Anoumou Amekudji Et NBiemadi Krouma
Anoumou Amekudji Et NBiemadi Krouma
Anoumou Amekudji Et NBiemadi Krouma
Anoumou Amekudji
&
N’Biémadi Krouma
Résumé
Les rapports existant entre la littérature et le cinéma ne datent pas
d’aujourd’hui. Ils s’influencent mutuellement. Les intrigues, les
personnages, les dialogues proposés par le roman servent à alimenter les
œuvres cinématographiques. Parmi les sous-genres du roman, le roman
policier est celui qui, sans doute en raison de sa proximité avec les
scénarios cinématographiques, se prête le mieux à l’adaptation au cinéma.
En partant du constat selon lequel les deux formes d’expression sont
mineures dans le paysage artistique togolais, nous estimons qu’elles
pourraient s’inspirer mutuellement. L’étude s’appuie sur le roman Le chien
qui parle de Charles Olince. A partir des outils de la sémiotique narrative,
l’œuvre est d’abord interrogée du point de vue de sa congruence avec les
canons du roman policier. Ceci a permis de dégager des constantes mais
aussi des lourdeurs participant de la tendance réaliste du roman social
dominant, et qui doivent être résolues dans le cadre d’une adaptation au
cinéma. Ensuite, le recours aux techniques et méthodes
cinématographiques a conduit à l’examen des modalités de transposition
de ce récit au septième art.
Mots-clés : roman, cinéma, images, techniques cinématographiques,
intentionnalité filmique
Université de Lomé (Togo), madis.krouma@gmail.com
Revue internationale des lettres, langues et sciences sociales Page | 143
https://uirtus.net/ E-mail : soumissions@uirtus.net
– Uirtus –
Vol. 3, N° 3, décembre 2023 ISSN 2710-4699 Online
Abstract
The relationship between literature and cinema is not new. They
influence each other. The plots, the characters, the dialogues proposed by
the novel contribute to the cinematographic works. Among the subgenres
of the novel, the detective story is the one which, undoubtedly because of
its proximity to cinematographic scenarios, lends itself best to movie
adaptation. Starting from the observation that the two forms of
expression are minor in the togolese artistic landscape, we suggest that
they could inspire each other. The study is based on the novel Le chien qui
parle by the togolese writer Charles Olince. Using the tools of narrative
semiotics, the work is first questioned from the point of view of its
congruence with the canons of the detective story. This made it possible
to identify constants but also heaviness participating in the realistic
tendency of the dominant social novel, and which must be resolved within
the framework of a movie adaptation. Then, the use of cinematographic
techniques and methods led to the examination of the ways of transposing
this story to the seventh art.
Keywords : novel, cinema, images, cinematographic techniques, filmic
intentionality
Introduction
La classification des textes littéraires en genres dans le sillage du
postmodernisme a connu d’importants bouleversements. Le phénomène
d’hybridité générique s’est généralisé au point de s’ériger en norme.
Cependant, le genre romanesque s’est révélé par une plus grande flexibilité
du fait de sa capacité à accueillir les autres genres. Au surplus, il n’est pas
rare qu’un texte narratif revête un double statut. Aussi l’ouvrage
Introduction à la littérature fantastique de Tzvetan Todorov a-t-il eu le mérite
non seulement de redonner à des récits naguère relégués au rang de
paralittérature leurs lettres de noblesse, mais surtout d’introduire le point
de vue du lecteur dans l’évaluation esthétique du genre.
Revue internationale des lettres, langues et sciences sociales Page | 144
https://uirtus.net/ E-mail : soumissions@uirtus.net
– Uirtus –
Vol. 3, N° 3, décembre 2023 ISSN 2710-4699 Online
24Prof. Dr. Susanne Gehrmann (Université Humbolt de Berlin), « L’usage du polar dans
la littérature togolaise : le détournement d’un genre », Communication au colloque
Revue internationale des lettres, langues et sciences sociales Page | 145
https://uirtus.net/ E-mail : soumissions@uirtus.net
– Uirtus –
Vol. 3, N° 3, décembre 2023 ISSN 2710-4699 Online
26 Homme-femme.
Revue internationale des lettres, langues et sciences sociales Page | 153
https://uirtus.net/ E-mail : soumissions@uirtus.net
– Uirtus –
Vol. 3, N° 3, décembre 2023 ISSN 2710-4699 Online
n’est pas surprenant que les relations tendues jusqu’au bout du récit
débouchent dans l’épilogue sur une atmosphère de happy end
cinématographique.
policiers réfléchissant sur des cas de crime que nous regardons dans les
films et séries similaires à Crime Scène Investigation (CSI) que nous
proposent, particulièrement dans les régions francophones du monde, les
chaînes de télévision telles que TF1 et Canal+. La description à laquelle se
livre le narrateur dans Le chien qui parle donne effectivement l’impression
de ce déplacement de la caméra qui permet de saisir d’emblée les
mouvements et les actions des personnages. Dans le cas précis du roman
que nous étudions, le narrateur peut être assimilé à un reporter qui, caméra
à la main, suit les personnages dans leurs déplacements. Par rapport à
l’utilisation de la description par Olince dans son roman, nous pouvons
conclure que la description est faite en effet avec un réalisme
cinématographique. Rien n’est donc fixe. Tout est mouvement dans
l’œuvre, comme l’illustre le passage suivant :
Irène prit le devant avec sa Toyota RAV4 suivie de deux
collaborateurs qui étaient dans une Jeep de la police. Sur le
chemin, Irène revoyait le déroulement de la scène du
meurtre, et elle aurait souhaité que ce soit de la fiction. Ce
qu’elle ressentait n’était autre qu’un cocktail épais de
désolation et de colère. Elle se sentait étouffée. Elle défit
son chignon…Irène sonna à plusieurs reprises sans suite.
Elle tenta d’ouvrir le portail et celui-ci s’ouvrit. Elle dit
alors à ses collaborateurs de l’attendre, puis monta, seule,
les marches qui menaient à l’appartement de Daniel…En
redescendant, elle aperçut dans le garage le véhicule de
Daniel et donc conclut qu’il serait très probablement à
l’intérieur…Daniel poussa Irène à la sortie. Elle s’exécuta
et descendit appeler du renfort. Une fois de retour avec ses
collaborateurs, elle récita une formule très proche sinon
inspirée de l’avertissement Miranda : -Police, monsieur,
vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre de Djifa.
Vous avez le droit de garder le silence. (LCQP 22, 24 et 25)
une fin, avec un fond d’histoire dont l’exposition présente les personnages.
L’intrigue quant à elle expose le déroulement des conflits à travers une
série d’actions. Le chien qui parle suit presque le même canevas qu’on peut
résumer sous cette forme : situation, problématique, déclencheur,
adversaires, alliés, obstacles, actions. Ces étapes sont presque les mêmes
pour une intrigue littéraire comme pour une intrigue cinématographique,
mais vouloir adapter une œuvre littéraire au cinéma est une démarche
complexe, dans la mesure où l’écriture littéraire est après tout différente
de l’écriture filmique. Nathalie Lenoir attire notre attention sur le fait
qu’« un scénario montre une histoire mais ne la raconte pas. » Il est
important de rappeler à cette étape de notre réflexion ces mots du
préfacier du roman Le chien qui parle :
Trois critères permettent de conférer à un auteur le statut
d’écrivain : l’expressivité, l’originalité et la profondeur. Ces
critères ne sont pas cumulatifs. Charles Olince, connu déjà
sur la scène littéraire, surtout pour sa pièce de théâtre Awa,
la femme, a choisi l’expressivité : un style clair, fluide et
marqué souvent d’images. (LCQP 7)
Ces mots prouvent le caractère très littéraire du roman d’Olince,
reposent sur la langue écrite, liée à la poésie des mots, des phrases et qui
s’attarde de temps à autre sur les pensées et les émotions des personnages.
Dans une telle situation, le cinéaste désireux d’adapter Le chien qui parle ne
peut qu’omettre certains éléments qu’il juge secondaires comme les
longues descriptions dont Charles Olince a l’art.
Le second type de difficulté que pourrait rencontrer un cinéaste en
voulant adapter Le chien qui parle à l’écran, est lié au processus de
l’adaptation. Dans cette catégorie de difficultés, la toute première d’ordre
dramaturgique a trait au fait qu’un roman se présente sous forme d’une
succession de chapitres alors que le scénario est structuré en actes. Les
Revue internationale des lettres, langues et sciences sociales Page | 165
https://uirtus.net/ E-mail : soumissions@uirtus.net
– Uirtus –
Vol. 3, N° 3, décembre 2023 ISSN 2710-4699 Online
Conclusion
Le travail d’adaptation d’une œuvre littéraire est très complexe et ses
techniques sont compliquées dans la mesure où son mode opératoire exige
des modifications, des troncations, des ajouts. Au terme de cette analyse,
il importe de souligner que l’auteur a fait usage de structures narratives
classiques, auxquelles se greffent des procédés empruntés aux canons du
roman policier. Au final, le récit peut être caractérisé comme suit : une
intrigue policière entrecoupée de descriptions et un récit filmique sous-
tendu par des techniques purement cinématographiques dont le flashback,
très récurrent dans le livre.
En parcourant avec attention l’œuvre de Charles Olince, nous
remarquons que sa macrostructure lui donne l’aspect d’un scénario prêt à
Revue internationale des lettres, langues et sciences sociales Page | 166
https://uirtus.net/ E-mail : soumissions@uirtus.net
– Uirtus –
Vol. 3, N° 3, décembre 2023 ISSN 2710-4699 Online
Travaux cités
Barthes, Roland. « L’Effet de réel », Communications, no 11, 1968.
Bluestone, George. Novels into Films, California, University of California
Press, 1968.
Cleder, Jean. Entre littérature et cinéma : les affinités électives, Paris, Armand
Colin, 2012.
Courtės, Joseph. La Sémiotique du langage, Paris, Armand Colin, 2019.
Genette, Gérard. Figures III, Editions du Seuil, 1972.
Martin, Marcel. Le langage cinématographique, Paris, Editions du Cerf, 2001.
Merad, Soumeya. « Littérature et cinéma : l’adaptation une autre figure de
l’intertextualité », Revue Sciences Humaines, 48, Vol B, 2017, p.175-186.
Tcheuyap, Alexie, De l’écrit à l’écran : les réécritures filmiques du roman africain
francophone, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2005.
Revue internationale des lettres, langues et sciences sociales Page | 167
https://uirtus.net/ E-mail : soumissions@uirtus.net
– Uirtus –
Vol. 3, N° 3, décembre 2023 ISSN 2710-4699 Online