Bertomeu-Gilles Et Al 2012
Bertomeu-Gilles Et Al 2012
Bertomeu-Gilles Et Al 2012
Euro-institut d’actuariat
6 avenue le Gorgeu
CS 93837 29238 Brest
Cedex 03
Alexandra Bertomeu-Gilles
Présenté et soutenu publiquement Mathieu Briec
le 24 mai 2012 Mélissa Kerdudo
Arnaud Mebale
Alexis Merx
Remerciements
Nous voulons aussi exprimer notre reconnaissance envers Monsieur Franck VER-
MET, directeur des études à l’EURIA et responsable des bureaux d’étude. Il est constam-
ment resté à notre écoute au cours de l’avancée de notre projet, tout en suivant avec
intérêt son développement.
Enfin, nous n’oublions pas l’ensemble des étudiants de la promotion 2013 de l’EURIA
qui, lors de nos échanges réguliers, ont participé à l’avancement du projet en posant des
questions sur des points qui leur semblaient importants ou peu clairs. Ainsi, nous avons
pu affiner notre étude en tenant compte de leurs remarques.
1
Table des matières
Remerciements 1
Avant-propos 8
Introduction 9
2
6 Proposition de produit(s) en assurance vie 40
6.1 Les coopératives et les syndicats : des soutiens prometteurs . . . . . . . . 40
6.1.1 Les coopératives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
6.1.2 Les syndicats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
6.2 Piste(s) envisagée(s) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
6.3 Assurance temporaire décès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
6.3.1 Définition du service . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
6.3.2 Description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
6.3.3 Tarification et provisions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Conclusion 48
Glossaire 49
Bibliographie 54
Annexes 56
1 Carte de l’Afrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2 Taux de pénétration de l’assurance vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4
Liste des abréviations utilisées
6
Figure 1 – Carte de l’Afrique
e n’est pas sans regret que nous nous apprêtons à mettre un point final à nos re-
C cherches alors que tant de questions restent en suspens. Cette tâche nous a tenus en
haleine durant 6 mois et s’est inscrite dans le cadre d’une étude académique à caractère
actuariel avec pour aboutissement, la construction d’un produit d’assurance vie adaptée
à la population d’Afrique subsaharienne francophone. C’est avec tout notre cœur que
nous nous sommes attelés à la tâche, en ayant l’impression d’œuvrer pour un monde plus
juste. Connaı̂tre la population d’Afrique subsaharienne, cerner leurs aspirations nous ont
permis d’avancer, nous rappelant la condition indigne dans laquelle « survivent » des mil-
lions de gens sur Terre et nous encourageant à apporter un regard neuf sur la situation
actuelle. Ainsi, le plus gros succès de notre « bureau d’étude » réside pour nous dans le
dépassement des idées préconçues sur le système préétabli, combiné avec un véritable
message d’humanité.
À travers cette étude, nous n’avons pas la prétention de réinventer un système d’assu-
rance qui révolutionnera le timide marché africain. Néanmoins, nous avons tenté, au fur
et à mesure, d’apporter des éléments de réponse dans un souci de clarté, de cohérence et
de remise en question permanente. Nous qualifions ces réponses de théoriques, faute de
contacts suffisants avec les principaux intéressés et, a fortiori, faute d’une connaissance
approfondie du terrain. Pour démarrer notre enquête, nous proposons des raisons non
exhaustives d’un retard prononcé des services assurantiels en Afrique.
8
Introduction
9
des risques majeurs, notamment climatiques, alimentaires et épidémiques, ils sont para-
doxalement très mal lotis en terme d’accessibilité aux produits d’assurance vie. Même
si différentes raisons, développées dans la suite de notre étude, expliquent ce manque
de prise de risque de la part des institutions, c’est bien cette population qui aurait un
besoin plus marqué d’une forme d’accompagnement financier face à un avenir incertain.
D’ailleurs, des chiffres 3 récents laissent paraı̂tre une prise de conscience récente des
assurances face à cet état d’urgence. Mamadou G.K. Kone [18] note un accroissement
significatif de l’activité en assurance vie à partir de 2005 alors qu’elle avait eu tendance
à stagner sur la décennie précédente. Cela dit, l’enjeu reste immense puisque, dans l’état
actuel, trop peu de personnes sont concernées par ces progrès. Une réinvention quasi-
totale du système semble inévitable si l’on veut franchir un cap et élargir la population
cible dans cette zone géographique si vulnérable pour éventuellement imiter le succès de
la micro finance.
C’est pourquoi, nous tenterons, dans notre bureau d’étude, de répondre à la ques-
tion suivante : Comment rassembler la population d’Afrique subsaharienne francophone
derrière un projet d’assurance vie reposant sur un double enjeu : le développement d’un
mécanisme de protection sociale et en contrepartie, l’extension d’un marché pour les as-
sureurs ?
11
Chapitre 1
Sommaire
1.1 Un contexte économique difficile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2 L’obstacle sociologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3 Des conditions politiques inappropriées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
12
croissante concave et non linéaire de la dépense alimentaire. Par conséquent, c’est la
méthode de régression statistique qui a été choisie par Ali et Thorbecke pour estimer
cette relation. L’hypothèse est la suivante :
Caz = yz
Avec Caz est la somme nécessaire pour satisfaire son besoin calorique journalier.
On suppose donc que les ménages en difficulté financière consomment tout leur revenu
pour subvenir à leur besoin minimal. On notera par ailleurs que cette position ne tient
pas compte des disparités entre les zones rurales et les villes. Les informations nécessaires
à l’aboutissement de cette enquête sont parfois difficilement accessibles en raison d’un
service national de la statistique parfois insuffisant. Pour cette raison, les données de 48
pays en développement, parmi lesquels on compte 16 pays de l’Afrique subsaharienne,
ont été exploitées afin d’estimer la relation entre le revenu moyen y par habitant et le
seuil de pauvreté yz . Voici la relation obtenue :
log(yz ) = γ + βy − αy2
R2 = 0.96
Dans le modèle d’Ali et Thorbecke (1998), les paramètres estimés sont les suivants :
γ
= 5, 181
β = 0, 001 58
α = 0, 000 000 348 5$
Dans la pratique pour estimer le revenu moyen par habitant, nous utilisons la relation
suivante :
PIB
y=
N
N : Nombre d’habitants
Dans une seconde étape, nous allons estimer, dans chacun des pays 1 de la région, le
seuil de pauvreté parallèlement au revenu moyen par habitant.
Table 1.1 – Données utilisées pour l’évaluation du coefficient de frottement par pays
yz
y
est ce que l’on appelle un coefficient de frottement. L’existence de cette correction
trouve son sens dans l’insuffisance de production de richesse des pays en voie en déve-
loppement. Certains cas critiques apparaissent : le PIB ramené à l’habitant est parfois
inférieur au seuil de pauvreté. Dans notre jeu de données, c’est le cas du Burundi par
exemple. Dans ce cas précis, un décile de la population ne peut plus se satisfaire de 10
% de la richesse du pays. À l’inverse d’autres pays s’en sortent mieux.
Table 1.2 – Distribution des revenus par décile d’après le World Development indicators [4]
* On notera que la France et le Royaume Uni ont été ajoutés dans ce tableau dans le
but d’avoir une référence en terme de répartition des revenus. Cependant, les hypothèses
faites dans notre modèle ne peuvent pas s’appliquer dans des pays développés.
Nous constatons une évolution, certes accidentée, mais croissante des salaires exprimés
en euros constants sur les cinquante dernières années. Cependant, le niveau reste trop
bas pour espérer imposer le modèle assurantiel classique. Pour savoir si un changement
est possible à court terme, nous proposons une régression linéaire des salaires en fonction
des années sachant que nous disposions des données depuis 1962 [30]. Nous avons ainsi
tenté de prévoir leur évolution d’ici ces 50 prochaines années.
Revenui = α × Anneei + β + Ωi
Ω ∼ N(0, σ2 )
(Revenui (ω))i∈[1962,2010] est une réalisation de la suite de variables aléatoires (Revenui )i∈[1,48]
On notera que R2 = 0, 67
prévision des salaires
1200
600 800
annee
Même si l’hypothèse sur les résidus n’est pas validée (Voir étude complémentaire C p.
60), les salaires augmentent bien avec les années. Néanmoins, comme nous l’avons déjà
signalé, en 2050, le niveau du salaire serait de 1117 e avec un intervalle de prédiction
de [848 e, 1386 e]. On est donc encore bien loin du niveau européen. En France, même
si le coût de la vie n’est pas comparable avec celui de l’ASF, la moyenne des salaires
s’élève à 28 000 e selon l’INSEE.
D’après l’Académie des Sciences [1], quand on recherche les causes de cette pauvreté
importante, on s’aperçoit que les problèmes commencent à la fin des années 1980 au
moment, entre autres, de la chute du Bloc de l’Est. Les fonds internationaux se tournent
alors vers les anciens pays communistes et les nouveaux pays émergents (Chine, Inde,
Brésil. . .). Les pays africains sont ainsi laissés pour compte en dépit de leurs besoins.
Toujours selon ce même document, la région souffre d’un désinvestissement progressif
de la France, qui était pourtant son partenaire privilégié depuis les années 1870, début
de son expansion colonialiste. Cela représentait des sommes significatives pour le dé-
veloppement de la région. Joseph Ntamahungiro [29] apporte des éléments de réponse
supplémentaires en dénonçant tout d’abord les guerres. Les années 90 ont été une pé-
riode noire pour l’Afrique Centrale. Pour compléter les raisons de cette situation, on
doit aussi citer la corruption, malheureusement trop généralisée dans cette région du
monde, le manque d’infrastructure agricole ou encore le manque d’une vision commune
régionale et continentale.
Aujourd’hui, selon une étude de Jean-Yves Naudet [27] le résultat est là : cette partie
du globe reste la région avec un taux de pauvreté extrême le plus élevé du monde même
si des progrès notables ont été réalisés ces dernières années. Un rapport des Nations
Unies de 2009 annonçait que 57 % de la population vivait avec moins de 1,25$ par jour
alors qu’en 2005, 51 % seulement vivait sous le seuil de l’extrême pauvreté définie par
la banque mondiale [24].
Il arrive que ces populations aient des préjugés sur l’assurance vie pour différentes
raisons. En effet, comme l’indique Aymric Kamega [16], un risque de confrontation avec
la foi religieuse se présente. C’est le cas de l’Islam. En effet, l’assurance vie est contraire
à certains piliers de l’Islam, comme le destin, « Al Kadar », ou la volonté d’Allah de
fixer de façon irrévocable le cours des événements. Dans cette religion, l’assurance vie
est assimilée à l’usure et aux jeux de hasard. Or, 6 des 19 pays d’Afrique subsaharienne
francophone sont à forte dominance musulmane. À titre de comparaison, en Afrique
du Sud, les musulmans sont largement minoritaires et dans le même temps, le taux de
2. les données ont été récoltées par pays de manière indépendante sur les sites nationaux de la statistique
Par ailleurs, les liens familiaux sont aussi très forts en Afrique si bien qu’une grande
solidarité régne au sein des populations. C’est pourquoi, les solutions individualistes sont
bien souvent laissées de côté.
En outre, selon le travail de Patrice Yengo [45], la perception du risque dans les
pays d’Afrique subsaharienne francophone est très fortement liée à leurs croyances. Les
populations s’abritent derrière la fatalité comme forme de conjuration du risque. C’est
pourquoi, les risques et les accidents ne relèveraient pas de la volonté humaine et il n’y
aurait alors aucune protection contre ces fléaux. Ce point de vue résulte de la précarité
sociale et celle-ci est d’autant plus importante que la population est défavorisée. Ces
populations s’installent dans les zones marécageuses, ou des habitations de fortune sans
eau courante ni électricité.
Il résulte de cette perception une culture dite d’urgence. En effet, plutôt que de prévoir
le risque, sur le plan technique et sociologique, on s’attache à gérer la catastrophe.
En ce qui concerne les impôts indirects, toujours selon ce document, il en existe deux
types pour les pays d’Afrique subsaharienne francophone, à savoir la taxe sur les contrats
d’assurances (ou taxe d’enregistrement) et la taxe sur la valeur, qui est plus exception-
nelle.
En ce qui concerne la taxe sur les contrats d’assurances, certains pays ont opté pour
la non-imposition (Gabon, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Burkina-Faso, Bénin,
Sénégal), tandis que d’autres ont opté pour l’imposition avec des taux variant d’un pays
à l’autre : le Togo au taux de 3%, le Congo (4%), le Tchad (1.5%) et la Centrafrique
(4%). Les pays ayant opté pour la défiscalisation laissent penser que le milieu politique
n’est pas totalement opposé au développement de l’assurance vie. Ce changement de
position semble un modèle à suivre et contribue à améliorer la compétitivité du service
assurancier sur le marché.
En ce qui concerne la taxe sur la valeur ajoutée, en principe, elle n’est pas applicable
dans les pays ayant choisi une imposition des produits d’assurance vie. Néanmoins, la
TVA est parfois prélevée en raison d’avances faites par les compagnies d’assurances,
impliquant une réduction de la provision mathématique des contrats. Ces avances sont
alors considérées comme des prêts garantis par une provision mathématique, soit une
taxation des intérêts qui en découlent. Dans les cas de successions, certaines législations
prévoient que le capital payable lors du décès à un bénéficiaire soit soumis au droit de
☞ L’impôt sur le revenu de créances s’applique sur les avances pour les contrats d’as-
surance vie avec des conditions différentes pour chaque législation.
☞ L’impôt sur les bénéfices s’exerce sur les intérêts perçus par les compagnies d’assu-
rances sur les opérations d’avances pour les contrats vie.
On doit également ajouter la taxe parafiscale, taxe de contrôle versée par les compa-
gnies d’assurances aux structures chargées du suivi de l’activité des compagnies. Toujours
selon la même source [36], son assiette est constituée du chiffre d’affaires des compagnies
et son taux varie d’un pays à l’autre. Par exemple, voici à titre indicatif quelques taux :
Bénin 1.5%, Mali 2%, Congo 6%, Centrafrique 5%. Les pays francophones d’Afrique
souffrent donc de ces frais, qui sont à la charge des assurés et qui contribuent à alourdir
le coût des garanties vendues par les assureurs.
Si toutes ces charges pèsent lourdement sur une assurance, elles ne sont pas les seuls
témoins d’une politique générale peu encline à favoriser l’ascension des services de l’assu-
rance en Afrique. En effet, il semble globalement y avoir une mauvaise coordination des
acteurs (gouvernement, agences et organisations non gouvernementales), voire même un
mauvais fonctionnement de l’état. Dans certains cas, ce dernier fait preuve d’un désinté-
ressement ostensible par rapport à la prévention des risques, qui se manifeste d’ailleurs
par le détournement des secours dans certains pays.
Bien sûr, les réglementations fiscales varient d’un pays de l’Afrique subsaharienne
francophone à l’autre. L’approche fiscale de l’assurance vie doit donc être harmonisée
pour mobiliser de l’épargne. Cela demande une meilleure attractivité, malgré la réalité
des contraintes budgétaires de plus en plus fortes. Il est donc important de poursuivre
et même d’intensifier les échanges entre les autorités fiscales et les autorités des pays
concernés.
Sommaire
2.1 Qu’est ce que la micro assurance ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2 Les faiblesses du modèle actuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3 La spécificité du marché africain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
C’est un service relativement récent puisqu’il faut remonter aux années 70 pour en
voir son apparition. La micro assurance comme l’assurance classique se décline en plu-
sieurs gammes parmi lesquelles :
20
Les principes de base que devraient suivre les micro assureurs sont les principes uni-
versels de l’assurance et de la gestion du risque. On retrouve notamment :
Les assureurs exigent que les risques au sein d’une catégorie ou d’un groupe particu-
lier de personnes soient homogènes. Un assureur vie préférera donc que les détenteurs
d’une police d’assurance vie déterminée aient tous une exposition au risque de décès
homogène. De même, les assureurs demandent que le groupe assuré (ou « risk pool »),
soit représentatif de l’ensemble des risques de la population totale. Plus l’échantillon
est grand, plus on réduit l’éventualité de sélection adverse (situation où une proportion
des assurés présentent un risque plus élevé que dans la population totale) et plus on
augmente la probabilité que la fréquence effective des déclarations se rapproche de la
fréquence retenue pour le calcul des primes.
L’assurance ne peut pas être fournie à un assuré qui a un intérêt avéré à ce que la
perte ait lieu. Une police d’assurance des biens sur une maison ne peut être vendue
qu’aux résidents effectifs de l’immeuble assuré.
L’assureur doit vérifier qu’il n’est pas en situation d’assurer les risques dont la pro-
babilité de réalisation serait généralisée.
Généralement, pour qu’une police soit un achat attractif, le coût de la prime doit être
de loin inférieur à l’avantage offert par la police.
En 2005, les cotisations d’assurance émises dans tout le continent s’élevaient à peine à
USD 40 Mds, soit 1, 17% des cotisations émises dans le monde en 2005 (1, 47 % en vie et
0, 84 % en non-vie) d’après les chiffres publiés par Sigma, et ce, alors que la population
de l’Afrique dépasse 14 % de la population mondiale.
Les succès commerciaux des courtiers étrangers en assurance vie confirment également
que les détenteurs de capitaux ou de revenus importants sont sensibles à la nécessité de
protéger leur épargne, leurs revenus et leur famille contre les aléas de l’avenir. Si les
assurés qui disposent des moyens les plus importants donnent la préférence à des assu-
reurs étrangers plutôt qu’à des assureurs agréés dans leur pays, c’est avant tout parce
qu’ils sont soucieux de la protection en capital des cotisations qu’ils ont versées. Tant
que les législations locales interdiront aux assureurs africains de vendre des garanties
d’assurance vie dans une autre monnaie que la monnaie nationale (soit le franc CFA, le
naira, le dinar . . .), l’incitation sera grande pour les détenteurs de capitaux importants
de donner la préférence à des assureurs occidentaux. En effet, ils peuvent émettre des
garanties libellées dans des monnaies jugées plus stables sur le long terme que les mon-
naies africaines.
D’autres raisons, moins rationnelles, incitent aussi à cette délocalisation des gros
contrats d’assurance vie et ont trait à la discrétion que doivent observer tous ceux qui
veulent épargner en Afrique. On dénote en particulier les jalousies familiales auxquelles
sont exposées les personnes qui ont réussi et qui cherchent à épargner malgré les sol-
licitations incessantes dont ils font l’objet de la part de leur entourage. Cela incite les
assurés à prendre des précautions d’éloignement.
Toutefois, malgré toutes les causes de sous évaluation du chiffre d’affaires des assu-
reurs du continent, le retard de l’Afrique en matière d’assurance reste patent. Si l’on
déduit les cotisations encaissées en Afrique du Sud qui constitue un marché très particu-
lier comme nous l’avons indiqué précédemment (paragraphe 1.2 p. 17 ), l’ensemble des
cinquante-six autres pays d’Afrique ne représentent que 0, 20% du marché mondial, soit
une part tout à fait marginale.
Toujours en 2005, la cotisation moyenne annuelle versée par habitant en assurance vie
dans les États francophones de la zone CIMA ne dépassait pas 801 francs CFA (moins
de 1, 3e), alors que la moyenne mondiale était de 299, 5$ ; le total des placements des
assureurs vie de la même zone ne dépassait pas 307 Mds francs CFA, soit 0, 7% du PIB
de la zone alors qu’au Royaume-Uni, les placements des assureurs vie représentent 93%
du PIB national.
La cause principale est évidemment la faiblesse des revenus moyens des particu-
liers (Paragraphe 1.1 p. 12 ). Avant de payer des cotisations d’assurance, il faut d’abord
couvrir les besoins de première nécessité, à savoir : manger, se loger, payer l’école des
enfants, faire face aux dépenses de transport et de santé, et à toutes sortes de priorités
reléguant ainsi l’assurance dans la catégorie réservée exclusivement aux riches.
Enfin, pour citer une dernière raison, les garanties des assureurs sont le plus souvent
incomplètes et répondent mal aux besoins réels des « assurables ». Le risque le plus re-
douté par les entreprises dans les villes africaines est celui de la destruction au cours
d’une émeute ou d’un mouvement populaire, garantie aujourd’hui refusée par la plupart
des réassureurs et donc par les assureurs sauf à des conditions très restrictives et très
onéreuses. Pour les entreprises agricoles, les risques les plus graves sont la sécheresse,
l’inondation, ou les criquets dont l’assurance exigerait la mise en place de capacités
dépassant celles des assureurs, mettant ainsi en œuvre des garanties nationales ou inter-
nationales. De plus, la souscription de contrats d’assurance exige encore trop souvent la
fourniture à l’assureur de renseignements que l’on préfère garder confidentiels (à l’égard
des concurrents, des parents, et surtout de l’état). De nombreux assureurs africains
demandent encore la valeur des locaux d’habitation à assurer, ce qui est évidemment
difficile à fournir par les « assurables » , mais surtout entraı̂ne immanquablement soit
une surassurance, soit l’application de la règle proportionnelle en cas de sinistre. Celle-ci
multiplie les occasions de litiges et accroı̂t le manque de confiance des assurés envers les
assureurs.
À ces trois raisons majeures, nous pouvons ajouter le fait que les pays d’Afrique
francophones souffrent d’un handicap supplémentaire qui entrave le développement de
l’assurance : les mauvaises habitudes héritées de l’administration coloniale en matière de
taxes sur les cotisations d’assurance et les frais de contrôle particulièrement pénalisant
pour le rendement des assurances vie. Ces prélèvements étatiques sont évidemment à
la charge des assurés et contribuent à alourdir le coût des garanties vendues par les
assureurs. Malgré des progrès récents, il y a encore des pays francophones qui taxent les
cotisations d’assurance vie. C’est le cas de la République centrafricaine qui doit payer
une contribution aux frais de l’organisme interrégional de contrôle (la CIMA). Cet
apport est particulièrement élevé et il prélève pour les seuls frais de contrôle 5% des
émissions. De même à Madagascar, la Banque mondiale avait imposé au gouvernement
local la mise en place d’une TVA à hauteur de 25% sur toutes les transactions tout en
veillant à ce qu’aucune activité n’en soit exemptée. Les assurés devaient alors payer, à
chaque souscription ou renouvellement de contrat, la taxe d’assurance (déjà très élevée)
et la TVA. En incendie, par exemple, le total à payer était de 30% + 25% = 55% des
cotisations. Cela n’incitait pas les populations à souscrire des contrats d’assurance et
donc ralentissait le développement de cette activité dans le pays.
Coimbatore K.Prahalad, économiste Indien, dans son ouvrage The fortune at the
bottom of the pyramid [33] a travaillé sur les besoins des pays émergents nommés, selon
ses propres termes, « bas de la pyramide ». Ce marché correspond aux 3 milliards de
personnes qui vivent avec moins de 2$ par jour. Parmi cette population, selon une étude
de la banque mondiale [5], 500 millions vivent en Afrique subsaharienne. Malgré l’hostilité
du marché, C.K. Prahalad encourage les entreprises à développer des produits conformes
aux attentes des pays en voie de développement. En l’occurrence, adopter cette démarche
devrait mettre en lumière un marché s’avérant tout aussi rentable que celui des pays
industrialisés. Les 9 principes d’innovation énoncés par ce dernier sont autant de points
applicables à l’assurance vie.
✱ Optimiser la relation prix/performance : les populations pauvres n’ont pas les
moyens d’investir dans des produits coûteux si bien que les produits doivent être
bon marché et les primes d’assurance faibles. Cependant, les populations sont plus
vulnérables, aussi ont elles besoin de produits de meilleure qualité qui proposent
par exemple des rachats rapides.
✱ Opérer à grande portée : dans le marché du bas de la pyramide, le profit unitaire est
minime. Pour obtenir un rendement intéressant, il semble nécessaire de considérer
la population ciblée en tant que groupes plutôt qu’en tant qu’individualités. C’est
d’autant plus le cas en assurance vie où on effectue une mutualisation des risques, et
où, d’après la loi des grands nombres, nos prévisions deviennent plus justes lorsque
la taille de l’échantillon augmente. Ceci permet de réduire la marge d’erreur et donc
les coûts pour les assureurs et les clients.
✱ Concevoir des produits dans des conditions hostiles : les produits et services pro-
posés par les acteurs de l’assurance sont censés résister à des conditions difficiles
(coupure électrique, insalubrité, épidémie, catastrophe naturelle . . .). Le succès d’un
service dans cette partie du monde semble directement corrélé à un investissement
dans des mesures de prévention (assainissement de l’eau par exemple) ou dans la
promotion de comportements à faible risque (visites médicales régulières, conduite
prudente, moyens de contraception).
✱ Proposer des interfaces conviviales et simplifiées : les pays émergents sont caractéri-
sés par un faible taux d’alphabétisation et un niveau d’instruction limité. Si l’on en
croit statistiques-mondiales.com [38], le taux moyen d’alphabétisation en 2003, était
de 42, 4 % alors qu’en France, il est estimé selon l’INSEE à 99%. La documentation
doit donc être simplifiée et rendue accessible à tous. On pourra éventuellement faire
remplir les formulaires par des employés instruits.
En fin de compte, pour réussir à s’imposer sur ce marché si singulier, offrir aux
consommateurs l’envie et surtout la possibilité d’accéder aux services est indispensable.
Une partie du chemin sera effectuée si l’on parvient à éduquer la population tout en
gagnant sa confiance. Il restera ensuite à régler la question de la rentabilité des produits.
Sommaire
3.1 Qu’est-ce qu’une tontine ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.2 Des éléments encourageants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.3 Les limites du concept . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
En 1977, F. Bouman [7] donne une définition beaucoup plus générale : les tontines
sont des associations regroupant des membres d’un clan, d’une famille, des voisins ou des
particuliers, qui décident de mettre en commun des biens ou des services au bénéfice de
tout un chacun, et cela à tour de rôle. Il assimile d’ailleurs le concept à une association
rotative d’épargne et de crédit. O.Bain [2] situe ce type de tontine dans ce qu’il appelle
les tontines mutuelles. Elles sont les plus nombreuses et semblent être le modèle le plus
approprié pour concevoir un produit d’assurance vie.
En parallèle, on citera qu’il existe ce que l’on appelle des tontines accumulatives.
Les cotisations ne sont pas redistribuées aux membres mais sont épargnées comme une
banque pourrait le faire. Les membres sont propriétaires d’un fonds qui est ensuite par-
tagé entre les différents adhérents dès que ces derniers en ont pris la décision. O. Bain
appelle ce concept les tontines commerciales. Contrairement aux tontines mutuelles, les
tontines commerciales sont associées à un taux négatif correspondant au paiement de
la mise en sécurité du dépôt d’argent. Autrement dit, l’adhérent recevra une somme
inférieure à son investissement initial en échange d’une mise en sûreté de son argent.
Finalement, il existe les tontines financières, plus complexes. Les dépôts effectués sont
alors rachetés par le plus offrant par une mise aux enchères selon des règles très structu-
1. Lorenzo Tonti est un banquier napolitain considéré comme l’inventeur du concept de la tontine
26
rées. Ainsi les enchères vont constituer les intérêts sachant que quelle que soit l’enchère,
chaque participant sera rémunéré par ses propres versements. Si une personne a besoin
d’emprunter très rapidement, le taux sera négatif. Puis, plus on attend pour enclencher
cet emprunt, plus ce taux augmentera. Cependant, les tontines financières semblent as-
sez éloignées des risques assurantiels et inadaptées au manque de moyens généraux de
la population.
En fin de compte, la structure tontinière est issue d’une finance dite informelle. Selon
M. Lelart [20], il s’agit d’un mécanisme non officiel de circulation de l’argent qui repose
sur une accumulation temporaire de dettes ou de créances. Son caractère lui donne plus
de souplesse puisqu’il est libre de tout règlement et n’est pas assujetti aux impôts bien
qu’ils soient tolérés par les gouvernements. La finance informelle dispose donc d’avantages
économiques et conceptuels. Par ailleurs, ces structures ne sont pas sujettes non plus aux
frais de gestion ou encore à des contrôles extérieurs. Ces derniers éléments laissent penser
qu’il serait envisageable, voire souhaitable de s’appuyer sur ces organisations à succès
pour développer une assurance formelle afin, notamment, de supporter leurs risques.
Intéressons nous aux avantages et inconvénients de cette organisation pour savoir si
détourner le modèle tontinier pour faire avancer l’assurance vie en Afrique subsaharienne
peut être une solution en dépit d’une inexistance quasi totale de marchés financiers dans
cette zone géographique.
En l’occurrence, cette pratique connaı̂t un franc succès auprès des populations afri-
caines. Dans Agora Vox [40], on parle même d’un taux de participation de la population
à une tontine proche de 100% dans certaines régions. Ce système donne l’opportunité
à certaines familles de réaliser leurs projets, allant de l’acquisition de certains biens
d’équipement (postes de télévision, chaı̂nes hifi. . .) à la construction d’une maison. Cette
épargne peut aussi permettre de lancer une activité économique libérale. On notera que
l’engouement suscité par ces « associations » s’explique d’abord pour des raisons non
économiques. Les tontines représentent en effet un lien social fort. La structure est un
prétexte pour communiquer, échanger des idées voire se retrouver. De surcroı̂t, le jour
de perception des versements est vécu comme un événement souvent célébré comme il
se doit lors d’un repas convivial. Cette tradition conserve tout le caractère familial de
la construction. Cette solidarité fondatrice peut donc s’avérer un atout dans notre dé-
marche de développement assurantiel. La tontine crée d’ailleurs un climat de sécurité
entre les membres de la tontine. Cet état d’esprit serait susceptible de limiter les tenta-
tives de fraudes liées à une activité d’assurance.
Les sommes d’argent versées sont parfois tellement faibles que la personne qui a perçu
les fonds n’en fait pas grand-chose. Même dans le cas où les sommes d’argent sont très
élevées, certaines personnes ne savent pas comment réagir devant cette fortune que l’on
pourrait qualifier de « spontanée » et souvent elles se mettent à le dilapider si elles n’ont
personne pour les aider à en faire bon usage. Dans d’autres cas, lorsque l’entourage de la
personne qui a profité de la tontine sont au courant de cette fortune, elles vont toutes se
précipiter chez le bénéficiaire pour lui soumettre divers problèmes afin qu’il leur apporte
sa contribution financière. Ceci le ruine : il bénéficie donc pas lui-même de son épargne,
qui ne représente alors plus aucun intérêt pour lui.
29
Chapitre 4
Sommaire
4.1 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.2 Premiers résultats obtenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4.3 Pour aller plus loin... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.1 Objectifs
À l’occasion de cette étude du développement de l’assurance vie sur une région aussi
vaste que celle de l’Afrique subsaharienne, il nous a semblé pertinent de recueillir des
données chiffrées récentes sur des domaines très larges. À ce titre, passons en revue
toutes les variables prises en compte dans notre modèle. Notons que les données utilisées
proviennent de deux sources majeures : www.statistiquesmondiales.com et World Risk
Report [25].
30
région africaine étudiée. Nous avons, jusqu’ici, présenté cette dernière comme une zone
géographique fortement marquée par une mortalité infantile élevée, une instabilité po-
litique très présente ou encore le faible recul de la pauvreté globale pourtant très étendue.
Cependant, est-il justifié de généraliser ces difficultés à tous les pays en présence, ou
au contraire, doit-on prendre en compte une certaine inégalité interrégionale ? De même,
les fléaux cités précédemment sont-ils généraux ou propres à un sous-groupe de la popu-
lation ?
Dans cette optique, nous avons d’abord décidé de réaliser une Analyse en Compo-
santes Principales sur les 11 variables précédentes et les 19 individus. Les individus sont
le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée,
Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger, la République du Congo, la République
démocratique du Congo, la République Centrafricaine, Djibouti, le Rwanda 3 , le Sénégal,
le Tchad, le Togo. Nous avons également élargi notre étude à l’Ouganda. Cette initiative
a été motivée par la présence, dans la littérature, d’une étude en termes de produits de
micro assurance. Nous avons donc jugé cohérent d’intégrer ce nouveau pays pour évaluer
son comportement par rapport aux autres, relativement aux critères exposés.
Factor map
3
cluster 3 Cameroun
Mali RDC RC
Burkina Faso
Dim 2 (23.17%)
C.I
1
Niger
0
Guinée Rwanda
Burundi
Benin
−1
Togo
Senegal Dji.
−2
Madagascar
Mauritanie
−3
−4
−5 0 5
Dim 1 (38.1%)
Dans une première analyse, on distingue trois classes de pays bien distinctes. Une
première se trouve dans le cadran Nord Est du repère et semble être expliquée par l’axe
3. Le Rwanda a entériné sa tradition française en devenant le 54e membre du Commonwealth en 2009.
4. Retrouver le code utilisé sous R dans l’annexe 2
Regardons de plus près le cercle de corrélation pour comprendre comment sont consti-
tuées ces classes de pays.
SIDA
PIB_2010
0.5
mort_5ans
Dim 2 (23.17%)
fecond depense_sante
urban
0.0
alphab_F
vulnerable
age_median
−0.5
exposure
−1.0
ESP_H
Dim 1 (38.1%)
L’axe horizontal explique le développement plus ou moins avancé des pays d’Afrique
subsaharienne. Sur ce dernier, les pays à droite présentent plusieurs critères de richesse
relative. En effet, l’axe est fortement corrélé avec les variables PIB et dépenses en
santé ou encore l’urbanisation.Dans le cadran Nord-Est, nous retrouvons donc les
pays moins touchés par la pauvreté. Le Gabon surclasse d’ailleurs la catégorie concernée
grâce à un PIB élevé (12, 6 milliards $ en 2010) et une dépense sanitaire largement
supérieure à la moyenne nationale (364 $ sur l’année 2008 contre 45, 35 $ de moyenne
sur la même année dans le reste de la région africaine). On rajoutera également que ces
pays sont très peu vulnérables.
Quant à l’axe vertical, il joue le rôle de séparateur entre ces deux ensembles. En effet,
on note une forte corrélation entre cet axe et l’exposition aux catastrophes naturelles. Le
groupe de pays du cadran sud semble plus exposé. Cependant, pour en savoir plus sur les
divergences au sein de cette nouvelle catégorie, procédons à une étude plus approfondie.
Cette nouvelle étude conforte notre première hypothèse selon laquelle une classe de
pays se détache des autres individus par sa capacité productive et ses problèmes liés
Pays les « moins pauvres » : Gabon, Cameroun, Côte d’Ivoire, République du Congo,
Djibouti.
Pays les « plus pauvres » : Ouganda, Niger, Tchad, République Centrafricaine, RDC,
Burkina Faso, Mali, Burundi, Guinée.
Distance plot
8
7
6
5
4
3
Ce dernier modèle montre une grosse divergence au sein des pays dits plus riches
sans doute expliquée par des individus extrêmes tel que le Gabon d’un côté, qui est
Par ailleurs, on retrouve une disparité similaire parmi les populations les plus pauvres.
On notera par exemple la RCA dont le PIB est très faible (2 113 millions $). Par
opposition, l’Ouganda, qui certes est un pays hors Afrique subsaharienne francophone, a
la caractéristique d’être considéré comme pauvre alors que la production de richesse est
à la hauteur des pays très riches (15 040 millions $). Ce pays atypique constituera notre
transition. En effet, AIG avait proposé en 2005 une étude de la micro finance et plus
exactement du lien possible entre la micro finance et la micro assurance [21]. Comme
nous nous en sommes largement inspirés dans la suite de nos recherches, nous avons jugé
utile de proposer une segmentation des pays de l’ASF tout en incorporant l’Ouganda.
Sommaire
5.1 La micro finance : un point de départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
5.2 Des faiblesses ostensibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
5.3 Avènement de la micro assurance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Au sein de la micro finance, le micro crédit correspond à des prêts de faibles sommes
sur des courtes périodes. Dans la mesure où les produits sont destinés à une population
qui ne peut accéder à des crédits classiques, les taux sont élevés car le risque porté par
les créanciers est plus important. Aujourd’hui, selon Wikipédia [41], un peu plus de 190
millions de personnes bénéficient d’un micro crédit. Ce sont principalement des femmes.
36
alors se demander quel est le véritable impact de la micro finance sur les populations.
Au sein du Abdul Latif Jameel Professor of Poverty Alleviation and Development Eco-
nomics du Massachusetts Institute of Technology, Esther Duflo s’est rendue compte qu’il
est nécessaire d’évaluer l’impact des aides sociales de la même manière que l’on évalue
déjà l’efficacité d’un médicament. Elle a développé une méthode appelée « Randomized
evaluation » [11], qui permet d’évaluer l’impact de la micro finance grâce à des analyses
statistiques de données récoltées périodiquement sur des zones de traitement et des zones
de comparaison La difficulté de l’évaluation de l’impact du micro crédit repose sur le
choix aléatoire des zones et personnes étudiées. En effet, dans la réalité, les organismes
de micro crédit s’installent dans les zones les plus propices à leur développement. Dans
cette expérience (la première à grande échelle), les zones de traitement et individus ont
été sélectionnés de manière aléatoire telle qu’ils fassent partie des ” pauvres ” mais pas
des plus pauvres. Sur les 104 bidonvilles de Hyderabad, en Inde, la moitié a été désignée
comme zone de traitement, c’est-à-dire que les populations auront la possibilité d’accéder
à des micro crédit, tandis que l’autre moitié est la zone de comparaison. Ainsi, on pourra
comparer les résultats dans chacune des zones. La récolte de données s’est déroulée sur
18 mois de 2005 à 2008.
Les analyses statistiques ont été menées autour de trois axes principaux :
➫ les dépenses
✻ Les créateurs de nouvelles entreprises investissent également dans des biens durables
et diminuent même leur consommation de biens de tentation.
✻ Enfin, ceux qui utilisent ce crédit pour financer leur quotidien sont les seuls qui aug-
mentent leur consommation de biens de tentation. Pour ce dernier groupe, le micro
crédit est en fait une source supplémentaire de pauvreté qui reporte l’échéance.
D’après les résultats de la régression linéaire que nous retrouvons sur la figure 5.3 de
l’étude [11], la micro finance n’améliore pas l’accès aux soins ou à l’éducation, qui font
partie des voies les plus efficaces pour l’amélioration des conditions de vie des popula-
tions sur le long-terme. Ces axes de développement bénéficieront sûrement sur le long
terme des choix d’investissement des entrepreneurs, ce qui n’est pas visible dans cette
expérience qui s’étend seulement sur 18 mois.
Cette étude montre que les bienfaits de la micro finance sont souvent surestimés. Les
entrepreneurs sont ceux qui bénéficient le plus de la micro finance. Celle-ci peut même
avoir un effet négatif sur certains emprunteurs. En cas d’événement impromptu, il peut
s’avérer très difficile de rembourser son micro crédit. À travers la micro assurance, on
Enfin, passer par la micro finance, permet aussi de contourner les limites de la micro
assurance. Selon l’organisation internationale du travail [32], les obstacles les plus im-
portants à l’expansion de la micro assurance sont :
Proposition de produit(s) en
assurance vie
Sommaire
6.1 Les coopératives et les syndicats : des soutiens prometteurs . . . . . . . . 40
6.1.1 Les coopératives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
6.1.2 Les syndicats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
6.2 Piste(s) envisagée(s) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
6.3 Assurance temporaire décès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
6.3.1 Définition du service . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
6.3.2 Description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
6.3.3 Tarification et provisions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Selon Wikipedia [42], une coopérative est une entité économique autonome fondée sur
le principe de coopération, dont le but est de servir au mieux les intérêts économiques
de ses participants (sociétaires ou adhérents). Aujourd’hui l’OIT décrit les coopératives
comme « ayant un rôle d’émancipation en permettant aux couches les plus pauvres de
la population de participer aux progrès économiques ». On retrouve plusieurs types de
coopératives [10] :
Les coopératives sont omniprésentes en Afrique. Elles y ont été introduites par les
puissances coloniales qui y voyaient une opportunité pour centraliser les ressources pour
1. des africains se regroupent pour acheter des biens de la vie quotidienne
40
l’exportation vers l’Europe. Après l’indépendance des pays africains, les gouvernements
successifs ont pris les coopératives sous leur protection, en accordant des avantages im-
portants. En échange, elles perdirent leur autonomie devant un instrument d’état. Ce
n’est que dans les années 1990 que les États « libérèrent » les coopératives. Elles ont
ainsi pu renaı̂tre sous leur forme authentique : les coopératives d’entraide. Depuis, leur
influence ne cesse de grandir tant elles s’adaptent facilement au modèle africain, basé
sur l’entraide intercommunautaire.
Leur développement constitue un véritable atout pour notre projet. En effet les coopé-
ratives africaines, pour répondre à la demande, élargissent leur domaine de compétence.
Ainsi il n’est pas rare de voir une coopérative agricole proposer des services de crédit ou
d’épargne. Une clé importante de la réussite des coopératives, selon plusieurs études de
terrain, est la collaboration avec des intervenants externes tels que des établissements de
crédit. De plus, ces mêmes études prouvent que le développement d’une coopérative va
directement impacter sur la pauvreté alentour : des emplois vont notamment se créer,
des maisons vont aussi se construire. Cela conforte notre idée d’encourager les coopéra-
tives à travailler avec des instituts de micro finance afin de disposer de fonds suffisants
pour se développer et ainsi rayonner en faveur de la population locale.
Les avantages pour un établissement agréé en assurance vie ne sont pas négligeables.
Comme la structure est déjà existante, le démarchage d’assurés potentiels est déjà fait.
De surcroı̂t, les coopératives ont la confiance de leurs adhérents. On pourrait ainsi briser
le tabou de l’assurance et éventuellement changer la mentalité des adhérents sur des
contrats vie collectifs. Ensuite, si on prend l’hypothèse que l’organisation travaille avec
une MFI, la coopérative posséde donc des fonds propres suffisants. Enfin, en contribuant
au développement de la coopérative, on contribue également au développement de la
région, ce qui permettrait à long terme de hisser le niveau de vie de la population à un
seuil acceptable pour espérer voir l’assurance vie traditionnelle s’imposer un jour sachant
que la population y aura été préparée.
Nous avons alors décidé de poursuivre notre raisonnement plus loin et ainsi de nous
tourner vers un autre type d’organisation pour proposer notre produit : les syndicats.
Les premiers syndicats sont apparus sous la forme de syndicats de « blancs ». Il s’agis-
C’est sur ce contexte de renouveau des syndicats que nous comptons pour proposer
notre produit. La structure existe déjà avec un système de cotisation qui permettrait de
prélever les primes en pourcentage sur cette cotisation. De plus, même si les syndicats
s’éloignent des partis politiques, ils y sont toujours plus proches que dans le reste du
monde. C’est donc une chance pour l’assurance d’entamer un dialogue avec la classe
politique, dialogue qui n’existe pas aujourd’hui. Enfin, les salariés et donc les syndicats
sont un secteur d’avenir dans cette région, il serait donc regrettable de ne pas tenter
d’établir des relations avec eux.
Il faut savoir qu’une grosse majorité de ces populations n’est pas salariée. C’est pour-
quoi elle dispose de revenus bas et irréguliers. Ainsi, nourrir leur famille constitue leur
préoccupation majeure si bien qu’ils ne peuvent pas accéder à différents services de na-
ture assurantielle notamment. En cas de maladie grave, les familles se retrouvent alors
bien démunies financièrement. La solidarité familiale et amicale est alors souvent la so-
lution. Cependant, la contribution n’est pas à la hauteur des attentes si bien que des
personnes décèdent par manque d’anticipation des problèmes aléatoires de la vie. Pour
les personnes mieux loties disposant d’un revenu, il est souvent bien trop faible. Elles ne
peuvent donc pas se permettre de constituer une épargne. On peut regretter également
un manque de connaissance globale des produits d’assurance. Cette culture sécuritaire
est souvent freinée par un manque de confiance général en ces institutions d’assurance
qui ne leur donnent pas toutes les garanties pour réparer leur malheur. Dès lors, on
Nous portons un regard optimiste sur la situation. En effet, même si l’assurance vie
a beaucoup de difficultés à percer dans cette partie du globe, il ne faut pas oublier que
l’Afrique subsaharienne francophone représente un peu plus de 250 millions d’habitants,
soit autant de clients potentiels. En ce sens, pour répondre aux populations africaines
avec toutes leurs spécificités, nous n’avons pas la prétention de proposer un produit
miracle pour leurs problèmes. En revanche, l’idée est de faire grandir progressivement
leur intérêt de transférer leurs risques à des compagnies d’assurance. Pour cela, s’appuyer
sur les coopératives et syndicats sans distinction des activités concernées constituerait
un point de départ intéressant. Les syndicats comme les coopératives ont un objectif
similaire : défendre les intérêts de leurs adhérants. Notre produit serait financé par une
partie des cotisations payées de manière régulière par les syndiqués et coopérants. En
échange, une couverture décès, à la hauteur de la prime versée, leur serait proposée. Dans
cette optique, nous entrerions directement en concurrence avec les structures informelles
de gestion de risque, en essayant de toucher un public large. Le rôle des syndicats ne se
limitera donc plus à défendre les intérêts des syndiqués. On pourrait aller plus loin sur
la nature des aléas prise en compte par notre couverture :
➜ La maladie grave : prendre en charge une partie des frais de santé en cas d’hospi-
talisation ou de maladie grave (SIDA).
➜ L’accident de travail : assurer contre les accidents de travail. Les professions libé-
rales seraient ciblées. Mettre en place un montant compensatoire en attendant une
reprise de son activité.
➜ Capital décès : verser un capital décès pour soulager financièrement les familles syn-
diquées (frais d’obsèques, soutien financier durant les premiers mois après le décès).
➜ Rentes aux survivants : proposer une rente à la famille durant quelques années en
cas de décès du syndiqué ou du coopérant pour leur permettre de se relever après
la perte de revenus potentiels. Ce produit serait mis en place avec des coopératives
qui travaillent avec une IMF 2 . Le paiement des primes pourrait être envisagé en
prélevant une partie du micro crédit.
Cependant, l’un des obstacles majeurs est le manque de fiabilité, voire la quasi in-
existence d’informations sur l’exposition des populations à ces différents risques. Il arrive
d’ailleurs que l’employeur propose des « assurances » similaires à ses salariés. Dans ce cas
précis, on pourra éventuellement proposer aux entreprises de les soutenir en transférant
le risque de leur portefeuille aux compagnies d’assurance.
2. Institut de micro finance
La population cible a déjà fait l’objet d’une analyse approfondie. Nous voulons im-
pliquer des structures informelles, à savoir : les syndicats et les coopératives travaillant
avec des instituts de micro finance. On pourra éventuellement s’étendre aux tontines
déjà présentées malgré les limites. Ce choix présente plusieurs avantages techniques :
6.3.2 Description
L’assureur verse un capital de C e sous la forme de trois versements dégressifs, à
condition que le décès survienne avant un âge x+n fixé dans le contrat, à hauteur de 60%
le premier mois et 20 % les deux mois suivants. Ce service permettra de subvenir aux
besoins à court terme des familles ayant perdu un proche. Ce soutien se présentera sous
la forme d’un capital décès forfaitaire. Nous souhaitons échelonner ce forfait sur plusieurs
mois. Par ce biais, on prend en compte les charges associées à un décès, en l’occurrence, les
services funéraires peuvent représenter un coût non négligeable et inattendu. Poursuivre
le paiement plusieurs mois suivant l’événement laissera du temps supplémentaire aux
proches pour trouver idéalement une nouvelle activité et provisoirement pour compenser
la perte potentielle de revenu. C’est une manière de reproduire les effets de la micro
finance en visant de nouveaux entrepreneurs ayant besoin de fonds pour se lancer. Même
si tout le monde n’a pas l’ambition de créer sa propre activité, cette pratique aura le
mérite d’éduquer la population sur une utilisation plus efficace de l’argent.
3. Le calcul du montant des primes et provisions, sont réalisés par l’intermédiaire du logiciel R et inspirées
de la bibliothèque actuarielle de Mr Moeglin
x (Décès) 1 2
x+ 12 x+ 12
x = âge de décès
U = 60%
D = 20%
Procédons désormais au calcul actuariel des primes exigibles pour couvrir notre risque
en proportion des cotisations versées à l’un des organismes déjà cités (syndicats, coopé-
ratives ou tontines). Dans la suite, nous noterons ∆x la valeur actuelle probable à la
souscription (âge x de l’assuré) des engagements futurs de l’assureur et P la prime ver-
sée. Par simplification, on supposera que le décès survient en moyenne au milieu de
l’année.
n−1
k+ 21
X
∆x = k px qx+k v
k=0
n−1
X (lx+k+1 − lx+k ) lx+k 1
= × × vk+ 2
k=0
lx+k lx
n−1
X dx+k 1
= × vk+ 2 (6.1)
k=0
lx
k px probabilité d’être vivant à l’âge x + k sachant l’âge x
qx+k probabilité de mourir à l’âge x + k
dx+k nombre de décès entre l’année x + k et x + k + 1
lx nombre de survivants à l’âge x
1
v = 1+t avec t le taux actuariel
n−1
X lx+k
∆x = P× × vk (6.2)
k=0
lx
Nous proposons donc quelques simulations dans le tableau suivant en s’appuyant sur
les données réelles d’un syndicat gabonnais. N correspondra au nombre d’années courues
par le contrat et L le nombre d’années de carence 4 .
4. Les années de carence correspondent à la période durant laquelle l’assureur n’assumera pas ses engagements
Dans le tableau 6.1, nous avons coloré les primes jugées admissibles. Autrement dit,
nous avons écarté tous les contrats dont la prime versée à l’assureur dépassait 25% de la
cotisation annuelle d’adhésion à la coopérative ou au syndicat. En outre, les années de
carence ont été introduites dans notre étude dans le souci de réduire la prime à verser
pour l’assuré. Cependant, elle ne doit pas être immoral si bien qu’on peut difficilement
imaginer un contrat comportant des années de carence excédent deux ans. Les données
utilisées pour ces résultats sont les suivants :
Taux actuariel : 3.5%
Cotisation par personne : 20 e
Age moyen : 40 ans
capital versé : 1000 e
Chargement : 0.5h
Nous sommes désormais à pied d’œuvre pour proposer un calcul des provisions pour
un groupe de 200 adhérents en conservant les caractéristiques citées précédemment. Pour
cela, rappelons dans un premier temps la formule d’une provision mathématiques pure
(Prov) à la me année du contrat :
n−1
X lx+k
Prov = ∆x+m − P× × vk
k=m
lx
Considérons tout d’abord un groupe de 200 personnes du même âge (âge moyen).
Voici ce que nous obtenons :
150
sommes en euro
100
50
0
1 2 3 4 5 6
année
Dans un deuxième temps, nous avons considéré une population de 200 personnes dont
l’âge est une variable aléatoire suivant une loi normale de moyenne 40 et d’écart type 5.
Voici le résultat d’une de nos simulations :
Provisions
250
200
sommes en euro
150
100
50
0
1 2 3 4 5 6
année
Ainsi, à travers un travail d’analyse socio-économique, nous avons mesuré les diffi-
cultés rencontrées par les actuaires dans un environnement très hostile. Nous sommes
persuadés que les efforts entrepris ne sont pas vains. Selon nous, le développement du
système assurantiel s’inscrit comme une note d’espoir quant au développement des pays
d’Afrique subsaharienne francophone. À travers ce projet, nous avons découvert l’assu-
rance vie sous une autre forme : contrairement aux pays développés tel que la France où
l’assurance occupe une place essentielle dans le paysage social, tout reste à construire
en Afrique. Nous avons appris à composer une police d’assurance vie, du choix de la
population cible jusqu’au calcul des provisions suivant trois axes essentiels : réponse à
l’inexistence d’un marché financier, réponse au scepticisme général des populations et
réponse aux faibles revenus. Dans cette optique, nous nous sommes appuyés sur des
structures qui ont déjà gagné leur confiance (coopératives et syndicats). Ces dernières,
déjà implantées dans les différents pays concernés, possèdent des réserves pour faire face
à une situation financière fragile et sont susceptibles de travailler avec des organismes
de micro finance.
Cette production ne doit pas être considérée comme une fin en soi. Il s’agit au contraire
d’un commencement, celui d’entretenir l’espoir d’une pauvreté en recul et d’une société
plus égalitaire. Ce sont bien les personnes vulnérables qui nécessiteraient une plus grande
attention alors que le système actuel a encore tendance à creuser les inégalités en pro-
posant des services de protection aux plus riches.
48
Glossaire
AFRISTAT : est une organisation internationale créée par un traité signé le 21 sep-
tembre 1993 à Abidjan par les 14 pays africains membres de la Zone Franc suivants :
Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Ga-
bon, Guinée Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. La Guinée-Bissau,
la Mauritanie, la Guinée, le Cap Vert et le Burundi ont rejoint AFRISTAT par la
suite en 1998, 2000 et 2006. Ce dernier œuvre pour le développement de la Statis-
tique dans les pays membres de cette institution. Cette action se traduit par des
appuis ponctuels que l’Observatoire apporte aux pays membres et même à d’autres
pays africains. Ces appuis couvrent divers domaines : organisation et gestion des
systèmes statistiques, comptabilité nationale et macroéconomie, prix et enquêtes
sur les dépenses des ménages, suivi du secteur informel, statistiques agricoles, trai-
tement des données, diffusion des données statistiques, etc. AFRISTAT intervient
également dans les domaines de la collecte, du traitement, de l’analyse et de la
diffusion de l’information socio-économique.
Age médian : est l’âge qui divise la population d’un pays en deux groupes nu-
mériquement égaux, la moitié représente les plus jeunes, l’autre moitié les plus âgée.
Al Kadar : est la volonté d’Allah de fixer de façon irrévocable le cours des événe-
ments à Ses créatures selon Sa connaissance préalable et selon Son décret.
Clanisme : est une organisation sociale dont la structure est fondée sur des clans.
49
Coordination pour l’Afrique de Demain : est une association de femmes
et d’hommes d’horizons divers qui souhaitent montrer que l’Afrique n’est pas un
« continent en perdition ». Face à des informations fragmentaires et superficielles,
souvent biaisées par un pessimisme systématique, face à des images focalisées pour
l’essentiel sur les maladies, les famines et les guerres, la CADE entend alerter les
milieux associatifs, les médias, les responsables politiques et économiques ainsi que
l’opinion publique sur cette dangereuse dérive en proposant un cadre de débats,
d’échanges et d’analyses plus réalistes sur l’étonnante évolution de l’Afrique.
Fonds propres : correspond au total des actifs possédés par une entreprise au-
quel on ôte l’ensemble des dettes.
Institut de Micro Finance : est une organisation qui offre des services finan-
ciers à des personnes à faibles revenus qui n’ont pas accès ou difficilement accès
au secteur financier formel (banques classiques). Au sein du secteur, le terme ins-
titution de micro finance renvoie aujourd’hui à une grande variété d’organisations,
diverses par leur taille, leur degré de structuration et leur statut juridique (ONG,
association, mutuelle/coopérative d’épargne et de crédit, société anonyme, banque,
établissement financier etc).
Micro finance : désigne les dispositifs permettant d’offrir des crédits de faible
montant (« microcrédits ») à des familles pauvres pour les aider à conduire des
activités génératrices de revenus Avec le temps et le développement de ce secteur
particulier de la finance partout dans le monde, y compris dans les pays dévelop-
pés, la micro finance s’est élargie pour inclure désormais une gamme de services
plus large (crédit, épargne, assurance, transfert d’argent etc.) et une clientèle plus
52
[21] Michael McCord : Felipe botero and janet s. mccord, a member of the american
international group of companies. Etude de cas, AIG Uganda, 2010.
[22] Christian Morisson : Hélène guilmeau et charles linskens, une estimation de la
pauvreté en afrique subsaharienne d’après des données anthropométrique. article,
1998.
[23] Marc Nabeth : Micro-assurance : macro enjeux ? article, juillet 2005.
[24] Nations Unies : Réduction de la pauvreté et objectifs du millénaire pour le
développement. Programme pour le développement, 2009.
[25] Nations Unies : World risk report. article, 2011.
[26] Nations Unies : Eliminer la pauvreté, objectifs du millénaire pour le développe-
ment 2015 (à nous d’agir). Communiqué de presse, Département de l’information,
page 1, 25 septembre 2008.
[27] Jean-Yves Naudet : La pauvreté recule dans le monde grâce à la liberté écono-
mique. Audace Institut Afrique, www.audace-afrique.net,article, 2012.
[28] Jean Claude Ngbwa : Perspectives des marchés d’assurances africains. Compte
rendu d’une conférence.
[29] Joseph Ntamahungiro : Les causes de la pauvreté en afrique subsaharienne et les
enjeux pour en sortir. article, avril 2008.
[30] OCDE : salaire moyen afrique subsaharienne (tous niveaux de revenus). données,
www.lejustesalaire.com, 2010.
[31] OIT : Rapport mondial sur les salaires. Note d’information sur l’Afrique 2010/2011,
2010.
[32] Organisation internationale du travail : Etats des lieux de la micro assu-
rance en afrique. micro insurance : innovation facilité, 2009.
[33] C K Prahalad : The fortune of the bottom of the pyramid, eradicating poverty
through profits. Livre, 5 aout 2004.
[34] Martin Ravallion : Does aggregation hide the harmful effects of inequality on
growth ? article, janvier 1998.
[35] Margueritte Robinson : The paradigm shift in microfinance : A perspective from
hiid. rapport, 1995.
[36] A Sehia : Direction générale des impôts : etats généraux de l’assurance-vie. pré-
sentation, page 32, 2005.
[37] Statistiques mondiales : Produit intérieur brut par ordre alphabétique des pays.
données, www.statistiquesmondiales.com, year = 2010.
[38] Statistiques mondiales : Taux d’alphabétisation en afrique. données,
www.statistiquesmondiales.com, 2003.
[39] Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises Casablanca :
Promotion de l’assurance vie et développement de l’épargne assurance. article, 2003.
[40] Agora Vox : Les tontines en afrique : ancêtres du microcrédit. article du média
citoyen, 2011.
[41] Wikipedia : Microcrédit. article, 2012.
[42] Wikipedia : Coopérative. article, mise en ligne le 22 septembre 2010.
[43] Wikipedia : Conférence interafricaine des marchés d’assurance. article, mise en
ligne le 28 mai 2009.
[44] Jérôme Yeatman : L’assurance française en afrique noire francophone. Risques,
les cahiers de l’assurance 57, 2004.
55
Table des matières
C Validation du modèle de régression linéaire des salaires par rapport aux années 61
D Code SAS pour la discussion du modèle des salaires en fonction des années 63
*Noter que les données ont été recueillies dans un article de Jean Claude NGBWA,
secrétaire général de la CIMA [28].
57
Annexe B
Nous vous proposons le code utilisé sous R pour réaliser notre modèle linéaire :
Residuals:
Min 1Q Median 3Q Max
-209.49 -53.54 -14.73 56.47 243.12
Coefficients:
Estimate Std. Error t value Pr(>|t|)
(Intercept) -22301.952 2290.859 -9.735 9.49e-13 ***
X1962 11.424 1.153 9.906 5.49e-13 ***
---
Signif. codes: 0 *** 0.001 ** 0.01 * 0.05 . 0.1 1
58
Call:
lm(formula = X102 ~ X1962)
Residuals:
Min 1Q Median 3Q Max
-209.49 -53.54 -14.73 56.47 243.12
Coefficients:
Estimate Std. Error t value Pr(>|t|)
(Intercept) -22301.952 2290.859 -9.735 9.49e-13 ***
X1962 11.424 1.153 9.906 5.49e-13 ***
---
Signif. codes: 0 *** 0.001 ** 0.01 * 0.05 . 0.1 1
Dans cette annexe, nous proposons de discuter les hypothèses de notre modèle linéaire.
Dans un premier lieu, nous avons remis en cause la normalité des résidus.
(Ωi (ω))i∈[1,51] étant une réalisation de la suite des variables aléatoires (Ωi )i∈[1,51]
Dans une première approche graphique, on constate en effet que la distribution des
résidus de notre modèle est semblable à une loi normale. Cependant, cette première
analyse est insuffisante pour valider le caractère normal des résidus. Intéressons nous
donc aux quantiles expérimentaux de nos données.
Enfin, pour corroborer notre première conjecture, les résidus sont globalement alignés
sur la droite d’Henry. Autrement dit, les quantiles théoriques de la loi normale sont assez
60
proches des quantiles de nos observations. Par ces deux analyses, on peut donc valider
l’hypothèse de normalité sur les résidus.
Figure C.3 – Représentation des résidus par rapport aux valeurs prédites
Même si nos tests refusent les propriétés initiales sur la moyenne et la variance des
résidus, nous avons conservé notre modèle afin de développer une tendance possible des
salaires en Afrique subsaharienne francophone et ainsi comprendre que le système assu-
rantiel doit se renouveler dans la région s’il veut s’imposer à court terme.
*On notera que les graphes ont été réalisés sous SAS.
DATA WORK.salaires;
LENGTH
Annee 8
Revenus_euros 8
'log(Annee)'n 8
'log(Revenus_euros)'n 8 ;
FORMAT
Annee BEST12.
Revenus_euros BEST12.
'log(Annee)'n BEST12.
'log(Revenus_euros)'n BEST12. ;
INFORMAT
Annee BEST12.
Revenus_euros BEST12.
'log(Annee)'n BEST12.
'log(Revenus_euros)'n BEST12. ;
INFILE 'C:\Users\Alexis\AppData\Local\Temp\SEG6284\salaires-49042ba8e31647189c5496
LRECL=42
ENCODING="WLATIN1"
TERMSTR=CRLF
DLM='7F'x
MISSOVER
DSD ;
INPUT
Annee : BEST32.
Revenus_euros : BEST32.
'log(Annee)'n : BEST32.
'log(Revenus_euros)'n : BEST32. ;
RUN;
62
%_eg_conditional_dropds(WORK.SORTTempTableSorted,
WORK.TMP1TempTableForPlots);
DATA _NULL_;
dsid = OPEN("WORK.SALAIRES", "I");
dstype = ATTRC(DSID, "TYPE");
IF TRIM(dstype) = " " THEN
DO;
CALL SYMPUT("_EG_DSTYPE_", "");
CALL SYMPUT("_DSTYPE_VARS_", "");
END;
ELSE
DO;
CALL SYMPUT("_EG_DSTYPE_", "(TYPE=""" || TRIM(dstype) || """)");
IF VARNUM(dsid, "_NAME_") NE 0 AND VARNUM(dsid, "_TYPE_") NE 0 THEN
CALL SYMPUT("_DSTYPE_VARS_", "_TYPE_ _NAME_");
ELSE IF VARNUM(dsid, "_TYPE_") NE 0 THEN
CALL SYMPUT("_DSTYPE_VARS_", "_TYPE_");
ELSE IF VARNUM(dsid, "_NAME_") NE 0 THEN
CALL SYMPUT("_DSTYPE_VARS_", "_NAME_");
ELSE
CALL SYMPUT("_DSTYPE_VARS_", "");
END;
rc = CLOSE(dsid);
STOP;
RUN;
TITLE;
TITLE1 "Résultats de la régression linéaire";
PROC REG DATA=WORK.SORTTempTableSorted
PLOTS(ONLY)=ALL
;
Linear_Regression_Model: MODEL Revenus_euros = Annee
/ SELECTION=NONE
;
RUN;
QUIT;
RUN; QUIT;
%_eg_conditional_dropds(WORK.SORTTempTableSorted,
WORK.TMP1TempTableForPlots);
TITLE; FOOTNOTE;
ODS GRAPHICS OFF;
64
$data.clust
age_median fecond urban SIDA PIB_2010 mort_5ans alphab_F ESP_H
Niger 15.2 7.60 0.17 0.8 5603 143.0 0.151 52.13
Tchad 16.8 5.05 0.28 3.4 7592 173.0 0.128 47.28
Burkina Faso 16.9 6.14 0.26 1.6 8672 176.0 0.152 51.75
Burundi 16.9 6.16 0.11 2.0 1496 142.0 0.522 57.09
Mali 16.3 6.44 0.36 1.5 9077 178.0 0.396 51.01
Guinée 18.6 5.10 0.35 1.6 4344 130.0 0.181 56.63
Ouganda 15.1 6.69 0.13 5.4 15040 127.5 0.577 52.17
Benin 17.4 5.31 0.42 1.2 6464 115.0 0.233 58.61
RDC 17.4 5.24 0.35 4.2 12600 170.0 0.541 53.90
RCA 19.2 4.63 0.39 6.3 2113 159.0 0.399 48.84
Mauritanie 19.5 4.30 0.41 0.8 3486 111.0 0.434 58.94
Madagascar 18.2 5.02 0.30 0.1 8330 62.0 0.625 61.62
Togo 19.3 4.69 0.43 3.3 3074 103.0 0.469 60.19
Senegal 18.0 4.78 0.42 1.0 12657 75.0 0.292 57.85
Rwanda 18.7 4.90 0.19 2.8 5693 91.0 0.647 56.57
RC 17.0 5.68 0.62 3.5 11884 93.0 0.784 53.62
C.I 19.6 3.92 0.51 3.9 22384 123.0 0.386 55.79
Cameroun 19.4 4.17 0.58 5.1 21882 136.0 0.598 53.52
Dji. 21.8 2.71 0.76 3.1 1139 91.0 0.584 58.69
Gabon 18.6 4.59 0.86 5.2 12563 74.0 0.533 51.78
Nous vous proposons, dans la suite, le code utilisé pour réaliser la méthode de Koho-
nen.
> z <- read.table("C:/Users/Alexis/Desktop/BE 2012/statistique/
+ données finales kohonen.csv",
+ header = TRUE, sep = ";", na.strings = "NA", dec = ",",
+ strip.white = TRUE)
> z2 = z[, -1]
> library(kohonen)
> z3 = as.matrix(z2)
> summary(z2)
> attach(z2)
[1] TRUE
> z5 = scale(z4)
> pays.som = som(data = z5, grid = somgrid(3, 1, "rectangular"))
> plot(pays.som)
> Y = c(1, 0, 0, 2, 2, 2, 1, 0, 1, 0, 2, 0, 0, 2, 1, 1, 0, 1, 0)
> z5.xyf = xyf(data = z5, Y, grid = somgrid(3, 1, "hexagonal"))
> plot(z5.xyf, type = "quality")
66
Annexe G
Madame,
– Quand vous expliquez que la micro finance n’est pas pour tout le monde, cela
signifie-t-il qu’il faut durcir les conditions d’accès aux prêts ou est-ce que cela si-
gnifie que tout emprunteur potentiel n’a pas la même réussite ?
– Finalement sur quelles données vous appuyez vous pour affirmer que les apports de
la micro finance ne se diffusent pas suffisamment dans les zones concernées ?
Nous avons conscience du temps nécessaire pour traiter notre demande, mais il nous
semble que vous êtes mieux placée que quiconque pour nous aider. Voici un support de
la présentation qui vous permettra de mieux cerner notre travail. En espérant vous avoir
convaincue de la pertinence de notre projet, nous restons à votre disposition pour vous
fournir toutes les informations complémentaires.
Avec nos remerciements, veuillez agréer l’expression de notre plus profond respect et
notre meilleure considération,
67
Annexe H
> library(xtable)
> z <- read.table("C:/Users/Alexis/Desktop/table_mortalité2.csv",
+ header = TRUE, sep = ";", na.strings = "NA", dec = ",", strip.white = TRUE)
> age = z$Age
> lx = z$Lx
> lx1 = lx[2:108]
> lx2 = lx[1:107]
> dx = lx2 - lx1
> r = 0.035
> DX = 0
> for (i in 1:108) {
+ DX[i] = lx[i] * (1 + r)^(-i + 1)
+ }
> C = 0
> for (i in 1:107) {
+ C[i] = dx[i] * (1 + r)^(-i + 0.5)
+ }
> Mx = function(x) {
+ u = seq(1, x - 1)
+ sum(C[-c(u)])
+ }
> Ax = function(x) {
+ Mx(x + 1)/DX[x + 1]
+ }
> Mx = function(x) {
+ u = seq(1, x - 1)
+ sum(C[-c(u)])
+ }
> engagement_assureur_avec_carence = function(x, n, C, annee_carence) {
+ C * (Mx(x + annee_carence + 1) - Mx(x + n + 1))/DX[x + 1] *
+ (1 + r)^(-0.5)
+ }
> actualisation = function(x, k) {
+ fact2 = 0
+ t = 0.035
+ for (i in 0:k - 1) {
68
+ p = lx[x + i + 1]/lx[x + 1]
+ v = (1 + t)^(-(i))
+ fact2[i + 1] = p * v
+ }
+ sum(fact2)
+ }
> Prime_avec_carence = function(x, k, n, C, annee_carence) {
+ (engagement_assureur_avec_carence(x, n, C, annee_carence)/actualisation(x,
+ k))
+ }
> Prime_chargee_avec_carence = function(x, k, n, C, g, annee_carence) {
+ Prime_avec_carence(x, k, n, C, annee_carence) + g * C
+ }
> Prov = 0
> Provision_avec_carence = function(x, k, n, C, annee_prov, annee_carence) {
+ for (i in 0:annee_prov) {
+ borne = max(annee_carence - i, 0)
+ Prov[i + 1] = engagement_assureur_avec_carence(x + i,
+ n - i, C, max(borne, 0)) - Prime_avec_carence(x,
+ k, n, C, annee_carence) * actualisation(x + i, k -
+ i)
+ }
+ Prov
+ }
> A = rep(0, 144)
> B = matrix(A, nrow = 12)
> cot = 20
> for (j in 1:12) {
+ for (i in 1:12) {
+ if (j - 1 <= i) {
+ B[i, j] = round(Prime_chargee_avec_carence(40, i,
+ i, 1000, 5e-04, j - 1)/cot * 100, 2)
+ }
+ }
+ }
> B2 = as.array(B)
> calcul_prov = function(x) {
+ Provision_avec_carence(x, 5, 5, 1000, 5, 0)
+ }
> calcul_prov(10)
> u = seq(1, 6)
> v = 0
> for (i in 1:6) {
+ v[i] = sum(sapply(rnorm(200, 40, 5), function(x) {
+ calcul_prov(x)[i]
+ }))
+ }