Polycopi Habilitation
Polycopi Habilitation
Polycopi Habilitation
DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE
Université Djllali Liabes
Sidi Bel Abbes
s
Faculté des Sciences Exactes
ne
Département de Mathématique
u
Yo
Analyse fonctionnelle
a
Ism
Isma YOUNES
Année 2019
2
Ism
a
Yo
une
s
Introduction
s
L’étude des équations différentielles ainsi que d’autres aspects mathématiques ont donnés
naissance à l’analyse fonctionnelle : une branche des mathématiques qui a pour objet l’étude des
espaces de fonctions. Le terme « fonctionnelle » désigne des fonctions dont les variables sont des
ne
fonctions. Son emploi a été généralisé à d’autres branches des mathématiques et de la physique
par Vito Volterra. Stefan Banach est considéré comme le pionnier de l’analyse fonctionnelle
moderne.
Les espaces de base de l’analyse fonctionnelle sont les espaces de Banach. C’est des espaces
vectoriels normés complets réel ou complexe.
Les opérateurs linéaires continus définis sur les espaces de Banach constituent des objets
d’étude importants en analyse fonctionnelle.
u
L’un des théorèmes clefs de l’analyse fonctionnelle est le théorème de Hahn-Banach qui
permet le prolongement des formes linéaires définies sur un sous-espace d’un espace vectoriel
réel à l’espace tout entier, tout en conservant une certaine contrainte. On n’a pas besoin de la
Yo
complétude dans ce cas.
Quelques résultats importants d’analyse fonctionnelle : Le principe de la borne uniforme est
un résultat sur des ensembles d’opérateurs bornés.
L’espace de Hilbert est un cas particulier important, dont la norme est issue d’un produit
scalaire. Pour les espaces de Hilbert, ils sont classifiés selon différents cas : il existe un espace
de Hilbert unique à un isomorphisme près pour chaque cardinal de la base hilbertienne. Les
espaces de Hilbert dont la dimension est finie, sont entièrement connus en algèbre linéaire, et les
espaces de Hilbert séparables sont isomorphes à l’espace de suites `2 . Les espaces séparables sont
importants pour les applications, l’analyse fonctionnelle des espaces de Hilbert traite surtout de
ces espaces et de ses morphismes.
Les espaces de Banach sont beaucoup plus compliqués à étudier que les espaces de Hilbert.
a
toujours lié à son bidual via une application particulière que l’on appelle injection canonique,
qui de plus est une isométrie. Cependant, il se peut que le bidual en question soit plus « gros »
que l’espace initial. Les espaces vectoriels normés sont classés en deux catégories grâce à cette
application : les espaces pour lesquels l’injection canonique n’est pas surjective (c’est le cas par
exemple de l’espace c0 , son bidual étant `∞ qui est beaucoup plus « gros »), et ceux pour lesquels
elle est surjective. On dira alors des espaces qui entrent dans cette deuxième catégorie qu’ils sont
réflexifs.
Le polycopié se compose de six chapitres où on insiste sur les notions de bases de l’analyse
fonctionnelle : Espace de Banach, théorème de Hahn-Banach, théorème de Baire et ses consé-
quences, séparabilité et dualité et enfin espace de Hilbert.
Ce polycopié peut être utilisé avec profil par les étudiants de Licence, Master, auxquels
il pourra apporter, en particulier, illustrations et motivations pour des théories avancées. Des
exercices, dont un grand nombre est puisé du site : http ://exo7.emath.fr/ficpdf/ficall.pdf, font
partie de chaque chapitre.
i
ii
Ism
a
Yo
une
s
Table des matières
s
1 Éléments de topologie 3
1.1 Espace topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
ne
1.1.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.3 Construction de topologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.4 Intérieur, adhérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.5 Voisinage d’un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.6 Suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
u
1.1.7 Comparaison des topologies sur un même espace . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.8 Base d’un espace topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.9 Produit d’espaces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.10 Espace quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Yo
1.1.11 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.1.12 Homéomorphismes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3 Espace métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3.2 topologies des espaces métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.3.3 Suites dans un espace métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.3.4 Distances équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3.5 Convergence uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.6 Espace complet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
a
iii
iv TABLE DES MATIÈRES
3 Théorème de Hahn-Banach 67
3.1 Formes analytiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
s
3.1.1 Espaces vectoriels sur R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.1.2 Espaces vectoriels sur C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.2 Forme géométrique du théorème de Hahn-Banach . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
ne
3.2.1 Hyperplan affine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.3 Exercices : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
u
Théorème de l’application ouverte .
Théorème du graphe fermé . . . . .
Exercices : . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . .
. . . . . . . . .
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80
81
83
Yo
5 Séparabilité 87
5.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
5.2 Exercices : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
6 Dualité 91
6.1 Dual topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
6.2 Exemples en dimension finie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
6.3 Exemples en dimension infinie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
6.4 Bidualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
a
7 Espace de Hilbert 97
7.1 Forme Hermitienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
7.2 Propriétés du produit scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Ism
Index 119
TABLE DES MATIÈRES 1
s
ne
u
Yo
a
Ism
2 TABLE DES MATIÈRES
s
ne
u
Yo
a
Ism
Chapitre
1
s
ne
Éléments de topologie
1.1
1.1.1
Espace topologique
Définitions et exemples
u
Yo
Définition 1
On appelle espace topologique un couple (E, T ) où E est un ensemble et T une famille
de parties de E vérifiant :
(T1 ) ∅ ∈ T , E ∈ T ,
(T2 ) Une intersection finie d’éléments de T appartient à T , i.e. si O1 , ..., On sont des
éléments de T (avec n ∈ N∗ ), alors O1 ∩ . . . ∩ On ∈ T .
(T3 ) Une réunion quelconque d’éléments de T appartient à T . i.e. si (Oi )i∈I est une
famille d’éléments de T , indexée par un
[ ensemble I quelconque (pas nécessaire-
Oi ∈ T .
a
Exemple 1
E = Rn avec T la famille des ensembles ouverts de Rn .
Exemple 2
E avec T = {∅, E}. On appelle T la topologie grossière.
Exemple 3
E avec T = P(E), la famille de toutes les parties de E. On appelle T la topologie
discrète.
3
4 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
Exemple 4
Topologie grossière : Un ensemble E muni de la topologie T = {∅, E}, appelée
topologie grossière. Le seul ouvert qui contient un point de E est E lui-même. Donc si E
contient deux points, ces deux points ne peuvent pas être dans deux ouverts différents.
Alors si E contient plus qu’un point il n’est pas séparé.
Définition 3
Soit (E, T ) un espace topologique. Un ensemble F ⊂ E est fermé si son complémentaire
F c est ouvert.
Exemple 5
s
∅ et E sont à la fois ouverts et fermés.
ne
1.1.2 Propriétés
Proposition 1
Dans un espace séparé E tout ensemble fini est fermé.
Démonstration:
Il suffit de montrer que {x} est fermé, où x ∈ E. Soit y ∈ {x}c (on suppose que E a
plus qu’un point.) Alors on peut choisir un ouvert Vy ⊂ E qui contient y mais pas x. Il
u
[
c
s’ensuit que {x} = Vy qui est alors réunion des ouverts, donc ouvert.
y∈{x}c
Proposition 2
Yo
Soit (E, T ) un espace topologique. Alors
1. Une réunion finie de fermés est fermé.
2. Une intersection quelconque de fermés est fermé.
Démonstration:
1. Soient Fi , i = 1, . . . , n des fermés. Alors Ui = Fic sont ouverts. On a
n
[ n
[ n
\
Fi = E\Ui = E\ Ui
i=1 i=1 i=1
a
n
\
ce qui est fermé car par (T2 ) Ui est ouvert.
i=1
2. Soient Fi , i ∈ I des fermés et Ui = Fic . On a
Ism
\ \ [
Fi = E\Ui = E\ Ui
i∈I i∈I i∈I
S
ce qui est fermé car par (T3 ) i∈I Ui est ouvert.
TA = {U ∩ A | U ∈ T }
Démonstration:
(T1 ) ∅ = ∅ ∩ A et A = E ∩ A donc ∅, A ⊂ TA .
\ \
(T2 ) Soit I fini alors (Ui ∩ A) = ( Ui ) ∩ A. Alors une intersection finie d’ensembles
i∈I i∈I
de la forme Ui ∩ A, Ui ouvert, est ouverte pour la topologie induite.
[ [
(T3 ) Soit I quelconque alors (Ui ∩ A) = ( Ui ) ∩ A. Alors une réunion quelconque
i∈I i∈I
d’ensembles de la forme Ui ∩ A, Ui ouvert, est ouverte pour la topologie induite.
s
Définition 5
Soit (E, T ) un espace topologique. Pour tout A ⊂ E, on définit
ne
◦
l’intérieur de A noté A, par
◦ [
A= U.
U ouvert, U ⊂A
u
\
A= F.
F fermé, F ⊃A
Proposition 3
Soit A une partie d’un espace topologique.
Yo
◦
1. A est un ouvert contenu dans A.
◦ ◦
2. Si U est un ouvert et U ⊂ A, alors U ⊂A. Autrement dit, A est le plus grand
ouvert contenu dans A.
3. A est un fermé contenant A.
4. Si F est un fermé et F ⊃ A, alors F ⊃ A. Autrement dit, A est le plus petit fermé
contenant A.
Démonstration:
◦
1- A est une union d’ouverts contenus dans A, donc un ouvert contenu dans A.
a
2- Par définition.
La Preuve est identique pour 3. et 4.
Ism
c ◦
2. x ∈ A si et seulement si x ∈ / A =Ac si et seulement si Ac ne contient pas de
voisinage de x si et seulement si A rencontre tout voisinage de x.
1.1.6 Suites
Si (xn ) est une suite, on notera une suite extraite (=sous-suite) soit par (xnk ), soit par xϕ(n) .
Dans le premier cas, n0 , n1 , ..., est une suite strictement croissante d’entiers ; dans le second,
ϕ : N → N est une application strictement croissante.
Par abus de notation, si tous les termes d’une suite (xn ) appartiennent à un ensemble E, on
écrit (xn ) ⊂ E.
s
Définition 7
Soit (E, T ) un espace topologique. Si (xn ) ⊂ E et x ∈ E, alors, par définition, xn → x
ne
((xn ) converge vers x) si et seulement si tout voisinage de x contient presque tout
point de la suite, c.-à.-d.
Une suite (xn ) est convergente s’il existe un x ∈ E tel que xn → x. On écrit alors
x = lim xn .
n→∞
xnk → x.
Exemple 6
u
Il est évident, à partir de la définition, que si xn → x et si (xnk ) est une sous-suite, alors
Yo
(E, T ) avec T = {∅, E}. Alors le seul voisinage d’un point est E. Il s’ensuit que chaque
point de E est limite de chaque suite de E.
Exemple 7
(E, T ) avec T = P(E). Alors {x} est un ouvert donc un voisinage. Il s’ensuit qu’une
suite (xn ) converge vers x si et seulement si
∃N ∀n ≥ N : xn = x.
Proposition 5
Si (E, T ) est un espace topologique séparé alors la limite d’une suite convergente est
unique.
a
Démonstration:
Supposons que x et y sont limite d’une suite (xn ). Si x 6= y il existe deux ouverts
disjoints, U et V , x ∈ U , y ∈ V . Mais U ∩ V est un voisinage de x et contient donc
Ism
Proposition 6
Soient E un ensemble et B un ensemble de parties de E. Il existe une topologie T sur
E dont B est une base si et seulement si B vérifie les deux conditions suivantes :
s
1. E est une réunion d’éléments de B.
2. l’intersection de deux éléments quelconques de B est une réunion d’éléments de
ne
B.
Cette topologie T est alors unique : ses ouverts sont les réunions d’éléments de B.
Démonstration:
Les deux conditions sont évidemment nécessaires et si elles sont vérifiées, l’ensemble
T des réunions d’éléments de B est la seule possible. Vérifions qu’il s’agit bien d’une
topologie.
— E∈T.
u
— ∅ ∈ T (c’est la réunion indexée par ∅).
— T est stable par réunions .
Yo
— Si U, V ∈ T alors U ∩ V ∈ T : U = i∈I Ui et V = j∈J Vj avec Ui , Vj ∈ B donc
S S
s
U1 × · · · × Un . Uk ∈ Tk .
Lemme 2
ne
T est une topologie sur E.
Démonstration:
(T1 ) ∅ = ∅ × · · · × ∅ et E = E1 × · · · × En donc ∅, E ⊂ TA .
(T2 ) Un ouvert est de la forme i=(i1 ,··· ,in )∈I Ui1 × · · · × Uin où I est une famille de
S
multi-indices quelconque.
et Uik ∩ Vjk sont des ouverts dans Ek .
Proposition 9
u
(T3 ) Par définition de la topologie produit.
TẼ = {U ⊂ Ẽ| q −1 (U ) ∈ T }
Démonstration:
(T1 ) ∅ = q −1 (∅) et E = q −1 (Ẽ)
1.1. ESPACE TOPOLOGIQUE 9
i∈I i∈I
On applique celui à ϕ = q et Ai des ouverts de E.
Exemple 8
E = R, x ∼ y si x − y ∈ Q. Alors TẼ = {∅, Ẽ}. En particulier R/Q n’est pas séparé
s
pour la topologie quotient.
1.1.11 Continuité
ne
Définition 13
Soient deux espaces topologiques (E1 , T1 ), (E2 , T2 ) et f une application de E1 dans
E2 . Soit a ∈ E1 et b ∈ E2 . On dit que f (x) tend vers b quand x tend vers a, écrit
lim f (x) = b, si pour tout voisinage V de b dans E2 il existe un voisinage U de a dans
x→a
E1 tel que f (U ) ⊂ V .
Définition 14
u
Soient deux espaces topologiques (E1 , T1 ), (E2 , T2 ) et f une application de E1 dans E2 .
On dit que f est continue au point a ∈ E1 si f (x) tend vers f (a) quand x tend vers a.
On dit que f est continue sur A si f est continue en tout point de A. On dit que f est
Yo
continue si f est continue sur E.
Théorème 1
Soient deux espaces topologiques (E1 , T1 ), (E2 , T2 ) et f une application de E1 dans E2 .
Les conditions suivantes sont équivalentes :
1. f est continue.
2. Le pré-image f −1 (U ) d’un ouvert (de E2 ) est ouvert (dans E1 ).
3. Le pré-image f −1 (F ) d’un fermé (de E2 ) est fermé (dans E1 ).
4. Pour toute partie A ⊂ E1 on a f (A) ⊂ f (A).
Démonstration:
a
Exemple 9
Soit E = E1 ×E2 avec topologie produit. Alors πj : E → Ej , π(x1 , x2 ) = xj est continue.
Exemple 10
Soit ∼ une relation d’équivalence sur E1 et E2 = Ẽ1 avec la topologie quotient. Alors
la surjection canonique q est continue.
1.1.12 Homéomorphismes
Définition 15
Une application f : (E1 , T1 ) → (E2 , T2 ) est un homéomorphisme si f est continue,
s
bijective et sa réciproque f −1 est continue aussi.
On dit alors que (E1 , T1 ) et (E2 , T2 ) sont homéomorphes.
ne
Propriétés
1) L’inverse d’un homéomorphisme est un homéomorphisme. Le composé de deux homéomor-
phismes est un homéomorphisme.
2) Les homéomorphismes conservent toutes les propriétés topologiques des espaces : si A est
u
fermé (resp : ouvert, compact, connexe, etc.) dans E, il en est de même de f (A).
Exemple 11
Soit E1 = E2 = E et T1 , T2 deux topologies sur E. L’identité id : E → E, id(x) = x
est un homéomorphisme si et seulement si T1 = T2 .
Yo
Le résultat suivant est immédiat
Proposition 10
La relation « (E1 , T1 ) est homéomorphe avec (E2 , T2 ) » est une relation d’équivalence.
a
Ism
1.2. EXERCICES 11
1.2 Exercices
Exercice 1
Soit X un espace topologique et f : X → R.
1. Montrer que f est continue si et seulement si pour tout λ ∈ R, les ensembles
{x ; f (x) < λ} et {x ; f (x) > λ} sont des ouverts de X.
2. Montrer que si f est continue, pour tout ω ouvert de R, f −1 (ω) est un Fσ ouvert
de X (Fσ = réunion dénombrable de fermés).
Indication:
s
1. Utiliser le fait que tout ouvert de R est l’union dénombrable d’intervalles ouverts.
2. Écrire un intervalle fermé comme union dénombrable d’intervalles ouverts, puis
ne
utiliser la même remarque que ci-dessus.
Correction:
1. Sens direct. Si f est continue alors {x | f (x) < λ} = f −1 (] − ∞, λ[) est un
ouvert comme image réciproque par une application continue de l’intervalle ouvert
] − ∞, λ[. De même avec ]λ, +∞[.
Réciproque. Tout d’abord, tout intervalle ouvert ]a, b[, (a < b) peut s’écrire
Donc
Donc
f −1 (O) = f −1 (]ai , bi [)
[
i∈I
est une union d’ouvert donc un ouvert de X .
a
j∈N∗
Donc
1 1
f −1 (]a, b[) = f −1 ([a + , b − ]),
[
j∈N∗
j j
est une union dénombrable de fermés. Maintenant comme pour la première ques-
S
tion, tout ouvert O de R s’écrit O = i∈I ]ai , bi [, avec I dénombrable. Donc on
peut écrire
1 1
f −1 (O) = f −1 ([ai + , bi − ]),
[ [
i∈I j∈N∗
j j
qui est une union dénombrable de fermés (mais c’est un ouvert !).
Exercice 2
Soit f, g deux applications continues de X dans Y , espaces topologiques, Y étant séparé.
Montrer que {x ∈ X f (x) = g(x)} est fermé dans X ; en déduire que si f et g coïncident
sur une partie dense de X, alors f = g.
12 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
Indication:
Montrer que le complémentaire est un ouvert. Si vous le souhaitez, placez-vous dans des
espaces métriques.
Correction:
Soit A = {x ∈ X | f (x) = g(x)}. Alors soit C = X \ A = {x ∈ X | f (x) 6= g(x)}.
Soit x ∈ C comme f (x) 6= g(x) et que Y est séparé, il existe un voisinage ouvert V1 de
f (x) et V2 de g(x) tel que V1 ∩ V2 = ∅. Notons U = f −1 (V1 ) ∩ g −1 (V2 ). Alors U est un
ouvert de X contenant x. Maintenant pour x0 ∈ U , alors f (x0 ) ∈ V1 , g(x0 ) ∈ V2 donc
f (x0 ) 6= g(x0 ), donc x0 ∈ C.on en déduit que U est inclus dans C. Donc C est ouvert.
s
Application : si A est dense dans X alors Ā = X, mais comme A est fermé A = Ā.
Donc A = X, c’est-à-dire f et g sont égales partout.
Exercice 3
ne
Une application de X dans Y est dite ouverte si l’image de tout ouvert de X est un
ouvert de Y ; fermée si l’image de tout fermé de X est un fermé de Y .
u
3. Montrer que la fonction indicatrice de l’intervalle [0, 21 ], comme application de R dans
{0, 1}, est surjective, ouverte, fermée, mais pas continue.
4. Montrer que toute application ouverte de R dans R est monotone.
Yo
Indication:
1. Pour un polynôme P , la limite de P (x) ne vaut ±∞ que lorsque x tend vers ±∞.
Correction:
1. Soit P un polynôme, et F un fermé de R. Soit (yn ) une suite convergente d’éléments
de P (F ), et y ∈ R sa limite. Il existe xn ∈ F tel que yn = P (xn ). Comme (yn ) est
bornée (car convergente) alors (xn ) aussi est bornée, en effet un polynôme n’a une
limite infini qu’en ±∞. Comme (xn ) est une suite bornée de R on peut en extraire
une sous-suite convergente (xφ(n) ) de limite x. Comme F est fermé, x ∈ F . Comme
P est continue (c’est un polynôme) alors yφ(n) = P (xφ(n) ) → P (x), mais (yφ(n) )
converge aussi vers y. Par unicité de la limite y = P (x) ∈ P (F ). Donc P (F ) est
a
fermé.
2. Soit X = Y = R et H = (xy = 1) est un fermé de X × Y , mais si π(x, y) = x
alors π(H) = R∗ n’est pas un fermé de X = R.
Ism
3. A vérifier...
Exercice 4
1. Montrer que f est continue si et seulement si f (A) ⊂ f (A) pour tout A dans X.
Que peut-on dire alors de l’image par f d’un ensemble dense dans X ?
2. Montrer que f est fermée si et seulement si f (A) ⊂ f (A), et que f est ouverte si
◦ ◦
et seulement si f (A) ⊂f (A).
Indication:
1. Pour le sens direct utiliser la caractérisation de l’adhérence par les suites.
Pour le sens réciproque, montrer que l’image réciproque d’un fermé est un fermé.
Correction:
1. ⇒. Soit f continue et y ∈ f (Ā). Il existe x ∈ Ā tel que y = f (x). Soit xn ∈ A tel
que (xn ) converge vers x. Alors yn = f (xn ) ∈ A. Comme f est continue alors (yn )
converge vers f (x) = y. Donc y est adhérent à f (A). Conclusion f (Ā) ⊂ f (A).
1.2. EXERCICES 13
s
⇐. La relation pour un fermé F donne f (F ) ⊂ f (F̄ ) = f (F ). Donc f (F ) = f (F ).
Donc f (F ) est fermé. Donc f est fermée.
Même type de raisonnement avec f ouverte.
u ne
Yo
a
Ism
14 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
s
(D2 ) ∀x, y ∈ E d(x, y) = d(y, x),(Symétrie)
(D3 ) ∀x, y, z ∈ E d(x, y) 6 d(x, z) + d(z, y) (Inégalité triangulaire).
ne
Exemple 12
E = Rn avec
v
u n
uX
d(x, y) = t (xi − yi )2 , pour tout x, y ∈ Rn .
i=1
C’est la distance Euclidienne sur Rn .
Exemple 13
u
Sur tout ensemble non vide E on peut définir une distance. En posant
d(x, y) =
(
0, si x = y
Yo
1, 6 y
si x =
qu’on appelle la distance discrète sur E.
Définition 17
Un espace métrique est un couple (E, d), où d est une distance sur E.
Définition 18
Soit (E, d) un espace métrique. Pour x ∈ E et r > 0, on définit :
Boule ouverte : La boule ouverte de centre x et rayon r :
s
n
\
i = 1, . . . , n, et donc B(x, r) ⊂ Ui , i = 1, . . . , n. Il s’ensuit que B(x, r) ⊂ Ui .
i=1
ne
[
2) Soit x ∈ Ui . Il existe un i0 ∈ I tel que x ∈ Ui0 . Ui0 étant ouvert, il existe un r > 0
i∈I [
tel que B(x, r) ⊂ Ui0 . Pour ce même r, on a B(x, r) ⊂ Ui .
i∈I
Définition 20
Soit (E, d) un espace métrique. E est alors muni d’une structure d’espace topologique
appelée La topologie métrique de (E, d) et est définit par
u
T = {U ⊂ E ; U est un ouvert}.
Un espace métrique est considéré comme un cas particulier d’un espace topologique.
Yo
Proposition 12
Un espace métrique muni de la topologie métrique est un espace séparé.
Démonstration:
d(x, y)
Soit (E, d) un espace métrique. Soient x, y ∈ E, x 6= y. Alors ρ = > 0. On pose
2
U = B(x, ρ) et V = B(y, ρ). Supposons que z ∈ U ∩ V . Alors
d(x, y) 6 d(x, z) + d(z, y) < ρ + ρ = d(x, y).
Ceci est une contradiction. Donc U ∩ V = ∅ et E est séparé.
Proposition 13
Soit (E, d) un espace métrique.
a
1. Soit y ∈ B(x, r). On a ρ = r − d(y, x) > 0. On va prouver que B(y, ρ) ⊂ B(x, r).
En effet,
z ∈ B(ρ, y) =⇒ d(z, y) < ρ
=⇒ d(x, z) 6 d(z, y) + d(y, x)
<ρ + d(y, x) = r
=⇒ z ∈ B(x, r).
2. On doit montrer que B(x, r)c est un ouvert.
Soit y ∈ B(x, r)c ; y satisfait donc d(y, x) > r. Soit ρ = d(y, x) − r > 0. On a
z ∈ B(y, ρ) =⇒ d(z, x)
> d(y, x) − d(z, y) > d(y, x) − ρ
= r =⇒ z ∈ B(x, r)c ;
autrement dit, on a B(y, ρ) ⊂ B(x, r)c .
16 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
Exemple 16 ◦
On considère, dans R muni de la distance usuelle, A = [0, 1[. Alors A=]0, 1[ et A = [0, 1].
◦
En effet, ]0, 1[ est un ouvert contenu dans A, [0, 1] est un fermé contenant A, et donc ]0, 1[⊂A⊂
◦ ◦
A ⊂ A ⊂ [0, 1]. On a donc soit A= A, soit A=]0, 1[. Pour éliminer la première possibilité, on
montre que A n’est pas un ouvert. Par l’absurde : sinon, il existe un r > 0 tel que B(0, r) =
] − r, r[⊂ A. Or, −r/2 ∈ B(0, r), mais −r/2 6∈ A. Contradiction. Pour A, il y a aussi deux
possibilités : A = [0, 1] ou A = A. On n’est pas dans le deuxième cas, car A n’est pas fermé. Ceci
revient à montrer que Ac =] − ∞, 0[∪[1, +∞[ n’est pas un ouvert et se démontre par l’absurde
s
(il n’y a pas de r > 0 tel que B(1, r) ⊂ Ac ).
Exemple 17
ne
Dans R muni de la distance usuelle, tout intervalle ouvert est ouvert, tout intervalle
fermé est fermé. Un intervalle de la forme ] − ∞, a] ou [a, +∞[ est fermé.
En effet, R est ouvert. Un intervalle de la forme ]a, b[, avec a, b finis, est une boule ouverte :
]a, b[= B(x,[
r), où x = (a+b)/2, r = (b−a)/2. De même, [a, b] est une boule fermée. Par ailleurs,
]a, +∞[= ]a, a + n[, et donc ]a, +∞[ est ouvert. Par le même raisonnement, ] − ∞, a[ est
n∈N∗
ouvert. Il s’ensuit que [a, +∞[=] − ∞, a[c est fermé, et, de même, ] − ∞, a] est fermé.
1.3.3
u
Suites dans un espace métrique
Yo
Proposition 14
Soit (E, d) un espace métrique. Alors (xn ) converge vers x si et seulement si d(xn , x) → 0
où encore
∀ ε > 0 ∃Nε ∈ N tel que. ∀n ≥ Nε : d(xn , x) < ε.
Démonstration:
x = lim xn si et seulement si tout voisinage de x contient tous les points de (xn ), sauf
n
un nombre fini.
Ceci est équivalent à dire que tout ouvert contenant x contient tous les points de (xn ),
sauf un nombre fini.
Ceci est équivalent à dire que toute boule ouverte de centre x contient tous les points
a
Définition 21
Soit (E, d) un espace topologique. Si (xn ) ⊂ E et x ∈ E, alors, par définition, x est une
valeur d’adhérence de la suite (xn ) si elle admet une sous-suite qui converge vers x.
Exemple 18
Dans R muni de la distance usuelle, soit xn = (−1)n , n ∈ N. Alors 1 est une valeur
d’adhérence de (xn ), car x2n → 1.
Proposition 15
Si xn → x, alors x est la seule valeur d’adhérence de la suite (xn ). En particulier, la
limite d’une suite convergente est unique.
Démonstration:
x est une valeur d’adhérence, car la suite extraite (xn ) converge vers x. Soit y une valeur
d’adhérence de (xn ). Il existe une sous-suite (xnk ) telle que xnk → y. Par ailleurs, on
a aussi xnk → x. On suppose par l’absurde y 6= x. Alors d(x, y) > 0. Posons ε =
1.3. ESPACE MÉTRIQUE 17
d(x, y)/2 > 0. Comme xnk → x, il existe un k1 tel que d(xnk , x) < ε si k > k1 ; de
même, il existe un k2 tel que d(xnk , y) < ε si k > k2 . Alors, pour k = max{k1 , k2 }, on a
s
Démonstration:
Inclusion directe : On considère un x appartenant à l’ensemble de droite. Soit r > 0.
ne
Il existe n0 tel que d(xn , x) < r, n > n0 . En particulier, xn0 ∈ B(x, r) ∩ F , et donc
B(x, r) ∩ F 6= ∅, d’où x ∈ F .
Inclusion indirecte : Soit x ∈ F . Pour n ∈ N, on considère un xn ∈ F ∩B(x, 1/(n+1)).
Alors (xn ) ⊂ F , d(xn , x) < 1/(n + 1) et donc xn → x.
Corollaire 2
F est un fermé si et seulement si pour toute suite convergente (xn ) ⊂ F on a lim xn ∈
n→∞
u
F.
Démonstration:
Condition nécessaire : Si x est tel qu’il existe une suite (xn ) ⊂ F telle que xn → x,
alors x ∈ F = F .
Yo
Condition suffisante : Si x ∈ F , il existe une suite (xn ) ⊂ F telle que xn → x. Par
conséquent, x ∈ F , et donc F ⊂ F . Comme on a toujours F ⊂ F , on trouve
F = F , et donc F est fermé.
relation d’équivalence.
Proposition 17
Si d1 , d2 sont deux distances équivalentes sur l’ensemble E, Alors les deux topologies
Ism
Remarque 3 1
Dp (x, y) = ( dk (xk , yk )p ) p , 1 6 p < ∞ définit une métrique équivalente à D.
X
Démonstration:
Soit U ∈ T et x ∈ U . Il existe donc Ui ∈ Ti tel que x ∈ U1 × U2 .
Comme Ti est métrique par rapport à di il existe ri tel que Bdi (xi , ri ) ⊂ Ui . Soit
r = min{r1 , r2 }, alors x = (x1 , x2 ) ∈ Bd1 (x1 , r)×Bd1 (x2 , r). Or Bd1 (x1 , r)×Bd1 (x2 , r) =
BD (x, r) ce qui montre que U est ouvert pour D. Ceci montre aussi qu’une boule ouverte
pour D est produit des ouverts de Ei et donc appartient à T .
s
1.3.5 Convergence uniforme
ne
Définition 23
Soient fn : (E1 , T1 ) → (E2 , T2 ) des fonctions entre deux espaces topologiques. La suite
(fn ) converge simplement vers une fonction f : E1 → E2 si ∀x ∈ E, la suite (fn (x))n
converge vers f (x).
On dit aussi que (fn )n converge point par point vers f . La limite d’une suite de fonctions
continues qui converge point par point n’est pas forcément continue.
On rappelle que dans le cas où T2 est la topologie métrique par rapport à une métrique d,
u
la convergence point par point de la suite (fn )n vers f veut dire
Démonstration:
u
Soient a ∈ E et ε > 0. Comme fn → f il existe un n0 tel que ∀x ∈ E : d(fn0 (x), f (x)) <
ε/3. Par continuité de fn0 il existe un voisinage V ∈ Va tel que f (V ) ⊂ Bd (f (a), ε/3).
Ism
Donc ∀x ∈ V : d(fn0 (x), f (x)) < ε/3. En particulier, ∀x ∈ V : d(f (x), f (a)) 6
d(f (x), fn0 (x)) + d(fn0 (x), fn0 (a)) + d(fn0 (a), f (a)) < ε. Ceci montre qu’on a trouvé
pour ε > 0 un voisinage V de a tel que. f (V ) ⊂ Bd (f (a), ε). Donc f est continue en a.
s
Une suite qui converge est de Cauchy. En effet, si
ne
lim xn = l
n→∞
u
2 2
=ε
1. Soit (xn )n∈N . xn = n n’est pas une suite convergente dans (R, d).
π
En effet, si lim xn = x, on aurait |Arctg(xn ) − Arctg(x)| → 0, donc 2 − Arctg(x) = 0.
Donc Arctg(x) = π2 . Ce qui est impossible.
2. (xn )n∈N est de Cauchy dans (R, d) : soit ε > 0. On sait que
π
lim Arctg(n) =
n→∞ 2
Donc il existe N ∈ N tel que ∀n > N , Arctg(n) = − π2 . Donc ∀(p, q) ∈ N2 ,
a
π π
|Arctg(p) − Arctg(q)| 6 Arctg(p) − + − Arctg(q) 6 ε
2 2
Proposition 19
Ism
Définition 26
On dit qu’un espace métrique (E, d) est complet si toute suite de Cauchy (xn )n∈N ⊂ E
est convergente dans (E, d).
Cette propriété est fondamentale car elle permet de reconnaître si une suite converge sans
connaître sa limite.
Attention, la notion d’espace complet est une notion métrique et non topologique (elle peut donc
être vraie pour une métrique et fausse pour une autre).
Proposition 21
Les fermés emboîtés
s
Si (E, d) est un espace complet, si (Fn ) est une suite décroissante de fermés non vides
de E telle que \
ne
lim diam(Fn ) = 0 Alors Fn est un singleton
n→∞
n∈N
Définition 27
Soit (E, d) un espace métrique. Si (xn )n∈N ⊂ E et x ∈ E, alors, par définition, x est une
u
valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈N si elle admet une sous-suite qui converge vers x.
Exemple 20
Dans R muni de la distance usuelle, soit xn = (−1)n , n ∈ N. Alors 1 est une valeur
d’adhérence de (xn )n∈N , car x2n → 1.
Yo
Proposition 22
Soit (E, d) un espace métrique et (xn )n∈N une suite dans E. Si xn → x, alors x est la
seule valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈N .
En particulier, la limite d’une suite convergente est unique.
Démonstration:
x est une valeur d’adhérence, car la suite extraite (xn )n∈N converge vers x. Soit y une
valeur d’adhérence de (xn )n∈N . Il existe une sous-suite (xnk ) telle que xnk → y. Par
ailleurs, on a aussi xnk → x. On suppose par l’absurde y 6= x. Alors d(x, y) > 0. Posons
ε = d(x, y)/2 > 0. Comme xnk → x, il existe un k1 tel que d(xnk , x) < ε si k > k1 ; de
a
même, il existe un k2 tel que d(xnk , y) < ε si k > k2 . Alors, pour k = max{k1 , k2 }, on a
d(x, y) 6 d(x, xnk ) + d(xnk , y) < 2ε = d(x, y), ce qui est absurde.
Ism
Proposition 23 k
Y
Soient (Ej , dj ), j = 1, . . . , k, des espaces complets. Alors E = Ej muni d’une distance
j=1
produit D : E × E → R+ définie par :
est complet.
Démonstration:
On muni E de la distance produit. Si (xn ) est une suite de Cauchy dans E, (xnj ) l’est
aussi dans Ej . Si xnj → xj dans Ej , alors xn → (x1 , . . . , xk ) dans E.
Corollaire 3
Rn muni d’une norme produit est complet.
1.3. ESPACE MÉTRIQUE 21
s
a = b ∈ A. Il s’ensuit que A ⊂ A, d’où A fermé.
b) Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy dans A. Alors il existe un a ∈ E tel que xn → a.
Il s’ensuit que a ∈ A, et donc (xn )n∈N converge dans A.
ne
Corollaire 4
Dans un espace métrique complet, A complet⇐⇒ A fermé.
k-Lipschitzienne.
Définition 29
u
Une application f : (E, d) → (Y, D) est contractante s’il existe un k < 1 tel que f soit
Yo
Si f : E → E, un point fixe de f est une solution de l’équation f (x) = x.
a) Soit 0 < k < 1 tel que f soit k-lipschitzienne. f a au plus un point fixe : si, par
l’absurde, a et b sont des points fixes et a 6= b, on aboutit à la contradiction 0 <
d(a, b) = d(f (a), f (b)) 6 kd(a, b) < d(a, b).
Ism
L’existence de a suit de b) : si la suite (xn )n∈N converge et si a est tel que xn → a, alors
xn+1 = f (xn )n∈N → f (a), d’où f (a) = a.
b) On a, pour tout n, d(xn+1 , xn ) 6 k n d(x1 , x0 ) (par récurrence sur n). Par conséquent,
si m > n, alors
Exemple 21
Trouver le nombre des solutions de l’équation cos x = x.
22 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
On a cos x = x =⇒ x ∈ [−1, 1]. Soit f : E = [−1, 1] → E, f (x) = cos x. [−1, 1] est complet (avec
la distance usuelle), car fermé dans R. Par ailleurs, on a |f 0 (x)| 6 sin 1 < 1, x ∈ E. Le théorème
des accroissements finis implique |f (x) − f (y)| 6 sin 1|x − y|, x, y ∈ E. Il s’ensuit que l’équation
cos x = x a exactement une solution.
s
u ne
Yo
a
Ism
1.4. EXERCICES 23
1.4 Exercices
Exercice 1
|u−v|
Démontrer que l’application d(u, v) = 1+|u−v| définie une distance sur R.
Indication:
t
Utiliser la croissance de F : t 7→ 1+t .
Correction:
On a clairement
s
d(x, y) = d(y, x) et d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y.
La seule difficulté est de démontrer l’inégalité triangulaire. Prenons donc u, v, w ∈ R.
ne
Le point de départ est de remarquer que la fonction F : [0, +∞[→ [0, +∞[ définie par
x
F (x) = 1+x est croissante.
En particulier, en utilisant aussi l’inégalité triangulaire pour la valeur absolue, on a
Mais,
u
F (|u − v| + |v − w|) =
6
|u − v|
+
|v − w|
1 + |u − v| + |v − w| 1 + |u − v| + |v − w|
|u − v|
+
|v − w|
Yo
1 + |u − v| 1 + |v − w|
6d(u, v) + d(v, w).
Exercice 2
Soient (X, d) un espace métrique et A ⊂ X, A 6= ∅. On pose :
Qu’on appelle la distance du point x à l’ensemble A. On remarque que d(x, A) est bien
définie et > 0. De plus, d(x, A) = 0 si x ∈ A. Montrer que
Ism
Correction:
1. Soient x, y ∈ A. Pour tout a ∈ A on a
Par passage à l’inf, on trouve −d(x, y) + d(y, A) 6 d(x, A) 6 d(y, A) + d(x, y),
d’où |d(x, A) − d(y, A)| 6 d(x, y).
2. Clairement, si A ⊂ B, alors d(x, A) > d(x, B).
En particulier, d(x, A) > d(x, A). Soit ε > 0.
Il existe un b ∈ A tel que d(x, b) < d(x, A) + ε/2.
Il existe une suite (an ) ⊂ A telle que an → b. Comme y 7→ d(x, y) est continue sur
24 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
s
1
Pour ε = 1/(n + 1), on trouve une suite (an ) ⊂ A telle que d(x, an ) < .
n+1
On a donc an → x, et par conséquent x ∈ A. Réciproquement, si x ∈ A, alors
ne
0 = d(x, A) = d(x, A).
Exercice 3
Soit (E, d) un espace métrique. On dit que d est ultramétrique si elle vérifie :
u
Cette inégalité entraîne évidemment l’inégalité triangulaire.
1. Montrer que E muni de la distance d définie par
(
1 si x 6= y,
Yo
d(x, y) =
0 si x = y (d(x, x) = 0)
Correction:
Soient x, y, z ∈ E, supposons x = z ; ou bien y = x ou bien y est distinct de x. Dans
le premier cas, d(x, z) = d(x, y) = d(y, z) = 0 et d(x, z) = sup(d(x, y), d(y, z)).
Dans le second cas, d(x, y) = 1 , d’où
s
montrons qu’il existe une boule ouverte Bd (y, η), contenue dans E \ Bd (a, r). Si on
choisit η = r/2 ou plus généralement η < r, on obtient que, pour tout z ∈ Bd (y, η),
ne
d(a, z) 6 sup(d(a, y), d(y, z)) 6 sup(d(a, y), η)).
Comme d(a, y) > r et d(y, z) < η < r, on a , (d’après la deuxième question),
d(a, z) = d(a, y) > r. On en déduit que
Bd (y, η) ⊂ E \ Bd (a, r) et par suite la boule ouverte Bd (a, r) est aussi fermée.
La preuve du fait que la boule fermée Bd0 (a, r) est aussi ouverte est analogue.
3. Soient Bd (a, r) et Bd (b, s) deux boules ouvertes ayant une intersection non vide et
u
soit z0 ∈ Bd (a, r) ∩ Bd (b, s). supposons que r 6 s et montrons qu’alors Bd (a, r) ⊂
Bd (b, s). On regarde la distance à b de tout z ∈ Bd (a, r) :
d(b, z) 6 sup(d(b, z0 ), d(z0 , z)) < sup(s, d(z0 , z))
Yo
puisque z0 est dans Bd (b, s). Par ailleurs, on a :
d(z0 , z) 6 sup(d(z0 , a), d(a, z)) < r.
On obtient une majoration de d(b, z) : d(b, z) < sup(r, s) = s, d’où une inclusion
de Bd (a, r) dans Bd (b, s).
Conséquence : deux boules ouvertes de même rayon r qui se rencontrent sont
confondues.
4. Soient A = Bd (a, r) et B = Bd (b, r) deux boules ouvertes de rayon r contenues
dans une boule fermée C = Bd0 (c, r) de même rayon. Montrons que :
a
∀x ∈ A, ∀y ∈ B, r 6 d(a, b) 6 r.
L’inégalité ultramétrique montre que d(x, y) 6 sup(d(x, c), d(c, y)) et ce sup est
inférieure à r puisque chacune des boules A et B est incluse dans C. Donc d(x, y) 6
Ism
r.
Par ailleurs, introduisons dans l’estimation de d(x, y) le centre des boules respec-
tives auxquelles ils appartiennent :
d(x, y) 6 sup(d(x, a), d(a, y)). Si d(x, a) = d(a, y), on aurait d(a, y) < r et y serait
dans A, ce qui est impossible, A et B étant disjoints d’après la quatrième question.
Donc d(a, y) 6= d(x, a), et en fait d(a, y) > d(x, a) et
d(x, y) = d(a, y).
On voit donc que dans le calcul de la distance d(x, y) on peut remplacer x ou y
par le centre de la boule ouverte à laquelle il appartient. Par suite
d(x, y) = d(a, b) > r, ∀x ∈ A, ∀y ∈ B
Et finalement
r ≤ d(x, y) ≤ r, ∀x ∈ A, ∀y ∈ B
d’où d(A, B) = r.
26 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
Exercice 4
Soit p un nombre premier. Pour n ∈ N on définit ν(n) comme étant l’exposant de p
dans la décomposition de n en facteurs premiers. Pour x = ± ab , (a, b ∈ N∗ ), on définit
ν(x) = ν(a) − ν(b).
1. Montrer que ν(x) est indépendant du choix de la représentation ± ab .
2. Montrer que ν(xy) = ν(x) + ν(y), x, y ∈ Q.
3. Montrer que ν(x + y) > min(ν(x), ν(y)) pour x, y ∈ Z, puis pour x, y ∈ Q.
4. Montrer que sur Q, d définie par :
s
d(x, y) = p−ν(x−y) si x 6= y, d(x, x) = 0
ne
Correction:
0
1. Soit x = ± ab = ± ab0 . On écrit a = pα a1 , b = pβ b1 ,... Alors l’équation ab0 = a0 b
0 0
devient pα+β a1 b01 = pα +β a01 b1 . Donc α + β 0 = α0 + β ou encore α − β = α0 − β 0 .
0
Donc ν(± ab ) = ν( ab0 ).
2. Soit x = pα x1 , y = pβ y1 avec α, β ∈ Z et les numérateurs et dénominateurs de
x1 , y1 ∈ Q non divisibles par p. Alors xy = pα+β x1 y1 . Donc ν(xy) = α + β =
ν(x) + ν(y).
u
3. Soit x, y ∈ Z, x = pα x1 , y = pβ y1 . Supposons par exemple α ≤ β, alors x + y =
pα (x1 + pβ−α y1 ), avec x1 + pβ−α y1 ∈ Z. Donc ν(x + y) > α = min(ν(x), ν(y)).
Yo
0
Soit maintenant x = ab , y = ab0 ∈ Q. Alors
a a0
ν(x + y) = ν( + 0 )
b b
ab + a0 b
0
= ν( )
bb0
= ν(ab0 + a0 b) − ν(bb0 )
> min(ν(ab0 ), ν(a0 b)) − ν(bb0 )
(grâce à l’inégalité sur les entiers)
,
a
4. Il est clair que d(x, y) = 0 si et seulement si x = y et que d(x, y) = d(y, x). Pour
un triplet (x, y, z) on a
d(x, z) = p−ν(x−z)
= p−ν(x−y+y−z)
6 p− min(ν(x−y),ν(y−z))
6 max(p−ν(x−y) , p−ν(y−z) )
6 max(d(x, y), d(y, z)).
1.5. ESPACE COMPACT 27
Définition 30
Soit U une famille de parties d’un espace topologique (E, T ). On dit que U est un
recouvrement
[ ouvert de E si U ⊂ T , c.-à.-d. les membres de U sont ouverts, et E =
U.
U ∈U
On dit que V ⊂ U est[un sous-recouvrement fini si V est fini (contient un nombre fini
s
de membres) et E = U.
U ∈V
ne
Définition 31
Un espace topologique E est compact s’il est séparé et si de tout recouvrement ouvert
de E on peut extraire un sous-recouvrement fini.
Exemple 22
Soit E avec topologie discrète, T = P(E). Alors E est compact si et seulement si E
est fini.
u
Par passage au complémentaire, on trouve
Yo
Corollaire 5
Soit (E, d) un espace compact.
\
a) Si (Fi )i∈I est une famille de fermés telle que Fi = ∅, alors il existe une famille
\ i∈I
finie J ⊂ I telle que Fj = ∅.
j∈J
\
b) Si (Fi )i∈I est une famille de fermés telle que Fj 6= ∅ pour toute famille finie
j∈J
\
J ⊂ I, alors Fi 6= ∅.
i∈I
a
Proposition 25
Soit f : E → F une fonction continue entre espaces topologiques. Si A ⊂ E est un
compact, alors f (A) est un compact.
Démonstration:
Soit U un recouvrement ouvert de f (A). Comme f est continue, V := {f −1 (U )| U ∈
U } est un recouvrement ouvert de A. Comme A est compact, V admet un sous-
recouvrement fini V 0 .L’ensemble {f (V )|V ∈ V 0 } est un sous-recouvrement fini U .
Proposition 26
Soit f : E → F une application continue et bijective entre deux espaces topologiques,
E étant un compact. Alors f est un homéomorphisme.
Démonstration:
Il suffit de vérifier la continuité de f −1 . Soit F un fermé de E ; F est donc compact.
Alors (f −1 )−1 (F ) = f (F ) est un compact de F , donc un fermé de F .
28 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
s
Théorème 4 ( Lebesgue)
Soit (E, d) séquentiellement compact. On suppose que (Ui )i∈I est un recouvrement
ouvert de E. Alors il existe un r > 0 tel que, pour tout x ∈ E, B(x, r) soit contenue
ne
dans Ui pour un certain i (dépendant de x, en principe).
(r est la constante de Lebesgue du recouvrement (Ui )i∈I .)
Démonstration:
Par l’absurde : pour tout r > 0, il existe un x ∈ E tel que B(x, r) ne soit contenue
dans aucun Ui . Pour r = 1/(n + 1), on trouve un xn tel que B(xn , 1/(n + 1)) ne soit
contenue dans aucun Ui . On considère une sous-suite (xnk ) convergente vers un x ∈ E.
u
Il existe un i tel que x ∈ Ui , et donc un ε > 0 tel que B(x, ε) ⊂ Ui . Il existe un k0 tel
que d(xnk , x) < ε/2 si k > k0 . Il existe un k1 tel que 1/(nk + 1) < ε/2 si k > k1 . Si
k = max{k0 , k1 }, alors z ∈ B(xnk , 1/(nk + 1) =⇒ d(z, x) 6 d(z, xnk ) + d(xnk , x) < ε, et
donc B(xnk , 1/(nk + 1)) ⊂ B(x, ε) ⊂ Ui , contradiction.
Yo
Proposition 27
Soient (E, d) séquentiellement compact et r > 0. Alors il existe n ∈ N∗ et x1 , . . . , xn ∈ E
n
[
tels que E = B(xj , r).
j=1
Démonstration:
Par l’absurde : sinon, pour tout x1 ∈ E on a B(x1 , r) 6= E. Soit x2 6∈ B(x1 , r). Alors
B(x1 , r) ∪ B(x2 , r) 6= E. Soit x3 6∈ B(x1 , r) ∪ B(x2 , r) 6= E, etc. Par récurrence, on
n−1
[
a
trouve une suite (xn ) telle que xn 6∈ B(xj , r). Il s’ensuit que d(xn , xm ) ≥ r, ∀ m, n.
j=1
Une telle suite ne peut pas avoir de sous-suite convergente (contradiction qui finit la
preuve). En effet, si, par l’absurde, xnk → x, alors d(xnk , xnl ) ≥ r si k 6= l. En faisant
Ism
Proposition 28
Soit (xn ) une suite sans valeur d’adhérence de (E, d). Alors, pour tout x ∈ E, il existe
un r > 0 tel que B(x, r) ne contienne qu’un nombre fini de termes de la suite.
Démonstration:
C’est une conséquence de la Proposition 19 du Chapitre 1, mais on présente une preuve
directe. Par l’absurde : il existe x ∈ E tel que, pour tout r > 0, B(x, r) contienne une
infinité de termes de la suite. On prend r = 1. Alors B(x, 1) contient une infinité de
termes de la suite ; en particulier, on trouve un n0 tel que d(xn0 , x) < 1. Par récurrence,
en prenant r = 1/(k + 1), on trouve un nk > nk−1 tel que d(xnk , x) < 1/(k + 1). Il
s’ensuit que (xnk ) est une sous-suite de la suite initiale et que xnk → x, contradiction.
Théorème 5 (Borel-Lebesgue)
Un espace métrique est séquentiellement compact si et seulement s’il est compact.
1.5. ESPACE COMPACT 29
Démonstration:
Condition Nécessaire : Soit r la constante de Lebesgue d’un recouvrement (Ui )i∈I .
n
[
Il existe x1 , . . . , xn ∈ E tels que E = B(xj , r). Pour j = 1, . . . , n, il existe un ij ∈ I
j=1
[
tel que B(xj , r) ⊂ Uij . Alors E = Uk , où J = {ij ; j = 1, . . . , n}.
k∈J
Condition suffisante : si (E, d) n’est pas compact, il existe une suite (xn ) ⊂ E
sans valeur d’adhérence. Pour tout x ∈ E, il existe un rx > 0 tel que B(x, rx ) ne
contienne qu’un nombre fini de termes de la suite. Clairement, (B(x, rx ))x∈E est un
recouvrement ouvert de E. Si on considère une famille finie J ⊂ E, alors l’union de la
s
famille (B(x, rx ))x∈J ne contient qu’un nombre fini de termes de la suite. En particulier,
cette famille ne couvre ni la suite (xn ), ni E.
ne
Proposition 29
Soit f : E → R une fonction continue sur un espace topologique E compact. Alors sup f
et inf f sont finis et il existe a, b ∈ E tels que f (a) = inf f et f (b) = sup f . C’est-à-dire
Une fonction continue réelle sur un compact est bornée et ses bornes sont atteintes.
Démonstration:
u
A := f (E) est un compact dans R. On considère le sup ; le raisonnement est similaire
pour l’inf. M = sup A est fini, car sinon, il existe une suite croissante dans A qui diverge
et une telle suite n’admet pas de sous-suite convergente. Il existe alors une suite (tn ) ⊂ A
telle que tn → M . Chaque sous-suite (tnk ) convergente converge aussi vers M . Donc
Yo
M ∈ A par compacité de A. Donc sup f = M = f (b) pour un b ∈ E.
Proposition 30
Tout espace métrique compact est borné.
Démonstration:
Soit (E, d) compact. On fixe un a ∈ E et on considère la fonction continue f : (E, d) →
R, f (x) = d(x, a). Alors f est bornée ; en particulier, il existe un r > 0 tel que f (x) 6 r,
x ∈ E, ou encore E = B(a, r).
Proposition 31
a
Si A est compact, alors A est complet, donc fermé dans E. Réciproquement, si (xn ) est
une suite de A, alors (xn ) a une valeur d’adhérence dans E ; A étant fermé, cette valeur
d’adhérence appartient à A, et donc (xn ) a une valeur d’adhérence dans A.
Théorème 7 (Bolzano-Weierstrass)
Un intervalle fermé et borné de R est compact.
30 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
Démonstration:
Soit I = [a, b], avec a, b ∈ R. On définit une suite d’intervalles de la manière suivante : on
pose I0 = I. Si Ik a été construit tel qu’il contienne une infinité de termes de la suite, on
divise Ik en deux intervalles fermés de longueur égale à la moitié de la longueur de Ik , J
et K. Ik+1 est alors un de ces deux intervalles ; on lui demande de contenir une infinité
de termes de la suite. On note que c’est toujours possible de construire Ik+1 , car au
moins l’un des J ou K contient une infinité de termes de la suite. On construit ensuite,
par récurrence, une sous-suite (xnk ) telle que xnk ∈ Ik , k ∈ N. On choisit xn0 = x0 ∈ I0 .
En supposant xn0 < xn1 < . . . < xnk−1 construits, on note que, par construction, Ik
contient des termes xn avec n > nk−1 . On choisit alors un nk > nk−1 tel que xnk ∈ Ik .
s
La suite (xnk ) est de Cauchy. En effet, si l > k, alors xnl , xnk ∈ Ik (car Il ⊂ Ik ) et donc
|xnl − xnk | 6 (b − a)/2k . Comme (b − a)/2k → 0, pour tout ε > 0 il existe un k0 tel que
(b − a)/2k < ε si k > k0 ; il s’ensuit que |xnl − xnk | < ε si k, l > k0 .
ne
[a, b] étant complet (car fermé dans R), on trouve que (xnk ) converge dans [a, b], et donc
(xn ) a une valeur d’adhérence.
u
Yo
a
Ism
1.6. EXERCICES : 31
1.6 Exercices :
Exercice 1
Montrer qu’une suite convergente et sa limite forment un ensemble compact.
Indication:
Utiliser qu’un ensemble K est compact si et seulement si de toute suite d’éléments de
K on peut extraire une sous-suite convergente vers un élément de K.
Correction:
s
Soit (un )n∈N une suite convergente et soit ` sa limite. Notons
K = {un | n ∈ N} ∪ {`}.
ne
Soit (vn ) une suite d’éléments de K. Si (vn ) ne prend qu’un nombre fini de valeurs,
on peut extraire une sous-suite constante, donc convergente.
Sinon (vn ) prend une infinité de valeurs. Nous allons construire une suite convergente(wn )
extraite de (vn ). Soit w0 le premier des (v0 , v1 , v2 , . . .) qui appartient à {u0 , u1 , . . .}. Soit
w1 le premier des (v1 , v2 , . . .) qui appartient à {u1 , u2 , . . .}... Soit wn le premier des
u
(vn , vn+1 , . . .) qui appartient à {un , un+1 , . . .}. Alors (wn ) est une suite-extraite de (vn )
et par construction (wn ) converge vers la limite de (un ), donc vers ` ∈ K.
Exercice 2
Yo
Soient K, F ⊂ Rn des parties non vides, K compact et F fermé. Montrer qu’il existe
a ∈ K et b ∈ F tel que ka − bk = dist(K, F ).
Indication:
Extraire des sous-suites...
Correction:
1. Notons ` = dist(K, F ). Alors il existe (xn ) suite d’éléments de K et (yn ) suite
d’éléments de F telles que kxn − yn k → `. Comme K est compact alors on peut
extraire de (xn ) une sous-suite (xϕ(n) ) qui converge dans K. Notons a ∈ K cette
a
La suite (xϕ(n) ) qui converge est donc bornée, et la suite (kyϕ(n) − xϕ(n) k) qui
converge dans R (vers `) est bornée également. Donc la suite (yϕ(n) ) est bornée on
peut donc en extraire une sous-suite convergente (yϕ◦ψ(n) ). De plus comme F est
fermé alors cette suite converge vers b ∈ F . La suite (xϕ◦ψ(n) ) extraite de (xϕ(n) )
converge vers a ∈ K. Et comme nous avons extrait deux suites (xn ) et (yn ) on
a toujours kxϕ◦ψ(n) − yϕ◦ψ(n) k → `. A la limite nous obtenons ka − bk = ` avec
a ∈ K et b ∈ F .
2. Remarque : si K était supposé fermé mais pas compact alors le résultat précédent
pourrait être faux. Par exemple pour K = {(x, y) ∈ R2 | xy > 1 et y > 0} et
F = {(x, y) ∈ R2 | y 6 0} nous avons d(K, F ) = 0 mais K ∩ F = ∅.
Exercice 3
Soit E un espace compact et soit (F, d) un espace métrique. Soit f : E → F une
application localement bornée, ce qui signifie que, pour tout y ∈ E, il existe un voisinage
Vy de y sur lequel f est bornée. Montrer que f est bornée sur E.
32 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
Correction:
Comme E est compact et E ⊂ y∈E Vy il existe un ensemble fini Y ⊂ E tel que
S
E ⊂ y∈Y Vy . Sur chaque voisinage Vy , f est bornée par une constante My . Notons
S
M = maxy∈Y My . Alors f est bornée sur E par M . En effet pour un élément quelconque
x ∈ E, il existe y ∈ Y tel que y ⊂ Vy donc f (x) est bornée par My donc par M .
Exercice 4
Soit X un espace métrique.
1. Soit (Fn )n une suite décroissante de fermés de X et soit (xn )n une suite convergente
telle que xn ∈ Fn pour tout n ≥ 0. Montrer que
s
\
lim xn ∈ Fn .
n→∞
n≥0
ne
T
Donner un exemple pour lequel n≥0 Fn = ∅.
2. Soit maintenant (Kn )n une suite décroissante de compacts non vides de X. Vérifier
T
que K = n≥0 Kn est non vide et que tout ouvert Ω qui contient K contient tous
les Kn à partir d’un certain rang.
Correction:
u
1. Soit x = lim xn . Soit N ∈ N ; montrons que x est dans FN . On a xN ∈ FN ,
xN +1 ∈ FN +1 ⊂ FN , xN +2 ∈ FN +2 ⊂ FN +1 ⊂ FN , etc. Donc pour tout n > N
alors xn ∈ FN . Comme FN est fermé, alors la limite x est aussi dans FN . Ceci
étant vrai quelque soit N , alors x ∈ N FN .
T
Yo
Pour construire un exemple comme demandé il est nécessaire que de toute suite
on ne puisse pas extraire de sous-suite convergente. Prenons par exemple dans R,
T
Fn = [n, +∞[, alors n Fn = ∅.
2. (a) Pour chaque n on prend xn ∈ Kn , alors pour tout n, xn ∈ K0 qui est compact
donc on peut extraire une sous-suite convergente. Si x est la limite de cette
sous-suite alors x ∈ K. Donc K est non vide.
(b) Par l’absurde supposons que c’est faux, alors
De la suite (xn ), on peut extraire une sous-suite xϕ(n) qui converge vers
x ∈ K. Or xn ∈ X \ Ω qui est fermé donc x ∈ X \ Ω. Comme K ⊂ Ω alors
x∈/ K ce qui est contradictoire.
Ism
Exercice 5
Soit X un espace topologique et f : X × [0, 1] → R continue. Montrer que l’application
g : x ∈ X → 01 f (x, y) dy est continue.
R
Correction:
Soit x ∈ X et ε > 0.
1. Pour tout y ∈ [0, 1] f est continue en (x, y) donc il existe un U (y) voisinage de
x et [a(y), b(y)] voisinage de y tel que pour (x0 , y 0 ) ∈ U (y) × [a(y), b(y)] on ait
|f (x, y) − f (x0 , y 0 )| 6 ε.
2. Comme [0, 1] ⊂ y∈[0,1] [a(y), b(y)] et que [0, 1] est un compact de R il existe
S
un ensemble fini Y tel que [0, 1] ⊂ y∈Y [a(y), b(y)]. De plus quitte à réduire les
S
intervalles ont peut supposer qu’il sont disjoints et quitte à les réordonner on peut
supposer que ce recouvrement s’écrit :
T
3. Notons U = y∈Y U (y), c’est un voisinage de x car l’intersection est finie. Pour
x0 ∈ U nous avons
Z 1 Z 1
|g(x) − g(x0 )| = f (x, y)dy − f (x0 , y)dy
0 0
Z 1
6 |f (x, y) − f (x0 , y)|dy
0
Z t1
6 |f (x, y) − f (x0 , y)|dy+
0
Z t2 Z 1
s
··· + |f (x, y) − f (x0 , y)|dy
t1 tk
6ε(t1 − 0) + ε(t2 − t1 ) + · · · + ε(1 − tk )
ne
6ε
Exercice 6
Soit E un espace normé. Si A et B sont deux parties de E, on note A + B l’ensemble
u
{a + b ; a ∈ A et b ∈ B}.
1. Montrer que si A est compact et B est fermé, alors A + B est fermé.
2. Donner un exemple de deux fermés de R2 dont la somme n’est pas fermé.
Yo
Indication:
On pourra utiliser la caractérisation de la fermeture par des suites.
Correction:
1. Pour montrer que A + B est fermé, nous allons montrer que toute suite de A + B
qui converge, converge vers un élément de A + B. Soit (xn ) un suite de A + B
qui converge vers x ∈ E. Alors il existe an ∈ A et bn ∈ B tel que xn = an + bn .
Comme A est compact on peut extraire une sous-suite (aϕ(n) ) qui converge vers
a ∈ A. Alors bϕ(n) = xϕ(n) − aϕ(n) est convergente vers x − a. Notons b = x − a
comme B est fermé alors b ∈ B. Maintenant x = a + b donc x ∈ A + B.
a
2. Soit
soit
G ={(x, y) ∈ R2 | y 6 0 et x > 0}.
Alors
F + G ={(x, y) ∈ R2 | x > 0} ∪ {0} × [0, +∞[
Exercice 7
Soit f : Rn → Rn une application continue. Elle est dite propre si pour tout compact
K ⊂ Rn , l’image réciproque f −1 (K) est compact.
1. Montrer que, si f est propre, alors l’image par f de tout fermé de Rn est un fermé.
2. Établir l’équivalence suivante : l’application f est propre si et seulement si elle a
la propriété :
kf (x)k → ∞ quand kxk → ∞ .
34 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
Indication:
1. Utiliser la caractérisation de la fermeture par des suites.
2. Remarquer que « kf (x)k → ∞ quand kxk → ∞ » est équivalent à
Correction:
1. Supposons f propre et soit F un fermé. Montrons que f (F ) est un fermé. Soit (yn )
une suite de f (F ) qui converge vers y ∈ Rn . Notons K l’union de {yn }n∈N et de
{y}. Alors K est compact. Comme yn ∈ f (F ), il existe xn ∈ F tel que f (xn ) = yn .
s
En fait xn ∈ f −1 (K) qui est compact car f est propre. Donc de (xn ) on peut
extraire une sous-suite convergente (xϕ(n) ), on note x la limite de cette sous-suite.
Comme xϕ(n) ∈ F et que F est fermé alors x ∈ F . Comme f est continue alors
ne
yϕ(n) = f (xϕ(n) ) tend vers f (x), or yϕ(n) tend aussi vers y. Par unicité de la limite
y = f (x). Donc y ∈ f (F ) et f (F ) est fermé.
2. Dire kf (x)k → ∞ quand kxk → ∞ est équivalent à
∀M > 0 ∃m > 0 ∀x ∈ Rn (x ∈
/ B(0, m) ⇒ f (x) ∈
/ B(0, M )).
u
(a) Supposons f propre, soit M > 0. Alors B(0, M ) est un compact (nous
sommes dans Rn ) donc f −1 (B(0, M )) est compact donc borné, c’est-à-dire
qu’il existe m > 0 tel que f −1 (B(0, M )) ⊂ B(0, m). Donc si x ∈
alors f (x) ∈
/ B(0, M ).
/ B(0, m)
Yo
(b) Réciproquement, soit K un compact de Rn . Comme f est continue et que K
est fermé alors f −1 (K) est un fermé. Reste à montrer que f −1 (K) est borné.
Comme K est compact alors il existe M > 0 tel que K ⊂ B(0, M ), par
hypothèse il existe m > 0 tel que si x ∈ / B(0, m) alors f (x) ∈
/ B(0, M ), ce qui
s’écrit aussi par contraposition : “si f (x) ∈ B(0, M ) alors x ∈ B(0, m)”, donc
f −1 (B(0, M )) ⊂ B(0, m). Or K ⊂ B(0, M ) donc f −1 (K) ⊂ f −1 (B(0, M )) ⊂
B(0, m). Donc f −1 (K) est borné donc compact.
Exercice 8
Soit E = {f : [0, 1] → R continue}. On munit E de la métrique d∞ (f, g) = supt∈[0,1] |f (t)−
a
g(t)|. Montrer que la boule unité fermée de E n’est pas compact (on pourra construire
une suite dont aucune sous suite n’est de Cauchy).
Que peut-on dire de la boule unité fermée de l∞ (l’espace des suites bornées muni
Ism
de la norme sup) ?
Correction:
1
1. Soit fn la fonction affine suivante fn (t) = 0 pour t ∈ [0, n+1 ] et pour t ∈ [ n1 , 1].
1
Sur [ n+1 , n1 ] on définit une “dent” qui vaut 0 aux extrémités et 1 au milieu du
segment. Alors si B dénote la boule unité fermée (centrée en la fonction nulle),
nous avons d∞ (fn , 0) = sup |fn (t)| = 1 donc fn ∈ B. Par contre si p 6= q alors
d(fp , fq ) = 1 donc la suite (fn ) et toute sous-suite ne sont pas de Cauchy. Si
B était compact alors on pourrait extraire une sous-suite convergente donc de
Cauchy. Contradiction.
2. Notons xn = (0, 0, . . . , 0, 1, 0, 0, . . .) la suite de l∞ (le 1 est à la n-ième place).
Alors xn est dans la boule unité fermée B centrée en 0. De plus si p 6= q, alors
d∞ (xp , xq ) = 1. Donc toute sous-suite extraite de (xn ) n’est pas de Cauchy donc
ne peut pas converger. Donc B n’est pas compact.
1.6. EXERCICES : 35
Exercice 9
Soit (X, d) un espace métrique compact et f : X → X une application vérifiant
s
diamètre de cet ensemble est zéro.
4. Conclure que f a un unique point fixe p ∈ X et que pour tout x0 ∈ X la suite
ne
xn = f n (x0 ) → p, lorsque n → ∞.
Indication:
1. ...
2. ......
3. Montrer f (Y ) ⊂ Y puis Y ⊂ f (Y ).
4. Diamètre zéro implique ensemble réduit à un singleton.
Correction:
u
1. Si f a deux points fixes x 6= y, alors d(x, y) = d(f (x), f (y)) < d(x, y). Ce qui est
absurde. Donc f a au plus un point fixe.
Yo
2. f est continue et X compact donc X1 = f (X) est compact, par récurrence si Xn−1
est compact alors Xn = f (Xn−1 ) est compact.
De plus f : X → X, donc f (X) ⊂ X soit X1 ⊂ X, puis f (X1 ) ⊂ f (X) soit
X2 ⊂ X1 , etc. Par récurrence Xn ⊂ Xn−1 ⊂ · · · ⊂ X1 ⊂ X. Comme chaque Xn
est non vide alors Y n’est pas vide.
3. Montrons d’abord que f (Y ) ⊂ Y . Si y ∈ Y , alors pour tout n > 0 on a y ∈ Xn
donc f (y) ∈ f (Xn ) = Xn+1 pour tout n > 0. Donc pour tout n > 0, f (y) ∈ Xn ,
or f (y) ∈ X0 = X. Donc f (y) ∈ Y .
Réciproquement montrons Y ⊂ f (Y ). Soit y ∈ Y , pour chaque n > 0, y ∈ Xn+1 =
f (Xn ). Donc il existe xn ∈ Xn tel que y = f (xn ). Nous avons construit (xn ) une
a
1. Montrer que pour tout ε > 0, il existe k ≥ 1 tel que d(a, ak ) < ε et d(b, bk ) < ε
(Considérer une valeur d’adhérence de la suite zn = (an , bn )).
2. En déduire que f (E) est dense dans E et que d(f (a), f (b)) = d(a, b) (Considérer
la suite un = d(an , bn )).
Correction:
1. Comme E ×E est compact alors de la suite (an , bn ) on peut extraire une sous-suite
(aϕ(n) , bϕ(n) ) qui converge vers (a∞ , b∞ ). Soit ε > 0 il existe n ∈ N tel que si k > n
alors
s
ε
d(aϕ(k) , a∞ ) <
2
et
ε
ne
d(bϕ(k) , b∞ ) < .
2
Donc en particulier
u
La propriété pour f s’écrit ici d(ak , bk0 ) 6 d(ak+1 , bk0 +1 ) >. Donc d(aϕ(n+1)−ϕ(n) , a0 ) 6
d(aϕ(n+1)−ϕ(n)+1 , a1 ) 6 . . . 6 d(aϕ(n+1)−1 , aϕ(n)−1 ) 6 d(aϕ(n+1) , aϕ(n) ) < ε. Donc
pour k = ϕ(n + 1) − ϕ(n), sachant que a0 = a alors d(ak , a) < ε. Même chose avec
(bn ).
Yo
2. (a) Soit a ∈ E et ε > 0 alors il existe k > 1 tel que ak = f k (a) ∈ f (E) avec
d(a, ak ) < ε. Donc f (E) est dense dans E.
(b) Soit un = d(an , bn ). Alors par la propriété pour f , (un ) est une suite croissante
de R. Comme E est compact alors son diamètre est borné, donc (un ) est
majorée. La suite (un ) est croissante et majorée donc converge vers u.
Maintenant un − u0 ≥ 0 et
Donc un tend vers u0 . Comme (un ) est croissante alors un = u0 pour tout n.
En particulier u1 = u0 donc d(a1 , b1 ) = d(a0 , b0 ) soit d(f (a), f (b)) = d(a, b).
Ism
s
Les propriétés suivantes sont équivalentes :
a) (E, T ) est connexe ;
b) Si E = F1 ∪ F2 , avec F1 , F2 fermés disjoints, alors F1 = ∅ ou F2 = ∅ ;
ne
c) Si E = U1 ∪ U2 , avec U1 , U2 ouverts disjoints, alors U1 = ∅ ou U2 = ∅ ;
d) Si f ∈ C((E, d), {0, 1}), alors f est constante.
Ici, {0, 1} est muni de la topologie discrète.
Démonstration:
a)=⇒b) On a F1 = (F2 )c ; par conséquent, F1 est à la fois ouvert et fermé. On a donc
u
F1 = ∅ ou F1 = E (et alors F2 = ∅).
b)=⇒c) On a E = (U1 )c ∪ (U2 )c , d’où (U1 )c = ∅ ou (U2 )c = ∅, ce qui revient à U2 = ∅,
respectivement U1 = ∅.
c)=⇒d) {0} et {1} sont des ouverts de {0, 1}, et donc U1 = f −1 ({0}) et U2 = f −1 ({1})
Yo
sont des ouverts de E. Clairement, ces deux ouverts sont disjoints et E = U1 ∪ U2 . Il
s’ensuit que U1 = ∅ ( et alors f ≡ 1) ou U2 = ∅ ( et alors f ≡ 0).
d)=⇒a) Si A est une partie à la fois ouverte et fermée de E, soit f = 1A . Alors
f ∈ C(E, {0, 1}), car les ouverts de {0, 1} sont ∅, {0}, {1} et {0, 1}, et on vérifie
aisément que les images réciproques de ces ensembles sont des ouverts de E. On a donc
f ≡ 0 ou f ≡ 1 (et alors A = ∅ ou A = E).
Proposition 33
Soient (E, T ) un espace topologique et A ⊂ E. Si A est connexe et A ⊂ B ⊂ A, alors
B est connexe.
a
Démonstration:
Soit F : B → {0, 1} continue. Alors sa restriction f |A : A → {0, 1} est continue et
donc constant par la connexité de A. Soit b = f (x) pour x ∈ A. Comme f est continue,
f −1 ({b}) est un fermé pour la topologie TB . il existe donc une fermé F dans E tel que.
Ism
Proposition 34
Soient (E, T ) un espace topologique et (Ai )i∈I une famille de parties de E. On suppose
que :
(i) chaque Ai est connexe ;
(ii) il existe
[ un i0 ∈ I tel que Ai ∩ Ai0 6= ∅, ∀ i ∈ I.
Alors Ai est connexe.
i∈I
Démonstration: [
Soit f ∈ C( Ai ; {0, 1}). Alors, pour chaque i, f|Ai est constante ; soit ci la valeur de
i∈I
cette constante. Si x ∈ Ai ∩ Ai0 , on trouve ci = f (x) = ci0 , d’où f est constante.
38 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
Corollaire 6
Soient (E, T ) un espace topologique et (Ai )i∈I une famille de parties connexes de E
\ [
telle que Ai 6= ∅. Alors Ai est connexe.
i∈I i∈I
Corollaire 7
Soient A, B deux parties connexes de E telles que A ∩ B 6= ∅. Alors A ∪ B est connexe.
s
Soient A, B deux parties connexes de E telles que A ∩ B 6= ∅. Alors A ∪ B est connexe.
Démonstration:
On pose C = A ∪ (A ∩ B). Donc A ⊂ C ⊂ A et alors C est connexe et C ∩ B 6= ∅.
ne
D’après le corollaire C ∪ B est connexe. Mais C ∪ B = A ∪ B ∪ (A ∩ B) = A ∪ B.
Définition 34
Soit x ∈ E, point d’un espace topologique. La composante connexe de x est Cx =
∪{A ; A connexe, A contient x}.
Une partie A de E est une composante connexe s’il existe un x tel que A = Cx .
Proposition 36
u
a) Cx est la plus grande partie connexe de E contenant x (en particulier, x ∈ Cx ) ;
b) deux composantes connexes sont soit égales, soit disjointes ; l’union des composantes
connexes est E (autrement dit, les composantes connexes forment une partition de E) ;
c) chaque composante connexe est fermée dans E ;
Yo
d) Si les composantes connexes sont en nombre fini, alors chaque composante connexe
est ouverte dans E.
Démonstration:
a) On doit montrer que : (i) Cx est connexe, (ii) x ∈ Cx , (iii) si A est connexe et x ∈ A,
alors A ⊂ Cx . La dernière propriété est claire grâce à la définition de Cx . Pour les deux
premières, notons que {x} est connexe (pourquoi ?) ; en particulier, x ∈ Cx . On peut
écrire Cx = ∪{A ; A connexe et A ∩ {x} = 6 ∅}, ce qui montre que Cx est connexe.
b) Si Cx ∩ Cy 6= ∅, alors Cx ∪ Cy est connexe et contient x. On trouve Cx ∪ C [y
⊂ Cx ,
d’où Cy ⊂ Cx ; de même, on a Cx ⊂ Cy , d’où Cy = Cx . Par ailleurs, on a E = {x} ⊂
a
x∈E
Cx ⊂ E, d’où Cx = E.
[ [
x∈E x∈E
c) Cx étant connexe, Cx (qui contient x) l’est aussi. Il s’ensuit que Cx ⊂ Cx , d’où
Ism
Proposition 39 k
Y
Soient E1 , . . . , Ek , k espaces connexes. Alors E = Ej est connexe.
j=1
Démonstration:
Il suffit de prouver le résultat si k = 2 ; le cas général s’obtient immédiatement par
On fixe x1 ∈ E1 . Soient A = {x1 } × E2 , Ay = E1 × {y}, y ∈ E2 . Alors
récurrence sur k. [
E1 × E2 = A ∪ Ay . Par ailleurs, on a Ay ∩ A 6= ∅, ∀ y ∈ E2 . Il suffit de montrer
y∈E2
que A et Ay sont connexes. On prouve que A est connexe ; l’argument est le même pour
Ay . Soit f : E2 → E, f (x2 ) = (x1 , x2 ). Alors f est continue, car ses coordonnées sont
s
continues. E2 étant connexe, A = f (E2 ) l’est aussi.
Théorème 8
ne
a) Une partie A de R est connexe si et seulement si A est un intervalle.
b) Si A ⊂ R et x ∈ A, alors la composante connexe de x dans A est le plus grand
intervalle contenant x et contenu dans A.
c) Tout ouvert U de R est une union au plus dénombrable d’intervalles ouverts disjoints.
La partie c) est une caractérisation des ouverts de R, car, réciproquement, toute union d’inter-
valles ouverts est un ouvert.
Démonstration:
u
a) Si A n’est pas un intervalle, alors il existe x < y < z tels que x, z ∈ A, mais z 6∈ A.
Alors U = A∩] − ∞, z[, V = A∩]z, +∞[ sont des ouverts non vides et disjoints de A tels
que A = U ∪ V , et donc A n’est pas connexe. Réciproquement, supposons A intervalle
Yo
et soit f ∈ C(A, {0, 1}). Si, par l’absurde, f n’est pas constante, alors il existe x, y ∈ A
tels que f (x) = 0 et f (y) = 1. De par le théorème des valeurs intermédiaires, il existe
un z compris entre x et y (donc appartenant à A) tel que f (z) = 1/2, contradiction.
b) Posons J = ∪{I intervalle ⊂ A ; x ∈ I}. J est un intervalle, car une union d’in-
tervalles dont l’intersection est non vide (ce qui est le cas ici, car x est dans chaque
intervalle) est un intervalle. Par définition de J, c’est le plus grand intervalle de A
contenant x. De a), J est connexe et donc J ⊂ Cx . Par ailleurs, Cx est un intervalle
contenant x, d’où Cx ⊂ J. Finalement, Cx = J.
c) On commence par montrer qu’une composante connexe est un intervalle ouvert.
Soient J une composante connexe de U et x ∈ J. Comme x ∈ U , il existe un r > 0 tel
a
que ]x−r, x+r[⊂ U . Alors J et ]x−r, x+r[ sont des parties connexes de U d’intersection
non vide. On trouve que J∪]x − r, x + r[ est une partie connexe de U contenant x, et
donc J∪]x − [r, x + r[⊂ Cx = J. Finalement, ]x − r, x + r[⊂ J, et donc J est un ouvert.
Ism
Exemple 23
Si E = Q, alors Cx = {x}, x ∈ Q.
En effet, Q ne contient pas d’intervalle non trivial, car entre deux rationnels il existe toujours
un irrationnel.
40 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
1.8 Exercices :
Exercice 1
Soit A et B des parties de X. On suppose B connexe et que B ∩ A et B ∩ {A sont non
vides. Montrer que B coupe la frontière de A.
Indication:
Utiliser la partition X = Å ∪ Fr A ∪ (X \ Ā) où Fr A = Ā \ Å est la frontière de A.
Correction:
s
Notons la frontière Fr A = Ā \ Å. Nous avons la partition X = Å ∪ Fr A ∪ (X \ Ā). Si
B ∩ Fr A = ∅ alors B ⊂ Å ∪ (X \ Ā).
De plus, par hypothèses, B ∩A 6= ∅ et B ∩Fr A = ∅ or Å = A\Fr A donc B ∩ Å 6= ∅.
ne
Comme Fr A = Fr (X \ A) on a B ∩ Fr (X \ A) = ∅. Par hypothèse B ∩ (X \ A) 6= ∅
donc B ∩ (X \ Ā) = (B ∩ (X \ A)) \ (B ∩ Fr (X \ A)) 6= ∅.
Nous avons montrer que B est inclus dans l’union de deux ouverts disjoints Å et
X \ Ā, d’intersection non vide avec B, donc B n’est pas connexe. Par contraposition, si
B est connexe alors B ne rencontre pas la frontière de A.
Exercice 2
u
Notons T = {0} × [−1, 1] ∪ [−1, 1] × {0} muni de la topologie induite par celle de R2 .
1. Montrer que T est compact et connexe et que f (T ) est un segment si f : T → R
est une fonction continue.
Yo
2. Déterminer les points x ∈ T pour lesquels T \ {x} est connexe.
3. Montrer que T n’est homéomorphe à aucune partie de R.
Correction:
1. T est compact car c’est un fermé borné de R2 .
Soit g : T −→ {0, 1} une application continue. Par connexité du segment [−1, 1],
g est constante sur {0} × [−1, 1] (et vaut v) ; g est aussi constante sur [−1, 1] × {0}
et vaut v 0 . Mais alors v = g(0, 0) = v 0 donc g est constante sur T . Donc T est
connexe.
Pour f : T → R une fonction continue. T est compact donc f (T ) est compact. T
a
est connexe donc f (T ) est connexe. Donc f (T ) est un compact connexe de R c’est
donc un segment compact.
2. Ce sont les quatre points cardinaux N = (0, 1), S = (0, −1), E = (1, 0), W =
Ism
(−1, 0).
3. Par l’absurde, supposons que T soit homéomorphe à une partie I de R, alors il
existe un homéomorphisme f : T −→ I. Par le premier point I est un segment
compact I = [a, b]. T \ {N } est connexe donc sont image par f , f (T \ {N }) est
connexe, mais c’est aussi le segment I privé d’un point. I privé d’un point étant
connexe, le point retiré est nécessairement une extrémité. Donc f (N ) = a ou
f (N ) = b. Supposons par exemple f (N ) = a. On refait le même raisonnement avec
S, qui s’envoie aussi sur une extrémité, comme f est bijective cela ne peut être a,
donc f (S) = b. Maintenant f (E) est aussi une extrémité donc f (E) ∈ {a, b}. Mais
alors f n’est plus injective car on a f (E) = f (N ) ou f (E) = f (S). Contradiction.
Exercice 3
1. Montrer qu’il existe une surjection continue de R sur S1 = {z ∈ C ; |z| = 1} et
qu’il n’existe pas d’injection continue de S1 dans R.
2. Montrer qu’il n’existe pas d’injection continue de R2 dans R.
1.8. EXERCICES : 41
Indication:
1. Pour la surjection, pensez à l’exponentielle ou aux sinus et cosinus... Pour l’injec-
tion, raisonner par l’absurde et utiliser la connexité du cercle privé d’un point.
2. Raisonner par l’absurde et utiliser la connexité de R2 privé d’un point.
Correction:
1. (a) φ : R −→ S1 définie par φ(t) = eit est une surjection continue.
(b) S1 est un compact connexe donc, par l’absurde, si ψ : S1 −→ R est une
injection continue alors ψ(S1 ) est un compact connexe de R donc un segment
compact I. Soit y ∈ ˚ I, comme I est l’image de S1 alors il existe un unique
s
x ∈ S1 tel que f (x) = y. L’application f induit alors une bijection continue
f : S1 \ {x} −→ I \ {y}. Mais S1 \ {x} est connexe alors que son image
par f , qui est I \ {y} ne l’est pas (car y ∈ ˚
ne
I). L’image d’un connexe par une
application continue doit être un connexe, donc nous avons une contradiction.
2. Si χ : R2 −→ R est une injection continue. Comme R2 est connexe f (R2 ) = I est
un connexe de R donc un segment (non réduit à un point !). Prenons y un élément
de ˚
I, soit x ∈ R2 tel que f (x) = y. Alors R2 \ {x} est connexe, I \ {y} ne l’est pas,
et f est une bijection continue entre ces deux ensembles, d’où une contradiction.
Exercice 4
u
Dans R2 , soit Ba l’ensemble {a}×]0, 1] si a est rationnel et Ba = {a} × [−1, 0] si a est
irrationnel. Montrer que B = a∈R Ba est une partie connexe de R2 .
S
Yo
Indication:
Définir g : R −→ {0, 1} tel que g(x) prend la valeur qu’a f sur Bx . Montrer pour chaque
points de R \ Q, g est constante dans un voisinage de ce point, puis faire la même chose
pour un point de Q. Conclure.
Correction:
L’ensemble B est connexe si et seulement si toute fonction continue f : B → {0, 1}
est constante. Soit alors f : B → {0, 1} une fonction continue et montrons qu’elle est
constante. Remarquons que la restriction de f à tout ensemble Ba est constante (Ba est
connexe).
On définit g : R −→ {0, 1} tel que g(x) prend la valeur qu’a f sur Bx . Nous allons
a
montrer que g est localement constante (on ne sait pas si g est continue).
— Soit a ∈/ Q alors on a (a, 0) ∈ B, f est une fonction continue et {f (a, 0)} est un
ouvert de {0, 1}, donc f −1 ({f (a, 0)}) est un ouvert de B. Donc il existe ε > 0
Ism
tel que si (x, y) ∈ (]a − ε, a + ε[×] − ε, ε[) × B alors f (x, y) = f (a, 0). Alors pour
x ∈]a − ε, a + ε[ on a g(x) = g(a) : si x ∈ / Q alors g(x) = f (x, 0) = f (a, 0) = g(a) ;
et si x ∈ Q alors g(x) = f (x, 2ε ) = f (a, 0) = g(a). Donc g est localement constante
au voisinage des point irrationnels.
— Si a ∈ Q et soit b ∈]0, 1] alors f est continue en (a, b) donc il existe ε > 0 tel
que pour tout x ∈]a − ε, a + ε[∩Q, g(x) = f (x, b) = f (a, b) = g(a). Si maintenant
x ∈]a − ε, a + ε[∩(R \ Q), on prend une suite (xn ) de rationnels qui tendent vers
x. Comme f est continue alors g(a) = g(xn ) = f (xn , b) tend vers f (x, b) = g(x).
Donc g(a) = g(x). Nous avons montrer que g est localement constante au voisinage
des point rationnels.
— Bilan : g est localement constante sur R.
Comme R est connexe, alors g est constante sur R. Donc f est constante sur R. Ce
qu’il fallait démontrer.
42 CHAPITRE 1. ÉLÉMENTS DE TOPOLOGIE
s
u ne
Yo
a
Ism
Chapitre
2
s
ne
Espace vectoriel normé
2.1
2.1.1
Norme et exemples
Définitions
u
Yo
La notion de norme généralise la notion de longueur dans le plan.
Définition 35
E désigne un K-espace vectoriel (K ∈ {R, C}.) On appelle norme sur E toute application
k·k définie dans E vérifiant les conditions suivantes :
(N1 ) ∀x ∈ K : kxk > 0 (Positivité),
(N2 ) k0k = 0 (Nullité à l’origine)
(N3 ) kxk = 0 =⇒ x = 0 (Séparation)
(N4 ) kλxk = |λ| kxk pour tout x ∈ E et tout λ ∈ K. (Homogénéité)
a
Remarque 4
Dans (N4 ), |λ| désigne la valeur absolue de λ dans le cas K = R. Si K = C |λ| désigne
le module de λ.
Exemple 24
a) L’espace vectoriel E = R muni de l’application « valeur absolue » x 7→ |x|.
b) L’espace vectoriel E = C ' R2 muni de l’application « module » x 7→ |x|.
c) Soient a, b ∈ R avec a < b.
l’espace vectoriel E = C ∞ ([a, b]) muni de la norme :
kf k∞ := sup kf (x)k,
x∈[a,b]
ou s
Z b
kf k2 := f (x)2 dx
a
43
44 CHAPITRE 2. ESPACE VECTORIEL NORMÉ
ou encore de la norme :
Z b
kf k1 := kf (x)k dx
a
s
q
kxk2 := x21 + · · · + x2n
kxk∞ := max(|x1 |, · · · , |xn |).
ne
Les applications k·k1 , k·k2 et k·k∞ sont des normes sur Rn .
Définition 37
Deux normes N1 et N2 sur E sont appelées normes équivalentes s’il existe deux
constantes a, b > 0 telles que, pour tout x ∈ E,
u
L’équivalence des normes est une relation d’équivalence.
Proposition 40
Yo
Sur Rn les trois normes k·k1 , k·k2 et k·k∞ sont équivalentes.
Démonstration:
Démontrons que ∀x ∈ E,
1.
q
6 ((x1 )2 + · · · + (xn )2 = kxk2
2.
Ism
Définition 38
Soit (E, k·k) un espace vectoriel normé, l’application :
d : E × E → R+
(x, y) → (x, y) = kx − yk .
s
Inégalité du triangle ∀(x, y, z) ∈ E 3 , d(x, z) 6 d(x, y) + d(y, z).
Invariance par translation d(x + a, y + a) = d(x, y).
ne
On dit que d est la distance associée à la norme k·k sur E.
Remarque 6
Tout espace vectoriel normé est donc un espace métrique (avec la distance issue de sa
norme). De plus :
— la distance est invariante par translation :
Définition 39
Soit (E, k·k) un espace vectoriel normé, on appelle
1. boule ouverte de centre a ∈ E et de rayon r > 0 l’ensemble
B̄(a, r) = {x ∈ E; kx − ak 6 r}.
S(a, r) = {x ∈ E; kx − ak = r}.
Exercice 5
1
Dessiner les boules ouverte correspondantes à la norme k·kp pour p = 2, p = 1, p =
2, p = ∞
Correction:
Par symétrie, on se rapporte au premier cadran.
√
1. Pour p = 12 ; on trace la courbe y = (1 − x)2 .
2. Pour p = 1 ; on se ramène à la droite d’équation y = 1 − x.
3. Pour p = 2 ; on reconnaît le cercle unité.
4. Pour p = ∞ ; par symétrie par rapport à la première bissectrices ; on arrive à deux
cas de figure.
46 CHAPITRE 2. ESPACE VECTORIEL NORMÉ
1
p= 2 p=1 p=2 p=∞
Remarque 7
Pour tout sous-ensemble B de E et pour tout a ∈ E on note a + B := {a + x|x ∈ B}.
Alors on a B(a, r) = a + B(0, r) et B̄(a, r) = a + B̄(0, r). De plus on a toujours
s
B(a, r) ⊂ B̄(a, r).
Définition 40
ne
On dit qu’un espace vectoriel normé (E, k·k) est de Banach si E est complet pour la
distance associée à k·k.
Exemple 25
Q muni de la distance usuelle dans R n’est pas complet, car il existe dans Q une suite
de Cauchy non convergente.
Théorème 9
R est complet.
Remarque 8
u
Yo
On admet qu’il existe un ensemble R satisfaisant les propriétés algébriques usuelles et
l’axiome de la borne sup.
Démonstration:
Soient An = {xn , xn+1 , . . . , }, an = inf An , bn = sup An . On a an , bn ∈ R, car An est
borné.
Clairement, an 6 bn , (an ) est croissante, (bn ) décroissante.
Soit ε > 0. Il existe un n0 tel que |xn − xm | < ε/2 si n, m > n0 . Pour n > n0 , on a donc
An ⊂ [xn0 − ε/2, xn0 + ε/2], ce qui implique xn0 − ε/2 6 an 6 bn 6 xn0 + ε/2 ;
d’où bn − an 6 ε. Il s’ensuit que les suites (an ), (bn ) sont adjacentes. Par conséquent, il
existe un a ∈ R tel que an → a, bn → a. Comme an 6 xn 6 bn , on trouve xn → a.
a
Exemples de boules
— Dans R on a
Ism
est bornée dans (E, k·k). Si (E1 , N1 ), . . . , (Ep , Np ) sont des p espaces vectoriels normés,
on définit une norme sur E1 × · · · × Ep en posant
N (x1 , . . . , xp ) = max N1 (x1 ), . . . , Np (xp ) .
s
Définition 42
1. Une suite (un ) de (E, k·k) est dite bornée s’il existe un réel M > 0 tel que, pour
ne
tout n ∈ N, kun k 6 M .
2. Une suite (un ) de (E, k·k) est dite convergente vers ` ∈ E si
3. Une suite qui n’est convergente vers aucun ` ∈ E est dite divergente.
On a les propriétés classiques suivantes :
Proposition 42
u
1. Si (un ) est une suite convergente vers ` et vers `0 , alors ` = `0 . On appelle cet
élément de E la limite de la suite (un ). (unicité de la limite).
Yo
2. Toute suite convergente est bornée.
3. Si (un ) et (vn ) sont deux suites de E convergeant respectivement vers ` et vers `0 ,
alors pour tous α, β ∈ K2 , (αun + βvn ) converge vers α` + β`0 .
4. Soient (E1 , N1 ), . . . , (Ep , Np ) des espaces vectoriels normés et soit N la norme
produit sur E = E1 × · · · × Ep . Soit (un ) = (u1n , . . . , upn ) une suite de E. Alors (un )
converge dans E pour la norme N si et seulement si, pour chaque i = 1, . . . , p,
(uin ) converge dans Ei pour la norme Ni .
Soit (un ) une suite de E et soit ϕ : N → N strictement croissante. La suite (uϕ(n) ) s’appelle
suite extraite de (un ).
a
Proposition 43
Soit (un ) une suite de E.
1. Toute suite extraite d’une suite extraite de (un ) est une suite extraite de (un ).
Ism
N
X
SN = un .
n=0
La série est Convergente dans (E, || · ||E ) si la suite (SN )N ∈N admet une limite dans E :
S c’est la somme de la série.
Définition 45 ∞
X
! ∞
X
Une série un est dite absolument convergente (AC) si la série kun kE est
n=0 n=0
convergente dans R+ .
s
Théorème 10
Si E est complet (espace de Banach), alors toute série AC est convergente et
ne
∞
X ∞
X
un 6 kun k .
n=0 n=0
Démonstration: X
N
On a SN = kun k est convergente ⇒ (SN )N ∈N est de Cauchy ∀ε > 0 ∃K tel que.
n=0
K
X
∀N > P > K |Sk − Sp | 6 ε ⇒ ||uj || 6 ε.
Mais kSN − Sp k =
u N
X
j=p+1
j=p+1
uj 6
N
X
j=p+1
kuj k inégalité triangulaire.
Yo
⇒ N > P > K : kSN − SP k 6 ε ⇒ (SN )N ∈N est de Cauchy dans E et donc
convergente.
n
X n
X ∞
X ∞
X ∞
X
D’autre part kSn k = uj 6 kuj k 6 kuj k ⇒ uj 6 kuj k.
j=0 j=0 j=0 j=0 j=0
dimension finie.
Lemme 4
Soit F un sous-espace fermé de E, différent de E. Alors pour tout réel r ∈]0, 1[, il existe
Ism
E
F
ku − zk > r
d(u, F )
u
2.4. ESPACE VECTORIEL NORMÉ DE DIMENSION FINIE 49
Démonstration:
Soit x ∈ E \ F . On a r ∈]0, 1[ donc 1r d(x, F ) > d(x, F ). Alors ∃ y ∈ F tel que kx − yk ≤
d(x,F ) 1
r . Posons u = kx−yk (x − y). On a bien kuk = 1 et d(u, F ) > r car pour tout z ∈ F :
1
ku − zk = (x − y) − z
kx − yk
1
= kx − y − kx − ykzk
kx − yk
1
≥ d(x, F ) puisque y + kx − ykz ∈ F
kx − yk
s
Donc ku − zk > r.
ne
Démonstration:
(du théorème de Riesz) Par contraposition, supposons E de dimension infinie. On
cherche à construire une suite (un )n∈N , bornée, sans valeur d’adhérence. On en déduira
le théorème. On construit (un ) telle que :
1. ∀n, kun k = 1
1
2. ∀n, m, n 6= m ⇒ kun − um k ≥ 2
u
On choisit u0 de norme 1, puis par récurrence on définit un+1 grâce au lemme appliqué
à Fn le sous espace vectoriel engendré par u0 · · · , un .
Yo
a
Ism
50 CHAPITRE 2. ESPACE VECTORIEL NORMÉ
s
∞
!1/p
X
p p
∀x = (xn )n∈N ∈ ` , kxkp = |xn |
n=0
ne
Il n’est pas clair à première vue que `p est un espace vectoriel, lorsque p > 1. Efforçons
de montrer des résultats permettant une preuve courte de cela, tout en délivrant des résultats
simplifiant la démonstration du fait que l’application k.kp définit une norme sur `p . Nous aurons
besoin d’une première inégalité célèbre afin de prouver ce résultat.
u
Soient n ≥ 1 un nombre naturel, p, q > 1 deux réels conjugués, c’est-à-dire vérifiant
Yo
l’égalité :
1 1
+ =1
p q
Pour tous x = (x1 , . . . , xn ), y = (y1 , . . . , yn ) ∈ Kn , l’inégalité suivante est vérifiée :
n n
!1 n
!1
X X p X q
p q
|xk · yk | 6 |xk | |yk |
k=1 k=1 k=1
Démonstration:
Elle s’effectue en deux étapes
a
ap bq
Ism
a·b6 + (2.2)
p q
Puisque p, q > 1, on a :
p
a bq 1 1
ln + ≥ ln(ap ) + ln(bq )
p q p q
= ln(a) + ln(b)
= ln(a · b)
Étant donné que la fonction exponentielle est croissante, on a bien l’inégalité 2.2.
2.5. ESPACES DE SUITES `P 51
Étape 2 : Soient x = (xk )16k6n , y = (yk )16k6n ∈ Kn . Supposons que tous les deux non
nuls, puisque dans ce cas, l’inégalité du théorème est claire.
On pose, pour j ∈ {1, . . . , n} :
|xj |
Aj =
Pn 1
( |xk |p ) p
k=1
|yj |
Bj =
Pn 1
( k=1
|yk |q ) q
s
Ces quotients sont bien définis car x et y sont non nuls. Par l’inégalité (2.2), on a
que
ne
n n
X |xj | |yj | X
1 · P Aj · B j
1
=
Pn p n q
j=1 ( k=1 |xk | ) p ( k=1 |yk | ) q
j=1
n n
1X 1X
6 Apj + Bq
p j=1 q j=1 j
1 1
= + =1
u
Ce qui implique le résultat.
p q
Yo
Introduisons maintenant une autre inégalité célèbre qui nous permettra de montrer que `p
est un espace vectoriel.
Démonstration:
Supposons x, y non nuls, sinon le résultat est clair.
Si p = 1, il suffit d’itérer l’inégalité triangulaire pour le module afin de prouver
Ism
n
X
kx + ykpp = |xk + yk |p
k=1
Xn
6 |xk + yk |p−1 (|xk | + |yk |)
k=1
Xn n
X
= |xk kxk + yk |p−1 + |yk kxk + yk |p−1
k=1 k=1
n
!1 n
!1 n
!1 n
!1
X p X q X p X q
kx + ykpp 6 |xk | p
· (p−1)q
|xk + yk | + p
|yk | · |xk + yk | (p−1)q
s
Ceci implique l’inégalité nous permettant de conclure :
1− 1
kxkp + kykp ≥ kx + ykpp q
ne
=kx + ykp .
Le résultat se généralise facilement aux espaces `p , et nous avons donc en même temps l’ar-
gument le plus important de la preuve que `p est un espace vectoriel, mais également l’inégalité
triangulaire pour la norme k.kp .
Théorème 14 (Inégalité de Minkowski (Généralisation à `p ))
u
Soient p ∈ [1, +∞[ un nombre réel, x = (xn )n∈N , y = (yn )n∈N ∈ `p .
Yo
Étant donné qu’on a le résultat pour toutes les suites de sommes partielles, il suffit de
passer à la limite pour conclure.
Exercice 6
Rédiger en détail la preuve des affirmations suivantes :
— L’ensemble `p est un espace vectoriel sur K.
— L’application k.kp définit bien une norme sur `p .
Proposition 44
Soit p > 1 un nombre réel. L’espace vectoriel normé (`p , k.kp ) est un espace de Banach.
a
Exercice 7
Effectuer la preuve de la proposition 44
Ism
Nous n’effectuerons pas la preuve dans cette section, elle est laissée à titre d’exercice. Nous
allons toutefois montrer le cas p = 1. Les idées mises en oeuvre dans cette preuve sont intéres-
santes et il est conseillé de les revoir.
Proposition 45
L’espace vectoriel normé (`1 , k.k1 ) est un espace de Banach.
Démonstration:
(n)
Soit x(n) = xk 1 une suite de Cauchy dans (`1 , k.k1 ). Montrons qu’elle est
n∈N k n
convergente au sens de la norme k.k1 .
En traduisant l’hypothèse sur la suite, il est aisé de déduire que pour tout k ∈ N, la
(n)
suite (xk )n est de Cauchy dans K qui est complet. Soit xk ∈ K la limite de cette suite
dans K .
Nous avons ainsi obtenu un candidat limite x = (xk )k . Nous devons montrer qu’il
s’agit bien d’un élément de `1 et qu’il s’agit de la limite de la suite (x(n) )n .
1. On note en indice la “composante” dans `1 et en exposant l’indice de la suite
2.5. ESPACES DE SUITES `P 53
Soit ε > 0. Puisque la suite (x(n) ) est de Cauchy, il est vrai que :
n
X (p) (q)
∃N ≥ 0, ∀p, q ≥ N, ∀n ≥ 0, |xk − xk | 6 ε
k=0
s
k.k1
Ce qui permet facilement de conclure que x(n) −−−−−→ x
n→+∞
Pour montrer que x ∈ `1 , il suffit d’observer l’inégalité suivante, valable pour tous
ne
naturels n, N considérés.
N N N
X X (n) X (n)
|xk | 6 |xk − xk | + |xk | 6 kx − x(n) k1 + kx(n) k1
k=0 k=0 k=0
u
car il s’agit d’un élément d’une suite de Cauchy. Ceci implique que la série définissant
Il reste encore un espace lié aux espaces `p que nous n’avons pas introduit : l’espace des
Yo
suites `∞ .
Définition 47
L’espace des suites bornées, noté `∞ correspond à l’ensemble suivant :
Remarque 9
Il est utile de remarquer que 1 et ∞ sont conjugués.
Exercice 8
a
Il s’agit bien d’un espace de Banach. Cela fait l’objet du résultat suivant :
Proposition 46
L’espace vectoriel (`∞ , k.k∞ ) est un espace de Banach.
La preuve est fortement similaire à celle pour l’espace de suites `1 . Elle sera tout de même
explicitée afin de permettre la lecture d’une version adaptée de la preuve ci-dessus.
Démonstration:
(n)
Soit x(n) = xk une suite de Cauchy dans (`∞ , k.k∞ ). Montrons qu’elle
n∈N k n
est convergente au sens de la norme k.k∞ .
En traduisant l’hypothèse sur la suite, il est aisé de déduire que pour tout k ∈ N, la
(n)
suite (xk )n est de Cauchy dans K qui est complet. Soit xk ∈ K la limite de cette suite
dans K .
Nous avons ainsi obtenu un candidat limite x = (xk )k . Nous devons montrer qu’il
s’agit bien d’un élément de `∞ et qu’il s’agit de la limite de la suite (x(n) )n .
54 CHAPITRE 2. ESPACE VECTORIEL NORMÉ
Soit ε > 0. Puisque la suite (x(n) ) est de Cauchy, il est vrai que :
(p) (q)
∃N ≥ 0, ∀p, q ≥ N, ∀k ≥ 0, |xk − xk | 6 ε
k.k∞
Ce qui permet facilement de conclure que x(n) −−−−−→ x
n→+∞
Pour montrer que x ∈ `∞ , il suffit d’observer l’inégalité suivante, valable pour tous
s
naturels n, k considérés.
(n) (n)
|xk | 6 |xk − xk | + |xk | 6 kx − x(n) k∞ + kx(n) k∞
ne
Au vu de la convergence que nous venons d’établir, le premier terme du membre de
droite converge vers 0. Le second quant à lui est borné par une constante indépendante
de n car il s’agit d’un élément d’une suite de Cauchy. Ceci implique que la suite des
(xk )k∈N est bornée et donc que x ∈ `∞ .
2.6
2.6.1
Espace fonctionnel
u
Définitions et propriétés
Yo
Un autre exemple d’espace de Banach dont nous avons les outils pour montrer la complétude
est l’espace des fonctions continues sur l’intervalle [0, 1]. Tout ce qui suit dans cette section peut
être généralisé aux fonctions définie sur un intervalle fermé borné quelconque.
Définition 48
On note
C ([0, 1]) = {f : [0, 1] → K continue}
l’espace vectoriel de fonctions continues sur l’intervalle [0, 1]. On le munit de la norme
k.k∞ définie par :
x∈[0,1]
Le maximum apparaissant dans la norme est bien défini, car les fonctions considérées sont
continues sur un compact et atteignent donc leurs bornes.
Ism
Proposition 47
L’espace C ([0, 1]) des fonctions continues sur l’intervalle [0, 1] est complet au sens de la
norme k.k∞ .
Démonstration:
Soit (fn )n∈N une suite de Cauchy dans C ([0, 1]). En retraduisant cette hypothèse en
remplaçant le maximum définissant k.k∞ par un quantificateur universel, on obtient la
phrase quantifiée suivante :
On remarque que pour tout x ∈ [0, 1], la suite (fn (x))n∈N est de Cauchy dans K qui
est complet. Il existe donc f limite ponctuelle de (fn )n∈N .
Pour conclure, il suffit de montrer que la suite (fn )n∈N converge au sens de k.k∞
vers f . Cela garantira la continuité de f , car f sera la limite uniforme de la suite.
En faisant q → ∞ dans la phrase quantifiée 2.3, on a le résultat.
2.7. EXERCICES : 55
2.7 Exercices :
Exercice 1
Soient E, F des espaces normés et An , A ∈ L(E, F ). Montrer l’équivalence entre :
1. An → A dans L(E, F ).
2. Pour toute partie bornée M ⊂ E, la suite An x converge uniformément vers Ax,
x ∈ M.
Correction:
1. (1) ⇒ (2). Supposons que An converge vers A dans L(E, F ). Soit M ⊂ E une
s
partie bornée, notons M sa borne (c’est-à-dire pour tout x ∈ M , kxk 6 B). Alors
∀ > 0 ∃N ∈ N ∀n > N kAn − Ak 6
B
ne
kxk
⇒ ∀ > 0 ∃N ∈ N ∀n > N ∀x ∈ M kAn (x) − A(x)k 6
B
⇒ ∀ > 0 ∃N ∈ N ∀n > N ∀x ∈ M kAn (x) − A(x)k 6
u
2. (2) ⇒ (1). Par définition de la norme d’un opérateur nous avons kAn − Ak =
supkxk=1 kAn (x) − A(x)k. Prenons comme partie bornée la sphère unité :
M = S(0, 1) = {x ∈ E | kxk = 1}.
Yo
Alors :
∀ > 0 ∃N ∈ N ∀n > N ∀x ∈ S(0, 1) ∈ kAn (x) − A(x)k 6
⇒ ∀ > 0 ∃N ∈ N ∀n > N kAn − Ak 6
hn (x) = −1 si x ∈ [ 21 + n1 , 1] et hn est
Exercice 2
(E, ||.||) un espace vectoriel normé.
a
1. Montrer que dans ce cas la boule fermée B 0 (a, r) est l’adhérence de la boule ouverte
B(a, r).
2. Montrer que B(a, r) ⊂ B(b, R) ⇐⇒ r 6 R et ||a − b|| 6 R − r.
Ism
Correction:
1. On note B = B(a, r), B 0 = B 0 (a, r), B̄ = B(a, r). Il faut montrer B 0 = B̄. B 0 est
une boule fermée, donc un fermé contenant B, alors que B̄ est le plus petit fermé
contenant B, donc B̄ ⊂ B 0 .
Étudions l’inclusion inverse : soit x ∈ B 0 , il faut montrer x ∈ B̄. Si x ∈ B alors
x ∈ B̄, supposons donc que x ∈ / B, alors kx − ak = r. Soit B(x, ε) un boule centrée
en x. x est adhérent à B si B(x, ε) ∩ B est non vide quelque soit ε > 0. Fixons
ε > 0 et soit le point
ε x−a
y =x− .
2 kx − ak
Faire un dessin et placer y sur ce dessin. D’une part y ∈ B(x, ε) car ky − xk =
ε/2 < ε. D’autre part y ∈ B = B(a, r) car ky − ak = kx − a − 2ε kx−ak x−a
k =
ε
kx − ak(1 − 2kx−ak ) = r − 2ε < r. Donc y ∈ B ∩ B(x, ε), ce qui prouve que B 0 ∩ B̄.
Donc B 0 = B̄.
56 CHAPITRE 2. ESPACE VECTORIEL NORMÉ
s
1. Si (x, y) ∈ R2 , on pose ||(x, y)|| = max(|x + y|, |x − 2y|). Montrer qu’il s’agit d’une
norme sur R2 et dessiner sa boule unité fermée.
2. Soit p, q deux normes sur Rn , Bp et Bq leurs boules unités fermées. Montrer que
ne
Bq ⊂ Bp ⇐⇒ p 6 q.
Correction:
1. (a) Si ||(x, y)|| = 0 alors max(|x + y|, |x − 2y|) = 0 donc x + y = 0 et x − 2y = 0
(b)
u
donc x = 0 et y = 0. Réciproquement k(0, 0)k = 0.
(c)
La boule unité fermée centrée à l’origine est la région du plan comprise entre les
droites d’équations x + y = +1, x + y = −1, x − 2y = +1, x − 2y = −1.
Ism
B1 ⊂ B2 ⊂ B∞ ⊂ 2B1 ⊂ 2B2 ⊂ · · ·
Exercice 4
Soit E = {f ∈ C 1 ([0, 1], R) ; f (0) = 0}. On pose
Indication:
Montrer
— kf k 6 N (f ) ;
— kf 0 k∞ 6 kf k∞ + kf k ;
— kf k∞ 6 kf k.
Correction:
Par l’inégalité triangulaire |f (x) + f 0 (x)| 6 |f (x)| + |f 0 (x)| on obtient kf k 6 N (f ). Pour
une inégalité dans l’autre sens décomposons le travail :
s
— kf 0 k∞ 6 kf k∞ +kf k : en effet par l’inégalité triangulaire |f 0 (x)| 6 |f (x)|+|f 0 (x)+
f (x)|.
— kf k∞ 6 kf k : en effet f est continue sur [0, 1] donc elle est bornée et atteint ses
ne
bornes. Soit x0 ∈ [0, 1] ce point du maximum. Si x0 ∈]0, 1[ alors f 0 (x0 ) = 0 donc
kf k∞ = |f (x0 )| = |f (x0 ) + f 0 (x0 )| 6 kf k. Si x0 = 1 alors f et f 0 ont même signe
sur un intervalle [1 − ε, 1] donc sur cet intervalle |f (x)| 6 |f (x) + f 0 (x)| et donc
kf k∞ = |f (1)| 6 kf k. (Enfin f (0) = 0 donc si x0 = 0 alors f est nulle et l’inégalité
est triviale.)
— Il reste à rassembler les expressions :
u
N (f ) = kf 0 k∞ + kf k∞ 6 kf k∞ + kf k + kf k∞ 6 3kf k.
Indication:
— Montrer kf k1 6 kf k∞ .
— Par un contre-exemple, montrer qu’il n’existe aucune constante C > 0 tel que
kf k∞ 6 Ckf k1 pour tout f .
Ism
Correction:
1. kf k1 = 01 |f (t)|dt 6 01 kf k∞ dt 6 kf k∞ . Donc kf k1 6 kf k∞ Par contre il n’existe
R R
aucune constante C > 0 tel que kf k∞ 6 Ckf k1 pour tout f . Pour montrer ceci
par l’absurde, supposons qu’il existe une constante C > 0 telle que kf k∞ 6 Ckf k1
pour tout f de C([0, 1], R). Regardons les fonctions fk définies par fk (x) = 2k(1 −
kx) si x ∈ [0, k1 ] et fk (x) = 0 si x > k1 . Alors fk ∈ C([0, 1], R) et kfk k∞ = 2k alors
que kfk k1 = 1. On obtient 2k 6 C.1 ce qui est contradictoire pour k assez grand.
Cela prouve que les normes ne sont pas équivalentes.
2. Comme les métriques sont définies par des normes et que les normes ne sont pas
équivalentes alors les métriques ne définissent pas la même topologie.
Exercice 6
Soit E = C 1 ([0, 1], R). Comparer les normes suivantes :
1. N1 (f ) = ||f ||∞ ,
58 CHAPITRE 2. ESPACE VECTORIEL NORMÉ
Indication:
Les seules relations sont :
Correction:
s
1. On montre facilement
ne
2. Par contre il n’existe pas de constante C > 0 telle que N3 6 CN4 ou N2 6 CN4 .
On suppose qu’il existe C > 0 telle que N3 6 CN4 on regarde fk définie par
fk (x) = xk , après calcul on obtient N3 (fk ) = k + 1 et N4 (fk ) = 2, pour k suffisam-
ment grand on obtient une contradiction. Comme N1 et N2 sont équivalentes on
va prouver qu’il n’existe pas de constante C > 0 telle que N3 6 CN1 . On prend
gk , définie par gk (x) = 1 + sin(2πkx). Alors N1 (gk ) = 2 et N3 (gk ) = 4k, ce qui
u
prouve le résultat souhaité.
Yo
a
Ism
2.8. APPLICATIONS LINÉAIRES CONTINUES 59
s
Démonstration:
« a)=⇒b) » Évident.
ne
« b)=⇒c) » Il existe un δ > 0 tel que kx − 0kE < δ =⇒ kf (x) − f (0)kF < 1. Si
δ 2 kxkE 2
x ∈ E\{0}, on a kykE < δ, où y = x. Donc kf (x)kF = kf (y)kF 6 kxkE .
2 kxkE δ δ
2
Cette égalité étant clairement vérifiée si x = 0, on retrouve c) avec C = .
δ
« c)=⇒a) » On a kf (x) − f kF = kf (x − y)kF 6 C kx − ykE ; f est C-lipschitzienne,
donc continue.
u
Pour la dernière propriété, on fixe une base {e1 , . . . , en } de E. Si x = x1 e1 + . . . xn en , on
vérifie aisément que x → kxk1 = |x1 | + . . . |xn | est une norme sur E. Il suffit de vérifier
la continuité par rapport à cette norme. On a
Yo
kf (x)kF = kf (x1 e1 + . . . xn en )kF
6|x|1 kf (e1 )kF + . . . |xn | kf (en )kF 6 C kxk1 ,
où C = max{kf (e1 )kF , . . . , kf (en )kF }.
Corollaire 8
Si f : (E, k·kE ) → (F, k·kF ) est linéaire et continue, alors il existe une plus petite
constante C > 0 telle que kf (x)kF 6 C kxkE , ∀ x ∈ E. De plus, on a
kf (x)kF
C= sup = sup kf (x)kF = sup kf (x)kF .
x∈E:x6=0 kxkE x∈E:kxkE =1 x∈E:kxkE 61
a
Démonstration:
L’ensemble F = {K > 0 ; kf (x)kF 6 K kxkE , ∀ x ∈ E} est non vide et minoré par 0. Par
conséquent, C = inf F ∈ F existe. Il est immédiat que cette constante C est la constante
Ism
désirée et qu’elle est donnée par la première formule. La deuxième et troisième formule
kf (x)kF kf (λx)kF
suivent de l’observation que = , pour tout λ 6= 0. On a A2 ⊂ A1 ,
kxkE kλxkE
et donc sup A2 6 sup A1 . Si kxkE 6 1, alors x = λy pour un λ ∈ [0, 1] et un y tel que
1
kykE = 1 (si x 6= 0, prendre λ = kxkE et y = x ; si x = 0, λ = 0 et n’importe
kxkE
quel y conviennent). On a donc kf (x)kF = λ kf (y)kF 6 sup A2 . Par passage au sup, on
trouve sup A1 6 sup A2 ; d’où sup A2 = sup A1 .
1 kf (x)kF kf (y)kF
Par ailleurs, si x 6= 0, alors kykE = 1, où y = x. Comme = ,
kxkE kxkE kykE
on a A3 ⊂ A2 . Comme on a aussi A2 ⊂ A3 , on trouve que A2 = A3 . Il s’ensuit que
sup A1 = sup A2 = sup A3 .
kf (x)kF
Si x 6= 0, on a kf (xk = kxkE 6 sup A3 kxkE ; cette inégalité est encore valable
kxkE
si x = 0. On obtient C 6 sup A3 . Par ailleurs, on a kf (x)kF 6 C si kxkE = 1 ; par
passage au sup, on trouve sup A2 6 C. Finalement, C = sup Aj , j = 1, 2, 3.
60 CHAPITRE 2. ESPACE VECTORIEL NORMÉ
Définition 49
Soient (E, k·kE ), (F, k·kF ) deux espaces normés. On note
s
L (E, F ) est un espace vectoriel réel et f 7→ kf k est une norme sur L (E, F ).
Proposition 50
ne
Si (E, k·kE ) est un espace normé et (F, k·kF ) un espace de Banach, alors L (E, F ) est
un espace de Banach.
Démonstration:
Soit (fn )n une suite de Cauchy de L (E, F ).
1. Trouvons d’abord le candidat à la limite. Par définition d’une suite de Cauchy,
nous avons :
u
∀ > 0 ∃N ∈ N ∀p, q > N kfp − fq k < .
Fixons x ∈ E, alors
Donc la suite (fn (x))n est une suite de Cauchy de F . Comme F est complet alors
cette suite converge, notons f (x) sa limite.
2. Nous avons construit une fonction f : E −→ F . Montrons que f est dans l’espace
L (E, F ), c’est-à-dire que f est linéaire. Comme pour tout n, fn est linéaire alors,
pour tout x, y ∈ E, λ, µ ∈ R on a
a
Proposition 51
Soient E un espace vectoriel de dimension finie, {e1 , . . . , en } une base de E et k·k une
norme sur E. Si f : (E, k·k) → (X, d), on définit une nouvelle application, f˜ : Rn →
(X, d), par f˜(x1 , . . . , xn ) = f (x1 e1 + . . . xn en ). Alors f continue⇐⇒ f˜ continue.
Autrement dit, vérifier la continuité d’une application définie sur un espace de dimension finie
revient à vérifier la continuité d’une application définie sur Rn .
Démonstration:
Soit T : Rn → (E, k·k), T (x1 , . . . , xn ) = x1 e1 + . . . xn en . Alors T est linéaire, donc
continue. T est bijective ; son inverse est linéaire, donc continue. On a f˜ = f ◦ T , d’où
s
f continue=⇒ f˜ continue. De même, f = f˜ ◦ T −1 , et donc f˜ continue=⇒ f continue.
u ne
Yo
a
Ism
62 CHAPITRE 2. ESPACE VECTORIEL NORMÉ
2.9 Exercices :
Exercice 1
Soient E1 , E2 et F des espaces normés sur R et soit B : E1 × E2 → F une application
bilinéaire. Montrer que B est continue si et seulement s’il existe M > 0 tel que
Indication:
Si la relation est vérifiée montrer que B est continue en x en calculant B(x+y)−B(x). Si
s
B est continue alors en particulier B est continue en (0, 0), fixer le de cette continuité,...
Correction:
ne
Pour x = (x1 , x2 ) ∈ E1 × E2 posons kxk = max(kx1 k, kx2 k).
1. Sens ⇐. Soit M > 0 tel que kB(x)k 6 M kx1 kkx2 k. Montrons que B en continue
au point x = (x1 , x2 ) fixé. Soit y = (y1 , y2 ) alors
Donc
u
kB(x + y) − B(x)k 6 M kx1 k ky2 k + M kx2 k ky1 k + M ky1 k ky2 k .
Yo
Pour ky1 k 6 on a M kx1 kky2 k 6 (si x1 = 0 il n’y a rien à choisir ici).
M kx1 k
Pour ky2 k 6 M kx 2k
on a M kx2 kky1 k 6 (si x2 = 0 il n’y a rien à choisir ici).
q q
Enfin pour ky1 k 6 M et ky2 k 6 M on a M ky1 kky2 k 6 . Donc en prenant
q
η = min( M kx , , M ), on obtient que pour kyk = max(ky1 k, ky2 k) 6 η on
1 k M kx2 k
a kB(x + y) − B(x)k 6 3. Ce qui prouve la continuité. Donc B est continue sur
E1 × E2 .
2. Sens ⇒. Si B est continue partout, en particulier elle est continue en 0. Je choisis
= 1, il existe η > 0 tel que kxk 6 η alors kB(x)k 6 1. Donc pour kx1 k 6 η
a
Exercice 2
Soit X = C([0, 1]) avec la norme kf k = 01 |f (t)| dt. Montrer que la forme linéaire
R
f ∈ X 7→ f (0) ∈ R n’est pas continue. Que peut-on en déduire pour le sous-espace des
fonctions de X nulles en 0 ?
Indication:
Prenons fn définie par fn (t) = 2n(1 − nt) pour t ∈ [0, n1 ] et f (t) = 0 si t > n1 .
Correction:
Notons L : X → R l’application linéaire définie par L(f ) = f (0). Prenons fn définie
par fn (t) = 2n(1 − nt) pour t ∈ [0, n1 ] et f (t) = 0 si t > n1 . Alors kfn k = 1 alors que
L(fn ) = 2n. Donc le rapport |L(f n )|
kfn k = 2n n’est pas borné, donc L n’est pas continue. Si
H = {f | f (0) = 0} alors H = KerL = L−1 (0). Comme L n’est pas continue alors H
n’est pas fermé (voir l’exercice 7).
2.9. EXERCICES : 63
Exercice 3
Soit X = {f ∈ C(R) ; (1+x2 )|f (x)| soit bornée}. On pose N (f ) = supx∈R (1+x2 )|f (x)|.
Vérifier que N est une norme, puis montrer que la forme linéaire suivante L est continue
et calculer sa norme :
Z
L:X→R définie par L(f ) = f (x) dx .
R
Indication:
Montrer que kLk = π.
s
Correction:
N est bien une norme. Et on a pour tout x, (1 + x2 )|f (x)| 6 N (f ).
ne
Z Z
|L(f )| =| f| 6 |f |
R R
N (f ) 1
Z Z
6 2
dx 6 N (f ) 2
R 1+x R 1+x
=N (f )[Arctanx]+∞
−∞ = N (f )π.
u
Donc pour tout f on a
f
R
6 π.
Yo
N (f )
1
De plus pour f (x) = 1+x2
on obtient l’égalité. Donc kLk = π.
Exercice 4
Soient E et F deux espaces normés et L : E → F une application linéaire vérifiant :
(L(xn ))n est bornée dans F pour toute suite (xn )n de E tendant vers 0 ∈ E. Montrer
que L est continue.
Indication:
a
Correction:
Comme L est linéaire il suffit de montrer que L est continue en 0. Supposons que cela
ne soit pas vrai, alors il faut nier la continuité de L en 0 qui s’écrit :
Exercice 5 p
X
Soit X = R[x] l’ensemble des polynômes. Pour P (x) = ak xk on pose
k=0
kP k = sup |ak |,
k
n
X 1
U (P )(x) = ak xk
k=1
k
et
n
X
V (P )(x) = kak xk .
s
k=1
1. Montrer que k.k définit une norme et que U et V définissent des applications
linéaires de X dans X.
ne
2. U et V sont ils continues ?
Indication:
U est continue et kU k = 1, V n’est pas continue.
Correction:
1. Il suffit de l’écrire...
u
2. Calculons la norme de U : kU (P )k = supk | k1 ak k 6 supk |ak | 6 kP k. Donc pour
tout P , kUkP(Pk)k 6 1. Et pour P (x) = x on a égalité donc kU k = 1.
3. Pour V , prenons Pk (x) = xk , alors kPk k = 1, mais kV (Pk )k = k. Donc V n’est
Yo
pas bornée sur la boule unité donc V n’est pas continue.
Exercice 6
Soit `∞ l’espace des suites réelles muni avec la norme uniforme, i.e. kxk∞ = supn |xn |.
On considère l’application A : `∞ → `∞ définie par
A(x1 , x2 , ..., xn , ...) = (x1 , x2 /2, ..., xn /n, ...) .
1. Montrer que A est injective et continue avec kAk = 1. Est elle surjective ?
2. Monter que A admet un inverse à gauche mais qu’il n’est pas continu.
Correction:
1. A injective :
a
Si
A(x1 , x2 , . . .) =A(y1 , y2 , . . .)
Ism
Alors
x2 xn y2 yn
(x1 , , · · · , , · · · ) =(y1 , , · · · , , · · · )
2 n 2 n
donc
x1 = y1 , x2 = y2 , · · · , xn = yn ,
Donc A est injective.
A continue : kA(x)k∞ = supn xnn 6 supn xn 6 kxk∞ . Donc kAk 6 1 donc A est
continue.
Norme de A : Pour x = (1, 0, 0, . . .). On a kxk∞ = 1 et kA(x)k∞ = 1 Donc la
norme de A est exactement 1.
A n’est pas surjective : posons
y = (1, 1, 1, . . .) ∈ l∞ .
Soit x une suite telle que A(x) = y alors x = (1, 2, 3, 4, . . .). Mais kxk∞ = +∞
/ l∞ . En conséquence A : l∞ → l∞ n’est pas surjective.
donc x ∈
2.9. EXERCICES : 65
Exercice 7
Soit X un espace normé, L : X → R une forme linéaire non nulle et H = L−1 ({0}) son
s
noyau.
1. Montrer que, si L est continue, alors H est un sous-espace fermé dans X. Établir
la relation
ne
|L(a)|
dist(a, H) = pour tout a ∈ X .
kLk
2. Réciproquement, supposons que le noyau H est un fermé. Démontrer alors que
dist(a, H) > 0 dès que a ∈ X \ H et en déduire que L est continue de norme au
plus |L(a)|/dist(a, H).
3. Peut-on généraliser ceci a des applications linéaires entre espaces normés ?
Correction:
u
1. Si L(a) = 0 alors a ∈ H donc dist(a, H) = 0 donc la relation est vraie. Supposons
que L(a) 6= 0. Alors on a X = H + R.a. En effet pour x ∈ X, il existe λ ∈ R
Yo
tel que L(x) = λL(a). Donc L(x − λa) = 0. Posons h = x − λa, alors h ∈ H et
x = h + λa est la décomposition suivant H + R.a.
Si L est continue alors kLk est finie.
kL(x)k
kLk = sup
x∈X,x6=0 kxk
kL(h + λa)k
= sup
h∈H,λ∈R,h+λa6=0 kh + λak
|λ|
= |L(a)| sup
a
h∈H,λ∈R,h+λa6=0 kh + λak
1
= |L(a)| sup
h∈H kh + ak
Ism
1
= |L(a)|
inf h∈H kh + ak
1
= |L(a)|
dist(a, H)
s
u ne
Yo
a
Ism
Chapitre
3
s
ne
Théorème de Hahn-Banach
u
Les théorèmes de Hahn-Banach sont des résultats d’analyse fonctionnelle très importants.
Ces théorèmes sont vus ici en deux formes : les formes analytiques du théorème assurent qu’une
forme linéaire peut être étendue à tout l’espace en préservant certaines contraintes initiales ;
Yo
les formes géométriques quant à elles sont des résultats assurant qu’on peut séparer par des
hyperplans deux convexes vérifiant certaines hypothèses dans des espaces vectoriels normés.
(SN.2) ∀x, y ∈ E p(x + y) 6 p(x) + p(y). (On dit que p est sous-additive).
Théorème 15
Soit G un sous-espace vectoriel du R-espace vectorielle E, soit g : G → R une forme
linéaire telle ∀x ∈ G, g(x) 6 p(x).
Alors il existe une forme linéaire f : E → R qui prolonge g à E tout entier(i.e g(x) =
f (x), ∀x ∈ E) et telle que :
∀x ∈ E, f (x) 6 p(x).
Définition 51
Soit P un ensemble muni d’une relation d’ordre partiel notée ≺.
1. On dit que Q ⊂ P est totalement ordonné si ∀a, b ∈ Q, a ≺ b ou b ≺ a.
2. On dit que c ∈ P est un majorant de Q ⊂ P si ∀a ∈ Q, a ≺ c.
3. On dit que m ∈ P est maximal si ∀x ∈ P tel que m ≺ x, alors m = x.
4. On dit que P est inductif si tout sous-ensemble totalement ordonné de P admet
un majorant.
67
68 CHAPITRE 3. THÉORÈME DE HAHN-BANACH
Le lemme de Zorn énoncé par Max Zorn, mathématicien américain d’origine allemande, en
1935, est équivalent à l’axiome du choix. Il permet de valider certains types de raisonnements
où on cherche à prouver l’existence d’objets maximaux.
Lemme 5 (Zorn)
Tout ensemble ordonné, inductif et non vide admet un élément maximal.
Démonstration:
Soit P l’ensemble de tout les pairs (D(h), h) vérifiant
1. h | h : D(h) ⊂ E → R
s
2. D(h) s-e-v deE,
3. h|G = g (h prolonge g.)
ne
4. ∀x ∈ D(h), h(x) 6 p(x)
On considère : On munit P de la relation d’ordre :
(
D(h1 ) ⊂ D(h2 )
h1 ≺ h2 ⇐⇒
h2 prolonge h1 .
(C’est-à-dire h1 prolonge h2 si et seulement si le graphe de h1 est inclus à celui de h2 )
u
P 6= ∅ car (D(g), g) ∈ P.
P est inductif : soit Q ⊂ P un sous-ensemble totalement ordonné, on note Q =
(hi )i∈I , on définit D(h) := i∈I D(hi ) et h(x) := hi (x) si x ∈ D(hi ).
S
Yo
Alors h est un majorant de Q.
D’après le lemme de Zorn, P possède un élément maximal (D(f ), f ).
Prouvons que D(f ) = E :
Supposons donc qu’il existe x0 ∈ E \ D(f ). Montrons qu’il est possible d’étendre f
à V = D(f ) ⊕ Rx0 comme annoncé dans le théorème.
On doit montrer qu’il existe un réel g(x0 ) tel que pour tout x = y + tx0 ∈ V ,
g(x) 6 p(x), c’est-à-dire :
f (y) + tg(x0 ) 6 p(y + tx0 )
Analysons les différents cas, selon le signe de t :
Cas 1, t > 0 : la condition devient, par positive homogénéité de p et linéarité de f
a
y y
∀y ∈ (D(f )), g(x0 ) 6 p + x0 − f
t t
Ism
La question qu’on se posait revient donc à se demander s’il existe un réel satisfaisant
les inégalités :
s
Corollaire 9
Soit E un espace vectoriel normé, G un sous-espace vectoriel de E.
Soit g : G → R linéaire et continue.
ne
Alors il existe une forme linéaire continue f sur E prolongeant g et telle que kf k =
kgk.
Démonstration:
On pose p(x) := kgk kxk, les hypothèses du théorème sont bien vérifiées et on a |f (x)| 6
kgk kxk, d’où kf k 6 kgk, d’où kf k = kgk car f prolonge g.
Corollaire 10
Démonstration:
u
Pour tout x0 ∈ E, il existe f0 ∈ E 0 tel que kf0 k = kx0 k et hf0 , x0 i = kx0 k2 .
Démonstration:
Soit x 6= 0, alors :
sup |hf, xi| 6 kxk
a
f ∈E 0
kf k61
et, par le corollaire précédent, il existe f0 ∈ E 0 tel que kf0 k = kxk et hf0 , xi = kxk2 .
f0
On pose f1 := kxk , on a kf1 k = 1 et hf1 , xi = kxk.
Ism
∀x ∈ G, |g(x)| ≤ p(x)
Par définition de l’égalité de deux nombres complexes (leurs parties réelles et imagi-
naires doivent être égales), on en déduit que Re(g)(ix) = −Im(g)(x) et que Im(g)(ix) =
Re(g)(x). On peut donc exprimer f uniquement à l’aide de Re(g) de la manière suivante :
s
Il reste à montrer que f vérifie bien |f | 6 p. Soit x ∈ E. On a :
ne
=f (e−i arg(f (x)) x) (f linéaire)
=Re(f )(e−i arg(f (x)) x)
=h(e−i arg(f (x)) x)
6p(e−i arg(f (x)) x) = p(x)
3.2
3.2.1
u
Forme géométrique du théorème de Hahn-Banach
Hyperplan affine
Yo
Définition 52
Soit E un espace vectoriel réel, un hyperplan affine est un ensemble de la forme
H = {x ∈ E, f (x) = α},
Démonstration:
Si f est continue, alors H = f −1 (α) est un fermé. Réciproquement, supposons H fermé.
Soit x0 ∈ H c . Supposons pour fixer les idées que f (x0 ) < α. Alors, puisque H c est
ouvert, il existe r > 0, tel que B(x0 , r) = {x ∈ E, ||x − x0 || < r} ⊂ H c , et on va en
Ism
déduire que
∀x ∈ B(x0 , r), f (x) < α.
En effet, si on avait un point x1 de la boule où f (x1 ) > α, on trouverait par interpolation,
f étant linéaire, un point x du segment [x0 , x1 ] où f (x) = α, en contradiction avec
B(x0 , r) ⊂ H c . Finalement, ∀x ∈ B(x0 , r), f (x) < α et donc
α − f (x0 )
∀z ∈ B(0, 1), f (z) 6 .
r
α−f (x0 )
Cela entraîne ||f || 6 r , et donc que f est continue.
f (x) 6 α, ∀x ∈ A et f (x) ≥ α, ∀x ∈ B.
s
On suppose que A est ouvert.
Alors il existe un hyperplan affine fermé qui sépare A et B au sens large.
ne
Figure 3.1 – Séparation de deux convexes par un hyperplan dans R2
D
u
A
B
Yo
Remarque 10
Le théorème peut être faux si aucun des deux convexes n’est ouvert. Prendre par exemple
E = C 0 (0, 1), pour A : le sous-espace vectoriel des polynômes trigonométriques et pour
B une quelconque fonction continue qui ne soit pas un polynôme trigonométrique. Or,
on ne peut pas séparer cette fonction et A au sens large comme le montre l’utilisation du
théorème de Stone-Weierstrass). En effet on aurait alors f (x) 6 α pour tout polynôme
a
Lemme 6
Soit C ⊂ E un convexe ouvert avec 0 ∈ C.
On pose, pour x ∈ E, p(x) := inf{α > 0 | x ∈ αC} la jauge de C.
Alors p vérifie les conditions (SN.1) et (SN.2) et :
1. Il existe M tel que 0 ≤ p(x) ≤ M kxk ∀x ∈ E
2. C = {x ∈ E | p(x) < 1}.
Démonstration:
x
— Si p(x) < 1, il existe 0 < α < 1 tel que α ∈ C, donc :
x
x=α + (1 − α) × 0 ∈ C
α
(SN.2) Soit x, y ∈ E, soit ε > 0, alors d’après (SN.1) ;
x y
et ∈C
p(x) + ε p(y) + ε
Donc :
tx (1 − t)y
+ ∈C ∀t ∈ [0, 1]
p(x) + ε p(y) + ε
s
Alors :
p(x) + ε x+y
pour t = , on a ∈C
ne
p(x) + p(y) + 2ε p(x) + p(y) + 2ε
D’où p(x + y) < p(x) + p(y) + 2ε ∀ε > 0, d’où p vérifie (SN.2).
Lemme 7
Soit C ⊂ E un convexe ouvert non vide. Soit x0 ∈ E \ C.
Alors il existe f ∈ E 0 tel que f (x) < f (x0 ) ∀x ∈ C.
En particulier, l’hyperplan affine d’équation {f = f (x0 )} sépare {x0 } et C au sens
u
large.
Yo
C
x0
+
x
W
H
yp
er
pl
an
a
Démonstration:
Par translation, on peut toujours supposer 0 ∈ C et introduire p la jauge de C.
On considère G := Rx0 et on pose g : G → R la forme linéaire définie par g(tx0 ) =
Ism
t ∀t ∈ R.
Alors g(x) ≤ p(x) ∀x ∈ G :
x tx0
— si t > 0, alors g(x) = t = x0 ∈
/ C donc g(x) ≤ p(x)
— si t ≤ 0, g(x) ≤ 0 6 p(x).
Donc par Hahn-Banach analytique, il existe f ∈ E 0 prolongeant g telle que f (x) ≤
p(x), ∀x ∈ E. On a f (x0 ) = 1 et f est continue par (iii). D’autre part, (iv) → f (x) <
1, ∀x ∈ C.
Démonstration: (Démonstration du théorème)
On pose C := A − B. Alors C est convexe, ouvert (car C = y∈B (A − y)) et 0 ∈
S
/ C car
A ∩ B = ∅.
D’après le dernier lemme, il existe f ∈ E 0 tel que f (z) < 0, ∀z ∈ C,
i.e. f (x) < f (y), ∀x ∈ A, ∀y ∈ B.
Soit α ∈ R tel que supx∈A f (x) ≤ α ≤ inf y∈B f (y). Alors l’hyperplan affine d’équa-
tion {f = α} sépare A et B au sens large.
3.2. FORME GÉOMÉTRIQUE DU THÉORÈME DE HAHN-BANACH 73
s
B
ne
Démonstration:
Pour ε > 0, on pose Aε := A + B(0, ε) et Bε := B + B(0, ε) de sorte que Aε et Bε
u
sont convexes, ouverts et non vides. De plus, pour ε > 0 assez petit, Aε et Bε sont
disjoints (sinon on pourrait trouver des suites εn → 0, xn ∈ A et yn ∈ B telles que
kxn − yn k < 2εn et on pourrait extraire une sous-suite yn → y ∈ B par compacité de B
et y ∈ A car A fermé).
Yo
D’après le théorème de Hahn-Banach géométrique sens large, il existe un hyperplan
fermé d’équation {f = α} qui sépare Aε et Bε au sens large. On a donc
Il en résulte que
f (x) + ε kf k 6 α 6 f (y) − ε kf k , ∀x ∈ A, ∀y ∈ B.
3.3 Exercices :
Exercice 1
Notons E ∗ l’ensemble des formes linéaires continues sur E. Soit (E, k·k) un espace
vectoriel normé. Montrer que
∀f ∈ E ∗ f (x) = f (y) ⇒ x = y.
Correction:
On applique le corollaire du théorème de Hahn-Banach Raisonnons par l’absurde. Sup-
s
posons alors que x − y 6= 0, alors il existe une forme linéaire f telle que
kf k = 1 f (x) − f (y) = f (x − y) = kx − yk =
6 0.
ne
Ce qui contredit l’hypothèse.
Exercice 2
Soient E un espace vectoriel normé, n ∈ N et des fonctionnelles linéairement indépen-
dantes x∗1 , ..., x∗n ∈ E ∗ . Alors pour tout x∗ ∈ E ∗ les assertions suivantes sont équiva-
lentes :
2.
T
k=1
u
1. x∗ ∈ Vect(x∗1 , ..., x∗n )
n
ker(x∗k ) ⊆ ker(x∗ )
Yo
Correction:
(1) ⇒ (2)
n
ak x∗k . Soit x ∈
X
Puisque x∗ ∈ Vect(x∗1 , ..., x∗n ), il existe a1 , ..., an ∈ K tels que x∗ =
k=1
n
ker(x∗k ).
T
Alors
k=1
n
x∗ (x) = ak x∗k (x) = 0
X
k=1
(2) ⇒ (1)
a
ϕ : E →Kn+1
Ism
Son image est un sous-espace vectoriel fermé de Kn+1 . Alors par le théorème de
Hahn-Banach, puisque (1, 0, ..., 0) ∈
/ Image(ϕ), on peut séparer {(1, 0, ..., 0)} et Image(ϕ),
autrement dit il existe A ∈ (Kn+1 )∗ et α > 0 tels que pour tout x ∈ E, on a
Cela signifie que Image(A ◦ ϕ) est borné. Or c’est un espace vectoriel, donc il est ré-
duit à l’élément nul. De plus, A s’identifie à (a, a1 , ..., an ) ∈ Kn+1 , alors d’une part
A((1, 0, ..., 0)) = a 6= 0 car α < |A((1, 0, ..., 0))|, d’autre part pour tout x ∈ E on a que
n
A(ϕ(x)) = ax∗ (x) + ak x∗k (x) = 0
X
k=1
Ce qui signifie que x∗ est une combinaison linéaire de x∗1 , ..., x∗n .
3.3. EXERCICES : 75
Exercice 3
Soient (E, k.k) un espace vectoriel normé et x0 ∈ E \ {0}.
Alors il existe x∗ ∈ E ∗ , tel que x∗ (x0 ) = 1 et kx∗ k = kx10 k .
Correction:
Soit G = Kx0 . On considère l’application linéaire continue f : G → K : tx0 7→ t
(la continuité est assurée car l’application est définie sur un espace de dimension 1).
Calculons la norme de f :
1
kf k = sup |f (tx0 )| = sup |t| =
t∈K t∈K kx0 k
s
ktx0 k≤1 |t|≤ kx1 k
0
ne
Exercice 4
Soient (E, k.k) un espace vectoriel normé et x0 ∈ E \ {0}.
Alors il existe x∗ ∈ E ∗ , tel que x∗ (x0 ) = kx0 k et kx∗ k = 1.
Correction:
Soit y ∗ fournie par le exo 3. Il suffit de prendre x∗ = kx0 ky ∗ .
u
Exercice 5
Tout hyperplan vectoriel H de E est soit fermé, soit dense.
Correction:
Soit f la forme linéaire (non nulle) sur E telle que H = Ker(f ). Si H est dense on a le
Yo
résultat (en particulier f n’est pas continue car son noyau n’est pas fermé).
Supposons maintenant que H n’est pas dense dans E et montrons que H est fermé.
Il existe par le corollaire 6 une forme linéaire et continue x∗ non nulle s’annulant sur
l’adhérence de H. Puisque H ⊆ Ker(x∗ ), x∗ et f sont multiples, donc f est continue.
On en conclut que H est fermé.
Exercice 6
Soient (E, k.k) un espace vectoriel normé, F un sous-espace vectoriel de E qui n’est pas
dense dans E et x0 ∈ (E \ adh(F )).
Il existe x∗ ∈ E ∗ tel que F ⊆ Ker(x∗ ), x∗ (x0 ) = 1 et kx∗ k = d1 où d = d(x0 , F ).
a
Correction:
Soit f : F ⊕ Kx0 → K : y + tx0 7→ t. Cette application est linéaire et on a F ⊆ Ker(f )
et f (x0 ) = 1.
Ism
s
u ne
Yo
a
Ism
Chapitre
4
s
ne
Les théorèmes classiques de
l’analyse fonctionnelle
u
Yo
4.1 Espace de Baire
Définition 54
Un espace topologique (E, T ) est un espace de Baire si toute intersection dénombrable
d’ouverts denses est dense. C’est-à-dire
Remarque 11
a
dense dans R. (On peut montrer que R muni de sa topologie usuelle est un espace de
Baire).
Formulations équivalentes
La propriété de Baire peut être exprimée de manière équivalente en termes de fermés :
Théorème 19
Un espace topologique est de Baire si et seulement si une réunion dénombrable de fermés
d’intérieur vide est d’intérieur vide.
Démonstration:
Si F = p Fp , alors F C = p FpC est dense.
S T
77
78 CHAPITRE 4. LES THÉORÈMES CLASSIQUES DE L’ANALYSE FONCTIONNELLE
Théorème 20
Soit (E, d) un espace métrique. Si E est complet, alors (E, d) un espace de Baire.
Démonstration:
Soit (Un )n∈N une suite d’ouverts denses dans E.
Soit V un ouvert non vide de E, montrons que V ∩ ( n∈N Un ) 6= ∅.
T
s
1
rn 6 et B(xn+1 , rn+1 ) ⊂ Un+1 ∩ B(xn , rn )
n
ne
Soit n, m > k, alors xn , xm ∈ B(xk , rk ) donc d(xn , xm ) 6 k2 . La suite (xn )n∈N est
donc de Cauchy, donc converge vers un élément x car E est complet.
De plus, pour tout n, m > n, xm ∈ B(xn , rn ) donc d(xm , xn ) 6 rn . En faisant m → +∞,
on obtient d(x, xn ) 6 rn , i.e. x ∈ B(xn , rn ) ⊂ B(xn−1 , rn−1 ).
D’où : \ \
x∈ B(xn , rn ) ⊂ Un
Corollaires et applications
Proposition 53
u n∈N n∈N
Soient (E, T ) un espace de Baire et (Fn )n∈N une famille de fermés d’intérieur vide.
Yo
L’union des Fn n’est pas E.
Démonstration:
L’union étant d’intérieur vide, elle ne peut être E.
Proposition 54
Soient (E, T ) un espace de Baire et (Fn )n∈N une famille de fermés de E. Si l’union des
Fn est E, alors il existe n0 tel que Fn0 est d’intérieur non vide.
Démonstration:
S’ils étaient tous d’intérieur vide, alors leur union le serait également, et elle ne pourrait
a
pas être E.
Soient (E, T ) un espace de Baire et (Fn )n∈N une famille de fermés de E. Si l’union des
Fn est E, alors l’union des intérieurs des Fn est dense dans E
Démonstration:
S
On pose U = n∈N intFn , qui est ouvert. On pose également, pour tout naturel n,
Fn0 = Fn ∩ (E \ U ), qui est fermé.
Pour tout naturel n, Fn0 est d’intérieur vide ; x est dans l’intérieur de Fn0 si et seule-
ment si il est à la fois dans l’intérieur de Fn et de E \ U , c’est-à-dire il existe un ouvert
O1 (resp. O2 ) contenant x inclus dans Fn (resp. E \ U ), ce qui implique que x est dans
O1 ∩ O2 qui est inclus dans l’intersection de l’intérieur de Fn et de E \ U qui est vide.
Par la propriété de Baire, l’intérieur de l’union des Fn0 est vide, c’est-à-dire l’ensemble
[ [
(Fn ∩ (E \ U )) = (E \ U ) ∩ Fn
n∈N n∈N
est d’intérieur vide. C’est-à-dire E \ U est d’intérieur vide par hypothèse sur les Fn .
Cela montre que U est dense dans E.
4.3. THÉORÈME DE BANACH-STEINHAUSS 79
s
Alors on a que supi∈I kTi k est fini.
L’hypothèse de ce théorème équivaut à dire que pour tout x dans E, l’ensemble {kTi (x)kF |
i ∈ I} est borné, ou encore
ne
∀x ∈ E, ∃Cx , ∀i ∈ I, kTi (x)kF ≤ Cx
La conclusion, quant à elle, équivaut à dire que l’ensemble {kTi k | i ∈ I} est borné. De
manière équivalente :
∃C, ∀x ∈ E, ∀i ∈ I, kTi (x)kF ≤ CkxkE
u
Démonstration:
Pour rappel, (E, k.kF ) est un espace de Baire, car il est complet.
Pour tout naturel n, on considère l’ensemble En défini par :
On déduit de la seconde écriture que En est continuité des Ti ). De plus, les En sont
non vides car ils contiennent tous 0.
On a l’égalité E = n∈N En car pour tout x dans E, l’ensemble {kTi (x)kF | i ∈ I}
S
est borné. Il existe donc un naturel n0 tel que int(En0 ) est non vide (par la proposition
54), c’est-à-dire il existe un élément x0 de En0 et un réel r > 0 tels que BE (x0 , r) ⊆ En0 .
Ceci implique que pour tout z de la boule unité de E et pour tout i dans I, on a
l’inégalité kTi (x0 + rz)kF ≤ n0 . D’où les inégalités (en utilisant l’inégalité triangulaire
renversée et la linéarité) :
a
!
1 1
kTi (z)kF ≤ (n0 + kTi (x0 )kF ) ≤ n0 + sup kTi (x0 )kF
r r i∈I
Ism
Ceci implique que pour tout i dans I, kTi k est majorée par une constante indépen-
dante de i, ce qui fournit le résultat.
Corollaire 12
Soient (E, k.kE ), (F, k.kF ) des espaces de Banach et (Tn )n∈N une suite d’éléments de
L (E, F ) convergeant ponctuellement vers une fonction T : E → F .
La fonction T est linéaire et on a les inégalités :
Démonstration:
Soient a un scalaire et x, y deux éléments de E. Pour tout naturel n, on a par linéarité
de Tn que Tn (ax + y) = aTn (x) + Tn (y). En passant à la limite sur n, on a par unicité
de la limite que T (ax + y) = aT (x) + T (y), ce qui montre la linéarité.
80 CHAPITRE 4. LES THÉORÈMES CLASSIQUES DE L’ANALYSE FONCTIONNELLE
Puisque Tn converge ponctuellement vers T , on a que pour tout x dans E, kTn (x)k
converge vers kT (x)k. Ceci implique que pour tout x dans E, supn∈N kTn (x)k est fini (car
toute suite convergente est bornée). Par le théorème de Banach-Steinhaus, supn∈N kTn k
est fini.
Il reste à montrer l’inégalité kT k ≤ supn∈N kTn k pour conclure. Soit x un élément
de E. Quel que soit le naturel n considéré, on a :
!
kTn (x)kF ≤ kTn kkxkE ≤ sup kTk k kxkE
k∈N
s
On conclut en passant à la limite sur n.
ne
4.4 Théorème de l’application ouverte
Définition 55
Une application f : (X, τX ) → (Y, τY ) est dite ouverte si l’image de tout ouvert de X
par f est un ouvert de Y .
Énonçons le théorème de l’application ouverte.
u
Théorème 22 (Théorème de l’application ouverte)
Soient E, F deux espaces de Banach et T ∈ L (E, F ).
Si T est une surjection, alors T est ouverte.
Yo
Prouvons tout d’abord un résultat qui nous permet de montrer qu’un opérateur est ouvert.
Proposition 56
Soit T : E → F une application linéaire. T est ouverte si et seulement si il existe r > 0
tel que T (BE (0, 1)) ⊇ BF (0, r).
Remarquez que de manière équivalente, T linéaire est ouverte si et seulement si il existe
s > 0 tel que T (BE (0, s)) ⊇ BF (0, 1).
Démonstration:
Supposons T ouverte. Alors l’image par T de BE (0, 1) est un ouvert de F contenant 0,
ce qui fournit le résultat.
a
Réciproquement, supposons qu’il existe r > 0 tel que T (BE (0, 1)) ⊇ BF (0, r). Soit
O un ouvert de E. Soit T (x) un élément de T (O). Il existe s > 0 tel que BE (x, s) ⊆
O. Puisque BE (x, s) = x + sBE (0, 1), on a que T (O) contient l’ensemble T (x) +
sT (BE (0, 1)). Par hypothèse, ce sous-ensemble contient T (x) + sBF (0, r), ce qui im-
Ism
Nous pouvons désormais prouver le théorème. Nous utilisons les résultats suivants, implici-
tement :
Exercice 7
Soient A ⊆ E et T ∈ L (E, F ).
1. On a que A + A comprend 2A ;
2. Si A est convexe, A + A = 2A ;
3. Si A est convexe, alors T (A) est convexe ;
4. Si A est convexe, alors son adhérence aussi.
Démonstration:
Montrons premièrement qu’il existe r > 0 tel que adh(T (BE (0, 1))) ⊇ BF (0, r). Afin de
faire cela, on utilise le théorème de Baire.
4.5. THÉORÈME DU GRAPHE FERMÉ 81
Pour tout naturel n ≥ 1, on pose Fn = n · adh(T (BE (0, 1))) qui est un fermé de F .
Dès lors, l’union des Fn est égale à F par surjectivité de T . En effet, il suffit de constater
que Fn ⊇ n · T (BE (0, 1)) = T (BE (0, n)).
Dès lors le théorème de Baire assure qu’il existe n0 tel que l’intérieur de Fn0 est
non vide. On en déduit que l’intérieur de F1 est non vide. Soit x0 un élément de l’in-
térieur de F1 . Alors il existe s > 0 tel que BF (x0 , s) ⊆ adh(T (BE (0, 1))). Puisque
adh(T (BE (0, 1))) est symétrique (A est symétrique si pour tout élément a de A, −a est
dans A), BF (−x0 , s) est également contenue dans adh(T (BE (0, 1))). Par convexité de
adh(T (BE (0, 1))), on déduit que BF (0, s) ⊆ adh(T (BE (0, 1))).
Maintenant, on a montré que ∃r0 > 0, adh(T (BE (0, 1)) ⊇ BF (0, r0 ). On en déduit
s
que adh(T (BE (0, r)) ⊇ BF (0, 1) où r = 1/r0 . Pour conclure, on doit montrer l’existence
de s > 0 tel que BF (0, 1) ⊆ T (BE (0, s)).
ne
Soit y ∈ F , kyk < 1. Alors, y ∈ adh(T (BE (0, r))).
Par définition d’adhérence, il existe x0 ∈ BE (0, r) tel que ky − T (x0 )k < 21 . Dès
lors, y − T (x0 ) appartient à adh(T (BE (0, r/2))). Il existe donc x1 ∈ BE (0, r/2) tel que
ky − T (x0 + x1 )k < 212 .
À l’étape n, on a y − T (x0 + · · · + xn−1 ) ∈ adh(T (B(0, 2rn ))). Il existe donc xn ∈
B(0, 2rn ) tel que ky − T (x1 + · · · + xn )k < 2n+1
1
.
La série des xn converge car elle est absolument convergente (on a pour tout naturel
y ∈ T (B(0, 2r)).
u
n, kxn k < 2rn ). Soit x la limite de cette série. Alors, kxk ≤ 2r et on a T (x) = y. D’où
Démonstration:
Toute application bijective, continue et ouverte est un homéomorphisme. Le résultat est
immédiat par le théorème de l’application ouverte.
Exercice 8
Si T est continue, alors Gr(T ) est fermé.
Le théorème du graphe fermé est une réciproque partielle pour le résultat précédent ; il
nécessite comme hypothèse additionnelle la complétude de l’espace de départ et de l’espace
d’arrivée.
Théorème 23
Supposons que E et F sont complets et que T est linéaire. Alors T est continue si et
seulement si le graphe de T est fermé.
Démonstration:
Supposons que le graphe de T est fermé, c’est-à-dire si (xn )n est une suite d’éléments
de E et (x, y) ∈ E × F , si (xn , T (xn )) → (x, y), alors y = T (x).
On définit une norme sur E, pour x ∈ E, on pose |||x||| = kxkE + kT (x)kF , appelée
norme du graphe. Montrons que E muni de cette norme est complet.
82 CHAPITRE 4. LES THÉORÈMES CLASSIQUES DE L’ANALYSE FONCTIONNELLE
Soit (xn )n une suite de Cauchy au sens de la norme du graphe. Alors pour tout
ε > 0, il existe n0 naturel, pour tous p, q ≥ n0 ,
Il s’en suit que (xn )n et (T (xn ))n sont de Cauchy (au sens de k.kE et de k.kF respective-
ment) et convergent respectivement vers x ∈ E et y ∈ F . Puisqu’on suppose le graphe
de T fermé, on a y = T (x). Dès lors k|xn −xk| = kxn −xk+kT (xn )−T (x)k qui converge
bien vers 0.
De plus, on remarque que la norme du graphe (de T ) domine la norme k.kE . Par
s
le corollaire 6, les deux normes sont équivalentes. En particulier, il existe c > 0 tel que
pour tout x dans E, kxkE + kT (x)kF ≤ ckxkE . Ceci implique que kT (x)kF ≤ ckxkE
donc T est continue.
u ne
Yo
a
Ism
4.6. EXERCICES : 83
4.6 Exercices :
Exercice 1
A l’aide du théorème de Baire, montrer qu’un fermé dénombrable non vide X de R a
au moins un point isolé. Indication : on pourra considérer ωx = X \ {x}.
Indication:
Raisonner par l’absurde et montrer que ωx est un ouvert dense.
Correction:
Par l’absurde supposons que X n’a aucun point isolé. Comme {x} est un fermé alors
s
ωx = X \ {x} est un ouvert (de X). De plus comme le point x n’est pas isolé alors ωx
est dense dans X.
ne
Maintenant on peut appliquer le théorème de Baire à X qui est un fermé de l’espace
complet R. Donc une intersection dénombrable d’ouverts denses dans X est encore
dense. Mais ici nous obtenons une contradiction car les ωx sont des ouverts denses, X
est dénombrable mais \
ωx = ∅.
x∈X
Et l’ensemble vide n’est pas dense dans X.
Exercice 2
u
Soit f une application définie sur un espace métrique complet (X, d), à valeurs réelles
et semi-continue inférieurement. Montrer qu’il existe un ouvert non vide O sur lequel f
Yo
est majorée.
Application : soit (fn ) une suite de formes linéaires continues sur un Banach B,
vérifiant
∀x ∈ B, sup |fn (x)| < ∞.
n
En utilisant ce qui précède, montrer que supn kfn k < ∞.
Indication:
1. Une application f : X → R est semi-continue inférieurement si
Correction:
1. Par l’absurde supposons que sur aucun ouvert f n’est majorée. f : X → R est
semi-continue inférieurement donc
tel que f (y) > λ donc y ∈ Vx ∩ Oλ . Ceci prouve que Oλ est dense dans X (Vx
étant aussi petit que l’on veut).
Maintenant pour n = 0, 1, 2, . . ., les On sont un ensemble dénombrable d’ouverts
denses. Comme X est complet il vérifie le théorème de Baire donc l’intersection
des On est encore un ensemble dense. Mais il est facile de voir par la définition
des On que \
On = ∅.
n∈N
Ce qui donne la contradiction cherchée.
2. On note φ : B → R la fonction définie par
s
φ(x) = sup |fn (x)|.
n∈N
ne
Il n’est pas difficile de montrer que φ est semi-continue inférieurement : en effet
soit Fλ := {x ∈ X | φ(x) ≤ λ}. Soit λ fixé et soit (xk ) une suite d’éléments de
Fλ . Pour n fixé et pour tout k on a fn (xk ) ≤ k, donc par continuité de fn , on a
fn (x) ≤ k, ceci étant vrai pour tout n on a x ∈ Fλ . Donc Fλ est un fermé donc
Oλ := {x ∈ X | f (x) > λ} est un ouvert. Donc φ est semi-continue inférieurement.
D’après la première question il existe un ouvert non vide O et une constante M > 0
tel que φ soit majorée par M sur O. C’est-à-dire
u ∀n ∈ N ∀x ∈ O |fn (x)| ≤ M.
Par translation on peut supposer que l’origine o est inclus dans O. Donc il existe
> 0 tel que B̄(o, ) ⊂ O. Donc
Yo
∀n ∈ N ∀x ∈ B̄(o, ) |fn (x)| ≤ M
ce qui est équivalent à
M
∀n ∈ N ∀x ∈ B̄(o, 1) |fn (x)| ≤
Donc
M
∀n ∈ N kfn k ≤ .
Exercice 3
L’espace vectoriel normé (C [0, 1], k.k1 ) n’est pas un espace de Baire.
a
Correction:
Soit B∞ = {f ∈ C [0, 1] | kf k∞ ≤ 1}. Notez qu’il ne s’agit pas de la boule unité fermée
Ism
de l’espace considéré ; ce ne sont pas les mêmes normes. Montrons qu’il s’agit d’un fermé
au sens de la norme 1.
Soient (fn )n∈N une suite de fonctions dans B∞ et une fonction f ∈ C [0, 1] telles que
k.k1
fn −−→ f . Supposons par contradiction que f n’est pas dans B∞ , c’est-à-dire kf k∞ > 1.
Il existe a ∈ [0, 1] et δ > 0 tel que |f (a)| > 1 + δ. Par continuité, il existe r > 0 tel que
tout x dans l’intervalle I := ]a − r, a + r[ ∩ [0, 1] vérifie |f (x)| > 1 + 2δ . Pour tout naturel
n, on a :
Z 1 Z
|fn (x) − f (x)|dx ≥ |fn (x) − f (x)|dx
0 ZI
≥ (|f (x)| − |fn (x)|)dx
I
δ
Z
≥ 1+ − 1 dx
I 2
δr
≥ >0
2
4.6. EXERCICES : 85
est d’intérieur non vide. Ceci implique que B∞ est d’intérieur non vide. Soient g dans
l’intérieur de B∞ et r > 0 tel que B(g, r) ⊆ B∞ . Puisque B∞ est symétrique, on a que
−B(g, r) = B(−g, r) ⊆ B∞ , et par convexité de la boule B∞ , on a
1
B(0, r) ⊆ (B(g, r) + B(−g, r)) ⊆ B∞
2
s
Montrons maintenant qu’il existe une constante K telle que toute fonction f continue
r·f
sur [0, 1] vérifie kf k∞ ≤ Kkf k1 . Supposons f non nulle, alors 2kf k1 est élément de
ne
2
B(0, r), donc de B∞ , et on a donc kf k∞ ≤ r kf k1 .
Toutefois cette dernière affirmation est une contradiction ! Il suffit de considérer la
1
fonction fn (x) = xn où n est un nombre naturel ; on a kfn k∞ = 1 et kfn k1 = n+1 . Or
K
l’affirmation qu’on a montré implique que pour tout n naturel, 1 ≤ n+1 .
Exercice 4
Soient (E, k.kE ), (F, k.kF ) des espaces de Banach et (Tn )n∈N une suite d’éléments de
Correction:
u
L (E, F ) convergeant ponctuellement vers une fonction T : E → F .
Pour tout compact K de E, la suite des Tn converge uniformément sur K vers T .
Yo
On a T ∈ L (E, F ) (par le résultat précédent).
Soit K un compact de E. Supposons par l’absurde que la suite des Tn ne converge
pas uniformément vers T sur K, c’est-à-dire qu’il existe ε > 0 tel que pour tout naturel
N , il existe un naturel n > N et un élément x de K tels que kTn (x) − T (x)k > ε.
Il existe donc, pour N = 0, un naturel n0 > 0 et un élément x0 de K tel que
kTn0 (x0 ) − T (x0 )k > ε. En continuant ainsi, on construit une suite (xk )k∈N et une suite
(nk )k∈N telles que pour tout naturel k, kTnk (xk ) − T (xk )k > ε et nk > k.
Par compacité séquentielle, il existe un élément x de K et une sous-suite (xj )j∈J de
(xk )k∈N convergeant vers x. On a, pour tout j dans J :
Or puisque le dernier membre de cette inégalité converge vers 0 lorsque j tend vers
j∈J
l’infini (par convergence ponctuelle des Tn et car xj −−→ x), il y a contradiction avec la
stricte positivité de ε.
Exercice 5
Soit (E, k.k) un espace vectoriel normé et B un sous-ensemble de E. Supposons que
quel que soit x∗ ∈ E ∗ que l’on considère, x∗ (B) est borné. Alors B est borné.
Correction:
Soit pour b ∈ B, l’application linéaire Tb : E ∗ → K : x∗ 7→ x∗ (b). On a par le
corollaire 4 que kbk = max
∗
|x∗ (b)| = kTb k Par hypothèse, quel que soit x∗ ∈ E ∗ ,
kx k≤1
x∗ ∈E ∗
supb∈B |Tb (x∗ )| = supb∈B |x∗ (b)|
est fini. Alors par le théorème de Banach-Steinhaus,
supb∈B kTb k = supb∈B kbk est fini, ce qui montre que B est borné.
86 CHAPITRE 4. LES THÉORÈMES CLASSIQUES DE L’ANALYSE FONCTIONNELLE
Exercice 6
Soient k.k1 , k.k2 deux normes sur un même espace vectoriel E telles que (E, k.ki ) est
un espace de Banach pour i = 1, 2.
S’il existe c > 0 tel que pour tout x ∈ E, kxk1 ≤ ckxk2 (c’est-à-dire que la norme
k.k2 domine la norme k.k1 ), alors elles sont équivalentes.
Correction:
L’application Id : (E, k.k2 ) → (E, k.k1 ) est linéaire, continue et bijective. Par le théorème
d’isomorphisme de Banach, l’identité est bien un homéomorphisme.
Exercice 7
s
Soit E un espace de Banach. Soit T : E → E ∗ linéaire telle que
ne
∀x, y ∈ E, (T x)(y) = (T y)(x)
Correction:
Montrons que le graphe de T est fermé (on a bien E et E ∗ complets). Soit (xn )n une
suite d’éléments de E, soit (x, S) ∈ E × E ∗ tels que (xn , T xn ) → (x, S). Soit z ∈ E.
Montrons que S(z) = (T x)(z). On a, pour tout n, (T xn )(z) = (T z)(xn ). Le premier
1
S = T x (unicité de la limite).
u
membre converge vers S(z) par hypothèse et le second vers (T z)(x) par continuité. D’où
Yo
a
Ism
s
ne
Séparabilité
5.1
u
Définitions et propriétés
Définition 57
Yo
Soit (E, T ) un espace topologique. On dit que E est séparable s’il existe un sous-
ensemble D de E dénombrable tel que D̄ = E.
Un exemple d’espace séparable est R (avec sa topologie usuelle). En effet, Q est un sous-
ensemble dénombrable dense de R.
Proposition 57
Soient (E, d) un espace métrique et F un sous-ensemble de E. Si E est séparable, alors
F est séparable.
Démonstration:
a
1
Ism
L = yn,k ∈ F | n, k ∈ N, k 6= 0, B xn , ∩ F 6= ∅
k
Proposition 58
Soit (E, k.k) un espace vectoriel normé. Les assertions suivantes sont équivalentes :
(A) E est séparable ;
(B) B(E) = {x ∈ E | kxk ≤ 1} est séparable ;
(C) S(E) = {x ∈ E | kxk = 1} est séparable.
87
88 CHAPITRE 5. SÉPARABILITÉ
Démonstration:
D’après la proposition 57,
(A) =⇒ (B) =⇒ (C).
On montre
(C) =⇒ (A).
Soit D = {xn ∈ S(E)|n ∈ N} tel que D̄ = S(E). Posons L = {qxn | q ∈ Q>0 , n ∈ N}.
Alors L est dense dans E car pour tout vecteur x ∈ E,
x
x = kxk · ∈ [0, +∞[ · S(E) = adhR Q>0 · adhE D = L̄.
kxk
s
L’argument sous-jacent à ces notations est que la multiplication scalaire R × E → E
est continue et qu’en conséquence si λn → λ et vn → v sont deux suites convergentes,
ne
respectivement une suite de réels et de vecteurs, alors la limite de la suite λn vn existe
et vaut λv.
Proposition 59
Soit (E, d) un espace métrique. S’il existe B ⊆ E non dénombrable tel que tous b1 ,
b2 ∈ B distincts on a d(b1 , b2 ) ≥ 1 alors tout sous-ensemble A dense de E est non
dénombrable.
Démonstration:
u
Soient b1 , b2 deux éléments de B. À l’aide de l’inégalité triangulaire, on obtient que
B(b1 , 1/4) ∩ B(b2 , 1/4) = ∅ (sinon b1 et b2 sont 1/2-proches).
Yo
Soit A un sous-ensemble dense de E. Alors A rencontre chacune des boules B(b, 1/4),
b ∈ B. Comme elles sont disjointes et que B est non dénombrable, cela assure que A est
non dénombrable.
Corollaire 14
Soit (E, d) un espace métrique. S’il existe B ⊆ E non dénombrable tel que tous b1 ,
b2 ∈ B distincts on a d(b1 , b2 ) ≥ 1 alors E n’est pas séparable.
a
Ism
5.2. EXERCICES : 89
5.2 Exercices :
Exercice 1
Montrer que (c0 , k.k∞ ), l’espace de suites qui tendent vers zéro, est séparable.
Correction:
Soit D = {(q0 , . . . , qN , 0, . . .) | N ∈ N, qj ∈ Q} l’ensemble des suites à coefficients ration-
nels ultimement nulles. Il s’agit d’un ensemble dénombrable (se plonge naturellement
dans l’union dénombrable n Qn ). Montrons que D̄ = c0 .
S
Soit x = (xn )n ∈ c0 . Soit > 0. Il existe N tel que tout n ≥ N vérifie |xn | < . Pour
s
j = 0 → N , il existe qj ∈ Q tel que |xj − qj | < (car Q est dense dans R). Dès lors,
(q0 , . . . , qN , . . .) est élément de D -proche de x.
ne
Ceci termine la preuve.
Exercice 2
Soit p ∈ [1, +∞[. Montrer que (`p , k.kp ) est séparable.
Correction:
Soit D = {(q0 , . . . , qN , 0, . . .) | N ∈ N, qj ∈ Q} l’ensemble des suites à coefficients
rationnels ultimement nulles. Il s’agit d’un ensemble dénombrable.
u
Soient x = (xn )n ∈ `p et > 0. Il existe N tel que pour tout n ≥ N ,
+∞
X
|xk |p < .
Yo
k=n
Pour j = 0 → N , il existe qj rationnel tel que |xj −qj |p < /N . Posons u = (q0 , . . . , qN , 0, . . .) ∈
D, alors ku − xkpp < 2ε.
Ceci termine la preuve.
Exercice 3
Montrer que C ([0, 1]; R) est séparable.
Correction:
Le théorème d’approximation de Weierstrass assure que l’espace des polynômes est dense
a
dans C ([0, 1]; R). Il suffit donc de montrer qu’il existe un sous-ensemble de l’espace des
polynômes dénombrable dont l’adhérence contient l’espace des polynômes 1 .
Il suffit de considérer l’ensemble des polynômes à coefficients rationnels. Il est bien
Ism
dense dans l’ensemble des polynômes (car Q est dense dans R).
Exercice 4
Montrer que `∞ n’est pas séparable.
Démonstration:
On applique le corollaire 14. On prend le sous-ensemble de `∞ suivant :
L’ensemble B est bien non dénombrable (on peut y plonger les parties de N) et deux
éléments distincts seront distants de 1 ; étant données deux parties différentes de N, il
existe un naturel dans une partie et pas l’autre, et les suites associées vaudront respec-
tivement 0 et 1 en la composante correspondante, ce qui implique l’affirmation.
1. Rappel : Soient (X, T ) un espace topologique, D dense dans X et E ⊆ D tel que D ⊆ Ē. Par monotonicité
¯ = Ē, donc E est également dense.
de l’adhérence, on a X = D̄ ⊆ Ē
90 CHAPITRE 5. SÉPARABILITÉ
Exercice 5
Montrer que (C ([0, 1]; R))∗ n’est pas séparable.
Démonstration:
Soit pour t ∈ [0, 1] la forme linéaire appelée évaluation ϕt : C([0, 1]; R) → R : f 7→ f (t).
Cette forme est continue car pour f ∈ C([0, 1]; R), |ϕt (f )| ≤ kf k∞ .
On montre que la famille (ϕt )t∈[0,1] satisfait les hypothèses du corollaire 14. Il s’agit
bien d’une famille non dénombrable d’éléments de (C ([0, 1]; R))∗ . Considérons mainte-
nant t, s ∈ [0, 1], t 6= s. Pour montrer que ϕt et ϕs vérifient kϕt − ϕs k ≥ 1, il suffit de
prendre une fonction de norme au plus 1 similaire à celle illustrée à la figure 5.1.
s
Figure 5.1 – Fonction f illustrant kϕt − ϕs k ≥ 1
ne
1
s t 1
−1
Exercice 6
u
Yo
Montrer que l’espace `2 n’est pas séparable.
Correction:
Notons chaque élément de `2 comme suit :
∞
X
(xn )n = xn e n .
n=0
Soit A ⊆ N, on pose
a
TA : `2 → `2 :
∞
X X
xn en 7→ xn en .
Ism
n=0 n∈A
On vérifie facilement que TA est bien définie, linéaire et continue (on a kTA k = 1
si A est non vide, sinon TA est l’application nulle). L’ensemble B = {TA | A ⊆ N}
vérifie les hypothèses du corollaire 14 ; il s’agit bien d’un ensemble non dénombrable
de L (`2 ), et étant donnés A, A0 ⊆ N, A 6= A0 , alors il existe (sans perte de généralité,
quitte à échanger A et A0 ) n ∈ A \ A0 , d’où TA (en ) = 1 et TA0 (en ) = 0 ce qui implique
kTA − TA0 k ≥ 1.
Chapitre
6
s
ne
Dualité
6.1 Dual topologique
u
Soit K un corps, avec K ∈ {R, C}. Soit (E, k.k) un espace vectoriel normé sur K.
Yo
Définition 58
Le dual topologique deE est l’ensemble des formes linéaires continues sur E, c’est-à-dire
des applications linéaires continues de E dans K. On note cet ensemble E 0 .
Remarque 12
Ainsi, E 0 = L (E, K) et, par ce qui précède, E 0 muni de la norme k·k définie par :
|f (x)|
kf k = sup |f (x)| = sup |f (x)| = sup
x∈E,kxk=1 x∈E,kxk61 x∈E,x6=0 kxk
Dans ce qui suit, on étudie des exemples classiques d’espaces duaux et on les identifie à des
espaces connus.
Ism
91
92 CHAPITRE 6. DUALITÉ
Exemple 26
On a (R2 , k.k2 )∗ ≡ (R2 , k.k2 ) grâce à l’isométrie :
Il suffit de montrer que i est une isométrie puisque l’espace considéré est de dimension finie.
Soit (E1 , E2 ) ∈ R2 . D’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on a :
s
ki(E1 , E2 )k = sup |E1 E + E2 F |
E 2 +F 2 61
ne
6 sup |E1 E| + |E2 F |
E 2 +F 2 61
u (E1 ,E2 )
Réciproquement, il suffit si on considère z = k(E
qui assure l’inégalité qui nous permet de conclure.
1 ,E2 )k2
; on a i(E1 , E2 )(z) = k(E1 , E2 )k2 ce
Yo
Exemple 27
On a (R2 , k.k1 )∗ ≡ (R2 , k.k∞ ) via l’isométrie :
Soit (E1 , E2 ) ∈ R2 . On a :
a
Si max(|E1 |, |E2 |) = |E1 |, alors i(E1 , E2 ) atteint k(E1 , E2 )k∞ en (sign(E1 ), 0) qui est bien
un élément de la boule unité de (R2 , k.k1 ). L’autre cas est analogue. On peut donc conclure que
i est bien une isométrie.
Exemple 28
On a (R2 , k.k∞ )∗ ≡ (R2 , k.k1 ) via l’isométrie :
Soit (E1 , E2 ) ∈ R2 . On a :
s
Il est a de aisé de vérifier que i(E1 , E2 ) atteint k(E1 , E2 )k1 au point (sign(E1 ), sign(E2 )) de
la boule unité de (R2 , k.k∞ ), ce qui assure l’autre inégalité demandé.
ne
Exercice 7
Soient p > 1, q > 1 le conjugué de p. Montrer qu’on a que (R2 , k.kq )∗ ≡ (R2 , k.kp ).
u
À la différence des espaces vectoriels de dimensions finies traitées dans la section précédente,
il ne suffit plus de vérifier que l’application considérée est une isométrie, car la surjectivité n’est
plus du tout assurée par l’injectivité. Les exemples nécessitent donc plus de travail.
Yo
Le premier exemple considéré est celui de l’espace c0 .
Exemple 29
On a (c0 , k.k∞ )∗ ≡ (`1 , k.k1 ) via l’isométrie :
X
|i(x)(y)| 6 |xk yk | 6 kyk∞ kxk1
k=0
(N )
Alors (yn )n∈N appartient à la boule unité de c0 et on a |i(x)(y (N ) )| → kxk1 quand N tend
vers l’infini. Ceci implique que ki(x)k ≥ kxk1 , ce qu’on voulait.
Il reste à montrer que i(x) = x∗ , ce qui se vérifie par un simple calcul (il suffit d’observer les
sommes partielles puis de passer à la limite), et que x est bien élément de `1 .
Pour tout naturel N , on a :
N
|xk | = x∗ (y (N ) ) 6 kx∗ k
X
k=0
Ce qui implique que la série des termes de x est absolument convergente, ce qu’on voulait
montrer.
Exemple 30
s
On a (`1 , k.k1 )∗ ≡ (`∞ , k.k∞ ) via l’isométrie :
ne
x = (xn )n∈N 7→ i(x) : (`1 , k.k1 ) → R
∞
X
(yn )n∈N 7→ x k yk
k=0
u
|i(x)(y)| 6
∞
X
k=0
|xk yk | 6 kxk∞ kyk1
Yo
Cela implique en particulier que ki(x)k 6 kxk∞ . Montrons l’inégalité réciproque.
(N )
Soit, pour tout naturel N , la suite (yn )n∈N définie par :
(N )
Alors (yn )n∈N est élément de la boule unité de `1 et on a |i(x)(y (N ) )| = |xN | quel que soit
le naturel N considéré. Ceci implique que ki(x)k ≥ kxk∞ , ce qu’on voulait.
6.4 Bidualité
Soit (E, k.k) un espace vectoriel normé sur K. Il est possible de considérer les formes linéaires
définies sur le dual de E, étant donné qu’il s’agit d’un espace vectoriel normé. On appelle cet
espace le bidual de E, et on le note E ∗∗ .
Définition 59 (Injection canonique)
On appelle injection canonique l’application
i: E→ E ∗∗
s
x 7→ i(x)
ne
i(x) : E∗ → K
∗ ∗ ∗
x 7→ i(x)(x ) = x (x)
Il est simple de vérifier que l’injection canonique est bien définie (c’est-à-dire qu’elle est bien
à image dans E ∗∗ ). De plus, l’injection canonique a les propriétés suivantes :
Proposition 61
Démonstration:
u
L’injection canonique est linéaire, continue et préserve la norme.
La linéarité est claire, car le dual est un espace d’applications linéaires, ce qui fournit
Yo
le résultat.
Quant à la préservation des normes, il suffit de constater les égalités suivantes (par
le corollaire 4) :
Les espaces qui s’identifient à leur bidual via l’injection canonique sont dits réflexifs.
a
Ism
96 CHAPITRE 6. DUALITÉ
s
ne
u
Yo
a
Ism
Chapitre
7
s
ne
Espace de Hilbert
u
Les espaces vectoriels normés de dimension infinie les plus « simples » sont ceux qu’on appelle
espaces de Hilbert, car leur norme provient d’un produit scalaire entre vecteurs et le produit sca-
laire permet de faire beaucoup de géométrie comme en dimension finie, avec une notion naturelle
Yo
d’orthogonalité, des projections orthogonales, des bases orthonormées, un bon comportement de
la dualité, etc... En un certain sens, les espaces de Hilbert sont les espaces de dimension infinie
les plus simples possibles, car ils sont dotés de la structure géométrique la plus riche.
h•, •i : V × V → K
telle que :
1. ∀x, y ∈ V, hx, yi = hy, xi
2. ∀x1 , x2 , y ∈ V, hx1 + x2 , yi = hx1 , yi + hx2 , yi
3. ∀λ ∈ K, ∀x, y ∈ V, hλx, yi = λhx, yi
4.
∀x ∈ V,hx, xi > 0
et
hx, xi = 0 ⇔ x = 0.
On dit que le Produit Scalaire est une forme hermitienne définie positive.
Le couple (V, h•, •i) s’appelle un Espace Préhilbertien (ou espace hermitien).
97
98 CHAPITRE 7. ESPACE DE HILBERT
s
D’après la définition du produit scalaire, ∀λ ∈ C, q(λ) ≥ 0
Cherchons les extrema de q(λ).
ne
q(λ) =hλx, λxi + hy, λxi + hλx, yi + hy, yi
=|λ|2 hx, xi + 2Re(λhx, yi) + hy, yi
D’où :
Démonstration:
∀x, y ∈ V :
0 6 hx + y, x + yi = hx, xi + 2Re(hx, yi) + hy, yi
Comme Rehx, yi 6 |hx, yi|, on a :
a
q q 2
6 hx, xi) + hy, yi
Corollaire 16
Un produit scalaire sur V induit une norme sur V définie par :
q
∀x ∈ V, kxk = hx, xi
Définition 62
Soit A un sous ensemble d’un espace préhilbertien V.On appelle orthogonal de A l’en-
semble
A⊥ = {x ∈ V ; ∀y ∈ A hx, yi = 0}
Théorème 26
A⊥ est un sous espace vectoriel fermé de V
Démonstration:
1. Soient λ ∈ K, x et y ∈ A⊥ alors,
∀z ∈ A λhx, zi = 0 et hy, zi = 0 donc,
s
∀z ∈ A hλx + y, zi = 0,d’où λx + y ∈ A⊥
2. Soit (xn )n∈N une suite d’éléments de A⊥ qui converge vers une limite x, on a
ne
— Par définition de A⊥ ,∀y ∈ A, hy, xn i = 0.
— Par continuité du produit scalaire hy, xi = limhy, xn i donc ∀y ∈ A, hy, xi = 0.
D’où x ∈ A⊥
Définition 63 (Espace de Hilbert)
On appelle espace de Hilbert tout espace préhilbertien complet relativement à la norme
associée au produit scalaire.
Remarque 13
u
Un espace de Hilbert est donc un espace de Banach.
Exemple 31
Yo
Rn et Cn sont des espaces de Hilbert (car de dimension finie)
L2 ([a, b], C), est un espace de Hilbert associé au produit scalaire :
Z b
hf, gi = ¯
f (x)g(x)dx
a
Exemple 32
L’espace vectoriel
X
`2 (N) ={x = (xn )n∈N , xn ∈ K : n ∈ N | |xn |2 < ∞}
a
n>0
n>0
j>0
D’où
|xnj − xpj | 6 ε ∀j ∈ N
Ainsi
∀j ∈ N (xnj ))n∈N
100 CHAPITRE 7. ESPACE DE HILBERT
est de Cauchy dans K qui est complet, donc ∃xj ∈ K telle que lim |xnj − xj | = 0.
n→∞
Il faut montrer que x = (xj )j ∈ N est la limite dans `2 (N) de la suite xn .
∀ε > 0 ∃N tel que
|xnj − xpj |2 6 ε2
X
∀n > p > N
j>0
Il s’ensuit que
J
|xnj − xpj |2 6 ε2 ,
X
∀J ∈ N
j=0
| {z }
s
somme partielle
J
|xnj − xpj |2 6 ε2
X
par passage à la limite sur p :
ne
j=0
u
x = x − xn + xn .
| {z } |{z}
∈`2 (N) ∈`2 (N
Yo
Comme `2 (N) est un espace vectoriel alors x ∈ `2 Formule de Polarisation
Toute forme hermitienne
h•, •i : V × V → K
vérifie la formule de polarisation :
1 kx + yk2 − kx − yk2 si K = R
hx, yi := 41
kx + yk2 − kx − yk2 + kx + iyk2 − kx − iyk2 si K = C.
4
Démonstration:
Condition nécessaire : Par application directe de la définition de la norme induite
par un produit scalaire, on obtient le résultat demandé.
Condition suffisante ; La symétrie est évidente ainsi que définie positive ; la bilinea-
rité découle de l’identité du parallélogramme : (on étudie le cas K = R)
1
hx, yi + hx, zi = kx + yk2 − kx − yk2 + kx + zk2 − kx − zk2
4 !
1 y+z 2 y+z 2
= x+ − x−
2 2 2
y+z
=2 x, 1)
2
y
x =0 in (*) ⇒ hx, yi = 2 x, 2)
2
1) and 2) ⇒ hx, yi + hx, zi = hx, y + zi 3)
7.3. THÉORÈME DE LA PROJECTION 101
par récurrence
de 3) : hx, nyi = n hx, yi ∀n ∈ N 4)
z = −y dans 3) ⇒ hx, yi = − hx, −yi ⇒ ainsi la relation 4) est obtenue pour tout
n ∈ Z0 .
y
Soit m ∈ Z \ {0} de 4) et m à la place de y :
n n y n
x, y = · m x, = hx, yi
m m m m
s
La relation est obtenu pour tout n ∈ Q et par continuité du produit scalaire pour
tout n ∈ R.
ne
7.3 Théorème de la projection
Soit V un espace vectoriel.
Définition 64 (Espace convexe)
C ⊂ V est un convexe si ∀x, y ∈ C, ∀λ ∈ [0, 1] :
u λx + (1 − λ)y ∈ C
kx − uk = inf kx − zk
z∈C
kx − PC (x)k
x
PC (x)
a
kx − zk
Ism
C
z
Démonstration:
1. Existence
Soit un ∈ C, on définit :
dn = kx − un k, dn → d = inf kx − zk
z∈C
a = x − um , b = x − un
On a :
ka + bk2 = k2x − un − um k2
102 CHAPITRE 7. ESPACE DE HILBERT
ka − bk2 = kun − um k2
s
2 2 2
Or, comme C est un convexe, un et um ∈ C, alors :
ne
1 1
un + um ∈ C
2 2
et :
un + um
x− 6d
2
donc :
2
un − um 1
u
06
2
⇒ ku2 − u1 k = 0 ⇔ u1 = u2
Théorème 29
a
kx − uk = inf kx − zk
z∈C
v = λw + (1 − λ)u ∈ C
kx − uk 6 kx − vk = kx − λw − (1 − λ)uk
6 kx − u − λ(w − u)k
Corollaire 17
Sous les mêmes hypothèses :
Démonstration:
D’après le théorème, ∀v ∈ C :
Rehx1 − PC x1 , v − PC x1 i 60 (7.1)
Rehx2 − PC x2 , v − PC x2 i 60 (7.2)
s
On prend v = PC x2 dans (1) et v = PC x1 dans (2) :
Rehx1 − PC x1 , PC x2 − PC x1 i 60
ne
RehPC x2 − x2 , PC x2 − PC x1 i 60
kPC x2 − PC x1 k2 6 Rehx1 − x2 , PC x1 − PC x2 i
u
6kx1 − x2 kkPC x1 − PC x2 k
⇒ kPC x2 − PC x1 k 6kx1 − x2 k si x1 6= x2
∀v ∈ M, Rehx − u, v − ui 6 0
∀v ∈ M, ∀α ∈ K, Rehx − u, αv − ui 6 0
D’où ∀w ∈ M, w = αv − u :
Rehx − u, wi 6 0
Rehx − u, wi ≥ 0
Donc
Rehx − u, wi = 0
Encore une fois, si w ∈ M alors iw ∈ M et :
Théorème 31 (corollaire)
Soit F un sous-espace fermé de H alors : H = F ⊕ F ⊥ .
Démonstration:
F est convexe puisque ∀α, β ∈ C ∀x, y ∈ F αx + βy ∈ F =⇒ cela est vrai si α = t, β =
1 − t, t ∈ [0, 1].
0 ∈ F ∩ F ⊥ car F et F ⊥ sont des sous-espaces vectoriels.
De plus si x ∈ F ∩ F ⊥ alors
hx, xi = 0 =⇒ ||x||2 = 0 =⇒ x = 0H Montrons que tout x ∈ H se décompose d’une
manière unique ; x = u + w où u ∈ F et w ∈ F ⊥ .
s
L’existence d’une telle décomposition vient du fait que
x = PF (x) + (I − PF )x où P est la projection orthogonale de H sur F .
Supposons maintenant que x = u + woù u ∈ F et w ∈ F ⊥ .
ne
Alors P x = P u + P w = u (car P w = 0 et P u = u) et (I − P )x = (I − P )u + (I − P )w =
u − Pu + w − Pw = w
cette décomposition et donc unique. Conclusion Rehx − y0 , dyi donc H = F ⊕ F ⊥ .
Exemple 33
Montrer que P est linéaire continue et satisfait P 2 = P .
u
Yo
Soit D un ensemble fini ou dénombrable.Dans toute la suite on conviendra que D = {1, 2...d}
si D est fini et D = N∗ si D est dénombrable.
Soit alors H un espace de Hilbert et (en )n∈D une famille de vecteurs de H
Exemple 34
H = `2 (N), F = {e1 , e2 , ...}
Ism
s
Existence :
Si φ = 0 alors f = 0
Soit φ 6= 0. On a ker φ 6= H (car φ 6= 0).
ne
ker φ est un fermé (car image réciproque par une application continue d’un fermé, {0})
u
Soit maintenant v ∈ H, alors :
⇒ hv, f − f 0 i = 0
Prenons v = f − f 0 :
hf − f 0 , f − f 0 i = kf − f 0 k2 = 0 ⇒ f = f 0
(H’ : dual de H)
D’après le théorème de Riesz-Fréchet, si H espace de Hilbert alors H est isomorphe à H 0 .
Alors si H1 et H2 sont de Hilbert :
Théorème 35
A ∈ LC (H1 , H2 ). On a :
kAk = kA∗ k
∃!A∗ linéaire continue
s
Démonstration:
Soit y ∈ H2 . Considérons :
ne
Φ(x) = hAx, yi
qui est une forme linéaire sur H1 .
Φ(x) est continue, en effet :
u
Comme Φ est linéaire continue sur H1 , espace de Hilbert, on peut utiliser le théorème
de Riesz-Fréchet.
Donc ∃!u ∈ H1 ; Φ(x) = hx, ui
Yo
Notons-le u = A∗ y, ce qui donne l’existence et l’unicité de A∗
∀y ∈ H2 , ∀x ∈ H1 , ∀λ ∈ K :
a
=λ̄hx, A∗ yi
=hx, λA∗ yi
A est continue :
Définition 70
A est auto-adjoint si A = A∗
s
u ne
Yo
a
Ism
108 CHAPITRE 7. ESPACE DE HILBERT
7.7 Exercices :
Pour A, B ∈ Mn (C), on définit
s
1. Il est très facile de vérifie que h•, •i définit une forme bilinéaire symétrique. Reste à dé-
montrer qu’elle est définie positive. Soit A ∈ Mn (R) et notons (bi,j ) = AT A. Alors
ne
n
X
bi,i = a2k,i > 0.
k=1
Ainsi,
n X
X n
tr(AT A) = a2k,i ≥ 0.
u
i=1 k=1
On a bien affaire à une forme positive. De plus, si hA, Ai = 0, alors pour tout i = 1, . . . , n
et tout k = 1, . . . , n, on a ak,i = 0, et donc A = 0 : la forme est définie.
2. On va appliquer l’inégalité de Cauchy-Schwarz. Pour A, B symétriques, on a en effet
Yo
hA, Bi = tr(AB)
et donc 2
tr(AB) ≤ tr(A2 )tr(B 2 ).
Exercice 1
Soit (H, h, i) un espace préhilbertien.
Montrer l’identité du parallélogramme
Exercice 2
a
Correction:
Ism
Remarquons que, puisque tout est positif, l’inégalité est équivalente à kx + λyk2 ≥ kxk2 .
Or,
kx + λyk2 = kxk2 + 2λhx, yi + λ2 kyk2
et donc l’inégalité est équivalente à
2λhx, yi + λ2 kyk2 ≥ 0.
Supposons d’abord que x est orthogonal à y, et donc que hx, yi = 0. Alors l’inégalité
précédente est bien vérifiée pour tout λ ∈ C. Réciproquement, supposons que, pour tout
λ ∈ C,
2λhx, yi + λ2 kyk2 ≥ 0 ⇐⇒ λ(2hx, yi + λkyk) ≥ 0.
Dressant le tableau de signes de ce produit, il ne peut être toujours positif que si
2hx, yi + λkyk est toujours nul, c’est-à-dire si y = 0, ou si 2hx, yi + λkyk ne s’annule
qu’en 0, c’est-à-dire si hx, yi = 0. Dans les deux cas, on trouve bien que x et y sont
orthogonaux.
7.7. EXERCICES : 109
Exercice 3
Soit E un espace préhilbertien, et A et B deux parties de E. Démontrer les relations
suivantes :
1. A ⊂ B =⇒ B ⊥ ⊂ A⊥ .
2. (A ∪ B)⊥ = A⊥ ∩ B ⊥ .
3. A⊥ = vect(A)⊥ ;
4. vect(A) ⊂ A⊥⊥ .
5. On suppose de plus que E est de dimension finie. Démontrer que vect(A) = A⊥⊥ .
s
Correction:
1. Soit y ∈ B ⊥ . Alors, pour tout x ∈ A, on a x ∈ B et donc hx, yi = 0, ce qui prouve
que y ∈ A⊥ .
ne
2. On commence par prendre x ∈ (A ∪ B)⊥ , et prouvons que x ∈ A⊥ . En effet, si
y ∈ A, on a y ∈ A ∪ B, et donc hx, yi = 0. Ceci montre la première inclusion.
Réciproquement, si x ∈ A⊥ ∩ B ⊥ , prenons y ∈ (A ∪ B). Alors si y ∈ A, on a bien
hx, yi = 0 puisque x ∈ A⊥ , et le cas où y ∈ B se traite de manière analogue.
3. D’après la première question, puisque A ⊂ vect(A), on a
u vect(A)⊥ ⊂ A⊥ .
On a alors
hy, xi = hy, λ1 a1 + · · · + λn an i
= λ1 hy, a1 i + · · · + λn hy, an i
= λ1 0 + · · · + λn 0
= 0,
a
et donc y ∈ vect(A)⊥ .
4. On va commencer par prouver que A ⊂ (A⊥ )⊥ . Mais, soit x ∈ A. Choisissons
y ∈ A⊥ . On a alors hx, yi = 0, ce qui prouve que x ∈ A⊥⊥ . D’autre part, (A⊥ )⊥
Ism
(A⊥ )⊥ = (B ⊥ )⊥ .
D’autre part,
Exercice 4
Soient F et G deux sous-espaces vectoriels d’un espace préhilbertien E. Montrer que :
1. (F + G)⊥ = F ⊥ ∩ G⊥ .
110 CHAPITRE 7. ESPACE DE HILBERT
2. F ⊥ + G⊥ ⊂ (F ∩ G)⊥ .
Correction:
On remarque d’abord que si A ⊂ B, alors on a B ⊥ ⊂ A⊥ , ce qui est immédiat en
appliquant la définition. Ainsi, puisque F ⊂ F +G et G ⊂ F +G, on obtient (F +G)⊥ ⊂
F ⊥ ∩ G⊥ . Prenons maintenant x ∈ F ⊥ ∩ G⊥ . Tout z ∈ F + G s’écrit z = f + g, avec
f ∈ F et g ∈ G. Alors :
(x, z) = (x, f ) + (x, g) = 0,
ce qui prouve que F ⊥ ∩ G⊥ ⊂ (F + G)⊥ . D’autre part, on a F ∩ G ⊂ F et F ∩ G ⊂ G,
ce qui donne respectivement F ⊥ ⊂ (F ∩ G)⊥ et G⊥ ⊂ (F ∩ G)⊥ . Puisque (F ∩ G)⊥ est
s
un sous-espace vectoriel, il est stable par addition, et donc on a F ⊥ + G⊥ ⊂ (F ∩ G)⊥ .
Dans le cas où E est un espace de dimension finie, on peut obtenir l’autre inclusion en
ne
comparant les dimensions des sous-espaces :
u
=
Exercice 5
Pour tout entier N ∈ N, on note MN le sous-espace vectoriel de `2 (N, C) formé des
suites (xn )n∈N telles que N
P
n=0 xn = 0
Yo
1. Montrer que l’application (xn )n 7→ N 2
P
k=0 xk est linéaire continue de ` (N, C) dans
2
C. Que peut-on en déduire sur MN ? Conclure que ` (N, C) = MN ⊕ MN ⊥.
N N
!1/2
X X
|T (x)| ≤ |xn | ≤ kxk2 12 ≤ N 1/2 kxk2
n=0 n=0
Ism
hx, yi = y0 − yj = 0,
Exercice 6
Soit H = `2 (N, R) (espace de Hilbert réel). On note C = {x = (xn ) ∈ H; ∀n ∈ N, xn ≥
0}.
1. Démontrer que C est convexe fermé.
2. Déterminer la projection sur ce convexe C.
3. Reprendre la question précédente avec H = `2 (N, C).
Correction:
1. Il suffit d’appliquer la définition pour montrer que C est convexe. D’autre part, C
est fermé : si (xp ) est une suite de C qui converge vers x ∈ H, et si xpn ≥ 0, on a
s
clairement par passage à la limite xn ≥ 0, et donc x ∈ C.
2. Soit x ∈ `2 . Il faut deviner la formule pour PC (x). La seule façon de s’en sortir est
ne
de faire un dessin en dimension 2 et d’essayer de deviner ainsi quelle est la formule
pour PC (x). En dimension 2, C correspond simplement au quart de plan en haut
à gauche. Il y a 4 cas différents pour déterminer la projection de x, en fonction
de sa position dans l’un ou l’autre des demi-plans. C’est ainsi que l’on est conduit
à poser PC (x) = (yn ), où yn = xn si xn ≥ 0, et yn = 0 sinon. Pour prouver qu’il
s’agit bien de la projection de x sur C, il suffit de vérifier que, pour tout z de C,
on a :
Mais,
u hx − y, z − yi ≤ 0.
hx − y, z − yi =
X
(xn − yn )(zn − yn ).
Yo
n≥0
X
Re(hx − y, z − yi) = Re (xn − yn )(zn − yn ) ≤ 0.
n≥0
X
Re(hx − y, z − yi) = (zn − yn ) (Re(xn ) − yn ) .
n≥0
Exercice 7
Soit H un espace de Hilbert, et F un sous-espace fermé de H, non réduit à {0}. On
note p la projection orthogonale de H sur F . Démontrer que :
1. p ◦ p = p.
2. ∀(x, y) ∈ H 2 , hp(x), yi = hx, p(y)i.
3. kpk = 1.
Correction:
112 CHAPITRE 7. ESPACE DE HILBERT
Il est clair que si z ∈ F , on a p(z) ∈ F . On en déduit que p(p(x)) = p(x) pour tout x
de H.
Décomposons x en p(x) + x1 , où x1 est orthogonal à F , et y en p(y) + y1 . On a alors :
s
kp(x)k2 + kx − p(x)k2 = kxk2 .
ne
Ceci entraîne
kp(x)k ≤ kxk,
et donc kpk ≤ 1. Maintenant, puisque F n’est pas réduit à {0}, il existe x dans F de
norme 1. Pour ce x, on a kp(x)k = kxk = 1, ce qui prouve que kpk = 1.
Exercice 8
u
Soit H un espace de Hilbert, et F un sous-espace fermé de H, non réduit à {0}. On note
p la projection orthogonale de H sur F . Si x est un élément de H, on appelle distance
de x à F la quantité
d(x, F ) = inf{kx − yk; y ∈ F }.
Yo
1. Montrer que d(x, F ) = kx − p(x)k.
2. Montrer que d(x, F ) = max{|hx, zi|; z ∈ F ⊥ et kzk = 1}.
3. On suppose dans cette question que F est un sous-espace de dimension finie, et
on note (e1 , . . . , en ) une base orthonormale de F .
— Quel résultat du cours assure l’existence d’une telle base orthonormale ?
— Déterminer en fonction de e1 , . . . , en , l’expression de p(x).
— En déduire la valeur de :
a
Z 1
2 2
inf |t − at − b| dt; a ∈ R, b ∈ R .
0
Ism
Correction:
kx − p(x)k ≥ d(x, F ).
7.7. EXERCICES : 113
s
hx, x1 i = hp(x) + x1 , x1 i = hx1 , x1 i = d(x, F )2 .
ne
On en déduit que
x1 d(x, F )2
hx, = = d(x, F ),
kx1 ki kx1 k
ce qui démontre une première inégalité. D’autre part, soit y ∈ F ⊥ , avec kyk = 1, on a :
u
d’où on déduit par l’inégalité de Cauchy-Schwarz
p(x) = α1 e1 + · · · + αn en .
Réciproquement, on vérifie facilement que p(x) ainsi défini est élément de F , et que
x − p(x) est orthogonal à tout élement de F .
Introduisons H = L2 ([0, 1]) (on pourrait aussi considérer simplement C([0, 1])), muni
du produit scalaire Z 1
hf, gi = f (t)g(t)dt.
0
Posons F le sous-espace vectoriel des fonctions polynomiales de degré ≤ 1. Le problème
de minimisation peut aussi s’interpréter comme la recherche de d(t2 , F ). On applique
alors les méthodes mises en valeur dans l’exercice. On commence par chercher (e1 , e2 )
une base orthonormée de F . On peut choisir e1 (t) = 1, qui est déjà un vecteur normé.
Pour e2 , on commence d’abord par chercher f2 sous la forme
s
1
ht2 , e1 i = ,
3
√
ne
3
ht2 , e2 i = .
6
On en déduit : √
2 1 3 √ 1
p(t ) = + 3(2t − 1) ) = t − .
3 6 6
Le minimum est donc atteint pour a = 1 et b = −1/6. Il ne reste plus qu’à calculer la
dernière intégrale qui fait 1/180.
u
F possède une base hilbertienne, car il est lui-même un espace de Hilbert, en tant que
sous-espace fermé (donc complet) d’un espace de Hilbert. Si (en )n∈I désigne une base
hilbertienne de F , le même raisonnement que précédemment montre que
Yo
X
p(x) = hx, en ien .
n∈I
x = p(x) + k(1, 1, . . . , 1, 0, . . . ).
1
Prenant la somme des n premiers termes de chaque membre, on trouve que k = n+1 . Il
a
vient finalement :
√
1 n+1
d(x, M ) = k (1, 1, 1, . . . , 0, . . . )k = .
n+1 n+1
Ism
Exercice 9
Soit H un espace de Hilbert, et T une application linéaire continue sur H et T ∗ son
adjoint. Montrer les relations suivantes :
1. ker(T ∗ ) = Im(T )⊥ .
2. Im(T ∗ ) ⊂ ker(T )⊥ .
Correction:
1. Soit x ∈ ker(T ∗ ). Prenons y ∈ Im(T ). y peut s’écrire y = T z. On a alors :
hy, xi = hT z, xi = hz, T ∗ xi = 0.
hT ∗ x, yi = hx, T yi = 0.
hy, zi = hT ∗ x, zi = hx, T zi = 0,
et donc y ∈ ker(T )⊥ .
Exercice 10
1. Soit (αn )n∈N une suite bornée de nombres complexes et T l’application linéaire de
`2 = `2 (N, C) dans lui-même définie par T (x) = (αn xn )n∈N , pour x = (xn )n∈N ∈
`2 . Vérifier que T est continue, et calculer son adjoint.
2. Soit S l’application de `2 = `2 (N, C) dans lui-même définie par S(x) = (0, x0 , x1 , . . . ).
s
Vérifier que S est continue et calculer son adjoint.
3. Soit H = L2 ([0, 1], C) muni du produit scalaire usuel, et K : [0, 1] × [0, 1] → C une
ne
fonction continue. Pour x ∈ [0, 1], on pose
Z 1
T f (x) = K(x, y)f (y)dy.
0
Vérifier que T est une application linéaire continue, et calculer son adjoint.
Correction:
u
1. On note kαk∞ = sup{|αn |; n ∈ N}. On a :
X
kT xk2 = |αn |2 |xn |2 ≤ kαk2∞ kxk2 ,
n≥0
Yo
ce qui prouve que T est continue avec kT k ≤ kαk∞ . Fixons y ∈ `2 . T ∗ (y) est
l’unique élément de `2 défini par :
Or, X X
hT x, yi = αn xn yn = x n α n yn ,
n≥0 n≥0
ce qui prouve que
T ∗ (y) = (αn yn )n≥0 .
a
2. Il est clair que dans ce cas on a kS(x)k = kxk (S est une isométrie). D’autre part,
si y ∈ `2 , et si on note S ∗ (y) = (zn )n≥0 , on a :
hSx, yi = hx, S ∗ yi =
X X
xn−1 yn = xn yn+1 .
Ism
n≥1 n≥0
s
= f (y) K(x, y)g(x)dx.
0 0
ne
On en déduit que : Z 1
T ∗ (g) = K(x, y)g(y)dy.
0
u
Yo
a
Ism
Bibliographie
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Index
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application, 59
H
ne
B homéomorphisme, 10
bidual, 95
I
C inductif, 67
compact, 27 Inégalité, 50
séquentiellement compact, 28 de Bessel, 104
connexe, 37 de Cauchy-Schwartz, 98
composante connexe, 38
continue, 9
continuité
u de Hölder, 50
de Minkowski, 51
de Minkowsky, 98
Yo
convergence simple, 18 injection canonique, 95
convergence uniforme, 18
Contractante, 21 L
lemme de Zorn, 68
D linéaire, 59
distance, 14
distances équivalentes, 17 M
issue d’une norme, 45 majorant, 67
dual, 91 maximal, 67
dual topologique, 91
N
a
E norme, 43
Égalité de Parseval, 104
espace O
orthogonaux, 98
Ism
convexe, 101
de Baire, 77
P
de Banach, 46
produit scalaire, 97
de Hilbert, 97
séparable, 87 R
espace Complet, 20 réflexif, 95
espace topologique, 3
adhérence, 5 S
base, 7 séparation par un hyperplan, 70
intérieur, 5 sous-norme, 67
ouvert, 3 Suite de Cauchy, 19
séparé, 3
voisinage, 5 T
Théorème, 28
F de Baire, 78
forme hermitienne, 97 de Bolzano-Weierstrass, 29
119
120 INDEX
de Borel-Lebesgue, 28 de Riesz, 48
de Heine, 29 du pont fixe, 21
de l’application ouverte, 80 Théorème :de Banach-Steinhaus, 79
de Lebesgue, 28 totalement ordonné, 67
de projection, 101
s
u ne
Yo
a
Ism