cccnl20 Valeria PATCHEVA
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cccnl20 Valeria PATCHEVA
L
’intensité d’émergence des processus négatifs dans la société
contemporaine – incidents, conflits, crises, cataclysmes naturels ex-
trêmes - appelle à mener une réflexion sur les notions de risque et
de sécurité. Chaque jour les phénomènes critiques mettent à
l’épreuve la légitimité de l’ordre social et économique établi. A l’époque
de « la société mondiale du risque » [Beck, 1998] et des « accidents nor-
maux » [Perrow, 1984] la mondialisation contribue à accélérer les ten-
dances en matière de risques et à étendre les effets de la crise. Le dy-
namisme du contexte social impose de nouveaux enjeux aux organisa-
tions et en même temps aux professionnels de communication sensible.
Leur travail accorde la priorité à l’adoption d’une position sociale proac-
tive et d’un comportement engagé, destiné à la conduite d’une réflexion
sur l’expérience accumulée dans la maîtrise de situations de crise en
vue de prévention et de minimisation des effets négatifs.
L’étude met en exergue les disciplines les plus importantes dans la ges-
tion de la communication. Celles-ci sont énumérées dans l’ordre descendant
comme suit: communication d’entreprise (institutionnelle / organisationnelle);
communication commerciale / de marque et avec les clients; communication
de crise; communication interne et gestion du changement, ainsi que gestion
des enjeux. Il est intéressant de noter les tendances 2014 : la communication
d’entreprise persiste à la première position. Le rang suivant d’après les intervie-
wés est destiné au marketing et à la communication avec les clients qui, dans
les années à venir seront aussi importants que la communication interne et la
gestion du changement. La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) et la
communication de développement durable poursuivent leur élan et quant à la
communication de crise, quoique de tendance descendante, celle-ci garde
sa place parmi les disciplines de pointe de la gestion de la communication33.
30
Zerfass, A., Verhoeven, P., Tench, R., Moreno, A., & Verčič, D. (2011): European Communication
Monitor 2011. Empirical Insights into Strategic Communication in Europe. Results of an Empirical Sur-
vey in 43 Countries (Chart Version). Brussels: EACD, EUPRERA (available at:
www.communicationmonitor.eu).
31
Dans cette étude la liste des 50 pays européens se base sur la liste officielle des pays européens consti-
tuée par l'Union européen (http://europa. eu/abc/european_countries). Les pays qui y sont inclus sont di-
visés par régions d’après la classification de la Division statistique de l’ONU
(http://unstats.un.org/unsd/methods/m49/m49regin.htm). L’Andorre, l’Arménie, la Moldavie, Monaco,
San Marino et la Cité du Vatican n’ont pas participé à l’étude.
32
Ibid . , p. 78 .
33
Zerfass, A., Verhoeven, P., Tench, R., Moreno, A., & Verčič, D. (2011): European Communication
Monitor 2011. Empirical Insights into Strategic Communication in Europe. Results of an Empirical Sur-
Le rapport annuel de l’Institut de gestion des crises (Institute for Crisis Ma-
nagement) aux Etats-Unis nous donne en quelque sorte une confirmation des
tendances en indiquant que la moyenne de crises d’affaires34 pour la période
de 2001 à 2010 dépasse le nombre de 8800 par an. Le taux relativement cons-
tant des événements de crise au cours de la dernière décennie motive les Di-
recteurs de communication à être sans cesse sur leurs gardes en veillant aux si-
gnaux précoces de l’environnement qui auraient été utiles à la planification
anticipée et à l’élaboration de stratégies d’entreprise visant à restreindre pré-
alablement les risques, maîtriser les processus critiques et minimiser les effets né-
gatifs potentiels. Le rapport 2010 de l’ICM révèle les secteurs de l’économie les
plus touchés: l’industrie pétrolière; la construction navale et les travaux de ré-
paration; l’industrie automobile; les banques; le transport aérien; l’industrie
pharmaceutique; l’assurance; le secteur informatique; l’extraction du charbon
et le secteur des logiciels35.
Les origines du mot sociométrie se trouvent dans les mots latins « socius » -
social – et « metrum » - mesure. Nous examinons la sociométrie comme un mé-
canisme permettant de décrire et mesurer le degré de rattachement entre les
différents individus, groupes, communautés, structures au sein d’un système
donné, voire entre des formations plus importantes comme des pays, par
exemple. La mesure du rattachement peut servir non seulement à évaluer le
comportement des individus mais peut contribuer aussi à un changement posi-
tif au moyen d’un marquage des zones de risque sensibles et à la prévention
des conflits potentiels. Au sein d’un groupe de travail, telle que la cellule de
crise, la sociométrie peut être un moyen efficace pour réduire les conflits et
améliorer la communication. Elle donne la possibilité de fixer la dynamique de
groupe et d’éviter les facteurs de conflits. Une bonne définition de la sociomé-
trie est que c’est une méthode de dépistage des vecteurs d’énergie des rela-
tions interpersonnelles au sein d’un groupe donné. Celle-ci dessine les modèles
selon lesquels les individus s’associent les uns aux autres lorsqu’ils agissent
comme un groupe ayant une tâche ou un objectif spécifique [Criswell in Mo-
reno, 1960: 140].
Les sociomatrices sont donc un bon moyen d’évaluer la situation des re-
lations – avant et après le conflit. Les choix produits déterminent les liens infor-
mels entre les gens. Ces relations complètent les relations formelles – ainsi, cel-
les-ci dessinent le tableau réel des relations interpersonnelles au sein de
l’organisation / du groupe. Le traçage de la dynamique des liens émotionnels
et psychiques est un des meilleurs moyens de leur maîtrise et aussi, de leur trans-
formation positive. Une analyse attentive permet d’identifier la distance sociale
entre les membres de l’équipe, de fixer la stratification sociale – par exemple,
les différences entre le leader formel du groupe et le leader informel. Il est pos-
sible que dans certaines situations le leader formel se retrouve en isolement ce
qui peut remettre en question la légitimité de ses décisions. Celui qui a recueilli
le plus d’attitudes positives en vertu des différents critères fixés au préalable,
c’est bien lui la star sociométrique incontestable.
Dans son analyse des réseaux sociaux Hatala [Hatala, 2006] met en évi-
dence les principales interactions qui peuvent être également adaptées aux
membres de la cellule de crise: relations et interactions de communication (qui
communique avec qui sur différents sujets en utilisant des moyens différents
pour transférer l'information); interactions instrumentales (qui s'adresse à qui
dans la recherche d'une opinion avertie, aide ou assistance dans l'exécution
de tâches déterminées); relations et interactions d’influence (qui se conforme
avec qui au sein des groupes informels); relations interpersonnelles (qui est ap-
précié ou non par un membre du groupe). Les managers de communication
sont obligés de penser dans une optique stratégique et de prévoir des méca-
nismes d’autocorrection et d’auto-actualisation des ressources humaines pour
pouvoir les engager dans la gestion des crises afin de pouvoir assurer une sur-
veillance permanente de l’environnement organisationnel.
teurs dans une situation critique concrète, ainsi que comme une reproduction
graphique des relations engendrées entre ceux-ci au cours de la crise.
Phase 1: Etat des relations pendant la Phase 2: Etat des relations à la fin de la
phase aiguë de la crise crise
Fig. 1: Sociogrammes des relations entre les parties prenantes présentant deux
des phases du conflit entre les pilotes et la direction de « Bulgaria Air »
[Pacheva, 2009: 178].
E E
D G D G
C A H C A H
B I B I
F F
Phase 1: Etat des relations pendant la Phase 2: Etat des relations à la fin de la crise
phase aiguë de la crise
Fig. 2: Sociogrammes des relations entre les parties prenantes dans la crise pro-
voquée par la rumeur de faillite de la Première banque d’investissements
D C
B A
F
G
E
H
H E
C
A
B F
D
G
Fig. 4: Sociogramme des relations entre les parties prenantes pendant la phase
aiguë du conflit concernant l’arrêt ferroviaire « Vardar »
Les sociogrammes présentés font nettement ressortir que les médias, en tant
que partie prenante, jouent un rôle décisif lorsque des circonstances extraordi-
naires se présentent. Il n’est pas rare que les entreprises fassent appel aux jour-
nalistes en tant que médiateurs et garants du dialogue social. La médiatisation
fait valider l’événement et définit son statut public comme un incident, une
crise ou une catastrophe. Quoique dans la plupart des cas les médias gar-
dent leur primauté dans l’emprise du terrain de la communication publique, les
organisations déclarent de plus en plus souvent leur politique de transparence
et d’ouverture en situation de crise. Il serait intéressant de mener une étude
mettant en œuvre lesdites méthodes sociologiques appliquées comme une
analyse comparative de nombreux cas dans un secteur concret – notamment,
le transport, le secteur bancaire ou l’assurance. Une telle étude pourrait dé-
montrer d’une manière expressive si, dans la branche concernée, il existe des
erreurs symptomatiques en matière de gestion de la communication, suite à la
sous-estimation des nids de conflit entre les parties prenantes dans la situation
de crise analysée.
Nous considérons que l’apport des méthodes sociométriques mises en
œuvre dans la communication sensible va en général dans deux directions :
primo, celles-ci tracent les relations lors de l’élaboration d’un modèle progressif
de la stratification sociale de la cellule de crise et secundo, celles-ci identifient
les zones de conflit entre les parties prenantes impliquées dans les situations de
crise. Les problèmes qui « émergent » le plus souvent lors de l’étude de cas, sont
liés à la consolidation interne, à la cohésion sociale et à la solidarité profession-
nelle au sein de l’organisation. Les résultats peuvent trouver une application
dans les programmes développés de communications d’entreprise internes en
vue de motiver les salariés ou d’améliorer l’ambiance organisationnelle. Les so-
ciogrammes sont des constructions dynamiques qui évoluent avec le temps en
suivant le processus de développement de la crise.
BIBLIOGRAPHIE :
Zerfass, A., Verhoeven, P., Tench, R., Moreno, A., & Verčič, D. (2011):
European Communication Monitor 2011. Empirical Insights into Strategic
Communication in Europe. Results of an Empirical Survey in 43 Countries (Chart
Version). Brussels: EACD, EUPRERA, (available at:
www.communicationmonitor.eu).
Crises, de 1 à 150
Par Thierry Libaert
ISBN 2-916429-07-7 - Collection : 360°
60 pages – PDF à télécharger
Prix indicatif pour la France : 14,90 €
3ème édition
http://www.communication-sensible.com/business-class/