Civilisations 489

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Civilisations

Revue internationale d'anthropologie et de sciences


humaines
54 | 2006
Expériences de recherche en République
démocratique du Congo

L’historiographie congolaise
Un essai de bilan

Isidore Ndaywel è Nziem

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/civilisations/489
DOI : 10.4000/civilisations.489
ISSN : 2032-0442

Éditeur
Institut de sociologie de l'Université Libre de Bruxelles

Édition imprimée
Date de publication : 1 avril 2006
Pagination : 237-254
ISBN : 2-87263-006-6
ISSN : 0009-8140

Référence électronique
Isidore Ndaywel è Nziem, « L’historiographie congolaise », Civilisations [En ligne], 54 | 2006, mis en
ligne le 01 avril 2009, consulté le 02 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/civilisations/489 ;
DOI : 10.4000/civilisations.489

© Tous droits réservés


L’historiographie congolaise
Un essai de bilan

Isidore NDAYWEL È NZIEM

Résumé : L’historiographie congolaise, dont l’essai de bilan est abordé ici, ne date pas
d’avant le début des années 1960, puisque la science historique est tard venue sur le terrain
africain, jugé déroutant jusque là en raison de l’absence quasi totale de documents écrits.
L’intérêt tardif porté à l’exploitation des sources non écrites a enfin rendu possible cette
démarche. Dès cette époque, l’historiographie congolaise et sur le Congo s’est distinguée
par son dynamisme, notamment à cause de la diversité des foyers où elle était pratiquée
du fait de l’essaimage des anciens chercheurs du Congo. Quant à la production historique
de ces quatre dernières décennies, elle demeure prometteuse, parce qu’elle aborde des
domaines divers, allant des essais méthodologiques et épistémologiques aux multiples
exploitations de sources orales et d’archives. Cependant ces nombreuses pistes auraient
pu davantage être approfondies si le dynamisme des années 1960 avait été confirmé
dans la suite. La léthargie, voire la régression, qui s’en est suivie, était liée à la gestion
calamiteuse de la postcolonie congolaise et aux crises chroniques de la coopération
belgo-congolaise. Pour que ces recherches reprennent de l’envol, l’établissement de
synergies scientifiques et techniques s’impose pour économiser les moyens et tirer profit
des regards croisés.

Mots-clés : histoire, historiographie, oralité, archives.

Summary: This article presents a detailed overview of Congolese historiography since


its beginnings in the early 1960s until the present. This field of study was slow in taking
form all over Africa largely due to the paucity of written documents, which was perceived
as a methodological obstacle. Reliance on non-written sources of information gradually
made the approach possible. Historical work by Congolese, Europeans and Americans
rapidly gained momentum due to the presence of Congo experts in research centres and
university departments in and beyond the Congo. Their diverse historical production over
the past 40 years ranges from methodological and epistemological essays to multiple
forms of recourse to oral sources and archives. Promising work in the 1960s waned,
nonetheless, reflecting the overall problems of post-colonial Congo and the chronic crisis
of Belgo-Congolese cooperation. The renewal of scientific and methodological synergies
will be needed to manage research funds more efficiently and to capitalise on cross-
cultural exchanges.

Key words: History, historiography, orality, archives.

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Ysidore N A W ÈN I

T enter d’établir le bilan de l’historiographie congolaise n’est pas chose aisée,


tant la démarche suppose accès à la diversité d’informations disponibles1.
Comme discipline « carrefour », au confluent de toutes les sciences sociales, la science
d’Hérodote couvre, en effet, l’ensemble des domaines qui touchent à l’homme et à ses
créations matérielles, institutionnelles, artistiques et éthiques ; de ce fait, elle embrasse
donc tout ce qui se rapporte à la politique, à l’économie, au social et à la culture, en
notant, pour le cas du Congo, que la production savante, issue des universités et centres
de recherche, est complétée par une importante littérature : témoignages, récits et
fictions historiques, accumulés au cours des années. Et la période de production de ces
connaissances commence au 15e siècle, croît particulièrement à partir du 19e siècle et se
poursuit inlassablement sur des horizons différents et dans une multitude de langues.
Puisqu’il faut nécessairement se limiter, dans cet exercice, fixons notre « terminus »
initial à 1960, décision qui n’est pas aussi arbitraire qu’elle en donne l’air : la pratique
véritable de l’histoire, en Afrique subsaharienne, ne date pas d’avant les indépendances
africaines. Rappelons d’abord les étapes de ce cheminement global avant de tenter
l’esquisse de bilan de l’historiographie congolaise.

L’histoire en Afrique : la longue marche


C’est au début des années 1960 que l’histoire africaine a réellement acquis son droit
de cité dans les universités en Europe, qu’à Paris s’est créée la revue les Cahiers d’études
africaines de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, pendant qu’à Londres,
démarrait le très célèbre Journal of African History de la SOAS (School of Oriental and
African Studies). La connaissance des peuples d’Afrique, jusque là délaissée aux seuls
ethnographes2, commençait à être prise en charge par les historiens de métier.
En Afrique, le ton avait été donné en 1961, à Dakar, lors du quatrième séminaire
de l’International African Institute, dont le thème – l’historien en Afrique tropicale –
constituait tout un programme. Les actes de ce séminaire s’ouvraient sur ce constat
révélateur : « l’accession à l’indépendance de la majeure partie des Etats africains a mis
l’Histoire, science considérée jusqu’ici sur ce continent comme accessoire, au premier
plan de l’actualité. Chaque Etat se penche sur son passé pour faire revivre les fastes
des anciens empires, rechercher ses origines, situer son histoire par rapport à celle des
autres parties du monde et connaître la genèse et les lignes d’évolution de ses structures
politiques, sociales, économiques et autres » (Vansina et al. 1964 : 1).
Le grand chantier était donc ouvert. Comme l’Europe du 19e siècle, l’Afrique
indépendante faisait la découverte de l’histoire, de la vraie histoire, qui n’est par un miroir
narcissique, ni une histoire-revanche, pas même une histoire-prétexte pour s’abstraire des
tâches du moment, mais une histoire qui se voulait matrice de la conscience désaliénée et
authentique et réhabilitation de la dignité perdue à l’ère coloniale.

1. Le présent texte est une version remaniée de la conférence présentée par l’auteur à l’Université libre de
Bruxelles, le 15 décembre 2005, au vernissage de l’exposition, Théodore au Congo, en hommage à Jean
Stengers. Cet essai de bilan concerne donc, pour l’essentiel, la production belgo-congolaise.
2. Une étude récente d’Emmanuelle Sibeud (2002) rend compte de cette période pour l’ancienne Afrique
française.

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L’historiographie congolaise

Pour répondre à ces nouvelles aspirations nées du contexte des indépendances,


l’Unesco, à la demande expresse des Etats africains, autorisa, dès 1964, le lancement d’un
programme ambitieux d’élaboration d’une histoire générale de l’Afrique. L’entreprise
fut confiée à des spécialistes, africains et non africains, rassemblés au sein d’un comité
scientifique international. Ce projet sans précédant, qui a mobilisé près de 300 auteurs,
n’est arrivé à terme qu’en 1999, avec la livraison d’une collection de huit volumes, de
plus de 800 pages chacun, couvrant environ trois millions d’années d’histoire des peuples
et civilisations de l’Afrique3. Ce « classique » panafricain d’histoire n’a d’équivalent que
la Cambridge History of Africa, réalisée elle aussi par une pluralité d’auteurs (au total
92), sous la direction d’Andrew Roberts et sur une période de onze ans (1975-1986). Ici
aussi, on notera qu’il s’agit, une fois de plus, d’une réalisation de l’âge postcolonial.
S’il a fallu attendre si longtemps avant le démarrage d’une véritable histoire de l’Afrique,
c’est qu’il y avait des problèmes, à la fois d’ordre politique et d’ordre technique. Sur le plan
politique, on sortait des siècles de préjugés, tintés de racisme et de mauvaise fois, résultant
de la convergence des courants de pensée issus de la Renaissance, du siècle des Lumières
et de la révolution scientifique et industrielle. L’Afrique, estimait-on, était habitée par des
sociétés « figées » et « bloquées » dans leur évolution. Sans écriture, ces peuples étaient
« sans histoire », plus correctement en marge de l’histoire ou porteuse d’une histoire
qui n’avait aucune importance pour l’avancement de l’humanité. Dans sa Philosophie
de l’histoire, Hegel lui-même n’a-t-il pas fait des affirmations du genre : « L’Afrique
n’est pas un continent historique ; elle ne montre ni changement ni développement »; les
peuples noirs « sont incapables de se développer et de recevoir une éducation »; « tels
nous les voyons aujourd’hui, tels ils ont toujours été » (Fage 1980 : 51) ?
L’absence ou plus correctement la rareté des sources écrites, constituait un autre
handicap pour cette discipline trop frileuse, qui de surcroît s’était fait prisonnière du terrain
européen d’où elle est venue ; celui-ci, à cause de son accès précoce à la production de
l’écrit, l’avait amenée à conditionner sa pratique à l’existence de l’écriture, comme si le
parchemin constituait la seule matière où l’homme pouvait laissait des empreintes de son
évolution. Et, pour assombrir davantage ce tableau, cette mutilation coupable du champ
heuristique en a entraîné une autre, tout autant regrettable, sur le champ thématique.
L’événementiel passait pour l’unique historicité pertinente, digne d’intérêt. Le champ non
événementiel, parce que non dépendant de la chronique, était considéré comme impropre
à la consommation historique, comme si la longue durée effaçait tout intérêt de lecture
de l’évolution.
Cet ensemble d’exigence accablait l’Afrique. Habitée par des peuples prétendument
inférieurs, dénués de tout système graphique, elle n’avait aucune chance de séduire les
historiens. D’où, pendant longtemps, la seule histoire africaine, à la portée de l’historien
classique, qui était reconnue au continent, était celle « des Européens en Afrique ».

3. Vol. I : Méthodologie et préhistoire africaine (direction : J. Ki-Zerbo); vol. II : Afrique ancienne (direction :
G. Mokhtar); vol. III : L’Afrique du VIIe au XIe siècle (direction : M. El Fasi, I. Hrbek); vol. IV : L’Afrique
du XIIe au XVIe siècle (direction : D. T. Niane); vol. V : L’Afrique du XVIe au XVIIIe siècle (direction :
B. A. Ogot); vol. VI : Le XIXe siècle jusque vers les années 1880 (direction : J. F. Ade Ajayi); vol. VII :
L’Afrique sous domination coloniale, 1880-1935 (direction : A. Adu Boahen); vol. VIII : L’Afrique depuis
1935 (direction : A. A. Mazrui, C. Wondji). L’édition principale existe en trois langues (anglais, français,
arabe). L’édition abrégée, qui existe en français et en anglais, connaît trois traductions en langues africaines
(hausa, swahili et fulfude).

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Ysidore N A W ÈN I

Il s’agissait de l’histoire africaine « du dehors ». Une portion de l’histoire africaine qui,


bien qu’incomplète, n’est pas sans intérêt aujourd’hui, dans l’effort global de reconstitution
du passé du continent. Ces premiers « voyageurs », arabes et européens, venus en
Afrique, ne nous ont-ils pas laissé des descriptions sur les « peuplades » rencontrées ?
Ces témoignages sont d’un intérêt capital pour les reconstitutions historiques des cinq
derniers siècles de l’histoire africaine.
Avec la fin de la colonisation, à la conjoncture politique nouvelle, s’est ajoutée
une conjoncture historiographique toute particulière. En effet les retombées des écoles
historiques nouvelles, comme l’écoles des Annales, avaient fini par tordre le cou à
l’impérialisme de l’histoire événementielle, cette histoire « traités-batailles », tant
discréditée parce que trop prisonnière des dates. Cette situation nouvelle, qui a accompagné
l’irruption de la discipline historique sur le champ africain, l’a fait bénéficier, dès le
départ, d’autres champs d’intérêt historiographiques. L’histoire africaine a donc démarré
dans cette conjoncture favorable, où la chronique politique laissait une certaine place
à l’histoire économique, sociale et culturelle. De même, on s’efforçait de restituer à la
démarche historique d’autres catégories de sources, particulièrement les sources orales
et les sources anthropologiques4. Techniquement, l’histoire africaine pouvait enfin être
étudiée, même si l’on notera pendant longtemps des réticences dans la prise en compte
du droit de cité du « texte » oral comme source de l’histoire. Pourtant il était et demeure
incontournable, comme l’une des rares sources produites par les Africains eux-mêmes.

Le Congo dans l’historiographie africaine


Dans cette évolution, quelle a été la place du Congo et de son histoire ? Pendant la
première moitié du 20e siècle, l’espace congolais a été le champ privilégié de la pratique
anthropologique et ethno-linguistique. La Convention de 1906 entre l’Etat indépendant
du Congo et le Saint-Siège recommandait aux missionnaires de procéder à des activités de
recherche géographiques, anthropologiques et linguistiques auprès des populations de leurs
« circonscriptions » ecclésiastiques (Ndaywel 1998 : 352-353). Quant à l’administration
coloniale, elle faisait obligation aux agents coloniaux de mener de nombreuses enquêtes
porteuses d’informations historiques. Il s’agissait notamment des enquêtes sur les vacances
de terres ; des enquêtes démographiques et agricoles ; des enquêtes sur la constitution des
chefferies, cet échelon administratif qui fut généralisé à partir de 1906 et surtout, de 1910.
Il fallait aussi et surtout mener des enquêtes ethnographiques, dont la collection constitue
sans doute la plus ancienne puisqu’elle remonte à la période léopoldienne : Tervuren
avait établi dès 1897 un questionnaire ethnographique à remplir par les fonctionnaires
coloniaux (Vellut 1974 : 143).
Malgré l’accumulation de ces informations historiques, la pratique de l’histoire
africaniste avant 1960, dans l’espace Belgique-Congo, ne constituait pas un effort de
synthèse critique de ces données ; son intérêt se limitait désespérément, comme ailleurs,
aux mésaventures des Européens dans l’Afrique belge. De plus, cette historiographie
coloniale, menée par des missionnaires et des coloniaux, était pratiquée en dehors du

4. La démarche a souffert, au départ, d’une certaine marginalisation, par l’émergence du concept


d’« ethnohistoire » (Descamps 1966), vite discréditée dans sa prétention à s’ériger en un nouveau domaine
du savoir réservé à l’Afrique (Mauny 1962). Force a été de conclure que cette « discipline » ne constituait
rien d’autre que de l’histoire (Brunschwig 1965).

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L’historiographie congolaise

monde universitaire, dans des institutions consacrées à l’outre-mer, comme le Musée


du Congo belge à Tervuren à partir de 1897, l’Ecole coloniale d’Anvers fondée en 1920
(devenue université coloniale à partir de 1923) et l’Institut Royal Colonial Belge (IRCB).
Car, à en croire Jean-Luc Vellut, l’intérêt universitaire pour des questions africanistes ne
daterait pas d’avant le début des années 1950, avec la création en 1951 à l’Université
de Louvain d’une section consacrée à l’anthropologie culturelle et l’étude des sociétés
africaines : l’Institut africaniste de Louvain (Vellut 1974 : 41).
Au Congo colonial, la recherche africaniste institutionnelle aurait démarré au
lendemain de la deuxième guerre mondiale, en 1948, avec la création de l’IRSAC (Institut
pour la recherche scientifique en Afrique centrale). Toutefois, malgré l’implantation des
premières universités francophones africaines au Congo belge (l’Université Lovanium
de Léopoldville en 1954, l’Université officielle du Congo belge et Rwanda-Urundi à
Elisabethville en 1956), celles-ci ne se préoccupèrent guère de la formation sur place des
historiens, avant 1960. L’UOC fut la première à organiser en 1962-1963 les premières
« candidatures » en philosophie et lettres, groupe histoire, sans doute sur l’initiative
du recteur D’Hondt qui était historien. L’université Lovanium n’emboîta le pas qu’en
1966-1967, malgré l’existence, dans son corps enseignant, dès le début de la décennie, de
plusieurs préhistoriens et historiens, comme Hermann Van Moorsel, Maurice Plevoets,
François Bontinck, Hubert Silvestre et Jan Vansina. En revanche, elle prit la première
l’initiative d’ouvrir en 1968 le premier cycle de licence. Les deux premiers diplômes de
licence (maîtrise) n’ont été décernés qu’en 1970, dix ans après l’indépendance5.
Dans les faits, la formation systématique d’historiens ne s’est généralisée que dans le
cadre de l’Université nationale du Zaïre, qui a rassemblé à Lubumbashi les trois anciens
départements d’histoire qui existaient à Kinshasa, à Kisangani et à Lubumbashi. Cette
formation au compte-gouttes bénéficia, fort heureusement, du renfort de quelques autres
« nationaux » formés ailleurs qu’au Congo, en Belgique mais surtout en France, comme
Lumenga-Neso, Tshimanga wa Tshibangu (1976), Tshisungu Lubambu, Elikia M’bokolo
(1985, 2004), Mutamba Makombo (1998) et moi-même, ce qui démultiplia le nombre
d’historiens congolais.
Au début des années 1970, on peut estimer que l’activité d’histoire congolaise relevait
de quelques foyers : en dehors du territoire national, on pouvait en dénombrer au moins
deux, celui situé à l’Université libre de Bruxelles, autour de Jean Stengers et de Pierre
Salmon, à la l’indépendance, à partir des archives belges. Aux USA, à Madison, autour
de Jan Vansina de l’université de Wisconsin, une importante activité de recherche et
d’enseignement sur l’histoire précoloniale se mit également à se déployer. Une bonne
poignée de spécialistes américains allaient être formés dans cette mouvance.
Au Congo cela s’est réalisé à Lubumbashi où s’étaient concentrés la plupart de
spécialistes vivant sur place : Jean-Luc Vellut (histoire sociale), Bogumil Jewsiewicki
(histoire économique), Léon de Saint Moulin (histoire démographique et histoire des
villes), Gaétan Feltz (histoire de l’évangélisation), moi-même (histoire culturelle).
L’équipe bénéficia, dès le début des années 1970, du renfort de quelques spécialistes
provenant d’ailleurs, comme Benoît Verhaegen (histoire immédiate), Joseph Cornet
et François Neyt (histoire de l’art), François Bontinck (histoire du catholicisme), sans

5. Je me suis davantage expliqué ailleurs sur la formation des historiens au Zaïre/Congo (Ndaywel 1976,
1978 et 1998 : 11-17).

Civilisations vol. LIV, nos 1-2 – Expériences de recherche en RDC 241


Ysidore N A W ÈN I

oublier Alexis Kagamé (histoire du Rwanda), Daniel Cahen et Pierre de Maret (histoire
archéologique).
Ce foyer, au départ prometteur, par son dynamisme et son enthousiasme reflété
entre autres par la création d’un centre de recherche, le CERDAC, Centre d’études et
de recherches documentaires sur l’Afrique centrale6, et d’une Société des historiens
congolais7, et par le soutien de la fondation Rockfeller qui accordait des bourses de
recherche sur terrain, a connu des difficultés croissantes liées au contexte politique, à la
crise des universités congolaises et à la suspension des programmes de coopération. A
tout prendre, cette crise de croissance, à la base de l’asphyxie du dynamisme local, s’est
avérée un mal nécessaire. Ce fut le prix à payer pour rendre possible l’émergence ou le
développement d’autres foyers. Jean-Luc Vellut, de retour en Belgique, eu l’opportunité
d’assurer le redémarrage de l’activité africaniste à Louvain-la-Neuve, notamment par la
création et l’animation de la revue Enquêtes et documents d’histoire africaine ; Bogumil
Jewsiewicki, pour sa part, assura une nouvelle implantation au sein de l’université Laval
de Québec et organisa dans ce cadre des formations doctorales de plusieurs historiens
congolais, rwandais et burundais. Quant à Elikia M’Bokolo, implanté à Paris au sein
de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, il prit en charge, au sein de cette
haute école comme sur les antennes de Radio France internationale, le rayonnement de
l’historiographie congolaise, tout en assurant la formation de quelques spécialistes8.
Au Congo même, la réforme universitaire de 1985 autorisant à nouveau l’ouverture de
la faculté des lettres à Kinshasa, rendit possible le dédoublement du département d’histoire,
situé auparavant sur le seul campus de Lubumbashi. Entre 1978 et 1986, une douzaine
de thèses de doctorat en histoire furent soutenues à Lubumbashi et le département eut le
temps nécessaire pour s’africaniser presque totalement, à la suite d’une succession de
thèses de doctorat (Ndua Solol Kanamumb 1978, Tshibangu Kabet 1980, Tshund’Olela
Epanya 1980, Mumbanza mwa Bawele 1981, Sabakinu Kivilu 1981, Bashizi Cirhagarhula
1982, Muya bia Lushiku 1982, Mashaury Kuletambite 1983, Makwanza Batumanisa
1984, Lwamba Bilonda 1986, Mugaruka bin Mubibi 1986 et Sikitele Gize 1986). Des
historiens congolais enseignent de nos jours l’histoire non seulement au Congo, mais
aussi en Europe, en Amérique du nord, voire en Amérique latine.

Production historique au Congo et sur le Congo


Sur les quarante dernières années, de 1960 à 2000, quels seraient les éléments de bilan
de la pratique du métier d’historien au Congo et sur le Congo ? Bien que tard venu dans
la pratique de cette discipline, le terrain congolais s’est empressé de combler ce retard et
d’assurer une présence remarquée dans le domaine de l’historiographie, de l’exploitation
de la tradition orale et des sources d’archives ; il s’est également distingué, en histoire
africaine, dans la conduite de certaines recherches thématiques.
Au niveau des essais méthodologiques, dès 1960, le terrain congolais s’est prêté à des
expérimentations prometteuses. Puisqu’il n’y avait ici pas un semblant d’écriture au cours

6. Le CERDAC édite la revue Likundoli, dotée de trois séries : Enquêtes d’histoire, Archives et documents,
Histoire et devenir.
7. La Société des historiens zaïrois, créée en 1974, est devenue la Société des historiens congolais.
8. Parmi les étudiants qu’il a conduits au doctorat, mentionnons entre autres Cyril Musila (1999).

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L’historiographie congolaise

de la période précoloniale, la nécessité d’établir l’histoire ancienne des peuples du Congo


a acculé très tôt le chercheur à expérimenter le recours à des sources « inhabituelles ». Ce
risque, l’historien belge enseignant aux USA, Jan Vansina, l’a pris dès l’aube des années
1960, en préconisant un mode de lecture historique des sources orales et en établissant
une typologie détaillée de ses différentes catégories, suivant leur but, leur signification,
leur forme, leur mode de transmission (1961, 1985). La « défense et illustration » de cette
possible application de la critique historique aux « textes oraux » l’a amené à une première
reconstitution de l’histoire du royaume kuba (Vansina 1963, 1964). Dans la suite, il revisita
à plusieurs reprises ce terrain inédit, affinant sa méthodologie de traitement critique de
la tradition orale et de l’analyse des documents linguistiques et anthropologiques, faisant
de l’histoire orale le paradigme des études historiques sur la période précoloniale, avec
application sur le cas des Etats de la savane méridionale (Vansina 1965), particulièrement
les royaumes Tio et Kuba (Vansina 1973, 1978). La même application a été récemment
expérimentée sur les peuples de la forêt (Vansina 1990, 1991). Une historiographie
particulière est née de cette expérience : elle demeure incontournable dans l’étude de
l’histoire ancienne des peuples d’Afrique.
A la même époque, une autre expérience historiographique est née à partir des travaux
du CRISP, plus exactement de la section africaine de ce centre de recherche belge. La
production, au lendemain des événements du 4 janvier 1959, des volumes de Congo 1959,
puis de Congo 1960, inaugura au sein du CRISP (Gerard-Libois 1993 :243-246) le début
d’une nouvelle tradition d’études d’histoire du temps présent (ou d’histoire immédiate),
avant même que ce concept n’apparaisse dans les sciences sociales (Verhaegen 1974 ; de
Villers 1998). Grâce à la ténacité des pionniers du CRISP, comme Jean Van Lierde, Jules
Gerard-Libois et Benoît Verhaegen, furent publiés une multiplicité de volumes Congo, qui
rendent compte des évolutions politiques du Congo de 1959 en 1967. Enrichie de quelques
études spécifiques notamment sur les « rébellions » du Congo, cette collection est unique
en son genre en histoire de la première décennie de la décolonisation africaine9.
Le sens de la créativité méthodologique ne s’est pas arrêté à ce niveau. Les travaux
avant-gardistes de Bogumil Jewsiewicki (1989, 1992, 1995, 2002), comme mode de
lecture historique possible de la peinture naïve et populaire de Chéri Samba, de Moke ou
de Tshibumba, s’affirment, aujourd’hui, comme le début d’une pratique historiographique
nouvelle, généralisable dans la lecture de l’histoire « d’en bas », celle façonnée par le
milieu populaire, et qui se veut distincte de l’histoire « d’en haut ».
L’exploitation des archives. Une autre piste, parmi les plus importantes, est celle
qui s’oriente vers l’exploitation des documents d’archives, que ces dernières soient
privées ou officielles. Il s’agit d’un vaste chantier, encore et toujours en friche, dans
ses embranchements divers. L’un des courants s’est spécialisé dans la restitution à
l’historiographie congolaise des faits d’histoire des premiers contacts avec l’extérieur.
Il importe en effet, de ne pas oublier qu’au 15e siècle, pendant que les Portugais
« découvraient » l’embouchure du Congo, les Congolais, à leur tour, découvraient
les premiers « hommes blancs » et ont développé avec eux, particulièrement avec

9. Congo 1959 (dir. J. Gerard-Libois), Congo 1960, 2 vol. (dir. J. Gerard-Libois et B. Verhaegen), Congo
1961 (dir. B. Verhaegen), Congo 1962 (dir. J. Gerard-Libois et B. Verhaegen), Congo 1963 (dir. J. Beys,
P. H. Gendebien et B. Verhaegen), Congo 1964 (dir. J. Gerard-Libois et J. Van Lierde), Congo 1965 (dir.
J. Gerard-Libois et J. Van Lierde), Congo 1966 (dir. J. Gerard-Libois), Congo 1967 (dir. J. Gerard-Libois,
B. Verhaegen, J. Vansina et H. Weiss).

Civilisations vol. LIV, nos 1-2 – Expériences de recherche en RDC 243


Ysidore N A W ÈN I

les Portugais, des rapports qui se sont étalés sur trois siècles, alors que l’expérience
actuelle de notre cheminement avec la Belgique, de la fondation de l’EIC à nos jours, ne
couvre pas encore deux siècles. Cette page spécifique de l’histoire des premiers siècles
« d’ouverture au monde » des peuples du Congo, négligée par l’histoire coloniale, risque
fort bien de sombrer dans l’oubli, puisqu’elle n’est revisitée que comme simple appendice
de l’histoire missionnaire, alors que celle-ci était porteuse d’informations inédites sur la
« vie quotidienne » en Afrique centrale, de la fin du 16e au 18e siècles.
Il y a donc là une histoire qui devrait être assumée, au moins dans sa triple dimension,
celle des institutions préexistantes, des premiers contacts avec les cosmogonies venues
du dehors, et celle du développement de la traite négrière, si peu étudiée dans sa partie
congolaise10. C’est donc une contribution majeure que de rendre disponibles, grâce à
la traduction et à l’établissement de l’édition critique, des textes anciens, pratiquement
inaccessibles aux africains eux-mêmes. Sur la lancée des travaux du chanoine Louis Jadin
(cf. e.a. Jadin et Dicorato 1974), Willy Bal réalisa la traduction française du texte de
Filippo Pigafetta (1591) ainsi que son édition critique (Pigafetta et Lopez 1965). En lui
emboîtant le pas, François Bontinck a excellé dans le domaine avec la traduction des
« relations » des capucins, Giovanni Francesca Romano (1648) et Luca da Caltanisetta
(1690-1701), ainsi que celle de Historia du reino du Congo, du jésuite Mateus Cardoso, et
de son catéchisme en kikongo (1624), le plus vieux texte de langue bantoue à notre portée
(Bontinck 1964, 1970, 1972 ; Bontinck et Ndembe 1978). Il assura aussi la traduction du
journal de Tippo Tip (Bontinck 1974).
Toujours dans le cadre des archives, l’autre embranchement, suivi notamment par Jean
Stengers, porta sur l’histoire coloniale (Stengers 1957, 1989). L’avantage d’avoir recours
à cette « source » est qu’à partir des documents externes, cette histoire nous éclaire sur
les origines de l’Etat congolais contemporain : particulièrement sur les méandres de
l’histoire léopoldienne et ceux de la gestion coloniale. On doit surtout à Stengers d’avoir
initié et réalisé l’importante collection des recueils d’études de l’ARSOM (1976, 1983,
1988, 1992) sur les temps forts de la période coloniale, de la conférence géographique de
Bruxelles de 1876 à l’indépendance (1960).
Une autre orientation, à partir de la documentation coloniale, est celle qui, combinée
avec les témoignages des acteurs de l’époque, porte sur l’histoire des mentalités,
particulièrement sur l’émergence des premières élites, que la démarche soit prise
globalement (Mutamba Makombo 1998, Tshimanga 2001) ou dans le cadre d’une
trajectoire familiale précise (Faïk-Nzuji 2005), dans un effort de prise en compte des
regards croisés. Cette histoire des mentalités est appréhendée aussi à partir de la presse
locale (Kalulambi Pongo 1997) ou même dans le dépouillement du corpus littéraire
colonial, qui comprend les écrits des colonisés comme ceux des coloniaux. Mukala
Kadima-Nzuji, Marc Quaghebeur et Pierre Halen se sont spécialisés dans ce genre de
démarche littéraire, productrice de matériaux pour l’histoire sociale et culturelle (Mukala
Kadima-Nzuji 1984, Pierre Halen 1993, Quaghebeur 1991).
Proche de l’histoire des mentalités, l’histoire politique, comme on devait s’y attendre,
occupe une place de choix dans le corpus congolais. A l’accumulation des travaux sur

10. Depuis D. Rinchon (1929), la traite des Congolais n’a à nouveau été abordée que dans ses contradictions
avec la christianisation par Kabolo Iko Kabwita (2004).

244
L’historiographie congolaise

l’histoire politique coloniale et ceux, plus nombreux, sur la décolonisation, se sont ajoutés
des essais de parcours biographiques des principaux leaders de l’âge postcolonial –
Lumumba (Willame 1990, Omasambo et Verhaegen 1998 et 2005), Kasa-Vubu (Gillis
1964, M’Poyo Kasa-Vubu 1985), Mulele (Martens 1985 et N’Dom 1984), Tshombe
(Tshombe 1966), Mobutu (Monheim 1962, 1985 ; N’Gbanda 1998) et Kabila (Kennes
2003) –, ainsi que l’analyse de l’événementiel politique, particulièrement des grandes
« crises » des décennies de la décolonisation (1960-70) et de la « transition » (1990-
2000). De la sorte, à la série Congo du CRISP consacrée à la première période, a succédé
une autre collection, les Cahiers africains, animée par Gauthier de Villers11. On peut
regretter qu’à partir de cette multitude de monographies, il n’y ait pas eu davantage des
études plus approfondies sur l’évolution politique, du genre de celles de J. Vanderlinden
(1980) ou de C. Young et T. Turner (1985).
L’histoire de la population, de l’aube de la colonisation à nos jours, constitue l’une
des filières dans laquelle la jeune historiographie congolaise possède quelques palmes,
entre autres grâce aux travaux réalisés ou dirigés par Léon de Saint Moulin (1976,
1978, 1988, 1997) à la fois sur la cartographie congolaise, l’histoire administrative du
Congo et l’évolution conséquente de la population. Le Congo doit en effet à cet historien
l’établissement des projections sur la croissance de la population et la confection d’un
certain nombre d’atlas, notamment le récent atlas administratif qui sert d’outil de base de
l’organisation des élections en 2006 (de Saint Moulin 2005). A l’histoire de la population
se greffe celle des villes pour la quelle il existe une collection précieuse de mémoires
et thèses de doctorat réalisés au Congo sur les plus grandes agglomérations du pays.
Les études de démographie historique sont complétées par des approches sociologiques,
comme l’illustrent les récents ouvrages de Filip De Boeck et Marie-Françoise Plissart
(2005) et de Theodore Trefon (2004) sur la ville de Kinshasa, les travaux plus anciens de
Verhaegen sur la ville de Kisangani (1975, 1990) ou ceux, plus récents, sur Lubumbashi
(Dibwe 2001, Sizaire 2001 et 2002, Petit 2003 et 2004, Dibwe et Ngandu 2005, de Lame
et Dibwe 2005). L’histoire de l’architecture coloniale constitue un autre chantier ouvert
par Johan Lagae (2002) de l’Université de Gand qui a amorcé, par son étude, une autre
perspective de recherche sur les villes congolaises.
Passons à un autre registre, celui de l’histoire précoloniale du Congo. Elle n’en
est encore qu’à ses balbutiements. Elle aurait pu mieux se porter si Vansina avait pu
continuer à effectuer des enseignements au Congo ou même en Belgique. Dégoûté par les
événements du 4 juin 1971, où une manifestation estudiantine fut suivie d’une répression
violente et de la nationalisation de l’université, il décida, ainsi qu’il l’explique dans ses
mémoires, de ne plus mettre pied au Zaïre (Vansina 1994 :154). L’ethnicité congolaise
demeura une matière intéressant surtout des politologues, comme Crawford Young (1965,
1968), Samba Kaputo (1982) et Mulambu Mvuluya (1991) et, ne fut prise en charge que
de manière marginale par les historiens. Dans cet immense champ de recherche, ne se
sont signalées que quelques études, sous forme de dissertations doctorales dont certaines
sont inédites. Les plus importantes sont américaines. Il s’agit notamment des travaux de

11. Cahiers africains n° 27-28-29 (1997) (de Villers, G. et Omasombo, J., La transition manquée 1990-
1997); Cahiers africains n° 35-36 (1998) (de Villers, G. et Willame, J. C., République démocratique du
Congo; Chronique politique d’un l’entre-deux-guerres); Cahiers africains n° 47-48 (2000) (de Villers, G.,
République démocratique du Congo, guerre et politique. Les trente derniers mois de L. D. Kabila août
1998-janvier 2001).

Civilisations vol. LIV, nos 1-2 – Expériences de recherche en RDC 245


Ysidore N A W ÈN I

Ndua Solol (1978), de Miller (1971) et de Hoover (1978) sur l’empire lunda ; ceux de
D. Newbury (1979), de C. Newbury (1988), de Bashizi (1982), de Mugaruka (1986) et
de Bishikwabo (1982) sur l’histoire ancienne du Kivu ; ceux de Mumbanza (1981), van
Leynseele (1979), Ngbapwa (1992), Keim (1979) et Harms (1978) sur l’Equateur et la
province Orientale ; ceux de Yogolelo (1997) et de N’sanda (2003) sur le Maniema ;
ceux de Pruitt (1973) et Yoder (1977) sur le Kasaï ; enfin, celui de Reefe (1975) sur le
Katanga.
A cause des exigences de ce genre d’étude, qui suppose la maîtrise de plusieurs
sciences auxiliaires, le Congo ancien, cet important domaine touchant à l’histoire des
commencements, fondement du Congo moderne et contemporain, risque de continuer
à faire figure de parent pauvre. Cette menace est plus que présente d’autant plus que
l’archéologie, cette technique de lecture des « archives du sol », semble condamnée
à la léthargie, bien que cette discipline des sciences historiques ait connu naguère des
réalisations prometteuses. Aux travaux des « anciens », comme Colette (Bequaert
1938), Nenquin (1963), Hiernaux et al. (1971) et Van Moorsel (1968), avaient, en effet,
succédé ceux d’une nouvelle génération, avec Van Noten (1968), Cahen (1975), de Maret
(1985), Muya (1987) et Kanimba (1986). Mais l’étendue du terrain pour cette poignée
de chercheurs, l’insécurité et le coût onéreux des recherches, alliés à l’absence de relève,
sont autant de raisons qui conduisent au pessimisme.
L’histoire de l’art a, par contre meilleure fortune. La génération « intermédiaire »,
celle du Frère Cornet (Cornet 1972, Cornet et al. 1989) et de François Neyt (1977, 1981),
qui a succédé à celle de Frans M. Olbrechts (1952) et Henri Lavachery (1954), a produit
à son tour celle de Belepe (1982), Nyangi (1998), et quelques autres. Leurs études portent
généralement sur les arts anciens, particulièrement sur la statuaire congolaise. Une autre
orientation se dessine avec Mabiala Mantuba-Ngoma (1989) de Kinshasa qui pousse la
curiosité historique jusqu’à s’intéresser aux produits d’artisanat et aux arts décoratifs,
pendant qu’à Louvain-la-Neuve, Clémentine Faïk-Nzuji (2000) continue à tenter de
déchiffrer les messages des signes décoratifs. Mais, fort curieusement, les arts modernes
n’attirent pas encore à suffisance les spécialistes de l’histoire de l’art. Même la chanson
congolaise qui aurait dû constituer le premier champ d’intérêt des spécialistes de l’art, n’a
toujours pas encore ses historiens.

Perspectives
L’exercice de bilan nous amène aussi à considérer l’avenir. Résumons d’abord
la situation présente en notant que l’historiographie congolaise a jusqu’ici ouvert de
nombreuses pistes, mais sans approfondir l’une d’elles. Parmi les raisons qui justifient
cette situation, figurent, d’une part la crise de la coopération belgo-congolaise ayant
conduit à l’effacement progressif des études africaines en Belgique, d’autre part, la
gestion désastreuse de la postcolonie congolaise.
Le grand élan du début des années 1960 n’a pu se confirmer dans la suite. Cette première
décennie de la décolonisation est, en effet, celle de la production des grands « classiques »
des études congolaises. C’est l’époque de la publication, comme on l’a déjà noté, des
volumes Congo du CRISP, celle aussi de la parution de l’Introduction à la politique
congolaise de Crawford Young, des Anciens royaumes de la savane et de l’Introduction
à l’ethnographie congolaise de Jan Vansina. Sur le plan économique, l’héritage éditorial
de cette décennie compte entre autres les études de Jean-Louis Lacroix (1967) sur

246
L’historiographie congolaise

l’industrialisation, de Christian Comeliau (1969) sur la planification au développement,


d’André Huybrechts (1970) sur les transports au Congo et de Bongoy Mpekesa (1974) sur
les investissements mixtes. Ce dynamisme du début s’est complètement effrité au point
qu’aujourd’hui, l’unique collection consacrée aux réalités de la RDC est pratiquement
celle de la section du Temps Présent du MRAC que dirige Gauthier de Villers, en plus de
quelques volumes de l’Afrique des Grands lacs du Centre d’étude de la région des Grands
lacs de Filip Reytjens, sans oublier, il est vrai, les collections provisoires de l’Harmattan,
Mémoires lieux de savoir et Histoire et Société, que dirigent respectivement Bogumil
Jewsiewicki et Benoît Verhaegen.
Que faire aujourd’hui et demain ? Quelques sont les thématiques les plus importantes
de l’histoire du Congo, par rapport aux informations déjà disponibles ? Répondons d’abord
à la première question. Que faire ? Puisque les moyens de recherche sont de plus en plus
limités, il serait en principe plus indiqué de travailler de manière concertée, par une sorte
de répartition de tâches en fonction des opportunités, entre institutions du sud et du nord
engagées dans cette entreprise. Au delà des vicissitudes de la politique, à la base des
aléas des coopérations structurelles, l’établissement de synergies purement scientifiques
et techniques dans le domaine restent toujours dans l’ordre du possible, allant du simple
devoir d’échange réciproque d’informations à la conduite commune des programmes de
recherche par une sorte d’exploitation judicieuse des terrains réciproques. J’ai toujours
été frappé par les besoins ressentis par les chercheurs au Congo de venir travailler aux
archives en Belgique, et inversement, ceux des chercheurs en Belgique d’aller effectuer
des enquêtes de terrain au Congo, comme pour confirmer la nécessaire complémentarité
dans l’exploitation des différents aspects de la même histoire. Si une harmonisation des
politiques scientifiques avait été réalisée, elle aurait encouragé les uns et les autres à
exploiter les données de leur terrain d’origine d’abord, et à l’offrir en échange avec celles
émanant de l’autre terrain. Au delà de la nécessité pour le chercheur d’aller tôt au tard à
la découverte d’un autre monde que le sien propre, une telle politique des échanges est
d’autant plus indispensable que les crédits pour missions scientifiques sont de moins en
moins disponibles et que les deux terrains, congolais et belge, présentent en histoire de
la période coloniale une documentation de même nature, composée d’une part d’oralité à
collecter et d’autre part de documentation écrite à exploiter.
Quelles seraient, dans ce contexte, les thématiques prioritaires ? Elles seraient
multiples, dans la mesure où ce qui a été entamé n’a pu être finalisé. En matière d’histoire
coloniale, les conditions commencent à être réalisées pour l’étudier en profondeur, à
présent que le public belge et congolais s’est davantage émancipé du « conditionnement »
colonial. Puisqu’il s’agit d’une histoire « stratégique » d’où s’est construite l’évolution
postcoloniale, elle mériterait effectivement d’être pleinement assumée, de préférence par
un exercice rigoureux de regard croisé12. Surtout qu’il s’agit d’une période « privilégiée »
sur le plan documentaire, où l’information « officielle », tirée des archives, peut être
confrontée à des témoignages des acteurs de l’époque. Il est donc important d’assurer
l’inventaire et la récolte systématique de ces témoignages oraux, auprès des anciens
coloniaux en Belgique comme auprès des anciens colonisés au Congo.

12. Sur les spécificités, africanistes et africaines, justifiant l’importance du regard croisé, prendre connaissance
des commentaires que j’ai faits sur les conditions de leur exercice (Ndaywel 1985 et 1998-1999).

Civilisations vol. LIV, nos 1-2 – Expériences de recherche en RDC 247


Ysidore N A W ÈN I

L’histoire ancienne des populations congolaises mérite elle aussi une attention
particulière. Au moment où les conduites contemporaines se fondent ostensiblement
sur l’interprétation, souvent erronée, des faits anciens instrumentalisés pour servir de
prétextes ou d’alibis au présent, il est un devoir de mettre à la portée des générations
montantes au Congo l’éclairage qui fait défaut pour une intelligibilité correcte et juste de
ces faits du passé. L’investissement dans des problématiques militantes de préventions
de conflits, de bonne gouvernance ou de démocratie « inculturée » ne peut se passer d’un
tel apport. Enfin, les trajectoires du présent, dans leurs aspects politique, économique,
social et culturel, constituent un livre ouvert, dont il faut s’initier la lecture, pour la
bonne compréhension du passé, l’interprétation des faits du présent et la perception des
principales tendances du futur.
Toute l’histoire du Congo, des origines à nos jours, demeure donc d’actualité, au
niveau de la recherche historique. Les connaissances actuellement disponibles ont été
accumulées essentiellement à partir d’une démarche « par le haut », rapportant surtout
l’histoire des « grands hommes » et des « faits saillants » se déroulant dans la capitale.
L’histoire « d’en bas », celle du bas peuple reste à faire, de même que l’histoire des
différentes régions. Jusqu’à présent, les informations disponibles sur le Congo sont à la
fois discriminatoires et inégalement réparties sur le plan spatial. Si, sur le plan thématique,
l’histoire précoloniale est moins assumée que l’histoire coloniale et postcoloniale,
l’histoire du Congo septentrional l’est également par rapport à celle du Congo méridional.
L’enjeu consiste à considérer avec autant d’importance l’ensemble du Congo, afin que
les différentes données régionales puissent ensemble produire l’histoire « totale » de ce
pays.
Souhaitons que de nouvelles générations de chercheurs, d’ici et d’ailleurs, choisissent
de s’engager dans le domaine de la production des savoirs sur l’Afrique, pour enrichir notre
connaissance du monde et participer à la réhabilitation de ce continent, à son insertion
heureuse dans la mondialisation et à son développement au service de ses habitants.

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