Introduction

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Introduction : pourquoi la sociologie est-elle nécessaire ?

Définition : La sociologie est l'étude des relations, actions et représentations sociales par
lesquelles se constituent les sociétés. Elle vise à comprendre comment les sociétés
fonctionnent et se transforment.

Ainsi dans vos formations respectives, cette première approche de la sociologie vous
permettra de mieux comprendre et percevoir le monde qui nous entoure, et d’éviter de faire
de la science « déconnectée ». Par exemple la sociologie peut permettre de comprendre
pourquoi des lois, des règles ne sont pas appliquées dans tel groupe de population, pourquoi
elles sont respectées dans d’autres … En économie, la sociologie permettra d’éviter de
prendre des décisions qui seront mal perçues par la population et donc inefficaces (par
exemple des taxes sur des pratiques nocives pour l’environnement).
Connaître la sociologie permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure, le
comportement des populations, les pratiques d’une société …

Dans ce cours nous n’aborderons que quelques notions de sociologie, qui pourront être revue
et complétée l’année prochaine en L2, ou en L3 en fonction des colorations de vos parcours.

Une jeune discipline


La sociologie est une discipline plus récente que l’économie et évidemment que le droit, elle
est enseignée dans un premier temps par des philosophes parce qu’il n’existait pas de chaire
de sociologie dans l’université du 19ème siècle. La sociologie en tant que discipline émerge
lentement au cours du 19ème siècle.
La sociologie se développe avec la complexification des sociétés. Elle est un instrument de
compréhension des hommes et des interrelations qu’ils construisent dans leurs pratiques
quotidiennes.

La sociologie est une discipline des sciences humaines qui fait appel à la l’ethnologie (étude
des groupes humains), à l’anthropologie (science de l’homme, dans sa dimension culturelle
comme les croyances ou les pratiques) et aussi à la philosophie. Elle permet l’étude des
sociétés humaines, des groupes sociaux et de leur organisation.

Comprendre la société permet de corriger, orienter les politiques.


Ainsi, lorsqu’on parle de l’école, la sociologie permet de comprendre s’il existe un
déterminisme (chacun peut-il choisir son orientation ?), si la réussite est égalitaire (le milieu
social intervient-il dans la réussite), si l’environnement social, familial est déterminant dans le
parcours scolaire (les PCS des parents jouent elles un rôle dans la scolarisation de l’enfant), si
l’enseignant est neutre, si l’institution l’est également …
Attention, la sociologie n’est pas une discipline ayant pour objectif de prendre des décisions
politiques, de justifier des comportements … La sociologie amène des clés de lecture d’un
problème social. Elle ne prétend rien résoudre.
Des outils, une posture
Pour faire de la sociologie, il faut utiliser les outils adéquats et notamment opérer une
distanciation nécessaire par rapport à l’objet d’observation. Ce recul, cette neutralité
indispensable pour l’observation doit permettre une objectivité nécessaire pour analyser la
situation. Si l’on se projette dans ce que l’on observe, l’objet de l’étude sera transformé. Ainsi
pour la sociologie de l’école, analyser la situation actuelle sous le regard de son propre
parcours amène à biaiser l’observation. Cependant, cette distanciation est difficile à opérer.
On peut également pratiquer de l’observation participante, c’est-à-dire agir avec le sujet que
l’on observe. Un certain nombre de sociologue font des enquêtes de terrain, en se faisant
embaucher dans une entreprise, pour comprendre, de l’intérieur comment elle fonctionne.
Les exemples sont nombreux, notamment, Marlène Benquet qui a été embauchée dans la
grande distribution et a travaillé entre autres à la caisse d’une grande surface ; ou encore
Nicolas Jounin qui s’est fait embaucher dans une entreprise de bâtiment comme maçon
pendant un an ; ou Olivier Godechot qui a été embauché comme trader pour travailler dans
une salle de marché. Dans ces cas, la pratique est différente, puisque les auteurs interagissent
avec ceux qu’ils observent.

La sociologie utilise outre l’observation, l’entretien comme principaux éléments de travail. Il


s’agit de laisser parler une personne (entretien non directif), ou semi directif (on oriente la
personne qui parle vers des sujets).
Le sociologue se constitue un matériau avec les entretiens, avec l’observation … puis il va
devoir l’analyser, le décrypter, en prenant garde de ne pas faire dire aux personnes qu’il a
interviewé ce qu’il souhaite qu’elles disent (le contraire des hommes politiques ou de certains
journalistes !)

La sociologie utilise une méthode empirique (elle s’appuie sur l’expérience, ce que l’on voit,
ce que l’on entend) qui s’appuie sur des outils pour objectiver les représentations.
L'objectivation a pour principe dans ce cadre d'« expliquer ce que les gens font à partir non de
ce que les gens disent de ce qu'ils font, mais de ce qu'ils sont » (Bourdieu, Passeron et
Chamboredon, 1968)
Objectiver exprimer quelque chose, le réaliser, le définir, lui donner une forme concrète.
Lorsque l’on observe l’école, on va constater que la répartition des élèves, les étudiants dans
les filières, ou dans les spécialités (pour le nouveau lycée) suit une certaine régularité, c’est-à-
dire que cette répartition ne peut pas être le simple fruit du hasard, elle présente une certaine
régularité. C’est celle-ci que l’on observe, et qu’on essaye de comprendre. Quels sont les
déterminants de ce fait ?
Cette objectivation nous amène à la notion de fait social. On le définit comme une constance
dans une société, une situation qui se maintient lorsque la société ne change pas. Par exemple,
un comportement face à l’opéra : c’est ennuyeux, c’est long, je ne comprends rien … qui
correspond à ce que pense une grande partie de la population.

La sociologie tente de réaliser une démarche scientifique.


Souvent la sociologie est mal perçue dans la société, soit parce qu’elle va à l’encontre de ce
que l’on croit en tant qu’individu (le choix du conjoint n’est pas le fruit du hasard) soit parce
qu’on a l’impression qu’il s’agit de banalités ou d’évidence (les enfants d’ouvriers vont moins
longtemps à l’école que les enfants de cadres supérieurs).
Ainsi, Manuel Valls, 1er ministre entre 2014 et 2016, avait-il véhément réagit lorsque des
sociologues avaient analyser l’origine et le parcours de terroriste. Il avait parlé de culture de
l’excuse. « Expliquer le djihadisme, c’est déjà vouloir un peu excuser », en Janvier 2016 suite
à la commémoration des attentats de Charlie Hebdo. Pour lui, et certainement pour un grand
nombre de personnes dans notre société, si l’on chercher à retracer le parcours d’un
délinquant ou d’un déviant, alors on cherche à justifier son acte.
Pourtant, si l’on veut comprendre ce qui a déterminé une personne ou un groupe de personne
à se comporter d’une façon (par exemple les pro Trump qui ont envahi le capitole le 7 janvier,
où les manifestations et rassemblements des gilets jaunes en France ou les anti vacs), il est
nécessaire de retracer le parcours de ces individus pour comprendre leur cheminement et
trouver des éléments d’explication. C’est d’ailleurs ce que fait la justice, ce qui fait que pour
un même acte délictueux, on peut ne pas être condamner à la même peine.

Mais pour la sociologie, une partie de la population est persuadée et souhaite l’être qu’il
n’existe pas de déterminisme, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de circonstances qui contraignent et
que le choix de parcours d’un individu est du uniquement ou majoritairement à sa volonté.
C’est ce que l’on retrouve avec le concept de mobilité sociale et d’ascenseur social.
En fait la sociologie se heurte à nos croyances de justice sociale, à notre désir de méritocratie
(ceux qui réussissent sont ceux qui ont travaillé …). Mais la sociologie ne fait que nous mettre
en face des injustices et des différences de notre société. Être une femme ou un homme n’a
pas les mêmes conséquences dans la société, ne nous permet pas d’occuper aussi facilement
une place (un grand nombre de métiers sont genrés).

L’objectif de ce cours est de vous apporter quelques éléments d’analyse sociologique, de vous
permettre d’enrichir votre regard d’économiste ou de juriste.
En comprenant que d’autres approches existent, en dépassant l’homo oeconomicus, en
considérant que le fait de vivre avec les autres, d’interagir avec autrui modifie sa propre
attitude.
Ainsi, la trappe à pauvreté, les allocations qui n’incitent pas à chercher de travail … sont des
approches pauvres d’une réalité complexe.

Nous allons traiter dans un premier chapitre, les fondements de la sociologie économique,
puis nous verrons trois auteurs Durkheim, Weber et Veblen, enfin dans un dernier chapitre,
nous aborderons trois thèmes de sociologie économique : la sociologie du marché, la
sociologie de la consommation et enfin la sociologie du travail.

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