Module 4 Texte
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1 Pôle Nord, pôle Sud, pôle de l’altitude. Plus loin, plus froid. Vivre pour
Bernard Voyer, c’est posséder la terre entière. Il garde dans un tiroir trois
flacons précieux. Chacun ne contient que de l’eau, mais ensemble ils
constituent un puissant symbole. Cette eau, il l’a recueillie, sous forme de
neige, au pôle Nord, au pôle Sud, et enfin au sommet de l’Everest, ce pôle des
alpinistes. Quand il s’est finalement hissé sur le toit du monde, le 5 mai 1999,
il devenait le quatrième homme dans l’histoire à avoir atteint à pied les trois
endroits les plus reculés de la planète. Depuis, il a réalisé sept escalades, dont
celle du Kilimandjaro, au Kenya, le plus haut sommet de l’Afrique, et de
l’Aconcagua, au Chili, point culminant des Amériques… Et l’automne
dernier, je l’ai cueilli à son retour de l’Elbrouz, dans le Caucase, toit de
l’Europe.
3 Il ne cherche pas plus loin la raison profonde de son choix de vie. Il évoque
son premier voyage de canot-camping dans la réserve La Vérendrye, en
Abitibi : « En arrivant, le dernier jour, je me suis fermé les yeux pour ne pas
voir la fin du voyage. J’ai entendu la pointe du canot s’enfoncer dans le sable
du rivage (sssshhhh) et me suis promis une expédition dont je serais ravi de
voir la fin parce que j’aurais mon voyage, comme on dit. »
4 Par la suite, il a fait des expéditions de 10 jours, puis 12, effectué des stages
de perfectionnement de kayak en France. Et un jour, il s’est payé la descente
de la rivière George. « Sept cents kilomètres. Quand je suis finalement arrivé
à Kangiqsualujjuaq, je n’ai pas fermé les yeux : j’étais repu. » Mais pas pour
longtemps. À partir de ce moment, il a multiplié les expéditions. « J’ai couché
presque aussi souvent sous la tente que dans un lit, dit-il. À 47 ans, préparer
mon sac à dos me procure le même sentiment qu’à 15 ans, quand je partais
pour Old Orchard en vélo. Mais à force de faire des excursions et des
randonnées, j’en suis venu à vouloir aller plus loin, plus haut, plus longtemps.
C’est tout. »
6 C’est en 1996 qu’il a réussi ce qu’il considère encore comme sa plus grande
aventure : Expédition pôle Sud. Près de deux ans de course aux
commanditaires, de préparation de matériel, d’ententes avec des centres de
recherche scientifique. Puis, l’expédition proprement dite : 1 500 km en
65 jours de ski sous le ventre du monde, avec son ami l’anesthésiste gaspésien
Thierry Petry. « L’Antarctique, dit Bernard Voyer, c’est le voyage ultime au
bout de soi-même. On est tout seul, face à ses limites, face à sa mort, face à
ses motivations. C’est pourtant là, une centaine de kilomètres avant
d’atteindre le globe de métal argenté fiché au point précis où se trouve le
pôle, qu’il s’est mis à rêver de Chomolungma : l’Everest. « J’avais touché les
neiges les plus lointaines de la planète, dit-il. Pourquoi pas les plus hautes? »
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plus petit, plus rapide, moins technique aussi, plus humain. Cette montagne-
là, le toit du monde, c’est un mythe. Gravir l’Everest, c’est escalader un
symbole. Le grimpeur n’apporte pas que des gants de rechange. On apporte
tout : son passé, ses amours, sa famille. Parce qu’on peut tout perdre. » Il
parle de l’Everest comme il parlait du pôle Sud. « On ne conquiert pas le
pôle, disait-il il y a cinq ans. C’est le pôle qui vous laisse passer. L’hiver est
une remarquable école de modestie; le pire ennemi de l’explorateur, ce n’est
ni le froid ni l’ours polaire, c’est l’imprévoyance. »
8 C’est peut-être pour cette raison qu’il aime passionnément l’hiver, dont il
ferait un remarquable ambassadeur. Il parle avec un emportement contagieux
de la blancheur de la neige, des effets de la lumière, et jure qu’il ne peut plus
regarder un paysage, même une plage du Sud, sans essayer de l’imaginer sous
la neige! « Les Canadiens refusent l’hiver, dit-il. On essaie encore de le
dompter. C’est impossible. Et pourquoi, d’ailleurs? Le changement,
l’alternance, comme celle des saisons, nous gardent inventifs et créateurs.
Notre faculté d’adaptation, notre intelligence, nous les devons beaucoup à
l’hiver. »
10 Bernard Voyer n’est pas capable d’imaginer sa vie sans grands projets.
« Mais le temps presse, dit-il. J’ai les cheveux couleur de neige et les sacs à
dos se font de plus en plus lourds. Et il y a encore tellement d’expéditions que
je voudrais réussir. » Son entreprise actuelle : « le tour du monde des
sommets ». Autrement dit, mettre dans son sac à dos de souvenirs le plus haut
sommet de chacun des « sept » continents (sic). « Car pour les grimpeurs et
les montagnards, il y a sept continents, explique-t-il. On compte les deux
Amériques comme distinctes et il y a l’Antarctique, toujours oublié. » Il a
déjà réussi cinq ascensions. Au programme de cette année, le mont Denali, en
Alaska, plus haut sommet d’Amérique du Nord. Puis, en janvier 2002, il
voudrait bien s’offrir la cerise sur son gâteau : le mont Vinson, en
Antarctique, « les neiges les plus pures du monde ».
11 Et après, quand le sac à dos sera vraiment trop lourd? Il a déjà repéré la
cabane de pêcheurs qu’il veut louer tout un été dans la baie de Disko, au
Groenland, l’endroit de l’hémisphère Nord où, dit-il, il y a le plus de vêlage
d’iceberg. « Pour écrire, dit-il. Pas un livre technique, du genre Mon
expédition du l’Everest, avec jour 1, jour 2, jour 3… C’est ennuyeux, ça. Non.
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Je veux parler des raisons qu’on a de courir après l’horizon. Écrire les
tempêtes, la neige, le froid, l’ailleurs. » Il caresse ce rêve, qui lui est venu
dernièrement, de comprendre ce qu’il a vu. « Je veux mieux connaître ma
planète, dit-il. Comprendre les glaciers, étudier l’astronomie, la géographie,
mieux saisir comment l’homme s’acclimate aux variations, tout ça. »
P.S. Depuis la parution de cet article, Bernard Voyer a complété avec succès le
tour du monde des sommets.
Après ma lecture
Je peux dire quel est le sujet de ce texte et quels sont les principaux
aspects traités.
J'ai utilisé une ou des stratégies et je crois avoir bien compris le texte.
Le texte était difficile, je le relirai en utilisant une autre stratégie.
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