Désir Et Bonheur - IV. Vers Une Maîtrise Des Désir
Désir Et Bonheur - IV. Vers Une Maîtrise Des Désir
Désir Et Bonheur - IV. Vers Une Maîtrise Des Désir
Deux grands courants philosophiques prônent une maîtrise désirs et des passions.
Ce sont les Stoïciens et les Epicuriens.
Etre heureux n’est pas suivre tous ces désirs mais c’est au contraire savoir renoncer aux
désirs. Les désirs sont insatiables, si on ne les maîtrise pas on sera toujours frustré.
Idéal stoïcien
Epictète est un Stoïcien du 2er s (50-135). Son Manuel résume toute la philosophie stoïcienne.
Il y dit :
« il y a des choses qui dépendent de nous, il y a des choses qui ne dépendent pas de nous ».
Sagesse stoïcienne : vouloir ce qui dépend de nous, savoir renoncer à ce qui ne dépend pas de nous.
Ex. : la richesse, la gloire, la reconnaissance, la santé même, la mort, sont des choses qui ne
dépendent pas entièrement de nous. Aussi faut-il se soumettre à la nécessité (au destin) et accepter
ce qu’on ne peut pas changer.
Qu’est-ce qui dépend de nous alors ? Changer nos désirs, renoncer à des choses qui ne
dépendent pas de nous !
Le bonheur consiste à savoir se détacher de toutes sortes des choses qui ne dépendent pas
de nous.
Etre heureux et libre c’est donner son assentiment à l’ordre des choses. « Ne demande pas
que les choses arrivent comme tu le veux, mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent et
tu couleras des jours heureux. » dit Epictète.
Maxime qui peut sembler fataliste : il faut se résigner à son sort… Mais selon Epictète c’est
une façon au contraire de ne pas être frustré, esclave de toutes sortes de désirs insatisfaits dans
l’existence.
Objection à l’idéal Stoïciens : les philosophes stoïciens sont des finalistes. Pour eux tout dans
la nature arrive selon un ordre admirable voulu par les dieux. Il faut donc désirer les choses comme
elles adviennent parce qu’elles adviennent selon la volonté des dieux.
Cela nous conduit en tout cas à une différence essentielle entre désirer ce qui n’est pas et
aimer ce qui est.
Aimer c’est savoir apprécier ce qu’on a ou ce qu’on est. C’est se satisfaire de ce qui est.
Désirer c‘est ne pas se satisfaire de ce qu’on a ou de ce qu’on est, c’est vouloir ce qui n’est pas.
Descartes
Descartes reprend la maxime des Stoïciens : il faut « changer ses désirs plutôt que l’ordre du
monde ».
Mais Descartes ajoute une nuance. La différence entre le possible (qui dépend de nous) et
l’impossible (ce qui ne dépend pas de nous) n’est pas définie à l’avance.
C’est par notre effort que nous faisons la frontière entre le possible et l’impossible. Nos
succès définissent le possible pour nous, nos échecs l’impossible pour nous.
Epicure
Comme pour les Stoïciens selon Epicure le bonheur n’est possible que par une maîtrise des
désirs, des plaisirs. « Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse ». Mais Epicure suit
une autre logique que les Stoïciens.
Epicure (340-270). Athènes. Le Jardin.
Epicure : le but de l’homme est le bonheur, le bonheur vient de la satisfaction de nos désirs.
Raisonnement d’Epicure. La nature de l’homme c’est le corps. Philosophie matérialiste. Le bonheur
c’est ce qui convient à notre nature, càd à notre corps.
L’épicurisme est une philosophie hédoniste. Il identifie le bonheur au plaisir. Toutefois
Epicure il faut distinguer différentes sortes de plaisirs !
Le fait de se laisser aller à n’importe lequel de nos désirs ne nous conduira qu’au malheur.
« Carpe diem » (Horace, Odes, I, 11, 8 « À Leuconoé »). : « Carpe diem quam minimum
credula postero » cueille le jour sans te soucier du lendemain :
Horace : savourer le moment présent mais avec néanmoins une certaine discipline de vie ; Mauvaise
interprétation des lecteurs d’Horace : rechercher le plaisir à tout prix, jouir au maximum. Idée non
épicurienne, puisque Epicure est loin de dire qu’il faut profiter de l’instant présent sans se soucier du
lendemain, il dit au contraire qu’il faut trier et discipliner nos désirs.
Bilan : selon Epicure, le bonheur consiste dans le plaisir du corps, en même temps mais la
sagesse d’Epicure est ascétique : ascétisme de la modération des plaisirs, non de leur suppression.
La critique de Schopenhauer
L’homme a des désirs. Le bonheur suppose donc la satisfaction modéré (et non sauvage =
Calliclès ou les Cyrénaïques) des désirs.
Récapitulatif : Désirer c’est manquer ; manquer c’est souffrir. Donc il faut mettre fin à la
souffrance du désir.
Mais on arrive à un nouveau problème : Le bonheur n’est rien, il n’est que l’absence de
souffrance, le degré zéro de la souffrance.
C’est la critique que l’on peut faire à cette conception platonicienne du rapport du désir au
bonheur : c’est la critique de Schopenhauer.
Schopenhauer : cet état de satisfaction ne dure jamais longtemps. Il est toujours fuyant,
inconsistant. La satisfaction engendre rapidement la satiété. La satisfaction n’est jamais de longue
durée, toute satisfaction est le point de départ d’un désir nouveau.
Après la satisfaction un nouveau désir renaît sous une forme nouvelle. Sans quoi, c’est le
dégoût, le vide, l’ennui.
Quand le désir et sa satisfaction se succèdent à des intervalles réguliers qui ne sont ni trop
longs ni trop courts, la souffrance baisse à son niveau le plus bas : c’est là qu’on peut être le plus
heureux, c’est-à-dire le moins malheureux.
« Le fait immédiat pour nous, c'est le besoin tout seul c'est-à-dire la douleur. Pour la
satisfaction et la jouissance, nous ne pouvons les connaître qu'indirectement ; il nous faut faire appel
au souvenir de la souffrance, de la privation passée, qu'elles ont chassées tout d'abord. Voilà
pourquoi les biens, les avantages qui sont actuellement en notre possession, nous n'en avons pas une
vraie conscience, nous ne les apprécions pas ; il nous semble qu'il n'en pouvait être autrement ; et, en
effet, tout le bonheur qu'ils nous donnent, c'est d'écarter de nous certaines souffrances. II faut les
perdre pour en sentir le prix ; le manque, la privation, la douleur, voilà la chose positive, et qui sans
intermédiaire s'offre à nous. » (Le monde comme volonté et représentation, IV, 57).
On sent la souffrance quand elle est là ; on ne sent pas le bonheur quand il est là ! Dans le
bonheur, on ne sent rien ! Alors le bonheur est-il vraiment quelque chose ?