Droit Pénal Des Sociétés

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NUL CRIME, NULLE PEINE QUI NE SOIENT FONDES SUR UNE LOI

DROIT PENAL DES


SOCIETES

TCHILOKELE DOMIAN TRAORE


JURISTE CONSEIL / ENSEIGNANT

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INTRODUCTION
L’OHADA. Créée en 1993, l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires (OHADA) compte actuellement 17 Etats membres (Bénin, Burkina Faso, Cameroun,
Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Guinée
Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo), organise l’unification du droit des affaires et le
règlement des litiges par une juridiction supranationale ainsi que la promotion de l’arbitrage. Les
matières ci-après font l’objet d’actes uniformes : droit commercial général, sociétés et GIE, sûretés,
procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution, procédures collectives (faillite),
arbitrage, comptabilité, transport de marchandises par route. D’autres projets sont en cours, notamment
le droit des contrats, avec le concours d’une expertise tant africaine qu’internationale.
L’introduction du pénal dans le droit des affaires s’explique par la nécessité d’assainir le monde
des affaires afin de discipliner tant soit peu les opérateurs économiques dont les moyens usités pour
réaliser les bénéfices ne sont pas toujours les plus recommandés. Pour contrer la délinquance
économique en expansion continue, le législateur OHADA a mis en place des incriminations nouvelles
afin de mieux sanctionner les auteurs de pratiques déshonorantes pour la vie des affaires et des
comportements prohibés par la loi.
La volonté affichée des Etats signataires du Traité OHADA a été d’améliorer l’environnement
juridique des entreprises en essayant d’éradiquer l’insécurité juridique constatée à travers la vétusté et
la disparité des textes, mais également l’insécurité judiciaire résultant de la faiblesse des systèmes de
justice de ces différents pays.
La plupart des délits sanctionnés par le droit OHADA ont trait à la constitution de la société,
d’autres concernent l’organisation et le fonctionnement de celle-ci. Certaines incriminations visent les
dirigeants ou les liquidateurs de société à propos de certaines causes de dissolution ou de la liquidation
des sociétés. Enfin, il y a des infractions qui concernent le contrôle des sociétés.

SECTION 1 : GENERALITES SUR LA RESPONSABILITE PENALE DES SOCIETES


COMMERCIALES
L’une des innovations du code pénal de 2019 est l’admission du principe de la responsabilité pénale
des personnes morales. Ce principe est posé par l’article 96 du code pénal qui stipule « les personnes
morales à l’exclusion de l’Etat et de ses démembrements sont pénalement responsables des infractions
commises pour leur compte par leurs organes ou représentants ». Cependant, le champ d’application
de la responsabilité pénale des personnes morales soulève des problèmes tant dans son principe que
dans sa mise en œuvre.

CHAPITRE 1 : LE CHAMP D’APPLICATION DE LA RESPONSABILITE PENALE


Le principe de la responsabilité pénale est désormais acquis en droit positif ivoirien. Cependant, il ne
vise pas toutes les personnes morales.

1. Les personnes morales exclues


Le code pénal exclut de la responsabilité pénale l’Etat et ses démembrements que sont les collectivités
territoriales. Sont également exclus, les groupements ou organisations ne disposant pas de la
personnalité morale tels que les sociétés créées de fait, en participation…

2. Les personnes morales visées


Toutes personnes morales de droit privé ou de droit public peuvent être responsables pénalement. La
solution vise les sociétés, les associations…

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CHAPITRE 2 : LA MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITE PENALE
La responsabilité pénale des personnes morales suppose que l’élément matériel de l’infraction ait été
commis par une personne physique. Il est en effet évident que la personne morale ne peut pas
commettre matériellement une infraction sans qu’une personne physique n’intervienne. La
responsabilité pénale des personnes morales est donc une variante de la responsabilité d’autrui.

1. Les conditions de fond


Elles sont de deux ordres. La première porte sur les personnes physiques susceptibles de commettre
l’infraction imputable à la personne morale. La seconde tient au refus du législateur de tirer les
conséquences de cette imputabilité. Il maintient en effet le cumul de la responsabilité de la personne
morale et de celle des personnes physiques, auteurs ou complices des mêmes faits.

1.1.La détermination du responsable pénal


Pour imputer une infraction à une personne morale, il est nécessaire que cette infraction soit commise
par ses organes ou représentants agissant pour son compte.

1.2.Le cumul de responsabilité


Deux raisons essentielles sont invoquées pour justifier le cumul. D’abord le fait que la personne
physique soit obligatoirement punissable puisqu’elle commet une infraction qui ne sera attribuée à la
personne morale qu’au prix d’une fiction. Le sort des deux étant lié. Ensuite, le fait que la personne
morale ne doit pas devenir un écran utilisé pour masquer les responsabilités personnelles.

2. La procédure de mise en œuvre de responsabilité


Pour mettre en œuvre la responsabilité pénale de la personne morale, le ministère public devra
poursuivre son représentant légal à l’époque des faits. Celui-ci pourrait également faire l’objet de
poursuite à titre personnel. En outre, pendant la procédure la personne morale devra désigner un
mandataire de justice en vue de la représenter.

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SECTION 2 : LES INFRACTIONS AUX SOCIETES COMMERCIALES

CHAPITRE 1 : LES INFRACTIONS LIEES A LA CONSTITUTION, AU


FONCTIONNEMENT ET A LA DISSOLUTION DES SOCIETES COMMERCIALES

1. Des infractions liées à la constitution des sociétés


La formation d’une société requiert l’accomplissement des conditions de fond et de forme pour en
assurer la validité. L’autorité administrative exerce un contrôle préventif de ces conditions et leur
violation commande la répression exercée par l’autorité judiciaire. C’est le droit pénal qui intervient
alors pour garantir la régularité de la constitution de la société.
Les fondateurs de société sont les personnes qui participent activement à la mise en œuvre de
toutes les opérations conduisant à sa constitution. Le rôle des fondateurs commence dès les premières
opérations ou l’accomplissement des premiers actes réalisés dans le but de la constitution de la société,
et il prend fin dès la signature des statuts par tous les associés ou l’associé unique. Dans le cadre de la
recherche du capital social en vue de la constitution de la société, les associés peuvent être amenés à
commettre quelques infractions, notamment à travers des mensonges qui, comme on le sait, sont des
comportements prohibés dans le domaine des affaires qui est en principe réservé aux hommes de bonne
foi et d’une honnêteté irréprochable. Ces mensonges ici exigés supposent à la fois un certain résultat
ou la recherche d’un certain but. Pour ce faire, le législateur incrimine les actes mensongers
suffisamment graves et dangereux tant pour les tiers et les associés que pour la société elle-même. Les
infractions en question sont stipulés l’article 887 AUSC :
« Encourent une sanction pénale :
 Ceux qui, sciemment, par l’établissement de la déclaration notariée de souscription et de
versement ou du certificat du dépositaire, auront affirmé sincères et véritables des
souscriptions qu’ils savaient fictives ou auront déclaré que les fonds qui n’ont pas été mis
définitivement à la disposition de la société ont été effectivement versés ;
 Ceux qui auront remis au notaire ou au dépositaire, une liste des actionnaires ou des bulletins
de souscription et de versement mentionnant des souscriptions fictives ou des versements de
fonds qui n’ont pas été mis définitivement à la disposition de la société ;
 Ceux qui sciemment, par simulation de souscription ou de versement ou par publication de
souscription ou de versement qui n’existent pas ou de tous autres faits faux, auront obtenu ou
tenté d’obtenir des souscriptions ou des versements;
 Ceux qui, sciemment, pour provoquer des souscriptions ou des versements auront publié les
noms de personnes désignées contrairement à la vérité comme étant ou devant être attachées
à la société à un titre quelconque ; ceux qui, frauduleusement, auront fait attribuer à un apport
en nature, une évaluation supérieure à sa valeur réelle ».

1.1.La simulation de souscription ou de versements


La simulation de souscription ou de versements consiste à présenter pour vrais, des souscriptions
ou des versements qui, en réalité, n’existent guère. Elle suppose donc à la base un mensonge, ce qui
en fait un délit intentionnel. Ce délit suppose des agissements de simulation, la recherche des
souscriptions ou des versements.
La simulation s’entend par l’établissement du caractère fictif des souscriptions ou des
versements et la preuve qu’ils étaient affirmés sincères et véritables. Le caractère fictif des
souscriptions doit absolument être de mise. Les souscriptions sont fictives lorsque tous les éléments
susceptibles d’assurer la validité de l’engagement d’entrée en société ne sont pas réunis. L’existence

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des versements implique que le dépositaire accepte de reconnaître qu’il a reçu des versements qui,
somme toute, ne lui ont pas été remis.
Les versements sont fictifs quand il est affirmé qu’ils ont été effectués, alors qu’il n’en a été
rien. On parle de versement fictif en l’absence de tout versement nonobstant l’affirmation contraire,
en cas de simulacre de versements apparents. La doctrine déclare que « tous les procédés susceptibles
d’accréditer, dans l’esprit des tiers, cette idée, sont répréhensibles », et « peu importe la méthode
utilisée : déclarations verbales, reçus de complaisance, passation d’écritures ». Il peut s’agir aussi,
selon la jurisprudence, des manœuvres suivantes :
 Établissement du certificat du dépositaire affirmant inexactement la souscription intégrale du
capital ou le versement du 1er quart ;
 Fausses affirmations appuyées ou non de la production de documents fallacieux ;
 Utilisation de jeux d’écritures ou d’artifices de comptabilité.
Les manœuvres frauduleuses tendant à amener les actionnaires à verser les souscriptions suffisent à
constituer l’infraction, même si l’opération ne s’est pas réalisée.
La souscription s’entend comme tout engagement pris en faveur d’une société et rémunéré par
la délivrance d’un titre quelconque. C’est un acte juridique par lequel une personne s’engage à faire
partie d’une société par actions en apportant une somme d’argent en principe égale au montant nominal
de son titre. Le versement quant à lui est non seulement constitué du premier versement effectué au
moment de la constitution de la société, mais encore des versements réalisés à la suite des appels des
quarts subséquents.
La tentative d’obtenir des souscriptions ou des versements est punissable. Elle est consommée
lorsque l’agent aura accompli des actes de nature à amener l’engagement de souscripteurs sérieux ou
de versements de leur part. Il y aura tentative par exemple si les fondateurs sollicitent la souscription
d’actions sans réussir à l’obtenir.
L’action publique existe dès la consommation du délit. La restitution des fonds obtenus par
simulation ou le versement des fonds font subsister le droit de poursuite de l’infraction. Elle se prescrit
par trois ans, et le délai court du jour de l’accomplissement du délit. Quant à l’action civile, elle
appartient à toute personne ayant subi un préjudice du fait de l’infraction. Aux actionnaires victimes
des agissements frauduleux, et à la société en tant qu’être collectif, l’action étant alors exercée par les
administrateurs contre les fondateurs ou d’autres administrateurs. Un créancier de la société peut
également intenter les poursuites judiciaires.
La peine est une amende de 500 milles à 5 millions et une peine d’emprisonnement de 3 mois à
3 ans ou l’une de ces deux peines.

1.2.La publication de faits faux


Cette infraction est réalisée en vue d’obtenir des souscriptions ou des versements. Il s’agit de
la publication de souscriptions ou de versements qui n’existent pas ou de tous autres faits faux, et de
la publication des noms de personnes désignées contrairement à la vérité comme étant ou devant être
attachées à la société, à un titre quelconque. Le régime de cette infraction présente de nombreux points
communs avec le délit de simulation puisqu’ils ont le même but : obtenir des souscriptions ou des
versements.
La publication est réalisée par l’emploi de tout moyen d’information destiné à toucher le
public: insertion dans des documents ayant un caractère officiel (journal d’annonces légales) ou
insertion dans des documents privés, ou leur distribution, tels que des imprimés. Ce peut être aussi des
articles parus dans la presse (annonces radiodiffusées ou projetées sur écran), ou encore la tenue de
propos en public, notamment la présentation d’un faux bilan à l’assemblée générale des actionnaires.

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Des faits faux quelconques, des souscriptions ou versements inexistants et des noms de personnes
faussement attachées à la société peuvent être retenus comme constitutifs du délit.
Les faits faux d’ordre juridique sont ceux qui consistent dans l’affirmation inexacte de la
constitution régulière de la société ou de la souscription intégrale du capital social.
Les faits d’ordre économique peuvent être, la publication de circulaires ou articles de
journaux annonçant une hausse considérable des actions, les affirmations inexactes sur le droit
de propriété, la publication dans un code, de cours fictifs.
Les noms des personnes faussement attachées à la société sont ceux des gens jouissant d’un grand
crédit ou d’une notoriété certaine, bien que dépourvues de tout lien avec la société. Ce délit est
intentionnel, comme le souligne le mot « sciemment ». Mais, s’agissant de la publication de noms de
personnes faussement attachées à la société, il est nécessaire que soit exigée, en dehors de la conscience
des agissements, la preuve de l’intention de l’auteur, d’autant plus que le texte précise comme but de
la publication « pour provoquer des souscriptions ou versements ».
Les auteurs sont ceux qui ont publié des faits en sachant qu’ils sont faux, pour obtenir des souscriptions
ou des versements : ce sont les fondateurs, les administrateurs ou les gérants.
Peuvent être poursuivis comme complices :
 Les démarcheurs qui, après avoir réuni les éléments mensongers destinés à faciliter l’émission
des actions, les ont portés à la connaissance du public sous forme de comptes rendus inexacts
et trop élogieux de l’affaire ;
 Les journalistes qui publient en connaissance de cause, les articles mensongers conformément
à la demande des fondateurs ou des administrateurs ;
 Le commissaire aux comptes qui, en connaissance de cause, certifie sincère un bilan
manifestement frauduleux, ou qui conseille un dirigeant en vue de présenter à l’assemblée
générale un bilan comportant de graves inexactitudes
 Le conseil juridique qui prépare les actes frauduleux destinés à être publiés
La peine est une amende de 500 milles à 5 millions et une peine d’emprisonnement de 3 mois à
3 ans ou l’une de ces deux peines.

1.3.L’établissement du certificat de dépôt des souscriptions ou de versements


Les délits d’établissement frauduleux du certificat du dépositaire ou de la déclaration notariée de
souscription et de versement sont prévus par l’art.887 AUSC alinéas 1 et 2 qui dispose : « encourent
une sanction pénale :
 Ceux qui, sciemment, par l’établissement de la déclaration notariée de souscription et de
versement ou du certificat du dépositaire, auront affirmé sincères et véritables des
souscriptions qu’ils savaient fictives ou auront déclaré que les fonds qui n’ont pas été mis
définitivement à la disposition de la société ont été effectivement versés ;
 Ceux qui auront remis au notaire ou au dépositaire, une liste des actionnaires ou des bulletins
de souscription et de versement mentionnant des souscriptions fictives ou des versements de
fonds qui n’ont pas été mis définitivement à la disposition de la société ».
On sait en droit que pour que l’existence et l’authenticité du capital d’une société par actions
nouvellement créée soient affirmées aux yeux du public, les fondateurs doivent faire une déclaration
chez le notaire ou le dépositaire (banquier) proclamant la sincérité des souscriptions et la réalité des
versements correspondants. Dès lors, si le certificat de dépôt contient des allégations qualifiées de
fausses, les auteurs de ces mensonges sont condamnables.
Au regard de ce qui précède, on peut comprendre que les faits faux qui entachent la déclaration doivent
porter sur les souscriptions qui sont alors fictives, ou encore sur les versements qui n’auront pas du
tout été réalisés ou mis à la disposition de la société.

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La peine est une amende de 500 milles à 5 millions et une peine d’emprisonnement de 3 mois à
3 ans ou l’une de ces deux peines.

1.4.La surévaluation des apports en nature


Naturellement, il s’avère qu’un apport en numéraire ne peut pas faire l’objet d’une surévaluation. Ce
qui n’est pas le cas pour les apports en nature. En effet, ces derniers peuvent donner lieu à une
surévaluation qui, du reste, fausse l’égalité des associés. C’est dans ce contexte que les commissaires
aux apports doivent user de vigilance lors de l’attribution de la valeur aux apports en nature.
L’article 887 alinéa 4 AUSC prévoit le délit de la surévaluation des biens apportés à la société
et tend à sanctionner la fraude aux droits des associés. Il sanctionne « ceux qui, frauduleusement,
auront fait attribuer à un apport en nature, une évaluation supérieure à sa valeur réelle ».
L’infraction consiste dans le fait de participer à l’attribution de la valeur d’un apport et de
l’existence d’une évaluation excessive.
Si la loi reconnaît à un apporteur le droit d’obtenir sans fraude le prix maximum de son apport, il
convient de dire que la même loi punit l’évaluation manifestement excessive de l’apport, ce qui sous-
entend une exagération de la valeur du bien apporté. L’attention des commissaires aux apports doit
particulièrement être attirée en tant que hommes de l’art, car la connaissance par eux de la
surévaluation suffit pour les attraire en justice du chef de cette infraction, au même titre que les
apporteurs indélicats.
Tout compte fait, ce sont les apporteurs et les commissaires aux comptes qui peuvent être auteurs de
cette infraction.
La peine est une amende de 500 milles à 5 millions et une peine d’emprisonnement de 3 mois à
3 ans ou l’une de ces deux peines.

1.5. L’émission d’actions


Selon l’article 886 : « Est constitutif d’une infraction pénale, le fait, pour les fondateurs, le président-
directeur général, le directeur général, l’administrateur général ou l’administrateur général adjoint
d’une société anonyme d’émettre des actions avant l’immatriculation ou à n’importe quelle époque
lorsque l’immatriculation est obtenue par fraude ou que la société est irrégulièrement constituée ».
Les fondateurs et les administrateurs ont l’obligation de vérifier la régularité de la constitution
de la société et son immatriculation, avant de procéder à l’émission de titre. Faute de quoi, la loi
s’applique contre eux.
Les irrégularités dont il est fait état constituent donc une condition, un préalable à l’infraction.
Ces irrégularités concernent l’inobservation de certaines règles relatives à la constitution des sociétés
anonymes, à l’émission avant l’immatriculation ou à la suite d’une immatriculation frauduleuse.
En effet, l’émission d’actions est répréhensible si l’immatriculation fait défaut ou si, d’une
façon générale, les formalités de constitution ne sont pas régulièrement accomplies. Il s’agit
précisément de l’émission avant l’immatriculation de la société au registre du commerce et du crédit
mobilier, et de l’émission faite à toute époque si l’immatriculation est faite en fraude. La fraude
s’entend comme une action révélant chez son auteur une volonté manifeste de nuire à autrui ou de
tourner certaines prescriptions légales.
Il s’avère que l’immatriculation représente une étape fondamentale dans la vie sociale. Tant
que la société n’est pas enregistrée, ses actions ne doivent pas être émises : c’est un principe.
Le délit est constitué même en l’absence de mauvaise foi, par le seul fait de l’émission, dès lors qu’est
établie l’existence de l’une des irrégularités exigées.
La peine est une amende de 100 milles à 1 million F CFA et une peine d’emprisonnement de 3
mois à 3 ans

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2. Les infractions liées au fonctionnement des sociétés
Dès qu’elle est créée, la société doit entretenir une activité dans le but d’accomplir son objet
social. Elle doit pour ce faire, fonctionner normalement. Ce qui justifie la mise en œuvre des règles
pénales en vue d’assurer la protection de ceux qui peuvent être victimes d’une gestion frauduleuse ou
trop imprudente. Ainsi compris, le droit pénal prévoit des infractions relatives à la gestion des affaires
sociales, pour empêcher les abus venant des dirigeants sociaux qui ont un pouvoir pour engager la
société sans justifier d’un mandat spécial, et sont chargés d’assurer la gérance, l’administration, la
direction de la société.
Dans le cadre de la gestion de la société, les dirigeants peuvent alors abuser des biens et du crédit de
la société, tout autant qu’ils peuvent porter atteinte au droit des associés de prendre part à la vie d’icelle.

2.1.L’abus des biens sociaux et du crédit de la société


Que sont les biens sociaux ?
Il peut s’agir de tous les biens mobiliers appartenant à la société (fonds sociaux, matériels et
marchandises). Il peut s’agir également de ses biens immobiliers et même des biens incorporels (droit
de créance, droit d’exploitation d’un brevet d’invention, droit de clientèle). En définitive, les biens
sociaux représentent l’ensemble de l’actif mobilier et immobilier d’une société destiné à l’intérêt de
celle-ci. Les biens sociaux doivent appartenir à la société et celle-ci doit être in bonis c’est-à-dire que
la société doit être maître de ses biens.
Le crédit social correspond de façon générale à la confiance financière qui est attachée à la société
à raison de son capital, de la nature de ses affaires et de la bonne marche de celles-ci.
L’article 891 A.U.S.C dispose : « encourent une sanction pénale, le gérant de la société à
responsabilité limitée, les administrateurs, le président directeur général, le directeur général,
l’administrateur général ou l’administrateur général adjoint qui, de mauvaise foi, font du bien ou du
crédit de la société, un usage qu’ils savaient contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles,
matérielles ou morales, ou pour favoriser une autre personne morale dans laquelle ils étaient
intéressés, directement ou indirectement ».
Cette disposition légale incrimine les abus ou les atteintes ayant trait aux valeurs patrimoniales
que sont les biens sociaux ou le crédit de la société.
Ces délits ont une finalité commune car ils tendent à sanctionner les dirigeants qui traitent le
patrimoine social comme leur patrimoine propre, en méconnaissance du principe de séparation des
patrimoines, ou qui gèrent la société dans leur intérêt personnel, quand bien même leur mandat est un
mandat de gestion dans l’intérêt de la société. L’objectif du délit est en fait de sanctionner les
confusions entre le patrimoine social et patrimoine personnel.
A propos de l’exigence d’un acte contraire à l’intérêt de la société qui du reste paraît délicate à cerner,
il faut noter que le texte d’incrimination ne définit pas cette notion. Cette question étant d’essence
pénale, elle relève de l’appréciation du juge répressif et non de celle des organes sociaux.
On note à cet effet la dépense sociale qui sert l’intérêt personnel des dirigeants et qui n’a pas de
contrepartie pour la société :
- Il s’agit du détournement de biens ou de fonds sociaux dans un intérêt personnel direct (les
dirigeants qui font livrer à leur domicile personnel du matériel réglé par la société ou virent sur
un compte personnel des sommes d’argent dues à l’entreprise ou encore payent leur loyer
personnel ou leurs frais de vacances avec des fonds sociaux).
- Il s’agit du détournement de biens ou de fonds sociaux dans un intérêt personnel indirect (les
dirigeants qui affectent à une société dans laquelle eux-mêmes ou leurs proches ont des intérêts,
le matériel acheté par la société qu’ils dirigent ; la société verse des salaires à des personnes

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qui ne fournissent aucune prestation de travail et qui appartiennent à la famille des dirigeants
ou à leurs amis ou aux amis de leurs amis).
- Il s’agit de la perception de commissions personnelles sur des opérations sociales (les
dirigeants qui exigent et obtiennent une commission personnelle parfois très élevée quand ils
mènent une opération d’acquisition pour le compte de la société, or, cette commission va
souvent de pair avec une surfacturation de l’acquisition à laquelle procède la société, cette
surfacturation permettant le versement de la commission personnelle. A hauteur de la
surfacturation, il y a un paiement sans contrepartie ou sans cause pour la société qui sert les
intérêts des dirigeants puisqu’elle permet le paiement de la commission).
- Il s’agit de frais relationnels ou de réception pris en charge par la société (frais servant à traiter
la famille des dirigeants. En cas de frais relationnels équivoques : frais de mariage d’un enfant
; demande de remboursement direct de frais de restaurant ou de distraction sans justification
de leur bénéficiaire).
- Il s’agit de la perception par les dirigeants de rémunérations indues qui sont, stricto sensu, les
rémunérations perçues sans autorisation préalable du conseil d’administration ou de
l’assemblée générale.
- Il s’agit de la perception des rémunérations excessives qui sont des rémunérations pouvant être
considérées comme disproportionnées, soit par rapport aux capacités financières de
l’entreprise, soit par rapport au travail fourni par les dirigeants.

Pour traduire le dirigeant, la mauvaise foi de l’auteur de l’abus est requise, ainsi que la poursuite des
fins personnelles, le but d’intérêt personnel et égoïste qui constitue le dol spécial. Le but d’intérêt
personnel peut être pécuniaire et direct, mais aussi professionnel et moral, ou se traduire par la faveur
accordée à d’autres personnes (entretien de relations d’amitié avec un tiers ou volonté de consolider
une situation au sein de la société et d’entretenir de relations avantageuses avec des personnes
influentes).
L’élément intentionnel est doublement requis. Il faut que l’acte contraire à l’intérêt social ait été
commis de mauvaise foi et à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société dans laquelle les
dirigeants sont intéressés directement ou indirectement.
Les personnes susceptibles d’être poursuivies sont les seuls gérants de la société dont les qualités sont
précisées dans l’incrimination. Toutefois, ceux qui ont participé au délit peuvent non seulement être
poursuivis comme complices mais encore comme receleurs de choses.
La sanction applicable est une peine d’emprisonnement de 5 ans à 10 ans et une amende de 5.000.000
F CFA à 10.000.000 F CFA

2.2.Les atteintes aux droits des associes


Les associés représentent, dans toute société, les porteurs de parts ou d’actions, à qui la loi
reconnaît un certain nombre de droits. Il s’agit particulièrement des droits des actionnaires dans les
sociétés anonymes. Mais ces dispositions s’appliquent aussi aux sociétés à responsabilité limitée, aux
sociétés en nom collectif et aux sociétés en commandite simple.
Tant qu’ils interviennent dans la vie sociale en leur qualité de membres de l’assemblée générale,
leurs droits au sein de celle-ci doivent être pénalement garantis. Ces droits vont de la convocation de
l’assemblée à la tenue d’icelle, en passant par l’exercice du droit de vote et l’accès à l’assemblée.
Cependant, l’Acte Uniforme ne fait état que de l’obstacle à l’accès à l’assemblée. Et cette infraction
est prévue par l’article 892 qui dispose : « Encourent une sanction pénale, ceux qui, sciemment, auront
empêché un actionnaire ou un associé de participer à une assemblée générale ».

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Délit nouveau qui punit l’entrave à la participation à une assemblée d’actionnaires, cette infraction
vise les dirigeants sociaux, en premier lieu, mais également tous ceux qui ont empêché sciemment un
actionnaire de participer à une assemblée. Il sied de noter que l’infraction sera réalisée même si aucune
décision n’a été prise par l’assemblée, étant entendu qu’il est possible que les faits d’entrave aient eu
pour but d’atteindre le quorum requis. L’auteur doit nécessairement avoir agi en connaissance de cause.
La peine applicable est une peine d’emprisonnement de 3 mois à deux ans et une amende 100.000 F
CFA à 1.000.000 F CFA.

2.3. L’obstacle au contrôle


Afin d’empêcher les dirigeants sociaux de se livrer à des actes tendant à aliéner le patrimoine
social, le législateur a prévu des mécanismes de contrôle de gestion. Le contrôle est en principe exercé
dans la société par un ou plusieurs commissaires aux comptes.
Le contrôle des comptes sociaux est devenu une obligation légale d’ordre public. Il s’impose du reste
à toutes les entités qui sont économiquement ou socialement importantes. Répondant à un souci de
transparence, il garantit la fiabilité de l’information financière donnée aux actionnaires, aux
investisseurs et plus globalement, au public. Ce contrôle est permanent, les commissaires aux comptes
pouvant procéder à toute époque de l’année à tous contrôles qu’ils jugent opportuns.
En effet, l’obstacle au contrôle concerne les dirigeants sociaux qui le feraient dans le dessein de
l’empêcher s’ils ont avoir commis des actes délictueux. Cette action peut se traduire par le défaut de
désignation des commissaires aux comptes, ou, s’ils les ont désignés, de ne pas les convoquer aux
assemblées générales. Ils peuvent aussi faire obstacle à leurs vérifications d’usage ou leur refuser la
communication des documents utiles pour l’accomplissement de leur mission. Cela se comprendrait
mal dès lors que l’article 694 A.U.S.C édicte que « le contrôle est exercé dans chaque société anonyme
par un ou plusieurs commissaires aux comptes ».
En tant que contrepoids des dirigeants sociaux, ils ne sont pas toujours les bienvenus pour ces
derniers, parfois enclins à une gestion peu orthodoxe de la société. C’est pourquoi, ils peuvent être
amenés volontairement ou par négligence, à s’opposer à leur désignation ou à s’abstenir de provoquer
cette désignation.
Et s’ils sont légalement nommés, ils peuvent ne pas les convoquer aux assemblées générales et ainsi
les empêcher d’exercer leur mission de contrôle, de vérifications ou leur refuser la communication de
documents.
La sanction applicable est une peine d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans et une amende de 500.000 F
CFA à 5.000.000 F CFA

2.4.Le défaut de désignation des commissaires aux comptes


Pour prévenir ces comportements nuisibles à la structure, le législateur OHADA en menace de
sanctions pénales « les dirigeants sociaux qui n’auront pas provoqué la désignation des commissaires
aux comptes de la société ou ne les auront pas convoqués aux assemblées générales ».
Pour que l’omission de provoquer la désignation des commissaires aux comptes expose les dirigeants
à une sanction pénale, il faut :
- Que le contrôle dont il s’agit ait un caractère obligatoire ;
- Que l’entité soumise au contrôle ait dépassé le stade de sa constitution et donc qu’elle soit
entrée en activité ;
- Qu’il y ait eu, en cours de vie sociale, une rupture dans la continuité du contrôle.
Le délit a pour auteurs les dirigeants sociaux. Sa finalité est de sanctionner les dirigeants qui
entreprennent de faire échapper leur gestion comptable et financière au contrôle des commissaires aux

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comptes. Ce délit est un délit d’omission comme l’expriment les termes « ne pas avoir provoqué la
désignation des commissaires aux comptes ».
Il peut aussi être un délit d’imprudence qui suppose bien évidemment la preuve d’une faute de
négligence si les dirigeants omettent d’accomplir les diligences nécessaires pour la convocation de
l’assemblée qui désigne les commissaires. L’action publique est mise en mouvement contre les
dirigeants ayant le pouvoir de convoquer l’assemblée générale, par le ministère public, le délit étant
un délit d’intérêt général.
La sanction applicable est une amende de 500.000 F CFA à 5.000.000 F CFA et une peine
d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans.

2.5.Le défaut de convocation des commissaires aux comptes


La constitution de l’infraction suppose que la désignation des commissaires aux comptes est
obligatoire. Il faut ensuite que l’assemblée générale ait été convoquée.
L’élément matériel de cette infraction réside dans le défaut de convocation des commissaires aux
comptes aux assemblées générales qui ont été préalablement convoquées.
La sanction applicable est une amende de 500.000 F CFA à 5.000.000 F CFA et une peine
d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans

2.6.L’obstacle aux vérifications ou le refus de communication des documents.


Ce délit est d’ailleurs plus grave que le précédent et plus sévèrement puni. Il suppose la mauvaise foi
de l’auteur qui agit en connaissance de cause. Cette infraction n’est pas l’apanage des seuls dirigeants
sociaux (président, administrateur, directeur général).
Il y a une diversité d’agissements constitutifs de ces obstacles :
- L’obstacle par opposition physique ou matérielle aux contrôles. Il se traduit par des agressions
physiques ou verbales à l’endroit du commissaire aux comptes pour l’empêcher de procéder à
ses vérifications.
- L’obstacle par refus ou défaut de satisfaction d’une demande de communication. Le délit se
commet par un refus catégorique ou exprès opposé à la demande de communication, mais il le
peut aussi en différant sans cesse la satisfaction de la demande du commissaire, par promesses
incessantes de communication qui ne sont pas tenues en définitive. Le délit en principe d’action,
peut donc aussi se commettre par omission délibérée de satisfaction de la demande de
communication.
L’élément matériel suppose la conscience et la volonté d’entraver les missions de contrôle des
commissaires aux comptes.
Les auteurs principaux sont les dirigeants ayant commis les faits d’entrave aux fonctions des
commissaires, mais il y a aussi les personnes qui n’ont pas la qualité de dirigeant mais qui sont au
service de la personne morale contrôlée, les salariés qui en raison de leur fonction ou de leur pouvoir
dans la société peuvent satisfaire les demandes d’information du commissaire aux comptes.
L’infraction peut être commise par toute personne au service de la société qui refuserait toute
vérification ou ne communiquerait pas les pièces utiles comme les contrats, les livres, les documents
comptables et les registres des procès-verbaux.
La jurisprudence assimile même au refus proprement dit, la simple réticence à fournir des explications,
l’atermoiement inexcusable, la production partielle des documents.
La sanction applicable est une amende de 500.000 F CFA à 5.000.000 F CFA et une peine
d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans.

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2.7.Le refus de contrôle
Nous sommes en présence des altérations d’informations imputables aux commissaires aux comptes.
Quand les commissaires aux comptes donnent ou confirment des informations mensongères dans le
cadre de leurs missions d’informations, ils s’exposent inéluctablement à des poursuites pénales.
Ce délit trouve sa raison d’être dans l’idée que le contrôle serait vidé de son utilité si les contrôleurs
légaux pouvaient impunément donner des informations qui sont mensongères au regard des
connaissances qu’ils ont acquises lors de leurs opérations de contrôle et de vérification.
Les informations protégées contre le mensonge doivent remplir deux conditions, à savoir qu’elles
doivent être des informations données en exécution des missions légales ou rattachables à celles-ci, et
elles doivent porter sur la situation de la société.
Les informations données en exécution de ces missions sont toutes celles que les commissaires aux
comptes sont appelés à donner en exécution des textes régissant leurs missions et au travers desquelles
ils rendent compte de leurs opérations de contrôle ou de vérification. Elles ont toutes vocation à être
protégées pénalement contre le mensonge car le délit trouve sa raison d’être dans l’idée qu’un
contrôleur légal ne saurait mentir.
Les commissaires aux comptes ont une mission permanente de vérification.

Le mensonge porte souvent sur la situation comptable et financière de la société. Ainsi en est-il quand
dans le cadre de leur mission générale d’information, les commissaires aux comptes ont certifié que
les comptes étaient réguliers, sincères et fidèles, alors qu’ils savaient qu’ils ne l’étaient pas.
La commission du délit suppose que le commissaire aux comptes ait donné ou confirmé une
information et que celle-ci soit mensongère. L’information délivrée, donnée ou confirmée peut l’être
par écrit (rapport des commissaires), mais aussi par voie orale (explications mensongères données aux
actionnaires au cours d’une assemblée générale).
Les termes « avoir donné ou confirmé une information mensongère » ont pour conséquence que le
délit est un délit d’action qui, en vertu de la règle « il n’y a pas de commission par omission » ne peut
pas se commettre par omission.
Concernant l’information mensongère, celle-ci doit avoir trait à la situation comptable et
financière de la société. Le silence du commissaire aux comptes qui s’abstient de dénoncer un bilan
manifestement inexact pour couvrir les malversations des dirigeants peut lui valoir des poursuites
judiciaires.
A plus forte raison, lorsque le commissaire aux comptes a sciemment confirmé des informations
mensongères en certifiant la régularité et la sincérité du bilan dont il connaissait la fausseté.
Concernant la non révélation des faits délictueux, il faut dire que le commissaire aux comptes est
investi d’une mission permanente de contrôle de la situation comptable de la société. En tant que
collaborateur du parquet en l’espèce, il devient complice du délit de présentation de comptes annuels
ne donnant pas une image fidèle de la situation de la société, tout comme il engage sa responsabilité
en refusant de dénoncer les actes délictueux des dirigeants sociaux. L’obligation de dénoncer, pourvue
qu’elle soit nécessaire et raisonnable, crée des relations de confiance entre les commissaires aux
comptes et les magistrats. Elle est de nature à renforcer aussi l’autorité du commissaire aux comptes à
l’égard des dirigeants.
La loi réprime le fait pour le commissaire aux comptes de ne pas révéler au Procureur de la
République les faits délictueux. Ce délit suppose donc réunis l’élément matériel de la non dénonciation
portant sur des faits délictueux et l’élément moral résultant de la mauvaise foi.
La révélation dont il est question doit porter sur toutes les situations irrégulières et elle doit
intervenir dès que le commissaire aux comptes a connaissance du caractère délictueux de ces faits.
L’infraction n’est consommée que lorsque la non révélation des faits délictueux dont il a eu
connaissance a été faite sciemment. La révélation doit intervenir en principe dès que le commissaire

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aux comptes a connaissance du caractère délictueux des faits, et le commissaire ne peut dénoncer que
les faits dont il a la connaissance, même s’il faut admettre qu’en tant que professionnel, il y a une sorte
de présomption de connaissance qui pèse sur lui.
Les auteurs principaux sont les commissaires aux comptes, personnes physiques exerçant le
contrôle à titre personnel ou au titre d’associé de la société de commissaires aux comptes assurant le
contrôle.
Peuvent être complices les collaborateurs du commissaire aux comptes qui ont sciemment délivré
en son nom une information mensongère.
Le ministère public peut initier les poursuites. Mais il y a aussi l’entité contrôlée qui peut se
constituer partie civile pour préjudice moral, car bien que n’étant pas destinataire de l’information, elle
en est le sujet, et le mensonge peut porter sur sa situation.
Les commissaires aux comptes doivent avoir eu connaissance des faits délictueux qu’ils doivent
révéler, mais le texte ne précise nullement la nature de ces faits. Dès lors, il est admis que les
commissaires aux comptes n’ont à révéler que les faits délictueux portant atteinte à des intérêts dont
ils sont les gardiens en raison de la finalité des missions qui leur sont confiées, en tout cas au regard
du rôle de gardien de la régularité financière de l’entreprise qui est dévolu aux commissaires aux
comptes.
Tout compte fait, le champ de l’obligation de révélation doit être déterminé par rapport à la mission
fondamentale des commissaires aux comptes qui est de garantir la fiabilité des informations
comptables et financières données par les responsables sociaux.
L’omission constitutive du délit suppose que le commissaire aux comptes n’ait pas informé le
parquet des faits délictueux dont il a eu connaissance.
Les auteurs principaux de cette infraction sont les commissaires aux comptes qui, exerçant le
contrôle en leur nom personnel ou au titre d’associé d’une société de commissaires aux comptes, n’ont
pas révélé les faits délictueux dont ils ont eu connaissance.
Le délit ne peut être imputé à leurs collaborateurs qui auraient découvert les faits délictueux,
l’obligation de révélation incombant aux seuls commissaires.
Comme sujets actifs, il y a le ministère public, mais l’action publique peut également être mise en
mouvement par les personnes pouvant se dire victimes du délit au sens de l’art.2 CPP. Ce sont
notamment les associés, mais aussi les créanciers de la société. La sanction applicable est une amende
de 500.000 F CFA à 5.000.000 F CFA et une peine d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans

3. Les infractions relatives à la comptabilité


La comptabilité correspond à une technique d’appréciation, d’interprétation et d’orientation de la vie
financière de la société. Elle concerne tous les éléments du bilan des exercices de la société, à savoir
le capital social et le résultat de l’exploitation.
Le bilan est le résumé des résultats de l’inventaire sous la forme d’un tableau présentant l’état chiffré
des différents comptes et faisant entre eux une compensation. L’entreprise est personnifiée pour les
besoins de la comptabilité : le bilan en donne l’actif et le passif. Il est établi pour chaque exercice à
l’aide de la comptabilité. L’importance de la comptabilité dans la vie des affaires, et singulièrement
dans la vie de la société est indéniable. C’est pourquoi la comptabilité doit être sincère et transparente.
C’est pourquoi aussi tout un ensemble de documents est obligatoire pour toute société commerciale.
L’Acte Uniforme sanctionne pénalement les irrégularités comptables qui révèlent un défaut de
sincérité, notamment la répartition de dividendes fictifs entre les associés et la communication d’états
financiers ne donnant pas une image fidèle de la situation financière et comptable de la société.

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3.1.La distribution de dividendes fictifs
Selon l’article 889 AUSC : « Encourent une sanction pénale, les dirigeants sociaux qui, en l’absence
d’inventaire ou au moyen d’inventaire frauduleux, auront, sciemment, opéré entre les actionnaires ou
les associés la répartition de dividendes fictifs ».
Le dividende correspond à la part du bénéfice social que l’on attribue à chaque
actionnaire ou associé, et c’est après approbation des états financiers de synthèse et constatation de
l’existence de sommes distribuables que l’assemblée générale détermine la part du bénéfice à
distribuer, selon le cas, aux actions et aux parts sociales. Ceci étant, tout dividende distribué en ne
suivant pas cette procédure est un dividende fictif.
La distribution de dividende est liée à l’existence du bénéfice. Lorsque celui-ci fait défaut, le dividende
va être prélevé sur le capital de la société ou sur les réserves légales de la société. Or, le capital social
se caractérise par son intangibilité.
Ce délit trompe les associés et les investisseurs car il donne l’apparence d’une fausse prospérité à
la société. Il porte aussi gravement atteinte au droit de gage des créanciers, les bénéfices fictifs étant
des bénéfices prélevés sur le capital social ou les réserves.
L’existence du délit suppose l’absence de l’inventaire ou son caractère frauduleux. L’infraction
doit donc réunir les éléments matériel et moral, à savoir un inventaire fictif ou frauduleux, une
répartition de dividendes fictifs et une mauvaise foi.
L’inventaire s’analyse comme un relevé descriptif et estimatif des créances, des dettes et des biens
de la société. Ici, il s’agit donc du bilan ou de tout compte rendu permettant d’apprécier objectivement
l’état du patrimoine social. Selon la jurisprudence, « tout document rendant effectivement compte de
la consistance de l’actif et du passif vaut inventaire ». A défaut d’inventaire, il n’est pas possible de
savoir si la société a ou n’a pas fait de bénéfices.
Tout dividende attribué sur des bénéfices qui ne sont pas légalement distribuables, c’est-à-dire tout
dividende distribué en violation des dispositions légales est fictif.
La distribution est susceptible de causer un préjudice aux associés et à la société car c’est le capital
lui-même qui sera entamé, dès lors qu’en vérité, il n’y a pas de bénéfices à partager. Les dividendes
distribués doivent exister actuellement, ce qui rend irrégulière la distribution de bénéfices futurs.
L’élément matériel de l’infraction réside dans un acte de distribution de dividendes qui doivent
revêtir un caractère fictif.
La mauvaise foi consiste dans la connaissance par l’auteur, tant du caractère fictif des dividendes
que de l’inexactitude de l’inventaire ou du bilan ou des conditions dans lesquelles la distribution des
dividendes a été décidée.
Le délit étant souvent dénommé délit de distribution de dividendes fictifs, on pourrait croire qu’il
n’est constitué que si les associés ont perçu les dividendes fictifs. En réalité, tel n’est pas le cas, le
texte visant les dirigeants ayant opéré la répartition des dividendes fictifs entre les actionnaires.
La répartition est en fait opérée dès leur mise à disposition des actionnaires par une décision des
dirigeants ouvrant à leur profit un droit privatif dont la valeur entre aussitôt dans leur patrimoine.
L’ordre de mise en paiement des dividendes suffit donc à consommer le délit, lequel ne se renouvelle
pas lors de leur perception.
Les sujets passifs de cette infraction sont les auteurs principaux qui doivent avoir la qualité de dirigeant
exigée par les textes. Les dirigeants de fait de ces sociétés peuvent également être auteurs du délit.
Les complices sont ceux qui, en connaissance de cause, ont sciemment concouru à la préparation ou à
la commission du délit. Comme à propos du délit de présentation ou de publication de comptes
infidèles, ils peuvent être des experts comptables ou des commissaires aux comptes qui auraient été
les concepteurs des manipulations ayant fait apparaître les bénéfices fictifs.
Les associés pourraient aussi être déclarés complices s’ils avaient voté de mauvaise foi la
délibération décidant de l’attribution de dividendes fictifs. Les sujets actifs sont le ministère public,

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les actionnaires agissant à titre individuel, à condition qu’ils aient acquis leurs titres après la
distribution des dividendes (fictifs) et en raison de cette distribution. Les créanciers à qui l’infraction
réduit le gage.
Les sanctions applicables sont une peine d’emprisonnement d’1an à 5 ans et une amende d’1 à 5
millions F CFA.

3.2.La communication de la comptabilité


Au terme de l’Article 890 AUSC : « encourent une sanction pénale, les dirigeants sociaux qui auront
sciemment, même en l’absence de toute distribution de dividendes, publié ou présenté aux actionnaires
ou associés, en vue de dissimuler la véritable situation de la société, des états financiers de synthèse
ne donnant pas, pour chaque exercice, une image fidèle des opérations de l’exercice, de la situation
financière et de celle du patrimoine de la société, à l’expiration de cette période ».
Les scandales financiers des années 30 ayant fait apparaître la nécessité de mieux protéger les associés,
les créanciers et investisseurs, il était apparu nécessaire d’incriminer la présentation ou la publication
de bilans inexacts dans certaines sociétés. Ces délits qui étaient souvent dénommés délits de faux bilan,
ont été repris et étendus par la loi de 1966. Désormais, ce délit est qualifié de délit de présentation ou
de publication de comptes annuels ne donnant pas une image fidèle de la situation de la société. Il
protège les associés mais aussi les créanciers et les investisseurs potentiels contre les mensonges
entachant les comptes sociaux. Il protège aussi l’ordre public, économique et financier qu’il peut
gravement déstabiliser.
Le délit suppose que les comptes présentés aux actionnaires ou publiés soient des comptes annuels
ne donnant pas une image fidèle de la société. En effet, seuls les comptes annuels sont protégés. Ces
comptes regroupent trois documents comptables, à savoir :
- Le bilan qui décrit les éléments d’actif et passif de l’entreprise et fait apparaître de manière
distincte les capitaux propres ;
- Le compte de résultat qui récapitule les produits et les charges de l’entreprise sans tenir compte
de leur date d’encaissement ou de paiement et qui fait apparaître, après déduction des
amortissements et provisions, les bénéfices ou les pertes de l’exercice ;
- L’annexe qui complète et commente l’information donnée par le bilan et le compte de résultat.
Les textes d’incrimination ne définissent pas l’image fidèle à laquelle ils se réfèrent mais exigent que
les dirigeants ayant présenté ou publié des comptes infidèles aient agi en vue de « dissimuler la
véritable situation de la société ». La comptabilité doit être établie conformément aux règles et
principes comptables qui veulent que les comptes soient « réguliers, sincères et donnent une image
fidèle du patrimoine, de la situation financière et du résultat de l’entreprise ». Un manquement à ces
règles ou principe constitue la première condition de l’infidélité des comptes.
A cette condition s’en ajoute une autre voulant que l’irrégularité comptable ait une incidence
significative sur l’exposé de la situation de la société.
L’intervention du droit pénal après l’établissement de la comptabilité a pour but la répression de
l’information infidèle. Ici, il s’agit de punir les auteurs du délit de présentation ou de publication des
états financiers infidèles.
La présentation correspond à la communication des documents comptables à l’assemblée générale des
actionnaires ou leur mise à disposition au siège social ou encore leur envoi aux actionnaires dans les
quinze jours avant l’assemblée d’approbation des comptes.
La jurisprudence soutient que « la présentation est, non pas la connaissance donnée du bilan à
l’assemblée générale, mais la mise à la disposition des actionnaires qui en est faite dans les quinze
jours précédant l’assemblée générale ».

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Mais la présentation peut aussi résulter d’une communication faite aux actionnaires en dehors de
l’assemblée générale ou de la préparation de celle-ci.
La publication elle, s’entend par tout procédé portant le fait à la connaissance du public, que ce soit
par voie écrite ou orale, et cette communication doit être collective, même si l’on conçoit que la
multiplication de communications n’est pas nécessairement une communication collective.
L’intention de l’auteur consiste dans l’action en connaissance de cause. C’est la mauvaise foi
caractérisée. La mauvaise foi est constituée par le fait que le prévenu connaissait la situation difficile
de l’entreprise.
Le but poursuivi en la matière est le dessein de dissimuler la véritable situation de la société. Peu
importe le mobile qui est tout à fait inopérant.
Le texte exige que les dirigeants aient agi en vue de dissimuler la véritable situation de la société. Un
dol spécial caractérisé est donc requis.
Toutes les personnes qui sciemment ont provoqué ou activement participé à l’établissement des
comptes infidèles peuvent être complices.
Les sujets actifs sont le ministère public et les victimes du délit.

4. L’infraction sur la dissolution de la société


La dissolution marque la fin de la vie de la société-personne morale. Elle peut en principe être légale,
amiable ou judiciaire. Cet évènement important doit être publié pour pouvoir être opposé aux tiers.
Selon l’article 901 AUSC : « encourent une sanction pénale, les dirigeants sociaux qui, sciemment,
lorsque les capitaux propres de la société deviennent inférieurs à la moitié du capital social du fait
des pertes constatées dans les états financiers de synthèse :
- N’auront pas fait convoquer, dans les quatre mois qui suivent l’approbation des états
financiers de synthèse ayant fait apparaître ces pertes, l’assemblée générale extraordinaire à
l’effet de décider, s’il y a lieu, la dissolution anticipée de la société ;
- N’auront pas déposé au greffe du tribunal compétent, inscrit au registre du commerce et du
crédit mobilier et publié dans un journal habilité à recevoir les annonces légales, la dissolution
anticipée de la société ».
Le droit pénal assure la protection de toutes les personnes dont les intérêts sont menacés quand il est
impérieux que la société soit dissoute.
Celle-ci est dissoute dans deux hypothèses dont la première est antérieure à l’opération et la deuxième
postérieure à cette dissolution.
LA PERTE DE LA MOITIÉ DU CAPITAL
Ce cas concerne les sociétés anonymes. Elle est mise en œuvre lorsque les capitaux propres de la
société deviennent inférieurs à la moitié du capital social, du fait des pertes constatées dans les
documents comptables. Le conseil d’administration ou le directoire, selon le cas, est alors tenu de
convoquer l’assemblée générale extraordinaire à l’effet de décider, s’il y a lieu, la dissolution anticipée
de la société.
Pour que le délit soit caractérisé, il faut nécessairement qu’il y ait perte de la moitié du capital social.
C’est la condition sine qua non. Si l’actif net d’une société est devenu inférieur à la moitié du capital
social, du fait des pertes constatées, et que les dirigeants sociaux n’ont pas convoqué dans les quatre
mois qui suivent l’approbation des états financiers de synthèse ayant fait apparaître ces pertes,
l’assemblée générale extraordinaire, ou s’ils n’ont pas déposé au greffe du tribunal de commerce, fait
inscrire au registre du commerce et du crédit mobilier et publié dans un journal d’annonces légales, la
dissolution anticipée de la société, ils tombent sous le coup de cette infraction, car ils sont de mauvaise
foi, et cette mauvaise foi des dirigeants sociaux se traduit par l’adverbe « sciemment » utilisé dans le
texte de l’incrimination. Nous sommes donc en présence d’un délit d’omission.

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La peine applicable est une peine d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans et une amende 500 mille à 5
millions F CFA.

5. Les infractions concernant la liquidation de la société


D’après une règle générale, dès qu’elle est l’objet de la dissolution, une société est en liquidation,
pour quelque cause que ce soit. Sa raison ou sa dénomination sociale est suivie de la mention : « société
en liquidation ». Pour protéger les tiers, la dissolution ne produit ses effets à leur égard qu’à compter
de la date à laquelle elle est publiée au registre du commerce. La société dissoute conserve la
personnalité morale pour les besoins de la liquidation. Cette survivance étant indispensable pour
maintenir le patrimoine social jusqu’au moment où il sera partagé. Il est certain que la personnalité
morale postérieure à la dissolution est une personnalité diminuée qui n’est maintenue que pour les
besoins de la liquidation.
La liquidation de la société est un ensemble des opérations consistant, après règlement du passif
sur les éléments de l’actif, à convertir ces éléments en argent liquide, de manière que le partage puisse
être effectué, éventuellement, entre les associés. Elle consiste également à déterminer la part que
chaque associé doit prendre à sa charge dans le passif qui ne peut être réglé sur l’actif.
Le rôle du liquidateur dans la réalisation de ces opérations est capital. D’où l’intérêt de réglementer
ces actes, tant du point de vue de sa nomination que de celui de l’exercice de sa mission.
Le liquidateur est le représentant de la société en liquidation. Ses pouvoirs sont déterminés d’après
la mission qui lui est confiée et qui consiste à réaliser l’actif, acquitter le passif et répartir le solde
disponible.
Les principales opérations que le liquidateur peut être amené à accomplir sont :
- Le recouvrement des créances sociales contre les tiers et aussi contre les associés qui seraient
encore débiteurs de leurs apports ou auraient reçu des avances de la société ;
- La vente des biens mobiliers, y compris le fonds de commerce qu’il peut vendre avec tous ses
éléments ou seulement quelques-uns ;
- La vente des immeubles ;
- La transaction sur les droits litigieux ;
- Le règlement du passif ;
- La restitution des apports et le partage.
L’Acte uniforme prévoit une sanction pénale contre le liquidateur d’une société, pour défaut de
publicité de sa nomination et le non dépôt des décisions prononçant la dissolution. C’est donc un délit
d’omission.
Dans le cadre de l’exercice de sa mission, le liquidateur est soumis à des obligations qui, lorsqu’elles
ne sont pas satisfaites, peuvent nuire aux intérêts des associés et des tiers.
C’est pourquoi, il encourt une sanction, s’il ne convoque pas les associés, en fin de liquidation, pour
statuer sur le compte définitif, sur le quitus de sa gestion et la décharge de son mandat et pour constater
la clôture de ladite liquidation.
Selon l’article 902 AUSC : Encourt une sanction pénale, le liquidateur d’une société qui, sciemment:
1) N’aura pas dans le délai d’un mois à compter de sa nomination, publié dans un journal habilité
à recevoir les annonces légales du lieu du siège social, l’acte le nommant liquidateur et déposé
au RCCM les décisions prononçant la liquidation ;
2) N’aura pas convoqué les associés, en fin de liquidation, pour statuer sur le compte définitif de
la liquidation, sur le quitus de sa gestion et la décharge de son mandat et pour constater la
clôture de la liquidation ;

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3) N’aura pas, dans le cas prévu à l’art.219 du présent Acte uniforme, déposé ses comptes
définitifs au greffe du tribunal chargé des affaires commerciales du lieu du siège social, ni
demandé en justice l’approbation de ceux-ci.
La peine applicable est une amende de 500 milles à 5 millions F CFA et une peine
d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans.

Par ailleurs, selon l’article 903 : Lorsque la liquidation intervient sur décision judiciaire, encourt une
sanction pénale, le liquidateur qui sciemment :
1°) n’aura pas, dans les six mois de sa nomination, présenté un rapport sur la situation active et
passive de la société en liquidation et sur la poursuite des opérations de liquidation, ni sollicité les
autorisations nécessaires pour les terminer ;
2°) n’aura pas, dans les trois mois de la clôture de chaque exercice, établi les états financiers de
synthèse au vu de l’inventaire et un rapport écrit dans lequel il rend compte des opérations de la
liquidation au cours de l’exercice écoulé ;
3°) n’aura pas permis aux associés d’exercer, en période de liquidation, leur droit de communication
des documents sociaux dans les mêmes conditions qu’antérieurement ;
4°) n’aura pas convoqué les associés, au moins une fois par an, pour leur rendre compte des états
financiers de synthèse en cas de continuation de l’exploitation sociale ;
5°) n’aura pas déposé à un compte ouvert dans une banque au nom de la société en liquidation, dans
le délai de 15 jours, à compter de la décision de répartition, les sommes affectées aux répartitions
entre les associés et les créanciers ;
6°) n’aura pas déposé, sur un compte de consignation ouvert dans les écritures du Trésor, dans le
délai d’un an à compter de la clôture de la liquidation, les sommes attribuées à des créanciers ou à
des associés et non réclamées par eux.
Les peines lui sont applicables s’il n’a pas dans les six mois de sa nomination, dressé un rapport
sur la situation active et passive de la société et sur la poursuite des opérations de liquidation, ni sollicité
les autorisations nécessaires pour les terminer. Il en va de même si, dans le délai de trois mois de la
clôture de chaque exercice :
- Il n’a pas établi les états financiers de synthèse au vu de l’inventaire et un rapport dans lequel
il rend compte des opérations au cours de l’exercice clôturé ;
- Permis aux associés d’exercer, en période de liquidation, leur droit de communication des
documents sociaux dans les mêmes conditions qu’antérieurement ;
- Convoquer les associés au moins une fois par an, afin de leur rendre compte des états
financiers de synthèse en cas de continuation de l’exploitation ;
- Déposé à un compte ouvert dans une banque au nom de la société en liquidation dans les quinze
jours, les sommes affectées aux répartitions entre les associés et les créanciers ;
- Déposé sur un compte de consignation ouvert dans les écritures du trésor, les sommes
attribuées à des créanciers ou à des associés et non réclamées par eux.
La peine applicable est une amende de 500 milles à 5 millions F CFA et une peine
d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans.

Le liquidateur peut aussi être auteur d’une infraction de commission et poursuivi pénalement lorsque,
de mauvaise foi, conformément à l’art. 904, il aura:
- Fait des biens ou du crédit de la société en liquidation, un usage qu’il savait contraire à
l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre personne morale dans laquelle
il était intéressé, directement ou indirectement ;

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- Cédé tout ou partie de l’actif de la société en liquidation à une personne ayant eu dans la
société la qualité d’associé en nom, de commandité, de gérant, de membre du conseil d’administration,
d’administrateur général ou de commissaire aux comptes, sans avoir obtenu le consentement unanime
des associés ou, à défaut, l’autorisation de la juridiction compétente.
Il s’agit dans le cas d’espèce, d’une soustraction de l’actif de la société au détriment des associés. En
définitive, il sied de souligner que la mauvaise foi du liquidateur étant évidente, celui-ci mérite des
sanctions pénales.
La peine applicable est une amende de 5 millions à 10 millions F CFA et une peine
d’emprisonnement de 5 ans à 10 ans.

CHAPITRE 2 : LES INFRACTIONS DES SOCIETES SELON L’ACTE UNIFORME


RELATIF AUX PROCEDURES COLLECTIVES D’APUREMENT DU PASSIF

Une société peut disparaître du fait de l’arrivée du terme fixé par les fondateurs ou encore de manière
prématurée. Il est évident que dans son fonctionnement, la société est amenée à connaître des périodes
de prospérité ou des moments de difficultés.
La société en difficulté est celle dont la réalisation de l’objet est devenue plus ou moins
compromise du fait de son impossibilité à faire face à ses engagements. On dit alors qu’elle est en
situation d’échec. Par ailleurs, la société peut dans sa gestion se trouver dans une situation où la
dissolution devient inéluctable.
Dans son désir de protéger les créanciers sociaux, dont le recouvrement des créances devient
problématique, le législateur a prévu des sanctions pénales à l’encontre de certaines personnes.

1. La banqueroute
Quand une société est en état de cessation de paiements, toute personne physique qui se livre à certains
actes incriminés peut être poursuivie du chef de banqueroute.
La cessation de paiements est l’état du débiteur qui ne peut faire face à son passif exigible grâce à
son actif disponible et qui se traduit par un arrêt du service de caisse. La jurisprudence ajoute une
condition supplémentaire en exigeant que la situation de la société soit irrémédiablement compromise.
La banqueroute s’applique aux commerçants personnes physiques et aux associés des
sociétés commerciales qui ont la qualité de commerçants. Elle concerne également les personnes
physiques dirigeantes de personnes morales assujetties aux procédures collectives et les
personnes physiques représentantes permanentes de personnes morales dirigeantes de personnes
morales.
Le délit de banqueroute suppose un état de cessation de paiements, sans que cet état soit
nécessairement constaté par un tribunal commercial ou civil. Le rôle de la cessation des paiements
dans la qualification de l’infraction est capital.
En revanche, l’intervention du droit pénal devient justifiée quand le débiteur, en état de cessation
des paiements ou dont la situation est gravement compromise, se livre à des agissements constitutifs

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de faits de banqueroute car de tels faits portent atteinte, non seulement au droit de gage général des
créanciers, mais encore à l’ordre public, économique et commercial.
Pour que le délit de la banqueroute soit constitué, il faut réunir la qualité de commerçant de
l’agent pour les personnes physiques, et qu’il y ait ouverture d’une procédure collective pour les
sociétés.
On distingue la banqueroute simple et la banqueroute frauduleuse.
L’article 228 quant à lui dispose qu’est coupable de banqueroute simple toute personne physique
en état de cessation de paiement qui se trouve dans un des cas suivants :
- Si elle a contracté sans recevoir des valeurs en échange, des engagements jugés trop
importants eu égard à sa situation lorsqu’elle les a contractés ;
- Si, dans l’intention de retarder la constatation de la cessation de ses paiements, elle a fait des
achats en vue d’une revente au-dessous du cours ou si, dans la même intention, elle a employé
des moyens ruineux pour se procurer des fonds ;
- Si, sans excuse légitime, elle ne fait pas au greffe de la juridiction compétente, la déclaration
de son état de cessation de paiements dans le délai de trente jours ;
- Si sa comptabilité est incomplète ou irrégulièrement tenue ou si elle n’a tenu aucune
comptabilité conforme aux règles comptables et aux usages reconnus de la profession eu égard
à l’importance de l’entreprise ;
- Si, ayant été déclaré deux fois en état de cessation de paiements, en cinq ans, ses procédures
ont été clôturées pour insuffisance d’actifs.
L’achat en vue de revendre au-dessous du cours consiste à acheter d’importantes quantités de
marchandises, généralement payables à terme, et à les revendre immédiatement à un prix inférieur à
leur cours. Ainsi, l’agent se constitue une trésorerie lui permettant de faire face aux échéances les plus
proches. Mais les autres dettes subsistant, il ne peut payer les marchandises achetées et son passif
s’aggrave.
Cette infraction se distingue avec le délit de revente à perte par l’élément intentionnel au motif que
dans le dernier cas, l’objectif de l’agent n’est pas de retarder ou d’éviter l’ouverture d’une procédure
collective.
Le recours à des moyens ruineux pour se procurer des fonds consiste à se procurer des fonds par
des concours financiers, ce qui permet le maintien artificiel et temporaire de l’activité de l’entreprise,
alors que la situation financière est déjà irrémédiablement compromise.
L’agent doit nécessairement avoir agi en vue d’éviter ou de retarder l’ouverture de la procédure
collective. Les juges doivent établir le caractère ruineux du moyen employé. L’emploi de moyens
ruineux laisse apparaître la mauvaise foi de l’auteur de l’infraction, car la loi vise l’intention de retarder
la constatation de la cessation de paiements, traduisant l’exigence d’un dol spécial, ou, tout au moins,
de la mauvaise foi. Parmi les moyens ruineux, on peut citer les crédits obtenus à un taux usuraire, les
concours financiers obtenus à un taux jugé excessif, le découvert trop important entraînant des intérêts
et agios hors de proportion avec le chiffre d’affaires.
La complicité peut être retenue à l’encontre des personnes qui ont fourni le concours financier
ruineux. Ce risque pénal concerne particulièrement les banquiers qui auront connu la situation de
cessation des paiements de leur client, la volonté de celui-ci de retarder l’ouverture de la procédure
collective et le caractère ruineux du crédit accordé. L’incrimination relative à la déclaration de l’état
de cessation des paiements au greffe vise notamment à contraindre le débiteur à le faire dans les délais
requis pour éviter l’accumulation des dettes qui est de nature à compromettre le redressement de
l’entreprise et le paiement des créanciers.

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La tenue d’une comptabilité régulière est l’une des garanties des droits des créanciers vis-à-vis de
leur débiteur. Le débiteur qui néglige cette obligation ne peut connaître son passif et son actif et
compromet du coup les droits de ses créanciers.
La peine applicable est une peine d’emprisonnement de 3 mois à 2 ans et une amende de
300.000 F CFA à 1 million F CFA

La banqueroute frauduleuse est prévue à l’article 229 de l’Acte Uniforme portant organisation
des procédures collectives d’apurement du passif qui énonce : « est coupable de banqueroute
frauduleuse toute personne physique qui :
- A soustrait sa comptabilité
- A détourné ou dissipé tout ou partie de son actif
- Soit dans ses écritures, soit par des actes publics ou des engagements sous seing privé, soit
dans son bilan, s’est frauduleusement reconnue débitrice de sommes d’argent qu’elle ne devait
pas
- A exercé la profession commerciale contrairement à une interdiction prévue par les actes
uniformes ou par la loi de chaque etat-partie
- Après la cessation des paiements, a payé un créancier au préjudice de la masse
- A stipulé avec un créancier des avantages particuliers à raison de son vote dans les
délibérations de la masse ou qui a fait avec un créancier un traité particulier duquel il
résulterait pour ce dernier un avantage à la charge de l’actif du débiteur à partir du jour de la
décision d’ouverture
- A, de mauvaise foi, présenté ou fait présenter un compte de résultats ou un bilan ou un état des
créances et des dettes ou un état actif et passif des privilèges et sûretés, inexact ou incomplet,
à l’occasion d’une procédure de règlement judiciaire
- A, sans autorisation du Président de la juridiction compétente, accompli des actes interdits par
la loi.
La banqueroute frauduleuse concerne les fautes ou les comportements suffisamment graves.
En effet, la soustraction de la comptabilité est susceptible de compliquer la comptabilité à travers
l’établissement de l’actif et du passif. Elle se traduit notamment par la dissimulation des éléments de
l’actif. Le détournement ou la dissipation de l’actif est bien facile à constater.
Se reconnaître débiteur de sommes d’argent qu’on ne doit pas en réalité relève d’une malhonnêteté
très préjudiciable aux créanciers. C’est la manifestation la plus prononcée d’une fraude évidente et
naturellement punissable à souhait.
Le paiement frauduleux d’un créancier au préjudice de la masse après la cessation des paiements
annihile l’égalité entre les créanciers qui est du reste un principe cardinal du droit des procédures
collectives.
A travers la répression de la stipulation des avantages particuliers, le législateur Ohadien veut
sanctionner les ententes frauduleuses entre le débiteur et certains créanciers indélicats.
La mauvaise foi n’est apparemment requise que pour la plupart des cas de banqueroute frauduleuse.
C’est ce qui justifie l’emploi du terme « frauduleux ». La peine applicable est une amende de 1
million à 3 millions F CFA et une peine d’emprisonnement d’1 à 5 ans.

2. Les infractions connexes


Il s’agit ici des infractions assimilées aux banqueroutes et d’autres infractions qui sont le fait des tiers
ou des parents du débiteur. Ces délits sont punis des mêmes peines que la banqueroute frauduleuse.

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2.1.Les délits assimilés à la banqueroute simple
Ce sont ceux qui sont commis par les dirigeants des sociétés soumises aux procédures collectives. Il
s’agit de tous les dirigeants de droit ou de fait, et d’une manière générale, de toute personne qui
directement ou par personne interposée a administré, géré ou liquidé la personne morale sous le couvert
ou au lieu et place de ses représentants légaux.
Les peines prévues à leur encontre sont celles de la banqueroute simple. Sont donc concernés, les
dirigeants qui, au regard des dispositions de l’art.231 de l’Acte uniforme sur les procédures collectives.

2.2.Les délits assimilés à la banqueroute frauduleuse


Le droit OHADA dispose que : « sont punis des peines de la banqueroute frauduleuse, les dirigeants
visés à l’art.230 qui ont frauduleusement:
- Soustrait les livres de la personne morale
- Détourné ou dissimulé une partie de son actif
- Reconnu la personne morale débitrice de sommes qu’elle ne devait pas, soit dans les écritures,
soit par des actes publics ou des engagements sous signature privée, soit dans le bilan
- Exercé la profession de dirigeant contrairement à une interdiction prévue par les Actes
uniformes ou par la loi de chaque Etat-partie
- Stipulé avec un créancier, au nom de la personne morale, des avantages particuliers à raison
de son vote dans les délibérations de la masse ou qui ont fait avec un créancier un traité
particulier duquel il résulterait pour ce dernier un avantage à la charge de l’actif de la
personne morale, à partir du jour de la décision déclarant la cessation des paiements

« Sont également punis des peines de la banqueroute frauduleuse, les dirigeants visés à l’art.230 qui,
à l’occasion d’une procédure de règlement préventif ont :
 De mauvaise foi, présenté ou fait présenter un compte de résultats ou un bilan ou un état des
créances et des dettes ou un état actif et passif des privilèges et sûretés, inexact ou incomplet ;
 Sans autorisation du président de la juridiction compétente, accompli un des actes interdits
par l’art.11 AUPC (qui interdit au débiteur, sous peine d’inopposabilité de droit :
 De payer en tout ou en partie, les créances nées antérieurement à la décision de suspension
des poursuites individuelles
 De faire aucun acte de disposition étranger à l’exploitation normale de l’entreprise, ni
consentir aucune sûreté
 De désintéresser les cautions qui ont acquitté des créances nées antérieurement à la décision
».
En l’espèce, la soustraction concerne les biens de la personne morale. Le détournement concerne
l’actif. L’interdiction est celle du dirigeant lui-même.
La peine applicable est une amende d’un à 3 millions et une peine d’emprisonnement d’1 à 5 ans.

2.3.Les autres infractions


Sont prévues aux articles 240 et suivants de l’Acte uniforme sur les procédures collectives. L’article
240 dispose « sont punies des peines de la banqueroute frauduleuse :
- Les personnes convaincues d’avoir, dans l’intérêt du débiteur, soustrait, recelé ou dissimulé
tout ou partie de ses biens meubles et immeubles, le tout sans préjudice des dispositions pénales
relatives à la complicité ;
- Les personnes convaincues d’avoir frauduleusement produit dans la procédure collective, soit
en leur nom, soit par interposition ou supposition de personne, des créances supposées ;

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- Les personnes qui, faisant le commerce sous le nom d’autrui ou sous un nom supposé, ont, de
mauvaise foi, détourné ou dissimulé, tenté de détourner ou de dissimuler une partie de leurs
biens ».

Cet article punit les personnes qui ont détourné directement ou indirectement l’actif du débiteur ou
encore qui frauduleusement font ou essaient de faire échapper leurs biens à leurs créanciers.
La supposition de créances : elle résulte du fait des personnes convaincues d’avoir frauduleusement
produit dans la procédure collective des créances supposées, quelle qu’en soit la manière : soit en leur
nom, soit par l’interposition ou supposition de personne.
Cette infraction ne constitue pas un cas de complicité. Il n’est pas nécessaire que le coupable ait agi
dans l’intérêt du débiteur, ou même en accord avec celui-ci. L’interposition de personne : c’est le fait
pour des personnes qui, de mauvaise foi, ont détourné ou dissimulé une partie de leurs biens, ou tenté
de le faire, alors qu’elles exerçaient le commerce sous le nom d’autrui ou sous un nom supposé.

Article 241 : « le conjoint, les descendants, les ascendants ou les collatéraux du débiteur ou ses
alliés qui, « à l’insu du débiteur », auraient détourné, diverti ou recelé des effets dépendant de l’actif
du débiteur en état de cessation des paiements, encourent les peines prévues par le droit pénal en
vigueur dans chaque Etat-partie pour les infractions commises au préjudice d’un incapable ».
Cette infraction est commise à l’insu du débiteur.
Sont punis d’une amende 100 mille à 1 million et une amende d’1 à 3 ans.

CHAPITRE 3 : DE L’ACTE UNIFORME PORTANT ORGANISATION


DES SURETES

L’incrimination qui porte sur l’inscription des Sûretés mobilières était prévue précédemment à l’article
68 de l’Acte uniforme du 17 avril 2001 relatif au droit commercial général, et est actuellement prévue
à l’article 65 de l’Acte uniforme du 15 décembre 2010 portant organisation des Sûretés.
Elle est ainsi libellée : « toute inscription de sûreté mobilière, effectuée par fraude, ou portant des
indications inexactes données de mauvaise foi, est punie des peines prévues par la loi pénale nationale.
La juridiction compétente, ou l’autorité compétente dans l’Etat partie, en prononçant la
condamnation, pourra ordonner la rectification de la mention inexacte dans les termes qu’elle
détermine ».
Les sûretés mobilières doivent faire l’objet d’une inscription au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier. C’est une exigence légale. L’inscription est faite dans le dessein de rendre les sûretés
opposables aux tiers. On admet que dans cette action se trouve une sorte de sécurisation des
transactions commerciales.
De ce fait, lorsqu’une inscription mobilière se trouve entachée de fraude ou comporte des mentions
dont l’irrégularité est patente et repose sur la mauvaise foi, l’auteur est passible de poursuites
judiciaires, et la décision peut en outre ordonner la rectification des mentions inexactes.
La fraude dont il est question peut résulter du caractère inexact des informations fournies de mauvaise
foi en vue de l’inscription.
La peine applicable est une amende 300 mille à 3 millions F CFA et une peine d’emprisonnement
de 3 mois à 3 ans.

CHAPITRE 4 : DE L’ACTE UNIFORME SUR LE DROIT COMMERCIAL GENERAL

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Selon l’article 140 nouveau: « le locataire-gérant est tenu d’indiquer en tête de ses bons de commande,
factures et autres documents à caractère financier ou commercial, avec son numéro d’immatriculation
au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, sa qualité de locataire-gérant du fonds. Toute
infraction à cette disposition est punie par la loi nationale ».
L’exploitation du fonds de commerce peut être réalisée par le propriétaire ou faire l’objet d’une
location-gérance.
La location gérance est une convention par laquelle le propriétaire d’un fonds de commerce, personne
physique ou morale, en concède la location à une autre personne appelée gérant, et qui l’exploite à ses
risques et périls.
L’obligation d’immatriculation qui est faite au locataire consiste à montrer que le locataire est un
commerçant et qu’ipso facto, il doit se conformer aux prescrits en matière d’immatriculation au
R.C.C.M.
Cet article impose une publicité dans l’indication de la qualité de locataire sur les documents au motif
que le loueur demeure le maître des lieux loués. Pour ce faire, les tierces personnes qui entrent en
relation avec le locataire doivent le savoir.
La peine applicable est une amende de 3 mois à 3 ans et une amende 100 mille à 1 million F CFA.
La fraude envisagée peut porter sur une des pièces à produire en vue d’obtenir l’immatriculation.
Ce peut être un extrait d’acte de mariage, un extrait du casier judiciaire, un certificat de résidence, un
contrat de bail ou le titre de propriété.
La peine applicable est une amende de 3 mois à 3 ans et une amende 100 mille à 1 million F CFA.

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