Science Et Philosophie
Science Et Philosophie
Science Et Philosophie
SCIENCE ET PHILOSOPHIE
par
PAOLO PARRINI
1. La dimension historique.
Maintes disciplines scientifiques ont d’abord été des branches
de la philosophie avant de s’émanciper par des voies plus ou moins
longues et complexes. L’œuvre de Newton, par exemple, qui
conjointement aux apports fondamentaux de Galilée fut à l’origine
de la physique telle que nous la pratiquons aujourd’hui, porte le
titre Philosophiae naturalis principia mathematica. Après cet ou-
vrage pourtant, la physique a suivi un chemin qui l’a résolument
affranchie de la pensée spéculative. Quelque chose de semblable
s’est produit dans d’autres domaines de ce qui constituait aupara-
vant le savoir philosophique. Cela s’est produit par exemple pour la
biologie, pour les réflexions sociales qui donneront naissance à la
sociologie, pour l’étude de l’âme qui donnera naissance à la psycho-
logie (et même, dans certains cas, à la psychologie scientifique,
avec des aspects quantitatifs mathématisés).
La logique constitue un cas à part, fort intéressant. Si d’un côté,
à partir du milieu du XVIIIe siècle environ, elle a connu un proces-
sus de symbolisation qui l’a conduite à se transformer en « logique
mathématique », elle a par ailleurs maintenu un lien étroit avec
des problématiques d’ordre ontologique, gnoséologique ou déonti-
que. La logique, en somme, est devenue à certains égards l’un
parmi les nombreux domaines des mathématiques ; mais, sous
d’autres aspects, elle a conservé un statut philosophique.
Ce processus historique a parfois été illustré par une métaphore
relativement célèbre. À l’origine, disait-on, la philosophie était
4. La dimension théorique.
Nous voilà ainsi entrés dans le vif du sujet concernant l’autre
manière de concevoir la relation entre science et philosophie : le
point de vue théorique. Nous ne pourrons pas à ce propos éviter la
fameuse sentence d’Einstein selon laquelle « le rapport réciproque
entre épistémologie et science est très important. Elles dépendent
SCIENCE ET PHILOSOPHIE 121
Références
de Finetti, Bruno (1989) La logica dell'incerto. Milan : Mondadori.
Kuhn, Thomas S. (2008) La structure des révolutions scientifiques, trad.
de l’américain par Laure Meyer. Paris : Flammarion.
Malament, David (1977) « Causal Theories of Time and the Conven-
tionality of Simultaneity », Noûs, 11 : 293-300.
Parrini, Paolo (2004) Filosofia e scienza nell'Italia del Novecento. Figu-
re, correnti, battaglie. Milan : Guerini e Associati.
Parrini, Paolo (2008) « La science, raison qui pense », Diogène, 224 :
102-108.
Parrini, Paolo (s. p.) « Epistemological Conventionalism Beyond the
Geochronometrical Problems », dans M. De Caro et R. Egidi (éds), Archi-
tecture of Theoretical and Practical Knowledge. Epistemology, Agency, and
Sciences. Rome : Carocci.
Reichenbach, Hans (1921) « Der gegenwärtige Stand der Relativitäts-
diskussion », Logos, X : 316-378.
Reichenbach, Hans (2006) Defending Einstein. Hans Reichenbach’s
Writings on Space, Time, and Motion, éd. par S. Gimbel et A. Walz. Cam-
bridge : Cambridge University Press.
Sarkar, Sahotra et Stachel, John (1999) « Did Malament Prove the
Non-Conventionality of Simultaneity in the Special Theory of Rela-
tivity ? », Philosophy of Science, 66 : 208-219.
Schilpp, Paul Arthur, éd. (1951), Albert Einstein: Philosopher-Scientist.
New York : Tudor.
Schlick, Moritz (1925) Allgemeine Erkenntnislehre. Berlin : Springer.