importante, plus la
déficience de la conduite est importante. Pour chaque critère la frontière entre les classes doit être
définie par des seuils. Le profil de chaque conduite est obtenu comme suit :
Profil d’une
conduite
C1
Frontière entre les classes
b2
Classes de conduites
C2
b1
C3
Critères
Discussion
Ces modèles cherchent à déterminer la date optimale et l’alternative de renouvellement pour une
conduite donnée ou des conduites homogènes susceptibles de se détériorer de la même façon. Ils
s’appuient sur une analyse économique des coûts de maintenance, les coûts de renouvellement et
les coûts sociaux liés aux impacts des défaillances et des travaux de renouvellement sur les
abonnés et riverains sur un horizon de temps défini. La comparaison de ces coûts permet
généralement de déterminer une date optimale de renouvellement. La résolution de ce type de
problèmes nécessite le recours à des méthodes exactes ou des méthodes non-exactes :
heuristiques.
Le modèle proposé par (Samir & Howard, 1979) est considéré comme l’un des premiers modèles
pour le renouvellement, il s’appuie sur une régression exponentielle qui décrit l’accroissement du
taux de défaillance par km/an, N(t) en fonction du temps t (en année).Dans ce cas , l’hypothèse
sous-jacente est que le phénomène de survenue des défaillance suit un processus de Poisson.
Minimum [C (t)=C
∫ m ré N(t s )e A(t -t s ).e- at +C r .e- at ] dt (3.10)
ts
Le modèle de (Shamir & Howard, 1979) s’avère intéressant dans le cas d’absence de données
d’environnement de la conduite, il permet d’étudier le phénomène de vieillissement en se
basant sur l’historique de défaillance. Cependant il suppose que l’age est le seul facteur de
vieillissement ce qui n’est pas toujours le cas. De plus l’évaluation économique ne permet pas
de prendre en compte le fonctionnement du réseau. Le modèle ne peut s’appliquer que sur
des conduites homogènes. Il suppose que le renouvellement s’effectue à intervalles réguliers
(période fixe) considérant que les conduites remplacées subiront les mêmes détériorations
que les précédentes et tient compte que du remplacement à l’identique. La minimisation de la
fonction objectif nécessite la vérification de la continuité et la dérivabilité. Le modèle s’appuie
donc sur des hypothèses restrictives qui présentent un avantage en l’absence de données mais
qui ne sont plus vérifiées en présence de données sur la condition des conduites et leur
environnement.
Le modèle développé dans (Kleiner, 1996) se base sur une approche de Programmation
Dynamique (DP) combinée avec une énumération de scénarios. Pour (Kleiner, 1996) l’efficacité
du réseau AEP dépend de sa fiabilité1, de la qualité de l’eau et du service rendu aux usagers. Il
considère que tout changement d’une conduite dans le réseau, engendre une redistribution des
flux à travers son ensemble. La prévision des défaillances et l’estimation des coûts se basent sur le
modèle de (Shamir & Howard, 1979). L’auteur tient compte des coûts de maintenance des
1
. La fiabilité concerne la fiabilité hydraulique des conduites et leur fiabilité physique qui concerne la détérioration structurelle.
91 Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable
Discussion
L’approche est utilisée depuis les années 60 dans l’étude de la démographie pour prévoir
l’évolution naturelle de la population. (Herz, 1996) utilise le « Cohort Survival Model » qui estime à
l’aide de taux de mortalité, le nombre de survivants par cohortes (classes) de même âge. Ce même
principe est appliqué aux stocks d’infrastructures.
Le renouvellement des infrastructures ne peut être traité comme dans le modèle démographique.
Il doit être modélisé de manière à ce que les éléments détériorés soient réparés, réhabilités ou
remplacés par des éléments neufs. Pour les éléments neufs débute un nouveau processus de
détérioration. Cette détérioration est décrite de la même manière que le modèle démographique
par cohortes2. L’auteur décrit le processus de vieillissement à travers des probabilités de transition
d’un état à un autre (vivant ou mort, intact ou cassé, en fonctionnement ou en panne). Les taux
de transition, taux de mortalité ou taux de défaillance différent avec l’âge, ces taux sont fonction
de l’utilisation du matériel et à son fonctionnement. Le modèle s’appuie sur la définition d’une
fonction de survie qui décrit le phénomène de vieillissement à l’aide de trois paramètres ‘a’ facteur
22
. Analyse des manifestations d’un phénomène démographique donnée au sein de générations et plus généralement des
cohortes. Cohortes classes, ensemble d’individus ayant vécu un événement semblable au cours d’une même période de temps.
Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable 92
(1+a)beb(t -c)
f(t) = si t !c (3.11)
(a+e(b+(t -c)) )2
L’estimation de ces paramètres est empirique et se base sur l’avis d’experts ce qui est
discutable. Le modèle cherche à déterminer les durées de vie pour chaque groupe de
conduites homogènes (Cohortes). Les échéances de renouvellement correspondent aux dates
de fin de vie des conduites. L’approche ne tient pas compte du fonctionnement du réseau et
des aspects économiques liés au renouvellement des conduites
Discussion
(Kim & Mays, 1994) proposent une démarche d’optimisation de type Branch & Bound. Le modèle
permet de trouver un compromis entre trois décision : réparer, remplacer ou réhabiliter. Les
auteurs proposent une fonction de coût permettant d’évaluer une politique de renouvellement
donnée en fonction des coûts : de remplacement, de réhabilitation, de réparation et le coût
d’énergie lié au pompage. Ce modèle intègre aussi des contraintes hydrauliques et utilise un
simulateur hydraulique (KYPIPE) pour valider les solutions. Pour chaque conduite, une
génération de sommet est effectuée correspondant aux décisions possibles à l’échelle de la
conduite. Au niveau de chaque sommet une évaluation de la fonction objectif est effectuée avec
une vérification des contraintes hydrauliques. La solution optimale sera celle ayant un coût
minimal sur l’ensemble des conduites, parcourant les sommets du graphe. La séquence décrite par
les sommets du graphe correspond à des travaux de renouvellement pour l’ensemble des
conduites du réseau.
Discussion
Nous remarquons que les approches exactes pour le renouvellement des réseaux AEP permettent
de proposer des solutions uniques en fonction d’une modélisation précise. Ces méthodes
cherchent pendant le processus de recherche de solution à évaluer des scénarios ou des politiques
de renouvellement décrites par les sommets du graphe pour l’approche par la DP et l’approche
Branch & Bound. L’inconvénient de ces méthodes et l’explosion du nombre de sommet du
graphe qui cherche à proposer l’ensemble des scénarios possibles. Afin d’y remédier l’utilisation
de méthodes non-exactes permet de réduire les temps de calcul et proposer des solutions
approchées acceptables pour le gestionnaire du réseau, parmi ces méthodes les algorithmes
génétiques qui ont déjà été utilisés pour l’optimisation des échéances de renouvellement. Ces
approches permettent de générer des scénarios représentant des politiques de renouvellement de
manière stochastique, identifiant ainsi une ou des solutions approchées. Nous reviendrons sur la
problématique d’utilisation de méthodes exactes ou approchées dans le chapitre 4.
(Deb & al, 1998) ont mis en pratique cette approche à l’aide du logiciel « KANEW3 » qui utilise le
modèle des cohortes pour estimer les durée de vie pour les conduites de même type
(homogènes), le logiciel s’appuie sur plusieurs modules pour la programmation du
renouvellement : un inventaire des conduites, critères de renouvellement, estimation des coûts,
évaluation d’alternatives de renouvellement.
Le modèle KANEW est utilisé en Allemagne, il permet de proposer une programmation du
renouvellement en considérant les durées de vie résiduelles des conduites et en comparant
l’investissement de renouvellement au coût de maintenance et de perte d’eau évités. Cependant le
modèle ne tien pas en compte du fonctionnement hydraulique du réseau, l’effet réseau et la
topologie du réseau ne sont pas considérée. L’estimation empirique des paramètres qui décrivent
la fonction de survie des conduites peut apporter un biais.
Le modèle UtilNets (Hadzilacos et al., 2000) est un modèle d’aide à la décision pour le
renouvellement des réseaux AEP. Développé initialement pour les conduites en fonte grise, le
modèle s’appuie sur des données de défaillances et d’environnement de la conduite. Il suppose
que la probabilité de défaillance est plus importante au début de la mise en service des conduites,
3
. Logiciel pour la programmation du la renouvellement des conduites, qui se base sur le modèle d’optimisation par cohortes.
95 Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable
puis ce risque diminue et augmente de nouveau après une période de temps donnée. Le modèle
prend en compte des modèles physiques mesurant l’impact de la charge et la corrosion sur les
conduites . Ce modèle d’aide à la décision s’articule sur des modules qui tient compte de :
Modèles décrivant la détérioration structurelle, hydraulique et de la qualité de l’eau du
réseau AEP
Evaluation des impacts qualitatifs et qualitatifs des défaillances et de la mise en place de
travaux de renouvellement.
Choix d’alternatives de renouvellement pour les conduites
Estimation des enveloppes budgétaires
Evaluation de la fiabilité du réseau en terme de satisfaction de la demande.
Ce modèle nécessite un nombre important de variables d’environnement de la conduite .
(Skipworth et al., 2002) reviennent sur les outils d’analyse économique utilisés dans le domaine de
la gestion du patrimoine. Ils présentent le concept de « Whole Life Costing » (WLC) qui pour un
patrimoine donné cherche à identifier tout au long de sa durée de vie l’ensemble des coûts
d’acquisition, coûts de fonctionnement, coût de réparation et maintenance et les coûts de
démolition ou de dépose. L’analyse de ces coûts s’intéresse aux coûts internes liés directement au
patrimoine mais aussi aux coûts externes en rapport avec l’interaction avec son environnement.
L’approche WLC utilisée dans le domaine de la construction a été adaptée à la problématique de
renouvellement des réseaux enterrés à partir des années 90. Elle s’articule sur deux analyses :
« Life Cycle Assessment » (LCA) cette analyse a été développée dans le domaine de la production
(secteur de la manufacture) afin de décrire l’interactions tout au long du cycle de vie d’un produit,
d’un processus industriel ou d’une activité avec son environnement. Adaptée à la problématique
de gestion du réseau AEP, LCA cherche à décrire la relation entre la performance du réseau, les
usagers et l’environnement du réseau. Dans ce cas l’analyse économique porte sur les
externalités. Elle cherche à mesurer les coûts indirectes que le services aura à supporter en cas
de casse ou fuites, les coûts sociaux en cas de travaux ou de déviation créant un manque à gagner
, ou engendrant une gêne aux usagers. L’autre analyse utilisée est « Activity Based Costing » (ABC)
cette approche développée dans les années 1980 à Harvard cherche à décrire le coût de
production d’un bien en fonction des activités et processus à mettre en œuvre. Pour le réseau
AEP il s’agit d’analyser le processus de production de l’eau et s’intéresser aux différentes étape
tout en itérant les dans l’analyse économique les coûts liés au fonctionnement, au pompage et la
maintenance. Le modèle s’appuie sur une approche globale de gestion du réseau à long terme, en
intégrant le renouvellement des réseaux d’eau potable qui s’articule sur la génération de scénarios
Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable 96
Le modèle PARMS développé au CSIRO (Australie) par (Burn et al., 2003) à pour but la
planification à long terme des besoins en renouvellement et l’estimation des enveloppes
budgétaires requises. Le modèle utilise une approche de prévision des défaillances basée sur le
Processus de Poisson Non Homogène (NHPP) et une estimation des coûts sur le cycle de vie des
conduites prenant en compte les coûts liés à la défaillance et les externalités liées à l’interruption
de service et gêne occasionnée en cas de défaillance ou de travaux de renouvellement. Le modèle
a été complété par PARMS-PRIORITY (Mogolia et al., 2006) qui permet de hiérarchiser les
conduites à renouveler et d’assurer une programmation budgétaire dans le temps en tenant
compte de scénarios permettant de prendre en compte des risques liés à la gestion du réseau et
son évolution futur dans le temps.
Le modèle PARMS sur les des modules de calcul qui considèrent :
l’évaluation des risques
la prévision des défaillances
l’évaluation des coûts
la génération et évaluation de scénarios
la collecte et exploitation de données.
Le modèle CARE-W (Torterotot et al., 2003) est le résultat d’un projet Européen dont l’objet est
de construire un outil d’aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable. L’outil
cherche à aider les gestionnaires à engager les actions de réhabilitation d’une manière efficace en
proposant des outils et méthodes pour :
construire et évaluer une stratégie à long terme ;
établir des programmes annuels ;
contrôle et suivi de performance.
97 Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable
L’outil est construit autour d’une structure de bases de données et d’une interface utilisateur
permettant de gérer des données en mettant en œuvre des outils de gestion et des modules
spécifiques. Ces modules sont:
4
. IWA pour International Water Association
Chapitre 3 – Modèles et approches pour le renouvellement des réseaux d’eau potable 98
Discussion
Les modèles d’aide à la décision pour le renouvellement sont des systèmes intégrés qui utilise
des bases de données et des modules de calculs pour l’évaluation de la décision de
renouvellement sous différents angles à savoir :
Evaluation économique en considérant les coûts directs la maintenance, au
renouvellement des conduites, aux pertes d’eau, ainsi que les coûts indirects liés à la gêne
occasionnée et dégâts en cas de défaillances ou travaux de renouvellement.
Etude du phénomène de vieillissement des conduites à l’aide de modèles statistique
de défaillance
Evaluation technique du fonctionnement hydraulique du réseau à l’aide de modèles
hydrauliques
Evaluation de scénarios de politiques de renouvellement à long terme et estimation
des enveloppes budgétaire requises
Nous proposons dans Le Tableau 6 une comparaison entre les approches et modèles pour le
renouvellement. Il apparaît que la détérioration structurelle est prise en compte par la majorité
des approches, indiquant que la décision de renouveler est souvent tributaire de la détérioration
physique des conduites. D’un autre coté, la détérioration hydraulique est faiblement considérée
dans la prise de décision de renouvellement qui se fait généralement à l’échelle de la conduite. Il
s’avère que la décision en matière de renouvellement nécessite une approche globale considérant
plusieurs critères de détérioration et de fonctionnement du réseau. La décision de renouveler
revient à établir un compromis entre ces critères.
Tableau 6. Comparaison des approches et modèles pour le renouvellement
Approches\ objectifs Alternatives de Détérioration Détérioration Effet réseau Génération de scénarios\ Programmation
modèles renouvellement structurelle hydraulique évaluation de politiques du renouvellement
Shamir & Howard Optimisation non oui non non non oui
(1979) de la date de
renouvellement
Modèle PHM Hiérarchisation non oui non non non non
(1982)
Branch & Bound Optimisation oui non oui oui Oui Oui
(1996) de la date de
renouvellement
MNRAP(1996) Optimisation oui oui oui oui oui oui
de la date de
renouvellement
Modèles des Optimisation oui oui non non non oui
Cohortes (1996) de la date de
renouvellement
KANEW (1998) Modèles d’aide oui oui oui non oui oui
à la décision
4. Conclusion
Les approches pour le renouvellement utilisent des données spécifiques pour la hiérarchisation, la
détermination de date optimale et la programmation du renouvellement. La disponibilité de ces
données détermine l’approche à utiliser, l’absence de certaines données peut contraindre à
l’utilisation d’une approche au lieu d’une autre. Le Tableau 6 présente une synthèse de l’ensemble
des approches et modèles traités dans ce chapitre, en évaluant chaque approche avec des critères
spécifiques. Il s’avère que les modèles d’aide à la décision s’articule sur des modules distincts dont la
fonction est l’évaluation du réseau sur plusieurs critères : liés au fonctionnement du réseau, la
détérioration structurelle et hydraulique, la prise de décision sur l’ensemble du réseau, la génération
de scénarios. La comparaison des ces approches nous a permis d’identifier les critères à considérer
dans le processus de décision en matière de renouvellement et construire l’outil d’aide à la décision.
Nous proposons de construire le modèle d’aide à la décision de la manière suivante :
toutes les conduites constituant le réseau ne subissent pas de travaux de renouvellement en
même temps, les conduites par la leur localisation et dimension jouent un rôle différent dans la
desserte en eau, nous devons identifier une approche pour la hiérarchisation des conduites.
définir des objectifs à la fois économiques et techniques
identifier une approche d’optimisation permettant de considérer des objectifs techniques et
économiques sous contraintes.
programmation du renouvellement dans le temps et évaluation de scénarios correspondant
aux travaux de renouvellement sur le réseau. Les solutions proposées doivent être viables d’un
point de vue économique et technique.
Le modèle d’aide à la décision doit tenir compte des critères liés à :
Dans un premier temps, nous présentons les principes de ces algorithmes, puis
nous identifions les approches d’optimisation multiobjectif traitées dans la
littérature. Ceci à travers un éventail d’applications dans différents problèmes
d’optimisation faisant apparaître la notion de réseau et la planification de
tâches ou travaux. Nous déterminerons les similitudes pouvant exister dans ces
problématiques. En s’inspirant ces diverses applications, nous choisirons une
méthode d’optimisation applicable à la problématique de renouvellement des
réseaux d’alimentation en eau potable afin de déterminer un ensemble de
politiques de renouvellement viables d’un point de vue économique et
technique.
Sommaire
1. Introduction 104
2. Principes : Définition et vocabulaire 104
4. Métaheuristiques, optimisation
multiobjectif et algorithmes génétiques 110
5. Approche multiobjectif et Algorithme Génétique 115
6. Applications diverses des algorithmes
génétiques et de l’optimisation multiobjectif 124
7. Conclusion 136
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 104
1. Introduction
En fonction des problèmes traités, les approches exactes d’optimisation peuvent être inadaptées,
principalement pour des problèmes dont les fonctions objectifs ne sont pas continues et /ou
dérivables. L’utilisation des approches non exactes ou de méta-heuristiques est requise. Pour des
problèmes qui cherchent à satisfaire plusieurs objectifs pouvant être contradictoires et avec des
variables de décisions discrètes ou continues, il est souvent difficile de trouver une ou plusieurs
solutions réalisables. Les algorithmes génétiques présentent l’avantage d’explorer l’espace des
solutions réalisables à partir d’un ensemble de solutions créées de manière aléatoire. A l’aide
d’opérations spécifiques, l’algorithme génétique va générer de nouvelles solutions à partir de
l’ensemble de solutions de départ, connu sous le nom de population. L’exploration de l’espace des
solutions s’articule sur des mécanismes adaptés du domaine de la génétique. Ces algorithmes se
base sur le principe d’évolution des espèces, d’adaptation et de sélection naturelle. Les solutions
réalisables ou acceptables sont assimilées à des individus qui vont résister et s’adapter à leur
environnement. Seuls les meilleurs individus survivront. Par analogie, les meilleures solutions
seront celles ayant une plus forte probabilité d’être choisies tout au long du processus de
recherche de solutions. Les premiers travaux ont été menés par (Holland, 1975) dans l’ouvrage
« Adaptation of Natural and Artificial System » qui formalise les algorithmes génétiques dans le cadre
de l’optimisation mathématique. L’indisponibilité d’ordinateurs puissants, empêche
l’implémentation de ces algorithmes sur des problèmes de taille réelle. Il faut attendre les travaux
de (Goldberg, 1994) permettent de vulgariser l’utilisation des algorithmes génétiques et leur
utilisation dans des problèmes d’optimisation concrets1.
Par analogie à la génétique, ces algorithmes cherchent à partir d’une population initiale les
meilleurs individus. Pour constituer les parents appropriés donnant naissance à une meilleure
descendance Enfants, parmi laquelle sera tirée les solutions acceptables du problème traité.
Chaque problème d’optimisation est caractérisé par des variables de décision qui conditionnent
les décisions à prendre, des objectifs à satisfaire et des contraintes à respecter. Contrairement aux
méthodes d’optimisation classiques, les algorithmes génétiques n’utilisent pas les variables mais
leur associe un codage particulier, les variables de décisions sont prises en compte à l’aide de
caractères représentant une séquence de codes. Chaque variable de décisions est traduite sous
1. Goldberg utilise les algorithmes génétiques dans le cadre de sa thèse pour l’optimisation de débits de pipelines de
gaz.
105 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
forme d’un gène qui peut contenir 1 ou plusieurs codes, pouvant exprimer des caractères
différents. La séquence de code représente un individu, en d’autre terme une solution potentielle
connue sous le nom de chromosome. Les objectifs du problème traité sont exprimés à l’aide d’une
fonction qui permet d’évaluer les chances qu’un individu soit sélectionné ou pas, afin de
reproduire de nouvelles solution. Cette fonction est la fonction d’adaptation (fitness).
Les contraintes sont prises en compte dans la fonction d’adaptation en pénalisant les individus
qui violent les contraintes du problème. Deux espaces sont définis :
l’espace génotypique qui est constitué non pas par les variables de décisions, mais des
chaînes de codes(solutions codées).
l’espace phénotypique qui est constitué par les individus décodé, exprimé pas les
valeurs des fonctions objectifs(espace formé par les variables de décision décodées).
L’exploration de l’espace des solutions possibles s’articule sur deux mécanismes qui cherchent à
générer de manière aléatoire de nouvelles solutions à partir de la population de départ. Ces
mécanismes sont les opérateurs génétiques : le croisement et la mutation. Le mécanisme de sélection
cherche à diriger l’exploration en déterminant les individus ayant la plus grande probabilité d’être
choisis.
Objectif 2
Objectif 1
Figure 19. Principe de recherche de solutions dans les algorithmes génétiques.
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 106
Afin d’expliciter le fonctionnement des algorithmes génétiques, nous présentons les différentes
étapes d’un algorithme génétique simple illustré par la Figure 24 . La définition du codage des
variables de décision est une étape délicate, en fonction du problème étudié, les codes utilisés
peuvent être binaires, entiers, réels, gray ou alphabétiques. En fonction du codage utilisé, les
opérateurs génétiques assurant la reproduction de nouvelles solutions sont adaptés. La Figure 20
illustre différents codages possibles.
1 0 0 1 1 1 0 1 0 0 A B E F G
X1 X2 X3 X4 X5 X1 X2 X3 X4 X5
Chromosome, individu ou solution Variables de décision
2 1 3 1 0
X1 X2 X3 X4 X5
Cette étape consiste à évaluer chaque solution contenue dans la population, la mesure de
performance des solutions s’appuie sur la valeur des fonctions objectifs. Chaque solution se voit
107 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
attribuer une fonction d’adaptation qui traduit sa performance par rapport aux autres solutions, et
qui dépend de l’estimation de chaque objectif du problème étudié. Cette étape permet de classer
les solutions, afin de déterminer les solutions qui seront sélectionnées pour construire une
nouvelle population de solutions.
Cette étape permet de déterminer les individus à reproduire pour former la nouvelle population
de solution. Le choix des individus se base sur leur efficacité relative dans la population. La
probabilité de sélectionner un individu donné est souvent traduite par le rapport entre la valeur
de sa fonction d’adaptation et la somme de toutes les fonctions d’adaptation de la population. Il
existe plusieurs techniques de sélection, nous en développons trois : La sélection par tournoi
(tournament), la sélection par roulette (wheel) et la sélection par rang (ranking).
En fonction de la valeur d’adaptation, une proportion est calculée exprimant le rapport entre la
valeur de la fonction d’adaptation d’un individu donné et la somme des valeurs sur l’ensemble de
la population. On assimile le processus de sélection à une sorte de roulette de casino où chaque
individu est représenté sur la roulette à l’aide de la proportion calculée. Ensuite, la bille est lancée
et permet donc de choisir un chromosome. Plus la proportion est grande, plus le chromosome
associé à de chance d’être tiré. L’expérience est reproduite selon la taille de la population.
La procédure de sélection permet d’identifier les individus à reproduire, les parents. Le mécanisme
de reproduction est assuré par les opérations de croisement et de mutation. L’opération de
croisement doit permettre d’améliorer la performance de la population considérer et de générer
de meilleures solutions, les enfants. L’opération de croisement est tributaire de la nature du codage
utilisé. Elle est effectuée sur une paire d’individus sélectionnés de la population, les parents.
Cette opération est caractérisée par une probabilité de croisement Pc et le nombre de points de
croisement. Nous présentons certains opérateurs.
Le croisement entre deux individus est conditionné par la probabilité de croisement et le nombre
de points de croisement. Le croisement permet de générer deux nouveaux individus dont la
structure a été modifiée à partir d’individus de la population. Pour le codage binaire, il s’agit
d’abord de déterminer le point de croisement. Chaque chromosome est caractérisé par une
longueur déterminée par le nombre de code le constituant. En fonction du nombre de points de
croisement voulu, on génère un ou plusieurs nombres aléatoires compris en entre 1 et la longueur
du chromosome considéré.
Les points de croisement seront les positions qui correspondent aux nombres générés
aléatoirement. Le croisement simple peut être adapté au codage réel , entier ou alphabétique en
utilisant la même procédure .
1 0 0 1 0 1 0 0 0 0 1 1 0 1
Points de croisement
0 1 1 0 1 0 1 1 1 1 0 0 1 0
« Parents » « Enfants »
Cette opération consiste à considérer pour un chromosome donné un masque formé d’un
vecteur aléatoire binaire. Le codage utilisé représente une variable de décision lui correspondant
un nombre binaire, réel, entier ou alphabétique. En fonction de la valeur de la composante du
109 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
vecteur binaire associé à la position sur le chromosome, la valeur du code associé a cette position
peut avoir l’une des deux valeur des parents considérés. Le deuxième chromosome (enfant)
généré sera constitué par symétrie par rapport au premier chromosome. En fonction de la
position du code, si la valeur est associée au premier parent, alors la valeur de la même position
pour le second enfant sera associée au deuxième parent.
[0 1 0 1 1 0 1]
1 2 4 5 3 1 2 1 1 4 8 4 1 2
4 1 3 8 4 7 2 4 2 3 5 3 7 1
« Parents » « Enfant »
Figure 22. Procédure de croisement uniforme dans le cas d’un codage entier.
Cette opération à pour but de créer du désordre dans la population afin de limiter les risques de
convergence prématurée vers des optimums locaux. L’opération de mutation est tributaire du
codage utilisé et de la probabilité de mutation P m , qui conditionne la mutation ou non d’un
individu. (Simpson et al., 1994) propose de choisir la probabilité de mutation avec 1 ≤Pm ≤1 .
m l
Pour un codage binaire, la mutation consiste à générer un nombre aléatoire compris entre 1 et la
longueur du chromosome. La position du code à muter correspond à la valeur du nombre
aléatoire généré.
Bit à muter
1 0 0 1 0 1 0 1 0 0 1 0 0 0
Chromosome à muter chromosome généré
Dans le cas d’un codage réel ou entier, la mutation tient compte des limites inférieures et
supérieures de la variable de décision considérée. Pour une position générée aléatoirement, un
nombre aléatoire compris entre 0 et 1 est généré, si ce nombre est inférieur à 0.5 alors la valeur
du code sera égale à la borne inférieure de la variable de décision, sinon elle sera égale à la borne
supérieure.
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 110
Génération de la population
Initialisation
Evaluation de la population
Sélection d’individus
11
Critère d’arrêt
Oui
Fin
Il existe dans plusieurs domaines (industrie, transports, environnement, réseaux, économie) des
problèmes qui considèrent plusieurs critères ou objectifs qui ne sont pas toujours de la même
nature. La résolution de ces problèmes nécessite une approche multiobjectif. Elle tient ses racines
des travaux menés par (Pareto, 1896). Utilisée initialement en économie puis en sciences pour
l’ingénieur, elle trouve une application plus large dans divers domaines. Contrairement au
problème uni-objectif où il existe une seule solution possible, l’optimisation multiobjectif définit
un ensemble de solutions acceptables qui assurent un compromis entre les objectifs considérés.
111 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
La notion d’optimalité est remplacée par l’existence d’un ensemble de solutions satisfaisantes ou
acceptables pour un problème multiobjectif connu généralement sous le nom d’ensemble de
solutions Pareto optimale. Le choix d’une solution parmi l’ensemble des solutions acceptables
n’est pas évident et dépend du décideur. Selon la nature du problème étudié. (Talbi, 1999) et
(Berro, 2001) décrivent la relation entre le décideur et le mécanisme de résolution d’un problème
multiobjectif en fonction de l’implication du décideur dans le choix des solutions. Trois cas sont
possibles :
Choix à priori : il s’agit de transformer un problème multiobjectif en un problème uni-objectif, en
proposant une fonction unique qui traduit l’importance de chaque objectif à travers des
pondérations. Cependant, cette approche nécessite une connaissance à priori des pondérations de
chaque objectif dans le choix de la solution, mais dans la plupart des cas cette évaluation est
difficile ou ne peut se faire en raison d’objectifs exprimés dans des unités de mesure différentes.
Choix à posteriori : dans ce cas précis, il s’agit de choisir une solution d’un ensemble de solutions
satisfaisantes. Le choix de la solution sera guidé par les préférences du décideur en fonction des
évaluations des solutions, les objectifs du problème et le nombre de solutions. La connaissance
du problème et ses spécificités par le décideur peut permettre un choix rapide pour une
cardinalité réduite de l’ensemble des solutions, dans le cas contraire il est nécessaire de décrire
chaque solution en fonction des objectifs considérés dans le problème. Ce qui permet de mieux
appréhender les solutions selon ses préférences.
Choix progressif ou interactif :
Le décideur intervient dans le processus de recherche de solutions, le processus de recherche est
guidé par le décideur selon son appréciation des différents objectifs afin de trouver un
compromis acceptable. Cette approche nécessite une connaissance approfondie de l’outil
d’optimisation utilisé par le décideur .
Un problème multiobjectif est définit par un ensemble de fonctions objectifs qui mesurent des
critères différents, exprimés à l’aide de variables de décision communes. Un problème
d’optimisation multiobjectif (Multiobjective Optimization Problem – MOP) peut être défini comme
suit :
Les méthodes de résolution des problèmes multiobjectif cherchent à proposer des solutions qui
assurent un bon compromis entre les objectifs considérés. Les méthodes classiques
d’optimisation : Programmation Linéaire, Branch & Bound, Programmation Dynamique ont été
utilisés dans la résolution de problème multiobjectif à deux critères et pour un nombre de
variables de décisions faible. Pour des problèmes de taille plus importante, les méthodes exactes
sont inadaptées, d’ou l’utilisation de Métaheuristiques. Selon l’approche utilisée, les méthodes de
résolution des problèmes multiobjectif sont reparties en trois groupes :
n
F ( x ) = ∑ ωi
fi( x )
( 4.3)
k=1 fi( x* )
4.2.1.2 Méthodes e-contrainte
Pour ces méthodes, une seule fonction objectif est optimisée, les autres fonctions objectifs sont
considérées à travers des contraintes. Le problème s’écrit sous la forme suivante :
F( x ) = f k ( x ) ( 4.4)
(MOPe) t.q. x ∈ C
f i ( x ) ≤e i , i = 1,..., n , i ≠ k
Le problème est transformé en un problème uni-objectif sous les contraintes e i . Afin d’obtenir
un ensemble de solutions satisfaisantes, il est possible de résoudre le problème avec des valeurs
différentes pour les contraintes.
Dans ce cas des buts z i sont fixés pour les fonctions objectifs qui exprime une performance
souhaitée par le décideur. Le problème s’écrit sous la forme :
n
F ( x ) = ∑ ωi f i ( x ) - z i (4.5)
i =1
A travers les méthodes présentées, il apparaît qu’une connaissance préalable du problème et de
l’importance de chaque objectif dans la prise de décision est nécessaire. La solution proposée est
sensible aux valeurs des pondérations considérées. La convergence de ces méthodes vers des
optimums globaux n’est pas assurée.
L’une des méthodes utilisée est la méthode VEGA (Vector Evaluated Genetic Algorithm).
Proposé par (Schaffer,1985), elle s’articule sur la modification du mécanisme de sélection d’un
algorithme génétique simple, afin de résoudre des problèmes multiobjectifs. Les solutions à
sélectionner à chaque génération dépendent des objectifs à considérer et de la taille de la
population. Pour une population de taille m , en considérant n objectifs, la méthode constitue
m/n sous-populations pour chaque objectif dans lesquelles la recherche des solutions se fait sur la
base d’un seul objectif. La population finale sera constituée des n sous-populations constituées de
solutions optimales relatives au n objectifs du problème .
La notion de d’optimalité admise est celle figurant dans les travaux de Edgorth, généralisée plus
tard par Pareto.(Goldeberg, 1989) propose d’utiliser cette approche pour les problèmes
multiobjectif en utilisant un algorithme génétique. L’ensemble des solutions admissibles d’un
problème multiobjectif est dit ensemble des solutions Pareto optimale. Chaque solution est au
moins aussi bonne que les autres solutions sur l’ensemble des critères pris en compte. Il convient
d’introduire la notion de dominance, qui permet d’identifier les solutions Pareto optimales
formant la frontière de Pareto. Pour un problème de minimisation3, une solution x i domine une
solution x j si et seulement si :
La solution est dite Pareto optimale si elle n’est dominée par aucune autre solution. Pour un
problème multiobjectif, l’ensemble des solution Pareto optimale est constitué de l’ensemble des
solution non-dominées.
Objectif 2
Solution dominée
Solution Pareto
Frontière de Pareto
Objectif 1
3 . Pour un problème de maximisation, seul le sens de l’inégalité change, la démarche reste inchangée.
115 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
D’une manière générale, les approches Pareto identifiées dans la littérature sont implémentées à
l’aide d’algorithmes génétiques (Basseur, 2005). Pour la résolution de Problèmes multiobjectif,
deux aspects doivent être pris en compte (Talbi, 1999) et (Deb et al.,2000) :
Converger vers la frontière de Pareto : l’utlisation des algorithmes génétiques pour la
résolution des Problemes multiobjectifs se traduit par l’intégration de l’approche Pareto
dans la sélection même des solutions. A l’aide de méthode de classement des solution
(Ranking), la notion de dominance est mise en œuvre et permet donc d’identifier des
solutions non-dominées.
Diversifiées les solutions Pareto optimales : il s’agit d’assurer une diversification des
solutions sur la frontière de Pareto. A l’aide de classes ou de niches écologiques qui
regroupent les solutions les plus voisines (soit dans l’espace phénotypique, ou dans
l’espace géntoypique). Cette procedure permet de stabiliser des sous-ensemble des
solutions non-dominées.
5. Approche multiobjectif et Algorithme Génétique
5.1 Les méthodes non élitistes
5.1.1 Multiple Objective Genetic Algorithm (MOGA)
L’une des premières applications de la notion de dominance pour le calcul de la performance des
solutions a été proposée par (Fonseca et Fleming,1993). Ils proposent de déterminer pour chaque
solution i , le nombre ni de solutions la dominant. Le rang ri d’une solution x i à une génération
t est donné par ri ( x i , t ) = ni +1 , ainsi le rang d’une solution non dominée est égal à 1. La
fonction de fitness dépend du rang de chaque solution. Pour des solutions de même rang, la
fonction Fitness est identique. Cependant, cette procédure ne permet pas d’avoir une diversité
des solution de la frontière Pareto. (Fonseca et Fleming,1993) proposent l’introduction d’une
fonction permettant de construire des niches ou des classes de solutions de même rang. Le
remplissage de ces niches s’appuie sur la distance entre les solutions de même rang. Ainsi si la
distance euclidienne entre deux solutions de même rang est inférieur à un valeur donnée notée
σ share , les deux solutions appartiendront à la même niche. Pour cette méthode la distance est
définie dans l’espace phénotypique (Espace des objectifs). Soit deux solution de même rang i et
M
f ki - f k j 2
d ij = ∑ ( max ) ( 4.6)
k =1 f k - f kmin
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 116
objectif k et f kmax , f kmin les valeurs maximale et minimale de la fonction objectif k pour la
population considérée. Pour les solutions de même rang, la fonction de partage est définie par :
d ij
1- ( ) β si d ij ≤ σ share
σ share
Sh( d ij ) =
sinon. ( 4.7)
Le compteur de niche m traduit le nombre de solutions de même rang dont la distance les
séparant est inférieure à σ share , avec β = 1 , . Soit n ri le nombre de solutions de même rang.
nr
i
m i = ∑ Sh( d ij ) ( 4.8)
j =1
Afin d’assurer une distribution des solutions sur la frontière de Pareto, la valeur du Fitness F est
corrigée à l’aide du compteur de niche. La nouvelle fonction de Fitness , Fi' tel que :
Fi
Fi' = ( 4.9)
mi
Cette méthode permet d’obtenir des solutions Pareto optimale de bonne qualité. Cependant, les
résultats dépendent de la valeur du paramètre de partage σ share qui détermine la taille des niches et
donc assure la diversité des solutions dans la population.
Cette méthode a été proposée par (Sirvinas & Deb, 1994) appliquée au problème multiobjectif.
L’approche utilise la dominance au sens de Pareto pour déterminer les solutions non-dominées.
NSGA vise à classer la population en différentes classes en fonction du niveau de dominance des
solutions. Le tri de la solution est effectué par étape. Il s’agit d’abord de déterminer l’ensemble
des solutions non-dominées dans le population, cet ensemble forme la première frontière de
Pareto. Les solutions sont écartées de la population, et la même démarche est appliquée pour la
recherche du second ensemble des solutions non-dominées. La procédure de tri est ainsi répétée
jusqu'à ce que toute la population soit triée. L a fonction de fitness F dépend de la taille de la
117 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
C
x ki - x kj 2
d ij = ∑ ( ) (4.10)
k =1 x kmax - x kmin
Cette distance est utilisée pour calculer la fonction de partage, l’expression de la fonction de
partage est donnée par l’équation avec β = 2 . Le calcul du compteur de niche permet de corriger
la valeur du fitness donnée par l’ équation
(Horn et al. ,1993) proposent une approche basée sur la dominance au sens de Pareto mais qui
diffère des approches présentées ci-dessus dans la sélection des solutions. Les auteurs définissent
une procédure de sélection par tournoi . Deux solutions i et j sont tirées aléatoirement de la
population de taille N. une sous-population N’ de taille t <<N est choisie aléatoirement. Chaque
solution de la sous-population est comparée aux deux solutions i et j. Deux situations sont
possibles :
- Si l’une des deux solutions domine le sous-ensemble de solutions, alors cette
solution est retenue pour la sélection.
- Si les deux solutions dominent le sous-ensemble de solutions ou les deux
solutions sont dominées par au moins une solution de N’, on calcule le compteur
de niche pour chacune des deux solutions. La solution dont le compteur de niche
est petit est sélectionnée pour la reproduction.
Cette étape permet de sélectionner les parents qui feront l’objet de reproduction pour générer
une nouvelle population. La préservation de la diversité des solutions ainsi que la convergence de
la méthode vers la frontière de Pareto est assurée par le principe de tournoi. La méthode
nécessite la définition de deux paramètres : un paramètre de partage σ share pour déterminer le
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 118
Les techniques élitistes cherchent à conserver les solutions non dominées tout au long de la
procédure de recherche des solutions. Ces techniques définissent un ensemble dit archive qui
résume les solutions non dominées d’une génération à l’autre. Elle cherchent aussi à assurer la
diversité des solutions sur la frontière de Pareto.
Cette approche proposée par (Ziztler et Thiele, 1998) se base sur le maintien de l’élitisme dans la
population, par la constitution d’un ensemble externe de solutions non-dominées appelé Archive.
A chaque génération, l’ensemble est actualisé en fonction des nouvelles solutions non-dominées
obtenues. L’algorithme démarre avec une population P0 de taille N générée de manière aléatoire
avec une population Archive P0' vide. A chaque génération t, l’ensemble Pt' est remplie et actualisé
par les solutions non-dominées obtenues de la population courante. La performance Si d’une
solution i dans l’archive dépend du nombre de solutions ni qu’elle dominent dans la population
courante :
ni
Si = (4.11)
N +1
F j = 1 + ∑ Si (4.12)
i ∈ P'
Cette méthode a été développée pour la résolution de problèmes de conception des réseau de
télécommunication. Développée par (Knowles et Core,1999) pour les problème uni-objectif, elle
s’appuie sur une recherche locale basée sur un point (une solution) et non un ensemble de
solutions, l’approche a été adoptée pour les problèmes multiobjectif qui utilise un ensemble
appelé Archive rassemblant les solutions non-dominées tout au long de la recherche de solutions.
D’abord une solution est générée aléatoirement x 0 , qui subira une mutation permettant de
générer un enfant x '0 . La taille de l’ensemble Archive est définie à priori. Une comparaison des
119 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
deux solutions permet d’archiver une copie de la solution non dominée. La solution choisie sera
muter pour générer une nouvelle solution. A chaque génération t une comparaison est effectuée
entre le parent x t et l’enfant x 't . Une copie de la solution non dominées est archivée, et la
solution choisie sera mutée à la prochaine itération. Si aucune des deux solutions n’est dominante
alors la solution x 't sera comparée avec les solutions contenues dans l’archive. Si la solution
x 't est dominée alors elle sera éliminée et la solution x t sera mutée encore une fois, sinon une
copie de la solution x 't sera archivée et le solutions dominées par x 't seront retirées de l’Archive.
x 't servira à générer une nouvelle solution à la prochaine génération. Une procédure de mise à
jour est effectuée dès que l’archive est plein. Dans le cas d’une solution non dominée, cette
dernière sera comparée avec les solutions encombrées4 (voisines). Si la solution générée
appartient au voisinage des ces solutions alors elle sera abandonnée, sinon elle sera choisie et une
solution sera retirée de l’archive. Pour deux solutions voisines, on choisira la solutions se
trouvant dans un espace non encombré. Soient trois solutions x i -1 , x i et x i +1 . La distance
M
d i est donnée par : d i = ∑( f i k+1 - f i k-1 ) . La solution ayant la distance la plus importante sera
k =1
choisie.
Cette méthode a été développée par (Knowles et Core,2000) , elle s’appuie sur le principe sur la
comparaison de solution voisine par l’utlisation du principe de crowding pour les solution
voisines. PESA définit deux paramètres concernant la taille de la population de solution et de
l’archive, la génération de la population de solution utilise un algorithme génétique.
Cette méthode propose une nouvelle technique de sélection des solutions basée sur la
décomposition de l’espace phénotypiques en hypercubes identiques (Corne, 2001). La sélection
des solutions n’est plus mesurée par la fonction d’adaptation mais par les hypercubes contenant
au moins une solution. Les hypercubes contenant le moins de solution sont privilégiées et le
choix de la solution dans l’hypercube se fait de manière aléatoire. Les résultats de la méthode
dépendent du découpage de l’espace des objectifs.
4. La comparaison s’obtient par le calcul d’une distance de crowding correspondant à la somme des cotés
perpendiculaires de l’hypercube formé par les deux solutions voisines.
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 120
(Ziztler et al., 2001) apporte des améliorations à SPEA. Ces améliorations porte essentiellement
sur la définition d’une taille fixe de l’archive qui à l’état initial est constitué par les solution non-
dominés et complété par celles dominées si les solutions non-dominées ne suffisent pas pour
remplir l’archive. L’autre modification porte sur le calcul de la fonction d’adaptation. Pour une
solution i un calcul de distance σ i(k) avec ces voisins est effectué dans l’espace des objectifs. Les
distances sont stockées dans une liste triée par ordre croissant. La position k de la distance est
donnée par k= N +N' . Chaque solution sera caractérisée par une densité D(i) tel que :
D(i) = 1 ( 4.13)
σ i(k) +2
La fonction d’adaptation sera calculée par l’équation suivante :
F j = D(i) + ∑ Si (4.14)
i ∈ P'
(Deb et al., 2000) présente une deuxième version de l’algorithme NSGA. L’auteur tient compte
des insuffisances de NSGA qui concernent la complexité algorithmique, la non prise en compte
de l’élitisme et la nécessité de déterminer un paramètre de partage. Contrairement à NSGA, la
nouvelle version permet de réduire la complexité algorithmique et considère une approche élitiste
dans la recherche des solutions. A la génération initiale une population de solution de taille m est
constituée aléatoirement. Les procédures de croisement et de mutation sont appliquées, les
solutions sont choisies en utilisant un tournoi basé sur la fonction d’adaptation calculée à partir
du classement des solution à l’aide d’une procédure de classement « Ranking » qui détermine un
rang pour chaque solution en fonction son appartenance à un ensemble non-dominés. Ainsi m
enfants sont crées. A la prochaine génération, les enfants obtenus à la génération précédente sont
mélangés avec la population initiale. On obtient 2m solutions qu’il faudra ranger. Le but de cette
procédure est de garder les solutions non-dominées. Les m meilleures solutions constitueront la
nouvelle population de solutions potentielles pour la génération encours. Cette procédure vise à
assurer une convergence rapide de l’algorithme en sauvegardant les solutions non-dominées à
chaque itération. Pour assurer la diversité des solutions, un calcul de distance basé sur une
procédure de Crowding permettant de choisir entre des solutions de même rang..
121 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
(Zitzler et al., 2001) comparent les approches d’optimisation multiobjectif et mettent en avant
l’influence de l’introduction de l’élitisme sur la performance. Cependant la comparaison des la
performance des méthodes élitistes dépendent des problèmes étudiés. Elle dépend de la méthode
de comparaison de performance et la définition des paramètres pour chaque approche.
(Roudenko, 2004) présente dans les comparaisons d’ approches d’optimisation multiobjectif
traitées dans la littérature.
SPEA II NSGA II
PESA Zitzler
Deb
Knowles et Core
SPEA PAES
Zitzler et Deb
NSGA
VEGA
NPGA
MOGA
Figure 26. Comparaison des performances des approches d’optimisation multiobjectif
(les flèches pointent vers les meilleurs) .Adapté de (Roudenko, 2004).
Sur la base des développements présentés dans ce chapitre, nous avons établi une comparaison
entres les différentes méthodes d’optimisation multiobjectif. Cette comparaison s’appuie sur des
critères liés au principe de calcul, la performance des ces algorithmes de leur avantages et
inconvénients. Le Tableau 8. présente l’analyse que nous avions effectuée.
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 122
Méthodes Principe Population Fonction Complexité Archive Elitisme Avantages Inconvénients Dominance
opérateurs de Au sens de
génétiques partage Parto
VEGA Sélection des Oui Non Non défini Non Non Implémentation Ne permet pas d’atteindre des solutions compromis, non
solutions en facile sur un favorise l’apparition de solutions optimales pour
fonction algorithme génétique certains objectifs seulement.
d’un seul simple
objectif à la
fois puis
mélange des
solutions
MOGA Classement Oui Oui Importante Non Non Permet de définir un Ne sauvegarde pas les solutions non-dominées à oui
des solutions ensemble de chaque génération, solutions dépendent de la
par rang solutions Pareto fonction de partage
NPGA Tournoi Oui Oui Importante Non Non Utilisation d’une Solutions dépendent de la fonction de partage et de Oui
appliquée à procédure de la taille de la population N’
une sous- sélection par tournoi
population
choisie
aléatoirement
NSGA Trier la Oui Oui Imoprtante Non Non La fonction Solutions dépendent de la fonction de partage Oui
population d’adaptation dépend
en classes de l’ensemble non-
dominé à laquelle
elle appartient
SPEA Utilisation de oui non importante oui oui Calcul simple de la La performance dépend de la taille de l’archive oui
population fonction
externe d’adaptation
Pas de fonction de
partage
PAES Utilisation non non Moins oui oui Temps de calcul La performance dépend de la taille de l’archive et de oui
d’une importante moins important la solution de départ considérée et du paramètre d
solution
123 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
PESA Utilisation de oui non importante oui oui N’utilise pas de La performance dépend de la taille de l’archive et du oui
population fonction de partage paramètre d
externe
NSGA II Utilisation de oui non importante oui Oui N’utilise pas de La performance dépend de la taille de l’archive et du oui
sélection par fonction de partage paramètre d
tournoi
PESA II Découpage oui non Moins oui oui Implémentation La performance déped du découpage de l’espace
de l’espace importante simple de la méthode des objectifs oui
des objectifs
SPEA II Utilisation de oui non Non-défini oui oui Amélioration du La perfomrance dépend de la distance σ i
(k)
et de la
Population calcul de la fonction oui
externe d’adaptation taille de l’archive
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 124
D’une manière générale, l’algorithme génétique est caractérisé par une fonction d’adaptation, un
codage spécifique et des opérateurs de sélection et de reproduction. Selon le problème étudié, ces
caractéristiques sont adaptées en fonction des variables de décision et des objectifs qui sont
considérés. Même si les domaines d’application des algorithmes génétiques restent variés,
certaines similitudes sont à noter :
• Nombre important de variables de décision
• Problématiques faisant apparaître la notion de réseau : réseau d’eau potable, réseau de ponts,
réseaux d’autoroute.
• Planification : problème de réhabilitation de réseau d’eau potable, réseau de ponts, réseau de
routes, ordonnancement des tâches dans les projets ou dans les ateliers.
• Satisfaction de plusieurs objectifs incommensurables pouvant être contradictoires.
Nous présentons dans ce qui suit des applications d’algorithmes génétiques à des problèmes à
caractère multiobjectif. L’intérêt est de comprendre comment sont utilisés ces algorithmes : prise
en compte des objectifs, prises en compte des contraintes, prise en compte des variables de
décision, algorithme d’optimisation utilisés , afin de s’en inspirer pour la formulation de notre
problème à l’aide d’un algorithme génétique. Nous distinguons les domaines d’application
suivants :
• réhabilitation d’infrastructures routières : ponts et autoroutes.
• ordonnancement des tâches : gestion de projet, gestion des tâches en atelier, problème de
transport.
• domaine de l’eau : dimensionnement et réhabilitation des réseaux d’Alimentation d’Eau
Potable (AEP).
(Fwa & al, 1996) présentent un modèle PAVENET-R basé sur l’utilisation des algorithmes
génétiques. Les auteurs traitent de la problématique de réhabilitation et de maintien en service du
revêtement d’un réseau d’autoroutes au Japon. La gestion du revêtement à l’échelle du réseau
nécessite une programmation des travaux concernant la chaussée sur un horizon de temps
important. L’outil développé cherche à identifier les tronçons nécessitant une réhabilitation et les
alternatives adéquates à adopter. Le réseau de routes considéré est codé à l’aide d’un
124
125 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
chromosome dont la taille est égale au nombre de tronçon dans le réseau que multiplie la période
de planification. Dans l’application étudiée, il s’agit d’une planification sur un horizon de 5 ans.
Chaque gène correspond à un tronçon, chaque gène est constitué de 5 bits, chaque bit contient
un nombre entier variant de 0 à 8 représentant les alternatives d’interventions sur les tronçons
d’autoroute. L’objectif est de minimiser les coûts de réhabilitation, la gêne occasionnée aux
usagers et d’améliorer l’état du revêtement pour l’ensemble du réseau.
(Liu et al.,1997) proposent une démarche d’optimisation des travaux de réhabilitation des
revêtements d’une ensemble de ponts (notion de réseau) dont le degré de détérioration est
distinct. Les auteurs introduisent les différentes techniques utilisées pour la réhabilitation en
fonction de la détérioration de l’ouvrage évaluée lors d’inspections annuelles. La fonction objectif
traduit les coûts de maintenance futurs pondérée par un indice qui mesure l’état de détérioration
des ponts . Le codage est effectué à l’aide de codes en binaire. L’ensemble du réseau est
représenté à l’aide d’un chromosome, chaque pont est représenté par un gène, sur le gène est
défini une séquence de bits regroupés deux par deux représentants les alternatives à adopter. La
séquence décrit l’évolution des interventions tout au long de l’horizon de planification. La
fonction objectif considère le coût de l’intervention et un deuxième membre qui traduit la
détérioration du revêtement à une date donnée et pondérée par une pénalité. L’optimisation est
assurée par un algorithme génétique simple en transformant le problème en un problème uni-
objectif à l’aide d’une seule fonction objectif.
(Liu & Frangopol, 2004) présentent une approche d’optimisation de la maintenance des ponts
basée sur un ensemble d’indices et une optimisation multiobjectif utilisant la notion de
dominance au sens de Pareto avec un algorithme génétique. Les auteurs considèrent trois
objectifs :
• réduire l’usure des ponts traduite par un indice de sécurité, estimé lors d’inspections de l’état
de la structure des ponts
• augmenter la fiabilité des pont traduite par un indice de fiabilité
• réduire les coûts de maintien en service à travers le temps.
L’algorithme génétique permet d’assurer une planification des travaux de maintenance sur les
ponts. Les variables de décisions représentent le temps moyen entre interventions. Chaque
variable de décision est codée sur 7 bits, avec un codage binaire. L’approche a été utilisée au
Royaume-Uni. Nous proposons une synthèse des ces applications dans le Tableau 9.
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 126
(Liu & Modèle pour la Algorithme Minimiser Binaire Représente 7 Nombre de ponts à Temps Angleterre
Frangopol,2004) maintenance génétique avec l’usure des une durée considérer x le nombre de moyen entre
des ponts une approche ponts à Entre gène interventions
multiobjectif travers un interventions
(NSGA) indice de
sécurité
Maximiser la
fiabilité à
l’aide d’un
indice de
fiabilité
Minimiser les
coûts de
maintenance
sur le cycle de
vie
127 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
Les algorithmes génétiques ont été utilisés pour répondre à la problématique d’allocation de
ressources, gestion des tâches en atelier, la gestion de projet et le problème de transport.
L’utilisation de ces algorithmes permet de proposer des séquences d’exécution de tâches ou des
itinéraires acceptables réduisant l’utilisation de ressources rares : le temps et le budget. (Tadahiko
& al, 1996) proposent une approche multiobjectif utilisant un algorithme génétique appliqué à
l’ordonnancement de tâches en atelier. Les fonctions objectifs sont pondérées dans une seule
fonction et la recherche de solution s’appuie sur la démarche de Pareto pour la détermination
d’un ensemble de solutions non dominées. Les auteurs présentent une application, permettant de
tenir compte de deux objectifs : minimiser le temps de cycle d’un processus et de minimiser le
temps de retard sur l’exécution des tâches. La séquence des tâches est codée sous forme d’un
chromosome à l’aide de codes alphabétiques, chaque gène correspond à une tâche. L’application
traite d’un problème d’ordonnancement de 20 tâches sur 10 machines. (Feng & al, 1997) traitent
de la problématique de planification dans les projets, pour ce type de problème, il est nécessaire
de trouver un compromis entre la ressource temps qui se traduit par le délai de réalisation d’un
projet et le coût d’un projet. Ils dressent un éventail de méthodes classiques : Chemin critique
CPM (Critical Path Method), Programmation Dynamique et leur insuffisances précisément pour les
projets de taille importante (diversité des tâches et de ressources). Les auteurs proposent une
approche utilisant une méta-heuristique, les algorithmes génétiques. Ils proposent de considérer
les tâches d’un projet comme variables de décision codées sous forme de chaînes d’entiers,
chaque case correspond à une tâche à un instant t. L’approche se base sur l’utilisation d’une
optimisation multiobjectif pour trouver une solution permettant de réduire les coûts et délai de
réalisation de projet. La longueur de la chaîne de caractère correspond au nombre de tâche dans
le projet. (Osman & al., 2004) exposent les problèmes de transport qui cherche à trouver un
compromis entre plusieurs objectifs à la fois : coût, temps, distance, flux. Les auteurs introduisent
l’utilisation de méthodes classiques d’optimisation en particulier la Programmation Dynamique
qui donne de bons résultats pour les problèmes de petite taille, mais reste inadéquat pour des
problèmes de taille importante. Ils proposent une approche permettant de considérer plusieurs
objectifs, compris dans une fonction objectif unique. La recherche de solution utilise un
algorithme génétique et la méthode VEGA. L’approche est utilisée pour un problème de
transport dont les objectifs sont la minimisation du coût de transport sur l’ensemble de
l’itinéraire, la minimisation du délai d’approvisionnement et la maximisation du profit. La solution
représente la séquence de passage sur les n sommets d’un graphe représentant des points
d’approvisionnement. Nous effectuons une comparaison de ces travaux dans le Tableau 10.
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 128
(Feng & al, Planification dans Algorithmes Minimiser les Entier Représente 1 Nombre de taches Alternative Réseau test
1997) les projets génétique coûts et délai la tache à pour la tache 18 tâches
simple de réalisation effectuer à considérée
avec du projet, un instant
pondération objectifs donné
des objectifs pondérés
(Osman & Modèle pour Algorithme Minimiser les Entier Sommet du 1 Chaque gène Identifie un Réseau test
al,2004) l’optimisation de génétique coûts, temps, graphe : correspond à une lieu de 10 villes
problèmes VEGA maximiser un ville, aire de source, pour ces passage, un
d’acheminement Approche profit, stockage, problématique poste de
Pareto objectifs sources travail
pondérés
(Zheng et Modèle pour la Algorithme Minimiser les Entier Représente 1 Correspond au nombre Identifie une Projet test
al,2005) planification dans génétique coûts et délai une activité d’activités ou tâches activité du 18 tâches
les projets avec de réalisation du projet dans le projet projet
approche du projet, considéré
Pareto objectifs
pondérés
129 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
(Zheng et al., 2005) présentent une approche d’optimisation multiobjectif utilisant un algorithme
génétique appliqué au problème de planification des tâches dans les projets. Les objectifs sont de
trouver un compromis entre le délai et le coût de réalisation du projet. Afin d’améliorer la
robustesse du modèle, les auteurs comparent plusieurs mécanismes d’évaluation ,de sélection et
de mutation dans le processus de recherche des solutions de l’algorithme génétique. L’évaluation
de la fonction objectif est assurée par des poids adaptés à chaque génération reflétant
l’importance de chaque objectif : le délai du projet et le coût. Le mécanisme de sélection s’appuie
sur une sélection par roulette et une sélection par rang. Les variables de décision représente les
activités du projet, la solution traduit une séquence acceptable des activités réduisant les coûts et
délais du projet. Le codage utilisé est un codage en nombres entiers. Les auteurs utilise un
algorithme spécifique basé sur une approche Pareto.
Plusieurs travaux ont été menés en utilisant les algorithmes génétiques pour des problèmes
d’optimisation dans le domaine de l’alimentation en eau potable (AEP). Ces travaux portent
essentiellement sur le dimensionnement des installations et organes du réseau, ainsi que sur la
gestion de la maintenance et la réhabilitation des réseaux AEP.
Le dimensionnement des conduites des réseaux d’alimentation en eau potable se traduit par la
détermination des caractéristiques hydrauliques des conduites : diamètre et rugosité. D’autres
application portent sur le dimensionnement des pompes de manière à réduire les coûts liés à
l’énergie. (Dandy & al, 1996) présentent une approche d’optimisation pour la conception des
réseaux AEP, basée sur les algorithmes génétiques. Ils présentent une application sur le problème
du Tunnel de New York5. Le travail présenté propose des amélioration aux utilisations antérieurs
d’algorithmes génétiques en apportant des modifications sur la définition des variables de
décision, les opérateurs de mutation et le codage en Gray. L’approche proposée cherche à partir
d’une topologie donnée du réseau et une demande de base connue , de proposer une
combinaison adéquate des dimensions de conduites afin de minimiser les coûts de conception du
réseau. Les contraintes considérées sont d’ assurer la continuité du flux , le respect des consignes
hydrauliques en terme de pression, respect de certaines dimensions pour des conduites
spécifiques.
5 Problème connu dans le dimensionnement des réseau repris dans plusieurs travaux sur le dimensionnement des
réseaux.
Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif 130
Le codage utilisé est un codage en Gray, chaque diamètre de conduite est codé sur un gène de 4
bits. L’exemple cité est un réseau de 21 conduites, le chromosome représentant tout le réseau sera
de dimension 84 bits. La fonction objectif traduit le coût de conception, de maintenance et
comprend une pénalité tenant compte de la violation de la contrainte de pression qui exprime la
performance hydraulique des solutions testées. (Savic & Walters, 1997) présentent le
développement d’un modèle GANET basé sur l’utilisation d’un algorithme génétique. Le modèle
présenté permet d’assurer une conception dite optimale du réseau AEP. Le modèle considère un
objectif économique qui exprime le coût d’acquisition de la conduite, ce coût est fonction du
diamètre et de la longueur de la conduite. Des objectifs techniques sont considérés : la
satisfaction de la demande aux nœuds de consommation et assurer une pression minimum de
service. Les auteurs utilisent un algorithme génétique simple, la variable de décision représente le
diamètre de conduite à utiliser, le codage utilisé permet de représenter sous forme de
chromosome les dimensions de diamètre à appliquer pour chaque conduite. Chaque gène
représente une conduite, le diamètre est codé sur 3 bits. (Abebe, 1998) propose une approche de
dimensionnement des réseaux, permettant de déterminer les diamètres des conduites pour une
structure donnée du réseau, avec des contraintes portant sur la pression de service et la demande
au niveau des nœuds de consommation. L’auteur utilise un modèle permettant de coupler un
outil d’optimisation GLOBE® et un simulateur hydraulique Epanet®. L’approche se base sur
l’utilisation d’un algorithme génétique simple et d’une fonction objectif traduisant les coûts
d’acquisition des conduites et des pénalités liées à la contrainte sur la pression de service. Le
modèle a été appliqué au problème de dimensionnement du réseau de Hanoi3. (Lippai & al,1999)
proposent une approche d’optimisation pour la conception des réseaux AEP, utilisant les
algorithmes génétiques à travers un logiciel d’optimisation commercial Evolver® combiné à un
simulateur hydraulique EPANET®. Les auteurs comparent l’utilisation des méthodes
d’optimisation classiques aux algorithmes génétiques. Le modèle est appliqué sur le problème de
dimensionnement du tunnel de New York. (Devi & al, 2004) présentent un algorithme génétique
basé sur une approche multiobjectif pour le dimensionnement des réseaux AEP. Les objectifs
considérés sont la minimisation du coût de conception et l’accroissement de la fiabilité du réseau.
Le travail présente un ensemble d’indices mesurant la fiabilité et la performance du réseau en se
basant sur des calculs hydrauliques : variation de la pression, débit et énergie disponibles dans le
réseau et fiabilité de la structure du réseau en particulier au niveau des nœuds (prise en compte
des changements de diamètre). L’approche se base sur la définition d’un ensemble de solutions
non dominées au sens de Pareto. Les auteurs traitent de deux phénomènes de défaillances : la
défaillance mécanique due à la structure même des conduites qui se traduit par des casses ou des
131 Chapitre 4 – Les algorithmes génétiques et l’optimisation multiobjectif
ruptures, et la défaillance dite hydraulique qui se manifeste par une variation de pression ou débit.
Le modèle permet de maximiser les coûts de conception et maximiser la fiabilité du réseau à
travers un indice de fiabilité du réseau sous contrainte hydraulique. Le modèle est combiné à un
simulateur hydraulique Epanet2®. L’auteur reprend des indices de fiabilité présentés par (Todini,
2000). Le modèle à été appliqué au problème de dimensionnement du réseau de Hanoi en
utilisant l’algorithme NSGA.
(Halhal & al.,1997) discutent de l’importance des travaux de maintien en service des réseaux AEP
à travers des travaux de réhabilitation ou de remplacement de conduite. Le choix de la meilleur
alternative assurant une amélioration du réseau tout en respectant une contrainte budgétaire ne
peut être obtenu par les approches d’optimisation classique, ils adoptent une approche
multiobjectif utilisant le concept d’optimalité au sens de Pareto qui cherche à trouver un
compromis entre un ensemble d’objectifs : technique à travers la définition de fonctions
bénéfices et un objectif purement économique à travers une fonction coût. Les auteurs proposent
un outil d’aide à la décision basée sur l’utilisation d’algorithme génétique : Structured Messy
Genetic Algorithm(SMGA) qui permet de coder sous forme de chromosome la conduite et
l’alternative à adopter sur un même gène, l’algorithme génétique est combiné à un simulateur
hydraulique adapté de Epanet ®. L’approche proposée concerne exclusivement les conduites
AEP. En fonction des ressources disponibles, les auteurs proposent d’améliorer la performance
du réseau par : l’augmentation de la capacité hydraulique du réseau en effectuant des travaux de
nettoyage, réhabilitation, remplacement ou maillage. Augmenter l’intégrité du réseau en réparant
les défaillances sur les conduites et améliorer la qualité de l’eau en nettoyant ou réhabilitant les
canalisation .
Les auteurs proposent deux fonctions objectif . Une fonction objectif bénéfice obtenue par la
pondération d’un bénéfice hydraulique exprimant la déficience de pression avant et après la prise
de décision sur les conduites, un bénéfice physique qui reflète la diminution des coûts de
réparation futurs, bénéfice de flexibilité traduit l’existence ou non d’un maillage, par
l’identification des connexions entre conduites traduite par la somme des diamètre, le bénéfice lié
à la qualité est traduit par la somme totale(en linéaire) des conduites réhabilitées. Une fonction
objectif qui traduit le coût des travaux de réhabilitation considérant l’accroissement du nombre de
défaillances supposé linéaire. Nous présentons une synthèse bibliographique dans le Tableau 11.
133 Chapitre 4 – Application des algorithmes génétiques au renouvellement
Auteurs Type Nature de Objectifs Codage des Gène Longueur Longueur Variables Application
d’utilisation l’algorithme individus gène chromosome de
décision
(Dandy et Modèle pour la Algorithme Minimiser Gray Diamètre à 4 4 x Nbre de conduites Diamètre New York
al,1996) conception de génétique coût de adopter constituant le réseau de la (Etats-Unis)
réseau AEP simple conception, conduite
maintenance
et coût
opérationnel
(Savic & Modèle GANET Algorithme Minimiser les Binaire Conduite à 3 3 x nombre de Désigne
Walters, pour le génétique coûts de mettre en conduites composant le le
1997) dimensionnement conception, place réseau diamètre à
des réseau AEP assurer une considérer
pression pour une
minimale de conduite
service et la donnée
demande au
niveau des
nœuds de
consommation
(Lippai & Modèle pour le Algorithme Minimisation Non défini Non défini Non défini Non New York
al,1999) dimensionnement génétique des coûts de défini (Etats-Unis)
des réseaux AEP simple à conception
travers un satisfaction de
logiciel la contrainte
d’optimisation sur la pression
Evolver minimale
(Devi et Modèle pour le Algorithme Minimisation Réel Diamètre 1 Nombre de conduites à Désigne Réseau
al,2004) dimensionnement génétique du coût de de conduite considérer le Hanoi
des réseaux AEP avec approche conception et diamètre à (Vietnam)
multi- augmentation considérer
objectifs de la fiabilité pour une
NSGA et la conduite
performance donnée
du réseau sur
la base
d’indices
134 Chapitre 4 – Application des algorithmes génétiques au renouvellement
(Dandy & Engelhardt, 2001) présentent un modèle d’optimisation basé sur les algorithmes
génétiques, permettant de réduire les coûts du capital et de maintenance futurs du réseau AEP
dans le but de planifier les travaux de réhabilitation du réseau. Les auteurs préconisent de bien
connaître le système étudié, par une définition précise de ses composantes et paramètres ainsi
que son évolution future. Pour les auteurs, toute stratégie de réhabilitation est tributaire de trois
critères : économique, fiabilité et qualité de l’eau . Les auteurs se focalisent sur le premier aspect.
Selon eux, le coût peut être scindé en 4 composantes : le coût du capital qui prend l’acquisition
de la conduite et sa pose, le coût de maintenance qui comprend les coûts de réparation et de
maintien en service, les coûts des dégâts et de perte d’eau et les coûts opérationnels liés à l’énergie
et au fonctionnement du réseau AEP. Les auteurs considèrent deux approches, une approche qui
considèrent un pas de temps d’un an, pour cette approche le codage est traduit par un
chromosome dont les gènes représentent les variables de décision correspondant au travaux sur
le réseau, les auteurs utilisent deux code « 0 » pour ne rien faire et « 1 » pour remplacer. Pour
l’autre approche, elle consiste à considérer une planification des travaux sur 5 ans. Dans ce cas le
codage se fait à l’aide d’un gène constitué de deux bits, l’un pour désigner l’alternative de
réhabilitation et l’autre pour designer l’année de l’intervention sur la conduite. Les auteurs
considèrent les coûts de maintien en service futurs à travers l’estimation des casse futures à l’aide
d’une régression linéaire. Les auteurs intègrent une autre alternative pour la planification sur 5
ans correspondant à un remplacement avec changement de diamètre (renforcement) dans ce cas
les auteurs utilisent Epanet® pour vérifier la viabilité technique des solutions testées.
(Cheung & al, 2003 ) proposent une approche d’optimisation multiobjectif basée sur l’utilisation
d’un algorithme génétique élitiste SPEA, permettant de générer un ensemble de solutions non-
dominées au sens de pareto. Les auteurs discutent de la problématique de réhabilitation du réseau
AEP et des particularités du problème en terme de défaillance, satisfaction de la demande et
déficience de débit et pression. Pour les auteurs 5 objectifs doivent être pris en compte dans le
problème de réhabilitation des Réseaux AEP la capacité hydraulique, l’intégrité physique, la
flexibilité, la qualité de l’eau et l’aspect économique. Le modèle cherche à minimiser les coût de
réhabilitation, de remplacement et de maximiser le bénéfice hydraulique qui se traduit par la
différence des niveaux de pression avant et après intervention sur le réseau. nous présentons une
synthèse bibliographique dans la Tableau 12.
135 Chapitre 4 – Application des algorithmes génétiques au renouvellement
Tableau 12. Application des algorithmes génétiques et de l’optimisation multiobjectif pour la renouvellement des réseaux AEP
Auteurs Type Nature de Objectifs Codage gène Longueur Longueur Variables Application Epanet
d’utilisation l’algorithme des gène chromosome de
individus décision
Halhal & Modèle Algorithme Maximiser : Entiers Identifiant 2 2*Nbre de Alternative Marrakech
al,1997) d’optimisation génétique bénéfice du tronçons conduites de (Maroc) Oui
pour la s’inspirant hydraulique, et variable réhabilitation
réhabilitation des de NPGA bénéfice lié aux de décision à considérer
réseaux AEP coûts de
maintenance
futurs, la longueur
des conduites
réhabilitées ou
remplacées
Minimiser les
coûts de
réhabilitation
7. Conclusion
Sommaire
1. Introduction 139
2. Les hypothèses 139
3. Identification des données 141
4. Sélection des conduites candidates 145
5. Formulation du problème 149
6. Approche d’optimisation multiobjectif 153
7. Programmation pluriannuelle 162
8. Le modèle d’aide à la décision 166
9. Conclusion 168
Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision 139
1. Introduction
Nous proposons une approche pour le renouvellement des réseaux AEP qui s’inspire de la
gestion du patrimoine appliquée à la gestion du réseau AEP. L’intérêt est que l’approche pour le
renouvellement des réseaux d’eau potable s’intègre dans la politique de gestion du réseau et du
service d’eau. L’approche que nous proposons permet l’intégration des critères économiques et
techniques de la gestion du réseau dans son ensemble, traités dans le Chapitre 1. Nous exploitons
également l’analyse des méthodes d’optimisation multiobjectif effectuée dans le chapitre 4 pour
l’identification d’une méthode de résolution appropriée. L’intérêt par la suite est que l’approche
pour le renouvellement des réseaux d’eau potable s’intègre dans une politique de gestion du
réseau et du service d’eau dans son ensemble.
Toute prise de décision dépend d’un contexte particulier, d’hypothèses et d’un ensemble de
données. Nous identifions dans un premier temps les variables et données sur lesquelles se basera
la décision, ensuite nous décrivons le processus de décision en définissant les étapes principales
du modèle d’aide à la décision. L’approche pour le renouvellement que nous proposons s’articule
sur les étapes suivantes :
2. Les hypothèses
3. L’évaluation de la fiabilité hydraulique des conduites tient compte d’une seule rupture
possible à la fois. Nous supposons que la probabilité de survenue de plus de deux
défaillances simultanées sur le réseau est très faible.
4. Nous supposons que la survenue des défaillances est décrite par une fonction densité de
probabilité suivant une loi de Weibull. Ce qui justifie l’utilisation du modèle PHM pour la
description de la détérioration structurelle des conduites.
5. Nous définissons comme niveau de description des conduites du réseau la rue qui
correspond au niveau de réalisation des travaux en pratique.
6. Nous supposons que chaque conduite candidate au renouvellement peut subir une seule
défaillance tout au long de l’horizon de planification. Plusieurs conduites peuvent subir
des défaillances dans la même année mais pas au même instant. La modélisation ne tient
pas compte de la détérioration de la qualité de l’eau.
7. L’estimation des coûts ne tient pas compte de l’actualisation ou de l’inflation. Les coûts
sont exprimés en monnaie constante correspondant à une année référence qui est l’année
de début de planification.
8. Les coûts sociaux et ceux liées aux externalités sont traduits par une pénalité dans
l’estimation du coût de réparation des conduites.
9. Nous supposons que les alternatives de renouvellement doivent être connues en début de
planification, aucune modification des alternatives au cours de la planification n’est
considérée.
Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision 141
Il s’agit dans cette partie d’effectuer une analyse économique et technique selon l’approche de
gestion du patrimoine décrite dans le (Chapitre 1). L’identification des données porte sur
l’utilisation des données collectées au niveau du service d’eau. Nous distinguons les données
relatives à la conduite et à son environnement, des données concernant les coûts des travaux de
réparation, remplacement et renforcement.
Ces données concernent la conduite et son environnement. Nous considérons : la date de pose, la
localisation de la conduite, le matériau la constituant, la longueur, le diamètre, la nature du sol,
l’occupation du sol, la date de début d’observation et la date de fin d’observation de la conduite1,
le niveau de trafic, le nombre de défaillances subies. Ces données sont collectées et stockées dans
des bases de données formant le Système d’Information du service d’eau. Elles servent à décrire
la détérioration structurelle de la conduite et présentent un inventaire de l’ensemble des conduites
constituant le réseau.
Nous distinguons aussi des données liées au fonctionnement hydraulique du réseau. Elles
traduisent des spécifications techniques du fonctionnement du réseau. Ces données concernent
les conduites et les autres organes hydrauliques constituant le réseau. Nous devons définir un
niveau de détail adéquat pour décrire son fonctionnement. Cela en trouvant un compromis entre
une description précise du réseau en fonction de ces composants hydrauliques et l’agglomération
de conduites homogènes entre elles pour décrire le fonctionnement du réseau. Il s’agit de donner
une définition de la conduite permettant de décrire à la fois la détérioration structurelle et
hydraulique du réseau. A partir des données sur les conduites, nous identifions les conduites qui
présentent des caractéristiques similaires à savoir : la localisation, la date de pose, le type de
matériau la constituant, le diamètre. La définition des conduites utilisées dans le cadre de la thèse
tient compte de la rue et des caractéristiques susmentionnées. Cette définition correspond bien à
la pratique. Les travaux de renouvellement s’effectuent généralement sur l’ensemble des
conduites d’une rue. Certaines conduites ne seront pas prises en compte principalement, les
conduites de faibles diamètres et se trouvant en antenne.
1 . Ces dates correspondent à une fenêtre d’observation pendant laquelle l’on enregistre les défaillances survenues.
142 Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision
L’estimation des coûts des travaux sur le réseau dépend du service d’eau et des méthodes de
calculs utilisées. Nous proposons d’utiliser la procédure de calcul élaborée dans le cadre de
l’inventaire AEP du Bas-rhin (67) (Janel et al., 2001). Cette procédure prend en compte la
réglementation en vigueur en référence au Cahier des Clauses Techniques Générales (CCTG) et
les règles habituelles de maîtrise d’œuvre dans le département du Bas-Rhin. Elle permet d’estimer
le coût de mise en service d’une conduite neuve. Nous utilisons cette procédure pour l’estimation
des coûts de remplacement et renforcement. Les coûts de réparation sont plus difficile à estimer
car dépendent de la nature de la défaillance subie et matériels requis. Nous proposons de calculer
un coût moyen de réparation par défaillance, en utilisant les coûts de réparation disponibles au
service d’eau. Nous proposons également de considérer des pénalités Mj dans l’estimation des
coûts de réparation. Elles permettent de traduire l’impact de la survenue de défaillances d’une
conduite donnée sur son environnement. L’impact est mesuré en fonction des désagréments
induisant une baisse d’activité, des déviations, l’interruption du service. L’autre impact concerne
les dégâts possibles en cas de défaillances : inondation, affaissement de la chaussée. Ces impacts
sont mesurés de manière économique et correspondent à des coûts sociaux.
Le coût de renouvellement ( Coût R ) d’une conduite concerne le remplacement à l’identique et le
renforcement. La procédure de calcul est similaire, la différence réside dans les dimensions des
conduites qui font varier les coûts de fourniture de la conduite et les coûts de terrassent. Le coût
de renouvellement ( Coût R ) d’une conduite ou la valeur à neuf d’une conduite se compose des
coûts de terrassement ( Coût terr ), du coût de fourniture et de pose de la conduite ( Coût conduite ). Il
est défini dans l’équation suivante :
Deux coefficients sont pris en compte, le coefficient ( Coeff mo ) pour tenir compte des coûts de
maîtrise d’œuvre et un coefficient multiplicateur ( Coeff com ) afin de tenir compte de spécificités
locales en matière de prix.
Le coût de fourniture de la conduite dépend de : la longueur L , du prix unitaire Punitaire de la
conduite qui est fonction du diamètre de la conduite et du matériaux constituant la conduite et un
coefficient ( Coeff accessoires ) pour tenir compte des accessoires hydrauliques la composant et le
remplacement des branchements existants exprimé par le coût de branchement ( Coût branchement ) et le
nombre de branchement N branchement . Le coût de fourniture Coût conduite s’exprime par l’équation (5.2).
Les coûts de fourniture des conduites et travaux de terrassement sont regroupés dans un
bordereau. Nous utilisons le bordereau des travaux de viabilité pour les réseaux d’Alimentation
en Eau Potable et l’assainissement dans le département du Bas-Rhin (DDAF, 2003).
0.05 à 0.10 m
Vr : volume remblai
Enrobage – lit de
Diamètre
Enrobage – lit de
0. 30
0.10 m
Ces coûts sont reconstitués à partir des données disponibles au service d’eau concernant
l’occupation du sol de la conduite, la nature du terrain, la longueur et le diamètre de la conduite.
La longueur de la fouille correspond à la longueur de la conduite. La largeur de la fouille
( L arg Fouille ) dépend du diamètre de la conduite en mètres.
Ce coût correspond au volume du matériau formant le lit de pose de la conduite et son enrobage.
Le calcul tient compte de l’épaisseur de l’enrobage et du diamètre de la conduite.
Ve = (0.30 + diamètre + lit de pose ).(diamètre + 2.(0.30 )).Long Fouille (5.7)
Ce coût correspond au volume du matériau formant le niveau de remblai. Le calcul tient compte
de l’épaisseur du niveau de remblai, la longueur et la largeur de la conduite.
Ce coût correspond aux travaux de réfection de la chaussée qui tient compte de la longueur de la
conduite, la surface de réfection.
Sr = (L arg Fouille + 2.(0.30 )).Long Fouille (5.10)
Nous proposons une base de données Access® pour calculer les coûts de remplacement et de
renforcement des conduites.
Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision 145
Il s’agit d’identifier les conduites critiques du réseau devant subir des travaux de renouvellement.
Les conduites se différencient non seulement par leur dimensions, mais aussi par leur fonction
dans le réseau et leur état de détérioration. Le renouvellement ne peut pas concerner l’ensemble
du réseau, ce qui est impossible à réaliser. Il concerne des conduites que nous qualifions de
prioritaires. Pour répondre au caractère multiobjectif du problème, la mesure de la priorité se
base sur l’analyse de la fiabilité hydraulique et structurelle du réseau. Cela permet de hiérarchiser
les conduites du réseau afin d’identifier un ensemble de conduites candidates au renouvellement.
L’analyse s’appuie sur le modèle hydraulique qui décrit le fonctionnement du réseau sur une plage
horaire donnée. Il est important de décrire le réseau aux plages correspondantes à des périodes de
demande de pointe. L’analyse peut révéler des déficiences en pression par rapport à un pression
de service minimum précise. Cette déficience traduit une baisse de la capacité hydraulique du
réseau et donc une détérioration hydraulique du réseau due au changement de rugosité et de
diamètre des conduites .
La détermination des conduites critiques d’un point de vue hydraulique s’appuie sur la
détermination de l’indice ICH calculé sur la plage horaire présentant une déficience hydraulique
importante. Cette plage horaire correspond généralement à la période de pointe pendant le jour
de pointe (Voir Chapitre 2). Pour la sélection des conduites candidates, nous définissons un seuil
pour la valeur du ICH à partir duquel les conduites seront choisies. Le ICH traduit le rôle d’une
conduite dans l’acheminement de l’eau. Ce rôle est tributaire des dimensions de la conduite, des
abonnés desservis et de la localisation de la conduite. Des conduites récemment renouvelées
peuvent avoir une valeur de ICH supérieure au seuil critique en raison de leur localisation. Nous
proposons de rajouter une condition en rapport avec la notion de valeur résiduelle utilisée dans
(Janel et al., 2001). Il s’agit de comparer la valeur résiduelle d’une conduite avec le montant
amorti de manière linéaire considérant une durée de vie comptable Ec .
146 Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision
La valeur résiduelle Vrésid (t) d’une conduite correspond à la différence entre la valeur à neuf d’une
conduite et la valeur de la dépréciation au cours de sa durée de vie comptable. La valeur de la
dépréciation est traduite par la valeur de l’amortissement économique pratiqué. La valeur
résiduelle d’une conduite j à la date t, posée à la date de pose to est donnée par:
CoûtConduite(t -t o ) Ec - Age(t)
Vrésid(t) =CoûtConduite - Ec ⇒ Vrésid(t) =CoûtConduite.( Ec ) (5.11)
Age(t) Ec - Age(t)
Vamortie(t)≥Vrésid(t) ⇒ Ec ≥ Ec (5.14)
L’analyse de la détérioration structurelle doit permettre d’identifier des conduites dont l’état
physique est critique. Nous supposons que des données spécifiques à la conduite (longueur,
diamètre, nature du matériau, nature du terrain, occupation du sol, défaillance antérieures, date de
pose) sont disponibles au niveau du service de l'eau depuis la date de pose ou sur une fenêtre
d’observation [t a , t b ] . Nous traitons ces données pour obtenir la même définition de la conduite
utilisée dans la simulation hydraulique. Il s’agit de définir les caractéristiques et les variables
d’environnement des conduites concaténées. Nous exploitons dans cette partie les modèles de
renouvellement se basant sur la hiérarchisation des conduites(Voir Chapitre 3).
Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision 147
h0 ( t ) = λp( λt ) p -1 (5.20)
Où λ , p sont des paramètres de la loi qui seront estimés par une régression sur données de
survie. La fonction de survie S( t ) du modèle est définie par :
k
S(t)=exp( -(λp) pexp( ∑β z )) l l (5.21)
l =1
- β0
l = 1, k , où k est le nombre de variables explicatives. En posant σ = 1p et λ =exp( p ) où β0 est
S(t)=exp(-exp( l =0
σ ).t p ) (5.22)
Les paramètres de loi de survie sont obtenus à l’aide de l’outil CARE-W_PHM2. L’estimation de
ces paramètres permet de mesurer la signification3 de chaque variable considérée dans pour
décrire le processus de détérioration.
Nous exploitons la démarche proposée par (Arnoux, 1998) expliquée dans le (Chapitre 3).
La démarche préconise de renouveler une conduite si sa durée de survie est inférieure à une durée
critique donnée. Nous proposons de prendre comme durée critique la durée de la période de
planification Ω . Il s’agit d’évaluer la durée de vie technique moyenne Dvie d’une conduite à partir
de la valeur moyenne de la fonction de survie S( Ω )=0.5 et de calculer l’age qui constitue une
covariable dans la fonction de survie. Le calcul de l’age permet d’évaluer la durée de vie moyenne
pour chaque conduite. Nous sélectionnons les conduites dont l’age est supérieur ou égale à la
durée de vie moyenne à la fin de la période de planification. Pour une conduite j, une conduite
sera sélectionnée si l’expression (5.23) est verifiée:
2 Cette outil a été développé dans le cadre du projet CARE-W, il permet d’ajuster le modèle PHM et d’estimer les
paramètres de la loi de survie par la méthode du maximum de vraisemblance suivant l’algorithme de Newton-
Raphson. (Eisenbeis et al, 2002).
3 . La signification est évaluer à l’aide de CARE-W_PHM à travers un Test de Wald pour une valeur limite de
La démarche de sélection des conduites permet de considérer des conduites dont l’état peut être
critique d’un point de vue structurel et des conduites qui ne présentent pas de détérioration
structurelle mais dont le rôle dans la desserte en eau est important. Les critères de sélection
tiennent compte de la fiabilité structurelle et hydraulique des conduites.
Détérioration
Flux de résultas hydraulique :
Simulation
hydraulique,
Flux de résultats calcul de
pression et
Flux d’informations et de débit
données
Nous proposons de considérer dans le choix des conduites candidates pour le renouvellement les
conduites dont l’état de la chaussée, trottoir, jardin est détériorée. La réalisation de travaux de
revêtement ou d’embellissement récents peut retarder la réalisation de travaux de renouvellement.
En pratique, il est interdit d’ouvrir une chaussée récemment refaite qu’après un délai de 5 ans
environ. Pour ces conduites il est nécessaire de vérifier la date de réalisation des travaux ( t trav ),
les conduites seront candidates si:
Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision 149
Nous proposons tenir compte des travaux de voirie dans la programmation pluriannuelle des
travaux. Si des travaux de voirie sont programmés pour certaines conduites, nous proposons
d’effectuer ces travaux en même temps que les travaux de voirie afin d’éviter de retarder la
réalisation des travaux au delà de 5 ans par exemple. La prise en compte des travaux de voirie
n’est possible que dans le cas d’une coordination entre le service de l’eau et le service de la voirie.
Ceci garanti la disponibilité des données qui concernent l’état des chaussées, les travaux réalisés et
les travaux programmés.
5. Formulation du problème
La décision en matière de renouvellement consiste à déterminer les conduites devant faire l’objet
de travaux, en identifiant la nature des travaux à réaliser. Cette décision revêt un caractère
multiobjectif. Les décisions à prendre à l’échelle de la conduite doivent permettre l’augmentation
de la capacité hydraulique du réseau à un coût minimum, en respectant des consignes techniques
et l’enveloppe budgétaire disponible.
Les variables de décision pour le problème étudié représentent les alternatives d'interventions sur
les conduites. Elles traduisent les travaux devant être effectués afin d'améliorer la fiabilité et la
performance hydraulique du réseau AEP. Ces travaux définissent une politique de
renouvellement. L’élaboration d’un programme de renouvellement s’effectue en deux étapes. La
première permet de proposer une politique viable d’un point de vue technique et économique
sur l’horizon de planification Ω en identifiant l’ensemble des travaux acceptables à réaliser. La
seconde étape permet de programmer les travaux sur l’horizon de planification en déterminant
l’année de réalisation des travaux au niveau de chaque conduite considérée.
La formulation du problème permet d’intégrer dans la prise de décision des critères techniques
liés au fonctionnement du réseau et des critères économiques liés aux travaux de renouvellement
à réaliser. Nous proposons d’utiliser une approche d’optimisation multiobjectif qui permet
d’obtenir non pas une solution unique mais un ensemble de solutions. Nous suggérons
l’implémentation d’une approche basée sur le principe de dominance au sens de Pareto à l’aide
d’un algorithme génétique élitiste inspirée de NSGA II (Voir Chapitre 4). La résolution du
problème propose un ensemble de politiques de renouvellement acceptables. Une politique est
choisie par le gestionnaire du service qui traduit l’ensemble des travaux à effectuer sur Ω années.
Cependant la réalisation de cette politique ne peut se faire sur une année, d’où la nécessité d’une
procédure de programmation des travaux sur l’horizon de planification qui assure un nivellement
du budget qui s’inspire des développements faits dans le Chapitre 1 .
représente la concaténation des variables de décision x ij pour l’ensemble du réseau à réaliser sur
l’horizon de temps Ω . L'évaluation de toutes ces possibilités est laborieuse, principalement pour
des réseaux de taille importante.
Nous utilisons un algorithme génétique avec une approche multiobjectif basée sur l’optimum de
Pareto pour l'exploration de l'espace de solutions (ensemble de toutes les politiques). A l'aide d'un
ensemble de politiques de départ (sous-ensemble de l'espace des solutions). L'algorithme
génétique permettra d'explorer un nombre important de solutions, en retenant la meilleure ou les
meilleures solutions trouvées. En ce qui nous concerne, le chromosome représentera une
politique de renouvellement. Chaque conduite sera représentée par un code, qui traduit
l'alternative de renouvellement à mettre en oeuvre.
x i1 x i 2 xi3 xi4 … x ip -1 x ip
La Figure 29 illustre un chromosome qui correspond à une chaîne de caractères compris entre 1
et I (entiers définissant les alternatives de renouvellement) et de longueur p (nombre de conduites
candidates). Le Tableau 13 permet d’établir une analogie entre le problème de renouvellement et
le vocabulaire qui caractérise un algorithme génétique.
En ce qui concerne le problème étudié, nous définissons deux fonctions objectif. La première
traduit la performance hydraulique du réseau par le calcul du surplus de pression disponible dans
le réseau (surpression). Cette fonction permet d’améliorer la fiabilité hydraulique du réseau par
l’accroissement de la pression dans le réseau se referant à la notion de résilience développée dans
le chapitre 2. La fonction objectif technique est donnée par l’équation (5.25), pour une politique
Yi = ( x i1 , x i 2 ,.., x ip ) , un réseau de n nœuds et une pression Pl au nœud l .
∑( P - Pl min )
l =1
Fi1 ( x i1 , x i 2 ,.., x ip , Ω ) = (5.25)
n
La contrainte technique est définie par une pression minimale Pmin et une pression maximale à
assurer sur l'ensemble des nœuds du réseau décrite par Pmax afin d'éviter une surpression
excessive pouvant endommager les conduites tel que : ∀l ∈ [1, n ] , Pmin ≤Pl ≤Pmax .
La seconde fonction objectif évalue le coût des travaux à mettre en oeuvre pour une solution
donnée. L'estimation du coût est obtenue par la somme des coûts relatifs à chaque intervention
pondérés par l’inverse de l'indice de criticité hydraulique ICH en cas de défaillance, afin de tenir
compte de l'importance hydraulique de chaque conduite.
Pour une solution donnée, considérant p conduites dans le processus de décision, l'évaluation de
la fonction objectif F2 pour une politique i est donnée comme suit :
p
Fi 2 ( x i1 , x i 2 ,.., x ip , Ω ) = ∑
1
.x ij .C ( x ij , Ω ) (5.26)
j =1 HCI j
Bi ( Ω ) = ∑ x ij .C ( x ij , Ω ) (5.27)
j =1
L'état de la chaussée peut être pris en compte, en effet si le revêtement est récent la seule
alternative possible est de réparer la conduite à l'occurrence d'une défaillance. Tout autre
intervention sera retardée dans le temps.
Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision 153
Population initiale P
Génération aléatoire de m solutions
possibles sous forme de chromosome
Mutation
Elitisme
Choisir les m premières solutions en se Calcul de la fonction d’adaptation
Sinon et détermination des solutions
basant sur la valeur de la fonction
d’adaptation non-dominées
Convergence
Fin
La première étape nécessite la définition des fonctions objectif et du codage à utiliser. Ils
permettent de traduire les variables de décision décrivant les travaux à entreprendre sur les
conduites du réseau. Nous considérons un codage en nombre entiers facile à implémenter
nécessitant des longueur de chromosome moins importante que pour un codage binaire par
exemple. Il existe plusieurs alternatives de renouvellement, la pratique en France comprend
généralement le remplacement à l’identique et le renforcement.
Nous considérons trois alternatives définies à l'aide d'entiers compris entre 1 et 3. Le code 1
correspond à l'alternative ne rien faire, qui se traduit par la réparation de la conduite dans le cas de
la survenue d'une défaillance. Le code 2 concerne l'alternative remplacer qui consiste à remplacer la
conduite par une conduite neuve de même diamètre et la dernière alternative renforcer est codée
par le code 3 qui traduit le renforcement de la conduite par son remplacement avec une conduite
de diamètre supérieur. La longueur de la séquence dépend du nombre de conduites considérées
dans le processus de décision. La Figure 31 illustre le codage d’une politique de renouvellement
en considérant trois alternatives de travaux sur le réseau.
1 3 1 3 2 2 … 3 1 2
Conduite 1 Conduite p
Alternatives
La recherche des solutions s’articule sur une génération aléatoire des solutions. A l’étape initiale,
des solutions sont générées de manière aléatoire, formant la population de départ P. Pour p
conduites considérées dans le processus de décision, p nombres aléatoires compris entre 1 et 3
sont générés pour chaque solution. La concaténation de ces p nombres forme une solution
possible correspondant à une politique de renouvellement. La population initiale est formée par
m politiques possibles générées de manière aléatoire. Pour chaque politique, une évaluation des
objectifs est effectuée, une fois les solutions évaluées vient l’étape de classement et de calcul de la
fonction d’adaptation.
156 Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision
Dans le cas où x ij =3, alors un renforcement est prévu. Ceci nécessite le remplacement de la
conduite considérée par une conduite de diamètre supérieur et une modification du coefficient de
rugosité. Nous supposons que les caractéristiques hydrauliques du réseau restent les mêmes tout
au long de l’horizon de programmation des travaux. Pour chaque politique, les modifications
correspondant aux variables de décision sont effectuées. Par la suite une simulation hydraulique
en utilisant Epanet 2 permet de mesurer le niveau de pression aux nœuds de consommation. La
valeur de la fonction objectif technique F1 est mesurée sur l’ensemble des nœuds.
La procédure de calcul est décrite dans la Figure 32. L’implémentation mathématique est assurée
à l’aide d’une macro développée en VBA et faisant appel à la boite à outil Entoolkit d’Epanet
developpée par l’EPA.
Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision 157
∑( P - P
l min )
l =1
Fi1( x i1 , x i 2 ,.., x ip , Ω ) =
n
La fonction objectif F2 exprime le coût total d’une politique donnée qui est évalué par la somme
pondérée des coûts d’intervention au niveau de chaque conduite par l’inverse de l’indice de
fiabilité hydraulique traduisant l’importance de la conduite dans le fonctionnement hydraulique
du réseau. Nous disposons d’une estimation des coûts pour chaque alternative d’intervention sur
le réseau. Pour le réseau considéré, nous calculons la valeur du ICH pour l’ensemble des
conduites, puis pour chaque politique générée nous calculons le coût total. Nous supposons que
chaque conduite candidate au renouvellement peut subir au plus une défaillance au cours de
l’horizon de programmation. L’estimation des coûts d’intervention sur le réseau sont détaillés
dans le § (3.2) page 142.
158 Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision
Fi 2 ( x i1 x i 2 x i 3 ...x ip ) = ∑
1
.x ij .C ( x ij )
j =1 HCI j
L’algorithme permet de classer les solutions générées aléatoirement selon les deux fonctions
objectifs du problème. La performance de chaque solution Yi , est évaluée par les fonctions
objectif F1i ( x i1 , x i 2 ,.., x ip ) et F2 i ( x i1 , x i 2 ,.., x ip ) avec 1 ≤ x ij ≤ 3 qui traduit le codage utilisé et la
nature des interventions sur le réseau. A chaque génération, i = 1, m qui représente le nombre de
La procédure mise en place vise à déterminer les solutions non-dominées pour un problème bi-
objectifs sous contraintes. Les contraintes considérées sont la pression minimale devant être
assurée à chaque nœud de consommation Pmin et la contrainte sur la pression à chaque nœud qui
ne doit pas dépasser Pmax . Toutes les solutions qui violent les contraintes de pression seront de
rang inférieur aux solutions qui la respectent. La procédure de classement considère pour chaque
solution un couple de valeurs (F1i ,F2i ) sur lequel s’effectuera le classement des solutions à chaque
génération. Le Tableau 14 permet de décrire à une génération donnée, la description de la
population de solutions et l’évaluation des fonctions objectifs.
Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision 159
La procédure de détermination de rang sera répétée jusqu’à ce que toutes les solutions soient
classées. A la première itération toutes les solutions sont considérées, par la suite seules les
solutions non classées seront prises en compte. La procédure de détermination de rang s’appuie
sur une procédure de marquage de toutes les solutions dominées. Les solutions non dominées à
chaque itération seront celles non marquées.
D=Ø
r←1
tant que T ≠ Ø
pour i = 1,..,m
pour k = 1,..,m faire
si (F1i ≤F1k∧ F2i > F2k )∨ (F1i < F1k∧ F2i ≥F2k ) alors
D ← Yi (Yi est do min ée )
fin si
fin pour
si Yi ∉ D alors
r ← Yi ( rang )
1
← Yi ( Fitness )
( m +1 - r )
fin si
fin pour
r ← r +1
fin tant que
160 Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision
Yi(Fitness)=( 1 ) (5.30)
m+1-r
Cette étape à pour but la création de nouvelles solutions formant un ensemble Q. Ces solutions
sont obtenues à l’aide de la procédure de sélection et les opérateurs génétiques : le croisement et
la mutation.
L’algorithme que nous proposons utilise une procédure de sélection basée sur la sélection par
tournoi. Il s’agit d’effectuer un tournoi de m paires de politiques acceptables. Pour chaque paire,
la solution dont la fonction d’adaptation la plus élevée est sélectionnée.
Nous utilisons une procédure de croisement simple avec deux points de croisement caractérisée
par une probabilité Pc .La longueur l du chromosome est donnée par le nombre de conduites
candidates au renouvellement p. Deux nombres aléatoires compris entre 1 et p sont générés,
correspondant aux positions de croisement de deux politiques Parents choisie par la procédure de
sélection. Le croisement de ces deux politiques permet de générer deux nouvelles politiques,
représentant des solutions potentielles.
Position 1 2 … p
Codage 1 3 1 3 2 2 … 3 1 2
Parents
2 3 2 3 2 1 … 3 1 1
Enfants 3 1 1 3 2 2 … 2 3 2
Nouvelles solutions
3 1 2 3 2 1 … 1 3 1
Choix de la
position à muter 3 1 1 3 2 2 … 2 3 2
Mutation
Nouvelle solution 3 1 1 3 2 2 … 2 3 2
La procédure de mutation caractérisée par une probabilité Pm concerne un seul bit sur l’ensemble
du chromosome. Le bit peut rester inchangé ou prendre l’une des deux autres valeurs possibles
du codage utilisé.
Il s’agit de mélanger les solutions générées aléatoirement formant l’ensemble P avec les solutions
obtenues par la procédure de croisement et de mutation. Les nouvelles solutions sont évaluées à
l’aide des fonctions objectifs F1 et F2 . Nous calculons par la suite la fonction d’adaptation des
2.m solutions formant P UQ à l’aide de l’Algorithme 1. Les solutions seront classées par rapport
à la fonction d’adaptation. Les m premières solutions non-dominées qui constituent la population
de départ pour la prochaine génération.
La sélection des solutions non-dominées d’une génération à l’autre assure la présence de solutions
acceptables au cours du processus d’exploration de l’espace des solutions. La convergence de
l’algorithme dépend du nombre de générations (gen) à effectuer défini comme paramètre initial de
l’algorithme d’optimisation. La robustesse des solutions obtenues dépend de la taille de la
population initiale (m), des probabilités de croisement et mutation. Nous préconisons de
considérer une probabilité de mutation Pm comme proposé dans (Simpson et al.,1994) qui
Pour C(S1 ,S2 ) =1 alors toutes les solutions de la simulation S2 sont dominées par les solutions de
la simulation S1 . Si au contraire C(S1 ,S2 ) =0 alors aucune solution de S2 n’est dominée par une
Evaluations Détérioration
Estimation des fonctions hydraulique :
des coûts objectif et Simulation
des optimisation hydraulique,
travaux multiobjectif calcul de Solutions
pression et politiques de renouvellement
débit
Décideur
- Choix d’une politique de
Flux de résultas renouvellement
- Estimation du budget
Flux de résultats
Flux d’informations et de
données
7. Programmation pluriannuelle
D’une manière générale l’enveloppe budgétaire disponible ne permet pas d’effectuer l’ensemble
des travaux de renouvellement identifiés. La programmation des travaux de renouvellement doit
permettre d’effectuer les travaux les plus urgents en premier de manière à accroître la
performance du réseau de manière significative dès la première année.
Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision 163
Cette étape va permettre de proposer une programmation des travaux à effectuer sur le réseau,
identifiés dans l’étape précédente. Pour chaque intervention sur le réseau nous devons identifier
l’année de réalisation des travaux. Nous définissons la variable de décision y j qui correspond à la
Pour les conduites ayant fait l’objet de travaux de renouvellement, le code leur correspondant
pour les années suivantes et le code 1. Cela permet de tenir compte des modifications effectués
sur le réseau dans les simulations hydrauliques. Pour que ces conduites ne soient pas considérées
dans la contraintes budgétaires, les coûts de réparation, remplacement et renforcement sont
réduits à 0.
164 Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision
Par analogie au codage utilisé pour les alternatives de réhabilitation des conduites, une
programmation des travaux i à une année t sera représentée sous forme de chaîne de variable de
décision yij . Un chromosome traduira une programmation des travaux possible pour une année
donnée. La longueur du chromosome dépend du nombre de conduites à considérée.
Nous utilisons un algorithme génétique suivant la même démarche que l’algorithme décrit
précédemment (Voir Figure 30). Nous effectuons certaines modifications en ce qui concerne le
codage et la représentation des chromosome. Cependant, les solutions représentent des
programmes de travaux à réaliser pour une année donnée. Chaque solution sera évaluée à l’aide
de deux fonctions objectifs. La fonction objectif F3 qui traduit la surpression moyenne
disponible dans le réseau pour un programme de travaux à une année t :
n
∑(P - Pl min )
l =1
F3(y1, y2,..., y p,t)= n (5.34)
La fonction objectif F4 qui correspond à la somme pondérée des coûts des travaux et l’indice de
fiabilité hydraulique:
p
∑x j .C ( y j , t ) ≤ B( t ) (5.38)
j =1
Le but est d’utiliser au mieux l’enveloppe budgétaire disponible et d’améliorer la pression aux
nœuds de consommation. Nous utilisons un algorithme similaire à l’algorithme génétique
utilisé précédemment avec des modifications concernant le codage des variables de décision, les
contraintes du problème, les fonctions objectif et la fonction de classement des solutions.
Génération de solutions
Proposition de programmes
Algorithme d’optimisation
Evolution des solutions par F3 et F4
t = t+1
t=Ω
Fin
La programmation des travaux peut tenir compte des travaux de voirie. En effet si des travaux de
voirie doivent être réalisés à une année donnée sur des secteurs où sont localisées des conduites
considérées dans la politique de renouvellement, la date de réalisation des travaux de
renouvellement doit correspondre à la date de réalisation des travaux de voirie. L’algorithme
d’optimisation utilisé pour la détermination des travaux de renouvellement est adapté pour la
programmation des travaux. Pour chaque année l’algorithme permet d’identifier un ensemble de
travaux à effectuer, il s’agit de choisir une programmation des travaux permettant d’améliorer
sensiblement la performance du réseau tout en respectant la contrainte budgétaire. Une fois le
programme des travaux identifié, une modification de la structure du réseau est effectuée
permettant de tenir compte des travaux à réaliser pour la programmation des travaux des années
ultérieures. La modification du réseau porte sur le changement de diamètres des conduites et la
rugosité en fonction des alternatives de renouvellement pour les conduites retenues. Le nombre
de variables de décision diminue d’une année à l’autre.
Le modèle d’aide à la décision que nous proposons décrit l’imbrication et l’enchaînement des
étapes définissant l’approche pour le renouvellement présentée dans ce chapitre. Une ou
plusieurs étapes sont regroupées dans des modules qui communiquent à travers un flux
d’informations, de données et de résultats nécessaires à la prise de décision. Le modèle est
alimenté par des données identifiées dans le (§.3, page141) disponibles au service d’eau. Ces
données permettent de décrire l’état du réseau et de sélectionner les conduites sur lesquelles il est
prioritaire d’intervenir. L’état du réseau est décrit par l’analyse de la détérioration structurelle et
hydraulique. La détérioration hydraulique est traduite par la présence de déficience en pression
lors de la simulation hydraulique. L’analyse de la détérioration structurelle décrite dans le (§4.2,
page146) permet d’identifier les conduites dont l’état physique est critique.
L’étude de la fiabilité hydraulique décrite dans le(§4.1,page145) se traduit par la mesure de l’indice
ICH qui traduit l’importance de chaque réseau dans la desserte en eau. Une fois la sélection des
conduites candidates au renouvellement effectuée, nous définissons les critères à optimiser décrit
dans le (§3). Dans notre cas, il s’agit d’accroître la capacité hydraulique du réseau et réduire les
coûts de renouvellement. Ces coûts sont calculés à l’aide d’une base Accès Calcul_coût. Le principe
de calcul est détaillé dans (le §3.2, page142). Vu le caractère multiobjectif du problème, nous
proposons une optimisation multiobjectif utilisant un algorithme génétique décrit dans le(§6,
page153).
Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision 167
Evaluations Détérioration
Estimation des fonctions hydraulique :
des coûts objectif et Simulation
des optimisation hydraulique,
travaux multiobjectif calcul de Solutions
Politique_Ren pression et politiques de renouvellement
débit
Décideur
- Choix d’une politique de
renouvellement
Flux de résultats
- Programmation
pluriannuelle des travaux
Flux d’informations et de
données
La Figure 38 présente une formalisation du modèle d’aide à la décision. Elle résume les étape
principales que nous proposons dans la mise en place d’une démarche pour le renouvellement
des réseaux AEP. Le modèle décrit la liaison entre les différents modules et la nature des flux :
données, informations et résultats qui peuvent être intermédiaires ou finaux.
4. Le décideur peut être le gestionnaire du réseau ou une assemblée délibérante dans le cas d’une gestion en régie.
168 Chapitre 5 – Présentation du modèle d’aide à la décision
Les résultats obtenus par le modèle d’aide à la décision sont tributaires de l’ensemble des données
disponibles et des hypothèses émises, présentées dans le (§2, page139). Le modèle permet une
amélioration en continue du fonctionnement du réseau et de la fiabilité des conduites, les
données et modélisation hydraulique sont jugées valables tout au long de l’horizon de
planification, une actualisation de ces données et des mesures sur le terrain doivent être opérées
pour enregistrer les modifications survenues sur le réseau au bout de Ω. Le modèle sera de
nouveau applicable pour identifier une politique de renouvellement à partir des données et
modèle hydraulique actualisés afin de traduire le plus fidèlement possible l’évolution de l’état du
réseau.
9. Conclusion
Le modèle d’aide à la décision que nous proposons permet de réaliser un compromis entre les
critères techniques liés au fonctionnement du réseau, des critères économiques liés à l’estimation
des travaux de renouvellement et la disponibilité de ressources financières suffisantes.
La démarche décrite dans ce chapitre préconise une pré-sélection des conduites prioritaires.
La priorité dépend de l’état de détérioration structurelle , hydraulique du réseau et le rôle de
chaque conduite dans le fonctionnement du réseau.
En effet, les approches identifiées dans la littérature se limitent à proposer une politique de
renouvellement, ou un renouvellement périodique identique pour les conduites présentant les
même spécifications. L’impact des investissements consentis n’est pas mesuré. L’analyse que nous
préconisions et que nous illustrons dans le Chapitre1 n’est pas effectuée.
Nous identifions pour chaque conduite une date de réalisation des travaux, la nature des travaux à
réaliser et le coût annuel des travaux. Le modèle que nous proposons permet d’aider le service
d’eau à évaluer un nombre important de politiques de renouvellement, et d’en proposer des
politiques viables d’un point de vue économique et technique. Il faut être vigilent au fait que le
choix de la solution finale doit tenir compte de l’ensemble des hypothèses, des simplifications
effectuées et à la réalité du terrain.
Chapitre 6
Sommaire
Nous appliquons le modèle d’aide à la décision sur un réseau d’alimentation en eau potable d’un
syndicat de communes dans le Bas-Rhin (Région Alsace). Le réseau dessert environ 14 000 habitants
correspondant à 5 000 abonnés1. Le syndicat compte quatre consommateurs importants à savoir: 2
industriels, une piscine municipale et une maison de retraite. Le réseau comprend 120 km (linéaire)
de conduites constituées principalement par de la fonte (60 %) , du PVC (37%) et du Polyéthylène (3
%). Le rendement moyen du réseau est de η=0.75 . La consommation domestique est d’environ 515
l/abonné/j.
Le service d’eau dispose de données relatives aux conduites et à leur environnement. Les données
que nous utilisons dans le cadre de la thèse ont été collectées sur une fenêtre d’observation allant de
1996 à 2004. Ces données comportent :
la longueur de la conduite
le diamètre de la conduite
Le service d’eau dispose d’un système d’information permettant de regrouper ces données et celles
issues des cartes géographiques à l’aide du Système d’Information Géographique (SIG).
Le réseau est constitué de 1657 conduites dont le diamètre varie entre 40 et 315 mm, et de longueur
comprise entre 1 et 2000 m.
Nous disposons de données de défaillances pour les conduites du réseau enregistrées entre 1996 et
2004. Pour les conduites de plus de 60 mm de diamètre, le nombre de conduites ayant subies au
moins une défaillance est de 50 conduites. Parmi ces conduites, 38 ont subi au moins 1 défaillance, 9
ont subi au moins deux défaillances et une au moins 3 défaillances.
Nous disposons aussi de données concernant les organes et dispositifs hydrauliques constituant le
réseau à savoir : les courbes caractéristiques pour les 3 pompes, les courbes de volume pour les 2
réservoirs ainsi que les courbes de consommation pour les consommateurs domestiques, 2
industriels, la piscine et la maison de retraite. Le réseau est alimenté par 3 sources
d’approvisionnement (forages).
Une simulation hydraulique effectuée par le service de l’eau permet de décrire le fonctionnement du
réseau. Une concaténation des conduites a été effectuée. Elle regroupe les conduites présentant des
caractéristiques similaires : diamètre, date de pose, matériau, même rue. Les conduites dont le
diamètre est inférieur à 60 mm (estimé à environ 5 km) ou en antennes ne sont pas prises en
compte. Cependant le service d’eau ne disposait par d’informations permettant de faire le lien entre
le modèle hydraulique et les conduites du réseau tel qu’elles existent dans la réalité. Nous avons donc
établi une correspondance entre ces conduites et les conduites du modèle hydraulique. Chaque
conduite de la simulation hydraulique correspond à une concaténation de plusieurs conduites réelles.
Ceci est illustré par le Tableau 17.
Tableau 17. Correspondance entre les conduites inventoriées et celles du modèle hydraulique
Conduite du modèle hydraulique Conduites inventoriées
Id_conduite I Id_Conduite 1
Id_Conduite 2
Id_Conduite j
A partir des données d’environnement et des caractéristiques des conduites inventoriées, nous
identifions les données qui correspondent à chaque conduite du modèle hydraulique à savoir :
la longueur équivalente à la concaténation de plusieurs conduites, la rugosité, le diamètre, les
variables d’environnement. Le nombre de conduites contenues dans le modèle hydraulique est de
450 conduites et de 320 nœuds. La longueur du réseau obtenu est de 82 km. Le modèle hydraulique
représente environ 70% des conduites qui existent réellement. La Figure 39 illustre les conduites du
modèle hydraulique.
Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision 175
L’estimation des coûts de réparation ( C rép ) s’appuie sur des données communiquées par le service
d’eau regroupant un ensemble de 84 réparations. La moyenne calculée sur les données disponibles
est égale à 1456 € avec une écart-type de 354 €. Nous considérons que le coût moyen de réparation
d’une défaillance sur une conduite indépendamment de son diamètre et de sa longueur est de 1500 €.
Nous supposons que les conduites en Polyéthylène sont renouvelées avec des conduites en PVC et
les conduites en fonte grise ou en acier sont renouvelées avec des conduites en fonte ductile. Pour
les autres cas, nous supposons que le matériau de la nouvelle conduite reste identique à celui de la
conduite à renouveler. Nous identifions une correspondance entre le diamètre de remplacement
( d remp ) à l’identique et le diamètre de renforcement ( d renf ). Le Tableau 18. en donne un exemple.
Nous utilisons la méthode de calcul de coûts détaillée dans le (Chapitre 5) pour le calcul du coût de
remplacement à l’identique ( C remp ) et le coût de renforcement ( C renf ). Le calcul permet d’estimer les
coûts relatifs à la fourniture de la conduite, les coûts du niveau de remblai, de fondation et de
revêtement. La prise en compte du renforcement se fait par l’augmentation du diamètre de la
conduite en se basant sur la correspondance illustrée par le Tableau 18. La répartition des coûts est
présentée par la Figure 40.
Répartition de la valeur à neuf d'une conduite en PVC Répartition de la valeur à neuf d'une conduite en Fonte
Coût_canalisation
Coût_conduite
6%
15%
Coût_réfection
22%
Coût_fouilles
Coût_réfection 47%
Coût_fouilles 20%
52%
Coût_fondation
7%
Coût_fondation
coût_remblai 6%
9% Coût_remblai
Coût_enrobage Coût_enrobage
8%
4% 4%
Nous appliquons dans ce qui suit l’approche utilisée pour la sélection des conduites candidates au
renouvellement. La sélection s’appuie sur la démarche détaillée dans le chapitre 5 et qui permet de
sélectionner des conduites en fonction de leur importance dans le fonctionnement du réseau et de
leur détérioration structurelle.
Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision 177
Le modèle hydraulique qui a été développé à l’aide du logiciel Porteau® a pour but l’analyse du
fonctionnement et le diagnostic du réseau (Voir Chapitre 2). Un calage du modèle a été effectué à
l’aide des données de consommation disponibles au service de l’eau. Des mesures de pression et
débit sut le terrain permettent le calibrage du modèle et une estimation des valeurs de diamètres et
rugosité des conduites. En raison de la détérioration structurelle et de la présence de dépôts dans les
conduites, les diamètres et rugosité ne correspondent plus aux mêmes caractéristiques d’une
conduite neuve. Ces paramètres sont alors ajustés à l’aide des mesures effectuées. Le modèle effectue
une agglomération des abonnés aux nœuds de consommation. Pour la consommation domestique, le
coefficient journalier de pointe K1=1.6 et le coefficient de pointe horaire K2=2. Nous analysons le
fonctionnement du réseau en jour de pointe2 .
Afin d’utiliser les outils développés dans le cadre de la thèse, nous utilisons le logiciel Epanet 2®
pour la simulation hydraulique à la place de Porteau®(Cemagerf, 2001). A l’aide de la boite à outil
développée par le Cemagref offrant une passerelle entre différents logiciel de simulation hydraulique
et une macro spécifique que nous avons développée en VBA-Excel3, nous effectuons un passage
entre Porteau® et Epanet 2®. L’ensemble des spécifications concernant les pompes, les réservoirs,
la répartition des abonnés au niveau des nœuds, le fonctionnement de vannes et les courbes de
consommation ont été ajustées. Un calibrage du modèle a été effectué grâce aux mesures effectuées
sur le terrain à des points précis du réseau.
La période de pointe au jour de pointe est située entre 20h00 et 22h00. La simulation hydraulique au
jour de pointe et la période pointe fait apparaître une déficience en pression au niveau de 61 nœuds4
où la pression est inférieure à Pmin = 20 m . Cette pression correspondant à la pression minimale
requise pour un fonctionnement adéquat du réseau. La pression la plus faible constatée est égale à
9.93 m. Le réseau présente une déficience en pression due à la détérioration de la capacité
hydraulique du réseau principalement en heure de pointe. Ceci peut s’expliquer par une insuffisance
dans le dimensionnement même du réseau à l’origine. Le réseau nécessite donc des travaux de
renouvellement afin d’améliorer son fonctionnement.
Figure 42. La détérioration de la capacité hydraulique du réseau à la période de pointe (Epanet 2).
Nous utilisons la macro Mesure_fiabilité développée pour le calcul des indices de fiabilité hydraulique
ICH et IDN présentée par la Figure 43 . Comme nous ne disposons pas de données sur le temps
d’indisponibilité des conduites et la mesure de la MTTR5 des conduites, nous considérons un temps
d’indisponibilité identique pour toute les conduites égal à 2 heures. Ce temps correspond à la durée
de période de pointe. Nous considérons une pression PInf =10 m et une pression PSup=15 m qui
permettent de mesurer la demande au niveau des nœuds de consommation lors de la survenue de
défaillance ( Voir Chapitre 2). Le calcul6 est effectué tout au long de la journée de pointe.
Afin d’identifier les conduites critiques d’un point de vue hydraulique, nous utilisons la démarche
détaillée dans le (Chapitre 5). Nous déterminons un seuil critique pour la valeur du ICH et de IDN.
PInf
PSup
Choix du réseau
Lancement du calcul
Figure 43. La macro Mesure_fiabilité qui calcule les indices de fiabilité hydraulique.
L’indice ICH mesure le rapport entre la quantité d’eau desservie dans le réseau et celle devant être
desservie. Nous déterminons un seuil de 0.1 à partir duquel la conduite est considérée comme
critique. Même si les quantités d’eau non acheminées peuvent être faibles, ce qui se traduit par un
ICH <0.1, l’impact de l’indisponibilité d’une conduite peut être mesurée par le nombre de nœuds
non desservis et donc par le nombre d’abonnés pour lesquels la desserte en eau est perturbée.
L’indice IDN mesure cette perturbation. Nous considérons une durée de vie comptable de
Dc =60 ans (GSP,1999). Les conduites seront sélectionnées sur la base de la valeur de l’indice ICH
vérifient la condition (6.1) :
ICH≥0.1
(6.1)
Age j(t sim )≥D2c ⇒ Age j(t sim )≥30ans
Avec t sim correspondant à l’année de début de simulation qui la date de début de l’horizon de
planification.
180 Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision
0,35
0,3
0,25
0,2
0,15
0,1
0,05
0
HCI entre [10H00,12H00]
La Figure 44 décrit l’évolution de l’indice ICH pour la conduite 184 tout au long de la journée de
pointe pour une indisponibilité en cas de défaillance égale à 2 h. L’impact de l’indisponibilité qui
simule une défaillance de cette conduite est différent en fonction de l’instant de survenue de la
défaillance. La quantité d’eau non acheminée augmente à partir de 16h00. Elle atteint son niveau
maximum de 0.32 entre 19h00 et 20h00 qui correspond à la période de pointe et décroît par la suite.
L’indice IDN mesure le nombre de nœuds où la pression est inférieure à la pression PInf à partir de
laquelle une desserte en eau est possible. Cet indice permet d’identifier le nombre d’abonnés non
desservis dans le cas d’une défaillance ou l’indisponibilité d’une conduite donnée. Pour le réseau
considéré, on compte environ 5 000 abonnés et 320 nœuds de consommation ce qui fait une
moyenne de 15 abonnés par nœud. Nous considérons un seuil critique pour l’IDN égal à 5 nœuds
correspondant à 75 abonnés. Les conduites seront sélectionnées sur la base de la valeur de l’indice
ICH vérifient la condition (6.2) :
IDN ≥5
80
70
60
50
40
30
20
10
0
HCI entre [0H00,2H00]
La Figure 45 décrit l’évolution du IDN tout au long de la journée de pointe. Le graphique mesure le
nombre d’abonnés subissant une perturbation de l’alimentation en eau en cas de l’indisponibilité de
la conduite 184. Ce nombre croit à partir de 16h00 pour atteindre son maximum qui est de 73
nœuds, correspondant à environ 10957 abonnés à la période entre 19h00 et 20h00.
L’impact d’une défaillance est plus important à l’heure de pointe ce qui était prévisible. Les résultats
obtenus permettent de mesurer l’impact d’une défaillance sur le réseau et détermine les plages
horaires critiques dans la journée.
Le nombre de conduites candidates au renouvellement obtenues est égale à 26 dont 11 ont été
sélectionnées sur la base du ICH et 15 sur la base du IDN.
Nous appliquons la démarche décrite dans le (Chapitre 5) pour la sélection des conduites critiques
en terme de détérioration structurelle. Nous utilisons les données concernant les défaillances et les
variables d’environnement des 1657 conduites du réseau pour effectuer le calage de la fonction de
survie S(t).
7 Correspond au produit du nombre de nœuds et le nombre moyen d’abonnés par nœud de consommation égal à 15.
182 Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision
Les données prises en compte sont : La longueur (L), le diamètre(d), le nombres de défaillances
antérieures(PF), l’age (Age) de la conduite à la dernière défaillance observée, la nature du terrain (NT)
et le niveau du trafic routier (NR).
Le calage des données s’appuie sur le logiciel CARE-W_PHM du Cemagref pour la détermination
des paramètres de régression de la fonction de survie qui traduit la non survenue d’une défaillance au
cours du temps pour toutes les conduites du réseau8. Le paramètre d’échelle de la loi de Weibull est
β0
donné par : σ= 1 avec λ=exp( ) . Nous obtenons σ=0.932 , p=0.932 et λ= - 26.10-5 .
p σ
Le Tableau 19 résume les résultats de la régression sur l’échantillon de conduites dont nous
disposons. La détérioration structurelle des conduites dépend de quatre variables significatives : la
longueur (L), le diamètre(d), le nombre de défaillances passées(PF+1) et l’age des conduites (Age).
Tableau 19. Résultats de la régression sur durée de survie à l’aide du modèle PHM
l Variables βl Test de Wald Intervalle de
confiance
(Prob> χ 0.95 )
Nous avons considéré un seul échantillon de conduites. Nous obtenons une fonction de survie
identique pour l’ensemble des conduites. Elle est exprimée par :
[ -5
S(t)=exp - 26.10 .(PF +1)
1.19
.L
0.717
.d
-0.902
.Age
1.167
.t
1.072
] (6. 3)
Nous utilisons la fonction de survie donnée par l’équation (6. 3) pour décrire la détérioration
structurelle des 450 conduites de la simulation hydraulique. Nous appliquons la démarche présentée
dans le (Chapitre 5) pour calculer la durée de survie critique à partir de laquelle les conduites sont
8. Un seul échantillon a été considéré dans le calage des données, le calage tient compte des conduites n’ayant pas eu de
défaillance et celles ayant au moins une défaillance. Ainsi une seule fonction de survie est proposée pour l’ensemble des
conduites.
Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision 183
candidates au renouvellement. Nous définissons comme durée de survie critique Ω=5ans . La durée
de vie moyenne est obtenue pour une valeur médiane de S(t sim+Ω)=12 .
[
De (6. 3) ⇒ exp - 26.10 .(PF +1)
-5 1.19
.L
0.717
.d
-0.902
.Dvie
1.167
.(t sim+Ω)
1.072
]= 12
-5 1.19 0.717 - 0.902 1.167 1.072
(6. 3) ⇒ - 26.10 .(PF +1) .L .d ..Dvie .(t sim+Ω) = -Ln(2)
1.167 - Ln(2)
(6. 3) ⇒ .Dvie = -5 1.19 0.717 - 0.902 1.072
- 26.10 .(PF +1) .L .d .(t sim+Ω)
Ln(2)
(6. 3) ⇒ .Dvie = 1.167 -5 1.19 0.717 - 0.902 1.072
26.10 .(PF +1) .L .d .(t sim+Ω)
Nous sélectionnons les conduites dont l’age Age(t sim+Ω) à la fin de l’horizon de planification est
supérieur ou égal à la durée de vie moyenne tel que :
Parmi les conduites du réseau, 14 conduites satisfont la condition donnée par (6.4).
Résultats
11 qui ont été sélectionnées en raison de leur rôle dans la desserte en eau, selon la valeur de
l’indice ICH soit (27.50%)
15 ont été sélectionnées en raison du nombre d’abonnés pour lesquels la desserte en eau est
perturbée exprimé par la valeur de l’indice IDN (37.5 %)
14 conduites ont été sélectionnées en raison de leur détérioration structurelle soit (35 %)
Identifiant Conduite j Coût de Coût de Coût de L(m) d (mm) d rem(mm) d renf (mm) Critère
réparation remplacement renforcement
247 ST2-ST1 1500 19410 20662 130 85 100 125 PHM
129 SO14-SO24 1500 33600 34834 245 60 60 80 PHM
166 SO52-SO45 1500 54856 56872 400 50 60 80 ICH
287 D1-D3 1500 32801 36879 180 200 200 250 ICH
315 D4-D25 1500 91115 102441 500 200 200 250 ICH
391 PA80-SO55 1500 71106 74640 500 73 80 100 ICH
80 SC27-SC12 1500 44793 47681 300 85 100 125 ICH
112 SO10-SOU8 1500 14931 15894 100 90 100 125 ICH
133 SO11-SO25 1500 37328 39734 250 85 100 125 ICH
188 SO11-SOU5 1500 20571 21327 150 48 60 80 PHM
78 SC16-SC15 1500 67190 71521 450 85 100 125 PHM
117 SO18-SO20 1500 20903 22251 140 85 100 125 IDN
132 SO20-SO22 1500 60410 63325 380 105 125 150 IDN
141 SO26-SO30 1500 11945 12715 80 90 100 125 IDN
136 SO26-SOU4 1500 22397 23840 150 85 100 125 IDN
143 SO30-SO32 1500 45256 46920 330 60 60 80 IDN
159 SO30-SO45 1500 14221 14928 100 73 80 100 IDN
144 SO33-SO26 1500 29862 31787 200 85 100 125 IDN
273 ST13-ST14 1500 28800 29858 210 60 60 80 PHM
298 D13-D17 1500 16424 17483 110 85 100 125 PHM
313 D22-D21 1500 44793 47681 300 85 100 125 PHM
191 SO36-SO35 1500 19410 20662 130 85 100 125 ICH
318 D31-D57 1500 21650 23046 145 85 100 125 PHM
171 SO45-PA80 1500 24176 25378 170 73 80 100 PHM
383 D75-D74 1500 23314 24171 170 60 60 80 PHM
384 D71-D73 1500 35657 36967 260 60 60 80 PHM
161 SO46-SO47 1500 14931 15894 100 85 100 125 PHM
292 D10-D12 1500 35657 36967 260 60 60 80 PHM
293 D13-D14 1500 47779 50860 320 85 100 125 PHM
173 SO56-SO57 1500 31588 32536 230 90 93,8 125 IDN
177 SO57-SO58 1500 21868 24586 120 190 200 250 IDN
146 SO28-SO39 1500 24997 27335 150 140 150 200 ICH
184 SO61-N301 1500 63781 71708 350 155 200 250 ICH
111 SOU1-SO10 1500 16424 17483 110 90 100 125 PHM
103 SOU1-SOU2 1500 14931 15894 100 85 100 125 ICH
104 SOU2-SOU3 1500 32848 34966 220 85 100 125 ICH
105 SOU3-SO32 1500 8957 9536 60 85 100 125 IDN
106 SOU4-SOU5 1500 10971 11375 80 50 60 80 IDN
123 SOU6-SO11 1500 2986 3179 20 85 100 125 ICH
120 SOU6-SO18 1500 19200 19905 140 48 60 80 IDN
Une fois les conduites candidates au renouvellement identifiées (Voir Tableau 20). Nous utilisons
l’algorithme génétique présenté dans le (chapitre 5) pour déterminer un ensemble de politiques de
renouvellement viables d’un point de vue technique et économique. La longueur du chromosome
servant à tenir compte de la politique de renouvellement aura une longueur l=40 qui correspond au
nombre de conduites candidates au renouvellement. Nous utilisons des codes9 en nombres entiers
pour traduire les alternatives de renouvellement tel expliqué dans le (chapitre 5) . Nous considérons
le problème d’optimisation comme décrit dans le (chapitre 5). Nous considérons des consignes
techniques qui traduisant des contraintes de pression tel que Pmin=20 m et Pmax = 50 m . L’algorithme
génétique Politique_Ren est implémenté à l’aide de VBA-Excel. Chaque politique est évaluée à l’aide
des fonctions objectif techniques et économiques définies dans le Chapitre 5.
La sélection des conduites s’est basée sur un ensemble d’indices qui mesurent à la fois la
détérioration structurelle et hydraulique du réseau. Nous allons dans un premier temps évaluer des
politiques de renouvellement considérées comme des solutions triviales à notre problème. Nous
considérons 8 solutions qui traduisent :
Ces solutions ont été évaluées à l’aide d’une macro spécifique Eval_solution qui nous permet d’évaluer
la fonction objectif technique F1 et la fonction économique F2 . Les résultats sont présentés dans le
Tableau 21.
9. Les codes utilisés correspondent aux travaux à effectuer sur la conduite. Le code 1 correspond à la réparation de la
conduite lors de la survenue de défaillance, le code 2 traduit le remplacement de la conduite pas une conduite identique
et le code 3 traduit le remplacement de la conduite par une conduite de diamètre plus grand.
186 Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision
Il apparaît d’après les résultats du Tableau 21 qu’il existe deux solutions 2 et 6 viables d’un points de
vue économique et technique. Elles respectent les consignes techniques et proposent des politiques
de renouvellement réalisables. La solution 6 traduit le renforcement de toutes les conduites dont le
rôle dans l’acheminement de l’eau est important sur la base de l’indice ICH. Nous pouvons dire à
priori que la coût de renouvellement sera compris entre 479 833 € et 1 335 717 €. Ces coûts
correspondent au coût de renouvellement des solutions 2 et 6 respectivement. Le renouvellement
des conduites critiques d’un point de vue structurel qui correspond aux solutions 3 et 4 ne permet
pas de satisfaire les consignes techniques. Il améliore néanmoins la capacité hydraulique du réseau.
La pression la plus faible passe de 9.93 m à 14.95 m. Le renouvellement des conduites sélectionnées
en se basant sur le IDN, qui correspond aux solutions 7 et 8 ne permet pas de satisfaire les consignes
techniques définies, mais permet d’améliorer la capacité hydraulique de 9.93 m à 18.79 m.
Ces résultats montrent bien que la considération de la détérioration structurelle de manière exclusive
n’améliore pas nécessairement le fonctionnement hydraulique du réseau. Nous retenons les solutions
2 et 6 que l’on comparera par la suite aux solutions proposées par l’algorithme génétique.
S(0.80) 5 4 1 4
12 12 9 8
S(0.85) 3 5 3 5
14 12 9 8
S(0.90) 1 3 1 3
14 12 9 8
S(0.95) 0 1 5 3
12 12 8
S(1) 0 0 5 0
12
La métrique C (Ziztler et al., 2000) compare pour deux simulations, les solutions non dominées
5 .
obtenues. Par exemple la simulation effectuée pour Pc =0.90 et Pc =1 , la métrique C(S(1),S(0.90) )=12
Ceci signifie que 5 solutions sur les 12 solutions non dominées déterminées pour Pc =0.90 dominent
au moins une solution non dominée déterminée pour Pc =1 . Les résultats des simulations sont
présentés dans Annexe 3.
A partir des résultats du Tableau 22 nous retenons la probabilité Pc =0.90 permettant d’obtenir de
meilleurs résultats. Nous devons déterminer la probabilité de mutation, pour ce faire nous
effectuons des simulation pour des valeurs de Pm =0.10 correspondant à (1- Pc ) , Pc =0.05 et
S(0.015) 3 8 0
16 16 5
S(0.025) 1 5 0
12 16 5
S(0.05) 7 13 0
12 16 5
S(0.10) 1 14 16
12 16 16
A partir des résultats contenus dans le Tableau 23, nous choisissons une probabilité de mutation
Pm =0.025 qui offre de meilleures solutions. Voir les résultats des simulations en Annexe 3.
Nous présentons dans ce qui suit l’implémentation de l’algorithme génétique pour l’identification
de politique de renouvellement acceptables sur l’horizon de planification Ω=5ans . Nous
considérons la période de pointe pour le calcul des pressions au niveau des nœuds de
consommation. Nous définissons les paramètres de l’algorithme comme suit :
L’algorithme génétique va permettre d’en évaluer m.g=5.10 5 politiques. Nous considérons deux
situations. Dans la première, nous considérons que le coût de réparation ne tient pas compte des
impacts des défaillances. Les coûts indirectes et les coûts sociaux engendrés par une défaillance.
Nous ne disposons pas de données précises concernant ces coûts, nous proposons de pénaliser
les conduites vulnérables d’un point de vue structurel afin de tenir compte des ces coûts. Pour
chaque conduite j , nous considérons une pénalité Mj . Pour ce qui suit, nous considérons que
Mj=0 pour l’ensemble des conduites.
16,00
Millions
12,00
8,00
4,00
Figure 46. Les solutions non-dominées représentant des politiques de renouvellement acceptables
Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision 189
La simulation est effectuée à l’aide d’un ordinateur Pentium 4 équipé d’un processeur de 2 GHz .
La temps de calcul est d’environ 5h30. Le Tableau 24 illustre les solutions non dominées
proposées par l’algorithme génétique. Ces solutions représentent des politiques viables d’un point
de vue technique et économiques. Toutes les solutions respectent les contraintes sur les
pressions.
Tableau 26. Les conduites faisant l’objet de renouvellement dans la majorité des solutions
proposées
Identifiant des Travaux de renouvellement Identifiant des Travaux de renouvellement
conduites préconisés conduites préconisés
171 Renforcement 80 Renforcement
173 Renforcement 391 Renforcement
184 Remplacement 315 Renforcement
111 Renforcement 287 Renforcement
103 Renforcement 159 Renforcement
104 Renforcement 141 Renforcement
112 Renforcement 136 Remplacement
123 Remplacement 105 Renforcement
Après avoir identifié les conduites qui sont considérées par les politiques proposées, nous
analysons la répartition de ces conduites en fonction du critère de leur sélection à savoir la durée
de vie moyenne déterminée par PHM pour chaque conduite, l’indice ICH et IDN. Pour chaque
solution nous identifions le nombre de conduites considérées dans la politique proposée et le
critère de sélection.
Tableau 27. Répartition des conduites faisant l’objet de renouvellement en fonction du critère de
sélection
Politique (i) Nombre de conduites à Nombre de conduite en fonction du Proportion de conduites en fonction du
renouveler par politique critère de sélection critère de sélection
PHM IDN ICH PHM IDN ICH
1 25 3 11 11 0,12 0,44 0,44
2 26 3 13 10 0,12 0,50 0,38
3 23 3 10 10 0,13 0,43 0,43
4 22 3 9 10 0,14 0,41 0,45
5 21 3 8 10 0,14 0,38 0,48
6 16 1 6 9 0,06 0,38 0,56
7 13 1 4 8 0,08 0,31 0,62
8 14 1 4 9 0,07 0,29 0,64
9 12 1 4 7 0,08 0,33 0,58
10 13 1 4 8 0,08 0,31 0,62
11 9 1 2 6 0,11 0,22 0,67
12 13 1 5 7 0,08 0,38 0,54
13 14 1 4 9 0,07 0,29 0,64
14 10 1 3 6 0,10 0,30 0,60
15 12 1 4 7 0,08 0,33 0,58
16 11 1 3 7 0,09 0,27 0,64
17 14 1 5 8 0,07 0,36 0,57
18 15 1 6 8 0,07 0,40 0,53
Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision 191
Résultats
Les résultats obtenus indiquent que le modèle à tendance à favoriser les conduites
sélectionnées sur des critères liées à la fiabilité hydraulique à savoir IDN et ICH. Ce résultat
correspond à la détérioration hydraulique importante enregistrée à l’état initial où 61 nœuds
présentaient une déficience en pression. L’état du réseau nécessite donc une augmentation de
la capacité hydraulique avec un coût minimum. Comme les conduites faisant apparaître une
détérioration structurelle ne sont pas forcement vulnérables d’un point de vue hydraulique, le
modèle aura tendance à favoriser les conduites jouant un rôle important dans la desserte en
eau des usagers. Même si les politiques proposées favorisent les conduites critiques d’un
point de vue hydraulique, les résultats obtenus sont viables. Cependant ils diffèrent de la
pratique, car ils discriminent la détérioration structurelle. Nous proposons d’y pallier par
l’introduction de pénalités Mj pour tenir compte des coûts sociaux et des coûts indirects.
Nous tenons compte dans ce qui suit des coûts indirects et des coûts sociaux liés aux défaillances
par l’introduction des pénalités Mj afin de mieux tenir compte des conduites vulnérables d’un
point de vue structurelle. Nous utilisons les mêmes valeurs de paramètres pour l’algorithme
génétique.
41,60
Millions
39,00
36,40
33,80
31,20
28,60
Figure 47. Les solutions non dominées représentant des politiques de renouvellement acceptables
192 Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision
La Figure 47 présente les solutions non-dominées obtenues pour une pénalisation des coûts de
maintenance des conduites sélectionnées sur la base de la leur détérioration structurelle.
L’amélioration de la performance hydraulique traduite par la fonction objectif technique
s’accompagne d’une augmentation de la fonction objectif économique. Nous décrivons les
solutions obtenues dans le Tableau 28.
Tableau 29. Les conduites faisant l’objet de travaux dans la majorité des solutions proposées
Identifiant des Travaux de renouvellement Identifiant des Travaux de renouvellement
conduites préconisés conduites préconisés
171 Renforcement 80 Renforcement
173 Renforcement 391 Renforcement
184 Renforcement 315 Renforcement
111 Renforcement 287 Renforcement
103 Remplacement 159 Renforcement
104 Remplacement 112 Renforcement
298 Remplacement 188 Remplacement
123 Remplacement 105 Remplacement
117 Remplacement 293 Remplacement
273 Remplacement 292 Remplacement
384 Remplacement 101 Renforcement
318 Remplacement 383 Remplacement
313 Remplacement
Nous analysons la répartition de ces conduites en fonction du critère de leur sélection à savoir : la
durée de vie moyenne déterminée par PHM pour chaque conduite, l’indice ICH et IDN. Pour
chaque solution, nous identifions le nombre de conduites considérées dans la politique proposée
et le critère de sélection parmi les conduites candidates au renouvellement. Les résultats de
l’analyse sont contenus dans le Tableau 30.
Tableau 30. Répartition des conduites faisant l’objet de travaux en fonction du critère de sélection
Politique (i) Nombre de conduites Nombre de conduite en fonction du critère de Proportion de conduites en fonction du
par politique sélection critère de sélection
PHM IDN ICH PHM IDN ICH
1 31 10 11 10 0,32 0,35 0,32
2 20 8 4 8 0,40 0,20 0,40
3 17 9 3 5 0,53 0,18 0,29
4 18 9 2 7 0,50 0,11 0,39
5 19 9 3 7 0,47 0,16 0,37
6 24 9 5 10 0,38 0,21 0,42
7 25 10 5 10 0,40 0,20 0,40
8 25 10 5 10 0,40 0,20 0,40
9 25 10 5 10 0,40 0,20 0,40
Résultats
Les résultats obtenus indiquent que l’intégration des pénalités Mj a permis une homogénéité
dans le considération des conduites à renouveler. La proportion des conduites sélectionnées
en raison de leur détérioration structurelle est comprise entre 0.32 et 0.52. La proportion des
conduites sélectionnées sur la base de l’indice IDN est comprise entre 0.11 et 0.35 et la
proportion des conduites sélectionnées sur la base de l’ICH est comprise entre 0.29 et 0.42.
Les politique de renouvellement proposées offrent un compromis entre les critères liés à la
détérioration structurelle et le rôle des conduites d’un point de vue hydraulique. Ce résultat
est intéressant d’un point de vue pratique car il considère à la fois la structure du réseau et
son fonctionnement. L’existence d’une politique compromis parmi les politiques de
renouvellement proposée montre l’existence d’un ensemble de conduites sur lesquelles il est
important d’intervenir
4. Programmation pluriannuelle
Afin de proposer une programmation pluriannuelle du renouvellement, nous devons choisir une
politique de renouvellement à réaliser tout au long de l’horizon Ω. Nous sélectionnons la
politique dont le coût est minimum. Cette politique correspond à la politique 3 (Voir Tableau 31).
Elle correspond à 17 renouvellements dont 6 renforcements et 11 remplacements à l’identique.
La politique 3 est détaillée dans le Tableau 31. Elle correspond au renouvellement de 3615 m de
conduites.
30
Milliers
25
20
15
10
Figure 48. Les solution non dominées pour la première année de programmation pluriannuelle
196 Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision
Le modèle propose 3 solutions non dominées présentés par la Figure 48 et qui correspondent aux
travaux de renouvellement à réaliser à la première année de l’horizon de planification. La Figure
49 illustre ces solutions et la contrainte budgétaire annuelle. Nous proposons de choisir la
solution qui assure une utilisation optimale de l’enveloppe allouée. Cette solution correspond au
renforcement de la conduite 391, au remplacement de la conduite 298 et au remplacement de la
conduite 111. Le coût de cette politique est de 107488 €. La fonction objectif technique
F3 = 7 ,41 et la pression minimale enregistrée dans le réseau est de 16,29 m.
120
Milliers
Contrainte budgétaire
100
80
60
40
20
Nous procédons de la même manière pour déterminer les travaux à réaliser pour les années qui
suivent. Pour les conduites qui doivent subir des travaux de renouvellement à la première année,
les modifications de leurs caractéristiques hydrauliques sont effectuées. La longueur du
chromosome l=17 reste inchangé, mais les codes des conduites déjà considérées est égal à 1. Ceci
traduit la réalisation des travaux de renouvellement . Pour les conduites renouvelées, le coût est
réduit à 0 pour les années suivantes. L’analyse des simulations sur l’ensemble de l’horizon de
planification permet de proposer une programmation pluriannuelle qui respecte la contrainte
budgétaire annuelle et améliore le fonctionnement du réseau par l’augmentation de la pression
aux nœuds de consommation. Nous proposons une programmation pluriannuelle du
renouvellement dans le Tableau 32.
Pour la première année 2 des 3 conduites renouvelées ont été renouvelées en fonction de leur
détérioration structurelle. Pour l’année 2 , 1 conduite des 3 conduites renouvelées a été
renouvelée en raison de sa détérioration structurelle. Pour l’année 3, 3 conduites des 5
renouvelées ont été choisies par rapport à leur détérioration structurelle. Pour l’année 4 aucune
conduite n’a été renouvelée en fonction de sa détérioration structurelle. Pour l’année 5, 3
conduites des 4 renouvelées ont été renouvelées en raison de leur détérioration structurelle.
La répartition du coût des travaux de renouvellement à chaque année est décrite par la Figure 50.
120
Coût des travaux de renouvellement
Milliers
110
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
La contrainte budgétaire annuelle de 110 000 € est bien respectée. Les coûts des travaux de
renouvellement sont répartis de manière homogène sur l’ensemble de l’horizon de planification.
Ils varient entre 107488 € et 109502 €. Nous allons maintenant mesurer l’impact de la
programmation identifiée sur le fonctionnement du réseau. Nous proposons d’analyser
l’évolution de la pression minimale et de la performance hydraulique du réseau exprimée par la
fonction objectif F3 illustrées par les Figure 51 et la Figure 52. Nous présentons l’évolution de la
proportion de la longueur renouvelée chaque année par rapport à longueur des conduites
sélectionnées sur la base de la détérioration structurelle égale à 1685 m. Le calcul de cette
proportion permet de mesure l’impact de la programmation du renouvellement sur la structure
du réseau. En renouvelant les conduites vulnérables d’un point de vue structurel on évite la
198 Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision
survenue de nouvelles défaillances et donc les impacts de ces défaillances. Des impact qui sont
traduit par les coûts de réparation, les coûts sociaux et les coûts indirects.
9
Fonction objectif F 3
8,5
7,5
6,5
6
Année 0 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
25
Pression minimale
20
15
10
Horizon de planification
5
Année 0 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
1
Proportion de la longueur renouvelée
0,8
0,6
0,4
0,2
0
Année 0 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4
Résultats
Nous allons vérifier dans ce qui suit l’hypothèse émise dans le chapitre 1. Cette hypothèse
concerne la séquence de réalisation de travaux et son impact sur le fonctionnement du réseau.
Il ne suffit pas de trouver une programmation pluriannuelle acceptable, mais il est nécessaire de
mesurer son impact sur le réseau. Pour chaque année, l’algorithme d’optimisation propose des
solutions non-dominées qui correspondent aux travaux à réaliser. Pour une enveloppe budgétaire
annuelle identique tout au long de l’horizon de planification répartie de manière égale, nous
identifions 3 autres programmes de renouvellement. Chaque programme est défini par :
En se basant sur la simulation effectuée dans le §4.1 pour l’identification d’une programmation
pluriannuelle et les résultats obtenus à l’aide de Program_annuel nous identifions 3 autres
programmes de renouvellement qui proposent les mêmes travaux de renouvellement mais dont
l’ordre de réalisation d’une année à l’autre est différent. Les programmes de renouvellement sont
présentés dans le Tableau 33, le Tableau 34 et le Tableau 35.
Critère ICH ICH PHM PHM IDN PHM ICH PHM PHM PHM PHM PHM IDN ICH PHM IDN ICH
Conduite 391 80 273 298 313 318 171 383 384 161 292 293 173 184 111 105 123
Année 1
Année 2
Année 3
Année 4
Année 5
Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision 201
En se basant sur les travaux de renouvellement à réaliser et les conduites devant faire l’objet de
travaux, nous remarquons la même programmation pour la première année. Cette dernière est la
seule à permettre un respect de la contrainte budgétaire et une amélioration significative du
fonctionnement du réseau en se référant aux Figure 48 et Figure 49. Pour les autres années, la
programmation pluriannuelle est différente. Chaque programme propose des travaux à réaliser
sur des conduites différentes pour la même année de programmation. La séquence et l’ordre de
réalisation des travaux sont distincts. Nous allons comparer dans ce qui suit la répartition des
coûts de renouvellement pour les 4 programmes proposés. L’évolution est présentée dans la
Figure 54.
120
Milliers
110
100
90
Programme 1
80
70 Programme 2
60 Programme 3
50 Programme 4
40
30
20
10
0
Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
Figure 54. Répartition des coûts de renouvellement pour les 4 programmes identifiés
202 Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision
L’évolution des coûts de renouvellement est sensiblement la même pour les 4 programmes
identifiés. D’une année à l’autre la différence du budget à allouer est faible. Nous allons
maintenant comparer la longueur des conduites renouvelées à chaque année. La Figure 55 illustre
la longueur du réseau renouvelée à chaque année.
800
Programme 1
Programme 2
400 Programme 3
Programme 4
0
Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
L’analyse de la Figure 55 fait apparaître une différence à partir de la deuxième année dans la
longueur du réseau renouvelée à chaque année qui varie entre 650 m et 770 m. Malgré un coût de
renouvellement sensiblement égal tout au long de l’horizon de planification, cette différence peut
s’expliquer par la présence de travaux de nature différente qui sont le renouvellement et le
renforcement. Comme les coûts de ces travaux ne sont pas identiques, pour une même enveloppe
budgétaire il est possible de remplacer une longueur de réseau plus importante que de la
renforcer. L’autre point concerne le choix des conduites à renouveler à chaque année qui n’est
pas le même pour les programmes identifiées. Nous proposons de comparer l’évolution de la
performance hydraulique du réseau dans le réseau pour les programmes identifiés et la
proportion de la longueur des conduites renouvelées en réseau de leur détérioration structurelle.
Les résultats sont présentés par la Figure 56 et la Figure 57.
Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision 203
Fonction objectif F3
8,5
8 Programme 1
Programme 2
Programme 3
7,5
Programme 4
6,5
6
Année 0 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
1
Porportion de la longueur renouvelée
0,8
Programme 1
0,6 Programme 2
Programme 3
Programme 4
0,4
0,2
0
Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
le Programme 4 paraît moins performant que les autres programmes jusqu'à l’année 3.
la performance hydraulique atteint son niveau maximum à l’année 4 .
Les résultats obtenus confirment bien l’hypothèse qui concerne l’impact de la programmation
pluriannuelle du renouvellement. Pour une évolution sensiblement identique des coûts de
renouvellement, l’impact sur le fonctionnement et la structure du réseau est différent. Nous
proposons d’analyser le niveau de pression dans le réseau afin de connaître l’année à partir de
laquelle la contrainte sur la pression minimum est respectée. Voir Figure 58.
25
Pression minimale
20
Programme 1
Programme 2
15 Programme 3
Programme 4
10
5
Année 0 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
Résultats
Tableau 38. Programme des travaux pour le scénario 2, augmentation du budget de 10 % par an.
Critère ICH ICH PHM PHM IDN PHM ICH PHM PHM PHM PHM PHM IDN ICH PHM IDN ICH
Conduite 391 80 273 298 313 318 171 383 384 161 292 293 173 184 111 105 123
Année 1
Année 2
Année 3
Année 4
Année 5
Le programme des travaux de renouvellement pour le scénario 3 est décrit dans Tableau 39.
Tableau 39. Programme des travaux pour le scénario 3, diminution du budget de 10 % par an.
Critère ICH ICH PHM PHM IDN PHM ICH PHM PHM PHM PHM PHM IDN ICH PHM IDN ICH
Conduite 391 80 273 298 313 318 171 383 384 161 292 293 173 184 111 105 123
Année 1
Année 2
Année 3
Année 4
Année 5
Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision 207
Nous remarquons que l’ordre de réalisation des travaux et l’année de réalisation sont différent
d’un programme à l’autre. La répartition du budget influence le choix des conduites et la
séquence de réalisation des travaux de renouvellement. Nous comparons les programmes de
renouvellement proposés avec le programme 1, en se basant sur les mêmes critères utilisés
précédemment. Le premier critère concerne la répartition des coûts de renouvellement.
L’évolution des coûts de renouvellement est représentée par la Figure 59. Pour une répartition de
coût différente, les programmes proposés sont réalisables. Nous pouvons considérer une
alternative différente à une répartition homogène du budget sur l’horizon de planification.
140
Milliers
130
120
110
100
90 Scénario 1
80 Scénario 2
70
60 Scénario 3
50
40
30
20
10
0
Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
Nous mesurons l’impact des programmes de renouvellement proposés sur la longueur du réseau
renouvelée qui est présenté dans la Figure 60 .
900
Scénario 1
Scénario 2
450
Scénario 3
0
Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
Figure 60. Evolution de la longueur du réseau renouvelée pour les 3 scénarios
208 Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision
9
Fonction objectif F3
8,5
7,5 Scénario 1
Scénario 2
7 Scénario 3
6,5
6
Année 0 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
Figure 61. Evolution de la performance hydraulique dans le réseau pour les 3 scénarios
1
Porportion de la longueur renouvelée
0,8
0,6 Scénario 1
Scénario 2
Scénario 3
0,4
0,2
0
Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
L’impact de la programmation pluriannuelle sur le réseau est différent d’un point de vue
structurelle et hydraulique. En effet le scénario 1 permet une amélioration plus rapide et plus
importante que les deux autres scénarios de la performance hydraulique du réseau. Le scénario 3
offre une amélioration plus importante de la structure du réseau par rapport aux autres scénarios.
Le programme proposé par le scénario 2 permet d’utiliser une enveloppe budgétaire inférieure au
départ et qui croit au fur et à mesure idéale en cas d’insuffisance de ressources financières en
début de programmation. Cependant l’impact sur la performance et la structure du réseau est plus
faible que pour les autres programmes. Le programme proposé par le scénario 2 semble le moins
performant. A l’image des résultats obtenus nous ne pouvons pas discriminer le Scénario 1 et le
Scénario 3 car il présentent des caractéristiques différentes. En effet le scénario 1 offre une
meilleure performance hydraulique tout au long de l’horizon de planification, alors que le
Scénario 3 assure une amélioration plus importante de la structure du réseau et permet de
renouveler plus de conduites pendant l’année 1, l’année2 et l’année 4.
Résultats
Les résultats obtenus montrent que la programmation pluriannuelle est sensible à la variation
de l’enveloppe budgétaire annuelle. L’impact sur la performance du réseau dépend de la
politique budgétaire adoptée. Pour l’étude de sensibilité effectuée, le scénario 1 semble
donner la meilleure amélioration du fonctionnement hydraulique du réseau. Ce scénario
correspond à une répartition égale de l’enveloppe budgétaire sur l’ensemble de l’horizon de
planification. Le scénario 3 qui correspond à une diminution du budget de 10% offre une
amélioration importante de la structure du réseau ce qui permet d’éviter l’impact de la
survenue des défaillances. Des impacts qui sont évalués en terme de coûts directs et indirects.
Grâce à la disponibilité d’une enveloppe budgétaire plus importante en début de simulation, il
permet de renouveler un nombre plus important de conduite et une longueur plus grande du
réseau. Il présente une alternative intéressante au scénario 1. La disponibilité d’une enveloppe
budgétaire importante à la première année peut présenter un inconvénient pour le service de
l’eau. Le scénario 2 qui correspondant à une augmentation de l’enveloppe budgétaire de 10
% par an semble plus intéressant car il permet d’amorcer le programme de renouvellement
avec un budget moins important et l’accroître d’une année à l’autre. Cependant les
performances d’un point de vue hydraulique et structurel du programme issu du Scénario 2
sont moins bonnes que pour les autres Scénarios. La démarche de programmation
pluriannuelle proposée permet de comparer un ensemble de programmes de renouvellement.
Elle mesurer l’impact de la disponibilité des ressources financières et leur répartition dans le
temps sur la réalisation des travaux de renouvellement et la performance du réseau.
210 Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision
5. Conclusion
La démarche de sélection des conduites nécessite la définition de seuils critiques rendant les
conduites prioritaires. L’utilisation de l’algorithme génétique pour la génération et l’évaluation de
politiques de renouvellement a permis de proposer un ensemble de politiques acceptables. Nous
détaillons dans ce chapitre une approche pour la détermination des paramètres de l’algorithme
génétique en comparant plusieurs simulations avec des paramètres différents. Deux cas ont été
considérés. Le premier ne tient pas compte de coûts sociaux et considère des coûts liés à la
réparation de la conduite sans tenir compte des impacts des défaillances. Le deuxième cas tient
compte des coûts sociaux par l’introduction d’une pénalité forte qui caractérise les coûts de
réparation des conduites critiques d’un point de vue structurel. Ceci permet de mieux tenir
compte des conduites vulnérables d’un point de vue hydraulique. Les politiques de
renouvellement proposées avaient tendance à favoriser les conduites dont le rôle est important
d’un point de vue hydraulique, négligeant ainsi les conduites faisant apparaître une détérioration
physique importante. Cela s’explique par la fait que les conduites vulnérables d’un point de vue
structurel ne jouent pas automatiquement un rôle important dans la desserte en eau et à la
déficience importante en pression constatée qui peut traduire un sous dimensionnement du
réseau. Il ressort de l’implémentation du modèle que l’on doit attacher une attention particulière à
l’estimation des coûts indirects et les coûts sociaux. Nous préconisons d’apporter une évaluation
plus fine et un développement particulier dans l’estimation de ces coûts.
Nous avons considéré une pénalité dans le calcul des coûts de réparation pour tenir compte des
coûts indirects et les coûts sociaux liés aux défaillances. Plusieurs politiques de renouvellement
ont été proposées. Une politique compromis identifie un ensemble spécifique de conduites sur
lesquelles la plupart des politiques de renouvellement réalisent des travaux de renouvellement. Ce
résultat montre que les politiques de renouvellement ne sont pas totalement différentes.
Chapitre 6 – Implémentation du modèle d’aide à la décision 211
Dans le cadre de l’application présentée dans ce chapitre, nous avons opté pour la politique la
moins coûteuse.
La démarche de programmation pluriannuelle que nous avons élaborée offre des solutions
réalisables. Elle permettent d’améliorer la performance du réseau, un lissage des travaux de
renouvellement et un respect de la contrainte budgétaire annuelle. Il apparaît de l’analyse des
résultats, que la performance du réseau dépend du choix des conduites à considérer à une année
donnée et des travaux programmés d’une année à l’autre. Les résultats montrent que plusieurs
programmes sont possibles.
Nous proposons une comparaison de ces programmes à travers l’analyse de l’évolution des coûts
des travaux de renouvellement, de la longueur du réseau renouvelée, de l’évolution de la
performance hydraulique et de la pression disponible dans le réseau. L’impact des programmes
évalués sur le réseau n’est pas similaire d’un point de vue hydraulique et structurel. Certains
programmes favorisent un aspect par rapport à l’autre. L’intérêt de la programmation
pluriannuelle que nous avons élaborée est de pouvoir décrire et évaluer chaque programme. Le
choix d’un programme de renouvellement dépend de la pratique du service de l’eau et du
contexte dans lequel il se trouve.
L e travail de thèse a permis de proposer une approche pour le renouvellement des réseaux
d’Alimentation en Eau Potable (AEP) et sa programmation sous contraintes budgétaires. A
travers l’analyse de la littérature effectuée, nous avons établi un lien important entre le
renouvellement et la gestion du réseau AEP. Il ressort du travail de thèse que la problématique du
renouvellement ne peut être dissociée de la gestion du réseau dans sons ensemble à court, moyen
et long terme. Le renouvellement s’inscrit dans une politique de gestion du patrimoine. Un
patrimoine qui est constitué par les conduites, les organes et dispositifs hydrauliques constituant
le réseau. En ce sens nous proposons une adaptation du processus de gestion du patrimoine,
pour la gestion du réseau de manière globale.
L’autre résultat important et la proposition d’une typologie des modèles et approches pour le
renouvellement différente de celles rencontrées dans la littérature. D’une manière générale, ils
sont différenciés en fonction des outils et méthodes mathématiques qu’ils utilisent. Nous
proposons une typologie qui se base sur l’objet de chaque approche à savoir :
L’approche que nous proposons pour le renouvellement se distingue par rapport aux travaux
identifiés dans la littérature par :
La décision de renouvellement doit tenir compte du réseau dans son ensemble. Elle s’effectue à
l’échelle du réseau et non pas à l’échelle de la conduite. Il est donc important d’évaluer l’impact
de l’indisponibilité d’une conduite sur le fonctionnement du réseau. Nous avons proposé un
benchmarking d’un ensemble de méthodes et d’outils pour la mesure de la fiabilité hydraulique des
réseaux. Ceci nous a permis de proposer un outil informatique Mesure_fiabilité qui évalue
l’importance hydraulique de chaque conduite dans un réseau en cas de défaillance. L’outil
élaborée fonctionne sous Excel®.
Conclusion générale 215
Nous avons proposé une formalisation de l’approche pour le renouvellement à travers un modèle
d’aide à la décision qui utilise des données liées aux conduites et au coûts de renouvellement.
Trois alternatives de renouvellement ont été considérées qui traduisent la pratique du
renouvellement en France à savoir : Ne rien faire et réparer en cas de défaillance, remplacer à
l’identique et renforcer. L’approche d’optimisation multiobjectif est implémentée à l’aide d’un
algorithme génétique que nous avons élaboré en nous inspirant de l’algorithme NSGA II. Le
travail de thèse propose une modélisation de la problématique de renouvellement à l’aide de
l’algorithme génétique en proposant un codage spécifique qui correspond au travaux de
renouvellement, des procédures spécifiques pour le calcul des fonctions objectif, de classement et
de prise en compte des contraintes.
L’application du modèle sur un réseau de taille réelle d’un syndicat de communes en Alsace, se
trouvant en milieu rural montre que l’algorithme génétique est sensible à la valeur des probabilités
de croisement et de mutation. Nous proposons une approche détaillée pour la détermination de
ces paramètres. Il s’avère que le modèle est sensible à la définition des coûts de réparation des
conduites. Les conduites vulnérables d’un point de vue structurel ne le sont pas nécessairement
d’un point de vue hydraulique. Une pénalisation des coûts de réparation pour traduire les coûts
sociaux liés aux défaillances a été nécessaire pour que le choix des conduites à renouveler soit
homogène entre les conduites sélectionnées sur la base de leur importance hydraulique et leur
détérioration structurelle. Le modèle propose un ensemble de politiques de renouvellement
viables d’un point de vue technique et économique, qui doivent être réalisées sur un horizon de
planification n’excédant pas 5 années. L’utilisation d’une approche d’optimisation multiobjectif a
permis d’identifier plusieurs solutions et non une solution unique. Des solutions qui représentent
un panel de politiques de renouvellement. Le choix d’une politique portera sur celle qui
corresponde le plus aux attentes du gestionnaire du service de l’eau et à l’état du réseau AEP.
Dans le cadre de la thèse, le choix de la politique a porté sur la politique la moins coûteuse. Le
coût de cette politique a permis d’estimer le budget nécessaire pour sa mise en œuvre.
L’utilisation de la macro Program_annuel que nous avons élaborée propose un ensemble de
programmations pluriannuelles. Ceci en considérant une répartition égale du budget sur l’horizon
de planification. Les programmes proposés sont réalisables mais offrent un impact différent sur
la performance hydraulique et la structure du réseau. Il apparaît que la séquence de réalisation des
travaux et le choix des conduites déterminent l’impact de la programmation pluriannuelle sur le
fonctionnement du réseau.
Conclusion générale 216
Les politiques de renouvellement traduisent des décisions à l’échelle des conduites mais qui
tiennent compte du réseau dans son ensemble. Le modèle permet d’évaluer un nombre important
de politiques et de sélectionner celles qui sont viables d’un point du vue technique et
économique. Le modèle que nous proposons se présente comme un outil d’aide à la décision
opérationnel, la décision finale revient au gestionnaire du service de l’eau.
Une des améliorations possibles concerne la complexité des algorithmes proposés afin de réduire
le temps de calcul. Le modèle peut évoluer vers un logiciel pour le renouvellement des réseaux
AEP. Pour assurer une utilisation adéquate du modèle, il est important de décrire la coordination
entre les services (techniques, financiers) que comporte le service d’eau en terme d’échange de
données et la mise en place du modèle d’aide à la décision proposé. Ceci permettra d’assurer la
disponibilité des données nécessaires et une concertation dans la prise de décision en matière de
renouvellement. Il est nécessaire de tenir compte aussi de la coordination entre le service de l’eau
et les autres services qui peuvent intervenir sur la chaussée à savoir : le service de voirie,
électricité, gaz, chauffage urbain.
Le modèle propose de considérer les travaux de voirie dans la sélection des conduites vulnérables
et la programmation du renouvellement, en l’absence de données du service de voirie nous
n’avons pas pu prendre en compte l’aspect lié à la voirie. Il serait intéressant de mesurer l’impact
de l’exploitation des données concernant la chaussée sur la réalisation des travaux de
renouvellement. Les solutions proposées par le modèle doivent être validées par le gestionnaire
du service d’eau et les opérateurs sur le terrain. Il est important de vérifier leur faisabilité .
Le modèle doit être compris et adapter à la pratique du service d’eau pour une utilisation
adéquate.
Le modèle proposé s’intéresse considère le renouvellement des conduites d’eau potable. Nous
pensons qu’il peut être amélioré par la prise en compte des défaillances des organes hydrauliques
composant le réseau à savoir les pompes, vannes pour s’approcher le plus du fonctionnement réel
du réseau. D’autres alternatives de renouvellement peuvent être introduites.
Nous pensons qu’il est possible d’adapter l’approche proposée pour le dimensionnent des réseau,
de manière à réduire les coûts de conception et assurer un niveau de performance adéquat du
réseau.
L’autre perspective est de généraliser l’approche proposer pour des problématiques similaires
faisant apparaître la notion de réseau. Il s’agit de pouvoir adapter l’approche pour le
renouvellement développée dans le cadre de la thèse en fonction du problème étudié à titre
d’exemple : la réhabilitation des ponts, la réhabilitation des autoroutes, maintenance des réseaux
électriques, la maintenance des réseaux d’assainissement.
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Annexes
Annexe 1 – Financement du renouvellement des réseaux AEP 230
Une étude menée par (Debi & Risser, 1994)(Alexandre, 1993)(Paulet & Savrot, 1999) présente
quatre systèmes départementaux spécifiques de financement du renouvellement qui sont ceux de
la Vendée, de la Charente-Maritime, de l’Aube et du Rhône. Elle identifie la problématique liée au
financement du renouvellement des réseaux potables :
Nous distinguons plusieurs sources de financement du renouvellement pour les services d’eau et
d’assainissement à savoir :
l’autofinancement
les subventions
l’emprunt
2.1 L’autofinancement
une source de financement à long terme pour un besoin de renouvellement non prévu ;
231 Annexe 1 – Financement du renouvellement des réseaux AEP
un gain pour les services distributeurs liés au non recours à l’emprunt, aux
économies d’échelle (globalisation des travaux, globalisation des emprunts) ;
un moyen de limiter l’incidence du renouvellement sur le prix de l’eau.
2.1.1 L’amortissement
Il représente une source importante d’autofinancement. Amortir consiste à étaler une charge
irréversible sur une période de temps déterminée. L’amortissement est lié à un investissement
pour chaque immobilisation, l’entreprise doit s’interroger sur son amortissement selon que cet
investissement est financier ou considéré comme un bien.
L’amortissement de caducité qui exprime la valeur étalée sur la durée du contrat de gestion
déléguée restant à couvrir des immobilisations mises dans le domaine public par le gestionnaire
délégué.
Après la loi sur la décentralisation, les collectivités locales disposent d’une large autonomie pour
gérer leur service de distribution d’eau potable. L’état conserve une responsabilité de contrôle en
matière d’administration et finance.
1 . Instruction M49 applicable au 1er janvier 1992 par les services d’eau de plus de 5000 habitants qui prévoit la
comptabilisation de l’amortissement technique quelle que soit la taille et le statut des régies.
Annexe 1 – Financement du renouvellement des réseaux AEP 232
L’amortissement doit pouvoir servir pour couvrir l’amortissement financier, il est donc conseillé
d’ajuster le rythme de l’amortissement technique à l’amortissement financier. Cela revient à
adopter un rythme progressif d’amortissement. L’amortissement est un mécanisme systématique.
Amortissement
2.1.2 Le placement
Placement budgétaire des fonds provenant de la cession d’un élément soit par émission
Ces placements sont possibles qu’après accord du Trésor Public, les SPIC exploités sous forme
d’une régie dotée d’une autonomie financière ou de la personnalité morale qui ont le droit de
placer leurs valeurs obligatoires ou facultatives en valeurs du trésor.
2.2 L’emprunt
Souvent possible si le renouvellement n’est pas à l’identique. Possibilité d’avoir des subventions
d’organismes : des Agences de l’eau, Départements, la Communauté Européenne.
Annexe 2 – Les modes de gestion des services de l’eau 234
Il existe plusieurs modes de gestion (Bourdin, 1998) des services d’eau, régie, délégation,
affermage, concession. Chaque mode de gestion présente des particularités en terme de gestion
de la maintenance du réseau et de ses équipements. Le renouvellement des conduites est
généralement à la charge de la commune propriétaire du réseau AEP sauf dans le cas d’une
concession où le délégataire assure le renouvellement du réseau. Indépendamment du mode de
gestion du service d’eau, l’article 2224-1 du CGCT est précis en matière de financement des
services : « Les budgets des Services Publics à caractère Industriel ou Commercial exploités en
régie, affermés ou concédés par les communes doivent être équilibrés en recettes et en dépenses.
La gestion est dite directe quand le service est exploité dans le cadre d’une régie où la gestion du
service public est assurée par le conseil municipal ou un conseil de communauté de communes
ou groupement.
La gestion directe s’effectue dans le cadre d’une structure juridique : régie. Celle ci peut se faire
selon trois catégories : régie directe, régie avec autonomie financière et régie disposant de la
personnalité morale. La gestion en régie s’effectue sous contrôle direct du conseil municipal. Une
régie est un service public à caractère industriel et commercial (SPIC) dont la mission est
l’exploitation du réseau AEP et l’approvisionnement des abonnés en eau potable en respectant un
ensemble de conditions liées à l’équité dans l’accès à la ressource en eau, la transparence et la
continuité du service. C’est donc la commune ou le syndicat de communes qui assument la
responsabilité complète en matière d’investissement et de fonctionnement du service d’eau.
Régie dotée de l’autonomie financière, la gestion directe est assurée par l’assemblée délibérante,
décision en matière : d’approbation du budget, fixation des tarifs, passation de marchés.
Annexe 2 – Les modes de gestion des services de l’eau 235
Nomination d’un directeur (par le maire après consultation du conseil d’exploitation, rôle
consultatif) qui veille au bon fonctionnement du service.
Autonomie sur le plan financier et doté de la personnalité morale qui assure une gestion
complétée du service d’eau d’un point de vue économique, administrative, financier et juridique.
Disposant d’organes de gestion propre, constituant un établissement public à part entière,
administré par un conseil d’administration et un directeur. C’est l’assemblée institutive qui fixe le
tarif de l’eau et/ou la redevance d’assainissement.
La gestion déléguée assure la gestion du service d’eau et d’assainissement par un opérateur privée
à travers un contrat dont la durée est variable en fonction des prestations demandées et qui
stipule la responsabilité du délégataire en matière d’exploitation et d’investissement. La loi sapin
du 29 Janvier 1993 soumet les délégataires à des contraintes et obligations spécifiques.
1.3 La concession
Mode absolu de délégation, par cette convention on délègue la gestion du service à une personne
publique, physique ou morale de droit public ou privé pendant une période contractuellement
déterminée moyennant le droit de percevoir des redevances payées par les usagers.
Avec la concession, le délégataire est responsable de la gestion du service public à ses risques et
périls. Ainsi, il est responsable de la prestation fournie aux usagers et vis à vis des tiers
(notamment en cas d’accident).
1.4 L’Affermage
Forme la plus utilisée dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Le délégant confie à un tiers
(le fermier) à ces risques et périls l’exploitation d’un service public. Les investissements relèvent
de la compétence de l’autorité délégante. Le Fermier est l’interlocuteur de l’usager, il assure la
facturation, perçoit les redevances et assume la responsabilité juridique du fonctionnement du
service.
Annexe 2 – Les modes de gestion des services de l’eau 236
C’est la collectivité qui finance elle-même le service et confie son exploitation et l’entretien à une
personne physique et morale, de droit privé ou public moyennant une rémunération, non
supportée par les usagers mais proportionnelle au chiffre d’affaire réalisé.
1.5.2 La gérance
Dans le cadre de la thèse nous nous intéressons aux régies. Nous présentons l’instruction
comptable M49 obligatoire depuis 1992 pour les services d’eau de plus de 5000 abonnés et les
Annexe 2 – Les modes de gestion des services de l’eau 237
différents modes de gestion des services de l’eau en mettant l’accent sur la gestion budgétaire et
la pratique de l’amortissement.
Les conduites d’alimentation représentent des immobilisations, qui sont amorties ainsi que les
autres organes du réseau sur une durée de vie comptable qui est d’environ 70 ans pour les
conduites d’eau. La pratique de l’amortissement génère une ressource financière qui peut
contribuer au financement des travaux de renouvellement, le reste est généralement assuré à l’aide
d’emprunts ou de crédits.
Annexe 3 – Définition des paramètres de l’algorithme génétique 238
45,00 45,00
Millions
Fonction objectif F2
Millions
Fonction objectif F2
40,00 40,00
35,00 35,00
30,00 30,00
25,00 25,00
20,00 20,00
15,00 15,00
10,00 10,00
5,00 5,00
Fonction objectif F 1 Fonction objectif F 1
0,00 0,00
8,50 9,00 9,50 8,50 9,00 9,50
Figure 1. Solutions obtenues pour Pc=0.90 Figure 2. Solutions obtenues pour Pc=0.95
Pm=0.015, m=200 et gen=10 Pm=0.015, m=200 et gen=100.
45,00 45,00
Millions
Millions
Fonction objectif F2
Fonction objectif F2
40,00 40,00
35,00 35,00
30,00 30,00
25,00
. 25,00
20,00 20,00
15,00 15,00
10,00 10,00
5,00 5,00
Fonction objectif F 1 Fonction objectif F 1
0,00 0,00
8,50 9,00 9,50 8,50 9,00 9,50
Figure 3. Solutions obtenues pour Pc=1.00 Figure 4. Solutions obtenues pour Pc=0.85
Pm=0.015, m=200 et gen=100. Pm=0.015, m=200 et gen=100.
Les simulations illustrées ci-dessus ont permis de calculer la métrique C présentées dans le
Chapitre 5. Cette métrique permet de comparer les résultats des simulations. La probabilité
Pc=0.90 semble donner les meilleurs résultats. Nous fixons la probabilité de croisement et
modifions la probabilité de mutation. Les résultats des simulations effectuées sont les suivants :
239 Annexe 3 – Définition des paramètres de l’algorithme génétique
45,00 45,00
Millions
Millions
Fonction objectif F2
Fonction objectif F2
40,00 40,00
35,00 35,00
30,00 30,00
25,00 25,00
20,00 20,00
15,00 15,00
10,00 10,00
5,00 5,00
Fonction objectif F 1
0,00 Fonction objectif F 1
0,00
8,50 9,00 9,50
8,50 9,00 9,50
Figure 5. Solutions obtenues pour Pc=0.90 Figure 6. Solutions obtenues pour Pc=0.90
Pm=0.10, m=200 et gen=100. Pm=0.025, m=200 et gen=100.
45,00 45,00
Millions
Millions
Fonction objectif F2
Fonction objectif F2
40,00 40,00
35,00 35,00
30,00 30,00
25,00 25,00
20,00 20,00
15,00 15,00
10,00 10,00
5,00 5,00
Fonction objectif F 1 Fonction objectif F 1
0,00 0,00
8,50 9,00 9,50 8,50 9,00 9,50
Figure 7. Solutions obtenues pour Pc=0.90 Figure 8. Solutions obtenues pour Pc=0.90
Pm=0.05, m=200 et gen=100. Pm=0.015, m=200 et gen=100.
Résumé
Abstract
The thesis deals with the problematic of the renewal programming of public infrastructures built in the
within a network structure: Highway networks, bridges networks, electrical supply networks, transport
networks and in particular the water networks. A sustainable management of infrastructure assets is
required in order to improve continuously their performance. Renewal works are needed to ensure the
continuity of the service access, to reduce operations costs, maintenance costs and enhance the
performance of the infrastructures. This investment do not generate necessarily a cash flow that cause a
difficulty for the public utilities to support them. It represent also an asset and a patrimony with
important service life. The asset management allows monitoring of infrastructures and programming the
required works to be implemented to ensure a right operation of infrastructure over their service life. This
approach need to take into the decision making process economic, technical and social criteria. This work
propose a decision making tool inspired from asset management approach that allows to assess the
required renewals , to select and program over a given time step the required annual works. We consider
uncertainty sources linked with the state of the asset and the availability of financial resources. The asset
considered in the thesis is consisted of the pipes forming the water networks. The developed tool propose
an acceptable sequence of interventions on the water network by the identification of pipes which need
renewal work and allows to identify the nature of the required intervention according to constrained
related to available financial resources and technical conditions of water network operation over a given
time step. The model uses a multiobjective optimisation using the Pareto optimality with the help of a
specific genetic algorithm and hydraulic simulation software for the search of feasible renewal policies, the
selection of the right policy among proposed one remains to water utility manager.
Key-words : genetic algorithm, decision making, budgeting, reliability, asset management, water
networks,renewal, annual programming, multiobjective optimisation, hydraulique simuation.