TF 11675
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Bradbury
Le texte qui suit est un résumé du livre Fahrenheit 451. Il vous est proposé par nos soins dans une démarche respectueuse de
l'oeuvre originale. La consultation de ce contenu ne suffit pas à saisir l'ensemble de la vision de l'auteur. Ce résumé vous est
proposé dans la perspective de favoriser l'accès à un champ de réflexion que nous considérons comme essentiel sur le plan culturel.
Il ne peut donc en aucun cas se substituer à une connaissance plus approfondie de l'oeuvre originale. Même si le texte de ce
résumé est une création originale de nos soins, toutes les idées exposées sont issues de l'oeuvre. Dans le cadre de ce résumé, la
présence des pronoms 'Je', 'On' et 'Nous', ne nous désignent jamais et n'ont jamais pour objectif d'appuyer une quelconque affiliation
aux idées mentionnées. Si vous représentez une maison d'édition, vous pouvez prendre contact avec nous. Nous restons ouverts à un
éventuel partenariat pour la promotion directe des oeuvres.
L’histoire se situe dans une société dystopique où les livres sont devenus interdits. De manière plus générale,
la capacité de réflexion des individus est systématiquement empêchée à la source. Les livres sont remplacés
par une omniprésence de sons et d’images, donnant la priorité à un divertissement consumériste. Dans ce
monde, les pompiers n’éteignent pas les incendies, ils brûlent les livres chez les gens qui en possèdent
illégalement. Guy Montag est l’un d’entre eux. Il vit avec sa femme Mildred dans un pavillon de banlieue.
Elle semble se satisfaire d’un plaisir éphémère en regardant toute la journée des programmes vide de sens
sur les murs-écrans de leur salon, ou en s’isolant derrière le bruit de ses écouteurs. Montag ne s’est jamais
remis en question sur le bien fondé de son métier ni sur le fait qu’il soit réellement heureux. Mais un jour, en
revenant de la caserne, il rencontre Clarisse McClellan. Une jeune fille expansive, aimable et rêveuse qui lui
fait voir le monde et la vie avec un regard nouveau. Elle lui demande s’il lui arrive de lire les livres qu’il
brûle, et s’il est réellement heureux. Pour Montag, c’est le début d’une crise introspective qui le plonge dans
un profond mal-être à mesure qu’il prend conscience de la superficialité de sa vie. Le soir même, Montag
trouve Mildred inconsciente sur son lit, assommée par une overdose de somnifères. Peu de temps après, elle
est soignée par deux opérateurs qui ont visiblement l’habitude de s’occuper des cas comme elle. Montag
réalise que le mal-être qu’il ressent ne vient pas de lui-même, mais de cette société qui pousse les gens à
cacher leur malheur derrière les apparences. Montag continue de croiser la jeune Clarisse quotidiennement.
Un jour, elle lui fait réaliser qu’il ne ressent pas un amour sincère pour sa femme Mildred. Il tente d’abord
de se convaincre du contraire, puis prend conscience de lui-même qu’elle dit vrai. Clarisse lui dit également
qu’elle assume totalement de ne pas entrer dans le moule sociétal et social adopté par les gens en général.
Elle sait qu’on la perçoit comme une folle, mais elle préfère se sentir elle-même. Clarisse disparaît du jour
au lendemain, laissant un vide à Montag. Montag pose désormais un tout nouveau regard sur ses camarades
pompiers. Ils voient en eux une part de lui-même qu’il n’apprécie pas. Une nuit, l’alarme de la caserne
retentit et tous les pompiers partent en mission dans la maison d’une vieille femme. Arrivés sur-place, les
pompiers saccagent tout et forment un tas de livres au pieds de la femme qui refuse de quitter les lieux. Elle
récite un court extrait de livre et s’immole finalement avec ses ouvrages au milieu de sa maison. Sur le
chemin du retour vers la caserne, le capitaine de la brigade, Beatty, leur rappelle à haute voix l’extrait que la
femme récitait avant de s’immoler. Il dévoile à Montag et aux membres de son équipe qu’il connaît un tas de
livres par cœur. Pour Montag, cet épisode est un nouvel électrochoc. Mais au cours de l’intervention, il a
tout de même réussi à voler un livre. Il rentre chez lui et le cache sous son oreiller. Cette nuit-là, il réalise à
quel point il se sent distant de sa femme et que la société a vidé tout ce qui fait habituellement d’eux des
individus. Lorsqu’il lui demande si elle a des nouvelles de Clarisse, elle lui répond que sa famille est partie
et qu’elle est morte écrasée par une voiture il y a quelques jours. Le lendemain matin, Montag se sent malade
et fait part à Mildred de son envie de démissionner. Pour lui, l’intervention chez la vieille femme est un
point de non-retour. Mildred s’agace et prend son témoignage pour un caprice. Le capitaine Beatty arrive
chez eux et s’installe face à Montag. Il lui explique que la crise qu’il traverse actuellement est une
“démangeaison” que tout pompier peut ressentir une fois dans sa carrière. Pour que cette crise s’estompe,
Beatty lui propose de lui raconter la véritable origine des pompiers. Il lui explique comment la société est
arrivée là où elle en est, puis il lui pose un ultimatum de vingt-quatre heures pour rendre le livre qu’il a volé
et revenir à son poste à la caserne. Beatty s’en va, Montag se retrouve seul avec sa femme.
Il ouvre la grille du système d’aération de leur maison, et en sort une multitude de livres qu’il jette aux pieds
de Mildred. Elle est terrifiée par ce qu’elle voit. Il lui propose de les lire pour découvrir une bonne fois pour
toutes ce qu’ils contiennent. Ils passent l’après-midi à lire le contenu des livres. Alors que Mildred rejette
toute proposition de réflexion, Montag se pose de nouvelles questions existentielles. Il prend conscience
qu’il a désormais besoin d’un guide, un mentor. Il repense à un vieil homme qu’il avait rencontré l’année
précédente dans un parc, qui lui avait donné ses coordonnées sur un papier. Il retrouve le papier, appelle le
vieil homme et part le rejoindre sans dire à Mildred où il va. Le vieil homme, Faber, l’invite à entrer chez
lui. Montag lui montre le livre qu’il a volé et confie sa volonté démanteler le système de l’intérieur. Ils se
mettent d’accord sur l’idée d’imprimer des livres, de les cacher dans les maisons de plusieurs pompiers,
avant de les dénoncer eux-mêmes. En attendant la mise en place d’un tel plan, Montag doit faire face au
capitaine Beatty pour lui remettre le livre. Faber lui donne un écouteur pour qu’ils puissent désormais
communiquer entre eux à distance. Montag revient chez lui. Mildred reçoit deux “amies” dans le salon. Il les
entend parler entre elles de futilités en partageant des avis aussi superficiels les uns que les autres. Leur
conversation finit par l’agacer. Il sort un recueil de poèmes et en lit un à haute voix. L’une des femmes se
met à pleurer, l’autre est outrée par le comportement de Montag. Elles quittent toutes les deux les lieux avec
la ferme intention de ne plus jamais revenir. Montag remet finalement le livre qu’il a volé au capitaine. Ce
dernier joue avec ses nerfs en lui retournant un ensemble de citations d’auteurs célèbres, et en soulevant ce
qui selon lui relève de l’absurdité et de la nocivité. Alors qu’ils se font face au milieu d’une partie de cartes,
l’alarme de la caserne retentit pour signaler que des livres doivent être brûlés. Ils embarquent tous à bord du
camion. Le véhicule parcourt les rues de la ville et s’arrête finalement devant chez Montag…
3. L’éclat de la flamme (Burning Bright)
Montag est pris au piège. Mildred sort de la maison et, sans même lui échanger un regard, saute dans un taxi
puis s’en va. Beatty demande à Montag de brûler ses propres livres avec son lance-flammes. Montag brûle
tous les livres et tout le mobilier de sa maison. Le capitaine remarque l’écouteur que Montag utilise pour
communiquer avec Faber. Il l’extrait, coupe la communication et dit à Montag qu’ils retrouveront son
complice. Montag enclenche instinctivement son lance-flammes et immole le capitaine. Ce dernier se débat
quelques instants et meurt. Montag assomme ses camarades pompiers et se débarrasse du robot-chien qui
l’attaque. Désormais fugitif, Montag court à travers la ville pour finalement se réfugier chez Faber. En
allumant la télévision, il voit sa traque retransmise en direct. Un nouveau robot-chien est lancé à sa poursuite
depuis sa maison. Faber lui dit de rejoindre le fleuve. Après celui-ci, s’il suit les voies ferrées abandonnées,
il pourra trouver des vagabonds. Ce sont d’anciens fugitifs qui pourront peut-être l’accueillir. De son côté, le
vieil homme va prendre le train pour aller rejoindre une connaissance qui l’aidera à imprimer les livres pour
la mise en place de leur plan. Montag quitte le domicile de Faber pour se diriger vers le fleuve. Après une
course effrénée, il finit par l’atteindre. Il plonge dedans et sème la police qui est à ses trousses. Montag se
laisse porter par le courant jusqu’à débarquer sur une rive où il trouve les voies ferrées abandonnées que
Faber lui a dit de suivre. Il marche le long des voies et fait la rencontre des vagabonds. L’un d’eux, Granger,
l’accueille avec un café chaud et lui explique ce qu’ils font tous ici. Ils ont quitté la société pour se réfugier
dans la nature et mémoriser les livres. Chacun d’entre eux connaît un livre par cœur. Désormais, Montag
sera l’Ecclésiaste. Granger allume un poste de télévision. La traque de Montag est toujours diffusée en
direct. Montag se voit même en train d’être éliminé par le robot-chien. Une scène complètement orchestrée
par les autorités pour qu’elles ne perdent pas leur crédibilité aux yeux du public. Granger partage à Montag
l’idée que chaque individu doit continuer à vivre après sa mort, grâce à la différence qu’il aura créée dans le
monde de son vivant. Comme tous les autres vagabonds, Granger et Montag ont un devoir de mémoire à
l’égard de chaque auteur. Alors qu’ils parlent, à l’horizon, la ville est soudainement bombardée. Un nuage de
poussière parvient jusqu’à eux et les balaie sur le champ. Abasourdis par l’onde de choc et par ce qui vient
de se passer, les vagabonds se relèvent les uns après les autres dans le silence. Granger, déterminé, leur
rappelle qu’il est temps de faire renaître le monde comme le phénix renaît de ses cendres.
Note importante : Le texte qui suit est décomposé en trois grandes parties qui comportent elles-mêmes
plusieurs sous-parties. Le livre est organisé selon les trois grandes parties suivantes :
Les titres de toutes les sous-parties de ce résumé n’appartiennent absolument pas à l'œuvre d’origine. Ils ont
été déterminés arbitrairement dans la perspective de pouvoir adopter une vue d’ensemble de l’histoire et la
parcourir plus facilement.
1. Le foyer et la salamandre (The Hearth and the Salamander)
Guy Montag est un pompier qui, comme tous les autres, a pour mission de brûler les livres. Il éprouve même
un certain plaisir à accomplir cette mission, ainsi qu’une fascination pour la manière dont les ouvrages se
consument par le feu. Son quotidien consiste à brûler les livres, revenir à la caserne, nettoyer son casque,
changer de tenue et prendre un train pneumatique pour rentrer chez lui. Depuis plusieurs soirs, sur le chemin
du retour, Montag sent comme une présence qui l’observe, au coin de l’une des rues de son quartier. Ce soir-
là il fait la rencontre d'une jeune femme à l’attitude étrange : Clarisse McClellan. Elle semble flâner,
observer ce qui l'entoure en faisant preuve d’une inlassable curiosité. La jeune femme finit par remarquer
Montag se tenant debout immobile, la regardant sans rien dire. Elle semble intimidée à la vue de son
uniforme de pompier, mais décide tout de même de le saluer. Une conversation s’engage et ils décident de
faire un bout de chemin ensemble. Alors que Clarisse tente de l’interroger sur le sens qu'il donne à son
métier, Montag semble se conforter davantage dans un quotidien qui lui plaît, sans même essayer d'en
discerner une éventuelle absurdité. L'odeur du pétrole dont il est imprégné n'est pour lui qu'un parfum, et il
se contente de répéter bêtement le slogan de la caserne. La seule présence de la jeune femme semble pousser
Montag à ouvrir un peu plus les yeux sur ce qui l’entoure. Clarisse n'hésite pas à lui faire comprendre que
même s’il est pompier, elle n'a pas peur de lui contrairement à ce que voudrait l’usage. Montag voit en elle
une flamme reposante, différente de celles dont il a l'habitude. Au fil de leur conversation, Clarisse dévoile
chez Montag une certaine distance entre son attitude et les réponses qu'il donne. Par exemple, lorsqu'elle lui
demande pourquoi en 10 ans de service chez les pompiers, Montag n'a jamais lu un seul livre. Ce dernier lui
répond en s'esclaffant (comme si la réponse était évidente) que “c'est interdit”. Encore lorsqu'elle lui
demande si la rumeur s'il est vrai qu'à une certaine époque, la mission des pompiers était d’éteindre le feu et
non de brûler les livres. Pour Montag, il s’agit évidemment d’une fausse rumeur. Clarisse tente de manière
bienveillante de planter la graine de l'éveil chez Montag en lui faisant prendre conscience qu'elle sait des
choses sur le monde qu'il ignore. Comme l’existence de l’arrosée du petit matin qu’il a sans doute oublié à
force de ne plus y penser. Elle tente de lui faire prendre conscience du fossé qu'il y a entre sa perception du
monde et celle de Montag. Elle évoque l'histoire d'un conducteur qui conduit tellement vite, qu’au lieu de
voir le paysage tel qu’il est réellement, ne voit plus que des formes abstraites défiler à l'extérieur. Avant de
le laisser, Clarisse lui demande finalement s'il est heureux. Une question que Montag ne semble pas
comprendre.
::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par chapitre :::
L’interrogation se développe peu à peu en lui comme une obsession qui continue de le suivre une fois rentré
chez lui. Pour une raison qui lui échappe, cette récente expérience le pousse à poser un instant ses yeux sur
la grille d’aération de sa maison, sachant pertinemment ce qu’il a caché derrière. Montag n’a pas le souvenir
d’avoir fait une rencontre pareille depuis très longtemps. Peut-être une fois, il y a un an. Celle d’un vieillard
dans un parc. Montag continue de voir le visage de Clarisse McClellan comme s’il était toujours imprimé en
lui. Il a le sentiment qu’elle lui a renvoyé les meilleures et les plus intimes facettes de lui-même. Au point de
percevoir désormais sa personnalité de tous les jours avec une certaine distance qui tient presque de la
schizophrénie. Il entre dans la chambre à coucher, plongée dans une obscurité totale. Mildred, sa femme,
dort déjà sur son lit, des écouteurs dans les oreilles. En allant vers son lit, Montag heurte par erreur du pied
un objet dans un bruit sourd. Il allume son briquet et découvre le visage de Mildred les yeux grands ouverts.
L’objet qu’il vient de heurter est un flacon de somnifères par-terre. Il est vide alors qu’il contenait une
trentaine de comprimés il y a peu. Montag est saisi émotionnellement au moment où il comprend l’état
actuel de sa femme. Il reste debout, paralysé, à la regarder. Il entend les rugissements des multiples passages
de bombardiers dans le ciel, faisant trembler les murs de leur maison. Montag appelle finalement le service
des urgences. Quelque temps après, deux opérateurs sont là, équipés de deux machines. L’une ressemble à
un serpent qui aspire toutes les toxines de l’estomac dans un silence quasiment parfait, ponctué de quelques
suffocations. L’autre pompe tout le sang du corps et le remplace par du sang neuf accompagné d’un sérum.
Pendant que les machines font leur travail sur Mildred toujours inconsciente, l’un des opérateurs explique à
Montag qu’il faut impérativement remplacer tout le sang, sinon le cerveau finit par lâcher un jour. Une fois
la procédure terminée, l’opérateur demande cinquante dollars pour l’intervention. Agacé, Montag demande
pourquoi il ne le rassure pas sur l’état de santé de sa femme avant de lui demander de payer. Et pourquoi les
urgences envoient deux opérateurs techniques, au lieu d’envoyer des médecins. L’opérateur lui explique que
les cas de ce genre sont très communs, qu’ils en ont environ une dizaine par nuit et que les machines sont
conçues pour gérer ces situations depuis déjà très longtemps. Avant que les deux opérateurs quittent les lieux
pour gérer un cas similaire dans une autre maison, l’un d’eux garanti que sa femme sera sur pieds dès
demain et qu’elle aura très faim. Montag se retrouve à nouveau seul avec Mildred, toujours inconsciente. Cet
épisode malheureux n’aura fait qu’accentuer sa prise de conscience et bouleverser davantage sa perception
du monde. Le poussant à relever l’absurdité et le cynisme des choses qui l’entourent. Il finit par sortir seul au
milieu de la nuit, atterrissant devant la maison de Clarisse McClellan. Seule maison illuminée du quartier
dans une obscurité totale. Seule maison à laisser échapper les sons des conversations qu’elle abrite, au milieu
des autres habitations refermées sur elles-mêmes. Montag reste devant la maison, poussé par la curiosité
d’en savoir plus sur ce que l’oncle de Clarisse dit. Il brûle d’envie d’entrer. Pas tant pour participer à la
conversation en cours, mais au moins pour les écouter parler. L’oncle de Clarisse :
“Après tout, on vit à l’époque du Kleenex. On fait avec les gens comme avec les mouchoirs, on
froisse après usage, on jette, on en prend un autre, on se mouche, on froisse, on jette. Tout le
monde se sert des basques du voisin.”
Montag rentre chez lui, borde Mildred et se couche à son tour, en laissant la porte fenêtre ouverte sur
l’extérieur. Tout ce qu’il a vécu ce soir et cette nuit vit encore dans son esprit, au rythme des gouttes de
l’arrosée du petit matin qui arrive. Impossible de s’endormir avec autant de pensées en tête. Il décide
finalement de prendre un somnifère. ::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par chapitre :::
Le lendemain matin, Mildred va beaucoup mieux. Elle s’est levée avant Montag et mange son petit déj,
toujours avec ses écouteurs dans les oreilles. Lorsque Montag lui demande si elle va bien, elle lit sur ses
lèvres et lui répond sans enlever ses écouteurs. Mildred a une légère gueule de bois et surtout très faim,
exactement comme l’avait prédit l’un des opérateurs venus la soigner. Elle ne se souvient pas de la veille et
n’a absolument pas conscience de ce qu’il s’est passé cette nuit. Elle remarque que son mari n’est pas dans
son assiette, mais préfère feindre une certaine insouciance plutôt que d’avoir à s’engager dans une
conversation désagréable. En fin d’après-midi, le temps est devenu gris. Pour Montag, c’est le monde qui
s’est assombri. Mildred est dans le salon, elle lit un document papier. Debout dans le couloir, il ajuste
l’insigne de son uniforme, puis pose à nouveau son regard sur la grille d’aération. Mildred arrête de lire,
l’interpelle et le sort de ses pensées. Montag se décide à lui parler de ce qu’elle a fait la veille. Il lui explique
qu’elle a avalé tous les somnifères de la boîte, mais elle refuse de croire qu’elle aurait pu adopter un
comportement aussi idiot. Il se résigne rapidement à lui faire accepter la réalité de son acte et change de sujet
en demandant des informations sur ce qu’elle est en train de lire. Elle lui explique avec un certain
enthousiasme. C’est le scénario interactif d’une émission qui doit passer sur les murs-écrans du salon dans la
soirée. Ce scénario est conçu pour que le spectateur interagisse ponctuellement avec les personnages de
l’histoire. Deux personnages discutent entre eux et, à certains moments, ils sollicitent l’avis du spectateur.
Mais les réponses que Mildred doit donner sont déjà écrites. Lorsqu’un personnage lui demandera “Que
pensez-vous de cela Hélène ?”, elle devra répondre “Ca me semble parfait !”. Lorsqu’on lui demandera
“Etes-vous d’accord Hélène ?“ elle devra répondre “Et comment !”. Montag la dévisage avant de lui
demander de quoi parle exactement le scénario. Mildred se contente de lui répondre qu’elle vient tout juste
de lui dire, comme si ses explications avaient suffit à expliquer le propos de l’histoire. Elle lui demande
quand est-ce qu’ils pourront installer un quatrième mur-écran dans le salon. Montag se montre en désaccord
avec cette idée. Chacun y va de ses arguments pour convaincre l’autre. Pour Mildred, ce n’est que deux mille
dollars, le précédent mur-écran a été installé il y a déjà longtemps, et l’installation d’un quatrième est une
opportunité de faire de leur salon une pièce qui appartiendrait davantage à de multiples personnes. Une pièce
qui ne serait donc plus réservée uniquement à leur intimité. Montag rappelle de son côté que deux mille
dollars représentent le tiers de son salaire annuel et que le dernier mur-écran du salon a été installé il y a
seulement deux mois. Mildred n’en démord pas, elle plaide qu’ils peuvent se passer de certaines choses pour
faire des économies. Ce qu’ils font pourtant déjà d’après Montag.
::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par cha
Montag quitte la maison pour se rendre au travail. Sur le chemin, il croise Clarisse, la tête en arrière, laissant
les gouttes de pluie atterrir sur son visage, la bouche grande ouverte pour en avaler certaines. Contente de
revoir Montag, elle l’aborde avec un “salut !” qu’il lui rend à son tour, comme à leur première rencontre. Il
lui demande ce qu’elle fait. Elle répond qu’elle “fait la folle”. Elle flâne, essaie des choses au moins une fois,
parfois deux. Clarisse saisit une fleur de pissenlit et lui explique que grâce à cette fleur, on peut savoir si une
personne est amoureuse. Il suffit de la frotter sous le menton et de vérifier si la couleur jaune de la fleur reste
ou non sur la peau. Si la couleur reste, alors on est amoureux. Elle essaie sur son menton. Montag lui
annonce qu’il est devenu jaune. Elle conclut avec un certain enthousiasme qu’elle est amoureuse. Montag se
montre réticent à l’idée d’essayer, en plaidant que cela ne marchera pas sur lui. Mais Clarisse parvient à lui
mettre la fleur sous le menton sans qu’il puisse l’en empêcher. Elle constate qu’il n’est amoureux de
personne. Il lui affirme le contraire comme s’il n’avait aucun doute sur les sentiments qu’il ressent à l’égard
de sa femme. Il préfère alors y trouver une explication logique : toute la couleur de la fleur est restée sous le
menton de Clarisse. Mais elle y voit évidemment un signe plus profond qu’il n’est pas réellement amoureux,
quand bien même il prétend le contraire. Clarisse lui avoue qu’on la force à voir un psychanalyste. Ils
veulent savoir pourquoi elle va se promener, pourquoi elle regarde les oiseaux et collectionne les papillons.
Ils veulent savoir ce qu’elle fait de son temps. Montag lui fait remarquer que même si Clarisse a bientôt dix-
sept ans et sa femme en a trente, Clarisse lui semble plus agée. Clarisse lui fait remarquer qu’elle voit aussi
en lui une forme de maturité, ou de différence. Dès leur première rencontre, il lui a consacré de l’attention et
du temps alors que la majorité des personnes l’aurait ignorée. Pour elle, il n'est pas comme les autres et elle
trouve même bizarre qu’il soit pompier. Cette dernière remarque plonge Montag dans un malaise paralysant.
Pour couper court à la conversion, il incite Clarisse à se rendre à son rendez-vous chez le psychanalyste. Elle
le quitte en espérant ne pas l’avoir trop contrarié. Alors qu’il marche seul sous la pluie, Montag met très
lentement sa tête en arrière et ouvre la bouche quelques instants.
1.5 Le limier
Montag est de garde à la caserne. En plein milieu de la nuit, il observe le limier à moitié endormi dans un
coin. C’est un robot tueur au service des pompiers. Un fauve de métal, muni de deux antennes sur la truffe et
de huit pattes repliées sur elles-mêmes lui donnant l’allure d’une araignée mécanique. Certaines nuits, pour
passer le temps, les pompiers organisent une chasse de petits animaux par le limier. Ils libèrent des rats, des
chats ou des poulets, laissant ces derniers se faire tuer au bout de quelques secondes à peine par le monstre
mécanique. Le mode opératoire est toujours le même. Une fois qu’il a saisi sa victime entre ses pattes, il sort
une aiguille de dix centimètres de long et lui injecte une dose létale de morphine ou de procaïne. L’animal
mort est ensuite jeté dans l’incinérateur pour laisser place à la proie suivante. Montag a déjà perdu
l’équivalent d’une semaine de salaire en pariant sur l’animal que le limier attraperait en premier. Cette perte
financière avait rendu Mildred furieuse au point que son visage s’était veiné et couvert de plaques rouges.
Désormais, Montag se contente de rester allongé sur sa couchette à écouter les animaux se faire chasser dans
la cour de la caserne, et les autres pompiers s’en amuser. Montag murmure au limier un “salut” qui ne
suscite aucune réaction. Il s’en approche et lui touche le museau. Le limier se dresse devant lui, grogne et le
fixe avec un regard lumineux vert-bleu menaçant. Montag essaie en vain de calmer la bête qui sort de sa
niche adoptant une attitude agressive. Il empoigne sans tarder le mât élévateur et se laisse porter jusqu’à
l’étage supérieur. Arrivé à l’étage, Montag est encore sous le choc. Il tombe nez à nez avec ses collègues de
la caserne qui le regardent tous sans rien dire. Le capitaine Beatty l’interpelle. Montag lui dit que le limier ne
l’apprécie pas. Pour le capitaine, ce n’est qu’une machine qui “fonctionne”. Le limier obéit à une trajectoire
fixée d’avance, il suit une piste, atteint sa cible, et revient de lui-même pour se déconnecter. Il n’est fait que
de fils de cuivre, de batteries et d'électricité. Ce n’est pas la première fois que le limier menace Montag. Il
fait part au capitaine de l’hypothèse d’un sabotage par une personne de la caserne. Beatty n’y croit pas mais
lui promet que la configuration du limier sera vérifiée. Montag repense à ce qu’il a caché derrière la grille
d’aération chez lui. Si quelqu’un était au courant, il aurait pu pirater le limier pour que celui-ci devienne
agressif à son contact. Montag confie au capitaine qu’il se demande ce que le limier peut penser. Pendant sa
veille, lorsqu’il ne fait rien, accède-t-il à une vie indépendante ? Pour le capitaine Beatty, le limier ne pense
que ce qu’il doit penser. Pour Montag, si tel est le cas, alors c’est un triste constat. Mais Beatty lui rappelle
qu’il s’agit d’une prouesse technique, d’une arme parfaite. Ce à quoi Montag répond qu’il ne tient justement
pas à être sa prochaine victime. Beatty lui demande s’il a quelque chose à se reprocher pour avoir une telle
crainte. Il dévisage Montag, avant de laisser progressivement apparaître un sourire de plaisanterie.
Pendant une semaine, Montag croise quotidiennement Clarisse sur le chemin de son travail. Leur relation se
développe, ils échangent sur la vie et elle lui fait de petits cadeaux. Des bouquets de fleurs, une poignée de
marrons ou encore des feuilles d’automne. Un jour, juste avant que Montag monte dans le train pour aller à
la caserne, il se confie à Clarisse sur son sentiment de la connaître depuis des années. Pour elle, c’est
simplement parce qu’elle l’aime bien, ne lui réclame rien et qu’ils ont appris à se connaître. Montag lui
avoue même qu’il se sent presque comme un père à son égard. Clarisse lui demande pourquoi n’a-t-il aucun
enfant alors que ce type de relation semble lui faire du bien. Montag lui répond que c’est sa femme qui n’en
a jamais voulu. Clarisse est gênée par le malaise qu’elle vient de provoquer, mais Montag lui assure que sa
question était bonne. Clarisse change de sujet pour rompre le malaise. Elle fait sentir une fleur à Montag et
lui fait remarquer qu’elle dégage une odeur de cannelle. Puis, elle lui demande s’il a pris le temps d’observer
les choses dont elle lui a parlé. Il répond oui en laissant échapper un léger rire. Elle lui fait remarquer que
son rire est devenu beaucoup plus charmant, plus détendu. Montag lui demande pourquoi elle est toujours en
train de flâner au lieu d’être à l’école. Pour elle, l’école se porte très bien sans sa présence. On la considère
comme une associable qui ne s’intègre pas. Mais elle n’accepte pas la définition communément admise de la
sociabilité. De son point de vue, pour créer une vraie sociabilité, il faut pouvoir parler librement de choses et
d’autres, ainsi que de tout ce que l’on peut trouver d’étrange dans le monde. Il ne suffit pas de réunir les gens
pour favoriser la sociabilité. Surtout si c’est pour les empêcher de parler entre eux en les sollicitant avec des
activités régulières qui ne laissent plus aucune place à la réflexion, à l’interrogation. Pour Clarisse, l’école
est même un lieu où on abrutit les gens en leur bourrant le crâne, tout en leur faisant croire que ce qu’il en
ressortira aura une grande valeur. L’école nous abrutit tellement qu’elle en devient un catalyseur de la quête
du plaisir excessif. Elle laisse les élèves avec l’envie de dormir ou de se défouler, de céder à l’agressivité, au
vandalisme. La pression sociale qui naît de cette socialisation, pousse même les gens à se mettre en danger
par esprit de compétition. Pour prouver qui est le plus fort, par exemple en conduisant à toute vitesse dans
les rues. Clarisse admet sans problème que cette définition de la socialisation ne lui correspond pas. Elle
préfère rester intègre, plutôt que de faire partie de ces gens qu’on dit sociables, mais qui se font du mal, se
comportent comme des sauvages et en définitive, lui font peur. Son oncle lui a parlé d’une époque reculée où
la société avait foi en la responsabilité de l’individu. Même si la société d’aujourd’hui voudrait lui faire
suivre la même voie que la plupart des gens, Clarisse se sent assez responsable pour se détacher de cette
voie. Selon elle, la responsabilité est le fait d’admettre ses erreurs passées et leurs conséquences, et d’être
capable de gérer les tâches du quotidien, ni plus ni moins. Ensuite, il est plus intéressant d’apprendre à
observer les gens, essayer de comprendre qui ils sont, ce qu’ils veulent et où ils vont. Mais lorsqu’elle écoute
les conversations, elle se rend compte que les gens ne se plaisent plus qu’à parler de choses matérialistes et
futiles. Leurs échanges se ressemblent et confortent les mêmes idées, sans jamais soulever une différence
d’opinion. Les gens consomment plus qu’une culture vidée de sa capacité à véhiculer du sens et à provoquer
la réflexion, pour ne conserver que le plaisir du divertissement, de la distraction. Une semaine passe. À la
caserne, Montag passe par la porte de derrière pour éviter le limier, même s’il prétend le contraire au
capitaine Beatty. Il lui apprend qu’un pompier de Seattle a programmé le limier pour que celui-ci le traque
jusqu’à sa mort. Un suicide très singulier. Une nouvelle semaine passe. Une après-midi, Clarisse disparaît.
Montag ressent comme un vide soudain. Comme si on l’avait arraché à l’une de ses habitudes les plus
précieuses. ::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par chapitre :::
1.7 La partie de cartes
Au milieu de la nuit, à la caserne, Montag et les autres pompiers jouent aux cartes. Montag ressent désormais
une forme de culpabilité dont il ne parvient pas à saisir l’origine exacte. Il a pourtant l’impression que le
capitaine Beatty pourrait le sonder et la découvrir à tout moment. Pour la première fois, Montag prend le
temps d’observer ses collègues pompiers pendant qu’ils jouent aux cartes. Il se rend compte qu’ils lui
renvoient tous sa propre image. Comme s’ils avaient tous été sélectionnés pour être pompier en fonction de
leur aspect et de leur penchants. Montag prend la parole pour revenir sur le cas d’un homme arrêté la
semaine passée. Un homme dont ils ont brûlé la bibliothèque. Il demande ce qu’il lui est arrivé. Le capitaine
Beatty lui répond qu’il a été interné, comme tous les autres. Pour Montag, ce n’est pas parce que l’homme
poussait des hurlements qu’il était fou. Pour Beatty, tout homme qui croit pouvoir berner le gouvernement et
les pompiers est un fou. Montag dit qu’il se demande simplement ce que l’on pourrait ressentir si l’on venait
brûler nos livres dans nos maisons. Sa formulation éveille la suspicion du capitaine qui lui demande s’il a
des livres en sa possession chez lui. Montag affirme que non, mais ne peut s’empêcher d’avoir une pensée
pour ce qui se cache derrière la grille d’aération chez lui. Montag demande si les pompiers avaient toujours
tenu ce rôle dans la société. Il se trahit à nouveau en employant l’expression “Il était une fois” au lieu de
“Autrefois”. Une expression qui éveille à nouveau les soupçons du capitaine. Montag s’entend alors répéter
les mots de Clarisse lors de leur première rencontre :
“Le rôle des pompiers n'était-il pas d’empêcher les incendies, plutôt que de les déclencher et de
les activer ?”
Pour le capitaine Beatty, cette question relève de la simple blague. Il sort le manuel des pompiers et lit à
haute voix :
“Fondé en 1790, pour brûler les livres d'obédience anglaise dans les Colonies. Premier
pompier : Benjamin Franklin. RÈGLEMENT 1. Répondre promptement à l’appel. 2. Mettre le
feu promptement. 3. Tout brûler. 4. Revenir immédiatement à la caserne et faire son rapport. 5.
Rester en état d’alerte dans l’éventualité d’un autre appel.”
Ils se figent tous et regardent Montag en silence. L’alarme de la caserne sonne. Tous les pompiers partent
dans un courant d’air. Montag reste assis un court moment avant de suivre le mouvement.
::: Fahrenheit 451 : résumé
Ils arrivent devant une vieille maison à bord de leur camion. Montag continue à suivre le mouvement en
laissant ses collègues Stoneman, Black et le capitaine Beatty en tête de la marche. Ils entrent de force dans la
maison. Une vieille femme est là debout, le regard fixé face au mur comme si elle essaiyait de se rappeler
quelque chose. Elle sort de son silence et murmure : “Soyez un homme, Maître Ridley. Nous allons en ce
jour, par la grâce de Dieu, allumer en Angleterre une chandelle qui, j’en suis certain, ne s’éteindra jamais.”.
Beatty lui coupe la parole et la gifle pour lui demander où sont les livres. Elle lui répond qu’ils ne seraient
pas là s’ils ne le savaient pas déjà. Stoneman lit la dénonciation envoyée par la voisine. Une dénonciation
qui mentionne la présence de livres au grenier. Pour Montag, la présence de cette femme change
radicalement la perspective de leur intervention dans cette maison. Habituellement la police embarque les
gens avant que les pompiers arrivent sur les lieux. Ils peuvent ainsi délibérément faire du mal aux choses
sans risquer un cas de conscience. Cette fois-ci c’est différent. Les pompiers souillent le lieu. Ils balancent
les livres des étages supérieurs jusqu’au rez-de-chaussé. Tandis que les ouvrages s’accumulent autour de la
dame, l’un d’entre eux tombe par hasard, ouvert dans les mains de Montag. Il a l’opportunité furtive d’en lire
une ligne : “Le temps s’est endormi dans le soleil de l’après-midi”. Le capitaine l’interpelle et ils continuent
leur saccage. Dans le chahut général de l’opération, Montag vole un livre. C’est comme si sa main avait
décidé à sa place de saisir l’objet et de le cacher sous son uniforme. Sous l’ordre du capitaine, les pompiers
inondent de pétrole toutes les pièces de la maison, ainsi que tous les livres qui entourent désormais la
femme, toujours debout au même endroit, immobile et sans voix. Beatty lui rappelle que les livres ne
méritent pas le dévouement dont elle fait preuve. Il lui dit qu’elle est restée enfermée avec des gens qui
n’existent pas, avec des écrits qui ne sont même pas d’accord entre eux. Le capitaine Beatty commence un
décompte à haute voix pour faire comprendre à la femme que si elle ne bouge pas, elle sera brûlée avec ses
livres par les lance-flammes de Stoneman et Black. Montag tente à plusieurs reprises de convaincre la
femme de partir, mais elle refuse de bouger. La femme arrête Beatty avant la fin de son décompte. Elle sort
calmement une allumette, l’allume et la laisse tomber à ses pieds. Elle s’immole avec ses livres. Sur le
chemin du retour à la caserne, le silence règne dans le camion. Montag tente de se rappeler de ce que la
femme murmurait : “Soyez un homme Maître Ridley...”. Le capitaine Beatty continue alors en récitant par
cœur “... Nous allons en ce jour, par la grâce de Dieu, allumer en Angleterre une chandelle qui, j’en suis
certain, ne s’éteindra jamais.”. Ils lui jettent tous un air interrogateur. Il leur explique d’où vient cette
déclaration et la date précise de son origine : “Un certain Latimer a dit ça à un certain Nicholas Ridley, au
moment où on allait les brûler vifs pour hérésie, à Oxford, le 16 octobre 1555.”. Pour les capitaines de
caserne, c’est obligatoire de connaître les choses. Et il en connait plein...
Montag rentre chez lui en pleine nuit. Leur chambre est plongée dans une obscurité totale. Cette fois-ci,
Mildred est éveillée. Elle l’interpelle et lui demande de se coucher. Montag est dans un profond malaise,
encore sous le choc de ce dont il vient d’être le témoin. Il se déshabille grossièrement en jetant ses vêtements
au sol, il cache sous son oreiller le livre qu’il a volé, puis s’allonge. Mildred se met à lui parler, mais seuls
des bruits parviennent aux oreilles de Montag, des mots sans aucune signification. Il a l’impression que la
distance entre leurs lits respectifs est immense. Il ne s’est jamais senti aussi loin de Mildred, au sens propre
comme au figuré. Plus tard dans la nuit, Mildred est allongée les yeux grands ouverts, fixés sur le plafond,
ses écouteurs toujours actifs dans les oreilles. Cette situation rappelle à Montag une histoire qu’il a entendue
quelque part. Celle d’un mari qui avait laissé s’installer une distance tellement grande entre lui et sa femme,
qu’il avait décidé de lui téléphoner, ne serait-ce que pour pouvoir lui parler. Montag se sent comme un
homme allongé aux côtés d’une parfaite inconnue. Une femme qu’il pourrait presque oublier et remplacer
dès demain matin. Montag lui demande si elle se souvient où et quand ils se sont rencontrés tous les deux.
Elle est incapable de lui répondre et lui, incapable de s’en souvenir. Il lui importe de connaître la réponse,
mais pour elle, ce n’est pas important. Mildred se lève pour aller à la salle de bain. Montag l’entend ouvrir la
boîte de somnifères. Un geste qui lui fait repenser aux opérateurs venus la soigner l’autre nuit. Un geste qui
l’agace et qui lui donne soudainement l’envie de demander combien elle va en prendre. Jusqu’à quelle
quantité va-t-elle en ingérer avant de s’endormir, puis de devenir inconsciente pendant qu’il se fera un sang
d’encre. Mais il se rend compte que si elle venait à mourir, il ne serait finalement pas beaucoup plus triste
que pour une inconnue. Il se souvient à ce moment-là du verdict de la fleur de pissenlit et des paroles de
Clarisse : “Quel dommage ! Vous n’êtes amoureux de personne !”. Montag se met à pleurer, seul dans son
lit. Il ne pleure pas à l’idée de perdre Mildred, mais à l’idée de ne pas pleurer la mort de sa femme. Il se
demande comment ils ont pu devenir deux personnes aussi vides à l’intérieur. Il y a résolument un mur entre
lui et Mildred, même trois en fait. Trois murs-écrans sur lesquels apparaissent des visages inconnus que
Montag a acceptés en tant que membres de la famille, sans même s’en rendre compte. Pour lui, il ne sont
désormais plus que des singes baragouinant des choses inintéressantes. Son souvenir de Mildred le plus
lointain est celui d’une fille dans une forêt qui, aujourd'hui, a perdu tous ses arbres. Mildred se sent
soudainement dans une attitude déterminée inexplicable, avec l’envie irrépressible de faire quelque chose.
Comme si elle avait le besoin pressant de fuir une situation inconfortable par l’action, peu importe ce qu’elle
décide d’entreprendre. Les murs-écrans diffusent alors un programme hyper stimulant, haut en couleur et
même vertigineux pour Montag. Comme s’ils tombaient tous les deux dans un trou sans fond pendant
quelques instants très intenses. Après cette expérience revigorante pour Mildred, mais insupportable pour
Montag, rien ne s’est arrangé même si les visages sur les écrans tentent de se convaincre du contraire.
Montag s’en énerve et tente de faire prendre conscience à Mildred de l’absurdité de la situation. Ces gens
sont de parfaits inconnus pour eux, mais Mildred s’évertue à leur donner un semblant de profondeur malgré
elle. Montag réalise que Mildred fait partie des gens que Clarisse lui a décrit avant de disparaître. Ils se
crient dessus, se contentent d’une socialisation factice sans se connaître réellement les uns les autres, et
foncent sur la route pour oublier leur mal-être. Encore plus loin dans la nuit, alors que Mildred dort à moitié,
Montag vient près d'elle, enlève l’un de ses écouteurs pour lui parler de Clarisse. Il lui fait part de son
inquiétude de ne pas l’avoir vue depuis quatre jours. Il faut un petit moment à Mildred pour se rappeler de
l’existence de la jeune fille. Elle lui affirme que sa famille a déménagé, que Clarisse est définitivement partie
ou même morte, écrasée par une voiture. Elle en est presque sûre. Mildred ne lui en a pas parlé parce que ça
remonte à longtemps. Mais pour Montag, cela ne fait que quatre jours ! Il la laisse dormir. Montag distingue
une ombre qui passe furtivement par la fenêtre. Puis, un frottement se fait entendre dans le silence de
l’extérieur. Il a l’intuition soudaine que le limier rôde autour de la maison.
Le lendemain matin, Montag se sent malade. Il a de la fièvre et des frissons. Mildred s’étonne de son état car
pour elle, il se portait très bien la veille. Montag sait pourtant qu’il n’allait pas bien du tout. Son malaise
psychologique semble désormais se matérialiser sur le plan physique. Seulement, elle ne l’a pas remarqué.
Comme il n’avait jamais remarqué à quel point elle ne va pas bien non plus. En la regardant plus
attentivement que d’habitude, il remarque que son apparence reflète toutes les dérives consuméristes de la
société. Il insiste à plusieurs reprises pour qu’elle lui amène une aspirine mais elle refuse et continue de nier
la fébrilité de son état de santé. Même lorsqu’il vomit sur le sol, pour Mildred ce n’est qu’une tâche à
nettoyer. Montag demande à Mildred d’éteindre les murs-écrans du salon qui crient et amplifient son mal-
être. Parce que les murs-écrans diffusent son programme préféré, elle refuse de les éteindre et baisse
seulement le volume. Montag raconte à Mildred l’épisode de la vieille femme qui s’est immolée avec ses
livres. Il veut lui faire prendre conscience du poids que pèse cet événement dans son esprit, mais elle fait
preuve d’un déni total. Elle se persuade même que l’un des auteurs des livres qui ont brûlé - Marc Aurèle -
était un extrémiste. Mildred fait remarquer à Montag qu’il aurait dû commencer son service depuis déjà deux
heures. Elle maintient qu’il n’est pas malade et lui demande d’appeler le capitaine Beatty pour lui assurer
qu’il retournera à la caserne dès aujourd’hui. Montag refuse. Il ne veut plus se confronter à l’argumentation
de Beatty. Il en a même peur, car il sait qu’il ne tiendra pas longtemps avant que le capitaine retourne la
situation à son avantage. Il va un cran plus loin dans la conversation en évoquant la possibilité de
démissionner et quitter définitivement la caserne. Mildred perd son calme et lui rappelle que sa démission
pourrait leur faire perdre tout ce qu’ils ont acquis jusqu’à présent. Mais Montag insiste en soulignant qu’elle
n’était pas là. Elle n’a pas vécue l’expérience et ne peut pas comprendre réellement pourquoi l’acte de cette
vieille femme est devenu une obsession pour lui. Elle ne semble pas comprendre non plus que le mal-être de
son mari va bien au-delà. Pour Mildred, Montag aurait simplement dû réfléchir avant de devenir pompier.
Mais il lui rappelle qu’on ne lui a jamais laissé le choix. Montag se résigne à la convaincre lorsqu’il réalise
que Mildred ne s’est jamais réellement tourmentée consciemment pour quelque chose qui en vaille la peine.
Il repense à la distance qu’il percevait entre eux la veille, ainsi qu’à l’épisode de l’autre nuit, lorsqu’il avait
trouvé sa femme inconsciente et que deux opérateurs l’avait remise sur pieds comme une machine. Mildred
en a assez, elle met fin à la conversation. À ce moment-là, le capitaine Beatty sonne à la porte de chez eux.
Montag dans son lit, en position assise. Le livre qu’il a volé chez la vieille dame est toujours caché derrière
Le capitaine entre dans la maison. Il demande à Mildred d’éteindre les murs-écrans. Elle s’exécute
immédiatement sans discuter. Beatty s’installe dans la chambre devant le lit de Montag et allume sa pipe.
Beatty a deviné que Montag était malade à cause de son absence à la caserne, mais aussi parce qu’il semble
connaître ce genre de cas de figure. Il propose même à Montag de prendre sa nuit avant que ce dernier la lui
demande. Pour aller mieux, selon Beatty, il faut revenir à l’origine. Comprendre le rôle des pompiers en
profondeur à travers leur histoire et celle de la société. Seuls les capitaines de pompiers s’en souviennent
désormais. Beatty raconte tout à Montag... Au départ, il y a un événement que l’on pourrait qualifier de
“guerre civile”, même si le manuel des pompiers prétend que l’origine est plus lointaine. Au début du
vingtième siècle, lorsque des inventions comme la photographie, le cinéma, la radio et la télévision sont
arrivées, les pompiers ont commencé à prendre une réelle importance dans la société. Auparavant, les livres
intéressaient trop peu de monde pour que leur existence devienne réellement gênante. Mais la population
mondiale s’est très vite agrandie. Cet accroissement a donné lieu à des phénomènes communautaires de
masses. Les phénomènes se sont alors simplifiés à l’extrême, impliquant un nivellement par le bas de
l’information sous toutes ses formes, sur tous les supports, pour finalement se normaliser en une vaste soupe.
Entre le dix-neuvième siècle et le vingtième, le monde s’est considérablement accéléré. Les gens ont alors
accordé de moins en moins de temps à la connaissance, à la curiosité et à la réflexion. Il a fallu condenser,
encore et toujours plus. Pour ne conserver que le gag, la chute. Des classiques de littérature, nous sommes
passés à des résumés d’une douzaine de lignes maximum, destinés à combler le besoin narcissique de briller
en société. Il en va de même pour les choix politiques du peuple. Nous avons simplifié l’information pour
éliminer tout dilemme - et donc toute réflexion - dans le choix du candidat. Pour éviter toute perte de temps,
il fallait éradiquer toute pensée inutile. Mildred va pour remettre l’oreiller, mais Montag l’en empêche. La
scolarité a été écourtée, la discipline s’est relâchée, tout comme la philosophie et l'histoire. Nous avons
abandonné les langues et négligé l’orthographe de plus en plus. Nous avons préféré faire le choix de vivre
dans l’immédiat, de laisser place au travail bête et au plaisir instantané. Mildred insiste pour remettre
l’oreiller, mais Montag s’en agace. Beatty, imperturbable, ne s’arrête pas... La vie en société est finalement
devenue un immense tape-cul qui se balance au rythme des onomatopées. Mildred passe ses mains derrière
l’oreiller et sens les formes du livre. Elle ouvre la bouche pour poser une question, mais Montag la coupe
dans son élan et lui ordonne d’un ton ferme d’aller s’asseoir. Beatty continue... Nous avons préféré à
l’intellect, le sport et l’esprit d’équipe. Nous avons réduit à néant le besoin d’assimiler de l’information et de
penser. Moins de texte mais toujours plus d’images. Le tout standardisé à l’excès pour des individus qui
formaient désormais des marées humaines inondant le paysage urbain. Tout cela n’a pas été contraint par un
décret venu du gouvernement ou d’une autorité quelconque. La société d’aujourd’hui a été poussée par la
population elle-même et la multitude des minorités qu’elle contient. Des minorités qui voulaient garder le
nombril propre et qui ont fini par constituer une force inarrêtable, écrasant sur son passage la culture, la
liberté d’expression et la curiosité, au profit d’un divertissement immédiat et volatile. Nous avons créé
collectivement cette force, comme une prophétie autoréalisatrice. Parce que nous n’étions pas tous égaux
face à l’intellect, il fallait nous rendre égaux. Nous avons nivelé l’éducation par le bas en formant de plus en
plus de gens manuels. Les intellectuels sont devenus les victimes des autres par jalousie. Les gens ont fini
par dénoncer leur voisin au moindre faux pas. Nous sommes tous devenus censeurs, juges et bourreaux à la
fois. Et c’est à ce moment-là que les pompiers sont entrés en action. Les gens veulent être heureux et les
pompiers ne sont là que pour servir cette cause. Il faut brûler tout ce qui est susceptible d’entraver le
bonheur. Même les défunts doivent être brûlés pour éviter les enterrements. Montag se décide à parler de
Clarisse à Beatty. Il lui demande pourquoi elle lui semblait si différente de la plupart des gens. Beatty voit
très bien de qui il parle. Ils avaient un dossier sur la famille McClellan et gardaient un œil sur eux depuis
déjà un certain temps. D’après Beatty, il est devenu indispensable de prendre les enfants au berceau pour
éviter l’influence du cercle familial. Ce dernier peut défaire beaucoup de ce qui est fait à l’école aujourd’hui.
Clarisse était une bombe à retardement parce qu’elle s’intéressait beaucoup plus au “Pourquoi ?” des choses
qu’à leur “Comment ?”. Selon Beatty, cela pose toujours problème à la société autant qu’à l’individu. Se
demander “Pourquoi ?” finit par rendre malheureux. Pour lui, il vaut mieux que cette jeune fille soit morte.
De manière générale, il vaut mieux supprimer les problèmes à la racine. Au lieu d’essayer d’empêcher la
construction d’une maison, il vaut mieux cacher les matériaux de construction et les outils, pour que
personne n’ait jamais l’idée de la construire. Le plus important est de donner aux gens l’illusion du choix
alors qu’il n’en n’ont aucun. De leur donner l’impression de penser et de briller par leur intelligence, alors
qu’ils nourrissent leurs esprits de données incombustibles. Ils seront heureux en retenant des faits qui ne
changent pas, tant que la distraction reste reine. Pour Beatty, les pompiers sont les garants du bonheur de
chacun. Beatty sous-entend qu’il sait pour le livre. Il lui présente la situation comme extérieure, comme si
Montag n’était pas directement concerné. Pour le capitaine, ce n’est qu’une “démangeaison” de curiosité que
tout pompier peut ressentir à un moment dans sa carrière. Une erreur qu’il peut très bien pardonner à
condition de brûler le livre en question dans un délai maximum de vingt-quatre heures, et de revenir pointer
à la caserne. Beatty s’en va. Il laisse Montag quasi sans voix, au fond du gouffre.
Par la fenêtre, Montag voit Beatty s’en aller dans sa voiture. Il repense à ce que lui avait dit Clarisse à propos
de l’absence de véranda, de terrasses et de galeries publiques. Autant d’endroits où on pouvait s’asseoir et ne
rien faire, juste parler. D’après l’oncle de Clarisse, les architectes avaient supprimé tout ça, officiellement
pour une raison esthétique, officieusement pour éviter que les gens discutent entre eux et pensent de trop.
Mildred est dans le salon, devant les murs-écrans. Elle est en “discussion” avec le présentateur de l’émission.
Le mur-écran est muni d’un convertisseur spécial qui leur a coûté cent dollars. À chaque fois que le
présentateur s’adresse à l’audience, il prononce automatiquement le nom de Mildred. Montag confie à
Mildred qu’il est à deux doigts de lâcher son travail définitivement. Qu’il a envie de tout casser. Clarisse
répond par l’indifférence et le déni, comme si ce qu’il disait n’aura de toute manière, aucune conséquence
sur le reste de la journée et de leur vie. Elle lui propose d’évacuer son mal-être en prenant la voiture pour
s'amuser comme elle le fait parfois au milieu de la nuit. Montag tente une dernière fois de lui faire prendre
conscience du poids qu’il ressent en lui, mais constate qu’un véritable mur de verre les sépare. Lorsqu’il
évoque les livres, Mildred évoque la prison. Lorsqu’il dit ne pas être heureux, Mildred répond que c’est la
seule chose qui compte et qu’elle est fière de l’être. Ne faisant ainsi que répéter les propos de Beatty.
Montag finit par se résigner à la convaincre par la parole. Il enlève la grille du système d’aération et
commence à sortir des livres les uns après les autres. Il les jette aux pieds de Mildred, effrayée de ce qu’elle
voit. Elle prend un livre et court vers la cuisine pour le jeter dans l’incinérateur, mais il l’en empêche et la
gifle. Il la supplie d’y jeter un œil au moins une fois, de vérifier si ce que dit Beatty est vrai. Si c’est le cas,
alors ils brûleront tous les livres. Mais s’il y a quelque chose à en tirer, ils pourront peut-être le
communiquer à quelqu’un d’autre. Montag se confie à propos de Clarisse. Il dit à Mildred qu’en observant
ses camarades de la caserne, il a comparé malgré lui les pompiers à la jeune fille et s’est rendu compte à quel
point ils lui renvoient sa propre image, et à quel point il ne les apprécie pas. Une voix robotique signale la
présence d’une personne devant la porte de leur maison. Quelqu’un est là, peut-être à les écouter. Après un
moment de silence, ils entendent le bruit des pas qui semblent s’éloigner. La présence est partie. Montag
saisi un livre sur le tas, parcourt le livre au hasard et tombe sur un passage qu’il lit à haute voix pour Mildred
:
“On a calculé que onze mille personnes ont bien des fois préféré souffrir la mort plutôt que de
se résoudre à casser les œufs par le petit bout."
Montag et Mildred lisent toute l’après-midi assis dans le couloir. Montag lit des passages sur l’amitié ou le
soi. Mildred continue de faire preuve d’indifférence. Elle ne peut s’empêcher de regarder le salon dans
lequel elle passe habituellement la plupart de son temps. Un léger grattement à la porte les effraie tous les
deux. À l’extérieur, une créature renifle avec un souffle électrique. Pour Mildred ce n’est qu’un chien.
Montag lui dit de se taire et de ne plus bouger. Il sait que ce n’est pas un chien, mais le limier qui rôde
autour de leur maison. Pour Mildred, les livres ne sont pas des gens contrairement à ceux avec lesquels elle
interagit sur les murs-écrans. Elle ne voit pas aucun intérêt à lire si c’est pour risquer de perdre tout ce qu’ils
ont acheté. Montag tente une nouvelle fois de lui faire prendre conscience de la réalité émotionnelle des
choses. Il lui rappelle que Clarisse est morte et ce que cela implique. Aujourd’hui, elle est à la morgue.
Montag demande à Mildred pourquoi les gens n’évoquent jamais des bombardiers qui passent régulièrement
dans le ciel. Pourquoi personne ne parle des deux guerres nucléaires qui ont été déclenchées et gagnées
depuis 1960 ? Est-ce parce qu’ils sont du côté des riches de ce monde, qu’ils s’offrent le privilège d’ignorer
les plus pauvres ? Pour lui, les livres constituent peut-être une chance de ne pas reproduire les erreurs du
passé. Le téléphone sonne. Mildred répond. À l’autre bout du fil, l’une de ses “amies”. Elle rigole en
effaçant toute l’inquiétude dont elle faisait preuve quelques instants auparavant. Montag comprend à ce
moment-là que sa démarche est peine perdue. ::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par chapitre :::
Montag est découragé. Il semble prêt à tout abandonner et réalise qu’il a plus que jamais besoin d’un guide.
Une personne qui pourrait l’aider à traverser cette épreuve. Il cherche dans sa mémoire… Un souvenir lui
revient. Celui de sa rencontre avec le vieil homme dans un parc un an plus tôt. Il l’avait surpris à cacher un
livre sous son manteau, mais l’avait interpellé amicalement. Un prof d’anglais retraité nommé Faber, qui
s’était fait renvoyer de la dernière école. Lors de leur rencontre, il lui avait récité des poèmes. Il avait
d’ailleurs certainement un recueil sur lui, mais Montag s’était refusé à entreprendre une quelconque action à
son égard. Faber lui avait confié ce qu’il cherchait dans les poèmes :
“Je ne parle pas des choses. [...] Je parle du sens des choses. Là je sais que je suis vivant.”
À priori, Faber ignorait que Montag était pompier. Il lui avait même finalement noté ses coordonnées sur un
bout de papier. Montag cherche dans ses classeurs et retrouve le bout de papier. Il prend son téléphone et
appelle Faber. Le vieil homme lui répond d’une voix éteinte. Montag lui demande combien reste-t-il selon
lui d’exemplaires de la Bible ? De Shakespeare ? De Platon ? Faber pense qu’il veut lui tendre un piège. Il
refuse catégoriquement de lui répondre et raccroche. Montag fait part à Mildred du dilemme auquel il se
confronte. Il aimerait remettre au capitaine Beatty un livre qui a peu de valeur, mais il ne sait pas lequel
choisir. Mildred est agacée de toute cette histoire. Elle ne veut plus en entendre parler. Avant de quitter la
maison, Montag lui pose une dernière question :
“Est-ce que ta “famille” t’aime, t’aime vraiment, t’aime de tout son coeur et de toute son âme,
Millie ? [...] En voilà une question idiote !”
Montag s’en va le cœur lourd. ::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par chapitre :::
Dans le métro en route vers chez Faber, Montag se demande si quelqu’un parviendra à le sortir du mal-être
qu’il ressent. Le souvenir d’une journée d’été à la plage lui revient spontanément. Un cousin lui avait promis
de lui donner dix cents s’il parvenait à remplir un tamis de sable. Mais à mesure qu’il le remplissait de sable,
le tamis se vidait de plus en plus vite. Aujourd’hui, il se sentait exactement dans la même situation. Lorsque
Montag revient à la réalité, il réalise qu’il est assis au milieu de tous les passagers avec la Bible ouverte dans
ses mains. Il lui vient alors l’idée de mémoriser le livre. De cette manière, il pourrait le remettre à Beatty
sans que son contenu soit définitivement perdu. Montag fait plusieurs tentatives de mémorisation, mais une
voix dans le métro répète inlassablement le slogan publicitaire d’un dentifrice. Cette voix l’empêche de se
concentrer et l’agace de plus en plus. Il finit par crier “la ferme !” et tout le monde se tourne vers lui pour le
regarder fixement. Le métro s’arrête et ses portes s’ouvrent. Montag reste paralysé puis, au moment de leur
fermeture, il se précipite à l’extérieur et s’enfonce dans les tunnels de la station, refusant d’emprunter les
escaliers automatiques pour pouvoir se sentir un peu plus vivant.
::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par chap
Montag arrive devant chez Faber et frappe à la porte. Faber se montre méfiant, mais Montag le rassure. Il le
laisse finalement entrer chez lui. Lorsque Faber remarque le livre sous le bras de Montag, il semble rajeuni
et rassuré. Il le regarde fixement comme s’il avait peur que l’objet lui échappe. Montag lui avoue qu’il l’a
volé. Faber trouve que c’est un acte courageux de sa part et lui avoue qu’il se sent coupable de n'avoir rien
dit à l’époque où il était encore temps de réagir, puis d’avoir finalement céder lorsque les autodafés ont été
institutionnalisés. Faber prend le livre et tourne les pages avec un mélange de fascination et de nostalgie.
Montag n’est pas du même avis. Il se considère plutôt comme une personne désespérée à la recherche d’un
guide, pendant que sa femme continue de mourrir intérieurement. Montag explique qu’il est venu le voir lui
parce que personne ne l’écoute plus.
“Je ne peux pas parler aux murs parce qu’ils me hurlent après. Je ne peux pas parler à ma
femme ; elle écoute les murs.”
Montag recherche simplement quelqu’un à qui parler, en espérant que s’il parle assez longtemps, il finira
peut-être par faire émerger quelque chose de cohérent. Il souhaite pouvoir comprendre ce qu’il lit. Montag
explique à Faber que malgré tout ce qui l’entoure et qui pourrait le rendre heureux, il ne l’est pas et personne
ne l’est réellement. Il sait qu’il manque quelque chose et en regardant autour de lui, il ne voit qu’un seul
élément manquant : les livres. Ce qui l’amène à penser qu’ils sont peut-être la clé pour être véritablement
heureux. Faber lui explique qu’il n’a pas réellement besoin des livres, mais de ce qu’ils contenaient
autrefois. Les murs-écrans pourraient très bien transmettre autant de richesse. Il invite Montag à trouver ce
qu’il recherche dans la nature, les vieux disques, les vieux amis ou encore en lui-même. Les livres ne sont
pas des objets magiques, mais de simples réceptacles. Leur magie dépend de ce qu’ils disent et de la manière
dont ils le disent. D’après Faber, pour pouvoir tirer quelque chose d’intéressant des livres, ces derniers
doivent remplir trois conditions indispensables. Premièrement, un livre important doit faire preuve d’une
certaine qualité. Autrement dit, il doit contenir une densité suffisamment importante de détails et d’aspérités
de la vie.
“Les bons écrivains touchent souvent la vie du doigt. Les médiocres ne font que l’effleurer. Les
mauvais la violent et l’abandonnent aux mouches.”
Selon lui, la qualité des bons livres est à l’origine de la haine qu’on leur voue aujourd’hui. Ils montrent ce
que personne ne souhaite plus voir ou entendre.
“Nous vivons à une époque où les fleurs essaient de vivre sur les fleurs au lieu de se nourrir de
bonne pluie et de terreau bien noir. [...] Et pourtant, d’une manière ou d’une autre, nous nous
croyons capables de croître [...], sans accomplir le cycle qui nous ramène à la réalité.”.
Deuxièmement, un livre doit permettre le loisir de penser. Les murs-écrans ont une emprise sur notre
perception du monde et sur notre réflexion. Ils stimulent nos sens au point de devenir presque une nouvelle
réalité immédiate nous forçant à adopter des idées et des raisonnements qui ne sont pas les nôtres. Un bon
livre respecte notre raison. Si nous avons besoin de réfléchir par nous-mêmes, il peut être fermé à tout
moment sans difficulté. Lorsque Faber lui explique qu’il se met des bouchons dans les oreilles lorsqu’il
prend le métro, Montag ne peut s’empêcher de réciter le slogan de la pub pour dentifrice qu’il a entendue sur
le chemin. Troisièmement, nous devons avoir le droit de mener des actions basées sur ce que nous apprend
l’interaction des deux éléments précédents. Sur ce dernier point, Faber doute malheureusement qu’ils
puissent faire quoique ce soit. Montag se propose de trouver des livres, mais Faber lui rappelle qu’il y a un
risque. Montag dit alors une chose qui interpelle Faber :
“C’est le bon côté de la mort. Quand on n’a rien à perdre, on est prêt à courir tous les risques.”
Faber lui répond que ce qu’il vient de dire correspond typiquement à ce que l’on peut trouver dans les livres.
Montag se sent prêt à mettre en œuvre un plan en commun. Le plan consisterait à imprimer des livres avec
une presse, puis à les cacher chez certains pompiers dans l’espoir de provoquer un effondrement idéologique
du système à la source. Pour Faber, avant de chercher à élaborer un plan global pour la société, il faut
d’abord se sauver soi-même et ne pas attendre que le salut vienne d’une seule et unique source. Faber semble
donc réfractaire à la mise en œuvre du plan.
“Les livres sont faits pour nous rappeler quels ânes, quels imbéciles nous sommes. Ils sont
comme la garde prétorienne de César murmurant dans le vacarme des défilés triomphants :
“Souviens-toi, César, que tu es mortel.”
Pour Faber, la culture toute entière est touchée. Il ne faut pas seulement de petites actions. Tout doit être
refondu. Plus personne ne souhaite lire. Les pompiers n’agissent finalement qu’à la surface des choses. Pour
lui, le système est déjà en train de s’effondrer sur lui-même. Il faut seulement faire preuve de patience et
attendre le moment où tout basculera. Le moment où les gens, par manque de culture, de réflexion, finiront
simplement par se ruer les uns sur les autres. Montag se sert de son statut de pompier pour lui faire du
chantage et le pousser à l’aider. Faber cède au chantage et lui propose de prendre contact avec l’une de ses
connaissances, un imprimeur désormais sans travail. Montag a peur de céder à l’argumentaire de Beatty et
demande l’aide de Faber. Ce dernier lui propose de l’aider à argumenter face à Beatty. Il lui montre un
équipement radio fabriqué maison. Une oreillette chacun et ils peuvent communiquer partout. Montag s’en
va. ::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par chapitre :::
2.5 Mme Phelps et Mme Bowles
Sur le chemin du retour, la nuit donne à Montag le sentiment d'une guerre imminente. À l'extérieur les haut-
parleurs annoncent un million d'hommes mobilisés. Montag parle à Faber dans l'oreillette et lui fait part de
son interrogation sur son propre libre arbitre, sur sa capacité à prendre des initiatives. Il lui fait remarquer
que ses actions présentes sont aussi guidées par les directives qu’il (Faber) lui donne. Mais Faber lui répond
que cette seule interrogation prouve qu'il a déjà commencé à développer sa propre liberté de penser. Faber
demande simplement de lui faire confiance aveuglément au moins pendant quelque temps. Montag rentre
chez lui. Alors qu'il dîne, Mildred reçoit deux amies : Mme Phelps et Mme Bowles. Dès leur venue, Montag
arrête de manger et les regarde fixement dans le salon. Elles se montrent toutes les trois sous leur meilleur
jour de manière totalement artificielle. Les trois femmes regardent sur les murs-écrans du salon un
programme abrutissant et violent, mais ultra stimulant (plein de couleurs et de mouvements, le tout dans une
certaine frénésie). Montag décide alors d'éteindre le programme et les murs-écrans. Les trois femmes se
tournent vers lui d’un air frustré et accusateur. Montag tente d'entamer une conversation en demandant aux
femmes des nouvelles de leurs maris. Mme Phelps répond que le sien est parti pour une “guerre éclaire” qui,
d’après le gouvernement, ne durera pas plus de 48 heures. Elles se rassurent alors toutes les trois sur le fait
que cette “guerre éclaire” n'est qu'une formalité parmi d'autres. D’après elles, lorsque cette formalité sera
terminée, personne n’en parlera plus et il n’y aura plus de souci à se faire. Mais Montag sait que leurs propos
cachent une réelle anxiété. Une anxiété qui les pousse à se voiler la face sur la réalité des choses. Elles
préfèrent se rassurer sur le fait que personne ne meurt jamais à la guerre (sinon les maris des autres femmes)
; que ce n'est pas à elles mais à leurs maris de porter le poids de cette préoccupation et que même si un
malheur arrivait, elles sont assez indépendantes pour refaire leur vie sans avoir à surmonter un quelconque
chagrin ou à se sentir coupables. Avant que la conversation ne devienne trop inconfortable, Mildred prend
l’initiative de la faire dévier sur un sujet insignifiant. Mais le malaise intérieur de Montag ne fait que
s'amplifier à mesure qu’il prend conscience de leur attitude à toutes les trois face à la réalité de la vie.
Montag tente une nouvelle fois d’entamer une conversation sérieuse en demandant aux amies de sa femme
des nouvelles de leurs enfants. Madame Phelps répond avec un agacement certain qu’elle ne voit pas qui
voudrait s’embêter avec des enfants. Mme Bowles n’est pas du même avis. Pour elle, Il faut que la race se
perpétue, et il n’y a de toute manière pas besoin de souffrir pour faire naître un enfant. Elle a d’ailleurs
insisté pour accoucher des siens par césarienne. Mme Bowles ajoute même que les enfants ont cela
d’agréable qu’ils peuvent parfois vous ressembler. Pour elle s'occuper des enfants revient elle considère ses
enfants comme du linge sale donc elle veut s'occuper le moins possible point elle préfère les placer à l'école,
exactement comme elle jetterait son linge dans une machine avant de fermer le couvercle. Montag reste
debout à l'entrée du salon, à les regarder sans rien dire. Mildred reprend la main sur la conversation en
déviant à nouveau celle-ci sur un autre sujet : la politique. Madame Bowles se montre enthousiaste et
n'hésite pas à dire qu’aux dernières élections, elle a voté pour le candidat Winston Noble. Elle a voté pour
elle avant tout parce qu'il est beau, alors que le candidat adverse, Hubert Hoag, était négligé, inintelligible et
donc peu crédible. Elle se demande même comment ils ont pu imaginer qu'un tel candidat avait une chance
de rivaliser. Montag finit par s’énerver. Il se retire un instant et revient avec un livre de poésie à la main.
Mme Bowles a soudainement l'envie très forte de rentrer chez elle, mais Mme Phelps propose au contraire
la lecture d'un poème par Montag, en espérant que cela suffise à écarter le sujet aussi rapidement que
possible. Dans son oreillette, Faber tente de l’en dissuader. Mildred reprend la situation en main en
expliquant que son mari souhaite lire un passage du livre pour leur montrer que son contenu n’a aucun sens.
Montag cède à la proposition de Mildred et leur lit un poème à haute voix.
“[...] Et nous sommes ici comme dans une plaine Obscure, traversée d’alarmes, paniquée, Où
dans la nuit se heurtent d’aveugles armées.”
Mme Phelps reste assise, en pleurs, Mildred tente de la consoler tandis que Mme Bowles s’énerve contre
Montag, plaidant la stupidité et la nocivité du texte qu’il vient de lire. Ce dernier s’énerve à son tour en lui
demandant de rentrer chez elle et de prendre le temps de penser aux plus gros échecs de sa vie au lieu de
continuer à les ignorer. Montag se retrouve finalement seul avec Mildred, préparant ses somnifères pour
dormir. Dans l’oreillette de Montag, Faber répète que son attitude face à elles avait été une erreur idiote et
très risquée. Montag constate que Mildred s’est déjà débarrassé de certains des livres qu’il conservait. Il
cache alors les livres restant dans un buisson derrière leur maison. Mildred s’est endormie. Montag prend le
chemin de la caserne pour s’entretenir, comme convenu, avec le capitaine Beatty. Sur le chemin, Faber tente
de calmer Montag suite à son attitude à l’égard des amies de sa femme. Il le rassure sur le fait qu’il sera avec
lui jusqu’à ce qu’il devienne un homme nouveau, et qu’il puisse regarder en arrière sereinement. Montag se
sent changé intérieurement grâce à Faber, comme s’il s’imprégnait d’une part de sa sagesse. Faber lui
demande de ne pas accabler les autres comme il l’a fait avec Mme Bowles et Mme Phelps. De ne pas se
sentir coupable. De ne pas se décourager pour le bien du monde. Et de ne pas avoir peur de commettre des
erreurs.
::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par chapitre :::
Lorsque Montag arrive à la caserne, le limier n’est pas là. Les hommes jouent aux cartes. Le capitaine Beatty
annonce la venue de Montag en l’appelant “l’idiot”. Montag remet le livre au capitaine. Ce dernier le jette
dans une poubelle, craque une allumette et l'enflamme. Beatty espère que Montag restera avec eux
maintenant que sa fièvre est tombée et lui propose de jouer au poker avec eux. Montag projette toute la
culpabilité qu’il ressent sur ses mains. Comme si elles avaient développé une conscience depuis qu’elles
avaient commencé à voler des livres. Il les lave plusieurs fois pendant la partie et les cache sous la table.
Mais Beatty lui rappelle de les laisser bien en évidence. Tous les pompiers semblent être au courant des
méfaits de leur collègue. Le capitaine Beatty considère que Montag s’est rendu ivre à cause de quelques
lignes, mais que la crise est désormais passée. Beatty affirme avoir rêvé de Montag et lui-même. Il se sert du
prétexte de ce rêve pour devancer toute argumentation éventuelle de la part de Montag. Ce dernier tente de
défendre l’intérêt des livres, tandis que le capitaine tourne à son avantage les citations d’auteurs célèbres
pour s'efforcer de mettre en avant leur absurdité et leur nocivité. Dans son rêve, le capitaine affirme avoir
entendu Montag lui dire que “Savoir c’est pouvoir !”, et qu’il lui répondait une phrase du poète et
philosophe Paul Valéry :
“La sottise qui consiste à prendre une métaphore pour preuve, un torrent verbeux pour une
source de vérités capitales, et soi-même pour un oracle, est innée en chacun de nous.”
Dans l’oreille de Montag, Faber le met en garde sur le fait que Beatty essaie de le déstabiliser. Montag se
sent tellement confus qu’il a envie de crier. Beatty continue à le mettre sous pression en prenant son pouls et
en révélant à tous les autres pompiers qu’il est anormalement élevé. Faber lui dit de tenir bon. Beatty
continue son rêve dans lequel il prouvait à Montag que les livres pouvaient se retourner contre lui. Montag
en était effrayé. Ils revenaient finalement à la caserne en silence, pour retrouver la paix. Beatty conclut son
rêve en déclarant :
“Tout est bien qui finit bien.”
Le silence se fait. Faber dit à Montag que Beatty a dit ce qu’il avait à dire. Il enregistrera tout ce qu’il a à
dire de son côté et laissera faire son choix à Montag. Lui rappelant que Beatty est un assassin de la vérité et
de la liberté. Montag veut répondre à Faber mais l’alerte de la caserne sonne pour signaler une intervention.
Beatty conduit le camion pendant que Montag est accroché, se demandant quand sa colère intérieure va-t-
elle s’éteindre et le laisser en paix. Le camion s’arrête, mais Montag se sent incapable de descendre.
Incapable d’accomplir cette nouvelle mission. Beatty remarque son comportement et vient juste à côté de lui
pour lui demander si quelque chose le dérange. Montag tourne lentement la tête vers Beatty et répond :
“Ca alors, [...] nous voilà arrivés devant chez moi.”
Montag et Beatty se tiennent debout face à la maison. Dans la rue, des voisins murmurent entre eux en
observant la scène. Beatty compare Montag à Icare, qui s’est brûlé les ailes en volant trop près du soleil. Il
l’avait pourtant prévenu en lui envoyant le limier. Pour lui, il s’est juste fait avoir par Clarisse. Mildred sort
de la maison avec une valise. Montag, sous le choc, lui demande si c’est elle qui l’a dénoncé. Elle passe
devant lui sans rien dire, monte dans un taxi et s’en va. Les pompiers cassent les vitres de la maison pour
créer des courants d’air. Beatty allume son igniteur et décrit le feu comme l'antiseptique parfait. Il est beau et
il élimine tout sans laisser craindre un quelconque pourrissement. Les livres ont été disposés sur le sol de la
maison, comme pour la vieille femme qui s’était immolée. Cette fois-ci, Beatty souhaite que Montag fasse le
ménage lui-même avec son lance-flammes et non en aspergeant les livres de pétrole. Faber lui propose de
fuir, mais Montag crie à haute voix “Non ! Il y a le limier dans le coin !”. Beatty pense que cette phrase lui
est adressée. Il lui confirme que le limier rôde à proximité et que c’est une bonne raison de rester tranquille,
de ne rien tenter. Beatty lui donne le coup d’envoi pour brûler les livres. Montag déclenche son lance-
flammes. Ce ne sont pas seulement les livres qui brûlent, mais tout ce qu’il reste de sa vie. Les lits de la
chambre à coucher, la vaisselle et les meubles de la salle à manger, et bien sûr, les murs-écrans du salon.
Mildred est finalement bel et bien devenue une étrangère pour lui qu’il pourrait oublier dès le lendemain.
“Quand tu en auras fini, dit Beatty derrière lui, considère-toi en état d’arrestation.”
Montag est paralysé, tétanisé. Faber lui dit à nouveau de s’enfuir. Beatty tend l’oreille. Il frappe Montag
derrière la nuque, l’écouteur tombe et il le ramasse. Beatty coupe la communication et affirme qu’ils vont
remonter à la source et trouver son complice. Instinctivement, Montag retire le cran de sûreté du lance-
flammes et joue le capitaine. Beatty lui renvoie son plus beau sourire. Il lui demande de lui remettre l’arme
en le provoquant par la même occasion. Après un court silence à écouter Beatty lui parler, Montag répond
seulement :
“Nous n’avons jamais brûlé ce qu’il fallait...”
Montag appuie sur la gâchette et enflamme le capitaine Beatty. Celui-ci se débat en vain contre les flammes.
Montag ferme les yeux, se met à hurler en mettant les mains sur ses oreilles. Le capitaine s’écroule et
s'immobilise définitivement. Les deux autres pompiers présents sont tétanisés par ce qu’ils voient. Montag
leur ordonne de se retourner et les assomme. Lorsque Montag se retourne, il aperçoit le limier à l’extérieur
qui lui fonce dessus à la vitesse d’un prédateur. La créature se jette sur lui, brandissant son aiguille à
tranquilisants. Le monstre parvient à projeter Montag contre un arbre à l’extérieur de la maison. Il pique la
jambe de Montag qui réplique aussitôt avec son lance-flammes. Le robot est sévèrement amoché par le feu.
Ses derniers mouvements incarnent la détermination de sa traque, jusqu’à ce qu’il finisse par s’éteindre.
::: Fahrenhei
Au milieu de la nuit, la rue est vide, la maison de Montag brûle alors que les autres ont désormais toutes
leurs lumières éteintes. Certaines se rallument, sûrement suite au vacarme du moment. Montag contourne sa
maison pour marcher jusqu’à la ruelle juste derrière. Sa jambe, désormais engourdie, lui fait horriblement
mal à chacun de ses pas. Montag ressasse le vécu de ses derniers jours en se culpabilisant d’avoir agit
comme il l’a fait. Il songe un instant à se livrer, mais change immédiatement d’avis. Il revient sur ses pas et
retrouve quatre livres là où il les avait cachés. Les rues du quartier commencent à s’agiter. Il prend les livres
et court comme il peut en boitant. Une prise de conscience le saisit et le fait tomber à terre. Il réalise que
Beatty voulait mourir. Il l’avait provoqué pour qu’il le tue de ses mains. Des pas se rapprochent de lui. Il
continue sa fuite. Alors qu’il court tant bien que mal, Montag récupère progressivement l’usage de sa jambe.
Il repense à Faber dont il a brûlé la capsule et a brièvement l’impression de l’avoir brûlé lui en tant que
personne. Il fouille dans ses poches et trouve un autre coquillage, celui que chaque citoyen possède. Il le met
à l’oreille et entend un communiqué de la police qui le recherche pour meurtre et crime contre l’état. Il
traverse six pâtés de maisons et un boulevard totalement désert. Il arrive à proximité d’une station service et
envisage de nettoyer son visage ainsi que son apparence générale dans l’espoir de pouvoir passer inaperçu.
Une nouvelle prise de conscience le saisit. Il se demande simplement où est-ce qu’il va comme ça. Il ne s’est
même pas posé la question avant. Vers où s’enfuit-il ? Il réalise que sa seule chance est de rejoindre Faber et
que d’instinct il se dirige déjà vers chez lui. Même si Montag sait qu’il est beaucoup trop risqué pour Faber
de le cacher, il faut qu’ils se voient. Un bruit le sort soudainement de ses pensées. Celui de deux douzaines
d’hélicoptères de la police patrouillant au loin à sa recherche.
Montag s’infiltre dans la station pendant que les employés s’occupent des clients. La radio annonce une
guerre imminente, mais il est incapable d’ajouter cette considération à ses problèmes actuels. Il va dans les
toilettes, se lave discrètement le visage pour paraître moins suspect, quitte la station aussi discrètement qu’il
y est entré et continue sa fuite dans les rues de la ville. Alors qu’il marche dans les rues en faisant profil bas,
une voiture au loin semble accélérer vers lui. Sans doute une voiture de la police. Montag décide de
continuer à marcher naturellement, mais la voiture fonce toujours vers lui. Elle accélère, plein phares sur lui.
La peur s’empare de Montag et il craque. Il se met à courir, perd quelques livres au passage. La voiture se
rapproche dangereusement de lui. Il trébuche et tombe allongé sur la chaussée. La voiture dévie au dernier
moment de sa course et passe juste à côté de Montag. L’une de ses roues lui frôle le bout de sa main droite
étendue sur le sol. Montag reprend ses esprits et réalise qu’il ne s’agissait pas d’une voiture de la police,
mais de jeunes qui s’amusent. Ils se sont certainement mis en tête de le tuer pour se divertir. Au dernier
moment, le chauffeur a dû comprendre que s’il roulait sur une cible allongée, il risquait l’accident et la vie
de tous les occupants de la voiture. Grâce à sa chute, Montag vient sans doute d’échapper à la mort malgré
lui. ::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par chapitre :::
3.5 Dans la maison de Black
Montag s’infiltre dans la maison de son ancien camarade pompier Black. Sa femme est endormie. Il cache
quelques livres dans la cuisine puis dénonce leur présence depuis une cabine téléphonique à proximité.
::: Fahrenheit
Montag frappe à la porte de chez Faber. Il lui ouvre et ils restent tous les deux à se contempler un court
moment. Les sirènes retentissent au loin. Faber tire Montag à l’intérieur. Montag lui explique tout ce qui
s’est passé depuis leur dernière communication. Il pense qu’il a agit comme un imbécile, mais Faber ajoute
que c’était avec de bonnes intentions. Montag revient sur tout ce qu’il a fait et ce qu’il a perdu en une
semaine à peine, en mettant le doigt sur l’origine de son mal-être :
“Ce que je faisais n’était plus en accord avec ce que je pensais.”
Faber lui rappelle qu’ils sont en guerre, mais que ce constat semble lointain par rapport à leurs propres
ennuis. Faber lui dit de traverser le fleuve pour aller du côté des voies ferrées aujourd’hui abandonnées.
D’après lui, il trouvera là-bas des anciens fugitifs, des intellectuels vivant désormais dans la nature. Une fois
que Montag aura atteint cet endroit, ils pourront reprendre contact. De son côté Faber prendra un train d’ici
quelques heures pour rejoindre un imprimeur à Saint Louis. Montag lui remet l’argent qui lui reste pour
payer l’imprimeur. Faber emmène Montag dans sa chambre et lui révèle derrière un tableau, un petit
téléviseur. Il est petit parce qu’il veut pouvoir le cacher de sa main si nécessaire et ne pas être sous l’emprise
des grands écrans muraux. Il allume le poste de télé et une voix rappelle que la police le recherche toujours
et qu’un nouveau limier a été lancé à sa poursuite. La télévision vante de manière propagandiste la férocité
du limier et la précision implacable de son odorat. Montag réalise à ce moment-là qu’il a laissé son odeur
partout et que le limier finira par le retrouver. À la télévision, Montag voit sa maison qui lui semble
désormais lointaine. Il réalise à peine que tout ce “remu méninges” est pour lui. Une émission retransmise
sur tous les murs-écrans de millions de citoyens. Une émission dont il pourrait, s’il le souhaitait, maîtriser le
scénario par le simple fait de ses propres actes. Il en se demande ce qu’il pourrait bien trouver à dire en
quelques mots pour tenter de réveiller toutes les personnes devant leurs murs-écrans, au moment où le limier
le trouverait enfin. Dans le petit écran, Montag et Faber voient le limier être débarqué en hélicoptère près des
ruines de sa maison. On lui fait sentir le lance-flammes que Montag avait tenu. Le limier est désormais sur
ses traces. Montag décide de s’en aller. Il dit à Faber de brûler tout ce qu’il a touché et de mettre tout en
œuvre pour effacer son odeur des lieux. Montag part seul en direction du fleuve, avec une bouteille de
whisky et une valise remplie de vieux vêtements sâles de Faber qui portent son odeur. Cette fois, pas
d’écouteur dans l’oreille, pas de communication avec Faber. Une pluie s’installe dans l’obscurité de la nuit.
Montag penche la tête en arrière, laissant quelques gouttes toucher son visage.
::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé cha
Montag court vers le fleuve. Il sent le poids du limier qui se rapproche de lui. Il s’arrête pour reprendre son
souffle aux abords d’une maison et aperçoit par la fenêtre des silhouettes regardant les murs-écrans qui
diffusent sa poursuite. Le limier parcourt les rues que Montag a parcourues avant lui. Il arrive finalement au
niveau de la maison de Faber et s’arrête. Montag retient son souffle en espérant qu’il passe sa route. Le
limier hésite, il sort son aiguille, puis la rentre, puis la ressort… Il la rentre et passe son chemin pour
poursuivre sa course dans la direction de Montag. Le bruit des hélicoptères qui se rapprochent, vient rappeler
à Montag qu’il n’est pas seulement en train de suivre un feuilleton. Ce n’est pas une fiction mais bien la
réalité. Il se fait violence pour repartir vers le fleuve. Alors qu’il traverse les rues en courant, il aperçoit
furtivement les murs-écrans de chaque résidence diffusant les images de la chasse du limier. Tout le monde
semble avoir les yeux rivés sur sa traque. Une voix dans l’écouteur de Montag invite tous les citoyens à
participer à une opération de traque collective. À dix, tout le monde doit ouvrir la porte de chez lui et
regarder à l’extérieur pour trouver le fugitif. La voix commence à compter : 1, 2, 3… Montag accélère sa
course vers le fleuve. Il sent la présence de tous les habitants des maisons voisines se rapprocher de leur
porte d’entrée comme des somnambules. La voix arrive à 10. Montag se précipite vers une pente
descendante et s’enfonce in extremis dans l’obscurité. Il réalise qu’il vient d’atteindre le fleuve. Il se met
dans l’eau, se lave, enfile les vêtements de Faber et jette les siens. Il avance un peu plus loin dans l’eau, perd
pied et se laisse finalement porter par le courant. Le limier est à quelques centaines de mètres plus loin sur
les rives du fleuve et les hélicoptères grondent au-dessus de lui. Le projecteur lumineux de l’un d’eux se
rapproche de lui. Montag plonge sous l’eau. Le projecteur passe. Les hélicoptères et le limier repartent vers
la ville comme s’ils poursuivaient une nouvelle piste.
Montag a la sensation de laisser derrière lui l’irréalité pour la réalité. Il se laisse flotter sur le dos, porté par le
courant. Pour la première fois, il remarque une quantité innombrable d’étoiles dans le ciel nocturne. Il
contemple la lumière de la lune et remonte à celle du soleil. En fin de compte, le soleil est un feu qui brûle
continuellement. Il brûle le temps, les années et les hommes. Montag vient de trouver une raison de ne plus
jamais brûler. Au contraire, il faut que quelqu’un s’attèle à sauvegarder les acquis par tous les moyens, car le
soleil est déjà là pour les brûler. Il se retrouve naturellement poussé sur la rive. La peur que les hélicoptères
ou le limier surgissent à nouveau, l'empêche de sortir de l’eau. Autour de lui seul règne le silence de la
campagne. Un silence qui aurait fortement déplu à Mildred, songe-t-il tristement. L’odeur de paille qui
parvient jusqu’à Montag, fait remonter en lui le souvenir d’une ferme qu’il avait visitée dans son enfance. Il
se projette alors dans une vie idéalisée en pleine campagne. Il s’imagine passer une nuit à dormir sur de la
paille séchée dans une grange, à écouter les sons de la nature. Il voit une très belle jeune femme à la fenêtre
de la ferme à proximité. Il ne voit que sa silhouette mais pour lui, elle a certainement les traits de Clarisse,
pourtant si lointaine dans ses souvenirs. Il s’imagine pouvoir contempler en toute sécurité les bombardiers
passant dans le ciel au loin. A son réveil, après une nuit de bon sommeil, il trouve un verre de lait frais et des
fruits. Tout ce dont il a réellement besoin pour se sentir en vie. Cette pensée l’aide à sortir de l’eau. Le vent
lui glace le corps. La terre à perte de vue fait l’effet d’une immense vague qui l’immerge d’un seul coup.
Dans l’obscurité de la nature, deux yeux l’observent… le limier ! Montag est saisi, choqué par tout ce qu’il a
traversé pour finalement se retrouver face à face avec le limier qui l’attend. Il pousse un cri désespéré. Pas de
limier. Seulement un daim qui s’enfuit. Il avance seul sur la terre ferme au milieu des feuilles mortes.
Viennent alors à lui des odeurs de pomme de terre, de cornichons, de persil, de moutarde, d'œillets et de
réglisse. Autant d’effluves qui lui donnent le sentiment d’être rempli intérieurement. Il continue à marcher
jusqu’au moment où son pied heurte quelque chose, dégageant un bruit sourd. Il se baisse, cherche avec sa
main dans l’obscurité et tombe sur des rails abandonnés. En marchant le long des rails, il lui vient à l’esprit
une conviction totalement infondée. Celle qu’un jour passé, Clarisse McClellan a suivi elle aussi ce chemin.
::: Fahre
3.9 Les esprits-livres
Au bout d’une demi-heure, il aperçoit un feu au loin. Cette fois-ci, il s’agit d’un feu réconfortant. Il s’en
rapproche. Autour du feu, il distingue des mains qui se réchauffent dans l’obscurité. Montag les contemple
un moment, hésitant à les rejoindre. Il s’avance finalement et des hommes l'accueillent chaleureusement. Ils
l’invitent à s’asseoir et lui offrent un café chaud. L’un deux, Granger, l’appelle par son prénom. Il lui tend
une bouteille et lui dit de boire son contenu pour modifier l’odeur de sa transpiration et brouiller ainsi la
piste du limier. Montag demande comment il connaît son nom. Granger allume un petit poste de télévision
sur lequel sa traque est encore diffusée. Granger lui explique qu’ils ont deviné que les policiers ont perdu sa
trace au niveau du fleuve. Ils doivent continuer à tenir en haleine le public. Ce qui est diffusé à présent n’est
que du bluff. La traque continue vers le nord de la ville. La voix annonce que Montag a été retrouvé. Le
limier bondit sur un homme qui, d’assez loin, peut être confondu avec Montag. La voix annonce qu’un crime
contre la société vient d’être sanctionné. La télévision passe immédiatement sur un autre programme qui n’a
rien à voir. Granger éteint le poste. Montag est sous le choc de ce qu’il vient de voir. Granger fait la
présentation des hommes qui l’entourent. Ce sont tous d’anciens hommes de lettres, pour certains
professeurs émérites d’anciennes universités prestigieuses, proches de domaines comme la philosophie, la
sociologie, la psychologie ou encore la morale. Montag leur raconte qu’il a essayé de cacher des livres chez
les pompiers, mais qu’il estime désormais que son action était largement insuffisante. Il leur dit également
qu’il avait en sa possession un exemplaire de l'Ecclésiaste, qu’il l’a perdu et que même s’il a essayé de le
mémoriser il ne s’en souvient plus. Granger lui explique que c’était la meilleure chose à faire et qu’eux-
mêmes mémorisent aussi les livres. Ils ont les moyens de lui rafraîchir sa mémoire à terme. Ainsi, Granger
est La République de Platon, M. Simons est Marc Aurèle et Guy Montag est désormais L’Ecclésiaste.
Granger lui présente tous ceux qui se tiennent autour d’eux. Ils préfèrent préserver le savoir, plutôt que
d’attiser la colère des gens et les retourner les uns contre les autres. Pour eux, la guerre s’en chargera elle-
même. Ils préfèrent ne pas forcer les gens à écouter, mais attendre le moment où ils se remettront en question
de leur propre initiative en se demandant comment le monde a-t-il pu devenir ce qu’il est. Ils attendent
patiemment le moment où ils pourront réécrire les livres. A ce moment-là, les gens ayant mémorisé les livres
et qui sont aujourd’hui dispersés un peu partout, seront convoqués pour les réécrire. Ils éteignent le feu et
s’en vont en suivant le fleuve vers le sud. En marchant, Montag contemple les visages de tous les hommes
qui l’entourent en cherchant une lueur d’espoir pour l’avenir. Quelqu’un lui dit pour plaisanter :
“Ne jugez pas un livre d’après sa couverture.”
Tout le monde rit en cœur. ::: Fahrenheit 451 : résumé détaillé chapitre par chapitre :::
Montag se retourne vers la ville désormais lointaine. Il confie à Granger que si sa femme Mildred venait à
mourir, il est convaincu qu’il ne ressentirait rien. Granger lui raconte que lorsque son grand-père est mort, il
a pleuré non pas pour lui mais pour les choses qu’il ne referait plus jamais. Sculpter des morceaux de bois,
élever des tourterelles et des pigeons dans l’arrière cour, nous raconter des blagues... Tout cela faisait partie
de lui et personne ne le remplacera. Le jour de sa mort, le monde n’a pas seulement perdu un homme, mais
la manière dont il le façonnait à son image à travers ses actions. Selon le grand-père de Granger, chacun doit
laisser quelque chose à sa mort. Il faut que chacun puisse au moins changer une chose en une autre, créer de
la différence.
“La différence entre l’homme qui ne fait que tondre le gazon et un vrai jardinier réside dans le
toucher [...]. L’homme qui tond pourrait tout aussi bien n’avoir jamais existé ; le jardinier, lui,
existera toute sa vie dans son œuvre.”
Son grand-père lui avait montré les essais nucléaires pour lui montrer à quel point, malgré l’ampleur qu’on
leur accorde à notre échelle, ils restaient insignifiants face à l’immensité de la nature. Par cette
démonstration, il lui avait rappelé de ne jamais oublier à quel point la nature peut tous nous balayer en un
clin d'œil. L’instant d’après, un éclat de lumière envahit l’horizon. Au loin, la ville vient d’être bombardée.
::: Fahren
3.11 Le phénix
C’est comme si la guerre s’était terminée aussi rapidement qu’elle avait commencé. Lorsque Montag réalise
ce qui vient de se passer, les bombardiers ennemis ont déjà disparu dans la nuit. Montag crie instinctivement
au loin “Sauvez-vous !” à l’attention de Faber, Clarisse et Mildred. Mais il se rappelle que Clarisse est morte
et que Faber avait certainement quitté la ville pour Saint Louis. Il imagine alors Mildred, quelques instants
avant l’impact des bombes. Dans sa chambre d’hôtel, absorbée par le plaisir immédiat que lui procurent les
murs-écrans, en train de parler encore et toujours à la “famille” des visages qu’ils affichent. Puis l’instant
d’après, les murs-écrans deviennent entièrement noirs, laissant à Mildred le temps de voir une dernière fois
le reflet de son visage vide. Elle aurait alors eu à peine le temps de lever les yeux avant que le plafond de sa
chambre ne s’effondre. Montag se souvient de l’endroit où il a rencontrée Mildred. Il y a longtemps, à
Chicago ! L’onde de choc des bombardements arrive jusqu’à eux et les renverse tous dans une vague de
poussière. Montag, à terre, ouvre furtivement les yeux pour apercevoir la ville désormais en ruines. Alors
qu’il suffoque dans la poussière environnante, il se souvient soudainement d’un passage de L'Ecclésiaste. Il
s’empresse de répéter les mots en silence pour ne pas les oublier une nouvelle fois. Les hommes hurlent,
pleurent et s’accrochent à la terre. Le silence s’installe. Ils regardent autour d’eux. Montag considère le
fleuve, puis les voies ferrées. Il se dit que les choses qu’ils ont en chacun d’eux finiront un jour par ressortir
à travers leurs paroles et leurs actes. Il s’assied devant le lever d’un soleil encore discret à l’horizon. Les
hommes autour de lui en font de même. Granger est hors de lui, il s’énerve et pleure à la fois. Il constate à
haute voix que la ville n’est plus qu’un tas de poussière informe, et se demande combien de gens ont pu voir
le coup venir. Montag se demande la même chose à travers le monde. Combien de cités anéanties ?
Quelqu’un allume un feu vers lequel les hommes se mettent à converger. Granger sort du lard. Alors qu’ils
regardent la viande en train de cuire, Granger parle du phénix. Une créature mystérieuse qui, chaque siècle,
s’immole et renaît de ses cendres. Selon lui, ils viennent de faire la même chose, mais avec un avantage sur
le phénix. Ils ont désormais conscience de toutes les erreurs qu’il faut éviter à l’avenir. Ils mangent tous
pensivement et se remettent en marche. Granger leur rappelle à tous qu’ils n’ont aucune importance, qu’ils
ne sont rien, mais qu’un jour, ce qu’ils transportent tous, rendra peut-être service. Dans les prochains jours,
mois, années, ils croiseront certainement des gens esseulés et désespérés. Quand ces gens leur demanderont
ce qu’ils font, ils pourront répondre :
“Nous nous souvenons.”
Alors qu’ils marchent, Montag cherche une chose dont il pourrait se souvenir et rappeler aux autres lorsque
l’heure de midi sera venue. Un passage de L’Ecclésiaste décrivant l’apocalypse lui vient à l’esprit :
“Des deux côtés du fleuve était l’arbre de vie qui porte douze fruits et donne son fruit chaque
mois ; et les feuilles de cet arbre sont pour guérir les nations.”
© Source : Fahrenheit 451 : résumé complet du livre de Ray Bradbury - 2020-12-04 08:35:56 - https://the-flares.com ©