Droit Pénal Des Sociétés
Droit Pénal Des Sociétés
Droit Pénal Des Sociétés
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INTRODUCTION
L’OHADA. Créée en 1993, l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires (OHADA) compte actuellement 17 Etats membres (Bénin, Burkina Faso, Cameroun,
Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Guinée
Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo), organise l’unification du droit des affaires et le
règlement des litiges par une juridiction supranationale ainsi que la promotion de l’arbitrage. Les
matières ci-après font l’objet d’actes uniformes : droit commercial général, sociétés et GIE, sûretés,
procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution, procédures collectives (faillite),
arbitrage, comptabilité, transport de marchandises par route. D’autres projets sont en cours, notamment
le droit des contrats, avec le concours d’une expertise tant africaine qu’internationale.
L’introduction du pénal dans le droit des affaires s’explique par la nécessité d’assainir le monde
des affaires afin de discipliner tant soit peu les opérateurs économiques dont les moyens usités pour
réaliser les bénéfices ne sont pas toujours les plus recommandés. Pour contrer la délinquance
économique en expansion continue, le législateur OHADA a mis en place des incriminations nouvelles
afin de mieux sanctionner les auteurs de pratiques déshonorantes pour la vie des affaires et des
comportements prohibés par la loi.
La volonté affichée des Etats signataires du Traité OHADA a été d’améliorer l’environnement
juridique des entreprises en essayant d’éradiquer l’insécurité juridique constatée à travers la vétusté et
la disparité des textes, mais également l’insécurité judiciaire résultant de la faiblesse des systèmes de
justice de ces différents pays.
La plupart des délits sanctionnés par le droit OHADA ont trait à la constitution de la société,
d’autres concernent l’organisation et le fonctionnement de celle-ci. Certaines incriminations visent les
dirigeants ou les liquidateurs de société à propos de certaines causes de dissolution ou de la liquidation
des sociétés. Enfin, il y a des infractions qui concernent le contrôle des sociétés.
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CHAPITRE 2 : LA MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITE PENALE
La responsabilité pénale des personnes morales suppose que l’élément matériel de l’infraction ait été
commis par une personne physique. Il est en effet évident que la personne morale ne peut pas
commettre matériellement une infraction sans qu’une personne physique n’intervienne. La
responsabilité pénale des personnes morales est donc une variante de la responsabilité d’autrui.
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SECTION 2 : LES INFRACTIONS AUX SOCIETES COMMERCIALES
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des versements implique que le dépositaire accepte de reconnaître qu’il a reçu des versements qui,
somme toute, ne lui ont pas été remis.
Les versements sont fictifs quand il est affirmé qu’ils ont été effectués, alors qu’il n’en a été
rien. On parle de versement fictif en l’absence de tout versement nonobstant l’affirmation contraire,
en cas de simulacre de versements apparents. La doctrine déclare que « tous les procédés susceptibles
d’accréditer, dans l’esprit des tiers, cette idée, sont répréhensibles », et « peu importe la méthode
utilisée : déclarations verbales, reçus de complaisance, passation d’écritures ». Il peut s’agir aussi,
selon la jurisprudence, des manœuvres suivantes :
Établissement du certificat du dépositaire affirmant inexactement la souscription intégrale du
capital ou le versement du 1er quart ;
Fausses affirmations appuyées ou non de la production de documents fallacieux ;
Utilisation de jeux d’écritures ou d’artifices de comptabilité.
Les manœuvres frauduleuses tendant à amener les actionnaires à verser les souscriptions suffisent à
constituer l’infraction, même si l’opération ne s’est pas réalisée.
La souscription s’entend comme tout engagement pris en faveur d’une société et rémunéré par
la délivrance d’un titre quelconque. C’est un acte juridique par lequel une personne s’engage à faire
partie d’une société par actions en apportant une somme d’argent en principe égale au montant nominal
de son titre. Le versement quant à lui est non seulement constitué du premier versement effectué au
moment de la constitution de la société, mais encore des versements réalisés à la suite des appels des
quarts subséquents.
La tentative d’obtenir des souscriptions ou des versements est punissable. Elle est consommée
lorsque l’agent aura accompli des actes de nature à amener l’engagement de souscripteurs sérieux ou
de versements de leur part. Il y aura tentative par exemple si les fondateurs sollicitent la souscription
d’actions sans réussir à l’obtenir.
L’action publique existe dès la consommation du délit. La restitution des fonds obtenus par
simulation ou le versement des fonds font subsister le droit de poursuite de l’infraction. Elle se prescrit
par trois ans, et le délai court du jour de l’accomplissement du délit. Quant à l’action civile, elle
appartient à toute personne ayant subi un préjudice du fait de l’infraction. Aux actionnaires victimes
des agissements frauduleux, et à la société en tant qu’être collectif, l’action étant alors exercée par les
administrateurs contre les fondateurs ou d’autres administrateurs. Un créancier de la société peut
également intenter les poursuites judiciaires.
La peine est une amende de 500 milles à 5 millions et une peine d’emprisonnement de 3 mois à
3 ans ou l’une de ces deux peines.
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Des faits faux quelconques, des souscriptions ou versements inexistants et des noms de personnes
faussement attachées à la société peuvent être retenus comme constitutifs du délit.
Les faits faux d’ordre juridique sont ceux qui consistent dans l’affirmation inexacte de la
constitution régulière de la société ou de la souscription intégrale du capital social.
Les faits d’ordre économique peuvent être, la publication de circulaires ou articles de
journaux annonçant une hausse considérable des actions, les affirmations inexactes sur le droit
de propriété, la publication dans un code, de cours fictifs.
Les noms des personnes faussement attachées à la société sont ceux des gens jouissant d’un grand
crédit ou d’une notoriété certaine, bien que dépourvues de tout lien avec la société. Ce délit est
intentionnel, comme le souligne le mot « sciemment ». Mais, s’agissant de la publication de noms de
personnes faussement attachées à la société, il est nécessaire que soit exigée, en dehors de la conscience
des agissements, la preuve de l’intention de l’auteur, d’autant plus que le texte précise comme but de
la publication « pour provoquer des souscriptions ou versements ».
Les auteurs sont ceux qui ont publié des faits en sachant qu’ils sont faux, pour obtenir des souscriptions
ou des versements : ce sont les fondateurs, les administrateurs ou les gérants.
Peuvent être poursuivis comme complices :
Les démarcheurs qui, après avoir réuni les éléments mensongers destinés à faciliter l’émission
des actions, les ont portés à la connaissance du public sous forme de comptes rendus inexacts
et trop élogieux de l’affaire ;
Les journalistes qui publient en connaissance de cause, les articles mensongers conformément
à la demande des fondateurs ou des administrateurs ;
Le commissaire aux comptes qui, en connaissance de cause, certifie sincère un bilan
manifestement frauduleux, ou qui conseille un dirigeant en vue de présenter à l’assemblée
générale un bilan comportant de graves inexactitudes
Le conseil juridique qui prépare les actes frauduleux destinés à être publiés
La peine est une amende de 500 milles à 5 millions et une peine d’emprisonnement de 3 mois à
3 ans ou l’une de ces deux peines.
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La peine est une amende de 500 milles à 5 millions et une peine d’emprisonnement de 3 mois à
3 ans ou l’une de ces deux peines.
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2. Les infractions liées au fonctionnement des sociétés
Dès qu’elle est créée, la société doit entretenir une activité dans le but d’accomplir son objet
social. Elle doit pour ce faire, fonctionner normalement. Ce qui justifie la mise en œuvre des règles
pénales en vue d’assurer la protection de ceux qui peuvent être victimes d’une gestion frauduleuse ou
trop imprudente. Ainsi compris, le droit pénal prévoit des infractions relatives à la gestion des affaires
sociales, pour empêcher les abus venant des dirigeants sociaux qui ont un pouvoir pour engager la
société sans justifier d’un mandat spécial, et sont chargés d’assurer la gérance, l’administration, la
direction de la société.
Dans le cadre de la gestion de la société, les dirigeants peuvent alors abuser des biens et du crédit de
la société, tout autant qu’ils peuvent porter atteinte au droit des associés de prendre part à la vie d’icelle.
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qui ne fournissent aucune prestation de travail et qui appartiennent à la famille des dirigeants
ou à leurs amis ou aux amis de leurs amis).
- Il s’agit de la perception de commissions personnelles sur des opérations sociales (les
dirigeants qui exigent et obtiennent une commission personnelle parfois très élevée quand ils
mènent une opération d’acquisition pour le compte de la société, or, cette commission va
souvent de pair avec une surfacturation de l’acquisition à laquelle procède la société, cette
surfacturation permettant le versement de la commission personnelle. A hauteur de la
surfacturation, il y a un paiement sans contrepartie ou sans cause pour la société qui sert les
intérêts des dirigeants puisqu’elle permet le paiement de la commission).
- Il s’agit de frais relationnels ou de réception pris en charge par la société (frais servant à traiter
la famille des dirigeants. En cas de frais relationnels équivoques : frais de mariage d’un enfant
; demande de remboursement direct de frais de restaurant ou de distraction sans justification
de leur bénéficiaire).
- Il s’agit de la perception par les dirigeants de rémunérations indues qui sont, stricto sensu, les
rémunérations perçues sans autorisation préalable du conseil d’administration ou de
l’assemblée générale.
- Il s’agit de la perception des rémunérations excessives qui sont des rémunérations pouvant être
considérées comme disproportionnées, soit par rapport aux capacités financières de
l’entreprise, soit par rapport au travail fourni par les dirigeants.
Pour traduire le dirigeant, la mauvaise foi de l’auteur de l’abus est requise, ainsi que la poursuite des
fins personnelles, le but d’intérêt personnel et égoïste qui constitue le dol spécial. Le but d’intérêt
personnel peut être pécuniaire et direct, mais aussi professionnel et moral, ou se traduire par la faveur
accordée à d’autres personnes (entretien de relations d’amitié avec un tiers ou volonté de consolider
une situation au sein de la société et d’entretenir de relations avantageuses avec des personnes
influentes).
L’élément intentionnel est doublement requis. Il faut que l’acte contraire à l’intérêt social ait été
commis de mauvaise foi et à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société dans laquelle les
dirigeants sont intéressés directement ou indirectement.
Les personnes susceptibles d’être poursuivies sont les seuls gérants de la société dont les qualités sont
précisées dans l’incrimination. Toutefois, ceux qui ont participé au délit peuvent non seulement être
poursuivis comme complices mais encore comme receleurs de choses.
La sanction applicable est une peine d’emprisonnement de 5 ans à 10 ans et une amende de 5.000.000
F CFA à 10.000.000 F CFA
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Délit nouveau qui punit l’entrave à la participation à une assemblée d’actionnaires, cette infraction
vise les dirigeants sociaux, en premier lieu, mais également tous ceux qui ont empêché sciemment un
actionnaire de participer à une assemblée. Il sied de noter que l’infraction sera réalisée même si aucune
décision n’a été prise par l’assemblée, étant entendu qu’il est possible que les faits d’entrave aient eu
pour but d’atteindre le quorum requis. L’auteur doit nécessairement avoir agi en connaissance de cause.
La peine applicable est une peine d’emprisonnement de 3 mois à deux ans et une amende 100.000 F
CFA à 1.000.000 F CFA.
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comptes. Ce délit est un délit d’omission comme l’expriment les termes « ne pas avoir provoqué la
désignation des commissaires aux comptes ».
Il peut aussi être un délit d’imprudence qui suppose bien évidemment la preuve d’une faute de
négligence si les dirigeants omettent d’accomplir les diligences nécessaires pour la convocation de
l’assemblée qui désigne les commissaires. L’action publique est mise en mouvement contre les
dirigeants ayant le pouvoir de convoquer l’assemblée générale, par le ministère public, le délit étant
un délit d’intérêt général.
La sanction applicable est une amende de 500.000 F CFA à 5.000.000 F CFA et une peine
d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans.
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2.7.Le refus de contrôle
Nous sommes en présence des altérations d’informations imputables aux commissaires aux comptes.
Quand les commissaires aux comptes donnent ou confirment des informations mensongères dans le
cadre de leurs missions d’informations, ils s’exposent inéluctablement à des poursuites pénales.
Ce délit trouve sa raison d’être dans l’idée que le contrôle serait vidé de son utilité si les contrôleurs
légaux pouvaient impunément donner des informations qui sont mensongères au regard des
connaissances qu’ils ont acquises lors de leurs opérations de contrôle et de vérification.
Les informations protégées contre le mensonge doivent remplir deux conditions, à savoir qu’elles
doivent être des informations données en exécution des missions légales ou rattachables à celles-ci, et
elles doivent porter sur la situation de la société.
Les informations données en exécution de ces missions sont toutes celles que les commissaires aux
comptes sont appelés à donner en exécution des textes régissant leurs missions et au travers desquelles
ils rendent compte de leurs opérations de contrôle ou de vérification. Elles ont toutes vocation à être
protégées pénalement contre le mensonge car le délit trouve sa raison d’être dans l’idée qu’un
contrôleur légal ne saurait mentir.
Les commissaires aux comptes ont une mission permanente de vérification.
Le mensonge porte souvent sur la situation comptable et financière de la société. Ainsi en est-il quand
dans le cadre de leur mission générale d’information, les commissaires aux comptes ont certifié que
les comptes étaient réguliers, sincères et fidèles, alors qu’ils savaient qu’ils ne l’étaient pas.
La commission du délit suppose que le commissaire aux comptes ait donné ou confirmé une
information et que celle-ci soit mensongère. L’information délivrée, donnée ou confirmée peut l’être
par écrit (rapport des commissaires), mais aussi par voie orale (explications mensongères données aux
actionnaires au cours d’une assemblée générale).
Les termes « avoir donné ou confirmé une information mensongère » ont pour conséquence que le
délit est un délit d’action qui, en vertu de la règle « il n’y a pas de commission par omission » ne peut
pas se commettre par omission.
Concernant l’information mensongère, celle-ci doit avoir trait à la situation comptable et
financière de la société. Le silence du commissaire aux comptes qui s’abstient de dénoncer un bilan
manifestement inexact pour couvrir les malversations des dirigeants peut lui valoir des poursuites
judiciaires.
A plus forte raison, lorsque le commissaire aux comptes a sciemment confirmé des informations
mensongères en certifiant la régularité et la sincérité du bilan dont il connaissait la fausseté.
Concernant la non révélation des faits délictueux, il faut dire que le commissaire aux comptes est
investi d’une mission permanente de contrôle de la situation comptable de la société. En tant que
collaborateur du parquet en l’espèce, il devient complice du délit de présentation de comptes annuels
ne donnant pas une image fidèle de la situation de la société, tout comme il engage sa responsabilité
en refusant de dénoncer les actes délictueux des dirigeants sociaux. L’obligation de dénoncer, pourvue
qu’elle soit nécessaire et raisonnable, crée des relations de confiance entre les commissaires aux
comptes et les magistrats. Elle est de nature à renforcer aussi l’autorité du commissaire aux comptes à
l’égard des dirigeants.
La loi réprime le fait pour le commissaire aux comptes de ne pas révéler au Procureur de la
République les faits délictueux. Ce délit suppose donc réunis l’élément matériel de la non dénonciation
portant sur des faits délictueux et l’élément moral résultant de la mauvaise foi.
La révélation dont il est question doit porter sur toutes les situations irrégulières et elle doit
intervenir dès que le commissaire aux comptes a connaissance du caractère délictueux de ces faits.
L’infraction n’est consommée que lorsque la non révélation des faits délictueux dont il a eu
connaissance a été faite sciemment. La révélation doit intervenir en principe dès que le commissaire
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aux comptes a connaissance du caractère délictueux des faits, et le commissaire ne peut dénoncer que
les faits dont il a la connaissance, même s’il faut admettre qu’en tant que professionnel, il y a une sorte
de présomption de connaissance qui pèse sur lui.
Les auteurs principaux sont les commissaires aux comptes, personnes physiques exerçant le
contrôle à titre personnel ou au titre d’associé de la société de commissaires aux comptes assurant le
contrôle.
Peuvent être complices les collaborateurs du commissaire aux comptes qui ont sciemment délivré
en son nom une information mensongère.
Le ministère public peut initier les poursuites. Mais il y a aussi l’entité contrôlée qui peut se
constituer partie civile pour préjudice moral, car bien que n’étant pas destinataire de l’information, elle
en est le sujet, et le mensonge peut porter sur sa situation.
Les commissaires aux comptes doivent avoir eu connaissance des faits délictueux qu’ils doivent
révéler, mais le texte ne précise nullement la nature de ces faits. Dès lors, il est admis que les
commissaires aux comptes n’ont à révéler que les faits délictueux portant atteinte à des intérêts dont
ils sont les gardiens en raison de la finalité des missions qui leur sont confiées, en tout cas au regard
du rôle de gardien de la régularité financière de l’entreprise qui est dévolu aux commissaires aux
comptes.
Tout compte fait, le champ de l’obligation de révélation doit être déterminé par rapport à la mission
fondamentale des commissaires aux comptes qui est de garantir la fiabilité des informations
comptables et financières données par les responsables sociaux.
L’omission constitutive du délit suppose que le commissaire aux comptes n’ait pas informé le
parquet des faits délictueux dont il a eu connaissance.
Les auteurs principaux de cette infraction sont les commissaires aux comptes qui, exerçant le
contrôle en leur nom personnel ou au titre d’associé d’une société de commissaires aux comptes, n’ont
pas révélé les faits délictueux dont ils ont eu connaissance.
Le délit ne peut être imputé à leurs collaborateurs qui auraient découvert les faits délictueux,
l’obligation de révélation incombant aux seuls commissaires.
Comme sujets actifs, il y a le ministère public, mais l’action publique peut également être mise en
mouvement par les personnes pouvant se dire victimes du délit au sens de l’art.2 CPP. Ce sont
notamment les associés, mais aussi les créanciers de la société. La sanction applicable est une amende
de 500.000 F CFA à 5.000.000 F CFA et une peine d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans
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3.1.La distribution de dividendes fictifs
Selon l’article 889 AUSC : « Encourent une sanction pénale, les dirigeants sociaux qui, en l’absence
d’inventaire ou au moyen d’inventaire frauduleux, auront, sciemment, opéré entre les actionnaires ou
les associés la répartition de dividendes fictifs ».
Le dividende correspond à la part du bénéfice social que l’on attribue à chaque
actionnaire ou associé, et c’est après approbation des états financiers de synthèse et constatation de
l’existence de sommes distribuables que l’assemblée générale détermine la part du bénéfice à
distribuer, selon le cas, aux actions et aux parts sociales. Ceci étant, tout dividende distribué en ne
suivant pas cette procédure est un dividende fictif.
La distribution de dividende est liée à l’existence du bénéfice. Lorsque celui-ci fait défaut, le dividende
va être prélevé sur le capital de la société ou sur les réserves légales de la société. Or, le capital social
se caractérise par son intangibilité.
Ce délit trompe les associés et les investisseurs car il donne l’apparence d’une fausse prospérité à
la société. Il porte aussi gravement atteinte au droit de gage des créanciers, les bénéfices fictifs étant
des bénéfices prélevés sur le capital social ou les réserves.
L’existence du délit suppose l’absence de l’inventaire ou son caractère frauduleux. L’infraction
doit donc réunir les éléments matériel et moral, à savoir un inventaire fictif ou frauduleux, une
répartition de dividendes fictifs et une mauvaise foi.
L’inventaire s’analyse comme un relevé descriptif et estimatif des créances, des dettes et des biens
de la société. Ici, il s’agit donc du bilan ou de tout compte rendu permettant d’apprécier objectivement
l’état du patrimoine social. Selon la jurisprudence, « tout document rendant effectivement compte de
la consistance de l’actif et du passif vaut inventaire ». A défaut d’inventaire, il n’est pas possible de
savoir si la société a ou n’a pas fait de bénéfices.
Tout dividende attribué sur des bénéfices qui ne sont pas légalement distribuables, c’est-à-dire tout
dividende distribué en violation des dispositions légales est fictif.
La distribution est susceptible de causer un préjudice aux associés et à la société car c’est le capital
lui-même qui sera entamé, dès lors qu’en vérité, il n’y a pas de bénéfices à partager. Les dividendes
distribués doivent exister actuellement, ce qui rend irrégulière la distribution de bénéfices futurs.
L’élément matériel de l’infraction réside dans un acte de distribution de dividendes qui doivent
revêtir un caractère fictif.
La mauvaise foi consiste dans la connaissance par l’auteur, tant du caractère fictif des dividendes
que de l’inexactitude de l’inventaire ou du bilan ou des conditions dans lesquelles la distribution des
dividendes a été décidée.
Le délit étant souvent dénommé délit de distribution de dividendes fictifs, on pourrait croire qu’il
n’est constitué que si les associés ont perçu les dividendes fictifs. En réalité, tel n’est pas le cas, le
texte visant les dirigeants ayant opéré la répartition des dividendes fictifs entre les actionnaires.
La répartition est en fait opérée dès leur mise à disposition des actionnaires par une décision des
dirigeants ouvrant à leur profit un droit privatif dont la valeur entre aussitôt dans leur patrimoine.
L’ordre de mise en paiement des dividendes suffit donc à consommer le délit, lequel ne se renouvelle
pas lors de leur perception.
Les sujets passifs de cette infraction sont les auteurs principaux qui doivent avoir la qualité de dirigeant
exigée par les textes. Les dirigeants de fait de ces sociétés peuvent également être auteurs du délit.
Les complices sont ceux qui, en connaissance de cause, ont sciemment concouru à la préparation ou à
la commission du délit. Comme à propos du délit de présentation ou de publication de comptes
infidèles, ils peuvent être des experts comptables ou des commissaires aux comptes qui auraient été
les concepteurs des manipulations ayant fait apparaître les bénéfices fictifs.
Les associés pourraient aussi être déclarés complices s’ils avaient voté de mauvaise foi la
délibération décidant de l’attribution de dividendes fictifs. Les sujets actifs sont le ministère public,
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les actionnaires agissant à titre individuel, à condition qu’ils aient acquis leurs titres après la
distribution des dividendes (fictifs) et en raison de cette distribution. Les créanciers à qui l’infraction
réduit le gage.
Les sanctions applicables sont une peine d’emprisonnement d’1an à 5 ans et une amende d’1 à 5
millions F CFA.
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Mais la présentation peut aussi résulter d’une communication faite aux actionnaires en dehors de
l’assemblée générale ou de la préparation de celle-ci.
La publication elle, s’entend par tout procédé portant le fait à la connaissance du public, que ce soit
par voie écrite ou orale, et cette communication doit être collective, même si l’on conçoit que la
multiplication de communications n’est pas nécessairement une communication collective.
L’intention de l’auteur consiste dans l’action en connaissance de cause. C’est la mauvaise foi
caractérisée. La mauvaise foi est constituée par le fait que le prévenu connaissait la situation difficile
de l’entreprise.
Le but poursuivi en la matière est le dessein de dissimuler la véritable situation de la société. Peu
importe le mobile qui est tout à fait inopérant.
Le texte exige que les dirigeants aient agi en vue de dissimuler la véritable situation de la société. Un
dol spécial caractérisé est donc requis.
Toutes les personnes qui sciemment ont provoqué ou activement participé à l’établissement des
comptes infidèles peuvent être complices.
Les sujets actifs sont le ministère public et les victimes du délit.
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La peine applicable est une peine d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans et une amende 500 mille à 5
millions F CFA.
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3) N’aura pas, dans le cas prévu à l’art.219 du présent Acte uniforme, déposé ses comptes
définitifs au greffe du tribunal chargé des affaires commerciales du lieu du siège social, ni
demandé en justice l’approbation de ceux-ci.
La peine applicable est une amende de 500 milles à 5 millions F CFA et une peine
d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans.
Par ailleurs, selon l’article 903 : Lorsque la liquidation intervient sur décision judiciaire, encourt une
sanction pénale, le liquidateur qui sciemment :
1°) n’aura pas, dans les six mois de sa nomination, présenté un rapport sur la situation active et
passive de la société en liquidation et sur la poursuite des opérations de liquidation, ni sollicité les
autorisations nécessaires pour les terminer ;
2°) n’aura pas, dans les trois mois de la clôture de chaque exercice, établi les états financiers de
synthèse au vu de l’inventaire et un rapport écrit dans lequel il rend compte des opérations de la
liquidation au cours de l’exercice écoulé ;
3°) n’aura pas permis aux associés d’exercer, en période de liquidation, leur droit de communication
des documents sociaux dans les mêmes conditions qu’antérieurement ;
4°) n’aura pas convoqué les associés, au moins une fois par an, pour leur rendre compte des états
financiers de synthèse en cas de continuation de l’exploitation sociale ;
5°) n’aura pas déposé à un compte ouvert dans une banque au nom de la société en liquidation, dans
le délai de 15 jours, à compter de la décision de répartition, les sommes affectées aux répartitions
entre les associés et les créanciers ;
6°) n’aura pas déposé, sur un compte de consignation ouvert dans les écritures du Trésor, dans le
délai d’un an à compter de la clôture de la liquidation, les sommes attribuées à des créanciers ou à
des associés et non réclamées par eux.
Les peines lui sont applicables s’il n’a pas dans les six mois de sa nomination, dressé un rapport
sur la situation active et passive de la société et sur la poursuite des opérations de liquidation, ni sollicité
les autorisations nécessaires pour les terminer. Il en va de même si, dans le délai de trois mois de la
clôture de chaque exercice :
- Il n’a pas établi les états financiers de synthèse au vu de l’inventaire et un rapport dans lequel
il rend compte des opérations au cours de l’exercice clôturé ;
- Permis aux associés d’exercer, en période de liquidation, leur droit de communication des
documents sociaux dans les mêmes conditions qu’antérieurement ;
- Convoquer les associés au moins une fois par an, afin de leur rendre compte des états
financiers de synthèse en cas de continuation de l’exploitation ;
- Déposé à un compte ouvert dans une banque au nom de la société en liquidation dans les quinze
jours, les sommes affectées aux répartitions entre les associés et les créanciers ;
- Déposé sur un compte de consignation ouvert dans les écritures du trésor, les sommes
attribuées à des créanciers ou à des associés et non réclamées par eux.
La peine applicable est une amende de 500 milles à 5 millions F CFA et une peine
d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans.
Le liquidateur peut aussi être auteur d’une infraction de commission et poursuivi pénalement lorsque,
de mauvaise foi, conformément à l’art. 904, il aura:
- Fait des biens ou du crédit de la société en liquidation, un usage qu’il savait contraire à
l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre personne morale dans laquelle
il était intéressé, directement ou indirectement ;
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- Cédé tout ou partie de l’actif de la société en liquidation à une personne ayant eu dans la
société la qualité d’associé en nom, de commandité, de gérant, de membre du conseil d’administration,
d’administrateur général ou de commissaire aux comptes, sans avoir obtenu le consentement unanime
des associés ou, à défaut, l’autorisation de la juridiction compétente.
Il s’agit dans le cas d’espèce, d’une soustraction de l’actif de la société au détriment des associés. En
définitive, il sied de souligner que la mauvaise foi du liquidateur étant évidente, celui-ci mérite des
sanctions pénales.
La peine applicable est une amende de 5 millions à 10 millions F CFA et une peine
d’emprisonnement de 5 ans à 10 ans.
Une société peut disparaître du fait de l’arrivée du terme fixé par les fondateurs ou encore de manière
prématurée. Il est évident que dans son fonctionnement, la société est amenée à connaître des périodes
de prospérité ou des moments de difficultés.
La société en difficulté est celle dont la réalisation de l’objet est devenue plus ou moins
compromise du fait de son impossibilité à faire face à ses engagements. On dit alors qu’elle est en
situation d’échec. Par ailleurs, la société peut dans sa gestion se trouver dans une situation où la
dissolution devient inéluctable.
Dans son désir de protéger les créanciers sociaux, dont le recouvrement des créances devient
problématique, le législateur a prévu des sanctions pénales à l’encontre de certaines personnes.
1. La banqueroute
Quand une société est en état de cessation de paiements, toute personne physique qui se livre à certains
actes incriminés peut être poursuivie du chef de banqueroute.
La cessation de paiements est l’état du débiteur qui ne peut faire face à son passif exigible grâce à
son actif disponible et qui se traduit par un arrêt du service de caisse. La jurisprudence ajoute une
condition supplémentaire en exigeant que la situation de la société soit irrémédiablement compromise.
La banqueroute s’applique aux commerçants personnes physiques et aux associés des
sociétés commerciales qui ont la qualité de commerçants. Elle concerne également les personnes
physiques dirigeantes de personnes morales assujetties aux procédures collectives et les
personnes physiques représentantes permanentes de personnes morales dirigeantes de personnes
morales.
Le délit de banqueroute suppose un état de cessation de paiements, sans que cet état soit
nécessairement constaté par un tribunal commercial ou civil. Le rôle de la cessation des paiements
dans la qualification de l’infraction est capital.
En revanche, l’intervention du droit pénal devient justifiée quand le débiteur, en état de cessation
des paiements ou dont la situation est gravement compromise, se livre à des agissements constitutifs
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de faits de banqueroute car de tels faits portent atteinte, non seulement au droit de gage général des
créanciers, mais encore à l’ordre public, économique et commercial.
Pour que le délit de la banqueroute soit constitué, il faut réunir la qualité de commerçant de
l’agent pour les personnes physiques, et qu’il y ait ouverture d’une procédure collective pour les
sociétés.
On distingue la banqueroute simple et la banqueroute frauduleuse.
L’article 228 quant à lui dispose qu’est coupable de banqueroute simple toute personne physique
en état de cessation de paiement qui se trouve dans un des cas suivants :
- Si elle a contracté sans recevoir des valeurs en échange, des engagements jugés trop
importants eu égard à sa situation lorsqu’elle les a contractés ;
- Si, dans l’intention de retarder la constatation de la cessation de ses paiements, elle a fait des
achats en vue d’une revente au-dessous du cours ou si, dans la même intention, elle a employé
des moyens ruineux pour se procurer des fonds ;
- Si, sans excuse légitime, elle ne fait pas au greffe de la juridiction compétente, la déclaration
de son état de cessation de paiements dans le délai de trente jours ;
- Si sa comptabilité est incomplète ou irrégulièrement tenue ou si elle n’a tenu aucune
comptabilité conforme aux règles comptables et aux usages reconnus de la profession eu égard
à l’importance de l’entreprise ;
- Si, ayant été déclaré deux fois en état de cessation de paiements, en cinq ans, ses procédures
ont été clôturées pour insuffisance d’actifs.
L’achat en vue de revendre au-dessous du cours consiste à acheter d’importantes quantités de
marchandises, généralement payables à terme, et à les revendre immédiatement à un prix inférieur à
leur cours. Ainsi, l’agent se constitue une trésorerie lui permettant de faire face aux échéances les plus
proches. Mais les autres dettes subsistant, il ne peut payer les marchandises achetées et son passif
s’aggrave.
Cette infraction se distingue avec le délit de revente à perte par l’élément intentionnel au motif que
dans le dernier cas, l’objectif de l’agent n’est pas de retarder ou d’éviter l’ouverture d’une procédure
collective.
Le recours à des moyens ruineux pour se procurer des fonds consiste à se procurer des fonds par
des concours financiers, ce qui permet le maintien artificiel et temporaire de l’activité de l’entreprise,
alors que la situation financière est déjà irrémédiablement compromise.
L’agent doit nécessairement avoir agi en vue d’éviter ou de retarder l’ouverture de la procédure
collective. Les juges doivent établir le caractère ruineux du moyen employé. L’emploi de moyens
ruineux laisse apparaître la mauvaise foi de l’auteur de l’infraction, car la loi vise l’intention de retarder
la constatation de la cessation de paiements, traduisant l’exigence d’un dol spécial, ou, tout au moins,
de la mauvaise foi. Parmi les moyens ruineux, on peut citer les crédits obtenus à un taux usuraire, les
concours financiers obtenus à un taux jugé excessif, le découvert trop important entraînant des intérêts
et agios hors de proportion avec le chiffre d’affaires.
La complicité peut être retenue à l’encontre des personnes qui ont fourni le concours financier
ruineux. Ce risque pénal concerne particulièrement les banquiers qui auront connu la situation de
cessation des paiements de leur client, la volonté de celui-ci de retarder l’ouverture de la procédure
collective et le caractère ruineux du crédit accordé. L’incrimination relative à la déclaration de l’état
de cessation des paiements au greffe vise notamment à contraindre le débiteur à le faire dans les délais
requis pour éviter l’accumulation des dettes qui est de nature à compromettre le redressement de
l’entreprise et le paiement des créanciers.
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La tenue d’une comptabilité régulière est l’une des garanties des droits des créanciers vis-à-vis de
leur débiteur. Le débiteur qui néglige cette obligation ne peut connaître son passif et son actif et
compromet du coup les droits de ses créanciers.
La peine applicable est une peine d’emprisonnement de 3 mois à 2 ans et une amende de
300.000 F CFA à 1 million F CFA
La banqueroute frauduleuse est prévue à l’article 229 de l’Acte Uniforme portant organisation
des procédures collectives d’apurement du passif qui énonce : « est coupable de banqueroute
frauduleuse toute personne physique qui :
- A soustrait sa comptabilité
- A détourné ou dissipé tout ou partie de son actif
- Soit dans ses écritures, soit par des actes publics ou des engagements sous seing privé, soit
dans son bilan, s’est frauduleusement reconnue débitrice de sommes d’argent qu’elle ne devait
pas
- A exercé la profession commerciale contrairement à une interdiction prévue par les actes
uniformes ou par la loi de chaque etat-partie
- Après la cessation des paiements, a payé un créancier au préjudice de la masse
- A stipulé avec un créancier des avantages particuliers à raison de son vote dans les
délibérations de la masse ou qui a fait avec un créancier un traité particulier duquel il
résulterait pour ce dernier un avantage à la charge de l’actif du débiteur à partir du jour de la
décision d’ouverture
- A, de mauvaise foi, présenté ou fait présenter un compte de résultats ou un bilan ou un état des
créances et des dettes ou un état actif et passif des privilèges et sûretés, inexact ou incomplet,
à l’occasion d’une procédure de règlement judiciaire
- A, sans autorisation du Président de la juridiction compétente, accompli des actes interdits par
la loi.
La banqueroute frauduleuse concerne les fautes ou les comportements suffisamment graves.
En effet, la soustraction de la comptabilité est susceptible de compliquer la comptabilité à travers
l’établissement de l’actif et du passif. Elle se traduit notamment par la dissimulation des éléments de
l’actif. Le détournement ou la dissipation de l’actif est bien facile à constater.
Se reconnaître débiteur de sommes d’argent qu’on ne doit pas en réalité relève d’une malhonnêteté
très préjudiciable aux créanciers. C’est la manifestation la plus prononcée d’une fraude évidente et
naturellement punissable à souhait.
Le paiement frauduleux d’un créancier au préjudice de la masse après la cessation des paiements
annihile l’égalité entre les créanciers qui est du reste un principe cardinal du droit des procédures
collectives.
A travers la répression de la stipulation des avantages particuliers, le législateur Ohadien veut
sanctionner les ententes frauduleuses entre le débiteur et certains créanciers indélicats.
La mauvaise foi n’est apparemment requise que pour la plupart des cas de banqueroute frauduleuse.
C’est ce qui justifie l’emploi du terme « frauduleux ». La peine applicable est une amende de 1
million à 3 millions F CFA et une peine d’emprisonnement d’1 à 5 ans.
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2.1.Les délits assimilés à la banqueroute simple
Ce sont ceux qui sont commis par les dirigeants des sociétés soumises aux procédures collectives. Il
s’agit de tous les dirigeants de droit ou de fait, et d’une manière générale, de toute personne qui
directement ou par personne interposée a administré, géré ou liquidé la personne morale sous le couvert
ou au lieu et place de ses représentants légaux.
Les peines prévues à leur encontre sont celles de la banqueroute simple. Sont donc concernés, les
dirigeants qui, au regard des dispositions de l’art.231 de l’Acte uniforme sur les procédures collectives.
« Sont également punis des peines de la banqueroute frauduleuse, les dirigeants visés à l’art.230 qui,
à l’occasion d’une procédure de règlement préventif ont :
De mauvaise foi, présenté ou fait présenter un compte de résultats ou un bilan ou un état des
créances et des dettes ou un état actif et passif des privilèges et sûretés, inexact ou incomplet ;
Sans autorisation du président de la juridiction compétente, accompli un des actes interdits
par l’art.11 AUPC (qui interdit au débiteur, sous peine d’inopposabilité de droit :
De payer en tout ou en partie, les créances nées antérieurement à la décision de suspension
des poursuites individuelles
De faire aucun acte de disposition étranger à l’exploitation normale de l’entreprise, ni
consentir aucune sûreté
De désintéresser les cautions qui ont acquitté des créances nées antérieurement à la décision
».
En l’espèce, la soustraction concerne les biens de la personne morale. Le détournement concerne
l’actif. L’interdiction est celle du dirigeant lui-même.
La peine applicable est une amende d’un à 3 millions et une peine d’emprisonnement d’1 à 5 ans.
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- Les personnes qui, faisant le commerce sous le nom d’autrui ou sous un nom supposé, ont, de
mauvaise foi, détourné ou dissimulé, tenté de détourner ou de dissimuler une partie de leurs
biens ».
Cet article punit les personnes qui ont détourné directement ou indirectement l’actif du débiteur ou
encore qui frauduleusement font ou essaient de faire échapper leurs biens à leurs créanciers.
La supposition de créances : elle résulte du fait des personnes convaincues d’avoir frauduleusement
produit dans la procédure collective des créances supposées, quelle qu’en soit la manière : soit en leur
nom, soit par l’interposition ou supposition de personne.
Cette infraction ne constitue pas un cas de complicité. Il n’est pas nécessaire que le coupable ait agi
dans l’intérêt du débiteur, ou même en accord avec celui-ci. L’interposition de personne : c’est le fait
pour des personnes qui, de mauvaise foi, ont détourné ou dissimulé une partie de leurs biens, ou tenté
de le faire, alors qu’elles exerçaient le commerce sous le nom d’autrui ou sous un nom supposé.
Article 241 : « le conjoint, les descendants, les ascendants ou les collatéraux du débiteur ou ses
alliés qui, « à l’insu du débiteur », auraient détourné, diverti ou recelé des effets dépendant de l’actif
du débiteur en état de cessation des paiements, encourent les peines prévues par le droit pénal en
vigueur dans chaque Etat-partie pour les infractions commises au préjudice d’un incapable ».
Cette infraction est commise à l’insu du débiteur.
Sont punis d’une amende 100 mille à 1 million et une amende d’1 à 3 ans.
L’incrimination qui porte sur l’inscription des Sûretés mobilières était prévue précédemment à l’article
68 de l’Acte uniforme du 17 avril 2001 relatif au droit commercial général, et est actuellement prévue
à l’article 65 de l’Acte uniforme du 15 décembre 2010 portant organisation des Sûretés.
Elle est ainsi libellée : « toute inscription de sûreté mobilière, effectuée par fraude, ou portant des
indications inexactes données de mauvaise foi, est punie des peines prévues par la loi pénale nationale.
La juridiction compétente, ou l’autorité compétente dans l’Etat partie, en prononçant la
condamnation, pourra ordonner la rectification de la mention inexacte dans les termes qu’elle
détermine ».
Les sûretés mobilières doivent faire l’objet d’une inscription au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier. C’est une exigence légale. L’inscription est faite dans le dessein de rendre les sûretés
opposables aux tiers. On admet que dans cette action se trouve une sorte de sécurisation des
transactions commerciales.
De ce fait, lorsqu’une inscription mobilière se trouve entachée de fraude ou comporte des mentions
dont l’irrégularité est patente et repose sur la mauvaise foi, l’auteur est passible de poursuites
judiciaires, et la décision peut en outre ordonner la rectification des mentions inexactes.
La fraude dont il est question peut résulter du caractère inexact des informations fournies de mauvaise
foi en vue de l’inscription.
La peine applicable est une amende 300 mille à 3 millions F CFA et une peine d’emprisonnement
de 3 mois à 3 ans.
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Selon l’article 140 nouveau: « le locataire-gérant est tenu d’indiquer en tête de ses bons de commande,
factures et autres documents à caractère financier ou commercial, avec son numéro d’immatriculation
au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, sa qualité de locataire-gérant du fonds. Toute
infraction à cette disposition est punie par la loi nationale ».
L’exploitation du fonds de commerce peut être réalisée par le propriétaire ou faire l’objet d’une
location-gérance.
La location gérance est une convention par laquelle le propriétaire d’un fonds de commerce, personne
physique ou morale, en concède la location à une autre personne appelée gérant, et qui l’exploite à ses
risques et périls.
L’obligation d’immatriculation qui est faite au locataire consiste à montrer que le locataire est un
commerçant et qu’ipso facto, il doit se conformer aux prescrits en matière d’immatriculation au
R.C.C.M.
Cet article impose une publicité dans l’indication de la qualité de locataire sur les documents au motif
que le loueur demeure le maître des lieux loués. Pour ce faire, les tierces personnes qui entrent en
relation avec le locataire doivent le savoir.
La peine applicable est une amende de 3 mois à 3 ans et une amende 100 mille à 1 million F CFA.
La fraude envisagée peut porter sur une des pièces à produire en vue d’obtenir l’immatriculation.
Ce peut être un extrait d’acte de mariage, un extrait du casier judiciaire, un certificat de résidence, un
contrat de bail ou le titre de propriété.
La peine applicable est une amende de 3 mois à 3 ans et une amende 100 mille à 1 million F CFA.
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