Comment Enseigner La Gestion de La Classe
Comment Enseigner La Gestion de La Classe
Comment Enseigner La Gestion de La Classe
Dans le cadre scolaire, il est ainsi garant d’un certain ordre établi et accompagne
l’enfant de manière structurée dans sa découverte du milieu scolaire et des
apprentissages qui lui sont proposés. De plus, il facilite la mise en mémoire d’un
certain nombre d’éléments – liés notamment au fonctionnement de la classe et aux
divers apprentissages –, ainsi que l’inscription dans une temporalité partagée. EnUn,
il favorise l’intégration des élèves au sein du groupe-classe. Il partage avec les
routines l’aspect répétitif, structurant et sécurisant de la vie en classe.
Les rituels et les routines in1uent sur toutes les composantes de la gestion d’une
classe (Gaudreau, 2017) ; en l’occurrence la gestion des ressources (temps, espace,
matériel) ; l’établissement d’attentes claires, la mise en place de relations sociales
positives ; la mise en œuvre de stratégies pour capter l’attention des élèves et
favoriser leur engagement ; la gestion des comportements d’indiscipline. Ils sont
fondamentaux en particulier pour les deux premières composantes précitées.
Les rituels jouent un rôle important par rapport au climat de classe, car ils relèvent
de la construction d’une appartenance commune au groupe classe. Ils jouent
également un rôle dans les transitions entre les espaces sociaux comme le passage
de la famille à l’école, chez les petits, ou de la cour de récréation à la classe pour
tous les niveaux. Dans la mesure où ils ne sont pas rigides et laissent une certaine
marge de manœuvre aux élèves, ils permettent à chaque individu de se construire
en lien avec autrui.
Les routines sont fondamentales pour gérer les ressources dans le cadre de la
classe. Elles contribuent aussi à mettre en place des attentes claires auprès des
élèves, libérant ainsi de la charge cognitive pour les élèves et l’enseignant aUn de se
focaliser sur les tâches d’apprentissage. Elles permettent aussi de négocier de
manière plus ebciente les transitions dans le cours d’une leçon. En effet, s’il subt
d’un signal de l’enseignant pour que les élèves sachent les gestes attendus de leur
part, le gain de temps et d’économie d’énergie est considérable pour les acteurs de
la classe.
Vous dites qu’un enseignant novice dispose d’une gamme restreinte d’action pour
sa gestion de classe. En quoi cela in@uence-t-il le fonctionnement de la classe ?
Les capacités d’anticipation des enseignants novices sont souvent trop peu
développées, car ces derniers n’ont pas un assez grand répertoire de situations
typiques ou singulières. Cette dibculté amène à des comportements plus réactifs
que proactifs et peu ré1échis. Elle les limite aussi dans leur capacité d’analyse de la
situation. Ainsi, le fonctionnement de la classe est souvent moins 1uide qu’avec des
enseignants experts, car les enseignants novices ont tendance à intervenir plus
souvent, au détriment du cours de la leçon. Le rythme est cassé. Les élèves se
retrouvent éloignés de l’objet d’apprentissage et le terrain devient très favorable à
diverses perturbations.
Pour Unir, les enseignants novices agissent fréquemment en visant le court terme,
ce qui les amène à une certaine instabilité dans les attentes qu’ils communiquent
aux élèves. La plupart des enseignants novices construisent leurs rituels et leurs
routines par tâtonnement. Les changements de routines et de rituels peuvent être
très fréquents, surtout lors de la première année de pratique, et caractérisent dans
nos investigations les enseignants novices qui rencontrent de sérieuses dibcultés
en gestion de classe. L’instabilité dans les rituels et les routines participent de
l’instabilité du comportement chez les élèves. Le groupe-classe peut se sentir
désécurisé et tester le cadre.
Vos travaux montrent une relation entre la diBculté de la gestion de classe et le
fait de dispenser un cours descriptif plutôt qu’explicatif. Quelques mots sur ces
observations.
Quand l’enseignant cherche à tout contrôler, ce qui semble peu possible, voire
impossible, il ne crée pas une dynamique positive d’apprentissage et une partie des
élèves se démobilisent rapidement. Les routines et les rituels conjugués avec des
démarches didactiques dynamiques et qui donnent la possibilité à l’élève d’agir pour
apprendre se montrent plus performants. Il serait opportun de penser le
déroulement de la leçon dans une logique qui place l’élève en posture d’autonomie.
Reproduire l’acte d’enseigner sans l’analyser risque d’être inadapté au besoin réel
d’une classe. Cette mise en activité pratique doit aussi pouvoir être confrontée aux
savoirs, basés sur la recherche en sciences de l’éducation, qui sont dispensés en
institution. La reproduction non pensée est vouée à l’échec. La ré1exivité sur ses
pratiques reste indispensable pour progresser.
D’après vous, quelles sont les stratégies les plus abouties pour capter l’attention
des élèves et favoriser leur engagement ?
Les stratégies sont multiples et dépendent fortement du contexte. Il y a bien sûr les
grands principes qu’évoque Gaudreau (2017) ; il s’agit notamment de tenir compte
de la perception de la tâche que peuvent avoir les élèves, aUn que ces derniers y
trouvent du sens et de l’utilité. L’adaptation de cette dernière au niveau des élèves
est aussi importante. Des dispositifs qui amènent les élèves à participer activement
à leurs apprentissages, tant physiquement que mentalement, contribuent aussi à les
engager. Et bien sûr, la différenciation de l’enseignement en fonction des besoins
des élèves, notamment en variant les contenus, les dispositifs et les rythmes,
favorise l’engagement des élèves.
Par rapport aux routines et aux rituels, nous prendrons l’exemple du début d’une
leçon où il s’agit d’amener les élèves à s’engager sur un objet de savoir. Les élèves
doivent franchir trois seuils (Brenas, 2009). Le premier consiste à faire passer les
élèves de l’espace extérieur à l’espace classe, le deuxième à les préparer à entrer
dans une activité d’apprentissage et le dernier à entrer dans un apprentissage
particulier. Les rituels et les routines sont des outils importants pour permettre le
passage de ses différents seuils. Par exemple, une routine didactique qui consiste,
au signal de l’enseignant, à sortir sa règle et son compas pour se préparer au cours
de géométrie relève du passage du deuxième seuil.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Lectures proposées
BRENAS Yolande (2009), « Trois seuils pour une installation épistémologique… Quel
degré d’ajustements réciproques en début de cours de littérature ? », dans
Dominique Bucheton (dir.), L’agir enseignant : des gestes professionnels ajustés,
Toulouse, Octares, p. 175-203.
HARPER Jennifer & O’BRIEN Kathryn (2016), Des routines de classe pour mieux
apprendre. Favoriser l’autonomie et l’engagement des élèves de 5 à 12 ans au
quotidien. Montréal : Chenelière Éducation
VANNIER Marie-Paule & MERRI Maryvonne (2015), « A quoi pensent les enseignants
quand on leur parle de rituels ? », Recherches en éducation, Hors-série n° 8, p. 14-26.
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