Le Policier

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LYCEEMARTINV -RUEDUCDLI.

FGE,3
1348 LouvAlN-lA-NEUVE

Le roman policier
Fran9ais - 3eme annee
Mr. Thirion
Lors de ce parcours litteraire, nous exercerons les competences C2, C3, C4 et C6.

A. Le genre policier
Le terme "polar" est ne en France dans les annees 1970 de "policier" et d'un suffixe
argotique pour designer un film policier puis, plus generalement, un film ou un roman
policier.

11 peut etre employe comme terme generique englobant les termes plus specifiques
"roman policier" (apparu en France en 1890), "roman a enigme", "roman noir" ou "hard
boiled', "roman a suspense", "neo-polar", etc., qui correspondent a differentes formes du
genre.

1. Le roman policier classigue

Le roman policier classique (periode comprise entre Conan Doyle et Agatha Christie)
est appele "roman a enigme", "roman- probleme" ou "roman-jeu". 11 propose au lecteur de
resoudre une enigme criminelle. C'est un rebus sous forme narrative. L'une des regles du
décor anglais

genre veut que le lecteur et le detective aient des chances egales d'elucider le mystere.
L'auteur presente le resultat (le plus souvent un meurtre) avant la cause (le coupable) et
distille les indices minutieusement doses tout au long du recit afin de permettre au lecteur
d'elaborer lui-meme le travail d'elucidation que mene l'enqueteur.

Tout dans le roman a enigme doit etre fonctionnel : en sont par exemple bannies les
descriptions et les analyses psychologiques qui ne sont pas regies par les besoins de l'intrigue
ainsi que les intrigues amoureuses, susceptibles de detoumer !'attention du lecteur de l'enigme,
de deranger le mecanisme du probleme intellectuel.

Le heros est le detective. C'est un genie de la deduction doue d'un don d'observation
exceptionnel, d'une minutie frisant la · maniaquerie; il est courtois et rigoureux, mais
extravagant et plein de bizarreries. 11 agit peu, mais apprend. Rien ne peut lui arriver : une
regle du genre postule l'immunite du detective.

La solution est inattendue mais logique. Le processus de detection est divise en


plusieurs etapes et fait appel au raisonnement. L'enqueteur, face a l'enigme du cadavre,
commence un travail d'observation et d'interrogations. 11 enregistre tous les aspects du lieu du
crime, du comportement des suspects et de leurs reactions verbales a ses premieres questions.
11 elabore une hypothese de travail qui lui permet de conduire les interrogatoires vers un but
de plus en plus precis. 11 intercale des phases de consultation, en discutant soit avec un
collaborateur (souvent borne) soit avec lui-meme. II passe a la conclusion en exposant les
mobiles et le deroulement du crime et oblige l'assassin a se demasquer et a admettre sa
culpabilite.

C'est un roman (contrairement au roman d'aventure) qui exige une societe fermee (le
groupe familial ou professionnel, le lieu geographique etroit, le groupe isole arbitrairement
chemin de fer, paquebot) aux rites elabores.

Le roman policier 3eme


annee 1
Thirion Philippe
La position narrative est la focalisation : le narrateur ne peut pas, par definition, etre
omniscient; chaque fait est per9u atravers un personnage-point de vue. Le recit prend souvent
la forme de memoires. L'histoire est souvent racontee par un ami du detective. Le sujet du
livre est moins "ce qui s1est effectivement passe" que "comment le narrateur en a pris
connaissance".

Le style doit etre transparent; la seule exigence a laquelle il obeit est d'etre simple,
clair, direct.

2. Le roman noir

Aux formes relativement figees du roman-probleme s'oppose la structure plus


permeable du "roman noir", ne aux Etats-Unis apres la deuxieme guerre mondiale. La le
meurtre ne sert pas de declencheur obligatoire aux operations du detective. II a lieu au cours
du recit. La structure n1est plus retrospective mais prospective. II n'y a pas de point d'arrivee a
partir duquel le narrateur embrasserait les evenements passes; le lecteur ne sait pas si le heros
survivra. Celui-ci a perdu son immunite : ii se fait blesser, risque sans cesse sa vie. Il est
integre a runivers des autres personnages, au lieu d'etre l'observateur independant des romans
aenigme. Pour le lecteur, l'interet n'est plus la curiosite (qui veut aller de l'effet ala cause)
mais le suspense: l'attente angoissee de ce qui va arriver.

Venigme et le mystere ne jouent plus qu'un faible role dans le roman noir, qui lui
a substitue l'action. L'acte criminel, elude par le roman-probleme, est ici susceptible de
representation. Le coupable est tot demasque. L'interet du lecteur ne porte que secondairement
sur un probleme aresoudre. II s'attache principalement ala tension dramatique. Le roman noir
se rapproche en ce sens du roman d'aventure : ii ne s'agit plus d'identifier les coupables
mais de les capturer, de les mettre hors d'etat de nuire. II s1ensuit bagarres, fusillades et
filatures en series.

Alors que le roman policier classique semblait fige clans le manicheisme, le roman
noir juxtapose des incarnations d'un monde negatif, le gangster et le "priven. Le heros n1est
plus un detective distingue, c'est un hard boiled, un "dur a cuire", solitaire, violent, desabuse,
grossier et se trouvant souvent a la limite de la legalite. II ne resout plus les enigmes de son
bureau mais arpente les quartiers mal fames. Le criminel est souvent un professionnel (le
tueur agages) qui ne tue pas pour des raisons personnelles.

Le detective-aventurier evolue clans un environnement (lieu et societe) diversifie. Son


enquete devient ainsi un temoignage sur la specificite d'une communaute humaine, d'un
espace urbain, d'un processus ecologique et politique. L'investigation fournit presque toujours
un supplement de connaissances atravers une vision insolite et un discours denonciateur.

Certains traits de style appartiennent en propre au roman noir. Le heros est un


marginal, un deracine; il comprend la gamme entiere des registres de langue, vocabulaire
argotique.

3. Le neo-polar

Le roman noir americain a suscite en France, alors que la source americaine


commen9ait ase tarir, la naissance du "neo- polar ala fin des annees 1970. Produit de l'esprit

Le roman policier 3emeannee 2


Thirion Philippe
revolutionnaire et anarcho-gauchiste de mai 68, roman de la revolte et de la denonciation des
inegalites sociales, du racisme, des "magouilles" politiques et des bavures policieres, le neo-
polar se moque que le crime soit elucide et que justice soit faite. Le crime n'est plus
necessaire, le suspense nait tout entier de la realite sociale. De nouveaux auteurs comme
Manchette, Siniac, Jaouen, Delacorta, Alexandre Varoux et surtout Michel Lebrun
bouleversent les regles du genre. L'histoire se modifie, change de decor, rode autour des
H.L.M., s'interesse aux chomeurs, aux ecologistes, prend pour heros des terroristes ou des
C.R. S. et pour theme, par exemple, le passe du secretaire general d'un grand parti de gauche.

Indifferent aux modeles et aux categories, le neo- polar mele roman psychologique et
roman d'espionnage, chronique politique et chronique sociale.

4. Les autres ...

Le roman d'espionnage: variante politique du roman policier. Ne dans l'entre-deux guerres,


il conna1t un essor a partir de 1945 avec la guerre froide (USA/URSS), la montee du
communisme et l'angoisse de l'ere atomique. Exemple d'auteurs: Ian Fleming (James Bond).

Le thriller: il appara1t dans les annees 1920 sous l'influence du roman noir americain et du
cinema. Auteurs: William Irish (Fenetre sur cour), Boileau-Narcejac, Mary Higgins Clark,
Stephen King.

Le thriller psychologique: recit depourvu d'enigme et d'elucidation. Le coupable est connu


des les premieres pages. On ne s'interesse pas au crime mais au criminel, a ses reactions, au
mobile. Auteur : Patricia Highsmith.

5. Ouelgues references

Edgar Poe, Meurtres dans la rue Morgue, 1841, le Mystere de Marie Roget, 1842-1843, la
Lettre volee, 1845.
Emile Gaboriau, l'Affaire Lerouge, 1866, le Dossier 113, 1867, le Crime d'Orcival, 1867,
Monsieur Lecoq, 1869, la Corde au cou, 1873.
Charles Dickens, le Mystere d'Edwin Drood, 1870.
Fortune de Boisgobey, la Vieillesse de M Lecoq.
Conan Doyle, Une etude en rouge, 1887, le Signe des quatre, 1890, le Chien des Baskerville,
1902, la Vallee de la peur, 1915 (cycle de Sherlock Holmes: 1887-1927).
Jules Verne, Jes Freres Kipp, 1902, Un drame en Livonie, 1904.
Maurice Leblanc, l'Arrestation d'Arsene Lupin, 1905.
Austin Freeman, l'Empreinte rouge, 1907.
Gaston Leroux, le Mystere de la chambre jaune, 1907, le Parfum de la dame en noir, 1909.
Gilbert Keith Chesterton, la Sagesse du pere Brown, 1910.
Pierre Souvestre et Marcel Allain, Fantomas, 1910-1914.
Agatha Christie, la Mysterieuse Affaires des Styles, 1920, le Meurtre de Roger Acroyd, 1926.
S. S. Van Dine, la Mysterieuse Affaire Benson, 1923, l'Assassinat du canari, 1927.
William Riley Burnett, Petit Cesar, 1929.
Dashiel Hammet, Rouge Moisson, 1929, le Faucon maltais, 1930.
Georges Simenon, Pietr le Letton, 1931.
Francis Iles, Complicite, 1931, Premeditation, 1932.
James Cain, le Facteur sonne toujours deuxfois, 1934.

Le roman policier 3
Thirion Philippe
John Latimer, Quadrille a la morgue, 1936.
Horace Mac Coy, Un linceul n'a pas de poches, 1937.
Hadley Chase, Pas d'orchidees pour miss Blandish, 1939.
Raymond Chandler, le Grand Sommeil, 1939, Adieu ma Jolie, 1940, la Grande Fenetre, 1943,
Fais pas ta rosiere, 1949, Charade pour /es ecroules, 1958.
Leo Malet, 120 rue de la gare, 1943.
William Irish, Lady Fant6me, 1942, la Sirene du Mississipi, 1947, J'ai epouse une ombre,
1948.
Hubert Monteilhet, /es Paves du diable, 1964.
Dominique Fabre, Un beau monstre, 1968.
Louis Thomas, /es Ecrits restent, 1969.
Jean-Patrick Manchette, l'Affaire N'Gustro, 1971, Nada, 1972, la Position du tireur couche,
1981.
Jean Vautrin, A Bulletins rouges, 1973, Billy-ze-Kick, 1974.
Jaouen, la Mariee rouge, 1979.
Siniac, la Caline inspiree, 1981.
Delacorta, Diva.
Didier Daeninckx, Play-Back, 1984, le Bourreau et son double, 1986.

B. Approche des caracteristigues du roman policier

1. Comparons differentes premieres de couverture de « L'assassin habite au 21 » de S.A.


Steeman (voir feuille ci-apres).

Edition de 1996

décor moment perssonage action


- - - -I- --- - - - - - -I- - - - - -
décor anglais 2homme 1 debout
interieur sombre costume
panché vers l'autre
source lumineure
1assis
5h 45 une canne avec paummo en
argent
Type text here

Edition de 1965

décor moment perssonega action


- - - -I- - - - - - - - - -I- - - - - -
mur de brique
plaque de mizon 21
carte de visite mr smith

Le roman policier 3eme annee 4


Thirion Philippe
Le roman policier
3em• annee 5
Thirion Philippe
Quels indices l' auteur a-t-il laisse au lecteur pour lui permettre de supposer que c' est un
roman policier ?

Edition de 1996 : ........................................................................................... .

Edition de 1965 : ........................................................................................... .

2. Analysons la couverture de la B.D. «Lamarque jaune » (Blacke et Mortimer) de Edgar P.


Jacobs (voir feuille ci-apres)

Comment l'auteur parvient-il a donner a cette scene une ambiance mysterieuse, voire
sinistre?

3. La quatrieme de couverture (dos du livre) est utilisee est utilisee par les editeurs dans une
optique de vente. (voir page 8)
Voyons ce qu'elles peuvent contenir !

Point de vue de !'illustration:

Point de vue du texte :

Signes de classification :

Le roman policier 3eme annee 6


TIJ.i.rion Philippe
EDGAR P. JACOBS

LA MAROUE JAU
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Le roman policier 3em• an11ee 8


Thirion Philippe
C. Le texte d'atmosphere

Dans les quatre extraits suivants, releve ce qui contribue acreer une atmosphere, qualifier une
ambiance.

A midi, nous nous mettions a table sur la terrasse du


Temeraire d'ou la vue etait incomparable. Les feuilles V ENDREDI 7 P;Ovembre. Concarneau est
desert. L-horloge Jumineuse de la vieillP ville
de palmi~r nous couvraient d'une ombre. propice ; ) .
qu on aperc;o1t au-dessus des remparts, marque
.,.. '
mais, hors de cette ombre, l'embrasement de la terre et
des cieux etait tel que nos yeux n'en auraient pu sup- onze heures moins cinq.
porter l'eclat si nous n'avions tous pris la precaution de C'est le plein de la maree et une tempete du sud-·
mettre ces binocles noirs dont j'ai parle au debut de ouest fait s'entrechoquer !es barques dans le port.•
·ce chapitre. Le vent s'engouffre clans les rues, ou !'on voit
A ce dejeuner se trouvaient : M. Stangerson,
Mathilde, le vieux Bob, M. Darzac, Mr. Arthur Rance,
a
parfois des bouts de papier filer toute allure au ras
du sol.
Mrs. Edith, Rouletabille, le prince Galitch et moi. Rou-
letabille tournait le dos a la mer, s'occupant fort peu • Quai de l'Aiguillon, ii n'y a pas une l~miere.
des convives, et etait place de telle sorte qu'il pouvait Tout est ferme. Tout le monde dort. Seules les
surveiller tout ce qui se passait clans toute l'etendue du trois fenetres de l'h6tel de !'Amira!, a !'angle de la
chateau fort. Les domestiques etaient a leurs postes ; place et du quai, sont encore eclairees.
le pere Jacques a la grille d'entree, Mattoni a la poterne
du jardinier et les Bernier clans la Toµr Carree, devant [ ... ,]
la porte de l'apparternent de M. et de Mme Darzac.,,.
, En fac~ ~e lui, dans le bassin, un cabpteur qui,
Le debut du repas fut assez silencieux. Nous etions I apres-m1d1, est venu se mettre a l'abn. lJersonne
presque inquietants a contempler, autour de cette sur le pont. Les poulies grincent et un foe ma!
,' •·le, rnuets, penchant les uns vers les autres nos vitres
i._,ires derriere lesquelles il etait aussi impossible cargue claque au vent. Puis ii y a le vacarme
d'apercevoir nos prunelles que nos pensees. continu du ressac, un declic a l'horloge, qui va
sonner onze heures.
/..E.R.01/ K
~ S.(11EtJov G-~ ., 'Le- ~11,>...., ~ .

4,
Chapitre 1
Le passant tomba sans un cri, absorbe par le
brouillard avant d'avoir touche terre. Sa serviette
de maroquin fit floe en giflant le trottoir. E n un ricn de temps, Les Tontons Ftingueurs etaient
Mr Smith soupira. II pensait : « Comme c'est fa- devenus le troquet le plus fouleux de la ville. Faul dire que les
cile! Plus facile encore que la premiere fois! » tauliers qui tenaient le bouge avaient degotte la bonne fonnule
De fait, ii n'avait pas eprouve cette moiteur au : des concerts a tire larigot et du jus de houblon ades prix de
creux des mains et ces tiraillements d'estomac qui, dumping. Avec la mousse, le tavemier Uvrait generalem.ept un
l'avant-veille, avaient ralenti son geste de mort. sourire authentique et franco de port. Pour un peu, on se
s reverberes, allurnes depuis le •matin, jalon- I serait cru dans un film tellement ces endroits-la se rarefient
par les temps qui galopent. Aujourd'hui, les bougnats de base
na1ent les rues de cocons lumineux, et !es rares
agonisent, irresistiblement supplantes par d'itnmondcs buffets
vehicules roulaient a pas d'homme. Des agents de garc aseptises dans lesquels des colonies de pingouins
reglant la circulation on ne distinguait que les gants noeud-papo'ides confondent le client avec un distributeur
et le casque blanc, surmontant la tache bleme du
automati,1ue d'oseille liligranee. Mais tout cela nous eloigne du propos.
visage. « Fameux temps pour !es assassins! » ainsi
que l'avait dit Mr Smith a Mrs Hobson en sortant
de chez lui.
II retourna le corps du pied, s'agenouilla, prit le
poignet de sa victime. Enfin ses mains gantees de Au premier rang, devant la scene, trois punks emeches
caoutchouc noir coururent sur elle cornme de dili- pogottaient avec toute la finesse, la delicatesse, la subtilite qui
gents necrophores. caracterisent generalement les membres de cettc tribu.
Dix minutes plus tard, devant le numero 15 de Chausses de Doc Martens, les ericretes en question ecrasaient
Rackham Street, quatre hommes entouraient une concicncieusement tousles panards qui passaient a portee.
masse sombre etendue sur le trottoir. Une fausse blonde circulant en talons aiguilles avail meme eu
la chcville tordue. A vrai dire, tout le monde s'en foutait car
ce n'etait pas Rita Hayworth. U est d'ailleurs assez amusant
de cons tater combien la sollicitude de nos contemporains
s'avere proportionnelle a la plastiquc de nos petites
enveloppcs corporelles. Mais tout cela nous eloigne du
propos. Car ii y avail un mort dans les chiottes.

Le roman policier 3•m• annee 9


Thirion Philippe
D. Les registres de langue

Observe les cinq extraits suivants :

1. Monsieur le Directeur,

Faisant suite a votre honoree du dix fevrier 2004, je vous fais parvenir les
documents convenus. Ci-joint egalement, un exemplaire du rapport concemant
l'affaire en cours. '

Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, en mes sentiments distingues.

2. Cher Benoit,

Comment vas-tu ? J' esp ere que tu te portes aussi bien que possible depuis
ces demieres vacances. De mon cote, je classe les photos prises lors du voyage.
Je t'en enverrai des exemplaires des que possible.

En attendant de te revoir,
Patrick

3. Salut vieux, comment tu vas ? J' espere que tu t' amuses bien la ou t' es.
lei, c'est genial: on fiche rien, on s'amuse ... le pied!
En attendant de se revoir pour prendre un pot, j'te souhaite de bonnes
vacances.

Patrick

Le roman policier 3eme annee


Thirion Philippe
1-lQJ •.. "JE v.o-is vous
E::X?LiQUl=i<,, MAOAMc:.
AOOLPl-liNG. .••

4.

sj ~AMAlS U?5 POUL.ETS Benoit Brisefer, madame Adolphine.


l<APPLiQUE:Ni' ,, ~~ 'it: PA't'E
UNE ~E'DlN60il= EN
SAF'IN / COMF'S:::iS '?

~~I
½°'.ft-~f-

---~k-·'.i1
--~-
-~}~
. .-c·
-~
'

5.

ff eut, comme dit le rapport de police, l'occasio~


de frequenter quelques jeunes hommes du groupe
bolchevik. 11 comprit vite qu'il avait affaire, cett_e
. fois. non· a des predicateurs, mais a ,des techniciens.

MALRAUX A., Les Conquerants.

Le roman policier 3"me annee 11


Thirion Philippe
S.N LE.

vJi~
Dans l'S, aune heure d'affluence. Un type dans L'etait un peu plus cl.midi quand j'ai pu monter
les vingt-six ans, chapeau mou avec cordon rem- dans l'esse. Jmonte done, jpaye ma place comme
plaC?Ut le ruban, cou trop long comme si on lui de bien entendu et voilatipas qu'a1ors jremarque
avait tire dessus. Les gens descendent. Le type un zozo l'air pied, avec un cou qu'on aurait dit un
en question s'irrite contre un voisin. II lui reproche telescope et une sorte d'e ficelle autour du galurin.
de le bousculer chaque fois qu'il passe quelqu'un. Je lrcgarde passeque jlui trouve l'air pied quand
Ton pleumichard qui se veut mechant Com.me le voilatipas qu'ismet a interpeller son voisin.
il voit une place libre, se precipite dessus. Dites done, qu'il lui fair, vous pourriez pas faire
Deux heures plus tard, je le rencontre Cour de 2.ttention, qu'il ajout~, on dirait, qu'i pleurniche,
Rome, devant la gare Saint-Lazare. Il est avec un quvous lfaites essprais, qu'i bafouille, deummar-
cama:rade qui lui dit : « Tu devrais faire mettre cher toutltemps sulle panards, qu'i dit. La-dssus,
un bouton supplementairc a ton pardessus. » ll tout tier de lui, i va s'asseoir. Comme un pied.
lui montre oil (a l'echancrure) et pourquoi. Jrepasse plus tard Cour de Rome et jl'aper~ois
qui discute le bout de gras avec autre zozo de
son espece. Dis done, qu'i lui faisait l'autte, tu
dvrais, qu'i lui disait, mettre un ottbouton, qu'il
C' etait aux alentours d'un juillet de midi. Le ajoutait, a ton pardingue, qu'i concluait.
soleil clans toute sa fleur regnait sur !'horizon aux
multiples tetines. L'asphalte palpitait doucement,
exhalant cette tendre odeur goudronneuse qui
:7n jour, dans l'autobus qui portc la lettre S,
donnc aux cancereux des idees a la fois pueriles
Jc vis un foutriquet de je ne sais quelle es-
ct corrosives sur l'origine de leur mal. Un autobus
l'~cc qui ralait bien qu'autour de son turban
ala livree verte et blanche, blasonne d'un enigma- II y cf1t de la tresse en place de ruban.
tique S, vint recueillir du cote du pare Monceau II ralait ce jeune homme a l'allure insipide,
un pctit lot favorise de candidats voyageurs aux Au col demesure, a l'haleine putride,
moites confins de la dissolution sudoripare. Sur la Paree qu'un citoyen qui paraissait majeur
plate-forme arriere de ce chef-d'ceuvre de l'indus- Le heurtait, disait-il, si quelque voyageur
trie automobile fran~e contemporaine, ou se Sc hissait haletant et poursuivi par l'heure
scrraient les transbordes com.me harengs en caque, Esperant dejeuner en sa chaste dcmeure.
un ga.."D.cment, approchant a petits pas de la tren- -• II n'y eut point d'esclandre et le triste quidam
taine et portant, entre un cou d'une longueur Courut vers une place et s'assit sottement
-~·<\Si serpentine et un chapeau cerne d'un corda- Com.me je retournais direction rive gauche
t,..4et, une tete aussi fade que plombagincusc, De nouveau j'aper~ ce pcrsonnage moche
eleva la voix pour se plaindre avec une amertume Accompagne d'un zebre, imbecile dandy,
non feinte et'"qui scmblait emaner d'un verre de Qui disait : u Cc bouton faut pas le mcttre icy. 11
gentiane, ou de tout autrc liquide aux proprietes
voisines, d'un phenomene de heurt repete qui
selon lui avait pour origine un co-usager present
hie et mmc de la STCRP. ll prit pour lever sa
plainte le ton aigre d'un vieux vidame qui se fait
pincer l'arrierc-train dans une vespasienne et qui, C'etait midi. Les voyageurs montaient dans
par ext:raortlinaire, n'approuve point cette poli- l'autobus. On etait se1 re. Un jeune monsieur por-
tesse et ne mange pas de cc pain-Ia. Mais, decou- tait sur sa tete un chapeau qui etait entoured'une
vrant une place vide, il s'y jeta. tresse et non d'un ruban. 11 avait un long cou.
Plus tard, com.me le soleil avait deji\ descendu 11 se plaignait aupres de son voisin des heurts quc
de plusieurs deg:res 1'escalier monumental de sa ce dernier lui infligcait. Des qu'il apercevait une
parade celeste et com.me de nouveau je me faisais place lihre, il se precipitait vers elle et s'y asseyait.
vchiculer par un autre autobus de la mcm.e ligne, Je l'apercevais plus tard, devant la gare Saint-
j ' a ~ le personnage plus haut deait qui se Lazare. I1 se vetait d'un pardessus et un cama-
mouvait dans la Cour de Rome de fa~ peripa- rade qui se trouvait la lui faisait cette remarque :
tctique en compagnie d'un individu ej1lSdml fari- il fallait mettre un •bouton supplementaire.
na qui lui donnait, sur cette place voucc a la cir-
culation automobile, des conseils d'une elegance
qui n'allait pas plus loin que le bouton.
lJ:tG_ 0 §f ~
Je n'etais pas mecontent de ma verure, ce jour- J'ai l'honneur de vous informer des faits sui-
d'hui. J'inaugurais un nouveau chapeau, assez v~ts d?n~ j'ai pu etre le temoin aussi impartial
qu horrifie.
coquin, et un pardessus dont je pensais grand
bien. Rencontre X devant la gare Saint-Lazare Ce ~our meme, aux environs de midi, j~ me
qui tente de gacher n,on plaisir en essayant de trouv8:s sur la plate-forme d'un autobus qui re-
me demontrer que ce pardessus est trop echancre monta1t la rue de Courcelles en direction de Ia
et que j'y devrais rajouter un bouton supplemen- place Champerret. Ledit autobus etait complet,
taire. II n'a tout de meme pas ose s'attaquer a plus que complet meme, oserai-je dire car le rece-
. . ., '
yeur av:iit pns en surcharge plusieurs impetrants, .
mon couvre-chef.
Un peu auparavant, rembarre de belle fa;on sans raison valable et mu par une bonte d'ame
une sorte de goujat qui faisait expres de me bru- exage:'ee qui le faisait passer outre auxreglements
taliser chaque fois qu'il passait du monde, a la et ~w, par suite, frisait !'indulgence. A chaque.
descente ou 1 la montee. Cela se passait clans un arret, les allees et venues des voyageurs descen-
de ces immondes auto bi qui s'emplissent de popu- dants et mont:ints ne manquaient pas de provo-
lus precisement aux heures ou je dois consentir quer une certame bousculade qui incita l'un de ces
a les utiliser. ~ageurs aprotester, mais non sans timidite. Je
dois dire qu'il alla s'asseoir des que la chose fut '
possible.
J'ajouterai a ce bref recit cet addendum : j'eus
11 y avait aujourd'hui dans l'autobus a cote de !'occasion d'apercevoir ce voyageur quelque temps
moi, sur la plate-forme, un de ces morveu."l: comme apr~s en_ compagnie d'un personnage que je n'ai
on n'en fait guere, heureusement, sans <;a je fini- pu identifier. La conversation qu'ils echangeaient
rais par en tuer un. Celui-la, un gamin dans les avec animation semblait avoir trait ades questions
de narure esthetique. •
vingt-six, trente ans, m'irritait tout specialement
non pas tant a cause de son grand cou de dindon _Eta:it donne ces conditions, je vous prie de vou-
deplume que par la narure du ruban de son cha- loir ~1en, !'vlo?sieur, m'indiquer les consequences
peau, ruban reduit a une sorte de ficelle de teinte qu_e J~ do1s tirer de ces faits et !'attitude qu'en-
aubergine. Ah! le salaud ! Ce qu'il me degoutait ! swte ~ vous semblera bon que je prenne dans la
condwte de ma vie subsequente.
Com.me il y avait beaucoup de monde dans notre
autobus a cette heure-la, je profitais des bouscu- Dans l'attente de votre reponse, je vous assure
lades qui ont lieu a la montee ou a la descente Monsi~ur, de ma parfaite consideration empresse;
au moms.
pour lui enfoncer mon coude entre les cotelettes.
II finit par s'esbigner lachement avant que je me
l .
decide a lui marcher un peu sur les arpions pour
lui faire les pieds. Je lui aurais dit aussi, afin de
1-+e- ~ (t ct. h 6'vJ
le vexer, •qu'il manquait un bouton a son par- Je ne sais pas tres bi~n OU <;a se passait... dans-
dessus trop echancre. une eglise, une poubelle, un charnier? Un auto-
bus peut-etre? I1 y avait la... inais qu'est-ce qu'il
y avait done la? Des ceufs, des tapis, des radis?
Des squelettes? Oui, mais avec encore leur chair
auteur, et vivants. Je crois bien que c'est c;a. Des
Un jour vers midi du cote du pare Monceau, gens clans un autobus. Mais ii yen avait un (ou
sur la plate-forme arriere d'un autobus a peu deux?) qui se faisait remarquer, je ne sais plus
pres complet de la ligne S (aujourd'hui 84), j'aper- tres bien par quoi. Par sa megalomanie? Par son
c;us un personnage au cou fort long qui portait adiposite? Parsa melancolie? Mieux... plus exac-
un feutre mou entoure d'un galon tresse au lieu tement... par sa jeunesse ornee d'un long... nez?
de ruban. Cet individu interpella tout a coup son menton? pouce? non : cou, et d'un chapeau
voisin en pretendant que celui-ci faisait expres de etrange, etrange, etrange. 11 se prit de querelle,
lui marcher sur les pieds chaque fois qu'il mon- oui c'est <;a, avec sans doute un autre voyageur
tait ou descendait des voyageurs. 11 abandonna (homme ou femme? enfant ou vieillard ?). Cela se
d'ailleurs rapidement la discussion pour se jeter termina, cela finit bien ~ terminer d'une
sur une place devenue libre. fa~on- quelconque, probablement par la fui~~ -de
Deux heures plus tard, je le revis devant la l'un des deux adversaires.
gare Saint-Lazare en grande conversation avec un Je crois bien que c'est le meme personnage que
ami qui lui conseillait de diminuer 1' echancrure je rencontrai, mais ou? Devant une eglise? devant
de son pardessus en en faisant remonter le bou- un charnier? devant une poubelle? Avec un cama-
ton superieur par quelque tailleur competent. rade qui devait lui parler de quelque chose, mais
de quoi? de quoi? de quoi?
Les registres de langue: atelier d'ecriture

A la maniere de Raymond Queneau, reecris dans le registre que tu veux le passage suivant,
extrait de « Le club du mardi continue » de A. Christie.

« Mabel est ma niece. Une gentille petite, oui, vraiment, une gentille petite mais un
tout petit peu sotte. Juste un soup9on de sottise, vous voyez ce que je veux dire. Elle a
toujours tendance a etre melodramatique, a parler a tort et a travers et a dire beaucoup plus
qu'elle ne pense toutes les fois qu'elle est bouleversee. A vingt-deux ans, elle a epouse un
certain Mr Denman, et j'ai peur que leur menage n'ait jamais ete tres heureux. J'avais espere
que leur amitie n'irait pas plus loin, car ce Mr Denman etait un homme emporte, a l'heredite
chargee : plusieurs cas de folie dans sa famille, bref, pas du tout le genre d'homme susceptible
de supporter les lubies de Mabel. Cependant, les filles etant de nature obstinee comme elles
l' ont toujours ete et comme elles le seront toujours, mabel l 'epousa. »

Le texte d'atmosphere: ateliers d'ecriture

1. Nous choisissons ensemble une situation : lieu, moment et personnages.


Fais une courte description (7-8 lignes) de la scene en t'employant a creer une veritable
atmosphere, un climat bien particulier.

2. Apres avoir ecoute l'enregistrement sonore, tu composes un texte d'une quinzaine de lignes
ou tu creeras et decriras un univers.
Attention abien decrire le lieu, le moment, et autiliser le vocabulaire adequat (dictionnaire).

Le roman policier 3eme annee 14


Thirion Philippe
E. Analyse d'une nouvelle policiere: « Un avenir radieux » R. Rendell

Un avenir radieux

« s
1x devraient suffir. » Disons done six caisses a
the et une malle. Si vous •1es livrez demain,
j'arriverai a tout emballer et vos hommes pour-
raient peut-etre les prendre mercredi. » 11 prit des
notes sur un bout de papier. « Parfait, ajouta-t-il.
Demain vers l'heure du dejeuner. »
Elle n'avait pas bouge, toujours assise dans le
grand fauteuil de chene a l'autre bout de la piece. Il 1

s'obligea a la regarder et sourit de toutes ses dents de


.maniere un peu forcee, comme si tout allait bien.
• « Pas de probleme, lanc;a-t-il. Ils sont tres effi-
caces.
- J e ne pouvais pas croire que tu le ferais vra1-
ment, dit-elle. Pas avant de t'avoir entendu • au tele-
phone. Je n'aurais pas cru que ce soit possible. Tu vas
vraiment tout empaqueter et le lui envoyer. »
Une fois encore il allait falloir repasser l'histoire au
• crible. Evidemment. Cela ne prehdrait fin que lorsqu'il
aurait expedie les affaires ~t serait lui-meme parti pour
de bon, loin de Landres et loin d'elle. 11 n'allait pas
discuter ni se lancer dans de longs discours defensifs. 11
alluma une cigarette et attendit qu'elle commence, tout
en pensant que les pubs ouvriraient dans une heure et
qu'il pourrait alors sortir boire un verre.
« J e ne comprends pas du tout pourquoi tu es
venu », reprit-elle.
Il ne repondit pas. 11 tenait toujours le coffret de

Le roman policier 3eme annee 15


Thirion Philippe
cigarettes, a present il en rabattait le couvercle, eprouvait i' passion, c'etait exactement comme autrefois, et au matin tu
... as parle. Tu avais obtenu un visa permanent pour rester en
le froid de l'onyx sous ses doigts. Australie, tu t'etais debrouille pour trouver du travail, tu
Elle etait devenue blanche. « Simplement pour pren-
dre tes affaires? Maurice, tu n'es revenu que pour c_;a? 1 avais rencontre une fille que tu voulais epouser. Voila
exactement ce que tu m'as declare au petit dejeuner. On ne
[....r
·O
- Elles sont a moi, repliqua-t-il d'un ton egal.
- Tu aurais pu envoyer quelqu'un d'autre. Meme si t'a jamais casse la figure, Maurice? On n'a jamais pietine
0 i3
;§ tes reves?
tu m'avais ecrit pour me demander de le faire -
[ "O
..... 0 - Tu aurais prefere que j'attende plus longtemps?
"O i=: - Je n'ecris jamais de lettres. » Quant a me casser la.figure - il se frotta la joue - tu as
16 K Elle eut alors un geste. Sa main s'agita legerement
vraiment du punch. »
devant sa bouche. « Comme si je ne le savais pas! » Elle
Elle frissonna, se leva et se mit a arpenter la piece
suffoquait, fit un effort pour raffermir sa voix : « Tu as
lentement, tres raide. « Je t'ai a peine touche. J'aurais
passe un an en Australie, une annee entiere, et tune m'as
voulu te tuer ! » Elle s'arreta pres d'une petite table ou
pas ecrit une seule fois. etaient poses une statuette en porcelaine, un coupe-papier
- J'ai telephone. en bronze, un encrier en onyx assorti au cendrier. « Tous
- Oui, deux fois. La premiere pour dire que tu
ces objets, poursuivit-elle. C'est pour toi que j'ai veille
m'aimais, que je te manquais, qu'il te tardait de revenir, et
dessus. J'en ai pris le plus grand soin. Et maintenant tu vas
j'allais t'attendre, hein, il n'y avait personne d'autre? La
tousles lui envoyer par bateau. Les choses avec lesquelles
seconde il y a une semaine, pour prevenir que tu serais ici
nous avons vecu. Souvent je les regardais et je pensais,
samedi et pour savoir si je pouvais - si je pouvais
w,.. Maurice a achete c;a quand nous etions - Seigneur ! Je ne
~ t'heberger ! peux pas y croire. Les lui envoyer ! »
§ - Des mots, dit-il. Comment t'y serais-tu prise?
~- - Avant tout, j'aurais parle de Patricia. Oh, oui, j'en II hocha la tete, les yeux fixes sur elle : « Tu peux
garder les gros trues. Le divan, en particulier, est a ta
aurais parle ! J'aurais eu assez de decence, d'humanite pour
disposition. J'ai essaye de dormir dessus deux nuits et je ne
c;a. Sais-tu ce que j'ai pense quant tu as annonce que tu
veux plus jamais voir ce satane machin. »
venais? J e devrais savoir combien il est excentrique, me
Elle saisit la figurine en porcelaine et la lui lan~a
suis-je dit, combien il est desinvolte, pas un mot, pas un
violemment. II ne fut pas blesse car il plongea pour
coup de fil, rien. Mais c'est Maurice, c'est l'homme que
l'esquiver en la laissant s'ecraser contre lemur, juste a cote
j'aime, et il revient, et nous allons nous marier, et je suis si
d'un dessin encadre. « Attention au Lowry, lacha-t-il
heureuse ! laconiquement, il m'a coute tres cher. »
- Je t'ai prevenue pour Patricia. Elle se jeta sur le divan et eclata en sanglots. Elle
- Pas avant de m'avoir d'abord fait l'amour. »
battait l'air, martelant les coussins de ses poings. Ce n'est
II tressaillit. La, il avait fait une erreur. II ne s'etait
pas c_;a qui allait l'emouvoir - ii ne se laisserait pas
bien sur pas propose de l'approcher plus que ne l'exigeait
attendrir. Une fois qu'il aurait emballe ces babioles, ii s'en
!'indispensable baiser d'accueil. Mais elle etait tres sedui-
irait et passerait trois mois a voyager en Europe. Un
sante, il la connaissait bien, apparemment elle s'y attendait homme libre, libre de regarder, de s'ainuser, de faire des
...... - et, oh! la barbe ! Les femmes ne comprendraient jamais
rencontres et de jeter sa gourme une demiere fois. Apres
0\ rien aux hommes ni au desir. Et puis, n'est-ce pas, il n'y
quoi, retour a Patricia, la maison, le travail, des responsa-
avait qu'un lit. La scene infemale qu'il y aurait eu, cette
bilites. L'avenir s'annon~ait radieux et cette hysteriqu.e
nuit-la, s'il avait suggere de dormir sur le divan. n'allait pas le Jui gacher.
« Tu m'as fait l'amour, disait-elle. Avec tant de
« La ferme, Betsy, pour l'amour de Dieu ! » Il la suffisamment calme pour prendre un bain et manger
secoua brutalement par l'epaule puis sortit, car il etait quelque chose.
11 heures et qu'il pouvait boire un verre. Les six caisses et la malle arriverent le lendemain. Les
Betsy se prepara du cafe et rafraichit ses yeux gonfles.
~.....s~
·O Elle allait de-ci, de-la, regardant les bibelots et les livres,
caisses sentaient le the, quelques feuilles seches s'entas-
0
::i § saient encore au fond. La malle metallique couleur argent
[-o les verres, les vases, les lampes qu'il lui prendrait demain. possedait des fermoirs <lores. C'etait plut6t un bel objet, un
-· 0
;g ~ Ce qui la tracassait, c'etait moins de les perdre, de perdre metre cinquante de long, un metre de haut, soixante-dix
(fl ~-
les objets eux-memes, que d'imaginer le vide qu'ils allaient centimetres de large, au couvercle si solidement ajuste qu'il
laisser, et aussi de savoir que tout appartiendrait a Patricia. semblait hermetiquement scelle.
Elle s'etait levee pendant la nuit, avait trouve le Maurice commenga a emballer les affaires a 2 heures,
portefeuille de Maurice, en avait retire les photos de utilisant pour ce faire du papier absorbant et des journaux.
Patricia et les avait dechirees. Mais elle se souvenait du II remplit les caisses d'ustensiles de cuisine, de tasses,
visage, joli, dur, cupide, et elle pensait aux yeux brillants d'assiettes, de couverts, de livres aussi et des vetements
qui s'ouvriraient grands quand Patricia deferait les caisses, qu'il avait laisses derriere lui l'an dernier. Deliberement,
aux mains_predatrices qui tatonneraient dans la malle pour avec un plaisir sardonique~ il ecartait tout ce que Betsy
y trouver d'autres tresors. Elle aurait peut-etre fini avant le aura1t• pu reven d1quer
• L:::,commtt m1 appartenant, 1es b a b.10Ies
.r?71,4l~J..t'.,A.,t.1j

retour de Maurice, elle disposerait les lampes, les verres et bon marche, les cuilleres et les fourchettes en inox, la
les jolies choses dans leur maison, pour son plus grand fa:ience de Woolworth, les horribles draps de couleur,
'->l
l plaisir lorsqu'il arriverait enfin. rouge, orange et vert olive qu'il avait toujours execres.
§ II l' epouserait, bien sur. J'imagine, se disait Betsy, Avec Patricia, ils dormiraient dans de la toile de fil
8' qu'elle pense qu'il lui est fidele, comme je le croyais blanche.
autrefois. Je sais mieux a quoi m'en tenir, maintenant. Betsy ne l'aidait pas. Elle surveillait, fumant cigarette
Pauvre idiote, elle ignore ce qu'il a fait tout de suite apres sur cigarette. II cloua les caisses et, sur chaque couvercle,
l'avoir quittee, et ce qu'il fera sans doute en France et en inscrivit a la peinture blanche son adresse en Australie. II
Italie. Ce serait un beau cadeau de noces a lui offrir, non, ne formait toutefois pas les lettres de son nom. II tragait
avec tout le joli bric-a-brac de la malle? celui de Patricia. Bien que cela ne fut pas destine a
Oui, pourquoi pas? Pourquoi ne pas ebranler leur contrarier Betsy, il fut heureux de la voir piquee au vif.
mariage avant meme qu'il ait commence? Une lettre. Une Cette nuit-la, ii n'avait regagne l'appartement qu'a
lettre qui serait cachee dans, disons dans le pot a gingembre 1 heure du matin, sans la clef bien entendu. Betsy ayant
bleu et blanc. Elle s'assit pour ecrire. Chere Patricia refuse de lui ouvrir, il avait du rester dans la voiture de
- quelle. stupide fac;on d'entrer en matiere, cette formule location jusqu'a 7 heures. Elle aussi semblait ne pas avoir
obligatoire meme pour s'adresser a son ennemie. ferme l'ceil. Miss Patricia Gordon, ecrivait-il au pinceau
Chere Patricia : J'ignore ce que Maurice vous a dit sur d'une main rapide et sure.
moi, mais depuis son arrivee nous vivons ici en amants. « N'oublie pas le pot a gingembre, dit Betsy. Je n'en
...... Pour que les choses soient claires, je precise que nous veux pas.
---l avons fait l'amour, que nous avons dormi ensemble. - 11 ira dans la malle. » Miss Patricia Gordon,
Maurice est incapable d'etre fidele a qui que ce soit. Au cas 23, Burwood Park Avenue, Kew, Victoria, Australia 3101.
ou vous ne me croiriez pas, demandez-vous pourquoi il « Toutes les jolies choses vont dans la malle. C'est un
n'est pas alle a l'hotel s'il ne me desirait pas. C'est tout. cadeau a part pour Patricia. »
Votre - elle signa et se sentit un peu mieux, assez bien et Decroche, le Lowry fut soigneusement protege et
enveloppe. II emballa le cendrier et l'encrier d'ony:x:, la « Maurice.
coupe d'albatre, le coupe-papier en bronze, les minuscules - Va-t'en Betsy, je suis fatigue.
tasses en porcelaine, les grands verres a vin du Rhin. La - Maurice, je t'en prie. Je suis vraiment desolee pour
statuette en porcelaine, helas ... il souleva le couvercle de la tout ce que j'ai dit. Je suis desolee de t'avoir laisse a la
~~
~: 0 malle. porte.
0 s « J'espere que la douane l'ouvrira ! jeta Betsy dans un - OK, mbi aussi je suis desole. C'est un vrai gachis et

g; 'rj cri. J'espere qu'ils vont confisquer des affaires, qu'ils vont j'aurais peut-etre du m'y prendre autrement. Mais pour
;g- · g-
0
en casser ! Chaque nuit, je prierai pour qu'elle coule au moi le mieux c' est de m' en all er, d' expedier mes affaires et
C'Q ~-

fond de la mer avant d'arriver ! de rompre prbprement. D'accord? Et maintenant s'il te


- La mer, repliqua-t-il, est un risque que je ne peux plait, sois gentille, va-t'en et laisse-moi dormir un peu.
eviter. Quant a la douane - il sourit - Patricia y travaille, II ne s'attendait pas ace qui se passa ensuite. L'idee ne
elle est fonctionnaire aux Douanes - je ne te l'avais pas l'en avait pas effleure. Les hommes ne comprennent rien
dit? Je doute fort qu'ils jettent un reil dedans, meme aux femmes ni au desir. Elle se jeta sur lui, maladroite,
furtivement. » II remplit une etiquette et la colla sur un des avide. Elle tira sur sa chemise ouverte et se mit a
cotes de la malle. Miss Patricia Gordon, 23, Burwood Park l'embrasser dans le cou, sur la poitrine, lui tenant Ia tete,
Avenue, Kew ... « II faut que je sorte pour trouver un ecrasant sa bouche sur la sienne, s'allongeant sur lui,
cadenas. Les clefs, s'il te plait. Cette fois, si tu essaies de serrant ses jambes entre ses genoux.
me laisser dehors, j'appelle la police.r Legalement, je suis II la poussa brutalement, la rejeta. Elle s'affala par
<.;> toujours locataire de cet appartement, ne l'oublie pas. » terre, heurtant la malle de la tete. La bougie tomba, sa
1- Elle lui donna les clefs. Une fois qu'il fut parti, elle mit flamme vacilla avant de mourir dans une mare de cire. II
~ sa lettre dans le pot a gingembre. Elle esperait qu'il jura copieusement dans le noir, alluma la lumiere, et elle se
8'
fermerait tout de suite la malle, mais non. II la laissa releva, portant une main a sa tempe ou perlait un peu de
ouverte, le couvercle rejete en arriere, le cadenas neuf sang.
pendant au bout du fermoir <lore. « Oh, fiche le camp, pour !'amour de Dieu », lani;a-t-
« II y a quelque chose a manger? demanda-t-il. il, et il la poussa dehors sans menagement avant de claquer
- Fiche le camp et va bouffer dehors ! Va te trouver la porte derriere elle.
une autre femme pour te nourrir t » Lorsqu'elle entra dans la piece au matin, un bleu sur le
II l'aimait ainsi, en colere, furieuse; c'est l'amour front, ii dormait tout habille, affale sur le dos. De le voir la
qu'elle lui portait qui l'effrayait. II rentra a minuit pour fit fremir d'horreur. Elle entreprit de preparer son petit
trouver l'appartement plonge dans l'obscurite et &'allongea dejeuner mais ne put rien avaler. Le cafe lui donna un
sur le divan, les caisses a the disposees autour de lui comme haut-le-creur, un grand frisson nauseeux la traversa. Quand
des defenses, des barricades, avec la peinture blanche a elle le retrouva, il contemplait son billet d'avion pour Paris,
peine visible dans le noir. Miss Patricia Gordon ... assis sur le sofa.
Peu apres, Betsy penetra dans la piece. Elle n'alluma « Les hommes viennent pour les caisses a 10 heures,
pas la lumiere. Elle avani;ait lentement entre les caisses dit-il comme si rien ne s'etait passe, et lls n'ont pas interet a
>-' tenant a l;i main une bougie dans une soucoupe qu'elle posa etre en retard. II faut que je sois a l'aeroport a midi. »
00
sur la malle. A la lueur de la chandelle, dans sa longue Elle haussa les epauies. Elle avait touche le fond et
chemise de nuit blanche, elle ressemblait a un fant6me, a pensait que rien ne pouvait plus Ia blesser.
une folle a !'esprit vagabond, a Mrs. Rochester, a la Dame « Tu ferais mieux de former la malle, repondit-elle
en blanc. d'un air absent.
- Chaque chose en son temps. » Ses yeux brillaient. Un long moment elle resta a genoux a cote de lui, nue,
« J'ai encore une lettre a mettre dedans. >> eploree, se balan<;ant d'avant en arriere, pronon<;ant son
Elle baissa la tete, l'endroit meurtri etait douloureux nom, se mordant les doigts tout poisseux de son sang.
et gonfle, le regarda sombrement : « Tu n'ecris jamais de Mais l'autoconservation est un instinct primitif plus
::1 r
;::: ..... lettres. puissant que l'amour, la douleur, la haine ou les regrets. Il
::i. 0
0 s - Juste un mot. Impossible d'envoyer un cadeau sans etait 9 heures, et ces hommes seraient la dans une heure.

[>o un mot d'accompagnement, n'est-ce pas?» Betsy alla chercher un seau d'eau, du detergent, des chiffons
Il sortit le pot a gingembre de la malle, tire-bouchonna
-· 0
'O
'O 0
Cl)
i::.:

et une eponge. Le dur labeur, le grand nettoyage, arreta ses
~ larmes, apaisa son creur, mit une sourdine a ses pensees.
la lettre qu'elle y avait placee sans meme y donner un coup
d'reil et la jeta parterre. Rapidement, mais avec ostenta- Sans songer a rien, !'esprit vide, elle s'activa frenetique-
........ n
$:::i ~
p:,
(")
o.(1) s·
...... tion et en s'assurant que Betsy pouvait voir, il griffonna en ment.
~ (1)-
._
.::S$:::i0p:,,-;-
(") Cl)
travers d'une feuille de papier : Tout cela t' appartient, Apres avoir vide l'un apres l'autre tousles seaux d'eau
~ - ......~
$:::i 8
(1)
sanguinolente dans l' evier, main tenant que le ta pis etait
Patricia ma cherie, pour toujours et a jamais.
l.1.J
< Cl) ......
-, $:::i "O -· Cl)
• "tj p:, (1) p:, 0 .
,-;. C)'q · - ::i p:, ! « Comme je te hais, souffla-t-elle. trempe mais propre, la lampe lavee, sechee et astiquee, elle
;:s::i ~ ....... ::i jeta ses vetements dans le panier a linge et prit un bain. Elle
(1), 0 ..0 Cl)
.... - Tu as failli m'avoir. » Il sortit une grande lampe
~- ,..., C: C: ......
~ ...... . , (1) . , se vetit soigneusement, se brossa les cheveux. 10 heures
0 orientable de la malle et la posa sur le plancher, glissa son
...... ::i
c:..o
C: ......
;::: V

~ o,_.· Cl) billet dans le pot, enveloppa de nouveau celui-ci et le moins 8. Tout etait impeccable, elle avait ouvert la fenetre,
C:
~ g: g. ...... 8
V

repla<;a entre les serviettes et les coussins destines a mais le cadavre etait toujours la, allonge sur une pile de
~ :::: ~ (") 0 journailx rougis.
:::!. (1) - (1) en· : proteger les objets fragiles. « Je n'emploierais pas le mot
(°")
i:s·
(1),.0v
......
(1), . , c:: (") 'haine pour decrire la maniere dont tu m'as saute dessus « Je l'aimais », dit-elle a voix haute, et elle serra les
q g (1) (1) cette nuit. » poings. « Je le ha'issais. »
~ ::..·o ~ ...... Les demenageurs etaient ponctuels. Ils arriverent a
$:::i,..._::i,.... . .,
....... p:,
::i Pas de reponse. Il aurait peut-etre du mettre cette
10 heures pile. Ils emmenerent les six caisses athe et la malle
Cl) (1),
(°") Cl) C/)
lampe si lourde dans une des caisses, il ferait peut-etre
V

~c::
~
--~o
~ p:, .,
~,
:::!. (1) ...... C/) mieux d'en ouvrir une maintenant. Il se retourna pour argentee aux fermoirs dares.
~
~ 8 V
p:, ::i.
(") (1)
., prendre la lampe. Elle n'etait plus la. Betsy la tenait a deux Apres leur depart, une fois que la fourgonnette se fut
~
C)
e:. C:
::i s-
;:;;· e:.
.... mains. eloignee, Betsy s'assit sur le divan. Elle regarda la lampe
:::: ::i 0O c::
.... -p:, ...... p:, « Donne-moi <;a s'il te plait. orientable, l'encrier et le cendrier en onyx, le pot a
8 < ., ......
~ ,_. • p:, 0.(1)., - Tu ne t'es jamais fait casser la figure, Maurice? » gingembre, les coupes d'albatre, les verres a vin du Rhin, le
'-' ..... - 0
-E. (D; !::. ::i 8
C) ., ....... (1)
lui demanda-t-elle le souffle court, puis elle souleva la coupe-papier en bronze, les petites tasses en porcelaine et le
:::: (1) ..0 ~ ::i lampe et le frappa en plein front. Il tituba, elle frappa Lowry, de nouveau sur lemur. Completement calmee, elle
c::; •• c:_ p) .......
• >--) :=.: ::;.·"O encore, encore et encore, faisant pleuvoir les coups sur son n'avait pas vraiment besoin du cognac qu'elle s'etait verse.
~ _ -:i .....
...... C)~<c::
visage et sur son crane. II poussa un cri de terreur. Il Elle ne pensait pas du tout au passe, et le present
$:::i, E;. ...... c:: C/)

s'affaissa, se couvrant la figure de ses mains ensanglantees. semblait n'exister que comme du neant impalpable, un
Elle cogna alors de toutes ses forces, d'un cote, de l'autre. silence epais qui l'entourait de toutes parts. Elle songeait au
Il tomba a genoux, roula sur lui-meme, enfin il ne fit plus futur, a dans trois mois, et dans le silence elle laissa echapper
...... un geste, plus un bruit. un eclat de rire interminable, sans timbre. Miss Patricia
I.O
II y avait vraiment beaucoup de sang, mais ii s'arreta Gordon, 23, Burwood Park Avenue, Kew, Victoria, Aus-
vite de couler. Elle restait fa a le regarder en sanglotant. tralia 3101. Le joli visage cupide, dur, les mains si avides
Avait-elle pleure tout le temps? Elle etait couverte de d'ouvrir ce cadenas, de forcer les fermoirs dores. pour
sang. Elle retira ses vetements, les jeta en tas a ses pieds. trouver le tresor cache a l'interieur. ..
F. L'art de la deduction

Le celebre Watson a trouve un chapeau et /'examine. Au depart de sa description,


essayez de tirer· le maximum d'informations possible quant au proprietaire de ce couvre-
chef.

Je pris l'objet sans enthousiasme et l'examinai longuement. C'etait un melon noir


tres ordinafre, qui avait ete porte - et pendant tres longtemps - par un homme dont la
tete ronde n'offrait aucune particularite de conformation. La garniture interieure, en
soie, rouge a l'origine, avait a peu pres perdu toute couleur. On ne relevait sur la coiffe
aucun nom de fabricant. Il n'y avait que ces initiales "H.B." dont Holmes m'avait parle.
Le cordonnet manquait, qui aurait du etre fixe a un petit oeillet perce dans le feutre du
bord. Pour le reste, c'etait un chapeau fatigue, tout bossele, effroyablement poussiereux,
avec 9a et la des taches et des parties decolorees qu'on paraissait avoir essaye de
dissimuler en les barbouillant d'encre ..
A cette premiere approche~ Holmes ajoute Jes details suivants :

- le melon tombe sur le nez de Holmes ;


- le chapeau est vieux de trois ans ;
- le chapeau a ete de premiere qualite ;
- un petit oeillet metallique est fixe dans le bord
(interieur ) du chapeau ;
- on trouve a l'interieur du chapeau des cheveux grisonnants, legerement huileux;
- de la poussiere brune ;
- des marques d'humidite ;
- de la poussiere aJ'exterieur ;
- des taches de bougie .
Vos deductions :

Le roman policier 3eme annee 20


Tili.rion Philippe
Vous etes detective et enquetez sur le vol d 'une peinture du Louvre.
Prenez connaissance des informations suivantes, organisez-les et emettez une ou des
hypotheses sur le/la/les coupable(s).

Paris, le mercredi 7 mars.

L'adoration des mages, tableau du celebre peintre flamand Van Eyck, a ete derobe bier
au musee du Louvre. La toile, d'une dimension de 70 cm. sur 80 cm., a ete decoupee,
vraisemblablement au rasoir.
La police a pu etablir la liste des personnes ayant visite le musee ce jour-la et dispose
deja d'un certain nombre d'indices. Elle poursuit son enquete. Parmi les visiteurs du
musee, le celebre detective Hercule poirot, a retenu les suivants. La police lui a fourni
par ailleurs un certain nombre d'informations les concernant ainsi qu'un certain nombre
d'indices que vous trouvez ci-dessous en desordre :
1. Soeur Marie des Anges, missionnaire en Guyanne Hollandaise depuis trente ans.
2. M. Van Gabaecke, coiffeur.
3. M.Leblond, collectionneur d'objets d'art.
4. Mme Fran9oise Martin, jeune femme blonde a.gee de vingt six ans.
5. M.Van Gabaecke est chatain. •
6. La religieuse estrousse.
7. Leblond vit de ses rentes. Il est brun.
8. Il est coiffeur pour dames a Bruges.
9. Apres avoir echoue dans ses etudes aux Beaux-Arts, la jeune femme s'est
engagee dans la police.
10. Elle habite la Courneuve ou son mari est brocanteur.
11. Soeur Marie des Angres enseigne la musique sacree.
12. Le salon de coiffure n'est pas tres florissant.
13. Leblond est maniaque, jaloux de ses oeuvres d'art, il les enferme dans une
chambre forte et ne les montre j amais.
14. Elle est en instance de divorce.
15. La soeur collectionne les images pieuses.
16. Van Gabaecke est en visite a Paris chez un cousin antiquaire.
17. Leblond estrichissime.
18. Son nom dejeune fille est Pevennec, elle est nee a Morlaix.
19. Il habite l'Hay-les-roses, dans la banlieue parisienne.
20. La missionnaire, en route pour Amsterdam, fait escale a Paris.

La police a trouve sur les lieux :


1. un· morceau de papier provenant vraisemblablement du journal La Croix;
2. un cheveu blond ;
3. accroche a une asperite du cadre, un fil provenant d'un tissu bleu.
4. Le gardien du musee dit avoir ete intrigue par le comportement d'un individu vetu
de noir qui est revenu a plusieurs reprises dans cette salle relativement isolee.

Le roman policier 3eme annee 21


Thirion Philippe
Une bonne solution serait : Le coiffeur a un salon de coiffure modeste a Bruges. Il use
d'un rasoir. Il· est chatain, peut-etre chatain clair. 11 lui est possible de porter une
perruque ou il a sur lui le cheveu blond d'une cliente. Il est de meche avec son cousin
antiquaire. Il volerait un tableau pour lui et en retirerait de l'argent. L'antiquaire cache
ses oeuvres. •
Il peut etre l'homme vetu de noir. Le journal? Pour egarer la Police.

Frarn;oise Martin: mari brocanteur. Veut faire porter les soup~ons sur une religieuse.
Vetue de noir? Sans son uniforme. Elle a besoin d'argent.

La soeur ? Mais elle est amateur d'images pieuses et non de tableaux. Elle porte un
vetement bleu.

Trouve le/la coupable et justifie ton choix en recourant aux mobiles et aux indices.

Les faits:
Le 14 octobre, a Sainghin- en - Weppes, ont ete trouves deux corps dans la cour d'une
ferme desaffectee. L'autopsie revele qu'ils ont ete erripoisonnes, vTaisemblablement
avec de la mort-aux-rats.

Les victimes :
1. Jeanne Honorine, nee le 14 octobre 1929 a Sainghin, preposee au bureau de paste du
vilage. Elle habite avec sa mere, au-dessus du bureau de paste.
2. Alphonse Boudard, ne le 1 avril 1929 a Sainghin. 11 possede a Paris une agence
matrimoniale. Il est veuf, pere de deux fl.ls.

Les suspects :
• Emmanuel Boudard, ne en 1959, prepare polytechnique dans un lycee de Lille. Il
vit chez sa grand-mere a Sainghin et refuse de vivTe avec son pere.
• Benjamin Boudard, ne en 1955, sort de prison pour trafic de drogue. I1 a ete arrete
en 1976 ala frontiere belge transportant de l'hero'ine. Ila travaille trois ans dans
l'agence matrimoniale de son pere ou iljouait le role dejeune homme- appat
desireux de se marier.

Le roman policier 22
Thirion Philippe
• Mme Boudard, nee en 1900, veuve d'un pharmacien du village, elle est tres
croyante.
• Mme Leocadl Honorine, nee en 1900, proprietaire de la ferme ou ont ete trouves
les corps et dont elle loue les 50 hectares de terre. Elle est tres catholique, tres
pratiquante.
• M. Marcel Lelong, fermier, locataire des terres de Mme Honorine. Ne en 1932, il
est celibataire.
• Melle Gisele Dequeaker, nee en 1949 a Ypres. Elle est secretaire dans l'agence
matrimoniale de M.Boudard.
• M. Habib Ataturk, ne en 1950 a Istambul, ouvrier agricole chez M. Lelong.

Les indices :

• On a trouve sur les lieux du crime :


□ une bouteille et trois verres ;
□ dans un hangar de la ferme, un paquet vide de mort-aux-rats dont l'etiquette
montre qu'il a ·ete achete dans une grande surface parisienne ;
□ des sachets de nylon vides ayant vraisemblablement contenu de l'hero'ine.

On sait d'autre part que :


□ M.Lelong passe tous lesjours a la poste de Sainghin sous les pretextes les plus
divers;
□ M.Lelong s'est plus d'une fois adresse a une agence matrimoniale ;
□ Boudard a conduit, le 13/10, Melle Dequeacker a Ypres;
□ M.Ataturk est rentre d'Istambul le 9/10, en avion et a fait escale a Paris.
□ Lagrand-mere d'Emmanuel est partie se promener avec Mme Honorine le 14/10
vers 18 heures : c'est du moins ce qu'a declare Mme Boudard.___ _
□ Contrairement a ses habitudes, Emmanuel est rentre chez sa grand-mere apres
21 heures;
□ Passant vers 18 he.ures 30 pres de la.ferme, le garde-champetre a surpris une
conversation animee entre trois personnes ; au passage il a entendu la phrase :
"Arretez votre trafic !".

Le roman policier 3eme annee 23


Thirion Philippe
□ Solution:

• la mort-aux-rats est un poison de vieille femme qu'on trouve dans les fermes;
• la coupable a du servir le poison a des gens sans mefiance qui la connaissaient
bien, et n'a pas du en boire elle-meme;
• le crime- a du se passer vers 18 h 30, la grand-mere serait ii ce moment en
promenade; le temoignage n'est pas certain;
• Alphonse peut etre de meche avec Benjamin;
• Lelong est locataire de la ferme, cherche ii se marier et frequente le bureau de
poste. A-t-il invite son rival?
• Jeanne et Honorine ont pu decouvrir de la drogue appartenant aAtaturk;
• Mme Boudard peut vouloir se venger d'Alphonse parce qu'il trompe (une morte) ;
• Gisele a pu revenir : elle est j alouse ;
• Emmanuel deteste son pere ;

Les deductions d'H. Poirot

Honorine est une veuve qui ne supporte pas les rapports troubles de sa fille avec sa fille.
( Elle seule sait qu'ils se retrouvent dans cette ferme isolee. Sa fortune servira ii
Alphonse Boudard. Elle a feint d'aller se promener avec Mme Boudard. Elle a avance sa
montre et est rentree ii 18 h. Mais elle a pris Mme Boudard comme temoin.

Le roman policier 3eme annee 24


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