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lement repérer lors de l'entre­ l'expérience culturelle du trouble témique en entretien situe la aux prises avec de graves difficul­
tien.» (p. 44). psychique. À ce domaine expérien- pathologie mentale dans les tés, aborde les questions des ren­
«L'entretien psychologique» tiel s'ajoutent le redoublement de contextes de communication, contres préalables et post-tests, de
élabore les règles de l'échange l'étrangeté, dans les cultures forcé­ donc au niveau interpsychique. Le même que la restitution, en insis­
d'après l’apport de Rogers et de la ment différentes du clinicien et de patient est symptôme. Comme la tant sur la qualité relationnelle.
pragmatique, tout en prenant des la personne souffrante, puis les ins­ famille en est le lieu d'apprentis­ Domaine moins documenté,
libertés avec ces règles. criptions culturelles intemporelles sage et que son implication émo­ l'entretien en clinique expertale
«L'entretien psychiatrique», (ayant trait aux définitions du fami­ tionnelle est d'autant augmentée renvoie plus désormais au psycho­
quoique plus excentrique dans lier et de l'étranger, notamment). par la dispensation des soins, logique, avec cette particularité
cette galerie, du fait des idéaux De ces trois paradigmes émerge un moins forte, c'est au plan des psy- que dans la plupart des cas, il n'est
scientifiques en termes de diagnos­ lieu de passage entre deux mondes: chosociopathies (délinquance, pas demandé par le sujet; les impli­
tic et de conduite à suivre, précise «L'entretien clinique sensible aux violence, relations d'emprise, de cations complexes sont dévelop­
notamment le risque «de dévelop­ entrelacs du psychique et du cultu­ maltraitance) que l'entretien de pées (à propos du cadre et du
per une conception organiciste de rel aura rempli sa tâche s'il offre la cet ordre est susceptible de réus­ regard de l'expert, de son statut,
la pathologie mentale et plus enco­ possibilité de renoncer à la nostal­ sir: par le changement (ou la crise de la sensibilité du sujet) de même
re le risque d'apporter aux patho­ gie de l'origine pour accéder à la qu'il provoque). Le «comment» que l'origine de la clinique, reliée à
logies psychiques le même type de restitution des origines.» (p. 77) requiert des aptitudes particu­ l'indépendance de l'expert.
réponse qu'aux pathologies soma­ Puisque les performances du lières du thérapeute, lequel agit III- Entretiens psychothéra­
tiques, c'est-à-dire essentiellement langage, du raisonnement, de la souvent à plusieurs. Le «pour quoi piques
chimiothérapique» (p. 60). C'est de perception, de la mémoire et le faire» se lit ici dans une éthique «Le premier entretien» puise à
cette distinction que cet entretien contrôle moteur sont parfois alté­ du choix par les protagonistes, deux modèles théoriques enga­
trouve sa spécificité. rés, «la perspective cognitive» ou le dans l'épistémologie de la double geant un rapport spécifique à la
Tout entretien peut procéder cognitivisme en psychopathologie description (au sens de propriété technique analytique, celui de pré­
selon «la perspective phénoméno­ se trouve d'emblée plurielles, à des de chacun des deux individus et liminaire chez Freud et celui de
logique» dans la mesure où, a prio­ niveaux fort hétérogènes du fonc­ dépassant cette dualité), et enfin Winnicott. À tout le moins, «le dan­
ri, il distingue connaissance objecti­ tionnement mental ou cérébral. Les dans une modulation contextuel­ ger nommé [par le patient] rend la
ve et expérience phénoménale, divers niveaux d'investigation (neu­ le des subjectivités et intersubjec­ vie moins menaçante.» (p. 152).
cette dernière décrivant et spéci­ rophysiologie, psychologie, linguis­ tivités. Dans «le modèle de la névrose»
fiant la manière dont les choses tique) ont toutefois en commun Il- Entretiens d'investigation se délimitent le cadre et la souple
nous apparaissent. S'éloignant des modèles logico-mathématiques Cette partie de l'ouvrage déga­ définition toujours, sa portée, ainsi
d'une acception courante dans le ainsi que des exigences de valida­ ge quatre types d'entretiens: celui que: de l'anamnèse autobiogra­
sens du mode d'apparaître, observé tion qui tendent à faire «naturali­ de recherche traitera différemment phique à la réminiscence; du fac­
par le clinicien, on privilégie ici l'ac­ ser» langage, mémoire, jusqu'à la le prélèvement du contenu (les tuel à l'interprétable; de la
ception philosophique de ce qui pensée. En clinique, on peut asso­ préalables, les propriétés, les démonstration de l'affect à l'émer­
apparaît au patient. Dans la lignée cier non pas des processus, mais des formes, l'analyse sont admirable­ gence de mots; de l'inhibition
de Husserl, il s'agit de faire décrire contenus de pensée (croyances, ment cernés), tout en n'ignorant dépressive à l'investissement du
cette expérience et de comprendre représentations) à des états précis. pas les inconnues et donc les pensable.
comment l'objet y est appréhendé. Ces «cognitions», influant sur les risques, de même que les implica­ «Névrose traumatique, névro­
L'intentionnalité ou le projet tient comportements, sont traitées au tions déontologiques, éthiques et se actuelle du comportement,
dans la conscience perceptive, celle plan du symptôme, plutôt qu'en juridiques. Le défi reste de se tenir «névrose» de somatisation» ren­
du corps, du temps et d'autrui. Les considérant les conditions de leur entre d'un côté, la soumission au dent compte d'une sensibilité sin­
altérations de l'une et l'autre genèse. L'altération cognitive peut discours du sujet, la difficile géné­ gulière du patient à son destin
entraînent des pathologies, telle être étudiée en termes d'interac­ ralisation et de l'autre, une systé­ mortel, qui le désorganisent et l'an­
celle dans le rapport avec autrui tions entre émotions et processus matisation appauvrissante. À cet goissent. Sont questionnées très
(intersubjectivité): «Le psychotique cognitifs. Ainsi «ont été particuliè­ égard, les récents progrès en précisément la métapsychologie et
semble avoir perdu cette «compé­ rement étudiés les effets de l'anxié­ méthodologie qualitative sont les aménagements de la rencontre.
tence» d'intersubjectivité quand il té sur les fonctions cognitives élé­ éclairants. Sont de la même manière son­
élabore son monde délirant.» mentaires et a été mise en éviden­ L'entretien diagnostic se réfère dées les complexités des entretiens
(p. 69). En dépit de l'actualité de ce la prévalence de ces effets sur les à des fonctions (soi, narcissisme, composant avec «la zone psycho­
cette perspective, il reste à tra­ processus attentionnels.» (p. 83). identification, transfert, contre- tique de la psyché», «les patholo­
vailler la reconnaissance et l'articu­ Mais l'inverse peut être tout aussi transfert...) perceptibles en une ou gies de l'agir» ou «le paradigme de
lation de la phénoménologie en juste. De plus, on ne peut ramener plusieurs rencontres; sont souli­ l'autisme: face aux conduites de
psychopathologie. des manifestations pathologiques à gnées la difficulté de l'objectivité retrait, d'autosuffisance et à la
«Force est de constater le poids des altérations précises. Comme il en psychiatrie, la différence phéno­ dimension du non-verbal.»
de la culture dans les organisations est difficile d'observer ces troubles ménologique entre la névrose et la IV- Variantes cliniques
identitaires des individus et son en entretien, on a recours à une psychose et les variétés du transfert Elles concernent les victimes de
influence dans les rapports qu'ils évaluation quantitative. Enfin, la et du narcissisme, en concluant sur traumatismes, le milieu judiciaire,
entretiennent», ainsi s'amorce fécondité de cette approche tient la limite de la clinique diagnos­ les consultations avec le couple et
«Transculturel: l'ailleurs et l'ici». en bonne partie à son effort d'arti­ tique: le patient état-limite. la famille, autour du nourrisson, se
Culture d'origine et culture d'ac­ culation interdisciplinaire. «L'entretien autour des tests consacrant également à la question
cueil, renvoient l'une et l'autre à ce Influencée par les travaux de projectifs», s'établissant en contex­ «du discours sur l'enfant au dis­
qui est dissimulé ou proclamé dans G. Bateson, la perspective écosys­ te institutionnel, auprès de sujets cours de l'enfant» et à la dyna­

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 mique à l'adolescence, et certaine­ Nathan, un de ceux qui résiste au pas initier les êtres, c'est se figer aux stéréotypes et aux idées conve­
ment, avec la personne âgée» nivellement que cette tendance dans leurs tendances toujours nues; il ne nous restera plus qu'à
V- Le clinicien face à l'entre­ méthodologico-épistémologique infructueuses de contenir la multi­ montrer le chemin (plus authen­
tien: institution, transmission, for­ actuelle n'avait pas prévu; dans son plicité; les voir se rigidifier dans tique et plus droit) qui s'ouvri­
mation» cas, parlons plutôt d'hybridation l'inutile effort d'empêcher l'implo­ ra.»(p. 36, 38). Avec un très petit
Ce chapitre offert en conclu­ féconde, en ceci que Tailleurs n'est sion qui finira nécessairement par corpus d'auteurs sélectionnés, la
sion souligne notamment «qu'il est pas folklorisé, que l'Occident du les transformer en grains de sable.» peur de la mort est décelée dans
temps de dépasser la sous-traitance nord n'est pas le centre du monde, (p. 115). Il nous faut poursuivre «la société archaïque [sic], qui se
du psychologique par le psychia­ avec comme résultat des proposi­ comme lecteurs: nos contempo­ prolonge parmi nous sous formes
trique, ou son inversion, qui tions de pensée liantes plutôt que rains veulent pour beaucoup deve­ de rites, de dispositifs folkloriques,
conduisent, par trop souvent, à l'in­ des vérités systématiquement assé­ nir grains de sable, autonomisés de cérémonies obligées, de super­
communicabilité institutionnelle nées. En ce sens, il est difficile de qu'ils se croient du socius... Or, être stitions» (p. 38) dont la «nocivité»
du psychopathologique.» (p. 324). comprendre que son apport ne grains de sable, pour l'auteur, c'est est déclarée. Comme on le dit de la
L'un et l'autre peuvent autant être tienne ici que dans une trentaine être mort doublement. Quid alors guerre. Cette idée de la mort
consultants que psychothérapeutes de pages, articulant par ailleurs des du deuil? (comme si, selon l'auteur, la mort
et bien plus, la prise en charge peut pans de ses travaux antérieurs, sous L'objet libidinal, construit par n'inspirait que terreur) nous amène
être double, le premier étant le titre «Le mort et son représen­ Freud et repris dans les théories à la chasser, dans la personne du
acteur au niveau de la réalité tant». En voici une proposition: «La contemporaines du deuil (comme mourant et dans un rapport (à
concrète du patient, le second, au mort étant la disparition soudaine équivalent à un autre problème noter, jamais ambigu) aux morts
niveau de la réalité psychique. d'un être, expulsé du monde où il psychique) en prend ici pour son qui les rend redoutables. Quant à
Cette compatibilité articulée per­ se trouvait, la mort est donc ce qui rhume: le travail de deuil ne se réa­ l'eschatologie, second socle cultu­
met en outre d'assouplir les inévi­ me contraint à donner naissance à liserait pas dans le sens de réactiva­ rel, l'auteur démontre comment le
tables réactivités des équipes soi­ d'autres êtres.» (p. 106). Dès lors, tion de la perte, mais bien dans platonicisme est thanatophile: «il
gnantes, éducatives ou sociales. «C'est du fait de leur changement celui du réapprentissage de soi, de supprime ou éteint la vie, tenue
Enfin, sont traitées les voies de de monde qu'ils [les morts] contrai­ l'autre, sur soi, sur l'autre. (Qui a pour ce qui nous perd et nous
transmission, tels l'écrit et le vidéo, gnent les survivants à adopter des décrété que ces deux termes souille.» (p. 47). Enfin, «la descente
et la supervision. attitudes, des comportements, à étaient antinomiques?) «Traiter le dans le gouffre de la subjectivité,
Il est rare que l'on puisse dispo­ obéir à des règles qui n'appartien­ mort implique toujours le recours comme son écoute [...] constituent,
ser d'un ouvrage qui redéploie les nent pas au monde ordinaire, aux techniciens locaux, alors que à nos yeux, le commencement de la
concepts fondamentaux tout en comme s'ils signifiaient qu'ils traiter l'endeuillé, en le détachant psychopathologie.» (p. 49).«À par­
traitant avec grande finesse des s'adresseraient désormais aux de ses liens les plus profonds, per­ tir du freudisme, "la mort se natu­
questions très contemporaines de humains à partir d'un autre lieu.» met les captures d'âmes nécessaires ralise" et se revêt d'aspects encore
pratiques. Celui-ci est en ce sens (p. 119). Si les morts agissent de ce à la construction des plus grands plus sombres; elle nous infiltre;
complet et à la portée autant lieu, parfois en désordre, l'autorité empires.» (p. 127). Se profilent ainsi nous n'arrivons pas à nous laver de
d'étudiants que de cliniciens et du chef du groupe, de l'État, ou les chicanes de territoire... qui la faute ou du meurtre dont elle
offre peut-être bien à tout patient encore la dramaturgie notariale, dépassent les auditoriums pour nous accable, en même temps que
une forme de mise à distance de ce les représentera. Cette contrainte s'étaler dans les média. nous redoutons la violence des­
qui l'afflige. sur les vivants est donc groupale et Ceci nous entraîne à évoquer ce tructrice de ce qui nous entoure.»
ritualisée (les deux, inséparables): qui constitue la large part du docu­ (p. 53).
Luce Des Aulniers c'est le groupe et le rite qui convo­ ment, dans la contribution du phi­ La nouvelle philosophie de la
quent savamment - sans s'en dou­ losophe François Dagognet, qui mort, «non nocturne» ne la remet
ter!! - une vie autre aux morts, d'ailleurs répond à la fin à son pas dans la vie, au cours de la vie,
François Dagonet, Tobie Nathan cette dernière pérenne et manifes­ coauteur: on apprend que «peu de par exemple dans l'Art, qui «ne
te au quotidien des vivants. Tout penseurs se sont attachés à ce pro­ touche que les esthètes» (p. 56),
La mort destin serait en ce sens imbriqué à blème, sauf pour le minimiser ou le mais s'adonne à une perspective
vue autrement la vie du groupe, si bien que le rite
de deuil ne peut être accompli en
nier» (p. 13); le premier chapitre
résume «ce que la science nous
«communautaire» de sa survenue.
(Quoi de neuf par rapport à la
Le Plessis-Robinson, Institut
solitaire. Il en va du mort comme dit», notamment sur la volonté de confiscation historique et une ges­
Synthélabo pour le progrès de la
de l'impétrant à l'initiation (cette continuation indéfinie de la vie et tion de la mort?) En premier lieu,
connaissance, 1999, 141 pages.
association a aussi été explorée surtout sur la biologie de la mort «celui qui va quitter la vie connaît
antérieurement par L.-V.. THO­ dans la vie, de la vie dans la mort: une épreuve diminutive: n'est-ce
MAS): toute existence conduit «la société, à travers ses spécialistes pas le moment de la compenser (au
naturellement à un conglomérat [dont la médecine légale], continue moins partiellement) grâce à ceux
figé, hétéroclite et en partie insi­ à regarder «le corps» moins comme qui l'entourent et à tout ce qui rap­
gnifiant qu'il faut périodiquement un «reste» que comme ce qui pelle son passé (positif), ainsi que
et culturellement casser. L'idéal à conserve les marques indélébiles de les liens toujours vivants avec ceux
atteindre par ces fractures mul­ notre personnalité.» (p. 29). On qui se trouvent à ses côtés? (p. 61).
tiples tient en l'unicité et en la den­ cherchera en vain en quoi: se glisse Ce moment devrait être occasion
sité: de rares morts deviennent ici un doute qui persistera, en ceci de réjouissances célébrant la cohé­
ancêtres et de rarissimes, divinités. que la psyché, à la charnière du sion raffermie du groupe par le
«Nous voyons donc que le cadavre, biopsychique et du culturel, est mort, augurant de sa réorganisa­
vue autrement avec toutes ses métamorphoses (cf. «oubliée», en dépit d'avancés de ce tion et de sa refondation. (On veut
L.-V. Thomas, Le cadavre), est ici le type: «L'idée juste englobe tout et bien, mais le problème réside dans
noyau d'une construction concep­ ne s'en tient pas à un fragment.» la séquence - un peu rapide - de
tuelle particulièrement complexe (p. 19). cette réjouissance, non dialectisée
qui diffuse sa logique dans tous les Les deux chapitres centraux avec la crise et le chagrin.). En
secteurs de la vie sociale. Un modè­ survolent le système culturel: en second lieu, pour ce qui concerne
COI IEC T ION
le de réflexion s'impose aux premier lieu «il convient de mettre les obsèques, est reprise la valence
l£S EMPÊCHEURS 1)1 PENSER IN RONI)
vivants, sourd de manière perma­ au-dehors ce qui s'est glissé au- de la terre, préférée au feu: «Grâce
nente des pratiques rituelles et dedans, afin d'éviter tout condi­ à ces morts, rassemblés, nous pou­
On connaît le travail interdisci­ s'impose comme une logique de tionnement. [...] À les sortir de vons revenir à nos racines, aux fon­
plinaire (ethnopsychiatrie) de Tobie l'univers. Selon ce modèle [...], ne l'ombre, nous pourrons échapper dateurs ou aux ancêtres. [...]

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