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Rapport Phase 1 Diagnostic

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Direction Générale du Génie Rural et


de l'Exploitation des Eaux

Elaboration du Plan Directeur National de Réutilisation des


Eaux Usées Traitées en Tunisie
« WATER REUSE 2050 »

Phase 1 - Diagnostic de la filière et élaboration


des orientations de base
30 avril 2020

LIVRABLE N°1/3 –– Version 3.1 - Edition finale


[marché n° AFD/DCP-2017-060 I CZZ2|52-MS-2018-03]
BRL ingénierie

1105 Av Pierre Mendès- En charge de la réalisation


France BP 94001 de la présente étude
30001 NIMES CEDEX 5
FRANCE
Groupe-conseil baastel sprl
Membre du groupement ayant
Boulevard Adolphe Max, 55 répondu à l’appel d’offre.
1000 N’intervient pas
Bruxelles techniquement sur le projet.
BELGIQUE
ONF International
Membre du groupement ayant
répondu à l’appel d’offre.
5 Avenue de la Belle Gabrielle
N’intervient pas
75012 Paris
techniquement sur le projet.
FRANCE

Date de création du document 25 février 2019

Contact Sébastien Chazot


Sebastien.chazot@brl.fr

Titre du document Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux


usées traitées en Tunisie
Phase 1 – Rapport de diagnostic

Référence du document A00437

Indice V3.1

Vérifié et
Date émission Indice Observation Dressé par
Validé par
Juin 2019 V1.0 Equipe de projet S Chazot
1er Juillet 2019 V1.1 Equipe de projet S Chazot
Prise en compte remarques COPIL
12 déc 2019 V2.1 juillet 2019 et échanges sur Equipe de projet S Chazot
méthodologie ACA
Amendements de forme par rapport à
18 déc 2019 V2.2 Equipe de projet S Chazot
la V2.1. + ajout résumé
Prise en compte remarques COPIL
30 avril 2020 V3.1 Equipe de projet S Chazot
janvier 2020
Cette opération d’assistance technique est financée par l’Agence Française de Développement (AFD)
dans le cadre de la Facilité Adapt’Action. Cette Facilité, démarrée en mai 2017, appuie les pays
africains, les PMA et les PEID dans la mise en œuvre de leurs engagements pris dans le cadre de
l’Accord de Paris sur le Climat, par le financement d’études, d’activités de renforcement des capacités
et d’assistance technique, dans le secteur de l’adaptation en particulier.

Les auteurs assument l’entière responsabilité du contenu du présent document. Les opinions exprimées
ne reflètent pas nécessairement celle de l’AFD ni de ses partenaires.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ELABORATION DU PLAN DIRECTEUR NATIONAL
DE REUTILISATION DES EAUX USEES TRAITEES
EN TUNISIE

Phase 1 - Diagnostic

PREAMBULE ........................................................................................ 1
RESUME .............................................................................................. 5

PARTIE A. CONTEXTE ET OBJECTIFS DE L’ETUDE ................................ 17


1. CONTEXTE : FACE AUX EVOLUTIONS SOCIO-ECONOMIQUES ET AU
CHANGEMENT DU CLIMAT, L’URGENCE D’OPTIMISER LE MIX
HYDROLOGIQUE DU PAYS ............................................................ 17
1.1 Des ressources en eau limitées et inégalement réparties dans le pays 17
1.1.1 La répartition des ressources en eau dépend fortement du régime des précipitations 17
1.1.2 D’une année à l’autre, la disponibilité des ressources en eau peut varier de 3 à
5 milliards de m3 19
1.2 Dans la situation actuelle, les besoins en eau sont difficilement satisfaits les années
sèches 21
1.2.1 Aperçu du bilan besoins-ressources avec les prélèvements de l’année 2011 21
1.2.2 La satisfaction des besoins en eau pourrait être plus difficile dans les années à venir 22
1.3 Les leviers d’action : la gestion de la demande et le recours aux eaux non-
conventionnelles 24
1.3.1 La stratégie nationale de l’eau pour proposer une approche intégrée de la gestion de
l’eau à l’horizon 2050 24
1.3.2 La stratégie de réutilisation des eaux usées traitées dans le cadre de la stratégie
nationale de gestion de l’eau 24

2. RELECTURE DE 70 ANNEES DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ........... 25


Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
2.1 Historique de la filière REUT tunisienne 25
2.2 Enseignements et limites des approches les plus récentes sur la REUT 30

3. OBJECTIFS DE L’ETUDE : DOTER LE PAYS D’UNE STRATEGIE DE REUT


AMBITIEUSE, REALISTE ET OPERATIONNELLE ................................ 32
3.1 Objectifs généraux de l’étude 32
3.2 Objectifs spécifiques de la phase de diagnostic et organisation du rapport 33

PARTIE B. APPROCHE GLOBALE À L’ECHELLE DU PAYS ...................... 35


4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN
PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS .............................................. 35
4.1 Les grands chiffres de la REUT en Tunisie en 2019 35
4.2 Mise en perspective avec d’autres pays 46

5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE...................................... 49


5.1 Description synthétique du cadre réglementaire de la gestion de l’eau en Tunisie 49
5.2 Assainissement et REUT : Recensement et Diagnostic des textes juridiques et
réglementaires en lien avec la filière 52
5.2.1 Assainissement et rejets dans l’environnement : types et instruments juridiques 52
5.2.2 La réutilisation des eaux usées traitées : types et instruments juridiques 57
5.3 Recommandations de l’OMS pour l’élaboration des réglementations nationales et
mise en regard d’autres réglementations nationales 62
5.3.1 Recommandations de l’OMS pour l’élaboration de réglementations nationales 62
5.3.2 Exemples de contextes réglementaires de d’autres pays pratiquant la REUT 63
5.4 Éléments de conclusion sur l’analyse du cadre juridique et réglementaire et
recommandations 77

6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT ........................................... 80


6.1 Base de l’analyse technique 80
6.2 La collecte des eaux usées brutes : Etat des lieux et améliorations possibles 80
6.2.1 Origine des eaux usées collectées 81
6.2.2 Éléments de conclusion sur les eaux usées collectées et recommandations 84
6.3 Le traitement : État des lieux et ambitions 85
6.3.1 Pratiques dans le domaine du traitement : les options technologiques d’aujourd’hui 85
6.3.2 Le traitement en Tunisie : un parc épuratoire bien développé mais vieillissant 87
6.3.3 Les options technologiques de demain 95

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
6.3.4 Éléments de conclusion sur le traitement des eaux usées et recommandations 96
6.4 Le stockage et le transfert des eaux jusqu’aux usages 97
6.4.1 Description des systèmes de stockage et de transport 97
6.4.2 Éléments de conclusion sur le stockage et le transfert des EUT et recommandations 100
6.5 Qualité des eaux usées traitées : aspect performance du traitement 103
6.5.1 Objectifs du bilan de la qualité effective à la sortie des STEP 103
6.5.2 Méthode 103
6.5.3 Première analyse portant sur les 66 STEP dont les eaux usées traitées sont tout ou
partie réutilisées 105
6.5.4 Deuxième analyse portant sur l’ensemble du parc des stations d’épuration de la
Tunisie 111
6.5.5 Éléments de conclusion sur la qualité de l’eau usée traitée et recommandations 114
6.6 Qualité des eaux usées traitées et des éléments environnants : Aspects liés au
contrôle 115
6.6.1 Cadre réglementaire du contrôle 115
6.6.2 Capacité d’analyses des eaux existant en Tunisie et fiabilité des mesures 116
6.6.3 Fréquences des contrôles 119
6.6.4 Éléments de conclusion et recommandations sur les contrôles de la qualité d’eau et
recommandations 123

7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT ........................... 124


7.1.1 Définition du risque sanitaire 124
7.1.2 Incidence de la REUT sur la santé humaine 126
7.1.3 Incidences de la REUT sur la santé animale 131
7.1.4 Incidence de la REUT sur l’environnement : possible accumulation des polluants dans les
matrices sol-plante-nappe après une irrigation prolongée 131
7.1.5 Éléments de conclusion sur l’analyse des risques sanitaires et recommandations 135

8. DIAGNOSTIC INSTITUTIONNEL DE LA FILIERE – DECENTRALISER,


ACCOMPAGNER, REGULER ET DIFFUSER L’INFORMATION POUR
REGAGNER LA CONFIANCE DES USAGERS ET DES
CONSOMMATEURS ..................................................................... 136
8.1 Présentation des acteurs de la REUT en Tunisie 136
8.2 Cartographie des processus clefs 152
8.2.1 Planification de la REUT et cycle de projet 152
8.2.2 Le contrôle 154
8.2.3 Les échanges de données 157
8.3 Analyse des enjeux institutionnels 158
8.3.1 Synthèse des enjeux internes des acteurs-clefs de la REUT 158
8.3.2 Enjeux de cohérence entre acteurs de la REUT : interactions, échanges, coordination 161
8.3.3 Des enjeux transversaux qui peuvent être moteur de l’évolution institutionnelle 165

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
8.4 Benchmarking : regards croisés sur la gouvernance de la REUT 168
8.5 Éléments de conclusions sur l’analyse institutionnelle et recommandations 178

9. DIAGNOSTIC DES FACTEURS D’ACCEPTABILITE POUR LE


DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE ................................................. 183
9.1 Présentation des principaux facteurs d’acceptabilité de la filière REUT en Tunisie 183
9.2 Zoom sur trois principaux facteurs d’acceptabilité 185
9.2.1 Le niveau de risque sanitaire et sa perception par les usagers 185
9.2.2 Les retombées économiques liées à l’irrigation avec des EUT 186
9.2.3 Le manque de confiance dans les services de l’Etat 186
9.3 Éléments de conclusion de l’analyse des facteurs d’acceptabilité et
recommandations 187

10. DIAGNOSTIC DU SECTEUR DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - UN


BESOIN DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ACQUISES POUR LEUR
APPLICATION ............................................................................ 188
10.1 Les organismes de recherche travaillant sur la REUT 188
10.2 Éléments de conclusion de l’analyse de la recherche et recommandations 191

PARTIE C. APPROCHE A L’ECHELLE DE L’USAGE............................... 194


11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES
DIFFERENTS USAGES .................................................................. 194
11.1 Méthode retenue pour réaliser les enquêtes de 20 opérations de REUT 196
11.1.1 Objectifs des enquêtes 196
11.1.2 Choix des sites 196
11.1.3 Méthode d’enquête 199
11.2 Irrigation agricole : des qualités d’effluents à améliorer pour renforcer la confiance
des agriculteurs 199
11.2.1 Description générale du secteur et place de la REUT 199
11.2.2 Les éléments factuels issus des enquêtes 203
11.2.3 Analyse transversale de la REUT pour l’usage agricole 219
11.2.4 Regard sur la REUT pour l’irrigation agricole dans d’autres pays 221
11.2.5 Synthèse des contraintes au développement de l’irrigation agricole avec des EUT et
recommandations 224
11.3 Irrigation des golfs et des espaces verts : des qualités d’effluents et des pratiques à
améliorer pour renforcer la sécurité du public et la filière 230
11.3.1 Description générale du secteur et place de la REUT 230

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
11.3.2 Les éléments factuels issus des enquêtes 232
11.3.3 Analyse transversale de la REUT pour les golfs et les espaces verts 240
11.3.4 Regard sur la REUT pour l’irrigation pour les golfs et les espaces verts dans d’autres
pays 241
11.3.5 Synthèse des contraintes au développement de l’irrigation des golfs et espaces verts
avec des EUT et recommandations 242
11.4 Recharge des nappes : de très forts enjeux sanitaires et un cadre institutionnel qui
freinent le développement de cet usage 245
11.4.1 Description générale du secteur et place de la REUT 245
11.4.2 Les éléments factuels issus des enquêtes 247
11.4.3 Analyse transversale de la REUT pour la recharge de nappes 258
11.4.4 Regard sur la REUT pour la recharge de nappes dans d’autres pays 261
11.4.5 Synthèse des contraintes au développement de la recharge de nappe avec des EUT et
recommandations 261
11.5 Valorisation écologique : un flou entre la valorisation écologique et le rejet dans le
milieu naturel 264
11.5.1 Description générale du secteur et place de la REUT 264
11.5.2 Les éléments factuels issus des enquêtes 266
11.5.3 Analyse transversale de la REUT pour la valorisation écologique 276
11.5.4 Regard sur la REUT pour la valorisation écologique dans d’autres pays 276
11.5.5 Synthèse des contraintes de la valorisation écologique avec des EUT et
recommandations 277
11.6 Utilisation par les industriels : un fort potentiel de développement 277
11.6.1 Description générale du secteur et place de la REUT 277
11.6.2 Les éléments factuels issus des enquêtes 278
11.6.3 Analyse transversale de la REUT pour l’utilisation par les industriels 285
11.6.4 Regard sur la REUT au niveau industriel dans d’autres pays 285
11.6.5 Synthèse des contraintes de la réutilisation industrielle des EUT et recommandations 286

12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS


USAGES ..................................................................................... 288
12.1 Objectifs 288
12.2 Approche méthodologique 289
12.3 Présentation des résultats par types d’usages 294
12.4 Irrigation agricole dans 5 périmètres irrigués 295
12.4.1 Situations de référence et détail des coûts et des avantages considérés 295
12.4.2 Données de base 297
12.4.3 Résultats 299
12.5 Arrosage du golf de Yasmine 306
12.5.1 Situation de référence et détail des coûts et des avantages considérés 306
12.5.2 Données de base 307
12.5.3 Résultats 307

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
12.6 Arrosage de l’espace vert de l’aéroport de Tunis Carthage 308
12.6.1 Situation de référence et détail des coûts et des avantages considérés 308
12.6.2 Résultats 309
12.7 Usage pour l’industrie des phosphates à Gafsa (Groupe Chimique Tunisien) 309
12.7.1 Situations de référence et détail des coûts et des avantages considérés 309
12.7.2 Résultats 310
12.8 Recharge de la nappe de Korba 312
12.8.1 Situations de référence et détail des coûts et des avantages considérés 312
12.8.2 Résultats 312
12.9 Alimentation en eau de la lagune de Korba 313
12.9.1 Situations de référence et détail des coûts et des avantages considérés 313
12.9.2 Données de base 314
12.9.3 Résultats 314

PARTIE D. GRANDS ENJEUX ET PROPOSITIONS D’ORIENTATION ....... 315


13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN
TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS ..................... 315
13.1 Analyse AFOM 315
13.2 Identification des défis à relever et proposition de grandes recommandations 325

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................. 329

ANNEXES......................................................................................... 337
Annexe 1 : Éléments synthétiques des principales études stratégiques et thématiques
effectuées sur la REUT en Tunisie 339
Annexe 2 : Analyse de la conformité des EUT à la NT 106.02 pour les 105 stations pour
lesquelles l’information est disponible 347
Annexe 3 : Présentation des hypothèses et des résultats des analyses coûts avantages 351
Annexe 4 : Synthèse des entretiens réalisés dans la phase Diagnostic 391

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
TABLE DES ILLUSTRATIONS

LISTE DES FIGURES


Figure 1-1 : Scénarios d’évolution possible du forçage radiatif lié à l’impact anthropique sur le climat ................. 22
Figure 1-2 : résultats des projections climatiques pour l’évolution des températures et des précipitations à
l’horizon 2080-2099 par rapport à une situation de référence 1986-2005 ........................................ 23
Figure 2-1 : Rétrospective de la filière REUT en Tunisie ........................................................................................ 27
Figure 4-1 : Volumes annuels d’eaux usées traitées produits et réutilisés par grande région ................................ 36
Figure 4-2 : Volumes annuels d’eaux usées traitées produits et réutilisés par usage et par grande région
(données 2017) ................................................................................................................................ 39
Figure 4-3 : Part du volume national d’EUT produites en fonction du nombre de STEP ........................................ 40
Figure 4-4 : Part du volume national d’EUT réutilisées en fonction du nombre de STEP concernées par la
REUT ............................................................................................................................................... 40
Figure 4-5 : Volumes d’eaux usées traitées produits et réutilisés dans les différentes grandes régions (2017)
(m3/mois) .......................................................................................................................................... 45
Figure 4-6 : Carte des principales zones de réutilisation des eaux usées traitées dans le monde ......................... 46
Figure 4-7 : Part des différents usages de la REUT dans le monde et zoom sur quelques pays ........................... 48
Figure 6-1 :Type de raccordement en Tunisie en 2017 en % d’EH raccordé aux STEP (part de la charge
polluante en fonction du type d’effluent)........................................................................................... 81
Figure 6-2 : Type de raccordement par région en 2017 en % d’EH raccordé aux STEP (part de la charge
polluante en fonction du type d’effluent)........................................................................................... 82
Figure 6-3 : Part des effluents biodégradables et non-biodégradables (en volume)............................................... 83
Figure 6-4 : Capacité nominale des STEP en Tunisie ............................................................................................ 88
Figure 6-5 : Type de traitement secondaire en Tunisie .......................................................................................... 89
Figure 6-6 : Nombre de stations par type de traitement tertiaire en Tunisie ........................................................... 90
Figure 6-7 : Schéma général du réseau et des ouvrages de transport des EUT de la sortie de la STEP jusqu’aux
PI ..................................................................................................................................................... 97
Figure 6-8 : Canal d’amenée des périmètres irrigués de Talbet et Meghzel .......................................................... 98
Figure 6-9 : Bassin de régulation du périmètre irrigué de Souhil à la sortie de la STEP SE3 ................................. 98
Figure 6-10 : Château d’eau du périmètre irrigué d’Ouljet El Khoder ..................................................................... 98
Figure 6-11 : Borne d’irrigation du périmètre irrigué ............................................................................................... 99
Figure 6-12 : Schéma général du réseau et des ouvrages de transport des EUT de la sortie de la STEP jusqu’aux
golfs ............................................................................................................................................... 100
Figure 6-13 : Lac de stockage des EUT du Golf Flamingo ................................................................................... 100
Figure 6-14 : Développement algal dans le bassin de stockage du périmètre irrigué de Ouardanine .................. 101
Figure 7-1 : Illustration de la notion de risque sanitaire ........................................................................................ 125
Figure 7-2 : Distribution du nombre de cas de fièvre typhoïde par Gouvernorat et par an de 2012 à 2016 ......... 128
Figure 7-3 : Taux d'incidence d'HVA par gouvernorat en 2017 et par 100000 habitants ..................................... 128
Figure 8-1 : Organisation-type des CRDA ............................................................................................................ 138
Figure 8-2 : Organigramme simplifié de l’ONAS, et positionnement des activités de REUT dans cet
organigramme ................................................................................................................................ 143
Figure 8-3 : Carte de localisation des laboratoires d’analyse ............................................................................... 147
Figure 8-4: Paysage institutionnel de la REUT en Tunisie ................................................................................... 151
Figure 8-5 : Procédure de planification d’un projet de REU .................................................................................. 152
Figure 8-6 : Organisation des contrôles par la réglementation Tunisienne ........................................................... 154
Figure 8-7 : représentation schématique des procédures de contrôle .................................................................. 156
Figure 8-8 : Procédure de collecte et transmission des informations d’autosurveillance et de contrôle ............... 157
Figure 8-9 : Les différents niveaux d’engagement selon le type de processus participatif ................................... 167
Figure 11-1 : Evolution des superficies aménagées et irriguées des périmètres irrigués avec des EUT depuis
2000 ............................................................................................................................................... 202
Figure 11-2 : Evolution du volume d’EUT distribué aux périmètres irrigués depuis 1996 .................................... 202
Figure 11-3 : Analyse d’indicateurs sociaux, environnementaux et sanitaires pour les périmètres irrigués
enquêtés ........................................................................................................................................ 219
Figure 11-4 : Analyse d’indicateurs sociaux, environnementaux et sanitaires pour les golfs et espaces verts
enquêtés ........................................................................................................................................ 240
Figure 11-5 : Localisation des deux sites de recharge par bassins d’infiltration de l’Oued Souhil et de la STEP
SE4 ................................................................................................................................................ 253

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
Figure 11-6 : Volumes annuels rechargés au site de l’Oued Souhil entre 1986 et 2009 ...................................... 254
Figure 11-7 : Localisation du site de recharge et de la STEP de Korba ............................................................... 255
Figure 11-8 : Volumes annuels rechargés au site de Korba entre 2009 et 2017 .................................................. 256
Figure 11-9: Localisation de la lagune de Korba .................................................................................................. 266
Figure 11-10 : Situation géographique et délimitation du bassin versant de la lagune de Bizerte ........................ 267
Figure 11-11 : Localisation de la lagune de Korba par rapport à la STEP ............................................................ 272
Figure 11-12 : Localisation de la lagune de Bizerte par rapport à la STEP de Menzel Bourguiba ....................... 274
Figure 12-1 : VAN financières et économiques des situations sans projet et de la situation avec projet de REUT
sur la période d’étude (30 ans) en DT ............................................................................................ 300
Figure 12-2 : Gains nets financiers et économiques des situations avec projet de REUT par rapport aux situations
de référence sur la période d’étude (30 ans) en DT ....................................................................... 301
Figure 12-3 : poids relatif des facteurs expliquant les gains financiers et économiques de la REUT par rapport à
l’utilisation des eaux souterraines. ................................................................................................. 303
Figure 13-1 : Défis, points de blocges et objectifs ................................................................................................ 327
Figure 13-2 : Synthèse des recommandations par aspects .................................................................................. 328

LISTE DES TABLEAUX


Tableau 1-1 : Apports moyens annuels en ressources en eau superficielles par régions hydrographiques (DGRE,
2018) ................................................................................................................................................ 19
Tableau 1-2 : Ressources souterraines par grande région (DGRE, 2018) ............................................................. 20
Tableau 1-3 : Bilan besoins-ressources en ordre de grandeur, en prenant en compte les prélèvements de l’année
2011 ................................................................................................................................................. 21
Tableau 4-1 : Classement des STEP par valeur décroissante du volume d’eaux usées traitées ........................... 43
Tableau 4-2 :Classement des STEP par valeur décroissante du volume d’eaux usées traitées réutilisé ............... 44
Tableau 5-1 : Comparaison entre la norme NT 106.02 et l’arrêté du 26 mars 2018 des limites de qualité fixée .... 53
Tableau 5-2 : Comparaison des fréquences d’analyses fixées par la NT 106.03 et le l’arrêté n°2018-35 (26 mars
2018) ................................................................................................................................................ 61
Tableau 5-3 : Classes de qualité en fonction des usages et des méthodes d’irrigation........................................ 64
Tableau 5-4 : : Limites de qualité exigées pour différents paramètres en fonction des classes d’usages pour la
REUT en France .............................................................................................................................. 65
Tableau 5-5 : Niveau de rejet à respecter en fonction de l’usage (urbain, agricole, industriel, usage récréatif) en
Espagne ........................................................................................................................................... 67
Tableau 5-6 : Normes grecques concernant les niveaux de qualité à atteindre en fonction de la classe de
qualité .............................................................................................................................................. 69
Tableau 5-7 : Exigences de qualité de l’eau selon la norme jordanienne ............................................................... 71
Tableau 5-8 : Exigences de qualité de l’eau en fonction de l’usage (Israël) ........................................................... 74
Tableau 5-9 : Limites de qualité par type d’usage dans quelques Etats américains............................................... 75
Tableau 5-10 : Critères pris en compte selon les pays ........................................................................................... 78
Tableau 5-11 : Comparaison des exigences minimales inscrites dans le règlement du parlement européen et en
Tunisie ............................................................................................................................................. 78
Tableau 6-2 : Ancienneté des stations d’épuration et réhabilitation........................................................................ 87
Tableau 6-3 : Ancienneté des stations d’épuration avec un projet de REUT .......................................................... 88
Tableau 6-4 : Part du coût de l’energie dans le coût d’exploitation (selon le rapport global annuel 2017) ............. 93
Tableau 6-5 : Consommation énergétique et Coût de l’énergie par m3 d’eau traitée ............................................. 93
Tableau 6-6 : Consommation énergétique en fonction du type de procédé de traitement...................................... 94
Tableau 6-7 : Approche de la consommation energétique selon les procédés de traitement en France (source :
ASTEE - Nicolas Roche - Economie circulaire appliqué au cycle d’usage de l’eau) ........................ 94
Tableau 6-8 : Caractéristiques du réseau de transfert des EUT des périmètres irrigués enquêtés ........................ 99
Tableau 6-9 : Répartition du pourcentage de stations d’épuration en proportion du nombre d’échantillons non
conformes ...................................................................................................................................... 104
Tableau 6-10 : Exemple de tableau présenté dans les rapports annuels de l’ONAS ........................................... 104
Tableau 6-11 : Paramètres DBO5, DCO et MES/ Analyses des laboratoires de l’ONAS : Tableau transmis par
l’ONAS ........................................................................................................................................... 106
Tableau 6-12 : Pourcentage de non-conformité, de conformité et de données non exploitables vis-à-vis de la NT
106.03 par régions ......................................................................................................................... 109
Tableau 6-13 : Volume traité conforme vis-à-vis de la NT 106.03 : part du volume d’EUT annuel par rapport au
volume total sortant des STEP du pays ......................................................................................... 110
Tableau 6-14 : Analyses des résultats concernant les éléments traces métalliques (année 2017) ...................... 112
Tableau 6-15 : Analyses des résultats concernant les éléments Chlorure (année 2017) ..................................... 112
Tableau 6-16 : Paramètres DBO5, DCO et MES/ Analyses des laboratoires privés : Tableau transmis par l’ONAS
– Année 2017 ................................................................................................................................. 113

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
Tableau 6-17 : pourcentage de non-conformité en additionnant toutes les analyses des laboratoires privés :
Tableau transmis par l’ONAS ......................................................................................................... 114
Tableau 6-18 : Tableau regroupant l’ensemble des analyses réalisés par les laboratoires privés : Tableau
transmis par l’ONAS – Année 2018 ............................................................................................... 114
Tableau 6-19 : Données consolidées transmises par l’ONAS concernant les éléments Traces métalliques (année
2018) .............................................................................................................................................. 114
Tableau 6-20 : Laboratoires d’analyses accrédités pour les analyses sur les eaux et les produits alimentaires
(DGGREE, 2017) ........................................................................................................................... 117
Tableau 6-21 : Pourcentage des 66 stations considérées dont la fréquence des analyses est non-conforme avec
le décret n°93-2447 du 13 décembre 1993 (Rapports annuels de l’ONAS – Année 2017) ............ 120
Tableau 6-22 : Pourcentage des stations dont la fréquence des analyses est non-conforme avec l’arrêté du 26
mars 2018 (Rapports annuels de l’ONAS – Année 2017) .............................................................. 122
Tableau 7-1 : Exemples des différents types de dangers associés à l’utilisation des eaux usées en agriculture
dans les pays en développement ................................................................................................... 126
Tableau 7-2 : Principales pathologies liées aux dangers biologiques et chimiques............................................ 126
Tableau 7-3 : Données sur la qualité des EUT. .................................................................................................... 127
Tableau 7-4 : Résultats d’une enquête sur le respect des normes sanitaires relatives à la REUT ....................... 130
Tableau 7-5 : Synthèse des impacts de l’irrigation avec des EUT sur les sols d’après la recherche tunisienne et
autres ............................................................................................................................................. 131
Tableau 7-6 : Synthèse des impacts de l’irrigation avec des EUT sur les plantes d’après la recherche tunisienne
et autres ......................................................................................................................................... 133
Tableau 7-7 : Synthèse des impacts de l’irrigation avec des EUT sur les nappes souterraines d’après la recherche
tunisienne et autres ........................................................................................................................ 134
Tableau 8-1 : Description des principales directions du MARHP impliquée dans la REUT .................................. 136
Tableau 8-2 : Enjeux pour les principaux acteurs de la REUT ............................................................................. 159
Tableau 8-3 : Fonctions de la REUT, acteurs responsables et enjeux de cohérence fonctionnelle associés ...... 162
Tableau 8-4 : synthèse des éléments de benchmarking sur le thème de la gouvernance, en France, Palestine,
Jordanie et Israël ........................................................................................................................... 171
Tableau 9-1 : Exemples de facteurs d’acceptabilité sociale au niveau de projets de REUT et d’EUB diluées
réussis dans d’autres pays ............................................................................................................. 183
Tableau 9-2 : Classement des inconvénients de l’utilisation des EUT.................................................................. 184
Tableau 9-3 : Classement des avantages de l’utilisation des EUT ....................................................................... 185
Tableau 11-1 : Liste des 20 sites choisis pour les enquêtes de terrain ................................................................ 197
Tableau 11-2 : Liste des périmètres irrigués avec des EUT, campagne 2017 - 2018 .......................................... 200
Tableau 11-3 : Données générales sur la REUT en agriculture pour la campagne 2016/2017 et 2017/2018 ...... 203
Tableau 11-4 : Déroulement des enquêtes des périmètres irrigués ..................................................................... 204
Tableau 11-5 : Description des STEP alimentant les périmètres enquêtés .......................................................... 207
Tableau 11-6 : Système de transfert par périmètre irrigué enquêté ..................................................................... 211
Tableau 11-7 : Contexte physique par périmètre irrigué enquêté ......................................................................... 212
Tableau 11-8 : Système d’irrigation par périmètre enquêté .................................................................................. 213
Tableau 11-9 : Contexte socio-économique par périmètre irrigué enquêté .......................................................... 214
Tableau 11-10 : Etat du GDA et tarification par périmètre irrigué enquêté ........................................................... 215
Tableau 11-11 : Caractéristiques des STEP alimentant les périmètres irrigués de Borj Touil et El Hajeb ........... 217
Tableau 11-12 : Caractéristiques des périmètres irrigués de Borj Touil et El Hajeb ............................................. 218
Tableau 11-13 : normes de réutilisation agricole appliquées en Jordanie ............................................................ 222
Tableau 11-14 : Hiérarchisation des contraintes au développement des périmètres irrigués avec des EUT ....... 225
Tableau 11-15 : Liste des golfs en Tunisie ........................................................................................................... 230
Tableau 11-16 : Volumes d’EUT réutilisés par golf............................................................................................... 231
Tableau 11-17 : Déroulement des enquêtes des golfs et espaces verts .............................................................. 233
Tableau 11-18 : Description des STEP alimentant les golfs et les espaces verts enquêtés ................................. 235
Tableau 11-19 : Eléments factuels issus des enquêtes auprès des golfs et espaces verts ................................ 238
Tableau 11-20: Qualité des EUT exigées pour les golfs et les espaces verts ouverts au public au niveau de
différents pays ................................................................................................................................ 242
Tableau 11-21 : Hiérarchisation des contraintes au développement des espaces irrigués avec des EUT ........... 243
Tableau 11-22 : Volumes de recharge des nappes à partir d’EUT (DGRE, 2016) ............................................... 246
Tableau 11-23 : Déroulement des enquêtes des sites de recharge artificielle avec des EUT .............................. 249
Tableau 11-24 : Description des STEP alimentant les sites de recharge de nappe avec des EUT enquêtés ...... 251
Tableau 11-25 : Eléments factuels issus des enquêtes auprès des sites de recharge de nappe avec des EUT . 257
Tableau 11-26 : Analyse d’indicateurs sociaux, environnementaux et sanitaires pour la recharge de nappes .... 260
Tableau 11-27 : Normes de qualité pour la recharge de nappe avec des EUT en Espagne ................................ 261
Tableau 11-28 : Hiérarchisation des contraintes au développement de la recharge de nappe avec des EUT ..... 261
Tableau 11-29 : Déroulement des enquêtes des sites de valorisation écologique avec des EUT ........................ 268
Tableau 11-30 : Description des STEP alimentant les sites de valorisation écologique enquêtés ....................... 270
Tableau 11-31 : Eléments factuels issus des enquêtes auprès des sites de valorisation écologique .................. 275

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
Tableau 11-32 : Analyse d’indicateurs sociaux, environnementaux et sanitaires pour la valorisation écologique
des EUT ......................................................................................................................................... 276
Tableau 11-33 : Secteurs d’activités des industries tunisiennes........................................................................... 278
Tableau 11-34 : Déroulement des enquêtes des sites de réusitilisation industrielle des EUT .............................. 280
Tableau 11-35 : Description des STEP prévues pour alimenter les sites de réutilisation industrielle des EUT du
GCT de Gabès et Gafsa ................................................................................................................ 282
Tableau 11-36 : Analyse d’indicateurs sociaux et sanitaires pour l’utilisation des EUT par les industriels ........... 285
Tableau 11-37 : Hiérarchisation des contraintes au développement de la réutilisation industrielle avec des
EUT ................................................................................................................................................ 286
Tableau 12-1: Principales hypothèses retenues pour les ACA ............................................................................. 294
Tableau 12-2 : Coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans les ACA pour l’usage agricole ....... 296
Tableau 12-3 : Présentation des données de base qui ont servi aux ACA pour l’irrigation agricole ..................... 297
Tableau 12-4 : Gains nets financiers et économiques des périmètres irrigués : en DT/m3 et DT/ha ................... 304
Tableau 12-5 : coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans l’ACA du golf de Yasmine .............. 306
Tableau 12-6 : Données de base utilisées dans l’ACA pour le golf de Yasmine .................................................. 307
Tableau 12-7 : Gains nets financiers et économiques de la REUT sur 30 ans et par m3 par rapport aux deux
situations de référence ................................................................................................................... 307
Tableau 12-8 : Données de base utilisées dans l’ACA pour les espaces verts de l’aéroport de Tunis Carthage . 308
Tableau 12-9 : coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans l’ACA des espaces verts de l’aéroport
de Tunis Carthage ......................................................................................................................... 308
Tableau 12-10 : Gains nets financiers et économiques de la REUT sur 30 ans et par m3 par rapport à l’achat
d’eau potable ................................................................................................................................. 309
Tableau 12-11 : Coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans l’ACA de l’industrie des phosphates
à Gafsa .......................................................................................................................................... 310
Tableau 12-12 : REUT par le GCT - gains nets financiers et économiques de la REUT sur 30 ans et par m3 par
rapport aux situations de référence ................................................................................................ 311
Tableau 12-13 : Coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans l’ACA de la recharge de nappe de
Korba ............................................................................................................................................. 312
Tableau 12-14 : Gains nets économiques de la REUT sur 30 ans et par m3 de la recharge à Korba .................. 313
Tableau 12-15 : Coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans l’ACA de la réalimentation de la
lagune de Korba ............................................................................................................................. 313
Tableau 12-16 : Données de base utilisées dans l’ACA pour la réalimentation de la lagune de Korba................ 314
Tableau 12-17 : Gains nets économiques de la REUT sur 30 ans et par m3 de l’alimentation de la lagune de
Korba ............................................................................................................................................. 314
Tableau 13-1 : Matrice Atouts-Faiblesses-Opportunités-Menaces (AFOM) réalisée suite aux différents
diagnostics ..................................................................................................................................... 316
Tableau 13-2 : Rejets vers le milieu hydraulique : Pourcentage de conformité vis-à-vis de la NT 106.02............ 348
Tableau 13-3 : Rejets vers le milieu maritime : Pourcentage de conformité vis-à-vis de la NT 106.02 ................ 349

LISTE DES CARTES


Carte 1-1 : Précipitations et répartition des isohyètes en Tunisie ........................................................................... 18
Carte 4-1 : Volume annuel d’EUT produit (données 2017) ..................................................................................... 37
Carte 4-2 : Volume d’EUT réutilisé (données 2017) ............................................................................................... 38
Carte 11-1 : Répartition des usages de réutilisation pour les différentes STEP ................................................... 195
Carte 11-2 : localisation des sites enquêtés pendant la phase de diagnostic ....................................................... 198
Carte 11-3 : aires protégées localisées en Tunisie ............................................................................................... 265

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ACRONYMES ET ABREVIATIONS

ACA Analyse Coût Avantage


AEP Alimentation en Eau Potable
AFA Agence Foncière Agricole
AFD Agence Française de Développement
AFOM Atouts Faiblesses Opportunités Menaces
AIEA Agence Internationale de l'Energie Atomique
ANCSEP Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits
ANPE Agence Nationale pour la Protection de l’Environnement
ANSES Agence Nationale de la Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’Environnement et du
travail
APAL Agence de Protection et d'Aménagement du Littoral
APIA Agence de Promotion des Investissements Agricoles
ARS Agence Régionale de Santé
ATSE Association Tunisienne Santé et Environnement
AVFA Agence de la Vulgarisation et de la Formation Agricole
BA Boues Activées
BOT Build Operate Transfer
BPEH Bureau de la Planification et des Equilibres Hydrauliques
CERTE Centre de Recherche et des Technologies des Eaux
CES Conservation des Eaux et des Sols
CETIBA Centre Technique de l'Industrie du Bois et de l'Ameublement
CETIME Centre Technique des Industries Mécaniques et Electriques
CETTEX Centre Technique du Textile
CITET Centre International des Technologies de l'Environnement de Tunis
CNCC Centre National du Cuir et de la Chaussure
CNEA Centre National des Etudes Agricoles
COFRAC Comité Français d’Accréditation
CONECT Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie
COPIL Comité de Pilotage
CRA Cellules de Rayonnement Agricole
CRDA Commissariats Régionaux au Développement Agricole
CRGR Centre de Recherche du Génie Rural
CTAA Centre Technique de l'Agro-Alimentaire
CTC Centre Technique de Chimie
CTMCCV Centre Technique des Matériaux de Construction, de la Céramique et du Verre
CTV Cellules Territoriales de Vulgarisation
DBO5 Demande Biochimique en Oxygène
DCO Demande Chimique en Oxygène
DDT DichloroDiphénylTrichloroéthane
DDTM Direction Département des Territoires et de la Mer
DGACTA Direction Générale de l'Aménagement et de la Conservation des Terres Agricoles
DGEQV Direction Générale de l'Environnement et de la Qualité de Vie
DGGREE Direction Générale du Génie Rural et de L'Exploitation des Eaux
DGPA Direction Générale des Productions Animales
DGPCQPA Direction Générale de la Protection et du Contrôle de la Qualité des Produits Agricoles
DGRE Direction Générale des Ressources en Eau
DHMPE Direction de l'Hygiène du Milieu et de la Protection de l'Environnement
DPH Domaine Public Hydraulique
DREAL Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement
DSSB Direction des Soins de Santé de Base
EIES Etude d’Impact Environnemental et Social
EPA Etablissement Public à caractère Administratif
EPNA Etablissement Public à caractère Non Administratif
ETM Eléments Traces Métalliques

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
EUB Eaux Usées Brutes
EUT Eaux Usées Traitées
FAO Organisation des Nations Unies pour Alimentation et l’Agriculture
FCGBV Financement Cadre de Gestion des Bassins Versants
FIPA Fédération Internationale des Producteurs Agricoles
FOSDAP Fond Spécial du Développement de l’Agriculture et de la Pêche
GCT Groupe Chimique Tunisien
GDA/P Groupement de Développement Agricole/et de la Pêche
GES Gaz à Effets de Serre
GIEC Groupements d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du Climat
GIRE Gestion Intégrée des Ressources en Eau
HAP Hydrocarbure Aromatique Polycyclique
HMT Hauteur Manométrique Totale
INAT Institut National Agronomique de Tunis
INRAT Institut National de Recherche Agronomique de Tunisie
INRF Institut National de Recherches Forestières
INRGREF Institut National de Recherche en Génie Rural, Eaux et Forêts
INS Institut National de la Statistique
IRD Institut de Recherche pour le Développement
IRESA Institution de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur Agricole
ISBST Institut Supérieur des Biotechnologies de Sidi Thabet
ITES Institut Tunisien des Etudes Stratégiques
IWA Israeli Water Authority
JISM L’Institution Jordanienne pour les Normes et la Métrologie
JORT Journal Officiel de la République Tunisienne
JVA Jordan Valley Authority
LCAE Laboratoire Central d'Analyse des Eaux
MARHP Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche
MDO Maladie à Déclaration Obligatoire
ME Ministère de l’Environnement
MEDD Ministère de l'Environnement et du Développement Durable
MES Matières En Suspension
MESRS Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
MF Ministère des Finances
MISEN Mission Inter Service de l’Eau et de la Nature
MIT Ministère de l'Industrie et des Technologies
MS Ministère de la Santé
MTA Ministère du Tourisme et de l'Artisanat
MWI Ministry of Water and Irrigation
OACA Office de l'Aviation Civile et des Aéroports
ODD Objectifs de Développement Durable
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONAGRI Observatoire National de l’Agriculture
ONAS Office National de l’Assainissement
ONTT Office National du Tourisme Tunisien
OTD Office des Terres Domaniales
PAKTEC Centre Technique de Conditionnement et d'Emballages
PCB PolyChloroBiphényle
PDC Plan de Développement Communautaire
PDRI Plan de Développement Rural Intégré
PI Périmètres Irrigués
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PPI Périmètres publics d'Irrigation
PPP Partenariat Public Privé
PWA Palestinian Water Authority
QMRA Evaluation Quantitative des Risques Microbiens
RCP Representative Concentration Pathway
REUT Réutilisation des Eaux Usées Traitées
SAGE Schéma d'Aménagement de Gestion des Eaux
SCP Société du Canal de Provence
SDAGE Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux
SEGOR Société d'Exploitation et de Gestion des Ouvrages et Réseaux

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
SINEAU Système National D’information sur l’Eau
SMSA Sociétés Mutuelles de Services Agricoles
SMVDA Société de Mise en Valeur et de Développement Agricole
SNPC Société Nouvelle des Produits Chimiques
SONEDE Société Nationale d'Exploitation et de Distribution de l'Eau
SP Station de Pompage
STEP Stations d'Epuration
STDG Société Tunisienne de Développement des Golfs
SYNAGRI Syndicats des Agriculteurs de Tunisie
TIAC Toxi-Infection Alimentaire Collective
TUNAC Tunisian Accreditation Council
UE Union Européenne
UFC Unité Formant Colonie
ULAP Union Locale de l'Agriculture et de la Pêche
UMAGRI Union Maghrébine des Agriculteurs
URAP Union Régionale de l’Agriculture et de la Pêche
USEPA United States Environmental Protection Agency
UTAP Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche
UTICA Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat
VBRDA Valorisation des Boues Résiduaires Dans l’Agriculture
VAN Valeur Actualisée Nette
WAJ Water Authority of Jordan
WSRC Water Sector Regulatory Council
ZICO Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
PREAMBULE

PREAMBULE

CADRE GENERAL DE L’ETUDE ET DU RAPPORT DE DIAGNOSTIC


Cette étude est réalisée dans le cadre de la facilité Adapt’Action qui s’inscrit elle-même dans le cadre
de l’Accord de Paris sur le climat et de l’engagement de la Tunisie à intégrer les Objectifs de
Développement Durable (ODD) d’ici 2030 dans ses plans de développement.

Elle vise à l’élaboration d’un Plan Directeur National « Water reuse 2050 » qui permettra d’établir les
fondations pour l’amélioration de la Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT) en Tunisie.

Cette étude sera intégrée dans un Plan Directeur à grande échelle des ressources en eau de la Tunisie
à l’horizon 2050 nommé « EAU 2050 » dont elle constitue le focus consacré à la réutilisation des eaux
usées traitées.
1
Le processus d’élaboration de la présente étude s’articule en trois grandes phases :
 Phase n°1 : Diagnostic de la filière
 Phase n°2 : Évaluation du futur de la REUT et définition d’une stratégie pour le secteur
 Phase n°3 : Rédaction du plan Directeur « Water Reuse 2050 »

Ce rapport a été rédigé pendant la phase 1 de l’étude et constitue le rapport de diagnostic de l’étude.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
PREAMBULE

TERMINOLOGIE
La réutilisation des eaux usées traitées consiste en leur réutilisation après passage par un système de
traitement. On différencie ce type de réutilisation avec la réutilisation des eaux usées brutes, qui n’ont pas
été traitées.

Il existe différents types de réutilisation des eaux usées traitées. On propose de reprendre ici les définitions
de Jimenez et Asano dans leur document de référence « Water Reuse : An International Survey of current
practice, issues and needs (2008) » (« Réutilisation des eaux usées traitées : une enquête internationale des
pratiques actuelles, des problématiques, et des besoins »).

On distingue la réutilisation directe (où les eaux sont mobilisées à la sortie du système d’épuration) de la
réutilisation indirecte, où les eaux sont rejetées dans un milieu aquatique terrestre, avec une éventuelle
dilution, avant d’être réutilisées. Les principales définitions de réutilisation sont données ci‐après (traduction
depuis Jimenez et Asano, 2008).

REUTILISATION DIRECTE DES EAUX USEES TRAITEES


Réutilisation des eaux usées traitées via le transfert direct de l’effluent traité depuis le site de production
vers le site d’utilisation, sans dilution préalable avec une autre source d’eau.

REUTILISATION INDIRECTE DES EAUX USEES TRAITEES


Réutilisation des eaux usées traitées, après leur rejet préalable dans un cours d’eau ou une nappe, milieux
dans lesquels elles sont ensuite prélevées.

REUTILISATION INTENTIONNELLE OU NON


 Réutilisation des eaux usées traitées planifiée/intentionnelle : réutilisation des eaux usées traitées dans
le cadre d’un projet planifié.
2  Réutilisation indirecte des eaux usées traitées/ou non, non planifiée ou accidentelle : réutilisation des
eaux usées traitées/ou non après leur rejet dans les eaux de surface ou souterraines, milieux dans
lesquels elles sont prélevées.

La présente phase Diagnostic aborde tous les types de réutilisation intentionnelle des eaux usées traitées en
Tunisie. On utilise ainsi, dans le présent rapport, le terme de « REUT » pour désigner les types de réutilisation
suivants :
 l’irrigation agricole,
 l’irrigation de terrains de golfs et d’espaces verts,
 l’utilisation dans des process industriels,
 la production d’eau potable,
 la recharge de nappe,
 la valorisation écologique (ce terme comprend toutes les réutilisations qui permettent de maintenir en
bon état un écosystème qui ne pourrait être maintenu autrement).

Ainsi, les rejets vers le milieu naturel ne sont pas comptabilisés ici comme des réutilisations à part entière.
Cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas un rôle important pour ces milieux (en y maintenant par exemple un débit
minimal) et/ou pour des usages situés plus à l’aval qui vont au final utiliser l’eau pour un nouvel usage
(réutilisation indirecte).

Enfin, on utilisera aussi la notion de « filière de la REUT » pour caractériser « l’ensemble du processus et des
impacts depuis la production des eaux usées jusqu’à leur devenir final après usage. Cette notion regroupe
l’ensemble des opérateurs et activités sur la ressource » (ECOFILAE, 2016).

Le schéma ci‐après est donné à titre informatif. Il présente les types de réutilisation existants à travers le
monde. Il est important de noter qu’il n’existe pas de réutilisation intentionnelle des eaux usées brutes en
Tunisie.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
PREAMBULE

Schéma BRLi

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

RESUME

La présente étude a pour objectif l’élaboration d’un Plan Directeur National « Water Reuse 2050 » qui
permettra de proposer une stratégie pour le développement de la Réutilisation des Eaux Usées Traitées
(REUT) en Tunisie à l’horizon 2050. Le Plan directeur « Water reuse 2050 » sera intégré dans le Plan
Directeur des ressources en eau de la Tunisie à l’horizon 2050 nommé « EAU 2050 ».

L’étude est financée par l’Agence Française de Développement dans le cadre de la Facilité Adapt’Action
qui s’inscrit elle-même dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.

Le processus d’élaboration de l’étude s’articule en trois grandes phases :


 Phase n°1 : Diagnostic de la filière,
 Phase n°2 : Evaluation du futur de la REUT et définition d’une stratégie pour le secteur,
 Phase n°3 : Rédaction du plan Directeur « Water Reuse 2050 ».

Ce document constitue le résumé du rapport de Phase 1.

CONTEXTE DE LA REUTILISATION DES EAUX USEES TRAITEES (REUT) EN TUNISIE


Le contexte hydrologique en Tunisie conduit à un bilan besoins – ressources très tendu. Le
volume en eau disponible dans le pays (ressources superficielles et souterraines) est en moyenne de
4,7 milliards de m3 par an mais peut descendre à 2,8 milliards de m3 en année sèche pour des besoins
estimés autour de 2,7 milliards de m3. Ainsi, les années sèches, il est difficile de fournir de l’eau pour
tous les usages. Dans un contexte de changement climatique et de raréfaction des ressources, et en
considérant l’augmentation des besoins pour faire face à la croissance démographique et économique, 5
la situation en Tunisie nécessite, plus que jamais, de planifier rigoureusement la gestion des ressources
en eau dans le pays.

C’est dans ce contexte que la valorisation des EUT revêt toute son importance.

En 2017, le volume d’eaux usées traitées par les 105 stations d’épuration analysées (qui représentent
l’essentiel des 122 stations existantes) s’élève à 282 Mm3.1

Sur les 105 stations considérées, les eaux usées traitées de 66 stations font l’objet, tout ou partie,
d’une réutilisation. Le volume de réutilisation en 2017 s’élève à 22 Mm3. Cela représente un taux
de réutilisation directe à l’échelle nationale de 8 %. Ce volume ne prend pas en compte les volumes
rejetés dans des milieux naturels pour leur préservation car le maintien du bon état de l’écosystème de
ces milieux n’est pas toujours confirmé, ce qui interroge sur la prise en compte de ces volumes comme
REUT ou comme simples rejets en sortie de STEP.

1 Les données analysées dans le rapport de diagnostic, qui ont été fournies par l’ONAS, datent de 2017.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

OBJECTIFS SPECIFIQUES DE LA PHASE DE DIAGNOSTIC


La phase de diagnostic permet de fournir une vision d’ensemble de la situation actuelle de la REUT en
Tunisie et de dégager des grandes recommandations pour le développement du secteur d’ici 2050.

Le rapport s’articule autour de deux grandes parties :


 Une première partie constitue une approche globale à l’échelle du pays et, est déclinée en 6
diagnostics thématiques : i. diagnostic du cadre réglementaire, ii. diagnostic technique (qui
s’intéresse à la production des eaux usées traitées en Tunisie, de leur collecte à leur distribution),
iii. diagnostic sur les risqués sanitaires et environnementaux liés à la REUT, iv. diagnostic
institutionnel, v. diagnostic des facteurs d’acceptabilité, vi. diagnostic de la recherche dans le
domaine de la REUT.
 Une deuxième partie constitue une approche à l’échelle des usages et est largement basée
6 sur 20 enquêtes de cas de réutilisation qui ont été réalisées lors de la phase de diagnostic. Cette
partie présente ainsi un diagnostic transversal de la filière REUT et est complétée par une
analyse coûts-avantages qui a été réalisée pour 10 des 20 enquêtes.

PRINCIPAUX RESULTATS DE L’APPROCHE REALISEE A L’ECHELLE DU PAYS


Les résultats obtenus dans les différents diagnostics sont présentés ci-dessous. Chaque paragraphe
présente les principales problématiques abordées dans le diagnostic et les encadrés présentent des
recommandations clés.

La réglementation tunisienne vis-à-vis des EUT est pour le moment incomplète et ne se base pas sur une
analyse des risques.
Les objectifs de traitement des systèmes collectifs d’assainissement sont fixés dans un arrêté du 26
mars 2018 (anciennement Norme NT 106.02). Ces objectifs sont déterminés en premier lieu pour
protéger l’environnement. L’arrêté stipule notamment que les rejets ne doivent pas altérer la qualité
du milieu récepteur, dont les nappes souterraines.

Les conditions d’utilisation des eaux usées traitées, quant à elles, sont fixées dans le décret n° 89-1047
du 28 juillet 1989, et modifié par le décret n° 93-2447 du 13 décembre 1993. Le décret vise uniquement
la réutilisation agricole et stipule que l’utilisation des eaux traitées à des fins agricoles doit faire
l’objet d’une autorisation du ministre de l’agriculture, délivrée après accord des ministres de
l’environnement et de la santé publique. La réutilisation ne peut être autorisée qu’après traitement
approprié en station d’épuration conformément aux normes.

Un cahier des charges approuvé par arrêté conjoint des ministres de l’agriculture, de l’environnement
et de la santé fixe les modalités et les conditions particulières pour l’utilisation agricole. Parmi
les conditions disposées par le cahier des charges, figure l’obligation d’utiliser des eaux conformes à la
norme NT 106.03 (1989).

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

L’approche normative utilisée en Tunisie pour fixer les modalités d’utilisation des EUT pour l’agriculture
diffère de l’approche de l’OMS basée sur la définition d’objectifs liés à la santé et à l’évaluation des
risques sanitaires consécutifs à la réutilisation des eaux usées. Cette approche est actuellement
utilisée dans plusieurs pays qui définissent différentes classes de qualité de l’eau en fonction des
usages à l’aval.

Par ailleurs, on note que la réglementation ne concerne actuellement que l’usage agricole (et
sans distinction entre les cultures) alors que d’autres usages sont pratiqués en Tunisie :
recharges de nappes, arrosage des espaces verts, golfs, industries, usage environnemental.

La révision en cours du Code des Eaux introduit la notion de réutilisation des eaux usées traitées, de
façon plus large que l’ancien Code. Cela devrait faciliter la révision des normes par usage, sur la
base d’une analyse des risques. Par ailleurs, le nouveau Code prévoit un article traitant des plans de
sécurité sanitaire (sur toute la chaîne, de la source au consommateur).

L’évaluation des risques sanitaires consécutifs à la REUT est encore peu développée en Tunisie.
En matière de REUT, la nature des risques à considérer est principalement biologique (les parasites et
les microorganismes pathogènes), chimique (les substances toxiques et les micropolluants organiques)
et dans des cas spécifiques physique (température, radioactivité). Les vecteurs de risque, qui font l’objet
de la surveillance et du contrôle sont :
 Les produits issus de la REUT (produits agricoles dont ceux d’origine animale) ;
 Les facteurs environnementaux (le sol, l’air, les eaux superficielles et les eaux souterraines).
Il existe peu d’études épidémiologiques en Tunisie qui permettent d’évaluer les risques sanitaires liés à
la REUT en Tunisie. De la même façon, il existe peu d’études ayant eu recours à l’Estimation
Quantitative du Risque (EQR)2.
La réalisation d’études épidémiologiques ainsi que d’EQR doit se développer, afin de mieux définir
les risques associés à la REUT. Cela doit permettre de revoir la réglementation tunisienne en matière
de REUT, d’orienter les procédures de gestion des risques, mais aussi de proposer des guides de
bonnes pratiques pour les différents usages. 7
Le rôle de la recherche est essentiel dans le cadre de l’analyse des risques sanitaires et la révision des
normes.

Collecte des effluents : La qualité des effluents entrant dans les stations d’épuration ne permet pas
toujours le traitement adéquat au niveau de la STEP.
Il n’existe pas de chiffres officiels sur la part des industries raccordées au réseau d’assainissement et
qui ne fournissent pas une eau de qualité satisfaisante pour leur traitement au niveau de la STEP.

Pour pallier ces problèmes, la réglementation, à travers l’Arrêté ministériel n°2018-315 du 26 mars 2018,
exige que la qualité des eaux rejetées dans le réseau d’assainissement atteigne des seuils de
concentration permettant un traitement au niveau de la STEP ou compatible avec une non-
toxicité du milieu.

Si la réglementation est claire, la collecte des eaux brutes est parfois problématique au niveau des
industriels qui ne respectent pas toujours les normes de rejets.

Il est nécessaire de renforcer les contrôles et de mettre en place des amendes dissuasives au
niveau des industriels, tout en les accompagnant pour la mise en place de prétraitements quand cela
est nécessaire. Par ailleurs, il semble aussi important de mettre en place une procédure particulière
pour les industries avec des effluents particuliers en termes de charge et de qualité. En effet, le
raccordement d’activités en lien avec des sous-produits animaux est problématique pour les
usages à l’aval et dans certains pays (cf. règlement européen), le raccordement de ces activités est
interdit pour les STEP pour lesquelles il y a une réutilisation.

2 L’EQR consiste à estimer le risque d’infection pour un pathogène et un type d’exposition définis, à partir de l’évaluation
de la dose reçue à chaque exposition et de la fréquence annuelle de contact.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

Traitement des effluents : Les traitements majoritairement pratiqués en Tunisie ne permettent pas
d’atteindre les niveaux de qualité exigés pour la réutilisation.
Le parc de stations d’épuration est majoritairement composé de stations d’épuration de type
boues activées. Ce type de traitement a de très bonnes performances pour le traitement de la matière
organique et partiellement pour les nutriments : azote et phosphore. En revanche, son efficacité sur les
paramètres microbiologiques est très limitée, il dépend pour les procédés de boues activées de la
performance de l’étape de clarification permettant un abattement moyen estimé à 2 log pour les E.coli
par exemple mais n’atteignant pas les objectifs d’ordre sanitaire pour assurer une pratique de la REUT.

La norme NT 106.03 pour la réutilisation et l’arrêté de 2018 pour le rejet des EUT dans le milieu
récepteur concernent de nombreux paramètres qui ne peuvent être traités avec les procédés de
traitement conventionnels, couramment appliqués en Tunisie. En effet, ils nécessitent :
 une application stricte de la réglementation concernant le raccordement des effluents industriels
pour que les effluents bruts ne contiennent pas un niveau d’éléments trace métalliques, non
compatibles avec la réglementation,
 un traitement complémentaire pour atteindre les exigences en matière de microbiologie.

Afin d’améliorer l’efficacité du traitement sur les paramètres microbiologiques et ainsi limiter les risques
sanitaires pour les usagers, des traitements complémentaires sont nécessaires. En Tunisie, ces
traitements sont peu développés, ils ne sont mis en place que sur des stations d’épuration qui ont des
projets de REUT (mais pas de manière automatique). Sur les 66 stations avec un projet de REUT,
seules 25 sont dotées d’un tel traitement.

Une approche de la conformité de la qualité des volumes traités à l’échelle nationale a été conduite
dans la présente étude, sur la base de données fournies par l’ONAS, pour l’année 2017. Il ressort de
cette analyse les points suivants :
 La conformité concernant les paramètres DBO5, DCO, MES est faible. Cela peut s’expliquer
en partie par les problèmes de qualité des effluents entrant, mais aussi par des
dysfonctionnements au niveau des STEP,
8  La norme NT 106.03 pour la REUT ne comprend qu’un seul paramètre biologique (œufs de
nématodes) contrairement à la NT 106.02 qui en comprend 4. Cela peut représenter une
incohérence, lorsque l’on considère que l’exposition des usagers est potentiellement importante
lors de la REUT.
 Concernant les chlorures, la conformité est beaucoup plus élevée à la NT 106.03, ce qui
s’explique par une norme beaucoup moins restrictive que la NT 106.02 avec rejet dans le milieu
hydraulique.
 Globalement, les normes concernant les ETM sont respectées, excepté le cobalt, le mercure
et le fer pour la région du Grand Tunis. Pour les ETM, on note aussi qu’un grand nombre de
résultats n’étaient pas exploitables pour analyser la conformité. Enfin, de la même façon que pour
le chlorure, la norme est moins restrictive pour la NT 106.03 que pour la NT 106.02.

Sur le moyen et long terme, le diagnostic technique a montré qu’il est nécessaire de mettre en place
les traitements adéquats pour atteindre la qualité de l’eau visée en fonction des usages envisagés.
A cet effet, on note que les projets de réhabilitation des STEP sont nombreux. Il existe donc
actuellement une opportunité pour que la réflexion sur la réhabilitation des STEP soit menée en
parallèle de la réflexion sur le développement de la REUT. Cela permettra d’adapter la qualité de
l’eau à l’usage visé et ainsi d’assurer la cohérence dans les investissements entre usages de l’eau non
conventionnelle et systèmes de traitement.
Enfin, il est aussi nécessaire de mettre en œuvre une réflexion concernant les technologies de
traitement, afin qu’elles soient moins énergivores. Cela permettra notamment d’optimiser le
fonctionnement des STEP.
A court terme, il semble important d’avoir une réflexion sur les usages qu’il est possible de
développer avec la qualité de l’eau existante, tout en maîtrisant les risques. On note par exemple
la possibilité de coupler les EUT avec des ressources conventionnelles, pour améliorer la qualité.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

Stockage et Transport des effluents : Les infrastructures de stockage et de transport des EUT en aval
des STEP ne permettent pas une distribution optimale des EUT jusqu’à l’usage
Les infrastructures des réseaux de distribution au niveau des anciens périmètres irrigués sont peu
réhabilitées et sont donc souvent vétustes. Les usagers sont confrontés à des soucis techniques
(pannes des stations de pompage, fuites, coupures d’électricité…) et n’ont pas toujours les
compétences pour apporter des solutions rapidement. Les bassins de stockage permettent une
régulation journalière du débit produit par la STEP mais ne permettent pas de pallier une
défaillance de production des EUT en cas de soucis technique ou de mauvaise qualité des EUT. Ceci
soulève un problème de continuité de service au niveau des périmètres irrigués, notamment en période
de pointe l’été quand l’irrigation devient alors essentielle pour garantir la récolte de l’année de
l’exploitation.

Un renforcement des capacités au niveau des structures responsables de la distribution des


EUT (ex : CRDA) doit être envisagé pour garantir la bonne maintenance des infrastructures et agir
rapidement en cas de problème technique ou de sécurité sanitaire/environnementale des structures.

Le stockage inter saisonnier peut être une solution à envisager pour valoriser au maximum les
quantités des EUT produites.

Le manque de confiance dans la qualité de l’eau fait partie des motifs de réticence des usagers et il
est essentiel d’améliorer les contrôles.
L’analyse des résultats de qualité de l’eau présentés ci-dessus dépend directement de la fiabilité des
mesures ainsi que de la représentativité des résultats. Une mauvaise représentativité ou fiabilité des
résultats peut remettre en question les résultats obtenus, aussi bien sur le nombre de conformités, que
de non-conformités des échantillons.

Les contrôles de qualité de l’eau sont exercés à travers les mesures d’auto-surveillance réalisés par
l’ONAS et le CRDA, auxquelles s’ajoutent les contrôles réglementaires des services d’Hygiène et de
l’ANPE. Le diagnostic de la situation actuelle a montré que les paramètres classiques comme la DBO5,
DCO et MES sont les mieux contrôlés, avec un respect de fréquence minimale de mesure plutôt bien 9
respecté pour l’ensemble des stations de la Tunisie (~ 73%). En revanche, tous les paramètres ne sont
pas systématiquement analysés (notamment les fluorures, organochlorés, arsenic, bore, sélénium).

Tous les laboratoires ne sont pas tous accrédités pour l’ensemble des analyses sur les eaux usées
(physico-chimiques et microbiologiques), notamment les laboratoires de l’ONAS ou les laboratoires
privés. Pour certains paramètres, il y a peu de laboratoires qualifiés et il est donc difficile de les analyser
(œufs d’helminthes, salmonelles, vibrions cholériques, etc.). Le développement de la REUT doit donc
s’accompagner d’un renforcement des capacités analytiques et des suivis des paramètres.

Concernant la certification et l’accréditation des laboratoires, une démarche devrait être engagée pour
accompagner la structuration de la filière d’analyse des eaux usées traitées, de manière à ce que
les analyses soient réalisées par des laboratoires qui ont obtenu l’accréditation sur l’ensemble
des paramètres de la NT106.03 et qu’ainsi l’analyse des résultats ne soit pas contestée.

Le cadre institutionnel existant permet de couvrir l’ensemble des missions nécessaires au fonctionnement
de la REUT mais son opérationnalisation est plus problématique.
L’analyse du cadre institutionnel existant montre que le cadre de gouvernance est relativement complet
et couvre l’ensemble des fonctions nécessaires au fonctionnement de la REUT. Le rapport de diagnostic
décrit de façon complète ce cadre institutionnel. Il souligne cependant certaines fonctions qui ne sont
pas attribuées pour le moment (contrôle de la conformité des usages non agricoles, accompagnement
à l’émergence d’usages non agricoles, etc.) et quelques flous sur la répartition de certaines
fonctions entre acteurs (notamment le contrôle).

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

Un certain nombre de recommandations sont proposées dans le rapport, les plus importantes sont
reprises ci-dessous.
Pour garantir des projets efficients et durables, il est nécessaire de développer préférentiellement les
projets qui répondent à une demande locale, des usagers.
Cela implique de passer d’une approche planificatrice descendante (l’Etat décide au niveau central ou
gouvernorat) à une approche participative d’accompagnement pour l’émergence de la demande locale
et le portage des projets.

De la même manière, il est important que les instances de production, d’accompagnement à


l’émergence de la demande, et de contrôle puissent avoir une autonomie au niveau local pour se
coordonner et négocier. Le rôle des Comités régionaux de REUT est pleinement nécessaire pour
opérationnaliser les fonctions de contrôle (coordination entre institutions régaliennes) d’une part et la
chaine de production et d’utilisation des EUT d’autre part. De la même façon, on peut proposer la mise
au point d’une convention entre l’exploitant des STEP, les CRDA et les usagers (notamment via
les GDA), comprenant notamment des procédures d’alerte en cas de non-conformité de la qualité.

A cet effet, on peut souligner l’importance de travailler à l’échelle du « projet » : l’ensemble des
acteurs doit travailler de manière coordonnée et être intéressé au bon développement du projet.
Le partage et la transparence vis-à-vis des analyses de qualité de l’eau semble essentiel.
Ce partage est essentiel pour gagner la confiance des usagers, dont la réticence est en partie due à un
manque de visibilité sur la qualité des EUT distribuées.
Comme déjà indiqué, il est nécessaire d’améliorer les contrôles de qualité de l’eau (représentativité et
fiabilité des résultats). En complément, il est nécessaire de développer une fonction de régulation
réellement opérationnelle, qui permette de vérifier que les objectifs de qualité sont atteints et en cas
de défaillance, de réagir (de manière volontaire ou imposée) pour les restaurer. Il s’agit d’une logique
d’obligation de résultats, pour laquelle on doit : (i) assurer l’indépendance des organismes de contrôle
envers les organismes qu’ils doivent contrôler, (ii) renforcer les effectifs et moyens des agents de
contrôle sur le terrain, (iii) opérationnaliser la coordination des organismes de contrôle, (iv) développer
l’accompagnement, le suivi et contrôle des usages autres qu’agricoles, etc.
10
Le diagnostic institutionnel montre aussi la nécessité d’interroger le pilotage actuel de la REUT à
l’échelle nationale.
Trois propositions de pilotage-animation du sujet sont formulées et comparées (DGGREE (formule
actuelle), ONAS, nouvel organisme responsable de la Planification et/ou Gestion Intégrée des
Ressources en Eau (GIRE), toutes ressources confondues). Ces propositions visent à initier le débat
pour le poursuivre en phase 2.
Enfin, un dernier point concerne l’accompagnement des utilisateurs des EUT par l’Etat, notamment pour
améliorer la formation des agriculteurs, vulgariser la REUT pour faire émerger et accompagner
des demandes locales et sensibiliser les riverains des périmètres irrigués.
Il sera aussi nécessaire d’identifier un organisme référent pour accompagner les gestionnaires
d’infrastructures de loisirs et tourisme (golfs, espaces verts) dans la gestion du risque sanitaire. Le
cadre d’intervention pour les usages de recharge de nappes devra être clarifié.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

PRINCIPAUX RESULTATS DE L’APPROCHE REALISEE A L’ECHELLE DES USAGES


Le tableau ci-dessous indique l’importance de la REUT pour chacun des usages pratiqués en Tunisie :

Usages Principales caractéristiques Surfaces irriguées Volume d’EUT réutilisé (2017)


13,2 millions de m3, en
Irrigation 32 périmètres irrigués 6 500 ha irrigables
diminution progressive depuis
agricole aménagés dont 24 fonctionnels dont 2 700 ha irrigués
2010
10 parcours de golfs dans le
Golfs pays (1 à l’arrêt), tous irrigués 550 ha irrigués 6,8 millions de m3
avec des EUT
Concerne les espaces verts
Espaces
autour des STEP et l’aéroport 450 ha irrigués 0,4 millions de m3
verts
de Tunis
Recharge de 2 sites pilotes, les 2 0,3 millions de m3 pour le site de
Non concerné
nappes actuellement à l’arrêt Korba, arrêté depuis 2018
1,8 millions de m3 si l’on
considère les 5 000 m3/j rejetés
Valorisation Véritable usage ou simple rejet dans la lagune de Korba
Non concerné
écologique dans le milieu naturel ?
Volume estimé à près 36,7
millions de m3 par l’ONAS
1,1 millions de m3 jusqu’en
Usage Un essai a eu lieu au GCT de
Non concerné 2016, projet à 10 000 m3/j en
industriel Gabès entre 2014 et 2016
cours

Un vingtaine d’enquêtes ont été réalisées, pour les différents usages, après validation des sites et des
supports d’enquête avec le COPIL. Pour chacun des usages, le site de production des EUT ainsi que
le site de réutilisation ont été enquêtés.
Les enquêtes ont permis d’identifier, dans chacun des cas, les facteurs de réussite et les grands points
de blocage rencontrés. Une grande partie des constats dressés ci-dessus ont ainsi été formulés grâce 11
à ces enquêtes, mais aussi grâce aux nombreux entretiens réalisés auprès d’acteurs de la filière tout
au long de la phase de diagnostic. Le rapport décrit précisément les 20 enquêtes réalisées.
Le tableau ci-dessous résume quelques conclusions tirées pour chacun des usages, suite aux
enquêtes. On retrouve des conclusions similaires aux conclusions présentées dans les paragraphes
précédents.

Usages Grandes conclusions/ recommandations

- Planifier les projets en impliquant directement les agriculteurs ;


- Analyser la disponibilité des ressources en eau conventionnelles qui sont, en règle
générale, préférées aux EUT ;
- Analyser la disponibilité quantitative et la compatibilité entre la qualité des EUT et les
usages ;
- Vérifier que le contexte socio-économique des exploitations agricoles est cohérent avec la
création du périmètre irrigué visé (caractéristiques des exploitants, modèle d’exploitation,
etc.) ;
- Développer une réglementation adaptée aux différentes cultures ;
Irrigation
agricole - Evaluer les risques, en cherchant à réduire le risque à faible coût ;
- Renforcer les capacités des intervenants, à tous les niveaux ;
- Renforcer les campagnes de sensibilisation et de communication ;
- Améliorer les performances techniques sur le long terme, notamment en
termes de technologies complémentaires de traitement, du stockage et la
gestion de l’eau dans des grands réservoirs, du mélange des eaux ;
- Sur le plan économique et financier, s’approcher des coûts réels de l’eau et monter des
modèles équitables et justes, tout en restant incitatifs.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

Usages Grandes conclusions/ recommandations

- Définir des normes spécifiques pour la REUT pour les golfs et les espaces verts ;
- Créer un cadre pour le suivi de la REUT et renforcer les analyses de qualité de l’eau et les
contrôles ;
- Améliorer la communication avec l’ONAS, notamment, en cas de problèmes de qualité ;
Golfs et
- Améliorer la communication avec les services de l’Etat en charge de la REUT, pour
espaces
garantir un appui institutionnel aux professionnels en charge de l’irrigation des golfs, et
verts
espaces verts ;
- Rédiger un cahier des charges pour garantir les bonnes pratiques pour la REUT des
golfs et espaces verts (règles de sécurité et sensibilisation des professionnels, règles
relatives au suivi, etc.).

- Elaborer un guide pratique décrivant les différentes actions à entreprendre au niveau


d’un site de recharge ;
- Définir les normes de qualité à respecter pour la recharge de nappe et développer les
Recharge
traitements nécessaires pour atteindre cette qualité (en amont de la réutilisation et au
de nappes
niveau de la zone de recharge) ;
- Garantir un suivi de la qualité de l’eau de la nappe régulier permettant l’utilisation en
toute connaissance des risques.

- Etablir un état initial du milieu considéré et fixer des objectifs liés à la réutilisation et établir
des indicateurs qui permettront d’évaluer si les objectifs sont atteints ou non ;
Valorisation
- Assurer un contrôle régulier, à la fois quantitatif et qualitatif du rejet de l’ONAS, ainsi
écologique
qu’une évaluation des impacts sur le milieu ;
des EUT
- Prendre l’ensemble des décisions liées au milieu, en concertation avec toutes les
parties prenantes impliquées/impactées par le projet.

- Définir des normes adaptées à l’usage industriel, pour adapter le traitement des eaux
usées en conséquence ;
Usage - Favoriser de bonnes interactions avec les services de l’Etat en charge de la REUT, pour
industriel garantir l’appui institutionnel adéquat aux professionnels des Industries.
- Favoriser de bonnes interactions avec l’ONAS, notamment en cas de problèmes de
12 qualité.

Pour 10 des 20 cas de REUT enquêtés, une analyse coûts-avantages a été conduite. Elle a considéré
pour chacun des cas, les différentiels de coûts et d’avantages, directs et indirects, entre la situation
avec REUT et une ou plusieurs situations de référence sans REUT. L’approche a été conduite du point
de vue des usagers (approche financière) et du point de vue de la collectivité (approche économique)
en intégrant en particulier les impacts environnementaux.

L’analyse a été conduite pour les cas suivants : cinq cas de REUT sur des périmètres irrigués, un cas
d’arrosage de golf, un cas d’arrosage d’espaces verts, un cas d’utilisation pour l’industrie des
phosphates, un cas de recharge de nappe et un cas d’alimentation d’une lagune littorale remarquable.

Les résultats obtenus mettent en évidence que, dans la plupart des cas analysés, il y a un bénéfice
financier et économique à utiliser les EUT, par rapport aux situations de référence sans REUT.

Le seul résultat nettement négatif obtenu concerne le cas de la réutilisation industrielle, pour lequel des
investissements importants doivent être mis en place, pour compléter par un traitement poussé le
traitement des EUT sortant de la STEP et pour transférer les EUT sur le site industriel. La situation de
référence utilisée est une utilisation d’eaux souterraines. Il ressort cependant que, si ces eaux
souterraines ne sont effectivement plus utilisables (pour des raisons réglementaires et/ou de
tarissement), la REUT demeure une solution intéressante par rapport à un renoncement à cette
ressource (ce qui limiterait l’activité industrielle) ou par rapport à une ressource très éloignée de la zone
d’activité, comme des eaux issues de dessalement transférées depuis le littoral.

ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT, RECOMMANDATIONS ET ARTICULTATION AVEC LES


PHASES SUIVANTES DE L’ETUDE
Les résultats des différents diagnostics sont consignés dans une matrice AFOM présentée à la fin du
rapport de diagnostic. Cette matrice synthétise les points forts du système mis en place ainsi que les
pistes d’amélioration.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

A partir de celle-ci, les grands « points de blocages », entravant le développement de la REUT, ont
été identifiés. Ces points de blocages ont été organisés en 4 grands défis à relever pour la filière REUT
en Tunisie afin d’améliorer la situation actuelle et de permettre son développement :
 L’approche intégrée, défi central pour le développement et le suivi dans le temps de la REUT,
 La gouvernance de la filière REUT,
 La qualité des EUT produites et distribuées,
 La maîtrise des risques, sanitaires et environnementaux.

Ces défis constituent la synthèse des différents diagnostics réalisés pendant la première phase de
l’étude. Pour chacun des défis, un objectif a été proposé. L’objectif constitue la cible à atteindre et
représente la déclinaison des grandes attentes pour chacun des défis.

La figure ci-après récapitule les différents défis et points de blocage associés. Le défi de l’approche
intégrée est représenté au centre du cercle, pour illustrer l’interdépendance des autres défis avec celui
de l’intégration.

La maîtrise des risques

• Il y a encore des manques de connaissance des


impacts environnementaux et sanitaires liés à
la REUT et des risques associés
• Les usagers sont généralement trop exposés aux
risques associés à la REUT

Objectif 4 - Développer la réutilisation en maîtrisant les


risques associés pour la santé humaine et
l’environnement

L’approche intégrée

• L’absence d’approche filière et le manque


13
d’intégration de la REUT dans la politique de l’eau
• Dans certains cas, l'acceptabilité de la REUT est
encore problématique
• Les EUT ne sont pas encore pleinement
valorisées
• Les problèmes de recouvrement des coûts
associés aux projets de REUT gênent parfois la
durabilité des projets

Objectif 1 - Intégrer le développement de la filière


dans le cadre de la GIRE et prendre en compte les
spécificités de la REUT à toutes les étapes des projets

La qualité La gouvernance

• Une révision de la réglementation concernant la • Le cadre institutionnel existant n’est pas


qualité de l'eau pour la REUT est nécessaire pleinement opérationnel
• Des dysfonctionnements sont constatés au • A certains niveaux, il y a des difficultés dans la
niveau de certaines STEP (traitements communication et la coordination entre les
secondaires inefficaces et ne favorisant pas le acteurs de la filière, dans la transparence, le
passage au traitement tertiaire) partage, l’utilisation et la valorisation des données
• Il y a actuellement peu de traitements pour la prise de décisions.
complémentaires et tertiaires et d’abattement • Les contrôles de qualité de l'eau ne sont pas
de la bactériologie toujours réalisés de façon optimale (problèmes de
fiabilité, fréquence et échantillonnage) et les
Objectif 3 - Adapter la qualité de l’eau aux différents résultats ne sont pas partagés automatiquement
usages que la Tunisie souhaite développer et garantir entre tous
sa disponibilité
Objectif 2 – Opérationnaliser le cadre institutionnel
existant, favoriser l’émergence de nouveaux projets et
garantir le suivi efficace et transparent des projets
existants

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

Pour chacun des objectifs, les grandes recommandations de la phase de diagnostic ont ensuite été
rassemblées dans la figure ci-après. Les recommandations reportées ici ne sont pas exhaustives
(l’ensemble des recommandations du diagnostic ne sont pas résumées dans la figure).

14

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
RESUME

15

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
1. CONTEXTE : FACE AUX EVOLUTIONS SOCIO-ECONOMIQUES ET AU CHANGEMENT DU CLIMAT, L’URGENCE D’OPTIMISER LE MIX HYDROLOGIQUE DU PAYS

Partie A. CONTEXTE ET OBJECTIFS DE L’ETUDE

Objectifs de la partie A

La Partie A du rapport replace l’élaboration du Plan National Directeur de Réutilisation des Eaux Usées
Traitées dans le contexte global de gestion des ressources en eau en Tunisie. Cette partie retrace aussi
l’historique de la filière en Tunisie afin de comprendre la situation actuelle. Sur cette base, les objectifs
de l’étude et du présent rapport sont explicités.

1. CONTEXTE : FACE AUX EVOLUTIONS SOCIO-ECONOMIQUES ET AU


CHANGEMENT DU CLIMAT, L’URGENCE D’OPTIMISER LE MIX
HYDROLOGIQUE DU PAYS
Objectifs du chapitre
La présente démarche « Water REUSE 2050 » s’inscrit dans le cadre plus général de la réflexion
stratégique en cours EAU 2050 sur la gestion des ressources en eau à l’échelle du pays. Dans ce cadre,
il nous a paru important de situer les enjeux « ressources en eau » de la REUT en rappelant, pour
ouvrir ce rapport, les grands chiffres du bilan hydrique national.
La démarche EAU 2050 elle-même, démarrée au printemps 2019, va préciser bien plus en détail ce
bilan. En attendant on trouvera ci-après les grands chiffres des ressources en eau et des usages
préleveurs en eau, grands chiffres qui illustrent l’importance de chacune des ressources qui peuvent
composer le mix hydrologique du pays soumis à une tension de plus en plus forte, grands chiffres qui
illustrent également l’inégalité de la répartition des ressources à l’échelle du pays. 17

1.1 DES RESSOURCES EN EAU LIMITEES ET INEGALEMENT REPARTIES DANS LE PAYS


1.1.1 La répartition des ressources en eau dépend fortement du régime des
précipitations
La Tunisie, d’une surface de 163 000 km², comprend trois grandes zones climatiques distinctes. Du
nord au sud on trouve les climats méditerranéen, semi-aride et désertique. Les températures varient
fortement entre les zones montagneuses, où les températures peuvent être négatives en hiver, et les
zones désertiques, où les maximums peuvent atteindre 50°C en été. Il en est de même pour les
précipitations qui varient de façon importante entre le nord et le sud du pays.

Les annuaires pluviométriques de la Tunisie, publiés chaque année par la Direction Générale des
Ressources en Eau (DGRE) permettent de calculer les hauteurs moyennes de précipitations annuelles
sur une période de 48 ans (1970 à 2017), pour chacune des grandes zones climatiques du pays :
 520 mm environ dans le nord du pays,
 275 mm dans le centre du pays,
 120 mm dans le sud et l’extrême sud du pays.

Les précipitations peuvent être caractérisées par leur variabilité intra-annuelle. 80% de la pluviométrie
s’étale ainsi sur 6 mois (entre octobre et mars).

Mais également par leur variabilité interannuelle. Le volume précipité sur l’ensemble du territoire tunisien
est estimé à 36 milliards de m3 par an, en moyenne (d’après Mohamed Ben Sakka et al, 2015) mais
la pluviométrie varie de façon importante en fonction des années, de 60 milliards de m3 en année humide
à 20 milliards de m3 en année sèche.

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1. CONTEXTE : FACE AUX EVOLUTIONS SOCIO-ECONOMIQUES ET AU CHANGEMENT DU CLIMAT, L’URGENCE D’OPTIMISER LE MIX HYDROLOGIQUE DU PAYS

La répartition des pluies est inégale dans l’espace. La carte ci-dessous présente la répartition des
isohyètes en Tunisie pour la précipitation annuelle moyenne 1961-2000.

Carte 1-1 : Précipitations et répartition des isohyètes en Tunisie

18

Pour les grandes régions tunisiennes, on peut retenir les chiffres suivants :
 Nord : 50% des précipitations totales du pays, pour un territoire dont la superficie représente 18%
de la superficie totale.
 Centre : environ 30% des précipitations totales du pays, pour un territoire dont la superficie
représente 24% de la superficie totale.

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1. CONTEXTE : FACE AUX EVOLUTIONS SOCIO-ECONOMIQUES ET AU CHANGEMENT DU CLIMAT, L’URGENCE D’OPTIMISER LE MIX HYDROLOGIQUE DU PAYS

 Sud : 20% des précipitations totales du pays, pour un territoire dont la superficie représente 59%
de la superficie totale.
Les différences en termes de précipitations impactent fortement la répartition et la disponibilité
des ressources en eau dans le pays. Ainsi, si le plus long cours d’eau, l’oued Medjerdah, dans le
nord-ouest tunisien, se caractérise par un écoulement permanent, les ressources en eau du reste du
pays consistent essentiellement en des oueds alimentés de façon temporaire et des aquifères. C’est
pour pallier les différences géographiques et les variabilités intra et interannuelles de répartition des
ressources en eau, que la Tunisie a développé une grande stratégie de stockages et transferts de l’eau.
Ainsi, les principaux oueds tunisiens sont actuellement maîtrisés par des ouvrages hydrauliques qui
permettent de retenir la crue lors des épisodes de pluie extrêmes.

1.1.2 D’une année à l’autre, la disponibilité des ressources en eau peut varier de
3 à 5 milliards de m3
La Tunisie est découpée en sept régions hydrographiques présentant une certaine homogénéité, elles-
mêmes découpées en 37 secteurs hydrographiques. Du nord au sud, ces régions sont :
 l’extrême nord et Ichkeul ;
 la Medjerdah ;
 le Cap Bon et Miliane ;
 la sebkhat Kelbia et Sidi El Hani ;
 le Sahel et Leben ;
 le Chott Gharsa et la sebkhat El Naouell ;
 le Sud.

2,7 MILLIARDS DE M3 DE RESSOURCES EN EAU SUPERFICIELLES RENOUVELABLES S’ECOULENT


EN ANNEE MOYENNE EN TUNISIE 19
Le suivi hydrologique, existant depuis 1970 en Tunisie, permet d’estimer les ressources en eau
superficielles qui s’écoulent chaque année en Tunisie. Ce suivi est inventorié dans les annuaires
hydrologiques annuels de la DGRE. Le volume renouvelable représente environ 2,7 milliards de m3
par an (estimé sur la base de l’ensemble des chroniques depuis 1970) dont 1,9 milliards sont apportés
dans les barrages (DGRE, 2018). Les apports sont cependant très variables et dépendent fortement
des précipitations dans l’année. Ainsi, en 2011-2012, les apports annuels ont été de 4,9 milliards de
m3, soit deux fois plus que pour la période 2015 – 2016 où les apports ont été de 2,5 milliards de m3.
Le tableau ci-dessous indique la répartition des apports annuels :

Tableau 1-1 : Apports moyens annuels en ressources en eau superficielles par régions hydrographiques (DGRE, 2018)
Régions hydrographiques Apports % par rapport Apports année Apports année 2015
moyens au volume 2011 - 2012 (année - 2016 (année
(Mm3) national pluvieuse, Mm3) sèche, Mm3)
Extrême nord et Ichkeul 960 36 % 1 595 792
Mejerdah 1 000 37 % 2 302 1 111
Cap Bon et Miliane 230 8% 478 202
Centre et Sahel 320 12 % 357 261
Chott Gharsa et la sebkhat
190 7% 123 74
El Naouel et Sud
Total 2 700 100 % 4 855 2 440

Par ailleurs, il est important de noter que la qualité de l’eau superficielle diffère fortement entre ces
grandes régions. En effet, si dans la zone nord, plus de 80% des ressources ont une salinité
inférieure à 1,5 g/L, au centre ce sont seulement 50% des ressources qui ont une salinité inférieure
à cette valeur et au sud seulement 5% (ITES, 2014 d’après les annuaires hydrologiques de la DGRE
depuis 1970).

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
1. CONTEXTE : FACE AUX EVOLUTIONS SOCIO-ECONOMIQUES ET AU CHANGEMENT DU CLIMAT, L’URGENCE D’OPTIMISER LE MIX HYDROLOGIQUE DU PAYS

2,1 MILLIARDS DE M3 DE RESSOURCES EN EAU SOUTERRAINE POTENTIELLEMENT


MOBILISABLES
70 % des ressources en eau souterraines de la Tunisie sont des ressources qui proviennent d’aquifères
totalement inclus en Tunisie. A l’inverse, 30% des ressources en eau souterraines sont localisées dans
des aquifères partagés avec les pays voisins. Ces aquifères sont localisés dans le sud du pays et sont,
pour la majorité, non renouvelables. Leur devenir dépend ainsi de l’usage fait en Tunisie mais aussi
dans les pays limitrophes.

Des études hydrogéologiques réalisées dans les années 1990 ont permis d’estimer à 2,1 milliards de m3
le potentiel des ressources en eau souterraines dont 1,5 milliards sont renouvelables (soit 70%) et
650 millions sont peu ou pas renouvelables (soit environ 30%). 767 millions de m3 proviennent des
nappes phréatiques et 1 429 millions de m3 des nappes profondes d’après les annuaires des nappes
phréatiques (2015, annuaire actualisé tous les 5 ans) et des nappes profondes (2017) de la DGRE. La
répartition des volumes est présentée dans le tableau ci-dessous.

Tableau 1-2 : Ressources souterraines par grande région (DGRE, 2018)


Ressources des % par rapport aux Ressources des % par rapport aux
Grande région nappes phréatiques ressources nappes profondes ressources
(Mm3) nationales (Mm3) nationales
Nord 376 49 % 315 22 %
Centre 252 33 % 330 23 %
Sud 139 18 % 784 55 %
Total 767 100 % 1 429 100 %

UN PEU MOINS DE 40 MILLIONS DE M3 D’EAU NON-CONVENTIONNELLE MOBILISES TOUS


LES ANS
20 Il existe deux principales sources d’eau non-conventionnelle utilisée en Tunisie :
 Le dessalement de l’eau de mer qui représente 17 millions de m3 d’après le rapport national sur
l’eau du BPEH de 2017,
 La réutilisation des eaux usées traitées, qui sera l’objet principal du présent rapport.
Le Chapitre 4 présente les grands chiffres de la REUT et indique que le volume annuel d’eaux
usées traitées produits par les 122 stations d’épuration du pays s’élève à près de 300 millions de
m3. (282 millions de m3 si en considérant les volumes produits par les 105 stations pour lesquelles
les données étaient disponibles, pour l’année 2017).
En considérant les seuls usages d’irrigation de périmètres irrigués, de golfs, d’espaces verts et
de réinjection dans des nappes, il ressort que, à ce jour, que moins de 10 % de ce volume (8 %
pour l’année 2017) est utilisé (22 millions de m3 pour l’année 2017).

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
1. CONTEXTE : FACE AUX EVOLUTIONS SOCIO-ECONOMIQUES ET AU CHANGEMENT DU CLIMAT, L’URGENCE D’OPTIMISER LE MIX HYDROLOGIQUE DU PAYS

1.2 DANS LA SITUATION ACTUELLE, LES BESOINS EN EAU SONT DIFFICILEMENT


SATISFAITS LES ANNEES SECHES

1.2.1 Aperçu du bilan besoins-ressources avec les prélèvements de l’année 2011


Le tableau ci-dessous donne un aperçu du bilan besoins-ressources avec les prélèvements de l’année
2011 et les ressources estimées pour les années hydrologiques 2011-2012 et 2015-2016. Il s’agit
d’ordres de grandeur pour avoir une vision d’ensemble de la situation. En effet, les estimations sont
simplifiées, puisque l’on considère que les ressources souterraines sont les mêmes en année sèche et
en année humide. Dans les faits, la recharge des nappes est moins importante les années sèches.

Tableau 1-3 : Bilan besoins-ressources en ordre de grandeur, en prenant en compte les prélèvements de l’année 2011
Année
Ressources (millions m3)
2011-2012 2015 - 2016
Superficielle (apports moyens
Eau 2 600 650
aux barrages)
conventionnelle
Souterraine 2 100 2 100
Eau non conventionnelle (dessalement et EUT) 40 40
Total 4 740 2 790

Année
Prélèvements (millions de m3)
2011
Agriculture 2 100
Eau potable 380 21
Industries 130
Tourisme 30
Total 2 640

Prélèvements 2011 / Ressources 2011-2012 56 %


Prélèvements 2011 / Ressources 2015 - 2016 95 %
Tableau BRLi - Source : DGRE, 2018, ITES, 2014

Ce tableau illustre les différences importantes de situation entre les années hydrologiques « sèches »,
où la tension sur les ressources est très forte, et les années « humides », où la marge de manœuvre
est plus importante. En effet, en considérant les ressources de l’année 2011-2012, on voit que les
prélèvements représentent moins de 60% des ressources disponibles. A l’inverse, en
considérant les ressources de l’année 2015-2016 (une année particulièrement sèche), les
prélèvements représentent presque la totalité des prélèvements disponibles.

Cette situation pourrait être exacerbée avec le développement socio-économique du pays et l’impact
potentiel du changement climatique. Cela est approché dans le paragraphe suivant.

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1. CONTEXTE : FACE AUX EVOLUTIONS SOCIO-ECONOMIQUES ET AU CHANGEMENT DU CLIMAT, L’URGENCE D’OPTIMISER LE MIX HYDROLOGIQUE DU PAYS

1.2.2 La satisfaction des besoins en eau pourrait être plus difficile dans les
années à venir
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE POURRAIT INDUIRE UNE HAUSSE DES TEMPERATURES ET UNE
BAISSE DES PRECIPITATIONS
Les évolutions possibles du climat planétaire, aux horizons moyen (2050) et long termes (2100) en lien
avec le changement climatique sont modélisées, par les climatologues, par des modèles de circulation
générale.

Leurs résultats sont ensuite désagrégés, par des opérations de « descente d’échelle » à des échelles
plus locales, comme par exemple celle d’un pays.

Les modèles utilisés intègrent en données d’entrée (entre autres) l’évolution possible de la concentration
des gaz à effet de serre. De nombreux scénarios existent pour cette évolution, selon l’échéance à
laquelle les nations s’entendront pour diminuer – ou non – significativement les émissions de gaz à effet
de serre.

Le graphe ci-après présente ainsi 4 scénarios d’évolution possibles (RCP 2.6, RCP 4.5, RCP 6.0 et
RCP 8.5).

Figure 1-1 : Scénarios d’évolution possible du forçage radiatif lié à l’impact anthropique sur le climat

22

Il ne s’agit pas d’évolutions possibles des émissions de gaz à effet de serre elles-mêmes (comme cela
était présenté dans rapport n°4 du GIEC - Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du
climat) mais d’évolutions possibles des effets de ces émissions en termes de « forçage radiatif » c’est
à-dire d’ajout d’énergie net dans le système climatique mondial en lien avec les activités humaines. La
grandeur est exprimée en W/m².

Ces « trajectoires possibles » (en anglais « Representative Concentration Pathway») sont tirées du
rapport n°5 du GIEC et font référence en termes de « scénarios de gaz à effet de serre ». Elles sont
nommées par un acronyme composé du terme « RCP » et de la valeur de forçage atteinte en 2100. Par
exemple 8.5 W/m2 pour le scénario « rouge » noté RCP 8.5.

On notera que les cartes présentées plus bas pour la Tunisie font référence à ces « trajectoires ».

Il existe ainsi à l’échelle planétaire une multitude de projections climatiques, qui présentent différents
climats futurs possibles, plus ou moins optimistes, selon que l’atténuation des émissions de gaz à effet
de serre se fait « rapidement » (courbe bleue) ou non (autres courbes).

La figure ci-après présente des résultats possibles pour la Tunisie. Ces résultats intègrent les
projections de 35 modèles climatiques (c’est-à-dire les outils numériques utilisés pour modéliser le
climat) pour les quatre scénarios d’émission de GES (les 4 trajectoires « RCP » présentées ci-dessus).

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1. CONTEXTE : FACE AUX EVOLUTIONS SOCIO-ECONOMIQUES ET AU CHANGEMENT DU CLIMAT, L’URGENCE D’OPTIMISER LE MIX HYDROLOGIQUE DU PAYS

Les hypothèses d’évolution des gaz à effet de serre sont présentées de gauche à droite, du plus
optimiste au plus pessimiste. On peut retenir les résultats suivants :
 Les différentes projections convergent vers une hausse potentielle de la température
moyenne pour la période 2080-2099, comparée à une situation de référence 1986-2005 (de 1
à 4°C d’augmentation en fonction du scénario d’émission de GES). On constate que la hausse
des températures est un peu moins importante sur la côte que dans les terres.
 Concernant les précipitations, la tendance est plus incertaine mais apparait globalement
à la baisse. Dans le scénario RCP 2.6, le plus optimiste, les précipitations moyennes pourraient
être similaires à celles observées aujourd’hui. Avec des scénarios d’émissions de gaz à effet de
serre plus pessimistes, les précipitations pourraient connaître une baisse allant jusqu’à 6 à
10 mm par mois dans le nord du pays.
 Enfin, concernant les évènements extrêmes comme les sècheresses et les évènements pluvieux
extrêmes, leur fréquence et intensité pourrait augmenter.

Il est important de noter que la Tunisie fait partie des pays identifiés comme parmi les plus
vulnérables au changement climatique. Cela s’explique notamment à cause de la disponibilité limitée
des ressources en eau dans le pays et de l’impact que pourrait avoir une diminution des ressources sur
le pays.

Figure 1-2 : résultats des projections climatiques pour l’évolution des températures et des précipitations à l’horizon 2080-2099 par
rapport à une situation de référence 1986-2005

23

Source : climate change knowledge portal - Banque Mondiale

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1. CONTEXTE : FACE AUX EVOLUTIONS SOCIO-ECONOMIQUES ET AU CHANGEMENT DU CLIMAT, L’URGENCE D’OPTIMISER LE MIX HYDROLOGIQUE DU PAYS

L’augmentation des températures, ainsi que la diminution potentielle des précipitations pourrait
entraîner une augmentation des besoins, particulièrement pour le secteur agricole. En parallèle,
cela entraînerait une diminution des ressources superficielles et une diminution de la recharge
des nappes.

LE DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE DU PAYS POURRAIT INDUIRE UNE HAUSSE DE LA


DEMANDE EN EAU DANS LES ANNEES QUI VIENNENT
La population actuelle en Tunisie est estimée autour de 11,5 millions de personnes. Bien que le taux
de croissance de la population soit faible, la population pourrait atteindre entre 13 et 14 millions de
personnes en 2040 (données de l’INS). Par ailleurs, avec l’augmentation du niveau de vie,
l’urbanisation du pays et le développement industriel, les besoins en eau du pays sont amenés à
augmenter.

1.3 LES LEVIERS D’ACTION : LA GESTION DE LA DEMANDE ET LE RECOURS AUX EAUX


NON-CONVENTIONNELLES

1.3.1 La stratégie nationale de l’eau pour proposer une approche intégrée de la


gestion de l’eau à l’horizon 2050
En Tunisie, on l’a vu : la satisfaction de la demande en eau est d’ores et déjà problématique les années
sèches. Cette situation pourrait être exacerbée avec les impacts potentiels du changement climatique,
mais aussi la pression démographique et le développement socio-économique du pays.

C’est dans ce contexte que la Tunisie met en place une politique de gestion de l’eau qui mêle à la fois
gestion de l’offre (recours aux eaux non-conventionnelles et optimisation des ouvrages
24 hydrauliques) et gestion de la demande (notamment avec l’optimisation des systèmes d’irrigation
et l’octroi de subventions pour le développement de l’irrigation en goutte à goutte, la relance de
l’agriculture pluviale, etc.).

Cette approche passe notamment par la réalisation de la stratégie nationale EAU 2050 pour la
gestion des ressources en eau à l’horizon 2050. Cette stratégie doit permettre de proposer les
grandes lignes directrices pour satisfaire la demande en eau à moyen terme.

Elle se basera ainsi sur une étude prospective des besoins en eau pour les différents usages et devra
proposer une stratégie qui mêle gestion de l’offre et de la demande pour satisfaire les besoins. C’est
dans ce cadre que se situe la présente étude qui a pour but d’optimiser la réutilisation des eaux
usées traitées en Tunisie à l’horizon 2050.

1.3.2 La stratégie de réutilisation des eaux usées traitées dans le cadre de la


stratégie nationale de gestion de l’eau
La présente étude est réalisée en parallèle de l’étude pour la stratégie nationale de gestion de
l’eau à l’horizon 2050 et ses principaux résultats seront intégrés dans la stratégie nationale.

Le présent rapport dresse le diagnostic de la réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie et propose
de grandes orientations pour permettre le développement du secteur.

Les objectifs généraux et spécifiques de cette étude sont présentés dans le chapitre 3.

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2. RELECTURE DE 70 ANNEES DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE

2. RELECTURE DE 70 ANNEES DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE


Objectifs du chapitre
La nécessité de valoriser au mieux les eaux usées traitées en Tunisie, dans une situation de déficit
hydrique et de changement climatique, a été décrite dans le chapitre précédent. Les ambitions de
développement de la REUT en Tunisie ne sont pas nouvelles, et il est important de noter que cette
étude s’inscrit dans le cadre de ce processus.
Dessiner l’avenir souhaitable, élaborer une stratégie pour l’atteindre, imposent de bien savoir d’où l’on
vient. Ce chapitre retrace à grands traits l’historique du développement de la REUT en Tunisie afin
d’apporter un éclairage sur la situation actuelle et d’aider à atteindre de nouvelles ambitions.

2.1 HISTORIQUE DE LA FILIERE REUT TUNISIENNE


La REUT a commencé à se développer en Tunisie dès les années 1960, avec la création du premier
périmètre irrigué avec des eaux usées traitées : celui de la Soukra à Tunis. A l’origine, les ressources
en eau utilisées pour alimenter ce périmètre irrigué provenaient de la nappe phréatique, mais la
surexploitation de celle-ci a entraîné l’intrusion du biseau salé. A défaut d’autres ressources potentielles,
il a été décidé d’avoir recours à l’irrigation avec les EUT en provenance de la ville de Tunis pour
sauvegarder les vergers d’agrumes. Des premières mesures de précaution ont alors été prises, comme
l’interdiction d’irriguer les cultures maraîchères (Bahri, 2003).

Un grand programme de recherche entrepris par la DGRE et le CRGR (Centre de Recherche du Génie
Rural, qui a fusionné ensuite avec l’INREF pour donner l’INRGREF) et financé par le PNUD (Programme
des Nations Unies pour le Développement (projet RAB 80/011)) a été lancé dans les années 1980 (1981
– 1987). L’objectif était de déterminer les conditions d’utilisation des EUT et des boues épurées en
agriculture. Ce travail a permis d’évaluer les impacts de la REUT sur les matrices eau – sol – plantes –
nappe à partir de deux sites pilotes : la Soukra et Oued Souhil..

Emergence de la REUT dans la région de Nabeul (Oued Souhil) 25


La région de Nabeul est réputée pour son caractère agrumicole en général, et pour la production des huiles de
néroli, à partir des fleurs de bigaradiers, en particulier. Depuis les années 1940, la nappe phréatique de Nabeul
et ses environs souffre du manque d’apport en eau pour sa recharge. Elle représente la première nappe décrétée
interdite pour toute création nouvelle de points d’eau, que ce soit puits de surface ou forage (Décret n° 105 du
2/9/1941).
Le problème de surexploitation des ressources en eau souterraine de cette région s’est accentué au fil des années
et a touché à l’aspect qualitatif avec l’augmentation de la salinité, notamment dans la zone aval, en bordure de
la mer. Ceci a poussé le MARHP à aménager un périmètre irrigué dans la région de l’Oued Souhil, au nord de la
ville de Nabeul. Ce périmètre couvrait une superficie de 390 ha. Initialement, la desserte de ce périmètre était
prévue à partir d’un petit barrage, celui de Chiba, distant d’une trentaine de km. Mais, faute de disponibilité et
de régularité de cette ressource, le ministère de tutelle décida de changer la source d’approvisionnement du
périmètre, non plus à partir du barrage Chiba, mais à partir des eaux usées traitées de la station d’épuration n°4
(SE4) collectant les eaux domestiques des trois centres urbains voisins à savoir Nabeul, Dar Chaabane et Béni‐
Khiar.

Les recherches de l’INRGREF ont ensuite servi de base à l’élaboration d’un cadre juridique et
réglementaire dans les années 1980 – 1990 permettant d’encadrer la filière. On note notamment :
 La réglementation des rejets des stations d’épuration dans le milieu naturel,
 L’élaboration des normes NT 106.02 (rejets dans le milieu naturel) et NT 106.03 (réutilisation de
l’eau pour l’irrigation),
 L’obligation de réaliser une étude d’impact pour la réalisation des périmètres irrigués avec des
EUT,
 La définition des cultures autorisées pour l’irrigation avec les EUT,
 L’élaboration d’un cahier des charges pour l’utilisation des EUT en agriculture.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
2. RELECTURE DE 70 ANNEES DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE

Ce cadre réglementaire est encore en grande partie utilisé aujourd’hui (celui-ci est développé dans le
chapitre 5). La REUT s’est développée à travers le pays principalement via la création de périmètres
agricoles et de golfs irrigués avec des EUT. On note aussi le démarrage du premier site de recharge de
nappe avec les EUT à Oued Souhil. En parallèle, avec la création de l’ONAS, l’assainissement en milieu
urbain s’est fortement développé pour passer de 5 STEP en 1975 à 60 dans les années 2000 avec un
taux de raccordement de 70 %. Cette stratégie a continué jusqu’à aujourd’hui pour arriver à 119 STEP
en 2017 avec un taux de raccordement de 85 % (ONAS, 2017).

A partir des années 2000, suite à la stratégie nationale pour la valorisation des EUT élaborée par
l’ONAS (2002), de nombreuses études stratégiques et thématiques sur la REUT ont été réalisées.

La longue expérience de la Tunisie en matière de réutilisation des eaux usées traitées a permis
d’établir une base solide pour le développement de la filière. Cependant, malgré une dynamique
très positive jusqu’au début des années 2000, on note que les volumes d’EUT réutilisés pour
l’ensemble des usages ont eu tendance à stagner.

Pour mieux comprendre cette situation, il faut prendre en compte le contexte global et notamment
politique de la Tunisie. La période de transition qu’elle traverse depuis la révolution de 2011 s’est
traduite par des acquis démocratiques forts mais aussi par la détérioration des indicateurs économiques
avec une chute de la croissance et une forte augmentation des dépenses publiques. Cette situation
économique, ainsi que l’instabilité institutionnelle post révolutionnaire, ont eu des conséquences sur le
suivi des projets et la mise en œuvre des décisions. Au niveau de la gestion de l’eau, cela s’est observé
dans la prise de retard sur des gros dossiers comme l’élaboration du nouveau Code des eaux ou la
mise en place de la base de données du SINEAU.

Néanmoins, le lancement de démarche prospective Eau 2050 et plus spécifiquement du focus, à travers
la présente étude, pour élaborer la stratégie nationale sur la REUT à l’horizon 2050 démontre une
volonté politique actuelle de remettre le sujet de la REUT au centre des discussions.

La figure de la page suivante présente schématiquement les évènements clés de la filière de REUT en
Tunisie ces 60 dernières années, sur les aspects réglementaires, institutionnels, de recherches
opérationnelles et stratégiques.
26
Cette frise n’est pas une présentation systématique de tous les évènements du secteur. Elle vise à
mettre en lumière les points forts et les manques qui participent à expliquer le ralentissement
du développement de la filière. On note que :
 La réglementation élaborée dans les années 1980 concerne exclusivement la réutilisation
agricole et a été peu remise à jour ;
 Les moyens attribués à la recherche dans le domaine des EUT ont diminué, notamment depuis
le programme du PNUD dans les années 1980 ;
 L’usage agricole connait un développement ralenti depuis le début des années 2000. La
progression des superficies aménagées des périmètres irrigués est faible (moins de projets de
périmètres irrigués avec les EUT) et il y a même une baisse des superficies irriguées des
périmètres existants ;
 Les usages autres qu’agricoles sont peu développés alors que les stratégies élaborées à l’échelle
nationale plébiscitent leur développement.
Cette affirmation est à nuancer pour les golfs qui utilisent aujourd’hui exclusivement les EUT ;
 De nombreuses études stratégiques et thématiques ont été réalisées pour relancer le
développement de la filière, sans être toujours mises en œuvre (transfert des EUT du grand Tunis
vers les régions intérieures, nouveaux projets de recharge de nappe avec les EUT, programme
de traitement et évacuation des boues issu de 4 plans directeurs, etc.)

La lecture de l’histoire de la REUT en Tunisie permet d’éclairer la situation actuelle, de mieux


comprendre les nœuds du secteur et de proposer des recommandations qui prennent en compte tout
l’historique de la REUT en Tunisie.

La section suivante présente les enseignements et les limites des approches les plus récentes en
Tunisie.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
2. RELECTURE DE 70 ANNEES DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE

Figure 2-1 : Rétrospective de la filière REUT en Tunisie

27

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
2. RELECTURE DE 70 ANNEES DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE

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Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
2. RELECTURE DE 70 ANNEES DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE

29

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
2. RELECTURE DE 70 ANNEES DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE

2.2 ENSEIGNEMENTS ET LIMITES DES APPROCHES LES PLUS RECENTES SUR LA REUT
Afin de valoriser au mieux les documents stratégiques de la REUT, une lecture critique des
principales études existantes a été réalisée. Cela permet de souligner les points forts de ces études
qui sont repris dans la présente étude mais aussi les manques.
Pour les études clés, des fiches de lecture fournissant une description brève de l’étude et de ses
recommandations ont été rédigées. Ces fiches de lecture sont fournies en annexe 1. Elles concernent
les études suivantes :
 Stratégie nationale de valorisation des eaux usées traitées (ONAS, 2002),
 Etude de faisabilité technico-économique de la recharge artificielle des nappes par les EUT des
STEP (DGEQV, 2009),
 Etude de faisabilité de transfert des EUT des STEP du Grand Tunis vers les zones de réutilisation
(DGEQV, 2009),
 Etude stratégique des formes de réutilisation des eaux usées en Tunisie – PISEAU 2, Banque
Mondiale (FAO, Banque mondiale, 2013),
 Evaluation de la qualité des eaux usées réutilisées à des fins agricoles en Tunisie (Ministère de
la santé, 2014),
 Stratégie nationale de communication et de sensibilisation à l’utilisation des EUT et des boues
de STEP, Banque Mondiale (DGEQV, 2015),
 Etude d’évaluation de la politique tarifaire et révision et mise en œuvre de nouveaux modes de
tarification (phase 1 diagnostic) (DGGREE, 2017),
 Etude préalable à un plan national REUT pour la Tunisie (DGGREE, 2017).
Un certain nombre de recommandations sur la filière sont faites dans ces études et sont reprises dans
la présente étude, dont notamment :
 Au niveau technique, il est recommandé de fiabiliser le traitement secondaire et de
30 développer le traitement tertiaire. Cela permettra d’adapter le traitement des EUT en fonction
de l’usage planifié et des exigences en matière de qualité d’eau pour cet usage.
 Au niveau réglementaire, il y a des projets de révision des textes et des normes prévus depuis
le début des années 2000. Ces projets ne sont pour l’heure pas aboutis sauf pour la mise à jour
de la NT 106.02 en 2018. D’autres éléments apparaissent aussi dans les études, comme
notamment :
- La révision de la liste des cultures interdites pour l’irrigation avec les EUT,
- Le manque d’application de la réglementation et l’insuffisance des contrôles pour les
raccordements industriels et clandestins dans les réseaux de collecte d’assainissement.
 Au niveau institutionnel, les études proposent la création d’une structure qui permettrait d’affirmer
le caractère multisectoriel de la REUT.
 Au niveau économique, la révision de la tarification des EUT est souvent recommandée.
Au-delà des recommandations générales sur la filière, ces études s’intéressent aussi plus en détail à
différentes thématiques (développement de la recharge de nappes avec les EUT, faisabilité de transfert
des EUT, etc.) et abordent les aspects économiques, sociaux et institutionnels pour ces thématiques.
Outre la REUT, la valorisation des boues d’épuration a aussi été abordée par l’ONAS avec l’élaboration
en 2015 de Plans directeurs régionaux de gestion des boues de station d’épuration. 4 plans ont
été rédigés pour les régions Nord, Centre, Sud et Grand Tunis. La production de boues à l’horizon 2035
a été évaluée ainsi que les différentes filières de valorisation possibles. Des scénarios pour chaque
STEP ont été élaborés ainsi qu’un plan d’action et d’investissement. Ces plans, bien qu’ils abordent une
filière différente de celle de la REUT, seront pris en compte, notamment pour les éléments de
prospective sur l’assainissement, afin de vérifier qu’il y ait concordance avec la présente étude.
La présente étude propose de croiser les éléments de recommandations générales avec ceux appliqués
aux différentes thématiques/usages des EUT et de les intégrer dans le contexte plus global de la gestion
des ressources en eau à l’échelle du pays. Ainsi, cette approche complète permettra :
 de fournir des recommandations sur le cadre global de la REUT en Tunisie,
 de fournir des recommandations sur le développement des différents usages,

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
2. RELECTURE DE 70 ANNEES DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE

 d’étudier la pertinence de l’utilisation des EUT à la place d’autres ressources, en fonction de


la localisation géographique du projet, de l’usage, du contexte local, etc.

L’annexe 1 reprend globalement le contenu des principales études stratégiques et thématiques qui ont
porté sur la REUT en Tunisie depuis 2002. Une analyse des points forts et limites de ces études y est
aussi faite.

31

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
3. OBJECTIFS DE L’ETUDE : DOTER LE PAYS D’UNE STRATEGIE DE REUT AMBITIEUSE, REALISTE ET OPERATIONNELLE

3. OBJECTIFS DE L’ETUDE : DOTER LE PAYS D’UNE STRATEGIE DE REUT


AMBITIEUSE, REALISTE ET OPERATIONNELLE
Objectifs du chapitre

Le premier chapitre du rapport a montré l’importance de développer la REUT en Tunisie, dans le cadre
plus global de gestion de la ressource en eau. Cette nécessité a été rappelée dans le cadre de besoins
croissants pour faire face à la croissance démographique et au changement climatique. Le chapitre 2 a
rappelé les grandes dates du développement de la REUT en Tunisie afin d’éclairer la situation actuelle
de la filière.

Sur cette base, le présent chapitre présente les principaux objectifs de l’étude et la structure du présent
rapport.

3.1 OBJECTIFS GENERAUX DE L’ETUDE


La réalisation de cette étude s’inscrit dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat et de l’engagement
de la Tunisie à intégrer les Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici 2030 dans ses plans de
développement.

Concernant l’ODD 6 « Garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement
gérés de façon durable », deux cibles concernent particulièrement la REUT :
 Objectif 6, cible 2 : “D’ici à 2030, assurer l’accès de tous, dans des conditions équitables, à des
services d’assainissement et d’hygiène adéquats …”.
 Objectif 6, cible 3 : “D’ici à 2030, améliorer la qualité de l’eau en réduisant la pollution, en éliminant
l’immersion de déchets et en réduisant au minimum les émissions de produits chimiques et de
32 matières dangereuses, en diminuant de moitié la proportion d’eaux usées non traitées et en
augmentant nettement le recyclage et la réutilisation sans danger de l’eau”.

Afin d’atteindre les cibles des ODD, l’objectif général suivant est défini dans les termes de référence de
l’étude :

« Développer une vision partagée et une stratégie à long terme, déclinée en plans d’action,
pour le développement et la gestion durable de la réutilisation des eaux usées traitées ».

Ainsi, le Plan Directeur National « Water Reuse 2050 » vise à mettre en place le cadre nécessaire
pour développer pleinement la filière et valoriser les EUT de manière fiable, durable et à moindre
risque. Enfin, le plan directeur doit permettre de guider les politiques et les investissements futurs
dans ce domaine.

Le processus d’élaboration du Plan Directeur National « Water reuse 2050 » s’articule en trois grandes
phases :
 La phase n°1 : Diagnostic de la filière (collecte des eaux usées, traitement, stockage,
distribution, réutilisation) en vue d’identifier les défis à relever et les orientations à retenir, tout en
dégageant un consensus des acteurs clés autour de ces défis ;
 La phase n°2 : Evaluation des futurs possibles de la REUT à partir des enjeux définis dans le
diagnostic et définition d’une stratégie pour le secteur et des objectifs à atteindre. A cet
effet, il sera nécessaire d’avoir une idée du développement potentiel des différents secteurs
usagers de l’eau pour estimer le recours potentiel aux eaux usées traitées. Cette étude
prospective sera réalisée, dans la mesure du possible, de façon cohérente avec l’approche
adoptée dans de la stratégie nationale. ;
 La phase n°3 : Rédaction du plan Directeur « Water reuse 2050 » qui comprendra une vision et
un cadre stratégique de la REUT, un plan institutionnel et réglementaire, un plan d’action de
valorisation assorti de modèles financiers et économiques de la REUT par usages, un plan
d’investissement et des études de pré-faisabilité et faisabilité des actions prioritaires.

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3. OBJECTIFS DE L’ETUDE : DOTER LE PAYS D’UNE STRATEGIE DE REUT AMBITIEUSE, REALISTE ET OPERATIONNELLE

En plus de ces objectifs généraux, définis dans les termes de référence de l’étude, un objectif
complémentaire concerne le renforcement de la coopération entre les différentes institutions
concernées par la REUT. L’étude ambitionne d’atteindre cet objectif en mobilisant les acteurs par le
biais de plusieurs ateliers de concertation.

Ainsi, l’approche participative doit être perçue, en plus de la richesse d’information qu’elle
apporte pour la réalisation de l’étude, comme l’une des premières étapes essentielles à
l’acceptabilité, l’appropriation et la mise en œuvre du plan d’actions par toutes les parties
prenantes.

3.2 OBJECTIFS SPECIFIQUES DE LA PHASE DE DIAGNOSTIC ET ORGANISATION DU


RAPPORT
La phase de diagnostic permet de fournir une vision complète de la situation actuelle de la REUT en
Tunisie et de dégager les grandes recommandations pour le développement du secteur d’ici 2050.

Pour cela, le rapport est organisé en trois grandes parties :


 Partie A : Contexte et objectifs de l’étude
Cette partie replace la présente étude dans le processus plus large de gestion des
ressources en eau en Tunisie et explique la nécessité de développer le recours aux ressources
en eaux non-conventionnelles, dont les EUT (Chapitre 1). Cette partie présente par ailleurs un
historique de la filière afin d’éclairer le contexte actuel de REUT en Tunisie (Chapitre 2).
 Partie B : Approche globale à l’échelle du pays
Cette partie s’intéresse au cadre de la filière à l’échelle du pays et est structurée autour des
chapitres suivants :
- Le Chapitre 4 présente les grands chiffres de la REUT en Tunisie en 2019 afin d’avoir une
vision claire de la situation existante et du potentiel de réutilisation non-exploité à ce jour. 33
- Cinq chapitres sont organisés autour des diagnostics suivants :
- Un diagnostic du cadre réglementaire (Chapitre 5) pour comprendre comment
s’organise la réglementation autour des EUT en Tunisie et comparer avec le cadre
réglementaire dans d’autres pays.
- Un diagnostic technique (Chapitre 6) qui s’intéresse à la production des eaux usées
traitées en Tunisie, de leur collecte à leur distribution, et regarde quels sont les points forts
et manques du système pour développer la réutilisation.
- Un diagnostic sur les risqués liés à la REUT, au niveau sanitaire et environnemental
(Chapitre 7).
- Un diagnostic institutionnel (Chapitre 8) qui cartographie les acteurs clés de la REUT et
examine quels sont les processus institutionnels clés pour le développement et le
fonctionnement de la filière.
- Un diagnostic des facteurs d’acceptabilité (Chapitre 9) qui décrit les principaux freins à
l’acceptabilité de la REUT et les recommandations pour dépasser ces freins.
- Un diagnostic de la recherche dans le domaine de la REUT (Chapitre 10) qui rappelle
les structures de recherche concernées, les principales conclusions sur les impacts de la
REUT et les manquements possibles des études effectuées et leur application.
 Partie C : Approche à l’échelle des usages
Cette partie présente les résultats des enquêtes réalisées pendant la phase de diagnostic et
est organisée par usage. Le Chapitre 11 présente ainsi un diagnostic transversal de la filière
REUT. Ce chapitre inclut une description de la situation actuelle de la REUT pour chacun des
usages. Il est complété par le chapitre 12 qui propose une analyse coûts avantages transversale,
réalisée pour 10 des 20 projets de REUT enquêtés.
 Partie D : Grands enjeux et propositions d’orientation
Cette partie présente les résultats des différents diagnostics et formule les grandes
recommandations. Le chapitre 13 présente l’analyse AFOM (Atouts, Faiblesses, Opportunités,
Menaces) complète pour la filière REUT ainsi que les grandes recommandations de la phase
de diagnostic et l’articulation avec les phases suivantes.

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4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

Partie B. APPROCHE GLOBALE À L’ECHELLE DU PAYS

Objectifs de la Partie B
La Partie A a présenté un état des lieux général de l’état des ressources en eau en Tunisie et a retracé
l’historique de la filière REUT.
La présente partie B s’intéresse au sujet de la REUT à l’échelle du pays et expose les grands chiffres
de la REUT en terme quantitatif ainsi que des diagnostics spécifiques sur la réglementation, les aspects
techniques de la filière, le cadre institutionnel, les facteurs sociaux d’acceptabilité et le secteur recherche
de la REUT.

4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN


PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS
Objectifs du Chapitre
Ce chapitre fournit une présentation chiffrée de la REUT en Tunisie et donne une vision globale de l’état
actuel de cette filière en Tunisie. Plus précisément, ce chapitre présente : les chiffres sur la production
des EUT par grandes régions du pays, les volumes réutilisés en fonction des STEP et des usages à
l’aval.
Les données utilisées proviennent en majorité des rapports annuels 2017 de l’ONAS. Ces chiffres sont
ensuite mis en parallèle avec une présentation synthétique de la situation mondiale pour situer la REUT
en Tunisie par rapport à ce qui se fait dans le monde.
35
4.1 LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019
Ce chapitre se base sur les éléments fournis par l’ONAS, particulièrement les rapports annuels 2017
de 105 stations (sur les 119 que comptait le pays en 2017). Depuis 2017, 3 nouvelles stations ont été
inaugurées (Sousse Hamdoun, Makhtar et la station compacte El Mrissa) et le pays compte
actuellement 122 STEP.

Les 14 stations dont les rapports n’ont pas été transmis sont :
 les 8 stations de type rural,
 la station d’épuration industrielle (grappée de Ben Arous).
 4 autres stations mises en service en 2017 : Korbous (réhabilitation en 2017, station compacte),
Tazerka-Maamoura, Ain Drahem, Mazouna
 la station de Jerba Agim, mise en service en 2016.

Pour faciliter l’analyse, les stations ont été regroupées par grandes régions (Nord, Centre, Sud et Grand
Tunis), de la même façon que l’ONAS les regroupe.

VOLUME D’EAUX USEES TRAITEES REUTILISE ET RATIO PAR RAPPORT AU VOLUME TOTAL
D’EAUX USEES TRAITEES
Le volume d’eaux usées traitées par les 105 stations analysées s’élève à 282 Mm3.
Les eaux usées traitées de 66 stations font l’objet tout ou partie d’une réutilisation. Sans comptabiliser
les volumes rejetés dans des lagunes pour leur préservation (volumes non connus à ce stade de
l’étude), le volume de réutilisation en 2017 s’élève à 22 Mm3. Cela représente un taux de réutilisation
directe à l’échelle nationale de 8 %.

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4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

Au regard des chiffres nationaux du bilan hydrique présenté dans le chapitre introductif, ce volume
représente moins de 1 % des volumes d’eau prélevés actuellement en Tunisie pour les usages
AEP, Irrigation, Tourisme et Industrie.

Le tableau et les graphes suivants présentent la répartition du volume d’eaux usées traitées réutilisées
par grande région.

Figure 4-1 : Volumes annuels d’eaux usées traitées produits et réutilisés par grande région
PRODUCTION EUT REUTILISATION EUT
Part volume Part nombre de
Part du Nombre
Volume eaux usées Part du volume Volume eaux usées réutilisé / STEP avec REUT /
Nombre de STEP volume total STEP avec
traitées (m3) total national traitées réutilisé (m3) volume total nombre total de
national REUT
d'EUT STEP
GT GRAND TUNIS 124 407 000 44% 12 6 603 000 30% 5 5% 42%
N NORD 52 124 000 19% 38 3 952 000 18% 25 8% 66%
C CENTRE 61 126 000 22% 30 6 346 000 29% 16 10% 53%
S SUD 43 736 000 16% 25 5 092 000 23% 19 12% 76%
TOTAL 281 393 000 100% 105 21 993 000 100% 65 8% 62%

Volumes (m3) d'eaux usées traitées produits et réutilisés par


grande région (2017)
140000 000

120000 000

100000 000

80000 000
60000 000

40000 000

20000 000


GRAND TUNIS NORD CENTRE SUD

Volume eaux usées traitées produit Volume eaux usées traitées réutilisées

36 Graphique BRLI – source : rapports annuels ONAS 2017

Le taux de réutilisation se situe entre 5% pour la région du Grand Tunis et 12% pour la région du
Sud.

Les stations du Grand Tunis dont les effluents sont réutilisés représentent 30 % du volume
réutilisé à l’échelle de la Tunisie. On trouve ensuite le Centre avec 29 % puis le Sud et enfin le
Nord.

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4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

Carte 4-1 : Volume annuel d’EUT produit (données 2017)

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4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

Carte 4-2 : Volume d’EUT réutilisé (données 2017)

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4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

APPROCHE DU CLASSEMENT DE LA REUT PAR USAGE


Le tableau suivant présente la répartition des volumes annuels d’eaux usées traitées réutilisées en 2017
par grande région et par usage.

En ordre de grandeur, les deux tiers de la réutilisation, hors rejets dans les lagunes, concernent
l’irrigation agricole, moins d’un tiers concerne l’irrigation des golfs, et à peine 2% l’irrigation des
espaces verts.

Figure 4-2 : Volumes annuels d’eaux usées traitées produits et réutilisés par usage et par grande région (données 2017)

Répartition du V (m3) d'EUT réutilisé par usage (*)


Volume d'EUT
Alimentation
Irrigation réutilisée
Irrigation Irrigation Recharge lagune dans
TOTAL Espaces dont l'usage
agricole Golfs Nappe un but de
verts n'a pu être
sauvegarde
renseigné

Grand Tunis 5 313 000 4 633 000 630 000 50 000 0 ? 1 290 000
Nord 3 948 000 1 911 000 1 582 000 167 000 288 000 ? 3 000
Centre 6 330 000 2 464 000 3 843 000 23 000 0 ? 16 000
Sud 5 092 000 4 483 000 439 000 170 000 0 ? 0
TOTAL 21 993 000 13 491 000 6 494 000 411 000 288 000 1 309 000
100% 65% 31% 2% 1%

REUT : volume (m3) par usage et par


grande région (2017) 39
7 000 000
6 000 000
5 000 000
4 000 000
3 000 000
2 000 000
1 000 000
0
Grand Tunis Nord Centre Sud

Irrigation agricole Irrigation Golfs


Irrigation Espaces verts Recharge Nappe

Tableau et Graphe BRLi - Source : rapports annuels des STEP ONAS 2017 et enquêtes conduites par BRLi

L’irrigation agricole est l’usage majoritaire en Tunisie (65 %). En effet, 32 périmètres irrigués ont été
aménagés pour valoriser les EUT qui représentent 8 500 ha. Dans les faits, seulement 24 périmètres
sont actuellement en service et seulement 2 700 ha ont été irrigués en 2017, soit 32 % de la surface
aménagée.

Les 10 golfs du pays sont irrigués avec des EUT sur une surface totale de 900 ha, d’où la part non
négligeable de cet usage dans les volumes réutilisés (31 %). L’irrigation des espaces verts autres que
les golfs reste quant à elle marginale (2 %) et concerne surtout les espaces verts compris dans les
périmètres des STEP.

La recharge de nappe avec des EUT a été expérimentée sur 2 sites au Cap Bon. Un seul a fonctionné
en 2017 (Korba) pour un volume total de recharge directe 288 000 m3. Aujourd’hui, aucun des deux
sites n’est plus en service par manque de moyens.

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4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

A ce jour, l’usage industriel n’a été effectif qu’à titre expérimental, au niveau des usines du Groupe
Chimique Tunisien (GCT).

UNE DIZAINE DE STATIONS D’EPURATION REPRESENTENT LES TROIS-QUARTS DES EAUX


USEES TRAITEES
Nous avons classé les stations par ordre décroissant du volume d’eaux usées traitées et calculé le
volume cumulé par rang successif.

Figure 4-3 : Part du volume national d’EUT produites en fonction du nombre de STEP

Graphe BRLi – Source : rapports annuels ONAS 2017

Il ressort de cette approche que les 3 premières stations représentent 30 % du volume annuel
d’eaux usées traitées produit par 105 STEP à l’échelle du pays, les 8 premières représentent
50 % de ce volume et les 23 premières en représentent 75 %.

De la même manière, nous avons classé les stations par ordre décroissant du volume d’eaux usées
40 traitées réutilisé et calculé le volume cumulé par rang successif.

Figure 4-4 : Part du volume national d’EUT réutilisées en fonction du nombre de STEP concernées par la REUT

Graphe BRLi – Source : rapports annuels ONAS 2017

On montre ainsi que, sur les 66 stations concernées par la réutilisation, les 5 stations avec les
plus forts volumes d’eaux usées traitées réutilisées représentent un peu plus de 50 % du volume
total d’eaux usées traitées réutilisées à l’échelle nationale et que 10 stations représentent 75 %
de ce volume.

On constate donc une importante concentration de la production des EUT et par là-même une
concentration géographique de l’enjeu « ressource » considéré à l’échelle nationale. Au niveau
local, nous nous attacherons toutefois à bien considérer, pour la phase Prospective à venir, que de
faibles volumes (du point de vue de l’échelle nationale) peuvent toutefois constituer localement
des forts enjeux de ressource en eau et des forts enjeux socio-économiques.
L’exposé complet de ces approches est présenté dans les tableaux des pages suivantes.

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4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

En plus des grands chiffres déjà cités, l’examen du tableau concernant les EUT réutilisées met en
évidence que, parmi les 5 stations qui fournissent actuellement (2017) le plus de volumes pour la REUT,
on trouve 3 stations qui sont parmi les 5 premières du pays en terme de production d’EUT mais
également celle de rang n°7 (Sousse Nord I) et celle de rang n°21 (Gafsa).

41

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4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

Tableau 4-1 : Classement des STEP par valeur décroissante du volume d’eaux usées traitées

CLASSEMENT EUT PAR VALEUR DECROISSANTE DU VOLUME D'EUT PRODUIT

Volume d'EUT produit Volume d'EUT produit


part part
part du part du
Grande Volume d'EUT cumulé du Grande Volume d'EUT cumulé du
Nom de la STEP Total Nom de la STEP Total
Région (m3) Total Région (m3) Total
national national
national national
1 Choutrana I GT 41 788 607 14,85% 15% 61 Bouarguoub N 674 860 0,24% 95%
2 Attar GT 21 208 171 7,54% 22% 62 Metouia‐Ouidhref S 658 650 0,23% 95%
3 Choutrana II GT 14 921 977 5,30% 28% 63 Kalaa Sghira C 617 444 0,22% 95%
4 Sfax sud S 14 768 882 5,25% 33% 64 Ouardanine C 594 042 0,21% 96%
5 Charguia GT 12 849 374 4,57% 38% 65 SE1 Hammamet N 585 926 0,21% 96%
6 Sud Meliane II GT 12 201 807 4,34% 42% 66 Mahrès S 571 220 0,20% 96%
7 Sousse Nord I C 10 426 761 3,71% 46% 67 Metlaoui S 558 798 0,20% 96%
8 Sousse Sud C 9 311 126 3,31% 49% 68 Ksour Essef C 556 366 0,20% 96%
9 Sud Meliane I GT 8 970 845 3,19% 52% 69 El Jem C 549 012 0,19% 97%
10 Cotière Nord GT 7 622 110 2,71% 55% 70 Kalaat El Andalous GT 547 744 0,19% 97%
11 SE4 Nabeul N 6 434 192 2,29% 57% 71 Ghardimaou N 542 956 0,19% 97%
12 Bizerte N 6 155 945 2,19% 59% 72 Jerba Sidi Mehrez S 487 439 0,17% 97%
13 Kairouan 2 C 5 723 347 2,03% 61% 73 Chebba C 486 662 0,17% 97%
14 Hammamet Sud N 5 491 198 1,95% 63% 74 El Haouaria N 484 846 0,17% 98%
15 Moknine C 4 380 428 1,56% 65% 75 El Fahs N 473 450 0,17% 98%
16 Mahdia C 4 358 463 1,55% 66% 76 Mareth‐Zarrat S 469 750 0,17% 98%
17 Monastir Frina C 3 902 157 1,39% 68% 77 Hammam Zriba N 439 600 0,16% 98%
18 Gabès S 3 744 851 1,33% 69% 78 Zarzis Lella Mériam S 422 701 0,15% 98%
19 Sousse Nord II C 3 740 726 1,33% 70% 79 Beni Hassen C 373 472 0,13% 98%
20 Sfax nord S 3 368 128 1,20% 72% 80 Meknassi C 359 699 0,13% 98%
21 Gafsa S 3 064 955 1,09% 73% 81 Nefza N 347 500 0,13% 99%
22 Kasserine C 3 063 752 1,09% 74% 82 Teboursouk N 313 529 0,12% 99%
23 Menzel Bourguiba N 2 988 707 1,06% 75% 83 Oueslatia C 307 818 0,11% 99%
24 Korba N 2 668 668 0,95% 76% 84 Testour N 299 098 0,11% 99%
25 Kélibia N 2 592 581 0,92% 77% 85 Hajeb El Youn C 274 675 0,11% 99%
26 Soliman II N 2 569 954 0,91% 78% 86 Bouarada N 256 923 0,10% 99% 43
27 Jerba Aghir S 2 564 484 0,91% 78% 87 Aguereb S 223 068 0,09% 99%
28 Tataouine S 2 373 788 0,84% 79% 88 Sidi Bou Ali C 217 771 0,08% 99%
29 Msaken C 2 360 626 0,84% 80% 89 Gaafour N 186 137 0,08% 99%
30 Sayada C 2 193 420 0,78% 81% 90 Jbneina S 170 660 0,07% 99%
31 Sahline C 2 119 063 0,75% 82% 91 Grappée de Ben Arous GT 156 439 0,06% 99%
32 Jemmel C 2 075 098 0,74% 82% 92 Fernena N 156 012 0,06% 100%
33 El Hamma S 1 966 244 0,70% 83% 93 Jelma C 151 704 0,06% 100%
34 Tozeur S 1 960 739 0,70% 84% 94 Zarzis Souihel S 148 718 0,05% 100%
35 Béjà N 1 901 178 0,68% 85% 95 El Hancha S 147 340 0,05% 100%
36 Kef N 1 892 140 0,67% 85% 96 Bouhajla C 143 927 0,05% 100%
37 Aousja N 1 868 170 0,66% 86% 97 Boumerdes C 141 162 0,05% 100%
38 SE3 Nabeul N 1 808 467 0,64% 86% 98 Sers N 126 509 0,05% 100%
39 Medenine S 1 798 358 0,64% 87% 99 Kerkena S 118 894 0,05% 100%
40 Jendouba N 1 683 979 0,60% 88% 100 Haffouz C 95 804 0,04% 100%
41 Mornaguia GT 1 557 945 0,55% 88% 101 Jerissa N 54 512 0,03% 100%
42 Grombalia N 1 390 088 0,49% 89% 102 Hammam Bourguiba N 46 834 0,02% 100%
43 Menzel Bouzelfa N 1 384 557 0,49% 89% 281 393 024 100%
44 Sbeitla C 1 323 516 0,47% 90%
45 Enfidha hergla C 1 278 219 0,45% 90%
46 Menzel Temime N 1 106 709 0,39% 91%
47 Tabarka N 995 999 0,35% 91%
48 Medjez El Bab N 947 630 0,34% 91%
49 Zaghouan N 935 980 0,33% 92%
50 Jedaida GT 933 589 0,33% 92%
51 Zarzis Ville S 915 370 0,33% 92%
52 Kébili S 911 812 0,32% 93%
53 Siliana N 838 355 0,30% 93%
54 Nefta S 830 205 0,30% 93%
55 Mornag GT 824 604 0,29% 93%
56 Tébourba GT 823 394 0,29% 94%
57 Mateur N 775 903 0,28% 94%
58 Jerba Houmt Essouk S 765 950 0,27% 94%
59 Douz S 725 230 0,26% 95%
60 Boussalem N 704 832 0,25% 95%
Tableau BRLi – source : rapports annuels ONAS 2017

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

Tableau 4-2 :Classement des STEP par valeur décroissante du volume d’eaux usées traitées réutilisé

Usages (m3)
volume d'EUT
Alimentation
Part Ratio REU Irrigation réutilisée
Grande Part du Total Volume d'EUT Irrigation Irrigation Recharge lagune dans
Numero STEP Nom de la STEP Volume REUT (m3) cumulée du réutilisées / Espaces dont l'usage
Région national produit (m3) agricole Golfs Nappe un but de
Total national REUT produites verts n'a pu être
sauvegarde
renseigné
1 Choutrana I GT 4 632 750 21,06% 21% 41 788 607 11,1% 4 632 750 0
83 Sousse Nord I C 2 196 000 9,98% 31% 10 426 761 21,1% 2 196 000 0
90 Gafsa S 1 945 020 8,84% 40% 3 064 955 63,5% 1 945 020 0
12 Charguia GT 1 568 000 7,13% 47% 12 849 374 12,2% V? 630 000 V? 938 000
108 Sfax sud S 1 297 455 5,90% 53% 14 768 882 8,8% 1 297 455 0
73 Sahline C 1 275 600 5,80% 59% 2 119 063 60,2% 1 275 600 0
46 SE4 Nabeul N 1 137 740 5,17% 64% 6 434 192 17,7% 1 137 740 0
29 Tabarka N 995 999 4,53% 68% 995 999 100,0% 995 999 0
87 Gabès S 916 000 4,16% 73% 3 744 851 24,5% 916 000 0
58 Kairouan 2 C 750 593 3,41% 76% 5 723 347 13,1% 750 593 0
45 SE3 Nabeul N 706 100 3,21% 79% 1 808 467 39,0% 706 100 0
44 SE1 Hammamet N 585 926 2,66% 82% 585 926 100,0% 585 926 0
97 Jerba Sidi Mehrez S 438 697 1,99% 84% 487 439 90,0% 438 697 0
50 Kasserine C 436 127 1,98% 86% 3 063 752 14,2% 436 127 0
84 Sousse Sud C 424 950 1,93% 88% 9 311 126 4,6% 424 950 0
72 Ouardanine C 419 072 1,91% 90% 594 042 70,5% 419 072 0
71 Monastir Frina C 371 800 1,69% 91% 3 902 157 9,5% 371 800 0
40 Korba N 288 000 1,31% 93% 2 668 668 10,8% 288 000 oui. V ? 0
61 Sbeitla C 282 523 1,28% 94% 1 323 516 21,3% 282 523 0
7 Sud Meliane II GT 244 036 1,11% 95% 12 201 807 2,0% V? 244 036
94 Jerba Aghir S 110 064 0,50% 96% 2 564 484 4,3% 110 064 0
9 Mornaguia GT 107 730 0,49% 96% 1 557 945 6,9% V? 107 730
74 Sayada C 102 656 0,47% 97% 2 193 420 4,7% 102 656 0
109 Tataouine S 78 650 0,36% 97% 2 373 788 3,3% 78 650 0
103 El Hamma S 76 000 0,35% 97% 1 966 244 3,9% 76 000 0
98 Medenine S 60 000 0,27% 98% 1 798 358 3,3% 60 000 0
20 Bizerte N 56 675 0,26% 98% 6 155 945 0,9% 56 675 0
39 Kélibia N 48 000 0,22% 98% 2 592 581 1,9% 48 000 0
81 Msaken C 47 879 0,22% 98% 2 360 626 2,0% 47 879 0
93 Kébili S 31 718 0,14% 98% 911 812 3,5% 31 718 0
88 Mareth‐Zarrat S 28 215 0,13% 98% 469 750 6,0% 28 215 0
51 Siliana N 26 150 0,12% 99% 838 355 3,1% V? 26 150 0
111 Tozeur S 25 660 0,12% 99% 1 960 739 1,3% 25 660 0
106 Mahrès S 24 400 0,11% 99% 571 220 4,3% 24 400 0
3 Kalaat El Andalous GT 22 300 0,10% 99% 547 744 4,1% 22 000 300
31 Kef N 22 000 0,10% 99% 1 892 140 1,2% 22 000 0
44 92 Douz S 20 360 0,09% 99% 725 230 2,8% 20 360 0
86 El Fahs N 19 641 0,09% 99% 473 450 4,1% 19 641 0
89 Metouia‐Ouidhref S 19 344 0,09% 99% 658 650 2,9% 19 344 0
19 Aousja N 16 221 0,07% 99% 1 868 170 0,9% 16 221 0
5 Mornag GT 15 622 0,07% 99% 824 604 1,9% 15 622 0
32 Sers N 15 129 0,07% 100% 126 509 12,0% 15 129 0
8 Jedaida GT 12 443 0,06% 100% 933 589 1,3% 12 443 0
28 Jendouba N 11 804 0,05% 100% 1 683 979 0,7% 11 804 0
66 Mahdia C 8 880 0,04% 100% 4 358 463 0,2% 8 880 0
91 Metlaoui S 8 577 0,04% 100% 558 798 1,5% 8 577 0
35 El Hancha S 8 039 0,04% 100% 147 340 5,5% 8 039 0
55 Bouhajla C 7 230 0,03% 100% 143 927 5,0% 7 230 0
56 Haffouz C 6 700 0,03% 100% 95 804 7,0% V? 6 700
57 Hajeb El Youn C 6 670 0,03% 100% 274 675 2,4% V? 6 670
38 Hammamet Sud N 6 500 0,03% 100% 5 491 198 0,1% 6 500 0
30 Jerissa N 6 484 0,03% 100% 54 512 11,9% 6 484 0
14 Béjà N 6 256 0,03% 100% 1 901 178 0,3% 6 256 0
67 Beni Hassen C 2 505 0,01% 100% 373 472 0,7% 2 505 0
65 Ksour Essef C 2 399 0,01% 100% 556 366 0,4% 2 399 0
79 Enfidha hergla C 2 373 0,01% 100% 1 278 219 0,2% 2 373 0
110 Nefta S 2 220 0,01% 100% 830 205 0,3% 2 220 0
59 Oueslatia C 1 590 0,01% 100% 307 818 0,5% V? 1 590
24 Boussalem N 1 530 0,01% 100% 704 832 0,2% oui. V ? 1 530
102 Aguereb S 1 470 0,01% 100% 223 068 0,7% 1 470 0
26 Ghardimaou N 1 442 0,01% 100% 542 956 0,3% oui. V ? 1 442
63 Chebba C 782 0,004% 100% 486 662 0,2% V? 782
50 Gaafour N 403 0,002% 100% 186 137 0,2% oui. V ? 403
62 Boumerdes C 40 0,0002% 100% 141 162 0,0% V? 40
104 Jbneina S 18 0,0001% 100% 170 660 0,0% 18 0
TOTAL 21 993 000 1,5% 194 739 715 13% 13 491 000 6 494 000 411 000 288 000 1 309 000
Tableau BRLi – source : rapports annuels ONAS 2017, informations sur les périmètres irrigués à partir des EUT, campagne 2017 DGGREE

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

Les éléments présentés ci-avant seront détaillés en Phase 2. Cette phase traitera en particulier de la
question de la concentration d’une part importante de la production des EUT sur quelques sites et de
l’éloignement de plusieurs de ces sites avec des zones potentielles de réutilisation, du moins en
ce qui concerne la réutilisation agricole.

EVOLUTION AU COURS DE L’ANNEE DE LA PRODUCTION DES EAUX USEES TRAITEES ET DE


LEUR REUTILISATION

Figure 4-5 : Volumes d’eaux usées traitées produits et réutilisés dans les différentes grandes régions (2017) (m3/mois)

45

Graphes BRLi - Source : ONAS (Rapports annuels 2017)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

Les graphes ci-avant indiquent une relative stabilité de la production d’EUT au cours de l’année, avec
toutefois un pic estival pour les régions Nord et Centre.

Concernant la réutilisation, les situations sont très différentes entre


 d’une part les régions du Nord et le Grand Tunis où on note un important pic estival (période de
mai à septembre), qui correspond aux besoins pour les usages agricoles et golfs.
 Et d’autre part les régions du Centre et du Sud pour lesquelles l’usage est plus homogène sur
l’année, avec, pour l’agriculture, des besoins plus réguliers tout au long de l’année, étant donné
la faiblesse des précipitations.

4.2 MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS


Les données disponibles à l’échelle mondiale sur les volumes d’eaux traitées et leur réutilisation sont
assez hétérogènes en fonction des pays et ne sont pas toujours récentes. Un inventaire a été mené par
Jiménez et Asano en 2008 dans leur ouvrage « Water Reuse : An international survey of current
practice, issues and needs ». Plus récemment, le World Water Development Report (WWDR) de 2017
des Nations Unies a été consacré aux eaux usées. Les chiffres de ce chapitre sont tirés de ces
publications.

Il est estimé qu’environ 4 000 milliards de m3 d’eau douce sont prélevés chaque année dans le monde,
sachant que l’agriculture est le plus grand consommateur (70 %). Parmi ces prélèvements, 56 % ne
sont pas consommés : il s’agit soit de drainage agricole (38 %), soit d’eaux usées municipales (8 %) ou
industrielles (16 %). Les eaux usées municipales représentent un potentiel de 330 milliards de m3/an
réutilisables. Cependant, on estime globalement que 80 % de ces eaux sont rejetées dans
l’environnement sans traitement et que 2% sont réutilisées, soit 6,6 milliards de m3/an (avec ou sans
traitement) (UN WATER, 2017). Le gisement d’eaux usées à exploiter au niveau mondial reste donc
important.

46 La carte ci-dessous reprend les régions du monde où la réutilisation des eaux usées traités est la plus
importante. D’autres pays réutilisent aussi un volume important d’eaux usées mais sans traitement
(Chine, Inde, Pakistan, Ghana, Vietnam, etc.).

Figure 4-6 : Carte des principales zones de réutilisation des eaux usées traitées dans le monde

Source : Carte BRLi, d’après WWDR, 2017 et Jiménez et al, 2008

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4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

Le graphique ci-dessous compare les volumes d’eaux usées traitées produits et réutilisés pour la
Tunisie et pour les principaux pays concernés par la filière REUT au niveau mondial.

Source : Graphe BRLi, WWDR 2017 & FAO, base de données Aquastat

Les grands pays producteurs d’EUT comme les Etats Unis ou la Chine réutilisent qu’une petite partie
du volume produit (3,8 et 1 %). Cependant, pour les Etats Unis, cela représente tout de même un volume
de 2,3 milliards de m3/an. En Californie et en Floride, près de 45 % des eaux réutilisées le sont pour
l’irrigation agricole. Des usages récréationnels de type golfs ou espaces verts sont aussi en train de se
développer. Pour la Chine, ce serait près de 1,3 millions d’ha irrigués avec des eaux usées, mais les
eaux usées brutes sont encore beaucoup utilisées.

En Europe, les pays les plus concernés sont les pays méditerranéens comme l’Espagne, l’Italie, la
Grèce ou encore Chypre. La réutilisation principale est l’agriculture, à hauteur de 75 % des volumes
traités pour l’Espagne et 95 % pour la Grèce. D’autres pays comme le Royaume Uni, les Pays Bas ou
la Belgique ont développé les usages industriels et environnementaux, à petite échelle pour l’instant.
47
Au Moyen Orient et en Afrique de Nord, la REUT est bien développée à l’instar du volume traité (23 %).
51 % est utilisé pour l’irrigation agricole. En Israël, 90 % des eaux usées sont traitées et 71 % de ce
volume est réutilisé dans l’agriculture, ce qui a permis de tripler la Superficie Agricole Utile (SAU) du
pays. Les EUT représentent 10 % des ressources nationales en eau et 20 % des besoins pour l’irrigation
agricole. Quant à la Jordanie, le pays réutilise 87 % de ses EUT et 90 % de ce volume est utilisé pour
l’irrigation agricole.

Le Japon, quant à lui, a développé sa stratégie vers des usages autres que l’agriculture qui ne
représente que 7 % de la réutilisation. Les efforts sont mis sur des usages environnementaux
(conservation de milieux aquatiques) et récréationnels. 3 % sont aussi utilisés pour des usages urbains
(chasses d’eau) et 1 % pour l’industrie (United Nations University, 2013).

La REUT pour un usage direct ou indirect pour l’eau potable reste marginale. Il existe cependant
quelques exemples réussis de ce type de réutilisation dans le monde, comme en Namibie dans la ville
de Windhoek (35 % des EUT destinées à l’eau potable) et Singapour avec le programme Newater.

Les motivations pour le développement de la REUT sont tout d’abord le manque de ressource en eau,
d’où l’attrait des pays du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord pour cette filière. Ensuite viennent des
considérations plus environnementales pour protéger les milieux récepteurs des STEP et conserver les
ressources conventionnelles (UN WATER, 2017).

L’irrigation agricole reste aujourd’hui de loin l’usage le plus courant et représente 32 % des EUT
réutilisées. L’agriculture représente 70 % des prélèvements en eau à l’échelle mondiale (United Nations
University, 2013), les besoins en eau non conventionnelles sont donc naturellement importants. De
plus, les qualités fertilisantes des EUT sont valorisées dans cet usage.

Le graphique ci-dessous donne l’importance de chaque usage de la REUT au niveau mondial et permet
de comparer la Tunisie avec les usages développés dans des pays où la donnée est disponible.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
4. LES GRANDS CHIFFRES DE LA REUT EN TUNISIE EN 2019 ET MISE EN PERSPECTIVE AVEC D’AUTRES PAYS

Figure 4-7 : Part des différents usages de la REUT dans le monde et zoom sur quelques pays

Source : Graphe BRLi, WWDR 2017

Les usages possibles de la REUT sont très diversifiés comme on peut le constater en regardant les
types de réutilisation au niveau mondial. La Tunisie a quant à elle misée jusqu’à maintenant sur l’usage
agricole et les golfs.

48

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE


Objectifs du Chapitre
Le premier diagnostic réalisé dans ce rapport concerne le cadre juridique et réglementaire de la REUT
en Tunisie. C’est en effet autour de ce cadre que s’articulent plusieurs éléments des diagnostics
suivants, comme les traitements mis en œuvre pour répondre aux exigences réglementaires ainsi que
les exigences pour les différents usages.
Dans un premier temps, le chapitre revient sur la réglementation régissant la gestion de l’eau de manière
globale en Tunisie puis il se concentre plus particulièrement sur l’assainissement et la REUT. L’objectif
du chapitre est ainsi d’avoir une vision exhaustive des textes juridiques et réglementaires sur la REUT
pour comprendre dans quel cadre évolue la filière et estimer les possibles manques.
De plus, ce chapitre décrit l’approche proposée par l’OMS et ses recommandations pour l’élaboration
des normes nationales, puis détaille, dans une perspective de benchmarking, le cadre réglementaire de
six pays : des pays européens (France, Espagne et Grèce), des pays méditerranéens dont le contexte
de rareté de l’eau se rapproche de celui de la Tunisie (Jordanie, Algérie et Israël) et un pays utilisant
des technologies de pointe pour le traitement des eaux usées (Etats Unis).

5.1 DESCRIPTION SYNTHETIQUE DU CADRE REGLEMENTAIRE DE LA GESTION DE L’EAU


EN TUNISIE
L’accès à l’eau est consacré par la constitution Tunisienne qui stipule, dans son article 45, « Le droit
à l’eau est garanti ». Ainsi, la conservation de l’eau et la rationalisation de son exploitation est un devoir
de l’Etat et de la société ». Néanmoins, il convient de noter que le terme « eau » est dépourvu de
définition juridique dans le dispositif juridique national. En revanche, le code des eaux promulgué par
la loi n° 75-16 du 31 mars 1975 institue, dans son article premier, la notion juridique de Domaine
publique hydraulique (DPH)3 comme englobant la ressource hydraulique et son contenant physique. 49
Le DPH est géré par le ministre de l’agriculture4 qui est assisté par le Conseil national de l’eau et la
Commission du DPH.

L’EAU : UN MOYEN DE PRODUCTION AGRICOLE A MOBILISER


En tant que gestionnaire du DPH, l’intervention du ministre de l’agriculture a un caractère décisionnel.
A ce titre, il octroie des autorisations, des concessions ou même des interdictions motivées concernant
l’exploration ou l’utilisation du DPH. Ces attributions sont fixées par le décret n° 2001-419 du 13 février
20015. Le Ministre de l’agriculture « …a pour mission d’exécuter la politique de l’Etat dans le domaine
agricole et de la pêche, de veiller à la promotion de ce secteur et de favoriser la création d’un climat
favorable pour le développement. »6. Pour cela, le ministre de l’agriculture est chargé d’assurer « la
mobilisation de toutes les ressources naturelles disponibles… » 7 . Il en découle que l’eau est
appréhendée comme un des éléments composant un système productif, ce qui explique que la
conservation de cette ressource est liée à la conservation et au développement des ressources
forestières, des sols et des terres agricoles8.

3 Constitué par Les cours d'eau de toutes sortes et les terrains compris dans leurs francs bords,
- Les retenues établies sur les cours d'eau,
- Les sources de toutes natures.
- Les nappes d'eau souterraines de toute sorte,
- Les lacs et Sebkhas,
- Les aqueducs, puits et abreuvoirs à usage du public ainsi que leurs dépendances,
- Les canaux de navigation, d'irrigation ou d'assainissement exécutés par l'Etat ou pour son compte dans un but d'utilité
publique ainsi que les terrains qui sont compris dans leurs francs bords et leurs dépendances.
4 Code des eaux, art. 4 : « le DPH est administré par le ministre de l’agriculture sauf dérogation prise par décret … »
5 Ibid.
6 Ibid., art. Premier, paragraphe premier
7 Ibid., art. Premier, paragraphe 2
8 Décret n° 2001-419 du 13 février 2001, fixant les attributions du MARHP, JORT n° 15 du 20 février 2001, page 311, art.
Premier paragraphe 7)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Dans ce cadre, c’est le MARHP qui élabore « des plans et programmes de mobilisation des
ressources en eau et leur utilisation pour les besoins du pays et le développement des ressources
hydrauliques non conventionnelles et l’économie de l’eau »9.

L’eau : une richesse nationale à conserver


La modification du code des eaux en 2001 par la loi n° 2001-116 du 26 novembre 2001, introduit la
notion de préservation de la ressource. Ainsi, l’article 86 (nouveau) définit l’eau comme « …une
richesse nationale qui doit être développée, protégée et utilisée d’une manière garantissant la
durabilité de la satisfaction de tous les besoins des citoyens et des secteurs économiques… ».

La préservation quantitative de la ressource repose sur le principe d’économie de l’eau10, principe


clef des « Effets utiles de l’eau » objet du Chapitre VI du code des eaux11. Avec la modification du code
des eaux par la loi de 2001, l’économie de l’eau revêt une dimension d’intérêt national. Elle est
« considérée comme l’un des moyens les plus importants permettant le développement, la préservation
et la rationalisation de l’utilisation des ressources hydrauliques » 12 . A cet effet, les travaux visant
l’augmentation de la disponibilité des ressources en eau grâce à l’exploitation des ressources
non conventionnelles sont considérés comme des travaux de développement des ressources
hydrauliques et sont déclarés d’utilité publique.

L’obligation d’audit hydraulique


« La consommation des eaux est soumise à un diagnostic technique, périodique et obligatoire des
équipements, des travaux et des modes de production liés à l’utilisation des eaux, et ce à partir d’un
seuil fixé par décret pris sur proposition du ministre chargé de l’agriculture.

Le Code des Eaux instaure l’obligation d’un audit hydraulique et son texte d’application13 fixe les seuils
à partir desquels le diagnostic doit être réalisé. Les seuils varient en fonction des usages et sont les
suivants :
 Pour l’usage agricole le seuil de consommation est de 5 millions de m3/an,

50  Pour l’usage domestique d’hygiène, le seuil est de 2 000 m3/an,


 Pour l’usage industriel et de production, le seuil est de 5 000 m3/an14.

Le Code stipule que tout consommateur qui n’effectue pas les diagnostics techniques, périodiques et
obligatoires est puni d’une amende allant de 5 000 à 10 000 dinars15.

Le régime répressif
Selon le code des eaux, la conservation de la ressource est associée aux mesures de police par l’intitulé
du chapitre II du code des eaux : « de la conservation et de la police de l’eau du DPH ».

Ce sont les agents du MARHP qui exercent la fonction de Police de l’eau. Ils y sont dûment habilités
par décret16 et prennent toutes dispositions pour assurer le « libre cours des eaux et pour effectuer toute
opération de contrôle éventuellement nécessaire »17. L’article du décret de 1981 a été modifié en 1998
pour citer la majorité des agents du MARHP habilités à assurer la mission de conservation du DPH.

9 Ibid., art. 2, 5)
10 Ibid. art. 86 tel que modifié par la loi n° 2001-116 du 26 novembre 2001
11 Ibid., les arts. De 86 à 106 bis
12 Ibid., art. 86
13 Décret n° 2002-335 du 14 février 2002 fixant le seuil à partir duquel La consommation des eaux est soumise à un diagnostic
technique, périodique et obligatoire des équipements, des travaux et des modes de production liés à l’utilisation des eaux,
les conditions de désignation des experts, la nature des diagnostics et leur périodicité, JORT n° 17 du 26 février 2002 p.
491
14 Ibid., art. Premier
15 Code des eaux, art. 89, paragraphe premier et dernier
16 Décret n° 81-1818 du 22 décembre 1981 portant désignation des agents chargés de la conservation et de la police du DPH
tel que modifié par le décret n° 98-1707 , JORT n° 72 du 8 septembre 1998, p. 1895
17 Ibidem

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Néanmoins, la modification du décret en 1981 ne cite pas les agents habilités relevant de la santé
publique conformément aux dispositions de l’article 156 du code des eaux ni les agents assermentés
de l’agence nationale de protection de l’environnement (ANPE). Ces derniers sont habilités à constater
les infractions relatives à l’introduction directe ou indirecte d’un polluant, biologique, chimique ou
physique dans l’environnement18, y compris les ressources hydrauliques19.

Evaluation de la police du DPH


Les actions exécutées par la police du DPH consistent à constater « toute infraction aux prescriptions
du présent code ou des décrets et arrêtés pris pour son exécution »20. Les contrevenants « sont punis
d’une amende de 50 à 1 000 dinars et d’un emprisonnement de 6 jours à 6 mois ou de l’une des deux
peines seulement » 21 . Compte tenu de la gravité potentielle des infractions, ces amendes peuvent
parfois sembler non-dissuasives22. Par ailleurs, il faut noter que la peine d’emprisonnement n’est que
rarement appliquée. Ceci s’expliquerait, en partie, par la conscience du législateur de l’importance
primordiale de l’eau comme moyen de production incontournable dans le processus productif agricole.

La gestion des ressources hydrauliques ainsi que la mission de Police de l’eau sont exécutées par le
même ministère, ce qui peut pourrait avoir un impact sur l’efficacité de la police de l’eau.

Système répressif spécifique pour la pollution de l’eau


Les contrevenants aux dispositions de la loi relative à la création de l’Agence Nationale de Protection
de l’Environnement (ANPE), notamment les pollueurs des eaux, sont passibles d’une amende variant
entre 100 dinars et 50 000 dinars selon le degré de gravité de ces infractions 23 . Les ressources
financières de l’ANPE sont constituées notamment par le produit des amendes.

Il est important de noter que l’ANPE est habilitée à transiger avec le pollueur, en fonction de la gravité
de la pollution.

51

18 Loi n° 88-91 du 2 août 1988, JORT n° 52 du 2 août 1988, art. 2, Paragraphe 2 : « on entend par environnement au sens de
la présente loi, le monde physique y compris …les eaux souterraines et de surface… ».
19 Loi n° 88-91 du 2 août 1988 telle que modifiée par la loi n° 92-115 du 30 novembre 1992, JORT n° 81, du 4 décembre
1992, p. 1539 et 1540, art. 8 : « les personnes physiques ou morales et notamment les établissements industriels, agricoles
ou commerciaux qui endommagent l’environnement où dont l’activité cause une pollution de l’environnement par de rejets
solides, liquides ou gazeux ou autres, sont tenus à l’élimination, à la réduction et éventuellement à la récupération des
matières rejetées ainsi qu’à la réparation des dommages qui en résultent.
20 Code des eaux, art. 158
21 Ibidem
22 Caractère dérisoire partiellement rattrapé en cas d’infractions à l’obligation d’effectuer des diagnostiques hydrauliques
conformément à l’art. 89 du code des eaux où l’amende s’élève de 5,000 à 10,000dinars.
23 Idem, lecture croisée des arts. 11 et 2 de la loi n° 88-91 du 2 août 1988 telle que modifiée par la loi n° 92-115 du 30
novembre 1992, JORT n° 81, du 4 décembre 1992 relative à la création de l’ANPE (agence nationale de protection de
l’environnement)

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

5.2 ASSAINISSEMENT ET REUT : RECENSEMENT ET DIAGNOSTIC DES TEXTES


JURIDIQUES ET REGLEMENTAIRES EN LIEN AVEC LA FILIERE
En préalable à cette section, il convient de noter que le terme « réutilisation » des eaux usées traitées
ne constitue pas un terme juridique puisque le terme consacré dans la réglementation est « utilisation ».
En effet, la réglementation considère que l’on « utilise » des eaux usées traitées. Le terme de
« réutilisation » sous-entendrait que les eaux usées traitées produites sont utilisées plusieurs fois. Afin
de garantir l’homogénéité des termes dans ce rapport, le terme de réutilisation sera toutefois employé
dans cette section.

5.2.1 Assainissement et rejets dans l’environnement : types et instruments


juridiques
ASSAINISSEMENT
L’assainissement des eaux usées est l’attribution principale de l’Office National d’Assainissement
(ONAS). La loi n° 93-41 du 19 avril 1993, relative à l’Office National d’Assainissement (ONAS)
attribue à celui-ci la mission de protection de l’environnement hydrique contre toute source de
pollution ainsi que la promotion de la distribution et de la vente des eaux épurées et des boues
provenant des stations d’épuration24.

Les « eaux usées traitées » sont qualifiées par la loi du 19 avril 1993, relative à l’ONAS, par « eaux
épurées ». Il convient de noter que les deux termes ne sont pas juridiquement définis. En revanche, la
notion d’eau usée est définie de la façon suivante : « On entend par les eaux usées au sens large du
terme, les eaux à évacuer des zones bâties, elles proviennent des ménages, des différentes installations
communales ou publiques, de l’artisanat et de l’industrie y compris les eaux de refroidissement ainsi
que les eaux de drainage et de ruissellement urbain »25.
52
Les exigences de traitement vis-à-vis de la protection de l’environnement
Les objectifs de traitement des systèmes collectifs d’assainissement sont fixés dans l’arrêté du 26 mars
2018. Ces objectifs sont déterminés en premier lieu pour protéger l’environnement.

Deux catégories de rejet vers le milieu naturel sont distinguées : rejet dans le domaine « public
maritime » ou rejet dans le domaine « public hydraulique » (en pratique le domaine terrestre). Les
niveaux de rejet ne sont pas les mêmes selon le milieu impacté par le rejet.

C’est la norme 106.02 qui a été longtemps la référence pour évaluer si les stations d’épuration
respectaient les exigences de protection de l’environnement. Ce texte réglementaire diffère de l’arrêté
sur quelques paramètres. La comparaison entre l’arrêté et la norme en ce qui concerne les paramètres
et leurs concentrations est présentée dans le tableau suivant :

24 Loi relative à l’ONAS, art.2


25
Décret n° 85-56 du 2 janvier 1985 25 ,

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Tableau 5-1 : Comparaison entre la norme NT 106.02 et l’arrêté du 26 mars 2018 des limites de qualité fixée
NT 106.02 Arrêté gouvernemental n°2018-315 du 26 mars 2018 Comparaison NT 106.02 et Arrêté n°2018-316
Réseau public Réseau public Domaine publique Réseau public
Paramètres Unité Domaine publique hydraulique Domaine public maritime Domaine publique hydraulique Domaine public maritime Domaine public maritime
d'assainissement d'assainissement hydraulique d'assainissement
pH Entre 6,5 et 8,5 Entre 6,5 et 8,5 Entre 6,5 et 9 Entre 6,5 et 8,5 Entre 6,5 et 8,5 Entre 6,5 et 9 / / /
Conductivité µS/cm 5000 Sans exigence 5000 Pas comparables car pas d'info pour NT 106.02
125 125
DCO mg O2/L 90 90 1000 1000 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < NT 106.03 /
160 (si flux maximal < 15kg/j) 160 (si flux maximal < 15kg/j)
30
30
40 (si flux maximal < 15kg/j)
40 (si flux maximal < 15kg/j)
DBO5 mg O2/L 30 30 400 50 (épuration par lagunage avec flux 400 / / /
50 (épuration par lagunage avec flux
maximal < 15kg/j)
maximal < 15kg/j)
30 30
40 (si flux maximal < 15kg/j) 40 (si flux maximal < 15kg/j)
MES mg/L 30 30 400 400 / / /
50 (épuration par lagunage avec flux 50 (épuration par lagunage avec flux
maximal < 15kg/j) maximal < 15kg/j)
Chlorures mg/L 600 700 700 Sans exigence 700 NT 106.02 < Arrêté 2018 / /
Fluorures mg/L 3 (dissous) 5 (dissous) 3 (dissous) 3 (dissous) 3 (dissous) 3 (dissous) / NT 106.02 > Arrêté 2018 /
Organochlorés mg/L Pas d'infos
Arsenic mg/L 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 Pas d'infos pour NT 106.02 / /
Bore mg/L 2 20 2 2,4 20 2,4 NT 106.02 < Arrêté 2018 / NT 106.02 < Arrêté 2018
Cadmium mg/L 0,005 0,005 0,1 0,01 0,01 0,1 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018 /
Cobalt mg/L 0,1 0,5 0,5 0,1 0,5 0,5 / / /
Chrome total mg/L Pas d'infos
Chrome : Cr6+ mg/L 0,01 0,5 0,5 0,05 0,1 0,5 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 > Arrêté 2018 /
Chrome : Cr3+ mg/L 0,5 2 2 0,5 0,5 1 / NT 106.02 > Arrêté 2018 NT 106.02 > Arrêté 2018
Cuivre mg/L 0,5 1,5 1 2 2 2 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018
Fer mg/L 1 1 5 Pour Arrêté 2018 on a que Al+Fe
Manganèse mg/L 0,5 1 1 1 1 1 NT 106.02 < Arrêté 2018 / /
0,001 (SCP)
Mercure mg/L 0,001 0,01 0,005 0,005 0,01 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018 /
0,01 (INNORPI)
Nickel mg/L 0,2 2 2 0,2 1 1 / NT 106.02 > Arrêté 2018 NT 106.02 > Arrêté 2018
Plomb mg/L 0,1 0,5 1 0,1 0,5 1 / / /
Sélénium mg/L 0,05 0,5 1 0,05 0,5 1 / / /
Zinc mg/L 5 10 5 5 5 5 / NT 106.02 > Arrêté 2018 /
Œufs de nématodes
<1/1000mL <1/1000mL <1/1000mL Pas comparables car pas d'info pour NT 106.02
intestinaux

Température mesurée au
°C < 25 °C < 35 °C < 35 °C < 25 °C < 35 °C < 35 °C / / /
moment du prélèvement

mg/L echelle au
Couleur 70 100 Fixer selon le cas 70 100 Fixer selon le cas / / /
platine Cobalt

Différents car NT 106.02 est


Calcium : Ca mg/L 500 Fixer selon le cas 500 Sans exigence Sans exigence / / fixé selon le cas et Arrêté
2018 sans exigence 53
Magnésium : Mg mg/L 200 2000 300 300 2000 300 / / /
Potassium : K mg/L 50 1000 50 50 1000 50 / / /
500 (INNORPI)
Sodium :Na mg/L Sans exigence 1000 700 Sans exigence 1000 NT 106.02 < Arrêté 2018 / /
300 (SCP)
Sulftate : SO4 mg/L 600 1000 400 600 1000 500 / / NT 106.02 > Arrêté 2018
Sulfures : S mg/L 0,1 2 3 1 2 3 NT 106.02 < Arrêté 2018 / /
mg/L après 2
Matières décantables 0,3 0,3 0,3 0,3 Sans exigence / / /
heures
Azote ammoniacal et
mg/L 1 30 100 5 30 100 NT 106.02 < Arrêté 2018 / /
organique
Nitrates : NO3 mg/L 50 90 90 50 90 90 / / /
Nitrites : NO2 mg/L 0,5 5 10 0,5 5 10 / / /
Phosphore ou Ptot 4 mg/L 0,05 0,1 10 2 2 10 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018 /
Détergents anioniques du
type alkyl mg/L 0,5 2 5 1 2 5 NT 106.02 < Arrêté 2018 / /
Benzène sulfanate (ABS)
Graisses et huiles
mg/L 10 20 30 10 10 30 / NT 106.02 > Arrêté 2018 /
saponifiables
Phénols mg/L 0,002 0,05 1 0,5 0,5 1 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018 /
Hydrocarbures
mg/L 2 10 10 2 10 10 / / /
aliphatiques totaux
Solvant chlorés mg/L 0 0,05 0,1 Pas comparables car pas d'info pour Arrêté 2018
0,05 (INNORPI) Même que SCP mais pas
Bioxyde de chlore : ClO2 mg/L 0,05 0,05 0,2 0,2 0,5 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018
0,5 (SCP) INNORPI
Brome actif Br2 mg/L 0,05 0,1 1 0,2 0,2 1 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018 /
Chlore actif : Cl2 mg Cl2/L 0,05 0,05 1 0,6 0,6 1 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018 /
Aluminium : AL mg/L 5 5 10 Pour Arrêté 2018 on a que Al+Fe
Fer+Aluminium mg/L 5 5 10 Pas comparables car pas d'info pour NT 106.02
Antimoine : Sb mg/L 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,2 / / /
Argent : Ag mg/L 0,05 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 NT 106.02 < Arrêté 2018 / /
Arsenic : As mg/L 0,05 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 NT 106.02 < Arrêté 2018 / /
Baryum : Ba mg/L 0,5 10 10 0,7 10 10 NT 106.02 < Arrêté 2018 / /
Berylium : Be mg/L 0,01 0,05 0,05 Pas comparables car pas d'info pour Arrêté 2018
Cyanures : CN mg/L 0,05 0,05 0,5 0,1 0,1 0,5 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018 /
Etain : Sn mg/L 2 2 2 2 2 2 / / /
Molybdène : Mo mg/L 0,5 5 5 Pas comparables car pas d'info pour Arrêté 2018
Titane : Ti mg/L 0,001 0,001 0,01 1 1 2 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018 NT 106.02 < Arrêté 2018
Composés organiques
mg/L 1 1 1 Pas comparables car pas d'info pour NT 106.02
halogénés (AOX)
Coliformes fécaux Par 100 mL 2000 2000 2000 2000 / / /
Stréptocoques fécaux Par 100 mL 1000 1000 1000 1000 / / /
Salmonelles Par 5 L 0 0 0 0 / / /
Vibrions cholériques Par 5 L 0 0 0 0 / / /

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Le tableau met en évidence qu’il existe quelques différences entre la norme 106.02 et l’arrêté de 2018.
Les différences ne sont pas toujours à l’assouplissement, cela dépend des paramètres. Le niveau
d’exigence sur la DCO a été amoindri dans l’arrêté, passant de 90 à 125 mg/l, cette dernière valeur est
en cohérence avec ce qui se pratique au niveau international, en terme de niveaux de rejet exigés des
ouvrages épuratoires.

De même, des exigences concernant les ETM et les paramètres microbiologiques sont requises alors
qu’elles sont souvent peu présentes dans les réglementations à l’échelle internationale car les procédés
de traitement dans les stations d’épuration sont basés sur les cinétiques de biodégradabilité qui
n’agissent pas sur ces paramètres. Il est considéré que les effluents domestiques et ceux raccordables
au réseau d’assainissement ne contiennent, normalement, pas d’ETM et les rejets sans traitement
microbiologique sont acceptables dans le milieu naturel s’il n’y a pas d’usages sensibles à l’aval.

L’application de la réglementation doit être stricte sur la conformité des raccordements et des rejets au
réseau d’assainissement. Si les effluents raccordés au réseau sont conformes à la réglementation
tunisienne, les possibilités de traitement dans les stations d’épuration sont basées sur l’abattement de
la matière organique, des MES, et éventuellement de l’azote, du phosphore et de certains paramètres
microbiologiques.

DEVERSEMENT DANS LE MILIEU RECEPTEUR


Le déversement dans le milieu récepteur est réglementé par le décret n° 85-56 du 2 janvier 198526.
« Le milieu récepteur » est défini par le décret de 1985 comme étant « le milieu naturel dans lequel
sont déversés les effluents de toute origine 27 ». L’arrêté fixant les valeurs limites des rejets
d’effluents dans le milieu récepteur du 26 mars 2018 précise la définition. Le milieu récepteur est « le
milieu dans lequel on rejette des effluents et qui incluent le domaine public maritime le domaine publique
hydraulique et le réseau d’assainissement ».

En vertu du décret susmentionné, relatif au rejet dans le milieu récepteur, les déversements d’eaux
usées traitées sont soumis à autorisation et les rejets doivent être conformes à des normes de
rejets28. C’est un arrêté du Ministre des Affaires Locales et de l’Environnement (MALE) et du ministre 55
de l’industrie et des petites et moyennes entreprises du 26 mars 2018 qui fixe les valeurs limites des
rejets d’effluents dans le milieu récepteur29. Cet arrêté stipule que les rejets ne doivent pas altérer la
qualité du milieu récepteur, dont les nappes souterraines 30 . Ils ne doivent pas, notamment,
provoquer :
 la formation de la boue,
 turbidité, coloration ou formation de mousse,
 altération du goût et de l’odeur à l’état naturel,
 modification défavorable de la répartition naturelle de la température,
 altération des caractéristiques chimiques du milieu récepteur et modification défavorable de la
qualité et de la répartition des substances nutritives,
 prolifération indésirable d’algues et de plantes aquatiques supérieures,
 formation, nuisible au milieu récepteur, de colonies bactériennes ou de protozoaires31.

26 JORT n° 6 du 22 janvier 1985, p. 110 à 112


27 Milieu marin, milieu aquatique, eaux de surface, eaux souterraine, zones humides, lacs, des cours d’eaux…
28 Décret n° 85-56 du 2 janvier 1985, article 4, article 6 paragraphe 3, articles 12 et 13
29 JORT du 30 mars 2018, N°26, page 822 et suivantes
30 Ibid., art. 3
31 Ibid., art. 5

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

A ce titre « toute exploitation soumise à autorisation32 doit effectuer des contrôles périodiques de ses
rejets et tenir à cet effet un registre où sont consignés la date et les résultats des analyses effectués »33.
Il s’agit d’autocontrôles complétés par un contrôle externe effectué par les agents habilités relevant du
ministère compétent, des visites de recollement et de contrôle pour vérifier l’application des
prescriptions de l’autorisation. Les analyses sont effectuées par l’administration, le cas échéant par des
laboratoires dûment habilités34.

L’article 15, paragraphe premier, du décret relatif au rejet dans le milieu récepteur précise que
l’autorisation de rejet est octroyée au requérant avant la délivrance de l’autorisation du projet.
Par ailleurs, l’autorisation de rejet est accordée par le Ministre habilité à agréer le projet ou à
autoriser l’ouverture ou l’exploitation de l’établissement. Cependant, le ministre habilité à octroyer
l’autorisation de rejet doit au préalable tenir compte de l’avis motivé du ministre de l’agriculture et de la
santé publique et le cas échéant des autres ministres concernés. L’autorisation est valable pour une
durée de trois ans renouvelables après contrôle des rejets effectué par les services du ministère habilité
à octroyer l’autorisation.

ETUDE DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX


Le déversement d’effluents est susceptible d’avoir des impacts non négligeables sur le milieu récepteur.
Ainsi, la réalisation d’études d’impact environnemental est prévue par le décret n° 2005-1991 du 11
juillet 2005[2] : « sont obligatoirement soumises à l’étude d’impact sur l’environnement les unités
énumérées à l’annexe 1 du décret ». L’annexe 1 comprend bien les unités suivantes : « unités de
traitement des eaux usées urbaines », « unités collectives de traitement des eaux usées industrielles »,
« projets de périmètres irrigués par les eaux usées traitées à des fins agricoles ».

On note cependant que les projets de REUT autres qu’agricoles ne sont pas mentionnés dans
ce décret.

UTILISATION DES BOUES D’EPURATION EN TANT QUE SOUS-PRODUITS DES EAUX EPUREES :
UN DISPOSITIF ASSEZ ELABORE
56
Les textes juridiques de référence pour l’utilisation des boues sont très élaborés et sont cités à titre
informatif :
 La norme tunisienne NT106.02 de 2002 portant sur les matières fertilisantes de type Boues des
ouvrages de traitement des eaux usées urbaines.
 L’arrêté conjoint du 29 décembre 2006 du Ministre de l’agriculture et des ressources hydrauliques
et du Ministre de l’environnement et du développement durable portant approbation du cahier
des charges relatif à la fixation des conditions d’utilisation des boues provenant des ouvrages
de traitement des eaux usées dans le domaine agricole et les modalités de gestion par
l’exploitant agricole.
 L’arrêté n°2893 du 18 novembre 2006 du Ministre de l’agriculture et des ressources hydrauliques
portant création d’un Comité national de suivi de l’utilisation des boues en agriculture.
Le décret n°2007-13 du 3 janvier 2007 fixant les conditions et les modalités de gestion des
boues provenant des ouvrages de traitement des eaux usées en vue de leur utilisation dans
le domaine agricole.

32 Il s’agit des établissements classés réglementés par les dispositions du code du travail promulgué par la loi n° 66- 27 du
30 avril 1966 et son décret n° 2006-2687 du 9 octobre 2006 relatif aux procédures d’ouverture et d’exploitation des
établissements dangereux, insalubres et incommodes.
33 Décret n° 85-56 du 2 janvier 1985, article 14
34 Décret n° 85-56 du 2 janvier 1985, article 21
[2] JORT n° 57 du 19 juillet 2005, pages de 1834 à 1836, abroge le décret n°362 -1991 du 13 mars1991

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

5.2.2 La réutilisation des eaux usées traitées : types et instruments juridiques


Les types de réutilisation selon le code des eaux
Conformément à l’article 87 (nouveau) du code des eaux, la réutilisation des eaux usées traitées à des
fins de production et de service est un des moyens de développement des ressources
hydrauliques. Elle peut, également, servir pour « la recharge artificielle de la nappe souterraine »35.

Les eaux usées traitées sont légalement qualifiées de « ressources non conventionnelles servant
au développement des ressources hydrauliques36 ».

La production et l’utilisation des ressources hydrauliques non conventionnelles peut être autorisée
lorsqu’elle répond aux conditions spécifiques de la consommation et de l’utilisation privées ou pour le
compte d’autrui dans une zone industrielle ou touristique intégrée et déterminée :
 Pour les cas d’utilisations privées elle est soumise à un cahier des charges (décret N°2006-2112
du 31 juillet 2006, détaillé ci-dessous),
 Pour le compte d’autrui, elle est soumise à un cahier des charges et un contrat de concession.

La réutilisation des eaux traitées à des fins agricoles


Le décret n° 89-1047 du 28 juillet 1989, fixe les conditions d’utilisation des eaux usées traitées à des
fins agricoles et a été modifié par le décret n° 93-2447 du 13 décembre 1993. Le décret stipule que
l’utilisation des eaux traitées à des fins agricoles doit faire l’objet d’une autorisation du ministre
de l’agriculture, délivrée après accord des ministres de l’environnement et de la santé publique. La
réutilisation ne peut être autorisée qu’après traitement approprié en station d’épuration
conformément aux normes.

Les EUT sont soumises à des analyses physico-chimiques et microbiologiques dont la


fréquence est différenciée selon la composition des échantillons prélevés. Les analyses
effectuées sont à la charge des organismes distributeurs sous le contrôle des ministres de
l’environnement et de la santé publique. 57
Le cahier des charges pour l’utilisation des EUT à des fins agricoles
Un cahier des charges approuvé par arrêté conjoint des ministres de l’agriculture, de
l’environnement et de la santé fixe les obligations et les moyens techniques de l’offre des eaux, les
modalités de leur utilisation, les conditions sanitaires y afférentes et, le cas échéant, la zone de leur
distribution 37 . Une majeure partie des dispositions du Cahier des charges reprend les dispositions
prescrites par le décret n° 89-1047 du 28 juillet 1989.

Les principales conditions disposées par le cahier des charges sont les suivantes :

 Au niveau de la qualité des eaux


- l’obligation d’utiliser des eaux conformes à la NT 106.03 ;
- l’obligation pour les ministères de la santé et de l'environnement et les organismes
distributeurs d'effectuer ou de contrôler les analyses prescrites dans le décret n° 89-1047
du 28 juillet 1989 ;
 Au niveau du stockage et de la distribution des eaux
- l’obligation de protéger les vannes, les bornes et les prises sur les réseaux de distribution
des EUT et d’indiquer avec un écriteau la mention « Eau non potable » ;
 Au niveau de l’utilisation directe des EUT
- l’interdiction d’irriguer avec des EUT moins de deux semaines avant la récolte ;
- l’interdiction de pratiquer le pâturage direct sur les périmètres irrigués avec des EUT ;
- l’obligation de stocker les fourrages avant consommation pour minimiser les risques de
contamination ;
- l’interdiction de consommer ou de vendre les fruits tombés au sol ;

35 Code des eaux , Art. 87 (nouveau) dernier alinéa


36 Code des eaux, Art. 87 (nouveau)
37
Arrêté des ministres de l'agriculture, de l'environnement et de l'aménagement du territoire et de la santé publique du 28
septembre 1995, approuvant le cahier des charges fixant les modalités et les conditions particulières de l'utilisation des
eaux usées traitées à des fins agricoles.

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

- la préconisation de rationnaliser l’utilisation des EUT pour éviter le gaspillage, la stagnation


de l’eau et le développement des gîtes larvaires ;
- en cas d’irrigation par aspersion, l’irrigation doit être réalisée en dehors des heures
d’ouverture au public pour les espaces verts, les parcelles doivent être éloignées d’au
moins 100 m des habitations et des voies de communication publiques et entourées de
rideaux brise-vent pour éviter la propagation des aérosols, l’irrigation par aspersion des
arbres fruitiers est interdite ;
- l’obligation pour l’exploitant d’aviser ses employés en contact direct avec les EUT des
risques pour leur santé et des précautions à prendre (tenue de travail, règles d’hygiène
individuelles, vaccinations à la charge de l’exploitant) ;
- l’obligation d’effectuer un examen médical au moins une fois par an et de donner une liste
nominative des employés aux services sanitaires ;
 Au niveau de la protection des ressources en eau souterraines et de surface
- l’interdiction d’utiliser les puits à l’intérieur des périmètres irrigués avec des EUT pour des
cultures non autorisées à l’irrigation avec des EUT ;
- l’obligation de maintenir une distance de 200 m entre les parcelles irriguées et les cours
d’eau limitrophes.

On peut remarquer le manque de précisions sur certains articles du cahier des charges comme le temps
de stockage du fourrage avant consommation, la définition de la rationalisation de l’utilisation des EUT,
les précautions sanitaires à appliquer (quelle tenue de travail, quelles règles d’hygiènes etc.) ou encore
les actions pour l’éducation sanitaire quoi doivent être réalisées. De plus, l’interdiction est un acte
administratif ou réglementaire pris par une autorité compétente mais, sur ce point, le texte ne précise
pas la forme et l’organe compétent habilité à acter l’interdiction.

La liste des cultures autorisées


La liste des cultures qui peuvent être irriguées par les eaux usées traitées est fixée par arrêté du
ministre de l’agriculture38 après avis des ministres de l’environnement et de la santé publique.

Cette liste concerne les cultures suivantes :


58  Les cultures industrielles dont le coton, le tabac, le lin, le jojoba, le ricin et le carthame,
 Les cultures céréalières dont le blé, l'orge, le triticale et l'avoine,
 Les cultures fourragères dont le bersim, le maïs et le sorgho fourragers et la vesce,
 Les arbres fruitiers dont les dattiers, les agrumes et les vignes à condition qu'ils ne soient pas
irrigués par aspersion,
 Les arbustes fourragers dont l'acacia et l'atriplex,
 Les arbres forestiers,
 Les plantes florales à sécher ou à usage industriel dont le rosier, l'iris, le jasmin, la marjolaine et
le romarin.
Les cultures irriguées par les EUT doivent faire l’objet d’un contrôle biologique et physico-
chimique par le ministère de la santé publique. Celui-ci doit ordonner toute « mesure utile » en
vue de sauvegarder la santé du personnel affecté à l’irrigation au même titre que le
consommateur. On peut noter le manque de précisions sur la détermination des « mesures
utiles » obligatoirement prises par le ministre de la santé.

38
Arrêté du ministre de l'agriculture du 21 juin 1994, fixant la liste des cultures qui peuvent être irriguées par les eaux usées
traitées, JORT du 5 juillet 1994, n° 52 page 1119

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Le cahier des charges relatif à la production et à l’utilisation de l’eau provenant des ressources hydrauliques
non conventionnelles
Le décret N°2006-2112 du 31 juillet 2006 porte approbation de ce cahier des charges. Il concerne les
ressources hydrauliques non conventionnelles, c’est-à-dire les EUT mais aussi les eaux saumâtres et
l’eau de mer dessalées. Il donne quelques indications pour les industriels, hôtels ou autres privés qui
souhaiteraient produire et réutiliser ces eaux (recyclage des EUT par exemple). Les éléments principaux
contenus par ce cahier des charges sont les suivants :
 Toute personne physique ou morale peut produire ou utiliser ces ressources à condition qu’elle
soit dans une zone touristique ou industrielle déterminée.
 La procédure administrative à suivre pour mettre en place une unité de production de ces eaux
est détaillée. Le futur producteur doit notamment déposer un dossier auprès de la DGGREE.
 Les eaux produites doivent être conformes aux normes tunisiennes ainsi que les équipements
utilisés.
 Les eaux brutes et les eaux produites doivent être suivies par le producteur et contrôlées par le
ministère de la santé.
 Un rapport annuel indiquant tous les éléments sur le fonctionnement technique de l’unité de
production doit être transmis à la DGGREE et à la DHMPE.

Ce cahier des charges donne peu de précisions sur les mesures que doit mettre en place le
producteur/utilisateur des eaux non conventionnelles pour limiter les risques sanitaires et
environnementaux (vaccinations des employés, équipements à porter, mesures de sensibilisation, etc.).
Un cahier des charges spécifique à la REUT pour les usages industriels et touristiques mériterait d’être
développé afin de mieux guider les usagers et les encourager à utiliser ces ressources hydrauliques.

Les exigences de traitement et de contrôle pour la REUT : la NT 106.03


La qualité des eaux usées traitées ainsi que la fréquence des analyses physico-chimiques et
microbiologiques doivent suivre les prescriptions inscrites dans la norme NT 106.03. Cette norme a été
élaborée en 1989 sur la base de recommandations formulées par l’Organisation mondiale de la Santé 59
(OMS) :
 1973 : Recommandations concernant l’utilisation des eaux usées en agriculture et en aquaculture
sous le titre « La réutilisation des effluents : méthodes de traitement des eaux usées et mesures
de protection sanitaire » (OMS, 1973)
 1989 : actualisation des recommandations de 1973 dans le « Guide pour l’utilisation sans risque
des eaux résiduaires et des excrétas en agriculture et aquaculture – Mesures pour la protection
de la santé publique » (OMS, publié en 1991).

La NT 106.03 a fait l’objet d’une étude pour sa révision en 2008 (réalisée par le Ministère chargé de
l’environnement). Elle est actuellement en cours de révision par le MARHP (DGGREE). Cette révision
pourra notamment s’appuyer sur les nouvelles directives de l’OMS pour « l’utilisation sans risque des
eaux usées, des excrétas et des eaux ménagères » (OMS, 2012).

Contenu de la NT 106.03
La norme NT 106.03 reprend partiellement les paramètres de la norme NT 106.02, notamment au
niveau des matières organiques (DCO, DBO5 et MES), des éléments métalliques et autres éléments
toxiques (organochlorés, hydrocarbures, etc.).

Au niveau des paramètres microbiologiques qui sont en relation directe avec le risque sanitaire,
on note une certaine incohérence entre les deux normes. En effet, la norme NT 106.03 n’est
exigeante que sur le paramètre « œufs de nématodes intestinaux ». Ce paramètre n’est pas inscrit dans
la norme NT 106.02 qui a par contre des exigences sur 4 paramètres microbiologiques : coliformes
fécaux, streptocoques fécaux, salmonelles et vibrions cholériques.

Le tableau suivant compare les exigences en terme de fréquences de contrôle de la norme NT 106.03
et celles du décret gouvernemental n°2018-35 (26 mars 2018)

(NB : il n’existe pas d’exigences sur ce point au niveau de la norme NT 106.02)

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

De manière générale, les mêmes demandes en termes de fréquence d’analyses sont exigées pour les
matières organiques et les paramètres physico-chimiques.

Pour les autres paramètres, le décret augmente la fréquence passant d’une fois par semestre à une
fois par trimestre et ne donne pas d’indications sur certains paramètres exigés, ce qui présente
une certaine limite à la portée des exigences concernant la qualité de l’effluent rejeté.

60

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Tableau 5-2 : Comparaison des fréquences d’analyses fixées par la NT 106.03 et le l’arrêté n°2018-35 (26 mars 2018)
Arrêté gouvernemental n°2018-315 du 26 mars
Sources infos NT 106.03
2018 Comparaison NT 106.03 et Arrêté n°2018-
315
Paramètres Unité Fréquence d'analyses Fréquence d'analyses

pH 1x/mois 1x/mois /
Conductivité µS/cm 1x/mois 1x/mois /
DCO mg O2/L 1x/mois 1x/mois /
DBO5 mg O2/L 1x/mois 1x/mois /
MES mg/L 1x/mois 1x/mois /
Chlorures mg/L 1x/mois 1x/mois /
Fluorures mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Organochlorés mg/L 1x/semestre Non renseigné Non renseigné pour Arrêté 2018
Arsenic mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Bore mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Cadmium mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Cobalt mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Chrome total mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Chrome : Cr6+ mg/L Non renseigné 1x/trimestre Non renseigné pour NT 106.03
Chrome : Cr3+ mg/L Non renseigné 1x/trimestre Non renseigné pour NT 106.03
Cuivre mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Fer mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Manganèse mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Mercure mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Nickel mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Plomb mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Sélénium mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Zinc mg/L 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Œufs de nématodes intestinaux Non renseigné 1x/mois Non renseigné pour NT 106.03
Température mesurée au moment
°C Non renseigné Non renseigné Non renseigné
du prélèvement
mg/L echelle au
Couleur Non renseigné Non renseigné Non renseigné
platine Cobalt
Calcium : Ca mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Magnésium : Mg mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Potassium : K mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Sodium :Na mg/L 1x/mois 1x/mois /
Sulftate : SO4 mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Sulfures : S mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
mg/L après 2
Matières décantables
Azote ammoniacal et organique
heures
mg/L
Non renseigné
Non renseigné
Non renseigné
1x/mois
Non renseigné
Non renseigné pour NT 106.03
61
Nitrates : NO3 mg/L Non renseigné 1x/mois Non renseigné pour NT 106.03
Nitrites : NO2 mg/L Non renseigné 1x/mois Non renseigné pour NT 106.03
Phosphore ou Ptot 4 mg/L Non renseigné 1x/mois Non renseigné pour NT 106.03

Détergents anioniques du type alkyl


mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Benzène sulfanate (ABS)

Graisses et huiles saponifiables mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Phénols mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Hydrocarbures aliphatiques totaux mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Solvant chlorés mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Bioxyde de chlore : ClO2 mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Brome : Br mg/L Non renseigné 1x/trimestre Non renseigné pour NT 106.03
Chlore : Cl mg Cl2/L 1x/mois 1x/mois /
Aluminium : AL mg/L Non renseigné 1x/trimestre Non renseigné pour NT 106.03
Fer+Aluminium mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Antimoine : Sb mg/L Non renseigné 1x/trimestre Non renseigné pour NT 106.03
Argent : Ag mg/L Non renseigné 1x/trimestre Non renseigné pour NT 106.03
Arsenic : As mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Baryum : Ba mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Berylium : Be mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Cyanures : CN mg/L Non renseigné 1x/trimestre Non renseigné pour NT 106.03
Etain : Sn mg/L Non renseigné 1x/trimestre Non renseigné pour NT 106.03
Molybdène : Mo mg/L Non renseigné Non renseigné Non renseigné
Ammonium : NH4+ 1x/mois 1x/mois /
Argon : Ar 1x/semestre 1x/trimestre NT 106.03 < Arrêté 2018
Titane : Ti mg/L Non renseigné 1x/trimestre Non renseigné pour NT 106.03
Composés organiques halogénés
mg/L Non renseigné 1x/trimestre Non renseigné pour NT 106.03
(AOX)
Coliformes fécaux Par 100 mL Non renseigné 1x/mois Non renseigné pour NT 106.03
Stréptocoques fécaux Par 100 mL Non renseigné 1x/mois Non renseigné pour NT 106.03
Salmonelles Par 5 L Non renseigné 1x/mois Non renseigné pour NT 106.03
Œufs d'helminthes 1x/15j 1x/mois NT 106.03 < Arrêté 2018
Vibrions cholériques Par 5 L Non renseigné 1x/mois Non renseigné pour NT 106.03

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Circulaire n°41 et 42 de création de deux comités nationaux et régionaux pour la réutilisation des eaux
usées traitées
Ces deux circulaires ont été publiées en mars 2018. L’objectif est la création d’un comité au niveau
national et de comités au niveau régional afin d’élaborer un plan d’action à court terme visant la
promotion de la REUT dans les différents domaines possibles d’usages. Pour le domaine agricole, un
programme d’interventions urgentes pour développer la réutilisation agricole des EUT a été élaboré.
L’objectif est d’étendre des périmètres irrigués utilisant des EUT existant et de créer de nouvelles petites
zones irriguées afin d’augmenter de 7 millions de m3 la consommation en EUT du domaine agricole au
cours de l’année 2019 et 2020.

5.3 RECOMMANDATIONS DE L’OMS POUR L’ELABORATION DES REGLEMENTATIONS


NATIONALES ET MISE EN REGARD D’AUTRES REGLEMENTATIONS NATIONALES

5.3.1 Recommandations de l’OMS pour l’élaboration de réglementations


nationales
Les directives de l’OMS pour l’utilisation sans risque des eaux usées, des excréta et des eaux
ménagères (édition 2006) recommandent la prise en compte des éléments suivants pour l’élaboration
des réglementations nationales concernant la réutilisation des eaux usées traitées :
 L’identification des dangers liés à la réutilisation des eaux usées traitées ;
 La production d’éléments factuels concernant les risques sanitaires et l’efficacité des mesures
de protection sanitaire pouvant permettre de les gérer ;
 La fixation d’objectifs liés à la santé pour gérer les risques sanitaires ;

62  La mise en œuvre de mesures de protection sanitaire pour réaliser les objectifs liés à la santé ;
 L’évaluation et la surveillance du système.

Cette approche pragmatique propose la définition d’objectifs liés à la santé et à l’évaluation des
risques sanitaires consécutifs à la réutilisation des eaux usées. Elle diffère d’une approche
normative basée uniquement sur des seuils à respecter. Ainsi, les objectifs ne sont pas pris comme des
valeurs absolues, mais plus exactement comme des objectifs à atteindre à court, moyen et long terme,
selon les capacités techniques du pays et ses conditions institutionnelles et économiques. Selon cette
approche, on peut noter les points suivants :
 L’évaluation quantitative des risques microbiens (QMRA) est réalisée en prenant en compte la
transmission des infections résultant de diverses expositions pour les consommateurs des
produits issus de la REUT, les travailleurs agricoles et leurs familles et la population proche des
zones de réutilisation et ce pour différents dangers et différentes expositions.
 Les mesures de protection sanitaire applicables pour atteindre l’objectif lié à la santé d’un fardeau
tolérable de maladie sont définies pour différentes combinaisons de pratiques culturales et du
niveau de traitement pour la réduction de la charge biologique comme indiqué sur le schéma
suivant :
 En ce qui concerne les dangers chimiques, des concentrations maximales tolérables dans le sol
pour divers produits chimiques toxiques sont fixées sur la base de l’évaluation des risques
sanitaires ayant pour objectif la protection de la santé humaine.

Cette approche, basée sur le principe de l’analyse des risques, semble cohérente pour définir
des exigences sanitaires pour différents usages, selon le contexte local, et en fonction des
technologies de traitement disponibles/utilisés.

L’approche de l’OMS diffère du droit tunisien qui fixe une norme pour la réutilisation, la
NT 106.03, uniquement pour l’usage agricole, et sans différenciation en fonction des différents
types de culture.

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

5.3.2 Exemples de contextes réglementaires de d’autres pays pratiquant la REUT


Les paragraphes ci-dessous présentent les contextes réglementaires dans quelques pays à travers le
monde.

Selon le contexte réglementaire local, la réutilisation des eaux usées connaît un développement inégal
à l’échelle mondiale.

Dans ce chapitre, il sera présenté les cadres réglementaires dans des pays où il existe des projets de
REUT.

Les pays étudiés ont été sélectionnés sur la base de :


 l’accessibilité des informations,
 du nombre de projets de REUT connus,
 de leur possibilité en matière de développement pour la REUT,
 de leur proximité avec le contexte tunisien.

Ainsi, les pays qui font l’objet d’un développement sont :


 des pays européens : la France, l’Espagne, la Grèce,
 des pays du pourtour méditerranéen (hors Europe) : la Jordanie, l’Algérie et Israël,
 un pays très avancé en termes de technologie de traitement : les Etats Unis.

Ces pays développent des projets de REUT dans des cadres réglementaires spécifiques (développées
dans les paragraphes suivants) et sont à mettre en corrélation avec ce qui existe actuellement en
Tunisie ou ce qui serait applicable dans le contexte tunisien.

Cette comparaison est développée à la suite

63
5.3.2.1 Contextes réglementaires de pays européens
A l’échelle européenne, il n’existe pas actuellement de réglementation, spécifique à la REUT même si
la législation européenne vise à envisager le recyclage mais reste assez floue sur la pratique des EUT :
« les eaux usées traitées sont réutilisées lorsque cela se révèle approprié » (Article 12 de la
directive ERU 91/271/CEE) ». Cependant, des avancées récentes sont à noter : en juin 2019, le Conseil
des ministres européens de l’environnement a adopté un projet de règlement relatif aux exigences
minimales requises pour la réutilisation de l'eau, avec pour objectif de faciliter l’utilisation d’eaux
urbaines résiduaires à des fins d’irrigation agricole. Le texte fixe comme principe premier celui du
volontariat. Seuls les Etats membres ayant l’intention de réutiliser leurs eaux usées devront adapter leur
législation.

Le projet de règlement définit, cependant, des exigences minimales requises pour la réutilisation de
l'eau, selon les classes de qualité.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Tableau 5-3 : Classes de qualité en fonction des usages et des méthodes d’irrigation

64

A ce jour, seuls 6 pays de l’Union Européenne ont une réglementation sur les EUT : la France,
l’Espagne, la Grèce, l’Italie, Chypre et le Portugal (Deloitte, 2019).

En Europe, les pratiques de réutilisation des EUT sont plus répandues dans les pays du Sud, en lien
avec des besoins en eau plus importants et, globalement, des ressources plus en tension (même si un
tel constat sur les besoins et les ressources doit être nuancé localement). Dans certains cas cependant,
comme en Grèce, en France et en Italie, une réglementation trop stricte freine la REUT, car elle entraîne
des coûts trop élevés pour le suivi de la qualité de l’eau (par exemple 74 paramètres à suivre selon la
réglementation grecque). En Espagne, pays européen le plus actif dans ce domaine, plus de 150 projets
de REUT ont été implantés ces dernières années.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Cette disparité au niveau des Etats membres de l’Union européenne (avec des normes différentes) est
un obstacle au commerce des marchandises agricoles issues de cultures irriguées par des eaux usées
traitées sur le marché commun, car le niveau de sécurité dans les Etats membres producteurs risque
de ne pas être considéré comme suffisant par les pays importateurs. Un cas concret de cette défiance
est le cas des accusations sans fondement en Allemagne concernant les concombres d’Espagne qui
auraient été à l’origine de l’épidémie mortelle d’E.coli.

Les paragraphes ci-après présentent les cas des pays européens suivant : France, Espagne et Grèce.

DISPOSITIF FRANÇAIS
En France, la réglementation suit globalement les dispositions proposées par l’OMS.

Réglementation
L’arrêté du 26 avril 2016 et l’arrêté du 25 juin 2014 modifiant l'arrêté du 2 août 2010 relatif à l'utilisation
d'eaux issues du traitement d'épuration des eaux résiduaires urbaines pour l'irrigation de cultures
précisent les conditions d’utilisation des eaux usées traitées.

En fonction des usages prévus, 4 niveaux de qualité sanitaire (A, B, C et D) sont définis, en se référant
aux paramètres suivants :
 Matières en suspension (mg/ L),
 Demande chimique en oxygène (mg/ L),
 Escherichia coli (UFC/ 100mL),
 Entérocoques fécaux (abattement en log),
 Phages ARN F-spécifiques (abattement en log),
 Spores de bactéries anaérobies sulfito-réductrices (abattement en log).

Par ailleurs, en fonction de la qualité des EUT, des contraintes d'usage, de distance et de terrain sont 65
fixées. Par exemple, les cultures maraîchères, fruitières et légumières sont autorisées à être irriguées
avec les EUT de niveau A ou B, en fonction du niveau de transformation aval (par exemple
pasteurisation ou non …).

Exigence de qualité
Les limites de qualité sont présentées dans le tableau ci-dessous (on remarque que les seuils de E Coli
en qualité B et C semblent particulièrement hauts, peut-être d’un facteur 10). On remarque également
que l’objectif d’abattre 4 log sur certains paramètres (entérocoques, phages et spores) se heurte parfois
à l’impossibilité physique d’y parvenir, lorsque l’effluent d’entrée est peu concentré sur le paramètre en
question. Il aurait été plus judicieux de retenir des valeurs seuil.

Tableau 5-4 : : Limites de qualité exigées pour différents paramètres en fonction des classes d’usages pour la REUT en France
NIVEAU DE QUALITÉ SANITAIRE DES EAUX USÉES TRAITÉES
PARAMÈTRES
A B C D

Matières en suspension (mg/ L) < 15 Conforme à la réglementation française des


rejets d'eaux usées traitées pour l'exutoire de la
Demande chimique en oxygène (mg/ L) < 60 station hors période d'irrigation

Escherichia coli
≤ 250 ≤ 10 000 ≤ 100 000 -
(UFC/ 100mL)

Entérocoques fécaux (abattement en log) ≥4 ≥3 ≥2 ≥2

Phages ARN F-spécifiques (abattement


≥4 ≥3 ≥2 ≥2
en log)

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Spores de bactéries anaérobies sulfito-


≥4 ≥3 ≥2 ≥2
réductrices (abattement en log)

Classification du risque sanitaire


La classification en fonction du risque sanitaire vise à garantir la protection de la santé publique,
de la santé animale et de l'environnement ainsi que la sécurité sanitaire liée aux productions
agricoles.

L’arrêté précise que l’irrigation par aspersion ne peut être autorisée qu’à titre expérimental par arrêté
préfectoral après avis favorable de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de
l'environnement et du travail.

L’arrêté expose un certain nombre d’interdictions d'irrigation :


 A partir d'eaux usées brutes,
 A partir d'eaux usées traitées issues de stations d'épuration reliées à un établissement de
collecte, de stockage, de manipulation ou de traitement des sous-produits d'origine animale de
catégorie 1 ou 2 au sens du règlement européen 1774/2002 et soumis à la réglementation des
installations classées au titre des rubriques 2730 ou 2731, à l'exception des cas où les eaux sont,
préalablement à leur rejet dans le réseau de collecte, traitées thermiquement à 133 °C pendant
20 minutes sous une pression de 3 bars,
 A partir d'eaux usées traitées issues de stations d'épuration qui produisent des boues ne
respectant pas l'ensemble des valeurs limites définies pour les boues,
 A partir d'eaux usées traitées sur un sol ne respectant pas un ensemble de valeurs limites (sols
déjà contaminés),
 A partir d'eaux usées traitées à l'intérieur d'un périmètre de protection rapprochée de
captage d'eau destinée à la consommation humaine (Il peut être dérogé à cette interdiction,
après avis d'un hydrogéologue agréé en matière d'hygiène publique.)
66
Procédure de dépôt du dossier
Toute personne souhaitant réaliser une installation ou procéder à une activité d'utilisation d'eaux usées
traitées à des fins d'irrigation de cultures ou d'espaces verts doit adresser une demande au préfet du
département. Ainsi, l’utilisation d'eaux usées traitées à des fins d'irrigation est autorisée par un
arrêté préfectoral, qui fixe les modalités d'irrigation à partir des eaux usées traitées de la station
d'épuration.

L'arrêté préfectoral indique notamment :


 L'origine et le niveau de qualité sanitaire des eaux usées traitées,
 Le programme d'irrigation dans le cas où les conditions d'irrigation sont variables d'une année
sur l'autre, cet arrêté prévoit que l'exploitant du système d'irrigation fournisse un programme
annuel d'irrigation,
 Le programme de surveillance des eaux usées traitées,
 Le programme de surveillance de la qualité des sols (une fois tous les 10 ans au minimum),
 Les débits ou volumes journaliers autorisés pour l'irrigation et, le cas échéant, pour le stockage,
 Les distances à respecter vis-à-vis des activités ou usages de l'eau à protéger,
 Les mesures d'information du public,
 L'identité de l'exploitant de la station d'épuration, de l'exploitant du système d'irrigation et des
exploitants des parcelles irriguées.

Les analyses du programme de surveillance sont réalisées avant le début de la période d'irrigation par
des eaux usées traitées. Ces analyses doivent être réalisées par un laboratoire accrédité, pour les
paramètres et les différents types d'eaux considérés, selon la norme ISO/CEI 17025.

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

L'exploitant de la station d'épuration transmet les résultats du programme de surveillance au


préfet et aux maires concernés une fois par an, ainsi qu’aux exploitants des parcelles
concernées par le programme d'irrigation et, le cas échéant, aux personnes morales ou
physiques intervenant dans la mise en œuvre de l'irrigation.

De son côté, l'exploitant de la parcelle irriguée tient à jour un registre, qu'il tient à la disposition du maire
de la commune concernée, de l'autorité sanitaire, du service de police de l'eau et de l'exploitant de la
station d'épuration, précisant :
 La nature des cultures et les parcelles irriguées par des eaux usées traitées,
 Les volumes d'eaux usées traitées épandues,
 Les périodes d'irrigation par des eaux usées traitées,
 Les résultats des programmes de surveillance,
 Les résultats des analyses des sols.

En cas de dépassement d'une valeur limite, l'exploitant de la station d'épuration, doit :


 Informer immédiatement les exploitants des parcelles irriguées et, le cas échéant, les personnes
morales ou physiques intervenant dans la mise en œuvre de l'irrigation et suspend
immédiatement le programme d'irrigation,
 Transmettre immédiatement l'information au préfet et aux maires concernés ainsi que les causes
du dépassement constaté et les actions correctives mises en œuvre ou envisagées.

L'irrigation par des eaux usées traitées est alors interdite jusqu'à transmission au préfet des résultats
d'analyses conformes aux valeurs limites.

Plusieurs points semblent intéressants à souligner dans le cas du cadre réglementaire français :
 La fixation d’objectifs sur la base d’une analyse des risques en fonction des usages,
 L’autorisation de l’utilisation d’eaux usées traitées délivrée à l’échelle du département
(approche décentralisée). 67
 La transmission systématique de l’information : (i) pour information, régulièrement entre les
exploitants des STEP, les autorités locales et les usagers et (ii) en cas de dépassement de
valeurs limites, pour un arrêt de la REUT si nécessaire.

DISPOSITIF ESPAGNOL
L’Espagne, pays européen le plus actif dans le domaine de la REUT, recycle plus de 10 % de ses eaux
usées traitées. Plus de 150 projets de REUT y ont été implantés ces dernières années.

La réglementation espagnole, basée sur le décret Royal 1620/2007 du 7 Décembre 2007 fixe des limites
de qualité et des fréquences d’analyses par type d’usage regroupés par secteur d’utilisation (urbain,
agricole, …).
Tableau 5-5 : Niveau de rejet à respecter en fonction de l’usage (urbain, agricole, industriel, usage récréatif) en Espagne
Matières en Escherichia
URBAIN Nématodes Turbidité Légionnelles
suspension coli
Unité mg/L Œuf/10L UFC /100mL NTU UFC/L
Jardins privé, appareils sanitaires ≤ 10 ≤1 0 ≤2 ≤ 100
Parcs, lavage des voiries, eau des
≤ 20 ≤1 ≤ 200 ≤ 10 ≤ 100
pompiers
1 fois par 2 fois par 2 fois par 2 fois par 1 fois par
Fréquences des analyses
semaine mois semaine semaine mois

Matières en Escherichia
AGRICULTURE Nématodes Turbidité Légionnelles
suspension coli

Unité mg/L Œuf/10L UFC /100mL NTU UFC/L

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Alimentation humaine, contact direct


de l’eau avec l’aliment comestible ≤ 20 ≤1 ≤ 100 ≤ 10 ≤ 1000
frais
Alimentation humaine, contact direct
de l’eau avec l’aliment comestible
traité postérieurement (aliment non ≤ 35 ≤1 ≤ 1000 X X
frais), alimentation bovine,
aquaculture
Arrosage localisé (pas de contact
avec l’aliment), cultures de fleurs,
cultures industrielles non ≤ 35 ≤1 ≤ 10 000 X ≤ 100
alimentaires, de céréales et de
graines oléagineuses
1 fois par 2 fois par 1 fois par 1 fois par 1 à 2 fois
Fréquences des analyses
semaine mois semaine semaine par mois
Remarque : A noter une valeur élevée en légionnelles pour « Alimentation humaine, contact direct de
l’eau avec l’aliment comestible frais » (plus élevée que pour « Arrosage localisé »).
Matières en Escherichia
INDUSTRIE Nématodes Turbidité Légionnelles
suspension coli
Unité mg/L Œuf/10L UFC/100mL NTU UFC/L
Eaux de processus de propreté,
≤ 35 X ≤ 10 000 ≤ 15 ≤ 100
industrie non alimentaire
Eaux de processus de propreté,
≤ 35 ≤1 ≤ 1000 X ≤ 100
industrie alimentaire
Réfrigération, condensateurs
≤5 ≤1 0 ≤1 0
évaporatifs
1 fois par 1 fois par
1 fois par 1 à 3 fois par 3 fois par
Fréquence des analyses jour à 1 fois jour à 1 fois
semaine semaine semaine
68 par semaine par semaine

Matières en Escherichia
USAGES RECREATIFS Nématodes Turbidité Légionnelles
suspension coli
Unité mg/L Œuf/10L UFC /100mL NTU UFC/L
Golf ≤ 20 ≤1 ≤ 200 ≤ 10 ≤ 100
Plans d’eau ornementaux ≤ 35 X ≤ 10 000 X X
1 fois par 2 fois par 1 à 2 fois par 1 fois par 1 fois par
Fréquence des analyses
semaine mois semaine semaine semaine

Matières en
ENVIRONNEMENT Nématodes Escherichia coli Turbidité Légionnelles
suspension
Unité mg/L Œuf/10L UFC /100mL NTU UFC/L
Recharge d’aquifères par percolation ≤ 35 X ≤ 1000 X X
Recharge d’aquifère par injection
≤ 10 ≤1 0 ≤2 X
directe
Arrosage de bois, d’espaces vert, et
autres non accessibles au public, ≤ 35 X X X X
sylviculture
1 fois par
1 fois par 2 à 3 fois par 1 fois par 1 fois par
Fréquence des analyses jour à 1 fois
semaine semaine jour semaine
par semaine

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DISPOSITIF GREC
En Grèce, la réglementation (Measures, Limits and Procedure for Reuse of Treated Wastewater – No.
145116), stricte, freine l’usage de la REUT, car elle entraîne des coûts trop élevés pour le suivi (74
paramètres à contrôler) de la qualité de l’eau (source : European Commission _ JRC Science for Policy
Report_Minimum quality requirements for water reuse in agricultural irrigation and aquifer recharge_
Alcalde-Sanz, L ; and Gawlik, B.M_ 2017).

Comme d’autres pays la législation grecque définit des limites de qualité d’eau à respecter en fonction
de l’usage des EUT souhaité. Elle définit également des fréquences d’analyse pour le contrôle du
respect de ces limites.

Cette réglementation définit trois qualités d’eau différentes qui seront nommées ici qualité 1, 2 ou 3 :
 Qualité « 1 » :
- Irrigation contrôlée : comprenant les zones non ouvertes au public, les parcelles agricoles et
industrielles, les pâtures, les arbres (à l’exception des arbres fruitiers), à condition que la récolte
soit réalisée hors contact du sol, les cultures de semences et produits qui sont traités avant
consommation. Irrigation par aspersion interdite
- Usage industriel : Eaux de refroidissement à usage unique
- Recharge de nappe : La recharge des aquifères qui ne tombe pas dans les cas décrits par
l'article 7, du décret 51 / 03.02.2007, par percolation à travers une couche de sol d’épaisseur
suffisante possédant des propriétés appropriées.
 Qualité 2 :
- Irrigation non contrôlée : Toutes les cultures (arbres fruitiers, vignes, légumes ainsi que toutes
les cultures produisant des produits comestibles). Aucune restriction sur les modes
d’irrigation.
- Usage industriel : Tous les usages à l’exception de celui cité en qualité 1.
 Qualité 3 :
- Usages urbains : usages urbains divers (irrigation d’espaces vert, réserve incendie, lavage de
69
voirie….). Irrigation par aspersion interdite
- Rechargement de nappe par puits
- Usages péri-urbains : irrigations de forêts et bosquets.

Tableau 5-6 : Normes grecques concernant les niveaux de qualité à atteindre en fonction de la classe de qualité
E. Coli Turbidité Traitement
Qualité DBO5 (mg/l) MES (mg/l) Fréquence de suivi
(cfu/100ml) (NTU) requis
En respect du En respect du DBO5, MES, N, P comme décrit
Traitement
CMD CMD dans 5673/400/1997
biologique
200 5673/400/1997 5673/400/1997
1 secondaire E. Coli : 1 fois / semaine
(médiane) Décision Décision
et Chlore en continue si chloration
Ministérielle Ministérielle
désinfection utilisée
Commune Commune
DBO5, MES, N, P comme décrit
dans 5673/400/1997
Traitement Turbidité et perméabilité de
5 pour 80% biologique l’effluent : 4 fois / semaine pour
des secondaire les stations > 50 000 EH, 2 fois
10 pour 80% 10 pour 80% 2
échantillons suivi ou par semaine dans les autres
2 des des (médian
50 pour traitement cas.
échantillons échantillons e)
95% des plus avancé E. Coli : 4 fois/ semaine pour les
échantillons et stations > 50 000 EH, 2 fois par
désinfection semaine dans les autres cas.
Chlore en continu si chloration
utilisée.

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E. Coli Turbidité Traitement


Qualité DBO5 (mg/l) MES (mg/l) Fréquence de suivi
(cfu/100ml) (NTU) requis
DBO5, MES, N, P comme décrit
Traitement dans 5673/400/1997
2 pour 80%
biologique Turbidité et perméabilité de
des
10 pour 80% 2 pour 80% 2 secondaire l’effluent : 4 fois / semaine pour
échantillons
3 des des (médian suivi d’un les stations au-delà de 50 000
20 pour
échantillons échantillons e) traitement EH, 2 fois par semaine dans les
95% des
tertiaire et autres cas.
échantillons
désinfection Chlore en continu si chloration
utilisée.

Remarque : Cette législation fixe aussi des limites de concentrations pour 19 métaux lourds et des
préconisations d’exploitation et d’utilisation des EUT à des fins agricoles vis-à-vis des nutriments et
substances toxiques qu’elles contiennent.

5.3.2.2 Contextes réglementaires de pays méditerranéens hors Europe


LA REGLEMENTATION JORDANIENNE
L'Institution jordanienne pour les normes et la métrologie (JISM) est l'entité nationale responsable de la
publication des normes en Jordanie. Les normes sont établies par des comités techniques à partir de
membres représentant les principales parties concernées par le sujet. Toutes les parties ont le droit
d'exprimer leur opinion et leurs commentaires sur le projet final de la norme concernée pendant la
période de notification afin de rendre les normes jordaniennes en harmonie avec les normes
internationales, d'alléger les éventuelles frontières techniques qui entravent le commerce et de faciliter
la circulation des marchandises entre les pays.

Sur cette base, le comité technique permanent pour l'eau et les eaux usées n°17 a établi la norme
jordanienne 893/2002 traitant de la réutilisation des eaux usées domestiques et a recommandé son
70 approbation en tant que base technique jordanienne n°893/2006 conformément à l'article (11)
paragraphe (b) de la loi n°22 sur les normes et la métrologie pour l'année 2000. La norme jordanienne
n° 893\2006 sur la réutilisation des eaux usées traitées détermine le niveau de rejet, les règlements et
les directives qui sont nécessaires pour la réutilisation de l'eau actuellement et dans le futur. En fait,
plus les normes sont élevées, plus le niveau de traitement est élevé, ce qui conduit à une meilleure
qualité de l'eau récupérée destinée à la réutilisation.

Interdictions et prescriptions techniques pour raison de prévention des risques


La Jordanie contrôle les activités de réutilisation de l'eau au moyen de normes nationales et a signé un
accord officiel avec les utilisateurs. La base juridique régissant l'utilisation de l'eau usée traitée est
encodée dans la norme jordanienne. Cette norme jordanienne a pour but de préciser les conditions que
les eaux usées domestiques traitées rejetées par les stations d'épuration doivent remplir pour pouvoir
être rejetées ou utilisées dans les différents domaines mentionnés dans la norme. La norme comprend
plusieurs points :
 a) L'eau traitée rejetée dans les cours d'eau, les oueds ou les masses d'eau.
 b) L'eau récupérée pour la réutilisation, différenciant les usages :
- b.1) Recharge artificielle des aquifères souterrains :
Cette partie de la norme consiste à réutiliser l'eau usée traitée pour la recharge artificielle des
aquifères et/ou la recharge des nappes phréatiques utilisées à des fins d'irrigation si sa qualité
répond aux critères mentionnés ci-après. Par ailleurs, les études techniques doivent être
effectuées pour vérifier que les activités de recharge artificielle n'ont aucun effet sur les nappes
phréatiques utilisées à des fins de consommation humaine.
- b.2) Réutilisation à des fins d'irrigation :
La qualité des eaux traitées destinées à l'irrigation doit respecter les exigences présentées
dans le tableau suivant.

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Tableau 5-7 : Exigences de qualité de l’eau selon la norme jordanienne

71

En cas de dépassement des valeurs, l'utilisateur final doit réaliser/superviser des études pour vérifier
l'effet de la qualité de l’eau sur la santé publique et l'environnement et suggérer des moyens de prévenir
les dommages à l'un ou l'autre.

Il est interdit d'utiliser de l'eau récupérée pour irriguer les légumes qui sont consommés crus.

Il est interdit d'utiliser l'irrigation par aspersion, sauf pour irriguer les terrains de golf et, dans ce cas,
l'irrigation doit être pratiquée la nuit et les arroseurs doivent être du type mobile et non accessible pour
une utilisation de jour.

Lorsque l'eau récupérée est utilisée pour irriguer des arbres fruitiers, l'irrigation doit être arrêtée deux
semaines avant la récolte des fruits et les fruits tombés au sol ne doivent pas être consommés.

Contrôle et suivi de la qualité


L'organisme de réglementation et la partie opérationnelle contrôlent régulièrement l'eau recyclée pour
maintenir la conformité avec la norme JS 893/2006 approuvée. En général, les programmes de
surveillance sont mis en œuvre par la division de la surveillance environnementale de WAJ (Water
Authority of Jordan) en recueillant des échantillons au point d'entrée de la station de traitement, au point
de sortie de la station de traitement et des échantillons sélectionnés dans les oueds et les barrages
recevant de l'eau recyclée. La norme jordanienne illustre les programmes de surveillance de l'eau
recyclée qui doivent être mis en œuvre par l'organisme de réglementation tel que le ministère de la
santé et le ministère de l'environnement et la partie opérationnelle responsable de la gestion et du
traitement des eaux usées en Jordanie.

L'eau recyclée doit être conforme aux conditions énoncées dans la présente norme pour chacune des
utilisations finales prévues.

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Il n'est pas permis de diluer en mélangeant de l'eau recyclée avant de la rejeter des stations d'épuration
avec de l'eau pure, intentionnellement pour se conformer aux exigences fixées dans la présente norme.

Cas de réutilisation en Jordanie


La station d’épuration d’As Samra (région d’Amman) produit une eau recyclée d'une qualité optimale
qui peut être réutilisée pour l'irrigation, couvrant près de 10 % des besoins agricoles en Jordanie (ce qui
correspond à environ 4 000 fermes ou 10 000 hectares irrigués).

LA REGLEMENTATION ALGERIENNE
Le décret exécutif n° 07-149 du 20 mai 2007 fixe les modalités de concession d'utilisation des eaux
usées épurées à des fins d’irrigation ainsi que le cahier des charges-type y afférent.

Régime des concessions


L’utilisation des eaux usées épurées à des fins d’irrigation est soumise au régime de la concession et
le dossier de demande de concession est adressé au wali compétent. La wilaya compétente est celle
sur le territoire de laquelle sont situées les parcelles destinées à être irriguées par les eaux usées
épurées.

La demande de concession doit être accompagnée d’un mémoire technique, comportant notamment
les documents et informations suivants :
 une description de la station d’épuration ainsi que le mode de traitement utilisé ;
 la description et les plans des ouvrages de stockage et de distribution des eaux usées épurées à
réaliser ;
 une fiche d’analyse des eaux usées épurées dont la qualité doit être conforme, aux spécifications
en vigueur. Les analyses doivent dater de moins de trois mois ;
 la localisation et la superficie des terres destinées à être irriguées, avec un plan parcellaire ;
72  un accord écrit de l’organisme gestionnaire de la station d’épuration à fournir les volumes d’eaux
usées épurées, en quantité et qualité requises ;
 un engagement des agriculteurs, utilisateurs des eaux usées épurées ;

Les services de l’hydraulique de la wilaya doivent étudier techniquement la demande de concession,


en concertation avec les services de l’agriculture, de la santé et de la protection de l’environnement. La
concession d’utilisation des eaux usées épurées à des fins d’irrigation est octroyée par arrêté pris par
le wali territorialement compétent.

Interdictions et prescriptions techniques pour raison de prévention des risques


Un certain nombre d’interdictions existent :
 L’irrigation, avec des eaux usées épurées des cultures maraîchères dont les produits sont
consommables crus est interdite,
 L’irrigation par les eaux usées épurées des cultures autorisées doit cesser au moins deux
semaines avant la récolte,
 La consommation des fruits tombant au sol est interdite ; ces fruits tombés doivent être détruits
ou transportés à la décharge publique,
 L’irrigation des arbres fruitiers par aspersion, ou par tout autre système mettant l’eau usée épurée
en contact avec les fruits est interdite,
 Le pâturage direct sur les parcelles et aires irriguées par les eaux usées épurées est interdit,
 Les parcelles irriguées, au moyen des eaux usées épurées, doivent être éloignées de plus de
100 mètres des routes, des habitations, des puits de surface et autres ouvrages destinés à
l’alimentation en eau potable,
 L’irrigation des parcs et des espaces verts, au moyen des eaux usées épurées, doit s’effectuer
en dehors des heures d’ouverture au public,
 Tout raccordement avec une canalisation transportant de l’eau potable est interdit,

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

 Toutes les bornes et tous les robinets d’irrigation du réseau de distribution des eaux usées
épurées doivent comporter obligatoirement une plaque inamovible, signalant que l’eau est non
potable et par conséquent impropre à la consommation.

En cas de dégradation de la qualité de l’eau des puits situés à proximité des zones irriguées par les
eaux usées épurées, l'utilisation d'eau de ces puits est soumise aux mêmes spécifications et conditions
d'usage imposées aux eaux usées épurées. En cas de préjudice pour les agriculteurs concernés, la
reconversion des cultures ainsi que des dommages subis sont à la charge du concessionnaire.

Contrôle sanitaire
La qualité des eaux usées épurées destinées à l'irrigation doit faire l’objet d'un contrôle régulier par le
concessionnaire, l'exploitant agricole, le gestionnaire de la station d'épuration ou de lagunage, les
directions de wilaya de l'hydraulique, de la santé, de l'agriculture et du commerce et ce, afin de s'assurer
que leur qualité est conforme aux spécifications fixées par la réglementation en vigueur.

Les analyses doivent être effectuées dans les laboratoires dont la liste est fixée par arrêté conjoint des
ministres chargés des ressources en eau, de la santé, du commerce et de l'agriculture.

Par ailleurs, les services de l’agriculture de la wilaya doivent assurer le contrôle :


 phytosanitaire des cultures irriguées avec les eaux usées épurées,
 l’évolution des caractéristiques des sols, sous irrigation avec des eaux usées épurées.

Les services du commerce de la wilaya doivent quant à eux assurer un contrôle biologique et physico-
chimique des produits agricoles irrigués avec les eaux usées épurées.

LA REGLEMENTATION ISRAELIENNE
En 1952, quatre ans après sa formation, ce pays autorisait déjà la REUT pour l’irrigation agricole. A ce
jour, environ 85 % des eaux usées traitées y sont réutilisées pour de l’irrigation agricole.

En préambule, la réglementation définit 5 niveaux de qualité d’eaux usées traitées fonction des
73
traitements mis en place sur les stations d’épuration et leurs performances :
 Très haute qualité d’eaux usées traitées : Eaux usées traitées issues d’un traitement tertiaire
avec une concentration en E. Coli inférieure à 10 UFC/100 ml ;
 Haute qualité d’eaux usées traitées : Eaux usées traitées issues d’un traitement mécanique
biologique (compostage, digestion, etc.) avec une qualité « 20/30 » (concentration en DBO5 et
MES) ;
 Eaux usées traitées par bassin d’oxydation (boues activées, etc.) avec au moins 15 jours de
temps séjour ;
 Qualité moyenne d’eaux usées traitées : Eaux usées traitées issues d’un traitement mécanique
biologique (compostage, digestion, etc.) avec une qualité « 60/60 » (concentration en DBO5 et
MES) ;
 Qualité faible d’eaux usées traitées.

La qualité des eaux usées traitées et les barrières présentent entre ces eaux et les cultures irriguées
déterminent les possibilités d’usage. Les barrières prises en compte sont notamment : La distance entre
les cultures et les eaux usées traitées, la résistance au rayonnement solaire, le type d’arrosage (goutte
à goutte), la présence d’une chloration.

Des exigences existent également en termes :


 De localisation de ce type d’irrigation pour éviter les contacts entre les eaux usées traitées et le
public (bâtiments publiques, routes, etc.). Il en va de même pour les cultures sensibles aux
contaminations et les installations d’eau potable (réseaux, etc.).
 De signalétique des réseaux des eaux usées traitées pour éviter de mauvais usages et de
mauvaises connexions notamment avec les réseaux d’eau potable.

In fine, la réglementation Israélienne définit 4 catégories, fonction du type de culture irriguée avec des
exigences de qualité des eaux usées traitées, de type de traitement et d’implantation :

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Tableau 5-8 : Exigences de qualité de l’eau en fonction de l’usage (Israël)


A B C D
Cotton, betteraves Fourrage vert, Arbres fruitiers, Cultures sans
sucrières, céréales, olives, arachides, conserverie de légumes, restriction incluant
semences pour agrumes, légumes cuisinés et les légumes
fourrage sec, bananes, pelés, ceintures vertes, consommés crus,
irrigation de forêts, amandes, noix, terrains de football, parcs et gazons
etc. etc. terrains de golf
Qualité des effluents
DBO5 totale
60 45 35 15
(mg/l)
DBO5 dissoute
- - 20 10
(mg/l)
Matières en
50 40 30 15
suspension (mg/l)
Oxygène dissous
- 0.5 0.5 0.5
(mg/l)
Coliformes (u/100 12 (80 %)
- - 250
ml) 2.2 (50 %)
Chlore résiduel
- 0.15 0.5
libre (mg/l)
Traitement obligatoire
Filtration sur sable
- - Exigé
ou équivalent
Chloration (temps
minimum de - 60 120
contact, min)
Distances
74
Des zones
300 250 - -
résidentielles
Des routes
30 25 - -
goudronnées

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5.3.2.3 Exemple de pays à haute technologie : La réglementation américaine


L’état de Californie, pionnier en matière de réutilisation des EUT, a instauré, au début du vingtième
siècle, la première réglementation en ce sens. Depuis, cette réglementation a évolué en parallèle de
traitements toujours plus poussés pour garantir une eau de très bonne qualité. De nombreux pays se
sont inspirés de cette réglementation.

Les États-Unis ont une réglementation à deux paliers :


 un palier au niveau fédéral qui donne un cadre général pour tous leurs états,
 et un cadre réglementaire propre à chaque état qui peut être plus restrictif.

Ce cadre général est donné par l’U.S. Environmental Protection Agency (USEPA). Ainsi, les
recommandations pour la réutilisation des EUT ont été mises en place en 1980 puis mises à jour
régulièrement, en 1992, 2004 pour aboutir à la dernière version en vigueur en 2012.

Actuellement, 43 états ont mis en place des réglementations pour la réutilisation des EUT au sens large.
Cependant, si 43 états ont mis en place des réglementations concernant une utilisation des EUT pour
l’irrigation agricole de cultures non destinées à la consommation, seulement 16 états ont mis en place
des préconisations pour l’utilisation des EUT pour la recharge de nappe.

Les limites de qualité présentées ci-dessous sont classées par type d’usage pour quelques états. On
présente ci-après une liste simplifiée et non exhaustive des paramètres de qualité.

Tableau 5-9 : Limites de qualité par type d’usage dans quelques Etats américains
Usage urbains – non limités
New Caroline
Paramètre Arizona Californie Floride Nevada Texas Washington
Jersey du Nord
DBO5
(mg/l)
/ / 60 30 / 15 5 30 75
MES (mg/l) / / 5 30 5 10 / 30
10 (media filter)
Turbidité
5 0.5 (membrane 2-2.5 / 2 10 3 5
(NTU)
filter)
Coliformes
totaux / 240 / 23 / / / 23
(cfu/100ml)
25
Coliformes
(et 75% en
fécaux 23 / / 14 25 75 /
dessous de
(cfu/100ml)
la LQ)

Usage urbains –limités


New Caroline
Paramètre Arizona Californie Floride Nevada Texas Washington
Jersey du Nord
30
DBO5
/ / / (moyenne / 15 15-30 30
(mg/l)
sur 30j)
30
MES
/ / / (moyenne 30 10 / 30
(mg/l)
sur 30j)
Turbidité
/ / / / 2 10 / /
(NTU)
240 (une seule
Coliformes
valeur au-
totaux / / 23 / / / 240
dessus
(cfu/100ml)
pendant 30j)
Coliformes
fécaux 800 / / / 400 25 800 /
(cfu/100ml)

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Usage agricole – cultures alimentaire


New Caroline
Paramètre Arizona Californie Floride Nevada Texas
Jersey du Nord
DBO5
/ / 60 / / 5 30
(mg/l)
MES
/ / 5 / 5 / 30
(mg/l)
10 (media filter)
Turbidité
5 0.5 (membrane 2-2.5 / 2 3 5
(NTU)
filter)
Coliformes
totaux / 240 / / / 23
(cfu/100ml)
25
Coliformes
(et 75% en
fécaux 23 / / 14 /
dessous de la
(cfu/100ml)
LQ)

L’US.EPA définit de même des limites et recommandations d’utilisation des eaux usées traitées pour
de nombreux secteurs :
 Usages urbains :
- Non contrôlés : usage en milieu urbain où l’accès au public n’est pas contrôlé,
- Contrôlés : Usage en milieu urbain pour des applications dans des lieux où l’accès au public est
limité, contrôlé et où les usagers sont informés de la présence d’EUT,
 Usages agricoles :
- Cultures alimentaires : Usage agricole pour la culture de produits destinés à la consommation
alimentaire,
- Cultures non alimentaires : Usage agricole pour la culture de produits destinés à la
consommation alimentaire après modification ou de produit non destinés à la production
76 alimentaire,
 Retenues d’eau,
 Usage dans un but environnemental,
 Usage industriel,
 Recharge de nappe,
 Production d’eau potable.

De même, la réglementation définit des distances minimales pour l’irrigation par aspersion, des
préconisations d’utilisation ainsi que des préconisations lors du montage de projet.

Remarques : De nombreux pays d’Amérique Latine se basent sur les recommandations de l’US.EPA
pour la mise en œuvre de projet de REUT.

L’Australie possède son EPA et produit des recommandations sur le même modèle que l’EPA
américaine.

De plus, la réglementation en Israël se rapproche de celle énoncée ici, et en particulier du modèle


californien (cf. ci-après).

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

5.4 ÉLEMENTS DE CONCLUSION SUR L’ANALYSE DU CADRE JURIDIQUE ET


REGLEMENTAIRE ET RECOMMANDATIONS
ELEMENTS DE CONCLUSION
Cadre juridique
Concernant le cadre juridique, en 2001, le législateur avait permis « la réutilisation des eaux usées
traitées à des fins de production et de service » 39 , inscrivant cette opération dans le cadre de la
préservation des ressources. Cependant, cette vision ne s’est pas traduite par un dispositif juridique
spécifique.

La nouvelle version du code des eaux se distingue de l’ancienne par l’importance qu’elle
accorde aux eaux non conventionnelles, parmi lesquelles se trouvent les EUT. Il y a notamment
tout un chapitre traitant de ces ressources potentielles. La nouvelle version - non encore validée - stipule
que la mise en œuvre de la recharge artificielle des nappes aquifères par les eaux conventionnelles
(eaux de surface) ou non conventionnelles (eaux usées domestiques traitées) sera soumise à un cahier
des charges spécifique où seront précisées toutes obligations (techniques, environnementales,
règlementaires, hygiéniques, etc.) pour son application.

A cet effet, on peut citer - à titre informatif - l’article 80 du chapitre 3 du nouveau code des Eaux (non
encore validé).

« Article 80 : La réutilisation des eaux usées traitées est autorisée selon un cahier des charges qui fixe
principalement les modes et les niveaux d’épuration, les usages des eaux usées épurées pour l'irrigation
de certaines cultures ou l'arrosage d'espaces verts, ainsi que dans les domaines industriels et
environnementaux. Les mesures préventives liées aux risques sanitaires et aux impacts sur
l'environnement sont prévues par un arrêté conjoint du Ministre en charge de l’eau et du Ministre en
charge de la santé. »
77
Ainsi, la révision du Code de l’Eau et la place accordée aux ressources non conventionnelles
devrait faciliter la révision du cadre réglementaire pour les EUT.

Cadre réglementaire
De façon majoritaire, les pays pratiquant la REUT ont adopté une réglementation en fonction des usages
et du type de cultures pratiquées avec l’eau usée traitée, ce qui n’est pas le cas de la Tunisie.

En effet, la réglementation tunisienne impose des concentrations limites pour un nombre important
d’éléments pour les rejets dans le milieu récepteur. Par ailleurs, la réglementation a des exigences
particulières lorsque l’eau usée traitée est destinée à l’irrigation agricole.

Au-delà de l’utilisation des eaux usée traitées à des fins agricoles, il existe un vide juridique pour les
autres types d’utilisations, tels que l’arrosage des espaces verts ou encore la recharge des nappes.
Concernant l’irrigation agricole, la réglementation ne varie pas en fonction du type de cultures.

39 ART. 87, code des eaux

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5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Au sens de la réglementation, les pays prennent en considération plusieurs critères. Des exemples de
critères sont présentés dans le tableau suivant, en fonction des pays :

Tableau 5-10 : Critères pris en compte selon les pays

Pays
Paramètres impliqués dans les normes des REUSE
Israël Espagne Californie France Tunisie
Norme de qualité des eaux usées traitées * * * * *
Distance minimale à respecter pour l'irrigation par
* * *
aspersion
Distances minimales à respecter entre les parcelles
irriguées par des eaux usées traitées et les activités à * * *1
protéger (plan d'eau, baignade, abreuvement bétail, etc.)

Exigence de qualité d'eau en fonction de l'usage * * * *


Fréquence des analyses qualité * * *
Préconisation sur le matériel d'irrigation à utiliser * * *
Obligation d'un type de traitement en fonction de l'usage *
Interdiction de certains usages *
1 : que pour i rri ga ti on pa r a s pers i on, di s ta nces à res pecter pour l es ha bi ta ti ons , voi es de communi ca ti on et cours d'ea u

La Tunisie ne prend pas en compte plusieurs critères mais il est à noter que la réglementation
concernant les exigences de qualité des eaux usées traitées présente des niveaux d’exigence
supérieurs à ceux constatés au niveau international (Exemple : France, Espagne, etc.).

78 En effet, si on se réfère aux différentes réglementations, la Tunisie a des exigences sur un nombre
important de paramètres (22, dont notamment des métaux lourds), ce n’est pas le cas dans la majorité
des pays, ni au niveau des exigences minimales requises inscrites dans le règlement du Parlement
européen et du Conseil relatif aux exigences minimales requises pour la réutilisation de l'eau.

Le Tableau ci-dessous fait les comparaisons sur les seuls paramètres présents dans le règlement. Nous
constatons que les paramètres sont moins nombreux et différents pour certains de ceux exigés en
Tunisie, avec pour certains des seuils à respecter moins élevés.

Tableau 5-11 : Comparaison des exigences minimales inscrites dans le règlement du parlement européen et en Tunisie

Règlement européen
Tunisie
Paramètres Unité A B C D
MES mg/l <=10 <=35* <=35* <=35* 30
Turbidité NTU <=5 Non exigé Non exigé Non exigé
DCO mg/l Non exigé Non exigé Non exigé Non exigé 90
DBO5 mg/l <=10 <35 <35 <35 30
Légionelles UFC/l <1000**
Œufs d'helminthes œuf/l <=1 <=1 <=1 <=1 <1
E.coli UFC/100ml <=10 <=100 <=1000 <=10 000 Non exigé
*Pour les STEP< 10000 EH
** lorsqu'il existe un risque de formation d'aérosols dans les serres

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
5. DIAGNOSTIC DU CADRE REGLEMENTAIRE

Ces exigences assez élevées dans la réglementation tunisienne peuvent être un frein à la performance
car l’atteinte de ces niveaux de qualité d’eau nécessite des conditions techniques et économiques qui
ne sont pas effectives aujourd’hui. Or, comme cela est présenté dans le diagnostic technique
(chapitre 6), en fonction du type d’irrigation (aspersion, goutte à goutte, etc.), de l’usage (golf,
agriculture : fourrage, maraîchage, arboriculture, etc.) et du respect des règles sanitaires, les
risques liés à la REUT diffèrent. C’est pour cela que plusieurs pays ont adopté une réglementation
qui impose des niveaux de qualités différents en fonction du type d’usage et des modalités de pratique
(pas d’aspersion en présence de public, conditions de vent acceptable, etc.).

RECOMMANDATIONS

Les raisons évoquées ci-dessus justifient la révision du cadre réglementaire en Tunisie pour la
REUT. Cette nécessité est soulevée par de nombreux acteurs et jugée comme essentielle pour
permettre le développement de la filière.

Précisément, les manques à combler par un texte réglementaire seraient les suivants :
 Une réglementation par usage, basée sur une analyse des risques,
 Les normes relatives à chaque usage (et des exigences de traitement plus ou moins poussées, en
fonction de l’usage),
 Les conditions d’utilisation différenciées par usage (conditions techniques, sanitaires/protection
des usagers et consommateurs, ressources humaines, etc.),
 Les actions de sensibilisation en fonction des usages (éveiller les usagers aval aux risques
potentiels pour une meilleure prise de conscience et une diminution des impacts)
 Des exigences plus fortes pour les études d’impact sur l’environnement avec notamment la
définition de l’état initial des sols, nappes, etc. et la mise en place du suivi de la qualité dans le
temps, après le démarrage des activités de REUT.
 Des exigences plus fortes pour le contrôle environnemental et sanitaire, 79
 Des sanctions envisageables qui soient dissuasives (renvoi à un texte de loi)

La mise en œuvre d’une réglementation adaptée est importante car elle permet de fixer un cadre
réduisant les risques qui, s’ils sont mal gérés ou mal évalués, sont anxiogènes et freinent l’acceptabilité
de la REUT. Pour diminuer les peurs, la mise en œuvre de contrôles impartiaux est nécessaire.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT


Objectifs du chapitre
Dans ce chapitre, on s’intéresse, dans un premier temps, à la description des différents maillons de la
filière de la REUT (collecte des EUB, traitement, transport, stockage et distribution des EUT) et aux
contraintes relevées au niveau de chacun de ces maillons. A noter que le dernier maillon, qui concerne
la réutilisation en tant que telle par les différents usages, est étudié dans le chapitre 11.
Dans un deuxième temps, l’adéquation entre la qualité des effluents traités et les exigences pour les
usages à l’aval est étudiée, à partir des données qui ont été fournies par l’ONAS.
Enfin, ce chapitre s’intéresse aux différents contrôles effectués sur les EUT qui sont destinés à la
réutilisation et notamment à leur fréquence et aux performances des laboratoires d’analyses.

6.1 BASE DE L’ANALYSE TECHNIQUE


L’analyse du parc des stations d’épuration présentée ci-après est basée sur :
 Les données techniques transmises par l’ONAS :
- caractéristiques des stations d’épuration,
- rapports annuels pour l’année 2017 de 105 stations d’épuration,
- des fichiers concernant des données 2016 et 2018,
- données concernant les industriels raccordés au réseau d’assainissement,
 les visites de stations pour les 20 opérations de REUT enquêtées dans le cadre de l’étude,
 notre retour d’expérience sur des projets similaires.

L’analyse n’est pas exhaustive, en particulier concernant l’historique (les données sont disparates en
80 fonction des années et ne permettent pas d’en faire le suivi et de les consolider pour en tirer un bilan
d’évolution) et concernant la variabilité de la qualité de l’eau au cours de l’année, par manque de
données.

6.2 LA COLLECTE DES EAUX USEES BRUTES : ETAT DES LIEUX ET AMELIORATIONS
POSSIBLES
En Tunisie, le taux de raccordement atteint les valeurs suivantes (ONAS, 2017) :
 en milieu urbain :
- 2017 : 85,9 % ;
- 2018 : 86,2 % ;
 dans les zones d’intervention de l’ONAS :
- 2017 : 90,1 % ;
- 2018 : 90,3 %.

Ces éléments montrent que l’assainissement collectif est très présent en Tunisie et qu’il se développe
encore. Cela est un facteur positif pour les projets de REUT.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

6.2.1 Origine des eaux usées collectées


Enjeux de l’origine des eaux usées collectées pour la REUT

L’origine des eaux usées est un élément important pour les projets de réutilisation des eaux usées
traitées. Les éléments contenus dans l’eau usée brute seront en effet plus ou moins bien traités au
niveau de la station d’épuration et pourront se retrouver dans l’eau usée traitée.
 Pour les effluents d’origine domestique et touristique, il n’existe pas d’éléments (sauf exception
et en l’état des connaissances actuelles) non compatibles en soi avec l’usage aval après le
passage dans une station d’épuration.
 Pour les effluents industriels, selon le type d’activités considéré, les effluents peuvent contenir
des éléments toxiques, tels que des métaux, ou des concentrations microbiologiques très
élevées qui ne font pas l’objet d’abattement au niveau des stations d’épuration classique et qui
se retrouvent dans l’effluent traité qui pourrait être réutilisé.

Les données recueillies concernant les raccordements au niveau des rapports annuels sont exploitables
à hauteur de 50 % (information manquante dans 50% des rapports annuels) et indiquent qu’à l’échelle
de la Tunisie, la majorité des raccordements sont de type domestique.

Figure 6-1 :Type de raccordement en Tunisie en 2017 en % d’EH raccordé aux STEP
(part de la charge polluante en fonction du type d’effluent)
90,0%

80,4%
80,0%

70,0%
81
60,0%

50,0%

40,0%

30,0%

20,0% 16,2%

10,0%
3,4%

0,0%
Domestique Touristique Industrielle

Source : ONAS (Rapports annuels 2017)

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Figure 6-2 : Type de raccordement par région en 2017 en % d’EH raccordé aux STEP
(part de la charge polluante en fonction du type d’effluent)

90% 85%

TYPE DE RACCORDEMENT (%)


80%
70% 62%
60%
50%
50%
40%
30%
18%
20% 13%
6% 9%
10% 2% 0%
0%
Centre Nord Sud

Domestique Touristique Industriels

Source : ONAS (Rapports annuels 2017)

NB : La région Grand Tunis n’apparait pas dans le graphique par manque de données exploitables et
homogènes (pas de nombre d’Equivalents-Habitants [EH] raccordés mentionnés dans les rapports
annuels) concernant les types de raccordement.

Problématiques des effluents industriels


Notre bilan concernant le raccordement des industriels aux STEP est basé sur un fichier de
recensement des industriels transmis par l’ONAS qui portent sur 111 STEP et des informations des
rapports annuels de 105 STEP.

82 Le recoupement des informations de ces fichiers ne permet pas d’avoir une situation précise du type et
des volumes d’effluents industriels qui sont raccordés à un réseau collectif d’assainissement.
L’information est disponible pour 69 STEP sur 111 et, pour 17 STEP, il est mentionné un nombre
d’industries raccordées et un volume industriel égal à 0 ou inversement. Dans un cadre plus large
(exemple : schéma national d’assainissement) et en vue d’une meilleure connaissance de la qualité et
quantité des effluents raccordés au réseau d’assainissement, il semblerait opportun de mener des
enquêtes auprès des industriels pour évaluer les charges hydrauliques et polluantes
industrielles raccordées et étudier l’impact éventuel sur le traitement biologique. Cette approche
serait intéressante à mener notamment sur les STEP dont l’eau traitée est utilisée pour un usage aval.

Les effluents industriels ont des caractéristiques qui peuvent impacter le bon fonctionnement des
stations d’épuration. Cela ne concerne que les industries rejetant des effluents contenant des éléments
non biodégradables. Sur la base des données transmises par l’ONAS le type d’industriels qui étaient
raccordés au réseau de collecte, nous avons mené une analyse en classant les effluents potentiellement
biodégradables, ou non-biodégradables, en fonction de l’activité de l’industrie. Les résultats de cette
analyse sont présentés sous forme de graphiques ci-après.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Figure 6-3 : Part des effluents biodégradables et non-biodégradables (en volume)

5%
1%
1%
1%
3%
Effluents issus 1%
5%
d'industries dont 1%
Effluents issus les activités 5%
d'industries dont les générent 3%
activités générent majoritairement 7%
majoritairement des des effluents non 4%
effluents biodégrables biodégrables
32%
68%
27%

2%
Non connu 1%

0%
Agro‐alimentaire Beauté/soin
Carton Industries en lien avec la santé
Industries en lien avec l'automobile Industries en lien avec le BTP
Industries en lien avec l'électronique Industries fabricant de la céramique pour différents usages
Industries utilisant des solvants Mécanique
Métal Plastique
Textile Traitement de surface
Travail de la pierre
Source : ONAS, 2019

Dans le cas de rejets d‘effluents industriels biodégradables, ils n’impactent pas significativement le
traitement. En effet, ils sont le plus souvent plus chargés en matière organique, mais les stations
d’épuration sont techniquement en mesure de traiter ces éléments. Dans le cas des éléments non 83
biodégradables, ils peuvent présenter une toxicité, difficilement traitable et pouvant provoquer un
déséquilibre de la biomasse, voire son anéantissement qui impactera fortement le niveau de traitement
de la station d’épuration.

Dans le cas de la Tunisie, la part des effluents industriels pouvant engendrer des
dysfonctionnements de traitement au niveau de la STEP, si des prétraitements adéquats au
niveau du rejet industriel ne sont pas mis en place, est ainsi évaluée à 68 % des effluents produits
par les industriels (cf. figure 6.3).

D’autres effluents non domestiques peuvent aussi présenter des éléments solides entraînant des
dysfonctionnements au niveau des organes électromécaniques. C’est le cas par exemple à El
Hamma avec la présence de filasses. Ce problème est lié au raccordement des hammams (qui
apportent également d’autres produits : nettoyants, cosmétiques, etc. pouvant poser problèmes).

Pour pallier ces problèmes, la réglementation, à travers la norme NT 106.02 et l’Arrêté ministériel
n°2018-315 du 26 mars 2018, exige que la qualité des eaux rejetées dans le réseau d’assainissement
atteigne des seuils de concentration permettant un traitement au niveau de la STEP ou compatible avec
une non-toxicité du milieu. De ce fait, les industriels ont le choix entre :
 Un rejet vers le milieu naturel le plus proche en se conformant à la norme « NT 106.02 avec rejet
vers milieu naturel »,
 Un rejet dans le réseau d’assainissement en se conformant à la norme « NT 106.02 avec rejet
vers canalisation publique de l’ONAS ».

Au final, la collecte des eaux brutes est parfois problématique au niveau des industriels qui ne
respectent pas toujours les normes de rejets. Les contrôles manquent et les amendes sont peu
dissuasives. Cette situation impacte la qualité des eaux brutes, le traitement au niveau des STEP, et
finalement la qualité des EUT qui sont potentiellement réutilisées.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

6.2.2 Éléments de conclusion sur les eaux usées collectées et recommandations


ELEMENTS DE CONCLUSION
En Tunisie, l’assainissement collectif est bien développé et permet le regroupement des effluents
via des réseaux de collecte pour être traités au niveau de stations d’épuration.
La majorité des effluents collectés est de type domestique, bien adapté aux procédés de traitement
des stations d’épuration mises en place.
Cependant, une part non négligeable des effluents est d’origine industrielle et affecte les performances
des stations d’épuration, comme mentionné précédemment.
Pour remédier à ces problèmes, il est nécessaire d’agir auprès des industriels (par exemple pour la
STEP de Korba avec les effluents de teinturerie ou la STEP de El Frina avec les effluents de l’industrie
textile). Ce point est également à traiter pour les stations d’épuration des villes touristiques avec la
présence importante de graisse et huile liée au raccordement des restaurants et hôtels (par exemples
STEP de Djerba Aghir et de SE1). Les actions peuvent être graduelles en commençant par des
campagnes de sensibilisation, puis par des contrôles effectifs entraînant des sanctions
dissuasives. Cet aspect est repris dans le diagnostic institutionnel.
 Le raccordement des abattoirs, cas rencontré
plusieurs fois lors des enquêtes ciblées (Ouardanine, El
Fahs, Médenine, Siliana) est une problématique
spécifique qui pourrait faire l’objet d’une démarche
particulière. En effet, le traitement de ces effluents est
très difficile à cause de son caractère non
biodégradable et de l’apport en microbiologie très fort
(notamment en œufs de nématodes intestinaux,
paramètre présent au niveau de la norme NT 106.03).
Dans certains pays européens, et notamment en
84 France, il est interdit d’utiliser, pour l’irrigation des
Présence de graisse à l’entrée de la STEP de
cultures ou d’espaces verts, de l’eau issue de réseaux Siliana (photo BRLi, 2019)
de collecte auxquels seraient raccordés des
établissements d’équarrissage.
Pour être plus précis, la réglementation européenne applicable (règlement 1069/2009) classe les
sous-produits animaux en 3 catégories en fonction du risque sanitaire qu’ils représentent. Ainsi,
le raccordement de certains abattoirs (en fonction du type d’activités exercés) et les centres
d’équarrissage raccordés à une station d’épuration pratiquant de la REUT, sont interdits comme
le précise l’instruction ministérielle REUT du 26 avril 2016.
 La même règle pourrait être imposée aux eaux des
hammams qui, sans prétraitement, entraînent des
dysfonctionnements importants sur tous les organes
électromécaniques (STEP de El Hamma) à cause de la
présence de filasses et sur la biomasse épuratoire du
fait de la présence de détergents dans l’eau. A noter
que pour cette STEP, une filière pour le traitement des
eaux grises provenant des hammams en parallèle de
celle des eaux domestiques est en train d’être mise en
place.
Un autre cas spécifique est celui des zones où il y a une
forte concentration de chlorures (région du Grand
Tunis, notamment). La qualité de l’eau brute n’est pas liée
aux raccordements des industriels mais à l’état des réseaux
d’assainissement. Des efforts devront être faits sur les Présence de filasses à l’entrée de la STEP d’El
réseaux en termes de diagnostics et de travaux pour Hamma (photo BRLi, 2019)
diminuer les intrusions d’eaux parasites, notamment
marines.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

RECOMMANDATIONS

En conclusion, au regard de la situation actuelle, les grandes orientations qui se dégagent sont :
 améliorer le système d’autorisation pour accepter uniquement les effluents conformes ne
provoquant pas de dysfonctionnements au niveau du traitement : nécessité d’engager des
actions de sensibilisation pour la mise en place de prétraitement au niveau des industriels pour
que leur rejet soit compatible avec le traitement de la STEP ;
 améliorer et assurer la conformité de la qualité des effluents raccordés au réseau
d’assainissement, en évitant le raccordement de certaines activités (par exemple : abattoirs,
équarrissage).
 étudier la mise en place d’une filière de traitement industrielle en parallèle de celle des
eaux domestiques quand les débits journaliers sont importants. Cela permettra de mieux
adapter les traitements aux effluents reçus et de pouvoir valoriser plus facilement les eaux
domestiques sans qu’elles ne soient polluées par des eaux industrielles toxiques (exemple de la
STEP grappée de Ben Arous et des STEP Sud Méliane).

6.3 LE TRAITEMENT : ÉTAT DES LIEUX ET AMBITIONS


Le traitement est une étape primordiale dans le cadre des projets de réutilisation des eaux usées. En
effet, pour que l’eau usée traitée soit considérée comme une ressource potentielle, il est nécessaire que
le traitement soit efficace et fournisse une eau dont la qualité est compatible avec l’usage aval.

Nous abordons dans ce chapitre :


 En premier lieu : les options technologiques de traitement qui se pratiquent dans les projets de
REUT à l’échelle internationale ;
 En deuxième partie, le diagnostic du parc épuratoire en Tunisie, en établissant le bilan sur les 85
aspects suivants :
- Le nombre de STEP,
- L’ancienneté des STEP,
- La capacité des STEP,
- Le type de procédé de traitement,
- L’existence de traitement complémentaire,
- Un état général des infrastructures,
- Des éléments de constat concernant l’exploitation.
Ce diagnostic est à mettre en relation avec le chapitre 6.5 qui présente les aspects sur la qualité
des eaux usées traitées.
 En troisième partie : les projets en cours de développement sur les pratiques de traitement en
relation avec la REUT.

6.3.1 Pratiques dans le domaine du traitement : les options technologiques


d’aujourd’hui
A l’échelle internationale, les options technologiques de traitement sont très diverses et ont pour objectif,
dans le cadre des projets de REUT, de fournir une eau compatible avec les usages aval.

En fonction des pays, les pratiques de traitement - qui ne diffèrent pas toujours selon la présence ou
non de projets de REUT - sont diverses et comprennent plusieurs étapes :
 Le prétraitement qui consiste généralement à un dégrillage ou tamisage, à un dessablage et un
dégraissage ;
 Le traitement primaire : majoritairement pour assurer la décantation,

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

 Traitements secondaires qui assurent l’abattement de la matière carbonée, parfois en partie les
matières azotées et phosphorées. Ils utilisent des procédés à cultures fixées (lits bactériens,
disques biologiques, biofiltres, filtres plantés de roseaux) ou des procédés à cultures libres (boues
activées, lagunage).
 Traitements tertiaires qui retiennent, de façon plus ou moins importante selon les procédés de
traitement, les colloïdes, bactéries, virus, œufs de parasite.
 Traitement très poussé quaternaire qui assure un filtrage de pointe et une purification de l’eau.

Selon les pays et les types de REUT, les procédés de traitement sont donc plus ou moins poussés :
 En Amérique latine, dans la région méditerranéenne et au Moyen Orient, les procédés de
traitement s’arrêtent de façon majoritaire à un niveau secondaire avec comme principale
utilisation l’irrigation agricole restreinte (pas de maraîchage). En Amérique latine, le traitement
secondaire est le plus souvent assuré par des étangs de stabilisation (procédé extensif), cela se
retrouve aussi dans une partie de la région méditerranéenne et dans quelques états du sud des
Etats Unis. Les traitements secondaires également développés sont des procédés intensifs de
type boues activées.
 En Europe, de manière courante, les projets de REUT font suite à un traitement tertiaire plus ou
moins poussé.
 En Californie, en Australie, Namibie et Singapour, le niveau de traitement est le plus souvent très
poussé avec osmose inverse, après un traitement tertiaire. Cette nécessité est notamment
justifiée lorsque l’usage final de l’eau est en lien avec l’alimentation en eau potable.

En se basant sur les données disponibles et en mettant en perspective les performances de traitement,
on peut conclure que :
 en considérant les volumes annuels : la Chine, le Mexique et les États-Unis sont les pays qui
réutilisent les plus grandes quantités, mais les deux premiers cités produisent des eaux de faible
qualité liée à un niveau de traitement insuffisant.

86  en considérant le pourcentage d’eau réutilisée par rapport à la quantité d’eau totale traitée, le
Koweït, Israël et Singapour se placent aux premiers rangs. Mais, si l’on considère les avancées
technologiques, ce sont les Etats-Unis (avec la Californie), Singapour, la Namibie et le Japon qui
sont les pays les plus novateurs en termes de traitement.

Le schéma suivant illustre les pratiques de traitement mises en œuvre en fonction de l’usage et des
pays.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Schéma 6-1 : Exemples de procédés de traitement en fonction de l’usage et exemples de pays le pratiquant

6.3.2 Le traitement en Tunisie : un parc épuratoire bien développé mais


vieillissant
PARC DES STATIONS D’EPURATION
87
En Tunisie, l’assainissement collectif est bien développé, les réseaux d’assainissement sont connectés
à des stations d’épuration qui permettent le traitement des eaux usées.

Comme indiqué au chapitre 4, le parc des stations d’épuration de l’ONAS, au 1er janvier 2019, est
composé de 122 stations d’épuration dont 113 stations urbaines (dont 3 inaugurées depuis 2017),
8 stations rurales et 1 station industrielle.

ANCIENNETE DU PARC DES STATIONS


Comme indiqué dans le tableau ci-dessous, la majorité des stations d’épuration ont été construites il y
a entre 15 et 30 années, voir même il y a plus de 30 ans pour 18 d’entre elles. De ce fait, le parc
commence à être vieillissant. L’ONAS s’est engagé dans une politique de réhabilitation de ces stations
(cf. tableau ci-dessous).

Tableau 6-1 : Ancienneté des stations d’épuration et réhabilitation


Nombre de STEP en
Nombre de STEP ayant fait
cours de
Ancienneté des STEP/ l’objet d’une réhabilitation
Nombre de STEP réhabilitation (ou
Date de création et/ou extension dans les 5
prévision de
dernières années
réhabilitation)
STEP ≥ 30 ans 18 4 8
15 ans ≤ STEP < 30 ans 53 7 18
5 ans ≤ STEP < 15 ans 30 1 5
STEP < 5 ans 9 3 0
Total 11040 15 31

40 NB : La date de création d’une des 111 STEP urbaines n’est pas mentionnée

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Source : ONAS (Fichier Caractéristiques STEP)

Analyse plus ciblée concernant les STEP avec de la REUT à leur aval
Le nombre de stations à partir desquelles il y a de la REUT est présenté dans le tableau ci-dessous, en
fonction de l’ancienneté des STEP.

Tableau 6-2 : Ancienneté des stations d’épuration avec un projet de REUT


% de STEP avec REUT
Ancienneté des STEP avec REUT Nombre de STEP
/ STEP totales créées
STEP ≥ 30 ans 10 56%
15 ans ≤ STEP < 30 ans 35 66%
5 ans ≤ STEP < 15 ans 15 50%
STEP < 5 ans 4 44%
Total 64 58%
NB : le tableau fournit par l’ONAS pour cette analyse ne comportait que 64 STEP sur les 66 concernées par de la REUT

88

Cette approche confirme que l’essor des projets de REUT, il y a une vingtaine d’années en Tunisie,
coïncide avec la création de STEP à cette époque-là. Depuis, un ralentissement des projets de REUT
est constaté, le pourcentage (44%) de projets de REUT à l’aval d’une STEP est inférieur ces dernières
années à celui d’il y a une plus de 15 ans (entre 50 et 66%).

CAPACITE NOMINALE DES STATIONS


Les stations d’épuration en Tunisie sont majoritairement de capacité moyenne comme illustré sur la
figure ci-après.

Figure 6-4 : Capacité nominale des STEP en Tunisie


50 47
45

40 38

35
NOMBRE DE STEP

<2 000 m3/j


30
Entre 2 000 et 10 000 m3/j
25 22
Entre 10 000 et 50 000 m3/j
20
>50 000 m3/j
15

10
4
5

Source : ONAS (Fichier Caractéristiques STEP)

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Enjeu de la taille des stations pour la REUT


Pour développer les projets de REUT, il peut sembler opportun de développer les projets de
coopération intercommunale quand cela est possible afin de construire des stations de capacité
moyenne, voire de plus grande capacité, pour permettre de fournir des quantités d’eau suffisantes
pour un projet d’envergure et mutualiser les infrastructures. En effet, si l’eau fournie est insuffisante
en terme de quantité, cela peut provoquer des conflits d’usage à l’aval ou générer un prix de revient
de l’eau usée traitée pour de la REUT trop élevé, lié à la proportion de coûts fixes élevée au niveau
des charges.
Cette analyse est, cependant, à relativiser et une étude au cas par cas s’impose à l’occasion des
schémas d’assainissement pour prendre en compte les contraintes de dimensionnement et de
fonctionnement. Cette analyse sera portée et développée en Phase 2 et permettra de mettre en
évidence si, en Tunisie, la coopération intercommunale est à privilégier ou si, comme développé dans
certains pays, le paradigme : « great is beautiful but small is smart” est à privilégier.

Volumes d’eau traités par les stations et part des eaux usées traitées actuellement objet d’une réutilisation
Ce point a été développé au chapitre 4.

TYPE DE PROCEDE DE TRAITEMENT


Le parc des stations d’épuration est majoritairement composé de stations de type boues
activées (cf. figure ci-après). Ce type de traitement est largement éprouvé dans le monde et a de très
bonnes performances pour le traitement de la matière organique et partiellement sur les nutriments :
azote et phosphore.

Par contre, son efficacité sur les paramètres microbiologiques est très limitée, voire sans effet.

Cependant, il apparait que l’arrêté de 2018 exige le respect de nombreux paramètres. Le


traitement de certains paramètres n’est pas efficace dans le cadre des procédés de traitement 89
conventionnels couramment appliqués en Tunisie. En effet, ils nécessitent un traitement
complémentaire pour atteindre les exigences en matière de microbiologie et physico-chimie si
les effluents bruts contiennent des ETM.

Pour rappel, la conception des stations d’épuration jusqu’en 2018 a été basée sur le respect de la norme
NT 106.02.

Figure 6-5 : Type de traitement secondaire en Tunisie


Type de station d'épuration en Tunisie
90 82
80
NOMBRE DE STEP

70
60
50
40
30
20 8 7 7
10 2 1 2 1 1
0
Boue activée Boue activée Boue activée Filtres Lagunage Lagunage Lit bacterien Boue activée Boue activée
(charge non à faible à moyenne plantés de aéré naturel (charge non + Traitement
connue) charge charge roseaux connue) + lits chimique
bactérien

Source : ONAS, 2017

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Enjeu du traitement tertiaire pour la REUT


Afin d’améliorer l’efficacité du traitement sur les paramètres microbiologiques et ainsi limiter les
risques sanitaires pour les usagers, des traitements complémentaires sont nécessaires.
En Tunisie, ces traitements sont peu développés, ils sont mis en place que sur des stations
d’épuration qui ont des projets de REUT mais pas de manière automatique. Sur les 66 stations avec
un projet de REUT, seules 25 sont dotées d’un tel traitement. Il est à noter que ces traitements
sont soit assez énergivores (traitement par rayons Ultra-Violets), soit très consommateurs d’espace
(bassin de maturation). Lorsqu’ils sont en place, leur utilisation est généralement limitée à la période
d’irrigation (exemple : station de Kairouan), ou de manière épisodique (exemple : station de Gafsa).
La liste des technologies de traitement tertiaire (lagunage, chloration, ozonation, UV, acide
peracétique, etc.) fera l’objet d’un développement dans la Phase 2, notamment pour cibler des
techniques de traitement les moins énergivores possibles.

Le graphe suivant indique le nombre de stations par type de traitement tertiaire.

Figure 6-6 : Nombre de stations par type de traitement tertiaire en Tunisie


90 84
80
70
NOMBRE DE STEP

60
50
40
30
20 10
90 10
8 6
2
1
0
Bassin de Filtre à sable Filtre à sable UV Absent Non connu
maturation + bassin de + UV
maturation

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

INFRASTRUCTURES
Le développement des stations d’épuration sur l’ensemble du territoire est homogène, par contre le parc
est vieillissant et parfois en saturation (par exemple STEP de Gafsa, de Siliana, SE3). De plus, un
certain nombre d’infrastructures mises en place sont non fonctionnelles (exemple : automatisation et
notamment au niveau des traitements tertiaires à El Fahs, Médenine, SE4).

A gauche, génie civil très détérioré au niveau du rejet de la STEP de SE3 et à droite, équipements UV non fonctionnels au niveau du
rejet de la STEP de El Fahs

Photo BRLi, 2019

Les projets de réhabilitation des STEP sont nombreux mais tardent pour certains à être mis en
œuvre (SE3, Siliana, Korba, Gafsa (chantier bien avancé mais non achevé à ce jour), Menzel
Bourguiba, ZI de Monastir pour délester la STEP de El Frina saturée, etc.). Il existe donc actuellement
une opportunité pour que la réflexion sur la réhabilitation des STEP soit menée en parallèle de
la réflexion sur le développement de la REUT. Cela permettra d’adapter la qualité de l’eau à l’usage
visé et ainsi de limiter les incohérences dans les investissements (par exemple le choix de la 91
cogénération sur SE4 paraît peu opportun avec le niveau de qualification du personnel et le niveau de
rentabilité escompté). Dans ce cadre, la mise en place de traitement complémentaire est à étudier au
cas par cas, en fonction de l’usage aval.

Présence de mousse au niveau du rejet de la STEP de Gafsa

Photo BRLi, 2019

FONCTIONNEMENT (QUALITE DE L’EXPLOITATION)


Une des forces de la gestion des STEP tient à la grande expérience du gestionnaire principal qu’est
l’ONAS. Ce point a été relevé lors des enquêtes de terrain : la technicité de la grande majorité des
personnes en charge de l’exploitation est élevée.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

A partir de ce constat, les problématiques en lien avec les performances des stations semblent
davantage liées aux manques de moyens humains et matériels, cette problématique a été ressentie
notamment au niveau des enquêtes ciblées (SE1, Ouardanine, SE3, El Frina). La maintenance est
également pointée comme étant difficile à assurer du fait d’un système centralisé avec parfois un
manque de réactivité qui prolonge les périodes de dysfonctionnement des stations d’épuration (cas de
Ouardanine, SE3, El Frina, Kairouan 2, Djerba Aghir). Par ailleurs, on note que peu de pièces de
rechange sont présentes sur les sites de stations d’épuration.

A gauche, pompe de recirculation en arrêt au niveau de la STEP de Ouardanine ; A droite, agitateurs en panne au niveau de la STEP
de El Frina

Photo BRLi, 2019

Les études de faisabilité des projets de « concessions » pour la construction et l’exploitation de


92 plusieurs stations d’épuration (STEP du Sud Est de la Tunisie, dont STEP El Hamma, et du Grand
Tunis) pour 10 ans sont en cours de mise en œuvre. L’exploitant sera responsable de :
 la maintenance et les frais de personnel,
 la qualité de l’eau,
 la réhabilitation et les investissements à 50% (les 50% restant seront à la charge de l’ONAS).

Un suivi au niveau de l’ONAS sera nécessaire pour vérifier les niveaux de performance exigés et
contrôler les prestations produites.

Cette expérimentation permettra d’avoir un regard sur les deux situations suivantes :
 Situation où l’ONAS a un seul rôle : celui d’organisme assurant la mise en œuvre de la stratégie
nationale de l’assainissement et le contrôle de l’exploitation des stations,
 Situation où l’ONAS a un rôle double en ajoutant celui d’exploitant.

Il sera ainsi possible de voir si la concession a un impact sur la performance des stations et la réactivité
en cas de maintenance et changement de pièces.

NB : certaines stations (comme la STEP El Hamma) ont passé des contrats de maintenance avec des
sociétés mais ces contrats sont souvent courts (parfois quelques mois),, sans objectif de performance
et pas toujours renouvelés, ce qui ne permet pas d’améliorer l’exploitation dans ce cas.

L’ASPECT ECONOMIQUE : UNE ADEQUATION DIFFICILE AVEC LA PERFORMANCE DES STEP


La plupart des systèmes de traitement dans le monde exigent une consommation énergétique élevée,
notamment lorsque le traitement a recours à des procédés de type membrane.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Les principaux facteurs déterminant la consommation d’énergie pour le traitement sont la taille de la
station d’épuration et les technologies de traitement utilisées. En général, plus le niveau de traitement
est élevé, plus le coût énergétique est important. La consommation énergétique a également un coût
en termes d’émissions de gaz à effets de serre. La rationalisation des coûts de l’énergie est donc un
enjeu important et ce sujet sera l’objet de développement dans le cadre de la Phase 2. Les réflexions
sur l’efficience énergétique menées par l’ONAS y seront intégrées.

Part de l’énergie dans le coût d’exploitation en Tunisie


Les stations d’épuration sont majoritairement de type boues activées en Tunisie. Ce type de procédé
exige des besoins en énergie importants, notamment pour l’aération du bassin de boues activées qui
est le cœur du procédé de traitement des eaux.

Le tableau suivant est la retranscription directe de la répartition des dépenses inscrites dans le rapport
global annuel d’exploitation de l’ONAS pour l’année 2017.

Tableau 6-3 : Part du coût de l’energie dans le coût d’exploitation (selon le rapport global annuel 2017)
Produits Polymères pour la Part de l'énergie
Entretien et Exploitation
Salaires Energie consommables et déshydratation des Total dans le coût
STEP maintenance privé
autres produits boues d'exploitation
dinars dinars dinars dinars dinars dinars dinars calculé par BRLi
Grand Tunis 2 114 912 7 657 938 1 236 761 328 755 605 629 881 978 12 825 973 59,7%
Nord 2 392 832 4 503 008 54 289 103 472 193 434 1 265 770 8 512 805 52,9%
Centre 2 283 405 4 248 518 363 309 188 392 414 533 1 505 161 9 003 318 47,2%
Sud 1 362 058 2 872 747 781 466 19 945 ‐ 1 347 225 6 383 441 45,0%
Total 8 153 207 19 282 211 2 435 825 640 564 1 213 596 5 000 134 36 725 537 52,5%

L’ordre de grandeur concernant la part de l’énergie dans le coût d’exploitation confirme que l’énergie
est la part prépondérante dans le coût d’exploitation.

Ce ratio est cohérent avec ce qui est observé dans les pays pratiquant le même type de traitement.

L’approche sur les coûts énergétiques a été également conduite en rapportant les frais d’énergie au 93
volume traité. Le tableau suivant présente cette analyse.

Tableau 6-4 : Consommation énergétique et Coût de l’énergie par m3 d’eau traitée


Région Volume traité (m3/an) Frais d’énergie (DT) Coût en DT de
l’énergie ramenée à
1m3 d’eau traitée
Nord 51 279 820 4 503 008 0,089
Grand Tunis 109 063 454 7 657 948 0,070
Centre 57 888 588 4 248 518 0,074
Sud 41 550 479 2 872 747 0,070
Total 265 860 941 19 282 210 0,072
général
Source : ONAS, Tableau transmis dans le cadre des remarques du rapport de Phase 1 version 2

Nous pouvons retenir que le coût de dépense énergétique par m3 pour le traitement des eaux usées en
Tunisie est de l’ordre de 0,072 dinars. Ne disposant pas des données consolidées de consommation
énergétique par région, nous avons cherché à calculer un ordre de grandeur de la consommation
énergétique unitaire par m3 pour le traitement de l’eau usée en divisant le montant des dépenses par
un prix moyen du kWh de 295 millimes (valeur 2017). Sur la base de ce calcul, la consommation est
estimée à 0,25 Kwh/m3.

Pour mémoire, on peut citer les ordres de grandeur suivants concernant les dépenses énergétiques
pour le traitement des eaux usées et des boues (Roche, 2019) :
 Traitement des eaux usées : de 0,3 à 1 kWh/m3 ;
 Traitement des boues : de 0 à 1 kWh/m3 ;
 Total : de 0.3 à 2 kWh/m3.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Il apparait que, au regard de ces ordres de grandeur, la Tunisie se situe en fourchette basse en termes
de consommation énergétique pour le fonctionnement des stations d’épuration.

Consommation énergétique selon les procédés de traitement en Tunisie


La consommation énergétique selon les types de procédé de traitement est présentée dans le tableau
ci-après. Le rendement énergétique a été calculé à partir des éléments mentionnés dans les rapports
annuels individuels (pour chaque STEP). Pour information, dans le rapport global d’exploitation, le
rendement énergétique mentionné dans le rapport global annuel d’exploitation de 2017 transmis par
l’ONAS mentionne une consommation énergétique de 0,93 kWh/ kg de DBO5 éliminée, cette valeur est
faible et doit prendre en compte les STEP rurales, avec des procédés moins énergivores.

Tableau 6-5 : Consommation énergétique en fonction du type de procédé de traitement


Type de procédé de traitement Nombre Consommation Moyenne de la consommation
d’installations d’énergie journalière énergétique en kWh/ kg de
pour l’ensemble des DBO5 éliminée
installations
concernées
kWh
Procédés Lagunage, 8 2 300 0,29
extensifs : Filtres plantés
Lagunage aéré 6 8 325 1,52
Procédés Boues activées, 86 252 264 1,38
intensifs chenal
d’oxydation
Lit bactérien 2 872 2,22
Total général 102 263 790 1,33
Source : ONAS, Rapports annuels 2017 – L’information est disponible pour 102 STEP sur 111

94 La technologie de traitement par boues activées est moins consommatrice en kWh/ kg de DBO5 éliminée
que d’autres technologies plus performantes pour le traitement, mais plus énergivores Pour illustrer ce
point, le tableau ci-dessous présente les consommations énergétiques moyennes pour de telles
technologies (NB : il s’agit d’un contexte français, ce qui peut expliquer la différence de consommation
pour le procédé de traitement boues activées)

Tableau 6-6 : Approche de la consommation energétique selon les procédés de traitement en France (source : ASTEE - Nicolas Roche -
Economie circulaire appliqué au cycle d’usage de l’eau)
Type de procédé de traitement Consommation en kWh/ kg de DBO5 éliminée
Boues activées 3,2
Biofiltres 4,5
SBR (Sequential Batch Reactor) 4,6
MBBR (Moving Bed Biofilm Reactor) 6,5
BRM (Bioréacteurs à Membranes) 6,8

Situation de la Tunisie concernant les ratios énergétiques au niveau des stations d’épuration
Les consommations énergétiques constatées pour les STEP tunisiennes ne sont pas très élevées par
rapport à ce qui est constaté dans d’autres pays. Ainsi, concernant les boues activées, la consommation
moyenne de 1,38 kWh/kg de DBO5 éliminée constatée sur l’ensemble des STEP pratiquant ce procédé
en Tunisie, représente seulement 63% de la moyenne internationale estimée à 2,2 kWh/kg de DBO5
éliminée pour ce type de procédé (3,2 kWh/kg de DBO5 éliminée en France).

Ce constat recoupe probablement des éléments de dysfonctionnement constatés lors des enquêtes.
Nous formulons l’hypothèse que, pour des questions de rationalisation des coûts, les équipements les
plus énergivores sont parfois mis en arrêt de façon intermittente (arrêt partiel de l’aération, des pompes,
des traitements UV, etc.). Cela engendre alors un fonctionnement dégradé de la station et donc une
qualité d’eau traitée moins bonne.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Pour éviter les pratiques de fonctionnement dégradé des STEP, certaines pistes d’amélioration
pourraient être envisagées, telles que :
 Le remplacement des turbines d’aération par des systèmes fines bulles moins énergivores
(des réalisations ont déjà été faites comme à Charguia, El Frina et des projets sont à l’étude :
Kairouan 2, El Hamma)

Aérateurs avec turbines (STEP de Siliana et Ouardanine)

Photo BRLi, 2019

 La télégestion et l’automatisation. Par exemple, il serait intéressant que l’asservissement des


surpresseurs fournissant l’oxygène soit mis en œuvre avec la mise en place de capteurs
d’oxygène dissous et sondes redox afin de régler les apports d’O2 aux besoins,
 L’équipement des sites des STEP, quand la faisabilité est avérée, de systèmes d’énergie
autonome et renouvelable comme des panneaux solaires (mis en œuvre sur la station
d’épuration de SE3).

Par contre, les procédés de cogénération qui sont aussi une solution à l’autonomie énergétique
demandent des moyens humains importants en termes de temps, de gestion et de technicité et
n’atteignent pas les taux de rentabilité prévisionnels. Certaines expériences n’ont d’ailleurs pas été 95
concluantes comme la STEP de Charguia (digesteur à l’arrêt). On note pourtant que de nombreux
projets de ce type sont en cours (Gafsa, Gabès, SE4). Ces projets sont à suivre attentivement pour
qu’ils atteignent les performances énergétiques attendues.

6.3.3 Les options technologiques de demain


Les procédés de traitement ont été le plus souvent conçus en vue de respecter des niveaux de rejets
dans le milieu récepteur, en réponse à une contrainte réglementaire.

Au niveau international, nous avons noté au chapitre 5 la diversité des réglementations concernant les
niveaux de qualité à atteindre pour la REUT et ceci pour un même usage. Ainsi, il n’y a pas aujourd’hui
une correspondance directe entre réglementation pour un usage et procédé de traitement.

De plus, selon les pays, la mise en œuvre et la conception de certains procédés de traitement ne sont
pas envisageables car les coûts d’investissement et d’exploitation peuvent, dans certains cas, être un
frein au développement des projets de REUT.

Pour avancer sur le sujet, plusieurs initiatives de développement technologique sont actuellement en
cours, par exemple :
 MADFORWATER. Ce projet de recherche et d’innovation regroupe 18 partenaires répartis dans
6 pays de l’Union Européenne, la Suisse et la Chine et 3 pays méditerranéens dont la Tunisie. Il
a pour objectif de développer et valider des technologies sélectionnées grâce à quatre
installations de démonstration. Deux sont situées en Tunisie :
- Installation de démonstration pour le traitement et la réutilisation des eaux usées municipales
à Choutrana et Ariana, en Tunisie : d’une capacité d’environ 10 m3/j, elle est constituée d’un
ensemble multiple de technologies de traitement intégrées, à savoir :
- un lit bactérien nitrifiant assurant le traitement secondaire des matières organiques et de
l’ammoniac,
- un décanteur secondaire pour la sédimentation des boues,

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

- un marais artificiel pour l’élimination des métaux lourds et des éléments nutritifs restants,
- une unité de désinfection chimique,
- et un système de déshydratation des boues secondaires en excès.
- Installation de démonstration consacrée au traitement et à la réutilisation des eaux usées
textiles dans l’industrie de Gwash (Nabeul, Tunisie) : elle comprend la chaîne de traitement
suivante :
- une unité de prétraitement par coagulation / floculation,
- un clarificateur primaire,
- un bioréacteur à lit mobile aérobie,
- un clarificateur secondaire,
- un filtre d’adsorption de colorant placé sur les résines pour éliminer davantage la couleur
restante,
- et un lit de séchage pour la déshydratation des boues.
 Les projets de recherche et de développement s’accélèrent en ce moment sur la REUT des eaux
grises et la séparation à la source pour la récupération du phosphore et de l’azote.

Ces projets, parmi d’autres, seront davantage explicités dans la phase 2 de l’étude, lors de l’analyse
prospective de la REUT en Tunisie.

6.3.4 Éléments de conclusion sur le traitement des eaux usées et


recommandations
ELEMENTS DE CONCLUSION
On présente ici la synthèse du diagnostic structurel du parc des stations ainsi que des pistes
d’amélioration. Les aspects de performance de traitement et leurs effets sur la qualité de l’eau sont
développés dans le chapitre 6.5.
96 Le parc de stations est-il en soi en adéquation avec la volonté affirmée de développer la REUT ?
L’analyse de la constitution du parc des stations d’épuration met en évidence des atouts forts pour le
développement de la REUT :
 Les capacités des stations d’épuration sont majoritairement dans la gamme de moyenne
capacité. Ces capacités permettent d’assurer un volume suffisant pour des projets d’envergure
de REUT. Ce constat ne s’applique pas si la REUT ne concerne que les eaux grises ou les projets
de REUT portant sur la séparation à la source, mais ce type d’utilisation est pour l’instant marginal
à l’échelle internationale.
 La création de stations d’épuration fait partie de la stratégie d’assainissement du pays depuis
plusieurs dizaines d’années.
 La dynamique des projets de réhabilitation pour renouveler le parc vieillissant des stations
d’épuration est un réel atout pour le développement concomitant des projets de REUT.
 Les procédés de traitement en place sont très efficaces pour l’abattement des matières
organiques. Cette efficacité est nécessaire pour atteindre un bon niveau de qualité. Il est
cependant à noter que le traitement des paramètres microbiologiques est à l’heure actuelle peu
développé.

RECOMMANDATIONS

Au regard de la situation actuelle, les grandes orientations qui se dégagent sont les suivantes :
 Poursuivre la dynamique existante de réhabilitation des STEP et définir les traitements
nécessaires, en prenant en compte l’usage aval potentiel.
 Améliorer la fiabilité, les performances, la flexibilité et la robustesse du parc épuratoire
existant : progresser dans la maintenance et le renouvellement des ouvrages ;

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

 Mettre en œuvre des technologies de traitement moins énergivores et optimiser les


équipements existants pour la recherche d’économies d’énergie : des initiatives sont en cours
pour réduire les coûts énergétiques : aération fines bulles, automatisation, télégestion,
panneaux solaires, cogénération.
 Mettre en place des dispositifs opérationnels en amont des STEP pour le respect des
exigences de rejet dans le réseau public d’assainissement (RPA) (Arrêté du 26 mars
2018).

6.4 LE STOCKAGE ET LE TRANSFERT DES EAUX JUSQU’AUX USAGES


6.4.1 Description des systèmes de stockage et de transport
Cette partie décrit les modes de transfert des EUT les plus courants en Tunisie, depuis la sortie de la
STEP jusqu’au lieu de réutilisation, pour les usages les plus répandus : les périmètres irrigués et les
golfs.

CAS DES PERIMETRES IRRIGUES


Le schéma suivant illustre les systèmes de transport des EUT pour alimenter les périmètres irrigués,
que l’on retrouve dans la majorité des cas.

Figure 6-7 : Schéma général du réseau et des ouvrages de transport des EUT de la sortie de la STEP jusqu’aux PI

97

Ouvrage de prise
Cet ouvrage est présent directement en sortie de STEP sur la conduite d’évacuation vers le milieu
récepteur. Il permet de dévier les EUT vers le bassin de régulation (ou vers la bâche de la station de
pompage si celui-ci n’existe pas). En dehors des périodes d’irrigation quand les EUT ne sont pas
utilisées par les agriculteurs, l’ouvrage de prise dirige les EUT vers le milieu récepteur.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Conduite d’amenée
La conduite d’amenée transporte les EUT de la
STEP jusqu’au bassin de régulation par
Figure 6-8 : Canal d’amenée des périmètres irrigués de
écoulement gravitaire. Cette conduite ne Talbet et Meghzel
dépasse en général pas les 200 m de long car le
bassin et la station de pompage sont souvent
situés à proximité de la STEP. Dans certains cas,
cette conduite est à ciel ouvert (ex du périmètre
irrigué d’El Hamma et de Talbet/Meghzel).

Bassin de régulation
Un bassin de régulation est présent juste en aval
Figure 6-9 : Bassin de régulation du périmètre irrigué
de la STEP pour la plupart des périmètres
irrigués. Le bassin permet d’optimiser l’utilisation
de Souhil à la sortie de la STEP SE3
des EUT produites par la STEP lors des périodes
de forte consommation d’eau par les cultures. En
effet, la STEP produit des eaux sur 24 h à un
débit variable en fonction des rejets d’eau par la
population, tandis que l’irrigation en période de Source : BRLi, mars 2019
pointe a souvent lieu sur une période de 16 h
dans la journée avec une temporalité différente.

Le bassin de régulation permet donc d’établir une


régulation entre l’offre et la demande, à l’échelle de la
journée, en stockant les EUT pendant les heures d’arrêt
de l’irrigation.
Source : BRLi, mars 2019
Dans les cas documentés, le bassin, bien qu’il soit
souvent appelé bassin de « stockage » par les usagers plutôt que de régulation, n’est pas dimensionné
98 pour effectuer un stockage inter-saisonnier. Lorsqu’il y a peu d’irrigation (en hiver par exemple), les EUT
excédentaires produites sont donc rejetées dans le milieu récepteur.

Station de pompage
En aval immédiat du bassin de régulation, une station de pompage permet de refouler les EUT vers
l’ouvrage de régulation. Une pompe de secours permet de prendre le relais si l’une des autres est en
panne. Cette station et le bassin de stockage sont souvent contenus à l’intérieur du périmètre d’emprise
de la STEP, ce qui permet de ne pas avoir d’acquisition foncière supplémentaire à effectuer et de gérer
plus facilement les équipements.

La station de pompage est en général à la charge du CRDA, que ce soit pour la maintenance, ou les
frais d’énergie. Cependant, il existe d’autres cas où c’est l’ONAS qui en est responsable (Dhraa Tammar
à Kairouan), le GDA (Aguila à Gafsa), voire un mixte entre le GDA et le Groupe Chimique Tunisien (El
Hamma à Gabès). Pour le GCT, le financement d’une partie du coût de pompage est une mesure de
compensation environnementale.

Les EUT sont ensuite transportées via une conduite de refoulement enterrée, un débitmètre permet de
mesurer le débit sortant de la station. Les périmètres irrigués se trouvent en général à moins de 3 km
de la station de pompage, sauf pour celui d’El Hajeb à Sfax qui a nécessité une conduite de refoulement
de 12 km.

Ouvrage de régulation
L’ouvrage de régulation permet qu’il n’y ait pas de Figure 6-10 : Château d’eau du périmètre
refoulement direct des EUT dans le réseau de distribution. irrigué d’Ouljet El Khoder
Il assure une régulation entre le débit pompé et le débit
d’appel et participe à la protection du réseau contre les
phénomènes de coups de bélier. Il se présente souvent
sous forme d’un réservoir surélevé sur des piliers de type
château d’eau ou sur des collines. La desserte du périmètre
se fait ensuite de manière gravitaire.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Réseau de distribution
A partir de l’ouvrage de régulation, un réseau de distribution,
constitué de conduites généralement enterrées, dessert
l’ensemble des bornes d’irrigation.

Bornes d’irrigation
Figure 6-11 : Borne d’irrigation du périmètre irrigué
Les bornes sont équipées d’un robinet-vanne et d’un El Khdirat
compteur tangentiel (pas toujours présent). Ensuite, le
réseau d’irrigation à la parcelle est installé par
l’agriculteur. Les modes d’irrigation et le devenir des EUT
après les bornes d’irrigation au niveau de l’usage
agricole sont abordés dans le Chapitre 11.

Le tableau suivant illustre la variété des


dimensionnements des ouvrages de transfert des
périmètres irrigués enquêtés lors de cette étude.

Source : BRLi, mars 2019

Tableau 6-7 : Caractéristiques du réseau de transfert des EUT des périmètres irrigués enquêtés
Périmètre irrigué Bassin de stockage Station de pompage Ouvrage de
régulation

Souhil SE3 : 1 000 m3 SE3 : pompes de 50 l/s, HMT = 55 m 2 000 m3


99
E4 : 4 500 m3 SE4 : 3 pompes de 90 l/s, HMT = 68 m

El Kdhirat 750 m3 2 pompes de 18 l/S, HMT = 75 m 700 m3

Mediouna 1 000 m3 3 pompes de 50 l/s, HMT = 71 m 200 m3

Dhraâ Tammar 1700 m3 + 5 000 m3 3 pompes de 80 l/s, HMT = 24 m


3
Ouardanine 1 000 m 3 pompes de 17 l/s, HMT = 300 m 500 m3

El Hamma 1 200 m3 3 pompes de 17 l/s, HMT = 27 m 100 m3

Meghzel Bassins de lagunage 2 pompes de 25 l/s, HMT = 63 m 50 m3


de l’ONAS
Talbet Bassins de lagunage 2 pompes de 18 l/s, HMT = 45 m 50 m3
de l’ONAS

Ouljet El Khoder 1 000 m3 2 pompes de 25 L/s, HMT = 50 m 50 m3


Oued Essid 2 500 m3 2 pompes de 30 l/s, HMT = 50 m 25 m3

Aguila 2 500 m3 2 pompes de 30 l/s + 2 pompes de Pas d’ouvrage


secours

Borj Touil 3 800 m3 6 pompes de 420 l/s, HMT = 125 m Pas d’ouvrage
El Hajeb Pas de bassin 4 pompes de 80 l/s 250 m3

CAS DES GOLFS


Pour les golfs, le transport des EUT suit le même principe que pour les périmètres irrigués, sauf qu’à la
place d’un bassin et d’un ouvrage de régulation, on trouve des lacs de stockage. Ces derniers ont une
capacité de stockage qui varie entre 20 000 et 40 000 m3 en fonction de la taille des golfs et permettent
de stocker les EUT entre 10 et 20 jours, en fonction des besoins en eau.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Outre ce rôle restreint de stockage, les études de faisabilité décrivent leur rôle de bassin de maturation
pour décanter les matières en suspension et abattre la pollution microbiologique. Or, le temps de séjour
et la qualité des EUT n’étant pas, ou peu, contrôlée par les golfs, il est difficile d’estimer l’efficacité de
ces lacs de stockage pour améliorer la qualité de l’eau. Il n’y a pas de débitmètre installé en sortie des
lacs de stockage, les débits consommés sont estimés à partir des rendements des stations de pompage.

Figure 6-12 : Schéma général du réseau et des ouvrages de transport des EUT de la sortie de la STEP jusqu’aux golfs

Figure 6-13 : Lac de stockage des EUT du Golf Flamingo

100

Source : BRLi, février 2019

6.4.2 Éléments de conclusion sur le stockage et le transfert des EUT et


recommandations
ELEMENTS DE CONCLUSION
Les réseaux de transfert des EUT depuis la STEP vers le lieu de réutilisation en Tunisie se sont
améliorés au fur et à mesure grâce à l’expérience des périmètres irrigués les plus anciens. Par exemple,
des bassins de régulation sont maintenant ajoutés de manière systématique pour mieux réguler le débit
d’irrigation en période de pointe, des traitements complémentaires (filtres à sable, à disques etc.) ont
aussi été ajoutés pour réduire le colmatage du réseau de distribution, la majorité des conduites sont
enterrées pour limiter la contamination des EUT en aval du traitement, etc.

Cependant, lors des enquêtes de terrain au niveau des périmètres irrigués et des golfs, des problèmes
récurrents ont été notifiés au niveau du réseau de transfert des EUT et des ouvrages de stockage et de
régulation :

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Au niveau de la quantité d’eau distribuée : les débits d’équipements de certains périmètres irrigués
sont calés sur le débit journalier de la STEP et aucune marge n’existe pour pallier une défaillance de
production au niveau de la STEP. Ceci soulève un problème de continuité de service au niveau des
périmètres irrigués à partir des EUT. De plus, les pompes au niveau des stations de pompage ne sont
pas toujours en état de fonctionnement par rapport à la capacité de conception, notamment en période
de pointe. Les filtres permettant un traitement complémentaire réduisent aussi le débit maximal pouvant
être pompé. Il arrive donc aux agriculteurs de by passer le filtre afin d’avoir une quantité d’eau plus
importante, au détriment de la qualité (périmètre irrigué d’Aguila, El Kdhirat).

Pour ce qui est de la mesure du débit d’eau consommé : les compteurs tangentiels présents au
niveau des bornes d’irrigation sont peu précis et il y a donc un grand décalage entre ce qui est mesuré
grâce au débitmètre de la station de pompage, quand il existe, et la mesure des compteurs. Ils ont
même été enlevés dans certains périmètres irrigués car ils étaient jugés inutiles (périmètre irrigué Oued
Essid). Il est donc difficile de connaître la quantité d’eau distribuée pour chaque agriculteur.

Au niveau de l’état des infrastructures : les réseaux de distribution sont peu réhabilités et sont donc
vétustes (périmètres de Borj Touil, El Hajeb). Pour certains périmètres, le CRDA rencontre des soucis
de fuites au niveau des stations de pompage ou encore de colmatage au niveau des bornes d’irrigation
(périmètres de Talbet et Meghzel, Ouljet el Khoder) et n’est pas toujours compétent pour apporter des
solutions. Les bassins de stockage (dont les lacs au niveau des golfs) sont peu entretenus et sont
colmatés, des développements algaux sont observés, notamment en période estivale.

Figure 6-14 : Développement algal dans le bassin de stockage du périmètre irrigué de Ouardanine

101

Source : BRLi, février 2019

Pour finir, les CRDA ont fait part des difficultés d’alimentation électrique des installations (coupures
électriques fréquentes). En heure de pointe, les coûts importants d’énergie pour le fonctionnement des
stations de pompage sont aussi des freins à l’utilisation des EUT, surtout que ces heures correspondent
souvent au moment de la journée où les agriculteurs doivent le plus irriguer (de 11h à 15h pour le cas
des périmètres reliés à la station de pompage de la STEP SE4).

RECOMMANDATIONS

Les bassins de stockage existants constituent plutôt des bassins de régulation que de véritables
stockages. La mise en place d’un stockage plus important permettrait une régulation inter-
mensuelle, entre une production assez rigide, et des besoins très fluctuants.

Par ailleurs, les conditions de sécurité sanitaires sont dans la plus part des cas absentes (clôture,
écriteaux de sensibilisation, etc.) et méritent d’être renforcées.

La consommation d’énergie au niveau des stations de pompage est un sujet important pour les GDA et
les CRDA. Des scénarios de financement devront être proposés pour permettre aux usagers d’utiliser
les eaux quand ils en ont besoin et d’assurer la durabilité des systèmes de distribution (maintenance,
réhabilitation).

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Plusieurs questions se poseront alors en termes de financement : Est-ce à l’usager des EUT de payer ?
Au consommateur d’eau potable via la facture d’eau ? Aux grands consommateurs et pollueurs
(exemple du financement par le GCT) ? A la municipalité dans la mesure où les zones de baignade
seront moins dégradées pour le tourisme grâce à la REUT ?

Le recours aux énergies renouvelables pour diminuer les coûts sera aussi une piste à envisager en
phase 2.

102

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

6.5 QUALITE DES EAUX USEES TRAITEES : ASPECT PERFORMANCE DU TRAITEMENT


6.5.1 Objectifs du bilan de la qualité effective à la sortie des STEP
La qualité des eaux usées traitées a été analysée grâce aux éléments transmis par l’ONAS. L’objectif
de cette analyse est double :
 Dans un premier temps, réaliser le diagnostic de la situation actuelle pour les 66 STEP pour
lesquelles tout ou partie des eaux usées traitées sont réutilisées. Cette analyse consiste à mettre
en regard la qualité des eaux usées traitées avec les exigences de la réglementation pour la
REUT. La seule réglementation existante étant celle dévolue à l’usage agricole (la norme NT
106.03), c’est cette norme qui a été utilisée.
 Dans un deuxième temps, évaluer la conformité de la qualité de l’eau de 105 STEP aux
exigences requises pour développer la REUT (105 est le nombre de stations sur les 122
existantes pour lesquelles nous avons pu disposer de données sur la performance du traitement).
Cette analyse est préparatoire à la phase de prospective afin de définir les leviers possibles pour
améliorer les taux de non-conformité selon les paramètres et pour proposer d’éventuelles
adaptations réglementaires. Il n’existe pas actuellement de normes pour les différents usages en
Tunisie, c’est donc la NT 106.02 (déversement dans le milieu récepteur) qui a été choisie pour
réaliser l’analyse41. Le diagnostic par station sera pleinement exploité dans les phases ultérieures
de l’étude. Cette approche permettra :
- Pour le court terme, de planifier les projets de REUT en fonction des qualités de traitement
existantes pour les différentes STEP,
- Pour le moyen et long terme, de proposer des qualités de traitement en fonction des usages
potentiels et existants.

6.5.2 Méthode 103


Les résultats des analyses inscrits dans les rapports annuels ONAS de 2017 ne répertorient pas tous
les paramètres inscrits dans les normes NT 106.03 et NT 106.02 (respectivement 6 42 et 20 43
paramètres physico-chimiques). Les analyses qui suivent concernent donc l’ensemble des paramètres
ayant fait l’objet de mesures et qui pouvaient être mis en relation avec la réglementation.

Les critères d’analyse ont été établis en fonction des données transmises. Le nombre et la qualité des
données étant différents pour les 3 paramètres DBO5, DCO, MES et les autres paramètres analysés,
l’approche est différente pour chacun. La méthode retenue est la suivante :
 Critère pour définir la non-conformité :
- pour les paramètres DBO5, DCO et MES, la caractérisation en « non-conformité » a été
établie à partir des données transmises par l’ONAS.
Les stations d’épuration ont été considérées en non-conformité, pour le paramètre considéré,
lorsqu’au moins un échantillon au cours de l’année ne respectait pas la limite de qualité fixée
pour ce paramètre.
Cette approche peut sembler stricte mais On constate cependant que, pour une station
donnée, il est très rare de constater seulement un ou deux échantillons non conformes. Plus
précisément, nous avons calculé que moins de 10% des stations d’épuration ont une
proportion d’échantillons non-conformes sur l’année inférieure à 5%

41 Nous n’avons pas considéré les exigences de l’arrêté de 2018 car les données de qualité de l’eau datent de 2017 et c’est la
NT 106.02 qui s’appliquait encore cette année-là.
42 Les analyses des paramètres : pH, fluorures, organochlorés, arsenic, bore et sélénium inscrits dans la norme NT 106.03
n’apparaissent pas dans les rapports annuels.
43 Les analyses des paramètres : pH, matières décantables, chlore actif, bioxyde de chlore, magnésium, potassium, sodium,
calcium, couleur, bore, étain, molybdène, argent, arsenic, , bérilium, chrome 3+, antimoine, sélénium, titane, pesticides
inscrits dans la norme NT 106.02 n’apparaissent pas dans les rapports annuels.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

. En d’autres termes, une station est très rarement jugée « non-conforme » sur la base d’un
seul échantillon non-conforme. Ainsi, ce tableau ci-dessous montrent qu’environ 40% des
stations d’épuration classées en Non-conformités présentent plus de 50% d’échantillons non
conformes.

Tableau 6-8 : Répartition du pourcentage de stations d’épuration en proportion du nombre d’échantillons non conformes
% de Non‐Conformités sur le nombre
DBO5 DCO MES
total d'analyses
0< %NC <5% 8% 9% 14%
5%<= %NC <10% 12% 9% 9%
10 %<= % NC <30% 32% 20% 23%
30 %<= % NC <50% 8% 17% 14%
% NC > 50% 40% 44% 40%
Certes, une station d’épuration peut faire l’objet de dysfonctionnements seulement le jour du
prélèvement. Cependant, les analyses ne sont pas effectuées de façon journalière, on peut
donc supposer que lorsque la station ne satisfait pas les exigences le jour de l’analyse, cela
peut arriver un certain nombre de fois pendant l’année. De plus, il n’y a pas, à ce jour, de
système d’alerte qui permette d’arrêter immédiatement la réutilisation en cas de non-
conformité.
Un exemple de tableau fourni par l’ONAS est présenté ci-après. Dans ce cas, on note par
exemple que pour la DBO5, 24 échantillons sont conformes et 37 non conformes, sur un total
de 61.

Tableau 6-9 : Exemple de tableau présenté dans les rapports annuels de l’ONAS
Nombre d'analyse des Eaux usées trairées ( sortie STEP)
DBO5 DCO MES
Réalisé par Analyse Réalisé par Réalisé par
Réalisé par le Analyse Analyse Réalisé par le
Réalisé par l'exploitant réalisé par le l'exploitant l'exploitant
laboratoire réalisé par réalisé par laboratoire
l'ONAS privé de la laboratoire privé de la privé de la
PRIVE l'ONAS l'ONAS PRIVE
station PRIVE station station
104
Nbre analyse

Nbre analyse

Nbre analyse

Nbre analyse

Nbre analyse

Nbre analyse

Nbre analyse
Nbre total

Nbre total

Nbre total

Nbre total

Nbre total

Nbre total

Nbre total

Nbre total

Nbre total
conforme

conforme

conforme

conforme

conforme

conforme

conforme
conforme

conforme
analyses

analyses
Nbre

Nbre

Colonne N° 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69
Unité U U U U U U U U U U U U U U U U U U

Janvier 4 3 2 2 4 3 2 1 4 4 2 1

Février 4 1 2 1 4 1 2 0 4 1 2 0

Mars 4 0 2 0 4 0 2 0 4 0 2 0

Avril 4 0 2 0 4 0 2 0 4 0 2 0

Mai 4 2 2 0 4 1 2 0 4 0 2 0

juin 3 1 1 0 3 1 1 0 3 2 1 0

Juillet 3 0 0 0 3 0 0 0 3 0 0 0

Août 4 0 0 0 4 0 0 0 4 0 0 0

Septembre 4 3 0 0 4 1 0 0 4 0 0 0

Octobre 5 4 2 0 5 3 2 0 5 2 2 0

Novembre 3 2 1 1 3 2 1 1 3 3 1 1

décembre 4 4 1 0 4 3 1 0 4 4 1 0

TOTAL 46 20 15 4 46 15 15 2 46 16 15 2

Moyenne

- Pour les autres paramètres, l’ONAS n’établit pas de tableau de synthèse indiquant
directement « conforme » ou « non-conforme ». Nous avons procédé nous même à la
comparaison entre le résultat de l’analyse et la valeur réglementaire.
Il a ensuite été considéré, comme pour DBO5, DCO et MES, que les stations qui présentent
au moins un échantillon non conforme pour le paramètre étudié sur l’année 2017 sont
classées non-conformes.
Pour mémoire, en moyenne le nombre d’échantillons réalisés sur ces paramètres est de 3 par
an.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

 Critère conduisant à classer une station dans la catégorie « données non-exploitables » :


Pour certaines stations, soit il n’existe pas de prélèvement, soit les prélèvements ne sont pas
exploitables. En effet, certains résultats retranscrits comportent la mention « < [c] » alors-même
que la norme est inférieure à cette valeur [c]. Dans ce cas où le seuil de détection est supérieur
à la norme, il n’est pas possible de conclure si l’échantillon est conforme.
 Critère pour définir la conformité :
Le taux de station conforme est obtenu par différence avec le taux des deux catégories
précédentes :
% S. C 100 % 𝑑𝑒𝑠 𝑆. 𝑁𝐶 % 𝑆. 𝑁𝐸
S.C = Station conforme
S.NC = Station non conforme
S.NE = Station pour laquelle la donnée n’est pas exploitable

6.5.3 Première analyse portant sur les 66 STEP dont les eaux usées traitées sont
tout ou partie réutilisées
Les éléments présentés dans ce sous-chapitre correspondent à l’analyse de la situation actuelle
pour les 66 STEP produisant de l’eau pour la REUT. Cette analyse comprend notamment des tableaux
récapitulatifs de la conformité des 66 STEP à la norme NT 106.03.

Les tableaux présentés ci-après recensent les pourcentages de stations dont les échantillons d’eau ont
fait l’objet d’analyses et dont les résultats ont pu être classés en « non-conformes », « conformes » et
« non exploitables » avec la NT 106.03.

Les résultats sont donnés en nombre de station et en volume. Les principaux éléments à retenir sont
résumés ci-dessous.
105
DBO5, DCO, MES
Analyse et interprétation à partir des rapports de chaque station d’épuration (BRLi)
Globalement, l’analyse réalisée montre des résultats de non-conformité très élevés sur ces paramètres,
de l’ordre de 80% à 100% selon les paramètres et le milieu récepteur. Ces pourcentages sont
relativement semblables que l’on raisonne en nombre ou en volume traité. A noter que la Région Centre
est la région qui présente les meilleurs taux de conformité (autour de 15%).

Pour les 66 stations concernées par un usage REUT à leur aval, et en termes de volume traité, on peut
retenir, pour l’année 2017 :
 Paramètre DBO5 : 13,4 millions de m3 traités sont conformes pour ce paramètre (soit environ
6% du total traité),
 Paramètre DCO : 5,7 millions de m3 traités sont conformes pour ce paramètre (soit environ 3%
du total traité),
 Paramètre MES : 6,3 millions de m3 traités sont conformes pour ce paramètre (soit environ 3%
du total traité).

Pourtant, le procédé de traitement des stations d’épuration par boues activées est reconnu comme
ayant d’excellentes performances sur les paramètres DBO5, DCO, MES, s’il est conçu et exploité dans
de bonnes conditions. Plusieurs causes peuvent expliquer les taux importants de non-conformité :
 Des problématiques de raccordements industriels ;
 Une surcharge en charge hydraulique ou polluante des stations d’épuration qui dérogent aux
hypothèses de dimensionnement pour lesquelles elles ont été conçues. Cette surcharge des
stations a été estimée pour les stations dont les informations sont exploitables.
- Région Sud : 21% de stations en surcharge
- Région Centre : 40% de stations en surcharge,

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

- Région Nord : 12% de stations en surcharge,


- Grand Tunis : 37%.
Le fait que plus qu’un certain nombre de STEP soit en surcharge une partie du temps participe
à expliquer l’incapacité des filières de traitement à atteindre les limites de qualité fixé par la
NT 106.02 (rejet vers milieu hydraulique) pour lesquelles elles ont été conçues. De nombreuses
STEP sont en réhabilitation ou projet de réhabilitation pour faire face à ce problème.
 Des problématiques d’exploitation ou des retards pour la maintenance des STEP peuvent
provoquer une mauvaise performance des stations d’épuration et donc un mauvais abattement
de la charge organique,
 Des nécessités économiques qui entraînent des fonctionnements de STEP en mode dégradé
(arrêt momentané de l’aération, fonctionnement des pompes en heure creuse, arrêt du
fonctionnement du traitement tertiaire)

La présence de ces paramètres entraîne des impacts essentiellement physiques. En effet, les MES
entraînent des phénomènes de colmatage dans les systèmes d’irrigation de type goutte-à-goutte ou
aspersion, ce qui peut être un frein important pour les usages agricoles, l’arrosage des golfs et des
espaces verts.

Analyse et interprétation de l’ONAS sur des données consolidées


Le tableau ci-dessous présente un tableau d’analyse de la conformité des EUT, fourni par l’ONAS.

Tableau 6-10 : Paramètres DBO5, DCO et MES/ Analyses des laboratoires de l’ONAS : Tableau transmis par l’ONAS
2016 2017 2018
Volume des EUT
79 76 108
conforme (Mm3)
Volume Total (Mm3) 220 218 226

106 % de conformités
Moyenne annuelle en 36 35 48
volume
Source : fichier de commentaires reçu par l’ONAS en janvier 2020 suite à la remise du rapport de diagnostic de la présente étude (V2)

Sur la base de ce tableau, l’ONAS formule la conclusion suivante :

« Ceci montre un volume actuel important des EUT de qualité conforme aux normes et qui dépasse les
besoins actuels de la réutilisation. Une analyse plus poussée a été réalisé par l’ONAS sur les volumes
mensuels durant l’année 2017. Cette analyse a montré que 51% du volume des EUT est conforme. »

MICROBIOLOGIE
Un seul paramètre biologique est considéré dans la norme NT 106.03, il s’agit des œufs de nématodes
intestinaux. L’exigence est <1 u/1000 mL, ce qui est une exigence fréquemment utilisée au niveau
international : Maroc, Italie, Israël, Espagne ainsi que par l’OMS.

A l’échelle nationale, environ 60% des STEP en nombre et en volumes traités sont conformes pour
ce paramètre. Ce pourcentage représente 142 millions de m3 traités qui sont conformes. La région
Sud, qui rassemble le plus de projets de réutilisation des eaux usées traitées, affiche un pourcentage
très fort de conformité (90%).

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

ELEMENTS TRACES METALLIQUES


10 paramètres sur 13 inscrits dans la Norme NT106.03 sont analysés : l’arsenic, le bore et le sélénium
ne font pas partie des éléments recherchés.

Globalement, les stations d’épuration concernées par la REUT respectent la norme concernant les
Eléments Traces Métalliques (particulièrement dans la région Sud qui présente encore une fois les taux
les plus élevés de conformité), excepté le cobalt, le mercure et le fer pour la région du Grand Tunis.

On peut noter que les niveaux de concentration dans la norme NT 106.03 sont de manière générale
moins exigeants que pour le rejet en milieu hydraulique (NT 106.02), ce qui présente une certaine
incohérence, au regard des enjeux des usages aval.

Cependant, il est à noter que plusieurs pays (Espagne, Israël, Italie, Maroc, Turquie, Jordanie) suivent
également les Eléments Traces Métalliques dans leur réglementation de réutilisation des eaux usées
destinées à l’irrigation. Pour les pays cités, les exigences portant sur les concentrations en Eléments
Traces Métalliques sont similaires à celle de la Tunisie.

CHLORURE
Globalement, toutes les STEP sont conformes pour ce paramètre.

On note que la limite de qualité de la NT 106.03 est beaucoup moins restrictive que la NT 106.02 (rejet
dans le milieu hydraulique). Cela se traduit par un taux de conformité des stations vis-à-vis de la NT
106.03 bien plus élevé que vis-à-vis de la NT 106.02.

Le Tableau 6-11 et le Tableau 6-12 reprennent les paramètres mentionnés ci-dessus et expriment la
conformité des STEP pour chaque grande région de Tunisie, en termes de pourcentage de STEP
conformes et non conformes pour le premier tableau et en termes de volumes traités pour le deuxième.
107

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Tableau 6-11 : Pourcentage de non-conformité, de conformité et de données non exploitables vis-à-vis de la NT 106.03 par régions

Echelle Echelle Echelle


Centre Grand Tunis Nord Sud Centre Grand Tunis Nord Sud Centre Grand Tunis Nord Sud
nationale nationale nationale

Niveau de conformité Non conforme = NC Conforme = C Non exploitable = NE

Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de
Paramètres % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP
STEP STEP STEP STEP STEP STEP STEP STEP STEP STEP STEP STEP

Nombre de STEP 14 5 27 20 66 14 5 27 20 66 14 5 27 20 66

DBO5 12 86% 5 100% 21 78% 19 95% 89,6% 2 14% 0 0% 4 15% 1 5% 9% 0 0% 0 0% 2 7% 0 0% 2%

DCO 13 93% 5 100% 25 93% 20 100% 96,4% 1 7% 0 0% 0 0% 0 0% 2% 0 0% 0 0% 2 7% 0 0% 2%

MES 12 86% 5 100% 24 89% 20 100% 93,7% 2 14% 0 0% 1 4% 0 0% 4% 0 0% 0 0% 2 7% 0 0% 2%

Chlorure 3 21% 0 0% 0 0% 1 5% 6,6% 11 79% 5 100% 26 96% 19 95% 92% 0 0% 0 0% 1 4% 0 0% 1%

Conductivité 3 21% 1 20% 1 4% 2 10% 13,8% 10 71% 4 80% 24 89% 18 90% 83% 1 7% 0 0% 2 7% 0 0% 4%
Microbiologie

Œufs de nématodes
6 43% 2 40% 1 4% 2 10% 24,1% 7 50% 3 60% 6 22% 18 90% 56% 1 7% 0 0% 20 74% 0 0% 20%
intestinaux

Mercure 5 36% 1 20% 11 41% 6 30% 31,6% 4 29% 1 20% 6 22% 14 70% 35% 5 36% 3 60% 10 37% 0 0% 33%

Cuivre 0 0% 0 0% 0 0% 5 25% 6,3% 14 100% 5 100% 25 93% 15 75% 92% 0 0% 0 0% 2 7% 0 0% 2%

Nickel 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0,0% 14 100% 5 100% 27 100% 20 100% 100% 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0%

Zinc 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0,0% 14 100% 5 100% 25 93% 20 100% 98% 0 0% 0 0% 2 7% 0 0% 2%


109
Manganèse 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0,0% 14 100% 3 60% 23 85% 20 100% 86% 0 0% 2 40% 4 15% 0 0% 14%
ETM

Chrome total 2 14% 1 20% 0 0% 2 10% 11,1% 12 86% 4 80% 24 89% 18 90% 86% 0 0% 0 0% 3 11% 0 0% 3%

Cadmium 2 14% 0 0% 0 0% 0 0% 3,6% 12 86% 5 100% 24 89% 20 100% 94% 0 0% 0 0% 3 11% 0 0% 3%

Cobalt 0 0% 1 20% 0 0% 4 20% 10,0% 4 29% 2 40% 10 37% 16 80% 46% 10 71% 2 40% 17 63% 0 0% 44%

Fer 1 7% 0 0% 1 4% 1 5% 4,0% 13 93% 1 20% 21 78% 19 95% 71% 0 0% 4 80% 5 19% 0 0% 25%

Plomb 0 0% 0 0% 0 0% 1 5% 1,3% 14 100% 5 100% 26 96% 19 95% 98% 0 0% 0 0% 1 4% 0 0% 1%

Source : ONAS (Rapports annuels 2017)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
110
Echelle
Centre Grand Tunis Nord Sud
nationale
Niveau de Conformité Non conforme
Volume 50 672 766 90 732 610 43 652 816 38 990 813 224 049 005
Part du Part du
Volume EUT Volume EUT Part du Volume EUT Part du Volume EUT Part du
volume des volume EUT à
Paramètres par STEP par STEP volume des par STEP volume des par STEP volume des
STEP du l'échelle
(m3/an) (m3/an) STEP du GT (m3/an) STEP du Nord (m3/an) STEP du Sud
Centre nationale

< 20%
DBO5 44 589 720 88% 90 732 610 100% 37 070 545 85% 38 990 813 94% 93%
DCO 44 949 419 89% 90 732 610 100% 41 895 833 96% 41 364 601 100% 97%

Conformité des échantillons


MES 44 589 720 88% 90 732 610 100% 41 709 696 96% 41 364 601 100% 96%

entre 50% et 80%


entre 20% et 50 %

entre 80% et 100%


Chlorure 10 379 683 20% 0 0% 0 0% 571 220 1% 5%
Conductivité 10 379 683 20% 8 970 845 10% 2 668 668 6% 3 135 704 8% 11%

Œufs de
nématodes 22 154 597 44% 27 123 784 30% 585 926 1% 4 362 842 11% 24%
intestinaux

Microbiologie
Mercure 28 483 618 56% 12 201 807 13% 21 655 130 50% 8 464 788 20% 31%
Cuivre 0 0% 0 0% 0 0% 3 514 114 8% 2%
Nickel 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0%
Zinc 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0%
Manganèse 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0%

ETM
Chrome total 6 095 577 12% 8 970 845 10% 0 0% 18 513 733 45% 15%
Cadmium 2 553 119 5% 0 0% 0 0% 0 0% 1%
Cobalt 0 0% 41 788 607 46% 0 0% 17 625 899 43% 26%
Fer 4 358 463 9% 0 0% 6 434 192 15% 14 768 882 36% 11%
Plomb 0 0% 0 0% 0 0% 14 768 882 36% 7%

Echelle
Centre Grand Tunis Nord Sud
nationale
Niveau de Conformité Conforme
Volume 50 672 766 90 732 610 43 652 816 38 990 813 224 049 005
Part du Part du
Volume EUT Volume EUT Part du Volume EUT Part du Volume EUT Part du
volume des volume EUT à
Paramètres par STEP par STEP volume des par STEP volume des par STEP volume des
STEP du l'échelle
(m3/an) (m3/an) STEP du GT (m3/an) STEP du Nord (m3/an) STEP du Sud
Centre nationale
DBO5 6 083 046 12% 0 0% 4 825 288 11% 2 373 788 6% 6%
DCO 5 723 347 11% 0 0% 0 0% 0 0% 3%
MES 6 083 046 12% 0 0% 186 137 0% 0 0% 3%
Chlorure 40 293 083 80% 90 732 610 100% 42 814 461 98% 40 793 381 99% 95%
Conductivité 30 981 957 61% 81 761 765 90% 37 157 086 85% 38 228 897 92% 83%

Œufs de
nématodes 26 399 106 52% 63 608 826 70% 15 431 723 35% 36 778 691 89% 63%
intestinaux

Microbiologie Mercure 12 582 537 25% 12 849 374 14% 9 213 073 21% 32 899 813 80% 30%
Cuivre 50 672 766 100% 90 732 610 100% 39 092 008 90% 37 850 487 92% 96%
Nickel 50 672 766 100% 90 732 610 100% 43 652 816 100% 41 364 601 100% 100%
Zinc 50 672 766 100% 90 732 610 100% 40 827 087 94% 41 364 601 100% 99%
Manganèse 50 672 766 100% 39 973 158 44% 37 405 619 86% 41 364 601 100% 75%
ETM

Chrome total 44 577 189 88% 81 761 765 90% 39 143 108 90% 22 850 868 55% 83%
Cadmium 48 119 647 95% 90 732 610 100% 40 003 693 92% 41 364 601 100% 97%
Cobalt 18 870 433 37% 27 771 351 31% 22 405 339 51% 23 738 702 57% 41%
Fer 46 314 303 91% 12 849 374 14% 30 037 838 69% 26 595 719 64% 51%
Plomb 50 672 766 100% 90 732 610 100% 41 760 676 96% 26 595 719 64% 93%

Echelle
Centre Grand Tunis Nord Sud
nationale

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
Niveau de Conformité Non exploitable
Volume 50 672 766 90 732 610 43 652 816 38 990 813 224 049 005
Part du Part du
Volume EUT Volume EUT Part du Volume EUT Part du Volume EUT Part du
volume des volume EUT à
Paramètres par STEP par STEP volume des par STEP volume des par STEP volume des
STEP du l'échelle
Tableau 6-12 : Volume traité conforme vis-à-vis de la NT 106.03 : part du volume d’EUT annuel par rapport au volume total sortant des STEP du pays

(m3/an) (m3/an) STEP du GT (m3/an) STEP du Nord (m3/an) STEP du Sud


Centre nationale
DBO5 0 0% 0 0% 1 756 983 4% 0 0% 1%
DCO 0 0% 0 0% 1 756 983 4% 0 0% 1%
MES 0 0% 0 0% 1 756 983 4% 0 0% 1%
Chlorure 0 0% 0 0% 838 355 2% 0 0% 0%
Conductivité 9 311 126 18% 0 0% 3 827 062 9% 0 0% 6%

Œufs de
nématodes 2 119 063 4% 0 0% 27 635 167 63% 223 068 1% 13%
intestinaux
Microbiologie

Mercure 9 606 611 19% 65 681 429 72% 12 784 613 29% 0 0% 39%
Cuivre 0 0% 0 0% 4 560 808 10% 0 0% 2%
Nickel 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0%
Zinc 0 0% 0 0% 2 825 729 6% 0 0% 1%
Manganèse 0 0% 50 759 452 56% 6 247 197 14% 0 0% 25%
ETM

Chrome total 0 0% 0 0% 4 509 708 10% 0 0% 2%


Cadmium 0 0% 0 0% 3 649 123 8% 0 0% 2%
Cobalt 31 802 333 63% 21 172 652 23% 21 247 477 49% 0 0% 33%
Fer 0 0% 77 883 236 86% 7 180 786 16% 0 0% 38%
Source : ONAS (Rapports annuels 2017)

Plomb 0 0% 0 0% 1 892 140 4% 0 0% 1%


6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT
6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

6.5.4 Deuxième analyse portant sur l’ensemble du parc des stations d’épuration
de la Tunisie
La norme NT 106.02 distingue deux milieux récepteurs des EUT : domaine public hydraulique et
domaine public maritime.

Le classement par milieu de rejet transmis par l’ONAS porte sur 105 STEP : 69 d’entre elles sont
classées avec un rejet vers le milieu hydraulique (milieu terrestre) et 36 vers le milieu maritime. Une
approche différenciée a donc été réalisée en fonction du milieu récepteur.

Les tableaux récapitulatifs de cette analyse sont donnés en Annexe 2. Les principales conclusions sont
données ci-dessous.

6.5.4.1 Analyse et interprétation à partir des rapports 2017 de chaque station d’épuration
(BRLi)
POUR LES STATIONS REJETANT DANS LE MILIEU PUBLIC HYDRAULIQUE (DPH) AU SENS DE LA
NORME
Bilan sur les paramètres DBO5, DCO, MES
Globalement, l’analyse réalisée montre des résultats similaires à l’analyse pour les 66 STEP réalisée
ci-avant. Ainsi, on observe une non-conformité très élevée sur ces paramètres, de l’ordre de 79% à
87% selon les paramètres sur l’ensemble du territoire tunisien.

Bilan sur les paramètres Azote et Phosphore


En fonction de l’usage, la présence d’azote sous forme de nitrates, ainsi que la présence de phosphore 111
(en quantité non excessive) peut présenter une opportunité et est, selon les usages, favorable ou
défavorable :
 très favorable pour l’usage irrigation agricole et l’irrigation des forêts, avec des exigences :
- peu élevées pour les nitrates (< 50 mg/l) ;
- très élevées pour le phosphore (< 0,05 mg/l) et qui imposent un traitement chimique. Ce type
de traitement a été mis en place sur la station d’épuration grappée de Ben Arous,
principalement pour pouvoir traiter les effluents industriels raccordés à la station. La filière
physicochimique était hors service en 2017.
 favorable pour les golfs et espaces verts,
 défavorable pour la valorisation écologique car leur présence participe au phénomène
d’eutrophisation des milieux aquatiques.

Microbiologie
Concernant les paramètres microbiologiques, comme évoqué précédemment, les exigences
réglementaires sont élevées, et les procédés de traitement conventionnels intensifs actuellement
utilisés en Tunisie ne permettent pas de traiter ces éléments.

Seul le traitement par procédé de type lagunage (utilisé en seconde position en Tunisie) permet
d’atteindre de meilleurs rendements en microbiologie (103 à 104) (El Koundi, 2002). Cependant, il n’est
pas suffisant pour respecter les limites de qualité fixées (pour les coliformes et streptocoques fécaux).

Agir sur ces paramètres nécessite forcément un traitement complémentaire spécifique qui est peu
développé en Tunisie. Les résultats de non-conformité en microbiologie s’expliquent donc par l’absence
de traitement tertiaire.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Concernant les paramètres « salmonelle » et « vibrion » dont la présence indique un risque sanitaire
important (à l’origine de maladies épidémiques telles que le choléra), leur suivi n’est pas systématique,
surtout dans la région Nord (81% et 74% des données ne sont pas exploitables), le taux de non-
conformité est préoccupant pour la région Sud (69% et 46% de non-conformité pour ces paramètres).

Eléments Traces Métalliques


Les exigences vis-à-vis de ces paramètres sont souvent respectées, les non-conformités sont à
rapprocher des potentiels raccordements industriels non conformes.

Les éléments traces métalliques les plus fréquemment retrouvés sont présentés dans le tableau suivant
sur la base des analyses réalisées en 2017.

Tableau 6-13 : Analyses des résultats concernant les éléments traces métalliques (année 2017)
Non‐conformité (année 2017)
Région Mercure Cuivre Nickel Zinc Manganèse Cyanure Chrome 6 Cadmium Cobalt Aluminium Fer Plomb
Centre 5 0 1 0 0 1 14 4 0 0 5 5
Grand Tunis 2 2 0 0 0 0 4 1 2 0 0 3
Nord 16 1 0 0 0 0 4 1 0 0 1 1
Sud 14 5 2 0 0 9 3 1 3 0 8 1
Total 37 8 3 0 0 10 25 7 5 0 14 10
% de non‐
33% 7% 3% 0% 0% 9% 23% 6% 5% 0% 13% 9%
conformité
Ces paramètres sont à suivre lorsque l’usage aval est en lien direct avec la consommation des produits
(cultures et recharge de nappe) et avec le vivant (valorisation écologique). Le golf et les cultures
forestières sont ainsi moins concernés.

Chlorure
La présence d’ions chlorures est souvent en lien avec l’intrusion d’eau de mer, drainée par les réseaux
112 d’assainissement qui présentent des défauts d’étanchéité. Les ions chlorure peuvent aussi être issus
d’effluents industriels.

Ces ions, et plus généralement les sels impactent :


 le fonctionnement biologique de la station en provoquant une défloculation partielle, c’est à dire
une sortie de boue au niveau du clarificateur et donc une augmentation des MES.
 la durée de vie utile du matériel d’irrigation,
 les sols, et ainsi les cultures irriguées, notamment en réduisant la capacité des cultures à extraire
l’eau des sols et en diminuant le niveau de tolérance des cultures à l’accumulation ionique.
 l’environnement proche, y compris les eaux souterraines en lien avec les zones d’épandage des
EUT.

Tableau 6-14 : Analyses des résultats concernant les éléments Chlorure (année 2017)

Non‐conformité (année 2017)


Région Chlorure
Centre 16
Grand Tunis 10
Nord 11
Sud 21
Total 58
% de non‐conformité 52%

Les stations d’épuration proches de la bordure côtière semblent particulièrement impactées par ce
phénomène.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Les projets de réutilisation des eaux usées doivent nécessairement prendre en compte les problèmes
de salinité. Des solutions peuvent être mises en œuvre à différents niveaux dans la filière de réutilisation
pour contrôler et limiter les impacts agronomiques et environnementaux. Ces solutions seront abordées
en Phase 2 de l’étude.

POUR LES STATIONS D’EPURATION AVEC UN REJET DANS LE DOMAINE PUBLIC MARITIME
(DPM)
Bilan sur les paramètres DBO5, DCO, MES
Les performances sur ces paramètres sont comparables à celles des stations avec un rejet dans le
milieu maritime (entre 86% et 94% des stations d’épuration en 2017 étaient non conformes, en nombre).
Les causes de non-conformité sont similaires.

Bilan sur les paramètres Azote et Phosphore


Concernant les nitrates, la norme est peu exigeante car l’impact de ce paramètre sur le milieu maritime
est moins important. Les stations d’épuration respectent très majoritairement les exigences au niveau
de ce paramètre, ce qui n’est pas le cas pour le phosphore, du fait d’un niveau de concentration exigé
en sortie de station d’épuration très faible.

Microbiologie
Concernant les paramètres microbiologiques, comme évoqué précédemment, les exigences
réglementaires sont élevées, d’autant que les procédés de traitement conventionnels intensifs ne sont
pas aptes à traiter ces éléments. Cette exigence pour les rejets en milieu maritime est possiblement liée
à la présence de site de baignade proche des panaches de sortie des rejets.

Les conclusions sont les mêmes que pour le rejet en milieu hydraulique.

Eléments Traces Métalliques


113
Les exigences vis-à-vis de ces paramètres sont pour la majorité des paramètres moins contraignants
en rejet maritime qu’en rejet dans le milieu hydraulique. Très peu de non-conformités sont relevées, les
non-conformités sont à rapprocher des potentiels raccordements industriels non conformes.

6.5.4.2 Résultats et analyses transmis par l’ONAS pour les années 2017 et 2018
Les tableaux ci-dessous sont des tableaux bilans qui ont été transmis par l’ONAS.

Bilan sur les paramètres DBO5, DCO, MES, 2017

Tableau 6-15 : Paramètres DBO5, DCO et MES/ Analyses des laboratoires privés : Tableau transmis par l’ONAS – Année 2017

Analyses physicochimiques Analyses bactériologiques


Nombre Total Nombre Non % de Nombre Total Nombre Non % de
Dép.
d’Analyses Conforme conformité d’Analyses Conforme conformité
Grand Tunis 2525 914 63,8 184 42 77,17
Nord 8372 1998 76,13 438 125 71,46
Centre 5461 1944 64,4 370 31 91,62
Sud 3864 1639 57,58 152 65 57,24
Total 20222 6495 67,88 1144 236 79,37
Source : fichier de commentaires reçu par l’ONAS en janvier 2020 suite à la remise du rapport de diagnostic de la présente étude (V2)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Tableau 6-16 : pourcentage de non-conformité en additionnant toutes les analyses des laboratoires privés : Tableau transmis par
l’ONAS

Année 2016 2017 2018


Pourcentage de conformités (%)
66 71 68
(En nombre d’analyses)
Pourcentage de conformités (%)
47 60 56
(En volume)
(*) Hormis les STEP à procédé de lagunage
Source : fichier de commentaires reçu par l’ONAS en janvier 2020 suite à la remise du rapport de diagnostic de la présente étude (V2)

Bilan sur l’ensemble des paramètres, 2018

Tableau 6-17 : Tableau regroupant l’ensemble des analyses réalisés par les laboratoires privés : Tableau transmis par l’ONAS –
Année 2018
Analyses physicochimiques Analyses Bactériologiques
Nombre Total Nombre Non Taux de Nombre Total Nombre Non Taux de
Dép.
d’analyses (sortie) conforme (Sortie) conformité (%) d’analyses (Sortie) conforme (Sortie) conformité
Grand Tunis 1293 235 82% 135 41 70%
Nord 4617 1083 77% 812 132 84%
Centre 3470 939 73% 245 119 52%
Sud 3212 923 71% 600 178 71%
Total/ Moyen Général 12592 3180 75% 1792 470 74%
Source : fichier de commentaires reçu par l’ONAS en janvier 2020 suite à la remise du rapport de diagnostic de la présente étude (V2)

Eléments Traces Métalliques, 2018


L’ONAS a transmis pour l’année 2018 les éléments suivants :

114 Tableau 6-18 : Données consolidées transmises par l’ONAS concernant les éléments Traces métalliques (année 2018)

Nombres total des analyses Nombre d'analyses % de non‐


Région
des métaux lourds non conformes conformité
Centre 772 78 90%
Grand Tunis 239 3 99%
Nord 1225 123 90%
Sud 780 99 87%
Total 3016 303 90%

Ces éléments montrent que les analyses sur l’ensemble des éléments traces sont très majoritairement
conformes mais ils ne permettent pas de cibler les éléments traces métalliques qui sont présents dans
les eaux usées traitées. Cela permettrait de définir les actions pour la réduction de ces éléments dans
les eaux usées.

6.5.5 Éléments de conclusion sur la qualité de l’eau usée traitée et


recommandations
ELEMENTS DE CONCLUSION
L’analyse réalisée met en évidence que, dans de nombreux cas, la qualité de l’eau traitée ne
respecte pas les dispositions réglementaires pour un rejet en milieu récepteur et/ou pour une
réutilisation agricole, notamment pour les paramètres DBO5, DCO, MES.

Les acteurs rencontrés pendant les enquêtes ont soulevé ce problème et certains soulignent que la
qualité de l’eau est parfois un frein au développement des projets de REUT. Les causes de ce constat
sont multiples et quelques éléments d’explication ainsi que des recommandations sont présentés ci-
après.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Au regard des éléments du diagnostic technique et des expériences au niveau international, on


note que la qualité de l’eau usée traitée n’est pas toujours à la hauteur des exigences réglementaires,
ni en adéquation avec les usages aval.

RECOMMANDATIONS

Plusieurs pistes de recommandations ont été formulées pour augmenter l’efficacité des systèmes de
traitement existants dans le chapitre 6.3 et ainsi améliorer la conformité des STEP du parc épuratoire
tunisien.

Une autre piste à retenir concerne aussi la dilution, en couplant plusieurs origines d’eau pour des
usages tels que l’irrigation de cultures, de golfs comme cela se pratique en Jordanie et en Chine,
notamment.
Dans ce cas, il subsiste cependant un flou réglementaire concernant la qualité de l’eau car il n’existe
pas de textes encadrant la qualité de l’eau dans un tel cas.
Cet état de fait oriente, à court terme, vers le développement des projets de REUT où les exigences
de qualité sont les moins élevées. Par exemple, sauf traitement adéquat, la recharge de nappe et les
réutilisations industrielles ne sont pas à privilégier aujourd’hui. En effet, ces usages nécessitent un
abattement des sels et/ou des nutriments et/ou microbiologiques qui ne peut se réaliser que par des
traitements chimiques et/ou physiques (tels que filtration membranaire, floculation/précipitation, filtration
et désinfection) nécessitant des équipements de pointe, une consommation énergétique élevée, et
éventuellement des produits chimiques.

6.6 QUALITE DES EAUX USEES TRAITEES ET DES ELEMENTS ENVIRONNANTS : ASPECTS
LIES AU CONTROLE 115
Le contrôle de la qualité des EUT est un élément de réussite des projets de REUT car sa fiabilité et
sa mise en œuvre (comprenant la communication des résultats du contrôle) peut améliorer la
confiance sur la qualité de l’eau et les relations entre fournisseurs (ONAS) et usagers (CRDA,
GDA, exploitants des golfs, consommateurs, etc.).

6.6.1 Cadre réglementaire du contrôle


CADRE DU CONTROLE DES EXIGENCES DE QUALITE
Conscient des enjeux sanitaires de l’utilisation des eaux usées traitées, le législateur tunisien a prévu,
dès la parution du Code des Eaux en 1975 (loi n° 75-16 du 31 mars 1975), l’interdiction, d’une part, de
l’utilisation des eaux usées brutes et d’autre part de l’irrigation des cultures consommables crues par
les eaux usées traitées (article 106). Les différents textes d’application et normes parus par la suite ont
détaillé les mesures de surveillance et de contrôle applicables à cette pratique.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Le contrôle est orienté essentiellement sur la caractérisation de la qualité de l’eau :


 D’une part en sortie de station d’épuration pour vérifier le respect de l’arrêté du Ministre des
affaires locales et de l’environnement et, du Ministre de l’industrie et des petites et moyennes
entreprises du 26 mars 2018 « fixant les valeurs limites des rejets d’effluents dans le milieu
récepteur » définit aussi dans son annexe n°3, les méthodes de prélèvement et d’analyse
normalisées de l’ensemble des paramètres.
 D’autre part à l’amont des réseaux de desserte des usages. Il s’agit dans ce cas d’intégrer les
exigences de la norme NT 106.03 qui, pour chaque paramètre, fixe les concentrations maximales
et indique une norme de dosage à appliquer. Ces exigences s’appliquent à la REUT pour un
usage agricole et sont extrapolées pour les autres utilisations (puisqu’il n’existe pas de
réglementation les concernant).

Par contre, aucun contrôle ne semble être exercé au sujet des restrictions à appliquer pour maîtriser
les risques sanitaires et environnementaux (interdiction d’irriguer certains types de plantes, etc.).

Notons enfin que les textes réglementaires ne mentionnent pas les polluants émergents. Les aspects
institutionnels tels que les rôles et les liens entre les différents organismes chargés du contrôle,
importants à considérer en plus des aspects techniques pour garantir un contrôle optimal, sont abordés
dans le chapitre 8.2.2.

CADRE DE MISE EN ŒUVRE DU CONTROLE


Les normes de prélèvement et d’analyse ont été publiées entre 1983 et 1989 et préconisent des
techniques d’analyse de l’époque. Cependant, ces techniques ont évolué et présentent aujourd’hui de
meilleures opportunités sur les plans suivants : gain du temps, précision et coût.

6.6.2 Capacité d’analyses des eaux existant en Tunisie et fiabilité des mesures
116 DIAGNOSTIC SUR LES CAPACITES D’ANALYSE DES LABORATOIRES
La Tunisie est dotée de laboratoires publics et privés pour le contrôle de la qualité des eaux usées,
brutes et traitées. Parmi les organismes publics, certains proposent leurs prestations de services sur le
marché au même titre que les laboratoires privés.

L’accréditation TUNAC d’un laboratoire émise par le Conseil National d’Accréditation est une
reconnaissance officielle de son organisation, de ses moyens et de sa compétence pour la réalisation
des analyses comprises dans le périmètre de l’accréditation sur les matrices concernées (eaux
naturelles, eaux de mer, eaux usées ou sols). Le TUNAC est un organisme qui fait l’objet d’un accord
de reconnaissance bilatéral avec son homologue français le COFRAC (Comité Français d’Accréditation)
(DGGREE, 2017).

Le tableau suivant présente les principaux laboratoires tunisiens habilités à effectuer des analyses sur
les eaux. Ils sont pour la plupart situés à Tunis. Ils peuvent avoir une accréditation TUNAC pour
certaines analyses mais pas forcément pour toutes celles qu’ils peuvent effectuer. Pour les analyses
sur les polluants émergents et autres paramètres non classiques, les échantillons doivent être envoyés
à des laboratoires internationaux.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Tableau 6-19 : Laboratoires d’analyses accrédités pour les analyses sur les eaux et les produits alimentaires (DGGREE, 2017)
Type de Nom Localisation Sous-section accréditation Analyses accréditées pour les Autres analyses Rôle dans la REUT
laboratoire eaux usées
Laboratoires Chimie – environnement (eaux pH, conductivité, NH4+, NO2-, Référence pour les
Laboratoire
publics Tunis naturelles, eaux usées, sols) NTK, DCO, DBO5, MES, TAC, analyses d’eaux
CITET
Ca, Mg, Na, K, P, métaux lourds
Chimie – environnement (eaux pH, conductivité, extrait sec, Sous traitance de
Laboratoire
naturelles, eaux usées) chlorures, TAC, NH4, NO2, Na, certains paramètres
Central
Tunis K, E coli, coliformes, pour l’ONAS
d’Analyse
entérocoques, flore aeroie,
d’Eaux (LCAE)
spores anaerobies
Chimie – environnement (eaux Germes microbiologiques : Sous traitance de
naturelles, eaux usées) salmonelles, shigella, vivrions, E certaines analyses
Institut Pasteur Tunis
coli… microbiologiques pour
la DHMPE
Laboratoires Chimie – environnement (eaux Physico-chimie, Œufs Pour les contrôles de
services Central et 22 naturelles, eaux usées) d’helminthes, salmonelles, la DHMPE
Hygiène et régionaux coliformes, entérocoques
Santé
Office National Chimie – environnement (eaux de Germes de contrôle sanitaire Physico-chimie, Pas mobilisé pour le
du Thermalisme source et de forage) micropolluants contrôle des EUT
et de organiques et 117
l’hydrothérapie minéraux
Pas d’accréditation pH, conductivité, DCO, Autocontrôle de
DBO5, MeS, NH4+, l’ONAS
Laboratoires de 6 régionaux NTK, NO2, NO3-, P,
l’ONAS et 4 mobiles métaux lourds,
streptocoques, E. coli,
salmonelles
Laboratoires Chimie – environnement (eaux pH, conductivité, NH4, NO2, Sous traitance pour
privés CMA AzurLab Tunis naturelles, eaux usées) NTK, DCO, DBO5, MES, TAC, contrôle ONAS et
Ca, Mg, Na, K, P, métaux lourds CRDA
Chimie – environnement (eaux pH, conductivité, NTK, DCO, Microbiologie Sous traitance pour
Greenlab Tunis naturelles, eaux usées) DBO, MES, TAC, P, métaux contrôle ONAS et
lourds CRDA
Agroalimentaire/Biologie/Biochimie pH, conductivité, MES, Sous traitance pour
Chimie - environnement DCO, DBO5, NTK, contrôle ONAS et
Tunis et
Eco2lab NH4+, analyses CRDA
Sousse
colorimétriques,
métaux lourds
Chimie – environnement (eaux pH, conductivité, DCO, MES, DBO5, NTK, P, Sous traitance pour
SNPC Sfax usées) chlorures, certains métaux microbiologie contrôle ONAS et
lourds CRDA

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

L’étude préalable à un plan national de REUT pour la Tunisie réalisée en 2017 par SCP a permis entre
autre d’effectuer des analyses sur 4 périmètres irrigués (El Hajeb, Borj Touil, la Soukra et Souhil à
Nabeul) sur des parcelles irriguées avec des eaux usées traitées. Les analyses microbiologiques ont
concerné les parasites (Nématodes, E coli, Entérocoques). Les analyses physicochimiques ont
concerné les métaux lourds : (As), (Cd), (Cr), (Cu), (Ni), (Hg), (Pb) et (Zn). Les échantillons ont concerné
des prélèvements d’eau, de sol et de plantes cultivées.

Une comparaison inter-laboratoires a été réalisée en envoyant les mêmes prélèvements à différents
laboratoires. Les observations faites à la suite de cette approche sont les suivantes :
 Les laboratoires ne sont pas tous accrédités pour l’ensemble des analyses sur les eaux usées
(physico-chimiques + microbiologiques), notamment les laboratoires de l’ONAS ou les
laboratoires privés. Pour certains paramètres, il y a peu de laboratoires qualifiés et il est donc
difficile de les analyser (œufs d’helminthes, salmonelles, vibrions cholériques, etc.). Le
développement de la REUT doit donc s’accompagner d’un renforcement des suivis des
paramètres, notamment microbiologiques pour connaître les risques sanitaires liés la
transmission de germes pathogènes.
 D’après les analyses effectuées par la SCP sur les EUT (DGGREE, 2017), certaines sont plus
ou moins fiables en fonction des laboratoires. Pour les paramètres physico-chimiques
classiques comme la DCO, DBO5, MES, les résultats sont homogènes. Cependant, il existe des
écarts importants au niveau de la salinité, des nitrates et du phosphore (facteur 10 et plus) bien
que les méthodes employées soient les mêmes. Les conclusions sur le niveau de conformité de
ces eaux sont donc compliquées pour ces paramètres.
 Les analyses microbiologiques pour les EUB sont difficilement interprétables car il y a une forte
amplitude des concentrations mesurables en germes fécaux. Bien qu’il ne s’agit pas directement
des EUT, cela peut poser problème au niveau des calculs d’abattement des STEP qui peuvent
être soumis à de fortes incertitudes.
 Pour les analyses de sols, les méthodes analytiques employées sont très variables d’un
laboratoire à un autre et les résultats sont hétérogènes. Il y a peu d’analyses de terre effectuées
118 annuellement ce qui limite les retours d’expériences. Il semble nécessaire d’améliorer la fiabilité
des résultats et de mettre en place un programme de surveillance des sols pour les périmètres
irrigués avec des EUT. Un laboratoire a même eu des valeurs douteuses pour le mercure (valeurs
100 fois au-dessus des autres laboratoires).
 Pour les analyses effectuées sur les plantes, la reproductibilité est satisfaisante.
 Les laboratoires privés sont de petite taille (effectifs inférieurs à 10 personnes) et sont pour la
plupart concentrés à Tunis où la concurrence est forte. Ils rencontrent alors des difficultés à
investir dans des nouveaux équipements plus modernes. De plus, cette concentration sur Tunis
limite la réactivité dans l’envoi des analyses et la rapidité d’action en cas de non-conformité des
eaux.

Lors des enquêtes de terrain au niveau des STEP, il a été remarqué qu’il y a de moins en moins de
laboratoire directement sur les sites pour les paramètres physico-chimiques classiques (pH,
conductivité, MES, DCO, DBO5), souvent par manque de moyens ou de personnel qualifié. Ces
laboratoires permettent pourtant aux exploitants des STEP de réagir rapidement en cas d’anomalie. De
même, peu de STEP sont équipées d’équipement de mesures en continu de la qualité de l’eau. Il est
donc important de prendre en compte la capacité des laboratoires à réaliser les mesures demandées
tout en étant certifiés. Cela représente deux problèmes majeurs :
 Un coût de recherche et de développement pour les laboratoires qui augmente le coût global des
campagnes de mesures et donc de la REUT,
 Des enjeux de qualité (liés au temps de transport qui risque de dégrader la qualité de l’effluent)
et de coût de prélèvement puisqu’il faut parfois faire des centaines de km pour amener les
effluents de la sortie de la STEP au laboratoire.

Concernant la certification et l’accréditation TUNAC des laboratoires, une démarche devrait être
engagée pour accompagner la structuration de la filière d’analyse des eaux usées traitées, de manière
à ce que les analyses soient réalisées par des laboratoires qui ont obtenu l’accréditation sur l’ensemble
des paramètres de la NT106.03 et qu’ainsi la remise en cause des résultats ne soit pas contestée. Cet
aspect pourra aussi impacter de manière positive le niveau de confiance des usagers et des
consommateurs.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

FIABILITE DES MESURES ET REPRESENTATIVITE DES RESULTATS


La fiabilité des mesures et la représentativité des résultats sont également à prendre en compte car elle
peut remettre en question les résultats obtenus aussi bien sur le nombre de conformités que de non-
conformités des échantillons.

Une mauvaise fiabilité ou une fiabilité mal estimée peut constituer un frein au développement des projets
de REUT en dégradant la confiance des usagers.

Type de contrôle
Le contrôle est exercé à travers les mesures d’auto-surveillance réalisés par l’ONAS et du CRDA
auxquelles s’ajoutent les contrôles réglementaires des services d’Hygiène et de l’ANPE.

L’ONAS réalise une partie de ses analyses d’auto-surveillance au niveau de ses laboratoires (présents
dans les centres régionaux) et sous-traite une partie dans le cadre de marché public de prestation à
des laboratoires privés, pour faire face au besoin de moyens humains et matériels.

Les CRDA et l’ANPE sous-traitent de manière générale les analyses alors que les services de l’Hygiène
réalisent eux-mêmes les analyses physico-chimiques et ne sous-traitent que les paramètres
salmonelles et vibrions cholériques.

Les contrôles de la qualité des EUT à effectuer par les CRDA sont obligatoires au niveau réglementaire,
mais en pratique, les CRDA manquent souvent de budget pour les effectuer. Il y a donc des années
sans analyses, ce qui ne permet pas un bon suivi inter annuel.

On note également, les résultats des analyses ne sont pas toujours valorisés comme ils le pourraient :
absence de comparaison interannuelle ou mensuelle, absence de comparaison entre les lieux de
prélèvement, etc. Il n’y a pas d’exploitation poussée des résultats d’analyse.

L’échantillonnage
Les prélèvements et échantillonnage sont souvent effectués de manière variée : échantillon 24h, 119
instantanée, en sortie STEP, au niveau du stockage, etc.

Le protocole d’échantillonnage ne semble pas être toujours répliqué d’une année sur l’autre : pas
toujours les mêmes paramètres analysés, lieu de prélèvement différent, laboratoire d’analyse différent,
etc. Ces décalages ne permettent pas d’avoir un suivi et une interprétation fiable de l’évolution de la
qualité de l’eau.

De plus, il serait intéressant de faire correspondre les mesures de l’autocontrôle de l’ONAS avec celles
effectuées par les CRDA afin de voir si les résultats concordent entre ces deux contrôles en sortie de
STEP et si la qualité des EUT se dégradent ou non au niveau des bassins de régulation et du transport.

6.6.3 Fréquences des contrôles


L’analyse de conformité des contrôles se réfère aux fréquences imposées par le décret n°93-2447 du
13 décembre 1993 pour les 66 stations dont les effluents de sortie sont réutilisés tout ou partie et à
celles imposées par l’arrêté du 26 mars 2018 pour les 39 autres stations.

CONFORMITE PAR RAPPORT AU DECRET N°93-2447 DU 13 DECEMBRE 1993


(REUTILISATION DES EUT)
Le décret n°93-2447 du 13 décembre 1993 fixe les modalités de prélèvement et la fréquence des
analyses pour les différents paramètres globaux de pollution, dans le cas où il existe une réutilisation
des eaux usées traitées.

Comme indiqué plus haut, l’analyse a porté sur les 66 stations d’épuration dont les eaux traitées sont
réutilisées tout ou partie.

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Tableau 6-20 : Pourcentage des 66 stations considérées dont la fréquence des analyses est non-conforme avec le décret n°93-2447 du 13 décembre 1993 (Rapports annuels de l’ONAS – Année 2017)

Pourcentage des STEP non conformes en terme de Pourcentage des STEP dont les données sont non Pourcentage des STEP conformes en terme de fréquence de Fréquences
Paramètres fréquence de contrôles exploitables en terme de fréquence de contrôles contrôles fixées
(Décret n°93-
Centre Grand Tunis Nord Sud Tunisie Centre Grand Tunis Nord Sud Tunisie Centre Grand Tunis Nord Sud Tunisie 2447)
Nombre de STEP 14 5 27 20 66 14 5 27 20 66 14 5 27 20 66
DBO5 36% 0% 48% 0% 27% 0% 0% 0% 0% 0% 64% 100% 52% 100% 73% 1x/mois
DCO 36% 0% 52% 0% 29% 0% 0% 0% 0% 0% 64% 100% 48% 100% 71% 1x/mois
MES 21% 20% 48% 0% 26% 0% 0% 0% 0% 0% 79% 80% 52% 100% 74% 1x/mois
Chlorure 93% 100% 93% 80% 90% 0% 0% 4% 0% 2% 7% 0% 4% 20% 9% 1x/mois
Conductivité 43% 40% 4% 10% 17% 7% 0% 74% 0% 32% 50% 60% 22% 90% 51% 1x/mois
Mercure 100% 40% 82% 10% 61% 0% 60% 11% 0% 9% 0% 0% 7% 90% 30% 1x/semestre
Cuivre 57% 60% 85% 10% 54% 0% 0% 7,5% 0% 3% 43% 40% 7,5% 90% 42% 1x/semestre
Nickel 57% 60% 89% 10% 56% 0% 0% 0% 0% 0% 43% 40% 11% 90% 44% 1x/semestre
Zinc 64% 60% 89% 10% 58% 0% 0% 7% 0% 3% 36% 40% 4% 90% 40% 1x/semestre
Manganèse 100% 40% 81% 10% 60% 0% 40% 15% 0% 9% 0% 20% 4% 90% 30% 1x/semestre
ETM

Crome total 57% 60% 78% 10% 52% 0% 0% 11% 0% 5% 43% 40% 11% 90% 44% 1x/semestre
Cadmium 57% 60% 82% 10% 53% 0% 0% 11% 0% 5% 43% 40% 7% 90% 42% 1x/semestre
120 Cobalt 29% 60% 33% 15% 29% 71% 40% 63% 0% 44% 0% 0% 4% 85% 27% 1x/semestre
Fer 100% 20% 81% 15% 60% 0% 80% 19% 0% 14% 0% 0% 0% 85% 26% 1x/semestre
Plomb 50% 60% 93% 15% 58% 0% 0% 4% 0% 2% 50% 40% 4% 85% 41% 1x/semestre

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

L’analyse de la situation du contrôle des EUT au niveau des 66 sites de REUT par rapport à la NT
106.03 permet de souligner :
 Tous les paramètres ne sont pas analysés (notamment les fluorures, organochlorés, arsenic,
bore, sélénium),
 Les paramètres DBO5, DCO et MES sont les mieux contrôlés, avec un respect de fréquence
minimale de mesure plutôt bien respecté pour l’ensemble des stations de la Tunisie (~ 73%).
 Les stations situées dans la région Sud présentent le pourcentage de conformité le plus élevé
(100%) concernant la fréquence de contrôle, pour la plupart des paramètres,
 Les stations de la région Nord présentent les conformités de contrôle les plus faibles
(respectivement ~ 50%).
 Le paramètre qui présente le pourcentage de non-conformité de fréquence de contrôle le plus
important est le chlorure. Cela peut s’expliquer par le caractère inhabituel de la mesure de ce
paramètre dans les EUT.

Il faut aussi noter que la fréquence règlementaire de contrôle de paramètres cités ci-dessus est
souvent non respectée par défaut de moyen des structures en charge au niveau régional (sauf pour
la DBO5, DCO et MES qui sont relativement bien contrôlées)

CONFORMITE PAR RAPPORT A L’ARRETE DU 26 MARS 2018 (REJET DES EUT VERS LE MILIEU
RECEPTEUR)
L’arrêté du 26 mars 2018 fixe les valeurs limites des rejets d’effluents dans le milieu récepteur et abroge
la NT 106.02. Il indique également les fréquences de contrôle à appliquer, qui restent les mêmes que
celles qui étaient proposées dans la NT 106.02.

L’application de cette réglementation, concernant la fréquence des contrôles, pour les stations
actuellement sans réutilisation à l’aval a été analysée (soit 39 stations d’épuration) ci-après.
121

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Tableau 6-21 : Pourcentage des stations dont la fréquence des analyses est non-conforme avec l’arrêté du 26 mars 2018 (Rapports annuels de l’ONAS – Année 2017)

Pourcentage des STEP dont les données sont non exploitables en terme de Fréquences fixées
Pourcentage des STEP non conformes en terme de fréquence de contrôles Pourcentage des STEP conformes en terme de fréquence de contrôles
Paramètres fréquence de contrôles (arrête du 26 mars
2018)
Centre Grand Tunis Nord Sud Tunisie Centre Grand Tunis Nord Sud Tunisie Centre Grand Tunis Nord Sud Tunisie
Nombre de STEP 15 4 15 5 39 15 4 15 5 39 15 4 15 5 39
DBO5 60% 0% 47% 20% 44% 7% 0% 0% 0% 3% 33% 100% 53% 80% 54% 1x/mois
DCO 73% 25% 47% 0% 49% 7% 0% 0% 0% 3% 20% 75% 53% 100% 49% 1x/mois
MES 60% 25% 47% 0% 44% 7% 0% 0% 0% 3% 33% 75% 53% 100% 54% 1x/mois
Bactériologu

Coliformes fécaux 73% 75% 33% 100% 61% 27% 25% 67% 0% 39% 0% 0% 0% 0% 0% 1x/mois
Stréptocoques fécaux 87% 50% 33% 100% 64% 13% 50% 67% 0% 36% 0% 0% 0% 0% 0% 1x/mois
Salmonelle 40% 0% 7% 40% 23% 60% 100% 93% 60% 77% 0% 0% 0% 0% 0% 1x/mois
Vibrion 87% 50% 27% 100% 62% 13% 50% 73% 0% 38% 0% 0% 0% 0% 0% 1x/mois
Chlorure 80% 75% 87% 20% 74% 20% 0% 13% 0% 13% 0% 25% 0% 80% 13% 1x/mois
Mercure 67% 0% 47% 0% 44% 33% 100% 53% 0% 43% 0% 0% 0% 100% 13% 1x/trimestre
Cuivre 80% 75% 60% 0% 62% 20% 25% 33% 0% 23% 0% 0% 7% 100% 16% 1x/trimestre
Nickel 80% 75% 60% 0% 62% 20% 25% 33% 0% 23% 0% 0% 7% 100% 16% 1x/trimestre
Zinc 73% 75% 60% 0% 59% 27% 25% 33% 0% 26% 0% 0% 7% 100% 16% 1x/trimestre
Manganèse 53% 50% 67% 0% 51% 47% 50% 33% 0% 36% 0% 0% 0% 100% 13% 1x/trimestre
ETM

Aluminium 67% 0% 60% 0% 49% 33% 100% 40% 0% 38% 0% 0% 0% 100% 13% 1x/trimestre
Cr6+ 80% 75% 60% 0% 62% 20% 25% 40% 0% 26% 0% 0% 0% 100% 13% 1x/trimestre
Cadmium 80% 75% 53% 0% 59% 20% 25% 40% 0% 26% 0% 0% 7% 100% 16% 1x/trimestre
Cobalt 40% 50% 27% 0% 31% 60% 50% 73% 0% 56% 0% 0% 0% 100% 13% 1x/trimestre
Fer 40% 0% 60% 0% 38% 60% 100% 40% 0% 49% 0% 0% 0% 100% 13% 1x/trimestre
122 Plomb
Cyanure
73%
67%
75%
0%
53%
60%
0%
0%
56%
49%
27%
33%
25%
100%
47%
40%
0%
0%
31%
38%
0%
0%
0%
0%
0%
0%
100%
100%
13%
13%
1x/trimestre
1x/trimestre
Phosphore 80% 100% 73% 100% 82% 20% 0% 27% 0% 18% 0% 0% 0% 0% 0% 1x/mois
Azote organique et ammoniacal 87% 75% 47% 100% 72% 13% 25% 53% 0% 28% 0% 0% 0% 0% 0% 1x/mois
Azote

Nitrate 80% 100% 67% 100% 80% 20% 0% 33% 0% 20% 0% 0% 0% 0% 0% 1x/mois
Nitrite 80% 100% 73% 100% 82% 20% 0% 27% 0% 18% 0% 0% 0% 0% 0% 1x/mois

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6. DIAGNOSTIC TECHNIQUE DE LA REUT

Les résultats concernant la DBO5, la DCO et les MES (paramètres les mieux contrôlés vis-à-vis de
l’arrêté) sont moins bons (~ 50%) que ceux qui se réfèrent à la norme NT 106.03 concernant les stations
d’épuration avec un usage REUT à l’aval. Cela traduit une volonté de suivi plus important de la qualité
de l’eau quand un usage est en jeu à l’aval.

Dans ce cas encore, les stations situées dans la région Sud présentent un pourcentage de conformité
des fréquences de contrôle plus élevé pour la plupart des paramètres. A l’inverse, les stations de la
région Centre semblent être les moins conformes vis-à-vis du respect de cette fréquence minimale de
contrôle imposée par l’arrêté.

Des non-conformités concernant la fréquence de contrôle imposée sont constatées pour de nombreux
paramètres, tels que les paramètres microbiologiques ou azotés. Pour ces derniers, les données
transmises pour toutes les stations indiquent des non-conformités ou sont non exploitables.

6.6.4 Éléments de conclusion et recommandations sur les contrôles de la qualité


d’eau et recommandations
RECOMMANDATIONS
 Pour garantir des bons résultats de la recherche ainsi qu’un contrôle performant des EUT, la
Tunisie doit avoir un réseau solide de laboratoires d’analyses. Une filière d’analyse de la
REUT doit être structurée afin d’être assuré qu’assez de laboratoires certifiés peuvent effectuer
toutes les analyses exigées par la NT 106.03 et sur toutes les matrices (eau – sol –plante). Ces
renforcements de compétences devront notamment se faire au niveau régional et au sein même
des STEP pour les paramètres physico-chimiques simples à mesurer.
 Les CRDA doivent avoir assez de moyens pour effectuer les contrôles comme exigés par la
réglementation. Des plans précis d’échantillonnage doivent être rédigés (lieux
d’échantillonnage, fréquence, paramètres analysés…) et respectés afin de pouvoir effectuer des
comparaisons inter annuelles des résultats ainsi que des comparaisons entre périmètres irrigués.
La fréquence de contrôle sur les paramètres classiques (DBO5, DCO, MES) est
123
majoritairement respectée. Seuls les paramètres microbiologiques sur l’ensemble de la
Tunisie ne sont pas toujours suivis. Cela est certainement lié aux contraintes de prélèvements
et d’analyses plus complexes.
 Pour certains paramètres et notamment les ETM, les fréquences de contrôle imposées par
l’arrêté du 26 mars 2018 pour les STEP effectuant de la REUT sont moins restrictives que
celles fixées par le décret n°93-2447 du 13 décembre 1993 pour les STEP qui rejettent vers
un milieu récepteur. Il serait pertinent d’imposer des normes égales voir plus strictes pour la
réutilisation des eaux usées traitées. L’usage de cette eau étant parfois agricole ou en contact
plus ou moins direct avec la population, il serait préférable de contrôler plus régulièrement que
lorsqu’elle n’est pas réutilisée et rejetée dans le milieu naturel.
 En revanche, pour favoriser la réutilisation des eaux usées traitées, les fréquences imposées
par les textes de lois ne doivent pas imposer des mesures trop contraignantes et doivent
rester réalisables. Ces fréquences devront être révisées selon la nature du paramètre et
du domaine de REUT.

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7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT


Objectifs du chapitre
Ce chapitre présente les notions de risques sanitaire et environnemental liés à la REUT et précise les
différents facteurs en jeu : la qualité de l’eau, l’exposition et la vulnérabilité.
Les impacts potentiels de la REUT sur la santé humaine, animale et sur l’environnement sont ensuite
abordés ainsi que l’évaluation qui est faite ces risques au niveau de la recherche tunisienne. Il est à
noter que ces deux aspects sont en pratique étroitement liés et que le risque encouru au niveau de
l’environnement aura des répercussions au niveau de la santé

7.1.1 Définition du risque sanitaire


En matière de REUT, la nature des risques à considérer est principalement biologique (les parasites et
les microorganismes pathogènes), chimique (les substances toxiques et les micropolluants organiques)
et dans des cas spécifiques physique (température, radioactivité). Les vecteurs de risque, qui font l’objet
de la surveillance et du contrôle sont :
 Les produits issus de la REUT (produits agricoles dont ceux d’origine animale) ;
 Les facteurs environnementaux (le sol, l’air, les eaux superficielles et les eaux souterraines).

En fonction des polluants, de la voie et de la durée d’exposition le risque sanitaire peut être classé en
deux catégories :
 Un risque à court terme : généralement d'ordre infectieux lié à la présence de micro-organismes
(bactéries, virus, parasites). Les effets peuvent être bénins (diarrhée, troubles digestifs, mycoses)
ou s'avérer plus importants (hépatites, typhoïde, cholera, etc.).
 Un risque à moyen et long terme : généralement d’origine chimique (minéral, organique). Les
symptômes dépendent de la dose et de la durée d'exposition au danger chimique et les
124 pathologies peuvent être bégnines ou graves (intoxications chroniques, cancers, etc.). Les
risques encourus le sont à plus ou moins long terme.

La prévention des risques, que ce soit à court ou à long terme, repose sur l’efficience du système de
gestion mis en place depuis la production des eaux traitées jusqu’aux pratiques de la réutilisation. La
prévention porte ainsi sur l’amélioration de la qualité de l’eau mais aussi sur deux autres
facteurs qui influent sur le risque lié à l’utilisation des EUT. Il s’agit de l’exposition et de la
vulnérabilité aux EUT.

Le schéma ci-dessous illustre la notion de risque. Il présente à gauche les différentes étapes de la filière
et à droite les facteurs de risques existants.

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7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

Figure 7-1 : Illustration de la notion de risque sanitaire


Industrie Tourisme EUB dépassant les
normes pour certains Qualité
paramètres

Domestique

EUB
Problèmes au niveau du
traitement (surcharge, Qualité
STEP dysfonctionnement, etc.)

Pas de traitement de la
EUT Qualité
bactériologie

Rejet dans le milieu


naturel Problèmes au niveau du
Traitement
traitement (surcharge, Qualité
complémentaire
dysfonctionnement, etc.)

Déversements illégaux et
Transf ert des EUT Qualité
pollution des EUT

125
Réutilisation directe Non respect des règles Exposition
sanitaires par l’usager de l’usager

Absence de vaccination Vulnérabilité


Réutilisation indirecte
Après recharge de
nappe par exemple Etat de santé général de Vulnérabilité
la population

En fonction de
Utilisation de l’eau malgré
l’usage :
Risque = Vulnérabilité x Qualité x Exposition des problèmes de qualité
- Exposition de
(liée directement au
l’usager
type d’usage)
- Exposition du
consommateur f inal

Les aspects liés à la qualité de l’eau et aux problématiques qui peuvent exister au niveau des EUB et
au niveau du traitement sont couverts dans le chapitre 6 sur le diagnostic technique.

Cette présente section s’intéresse plus particulièrement à l’incidence des problèmes de qualité de l’eau
sur la santé humaine et animale (connaissances existantes et recherche scientifique) et sur les matrices
sol, plantes cultivées et nappes souterraines.

Les aspects sociaux qui influencent l’exposition et la vulnérabilité des populations sont traités dans le
diagnostic des facteurs sociaux et d’acceptabilité de la REUT.

Enfin, la nécessité d’intégrer les aspects sanitaires dans la réglementation nationale est traitée dans le
diagnostic juridique.

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7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

7.1.2 Incidence de la REUT sur la santé humaine


QUALITE DES EUT ET IMPACTS SANITAIRES POTENTIELS
La REUT peut présenter des risques pour la santé humaine dès lors que les EUT contiennent des
pathogènes (des virus, des bactéries, des parasites), des substances ou produits chimiques toxiques
comme des métaux lourds, des pesticides et des résidus de médicaments, des perturbateurs
endocriniens etc. Les tableaux ci-dessous présentent les principaux types de dangers associés aux
EUT (danger potentiel et pathologies associées aux pathogènes).

Tableau 7-1 : Exemples des différents types de dangers associés à l’utilisation des eaux usées en agriculture dans les pays en
développement
Danger Voie d’exposition Importance relative
Pathogènes associés aux excrétas
Bactéries (par exemple E.coli, Vibrio cholerae, Salmonella Contact Faible-élevée
spp., Shigella spp.) Consommation
Helminthes (vers parasites)
Transmis par le sol (Ascaris, ankylostomes, Taenia spp.) Contact Faible-élevée
Consommation
Schistosoma spp. Contact Nulle-élevée
Protozoaires (Giardia intestinalis, Cryptosporidium, Contact Faible-moyenne
Entamoeba spp.) Consommation
Virus (virus de l’hépatite A, de l’hépatite E, adénovirus, Contact consommation Faible-élevée
rotavirus, norovirus)
Irritants et infections cutanés Contact Moyenne-élevée
Pathogènes à transmission vectorielle (Filaria spp.,virus de Contact avec le Nulle-moyenne
l’encéphalite japonaise, Plasmodium spp.) vecteur
Produits chimiques
Métaux lourds (par exemple l’arsenic, le cadmium, le plomb et Consommation Généralement
le mercure) faible
Hydrocarbures halogénés (dioxines, furanes, BPC) Consommation Faible
126 Pesticides (aldrine, DDT) Contact Faible
Consommation
Source : données de l’OMS (2006).

Tableau 7-2 : Principales pathologies liées aux dangers biologiques et chimiques


Pathologie
Danger biologique Danger chimique Pathologie associée
associée

Salmonella sp salmonellose Hydrocarbures aromatiques


Dysenterie polycycliques (HAP) • Certains Cancers
Shigella sp
bacillaire métaux • Certains pesticides
Bactéries
Vibrio choléra choléra Arsenic • Plomb • Cadmium •
Maladies
Cobalt • Calcium •
Campylobacter
Gastro-entérite cardiovasculaires
jejuni Magnésium.

Virus de Hépatites Allergies et


Nickel • Chrome
l’hépatite A et E infectieuses hypersensibilité

Poliovirus poliomyélite Polychlorobiphényles (PCB) •


Virus Maladies de
Méningite, Dichlorodiphényltrichloroéthan
entériques Echovirus Reproduction
paralysie, diarrhée e (DDT)

Plomb • Mercure • Autres Maladies de


calvivirus Gastro-entérite
perturbateurs endocriniens Développement

Ascaris Troubles gastro-


lumbricoides intestinaux PCB • Méthylmercure • Plomb Troubles du système
helminthes
Trichuris Diarrhée et • Manganèse • Aluminium • nerveux
trichiura dysenterie

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7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

Nervosité,insomnie
Taenia sp , troubles digestifs,
anorexie

L’examen de nombreux rapports de contrôle et des résultats des études réalisées sur les EUT ne
prennent pas toujours en considération les paramètres impactant comme les paramètres
microbiologiques ou les substances toxiques (malgré l’obligation normative NT106.02, excepté pour les
perturbateurs endocriniens pour lesquels il n’y a pas de norme).

Le tableau ci-dessous résume l’ensemble des séries de résultats d’analyses disponibles réalisés sur
les EUT utilisées pour l’irrigation ; il ressort ce qui suit :

Tableau 7-3 : Données sur la qualité des EUT.


Origine Coliformes Streptocoques Oeufs Métaux
fécaux fécaux d’helminthes
DHMPE Non-conformité Non-conformité de 3 non (cadmium et plomb)
(2012/2013) 63 de tous les tous les échantillons conformes Tous les échantillons sont
campagnes de échantillons conformes
prélèvements
(DHMPE, 2014)
DGGREE Non réalisé Non réalisé 1 non conforme (Ar, B, Cd, Cr, Co, Cu, Fe, F, Mn,
(2015/2016) 20 Hg, Ni, Zn, Cl, Se, Pb)
campagnes de Tous les échantillons sont
prélèvements conformes
(DGGREE,
2016)
ANCSEP (2015) Non réalisé Non réalisé Non réalisé (Al, Ar, Cd, Cr, Ni, Pb, Hg, Cu, Sb)
10 campagnes Tous les échantillons sont
de prélèvements conformes
(ANCSEP,
2018)
127
ETUDE DES MALADIES HYDRIQUES EN TUNISIE
En Tunisie, les principales maladies d’origine hydrique ou alimentaire qui font l’objet d’une surveillance
épidémiologique et pour lesquelles des données sont disponibles sont celles recueillies par le système
national de surveillance des Maladie à Déclaration Obligatoire (MDO) : les hépatites virales, la fièvre
typhoïde et les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC). Les germes causaux de la fièvre typhoïde
et des hépatites virales sont respectivement la Salmonella typhy et le Virus de l’hépatite A qui sont
généralement transmis lors de l’ingestion d’eaux ou d’aliments contaminés par des matières fécales
d’origine humaine ou animale.

Il faut noter qu’en Tunisie, les maladies infectieuses d’origine hydrique constituent encore un problème
de santé publique. Elles entrainent des épidémies potentiellement importantes. La charge de morbidité
réelle est difficile à estimer et très probablement sous- estimée.
 La fièvre typhoïde sévit encore à l’état endémo-épidémique, surtout dans les régions rurales,
avec une incidence nationale faible (0,32 cas pour 100 000 habitants les 5 dernières années) et
une moyenne de 35 cas sporadiques notifiés/ an (voir Figure 7-2) (source : Système national de
surveillance des Maladie à Déclaration Obligatoire [MDO], Direction des Soins de Santé de Base
[DSSB]).
Les gouvernorats du Kef, de Gabès, et Kébili sont les plus touchés alors que les pratiques de
REUT sont absentes à Kébili et faible au Kef (périmètre de Semmana 180 ha, non fonctionnel).
La REUT est cependant pratiquée à Gabès (2 périmètres de 350 ha).

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7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

Figure 7-2 : Distribution du nombre de cas de fièvre typhoïde par Gouvernorat et par an de 2012 à 2016

Données MDO, DSSB

L’hépatite A a une incidence importante au niveau de nombreux gouvernorat de la Tunisie. Sur la


période de 2011 à 2015, plus de 2 600 cas d’hépatite A ont été déclarés dans les 24 gouvernorats dont
les plus touchés sont : Gabès (827 cas), Sfax (319 cas), Nabeul (179 cas), Tozeur (172 cas), Monastir
(170 cas) et Sousse (138 cas).
Pour l’année 2017, le taux d'incidence de l’hépatite A (par 100000 habitants) montre que les
gouvernorats de Kasserine, de Gabès, de Tozeur, de Tataouine, de Sidi Bouzid, Mahdia, Sfax et Sousse
présentent les taux les plus élevés (voir Figure 7-3 ci-après)

Figure 7-3 : Taux d'incidence d'HVA par gouvernorat en 2017 et par 100000 habitants

128

Données MDO, DSSB

Lors de l’enquête nationale de prévalence des Hépatites Virales A, B & C en Tunisie (2014-2015), les
résultats d’analyse sur 596 échantillons d’eaux usées à partir de 11 STEP ont montré une forte présence
de virus de l’Hépatite dans les EUT atteignant 80 % d’échantillons positifs au niveau de certaines STEP.
(21)

Le système de surveillance des maladies hydriques en Tunisie n’est pas en mesure de déceler d’une
façon précise l’origine des infections. Ainsi les vecteurs de transmission ne sont pas toujours identifiés,
ni l’impact du non-respect de certaines conditions d’hygiène le long de la chaine de production « de la
fourche à la fourchette ».

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7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

EVALUATION DES IMPACTS SANITAIRES LIES A LA REUT EN TUNISIE


L’évaluation des impacts sanitaires liés à la REUT repose actuellement sur deux modèles qui peuvent
se compléter :
 Les études épidémiologiques (études d’incidence) qui nécessitent l’observation sur une
période déterminée pour mesurer les modifications de l’état de santé des populations. Ceci
suppose une organisation de recueil d’information et un système de surveillance sanitaire rodé
et une équipe multidisciplinaire. Les coûts et la durée constituent des contraintes pour une mise
en place de ce type d’étude surtout pour le contexte tunisien ou les systèmes de surveillance sont
encore embryonnaires.
 L’Evaluation Quantitative du Risque (EQR) qui consiste à estimer le risque d’infection pour un
pathogène et un type d’exposition définis, à partir de l’évaluation de la dose reçue à chaque
exposition et de la fréquence annuelle de contact. L’OMS et les instances d’évaluation des risque
(ANSES (France), EPA (US), RIVM (Pays-Bas)) sont déjà très avancées sur cette pratique qui a,
aussi, un objectif d’orienter la gestion des risques.
En Tunisie, il y a un manque d’études épidémiologiques sur l’incidence de l’utilisation des EUT. On
note cependant deux enquêtes relativement anciennes qui s’intéressent aux risques liés aux pratiques
de la REUT :
 L’« étude de cas sur la parasitologie des selles comme critère de surveillance d'une population
agricole utilisant les eaux usées traitées » a été réalisée sur des populations exposées et non
exposées aux EUT. L’étude s’intéresse à la présence de parasites sur 200 échantillons de
selles chez les agriculteurs réutilisant les eaux usées traitées pour l'irrigation d'un périmètre
exploité pour culture fourragère. Cette étude a démontré que les œufs d’helminthes
représentent une fréquence de 4% chez les agriculteurs exposés et est nulle chez les non
exposés (Saadi M. ; Rejeb-Frigui A. ; Dhidah M. ; Ferjani H., 1996).
 Une enquête de la DHMPE (réalisée en 1985 durant les mois de Juillet à Septembre) a permis
de constater 141 cas de maladies (Diarrhée et Maladies dermiques) au sein de la population
du périmètre irrigué de la zone de la Soukra (658 individus) avec une absence totale de
maladies chez la population témoin. (Zelzri, Ghezal, Aloui, & Djebb, 1997). 129
En Tunisie, l’exposition aux EUT en milieu agricole augmente la fréquence d’atteinte aux
parasitoses (4% chez les agriculteurs et est nulle chez les non exposés).

Par ailleurs, l’analyse de la situation épidémiologique en rapport avec la REUT est relativement délicate.
Il est en effet difficile d’estimer la contribution de la REUT dans la charge de morbidité des maladies
hydriques.

A cet effet, des études épidémiologiques spécifiques à la REUT sont à promouvoir pour
compenser le déficit d’information. Il est important de noter que les données actuelles n’excluent pas
la part de contribution de la REUT dans l’incidence des maladies hydriques

En ce qui concerne les Evaluations Quantitatives des Risques (EQR), il y a eu récemment une étude
réalisée par l’ANCSEP en 2015 sur l’impact sanitaire de la réutilisation des eaux usées traitées à des
fins agricoles. Cette étude a concerné 5 périmètres irrigués avec les EUT et 5 périmètres témoins à :
Ouardanine (Monastir), Borj Touil (Ariana), Oued Souhil (Nabeul), El Hamma (Gabes), Aguila (Gafsa).
L’étude évalue l’impact des polluants chimiques susceptibles de présenter des risques pour la santé
(les ETM), les plus prioritaires : le Cadmium, le Plomb, le Mercure l’Arsenic, le Cuivre, le Nickel,
l’Aluminium, l’Antimoine et le Chrome. Ces ETM ont été quantifiés au niveau des trois matrices : les
eaux d’irrigation, les produits agricoles/d’origine animale (destinés à la consommation humaine et
animale au niveau des périmètres irrigués) et le sol.

Cette étude est la première à réaliser une évaluation quantitative des risques (EQR). L’EQR
montre ainsi qu’une consommation de produits agricoles provenant des périmètres irrigués par les EUT
entraînerait des expositions statistiquement plus élevées à l’aluminium et au plomb par rapport aux
expositions calculées via la consommation des produits agricoles provenant des périmètres témoins.

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7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

L’importance de la recherche pour l’amélioration des connaissances doit permettre, à terme, de mieux
mesurer les risques associés à la REUT. A cet effet, il existe des initiatives en cours en Tunisie dont les
principales sont résumées ci-après :
 Travail sur les composés oestrogéniques (Mahjoub INRGREF) Etude sur les composés
suivants : estrone (E1), 17β-estradiol (E2), œstriol (E3) et 17α-éthinylestradiol (EE2) et sur leur
présence dans les effluents tunisiens. De même, étude des produits pharmaceutiques et de
leur présence dans les eaux usées et les sols irrigués. A titre d’exemple, la carbamazépine, un
médicament antiépileptique persistant, et quatre de ses principaux métabolites ont été identifiés
pour la première fois dans les eaux usées et les eaux souterraines et dans les sols dans la région
de Nabeul, où la réutilisation est pratiquée depuis les années 1980.
 Etude sur les œufs d'helminthes et les kystes de protozoaires (Hachicha INRGREF) Etude
d’échantillons d'eaux usées, prélevées dans les égouts. Estimation de l’efficacité d’élimination
globale des kystes de protozoaires et des œufs d’helminthes dans les stations d’épuration (de 37
à 100% et de 83% à 100%, selon les systèmes de traitement des eaux usées).
 Etude de la multi-résistance aux antibiotiques chez des souches bactériennes dans un
effluent d’eaux usées pharmaceutiques du nord de la Tunisie (Tahrani et al CERTE)

RESPECT DES NORMES SANITAIRES RELATIVES A LA REUT


Le chapitre 6 sur la réglementation précise que les obligations sanitaires pour les usagers des EUT ne
sont pas assez détaillées. Cependant, le cahier des charges relatif à l’utilisation des EUT à des fins
agricoles indique que l’exploitant doit aviser ses employés en contact direct avec les EUT des risques
pour leur santé et des précautions à prendre (tenue de travail, règles d’hygiène individuelles,
vaccinations à la charge de l’exploitant, examen médical annuel).

Outre la réglementation, l’étude sur la stratégie nationale de communication et de sensibilisation à


l’utilisation des EUT et des boues de STEP effectuée en 2015 par la DGEQV s’est intéressée au respect
ou non de ces normes sanitaires auprès des agriculteurs. Ce sont des aspects difficiles à enquêter mais
les résultats ont permis tout de même de mettre en évidence que les agriculteurs mettent peu en
130 pratique les mesures préventives de protection sanitaire. Les résultats sont exposés dans le Tableau
7-4. Les équipements de protection sont très peu portés dans le sud, ce qui peut s’expliquer par les
températures élevées de la région. Les vaccinations sont très peu réalisées, notamment dans le Nord
et le Centre (1 agriculteur sur 10). Quant aux visites annuelles, elles n’ont presque pas lieu.

Tableau 7-4 : Résultats d’une enquête sur le respect des normes sanitaires relatives à la REUT

Source : (DGEQV, 2015)

Des questions sur ces aspects ont été posées lors des enquêtes effectuées dans cette étude. Les
enseignements recueillis sont analysés pour chaque usage dans le chapitre 11 au niveau des analyses
transversales sur les aspects sociaux, environnementaux et sanitaires.

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7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

7.1.3 Incidences de la REUT sur la santé animale


Les risques pour la santé animale au niveau des périmètres irrigués avec les EUT sont liés à la qualité
biologique et physicochimique des fourrages cultivés au niveau de ces périmètres (le pâturage direct
est prohibé sur les périmètres irrigués par les EUT). Ces risques sont surtout d’ordre parasitaire et
concernent les helminthes car les ruminants constituent une étape de leur cycle de vie (Plathelminthes :
ascaris, tænia, douve du foie, etc.).

Les cultures destinées à l'alimentation du bétail, doivent subir une durée de stockage suffisamment
longue pour minimiser les risques de contamination.

Il n’existe pas, à notre connaissance, d’investigation publiée qui concerne la santé animale au niveau
des périmètres irrigués avec les EUT et ceci reste un sujet d’intérêt pour la REUT.

7.1.4 Incidence de la REUT sur l’environnement : possible accumulation des


polluants dans les matrices sol-plante-nappe après une irrigation prolongée
Les impacts environnementaux de la REUT constituent un axe de recherche important. Le point de
départ de ces recherches a été le programme des années 1980 du PNUD dont les résultats ont été
résumés en 2003 par Akissa Bahri. D’autres études ont été réalisées depuis, surtout sur la réutilisation
agricole à partir des EUT. L’intérêt est de savoir quelles sont les pratiques à adopter pour la REUT sans
avoir un impact important sur l’environnement et en réduisant les risques sanitaires.

Les tableaux suivants permettent de résumer les principaux constats qui ont été faits en Tunisie
concernant l’irrigation agricole pour les différentes matrices environnementales (le sol, les plantes et les
nappes souterraines) depuis les travaux de 2003 aux études plus récentes, avec quelques compléments
par des références internationales. Ces tableaux ne se veulent pas exhaustifs de l’ensemble des travaux
de recherche mais permettent de donner une idée de ce qu’il est possible de faire ou non lors de
l’irrigation avec des EUT.
131
IMPACTS SUR LE SOL DES PERIMETRES IRRIGUES
Certains risques existent mais peuvent être évités avec des bonnes pratiques agricoles (cellules en
jaune dans le tableau). La plupart de ces résultats ont d’ailleurs abouti aux réglementations des années
1990 avec la liste des cultures autorisées et le cahier des charges d’utilisation des EUT en agriculture
(interdiction d’irriguer les produits maraîchers avec des EUT, interdiction de vendre ou consommer les
fruits tombés des arbres, interdiction du pâturage direct, interdiction d’irriguer par aspersion les arbres
fruitiers, etc.).

Tableau 7-5 : Synthèse des impacts de l’irrigation avec des EUT sur les sols d’après la recherche tunisienne et autres
Matrice Sol
Elément
Principaux constats Références
impactant
Salinité  Le risque de salinisation dépend du type de sol (transmissivité, Bahri A., 2003
teneur en MO, capacité de drainage, taux d’irrigation et profondeur Belaid N., 2010
des aquifères) Hachicha M., 2015
 La salinisation peut impacter la productivité du sol en modifiant la
pression osmotique au niveau racinaire, en entraînant une toxicité
ionique spécifique, en perturbant l’absorption par les végétaux des
nutriments essentiels et en détruisant la structure du sol. A long
terme, cela peut engendrer un arrêt de l’agriculture.
 Au vu de la concentration en sel des EUT, le risque de salinisation
est plutôt faible. La salinité des EUT et l’évolution de la salinité des
sols irrigués doivent tout de même être surveillées périodiquement.
La teneur en sel des EUT peut augmenter avec les détergents,
adoucissants et les infiltrations d’eau salée, notamment dans les
zones littorales. L’évaporation au niveau de la STEP peut aussi
avoir un impact sur la salinisation des eaux réutilisées. Il est
recommandé d’associer l’utilisation des EUT à des pratiques de
draignage appropriées du sol.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

Matrice Sol
Elément
Principaux constats Références
impactant
MES  Si les MES ne sont pas biodégradables, elles peuvent diminuer la Bali M., 2017
perméabilité des sols et la percolation des eaux.
 Les MES provenant des bassins de régulation des EUT peuvent
inclure des particules algales qui enrichissent les sols en MO et en
nutriments après leur biodégradation.
pH  Le pH des EUT tunisiennes est habituellement légèrement alcalin, Bali M., 2017
l’équilibre acide/base du sol n’est donc pas perturbé
MO  Les EUT enrichissent en matières humiques les sols, ce qui est un Bouwer & Chaney,
avantage supplémentaire aux engrais chimiques. Il se forme des 1974
composés organiques stables et non toxiques (acides huiques et
fulviques), sans impact sur l’environnement.
 Si la DBO > 500 mg/l, comme pour les EUB, associé à un taux en
MES élevé, il peut y avoir colmatage du sol, d’où l’importance de
l’efficacité du traitement II au niveau des STEP.
ETM  La variabilité des ETM dans le sol dépend des teneurs en MO, de Bahri A., 2003
la distance par rapport à la prise d’irrigation et des pratiques Belaid N., 2010
culturales (rotation des cultures, labour, type d’irrigation). Belaid N., Kallel M. &
 Une dynamique d’accumulation des ETM dans les sols a été Neel C.
observée dans d’anciens périmètres irrigués (Borj Touil, Mornag, Jlassi, R.
Nabeul). Hachicha M., 2015
 Les différences observées dans l’accumulation des ETM dans les
sols des parcelles d’un même périmètre irrigué dépendent du
nombre de cycles d’irrigation effectué.
 La biodisponibilité des ETM reste faible sur le long terme.

Azote,  Les EUT sont souvent riches en éléments fertilisants, surtout en N Bahri A., 2003
phosphore, et K (cas du périmètre irrigué de Borj Touil) Bali M., 2017
potassium  L’azote dans les EUT est plutôt sous forme de nitrates qui sont très Jlassi, R.
solubles dans l’eau et risquent donc d’être entraînés par lixiviation. Rjeb S., 2011
Cela dépend du taux d’intensification du périmètre irrigué, des
132 caractéristiques du sol et de la teneur en azote des EUT.
 Les EUT contiennent de faibles quantités en P et K, sans impact
pour l’environnement et qui peuvent compléter les apports
nécessaires pour les plantes.
 Des stratégies de fertilisation correctement ajustées et adaptées
aux concentrations en N et P des parcelles des périmètres irrigués
limitent les risques de pollution azotée et phosphatée dans les sols

Agents  Pas de contamination bactérienne décelée dans les sols Bahri A., 2003
pathogènes
Composés  Présence détectée de composés organiques toxiques dans les Mahjoub O. & al.,
organiques EUT : composés industriels (phtalates, biphényles, PCB…), 2011
toxiques pesticides (organochlorés, organophosphorés), résidus Fenet H. & al., 2012
(polluants médicamenteux. Ces polluants peuvent avoir des effets Haddaoui I. & al.,
émergents) cancérogènes, tératogènes, mutagènes ou être des perturbateurs 2016
endocriniens.
 Des composés oestrogéniques et des résidus médicamenteux
comme la Carbamazépine ont été retrouvé dans le sol du périmètre
irrigué de Souhil. La mobilité de ces métabolites et leur potentielle
dégradation reste à étudier.
 La présence de HAP, de PCB et de pesticides organochlorés
(surtout le DDT) dans les sols dans le périmètre irrigué de Souhil a
été démontrée. La persistance de ces polluants dans ces sols et
les potentialités de transfert vers les plantes et les nappes
souterraines n’a pas été étudiée

IMPACTS SUR LES PLANTES CULTIVEES


Le contrôle biologique et physicochimique des produits agricoles irrigués avec les EUT est réalisé par
les services du ministère de la santé tel que stipulé par le décret n° 89-1047du 28 juillet 1989 fixant les
modalités de prélèvement et la fréquence des analyses pour les différents paramètres globaux de la
pollution (modifié par le décret n° 93 – 2447 du 13 décembre 1993).

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7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

Ce décret ne précise ni les paramètres à analyser ni la fréquence de contrôles. En fait, la salubrité des
produits agricoles fait partie de la sécurité sanitaire des denrées alimentaires qui est régie par plusieurs
textes et normes qui traitent les germes pathogènes, les contaminants et les résidus de pesticides.

Cependant, la surveillance spécifique des produits agricoles issus des périmètres irrigués avec les EUT
n’est encore pas instaurée par les services du ministère de la santé.

Il est à noter que la capacité analytique au niveau national répond aux demandes d’analyses biologique
et physicochimique de ces produits.

Tableau 7-6 : Synthèse des impacts de l’irrigation avec des EUT sur les plantes d’après la recherche tunisienne et autres
Matrice Plante
Salinité  Le taux de salinité des EUT peut limiter les types de plantes Bahri A., 2003
cultivables s’il est trop élevé. Il peut aussi réduire les autres bénéfices Hachicha M., 2015
des EUT sur la croissance des cultures (pouvoir fertilisant) et ainsi
fair diminuer le rendement (1).
ETM  L’absorption des ETM par les plantes dépend de sa concentration Belaid N., 2010
(valeur seuil à partir duquel il peut être abosrbé) et du pH du sol Jlassi, R.
(globalement, un pH < 6 ,5 rend les ETM disponibles pour les ANCSEP, 2015
plantes).
 Les EUT peuvent contenir des traces de cadmium et de nickel qui
présentent une forte toxicité pour l’homme et peuvent être absorbés
par les végétaux.
 En Tunisie, des effets sur le long terme des ETM sur les oliviers n’ont
pas été décelés
 Les accumulations d’ETM dans les feuilles d’oliviers sont non
significatives
 Le taux d’ETM absorbé par les plantes fourragères dépend de la
variété cultivée mais reste faible
 L’étude de l’ANCSEP de 2015 a montré une variation des teneurs
d’aluminium, du plomb et du nickel dans les échantillons d’Olive, de
Citron et de Grenade au niveau du périmètre de Nabeul avec un
dépassement très important de la LM en Plomb enregistrée dans le
133
Citron. Cependant, cette étude ne fait pas consensus au sein de la
communauté scientifique et les résultats restent à valider (nombre
d’échantillons analysés, méthodo d’analyse, etc.)
 Une accumulation de l’Aluminium, du Chrome et du Nickel (pour la
Nèfle et la Pèche) avec des variations non expliquées entre le
périmètre témoin et le périmètre de Ouardanine.
Agents Oléiculture : Trad Raïs M., Sifi
pathogènes  Pas de contamination microbienne décelée pour les olives S. & Ben El Hadj S.
Trad Raïs M., Sifi
S. & Xanthoulis D.,
2008
Maraîchage : Trad Raïs M.
 Contamination bactérienne en fontion de la variété cultivée et des Chenini et al, 2002
techniques d’irrigation
 Avec irrigation à la raie : contamination bactérienne significative des
fruits (ex des pommes de terre)
 Contamination légèrement supérieure pour des aubergines se
trouvant en contact avec le sol irrigué par rapport à celle en hauteur
 Avec technique de micro-irrigation : qualité microbiologique
satisfaisante des fruits
Arboriculture : Bahri A., 2003
 Pas de contamination microbienne des fruits cueillis (périmètre Bahri S., 2011
irrigué de Ouardanine) –
 Contamination microbienne plus élevée pour les fruits tombés sur le
sol
Fourrages : Bahri A., 2003
 Contamination microbienne du fourrage significative après irrigation,
résorbée en 7 à 10 jours en fonction des conditions climatiques

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7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

Matrice Plante
Qualité et Oléiculture : Trad Raïs M., Sifi
croissance  Augmentation du rapport pulpe / noyau et de la production d’olives S. & Ben El Hadj
des fruits  Pas d’impact sur la qualité de l’huile d’olive S., 2007
Trad Raïs M., Sifi,
S. & Xanthoulis D.,
2008
Arboriculture : Riahi, 2011
Pour les agrumes : amélioration de certains paramètres de croissance et
fructification, amélioration du rendement

(1) La salinité de l’eau est un paramètre clé pouvant impacter les cultures. Des informations sont
fournies sur ce point dans le Rapport de diagnostic pour l’élaboration de la vision et de la stratégie du
secteur de l’eau à l’horizon 2050 pour la Tunisie (BPEH, STUDI, 2020). Le rapport montre, pour 96
STEP pour lesquelles l’information sur la salinité était disponible en 2017, qu’environ 80% du volume
produit par ces STEP avait une qualité acceptable pour la réutilisation agricole (salinité inférieure
à 3 g/L). Les résultats plus précis sont les suivants :
 34% des eaux ont une salinité inférieure à 2 g/L
 44% des eaux ont une salinité comprise entre 2 et 3 g/L
 12% des eaux ont une salinité comprise entre 3 et 4 g/L
 10% des eaux ont une salinité supérieure à 4 g/L

Un point d’attention particulier sera porté lors de la phase 2 de l’étude afin de proposer des
réutilisations qui soient compatibles avec le niveau de salinité des EUT.

IMPACT SUR LES NAPPES SOUTERRAINES


Les études et les recherches réalisées sur la contamination des nappes souterraines au niveau des
périmètres irrigués avec des EUT témoignent de ce qui suit :
134
Tableau 7-7 : Synthèse des impacts de l’irrigation avec des EUT sur les nappes souterraines d’après la recherche tunisienne et
autres
Matrice Nappe
ETM  Pas de pollution métallique des nappes souterraines due Bahri A., 2003
aux EUT décélée
Azote,  Il y a un risque d’excès de fertilisation du sol et d’une Bahri A., 2003
Phosphore lixiviation du nitrate excédentaire dans la nappe Neubert S. & Sihem B.,
souterraine 2003
 Des stratégies de fertilisation correctement ajustées
limitent les risques de pollution azotée et phosphatée
dans les nappes
Agents  Si les EUT contiennent des agents pathogènes, les Yates & Gerba, 1998
pathogènes riques de contamination de la nappe phréatique
augmentent si les sols sont poreux, minces ou fissurés et
que la nappe est proche de la surface ou sous l’influence
des eaux de surface.
 Les helminthes et les protozoaires sont éliminés
rapidement dans les couches superficielles du sol de par
leur taille, contrairement aux bactéries et aux virus.
Composés  Les composants organiques toxiques étudiés (composés Mahjoub O. & al., 2010
organiques oestrogéniques et résidus médicamenteux comme la Mahjoub O. & al., 2011
toxiques carbamazépine)ont été décelés dans les nappes Fenet H. & al., 2012
(polluants souterraines au niveau du site de REUT de Nabeul. Fries E. & al., 2016
émergents)  La concentration de ces micropolluants est égale dans
les EUT et les puits souterrains, il existe donc un transfert
des micropolluants vers les nappes

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
7. DIAGNOSTIC SUR LES RISQUES LIES A LA REUT

7.1.5 Éléments de conclusion sur l’analyse des risques sanitaires et


recommandations
ELEMENTS DE CONCLUSION
La qualité des EUT, en l’état actuel, présente des risques pour la santé publique à travers la chaine
trophique et la sécurité alimentaire qu’il faut considérer en premier pour les actions stratégiques à venir.
L’évaluation des risques en fonction des usages est actuellement insuffisante.

L’ensemble des résultats des campagnes d’analyses et les travaux de recherche s’accordent pour dire
que la contamination microbiologique des EUT est prépondérante et la gestion de ces risques sur
le long terme est prioritaire. Les concentrations en métaux lourds sont en général en deçà des
limites fixées par les normes tunisiennes NT.106.02 et NT.106.03.

RECOMMANDATIONS
 Les études épidémiologiques et les EQR qui ont été réalisées ne permettent pas de conclure
sur l’incidence des EUT sur la santé humaine en Tunisie et doivent être généralisées.
 Le rôle de la recherche est par ailleurs important dans le cadre de l’analyse des risques sanitaires
et les travaux doivent être pris en compte lors de la révision des normes.
 Les impacts sur les sols de la REUT varient en fonction du périmètre irrigué étudié (type de sol,
pratiques culturales, etc.). Un suivi de la qualité des sols, comme pour la qualité des EUT
réutilisées, avec un protocole détaillé (paramètres analysés, fréquence des analyses, lieux
d’échantillonnage, etc.) identique à tous les sites doit être mis en place. Ce suivi permettra de
prévenir les risques de contamination de l’environnement et des plantes cultivées.
 La contamination microbiologique des EUT doit être mieux considérée que ce soit au niveau
des paramètres à respecter au niveau des normes pour la REUT, du traitement des EUT
(traitement III) ou de la sensibilisation des usagers pour respecter les pratiques limitants leur
exposition. Ces recommandations sont à pondérer en fonction de l’usage considéré. 135
 Les composés organiques toxiques émergents sont encore peu étudiés et représentent des
milliers de molécules différentes. Les études tunisiennes en cours devraient permettre
d’avoir plus d’informations sur les composés à risque pour la REUT en Tunisie et comment
assurer leur prise en compte pour diminuer ces risques.
 Les études menées pour connaître les impacts sur les matrices sol – plante – nappes concernent
surtout les périmètres irrigués et la recharge de nappe avec des EUT. Il serait pertinent d’étudier
aussi ces impacts dans le cas des golfs, où l’irrigation s’effectue maintenant depuis 30
ans pour certains et des lagunes littorales où les EUT sont rejetées.
 Des défaillances de respect des mesures d’hygiène au niveau des pratiques agricoles et de
mesures d’accompagnement (éducation sanitaire, vaccination, etc.) portent préjudice à la santé.
Une approche intégrée basée sur l’analyse des risques doit être mis en place et reposera
sur la collaboration et la coordination effectives des différents organismes, au fil de l’eau
pour réduire au minimum les effets négatifs de la REUT sur la santé.

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8. DIAGNOSTIC INSTITUTIONNEL DE LA FILIERE – DECENTRALISER, ACCOMPAGNER, REGULER ET DIFFUSER L’INFORMATION POUR REGAGNER LA CONFIANCE
DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

8. DIAGNOSTIC INSTITUTIONNEL DE LA FILIERE – DECENTRALISER,


ACCOMPAGNER, REGULER ET DIFFUSER L’INFORMATION POUR
REGAGNER LA CONFIANCE DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS
Objectifs du chapitre

Ce chapitre constitue le diagnostic institutionnel de la REUT et permet de revenir sur la multiplicité des
acteurs publics et privés qui sont concernés, à différents niveaux, par la filière. Le chapitre présente
ainsi dans un premier temps les différents acteurs de la REUT en Tunisie avant de réaliser deux
analyses :
- Une analyse de trois processus clé de la filière : planification des projets, échanges de données et
contrôle.

- Une analyse des enjeux institutionnels pour la filière : enjeux internes des acteurs, cohérence
entre les acteurs et enjeux transversaux.

« La réutilisation des eaux usées traitées, malgré les nombreux avantages qu’elle doit apporter, est un
problème autant politique que technique. Elle est en concurrence avec d’autres solutions à la pénurie
d’eau ; elle réorganise des périmètres administratifs ; elle réaffecte des coûts et des bénéfices ; elle
peut déstabiliser des routines et des manières de faire existantes ; sa mise en œuvre nécessite des
ajustements créatifs et une autorité « pratique» permettant de résoudre les problèmes à mesure qu’ils
surviennent » (Abers & E., 2013)

8.1 PRESENTATION DES ACTEURS DE LA REUT EN TUNISIE


136 Une présentation exhaustive de l’ensemble des acteurs impliqués dans la REUT a été réalisée. Pour
chaque acteur, cette section présente ainsi :
 Les missions statutaires ou réglementaires qui lui sont confiées, de manière globale et dans le
domaine de la REUT,
 Son organisation interne pour répondre à ces missions.

Cette présentation s’appuie sur le descriptif institutionnel réalisé par l’étude SCP (2017) et le complète.

LE MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DES RESSOURCES HYDRAULIQUES ET DE LA PECHE


(MARHP)
D’après le code de l’eau Tunisien, le Ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la
pêche est l’institution qui a la responsabilité d’administrer le domaine public hydraulique. Le tableau ci-
après décrit les implications des différentes directions générales du MARHP dans la REUT, ainsi que
la mise en œuvre au niveau local par les arrondissements correspondants des CRDA.

Tableau 8-1 : Description des principales directions du MARHP impliquée dans la REUT
DG / Représentation Rôle dans la REUT
régionale (CRDA)
Cabinet
BPEH (Bureau de Missions : Coordination des directions techniques sur les questions de suivi, de
Planification des planification, de mobilisation, et d’allocation des ressources en eau. Le BPEH pilote
Equilibres ainsi le développement de la Stratégie de l’eau à 2050.
Hydrauliques) Rôle dans la REUT : planification du développement et de l’utilisation des
ressources non-conventionnelles (dont les EUT)
Directions techniques

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8. DIAGNOSTIC INSTITUTIONNEL DE LA FILIERE – DECENTRALISER, ACCOMPAGNER, REGULER ET DIFFUSER L’INFORMATION POUR REGAGNER LA CONFIANCE
DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

DG / Représentation Rôle dans la REUT


régionale (CRDA)
DGGREE (Génie Rural Missions
et Exploitation des  Etudes d’ordre stratégique relatives au secteur du génie rural et de l’exploitation
Eaux) des eaux dans le secteur agricole, et l’AEP des localités rurales loin des
Arrondissements Génie réseaux de la SONEDE.
Rural et Périmètres  Contribution à la planification des ressources en eau avec BPEH et DGRE ;
Irrigués
 Développement des ressources en eau non conventionnelles
 Création et réhabilitation de périmètres irrigués
 Rationalisation de l’utilisation des eaux : élaboration et mise en œuvre des
instruments de gestion de la demande en eau (GDE) dans le secteur agricole ;
 Encadrement des GDA agissant dans le domaine de l’eau ;
Rôle dans la REUT
 Accompagnement de la valorisation des eaux non conventionnelles en
agriculture,
 Suivi et évaluation de l’aménagement des périmètres irrigués par des EUT et
encadrement des GDA gestionnaires.
DGRE (Ressources en Missions : Connaissance et évaluation de la Ressource en Eau :
Eau)  La connaissance des ressources en eau :
Arrondissements  La gestion des réseaux de mesure des ressources en eau (hydrométrie,
Ressources en Eau
pluviométrie, hydrogéologie, qualité de l’eau des nappes44) ;
 La publication d’annuaires, qui comprend de nombreuses informations sur
l’exploitation et la recharge (y compris artificielle) des aquifères ;
 L’élaboration de bilans des ressources en eau ;
 L’élaboration les principes et méthodes pour la mobilisation et l’exploitation de
ressources hydrauliques.
 La promotion des activités de recherche et d'expérimentation concernant les 137
ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles, en vue d'en
assurer le développement.
Rôle dans la REUT
 Développement et coordination de la gestion les sites de recharge des
nappes par les REUT (qui peuvent être exploités par d’autres opérateurs),
 Promotion des activités de recherche sur les eaux non conventionnelles.
DGACTA Missions
(Aménagement et  Elaboration des plans et orientations pour la préservation des ressources
Conservation des naturelles en sols, végétation, eau et en terres agricoles, et notamment la CES.
Terres Agricoles)
Rôle dans la REUT
Arrondissements Sols
 contrôle et le suivi de la qualité des sols irrigués par la REUT via sa Direction
des Sols /Arrondissements Sols
 promotion des mesures permettant la conservation des eaux et du sol.
DGPCQPA (protection Rôle dans la REUT
et contrôle de la qualité  contrôle et suivi de la qualité des produits agricoles irrigués par les EUT,
des produits agricoles) notamment leur sécurité sanitaire de ces produits.
Arrondissements de
production végétale
DGPA (Production Missions
Agricole)  Suivi et promotion aussi bien en terme quantitatif que qualitatif de la production
agricole nationale
 Suivi de la valorisation des boues d’épuration en agriculture avec notamment la
gestion du projet pilote VBRDA (Valorisation des Boues Résiduaires Dans
l’Agriculture)
Services communs

44 Le suivi de la qualité des eaux superficielles est assuré par l’ANPE

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

DG / Représentation Rôle dans la REUT


régionale (CRDA)
DGFIOP (Financement,  Validation et négociation des budgets soumis au Ministère des finances.
des Investissements et  Validation des changements d’affectation en cours d’année.
des Organismes
Professionnels)  Gestion du FOSDAP (Fond Spécial du Développement de l’Agriculture et de la
Pêche).
DG-EDA (Etudes et  Planification et études agricoles en s’appuyant sur les planifications régionales.
Développement
Agricole)
Source : BRLi, 2019

Les Commissariats Régionaux au Développement Agricole (CRDA)


Les CRDA sont des établissements publics administratifs représentant les services du MARHP dans
chaque gouvernorat45. Ces structures disposent de moyens humains, matériels et financiers mais aussi
juridiques adaptés à la situation spécifique de chaque région. Ils sont chargés de la mise en œuvre au
niveau du gouvernorat de la politique agricole arrêtée par le gouvernement. Ils assurent ainsi des
missions de conservation de l’eau et des sols, de distribution de l’eau agricole ou bien de la gestion des
équipements hydrauliques.

Plus particulièrement dans le domaine de la REUT, les CRDA gèrent :


 Le transport des EUT aux périmètres irrigués, y compris la maintenance des équipements
hydrauliques ;
 le contrôle de la qualité des EUT utilisées dans les périmètres irrigués (pour le CRDA de Sfax).

Généralement, les CRDA sont organisés selon une structure proche du MARHP, présentée ci-après,
avec des variations possibles selon les gouvernorats.
Figure 8-1 : Organisation-type des CRDA
138

Source : BRLi, d’après les décrets spécifiques fixant l’organisation des CRDA de chaque gouvernorat

Les CRDA sont soumis à une double tutelle :


 une hiérarchie organique, car ils sont sous l’autorité du Gouverneur ;
 une hiérarchie fonctionnelle, car la politique agricole sectorielle est décidée au niveau du MARHP.

45 Les attributions des services régionaux de la DG ACTA sont fixées la loi n°89-44 du 8 mars 1989, portant création des
CRDA, complétée par la loi n°94-116 du 31 octobre 1994. Leur organisation est établie dans le décret n°89-832 du 29 juin
1989, fixant organisation administrative et financière et les modalités de fonctionnement des commissariats régionaux au
développement agricole, modifié par le décret n° 90-1236 du 1er aout 1990. Des décrets spécifiques à chaque gouvernorat
précisent l’organisation de chaque CRDA, ainsi que les tâches affectées à chaque arrondissement.

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8. DIAGNOSTIC INSTITUTIONNEL DE LA FILIERE – DECENTRALISER, ACCOMPAGNER, REGULER ET DIFFUSER L’INFORMATION POUR REGAGNER LA CONFIANCE
DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

Le Gouverneur a un rôle clef dans l’intégration des politiques sectorielles, tout comme le rôle du
Commissaire est essentiel dans la planification agricole intégrée et sa mise en œuvre.

Les CRDA sont organisés selon plusieurs divisions et arrondissements, qui correspondent à peu près
à l’organisation en Directions Générales du MARHP et qui mettent en œuvre les politiques agricoles
concrètement sur le terrain. La thématique de la REUT fait partie des attributions des arrondissements
Périmètres Irrigués, Génie Rural, Sols, Ressources en Eau et Productions Végétales, comme indiqué
dans le tableau précédent qui précise les rôles de chacun à cet égard.

Le MARHP dispose également parfois de représentants à un niveau plus local : les cellules territoriales
de vulgarisation (CTV), à l’échelle des délégations et les cellules de rayonnement agricole (CRA), à
l’échelle des secteurs. Les CTV et CRA sont souvent représentés par un seul agent, qui vient
généralement des arrondissements Production Animale ou Production Végétale du CRDA. Il
notamment chargé des activités de vulgarisation auprès des agriculteurs.

L’Agence de la Vulgarisation et de la Formation Agricole (AVFA)


L'AVFA est un établissement public à caractère administratif placé sous l'autorité du MARHP. Elle
développe des programmes de formation et de vulgarisation agricole à destination des
vulgarisateurs publics et privés, qui assurent l’encadrement et l’information des agriculteurs par des
actions programmées. Ce sont surtout les vulgarisateurs publics qui sont intéressés par la vulgarisation
sur la REUT (Cellules Territoriales de Vulgarisation (CTV) et Cellules de Rayonnement Agricole (CRA)),
ainsi que les SMSA (Sociétés Mutuelles de Services Agricoles) et les GDA (Groupements de
Développement Agricole). La vulgarisation se fait selon 3 modes d’actions préférentiels : visites
individuelles, journées de formation, journées de démonstration. Des visites d’exploitations pilotes ont
été organisées par les vulgarisateurs des CRDA, pour les 3 ou 4 exploitations leaders (notamment à
Ouardanine).

L’AVFA est également chargée de l'élaboration des supports de vulgarisation de masse (supports
audiovisuels, films documentaires, supports écrits…).

De manière pratique, elle intervient à la demande des DG du MARHP et des CRDA pour élaborer des 139
programmes de formation et supports de communication. Chaque CRDA définit un programme annuel
de vulgarisation transmis à l’AVFA qui propose alors son offre de formation correspondante. C’est le
budget de l’Etat qui est mobilisé pour l’essentiel (notamment la REUT), sauf exceptions (type demandes
spécifiques de vulgarisateurs privés, financées, mais qui n’intervient pour l’instant pas dans le secteur
de la REUT). Ce sont souvent des chercheurs qui interviennent lors des journées de vulgarisation.

Depuis 2003, plusieurs campagnes de sensibilisation des techniciens vulgarisateurs ont été
réalisées sur la REUT (films, courts métrages, supports visuels, supports écrits). Les supports de
vulgarisation sont en ligne (en arabe) sur le site web de l’AVFA. Les réseaux sociaux sont aussi source
d’informations.
 L’AVFA a ainsi collaboré avec la DGGRE en mars 2013 pour élaborer un dépliant de
sensibilisation des agriculteurs intitulé « EUT et champs d’usage en agriculture ».
 Au printemps 2019, l’AVFA a réalisé 2 émissions de radio diffusées en mars sur la radio nationale
et 2 spots diffusés en avril sur la TV nationale ;
 L’AVFA révise les dépliants de sensibilisation sur la REUT (2019) ;
 L’AVFA essaye en outre d’intégrer un module REUT dans les formations professionnelles : des
discussions sont en cours avec l’institut national pédagogique de formation agricole continue à
Sidi Febet (qui fait de la formation continue (agriculteurs et fils d’agriculteurs) et formation des
jeunes).

L’Agence Foncière Agricole (AFA)


L’Agence Foncière Agricole est un établissement public à caractère non administratif (EPNA) doté de
la personnalité civile et de l’autonomie financière. Ses missions sont assimilées à celles de service
public et par conséquent elle est considérée comme le prolongement de l’administration. Elle est
l'organisme responsable de l'aménagement foncier dans les périmètres irrigués par les EUT.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
8. DIAGNOSTIC INSTITUTIONNEL DE LA FILIERE – DECENTRALISER, ACCOMPAGNER, REGULER ET DIFFUSER L’INFORMATION POUR REGAGNER LA CONFIANCE
DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

L’Office de l’Elevage et des Pâturages (OEP)


L’Office de l’Elevage et des Pâturages est un établissement public à caractère industriel et commercial.
Il a pour mission générale de développer l’élevage et les pâturages en recherchant les débouchés aussi
bien sur le marché intérieur qu’extérieur. Il peut être impliqué sur des projets de périmètres irrigués avec
des EUT, pour produire des fourrages permettant le développement de l’élevage dans certaines régions

Les instituts de recherche et de formation


Plusieurs instituts de recherche sous la tutelle conjointe du MARHP et du MESRS interviennent sur les
sujets de REUT.
 L’Institut de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur Agricole (IRESA) est un
Etablissement Public à caractère Administratif (EPA) créé en 199046. Il est chargé des missions
suivantes :
- Assurer la liaison entre les Etablissements de Recherche et d'Enseignement Supérieur
Agricoles d'une part et la vulgarisation agricole et les producteurs d'autre part ;
- Elaborer les programmes de recherche agricole et les budgets nécessaires pour leur
réalisation, suivre l'exécution de ces programmes et en assurer l'évaluation tout en veillant à
la coordination et à la complémentarité entre les Etablissements de Recherche et
d'Enseignement Supérieur ;
- Veiller à ce que les Etablissements de Recherche et d'Enseignement Supérieur Agricoles
soient au service de la production agricole et du développement47.
L’IRESA participe à plusieurs programmes de recherche et développement en collaboration avec
des organisations internationales.
 L’Institut National de Recherche Agronomique de Tunisie (INRAT) chargé des activités de
recherches dans les domaines des grandes cultures, l'horticulture, zootechnie et
production fourragères, protection des végétaux, économie rurale et biométrie, bio technologie et
physiologie végétale et divers autres domaines agronomiques ;
140  L’Institut National de Recherche en Génie Rural, Eaux et Forêts (INRGREF), couvre les
recherches relatives au Génie Rural, Eaux et Forêts. Il compte 4 laboratoires de recherches, et
la REUT est une des thématiques de recherches du laboratoire ‘Valorisation des Eaux Non
Conventionnelles'. Dans les années 90, les thématiques de recherche concernaient les risques
de l’utilisation des EUT pour les produits agricoles, notamment au regard des aspects physico-
chimiques et microbiologiques, avec 2 stations pilotes : 2 stations pilotes : Souhil à Nabeul
(toujours en activité) et la Soukra. Aujourd’hui, les travaux portent plus sur les effets à long terme
de l’utilisation des EUT en questionnant les études précédentes, avec des mises à jour régulières
sur les risques microbiologiques, les métaux lourds et les micropolluants émergents
(antibiotiques, pesticides). Le travail de recherche sur l’eau porte également les économies d’eau
et l’économie circulaire ;
 L'Institut National Agronomique de Tunis (INAT) intervient sur sept grands domaines de
compétences : la production végétale, la santé végétale, la production animale, l’agro-alimentaire,
l’économie agricole et agro-alimentaire, l’halieutique, le génie rural eaux et forêts. Les enjeux de
santé, de prévention des risques sanitaires, de protection de l’environnement, et de valorisation
des territoires font partie de la mission de l’INAT.
 Le Centre de Recherches et de Technologies des Eaux (CERTE) est un établissement public
scientifique et technique sous la tutelle du MESRS, qui dispose notamment d’un laboratoire de
recherche sur les Eaux Usées et l’Environnement. Il intervient sur la REUT depuis la fin des années
70. Des stations pilotes ont été mises en place pour expérimenter différents types de traitements
d’eaux usées. Depuis 2007, le CERTE expérimente 3 stations pilotes dans des écoles (utilisation
des eaux pluviales pour le bloc sanitaire, traitement et réutilisation de l’eau pour l’irrigation
d’oliviers et amandiers par goutte à goutte enterré). Le CERTE a également travaillé à l’étude de
la recherche de nappe de Korba (gérée par le CRDA de Nabeul) sous convention avec le
MARHP.

46 Loi n°90-72 du 30 Juillet 1990


47 www.iresa.agrinet.tn

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

D’autres instituts comme l’Université de la Manouba (UMA) ou l’Ecole Nationale des Ingénieurs de Sfax
(ENIS) ont lancé des études sur la thématique de la REUT.

Les travaux de recherche entrepris par tous ces instituts concernant la REUT sont développés dans le
chapitre 10.1 qui concerne le diagnostic du secteur de la recherche scientifique.

LE MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT (ME)


Le ministère de l'environnement est chargé de proposer la politique générale de l’Etat dans les
domaines de la protection de l’environnement, de la sauvegarde de la nature, de la promotion de la
qualité de la vie et de la mise en place des fondements du développement durable dans les politiques
générales et sectorielles de l’Etat et ce, en coopération avec les ministères et les structures concernés,
et de veiller à son exécution.

En particulier, sa Direction Générale de l’environnement et de la qualité de vie (DGEQV) a pour


mission d'évaluer la situation générale de l'environnement, de proposer les grandes orientations de la
politique nationale en matière de protection de l'environnement et d'amélioration de la qualité de la vie
et d'élaborer les plans d'action pour la conservation des ressources naturelles, la réduction ou
l'élimination de tous les phénomènes de pollution. C’est elle qui suit la question des eaux usées.

Plus spécifiquement dans le domaine de la REUT, le ME assure la tutelle de 3 organismes clefs :


 L’ONAS, principal producteur d’EUT,
 L’Agence Nationale pour la Protection de l’Environnement (ANPE), autorité environnementale
chargée de la surveillance de la conformité des activités impactant l’environnement,
 Le Centre International des Technologies de l’environnement de Tunis (CITET), qui dispose d’un
laboratoire d’analyses.

L’Office National de l’Assainissement (ONAS), producteur des EUT


Missions 141
L´ONAS est un établissement public à caractère industriel et commercial, doté de la personnalité civile
et de l´autonomie financière. Il est placé sous la tutelle du Ministère des Affaires locales et de
l'environnement.

L’ONAS a été créé en vertu de la loi n° 73/74 en date du 3 août 1974, avec pour mission d´assurer la
gestion du secteur de l´assainissement. La loi portant création de l´Office a été amendée par la loi
n°93/41, datée du 19 avril 1993, en vertu de laquelle l'ONAS est passé du rôle de gestionnaire du
réseau d'assainissement à celui de principal intervenant dans la lutte contre la pollution
hydrique. Ses missions sont les suivantes :
 « la lutte contre toutes les sources de pollution hydrique (…) ;
 la gestion, l’exploitation, l’entretien, le renouvellement et la construction de tout ouvrage destiné
à l’assainissement des villes (…)
 la promotion de la distribution et de la vente des eaux épurées, des boues provenant des
stations d’épuration et de tous les autres sous-produits ;
 l’élaboration et la réalisation de projets intégrés portant sur le traitement des eaux usées et
l’évacuation des eaux pluviales (…).
 La réalisation de projets d’études et de travaux d’assainissement (…) pour l’Etat et les
collectivités ;
 Participer à l’élaboration de tout texte légal ou réglementaire pour lutter contre la pollution
hydrique ;
 Proposer au ministère de tutelle les mesures d’encouragement de l’Etat (…) dans le domaine de
l’assainissement ;
 Entreprendre toute action de sensibilisation, formation, éducation, étude ou recherche dans le
domaine de la lutte contre la pollution hydrique ;
 Toute autre action comprise dans le cadre de sa mission, qui lui serait confiée par l’Etat » (Loi
N°93-41).

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

 Le site web de l’ONAS complété par « la planification et la réalisation des projets


d’assainissement ».

Ainsi, sur le thème de la REUT, le rôle de l’ONAS est d’assurer un traitement des EU conforme à
l’arrêté du 26 mars 2018, et de promouvoir la distribution et la vente des EUT.

L’ONAS assure donc le rôle producteur d’EUT et de fournisseur des différents usages. Pour
mener à bien ses missions, l’ONAS a donc vocation à assurer l’autocontrôle de la qualité
microbiologique et chimique de ses eaux tout au long du processus d’épuration, en s’assurant
de la conformité des eaux collectées comme des eaux rejetées.

Le décret n°2008-2268 propre à l’ONAS précise que peuvent faire l’objet d’une concession, les services
relevant des missions de l’ONAS et relatifs à la réutilisation des eaux usées traitées ou à la
valorisation des boues et des biogaz des stations d’épuration.

Organisation interne
L’ONAS est une grande organisation qui comptait 3775 agents en 2016 (Source : site Internet de
l’ONAS).

142

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Figure 8-2 : Organigramme simplifié de l’ONAS, et positionnement des activités de REUT dans cet organigramme

143

Source : site Internet de l’ONAS

Les activités liées à la réutilisation des EUT sont orchestrées au niveau central par la Division
réutilisation qui compte pour l’instant 1 seule personne. Au niveau opérationnel dans les régions, il n’y
a pas d’agent spécifiquement sur cette thématique, mais les exploitants des STEP sont les
interlocuteurs.

L’ONAS dispose de laboratoires d’analyses au niveau de ses centres régionaux. Les prélèvements et
les analyses sont en partie sous-traités (marchés publics) pour faire face au besoin de moyens humains
et matériels. Des perspectives de renforcement de ses laboratoires sont en cours de réflexion à l’ONAS
(SCP, 2018).

L’Agence Nationale pour la Protection de l’Environnement (ANPE)


L’ANPE est un établissement public à caractère industriel et commercial, créé en vertu de la loi n° 88-
91 du 2 août 1988. Sa tutelle ainsi que sa mission initiale ont fait l’objet d’une révision substantielle par
la loi 92-115 du 30 Novembre 1992. L’ANPE a pour missions générales de lutter contre toutes les
sources de pollution et de nuisances et atténuer toutes formes de dégradation de l’environnement et
d’assurer le contrôle et le suivi des rejets et de leurs installations de traitement.

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Plus particulièrement en lien avec la REUT, l’ANPE est chargée :


 Du suivi de la qualité de la ressource en eau ;
 De l’approbation des études d’impact des STEP et des périmètres publics irrigués ;
 Du contrôle des rejets dans le milieu naturel (Norme NT 106.02).

L’ANPE compte :
 un vingtaine d’agents techniques en évaluation des Etudes d’Impact (basés à Tunis), dont 2
s’intéressent plus spécifiquement à la REUT ;
 environ 15 agents pour le suivi de la qualité de la ressource en eau (Tunis et Régions),
 Pour ses missions de contrôle l’ANPE a mis en place un corps d’experts contrôleurs assermentés
comprenant actuellement 42 agents. Actuellement, un agent effectue les contrôles planifiés
des STEP et des périmètres irrigués avec les eaux des STEP. Les contrôles à l’issue de
plaintes ou d’accident sont réalisés par les agents des Régions. En 2018, lors du contrôle planifié,
76 stations ont été contrôlées sur 120, donnant lieu à une trentaine de PV. Les contrôles réalisés
à l’issue de plaintes ont également donné lieu à une vingtaine de PV.

Selon les entretiens menés, l’ANPE s’intéresse surtout aux paramètres physico-chimiques. Les
analyses sont généralement effectuées dans les laboratoires en sous-traitance : le CITET et des
laboratoires privés.

Le Centre International des Technologies de l'Environnement de Tunis (CITET)


Le Centre International des Technologies de l'Environnement de Tunis (CITET) est un établissement
public à caractère non administratif créé en 1996 et placé sous la tutelle du ME (Loi n°96-25 du
25/03/1996). Le CITET a vocation à développer les compétences tunisiennes pour assurer un transfert
de technologies écologiquement rationnel et bien adapté au contexte local, national et international.
Parmi ses 4 Directions Techniques, celle qui s’occupe des EUT est la Direction du transfert et adaptation
technologique : elle aborde la gestion des ressources en eau, la valorisation des traitements des
144 déchets, l’utilisation des eaux non conventionnelles et l’adaptation au changement climatique.

Dans le domaine de la REUT, le CITET dispose d’un laboratoire d’analyse des eaux accrédité
TUNAC, qui peut réaliser des analyses physico-chimiques et microbiologiques des eaux. Il comprend
20 agents pour une prise en charge d’environ 5000 échantillons. Son statut ne lui permet pas de
répondre commercialement à des marchés de délégation ou de sous-traitance. (SCP, 2018).

La Police de l’Environnement
Une police de l’environnement a été créée en 2017, suite à après l’aggravation des atteintes à
l’environnement. Ses agents sont déployés progressivement dans les municipalités où les enjeux sont
les plus forts (34 municipalités du Grand Tunis, 20 municipalités dans les chefs-lieux des gouvernorats
et 20 autres municipalités à forte densité de population et à vocation touristique) et compte 300 agents.
Sa mise en place est contestée par le corps de la police nationale (source : Huffington post Maghreb,
Tunisienumérique.com)

La police de l’environnement a vocation à intervenir essentiellement sur la salubrité des espaces publics
et l’hygiène (comme le déversement d’eaux usées sur la voie publique) (Loi n° 2016-30, 2016). Elle
n’interviendrait pour l’instant pas sur la REUT.

LE MINISTERE DE LA SANTE (MS)


La mission fondamentale du Ministère de la Santé est de « veiller sur la Santé de la population ». Il a 2
attributions particulières dans le domaine de la prévention, qui concernent la REUT :
 Initier et stimuler toutes les formes d'éducation collective ou individuelle de nature à améliorer le
comportement de la population sur le plan de l'hygiène ;
 Assister techniquement tous les organismes publics ou privés dont l'action peut avoir des
répercussions sur la santé de la population et notamment dans les domaines du contrôle (…) de
l'eau de consommation, de la production alimentaire, de la protection de l'environnement,
etc.

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Il intervient dans le secteur de l’eau au travers de sa Direction de l’Hygiène, du Milieu et de


Protection de l’Environnement (DHMPE) qui est en charge du contrôle sanitaire des eaux (eau de
boisson, eau minérale, eau usée brute et traitée et les eaux de baignade) et contribue à l’élaboration
des normes et textes réglementaires.

Dans le domaine de la REUT, la DHMPE assure ainsi le contrôle de tous les aspects préventifs
sanitaires et notamment la conformité bactériologique et physicochimique des EUT destinées à
l’irrigation. Elle réalise les inspections sanitaires dans les STEP, vérifie le respect des clauses des
cahiers des charges dans les périmètres irrigués, notamment le respect des règles d’hygiène, le contrôle
sanitaire des produits issus des périmètres irrigués, la sensibilisation des manipulateurs, ainsi que des
vaccinations des agriculteurs. Ce sont les représentations régionales du MS qui effectuent ces tâches.
Les contrôles inopinés à l’aval des STEP en en entrée des périmètres publics irrigués sont programmés
une fois par an (Source : entretiens, BRLi, 2019).

La DHMPE a à la fois un rôle préventif et répressif avec la possibilité d’arrêter ponctuellement


l’approvisionnement en eau. En cas d’alerte, la DHMPE avise ses partenaires au niveau central et
donne ses consignes au comité régional de suivi de la REUT présidé par le gouverneur (lorsqu’il existe)
qui réagit généralement au plus vite pour arrêter l’irrigation jusqu’à ce que les services de santé donnent
le feu vert (SCP, 2018).

Le Ministère de la Santé dispose d’un réseau de laboratoires qui réalise certaines analyses
physicochimiques et microbiologiques : le laboratoire Central réalise les analyses physico-chimiques
sur Tunis et Nabeul, et 22 Laboratoires régionaux d’Hygiène du Milieu.

Le Ministère de la Santé exerce la tutelle sur l’ANCSEP.

L’Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits (ANCSEP)


L’ANCSEP est un établissement public doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière, sous
la tutelle du MS. Il a pour mission d’assurer la coordination et la consolidation des activités de contrôle
sanitaire et environnemental des produits exercés par les différentes structures de contrôle concernées
(Décret n° 99-769 du 5 avril 1999). De manière pratique, pour la REUT, l’ANCSEP intervient sur 2 axes 145
structurants :
 L’organisation de la coordination, y compris harmoniser les attributions des organismes de
contrôle, unifier les méthodes et outils de contrôle, veiller au respect des textes.
 La consolidation des activités de contrôle, y compris l’évaluation des risques sanitaires,
la réorientation des stratégies de contrôle ou encore la contribution à l’élaboration de normes.

L’ANCSEP est donc missionné pour la coordination, l’arbitrage et la formation des organismes
de contrôle. Si la REUT n’est pas directement listée dans les « produits » sur lesquels l’ANCSEP
exerce ses activités, l’esprit du texte est que la REUT fasse partie des attributions, ce qui est confirmé
par les équipes.

En termes d’organisation, le Directeur Général est assisté par un Conseil d’Entreprise Consultatif et un
Conseil Scientifique qui comportent tous deux un représentant de chacun des ministères concernés par
la REUT (Santé Publique, Environnement, Agriculture, Industrie) hormis le Tourisme.

Cette agence-clé pour le dispositif national de veille sanitaire et environnemental pourrait être davantage
sollicitée pour les usages agricoles de la REUT avec une attention portée à la qualité des produits et
non pas seulement la qualité des intrants.

Il faut noter que la nouvelle loi n°25 du 26/2/2019 de sécurité sanitaire des aliments et des aliments
pour animaux va réorganiser les missions des deux organismes (DHMPE et ANCSEP) pour une
meilleure répartition des rôles.

L’Instance nationale pour la sécurité sanitaire et la qualité des produits alimentaires


L’Instance nationale pour la sécurité sanitaire et la qualité des produits alimentaires en Tunisie est en
cours de création. La mission de cette instance devrait être la suivante :
 Contrôle de la sécurité sanitaire et de la qualité des aliments des animaux,
 Supervision zoo-sanitaire et phytosanitaire depuis la production jusqu’à la distribution.

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Dans le cadre de la REUT, cette instance pourrait être amenée à contrôler la qualité du fourrage produit
à partir d’EUT.

Les laboratoires
Outre le CITET, les laboratoires du MS et les laboratoires de l’ONAS (déjà présentés ci-dessus),
plusieurs laboratoires peuvent permettre d’élaborer des analyses de qualité des EUT :
 Le laboratoire central d’analyse des eaux à Tunis (LCAE) est un laboratoire National de référence
pour le contrôle de produits industriels, sous la tutelle du Ministère de l’Industrie. Il est accrédité
TUNAC et réalise l’ensemble des paramètres physico-chimiques prévus par la réglementation
des EUT ainsi que les germes microbiologiques standard ;
 L’Institut Pasteur de Tunis un laboratoire d’analyses des eaux et des denrées alimentaires qui
procède à des analyses microbiologiques dans le cadre de ses missions de Santé Publique. Il
traite environ 5000 échantillons par an à la demande des services du Ministère de la Santé, et
n’a pas vocation à exercer comme prestataire de services ;
 Plusieurs laboratoires privés existent, avec des effectifs d’une dizaine de salariés, et des volumes
d’activités compris entre 1000 et 2000 échantillons par an.

Les capacités d’analyses des EUT par les différents laboratoires sont développées dans le chapitre
6.6.2.

146

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Figure 8-3 : Carte de localisation des laboratoires d’analyse

147

Source : (SCP, 2018)

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LES AUTRES STRUCTURES PUBLIQUES IMPLIQUEES


Les autres structures publiques impliquées sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Structure publique Rôle dans la REUT


Activités régaliennes générales
Présidence du La Présidence est notamment responsable de la réforme de la règlementation et de
gouvernement la qualité règlementaire. Elle s’assure ainsi de la conformité de tous les projets de loi
soumis par les différents ministères, donne son accord avant publication dans le
Journal officiel de la République tunisienne. Toute réforme règlementaire pour la
REUT impliquera donc la Présidence du gouvernement.
Le Ministère des Le Ministère des Finances organise et gère le budget de l’Etat :
finances  le Comité Général de l’Administration du Budget de l’Etat discute les budgets
alloués aux ministères, et notamment le MARHP.
 Le Contrôle général des Finances (CGF) contrôle la conformité et la régularité
des services et organismes publics. Il procède également à des missions
d’évaluation des projets et des programmes publics et aux audits des comptes
des projets financés par des bailleurs de fonds.
Dans le domaine de la REUT, le ministère assure le contrôle et le suivi des
rapports financiers des GDA qui gèrent des périmètres publics irrigués avec
des EUT.
Activités spécifiques à la REUT
Ministère du tourisme Le MTA, dont le mandat est de développer l’activité touristique est directement
et de l’artisanat (MTA) impliqué sur la REUT. Les golfs doivent être irrigués par des EUT (environ 1 000 ha).
Les EUT sont aussi utilisées pour irriguer l des espaces verts (environ 450 ha), et leur
utilisation à la place d’un rejet en mer permet d’améliorer la qualité des eaux de
baignade en période estivale.
3 golfs sont gérés par la Société Tunisienne de Développement des Golfs (STDG).
148 Pour les autres golfs, la gestion est privée et les contrats de location sont gérés par
la STDG. Celle-ci cherche aussi à promouvoir la pratique de ce sport auprès des
jeunes tunisiens et à créer de nouveaux terrains. Il existe une convention cadre entre
l’ONAS et le Ministère du tourisme pour l’irrigation des golfs.
Les demandes des hôteliers pour irriguer leurs espaces verts avec des EUT doivent
être adressées à l’Agence Foncière Touristique (l’AFT).
Le Ministère de Le MIT est aujourd’hui peu impliqué dans la REUT, mais pourrait l’être plus au vu des
l’industrie et des enjeux existants (pollutions des raccordements industriels non conformes au réseau
technologies (MIT) d’assainissement qui déstabilisent les processus d’épuration, mais aussi utilisation
des EUT pour le développement d’activités industrielles)
Les communes Les conseils municipaux des communes gèrent les services publics municipaux dont
notamment l’aménagement des jardins et des espaces verts, l’embellissement de la
ville et l’entretien des routes appartenant à la commune. Les communes peuvent
donc être des usagers des EUT en cas de réutilisation pour l’irrigation d’espaces verts
ou pour des usages urbains comme le lavage des rues.
Aujourd’hui, leur rôle dans la REUT reste marginal mais pourrait se développer avec
le processus de décentralisation actuellement mis en œuvre en Tunisie, comme sur
le choix du développement de nouveaux périmètres publics irrigués avec des EUT.
En termes d’assainissement, la gestion des STEP directement par les communes
plutôt que par l’ONAS est aussi une option envisagée sur le long terme.

LA PROFESSION AGRICOLE
La profession agricole est peu structurée en Tunisie par rapport à d’autres pays. Il existe deux syndicats
agricoles principaux, mais les agriculteurs sont assez réticents à former des structures collectives au
niveau local (BRLi, 2016).

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Syndicats agricoles
L’Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (UTAP)
Seule organisation syndicale de défense des intérêts des producteurs de 1950 jusqu’en 2011, l’UTAP
est le syndicat agricole « historique » en Tunisie. Elle est affiliée à d’autres institutions internationales
telles que la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles (FIPA), l’Union Arabe des Agriculteurs
et des Coopératives Agricoles ou encore l’Union Maghrébine des Agriculteurs (UMAGRI).
Outre la représentation et la défense des droits des producteurs agricoles (et de la pêche) auprès de
diverses instances, l’UTAP propose des sessions de formation et vulgarisation agricoles48.
Elle est présente sur le territoire à l’échelon régional (URAP), voire local (ULAP), et ce niveau est
souvent en lien avec les Arrondissements des CRDA.

Le Syndicat des Agriculteurs de Tunisie (SYNAGRI)


C’est le deuxième syndicat de défense des intérêts des producteurs agricoles, créé en 2012. Il est donc
pour l’instant moins bien implanté et représenté au niveau régional (12 représentations régionales en
2013).

Autres
Citons également la CONECT-Agriculture (Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie) et les
chambres syndicales de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) qui
représentent le patronat – notamment agricole).

Structurations locales
Groupements de Développement dans le domaine de l’Agriculture et de la Pêche (GDAP)
Les Groupements de Développement dans le domaine de l’Agriculture et de la Pêche (GDAP)
sont des structures associatives locales qui regroupent des propriétaires et des utilisateurs et visent la
gestion commune d’infrastructures pour l’exploitation de ressources naturelles, depuis 199949 (BRLi, 149
2016).
Les GDA assurent des fonctions administratives (collecte des redevances) et techniques (organisation
des tours d’eau) pour la gestion de leur infrastructure. Les GDA les plus actifs concernent
majoritairement la gestion de périmètres irrigués et l’AEP. Selon les statistiques de 2016, 1187 GDA
d'irrigation gèrent 226 000 ha soit 52% des périmètres publics irrigués (SCP, 2018).
Dans le domaine de la REUT, chaque périmètre irrigué alimenté par des EUT est géré par un
GDA, plus ou moins fonctionnel.
En effet, les GDA ont des niveaux de performances très variables avec des difficultés financières et de
maintenance des équipements. Une réforme du statut des GDA est en cours, avec notamment une
réflexion sur la possibilité de basculer vers un statut d’établissement public, qui leur permettrait de
reconnaître leur dimension d’intérêt public et de faciliter le recouvrement des redevances.

Les Sociétés Mutuelles de Services Agricoles (SMSA)


Les agriculteurs peuvent également se structurer localement sous forme de coopératives (Sociétés
Mutuelles de Services Agricoles – SMSA depuis 200550), qui visent à soutenir sur le plan économique
les activités productives des agriculteurs, à travers la fourniture d’intrants et de services, l’encadrement
des agriculteurs (rentabilité, qualité, etc.), l’aide à la commercialisation des produits agricoles (collecte,
stockage, transformation, etc.) ;

48 Cartographie des insitutions agricoles en Tunisie, FAO, décembre 2013


49 Loi n°99-43 du 10 mai 1999, Décret 99-1819 du 23 aout 1999 portant statuts type des groupements de développement dans
le secteur de l’agriculture et de la pêche
50 Loi n°2005-94 du 18 octobre 2005, relative aux sociétés mutuelles de services agricoles

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ORGANES DE COORDINATION
Commission interministérielle de suivi de la REUT
Il existe une commission Interministérielle de suivi de la REUT créée par décret en 2012, et
opérationnalisée en 2017. Elle permet la coordination des activités des différents acteurs. Les acteurs
rencontrés indiquent qu’il s’agit plus d’un comité de réflexion que de prise de décision pour l’’action. Les
membres du Comités sont listés ci-dessous (par ordre alphabétique) :
 ANCSEP
 ANPE,
 AVFA,
 MARHP,
 DGACTA,
 DGGREE,
 DGPA,
 DGRE,
 MS/DHMPE,
 MALE/DGEQV,
 INRGREF,
 IRESA
 ONAS,
 UTAP.

Commission régionale de suivi de la REUT


150
Il existe également des déclinaisons plus opérationnelles de cette Commission au niveau régional : les
Commissions Régionales de Suivi de la REUT. Les acteurs rencontrés indiquent que ces commissions
ne sont pas toutes actives.

Comité relatif au plan d'action à court terme.


Il existe également un comité de pilotage du plan d’action à court terme, crée en mars 2018 et mentionné
dans le chapitre 5.2.2.

REPRESENTATION SCHEMATIQUE DES DIFFERENTS ACTEURS DE LA REUT EN TUNISIE


Le schéma ci-après présente ainsi l’organisation institutionnelle générale de la REUT en Tunisie ainsi
que les grands liens existants entre les différentes institutions.

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Figure 8-4: Paysage institutionnel de la REUT en Tunisie

151

Schéma BRLi, 2020

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8.2 CARTOGRAPHIE DES PROCESSUS CLEFS


Nous avons identifié 3 processus multi-acteurs, pour lesquels une analyse détaillée nous est apparue
présenter un intérêt dans le cadre de la présente approche :
 La planification de la REUT,
 Les échanges de données, et particulièrement la procédure d’alerte,
 Le contrôle.

L’analyse des processus d’exploitation et de maintenance des STEP ainsi que d’alimentation en eau
des périmètres irrigués et autres utilisations (adduction, traitement complémentaire, distribution) nous
ont semblé plus relever d’un audit interne aux structures concernées que d’une analyse institutionnelle.

8.2.1 Planification de la REUT et cycle de projet


Ces procédures n’étant pas formalisées par écrit, la figure ci-dessous reconstitue l’enchainement des
différentes étapes à partir des entretiens menés. Chaque cas étant unique, nous avons essayé d’en
tirer des traits communs, dans un schéma simplificateur présenté ci-après, qui représente les principales
étapes.

Figure 8-5 : Procédure de planification d’un projet de REU

152

Schéma BRLi, 2019

Ce schéma est très simplifié. Il vise à mettre en évidence le constat que les procédures de
planification des projets de STEP et de REUT sont actuellement dissociées la plupart du temps :
dissociées dans le temps, mais aussi dissociées en termes d’institutions qui les pilotent.

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 La construction d’une STEP est décidée par l’ONAS sans étape de concertation formelle avec
le MARHP. Les études de faisabilité ne sont pas systématiques. Le ME, le MS-DHMPE et l’ANPE
doivent être consultés pour la validation des études d’impact.
Il serait intéressant que ces études soient réalisées systématiquement et incluent une analyse du
potentiel de REUT (processus de traitement, qualité des effluents, localisation de la STEP,
existence d’une demande locale, etc.). Une procédure de mobilisation formelle du CRDA et des
services régionaux du Ministère de la Santé serait alors pertinente.
A noter que les projets de traitement et de REUT étaient couplés pendant quelques années. Tunis
Ouest en était un exemple
 La procédure d’émergence des projets de REUT démarre souvent par une décision prise par
le MARHP, normalement en concertation avec les CRDA. Mais au niveau local, la justification de
priorisation de tel ou tel site n’est pas toujours comprise, parfois par manque de communication
de ses motifs. Un travail sur les critères de priorisation des projets de REUT pourrait à ce titre
être pertinent, incluant des volets sur la demande locale et sur la communication des résultats.
La faisabilité est réalisée en mobilisant l’ONAS, et inclut une étape de consultation des
agriculteurs
La validation des études d’impact nécessite une consultation du MEME qui mobilise alors le MS-
DHMPE et l’ANPE, qui en pratique, n’est pas toujours demandée. La validation par la DHMPE
des traitements complémentaires est prévue, mais pas toujours réalisée, et serait également une
amélioration en termes de gestion des risques. Le respect de la procédure et l’actionnement
systématique de ces validations est particulièrement important.
La consultation des utilisateurs potentiels (agriculteurs) intervient généralement une première fois
lors des études de faisabilité, mais de manière plus soutenue lors de la formation des GDA. Parmi
les sites enquêtés, il a été remarqué que les sites où la décision de REUT intervenait en
réponse à une demande locale étaient couronnés de plus de succès.
Le CRDA est un maillon essentiel de la mise en œuvre de la stratégie nationale de REUT. Service
déconcentré du Ministère, il est chargé de l’intégration au niveau local de l’ensemble des
politiques sectorielles du ministère. Sa connaissance du terrain et des acteurs le rendent
incontournables dans l’adaptation et la mise en œuvre des stratégies du Ministère au niveau
153
local.
Or, pendant longtemps, les CRDA ont travaillé au niveau décentralisé avec des méthodes « top-
down » (descendantes), avec consultation des bénéficiaires, dans une logique où l’Etat est garant
de l’intérêt général et décideur des aménagements. Ces méthodes montrent aujourd’hui leurs
limites et nécessitent d’évoluer vers une implication accrue des agriculteurs, dès le démarrage
de la faisabilité et sur toutes les composantes, notamment dans un contexte post-révolution, où
la demande sociale de plus de participation prend de l’ampleur.
Cette demande nécessite une transformation en profondeur de la manière de travailler des CRDA
pour passer d’une approche descendante avec consultation des bénéficiaires à une approche
participative 51 où l’agriculteur est partie prenante des décisions à tous les stades de la
conception. Certains changements de méthodes ont été expérimentés dans des CRDA dans le
cadre des Plans de Développement Communautaires, ou des Plans de Développement Rural
Intégré. L’utilisation de méthodes participatives est promue par la nouvelle stratégie de CES : la
formation du personnel, et l’expérimentation de ces méthodes sont initiées dans ce cadre. Le rôle
du CRDA est en train d’évoluer vers l’animation rurale, l’accompagnement, la coordination. Il
semble tout à fait pertinent que les interventions du CRDA dans le cadre de la prochaine stratégie
de REUT prennent également ce virage, et interviennent en catalyseur d’une demande locale en
amont des décisions de projet de REUT, puis en accompagnement des utilisateurs potentiels
pour qu’ils deviennent les porteurs de projet. Il est nécessaire que l’existence d’une demande
locale soit un critère de priorisation. Cette évolution du rôle du CRDA permettra également de
faire évoluer le rôle de l’agriculteur d’un « bénéficiaire » (subissant des décisions auxquelles il n’a
pas contribué), à celui d’un « porteur de projet » (acteur et participant aux décisions) (Source :
analyses croisées avec l’équipe de SCP chargée de l’assistance technique au MARHP sur les 2
projets pilotes, et avec l’équipe de BRLi ayant accompagné la DGACTA dans l’élaboration de la
stratégie de CES).

51 La différence entre consultation et participation est déterminée par le niveau de décision qui est laissé à l’agriculteur : dans
le cas de la consultation, l’agriculteur peut infléchir dans une certaine mesure des décisions de conception qui ont été prises

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8.2.2 Le contrôle
Cette partie institutionnelle sur le contrôle de la qualité des EUT et des pratiques mises en œuvre par
les usagers se veut complémentaire du chapitre 6.6 du diagnostic technique. Ici, se sont plutôt les rôles
et les liens entre les différents organismes chargés du contrôle qui sont abordés tandis que le chapitre
6.6 aborde les exigences de qualité au niveau réglementaire, les capacités d’analyses des laboratoires
tunisiens et les fréquences de contrôle.

CADRE REGLEMENTAIRE
Le schéma ci-dessous présente l’organisation des contrôles par la réglementation Tunisienne.

Figure 8-6 : Organisation des contrôles par la réglementation Tunisienne

Arrêté (21 juin 1994) relatif à la liste


des cultures autorisées

154

Source : (SCP, 2018)

MODALITES PRATIQUES
Il existe ainsi différents types de contrôle :
 L’autosurveillance réalisée par les opérateurs, à des fins de suivi de la qualité de leur service
ou de leur ressource :
- L’ONAS suit la qualité en sortie des STEP. Les exploitants de STEP, en coordination avec les
6 laboratoires régionaux de l’ONAS définissent un programme de prélèvements et d’analyses
à l’année. Les analyses sont réalisées par un des laboratoires régionaux de l’ONAS ou par un
laboratoire privé (accréditation TUNAC exigée) ;
- La plupart des CRDA vérifient la qualité des EUT distribuées. Les prélèvements sont réalisés
par les CRDA ou sous-traités et les analyses sont sous-traitées à des laboratoires privés
conventionnés ;
- Les autres utilisateurs (golfs, espaces verts) ne réalisent pas systématiquement un suivi de la
qualité des eaux ;
 Le contrôle réglementaire réalisé par les organismes de contrôle assermentés :
- L’ANPE réalise le contrôle de conformité à la NT 106.02 des effluents rejetés dans le milieu
naturel. En pratique, l’ANPE réalise des analyses essentiellement physico-chimiques en sortie
de STEP au moment du rejet dans le milieu naturel.

en amont : il est considéré comme « bénéficiaire »; dans le cas de la participation, l’agricutleur est partie prenante de toutes
les décisions : il est pleinement « acteur » dès les premières étapes de conception.

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

L’ANPE réalise aussi des contrôles de conformité à la NT 106.03 des EUT en entrée des
périmètres irrigués.
L’ANPE procède également régulièrement aux prélèvements d’échantillons d’eaux usées
brutes (à l’entrée des STEP) en plus des échantillons prélevés en sortie (afin de vérifier le
rendement épuratoire). Avec ses effectifs réduits, l’ANPE réalise les prélèvements sur environ
70% des STEP par an, et confie les analyses à un laboratoire privé. En cas de non-conformité
des EUT aux normes en vigueur, un procès-verbal est dressé à l’encontre du gestionnaire de
la station d’épuration et adressé à l’ONAS avec copie à la DGEQV. Si les EUT ne sont pas
conforme à la NT 106.03 et qu’elles desservent un PPI, l’ANPE y demande l’arrêt de la
fourniture et la distribution de ces EUT jusqu’au rétablissement de sa qualité, et ce,
conformément aux prescriptions de l’article 9 du cahier de charges en vigueur. Lors du
contrôle, l’ANPE réalise une inspection de la station et/ou du périmètre et prend note des
éventuelles anomalies ;
- La DHMPE réalise les prélèvements dans les périmètres irrigués, mais également en sortie
de STEP. En pratique, la DHMPE s’intéresse essentiellement aux paramètres biologiques, et
parfois même certains paramètres qui ne figurent pas dans la norme (Source : entretiens,
exemple : coliformes fécaux et streptocoques). Les analyses sont réalisées dans le laboratoire
du service Santé, avec également une sous-traitance à l’Institut Pasteur. Lors du contrôle, le
service d’hygiène réalise une inspection de la station et note les éventuelles anomalies ;
La DHMPE réalise aussi une campagne annuelle d’analyses physicochimiques des EUT à
des fins agricoles, qui sont réalisées par le Laboratoire Central des Analyses et d’Essais de
Tunis ;
- L’ONAS contrôle également les rejets industriels connectés au réseau d’assainissement. Ses
agents assermentés peuvent dresser des procès-verbaux. L’ONAS a également passé un
contrat avec l’ANPE pour que celle-ci l’aide à réaliser les contrôles de conformité des effluents
auprès des industriels raccordés au réseau. Cette convention de durée déterminée (un an)
n’a concerné que quelques zones du territoire à savoir, les zones concernées par le
programme d’assainissement de neuf zones industrielles.
155
A terme, l’ANCSEP a vocation à intervenir en coordination des organismes de contrôle : elle a
commencé à travailler sur le sujet mais elle ne s’est pas encore pleinement saisie de ce rôle.

La police de l’environnement dans les communes n’intervient pour l’instant pas sur ce sujet, mais à
l’avenir, elle pourrait devenir un relais local des organismes de contrôle nationaux.

L’application des normes en matière d’hygiène et sécurité n’est pas systématique au niveau des
agriculteurs. La vaccination est suivie par le MS. L’utilisation d’équipements de protection individuelle
est assez peu suivie : il y a à la fois un problème d’information et un problème de non mise en œuvre,
notamment car ces équipements sont peu adaptés aux fortes chaleurs (voir chapitre 7.1.2 et les
résultats des enquêtes sur les aspects sanitaires au chapitre 11)

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

Figure 8-7 : représentation schématique des procédures de contrôle

156

Légende :

Les difficultés rencontrées pour la bonne mise en œuvre de cette fonction sont les suivantes :
 Les données de contrôle ne sont pas partagées entre les administrations, cela peut s’expliquer :
- Par la crainte de critiques entre administrations ;
- Par les difficultés qu’ont les administrations à respecter les fréquences de contrôle, en raison
du manque d’agents et de moyens dédiés, notamment au niveau local ;
- Par le fait que certains laboratoires ne sont pas accrédités et que la validité de certains
résultats pourrait être mise en doute ;
 Les résultats de l’auto-surveillance de l’ONAS ne sont pas diffusés (voir paragraphe sur les
échanges de données)
 Les organismes de contrôle ne sont pas réellement coordonnés entre eux. Par exemple, sur le
schéma précédent, on s’aperçoit que certains points font l’objet de plusieurs contrôles : c’est le
cas notamment des sorties de STEP et des périmètres irrigués. Ces contrôles ne sont pas
identiques, ils ont des objectifs différents. Mais l’échantillonnage des contrôles réglementaires
réalisés par des services de l’Etat pourrait être mutualisé, pour optimiser les coûts de
déplacement, et permettre ainsi un recouvrement plus important des sites contrôlés chaque
année. L’ANCSEP avait vocation à assurer cette coordination à terme, mais pour l’instant ce rôle
n’est pas pleinement rempli sur la REUT. Un document unique pourrait être développé en ce
sens, comme l’ANCSEP l’avait fait sur le contrôle environnemental et sanitaire des installations
touristiques, la vigilance pesticides ou encore les produits chimiques dangereux. Un tel
coordonnateur pourrait aussi centraliser l’ensemble des données de contrôle.

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

 Les délais d’analyse des laboratoires (environ 1 mois) ne permettent pas la mise en œuvre de
mesures d’urgence lorsque des non-conformités sont observées,
 Les procédures de recours sont insuffisamment cadrées sur un plan juridique, et sont rarement
menées à terme. A la réception de résultats d’analyses non-conformes, les structures de contrôle
(DHMPE-Services d’Hygiène, ANPE et CRDA) dressent des procès-verbaux, mais très peu de
recours son réalisé ni de sanctions données par rapport au nombre d’infractions. La DGGREE
est informée par courrier officiel de toute demande d’interruption de la distribution des EUT à un
périmètre irrigué ;
 La structuration des tutelles fait apparaitre les constats suivants :
- Le ME est tutelle à la fois de l’ONAS (producteur des EUT) et de l’ANPE (qui contrôle l’ONAS) ;
- Le MS est la tutelle de l’ANCSEP tandis que la DHMPE et ses services déconcentrés avaient
vocation à être coordonnés par l’ANCSEP.
Des mesures spécifiques sont à prendre pour s’assurer de limiter les risques de conflits d’intérêt,
et conforter la crédibilité du système de contrôle ;

8.2.3 Les échanges de données


ECHANGES DE DONNEES ENTRE ADMINISTRATIONS
Il existe un décret précisant les modalités d’échanges d’information entre Ministères. Un formulaire
spécifique a été créé pour cela. Cette disposition permet les échanges d’information entre ministères
sur le long terme, car elle n’est pas complètement opérationnelle. A l’heure actuelle, les interfaces entre
institutions pour la transmission de données fonctionnent bien quand les personnes se connaissent ou
quand les agents prennent des initiatives mais les échanges de données institutionnalisés demeurent
fastidieux pour l’instant.

Les échanges de données sont souvent plus fluides lorsque la donnée est de statut public, transmise
systématiquement à l’Etat en procédure de routine, et mise en ligne.
157

PROCEDURE D’ALERTE
La procédure d’analyse qualité, reconstituée à partir des entretiens, est représentée sur le schéma ci-
dessous.
Figure 8-8 : Procédure de collecte et transmission des informations d’autosurveillance et de contrôle

Autosurveillance Contrôle réglementaire

DHMPE – services d’hygiène


ONAS – exploitant STEP Echantillonn
ANPE Echantillonn
Echantillonn
age age age

Laboratoire du service Santé,


ONAS‐ laboratoire Laboratoire central Institut PasteurLaboratoire Central
Anlayse Ou laboratoire partenaire Anlayse Anlayse des Analyses et d’Essais de Tunis

ONAS – exploitant STEP Réception


ANPE Réception DHMPE
Réception
des résultats, des résultats
des résultats
Informel,
non systématique
ONAS – ONAS –
DHMPE MARHP DGGREE ONAS CRDA
Transmission centre Régional centre Régional
Transmission Transmission

MARHP DGGREE ONAS CRDA

Schéma BRLi , 2020

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 Les données de suivi de l’ONAS ne sont pas diffusées au public. Il a été rapporté dans les
entretiens que les résultats d’analyse qualité ne sont pas non plus systématiquement transmis
au CRDA, au GDA, ou aux autres utilisateurs. Cette transmission se fait au cas par cas, en
fonction du lien entre le chef de la STEP et les agents du CRDA.
 Les données de contrôle réglementaire n’ont pas un statut public ;
 Il n’existe pas de procédure d’alerte systématisée en cas de non-conformité, ou de problème
technique sur une STEP : la procédure d’alerte repose ainsi sur des relations personnelles et non
sur des dispositions institutionnelles.

La systématisation de procédures d’une part de diffusion des résultats d’analyse et d’autre part
d’alerte des utilisateurs semble nécessaire : elles sont un maillon important d’établissement d’une
relation de confiance localement entre les acteurs de chaque site de REUT. Cette procédure d’alerte
devrait être faite en routine et dissociée de tout délai supplémentaire lié à une validation
hiérarchique.

Enfin, les délais d’analyse sont généralement de l’ordre de 1 mois, ce qui rend difficile la
réactivité en cas de non-conformité. Il serait intéressant de réfléchir à des mesures pour réduire
ces délais.

8.3 ANALYSE DES ENJEUX INSTITUTIONNELS


Le paragraphe suivant présente :
 dans un premier temps les enjeux internes à chaque acteur, en lien avec la REUT,
 dans un second temps, les enjeux relationnels de cohérence externe, c’est-à-dire les enjeux
des interactions entre les acteurs pour assurer l’ensemble des missions nécessaires au bon
fonctionnement de la REUT ;
158  Enfin, des enjeux de gouvernance transversaux, qui relèvent de mécanismes de fonctionnement
qui posent question.

8.3.1 Synthèse des enjeux internes des acteurs-clefs de la REUT


Le tableau suivant est réalisé pour chacun des acteurs principaux de la REUT. Il synthétise, pour chaque
acteur, les principaux enjeux en lien avec la REUT, avec une double perspective :
 D’une part, expliquer l’importance de l’intervention de cet acteur pour le secteur de la REUT, et
expliquer quels sont les défis pour optimiser la contribution de l’acteur au développement et au
bon fonctionnement de la REUT ;
 D’autre part, expliquer quelle est l’importance de la REUT du point de vue de l’acteur : quelle
est la cohérence avec ses missions intrinsèques ? Est-ce que le développement et le bon
fonctionnement de la REUT vont permettre à l’acteur de remplir ses missions et d’atteindre ses
objectifs propres ?

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Tableau 8-2 : Enjeux pour les principaux acteurs de la REUT


Importance, pour la filière REUT, de Importance pour l’acteur du secteur de la
l’intervention de l’acteur et Défis pour REUT : contribution (ou pas) de la REUT à
Acteur améliorer le développement et le l’atteinte des objectifs de l’acteur, et défis à
fonctionnement de la REUT relever pour faire converger les objectifs de
l’acteur avec le développement du secteur
L’ONAS est un organisme extrêmement Pour l’ONAS, la REUT est un enjeu indirect de
important pour la REUT car il s’agit du ses missions. De manière très formelle, la
producteur d’EUT dans toute la Tunisie, avec formulation des missions de la loi n° 93-41
dans quelques STEP, des initiatives de confie à l’ONAS la mission de distribuer et
contractualisation pour des prestations de vendre ses EUT, mais pas leur réutilisation. Le
service. cadre juridique donne une latitude politique à
Le principal enjeu est l’amélioration de la l’ONAS de s’emparer ou pas du leadership en
qualité des eaux produites par les STEP. Les termes de REUT. L’ONAS avait pris le lead sur le
consignes de réduction des budgets de sujet au début des années 2000 en élaborant la
l’exploitation et de la maintenance des STEP stratégie de REUT de 2002, mais actuellement
viennent en contradiction avec l’exigence l’ONAS s’est mis en seconde ligne, ce qui se
d’amélioration de la qualité des EUT. traduit par un effectif resserré sur cette
thématique.
Comme la plupart des organismes publics de
cette taille, l’ONAS a un fonctionnement très La REUT constitue également pour l’ONAS une
centralisé, avec des procédures de décisions contrainte supplémentaire quant à la qualité
dans l’exploitation et la maintenance des des eaux produites : au-delà de la
stations qui passent par le niveau central, et responsabilité légale de protection des milieux
laissent peu de latitude décisionnelle aux aquatiques et hydriques (NT 106.02), la
ONAS exploitants de STEP. Or, comme cela était réutilisation consolide les exigences de qualité
indiqué en préambule, la mise en œuvre de la microbiologique des effluents et leur ajoute une
REUT « nécessite des ajustements créatifs et dimension sanitaire (NT 106.03), économique et
une autorité « pratique» permettant de résoudre sociale, mais sans contrepartie financière.
les problèmes à mesure qu’ils surviennent » Il est cependant à noter que depuis récemment,
(ECOFILAE, 2016). Ce fonctionnement l’ONAS a inclus dans ses axes stratégiques au
centralisé facilite le pilotage et la
planification dans un organisme de cette
niveau national « l’amélioration de la qualité des
EUT et la promotion de leurs réutilisation
159
envergure, mais rend difficile la créativité, la dans les différents domaines de
réactivité, et l’adaptation en temps réel que développement ». Bien que cette stratégie ne
nécessite le secteur de la REUT, où chaque soit pas encore visible au niveau local, cela
projet contient encore une part exploratoire. En montre la volonté de l’ONAS de se réapproprier
particulier, les variations de charge, de qualité le sujet.
d’effluents collectés, et par conséquent
d’abattement par les STEP nécessitent une
adaptation en temps réel des exploitants ainsi
que des échanges d’information fluides avec les
acteurs aval de la filière qui sont alourdis par les
processus centralisés.
Le ME est le ministère de tutelle de 2 Les EUT sont un secteur que le ME va aborder
organismes centraux pour la gestion des EUT, en supervision de ses organismes sous tutelle, à
qu’il pilote à l’aire de Contrats Programme : la fois sous l’angle de la surveillance et du
contrôle de la qualité (CITET, ANPE), et à la fois
- L’ONAS, producteur des EUT ;
sous l’aspect dépollution (ONAS).
- L’ANPE, chargé de la surveillance et du Pour la réutilisation à des fins
contrôle de la qualité des rejets. environnementales, le ME pourra aussi intervenir
Certains acteurs rencontrés ont indiqué que le sur le choix ou non de la réutilisation et sur le suivi
fait que le producteur et le contrôleur d’EUT du milieu censé être valorisé. Si cela concerne
ME
étaient placés sous une même tutelle pourrait des lagunes littorales (comme à Korba), le ME
induire un risque de conflit d’intérêt. En cas de pourra intervenir via l’Agence de Protection et
non-conformité, les recours administratifs sont d’Aménagement du Littoral (APAL), organisme
souvent gérés directement en interne, sans aussi sous la tutelle de ce ministère.
procédure formelle.
L’ONAS étant historiquement un organisme très
puissant, qui compte près de 3 800 agents, et
doté d’une autonomie financière, le rôle de
tutelle est particulièrement délicat à opérer.

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Importance, pour la filière REUT, de Importance pour l’acteur du secteur de la


l’intervention de l’acteur et Défis pour REUT : contribution (ou pas) de la REUT à
Acteur améliorer le développement et le l’atteinte des objectifs de l’acteur, et défis à
fonctionnement de la REUT relever pour faire converger les objectifs de
l’acteur avec le développement du secteur
Le MARHP est un ministère clef pour la REUT La REUT contribue à augmenter la disponibilité
à plusieurs titres : des ressources en eau, fort enjeu en Tunisie, et
 il est chargé de la planification de la gestion particulièrement dans la partie centre et sud.
et du développement des ressources en En termes d’utilisation, les enjeux qui peuvent
eau, et la REUT contribue à augmenter la être identifiés sont :
disponibilité de ressources non  La valorisation des infrastructures d’irrigation
conventionnelles ; à hauteur de leurs capacités, et ainsi la
 il accompagne le développement et la fonctionnalité des adductions d’EUT, tant en
gestion de l’utilisation agricole des EUT termes de qualité que de quantité,
(développement et accompagnement des  L’accompagnement des agriculteurs vers
périmètres irrigués et GDA) une meilleure acceptation de cette
MARHP  il s’assure du maintien de la qualité des sols ressource, vers des pratiques conformes
CRDA sur le long terme ; pour leur santé et celle des consommateurs.
 Il travaille également à la qualité des Certains cadres du MARHP et des CRDA notent
produits agricoles. un vieillissement de la pyramide des âges, et
Une base donnée sur la gestion des EUT a été alertent sur les risques que le départ à la retraite
amorcée en 2017 par le MARHP en du personnel expérimenté représente en termes
collaboration avec toutes les institutions de pertes de compétences. L’enjeu de la
concernées, dans le cadre de l’étude SCP. transmission du savoir aux nouveaux arrivants
apparait donc central.
Le fonctionnement très autonome des
différentes Directions du MARHP ne facilite pas Plus spécifiquement, le positionnement des
la coordination sur une thématique CRDA est particulièrement délicat, car ils
transversale. reçoivent à la fois des décisions prises par le
MARHP et font face à une demande sociale de
plus de participation.
160 La DHMPE est un organisme clé pour la REUT Les fonctions de la DHMPE dans la REUT se
notamment car la DHMPE donne son accord rajoutent à de nombreuses tâches déjà opérées
sur la REUT et, suite au contrôle et suivi, la par cette institution. Les moyens mis à sa
DHMPE peut interdire la réutilisation. disposition pour réaliser les contrôles sont
Enfin, l’avis de la DHMPE est toujours demandé variables d’une année sur l’autre.
MS-
DHMPE et elle fait partie des comités de suivi des études Fournir à la DHMPE les moyens pour opérer
et des projets de REUT. dans des conditions optimales ses contrôles
permettrait de renforcer la confiance des
utilisateurs, surtout pour cette direction qui ne fait
pas partie du MARHP ou du ME (comme
l’ONAS).
Les changements de comportement des Pour l’AVFA, la REUT est une thématique sur
agriculteurs vers des pratiques plus laquelle a priori la demande en formation de
respectueuses des normes sanitaires, et donc vulgarisateurs sera essentiellement publique,
plus sures pour leur santé et la santé des donc sur budgets de l’Etat.
consommateurs est un fort enjeu pour la REUT.
Les changements d’attitude des
consommateurs peuvent également être
favorisés par une campagne de communication
AVFA
adéquate orchestrée par l’AVFA. Ainsi, dans la
Stratégie nationale de communication et de
sensibilisation à l’utilisation des EUT et des
boues de station d’épuration et initiation des
activités de sensibilisation à l’échelle régionale
publié en Juin 2014, l’AVFA est identifiée
comme un acteur clé pour amener les
agriculteurs à utiliser les eaux usées traitées.
Si les activités de contrôle des EUT sont L’ANCSEP est un organisme qui dispose de peu
relativement bien définies par les normes, le de moyens.
secteur de la REUT a clairement besoin d’une
ANCSEP
coordination entre les organismes qui réalisent
effectivement ce contrôle, et l’ANCSEP a
vocation à jouer ce rôle.

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Importance, pour la filière REUT, de Importance pour l’acteur du secteur de la


l’intervention de l’acteur et Défis pour REUT : contribution (ou pas) de la REUT à
Acteur améliorer le développement et le l’atteinte des objectifs de l’acteur, et défis à
fonctionnement de la REUT relever pour faire converger les objectifs de
l’acteur avec le développement du secteur
Un moyen pour l’ANCSEP de prendre pleinement
sa place sur la coordination des activités de
contrôle des EUT et sur les enjeux sanitaires
serait d’élaborer un document sectoriel sur la
REUT.
Les pratiques de REUT des infrastructures de La réutilisation des eaux usées traitées est un
tourisme et loisirs (golfs, espaces verts) sont enjeu important pour le secteur touristique en
insuffisamment cadrées, engendrant des Tunisie. Ces eaux sont utilisées pour irriguer les
risques sanitaires élevés. golfs qui n’ont le droit d’utiliser que cette
MTA Une implication du MTA ou d’un de ses ressource (environ 1 000 ha), et certains espaces
organismes sous tutelle (en délégant verts (environ 450 ha) mais aussi pour améliorer
éventuellement la réalisation de l’encadrement la qualité des eaux de baignade.
à l’AVFA) permettrait d’accompagner les
acteurs à améliorer leurs pratiques.
Peu d’industries sont équipées de prétraitement L’utilisation d’EUT pourrait permettre le
ou de traitement de leurs rejets avant développement d’activités industrielles qui ne
d’atteindre les réseaux de collecte des effluents nécessite pas la qualité d’une eau potable,
urbains ou le milieu naturel et cela malgré les notamment dans les zones de tension sur la
dispositions en place (législation, autorisations). ressource. L’Union Tunisienne de l'industrie, du
Les rejets industriels non conformes raccordés commerce et de l'artisanat (UTICA) est la
aux réseaux d’assainissement déstabilisent les centrale patronale nationale. Elle regroupe les
procédés épuratoires, met en péril la fiabilité structures professionnelles des différents
MIT des STEP. Cela induit d’importants problèmes secteurs économiques non agricoles. UTICA
de qualité des EUT et pénalise les possibilités pourrait jouer un rôle dans la promotion de la
de REU. REUT dans le secteur industriel.
Une implication renforcée du ministère de 161
l’industrie sera bénéfique à l’évolution des
pratiques de traitement des eaux usées
industrielles en Tunisie notamment dans les
entreprises où l’Etat est actionnaire tel que
GCT.

8.3.2 Enjeux de cohérence entre acteurs de la REUT : interactions, échanges,


coordination
Dans ce paragraphe, une analyse fonctionnelle est proposée : le paragraphe précédent était centré sur
les acteurs, celui-ci prend du recul et analyse comment les fonctions sont réparties et rendues
opérationnelles par les acteurs. Cette analyse permet de mettre en évidence des enjeux transversaux,
des fonctions orphelines ou pas complètement remplies, des enjeux de répartition des fonctions entre
acteurs.

Dans le secteur de la REUT, les fonctions suivantes ont été identifiées :


 Fonctions transversales :
- Planification et promotion du développement de la REUT ;
- Coordination des acteurs de la REUT. Ces deux premières fonctions sont en réalité
généralement assurées par les mêmes acteurs ;
- Contrôle de l’application du cadre légal et normatif ;
- Financement ;
- Recherche,
- Formation et vulgarisation.
 Fonctions opérationnelles :
- Production d’EUT ;

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- Utilisation des EUT :


- Pour l’irrigation agricole,
- Pour les usages touristiques, notamment les golfs,
- Pour les usages industriels,
- Pour la recharge de nappe,
- Consommation des produits et activités de la REUT.

Le tableau suivant présente les acteurs intervenant dans les différentes fonctions de la REUT.

Tableau 8-3 : Fonctions de la REUT, acteurs responsables et enjeux de cohérence fonctionnelle associés
Fonction Acteurs Enjeux de cohérence fonctionnelle
Fonctions transversales
Coordination  Au niveau national, Comité  Cette fonction n’est pas clairement attribuée à un
et planification national de suivi de la REUT ; organisme avec personnalité juridique, une
du secteur  Au niveau régional, Comités stratégie et des moyens dédiés.
régionaux de suivi de la REUT  Les Comités Régionaux ne sont pas tous
(lorsqu’ils existent). opérationnels ;
 Les objectifs du Comité National de suivi de la
REUT, ainsi que les pouvoirs et devoirs des
membres nécessiteraient d’être mieux définis.
Contrôle de  ANPE sous tutelle du ME sur la Le cadre normatif est incomplet :
l’application du conformité physico-chimique  Pas de normes pour les usages autres qu’agricoles,
cadre légal et aux normes de rejet dans
normatif l’environnement (NT 106.02 /  Un contrôle sur les sols et la qualité des produits
décret 2019), irrigués par des EUT à développer ;
 DHMPE du MS sur la  Les procédures de consultations croisées entre
conformité microbiologique et administrations (MALE, ANPE, MS-DHMPE) pour
l’instruction et l’approbation des EIES des projets
162 physico-chimique aux normes
d’utilisation agricole (NT de REUT (contrôle préventif), en vue d’obtenir l’avis
106.03), les inspections de la des services compétents, ne sont pas
conduite sanitaire dans les systématiquement respectées.
STEP, le respect des règles  Les procédures de recours en cas de non-
d’hygiène dans les PI, le conformité ne sont pas complètement définies, ni
contrôle sanitaire des produits, menées à terme : très peu de sanctions par rapport
 ANCSEP en coordination des au nombre d’infractions.
organismes de contrôle (rôle L’application des normes en matière d’hygiène et
qui lui a finalement été retiré). sécurité n’est pas systématique au niveau des
Ainsi, pour l’instant ce rôle agriculteurs (vaccins, vêtements, contrôles). Il y a à la
n’est pas pleinement rempli sur fois un problème d’information et un problème de non
la REUT. mise en œuvre ;
 Police de l’environnement Il n’y a pas assez d’agents dédiés pour la réalisation des
dans les communes contrôles, notamment au niveau local ;
n’intervient pour l’instant pas Les délais d’analyse des laboratoires (environ 1 mois)
sur ce sujet, mais à l’avenir, ne permettent pas des recours d’urgence lors de non-
elle pourrait devenir un relais conformités,
local des organismes de La coordination entre les organismes de contrôle est
contrôle nationaux. insuffisante. Cette coordination pourrait permettre une
mutualisation des échantillonnages de contrôle en
sortie de STEP réalisés à la fois par l’ANPE (intéressée
principalement par la conformité physico-chimique à la
NT 106.02) et la DHMPE (qui contrôle essentiellement
les aspects sanitaires).
La loi sur l’alimentation, en cours d’élaboration, devrait
redéfinir les rôles des agences de contrôle, pour assurer
leur indépendance et éviter les chevauchements dans
les tâches attribuées. L’ANCSEP pourrait évoluer vers
l’évaluation des risques sanitaires pour les produits
alimentaires, de santé et industriels ainsi que les
risques sanitaires liés à l’environnement. Une instance
de gestion des risques pourrait aussi être créée.

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

Fonction Acteurs Enjeux de cohérence fonctionnelle


Financement  Etat (financement des  Pas de financement ni de budget dédié au
fonctionnaires) développement des EUT ;
 Bailleurs de fonds  Question sensible de la répartition des contributions
entre producteur (obligation normative), utilisateur
(conditions sanitaires de son utilisation) et
collectivité (subvention d’une activité qui contribue
à l’intérêt général).
 Le financement de la recherche et du transfert des
résultats de la recherche (recherche appliquée,
stations pilotes, conseil scientifique sur les
décisions politiques de REUT) est également en
question.
Recherche  MESRS La recherche tunisienne sur la REUT est reconnue au
 IRESA, niveau international. Elle s’intéresse à des questions
pointues avec des chercheurs de haut niveau répartis
 INRGREF entre plusieurs organismes de recherche qui rédigent
 INAT de nombreuses publications.
 CERTE Cf. Chapitre 10 sur la Recherche.
 INRAT
 UMA
 ENIS
 Etc.
Formation et  AVFA qui conçoit les La formation/sensibilisation des utilisateurs est un
vulgarisation programmes de vulgarisation, aspect essentiel de la REUT, pour que chaque
développe les outils et forme utilisateur ait la connaissance des risques pour lui-
les vulgarisateurs même, pour l’entourage, et pour les consommateurs
 Chercheurs qui interviennent finaux, et apprenne les bonnes pratiques en termes de
lors des sessions de formation réduction des risques. 163
de l’AVFA  Au départ, il y avait un bon encadrement des
 CERTE qui forme les experts utilisateurs mais aujourd’hui, les nouveaux
assainissement agriculteurs ne sont plus assez sensibilisés
(DGEQV, 2015): certains ne sont même pas au
 CTV, CRA (CRDA) qui courant qu’il existe une réglementation.
assurent la vulgarisation  La vulgarisation ne concerne que les irrigants
 Les syndicats UTAP/ULAP, agricoles. Il existe un besoin de
SYNAGRI qui réalisent des vulgarisation/formation des autres utilisateurs, en
sessions de vulgarisation particulier du tourisme (golfs, espaces verts), au vu
 La DHMPE du MS réalise la des enjeux d’accès au public des espaces irrigués
sensibilisation des par les EUT ;
manipulateurs d’EUT  La vulgarisation pourrait être l’occasion de
transférer des résultats de recherche appliquée : le
 ONAS, ME, DGGREE
mécanisme institutionnel est en place
(intervenants-chercheurs) mais la recherche
appliquée n’est pas assez développée (voir ligne
précédente)
Consommation  Associations de protection de  Aucune association n’est spécialisée sur les
l’environnement et de défense questions de REUT
du consommateur
Fonctions opérationnelles
Production des  ONAS, responsable de rejeter  Non-conformité des effluents industriels raccordés
EUT des eaux conformes aux qui réduisent l’efficacité des STEP et engendrent
normes environnementales des problèmes de pollution, avec des chantages à
dans le milieu naturel, l’emploi pour obtenir des dérogations ou des
 SEGOR et autres prestataires industriels qui préfèrent payer les amendes que se
sous contrat de prestation de mettre aux normes ;
service avec l’ONAS  Délégation de l’exploitation des STEP à un privé :
contrats très courts qui ne permettent pas un suivi
 Utilisateurs, qui réalisent des constant des STEP, pas d’obligation et de cadrage
traitements complémentaires des niveaux de performance exigée sur la qualité
des EUT fournies par l’ONAS des EUT dans les contrats de délégation

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8. DIAGNOSTIC INSTITUTIONNEL DE LA FILIERE – DECENTRALISER, ACCOMPAGNER, REGULER ET DIFFUSER L’INFORMATION POUR REGAGNER LA CONFIANCE
DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

Fonction Acteurs Enjeux de cohérence fonctionnelle


 Manque de coordination et d’information entre les
producteurs et utilisateurs des EUT, notamment
pour l’alerte en cas de non-conformité des EUT ;
 Questionnement sur la responsabilité juridique du
traitement complémentaire. Une convention doit
préciser les engagements de chaque partie pour
répartir les responsabilités (SCP, 2018).
Utilisations
Irrigation  CRDA, qui prend en charge L’auto-surveillance est irrégulière, notamment par
agricole l’adduction des EUT et porte la manque de moyens et de formation ;
responsabilité de leur Il apparait nécessaire de formaliser le partenariat avec
conformité ; le producteur (type conventionnement), précisant les
 GDA qui gère la distribution ; modalités d’échange d’information et les procédures
d’alerte ;
 Agriculteurs
Il faudrait renforcer l’accompagnement des agriculteurs
 ONAS : quelques initiatives de et des populations riveraines des périmètres irrigués :
développement intégré de connaissance du risque sanitaire et bonnes pratiques.
périmètres irrigués Il semble également nécessaire d’impliquer la DHMPE
dans la validation des équipements de traitement
complémentaire.
Golfs et loisirs  Golfs, hôtels Il manque un cadre normatif sur la qualité des EUT pour
 AFT (autorisation d’irrigation) ; ces usages, et de désigner clairement l’organisme de
contrôle (ce pourrait être le MS/DHMPE et les services
déconcentrés, mais il faudrait alors une formation
spécifique) ;
Il est nécessaire de mettre en place une auto-
surveillance systématique au niveau de l’utilisateur ;
Les irrigants ont des compétences limitées sur les
164 questions de qualité, de risques sanitaire, de gestion du
réseau d’irrigation -> enjeu de formation des utilisateurs
aux risques sanitaires et aux bonnes pratiques ;
Il apparait nécessaire de désigner une structure
référente EUT « loisirs » avec des compétences
techniques pour conseiller les utilisateurs sur les
questions de qualité, de risques sanitaire, de gestion du
réseau d’irrigation
Il semble également nécessaire d’impliquer la DHMPE
dans la validation des équipements de traitement
complémentaire.
Recharge de  DGRE,  Pas de cadre normatif sur la qualité des EUT pour
nappes  CRDA, opérateurs des sites cet usage ;
pilotes  La DGRE qui était l’opérateur initial a transféré la
gestion au CRDA qui n’a pas la capacité d’assurer
 Instituts de recherche
cette tâche (moyens, compétences),
(INRGREF, CERTE) pour le
suivi des sites pilotes  Problèmes de transfert des résultats des suivis et
des analyses.
 Les analyses réalisées ont été critiquées par la
communauté scientifique, et le suivi a été
désinvesti.

A PROPOS DE LA COORDINATION
La coordination inter-acteurs est souvent une grande difficulté, car cela est consommateur en temps,
les mandats et objectifs de l’instance ne sont pas toujours précis, et il s’agit pour certains acteurs de
s’impliquer sur des thématiques en bordure de leur champ d’intervention. Ces instances de coordination
fonctionnent si tout le monde « joue le jeu », à savoir :
 si les acteurs participent (avec parfois un engagement tacite de réciprocité : la participation de
A au comité animé par B engage B à participer au comité animé par A),

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 si le sujet traité par l’instance est en phase avec les préoccupations des acteurs. Pour cela, deux
modèles peuvent être proposés :
- Un premier modèle pourrait consister consiste à différencier, selon les sujets à aborder, des
Comités Techniques regroupant les agents techniques des structures (sur des sujets
d’échanges techniques), de Comités Politiques regroupant les décideurs des mêmes
structures (sur des sujets de discussion politiques), avec une articulation entre les deux qui
s’effectue par reporting interne dans les structures membres. Ainsi cela reviendrait à scinder
les discussions techniques dans des Comités Techniques de REUT, et les discussions plus
engageantes en termes de prises de décision dans des Comités Politiques de REUT ;
- Un second modèle pourrait consister à avoir une coordination politique au niveau national et
des coordinations techniques au niveau déconcentré. Ainsi, le Comité National de REUT
regrouperait des décideurs, et les Comités Régionaux de REUT regrouperaient les agents
techniques des structures concernées.
Le format Tunisien de coordination de la REUT s’inscrit dans le cadre de ce second modèle, avec
un Comité National de suivi de la REUT, et des Comités Régionaux de suivi de la REUT (en
cours de mise en place, ils ne sont pas encore actifs dans toutes les régions). Dans ce format, il
manque tout de même des cadres de suivi formel au niveau de chaque projet de REUT,
impliquant a minima le producteur d’EUT (ONAS), les utilisateurs d’EUT (CRDA, GDA, golf,etc.)
et les organismes de contrôle (ANPE, ANCSEP, DHMPE) ;
 si les engagements pris dans les instances de coordination sont tenus, c’est-à-dire si la
personne qui assiste à la réunion a la délégation pour prendre une décision ou si la décision est
préparée à l’avance, et si les informations échangées lors de la réunion sont diffusées à sa
structure par la personne ayant siégé ;
Les modalités de fonctionnement du Comité et les engagements de ses membres pourraient être mis
par écrit dans une charte.

8.3.3 Des enjeux transversaux qui peuvent être moteur de l’évolution 165
institutionnelle
UN EQUILIBRE ENTRE INTERET GENERAL ET INTERETS PARTICULIERS, A TRADUIRE PAR UNE
JUSTE ALLOCATION FINANCIERE ENTRE CONTRIBUTION PUBLIQUE ET CONTRIBUTIONS
PRIVEES
La REUT revêt deux dimensions :
 La protection de l’intérêt général : la REUT est une réponse adaptée à des enjeux d’intérêt
général, comme l’augmentation des ressources en eau disponibles pour le développement
d’activités économiques (agricole, industrielle, touristique), contribuant ainsi à la sécurité
alimentaire et au développement économique du pays, ou encore l’attractivité touristique, par la
préservation de la qualité des eaux de baignade, l’offre de loisirs (golfs) et le cadre de vie
(espaces verts). A ce titre, l’intervention de l’Etat est tout à fait indiquée, et la mise en œuvre
d’une politique publique est pertinente, avec un budget associé. C’est l’ensemble du peuple
tunisien qui en bénéficie.
 La contribution à des intérêts privés : chaque utilisateur peut bénéficier des EUT pour son
activité économique, mais il est responsable de respecter les pratiques sanitaires. Les
bénéficiaires sont donc les agriculteurs, les industriels, et les professionnels du tourisme. Mais
ce sont également les consommateurs des produits agricoles (population) ou de loisirs (touristes).
A ce titre, une contribution financière directe des utilisateurs est justifiée ;

L’action publique en matière de REUT sert ainsi l’intérêt général :


 A la fois directement : lors de la conception de projets de STEP et de REUT (financés par l’Etat),
l’implication des utilisateurs le plus en amont possible est nécessaire, éventuellement dès l’étude
de faisabilité des STEP,
 Et indirectement, l’intervention de l’Etat se justifie en accompagnement des agriculteurs et des
utilisateurs vers des pratiques permettant de limiter les risques sanitaires, répondant ainsi à des
enjeux de santé publique et de protection des consommateurs.

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L’équilibre à trouver entre la contribution des utilisateurs et l’accompagnement de l’Etat est une
décision politique.

Décision politique
d’équilibre budgétaire

Intérêt Intérêts
général privés

CONSULTATION ET PARTICIPATION
La DGGREE a mis en place des mécanismes participatifs depuis la création des GDA en 1992, avec
une actualisation des méthodes en 2007.

La société tunisienne, depuis la révolution, est très demandeuse d’accompagnement public, à la fois
sur les questions sociales et de développement. La demande concerne aussi la manière de procéder
avec des attentes plus fortes en termes de participation. Ce dernier point nécessite une évolution des
méthodes de travail de l’administration.

Le schéma ci-dessous schématise différents niveaux de participation. Dans chacun de ces niveaux, les
166 acteurs impliqués sont les mêmes : la différence entre eux provient de la manière de travailler ensemble,
et plus particulièrement du degré d’influence accordé aux participants sollicités dans les décisions.

Il semble qu’à l’heure actuelle, les niveaux de participation pratiqués dans la REUT relèvent de
l’information et de la consultation (les agriculteurs sont à ce titre désignés comme « bénéficiaires » des
décisions sur les projets de REUT les concernant)

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Figure 8-9 : Les différents niveaux d’engagement selon le type de processus participatif

167

LA CONFIANCE, UN MOT SOUVENT PRONONCE LORS DES ENTRETIENS


Retour sur les entretiens
La confiance est un terme qui est revenu de manière récurrente dans les entretiens. On peut citer
notamment :
 La confiance entre administrations, notamment dans la perspective d’échange d’informations,
 La confiance des utilisateurs dans la qualité de l’eau qui leur est distribuée, et notamment des
agriculteurs envers l’administration qui ne signale pas spontanément les non-conformités, alors
que leur perception de terrain (couleur, odeur) laisse penser l’inverse.
 La confiance des consommateurs envers la qualité des produits irrigués avec les EUT.
 La confiance entre le niveau de représentation politique qui a souvent un discours positif, fixant
le cap et cherchant à motiver, et les équipes techniques qui vivent les problèmes techniques au
quotidien

Equation de la confiance
Il existe une équation de la confiance, que l’on peut adapter au contexte de la REUT de la manière
suivante.

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Équation 1 : Equation de la confiance


𝐶𝑟é𝑑𝑖𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡é 𝐹𝑖𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡é 𝑃𝑟𝑜𝑥𝑖𝑚𝑖𝑡é
𝐶𝑜𝑛𝑓𝑖𝑎𝑛𝑐𝑒
𝐷𝑖𝑣𝑒𝑟𝑔𝑒𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑑′𝑖𝑛𝑡é𝑟ê𝑡𝑠
 La notion de fiabilité renvoie à des actes concrets. Dans le cas présent, on peut y associer la
qualité du service, et en particulier la qualité des eaux usées distribuées,
 La notion de crédibilité concerne le discours. Dans le cas présent, la crédibilité est très associée
à la transparence, et en particulier concernant :
- la diffusion/l’accessibilité des informations sur la qualité de l’eau (qu’il s’agisse des résultats
d’auto-surveillance ou de contrôle),
- les procédures d’alerte en cas de non-conformité,
- la diffusion des informations sur les risques sanitaires pour l’utilisateur comme pour le
consommateur.
Une forte demande de transparence existe dans un contexte post-révolution.
 La notion de proximité a trait au ressenti, à l’internalisation d’une expérience vécue. On peut la
lier aux expériences passées de travail en commun. Lorsque des expériences de travail ont été
problématiques, la confiance est entachée et il est d’autant plus difficile de dépasser ce vécu pour
renouveler les expériences de travail. Cette proximité peut être améliorée notamment par :
- Le soin apporté aux réunions des Comités de Suivi de la REUT (présence, partage, respect
des engagements, …)
- L’établissement de relations de confiance au niveau local du site de REUT (notamment via
des conventions).
 La perception d’un intérêt partagé contribue à la confiance. Le doute s’instille sur les paroles,
les actes ou dans le ressenti lorsque les intérêts des acteurs divergent, ou lorsqu’un conflit
d’intérêt est perçu. Ex :
168 - L’intérêt de l’ONAS tel que perçu par les autres acteurs est de fournir des traitements
conformes aux normes de rejet, et pas d’avoir des traitements complémentaires plus onéreux
pour des utilisations de REUT ;
- Il y a un conflit d’intérêt au sein du ME, à la fois tutelle de l’ANPE (contrôleur) et de l’ONAS,
ce qui met un doute sur l’impartialité des contrôles ou la persévérance dans les recours.

Les termes de cette équation de confiance pourront servir de points de repères pour s’assurer que la
stratégie de REUT contribuera bien de manière transversale à l’amélioration des relations de confiance.

8.4 BENCHMARKING : REGARDS CROISES SUR LA GOUVERNANCE DE LA REUT


METHODE RETENUE
Un benchmarking a été réalisé sur les questions de gouvernance auprès de 4 pays :
 La Palestine et la Jordanie, qui sont des pays du Moyen Orient relativement proches
géographiquement de la Tunisie,
 Israël, également proche géographiquement, et référence mondiale dans la REUT,
 la France, dont le cadre institutionnel est relativement bien connu du consultant.

Outre une recherche bibliographique, des entretiens téléphoniques ont été menés pour la Palestine et
Israël. En Jordanie, un contact est en cours d’identification au stade de remise du rapport et le résultat
des échanges pourra être mis à profit en Phase 2.

Il a été choisi de centrer les retours d’expérience sur les défis de gouvernance que rencontre la Tunisie
dans le développement du secteur de la REUT, à savoir :
 La fonction de coordination du secteur,
 Les fonctions de régulation et le cadre légal,

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 Le processus de portage des projets,


 La participation des acteurs,
 Les procédures à l’œuvre pour le partage des données et informations,
 Une estimation du degré de priorité politique accordée à ce secteur,
 Une vision d’ensemble sur les atouts et contraintes du secteur.

PRINCIPALES CONCLUSIONS
Le benchmarking du cadre de gouvernance des autres pays fait apparaître que le développement de la
REUT vient s’insérer dans des cadres institutionnels où la répartition des missions est relativement
claire, grâce aux lois sur l’eau :
 Dans les trois Etats enquêtés au Moyen Orient, la REUT s’inscrit dans un cadre institutionnel
de gestion intégrée des ressources en eau (institutions et politique sectorielle intégrée), avec
une optimisation de l’allocation entre les différentes ressources et les usages. A cette fin, ces
3 pays ont créé une autorité de gestion et de régulation des ressources en eau. En Palestine,
cette autorité est placée directement sous le Cabinet des Ministres, ce qui lui confère une
importante légitimité et une grande indépendance.
 Les Etats enquêtés disposent d’un organisme de régulation des services d’eau, indépendant
pour deux d’entre eux (WSRC en Palestine, WAJ en Jordanie) et intégré pour deux autres (à la
régulation des ressources en Israël (IWA) et au secteur de la santé en France (ARS). Ces
organismes de régulation permettant l’accréditation des différents fournisseurs de services (AEP,
assainissement, REU, laboratoires d’analyse), le suivi de la performance des opérateurs, le
contrôle de la qualité des services, souvent à partir des données d’autosurveillance des
opérateurs vérifiées à partir de contrôles inopinés (Israël, France, en cours de mise en place en
Palestine).
 Trois pays sur quatre accordent une grande importance ou une importance croissante à la gestion
du risque sanitaire (Israël, France, Palestine), avec une priorité donnée à la fiabilité du cadre de 169
régulation (en cours de développement en Palestine), au risque de freiner le développement du
secteur (France).
 En Jordanie en revanche, où il semble que la priorité soit donnée au développement des usages,
fait face à d’importants défis en termes de santé publique ;
 Le cadre de gestion/régulation des ressources en eau et des services d’eau est souvent
autonome (personnalité légale, budget propre) et dispose d’un fort degré d’indépendance et d’une
importante légitimité :
- placé très haut dans la hiérarchie pour assurer l’indépendance en termes de prise de décision
(WSRC / PWA placés directement sous le Cabinet des Ministres en Palestine), ou sous
plusieurs tutelles pour limiter les influences (cas des DDT(M) en France),
- Certains sont alimentés directement par les revenus générés par les licences, redevances
(WAJ et WSRC en Palestine, Agences de l’Eau en France), ce qui leur donne une légitimité
financière, et un fort levier pour orienter leur politique.
 La plupart des Etats (Palestine, Israël, France) ont choisi un mode d’émergence et de portage
de projet décentralisé, soit directement porté par les utilisateurs (Palestine, Israël) avec un
accompagnement des administrations, soit avec une opportunité étudiée par les collectivités
locales qui accompagnent ensuite les porteurs de projets (utilisateurs). Ces trois pays mettent en
œuvre l’idée que le meilleur promoteur de la REUT est le bénéficiaire direct. En Jordanie, en
revanche, l’émergence des projets est pilotée par l’Etat central, via l’autorité d’assainissement.
Mais la participation des agriculteurs au développement projet est un aspect important.
 Chaque Etat a choisi sa voie de développement de la REUT :
- Dans les pays du Moyen Orient, il s’agissait d’une absolue nécessité pour le développement
économique, liée à la grande rareté des ressources, avec un soutien politique fort associé,
- Avec de fortes exigences en termes de gestion du risque sanitaire (Israël), en cours de
développement pour la Palestine ;
- Avec une politique ambitieuse de développement centralisé des usages (Jordanie)

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

- En France, le contexte de rareté de la ressource hydrique étant moins tendu, la voie choisie
est plutôt l’opportunisme en fonction des exigences réglementaires locales (milieux naturels
sensibles) ou de l’existence d’un déficit local de ressources en eau, à chaque fois porté au
niveau local par les collectivités territoriales. Un accent important est porté sur la cohérence
globale du bilan en eau à l’échelle des bassins versants. Ainsi, il est souvent jugé plus
pertinent de conserver le rejet des EUT plutôt que de réduire le débit des cours d’eau qui
reçoivent cette eau. Les projets sont donc souvent localisés sur les littoral, zone où cette
question ne se pose plus du fait que les rejets se « perdent » dans la mer si ils ne sont pas
réutilisés.

Le tableau ci-dessous détaille les différents items.

170

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Tableau 8-4 : synthèse des éléments de benchmarking sur le thème de la gouvernance, en France, Palestine, Jordanie et Israël
Caractéristiques France Palestine Jordanie Israël
Coordination du Pas d’organe de coordination au La Palestinian Water Authority Le Ministère de l’Eau et de L’Israeli Water Authority (IWA) est
secteur niveau national, ni de politique (PWA) a des fonctions de planification, l’Irrigation (Ministry of Water and l’organe de gestion des ressources en
spécifique de développement de stratégies & Irrigation-MoWI) est responsable de la eau, de planification et autorisation des
politiques, règlementation dans le planification, de l’élaboration des projets. Elle est souls la tutelle du
domaine de la gestion des stratégies et politiques, du Ministère de l’Energie et de l’Eau. Elle
ressources en eau. financement, de la supervision de la anime un comité de coordination
Elle est placée directement sous recherche. inter-ministériel pour l’autorisation des
l’autorité du Cabinet des Ministres. La Water Authority of Jordan projets. Elle accompagne les
(WAJ) est responsable de la gestion porteurs de projet. A son conseil
Il existe une politique de gestion des
ressources en eau et de des services d’AEP, d’assainissement d’administration siègent l’ensemble
et de REUT, du suivi et gestion des des Ministères concernés (Eau,
l’assainissement qui inclut la Energie & infrastructures / Agriculture /
composante REU. ressources en eau, suivi qualité. Sa
PMU encadre les services délégués au Environnement / Finances).
privé Les ressources en eau (toutes
Jordan Valley Authority est ressources confondues) sont gérées
responsable du développement de la de manière intégrée et leur allocation
vallée, y compris la gestion des optimisée par rapport aux usages. La
services d’eau potable et WA distribue des quotas d’utilisation ->
d’assainissement et le développement l’utilisation d’EUT pour l’agriculture 171
de l’irrigation. permet de libérer des quotas pour
l’AEP.
La REUT est considérée comme une
ressource non-conventionnelle à part
entière, avec un objectif de réutilisation
totale.

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Caractéristiques France Palestine Jordanie Israël


Fonction de Autorisation des projets par le Préfet  Water Sector Regulatory  WAJ : politique tarifaire,  IWA : autorisation des projets,
régulation (représentant de l’Etat dans les Council (WSRC) : régulation des  Ministry of Agriculture : qualité de régulation des services d’eau
départements, décisionnaire services d’eau et des tarifs, suivi l’eau d’irrigation, (AEP et assainissement)
intégrateur de tous les services de de la performance, communication  Ministry of Labor, sur l’utilisation  Ministère de la santé :
l’Etat), dans un arrêté préfectoral, des non-conformités et recours, des EUT. inspections par personnel
après avis du CODERST (Conseil de traitement des réclamations. assermenté
l’Environnement et des Risques Placée directement sous La fonction de régulation en Jordanie
semblerait avoir une priorité très  Usager : suivi de la qualité de
Sanitaires et Technologiques). l’autorité du Cabinet des l’eau (analyses réalisées par des
Ministres. Pas encore de limitée. La priorité serait donnée au
 La Direction Départementale des développement des utilisations. laboratoires accrédités) et
contrôles (inspecteurs en cours de transmet les données de suivi 2
Territoires (DDT) est le service
formation) mais à terme fois par semaine ;
instructeur des dossiers
1 contrôleur interne dans chaque
d’assainissement (impact sur  L’Université de Ben Gourion plaide
service d’eau, 15 agents WSRC
l’environnement), et réalise les pour la mise en place d’un suivi en
assermentés au niveau du pays +
contrôles inopinés des rejets au continu de certains paramètres
15 agents privés formés
milieu naturel. Elle pilote la (turbidité) accessible en ligne.
mobilisables en vacations.
Mission Inter-Services de l’Eau En cas de non-conformité,
et de la Nature (MISEN) permet la  PWA : allocation des ressources
en eau, licences d’utilisation, etc. l’administration envoie une lettre de
coordination des services de l’Etat mise en demeure, et peut infliger des
d’instruction et de contrôle, (pilotée  Ministère de l’Agriculture :
amendes. Les gestionnaires de STEP
vérification des de la conformité
172 par la DDT).
des usages agricoles, supervision
réagissent généralement très vite aux
 Le Préfet décide de la mise en non-conformités. Si la remise en
demeure ou de l’arrêt de l’usage de la REUT en irrigation,
conformité ne peut pas être faite
aval s’il considère qu’il y a un formation/information et
rapidement, les autorités aident à
risque lié à l’incompatibilité entre la mobilisation des agriculteurs
trouver une ressource de substitution.
qualité de l’eau traitée et l’usage.  Associations d’agriculteurs pour
l’autosurveillance de la qualité de
l’eau
 Palestine Standards Institution
pour l’élaboration des normes
En cas de non-conformité, information
des réseaux sociaux et appui aux
agriculteurs pour trouver une
ressource alternative. Les recours ne
sont pas encore opérationnels, mais
l’information du Cabinet et des réseaux
sociaux est une source de pression
pour la mise en conformité.

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Caractéristiques France Palestine Jordanie Israël


Partage des Le système se base sur la confiance Les publications du WSRC sont L’usager transmet les données de suivi
données et dans l’auto-surveillance les exploitants disponibles en ligne, y compris les 2 fois par semaine
informations de STEP matérialisé par : rapports de performance des
Au titre du suivi des STEP : opérateurs indiquant l’attente des
objectifs pour chaque indicateur.
 L’envoi régulier des données
d’auto-surveillance des Le WSRC informe les utilisateurs en
gestionnaires de STEP (réalisées cas de non-conformité via les réseaux
par des laboratoires agréés) aux sociaux.
Agences de l’Eau sous un mois, et Le WSRC gère un système de
la publication de ces données gestion des plaintes des agriculteurs
d’autosurveillance sur Internet (sur les non-conformités). Les réseaux
(SANDRE) sociaux (associations de protection
 en cas de non-conformité, l’envoi des consommateurs, radios locales)
immédiat des résultats d’auto- sont aussi des informateurs.
surveillance au service de contrôle
(DDT), avec explication des
causes et des actions correctives
mises en œuvre,
 la rédaction de rapport d’activités
(RAD, publics) ; 173
 le suivi des collectivités par
l’élaboration des RPQS (publics),
 la diffusion des données
d’autosurveillance des STEP sur
Internet (SANDRE)
A cela s’ajoutent des contrôles
régaliens inopinés (DDT) en sortie de
STEP communiqués à la collectivité
concernée en cas de non-conformité.
Spécifiquement pour la REUT :
 l’exploitant réalise un suivi en
routine pendant la saison
d’irrigation, communiqué aux
Préfets, maires concernées et
irrigants avant fin mars de l’année
suivante, ainsi qu’un suivi biennal,
 l’irrigant suit la qualité des sols
tous les 10 ans et tient un registre
de traçabilité de chaque parcelle

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Caractéristiques France Palestine Jordanie Israël


 En cas de non-conformité,
l’exploitant de la STEP informe
immédiatement les irrigants, Préfet
et maires, et suspend l’utilisation
des EUT, jusqu’au retour à la
conformité.
Portage des Décentralisé, par l’usager des EUT  Par le niveau local (demande des La gestion de la REUT se fait au  Les stations de production des
projets ou les collectivités locales : agriculteurs, accompagnement par niveau central mais les projets de EUT sont établies par le secteur
 Les collectivités locales la PWA) REUT sont portés par la même autorité privé
(communes, intercommunalités,  Complexité : pour la construction qui est en charge de l’assainissement,  La Water Authority accompagne
agglomérations) sont souvent d’une station de traitement, ce qui facilite l’émergence des projets les porteurs de projet
pilotes dans l’identification des nécessité d’une approbation et de REUT.
possibilités de REUT sur leur licence du Joint Water Committee
territoire, pour répondre à des Israël-Palestine
Participation problématiques particulières  L’expérience (palestinienne et, La participation des agriculteurs aux
(rareté de ressources, milieu mais aussi Israélienne et projets semble être un volet important.
récepteur sensible, etc.). Elles Jordanienne) a montré que les
portent des études d’opportunité à projets sans participation sont
l’échelle locale, qui sont ensuite voués à l’échec. Désormais
174 validées par la Préfecture
(services déconcentrés de l’Etat
importante participation des
Associations d’Agriculteurs à
central). toutes les étapes (EIES, design
Les porteurs de projet sont locaux et des infrastructures d’irrigation,
impliquent systématiquement les établissement des pratiques
usagers sanitaires adéquates), décision
des techniques d’irrigation et des
assolements,
 L’administration ne monte un
projet que s’il y a une demande
locale.
 Le Ministère de l’Agriculture est
chargé des relations avec les
agriculteurs et leurs associations.

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Caractéristiques France Palestine Jordanie Israël


Cadre légal Le traitement et la gestion des EU  Droit de propriété des ressources Définition des normes et contrôle de Les ressources en eau sont une
relèvent de la responsabilité de la en eau pas clair (Al-Khatib et al. leur application pour les EUT (Ministry propriété publique, contrôlées par l’Etat
collectivité, et par délégation de 2017) of Environment / WAJ) (y compris les EU). Seules les
l’opérateur (régie, secteur privé). En  Pas de loi spécifique sur la REUT Normes de l’OMS et de la FAO pour autorités gouvernementales sont
cas de non-conformité, c’est mais il existe un cadre normatif l’irrigation. Pour les autres usages, autorisées à forer un puits, ou à
l’opérateur qui paye l’amande s’il y a pour les utilisations des EUT en spécifications à développer. habiliter un projet de REUT.
un défaut d’exploitation, ou la agriculture et recharge. Pour les Le développement du secteur est porté
collectivité maître d’ouvrage de la autres usages qui ne disposent Le non-respect des normes de qualité
est contourné : souvent, les EUT sont avec une préoccupation majeure de
STEP s’il y a un défaut de conception. pas de normes, ce sont les santé publique. Le cadre normatif est
normes de l’OMS ou d’Israël qui rejetées au milieu naturel, puis
prélevées plus en aval pour être ainsi relativement strict (37
sont appliquées. paramètres).
utilisées, bénéficiant ainsi d’une
dilution/auto-épuration variable. Les
eaux prélevées dans le milieu naturel
ne sont alors plus tenues de respecter
les normes de REUT.
Financement du Politique de financement des  Large subventionnement de la Suite à la réforme des tarifs de l’eau, le
secteur investissements à l’échelle des bassins REUT par le gouvernement prix de l’eau a augmenté de 40% pour
versants par les Agences de l’Eau.  Coût EUT > coût ressources arriver à un recouvrement des coûts,
conventionnelles en appliquant un principe de justice et
Certaines régions ou départements
peuvent aussi financer les  Décret proposant que les coûts de d’uniformité. Le prix de l’eau est régulé 175
investissements. pompage des EUT ne soit pas et uniforme à l’échelle du pays, modulé
payé par les usagers (non mis en selon les usages, ce qui permet un
Le traitement supplémentaire peut être subventionnement croisé des EUT par
œuvre)
supporté (au cas par cas) : les usagers solvables (même s’il y a un
 Par les habitants (inclus dans la objectif de réduire ces subventions
redevance assainissement au croisées)
m3) ;
 Par les agriculteurs (prix à
l’hectare) ou plus généralement
par l’usager

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8. DIAGNOSTIC INSTITUTIONNEL DE LA FILIERE – DECENTRALISER, ACCOMPAGNER, REGULER ET DIFFUSER L’INFORMATION POUR REGAGNER LA CONFIANCE DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

Caractéristiques France Palestine Jordanie Israël


Facteurs de Un système de régulation relativement  Certains fonctionnaires des projets Un système de régulation relativement
confiance fiable proviennent des communautés où fiable et transparent
La transparence dans la diffusion des est pratiquée la REUT ;
données d’auto-surveillance, et une  Démonstration des « success
coordination correcte des services de stories » en Palestine, mais aussi
l’Etat en Israël où les fruits sont irrigués
par des EUT.
 Transparence : Groupes de
protection des consommateurs /
réseaux sociaux/ radios locales
 Mobilisation des leaders d’opinion
(y compris religieux) : une
information spécifique leur est
adressée. La religion n’interdit pas
la REUT, du moment que le
traitement est fiable.
 Irrigation par les EUT autorisée
pour les fruits, le fourrage, pas les
176 légumes
Estimation du Limité Très élevé : Très élevé :
degré de priorité Opportunité : nouvelle impulsion  Forte situation de pénurie. Les  Forte situation de pénurie depuis
politique européenne et nationale autour de EUT sont considérées comme une les années 90,
l’économie circulaire ressource à part entière.  Populations sensibilisées au
Les normes pour les EUT sont très  Amendes d’Israël pour pollutions manque d’eau
strictes, ce qui a tendance à freiner le rejetée dans les wadis, vente  Les EUT sont considérées comme
développement du secteur. d’eau brute très onéreuse. une ressource à part entière.
 La PWA et le WSRC sont des  Réflexion émergente sur la
organismes indépendants valorisation de l’énergie et de
financièrement placés directement l’azote des EU
sous le Cabinet des Ministres.

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Caractéristiques France Palestine Jordanie Israël


Atouts Le contrôle est relativement bien Fort support politique Forts taux de REUT. 450 Mm3 réutilisés, 50% pour
maîtrisé en France, Les EUT sont considérées comme La participation du secteur privé est un l’agriculture, mais aussi des puits
Les projets sont subventionnés à faisant partie des ressources des axes gouvernementaux prioritaires d’infiltration (cf. Grand Tel Aviv, 6 puits
l’investissement nationales, au même titre que les pour améliorer l’efficience du service d’infiltration)

Initiative locale du projet ressources conventionnelles. public.


L’allocation de l’ensemble des
Dialogue Public-privé : s’il y a une ressources est optimisée.
possibilité de REUT, cela est pris en
compte dès la conception des projets
de STEP
Difficultés Le développement de projets de REUT  Le chevauchement sur le terrain Importants enjeux sanitaires liés au
reste marginal, limité à quelques des responsabilités de régulation « contournement » du respect des
situations particulières. (PWA, WSRC) et de distribution normes de REUT lié au transit via le
(PWA, municipalité) milieu naturel.
Réticence des consommateurs : on ne
dit pas qu’il s’agit de produits irrigués  Acceptabilité variable des EUT,
avec des EUT. mais exemple d’Israël (fruits
irrigués par les EUT déjà sur les
marchés)
 Pas de politique publique pour
inciter à conserver les ressources 177
conventionnelles pour l’AEP et
préférer les EUT pour l’irrigation
 Pas de régulation ni contrôle des
sources et forages privés
Sources d’information
BRLi, Entretien avec Dr Mohammad Said Al Hmaidi, Directeur du Entretien avec le Pr Amit Gross
Palestine Water Sector Regulatory Council (WSRC)
Arrêté du 25 juin 2014 modifiant l'arrêté du 2 août 2010 IWRM Model for Water sector in Israel, 2015. Presentation
relatif à l'utilisation d'eaux issues du traitement d'épuration Al-Khatib et al. 2017. Governing the reuse of treated for the 7th World Water Forum.
des eaux résiduaires urbaines pour l'irrigation de cultures wastewater in irrigation: the case study of Jericho,
ou d'espaces verts Palestine. Int. J. Global Environmental Issues, Vol. 16,
Arrêté du 21 juillet 2015 relatif aux systèmes Nos. 1/2/3.
d'assainissement collectif et aux installations GWP, 2015. Water governance in Palestine – sector
d'assainissement non collectif, à l'exception des reform to include private sector participation
installations d'assainissement non collectif recevant une
charge brute de pollution organique inférieure ou égale à
1,2 kg/j de DBO5

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

8.5 ÉLEMENTS DE CONCLUSIONS SUR L’ANALYSE INSTITUTIONNELLE ET


RECOMMANDATIONS
ELEMENTS DE CONCLUSION
En conclusion, le cadre de gouvernance tunisien dispose d’une structuration institutionnelle
relativement complète, qui couvre l’ensemble des fonctions nécessaires, en particulier pour le
secteur agricole : production d’EUT (ONAS pour la production de l’effluent généralement jusqu’à un
traitement secondaire), pilotage de la politique publique (DGGREE, CRDA), autosurveillance de la
qualité des EUT (ONAS, CRDA), contrôle (ANPE, MS), coordination (Comités Nationaux et Régionaux
de la REUT), accompagnement des agriculteurs (AVFA, CTV, etc.) pour les principales. La coordination
permet depuis les circulaires de 2018 de faire participer l’ensemble des acteurs concernés, et plus
seulement l’agriculture.

Certaines fonctions sont néanmoins « orphelines » et restent à attribuer (contrôle de la conformité des
usages non agricoles, accompagnement à l’émergence d’usages non agricoles, etc.).

Outre ces fonctions « orphelines », et quelques flous sur la répartition de certaines fonctions entre
acteurs (notamment le contrôle), le cadre institutionnel existant permet de couvrir l’ensemble des
missions nécessaires au fonctionnement de la REU. Aussi, il nous semble pertinent de continuer à
fonctionner dans ce cadre, sans créer de nouvelles instances.

C’est plutôt la manière d’opérationnaliser ce cadre institutionnel qui nécessite des évolutions.
Aujourd’hui, on observe une approche des projets centralisée et descendante, des fonctions de
régulation dotées d’insuffisamment de moyens et de légitimité (instruction, contrôle, sanctions), des
difficultés de circulation de l’information et de la coordination des intervenants. Et c’est sur la résolution
de ces difficultés que vont se centrer nos propositions.
178 Objectifs
Le diagnostic institutionnel permet ainsi de formuler un certain nombre de recommandations qui
pourront être discutées dans le cadre de la phase 2 de l’étude pour l’évaluation du futur de la REUT.
Ces recommandations ne remettent pas en cause l’architecture institutionnelle actuelle, mais
proposent de faire évoluer les pratiques, les moyens et la mise en œuvre. Elles sont articulées
autour des grands objectifs suivants :
 Changer d’approche : pour être efficients, durables et répondre à la demande sociétale post-
révolution, les projets de REUT doivent émaner des utilisateurs, dont l’émergence et la
structuration de la demande est à accompagner.
L’Etat réalise déjà des consultations des agriculteurs localement, mais il s’agit d’évoluer vers un
degré supérieur de participation. Cela implique de passer d’une approche planificatrice
descendante avec consultation (l’Etat décide au niveau central ou gouvernorat et demande
leur avis aux bénéficiaires) à une approche participative d’accompagnement pour
l’émergence de la demande locale et le portage des projets (ce sont les demandeurs qui vont
co-porter l’étude de faisabilité). Il s’agit de passer de l’approche actuelle, où l’on consulte un
bénéficiaire pour lui demander si il approuve - ou veut faire évoluer - un projet qu’il n’a pas conçu,
à une approche où l’agriculteur co-conçoit le projet avec le CRDA, sur le plan technique, mais
aussi en termes de modèle économique. Les agriculteurs éventuellement regroupés en GDA
accompagnés par les CRDA (ou plus généralement les utilisateurs concernés accompagnés de
référents à déterminer) participent aux décisions à toutes les étapes : décisions sur l’opportunité
ou non de développer un projet de REUT, conception du projet : localisation, qualité d’eau,
modalités d’exploitation, de maintenance, de financement, répartition des responsabilités, etc.
Il s’agit de travailler « en mode projet ».
Cette transition dans la manière de travailler est déjà à l’œuvre dans certains CRDA sous
l’impulsion de la DGACTA, avec la mise en œuvre d’approches de développement rural intégrées
et participatives, au travers de plans de développement communautaire (PDC), ou de plans de
développement rural intégrés (PDRI). Ces méthodes de travail sont en test pour la REUT
également dans les 2 projets pilotes faisant l’objet d’une assistance technique par la SCP ;

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

 Décentraliser la décision : il est important que les instances de production, d’accompagnement


à l’émergence de la demande, et de contrôle puissent avoir une autonomie au niveau local pour
se coordonner et négocier ;
 Bâtir la confiance et fluidifier les relations entre acteurs et tout particulièrement entre
administrations, aussi bien dans des instances formelles (comités de REUT) qu’en routine
(échange de données et d’information). La coordination au niveau des Comités régionaux de
REUT est pleinement nécessaire pour réellement opérationnaliser les fonctions de contrôle
(coordination entre institutions régaliennes) d’une part et la chaine de production et d’utilisation
des EUT d’autre part.

RECOMMANDATIONS
Ces grands objectifs transversaux pourraient être concrétisés par les actions suivantes :

Améliorer la transparence : partager et diffuser les données sur la qualité des eaux
La FAO recommande que les agriculteurs aient un libre accès aux informations sur la qualité des eaux
qu’ils utilisent (FAO, 2003). Les pays enquêtés dans le cadre du Benchmarking ont tous amorcé ce
processus. Cela inclurait :
 Au niveau des projets :
- la communication des informations sur la qualité des EUT aux usagers : libre accès aux
données d’auto-surveillance en temps réel (affichage papier ou téléchargement),
communication via les GDA ou les médias.
- La mise en place d’une procédure d’alerte des CRDA/GDA en cas de non-conformité de la
qualité des eaux est nécessaire ;
 Au niveau des gouvernorats et au niveau central : le partage des données de contrôle entre
administrations par des envois en routine ou par la mise en place d’outils informatiques qu’il
s’agirait de faire vivre par la suite. 179
Renforcer la fonction de régulation pour l’application du cadre normatif
Selon le Pr Amit Gross (Water Institute, Israël), il existe deux stratégies pour pouvoir garantir aux
utilisateurs la qualité des eaux traitées :
 Développer une fonction de régulation réellement opérationnelle, qui permette de vérifier que
les objectifs de qualité sont atteints et en cas de défaillance, de réagir (de manière volontaire ou
imposée) pour les restaurer. Il s’agit d’une logique d’obligation de résultats. C’est la voie choisie
par Israël, la France et la Palestine (en cours d’opérationnalisation dans ce dernier cas) ;
 Tendre vers les « Best Management Practices » : lorsque la fonction de régulation ne
fonctionne pas correctement, il est nécessaire de basculer sur une logique d’obligation de
moyens :
- porter une attention particulière à la conception des procédés épuratoires, pour les rendre le
plus robustes possibles (cela a bien entendu un surcoût),
- définir les plages de condition normale de gestion des équipements en routine. Lorsqu’on sort
de ces conditions normales, on considère que les EUT sont impropres ;

Nous proposons d’opter pour la première stratégie. Cela concerne le renforcement et la fiabilisation de
l’instruction des dossiers pour leur autorisation préalable, du contrôle du respect du cadre normatif, tant
pour la qualité des eaux que pour les utilisations et produits, ainsi que des recours en cas de non-
conformité. Il s’agit pour cela de :
 Assurer l’indépendance des organismes de contrôle envers les organismes qu’ils doivent
contrôler. En Palestine, par exemple, les autorités de régulation sont placées directement sous
le Cabinet des Ministres, sans ministère de tutelle,
 Renforcer les effectifs et moyens des agents de contrôle sur le terrain. En Palestine, par
exemple, le WSRC est en train de former des inspecteurs pour que chaque opérateur ait un
contrôleur interne au niveau local, et que 15 inspecteurs assermentés soient opérationnels au
sein du WSRC à l’échelle du pays (plus 15 autres privés mobilisables en fonction des besoins).

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 Opérationnaliser la coordination des organismes de contrôle, en définissant un cadre de


répartition de leurs interventions, par l’élaboration et la mise en œuvre d’un document de
coordination concerté entre tous les organismes impliqués dans le réglementaire. Cette
coordination pourrait être mis en œuvre et pilotée au niveau des gouvernorats via les Comités
Régionaux de REUT (éventuellement en commission thématique « régalienne ») ;
 Cadrer les recours administratifs en cas de non-conformité et les mettre en œuvre. Cela est
opérationnel en France et en Israël, et en cours de développement en Palestine ;
 Respecter les procédures de sollicitation des avis du MS et du ME/ANPE lors de l’étude de
projets de REUT. En France, les avis croisés des administrations sont assurés par les MISEN ;
 Renforcer le système de gestion des réclamations : possibilité pour les usagers et riverains de
contacter l’administration pour une réclamation, enregistrement des réclamations, procédure de
réponse (responsabilité, contenu, délais, actions associées, etc.). C’est une recommandation
émanant du WSRC Palestinien, qui l’a mis en place et en observe les effets sur la confiance ;
 Développer l’accompagnement, le suivi et contrôle des usages autres qu’agricoles,
notamment pour les golfs où les enjeux sanitaires de l’ouverture au public sont particulièrement
forts, mais aussi pour l’industrie. Les Ministères de tutelle (MTA, MIT) ou des agences publiques
(AFT, AFI) pourraient porter cette mission.
 Systématiser le contrôle des produits agricoles irrigués avec les EUT (MARHP-DGPCQPA).

Des activités de renforcement des capacités seront nécessaires en ce sens, qui pourront prendre la
forme d’échanges avec des pays où ces missions sont opérationnelles et efficaces.

Clarifier le pilotage de la REUT


Le pilotage de la REUT comprend à notre sens deux composantes, à savoir la coordination des acteurs
et le développement des utilisations. Nos propositions contribuent à l’amélioration de ces deux
composantes :
180  Désigner clairement le pilote et ses missions. La transposition de l’analyse benchmarking au
dispositif institutionnel de la Tunisie fait apparaitre plusieurs scénarios de portage institutionnel
possibles dans l’absolu. Le scénario (a) correspond au portage actuel en Tunisie, le scénario (b)
au portage pratiqué au début des années 2000. Le cas de trois pays du Moyen-Orient ont nourri
l’idée du scénarios (c), avec le pilotage de la REUT porté par des Autorités portant une gestion
intégrée des ressources en eau, y compris la ressource des EUT. La Jordanie et Israël ont inspiré
aussi le scénario (b), car, dans ces pays, l’Autorité de GIRE inclut aussi le secteur de
l’assainissement. Les scénarios sont présentés dans le tableau ci-dessous :
Option Pilote de la REUT Avantages Inconvénients
(a) DGGREE  Le développement des  Difficulté d’avoir une approche
Représentant de l’usage infrastructures est généré par intégrée inter ressources
principal, l’irrigation une approche par la (allocation), inter-fonctions
demande : acteur (coordination), inter usages
intrinsèquement motivé car (planification et coordination)
(il s’agit du cadre représentant institutionnel  Un effort particulier sera
institutionnel actuel) bénéficiaire direct nécessaire pour avoir une
approche intégrée multi-usages et
risque sur l’impartialité pour le
traitement des enjeux des autres
usages
(b) ONAS  Cohérence de service :  Nécessité de faire évoluer le statut
intégration de toute la chaine de l’ONAS pour que cela soit
Organisme public
de production / traitement des clairement inscrit dans ses
responsable de
EUT ; missions et objectifs
l’assainissement
 Expérience des années 2000 ;  Fonctionnement actuel de
 Institution puissante et l’institution en autarcie : manque
regroupant des compétences de transparence, capacités
techniques reconnues ; limitées de coopération avec les
autres acteurs

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Option Pilote de la REUT Avantages Inconvénients


 Risque de déséquilibre des
pouvoirs par rapport aux
organismes qui sont censés
contrôler l’ONAS
(c) Organisme responsable de  Développement de la REUT  Risque d’un pilotage centralisé en
la Planification et/ou Gestion avec une vision intégrée des inadéquation avec l’objectif de
Intégrée des Ressources en ressources en eau pilotage par la demande ;
Eau, toutes ressources  Moins de risques de conflits  La politique de GIRE est
confondues d’intérêt et évaluation des naissante en Tunisie, avec une
(conventionnelles et non enjeux de chaque usage dissociation du portage politique
conventionnelles) potentiel plus impartiale, (BPEH) et technique (DGBGTH,
(cette fonction est pour augmentation de la confiance DGRE, DGGREE), et séparation
l’instant répartie entre le des usagers des ressources par type
BPEH, la DGGREE, la (DGBGTH : grands barrages,
DGBGTH et la DGRE) DGGREE : REUT et barrages
collinaires, DGACTA : retenues
collinaires, DGRE : eaux
souterraines.
 Mettre en place un fonctionnement en mode projet s’appuyant sur des méthodes de travail
participatives :
- la mise en place d’une stratégie au niveau national a toute sa place, mais il est important que
sa mise en œuvre soit faite de manière participative52. Le rôle des CRDA doit évoluer de la
conception et réalisation des périmètres irrigués avec consultation des bénéficiaires, vers
l’orchestration des acteurs/administrations locales et l’accompagnement à l’émergence de la
demande et au portage des projets directement par les agriculteurs. Schématiquement, le
CRDA se met au service des besoins des agriculteurs. Le rôle du CRDA évoluerait ainsi vers
l’accompagnement et la coordination, ce qui nécessite, outre les compétences techniques
actuelles, pour pouvoir accompagner les choix des agriculteurs, des compétences
d’animation. Des activités de renforcement des capacités seront nécessaires en ce sens ; 181
elles pourront s’appuyer sur le savoir-faire dans les démarches participatives qu’a développé
la DGACTA 53 par exemple, avec les exemples de Plans de Développement participatif
Communautaire (PDC) ou les PDRI (plans de développement ruraux intégrés).
- Les échanges réalisés avec SCP, qui accompagne la DGGREE en assistance technique sur
deux projets pilotes, conduisent à souligner l’importance de « travailler en mode projet ».
L’ensemble des acteurs doit travailler de manière coordonnée et être intéressé au bon
développement du projet d’une manière ou d’une autre (intérêt de l’accès à l’eau, conformité
avec les missions et objectifs de la structure, intérêt économique, etc.). Les agriculteurs
doivent être acteurs de la conception des périmètres. Les mécanismes de gouvernance
et de financement doivent être discutés dès la faisabilité ;
 Allouer un budget et des effectifs à la hauteur des objectifs du développement de ce secteur ;
 Opérationnaliser les Comités Régionaux de REUT (et renforcer les capacités de ceux qui sont
opérationnels). Ces comités doivent in fine permettre le bon fonctionnement des deux missions-
clefs par la coordination des acteurs associés : d’une part la chaîne de production-utilisation des
EUT, et d’autre part les fonctions régaliennes de contrôle. Cela pourrait être organisé via des
réunions thématiques, ou la création de commissions thématiques dans chaque Comité. Il s’agira
alors de clarifier les modalités d’intervention des Comités de Suivi de la REUT par la signature
d’une charte par les membres pour bien cadrer leurs missions respectives et définir leurs
engagements (notamment en termes de déclinaison opérationnelle de la charte dans les
stratégies de chacun des membres) ;
 Mettre en place des procédures claires pour les processus-clefs, précisant la responsabilité
des acteurs et leurs interactions :

52 La DGGREE intègre déjà la consultation des bénéficiaires dans ses méthodes de travail. Il s’agit désormais de changer de
manière de travailler pour aller plus loin qu’une simple consultation, et de construire avec les agriculteurs de A à Z.
53 La DGACTA rencontre sur la CES les mêmes enjeux de transition d’une démarche centralisée avec consultation des
bénéficiaires, à une démarche participative qui replace l’agriculteur au centre, où l’agriculteur devient partie prenante des
décisions dès la conception.

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DES USAGERS ET DES CONSOMMATEURS

- création de projets de REUT par une approche participative ascendante d’accompagnement


des agriculteurs : la conception par le CRDA doit répondre à la demande des agriculteurs (et
non l’inverse),
- contrôle de la conformité (qualité des eaux, conformité des usages, qualité finale des produits,
diffusion des informations, etc.) : pour être fonctionnelle, ces procédures doivent être
effectuées en routine, sans passer par la validation systématique de la hiérarchie ou de la
tutelle,
- partage d’informations,
- procédure d’alerte en cas de non-conformité ;

Décentraliser les interventions dès que c’est possible


Cette proposition concerne notamment les procédures d’exploitation des STEP, d’autorisations, de
contrôle et recours, de partage d’informations…, afin que cela soit réalisé en routine par les services
techniques, en minimisant les possibilités d’influence politique :
 Systématiser la mise au point d’une convention entre l’exploitant des STEP54, les CRDA et
les usagers (notamment GDA), comprenant notamment des procédures d’alerte en cas de non-
conformité de la qualité.
 Décentraliser les procédures d’autorisation de REUT au niveau de chacun des gouvernorats, au
moins pour les « petits projets » ;

Renforcer l’accompagnement des utilisateurs des EUT par l’Etat,


 Les évolutions récentes des institutions (en Tunisie, mais également dans bien d’autres pays du
monde) ont tendance à transférer l’accompagnement des agriculteurs et activités économiques
au privé. Or pour des activités comportant un enjeu d’intérêt public (environnement, santé
publique, réduction de la pauvreté, développement rural), l’intervention de l’Etat reste justifiée,
car aucun autre acteur ne trouve un intérêt économique à se positionner sur ces créneaux. Il
182 s’agit ainsi pour l’Etat d’accompagner les activités économiques, notamment pour la mise en
œuvre de pratiques permettant de mieux gérer le risque sanitaire :
 Améliorer la formation des agriculteurs et sensibiliser les riverains des périmètres irrigués.
Une formation initiale (via les CTV/CRA formés par l’AVFA) doit fournir aux agriculteurs une
compréhension des détails techniques et des risques associés ainsi que les précautions à
prendre de sorte que les opérations aient lieu avec un niveau acceptable de sûreté et à un coût
raisonnable. Les agriculteurs devraient également être formés pour estimer si l’eau a été
convenablement traitée (changements de couleur, odeur, développements algaux). Des
campagnes de rappel et d’information sont à réaliser régulièrement auprès des agriculteurs, mais
aussi des riverains des périmètres irrigués. (FAO, 2003). Pour cela, un renforcement des moyens
des CTV/CRA sera probablement nécessaire ;
 Identifier un organisme référent pour accompagner les gestionnaires d’infrastructures de
loisirs et tourisme (golfs, espaces verts) dans la gestion du risque sanitaire et appuyer sa
montée en compétences sur le sujet de la REUT ;
 Clarifier le cadre d’intervention pour les usages de recharge de nappes. L’acteur responsable
de cet usage est déjà identifié (DGRE). Il s’agit de :
- Réaliser une évaluation des projets menés, permettant d’identifier les facteurs de succès, mais
également de comprendre les dynamiques d’échec ou d’inefficience. Une analyse de cas
approfondie pourrait également intéressant pour comprendre les conditions de succès dans
d’autres pays (Israël, Californie, etc.).
- A partir de ces retours d’expérience, mieux planifier le cadre d’intervention pour cet usage
(conditions hydrogéologiques et techniques, demande locale, contraintes de conception,
modalités d’exploitation, système de gouvernance, …)

Développer la recherche appliquée


Ce point est détaillé dans le chapitre consacré au secteur de la recherche (chapitre 10).

54 dans le cas où l’exploitant est responsable de la qualité de l’eau, sinon il faut que le contrat soit établi avec le gestionnaire

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9. DIAGNOSTIC DES FACTEURS D’ACCEPTABILITE POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE

9. DIAGNOSTIC DES FACTEURS D’ACCEPTABILITE POUR LE


DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE
Objectifs du chapitre
Un diagnostic a été réalisé concernant l’acceptabilité de la REUT. Cet aspect, primordial, a été cité par
de nombreuses parties prenantes comme étant l’un des freins les plus importants à la REUT. En effet,
la REUT, quand elle est peu connue par les usagers, peut être mal perçue et des freins sociaux peuvent
bloquer son développement.
Ce chapitre propose donc de regarder quels sont les facteurs qui facilitent ou freinent l’acceptabilité de
la REUT, pour les différents usages. Trois principaux facteurs sont par la suite décrits :
- Le niveau de risque sanitaire et la perception de ce risque,

- Les retombées économiques liées à la REUT et

- Le manque de confiance dans les services de l’Etat.

9.1 PRESENTATION DES PRINCIPAUX FACTEURS D’ACCEPTABILITE DE LA FILIERE


REUT EN TUNISIE
La REUT est un sujet qui peut heurter la sensibilité des populations qui vont les utiliser, surtout dans
les pays où elle est encore émergente. La perception négative de ces eaux est parfois un frein important
pour les projets de REUT. L’acceptabilité sociale est donc un aspect à ne pas négliger pour assurer la
viabilité du projet.

En fonction de l’usage qui est fait des EUT, plusieurs facteurs permettent d’expliquer l’acceptabilité de
la REUT. Le tableau ci-dessous (Tableau 9-1) présente des exemples de facteurs d’acceptabilité dans 183
deux contextes différents.

Tableau 9-1 : Exemples de facteurs d’acceptabilité sociale au niveau de projets de REUT et d’EUB diluées réussis dans d’autres pays
Pays Usage de REUT Exemples de facteurs d’acceptabilité
Windhoek, Eau potable Contexte de stress hydrique avancé
Namibie Pas de problèmes de santé reportés depuis le début du projet en
1968
Jordanie Agriculture Campagne de sensibilisation active sur de multiples supports et à
l’école pour informer et convaincre la population
Source : (Dreschel, Mahjoub, & Keraita, 2014)

Un des facteurs principaux freinant l’acceptabilité de la REUT et sur lequel il est difficile d’agir,
est la disponibilité des ressources en eaux conventionnelles. En effet, quand elles existent, ces
ressources sont généralement préférées car elles apparaissent moins risquées sur le plan sanitaire et
moins contraignantes au niveau technique et des attitudes à adopter (protections individuelles,
restrictions des cultures, etc.). Par ailleurs, dans certains cas, économiser les ressources
conventionnelles peut être plus efficace que mettre en place une méthode alternative avec des eaux
non conventionnelles. Dans les cas où il est possible d’avoir un pompage souterrain qui ne met pas en
danger la durabilité de la ressource souterraine, il peut y avoir compétitivité entre les ressources
souterraines et superficielles (Condom, Lefebvre, & Vandome, 2012). C’est pourquoi la disponibilité des
ressources conventionnelles est un critère déterminant lors du choix de la détermination du projet de
REUT. Il faut aussi prendre en compte la perception des potentiels usagers dans cette disponibilité des
ressources. En effet, à moyen ou à long terme, ces ressources peuvent être menacées mais si l’usager
n’en a pas conscience car il ne voit pas encore les impacts sur son activité, il pourra continuer à préférer
les eaux conventionnelles à des ressources alternatives. Dans ce cas, la sensibilisation sur le stress
hydrique (notamment dû au changement climatique) et aux économies d’eau est une première phase à
effectuer avant la sensibilisation pour l’utilisation des ressources non conventionnelles.

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9. DIAGNOSTIC DES FACTEURS D’ACCEPTABILITE POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE

Outre la disponibilité des ressources conventionnelles, les autres facteurs d’acceptabilité sur lesquels il
est possible d’agir sont les suivants (Dreschel, Mahjoub, & Keraita, 2014) :
 L’aspect sanitaire : le niveau de risque lié à l’utilisation des EUT (qualité des EUT, exposition de
l’usager et du consommateur et vulnérabilité des populations) combiné à la perception de ce
risque par la population concernée (usagers directs, consommateurs, riverains, etc.),
 L’aspect économique : les retombées économiques visibles pour les usagers,
particulièrement pour les agriculteurs. Cet aspect comprend des facteurs tels que les restrictions
des cultures, la qualité fertilisante des EUT, le prix de l’eau, etc.,
 L’aspect gouvernance : l’implication de tous les acteurs dès le début du projet et les liens de
confiance entre ces différents acteurs, notamment entre les usagers de terrain et les institutions.

En Tunisie, le sujet de l’acceptabilité sociale a été particulièrement étudié lors de la stratégie nationale
de communication et de sensibilisation à l’utilisation des EUT et des boues de STEP par la DGEQV en
2015. Cette étude s’intéresse aux déficits de connaissance, d’attitude et de pratique des agriculteurs et
identifie les canaux de communication opportuns susceptibles d’assurer une meilleure diffusion des
messages de sensibilisation. A partir d’enquêtes auprès des agriculteurs, l’étude a mis en évidence le
manque d’information sur les mesures d’hygiène à adopter, sur la réglementation existante et sur les
avantages à utiliser les EUT. Elle a permis d’interroger les agriculteurs de différentes régions de Tunisie
sur les inconvénients (facteurs de refus) et les avantages (facteurs d’acceptation) des EUT selon leur
perception avant de les hiérarchiser. Les résultats obtenus dans l’étude sont résumés dans les tableaux
ci-après.

Pour les inconvénients, on remarque d’importantes disparités régionales dans les réponses
apportées, notamment par rapport à la qualité des EUT. Alors que c’est la préoccupation première
dans les régions du Nord et du Centre, elle n’apparaît qu’en choix six pour le Sud. Le niveau de risque
sanitaire apparaît comme l’inconvénient principal à l’échelle nationale. Toutes les régions
s’accordent ensuite pour citer la restriction des cultures comme un frein important au développement
de la REUT. Il est à noter que l’enquête a été menée de manière directive et que les agriculteurs ne
pouvaient pas proposer d’autres inconvénients que ceux proposés par le questionnaire.
184 L’aspect religieux a souvent été mentionné comme pouvant être un facteur de refus de la REUT lors
des entretiens avec les administrations centrales. Cependant, il n’y a pas de données qui existent en
Tunisie et à l’échelle internationale pour pouvoir mesurer l’importance de cet aspect pour
l’acceptabilité sociale. De plus, il n’a pas été mentionné par les usagers lors des enquêtes effectuées
pour l’étude de la DGEQV en 2015 et celles effectuées au cours de cette première phase d’étude. En
Palestine, au contraire, des leaders religieux sont mobilisés pour informer la population de l’autorisation
de la REUT si les pratiques sanitaires et le traitement des EUT sont respectés (voir chapitre 8.4). Ils
participent donc à la sensibilisation et à la vulgarisation sur la REUT.

Tableau 9-2 : Classement des inconvénients de l’utilisation des EUT


Classement des inconvénients des EUT
Inconvénients des EUT Nord Centre Sud Classement
général
Niveau de risque sanitaire pour les usagers 3 2 1 1
Mauvaise qualité des EUT 1 1 6 2
Restriction des cultures 3 3 3 3
Salinisation du sol 2 5 4 4
Niveau de risque sanitaire pour les consommateurs 5 4 2 5
Irrégularité d’approvisionnement 6 6 5 6
Ne sait pas 7 7 7 7
Aucun inconvénient 9 7 8 8
Gestion difficile / usure du matériel 8 9 9 9
Source : (DGEQV, 2015)

Dans cette étude, les facteurs d’acceptabilité mis en valeur reposent surtout sur des avantages
permettant d’augmenter la productivité agricole, c’est-à-dire des bénéfices financiers.

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9. DIAGNOSTIC DES FACTEURS D’ACCEPTABILITE POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE

Tableau 9-3 : Classement des avantages de l’utilisation des EUT


Classement des avantages des EUT
Avantages des EUT
Nord Centre Sud Classement général
Rendements plus élevés 2 1 1 1
Substitut au manque d’eau 1 2 2 2
Fertilisation améliorée 5 4 2 3
Coûts avantageux de l’eau 4 3 4 4
Aucun avantage 2 5 4 5
Ne sait pas 5 6 6 6
Source : (DGEQV, 2015)

Les trois principaux facteurs d’acceptabilité indiqués ci-avant sont détaillés dans les paragraphes qui
suivent.

9.2 ZOOM SUR TROIS PRINCIPAUX FACTEURS D’ACCEPTABILITE


9.2.1 Le niveau de risque sanitaire et sa perception par les usagers
Comme cela est expliqué dans le diagnostic sur les risques liés à la REUT (chapitre 7), le niveau de
risque sanitaire lié aux EUT dépend de plusieurs facteurs :
 La qualité des EUT produites. Ce facteur est traité en profondeur dans le diagnostic technique
de l’étude.
 L’exposition de l’usager et du consommateur (cas d’un usage agricole) ou du client (cas d’un
golf par exemple). Cette exposition est différente en fonction des usages (eau potable et
agriculture par exemple) et dépend aussi de la méconnaissance des usagers sur les risques
sanitaires. Cette méconnaissance peut entraîner un non-respect des mesures de sécurité et
d’hygiène. La sensibilisation sur la REUT n’est pas chose aisée car les risques liés aux EUT ne 185
sont pas toujours visibles, sauf en cas d’odeurs ou de couleurs particulières. De plus, dans le cas
des exploitations agricoles, les changements réguliers de main d’œuvre (employés saisonniers)
ne facilitent pas la transmission des connaissances.
 La vulnérabilité de l’usager et du consommateur ou du client. Elle dépend de l’accès aux soins
pour les populations concernées par la REUT et de la prophylaxie (campagnes de vaccination).

Ainsi, le niveau de risque peut donc être amoindri par une bonne maîtrise technique des traitements
des eaux usées et une stratégie de sensibilisation forte des usagers aux pratiques sanitaires.
Cependant, même si le niveau de risque est bas, pour qu’il y ait acceptabilité de la REUT, il faut
aussi que la perception de ce risque par le public concerné ne soit pas négative. Il est important
de reconnaître que même dans les situations où on utilise des procédés de traitement avancés pour
traiter les eaux usées et où les risques sanitaires effectifs sont très faibles, une perception négative par
la population et les utilisateurs peut impacter des projets même bien planifiés. Cela a été le cas avec le
projet d’eau potable à partir d’EUT de la ville de Toowoomba en Australie qui n’a pas été accepté lors
d’un référendum lancé en 2006 malgré le haut niveau de sécurité technologique assurée par le
traitement prévu. De plus, la population subissait des sévères restrictions d’eau au vu du contexte de
stress hydrique avancé de la région (Saad, Byrne, & Drechsel, 2016). La peur des risques pour la santé
sont d’autant plus présents que le contact avec les EUT est important. Par exemple, l’acceptabilité
sociale au niveau des consommateurs/clients est plus aisée pour l’irrigation des espaces verts que pour
le cas de produits alimentaires (irrigation agricole ou eau potable) car la perception du risque est
moindre bien qu’en réalité le niveau de risque n’est pas obligatoirement plus faible (Dreschel, Mahjoub,
& Keraita, 2014).
Pour agir contre cette perception négative des EUT, il est important de démontrer aux usagers la
maîtrise possible du risque sanitaire. Des expériences mal contrôlées et qui ont été des échecs
peuvent avoir des impacts négatifs sur l’acceptabilité sociale et les a priori peuvent ensuite être difficiles
à dépasser comme cela a été le cas dans le périmètre irrigué de Mornag. La réussite d’un projet de
REUT dès son commencement facilite son extension par la suite. De la même façon, la mise en valeur
de « success stories » auprès d’usagers potentiels a un poids important dans le dépassement
des freins psychologiques.

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9. DIAGNOSTIC DES FACTEURS D’ACCEPTABILITE POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE

9.2.2 Les retombées économiques liées à l’irrigation avec des EUT


La sensibilisation et la communication pour rassurer autour des risques liés aux EUT n’est pas toujours
suffisante auprès des usagers. La connaissance des bénéfices liés aux EUT qui vont permettre
des retombées économiques est aussi un facteur très important pour l’acceptabilité sociale
(Hachicha, 2015). Cela va de pair avec le choix délibéré des utilisateurs de pratiquer la REUT.

Cet aspect concerne particulièrement l’usage agricole. L’amélioration des rendements et la qualité
fertilisante des EUT sont des motivations fortes pour les agriculteurs, particulièrement pour les régions
arides55. En effet, dans les régions pluvieuses, l’irrigation est un complément aux eaux pluviales pour
optimiser les rendements et n’est pas régulière. Au contraire dans les régions sèches, ce sont les eaux
pluviales qui viennent compléter l’irrigation qui est alors essentielle à la production. Dans ces cas, la
valeur économique liée aux eaux d’irrigation est bien plus importante, ce qui a un rôle important dans
la motivation des agriculteurs.

En lien avec cet aspect économique, la restriction des cultures, bien qu’elle limite les risques
sanitaires, peut être un frein à l’acceptabilité sociale.

L’acceptabilité des consommateurs, qui repose elle plus essentiellement sur la perception du risque
sanitaire comme vu précédemment, est aussi une condition importante pour la rentabilité économique
de l’exploitation agricole et joue donc sur l’acceptabilité des agriculteurs à utiliser les EUT.

Le prix bas des EUT en comparaison des ressources conventionnelles, quant à lui, peut aussi
influer mais ne peut pas être le seul facteur de motivation comme le montre l’expérience tunisienne. La
tarification symbolique de 0,020 DT/ m3 d’EUT n’a pas été suffisante pour motiver les agriculteurs à
utiliser cette ressource (DGGREE, 2018). Pour les usages autres qu’agricoles cependant, comme
l’irrigation avec les eaux conventionnelles n’est pas subventionnée, le prix de l’eau est un paramètre
important dans le choix des ressources utilisées.

186 9.2.3 Le manque de confiance dans les services de l’Etat


Ce facteur, très lié aux aspects institutionnels de la REUT, a été abordé dans le diagnostic sur le cadre
institutionnel. Les points importants à considérer qui vont influer sur l’acceptabilité sociale sont :
 L’amélioration du cadre institutionnel, des relations entre les institutions et de la
communication avec les usagers. Cela permet une meilleure confiance dans la fiabilité des
services (traitement et distribution continue des EUT, qualité des contrôles…). Par exemple, il a
été mentionné lors d’un entretien avec l’UTAP que lorsque la communication entre le producteur
des EUT et les usagers est faible, il arrive que les usagers ne soient pas prévenus lors de travaux
sur la STEP. Cela peut alors interrompre l’alimentation en EUT sans discussion préalable, ce qui
va impacter lourdement l’activité agricole, alors que des solutions auraient pu être discutées entre
les deux parties. Ce point concerne aussi la transparence des résultats de la qualité des EUT.
 La décentralisation pour le développement et l’autorisation des projets de REUT en
utilisant une démarche concertée avec l’ensemble des acteurs. Ce type de démarche, en
plus de prendre en compte au maximum les attentes des acteurs de terrain, permet une forte
implication des usagers dès le départ et une appropriation du projet. Le dialogue ainsi initié
permet ensuite de faciliter le dialogue entre les différentes parties prenantes (Dreschel, Mahjoub,
& Keraita, 2014). L’objectif n’est pas de simplement faire participer les usagers dans des réunions
en amont du projet mais d’initier une véritable animation territoriale pour faire naître le projet avec
les usagers, sans leur imposer la REUT. La différence entre consultation et concertation avec les
usagers est développé dans le chapitre 8.3.3. Les structures les plus adaptées pour cette
animation et la délimitation de leurs compétences seront évaluées dans la phase 2 de l’étude.
 La notion d’équité entre les gouvernorats est un aspect sensible dans le contexte tunisien. Un
sentiment d’injustice sociale peut émerger entre les habitants des zones urbaines et touristiques
du littoral et des zones rurales et agricoles qui sont amenées à réutiliser les rejets des premiers.
Il peut être aussi difficile à accepter que certaines zones bénéficient d’un transfert des eaux
conventionnelles du Nord tandis que d’autres doivent utiliser les EUT.

55 La qualité fertilisante des EUT, qui fait diminuer les frais liés aux intrants agricoles, est un bénéfice des EUT à valoriser
pour renforcer l’acceptabilité sociale.

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9. DIAGNOSTIC DES FACTEURS D’ACCEPTABILITE POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE

9.3 ÉLEMENTS DE CONCLUSION DE L’ANALYSE DES FACTEURS D’ACCEPTABILITE ET


RECOMMANDATIONS
ELEMENTS DE CONCLUSION
L’acceptabilité est un sujet essentiel pour garantir le succès d’un projet de REUT. Si l’acceptabilité est
plus facile dans les contextes de rareté des ressources en eau dans certaines régions, il existe malgré
tout certains facteurs sur lesquels il est possible d’agir :
 La diminution du risque sanitaire et l’amélioration de la perception de ce risque. Pour cela, on
souligne l’importance de la maîtrise des techniques de traitement des EUT mais aussi le respect
des règles sanitaires pour éviter l’exposition au danger potentiel.
 La valorisation économique de la REUT et le partage d’expérience permettent de favoriser la
compréhension de la REUT et des avantages que présente la filière par rapport aux filières faisant
appel aux eaux conventionnelles (amélioration des rendements, eau en quantité suffisante, etc.).
 La confiance entre les différentes institutions. Ce dernier point est certainement l’un des
points sur lesquels il est le plus difficile d’agir. En effet, pour améliorer cette confiance, c’est au
niveau du cadre institutionnel général de le REUT qu’il faut agir, pour permettre de meilleures
relations entre les institutions mais aussi la confiance dans les services. En plus de cela, le
processus de décentralisation, déjà initié en Tunisie permet une plus forte implication des acteurs
locaux et favorise la confiance entre les acteurs.

RECOMMANDATIONS
Pour pallier les freins à l’acceptabilité sociale des usagers, la réalisation d’actions de sensibilisation
et de communication sont obligatoires. La stratégie nationale de communication et de sensibilisation
pour l’utilisation des EUT et des boues de STEP a permis d’identifier les moyens de communication
qui peuvent avoir un impact auprès des agriculteurs : 187
 Les structures professionnelles auxquelles ils adhèrent comme les GDA ou les CTV,
permettent de les mettre en réseau et partager les expériences, d’où l’importance de la
consolidation de ces structures.
 La visite de sites de REUT considérés comme des « success stories » (exemple de
Ouardanine) permet à des agriculteurs qui ne connaissent pas ou peu la REUT d’appréhender
les avantages (notamment économiques) à utiliser cette ressource. Pour les autres usages
qu’agricoles, il est aussi important qu’il y ait des usagers qui soient la vitrine de la REUT dans
leur domaine (par exemple le GCT, pionnier en Tunisie, pourrait peut-être le devenir pour la
réutilisation industrielle).
 La communication dans les écoles pour les enfants d’agriculteurs est aussi un moyen humain
non négligeable.
 La radio et la télévision sont des moyens de communication de masse qui sont bien suivis par
les agriculteurs.
 La prière du vendredi est un canal de communication appréciable, notamment dans la région
du Sud où entre 70 et 80 % des agriculteurs déclarent y assister. Globalement, au niveau national,
les agriculteurs sont une large majorité à se déclarer enclin à suivre les conseils et les
recommandations de l’imam.

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10. DIAGNOSTIC DU SECTEUR DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - UN BESOIN DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ACQUISES POUR LEUR APPLICATION

10. DIAGNOSTIC DU SECTEUR DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - UN


BESOIN DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ACQUISES POUR LEUR
APPLICATION
Objectifs du Chapitre
Un diagnostic sur l’importance de la Recherche dans le domaine des EUT a été réalisé. Depuis le
premier grand programme de recherche dans les années 1980, plusieurs organismes de recherche
tunisiens ont travaillé sur la REUT et les travaux continuent aujourd’hui. Le chapitre 2.1 de ce rapport
revient sur l’historique de la REUT en Tunisie et notamment les travaux de recherche.
Le présent chapitre permet, quant à lui, d’aborder les thèmes de recherche actuels sur la REUT des
organismes tunisiens et d’analyser les forces et les freins au développement de la recherche tunisienne
dans ce domaine.

10.1 LES ORGANISMES DE RECHERCHE TRAVAILLANT SUR LA REUT


La description des missions globales des organismes de recherche est donnée dans le chapitre 8. Les
informations ci-dessous décrivent surtout leur rôle au sein de la REUT (thématiques étudiées, travaux
effectués, etc.). Ces informations proviennent de la bibliographie et surtout des entretiens effectués
avec différents chercheurs au cours de la présente étude (voir annexe 4).

Les axes de recherche en Tunisie autour de la REUT peuvent être regroupés en plusieurs grands
thèmes :
 Les techniques d’amélioration de la qualité des EUT en amont de leur réutilisation ;

188  Les techniques et les pratiques agricoles pour optimiser la REUT en agriculture (systèmes
d’irrigation, stockage, fertilisation, travail du sol, etc.) ;
 Les impacts environnementaux
 Les impacts sanitaires pour les utilisateurs et les consommateurs ;
 De manière plus marginale, les aspects liés à la gouvernance dont notamment les aspects
socio-économiques, institutionnels et sociaux.

Pour ces thèmes, les organismes font à la fois de la recherche expérimentale et de la Recherche et
Développement, notamment pour ce qui concerne le domaine agricole.

Institut National de Recherche en Génie Rural, Eaux et Forêts (INRGREF)


L’INRGREF a été créé en 1996 avec la fusion du CRGR (Centre de Recherche du Génie Rural) et
l’INRF (Institut National de Recherches Forestières). Il est sous la tutelle du MARHP et du MESRS. Les
recherches concernant la REUT avaient déjà débuté dans les années 80 et continuent encore
aujourd’hui. Depuis 2007, un laboratoire de recherche nommé « Valorisation des eaux non
conventionnelles » a même été créé. Globalement, l’INRGREF s’intéresse à la valorisation agricole
des EUT et des boues résiduaires dans le contexte agro climatique tunisien. L’objectif est de développer
l’irrigation par les EUT tout en minimisant les risques environnementaux. Les principaux thèmes abordés
sont :
 la caractérisation des EUT et des boues tunisiennes ;
 l’évaluation de leurs potentialités fertilisantes ;
 le devenir des métaux lourds apporté par les EUT dans le système eau-sol-plante ;
 la gestion des risques de toxicité pour les cultures irriguées avec les EUT ;
 l’évaluation des risques de contamination bactérienne et parasitaire des sols et des cultures
irriguées ;
 la proposition de nouvelles alternatives pour la valorisation des EUT.

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10. DIAGNOSTIC DU SECTEUR DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - UN BESOIN DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ACQUISES POUR LEUR APPLICATION

Depuis 1984, l’INRGREF travaille sur ces thématiques à partir, en autre, de la station expérimentale de
l’Oued Souhil à Nabeul. L’Institut a participé au programme de recherche des années 1980 du PNUD
qui a permis de définir les conditions d’utilisation des EUT pour l’agriculture et d’étudier les impacts sur
le système eau-sol-plante. L’INRGREF a aussi contribué à la mise en place des normes et textes
réglementaires encadrant la REUT en Tunisie à partir des résultats de ces recherches.

Aujourd’hui les recherches concernent aussi les effets à long terme de la REUT grâce au périmètre
irrigué de la Soukra présent depuis les années 1960 et la station expérimentale de l’Oued Souhil. Outre
les stations expérimentales, des études sont aussi réalisées directement chez les agriculteurs pour
évaluer la contamination des sols, des plantes et des nappes.

De plus, l’INRGREF est le premier institut de recherche agricole qui a commencé les recherches sur la
thématique des polluants émergents (résidus de pesticides, composés oestrogéniques, résidus
médicamenteux, etc.) depuis 2004.

Des essais ont lieu aussi sur différents systèmes d’irrigation avec les EUT pour évaluer les techniques
les plus efficientes (exemple avec l’encadré ci-dessous).

Le projet ACCBAT (Adaptation to Climate Change through improved water demand management in irrigated
agriculture by introduction of new technologies and best agricultural practices)
C’est un projet stratégique au sein du programme multilatéral de coopération transfrontalière « Bassin Maritime
Méditerranée » (UE IEVP CTMED) qui porte sur la Tunisie, le Liban et la Jordanie. L’objectif est de partager les
bonnes pratiques de gestion de l’eau dans le domaine agricole et de former les différents acteurs à l’échelle
locale pour améliorer la productivité agricole tout en garantissant la durabilité environnementale. Les
thématiques abordées sont notamment l’augmentation de l’efficience de l’utilisation de l’eau, l’utilisation des
EUT dans les cultures irriguées, le renforcement des capacités institutionnelles, l’amélioration du savoir‐faire
dans le pilotage de l’irrigation et la sensibilisation du public sur l’économie d’eau et la REUT en agriculture.
La DGGREE est responsable de la mise en place de ce projet en Tunisie avec une composante dédiée à l’INRGREF
pour la recherche expérimentale. Dans le cadre de ce projet en Tunisie, un site pilote a été implanté depuis 2014
à Oued Souhil au sein de la station expérimentale de l’INRGREF. Sur 5 ha, des arbres fruitiers à haute valeur 189
ajoutée comme les bigaradiers sont irrigués avec un système « goutte‐à‐goutte » et en utilisant les EUT. Le site
est équipé d’un système de pompage avec filtration des EUT, d’un injecteur de fertilisant et de deux bassins de
stockage et de décantation de 500 m3 chacun. Outre le site de l’INRGREF, les équipements ont été implantés
chez des agriculteurs à titre expérimental.

Plus récemment, un nouveau projet de R&D vient d’être accepté avec la coopération italienne, nommé
Traitement des Eaux Usées et des Boues Résiduaires par des filtres plantés et usages agricole durables
(TRESOR). Pour les EUT, l’objectif est de fournir un traitement complémentaire permettent d’améliorer
leur qualité à faible coût (filtres plantés et végétalisés).

Institut National de Recherche Agronomique de Tunisie (INRAT)


L’INRAT est sous la tutelle du MARHP et rattaché à l’Institut de la Recherche de l’Enseignement
Supérieur Agricole (IRESA). Il est le plus ancien institut spécialisé dans la recherche agronomique du
pays et touche à toutes les thématiques du secteur (génétique, amélioration de la production animale
et végétale, biotechnologies, économie rurale, etc.). La REUT est surtout abordé par le laboratoire
Sciences et Techniques Agronomiques formé entre l’INRGREF et l’INRAT depuis 2011. Les aspects
traités concernent les aspects économiques, institutionnels et sociaux, ce qui vient compléter le travail
de l’INRGREF sur les autres aspects.

Centre de Recherches et Technologies des Eaux (CERTE)


Le CERTE est le centre de recherche du technopôle de Borj Cédria travaillant sur les thématiques liées
à l’eau. Il est sous la tutelle du MESRS. Le laboratoire « eaux usées et environnement » est spécialisé
dans le traitement et la valorisation des eaux usées, l’étude des interactions entre l’eau usée et
l’environnement, la gestion intégrée de l’eau et les approches innovantes dans ces domaines.

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De plus, le laboratoire « traitement et valorisation des rejets hydriques » travaille sur des méthodes
innovantes de traitement des eaux usées (désinfection, phyto-épuration des eaux usées rurales,
valorisation des rejets industriels) et sur l’impact de l’épandage des boues résiduaires. Des technologies
poussées sont en cours d’étude comme un traitement par nanofiltration à basse pression qui permet
d’obtenir une qualité d’EUT proche de l’eau potable et de traiter tous les micropolluants (antibiotiques,
pesticides, métaux lourds, etc.).

Des stations pilotes existent depuis 2007 au niveau d’écoles primaires en milieu rural à Kasserine et
Chorfech. L’objectif est de développer une gestion locale de l’eau pour limiter le gaspillage, permettre
l’accès à l’eau dans ces écoles à moindre coût et éviter la pollution du milieu naturel via le rejet des
eaux usées dans des zones non couvertes par l’ONAS. Le projet permet la collecte des eaux pluviales
au niveau du toit des écoles, de les utiliser pour le bloc sanitaire puis de les traiter à l’aide d’une fosse
septique et d’une zone humide à macrophytes. Enfin, les eaux usées une fois traitées sont réutilisée
pour l’irrigation d’oliviers et d’amandiers à proximité de l’école (Ben Saad, Bousselmi, Fabio, & Ghrabi,
2015). Un guide est en cours d’élaboration pour pouvoir appliquer ce système à d’autres écoles rurales.

Le CERTE est également intervenu sur le site de recharge de nappe à Korba. Jusqu’en 2014, il était
chargé par la DGRE des suivis piézométriques et de salinité. La convention n’a pas été reconduite
depuis.

Centre International des Technologies de l’Environnement de Tunis (CITET)


Le CITET, sous la tutelle de ME, n’est pas un organisme de recherche à proprement parler mais a pour
rôle principal la promotion des nouvelles technologies et le développement de connaissances
scientifiques sur l’environnement. Il aborde le traitement et la valorisation des eaux usées, notamment
en milieu rural, et le transfert et l’adaptation des technologies de l’environnement.

Pour exemple, le CITET possède une station pilote pour le traitement des eaux usées avec des
macrophytes en milieu rural à Jougar (Zaghouan) avec une capacité de 1 000 EH. L’eau est ensuite
réutilisée par un agriculteur dont les parcelles sont à proximité de la station. Les résultats de la qualité
des EUT seraient prometteurs, notamment pour l’abattement des paramètres parasitologiques (Kouki,
190 M’hiri, Saida, & Belaïd, 2009). Ce système serait adapté à des petites zones rurales non couvertes par
l’ONAS.

De plus, le CITET possède un laboratoire d’analyses environnementales afin d’analyser des polluants
(analyse physico-chimiques, polluants organiques, métaux lourds, parasitologie, etc.) dans les
différentes matrices environnementales (eau, air, sol, sédiments, etc.). Il intervient notamment dans le
contrôle de la conformité des rejets hydriques au niveau des STEP et des industriels.

Université de la Manouba (UMA)


L’UMA a un pôle disciplinaire autour des sciences de la vie et de l’environnement dans lequel est
compris l’Institut Supérieur des Biotechnologies de Sidi Thabet (ISBST). Cet organisme participe aux
recherches sur le traitement des eaux usées depuis récemment. En effet, le laboratoire de recherche «
Biotechnologie et Valorisation des Bio-Géo Ressources » (LR11ES31-LBVBGR) de cet institut, qui
s’intéresse au développement de procédés biotechnologiques appliqués aux secteurs de la santé et de
l’environnement, a été intégré dans le projet MADFORWATER financé par l’UE (voir paragraphe 6.3.3).
Dans ce cadre, une convention a été signée en 2019 entre le laboratoire, l’UMA, l’ISBST et l’ONAS.
L’objectif du projet est de développer et d’appliquer des solutions technologiques ainsi qu’une gestion
cohérente pour le traitement des eaux usées pour une réutilisation adaptée en agriculture. Pour cela,
un site pilote de traitement des eaux usées urbaines sera implémenté à la STEP Choutrana 2 à Tunis.
Les résultats ce petit projet expérimental ne sont donc pas encore évalués.

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Ecole Nationale d’Ingenieurs de Sfax (ENIS)


L’ENIS, sous la tutelle de l’Université de Sfax, participe aux recherches sur le traitement des eaux non
conventionnelles et à l’évaluation du risque environnemental et sanitaire. Des travaux ont notamment
porté sur le périmètre irrigué El Hajeb, comme la thèse soutenue en 2010 sur l’impact de l’irrigation
avec des EUT sur le système sol – plante. Les paramètres étudiés ont été la salinisation ainsi que
l’accumulation et la phytoabsorption des éléments métalliques (Belaid N. , 2010). Cette étude est
mentionnée dans le paragraphe 7.1.4 sur les impacts environnementaux de la REUT. Il existe toujours
une convention entre le CRDA de Sfax et l’ENIS pour analyser les paramètres physico-chimiques une
fois par mois des EUT réutilisées dans ce périmètre.

D’autres centres de recherches peuvent travailler ponctuellement sur des thématiques liées à la REUT
comme l’Institut National d’Agronomie de Tunis (INAT) qui produit des thèses et projets de fins d’études
sur ce sujet en partenariat avec les autres organismes précédemment cités.

10.2 ÉLEMENTS DE CONCLUSION DE L’ANALYSE DE LA RECHERCHE ET


RECOMMANDATIONS
ELEMENTS DE CONCLUSION
La consultation des différents travaux sur la REUT ainsi que les entretiens avec des chercheurs des
différents organismes et des institutions partenaires ont permis de mettre en avant des points forts de
la recherche tunisienne en matière de REUT.

En effet, l’expérience ancienne de la Tunisie avec des périmètres irrigués depuis les années 80 ou
encore le site de recharge artificielle des nappes par les EUT à Oued Souhil permet aujourd’hui d’étudier
les effets à long terme de la REUT sur l’environnement. Grâce à des équipes de chercheurs spécialisés
sur différents aspects (salinité, ETM, microbiologie, polluants émergents, etc.), des travaux de
recherche continuent de voir le jour actuellement pour actualiser les connaissances dans le domaine. 191
Cette expérience a aussi permis de décrire les bonnes pratiques de REUT qu’il faudrait appliquer pour
éviter les impacts négatifs sur l’environnement et réduire les risques sanitaires, que ce soit au niveau
de l’irrigation agricole ou pour les procédés de recharge de nappe.

Outre l’étude des impacts de la REUT, des études sont aussi en cours pour l’amélioration des
traitements des eaux usées via différentes techniques pouvant s’adapter à plusieurs contextes (petits
projets pilotes comme MADFORWATER, projet ACCBAT, TRESOR, etc.). Cela comprend une
approche de plus en plus intégrée comme les exemples de sites expérimentaux du CERTE et du CITET
pour l’assainissement en milieu rural.

Cependant, il existe aussi des freins au développement des nouveaux travaux de recherche mais aussi
et surtout au transfert des connaissances et des compétences acquises sur les sites pilotes vers des
applications à plus grande échelle.

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10. DIAGNOSTIC DU SECTEUR DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - UN BESOIN DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ACQUISES POUR LEUR APPLICATION

Manque de transfert des technologies et des connaissances

Les résultats obtenus lors de certains travaux de recherche sont riches mais ne sont pas bien exploités
ou valorisés. Les projets R&D, que ce soit concernant de nouvelles méthodes pour le traitement des eaux
usées, les systèmes d’irrigation ou encore la recharge de nappe, ne doivent pas rester à l’échelle pilote
puis abandonnés. Les résultats doivent être mieux évalués pour servir à valoriser l’expérience à plus
grande échelle. Les freins à ce transfert d’échelle se situent souvent au niveau institutionnel et
économique :
 Il y a souvent des financements pour lancer des projets de recherche mais ces financements ne
continuent pas par la suite. Certains suivis ne sont pas respectés sur des sites pilotes par
manque de moyens ce qui rend les résultats difficilement interprétables ou bien il n’y a pas assez
de personnes compétentes pour assurer le suivi du projet. Une réflexion doit être menée en amont
du projet pour savoir s’il y aura des financements suffisants pour assurer la mise en place du projet
mais aussi son suivi ainsi que le transfert et la valorisation des résultats en aval.
 Outre le financement, le manque de stabilité des institutions ralentit la prise de décision. Il
manque des personnes vraiment impliquées sur toute la durée des projets.
 La collaboration entre les organismes de recherche et les administrations est à développer
pour permettre la valorisation des résultats. Le cas de la recharge de nappe à Korba est un bon
exemple de ce manque de coopération : les résultats acquis au niveau de la station de l’Oued Souhil
n’ont pas été appliqués à ce nouveau site. Les résultats enregistrés n’ont donc pas beaucoup
enrichis ceux déjà observés sur le premier site de recharge. De plus, le partenariat établi entre le
CERTE et la DGRE s’est révélé non concluant et la convention n’a donc pas été renouvelée. Ni le
CRDA de Nabeul, ni la DGRE ne disposent des données complètes de suivi. Il n’y a donc plus
depuis 2014 de suivis physico-chimiques et microbiologiques sur le site de Korba, malgré les
investissements importants entrepris pour ce site.
 Il n’existe pas de capitalisation exhaustive de tous les travaux de recherche sur la REUT en
Tunisie effectués par l’ensemble des organismes de recherche. Une base de données facile d’accès
pour les administrations pourrait permettre un meilleur échange d’informations entre la recherche
192 et les décideurs. L’objectif serait de synthétiser les résultats des recherches pouvant aider à la prise
de décision en des termes simples et identifier les connaissances à consolider.

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10. DIAGNOSTIC DU SECTEUR DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - UN BESOIN DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ACQUISES POUR LEUR APPLICATION

PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

La proposition consiste à renforcer les partenariats entre administration et recherche autour des
problèmes rencontrés par les gestionnaires et les usagers. Il s’agira de mettre au point des
mécanismes qui satisfont à la fois l’administration (questions de recherche, transparence et
transmission des résultats) et les laboratoires de recherche (financements et visibilité) :
- Des modalités d’identification conjointe de questions de recherche, autour d’enjeux opérationnels
émanant des retours de terrain,
- Des modalités assurant la transmission des résultats,
- Des modalités de prise de décision conjointe sur les sites pilotes,
- Des modalités de financement, avec visibilité sur le moyen terme
Quelques domaines de recherche pourraient être encore approfondis pour répondre à des
questionnements sur la REUT en Tunisie :
 Les impacts de la REUT ont surtout été étudiés par le prisme de l’irrigation agricole et de la recharge
de nappe, il serait intéressant de se pencher aussi sur les autres usages (golfs, espaces verts,
usage industriel, etc.).
 Au niveau de la recharge de nappe avec des EUT, il manque un consensus scientifique sur les
résultats obtenus notamment pour les suivis microbiologiques. Les phénomènes évoluant au sein
des nappes souterraines sont complexes et demandent une approche pluridisciplinaire
(hydrogéologie, géochimie, microbiologie, etc.) afin d’interpréter et de valoriser correctement les
résultats. L’expérience doit maintenant être menée à plus grande échelle que les sites pilotes et les
modalités à respecter pour la recharge doivent être clairement définis (ce point est détaillé dans le
chapitre 11.4.5 consacré à la recharge des nappes avec des EUT).
 A plus long terme, les effets « cocktails » et les risques sanitaires et environnementaux référents
pourront aussi être envisagés.
 La recherche s’est surtout intéressée jusque-là aux aspects techniques et les impacts
environnementaux. D’autres aspects pourraient être plus approfondis via plus d’études
sociologiques, épidémiologiques, économiques (Analyses du Cycle de Vie) pour apporter une 193
vision plus écosystémique au sujet. Ces aspects induisent un renforcement des compétences au
niveau des équipes de recherche.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Partie C. APPROCHE A L’ECHELLE DE L’USAGE

11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES


DIFFERENTS USAGES
Objectifs du Chapitre
Le diagnostic transversal présenté dans le présent chapitre utilise les résultats d’une vingtaine
d’enquêtes de cas de réutilisation d’eaux usées traitées réalisées dans le cadre de l’étude.
Le chapitre présente les résultats factuels des enquêtes. Il intègre également des éléments plus
généraux recensés lors des entretiens d’acteurs conduits pour l’étude ou dans des documents.
Le chapitre débute par la présentation de la méthodologie retenue pour réaliser les 20 enquêtes.
Il comprend ensuite un sous-chapitre pour chacun des usages suivants :
- irrigation agricole,
- irrigation des golfs et des espaces verts,
- recharge des nappes,
- valorisation écologique,
- utilisation par les industriels.
Pour chacun de ces usages, sont présentés successivement :
- la description générale de l’usage et la place de la REUT pour cet usage,
194
- les éléments factuels issus des enquêtes concernant cet usage,
- des éléments permettant de mettre en regard la REUT pour cet usage en Tunisie avec le cas
d’autres pays,
- une analyse transversale de la REUT et une synthèse des freins et des atouts au développement
pour l’usage considéré.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Carte 11-1 : Répartition des usages de réutilisation pour les différentes STEP

195

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.1 METHODE RETENUE POUR REALISER LES ENQUETES DE 20 OPERATIONS DE REUT


11.1.1 Objectifs des enquêtes
Dans le cadre du diagnostic de la filière REUT, 20 enquêtes de terrain ont été réalisées à l’échelle
d’opération de réutilisation. Les objectifs de ces enquêtes sont les suivants :
 Réaliser une analyse transversale de la filière en s’intéressant à tous les aspects : techniques,
institutionnels, réglementaires, économiques et financiers, sociaux, environnementaux, sanitaires
et énergétiques. Pour chacun des sites, l’ensemble des étapes de la filière REUT a ainsi été
enquêté :
- Collecte des EUB,
- Traitement de l’effluent au niveau de la STEP,
- Transfert et distribution des EUT,
- Réutilisation des EUT.
Cette analyse inclut une évaluation qualitative des risques sanitaires et environnementaux
pour les différents usages, afin d’évaluer les contraintes associées à chaque type d’usage.
 Approfondir le diagnostic en réalisant des Analyses Coûts Avantages (ACA) pour 10 sites
parmi les 20 enquêtés. Cela permet d’évaluer la valorisation économique, sociale et
environnementale de la REUT. Les ACA sont présentées dans le chapitre suivant.

Les résultats issus des enquêtes sont présentés par usage et sont organisés, pour chaque usage, dans
deux parties :
 Présentation générale de chacun des sites et éléments factuels,
 Analyse transversale de la filière.

196 11.1.2 Choix des sites


Parmi les 66 opérations de REUT existantes en Tunisie, 20 sites de réutilisation ont été sélectionnés
selon les trois critères suivants :
 Le type d’usage afin de représenter l’ensemble des types de réutilisations : le cahier des charges
demandait ainsi d’enquêter 10 sites avec des périmètres irrigués, 3 sites avec des golfs, 2 sites
avec des recharges de nappe, 2 sites avec une valorisation écologique, 2 sites avec de l’irrigation
des espaces verts et 1 site avec une réutilisation industrielle.
 La répartition parmi les 3 grandes zones géographiques de la Tunisie (Nord, Centre et Sud)
afin de représenter les différents contextes dans lesquels peuvent s’inscrire les REUT
(disponibilité des ressources en eau, climat, contexte économique…).
 L’opérationnalité de la réutilisation. L’idée est de figurer la variété des situations, en
considérant des sites de REUT pleinement opérationnels et d’autres sites qui présentent plus de
difficultés. Cela permet d’étudier les points de blocage et facteurs de réussite pour les différents
usages.
Outres ces 3 critères, d’autres paramètres ont permis d’affiner la sélection au cas par cas tels que la
qualité des EUT en sortie de STEP (conformité ou non à la NT 106.03), le type de traitement utilisé, le
volume d’EUT réutilisé, la disponibilité en eaux conventionnelles, l’activité agricole (type de cultures,
surface des périmètres irrigués, etc.), l’intensification des périmètres irrigués, l’acceptabilité sociale ou
encore les impacts environnementaux.
Sur la base de ces critères, une première liste de sites a été proposée et discutée lors du COPIL de
démarrage de l’étude en janvier 2019. Les échanges durant le COPIL ont permis d’affiner les critères
et de valider une liste définitive de sites à enquêter.
Le Tableau 11-1 présente les 20 sites de réutilisation qui ont été sélectionnés et ont fait l’objet
d’enquêtes. La dernière colonne précise si ces sites ont fait l’objet d’une ACA (développée dans le
chapitre 12.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-1 : Liste des 20 sites choisis pour les enquêtes de terrain56
Usages Gouvernorat Nom du site STEP ACA
Monastir Ouardanine Ouardanine X
Kairouan Dhraa Tammar Kairouan 2 X
Zaghouan El Fahs El Fahs X
Nabeul Oued Souhil SE3 et SE4
Périmètres Médenine Talbet et Meghzel Djerba Aghir
irrigués Médenine Ouljet El Khoder Médenine
Gabes El Hamma Gabes
Kasserine Oued Essid Kasserine X
Gafsa Aguila Gafsa X
Siliana Mediouna Siliana
Tunis Golf de Carthage Charguia
Golfs Nabeul Golf Yasmine SE1 X
Monastir Golf Flamingo El Frina
Espaces verts Route de l’aéroport de
Tunis Charguia X
Tunis
Recharges de Nabeul Korba Korba X
nappes Nabeul Souhil SE4
Valorisation Nabeul Lagune de Korba Korba X
écologique Bizerte Lagune de Bizerte Menzel Bourguiba
Gabes GCT Gabes Gabes
Usage industriel
Gafsa GCT Gafsa Gafsa X

197

56 Les périmètres irrigués de Borj Touil à l’Ariana et de El Hajeb à Sfax n’ont pas été choisis car ils ont déjà été enquêtés lors
de l’étude préliminaire réalisée par SCP (2017).

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Carte 11-2 : localisation des sites enquêtés pendant la phase de diagnostic

198

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.1.3 Méthode d’enquête


Pour chaque site de réutilisation, les visites se sont faites de l’amont vers l’aval de la filière :
 Production des EUT au niveau de la STEP,
 Station de pompage,
 Réutilisation (parcelles agricoles irriguées, golf, site de recharge de nappe, etc.).

Les acteurs rencontrés lors des enquêtes ont été les suivants :
 Pour la partie assainissement : producteurs des EUT pour chacun des sites de réutilisation,
c’est-à-dire des représentants de l’ONAS au niveau de la STEP enquêtée (chef de station,
ingénieurs ou techniciens, responsables régionaux de de l’ONAS) ou des exploitants privés.
 Pour les périmètres irrigués : les CRDA, les GDA et une partie des agriculteurs exploitants le
périmètre irrigué,
 Pour les golfs : les responsables des golfs et les experts irrigation,
 Pour les espaces verts : la direction de l’environnement de l’OACA et de l’expert irrigation,
 Pour la recharge de nappe : le CRDA de Nabeul pour les 2 sites (arrondissement ressources en
eau),
 Pour la réutilisation industrielle : les responsables du GCT au niveau régional,
 Pour la valorisation écologique : une association environnementale pour le site de Korba.

Un support d’entretien de type semi-directif a été élaboré et complété lors du premier COPIL de l’étude.
Ce support souple, à destination de l’enquêteur, permet de s’assurer que les différents aspects de la
filière ont été couverts : aspects techniques (de la collecte des EUB à la réutilisation des EUT, jusqu’à
la valorisation des produits agricoles), institutionnels, réglementaires, économiques et financiers,
sociaux, environnementaux et sanitaires.

Pour chaque site de réutilisation, une planche photo a été préparée et présente les principales 199
caractéristiques de chacun des sites. Le compte-rendu complet des enquêtes est présenté en annexe.

11.2 IRRIGATION AGRICOLE : DES QUALITES D’EFFLUENTS A AMELIORER POUR


RENFORCER LA CONFIANCE DES AGRICULTEURS

11.2.1 Description générale du secteur et place de la REUT


D’après les données de la campagne 2017 – 2018 de la DGGREE, 32 périmètres irrigués sont
actuellement aménagés pour être irrigués avec des EUT. Sur ces 32 périmètres irrigués, 8 ne
sont pas fonctionnels. Les 32 périmètres irrigués sont situés dans 17 gouvernorats et totalisent une
superficie totale de 8 500 ha aménagés. Le Nord du pays concentre 73 % de la superficie totale
irrigable dont 55% se trouve au niveau du Grand Tunis. En effet, le plus important des périmètres
irrigués est celui de Borj Touil à l’Ariana avec une superficie aménagée de 3 150 ha, ce qui est bien
supérieur à la superficie moyenne des autres périmètres irrigués qui est d’environ 430 ha.

Le Tableau 11-2 résume les principaux indicateurs de l’exploitation des périmètres irrigués avec des
EUT en Tunisie.

Il est important de noter qu’il y a une certaine ambigüité au niveau des indicateurs, par exemple pour le
taux d’exploitation (surface irrigable / surface aménagée) et le taux d’intensification (surface irriguée /
surface aménagée). L’imprécision des chiffres concerne essentiellement les superficies réellement
irriguées (et les superficies des différentes cultures pratiquées) ainsi que les volumes consommés
(absence de compteurs sur certains périmètres irrigués et à la sortie des STEP).

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-2 : Liste des périmètres irrigués avec des EUT, campagne 2017 - 2018
Superficie Volume
Périmètre Station Année de mise Superficie Superficie Intensification
Gouvernorat aménagée (1) distribué d’EUT
irrigué d'épuration en service irrigable (2) (ha) irriguée (3) (ha) (4) (%)
(ha) (m3/an)

Soukra Charguia 1962 409 409 162 40 % 831 000

Ariana Choutrana I et II,


Borj Touil Côtière Nord et 1989 3 145 3 145 340 11 % 3 547 000
Charguia

Ben Arous Mornag B.Arous 1989 1 087 - - - -

Bizerte Sidi Ahmed S, Ahmed 2005 174 - - - -

Souhil SE3 et SE4 280 280 165 59 %

Haouaria SE3 et SE4 83 83 14 17 %

Bir romana SE4 1989 - 2003 50 50 54 108 % 2 139 000


Nabeul
200 Messaadi SE4 70 70 25 36 %

Charki (Bni Khiar) SE4 75 75 44 59 %

Kélibia Kélibia 2002 45 45 33 73 % 165 000

Zaghouan Zaghouan 2015 60 60 50 83 % 838 000


Zaghouan
El Kdhirat El Fahs 2015 40 40 30 75 % 513 000

Bouteffaha B.sud 2004 354 - - - -


Beja
M.Elbeb Medjez.Elbeb 2003 100 - - - -

Kef Semmana Kef 2004 180 - - - -

Siliana Mediouna Mediouna 2006 87 87 89 102 % 65 000

Zaouiet Sousse Sousse sud 1987 205 257 257 125 % 419 000
Sousse
M'SAKEN Msaken 2003 185 185 185 100 % 183 000

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Superficie Volume
Périmètre Station Année de mise Superficie Superficie Intensification
Gouvernorat aménagée (1) distribué d’EUT
irrigué d'épuration en service irrigable (2) (ha) irriguée (3) (ha) (4) (%)
(ha) (m3/an)

Ouardanine Ouardanine 1997 50 50 70 140 % 174 000


Monastir
Sayada Lamta
S,L,Bouhjar 1999 50 - - - -
Bouhjar

Kairouan Dhraa Tammar Dhraa Tammar 1989 380 380 330 87 % 1 260 000

Oued Essid Kasserine 1998 131 131 131 100 % 499 000
Kasserine
Sbitla Sbitla 2009 80 80 - - -

El Hajeb Sfax sud 1987 452 452 233 52% 786 000
Sfax
El hancha El hancha 2010 50 50 - - -

Gafsa Aguila Aguila 1994 117 117 137 117 % 836 000

Gabes
El Hamma El Hamma 2007 100 100 50 50 % 217 000 201
Dissa Gabes 1999 - 2007 300 300 140 47 % 1 000 000

Ouljet El Khoder Ouljet El Khoder 2004 30 30 34 113 % 75 000

Médenine Talbet 19 19 19 100 %


Jerba 2005 90 000
Meghzel 32 32 32 100 %

Tataouine Elbhira Tataouine 2017 60 60 60 100 % 30 000

TOTAL 8 480 6 477 2 685 32 % 13 667 000


Source DGGREE, informations sur les périmètres irrigués à partir des EUT, campagne 2017-

1
Superficie aménagée : superficie des exploitations agricoles du périmètre irrigué dépendant des infrastructures d’alimentation en EUT (bornes d’irrigation).
2
Superficie irrigable : superficie pouvant être irriguée selon le débit de la source d’eau et le plan cultural
3
Superficie irriguée : superficie réellement mise en culture en utilisant les ressources en eau des bornes d’irrigation. Elle peut être supérieure à la superficie
irrigable quand le périmètre s’oriente de plus en plus vers l’extensif ou l’irrigation d’appoint.
4
Taux d’intensification : superficie irriguée / superficie aménagée

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

La figure ci-dessous présente l’évolution des superficies aménagées et irriguées avec les EUT en
Tunisie. On peut voir que la superficie aménagée n’a pas beaucoup augmenté depuis 2003 comme le
montre la Figure 11-1 et la superficie irriguée a été très variable en fonction des années. Cette variation
est due en partie à l’arrêt de fonctionnement de certains périmètres irrigués certaines années lorsque
la qualité des EUT distribuées ne permet pas la réutilisation. Certains périmètres irrigués ont aussi
fonctionné les premières années après leur aménagement mais ils ont été ensuite abandonnés par les
agriculteurs face aux diverses difficultés rencontrées.

Figure 11-1 : Evolution des superficies aménagées et irriguées des périmètres irrigués avec des EUT depuis 2000

202 Source : DGGREE, 2018

L’évolution des consommations des périmètres irrigués en EUT est représentée sur la Figure 11-2. Les
volumes réutilisés sont passés de 5,5 Mm3 en 1996 à 13,66 Mm3 en 2018. Cependant, on note une
diminution des volumes réutilisés depuis les années 2010 avec un maximum de réutilisation lors
de la campagne 2007/2008 avec 18 Mm3.

Figure 11-2 : Evolution du volume d’EUT distribué aux périmètres irrigués depuis 1996

Source : DGGREE, 2018

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Le Tableau 11-3 résume les données générales pour la REUT en Tunisie au niveau agricole pour les
campagnes 2016/2017 et 2017/2018.

Tableau 11-3 : Données générales sur la REUT en agriculture pour la campagne 2016/2017 et 2017/2018
Campagne 2016/2017 Campagne 2017/2018
Nombre de périmètres utilisant
32 32
des EUT
Nombre de STEP concernées 30 30
Superficie aménagée (ha) 8 500 8 500
Superficie irrigable (ha) 6 500 6 500
Superficie irriguée (ha) 2 400 2 700
Arboriculture : 41,5 %
Arboriculture : 49 % Fourrages : 40 %
Fourrages : 46 % Grandes cultures : 9 %
Assolement
Grandes cultures : 2 % Agrumes : 6 %
Cultures industrielles : 3 % Autres : 3 %
Cultures industrielles : 0,5 %
Taux d’intensification (%) 29% 32 %
Volume d’EUT distribué (Mm3) 13 100 000 13 700 000
Source : DGGREE, 2018

11.2.2 Les éléments factuels issus des enquêtes 203


11.2.2.1 Déroulement des enquêtes et description des sites visités
Les périmètres irrigués qui ont été enquêtés sont répartis de la manière suivante : 3 au Nord, 3 au
centre et 4 au Sud.

Il est à noter que les périmètres irrigués de Borj Touil et El Hajeb avaient déjà été enquêtés lors de
l’étude préliminaire à ce diagnostic (DGGREE, 2017). La description de ces deux périmètres irrigués
est synthétisée dans la partie 11.2.2.4.

Le Tableau 11-4 décrit sommairement le déroulement des enquêtes pour les 10 périmètres enquêtés.
Les résultats complets sont présentés en annexe.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-4 : Déroulement des enquêtes des périmètres irrigués


Périmètre
Souhil El Kdhirat Mediouna Dhraâ Tammar Ouardanine
irrigué

Localisation Gouvernorat de Nabeul Gouvernorat de Zaghouan Gouvernorat de Siliana Gouvernorat de Kairouan Gouvernorat de Monastir

Lieux visités STEP SE3 et SE4 STEP El Fahs STEP Siliana STEP Kairouan 2 STEP Ouardanine

Stations de pompage et Station de pompage et bassin Station de pompage et bassin Station de pompage et bassin Station de pompage et bassin
bassins de stockage de SE3, de stockage de stockage de stockage de stockage
SE4 et SE3 + SE4
Différentes parcelles du Différentes parcelles du Différentes parcelles du Différentes parcelles du
Parcelles du périmètre avec périmètre périmètre périmètre périmètre
irrigation localisée

Dates de 6 mars 2019 28 février 2019 3 avril 2019 21 février 2019 18 et 19 février 2019
visite

Personnes STEP : Chef division STEP : Chef de station ONAS STEP : Chef de station ONAS STEP : Chef de station ONAS STEP : Chef de station ONAS
204 rencontrées régionale ONAS Nabeul
Périmètre irrigué : CRDA Périmètre irrigué : CRDA Périmètre irrigué : CRDA Périmètre irrigué : CRDA
Périmètre irrigué : CRDA Zaghouan arrondissement Siliana arrondissement PI, Kairouan arrondissement Monastir arrondissement
Nabeul arrondissement périmètre irrigué et GDA El GDA Mediouna périmètre irrigué et GDA périmètre irrigué et GDA
périmètre irrigué et GDA Kdhirat, agriculteurs Dhraa Tammar, agriculteurs Ouardanine
Souhil, agriculteurs

Vue sur des parcelles du périmètre irrigué Oliveraie irriguée du périmètre irrigué El Fourrages irrigués du périmètre irrigué Bassin de stockage des EUT du périmètre Figuiers irrigués du périmètre irrigué
Souhil (BRLi, mars 2019) Fahs (BRLi, février 2019) Mediouna (BRLi, avril 2019) irrigué Dhraa Tammar (BRLi, février 2019) Ouardanine (BRLi, février 2019)

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Périmètre
El Hamma Meghzel/Talbet Ouljet El Khodr Oued Essid Aguila
irrigué

Localisation Gouvernorat de Gabès Gouvernorat de Medenine Gouvernorat de Medenine Gouvernorat de Kasserine Gouvernorat de Gafsa

Lieux visités STEP El Hamma STEP Djerba Aghir STEP Medenine STEP Kasserine STEP Gafsa dont la nouvelle
en construction
Station de pompage et bassin Station de pompage et bassin Station de pompage et bassin Station de pompage et bassin
de stockage de stockage des deux de stockage, château d’eau de stockage Station de pompage et bassin
Périmètre irrigué, châteaux de stockage
Différentes parcelles du d’eau Différentes parcelles du Différentes parcelles du
Périmètre irrigué Périmètre irrigué Périmètre irrigué
Différentes parcelles des
deux Périmètre irrigué

Dates de 13 mars 2019 11 mars 2019 12 mars 2019 26 mars 2019 27 mars 2019
visite

Personnes STEP : Chef service STEP : Chef exploitant privé STEP : Chef de station ONAs STEP : Chef de station ONAS STEP : Chef division
rencontrées épuration ONAS Gabès régionale ONAS Gafsa
Périmètre irrigué : CRDA Périmètre irrigué : CRDA Périmètre irrigué : CRDA
Périmètre irrigué : CRDA Medenine arrondissement Medenine arrondissement Kasserine arrondissement Périmètre irrigué : CRDA
Gabès arrondissement Périmètre irrigué, GDA Périmètre irrigué, GDA Ouljet Périmètre irrigué, GDA Oued Gafsa arrondissement 205
Périmètre irrigué, GDA El Meghzel et Talbet El Khodr, agriculteurs Essid Périmètre irrigué, GDA
Hamma Aguila, agriculteurs

Fourrages irrigués du périmètre irrigué El Oliveraie irriguée du périmètre irrigué Talbet Vue sur des parcelles du périmètre irrigué Oliveraie irriguée du périmètre irrigué Oued Oliveraie irriguée du périmètre irrigué Aguila
Hamma (BRLi, mars 2019) (BRLi, mars 2019) Ouljet El Khoder (BRLi, mars 2019) Essid (BRLi, mars 2019) (BRLi, mars 2019)

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.2.2.2 Caractéristiques des stations d’épuration alimentant les sites enquêtés


Pour l’usage agricole, 11 STEP ont été enquêtées car le périmètre de Souhil récupère les EUT des
STEP SE3 et SE4. Les EUT de SE4 étaient aussi utilisées pour la recharge de nappe à Oued Souhil,
les caractéristiques de cette STEP sont donc décrites dans la partie recharge de nappe.

Les traitements effectués au niveau de ces STEP sont très majoritairement de type boues activées, à
faible ou moyenne charge. Deux périmètres utilisent des EUT provenant de lagunage, aéré pour Oued
Essid (Kasserine) et non aéré pour Aguila (Gafsa). Quelques stations sont pourvues des équipements
pour des traitements tertiaires : traitement à UV à Kairouan 2, bassins de maturation à Djerba Aghir. Le
traitement à UV à El Fahs n’est pas fonctionnel, de même que le biofiltre à sable à Médenine en aval
de la STEP. A Gafsa, une nouvelle STEP est en construction pour remplacer les bassins de lagunage.
Elle sera de type boues activées et devrait être opérationnelle sous peu. Les bassins actuels serviront
de traitement tertiaire en sortie de la nouvelle STEP.

Certaines d’entre elles ont des capacités importantes de traitement comme Kairouan 2 avec une
capacité nominale de 15 000 m3/j tandis que d’autres sont plus modestes comme Ouardanine qui a une
capacité de 1 500 m3/j.

Les STEP SE3, SE4 et Djerba Aghir sont situées dans des zones touristiques, leur rejet s’effectue dans
un milieu sensible puisqu’il est en mer à proximité de zones de baignade. Elles reçoivent des eaux
domestiques provenant majoritairement d’hôtels et de restaurants, tandis que les autres STEP reçoivent
en partie des eaux industrielles pouvant avoir un impact sur la qualité des EUB. Il est à noter le cas
particulier de la STEP El Hamma qui reçoit les eaux grises des hammams. Ces eaux ne sont pas très
chargées en matières organiques mais elles sont riches en déchets solides (filasses…), ce qui ne facilite
pas leur traitement au niveau de la STEP. Des bassins de stockage sont en train d’être mis en place
pour traiter ces eaux en parallèle des eaux domestiques.

Pour les STEP de El Hamma et de Djerba Aghir, ce n’est pas l’ONAS qui est responsable de
l’exploitation de la STEP, l’exploitation a été déléguée à une société privée. Cette société s’occupe de
206 l’entretien et du bon fonctionnement du traitement de la STEP mais n’a pas d’objectifs de performance
à respecter.

Le Tableau 11-5 reprend les principales caractéristiques des 11 STEP visitées pour l’usage agricole.

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Tableau 11-5 : Description des STEP alimentant les périmètres enquêtés


Caractéristiques des STEP STEP SE3 STEP El Fahs STEP Siliana STEP Kairouan 2 STEP Ouardanine

Date de création 1979 2006 2000 2008 1993

Chenal d’oxydation de SE3 (BRLi, Traitement III à UV non fonctionnel d’El Chenal d’oxydation avec aérateurs de Traitement III à UV de Kairouan 2 Chenal d’oxydation de Ouardanine
mars 2019) Fahs (BRLi, février 2019) Siliana (BRLi, avril 2019) (BRLi, février 2019) (BRLi, février 2019)

Eaux domestiques de la Eaux domestiques de la Eaux domestiques de la Eaux domestiques de la Eaux domestiques de la
Origine des EUB – industriels zone touristique de ville de El Fahs et eaux ville de Siliana et eaux ville de Kairouan et eaux ville de Ouardanine et
raccordés Hammamet nord et du industrielles (câblage d’un abattoir industrielles eaux industrielles (lavage
sud de la ville de Nabeul électrique, abattoir…) de voitures, abattoir…) 207
By pass en entrée de By pass au niveau de la By pass en entrée de By pass en entrée de
Gestion du trop plein STEP station de pompage de la STEP STEP
ville de Siliana

Population raccordée 23 146 EH 45 000 EH 51 000 EH 236 000 EH 17 500 EH

Boues activées à faible Boues activées à faible Boues activées à faible Boues activées à faible Boues activées à
charge (aération charge, (aération charge (aération charge (aération moyenne charge
prolongée) prolongée) prolongée) prolongée)
Type de traitement
Traitement tertiaire à UV Traitement tertiaire à UV
non fonctionnel

Capacité nominale 3 500 m3/j 4 200 m3/j 4 500 m3/j 15 000 m3/j 1 500 m3/j

Débit journalier moyen et 4 000 m3/j – 6 500 m3/j 1 300 m3/j - ? 2 300 m3/j- 6 000 m3/j 15 700 m3/j – 22 500 m3/j 1 600 m3/j - 2 800 m3/j
maximum (2017)

Volume d’EUT produit (2017) 1 500 000 m3 470 000 m3 840 000 m3 5 800 000 m3 600 000 m3

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Caractéristiques des STEP STEP SE3 STEP El Fahs STEP Siliana STEP Kairouan 2 STEP Ouardanine

Pas de valorisation des Valorisation des boues en Pas de valorisation des Pas de valorisation des Valorisation des boues en
Valorisation des sous produits
boues agriculture boues boues agriculture

Pas de réhabilitation Pas de travaux prévus Réhabilitation et extension Pas de réhabilitation de Réhabilitation de la STEP
depuis longtemps. Mise prochainement (7 000 m3/) prévues, pas prévue en cours (depuis 2017),
Réhabilitations / Extensions
en place en 2018 de de date précisée. extension prévue
panneaux solaire

Emissaire en mer de 300 - Oued Oued Oued Oued


Milieu de rejet
400 m

Type de gestion ONAS ONAS ONAS ONAS ONAS

Périmètre irrigué Souhil et Espaces verts de la Espaces verts de la Périmètre irrigué Dhraa Périmètre irrigué
Haouaria : 710 000 m3 STEP : 20 000 m3 STEP : 26 000 m3 Tammar : 1 260 000 m3 Ouardanine : 420 000 m3
Usages REUT et volume
réutilisé en 2017
Pour SE4 : voir partie Périmètre irrigué El Fahs : Périmètre irrigué
recharge de nappe 90 000 m3 Mediouna : 61 000 m3

208

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Caractéristiques des STEP STEP El Hamma STEP Djerba Aghir STEP Médenine STEP Kasserine STEP Gafsa

Date de création 2004 1999 2000 1993 1985

Illustration

Bassins de maturation des eaux de Bassins de maturation en aval de Biofiltre à sable non fonctionnel de Lagune aérée de Kasserine (BRLi, Système lagunaire de la STEP de
hammams d’El Hamma (BRLi, mars Djerba Aghir (BRLi, mars 2019) Médenine (BRLi, mars 2019) mars 2019) Gafsa (BRLi, mars 2019)
2019)

Eaux domestiques de la Eaux domestiques de la Eaux domestiques de la Eaux domestique de la Eaux domestiques de la
Origine des EUB – industriels ville d’El Hamma et eaux zone touristique de la ville ville de Médenine et eaux ville de Kasserine et eaux ville de Gafsa
raccordés de deux hammams de Midoune industrielles (lavage de industrielles (textile,
voiture, abattoir…) tannerie, abattoir…)

By pass en entrée de By pass en entrée de By pass en entrée de Gestion du débit avec les
Gestion du trop plein
station station station bassins de lagunage 209
Population raccordée 42 000 EH 35 000 EH 81 000 EH 125 000 EH 91 000 EH

Boues activées à Boues activées à faible Boues activées à faible Lagunage aéré Actuellement : lagunage
moyenne charge charge charge (aération prolongé
prolongée)
Type de traitement Bassin de maturation pour Traitement En travaux : boues
les eaux de hammams complémentaire avec Biofiltre à sable activées à moyenne
bassin de maturation complémentaire non charge, traitement III avec
fonctionnel les lagunes, cogénération

Capacité nominale 4 000 m3/j 13 000 m3/j 8 900 m3/j 15 000 m3/j 6 000 m3/j

Débit journalier moyen et 5400 m3/j – 6 900 m3/ 7 000 m3/j – 20 200 m3/ 5 000 m3/j – 6 600 m3/ 8 400 m3/ - 8 900 m3/ 1 500 m3/j - ?
maximum (2017)

Volume d’EUT produit (2017) 3 900 000 m3 2 600 000 m3 1 800 000 m3 3 100 000 m3 3 000 000 m3

Pas de valorisation des 100 % des boues sont Pas de valorisation des Pas de valorisation des Utilisation des boues
Valorisation des sous produits boues revalorisées pour boues boues prévue en partie pour la
l'agriculture cogénération

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Caractéristiques des STEP STEP El Hamma STEP Djerba Aghir STEP Médenine STEP Kasserine STEP Gafsa

Travaux de réhabilitation Réhabilitation en cours Pas de grosse Réhabilitation débutée en Construction en cours de
en cours (3e clarificateur, (chenal d'oxydation, réhabilitation de prévue 2019 la nouvelle STEP avec
Réhabilitations / Extensions
système fines bulles, ouvrage de dégazage, boues activées, fin prévue
prétraitement…) dessableur…) en 2019

Milieu de rejet Oued Mer Oued Oued Oued

Exploitation privée Exploitation privée depuis ONAS ONAS ONAS


Type de gestion
2006

Usages REUT et volume Périmètre irrigué El Périmètre irrigué Talbet et Périmètre irrigué Ouljet El Périmètre irrigué Oued Périmètre irrigué Aguila :
réutilisé en 2017 Hamma : 76 000 m3 Meghzel : 110 064m3 Khodr : 60 000 m3 Essid : 436 127 m3 1 945 000 m3
Source : (ONAS, 2017)

210

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11.2.2.3 Caractéristiques de la REUT au niveau des périmètres enquêtés


ORIGINE DU PROJET DE PERIMETRES IRRIGUES AVEC LES EUT
Originellement, les projets de REUT agricole étaient initiés après la construction des STEP. De façon
générale, c’est l’Etat qui soutenait la réutilisation et initiait les projets, via les CRDA. Il était plus rare que
la demande émane des agriculteurs ou du producteur des eaux usées épurées.

Concernant les périmètres irrigués enquêtés, l’origine des projets est la suivante :
 7 projets lancés par le CRDA : Aguila, Oued Essid, El Kdhirat, Mediouna, Ouljet Khoder, El
Hamma et Dhraa Tammar (motivation d’un petit groupe d’agriculteur par le CRDA pour ensuite
étendre le périmètre)
 2 projets lancés par les agriculteurs : Souhil (nappe phréatique menacée par l’intrusion
marine), Ouardanine (remontée de la nappe salée à cause des rejets de la STEP ce qui menace
l’agriculture de la zone)
 2 projets lancés par l’ONAS : Souhil et Djerba Aghir (éviter les rejets dans la mer)

SYSTEME DE TRANSFERT DE LA STEP AUX BORNES D’IRRIGATION


Les équipements mis en place en sortie de STEP pour la REUT sont en général un bassin de collecte
des EUT pour pouvoir les stocker et les faire décanter, un réservoir de mise en charge et une station
de pompage. Pour certains périmètres, il peut y avoir un système de filtration complémentaire, avant ou
après la station de pompage.

En général, les frais liés à la station de pompage (maintenance, entretien, énergie) sont pris en charge
par le CRDA. Parmi les périmètres enquêtés, il y a cependant quelques exceptions comme à Kairouan
où c’est l’ONAS qui prend en charge la station de pompage ou à Gafsa où c’est le GDA. Pour El Hamma,
les coûts sont partagés entre le GDA et le GCT (compensation environnementale versée par le GCT). 211
Le Tableau 11-6 présente les systèmes de transfert observés pour chacun des périmètres irrigués.

Tableau 11-6 : Système de transfert par périmètre irrigué enquêté


Périmètre Station de pompage Réservoir de Filtration Prise en charge
irrigué mise en charge de l’énergie

Souhil SE3 : Bassin sortie ONAS de Bassin Souhil de 2 filtres à sable et 2 CRDA, sauf pour
1000 m3 - (3 pompes de 50 l/s 2 000 m3 – bassin filtres à disque – 2 les 8 ha pilote
– Hauteur Manométrique Haouaria de pompes 10 l/s et 2 reprise sur la
Totale = 55 m) 2 000 m3 citernes en métal charge des
galvanisé de 400 m3 agriculteurs
(projet pilote ACCBAT
SE4 : Bassin sortie ONAS de de 8 ha) pour irrigation
4 500 m3 - (3 pompes de 90 l/s localisée)
– HMT = 68 m)
El Kdhirat Bassin sortie ONAS de 750 m3 700 m3 Filtre à gravier + filtre à CRDA
- 2 pompes de 18 l/S (1+1) – tamis
HMT 75 m

Mediouna Bassin sortie ONAS de 200 m3 Filtre à tamis CRDA


1 000 m3 - 3 pompes de 50 l/s
(2+1) – HMT = 71 m

Dhraâ 3 pompes de 80 l/s (2+1) – Ancien réservoir Non ONAS en


Tammar HMT = 24 m de 1 700 m3 (PI passation au
de 240 ha) et CRDA
nouveau réservoir
de 5 000 m3 (PI
de 140 ha)

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Périmètre Station de pompage Réservoir de Filtration Prise en charge


irrigué mise en charge de l’énergie

Ouardanine Bassin sortie ONAS de Réservoir de Filtre à sable et filtre à CRDA


1 000 m3 - 3 pompes de 17 l/s 500 m3 disques
– HMT = 300 m

El Hamma Bassin sortie 1 200 m3 - 3 Réservoir de Filtre à sable (projet Groupe chimique
pompes de 17 l/s – HMT = 27 100 m3 GIZ) + GDA
m
Meghzel 2 pompes de 25 l/s – HMT de Réservoir de Filtre avant pompage CRDA
63 m 50 m3 (souvent enlevé pour
ne pas réduire le débit)
Talbet 2 pompes de 18 l/s – HMT = Réservoir de CRDA
45 m 50 m3
Ouljet El Bassin sortie ONAS 1 000 m3 Réservoir de Biofiltre à sable non CRDA
Khoder 50 m3 fonctionnel en sortie de
HMT = 50 m, 2 pompes de 25 STEP
L/s

Oued Essid Bassin sortie ONAS de Réservoir de Non CRDA


2 500 m3 – 2 pompes de 30 l/s 25 m3
chacune – HMT = 50 m

Aguila Bassin sortie ONAS de Réservoir 4 filtres à sable et 4 GDA


2 500 m3 – 2 pompes de 30 l/s filtres à disques (projet
+ 2 pompes de secours GIZ)

CONTEXTE PHYSIQUE DU PERIMETRE IRRIGUE


Il est important de considérer le contexte physique qui influence la prédisposition de l’aménagement à
une meilleure mise en valeur. Parmi les paramètres à considérer, il est à citer : l’étage bioclimatique ;
212 le relief (géomorphologie) ; la pédologie et l’aptitude culturale ; l’existence ou non d’une ressource
conventionnelle fiable en concurrence avec les EUT.

Tableau 11-7 : Contexte physique par périmètre irrigué enquêté


Etage Ressource
Périmètre irrigué Relief Pédologie
bioclimatique conventionnelle

Semi-aride Bonne aptitude Nappe de plus en


Souhil accidenté
supérieur (texture légère) plus salée

Bonne aptitude
El Kdhirat Semi-aride moyen accidenté Non
(texture moyenne)
Mediouna Semi-aride moyen accidenté légère Non
Dhraâ Tammar Aride sipérieur plaine Argileux Oui (nappe)

Bonne aptitude
Ouardanine Semi-aride inférieur accidenté Non (nappe salée)
(texture légère)

Bonne aptitude Oui (eaux des


El Hamma Aride inférieur plaine
(texture légère) hammams)

Meghzel Aride inférieur plaine Texture légère Non


Talbet Aride inférieur plaine Texture légère Non

Bonne aptitude Oui - Nappe


Oued Essid Aride supérieur accidenté
(texture moyenne) phréatique

Non (nappe
Aguila Aride inférieur plaine Texture moyenne
surexploitée)

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SYSTEME D’IRRIGATION DU PERIMETRE IRRIGUE


Selon les caractéristiques physiques et de mise en valeur du périmètre, un type d’équipement est
préconisé. Les principaux équipements sont les suivants :
 Irrigation gravitaire classique (à la raie, bassin, planche) ou améliorée (séguias bétonnés,
réseau enterré) : les irrigations de surface recouvrent l’ensemble des techniques d’irrigation où
l’eau disponible en tête de parcelle est répartie sur le terrain à irriguer par un écoulement
gravitaire de surface nécessitant un aménagement adéquat de sol. Les coûts pour ces systèmes
sont faibles mais les ouvriers agricoles doivent être bien protégés pour éviter le contact avec les
EUT.
 Irrigation par micro-aspersion : L’irrigation par aspersion est la technique d’arrosage par
laquelle, l’eau est fournie aux plantes sous forme de pluie artificielle, grâce à l’utilisation
d’appareils d’aspersion alimentés en eau sous pression. L’efficacité d’utilisation de l’eau pour ce
système est moyenne et il ne devrait pas être employé pour l’arboriculture pour éviter le contact
des EUT avec les fruits.
 Irrigation goutte à goutte avec les différentes techniques disponibles (goutteurs, ajutages,
diffuseurs, gaines) : les systèmes "d'irrigation localisée" consistent à répartir l'eau d'irrigation sur
la parcelle par un réseau de conduites fixes sous faible pression et à localiser l'apport d'eau par
goutteurs ou par rampes perforées au voisinage des plantes cultivées ; seule une fraction du
volume de sol exploitable par les racines sera humidifié. Le coût de ce système d’irrigation est
plus élevé et une filtration poussée des EUT doit être faite pour éviter le colmatage des
distributeurs. Cependant, bien maîtrisé, ce système permet une efficacité d’utilisation de l’eau
élevée et une augmentation des rendements.

Tableau 11-8 : Système d’irrigation par périmètre enquêté


Irrigation Irrigation
Irrigation par Irrigation localisée
Périmètre irrigué gravitaire gravitaire
aspersion (ha) (ha)
classique (ha) améliorée (ha)
213
Souhil 0 131 0 34
El Kdhirat 0 30 0 0
Mediouna 9 0 80 0
Dhraâ Tammar 380 0 0 0
Ouardanine 0 5 0 43
El Hamma 30 16 0 4
Meghzel 4 47 0 0
Talbet

Oued Essid 131 0 0 0


Aguila 47 75 0 15

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CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DU PERIMETRE IRRIGUE


Le contexte socio-économique est un aspect décisif dans la réussite d’un projet de REUT agricole.
Parmi les paramètres à considérer, on peut citer : type d’exploitant (Agriculteurs, SMVDA, OTD), taille
des exploitations (petite, moyenne, grande), mode de mise en valeur (directe ou indirecte), type
d’activité (principale ou secondaire), modèle d’exploitation (arboriculture, arboriculture + fourrage +
élevage, céréales, fourrage + élevage, industrielle).

Il est important d’étudier les performances des différents modèles d’exploitation. L’étude de tarification
des PPI EUT a présenté des estimations de performance en fonction des modèles d’exploitation
(DGGREE, 2018) et le présent rapport présente les résultats d’ACA pour 5 périmètres irrigués, ce qui
permet de discuter de la performance des différents modèles.

Dans le cadre du développement de la REUT agricole, ces analyses restent à consolider,


notamment en renseignant précisément les fiches technico-économiques des cultures à partir
des EUT et d’une façon général en développant le savoir-faire (manuels de vulgarisation) spécifique
à l’agriculture irriguée à partir des EUT.

Tableau 11-9 : Contexte socio-économique par périmètre irrigué enquêté


Périmètre Mode de
Type Taille des Type
irrigué mise en Modèle d’exploitation
d’exploitant exploitations d’activité
valeur

Petite (590 146 ha arbo ( dont


Souhil Agriculteurs agriculteurs Pour Directe Principale bigaradier) + 15 ha
302 ha) fourrages + 4 ha tabac

Petite (21 pour 40 Principale / Oliviers (30 ha) +


El Kdhirat Agriculteurs Directe
ha) secondaire fourrages (8 ha)

39 ha d’arbo + 17 ha
214 Mediouna Agriculteurs
Moyenne (22
pour 89 ha)
Directe
Principale /
secondaire
grandes cultures ( + 33
ha fourrages

30 ha d’arbo + 230 ha
Dhraâ Moyenne (37 Principale /
Agriculteurs Indirecte grandes cultures +
Tammar pour 380 ha) secondaire
70 ha fourrages

66 ha arbo + 2 ha
Petite (42 pour 70
Ouardanine Agriculteurs Directe Principale grandes cultures + 2 ha
ha)
fourrages

Petite (20 pour 50 Oliviers (21 ha) +


El Hamma Agriculteurs Directe Principale
ha) fourrage (37 ha)

Principale /
Meghzel Agriculteurs Directe 32 ha Oliviers
secondaire
Petite (103 pour
51 ha)
Principale /
Talbet Agriculteurs Directe 19 ha Oliviers
secondaire

Agriculteurs
Petite (80 pour 131 ha oliviers + 60 ha
Oued Essid (131 ha) + OTD Directe Principale
131 ha) fourrage (intercalaire)
(10 ha)

210 ha Oliviers + 30 ha
Petite (37 pour grandes cultures + 100
Aguila Agriculteurs Directe Principale
117 ha) ha fourrages en
intercalaire
Source : DGGREE, 2018

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ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX ET SANITAIRES DU PERIMETRE IRRIGUE


Les enjeux environnementaux doivent être intégrés aux enjeux financiers liés à la création d’un
périmètre irrigué à partir des EUT. En effet, au-delà de l’application des procédures (EIES à valider par
l’ANPE et un PGES à exécuter), un certain nombre de paramètres doivent être considérés dès l’amont
du projet pour évaluer sa pertinence d’un point de vue environnemental. Cela inclut l’étude des impacts
sur le milieu récepteur (mer dans des zones touristiques, barrage, nappe valorisée, zone écologique,
etc.), impacts sur le sol (salinité, MES, composés toxiques), impacts sur la santé (digestion, inhalation,
contact direct).

Les enquêtes sur le terrain ont souligné la nécessité de développer la prise en compte de
l’environnement et des aspects sanitaires lors du développement de la REUT agricole car un
certain nombre d’aspects ne sont pas considérés aujourd’hui.
 D’une façon générale, on note le manque d’analyses des impacts potentiels liés à l’utilisation
des EUT sur les sols dans les périmètres irrigués. En effet, si des analyses sont généralement
effectuées en amont de la création du périmètre, il n’y a généralement pas de suivi de la qualité
des sols pour étudier l’impact de la REUT sur la qualité des sols. L’état zéro (état de départ) est
absent pour évaluer les impacts.
 De la même façon, pour les enjeux sanitaires, il n’y a pour l’heure pas assez d’études
épidémiologiques permettant de dresser le bilan de l’impact de la REUT sur la santé
humaine (pour les usagers des ressources et les consommateurs finaux). Le contrôle et le suivi
sont assez diffus.
 Concernant le milieu récepteur, l’irrigation avec les eaux usées traitées permet aussi la recharge
des nappes. La campagne d’analyse réalisée en septembre 2017 au niveau de la nappe d’eau
souterraine de Sfax fournit quelques éléments sur l’impact potentiel des EUT utilisées pour
l’irrigation (DGRREE, 2017) sur les nappes sous-jacentes. Les résultats ont mis en évidence
la vulnérabilité de la nappe à la charge microbienne et à un élément métallique, le zinc. Il
est de plus à noter que les données disponibles actuellement ne rendent pas compte du fait que
les nappes réalimentées par les EUT utilisées pour l’agriculture peuvent ensuite être utilisées
pour l’alimentation en eau potable sur l’ensemble du pays. 215
GROUPEMENT DES AGRICULTEURS (GDA) ET TARIFICATION DE L’EAU
La performance de la gestion du périmètre est très liée au fonctionnement du GDA. La totalité des
périmètres irrigués enquêtés sont gérés par le GDA. Dans le système classique, l’ONAS livre l’eau
gratuitement à la sortie de la STEP et ensuite le pompage est pris en charge par le CRDA qui livre l’eau
au GDA.

C’est le GDA qui facture l’eau à l’exploitant et l’état de fonctionnement du GDA (sur la base de critères
objectifs comme le taux de recouvrement, la réparation des casses, la tenue de la comptabilité, la tenue
des Assemblées générales, etc.) peut être lié, dans une certaine mesure à la tarification.

Tableau 11-10 : Etat du GDA et tarification par périmètre irrigué enquêté


Périmètre irrigué Etat du GDA Tarification
60 millimes/m3 (défaillance des compteurs donc
Souhil bon
facturation forfait à l’heure)
El Kdhirat moyen 20 millimes/m3
Mediouna faible 20 millimes/m3 (faible recouvrement)
Dhraâ Tammar faible 20 millimes/m3 (faible recouvrement)
Ouardanine bon 200 DT/ha/an équivalent à 100 millimes/m3
El Hamma moyen 30 millimes / heure
Meghzel moyen
50 millimes/m3
Talbet moyen
1 DT 500 par heure (15l/s par heure) ce qui revient à
O. Essid bon
30 millimes/m3
Aguila bon 31 millimes/m3

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11.2.2.4 Complément aux périmètres irrigués enquêtés : enseignements des enquêtes des
périmètres irrigués de Borj Touil et El Hajeb
CARACTERISTIQUES DES STEP ALIMENTANT LES PERIMETRES IRRIGUES DE BORJ TOUIL ET EL
HAJEB
L’alimentation en EUT du périmètre irrigué de Borj Touil se fait à partir d’un bassin de régulation
collectant les EUT du canal Khelij. C’est dans ce canal que sont rejetées les EUT de 4 STEP de Tunis,
Charguia, Choutrana 1 et 2 et Côtière nord, avant d’être rejetées à la mer si elles ne sont pas réutilisées
pour le périmètre irrigué. Le débit d’entrée des STEP de Charguia, Choutrana 2 et Côtière nord est
régulé car les suppléments sont envoyés vers Choutrana 1 afin d’optimiser le rendement des trois
premières stations.

Charguia est la plus ancienne STEP de Tunis, elle a été construite en 1958. Les EUT produites sont
réutilisées pour de nombreux usages différents : le PPI de Borj Touil, les deux golfs de Tunis (Carthage
et Gammarth), les espaces verts de l’aéroport de Tunis ainsi que les espaces verts de la banque de
gènes et du CITET. Au total, environ un dixième des EUT produites sont réutilisées.

Choutrana 1 fait partie des STEP les plus importantes de Tunisie avec une capacité de nominale de
78 000 m3/j. Elle jouxte Choutrana 2 qui a été construite récemment (2016) pour traiter le volume d’EUB
croissant des trois autres STEP.

Pour le périmètre irrigué de El Hajeb, c’est la STEP de Sfax Sud qui produit les EUT. Elle a été
réhabilitée et étendue en 2006 pour passer de 24 000 m3/j à 49 500 m3/j actuellement. Une nouvelle
réhabilitation de cette STEP est actuellement en cours pour changer des équipements. En effet, l’enjeu
de qualité des EUT pour cette STEP est important car elle rejette les EUT qui ne sont pas utilisées pour
l’irrigation dans la mer par un canal de rejet.

216

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-11 : Caractéristiques des STEP alimentant les périmètres irrigués de Borj Touil et El Hajeb
Caractéristiques des STEPs STEP Charguia STEP Choutrana 1 STEP Choutrana 2 STEP Côtière Nord STEP Sfax Sud
Date de création 1958 1986 2016 1983
Eaux domestiques de la Eaux domestiques de la Eaux domestiques de la Eaux domestiques de la Eaux domestiques de la
ville de Tunis + ZI de ville de Tunis + eaux ville de Tunis ville de Tunis + eaux ville de Sfax + pressoir
Origine des EUB – industriels
Charguia (textile, agro- industrielles (textile…) industrielles (textile…) oléicole (margines)
raccordés
alimentaire, composants
électroniques…)
Transfert vers la STEP de Transfert vers la STEP de Transfert vers la STEP de
Gestion du trop plein
Choutrana 1 Choutrana 1 Choutrana 1
Population raccordée 400 000 EH 1 000 000 EH 400 000 EH 120 000 EH 530 000 EH
Boues activées à Boues activées à Boues activées à faible Lagunage aéré Boues activées à faible
Type de traitement moyenne charge moyenne charge charge (aération charge (aération
prolongée) prolongée)
Capacité nominale 60 000 m3/j 78 000 m3/j 40 000 m3/j 15 750 m3/j 49 500 m3/j
35 000 m3/j - 114 000 m 3/j – 41 000 m3/j- 21 000 m 3/j – 40 500 m3/j -
Débit journalier moyen et
maximum (2017)
44 000 m3/j 133 000 m3/j 46 000 m3/j 42 000 m3/j 64 000 m3/j 217
Volume d’EUT produit (2017) 10 720 000 m3 41 790 000 m3 15 000 000 m3 7 620 000 m3 14 770 000 m3
Boues envoyées à la Pas de valorisation des Boues envoyées à la Boues envoyées à la Pas de valorisation des
Valorisation des sous produits
STEP de Choutrana boues STEP de Choutrana 1 STEP de Choutrana 1 boues
Pas de travaux prévus Pas de réhabilitation de Pas de réhabilitation de Pas de réhabilitation de Réhabilitation et extension
Réhabilitations / Extensions prochainement prévue prochainement prévue prochainement prévue prochainement en 2006, nouvelle
réhabilitation en cours
Milieu de rejet Canal El Khalij puis mer Canal El Khalij puis mer Canal El Khalij puis mer Canal El Khalij puis mer Canal de rejet puis mer
Type de gestion ONAS ONAS ONAS ONAS ONAS
Golfs de Carthage et Périmètre irrigué de Borj Périmètre irrigué de Borj Périmètre irrigué de Borj Périmètre irrigué El
Gammarth, périmètres Touil Touil Touil Hajeb : 1 300 000 m3
Usages REUT et volume
irrigués de Borj Touil et de
réutilisé en 2017
la Soukra, espaces verts :
1 568 000 m3
Sources : (ONAS, 2017), (DGGREE, 2017)

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

CARACTERISTIQUES DE LA REUT AU NIVEAU DES PERIMETRES IRRIGUES DE BORJ TOUIL ET DE


EL HAJEB
Le périmètre irrigué de Borj Touil est aujourd’hui le plus grand périmètre irrigué avec des EUT de Tunisie
avec une surface aménagée de 3 145 ha, mais un taux d’intensification très faible de seulement 11 %.
Sa création à l’origine a permis de maîtriser la pression urbaine de la zone et de diminuer les rejets en
mer des effluents des STEP de Tunis.

Il est à noter sur ce périmètre irrigué le cas particulier du GDA de Sidi Amor. Le GDA a lancé en 2015
un projet pilote de traitement III en partenariat avec l’ONAS. L’idée est venue après un conflit avec le
CRDA de l’Ariana qui est advenu quand le réservoir des EUT de Borj Touil a débordé sur une parcelle
d’oliviers appartenant au GDA. Le projet pilote comprend des ouvrages de traitement III avec lits
végétalisés et des parcelles de démonstration.

Le périmètre irrigué d’El Hajeb, quant à lui, a été créé en 1988 à l’origine pour les parcelles de l’Office
des Terres Domaniales (OTD). Il a été étendu en 1995 et des privés ont pu alors commencer à en
bénéficier. Aujourd’hui, 452 sont aménagés et le taux d’intensification est de 52 %.

Le Tableau 11-12 résume les principales caractéristiques de périmètre irrigué de Borj Touil et El Hajeb.

Tableau 11-12 : Caractéristiques des périmètres irrigués de Borj Touil et El Hajeb


Caractéristiques Borj Touil El Hajeb
Origine du projet CRDA CRDA, à l’origine que pour
l’OTD
Système de Station de pompage 6 pompes de 420 L/s, HMT = 4 pompes de 240 L/s
transfert 125 m
Réservoir de mise 3 800 m3 Réservoir de régulation sur tour
en charge de 250 m3
218 Station de filtration Non Non
Prise en charge CRDA CRDA sauf pour l’entretien
(GDA) + 1 pompiste de l’OTD
Contexte physique Ressource conventionnelle : Ressource conventionnelle :
nappe très salée à cause des nappe de plus en plus salée
intrusions marines (2 à 6 g/L) et (2,8 à 4 g/L)
peu profonde
Contexte socio- Type d’exploitants Privés OTD (266 ha) + privés
économique
Taille des Petite : superficie moyenne de 2 grandes de plus de 50 ha, le
exploitations 15 ha reste petites exploitations entre
8 et 22 ha
Modèle d’exploitation 302 ha fourrages + 12 ha 190 ha fourrages + 43 ha
arboriculture oliviers
Système d’irrigation 100 % gravitaire amélioré 100 % gravitaire amélioré
Tarification Vente CRDA au GDA : 16 Vente CRDA au GDA : 16
millimes/m3 millimes/m3
Vente GDA aux agriculteurs : Vente GDA aux agriculteurs :
20 millimes/m3 20 millimes/m3

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.2.3 Analyse transversale de la REUT pour l’usage agricole


ENSEIGNEMENTS DES ENQUETES SUR LES ASPECTS SOCIAUX, ENVIRONNEMENTAUX ET
SANITAIRES
Afin d’étudier les points forts et les manques de la REUT pour l’usage agricole en Tunisie, des
indicateurs sanitaires, environnementaux et sociaux ont été définis et renseignés pour chacun des sites
étudiés, ainsi que pour les sites de Borj Touil et El Hajeb. Ces résultats sont présentés dans la Figure
11-3 ci-dessous.

Figure 11-3 : Analyse d’indicateurs sociaux, environnementaux et sanitaires pour les périmètres irrigués enquêtés

219

De façon globale, à l’échelle des périmètres irrigués, les éléments à retenir sont les suivants :
 Au niveau social, il est intéressant de noter que l’acceptabilité de la REUT n’est un problème au
niveau des exploitants agricoles que pour 3 des 12 périmètres irrigués considérés. Cela montre
que, malgré les réticences avant la mise en œuvre des périmètres irrigués avec les eaux usées
traitées, ces réticences disparaissent bien souvent avec le développement du projet. Cela a
souvent été souligné par les agriculteurs rencontrés : la meilleure façon pour diminuer la réticence
est de se rendre compte des bienfaits de l’irrigation avec les EUT (accès à une ressource
garantie, peu chère et qui permet d’augmenter les rendements, etc.).
Par ailleurs, on note que les trois périmètres irrigués ayant fait part de problèmes de réticences
pour la REUT ont aussi noté des problèmes au niveau de l’implication du GDA. Ainsi la
sensibilisation des agriculteurs semble facilitée par un GDA actif qui soutient l’initiative
de REUT.
Enfin, au niveau social, on note que la vente des produits a rarement été citée comme étant
problématique. La garantie pour un agriculteur de vendre facilement ses produits est un facteur
essentiels pour qu’il accepte d’utiliser les EUT. Pour cela, le choix des cultures irriguées et le
modèle d’exploitation sont déterminants. Ces aspects sont détaillés dans le paragraphe ci-
dessous sur les aspects relatifs à l’écoulement des produits agricoles et à leur valorisation.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

 Au niveau environnemental, on note qu’il n’y a pas de suivi régulier pour les sols et les eaux
souterraines. Il y a eu la campagne de l’ANSCEP en 2015, mais on ne peut pas parler de suivi
régulier. Ainsi, bien qu’il n’y ait pas de problèmes environnementaux récurrents constatés par les
agriculteurs, on note un manque de connaissance général qui ne permet pas d’avoir une vision
complète des problèmes environnementaux potentiels.
En effet, la constatation de problèmes environnementaux par les agriculteurs se fait souvent sur
la base d’observations directes : couleur de l’eau, odeur, développement d’algues, etc. En
revanche, tous les problèmes environnementaux n’ayant pas d’incidence visibles ne peuvent pas
être appréciés par les agriculteurs.
Outre les problèmes de qualité de l’eau, il est aussi important pour l’agriculteur d’avoir une
meilleure connaissance de la composition des EUT qu’il utilise afin d’adapter sa stratégie de
fertilisation et éviter les risques de pollution azotée et phosphatée dus à un excès d’apports
nutritifs.
 Au niveau sanitaire, on note, globalement, un manque de connaissance des risques sanitaires
qui se traduit bien souvent en un manque d’application des principes de précaution et en une
exposition aux EUT. Cela est à mettre en lien avec l’invisibilité d’une grande partie des problèmes
liés à la qualité de l’eau : le problème n’est pas visible et sans sensibilisation adéquate, les
agriculteurs ne se protègent pas correctement. Un autre problème soulevé concerne la rotation
fréquente des effectifs et la difficulté de valoriser sur le long terme les campagnes de
sensibilisation. Ainsi, ce manque de connaissances augmente l’exposition des agriculteurs aux
EUT.
Concernant la vaccination, on note globalement une insuffisance de vaccination au niveau des
agriculteurs, ce qui augmente leur vulnérabilité aux problèmes potentiels de qualité de l’eau.

ENSEIGNEMENTS DES ENQUETES SUR LES ASPECTS RELATIFS A L’ECOULEMENT DES


PRODUITS AGRICOLES ET A LEUR VALORISATION
Les enquêtes ont permis d’illustrer la variété des profils d’exploitants et des systèmes culturaux mis en
place dans les périmètres irrigués avec des EUT. On peut souligner plusieurs cas avec des
220 problématiques différentes :
 Les périmètres arboricoles diversifiés (cas de Ouardanine, Souhil, Aguila) : les produits de
ces périmètres présentent comme avantages d’avoir une bonne valeur ajoutée, d’être variés et
de s’écouler facilement sur le marché local et national (oranges, amandes, figues etc.) mais aussi
à l’export (essence de Néroli utilisée dans la parfumerie, provenant des fleurs de bigaradiers).
Ces types de productions demandent néanmoins une bonne technicité de la part des agriculteurs.
De plus, ces périmètres se trouvent au niveau de régions maraîchères (Cap Bon, Monastir). Les
agriculteurs sont donc fortement demandeurs pour pouvoir irriguer des produits maraîchers avec
les EUT et vendre des produits à plus haute valeur ajoutée. Dans le cas de Aguila à Gafsa, les
agriculteurs ont aussi exprimé leur volonté de produire des piments et des fèves avec les EUT.
 Les périmètres oléicoles dans des zones n’ayant pas accès à d’autres ressources en eau
(cas de El Kdhirat, El Hamma, Talbet/Meghzel, Oued Essid) : pour ces périmètres, les oliviers
sont souvent cultivés avec des fourrages d’hiver en intercalaire quand la quantité d’EUT fournie
le permet. C’est plutôt une agriculture semi-intensive qui est pratiquée avec irrigation d’appoint
des oliviers, moins rentable que les périmètres énoncés précédemment et qui demande des gros
investissements. Cependant, les agriculteurs demandent à étendre ces périmètres qui permettent
d’augmenter les rendements des oliviers et de développer l’élevage localement grâce à une
production de fourrages qui ne serait pas envisageable dans ces régions sans irrigation. Ils n’ont
pas exprimé de difficultés pour écouler leurs produits car les olives sont utilisées, soit pour de la
consommation familiale, soit pour la transformation en huile d’olive au niveau local. Il y a pu avoir
quelques réticences des consommateurs au début de l’irrigation par les EUT mais la confiance
dans les produits arrive avec le temps, lorsqu’il n’y a pas de problème sanitaire noté à la suite de
leur consommation. Pour les fourrages, ils sont consommés sur l’exploitation et le surplus est
vendu. Dans ce dernier cas, les fourrages manquent dans ces régions et il n’y a donc pas de
réticence particulière de la part des acheteurs.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

 Les périmètres céréaliers et fourragers, voire oléicoles, dans des régions plus humides
(cas de Dhraa Thamar, Mediouna, Borj Touil) : ces périmètres sont ceux qui rencontrent le plus
de difficultés à écouler leurs produits sur les marchés locaux et à être rentables financièrement.
L’assolement associant cultures céréalières et fourragères n’est pas celui valorisant le mieux
l’eau d’irrigation. Celle-ci est alors un complément à l’eau pluviale, contrairement aux régions plus
sèches où c’est la pluie qui vient compléter l’irrigation. L’intensification au niveau de ces
périmètres est faible et les cultures ont peu de valeur ajoutée. Les exploitants sont pour beaucoup
des petits agriculteurs ne pouvant pas investir pour mettre en place des oliviers ou d’autres
espèces arboricoles, et cela malgré les aides de l’Etat. Les consommateurs, quant à eux, ont le
choix dans ces régions avec des produits irrigués avec des eaux conventionnelles. Quand ils
connaissent les périmètres irrigués avec des EUT, les réticences sont plus grandes pour acheter
leurs produits.

Il y a donc un travail important à réaliser sur les modèles d’exploitation, qui sont à adapter en fonction
de la situation socio-économique et le contexte physique de la zone du projet de périmètre irrigué.
Plusieurs pistes sont à creuser dans la suite de ce plan directeur pour assurer un modèle d’exploitation
agricole durable et un écoulement des produits :
 Diversifier les cultures arboricoles (orangers, grenadiers, amandiers, figuiers, pistachiers,
bigaradiers, etc.) quand le contexte pédologique de la région et le type d’exploitation (agriculture
comme activité principale) sont adéquats, est une bonne stratégie pour vendre des produits à
haute valeur ajoutée. Des fourrages peuvent aussi être cultivés en intercalaire pour valoriser l’eau
pendant l’hiver. Dans ce cas-là, les structures encadrant les agriculteurs doivent être dynamiques
pour pouvoir les former. De plus, l’approvisionnement en EUT doit être sécurisé pour ne pas que
ces cultures, plus sensibles au manque d’eau que des oliviers, pâtissent des problèmes
techniques pouvant être rencontrés.
 Un système fourrager pour intensifier l’élevage peut aussi être envisagé vue la disponibilité
des EUT tout au long de l’année. Ce système demande moins d’investissements que la plantation
d’arbres et peut être plus adapté à des petits agriculteurs. Des transformations au niveau des
exploitations pourraient aussi être envisagées pour encore mieux valoriser les produits
(transformation fromagère par exemple).
 Il est intéressant de s’orienter vers une agriculture semi-intensive (avec irrigation d’appoint
221
des oliviers), sur des grandes superficies dans des zones où l’accès aux eaux conventionnelles
est limité. La culture du fourrage en intercalaire peut être envisagée. A priori, la rentabilité serait
plus faible au niveau du périmètre (investissement important pour une intensification moyenne),
mais le projet permet de faire profiter de l’irrigation à un grand nombre d’agriculteurs et de
sauvegarder l’activité agricole dans ces zones. Cela est aussi adapté pour des exploitants dont
l’agriculture n’est pas l’activité principale.
 Sur le long terme, avec l’amélioration des techniques de traitement et l’emploi de techniques
d’irrigation adaptée, la liste des cultures pouvant être irriguées avec des EUT pourrait être
moins restrictive, au cas par cas. Cela permettrait de substituer les eaux conventionnelles de
certains périmètres irrigués dans les zones maraîchères par des EUT et ainsi améliorer le bilan
en eau global du pays tout en permettant aux agriculteurs de cultiver des produits à plus haute
valeur ajoutée. La recharge de nappe avec des EUT serait aussi une piste pour permettre la
valorisation de ces eaux dans des cultures maraîchères en limitant les risques sanitaires.

Les décisions sur les modèles d’exploitation à adopter devront être réfléchies en lien direct avec les
agriculteurs concernés. Il sera aussi nécessaire d’aligner les propositions avec les orientations
nationales pour l’agriculture. Ainsi, les choix qui devront être pris en termes de production agricole
concerneront le plan de cultures à encourager par rapport à la stratégie adoptée. Est-ce que le choix
sera d’aller vers les cultures exportatrices (oliviers, agrumes, arboriculture diverse) ? Vers des cultures
contribuant à l’autosuffisance (céréales, huiles végétales, fourrages) ? Vers des cultures répondant à
des besoins particuliers (cultures industrielles comme le coton, production de bois) ? Ou vers le potentiel
réel de chaque territoire pour valoriser ses atouts ?

11.2.4 Regard sur la REUT pour l’irrigation agricole dans d’autres pays
En préalable, il est important de noter qu’au niveau des pays méditerranéens, les expériences récentes
mettent en évidence les constatations suivantes :

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

 Les pays réutilisant le plus les EUT (eaux usées traitées réutilisées /eaux usées traitées) sont
Israël (environ 350 Mm3 sur 450 Mm3) et la Jordanie (150 Mm3 sur 160 Mm3).
 Certaines régions de l’Espagne ont aussi des performances élevées en taux de réutilisation.
 Il est important de noter l’expérience de l’Egypte en pleine expansion, notamment avec une
expérience intéressante de reboisement et de lutte contre la désertification.
 Enfin, certains pays en dehors de la zone méditerranéenne ont une expérience intéressante et
originale au niveau international (en termes de GIRE et de réutilisation indirecte en eau potable).
Cette expérience a été traitée au niveau du rapport 2 de l’étude « Ministère de l'agriculture, des
ressources hydrauliques et de la pêche, ONAS, Ministère de la santé. Etude préalable à un plan
national « REUT pour la Tunisie » - 7 livrables – Février 2018 » et a concerné trois cas :
Singapour, Sidney (Australie) et l’état de Californie.

Concernant la réutilisation agricole, il est intéressant d’exposer les expériences de la Jordanie, d’Israël
et de certaines régions d’Espagne.

EXPERIENCE DE LA JORDANIE
En Jordanie, pays avec de forts déficits hydriques, la REUT est depuis longtemps intégrée comme un
levier pour la gestion des ressources en eaux sur le long terme. La REUT est une alternative à la
désalinisation et aux transferts d’eau très couteux. La Jordanie réutilise jusqu’à 80% de ses EUT. Toutes
les EUT collectées dans les deux villes majeures (Amman et Zarqa) sont mélangées avec de l’eau
douce (King Talal réservoir) et utilisées pour l’irrigation sans restriction dans la vallée du Jourdan.

Les normes appliquées en Jordanie sont adaptées en fonction de l’usage et tiennent compte des
recommandations formulées par l’OMS. Il y a ainsi quatre domaines avec des seuils déterminés, ainsi
que des efforts importants réalisés pour améliorer la qualité des EUT. Le tableau ci-dessous présente
les différentes normes pour quelques paramètres en fonction des quatre groupes d’usage déterminés.

Tableau 11-13 : normes de réutilisation agricole appliquées en Jordanie


222
Groupe C-
Groupe A- végétaux Groupe B- Arbres
Cultures Groupe D-
cuits, terrains de fruitiers, aménagement
Paramètre Unité industrielles, fleurs
jeux, bas cotés des paysager des
arbres coupées
routes en villes autoroutes
forestiers
DCO Mg/l 50 200 300 15
DBO5 Mg/l 30 200 300 30
Eschericha MPN/100 100 1000 - <1.1
coli cm3
helminthes Œuf/l <1 <1 <1 <1
Mercure Mg/l 0.02 0.02 0.02 0.02

Les expériences en Jordanie révèlent que des actions menées dans un cadre légal doivent être
supportées par des campagnes de sensibilisation. Le public doit aussi être impliqué dans le processus
de REUT pour assurer son adhésion et pour réduire l’utilisation d’eaux usées non contrôlée.
(Condom et al. 2017).

Les points forts de la réutilisation des EUT en Jordanie sont les suivants :
 Gestion intégrée des eaux usées et des STEP,
 Stations d’épuration nouvellement mises à niveau pour garantir la qualité des eaux produites
(Kherba As Samra, Shallala, Amman Sud, etc.) et stations presque complètement
énergiquement autonomes,
 Contrôle rigoureux de la qualité des eaux (auto contrôle, contrôle par les services sanitaires),
 Différents usages des eaux de STEP (usage agricole, usage industriel, aménagement paysager,
recharge des nappes),
 Contractualisation avec les bénéficiaires (contrats avec les associations d’irrigants, paiement
à l’avance),

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

 Demande importante des agriculteurs pour les eaux épurées,


 Réseau dense de distribution des eaux épurées (barrage, canal, conduites, pompes, etc.),
 Coût très avantageux de vente des eaux épurées,
 Suivi scientifique régulier au profit des bénéficiaires,
 Pays exportateur de différents produits agricoles,
 Rendements élevés de production des fourrages qui étaient importés.

EXPERIENCE D’ISRAEL
Dans les années 1950, le pays souffre d’un manque d’eau croissant du fait d’un bilan hydrique
défavorable entre une ressource en eau limitée et essentiellement localisée au Nord et une demande
croissante (localisée au centre et au Sud du pays). Ainsi, sous l’effet de la croissance démographique
et des besoins en irrigation du coton, les autorités israéliennes ont mis en œuvre un double programme
de modernisation de l’irrigation et de recherche de nouvelles ressources (eau dessalée et eaux usées
traitées).

Concernant le dessalement, les études pilotes ont porté sur le dessalement d’eaux saumâtres, puis
d’eau de mer à partir des années 1980. Les fortes sécheresses de 1998/99 ont fait prendre conscience
de l’importance stratégique du dessalement pour sécuriser une ressource de qualité.

Sur le volet de la réutilisation des eaux, dans les années 1970, la compétition sur la ressource entre les
usages domestiques grandissant et les besoins d’irrigation ainsi que le développement d’une épidémie
de choléra provoquée par la consommation de légumes irrigués avec des eaux usées brutes ont conduit
à:
 l’élaboration de programmes d’assainissement combinant traitement et réutilisation
comme ce fût le cas pour le projet de Shafdan consistant en un système de traitement (boue
activée combinée à une infiltration des eaux dans l’aquifère) et le projet de Kishon (voir encadré
ci-dessous) ;
 la mise en place d’une législation ad hoc. 223
Dans les années 1990, les exigences de qualité se sont accrues et la perception de la réutilisation a
évolué :
 du fait de la modernisation de l’irrigation et de la crise touchant le coton, l’agriculture, réorientée
vers des productions à haute valeur ajoutée, est devenue plus exigeante en termes de qualité de
la ressource ;
 les restrictions d’irrigation résultant d’épisodes de sécheresse ont fait évoluer les mentalités
des agriculteurs voyant dans la REUT la possibilité de sécuriser leur approvisionnement en eau ;
 les pratiques d’irrigation par des eaux usées brutes n’ont plus été acceptées.

Les acteurs ont ainsi élaboré des stratégies de généralisation de l’assainissement et de la REUT en
intégrant leurs dimensions techniques, réglementaires (nouvelles réglementations) et sociales.

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Utilisation du sol comme traitement pour la réutilisation indirecte


Le projet de la région de Dan en Israël intègre :
 La collecte et le traitement des eaux usées de la région métropolitaine de Tel-Aviv et de plusieurs
autres municipalités voisines (population totale d'environ 1,3 million d’habitants avec un débit
moyen d'eaux usées municipales de 270 000 m3/jour),
 La recharge des eaux souterraines et,
 Le pompage des eaux souterraines pour une REUT indirecte.
100% des eaux usées de la région métropolitaine de Tel-Aviv sont traitées et réutilisées pour
l'agriculture et les travaux publics. La méthode spécifique de recharge-pompage pour la REUT indirecte
inclut un traitement par l'aquifère du sol (TAS). Cette méthode consiste en une alimentation séquentielle
des bassins d’infiltration (bassins d’étalement) et en un passage contrôlé d'effluent à travers la zone
insaturée et l'aquifère, principalement à des fins d'épuration, ainsi que pour le stockage saisonnier et
pluriannuel. L'opération de recharge s'effectue au moyen de bassins d'étalement qui entourent des puits
de récupération adéquatement espacés (pompage d'eau pour réutilisation indirecte) permettant de
séparer la zone rechargée du reste de l'aquifère.
Le suivi de la qualité de l'eau dans la zone de recharge est exhaustif et permet d’assurer une grande
variété d'utilisations, en particulier pour l'irrigation agricole sans restriction (y compris l'irrigation des
légumes à manger crus et l'abreuvement du bétail) (Kanarek Et al., 1996). La qualité est également
appropriée pour les utilisations industrielles, les utilisations municipales et les utilisations récréatives.

EXPERIENCE DE LA REGION DE MURCIE EN ESPAGNE


La « Junta Central de Usuarios regantes del Segura » est une Communauté d’irrigants qui, en
collaboration avec l'Administration publique de l'eau, gère l'eau d'irrigation sur 88 000 hectares répartis
sur les régions espagnoles de Murcie, Albacete, l'Andalousie et Valence. Elle défend les droits
d'utilisation de l'eau d'irrigation pour plus de 100 000 agriculteurs.
Dans la région de Murcie, 110 Mm3 d’eau sont recyclés et réutilisés chaque année, représentant
224 ainsi 20% du volume d’eau utilisé sur le territoire. Le nombre d'installations REUT est estimé à
environ 100 pour un investissement de 635 millions € ; la moitié d'entre elles sont petites pour atteindre
toute la population régionale. On considère qu’une installation de REUT est composée de l’ensemble :
système STEP, traitement tertiaire, réseau, usage(s).
Il est important de noter que tous les citoyens financent le secteur des eaux non conventionnelles
pour prendre en charge les coûts d’exploitation (40 M €/an) avec une taxe spéciale qui est payée
sur la facture d'eau.

11.2.5 Synthèse des contraintes au développement de l’irrigation agricole avec des


EUT et recommandations
SYNTHESE DES POINTS FORTS ET DES CONTRAINTES
A partir des enquêtes de terrain, il est possible de proposer une hiérarchisation des contraintes liées à
la REUT pour l’usage agricole :
 Contraintes majeures : ce sont des défaillances insurmontables qui causent systématiquement
l’échec du projet,
 Contraintes importantes : ces contraintes représentent un grand risque qui nécessite soit des
moyens importants pour minimiser les risques d’échec, soit de fortes concertations entre les
acteurs,
 Contraintes mineures : elles représentent un faible risque qui peut être maîtrisé si certaines
précautions sont prises.

Le tableau suivant synthétise et hiérarchise ces différentes contraintes en citant les périmètres irrigués
enquêtés où elles ont été citées par les agriculteurs et les CRDA. Outre les contraintes, le tableau
indique aussi les atouts de la REUT agricole en Tunisie qui ont permis un bon développement de
certains projets d’irrigation.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-14 : Hiérarchisation des contraintes au développement des périmètres irrigués avec des EUT
Niveau de Type de contraintes par aspects Exemple de périmètres
contrainte irrigués concernés
Contraintes Aspects environnementaux :
majeures
 Présence d’une eau conventionnelle fiable en concurrence. Borj Touil

 Conditions physiques et climatiques peu valorisantes pour l’irrigation avec les Dhraa Tammar
EUT
Aspects socio-économiques :
 Contexte socio-économique et modèle d’exploitation : faible valeur ajoutée de Mediouna, Borj Touil, Dhraa
l’utilisation des EUT (système fourrager par exemple) Tammar
 Caractéristiques de l’exploitant : les petits agriculteurs traditionnels avec une Mediouna, Dhraa Tammar
production familiale ou les propriétaires terriens ayant une autre activité ne sont
pas toujours intéressés par une intensification de leur production par l’irrigation
(investissements nécessaires trop importants même avec les subventions)
Aspects techniques : Ouljet El Khoder, Borj Touil
 Qualité des EUT très médiocre (salinité très élevée, métaux lourds, risques 225
parasitologiques élevés, arrêt de l’irrigation par les autorités)
Contraintes Aspects techniques :
modérées
 Qualité des EUT médiocre (risques ponctuels au niveau parasitologique, MES Aguila, Oued Essid,
élevées et colmatage des équipements) et visible pour les agriculteurs (couleur, Talbet/Meghzel, El Hajeb,
odeur) Ouardanine, Mediouna
 Manque de continuité dans l’approvisionnement en EUT quand problèmes Dhraa Tammar,
techniques au niveau de la STEP ou de la distribution Talbet/Meghzel, El Kdhirat,
Oued Essid
 Manque de gestion de l’offre en EUT par rapport aux besoins car pas assez de Borj Touil, El Kdhirat
stockage (en période estivale notamment)
Aspects économiques :
 Tarification des EUT trop faible qui ne permet pas de prendre en charge les Tous les périmètres irrigués
différents frais, frais d’énergie pour les stations de pompage et la maintenance sauf Ouardanine
des filtres trop élevés, faillite de certains GDA
Aspects institutionnels :
 Absence de garantie du fournisseur en quantité et en qualité, manque de Tous les périmètres irrigués,
confiance et de communication entre ONAS et CRDA surtout Ouljet El Khoder

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Niveau de Type de contraintes par aspects Exemple de périmètres


contrainte irrigués concernés
 Faibles structures de certains GDA, peu de connaissances concernant la REUT Dhraa Tammar, Mediouna
 Temps de réaction trop long entre analyses et communication des résultats pour Tous les périmètres irrigués
arrêt de l’irrigation, pas de procédures fiables en cas de pollution accidentelle
Aspects sociaux :
 Craintes fortes vis-à-vis de l’utilisation des EUT après une mauvaise expérience Mornag
(qualité très médiocre, gros problèmes techniques donc perte de production sur
plusieurs années, investissements non rentabilisés, etc.)
Contraintes Aspects sanitaires :
mineures
 Peu de sensibilisation au niveau sanitaire, peu de conscience des agriculteurs Tous les périmètres irrigués
des risques, donc manque d’application du cahier des charges car jugé trop
contraignant (port des bottes, gants en été, irrigation de produits maraîchers à
partir de puits de surface présents dans le périmètre irrigué avec des EUT, etc.).
Difficulté de former et sensibiliser toute la main d’œuvre agricole, notamment les
saisonniers ou les aides familiales
Aspects réglementaires :
 Restriction des cultures à haute valeur ajoutée (maraîchage) dans les zones où Borj Touil, Mediouna, Souhil
226 l’arboriculture n’est pas envisageable (investissements trop importants, contexte
physique non favorable, etc.)
Aspects fonciers :
 Difficultés pour l’extension de certains périmètres irrigués car concurrence avec Borj Touil, El Kdhirat
l’urbanisation ou problèmes fonciers à acquérir les terrains voisins
Aspects institutionnels :
 Manque d’indicateurs pour le suivi annuel des périmètres irrigués afin de bien Tous les périmètres irrigués
évaluer leur performance (valeur ajoutée par m3, consommation par ha,
performance du GDA, continuité du service, etc.) et variabilité des données pour
les indicateurs existants en fonction des sources (superficie irriguée/irrigable,
taux d’intensification, volume consommé en m3, etc.)
 Fréquence des contrôles pas toujours respectée au niveau des CRDA car El Hamma, Mediouna
manque de moyens et manque d’homogénéité une année sur l’autre dans les
résultats (lieux de prélèvements, etc.)
 Manque d’organisation claire et juste dans les tours d’eau entre agriculteurs El Hajeb, Oued Essid
Aspects techniques :
 Problèmes de qualité des EUT mineurs et ponctuels (DCO, DBO5, MES, etc.) Souhil, El Hamma

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Niveau de Type de contraintes par aspects Exemple de périmètres


contrainte irrigués concernés
 Dégradation de la qualité des EUT dans les zones de stockage et pendant le Tous les périmètres irrigués
transport
 Choix du système d’irrigation pas toujours adapté pour une irrigation avec des Talbet/Meghzel, Oued Essid,
EUT, problèmes d’entretien et de maintenance des équipements (colmatage) ou Mediouna
des risques sur la santé (stagnation, aérosols)
 Manque de gestion des intrants (contrôle de la quantité d’azote dans les EUT) et Tous les périmètres irrigués
de la salinité, pas de stratégie de fertilisation
 Filtres pour le traitement III parfois évités par les agriculteurs car les filtres Aguila, El Kdhirat
perturbent le fonctionnement hydraulique et diminuent le débit
 Compteurs d’eau pas assez précis, décalage entre volume facturé et volume Oued Essid, El Kdhirat
réellement consommé
 Installation d’équipements (filtres à sable, etc.) mais manque de compétences Mediouna
pour l’utilisation
Aspects environnementaux :
 Peu de suivis des impacts sur les nappes, les sols (notamment salinisation, Tous les périmètres irrigués
accumulation des ETM) et les produits agricoles
227
Aspects économiques :
 Quelques difficultés dans la commercialisation des produits, manque de El Hamma, Mediouna
confiance des consommateurs quand ils connaissent la provenance
Atouts au Aspects sociaux :
développement
 Volonté forte de beaucoup d’agriculteurs d’utiliser les EUT malgré les contraintes El Kdhirat, El Hamma, Aguila,
existantes, demandes d’extension de certains périmètres irrigués à d’autres Ouljet El Khoder
bénéficiaires
 Importance des petits sites pilotes bien gérés pour convaincre les agriculteurs Ouardanine, Borj Touil (GDA
riverains, sensibilisation efficace via des visites de sites Sidi Amor)
Aspects environnementaux :
 Dans certaines régions, pas d’autres ressources en eau disponibles Aguila, Talbet/Meghzel, El
Hamma, Ouljet El Khoder
 Potentiel fertilisant des EUT Tous les périmètres irrigués
Aspects économiques :
 Augmentation importante des rendements avec l’irrigation avec des EUT (au Tous les périmètres irrigués
moins le double et, selon les agriculteurs, rendements jusqu’ à 6 fois supérieurs
par rapport à l’agriculture pluviale)

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Niveau de Type de contraintes par aspects Exemple de périmètres


contrainte irrigués concernés
 Diversification des cultures, développement d’une arboriculture à haute valeur Ouardanine, Souhil, Aguila
ajoutée quand le contexte physique le permet. Certains modèles d’exploitation
sont bien adaptés au système : arboriculture + fourrages.
Aspects techniques :
 EUT produites en quantités suffisantes pour alimenter le périmètre irrigué tout au Ouardanine, El Hamma,
long de l’année Aguila
 Irrigation localisée efficace quand bonne maîtrise du système (moins de risques Ouardanine, Meghzel, Souhil
sanitaires et économies d’eau)

228

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Les périmètres irrigués concernés par les contraintes majeures sont les projets enquêtés les plus en
échec, avec des taux d’intensification faibles voire avec des arrêts de l’irrigation lors de l’enquête (Ouljet
El Khoder, Mediouna, Dhraa Tammar, Borj Touil). Il est intéressant de noter que la qualité de l’eau
est un facteur important mais pas forcément le plus limitant. En effet, quand les EUT sont la seule
ressource en eau disponible, les agriculteurs sont prêts à l’utiliser malgré la qualité très médiocre
(exemple du périmètre irrigué d’Aguila à Gafsa). De plus, si le contexte socio-économique n’est pas
favorable et que les agriculteurs n’expriment pas le besoin d’irriguer au vu du modèle de leur exploitation
et de leurs compétences, la qualité des EUT peut être bonne, cela ne suffira pas à promettre la réussite
du projet. C’est l’exemple du périmètre irrigué de Dhraa Tammar à Kairouan où un traitement III poussé
existe au niveau de la STEP mais le taux d’intensification reste faible. Cependant, la qualité très
médiocre des EUT peut être un facteur limitant dans le cas où il existe une autre ressource
conventionnelle disponible, même si celle-ci est plus chère que les EUT (cas du périmètre irrigué de
Borj Touil).

RECOMMANDATIONS

La diversité des situations des périmètres irrigués sur l’ensemble du territoire montre la nécessité
d’une approche intégrée prenant en compte tous les aspects de la REUT (techniques,
économiques, institutionnels, réglementaires, sanitaires, sociaux, environnementaux, etc.). La
planification du projet impliquant directement les agriculteurs est aussi essentielle.

Les aspects ne pouvant être négligés lors de la conception des projets afin de garantir leur réussite
sont particulièrement :
 la balance entre l’offre en eau conventionnelle et la demande en eau agricole du territoire
concerné ;
 les aspects quantitatifs et qualitatifs de la ressource en EUT disponible et la compatibilité avec
les besoins pour l’agriculture ;
 le contexte socio-économique des exploitations agricoles qui vont être concernées par le 229
périmètre irrigué (caractéristiques des exploitants, modèle d’exploitation…).

Par ailleurs, l’expérience internationale permet d’apporter quelques compléments à ces


recommandations :
 La nécessité de développer une réglementation adaptée aux différents usages visés,
 L’amélioration de l’évaluation des risques, en cherchant à réduire le risque à faible coût,
 Le renforcement des capacités des intervenants à tous les niveaux,
 Le renforcement des campagnes de sensibilisation et de communication,
 L’amélioration des performances techniques sur le long terme, notamment en termes de
technologies complémentaires de traitement, du stockage, de la gestion de l’eau dans des
grands réservoirs, du mélange des eaux,
 Sur le plan économique et financier, la nécessité de s’approcher des coûts réels et surtout
de monter des modèles équitables et justes, tout en restant incitatifs.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.3 IRRIGATION DES GOLFS ET DES ESPACES VERTS : DES QUALITES D’EFFLUENTS ET
DES PRATIQUES A AMELIORER POUR RENFORCER LA SECURITE DU PUBLIC ET LA
FILIERE

11.3.1 Description générale du secteur et place de la REUT


Après l’agriculture, le secteur réutilisant le plus les EUT est le secteur touristique pour l’irrigation des
golfs mais aussi des espaces verts.

11.3.1.1 Irrigation des golfs


Le premier golf créé en Tunisie est le Golf de Carthage, à la Soukra, en 1927. A sa création, ce golf
n’était pas irrigué et ne possédait pas d’espaces engazonnés. L’irrigation des golfs avec les EUT a
commencé avec le golf d’El Kantaoui à Sousse, qui a été ouvert au public en 1979. Tous les golfs
réalisés par la suite ont été conçus pour être irrigués avec des EUT.

Depuis les années 1990, il y a eu une volonté de développer le tourisme golfique en Tunisie à travers
l’Agence Foncière Touristique (AFT) qui est chargée de la maîtrise foncière des terrains nécessaires
aux nouveaux parcours de golf. L’AFT a réalisé deux parcours (Flamingo à Monastir en 1988 et Yasmine
à Hammamet en 1990) et a rénové le Golf de Carthage en 1993 pour mettre en place le système
d’irrigation avec les EUT. Ces trois golfs sont aujourd’hui gérés par des sociétés publiques sous tutelle
du Ministère du Tourisme et de l’Artisanat.

Aujourd’hui (2019), la Tunisie compte 10 golfs à travers le pays listés dans le Tableau 11-15 et
présentés au début de ce chapitre. Ils sont tous à proximité du littoral, sauf le golf de Tozeur. La stratégie
du Ministère du Tourisme et de l’Artisanat est de continuer le développement du golf en Tunisie en
230 créant 17 nouveaux parcours d’ici 2050. L’objectif est de diversifier l’offre touristique du pays
notamment en hiver quand le tourisme balnéaire est faible. Les golfs permettent aussi de rendre une
zone touristique plus attractive et donc d’avoir un impact économique indirect sur les hôtels et les autres
structures touristiques riveraines.

Tableau 11-15 : Liste des golfs en Tunisie


Date de Superficie Superficie
Gouvernorat Nom du golf Gestion
construction totale (ha) irriguée (ha)

Golf de Carthage 1927 30 18 Publique


Tunis
Golf de Gammarth 2008 130 60 Privée
Sousse Sousse El Kantaoui 1979 130 110 Privée
Golf de Flamingo 1988 80 60 Publique
Monastir
Golf Palm Lynks 1994 80 50 Privée
Golf de Yasmine 1990 80 45 Publique
Nabeul
Golf Citrus 1992 170 90 Privée
Tabarka Golf de Tabarka 1992 110 45 Privée
Médenine Djerba Midoune 1995 120 44 Privée
Tozeur Golf de Tozeur 2006 150 90 Privée
Source : (DGGREE, 2017)

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

En ce qui concerne la REUT, 8 STEP alimentent les 10 golfs. En 2017, le volume d’EUT réutilisé était
de 6,5 Mm3 pour l’irrigation d’environ 1 000 ha de parcours. Le Tableau 11-16 donne les volumes
réutilisés pour chaque golf.

Tableau 11-16 : Volumes d’EUT réutilisés par golf


Gouvernorat Nom du Golf Nom de la STEP Volume d’EUT réutilisé (m3/an)
Golf de Carthage
Tunis Charguia 640 000
Golf de Gammarth
Sousse Sousse El Kantaoui Sousse Nord 2 200 000
Golf de Flamingo El Frina 370 000
Monastir
Golf Palm Lynks Sahline 1 280 000
Golf de Yasmine
Nabeul SE1 590 000
Golf Citrus
Tabarka Golf de Tabarka Tabarka 1 000 000
Médenine Djerba Midoune Sidi Mehraz 440 000
Tozeur Golf de Tozeur Tozeur 057
Volume total 6 500 000
Pourcentage par rapport au volume d’EUT réutilisé 29 %
Pourcentage par rapport à la totalité du volume d’EUT produit 2,5 %
Source : (ONAS, 2017)

Il n’y a pas de cadre réglementaire élaboré spécialement pour l’irrigation des golfs avec les EUT,
ni de cadre institutionnel clairement défini. En pratique, concernant les normes, les valeurs utilisées
aujourd’hui sont celles de la norme NT 106.03. Par ailleurs, on l’a vu, il existe un cahier des charges
relatif à la production et à l’utilisation de l’eau provenant des ressources hydrauliques non
conventionnelles (approuvé par décret N°2006-2112 du 31 juillet 2006). Ce décret donne quelques
indications sur les modalités de mise en œuvre de la REUT mais donne peu de précisions sur les
mesures que doit mettre en place le producteur/utilisateur pour limiter les risques sanitaires et 231
environnementaux.

Malgré ces manques, lors de la création des golfs, quelques mesures ont été prévues pour éviter les
risques sanitaires. Ces mesures concernaient (source : APS Flamingo) :
 La mise en place d’une désinfection à l’aide de bassins de maturation pour améliorer la qualité
microbiologique des EUT. Pour tous les golfs, des lacs se stockage ont donc été créés sur les
sites pour effectuer ce traitement complémentaire et stocker les EUT avant leur utilisation. La
capacité de stockage varie entre 25 000 et 40 000 m3 ce qui assure un temps de séjour entre 10
et 20 jours.
 L’irrigation se faisant par aspersion, elle doit se faire pendant la nuit avec des asperseurs à
faible portée lorsqu’il n’y a pas de clients sur le parcours pour éviter au maximum le contact avec
les EUT.

11.3.1.2 Irrigation des espaces verts


L’irrigation des espaces verts par les EUT est encore réalisée à la marge en Tunisie. Cette réutilisation
représente en effet 0,7 Mm3 pour 450 ha irrigués, soit 3 % par rapport au volume global d’EUT réutilisé.
Les espaces irrigués concernent souvent des petites surfaces, il en existe de plusieurs types :
 Les espaces verts des STEP : de nombreuses STEP utilisent les EUT pour entretenir les
espaces verts à proximité. Cet usage ne représente pas un gros potentiel de réutilisation et est
géré par l’exploitant de la STEP.

57 Il est à noter que le Golf de Tozeur est en arrêt depuis 2014 pour des raisons économiques.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

 Les espaces verts des zones touristiques et des hôtels : malgré la forte demande des
structures touristiques, cet usage reste très limité et il n’y a a priori pas d’hôtel qui réutilise
actuellement les EUT. Plusieurs projets sont en cours, notamment dans la zone touristique de
Sousse et de Monastir. Cet usage concerne donc essentiellement le Ministère du Tourisme et de
l’Artisanat. Il permettrait d’utiliser des EUT là où elles sont le plus produites (zones balnéaires en
période estivale) et de diminuer le volume d’EUT rejeté dans des milieux sensibles comme la
mer.
 D’autres essais ont eu lieu pour l’irrigation des espaces verts routiers avec des EUT, comme sur
la zone touristique de Monastir à partir de la STEP El Frina. Mais le cas le plus abouti est celui
des espaces verts de l’aéroport de Tunis, gérés par l’Office de l’Aviation Civile et des
Aéroports (OACA). Le piquage est effectué au niveau du réseau de la STEP de Charguia et est
utilisé aussi pour les espaces verts de la banque de gènes et du CITET situés à proximité de
l’aéroport.

Un autre usage possible serait pour l’irrigation des parcs et des jardins. La municipalité de Sousse avait
fait un essai en s’approvisionnant à l’aide de citernes, mais il n’y a pour l’instant pas eu d’autre
développement de cet usage en Tunisie.

11.3.2 Les éléments factuels issus des enquêtes


11.3.2.1 Déroulement des enquêtes et description des sites visités
Pendant la phase de diagnostic, trois golfs et un site d’espaces verts irrigués avec des EUT ont été
enquêtés.

Les golfs sélectionnés sont localisés dans les zones touristiques de Sousse/Monastir et Hammamet et
font partie des golfs les plus anciens. Le golf de Carthage présente par ailleurs la particularité de payer
les EUT qu’il utilise. Ces trois golfs sont gérés par la Société Tunisienne de Développement des Golfs
(STDG) qui est une société publique responsable de la gestion des golfs dont l’Etat tunisien est
232 propriétaire58.

Pour les espaces verts, le projet sélectionné est celui de de l’OACA, qui est très intéressant de par son
ancienneté (l’irrigation avec les EUT s’y fait depuis 1998). Ces espaces verts ont un rôle essentiellement
esthétique pour l’aéroport et l’initiative du projet est venue de la direction de l’environnement de l'OACA.
Cette dernière est chargée de la promotion de la politique de développement durable des aéroports de
Tunisie (installation de panneaux solaires, mise en place de plateformes de compostage, etc.). La REUT
permet en effet la préservation des ressources en eau, en plus de permettre l’accès à une ressource
beaucoup moins onéreuse que les eaux de la SONEDE. Ce projet reste pionnier jusqu’à aujourd’hui en
Tunisie.

Le Tableau 11-17 donne des détails sur le déroulement des enquêtes pour les trois golfs visités ainsi
que les espaces verts de l’aéroport de Tunis.

58 Cela a facilité l’accés aux golfs pour les enquêtes, par rapport aux golfs privés.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-17 : Déroulement des enquêtes des golfs et espaces verts


Golf Flamingo Golf Yasmine Golf de Carthage Espaces verts de l’aéroport de
Tunis
Localisation Gouvernorat de Monastir Gouvernorat de Nabeul Gouvernorat de Tunis Gouvernorat de Tunis
Lieux STEP El Frina STEP SE1 STEP Charguia STEP Charguia
visités
Station de pompage Station de pompage Station de pompage Station de pompage
Parcours du golf Parcours du golf Parcours du golf Espaces verts et réseau
d’irrigation
Dates de 21 et 22 février 2019 7 mars 2019 26 mars et 4 avril 2019 26 mars et 4 avril 2019
visite
Personnes STEP : Chef de station ONAS STEP : Chef de station ONAS STEP : Chef de station ONAS STEP : Chef de station ONAS
rencontrées
Golf : Directeur adjoint et responsable Golf : Manager et responsable Golf : gestionnaire et responsable OACA : Directeur et chef de
irrigation irrigation irrigation division de la direction de
l’environnement, responsable
irrigation
233
Parcours du golf Parcours du golf Yasmine Parcours du golf de Carthage Espaces verts irrigués avec des
EUT de l’aéroport de Tunis

BRLi, mars 2019 BRLi, mars 2019 BRLi, avril 2019 BRLi, avril 2019

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.3.2.2 Caractéristiques des STEP alimentant les sites enquêtés


La STEP d’El Frina alimentant le golf de Flamingo a été construite en 1995. Une importante
réhabilitation a eu lieu en 2018 avec notamment la modernisation du système d’aération du chenal
d’oxydation : les aérateurs ont été entièrement remplacés par un système fines bulles automatisé. Cette
réhabilitation a permis l’amélioration de la qualité de l’eau mais il reste encore certains équipements à
changer comme les dégrilleurs et certains turbocompresseurs qui ne sont pas encore en état de
fonctionnement. Les enjeux autour de cette STEP sont importants car les EUT sont rejetées via un
émissaire dans la lagune maritime de Khniss qui est en contact avec la mer. Des activités de pêche
traditionnelle ont lieu dans cette lagune.

Pour le golf Yasmine, c’est la STEP SE1 qui l’alimente en EUT. Créée en 1979, cette STEP a la
particularité de traiter exclusivement la quantité d’eau nécessaire pour la REUT du golf, le reste étant
transféré à la STEP de Bouficha. En effet, La STEP SE1 se situe à proximité de la zone touristique de
Hammamet et les rejets en mer sont interdits pour protéger les zones de baignade. Afin de réguler les
quantités d’eau, un système d’alerte en aval de la STEP prévient l’exploitant quand il y a un trop plein
en sortie. Cela signifie que les EUT ne sont pas utilisées par le golf et l’exploitant dévie les EUB en
bloquant manuellement le dégrilleur à l’entrée de la STEP pour que ces eaux brutes soient transférées
vers la STEP de Bouficha.

La STEP de Charguia, quant à elle, fait partie des STEP les plus importantes de Tunisie avec une
capacité nominale de 60 000 m3/j. Les EUT produites sont réutilisées pour de nombreux usages
différents : le périmètre irrigué de Borj Touil, les deux golfs de Tunis (Carthage et Gammarth), les
espaces verts de l’aéroport de Tunis ainsi que les espaces verts de la banque de gènes et du CITET.
Au total, environ un dixième des EUT produites sont réutilisées.

Le Tableau 11-18 résume les principales caractéristiques des STEP de El Frina, SE1 et Charguia.

234

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-18 : Description des STEP alimentant les golfs et les espaces verts enquêtés
Caractéristiques des STEP STEP El Frina STEP SE1 STEP Charguia

Date de création 1995 1979 1958

Chenal d’oxydation de Charguia (BRLi, avril 2019)


Chenal d’oxydation d’El Frina (BRLi, mars 2019) Entrée de SE1 et réseau de transfert des EUB vers Bouficha (BRLi,
mars 2019) 235
Eaux domestiques de la ville de Monastir et Eaux domestiques (hôtels/restaurants de la Eaux domestiques de la ville de Tunis + ZI
Origine des EUB – industriels
de Khniss + eaux industrielles (textile, zone touristique de Hammamet) de Charguia (textile, agro-alimentaire,
raccordés
teinturerie, lavage de voitures…) composants électroniques…)

Gestion du trop plein - Transfert vers la STEP de Bouficha Transfert vers la STEP de Choutrana

Population raccordée 150 000 EH 44 000 EH 400 000 EH

Boues activées aération prolongée à faible Boues activées à moyenne charge Boues activées à moyenne charge
Type de traitement
charge

Capacité nominale 13 500 m3/j 4 200 m3/j 60 000 m3/j

Débit journalier moyen 10 700 m3/j 1 600 m3/j 35 000 m3/j

Volume d’EUT produit (2017) 3 900 000 m3 585 000 m3 10 700 000 m3

Valorisation des sous-produits Pas de valorisation des boues Boues envoyées à la STEP de Choutrana

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Caractéristiques des STEP STEP El Frina STEP SE1 STEP Charguia

Réhabilitation du système d'aération du Pas de travaux prévus prochainement Pas de travaux prévus prochainement
Réhabilitations / Extensions chenal d'oxydation et de la centrifugeuse en
2018

Lagune de Khniss (émissaire en mer) Aucun rejet en mer : interdiction car zone de Canal El Khalij
Milieu de rejet
baignade

Type de gestion ONAS ONAS ONAS

Golf Flamingo : 370 000 m3 Golfs Yasmine et Citrus : 590 000 m3 Golfs de Carthage et Gammarth, périmètre
Usages REUT et volume
irrigué de Borj Touil, espaces verts :
réutilisé en 2017
1 570 000 m3
Source : (ONAS, 2017)

236

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.3.2.3 Caractéristiques de la REUT au niveau des golfs et des espaces verts enquêtés
Les besoins en eau des golfs varient au cours de l’année, la période la plus demandeuse se situant
entre les mois de mai et août. L’irrigation se fait systématiquement par aspersion et les quantités
d’eau apportée varient en fonction du type de gazon irrigué (green, fairway, etc.). Pour les trois golfs
enquêtés, afin d’éviter le contact avec les clients, l’irrigation se fait essentiellement la nuit. Il arrive
toutefois qu’il y ait une irrigation de complément la journée, quand les besoins sont importants et il a été
rapporté que dans quelques cas, l’irrigation a pu se faire même lorsqu’il y a des clients sur le parcours.

Les golfs comportent deux à trois lacs de stockage communiquant entre eux pour améliorer la
qualité des EUT et les stocker (l’entretien des lacs étant à la charge des golfs). Ces lacs sont alimentés
par une station de pompage présente en aval des STEP et appartenant aussi aux golfs, sauf pour le
golf de Carthage. Pour ce dernier, c’est le CRDA de l’Ariana qui s’occupe des charges liées à la station
de pompage en aval de la STEP de Charguia car celle-ci alimente aussi le PPI de Borj Touil. En retour,
le golf verse au CRDA une redevance de 20 millimes/m3.

Le Tableau 11-19 présente les principales caractéristiques des sites enquêtés.

237

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-19 : Eléments factuels issus des enquêtes auprès des golfs et espaces verts
Caractéristiques Espaces verts de l’aéroport de
Golf de Flamingo Golf de Yasmine Golf de Carthage
des usages Tunis

Lac de stockage du golf Flamingo (BRLi, mars 2019) Lac de stockage du golf Yasmine (BRLi, mars 2019) Lac de stockage du golf de Carthage (BRLi, mars réseau d’irrigation avec des EUT des espaces verts
2019) (BRLi, mars 2019)

2500 à 3000 m3/j 1 000 m3/j en moyenne, jusqu'à 1 000 à 1 500 m3/j en moyenne, 560 m3/j en moyenne
238 Volume d’EUT
réutilisé
3200 m3/j en été jusqu’à 2 000 m3/j en été, souvent
pas d’utilisation en décembre -
+ forage de 3,5 L/s si besoin janvier

3 lacs de stockage en série (9 000, 2 lacs de stockage (20 000 m3 et 2 lacs de stockage (5 000 m3 et Pas de traitement complémentaire
12 000 et 10 000 m3) et un filtre à 40 000 m3) 7 000 m3)
Stockage des EUT tamis (au niveau de la STEP)
1 station de pompage en plus de
celle de la STEP

Surface irriguée 60 ha 45 ha 18 ha 17 ha (soit 65 % de la surface


avec des EUT irriguée)

Irrigation par aspersion : 1700 Irrigation par aspersion : 1 200 Irrigation par aspersion 450 Irrigation par aspersion : 210
asperseurs, gestion manuelle asperseurs, gestion automatisée asperseurs, gestion automatisée asperseurs, gestion manuelle

Type d’irrigation Quand vent, irrigation manuelle en Et irrigation manuelle avec 95


complément. clapets

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Caractéristiques Espaces verts de l’aéroport de


Golf de Flamingo Golf de Yasmine Golf de Carthage
des usages Tunis

Irrigation le matin Irrigation la nuit Irrigation la nuit et irrigation Irrigation pendant la journée,
Périodes d’irrigation complémentaire l'été pendant la surtout d'avril à octobre
Mois de pointe : mai à août Mois de pointe mai à août. journée

Analyses effectuées régulièrement Pas d’analyses par le golf depuis Analyses effectuées par le CRDA Pas d'analyses effectuées par
Analyses de la
2011 l’OACA pas de contact avec le
qualité des EUT
CRDA

Extension de 9 trous et hôtel prévu Projet d’extension avec un lac de Travaux de réhabilitation depuis Travaux en cours pour réhabiliter le
si la fréquentation reprend 75 000 m3 et doublement de la 2014 : nouvelles pompes, réseau d’irrigation, mise en place
Réhabilitations /
superficie du golf. Arrêt depuis renouvellement de 70 % du gazon, d’asperseurs plutôt que de clapets
Extensions
2011 du projet réhabilitation du premier lac de manuels
stockage, deuxième en prévision

EUT fournies gratuitement par EUT fournies gratuitement par Redevance de 0,020 DT/m3 des EUT fournies gratuitement par
Tarification des EUT
l’ONAS l’ONAS EUT au CRDA l’ONAS

Coûts liés à la station de pompage, Coûts liés à la station de pompage, Station de pompage au niveau de Coûts liés à la station de pompage
de refoulement, au réseau au réseau d’irrigation et aux lacs de la STEP gérée par le CRDA et au réseau d’irrigation
Autres coûts
d’irrigation et aux lacs de stockage stockage 239
supportés par le
Coûts pour le golf liés à la station
golf
de pompage sur site, au réseau
d’irrigation et aux lacs de stockage

Avant le recours aux EUT, Quand problème de qualité des Récupération des eaux pluviales Utilisation des eaux de la SONEDE
Autres ressources
utilisation des eaux du lac à EUT, dilution avec des eaux de pour diluer les EUT. Environ 1/4 de sur 8,8 ha, 180 m3/j, au tarif
en eau disponibles
1 DT/m3 forage (150 DT par nuit d'irrigation) l'eau utilisée, surtout l'hiver pratiqué par la SONEDE

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.3.3 Analyse transversale de la REUT pour les golfs et les espaces verts
ENSEIGNEMENTS DES ENQUETES SUR LES ASPECTS SOCIAUX, ENVIRONNEMENTAUX ET
SANITAIRES
Afin d’étudier les points forts et les manques de la REUT pour l’arrosage des golfs et des espaces verts,
des indicateurs sanitaires, environnementaux et sociaux ont été définis et renseignés pour chacun des
sites étudiés. Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Figure 11-4 : Analyse d’indicateurs sociaux, environnementaux et sanitaires pour les golfs et espaces verts enquêtés

240

Autre (acceptabilité - clients) : les clients ne sont pas informés de la REUT pour l’arrosage des golfs

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Les risques sanitaires pour le golf se situent au niveau de la qualité des eaux usées traitées arrivant
au golf mais aussi au niveau de l’exposition du personnel du golf et des usagers. Cette exposition
est accentuée par :
 Le non-respect de la période nécessaire à l’élimination de la charge bactérienne avant utilisation
du terrain de golf.
 La stagnation des EUT qui génère des insectes vecteurs de nuisance et de maladies.
 Le mode d’irrigation par aspersion : source de propagation de germes à travers la diffusion
des fines gouttelettes d’eau dans le milieu voisinant.
 L’entretien du gazon des golfs et des espaces verts peut faciliter une dispersion des germes dans
l’atmosphère lors de la coupe.

Les enquêtes ont montré, de façon globale, la méconnaissance des risques au niveau des employés
des golfs, qui se traduit par un non-respect ou respect partiel du cahier des charges et des règles
sanitaires et augmente le risque d’exposition aux EUT des employés mais aussi des usagers du
golf.

Par ailleurs, on note aussi un manque global de suivi de la qualité des eaux mais aussi des sols et
des nappes qui peuvent être rechargées suite à l’arrosage des golfs.

Ainsi, l’enquête a montré la nécessité de développer un référentiel partagé pour diminuer les risques
liés à l’irrigation avec les EUT. Parmi les recommandations, on peut noter les suivantes :
 Respect des horaires d’arrosage,
 Vaccination et équipements du personnel,
 Signalisation pour les clients et mise en place de barrières de protection autour des lacs de
stockage,
 Analyses régulières de la qualité des EUT après un temps de séjour dans les lacs de stockage.

Lors des discussions pendant les enquêtes et comme appuyé dans le rapport de Drechsel et al de 2015,
la prise de conscience des risques sanitaires quand ceux-ci sont dit non « visibles » est difficile (risques 241
parasitologiques par exemple). A l’inverse, la prise de conscience est facilitée quand la mauvaise qualité
de l’eau se manifeste par des changements de couleurs ou d’odeurs. Ceci explique le peu d’application
des mesures de sécurité jugées contraignantes comme le port d’équipements de protection car le risque
pour la santé n’est pas perçu. Enfin, il n’y a pas de sensibilisation effectuée par un organisme
compétent extérieur au golf (il n’y a pas de structure comme les GDA ou les CTV en agriculture).

11.3.4 Regard sur la REUT pour l’irrigation pour les golfs et les espaces verts dans
d’autres pays
Dans la majorité des pays qui utilisent les EUT pour l’irrigation des golfs et des espaces verts, les
exigences de qualité sont strictes. Cela se vérifie en France et en Espagne, où, parmi les différentes
classes de qualité existantes, l’arrosage des espaces verts ouverts au public fait partie des classes de
qualité les plus exigeantes. Le tableau ci-dessous présente les exigences de qualité en France, en
Espagne et dans les directives de l’OMS. Il compare aussi avec ce qui est inscrit dans la NT 106.03,
qui est considérée, de façon non formelle, pour l’usage golf. Le principal point notable concerne les
exigences au niveau de la microbiologie qui sont plus élevées dans le cas de la France et l’Espagne.

Par ailleurs, en plus de la qualité des EUT, d’autres règles doivent être appliquées au niveau des
pratiques d’utilisation, notamment :
 L’arrosage en dehors des heures d’ouverture au public,
 La fermeture aux usagers pendant l’arrosage et pendant 2 heures suivant l’arrosage.

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Tableau 11-20: Qualité des EUT exigées pour les golfs et les espaces verts ouverts au public au niveau de différents pays
Pays MES DCO Escherichia coli Œufs Coliformes Nématodes Légionnelles
(mg/L) (mg/) (UFC/100 mL) d’helminthes fécaux et (œufs/10L) (UFC/L)
(NPP/mL) thermotolérants
(NPP/100 mL)
OMS < 150 < 125 < 10 000 <1 < 1000 <1 -
(qualité A)
France < 15 < 60 < 250 - > 4 (abattement - -
(qualité A) en log)
Espagne < 20 - < 200 - - <1 < 100
NT 106.02 <30 <90 - <1 - <1 -
Source : (BRLi, 2017)

11.3.5 Synthèse des contraintes au développement de l’irrigation des golfs et


espaces verts avec des EUT et recommandations
SYNTHESE DES POINTS FORTS ET DES CONTRAINTES
L’irrigation des golfs avec des EUT en Tunisie est perçue par beaucoup comme étant une réussite et
tous les golfs fonctionnent ainsi actuellement. Les enquêtes ont cependant montré que les gestionnaires
rencontrent encore des contraintes importantes, notamment sur les aspects institutionnels,
réglementaires et sanitaires. Ces contraintes sont souvent semblables à celles retrouvées pour
l’irrigation des espaces verts de manières générale. Le tableau suivant synthétise l’ensemble de ces
contraintes mais aussi les atouts au développement de ces types d’usages.

242

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-21 : Hiérarchisation des contraintes au développement des espaces irrigués avec des EUT
Niveau de Type de contraintes par aspects Exemple de sites concernés
contrainte

Contraintes Pas de contraintes majeures, tous les golfs arrivent à irriguer avec des EUT Tous
majeures
Contraintes Aspects réglementaires :
modérées
 Pas de réglementation spécifique existante ; notamment pas de norme de qualité Tous
des EUT à respecter adaptée à l’usage des golfs et des espaces verts
 Peu d’analyses sur la qualité des EUT effectuées par les usagers par manque de
moyens et de compétences pour interpréter les résultats, notamment pour les
paramètres parasitologiques. Aucun contrôle pour savoir si les analyses ont été
effectuées ou non.
Aspects institutionnels :
 Manque de communication avec l’ONAS, parfois absence de contact, pas d’alerte
en cas de panne ponctuelle au niveau des STEP
 Manque d’appuis institutionnels, pas de structure adaptée pour ce type de OACA
réutilisation et pour conseiller les usagers
Aspects techniques : 243
 Qualité de l’eau souvent problématique au niveau des MES : colmatage des Tous
équipements d’irrigation, besoin d’un entretien important
 Développement algal dans les lacs de stockage l’été et mauvaises odeurs car les
EUT sont riches en éléments nutritifs et peu d’aération dans les bassins.
Problèmes de colmatage avec les algues au niveau des asperseurs
Aspects sanitaires :
 Peu de conscience des usagers des risques sanitaires liés aux EUT et parfois,
non-respect des mesures de sécurité (équipement de protection pour l’irrigation,
pas d’irrigation pendant la journée, temps d’attente à respecter entre irrigation et
utilisation de l’espace vert…). Pas de campagne de sensibilisation
 Pas de traitement tertiaire poussé Tous
 Contact direct des irrigants ou des clients avec les espaces irrigués Tous
Contraintes Aspects techniques :
mineures
 Qualité de l’eau pas toujours adéquate pour l’irrigation du gazon, difficultés dans Golf de Carthage, OACA
la gestion de l’irrigation
Aspects environnementaux

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Niveau de Type de contraintes par aspects Exemple de sites concernés


contrainte

 Irrigation par aspersion : source de propagation de germes à travers la diffusion Tous


des fines gouttelettes. Pas d’étude pour connaître l’impact sur le milieu voisinant.
 Peu de vigilance au niveau des lacs de stockage des EUT : pas de barrière de Tous les golfs
protection, problèmes d’étanchéité… Pas de suivi de l’impact sur les nappes ou
les sols
Aspects économiques
 Coût énergétique important lié au pompage Tous
Aspects sociaux
 Réticence des irrigants par crainte de problèmes de santé OACA
Atouts au Aspects techniques
développement
 Longue expérience des golfs dans l’irrigation avec les EUT (depuis les années Tous les golfs
1980) : adaptation aux contraintes liées aux EUT
 Quantité d’EUT disponible suffisante pour les besoins Tous
 Si problèmes au niveau de la STEP, possibilité de stockage des EUT dans les Tous les golfs
lacs
244 Aspects environnementaux
 Réutilisation qui permet de limiter les rejets des STEP dans des milieux naturel Tous
sensibles (zones de baignade) car souvent pratiquée dans les zones touristiques
littorales
Aspects économiques
 Gratuité des EUT fournies par l’ONAS Tous
Aspects sociaux
 Pas de plaintes des clients par rapport à d’éventuelles odeurs ou autres Tous les golfs
désagréments liés aux EUT

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

RECOMMANDATIONS

La réalisation des enquêtes, ainsi que l’étude des pratiques dans les autres pays permet de
formuler les recommandations suivantes :
 Il est nécessaire de définir des normes spécifiques pour la REUT pour les golfs et les espaces
verts. Ces normes doivent prendre en compte les risques liés à l’usage, et notamment les
risques d’exposition des visiteurs dans le cas des golfs. En regardant ce qui est pratiqué dans
d’autres pays, il est possible que les normes soient renforcées par rapport à la législation
existante, et que des traitements additionnels soient nécessaires pour que la qualité des eaux
soit en adéquation avec les risques définis pour ces deux secteurs.
 Il est également nécessaire de créer un cadre pour le suivi de la REUT et de renforcer les
analyses de qualité de l’eau et les contrôles.
 L’amélioration de la communication avec l’ONAS est essentielle, notamment, en cas de
problèmes de qualité. Ce point rejoint le point précédent sur le renforcement des analyses et
de contrôle. L’amélioration de la communication avec les services de l’Etat en charge de
la REUT est aussi très importante pour garantir un appui institutionnel aux professionnels en
charge de l’irrigation des golfs, et espaces verts.
 La rédaction d’un cahier des charges spécifique permettrait de garantir les bonnes pratiques
pour la REUT des golfs et espaces verts (règles de sécurité et sensibilisation des
professionnels, règles relatives au suivi, etc.).

11.4 RECHARGE DES NAPPES : DE TRES FORTS ENJEUX SANITAIRES ET UN CADRE


INSTITUTIONNEL QUI FREINENT LE DEVELOPPEMENT DE CET USAGE

11.4.1 Description générale du secteur et place de la REUT 245


L’expérience de la Tunisie en matière de recharge artificielle des aquifères par les eaux
conventionnelles remonte aux années 1970. Cette technique a démarré à titre expérimental et a
concerné de nombreuses nappes dispersées à travers le pays. Il a fallu attendre à peu près 30 ans pour
prendre conscience des bienfaits de cette pratique et pour que cette dernière soit généralisée là où se
réunissent les conditions favorables pour sa mise en œuvre.

La mobilisation avancée des eaux de surface à travers la construction des grands barrages, barrages
et lacs collinaires a favorisé la généralisation de cette action. La recharge artificielle est devenue une
pratique courante à travers une trentaine de sites dispersés dans une douzaine de gouvernorats. Cette
approche dans la gestion des ressources en eau conventionnelles a été imposée aussi à la suite de la
dégradation, surtout quantitative, de certaines nappes en raison du déséquilibre de leur bilan, la baisse
de leur piézométrie et par conséquent leur salinisation notamment dans les zones aval en contact avec
leur exutoire (mer ou sebkha).

C’est ainsi, que la DGRE publie, depuis 1992, tous les ans, un annuaire propre à la « Recharge
Artificielle des Nappes en Tunisie ». On y développe pour chacune des nappes aquifères concernées,
les techniques adoptées, les volumes appliqués et l’impact quantitatif et qualitatif enregistré à travers le
réseau de contrôle existant. A travers cette composante de gestion des ressources en eaux
conventionnelles, la Tunisie a développé un savoir-faire dans ce domaine se traduisant par la
diversification des techniques adoptées en fonction des contextes locaux. A titre indicatif, le volume
cumulé d’eau conventionnelle (eaux de surface) rechargée artificiellement, depuis 1992, a atteint
environ 1 milliard de m3.

Dans ce panorama, on relève que la recharge artificielle à partir des EUT marque sa première
apparition en 1986 au site de l’Oued Souhil à Nabeul. Dans la plus récente édition de la DGRE
concernant « La Recharge Artificielle des Nappes en Tunisie (Edition 2016) », on relève que les nappes
concernées par la recharge à partir des eaux non conventionnelles sont au nombre de cinq. En prenant
en compte que l’ancien site de l’Oued Souhil est momentanément suspendu, les 4 nappes concernées
par la recharge par des eaux non conventionnelles sont les suivantes :

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

 La nappe de la Côte Orientale (Site de Korba au gouvernorat de Nabeul),


 La nappe de Boumerdès et la nappe de Mahdia-Ksour Essef (gouvernorat de Mahdia),
 La nappe d’El Hajeb – sidi Abid-Agareb (gouvernorat de Sfax),
 La nappe de l’Oued Es- Smar (gouvernorat de Médenine),

Pour les gouvernorats de Mahdia et Médenine, la recharge se fait à partir des EUT des STEP dans les
oueds. Les oueds concernés constituent des axes préférentiels d’alimentation des nappes souterraines,
une grande proportion des eaux lâchées s’infiltrant dans les nappes. Il faut signaler que cette pratique
n’est pas limitée à ces deux cas de figures, plusieurs cas similaires se rencontrent un peu partout dans
le pays. Les oueds constituent le milieu récepteur par excellence des EUT à défaut de leur stockage ou
de leur réutilisation et constituent par conséquent des lieux de recharge non planifiée et non cadrée.

A Sfax, la nappe est rechargée en faible quantité par les EUT provenant de l’irrigation du périmètre
irrigué d’El Hajeb. C’est le cas pour de nombreux périmètres irrigués où l’irrigation participe aussi à la
recharge des nappes. Le coût de l’eau étant dérisoire, cette région est réputée par ses excès en termes
d’usage de l’eau d’irrigation car le périmètre est situé dans un endroit où le sol et sous-sol sont très
légers et sableux.

Seul le site de Korba, à l’image du site de l’Oued Souhil, est un site de recharge artificielle planifié,
reconnu, où la recharge à partir des EUT est pratiquée suivant un protocole technique dans un site bien
étudié et bien aménagé en bassins d’infiltration construits dans cette optique. Des lâchers d’EUT
provenant de barrages collinaires alimentent aussi la nappe. Le Tableau 11-22 indique les volumes
d’EUT qui ont participé à la recharge de ces nappes pour l’année 2016.

Tableau 11-22 : Volumes de recharge des nappes à partir d’EUT (DGRE, 2016)
Volume de la recharge
Gouvernorat Nappe rechargée Type de recharge
avec des EUT en 2016
Nappe de la Côte Orientale Bassins d’infiltration 1 150 000 m3
Nabeul
(Site de Korba)
246
Nappe de Boumerdès Lâchers dans l’Oued 185 000 m3
Mahdia
Nappe de Mahdia-Ksour
Lâchers dans l’Oued 700 000 m3
Essef
Infiltration des EUT utilisées
Nappe d’El Hajeb - sidi
Sfax dans le périmètre irrigué d’El 20 000 m3
Abid-Agareb
Hajeb
Medenine Nappe de l’Oued Es- Smar Lâchers dans l’Oued 1 210 000 m3

Volume total rechargé avec des EUT en 2016 3 265 000 m3

Source : (DGRE, 2017), le volume est du même ordre de grandeur que le total indiqué dans l’annuaire de recharge qui mentionne une recharge totale de 3,23 Mm3.

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11.4.2 Les éléments factuels issus des enquêtes


11.4.2.1 Déroulement des enquêtes et description des sites visités
Deux sites de recharge de nappe avec des EUT ont été enquêtés : ceux de l’Oued Souhil et de Korba
dans le gouvernorat de Nabeul. Il s’agit des deux seuls sites où la recharge de nappe est réalisée à
l’aide de bassins d’infiltration.

C’est lors d’un projet financé par le PNUD en 1983 que la recharge artificielle des nappes par les EUT
a été envisagée. L’INRGREF étant le chef de file de ce programme et la DGRE ayant comme
responsabilité la recharge artificielle des nappes avec les eaux conventionnelles, cette composante a
été conduite dans le cadre d’un partenariat entre les deux institutions, toutes les deux sous tutelle du
Ministère de l’Agriculture.

Le choix du site de l’Oued Souhil a été fait suite à la compilation de plusieurs paramètres et
conditions nécessaires pour faire du site de recharge un modèle pilote qui pourrait être multiplié.
Comme il s’agissait du premier projet pilote dans cette filière à mettre en application, les objectifs étaient
multiples et visaient les points suivants :
 Un stockage souterrain d’une ressource qui est sinon déversée dans la mer ; notamment
en période hivernale. On projetait d’augmenter, à court terme, dans les endroits où la nappe est
très sollicitée, par la recharge, le potentiel en eau des eaux souterraines.
 Limiter la baisse de la piézométrie, pour les nappes surexploitées, et la redresser à moyen et
long termes.
 Evaluer l’effet auto-épurateur de la zone non saturée sur la qualité des eaux rechargées.
 Réduire la dégradation chimique causée par l’utilisation abusive des engrais chimiques.
 Limiter la dégradation de la qualité chimique causée par l’intrusion des eaux salées
(marines) en liaison avec l’état de surexploitation de la nappe.
 Déterminer des paramètres physiques et hydrauliques, pouvant servir au dimensionnement 247
d’autres projets similaires.
 Tester un dispositif et des techniques assurant une meilleure valorisation de cette
ressource potentielle, sûre, non influencée par les effets de variabilité climatique et de plus en
plus importante, au fil des années, en termes quantitatifs.

La nappe phréatique de Korba, quant à elle, fait partie de la grande nappe côtière de la côte orientale
du Cap-Bon. C’est une des grandes nappes les plus surexploitées en Tunisie. Le suivi spatio-
temporel quantitatif et qualitatif de cette nappe remonte aux années 1970. L’élaboration de la
piézométrie de cette nappe en 1996 a montré l’intrusion marine entre Korba et Lebna localisée plus au
nord.

Dans le cadre de la stratégie décennale de la Tunisie dans le domaine de la REUT, afin de lutter contre
l’invasion marine de la nappe, un site de recharge par les EUT a été mis en place depuis décembre
2008 59 . Ce site a été sélectionné suite à une étude exhaustive menée par le groupement STUDI-
BURGEAP en 2004 pour le compte du CRDA de Nabeul. Cette étude, intitulée "projet de recharge des
nappes du cap bon à partir des eaux usées traitées", portait sur quatre sites proposés à savoir : Menzel
Bou Zelfa, El Haouaria, Hammamet et Korba en se basant sur des critères techniques, économiques et
socio-économiques.

59 Dans le cas de la nappe de Korba, et même sans le traitement tertiaire par lagunage au niveau de la STEP de Korba, la
qualité de l’eau de la nappe est conforme à un usage agricole sans restriction. Toutefois, la salinité élevée de la nappe
phréatique (3.5 à 10 g/l) dans la région est incompatible avec tout usage d’eau potable.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Parmi ces quatre sites, celui de Korba a été retenu pour les raisons suivantes :
 La proximité étroite de la station de traitement de Korba (300 m),
 La proximité à la côte (1,5 km),
 L’existence d’un terrain domanial de 4,46 ha,
 Un état de la nappe dégradé en termes de niveau piézométrique (côte piézométrique négative)
et de salinité en raison d’une intrusion des eaux marines (salinité variant de 7 à 8 g/l dans des
puits de surface qui avaient, auparavant, une salinité ne dépassant pas 2 g/l),
 Un contexte hydrogéologique favorable, compte tenu des caractéristiques hydrodynamiques de
la nappe (transmissive et emmagasinement),
 Une zone non saturée bien filtrante en raison de sa nature sablo-gréseuse et de son épaisseur
d’une vingtaine de mètres.

Comme il s’agissait du second projet pilote dans cette filière, après celui de l’Oued Souhil, les objectifs
de cette recharge étaient sensiblement les mêmes que dans le cas de l’Oued Souhil.

Le Tableau 11-23 résume les principales caractéristiques de ces sites.

248

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-23 : Déroulement des enquêtes des sites de recharge artificielle avec des EUT
Site de recharge de l’Oued Souhil Site de recharge de Korba

Localisation Gouvernorat de Nabeul Gouvernorat de Nabeul

Lieux visités STEP SE4 STEP de Korba

Station de pompage Station de pompage

Station expérimentale de l’INRGREF Site d’infiltration, piézomètres et puits de surface

Les 2 sites d’infiltration

Dates de visite 5 mars 2019 26 février 2019

Personnes rencontrées STEP : Chef de division régionale et Chef de station ONAS STEP : Chef de division régionale et ingénieur chimiste ONAS

CRDA : chef arrondissement ressources en eau CRDA : chef arrondissement ressources en eau

Illustration
249

Bassin d’infiltration du site de recharge de l’Oued Souhil (BRLi, mars 2019) Bassin d’infiltration du site de recharge de Korba (BRLi, mars 2019)

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11.4.2.2 Caractéristiques des STEP alimentant les sites enquêtés


La STEP SE4 qui alimentait le site de recharge de l’Oued Souhil a été construite en 1979 avec
une capacité de 14 000 m3/j. Depuis 2016, cette station est en réhabilitation pour atteindre une
capacité de 25 000 m3/j. Compte tenu de la vocation touristique de la ville de Nabeul, durant les mois
de pointe (juillet et aout), la moyenne des volumes traités à l’échelle journalière dépasse les 20 000 m3/j
à cette période. La station devient surchargée, ce qui entraine une incidence négative sur la qualité du
traitement des eaux. Cet état de fait a entrainé une pollution du littoral, milieu récepteur, et la plage de
Dar Chaabane est déclarée impropre à la baignade depuis l’été 2018. Dans le but d’améliorer son degré
de traitement, la station a été dotée de nouveaux équipements (filtre de sable et installations UV non
encore opérationnels). Une fois que ces derniers entreront en service, cette station sera la plus grande
station ayant un traitement tertiaire dans le gouvernorat de Nabeul.

Par ailleurs, deux nouveaux digesteurs ont été mis en place et permettront de générer 40% des besoins
énergétiques de la station. Enfin, les nouveaux équipements à base de charbon actif ont permis de
traiter efficacement les odeurs.

La STEP de Korba a été mise en service en juillet 2002 avec une capacité de 7 500 m3/j. Le
traitement fait appel à des boues activées à faible charge et est complété par les procédés suivants :
 Un filtre à sable pour 60% du volume traité par la station
 Un procédé de traitement tertiaire se basant sur le lagunage à travers trois bassins de maturation
pour 100% du volume des eaux traitées par la station. Deux bassins parmi les trois ont bénéficié
de l’installation de cloisonnements permettant de prolonger le temps de maturation des eaux et
contribuent ainsi à améliorer la qualité des EUT. Les trois bassins couvrent une superficie de
36 000 m2 et leur capacité s’élèvent à 45 000 m3. Le temps de séjour varie de 6 à 9 jours.

Initialement, cette station recevait uniquement les eaux domestiques de la ville de Korba mais
actuellement, les effluents de la ville de Mida sont connectés. Il arrive qu’en période estivale la station
soit en surcharge et que la qualité des eaux traitées se dégrade. Au cours de ces deux mois, le volume
250 journalier peut dépasser 11 000 m3/j.

Par ailleurs, la station de Korba recevait, au début, les rejets de quatre usines de transformation de
tomates. Ces rejets ont engendré de nombreux problèmes au niveau du traitement et en 2016, ces
usines ont été totalement déconnectées. Enfin, un programme de réhabilitation de la station est à l’étude
afin de faire face à des problèmes au niveau des dégrilleurs et des déshuileurs qui ne fonctionnent pas
de façon optimale.

Le Tableau 11-24 résume les principales caractéristiques des STEP de Korba et SE4.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-24 : Description des STEP alimentant les sites de recharge de nappe avec des EUT enquêtés
Caractéristiques des STEP STEP SE4 STEP de Korba

Date de création 1979 2002

251

Chenal d’oxydation de la STEP SE4 (BRLi, mars 2019) Traitement III par lagunage de la STEP de Korba (BRLi, mars 2019)

Eaux domestiques des villes de Nabeul, Dar Chaabane et Eaux domestiques de la ville de Korba et village de Mida et
Origine des EUB – industriels raccordés Beni Khiar et quelques industries (détergents, broyage de eaux industrielles (teinturerie…)
plastique, abattoirs…)

By pass au niveau des stations de pompage et à l’entrée de Gestion du débit avec les bassins de maturation ou
Gestion du trop plein
la STEP déversement dans l'oued en aval de la STEP

Population raccordée 81 400 EH 75 000 EH

Boues activées à moyenne charge Boues activées à faible charge (aération prolongée)
Type de traitement
Traitement III filtre à sable + UV pas encore fonctionnel Traitement complémentaire avec filtre à sable + bassins de
maturation

Capacité nominale 14 600 m3/j, 25 000 m3/j prévu en 2021 7 574 m3/j

Débit journalier moyen et maximum (2017) 17 700 m3/j 7 300 m3/j

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Caractéristiques des STEP STEP SE4 STEP de Korba

Volume d’EUT produit (2017) 6 400 000 m3 2 700 000 m3

Valorisation des sous-produits 50 % de valorisation des boues pour l'agriculture 100 % de valorisation des boues pour l'agriculture

Réhabilitation totale des équipements et extension en cours Réhabilitation des chenaux d'oxydation avec mise en place
Réhabilitations / Extensions depuis 2016 d'un système fines bulles et extension pour atteindre 20 000
m3/j prévues

Milieu de rejet Mer (zone de baignade) Oued et lagune de Korba

Type de gestion ONAS ONAS

Périmètre irrigué Souhil, Chergui, Romana, Haouaria et Recharge de nappe : 288 000 m3
Usages REUT et volume réutilisé en 2017 Messaadi : 1 140 000 m3
Alimentation de la lagune de Korba : 4 000 m3/j
Source : (ONAS, 2017)

252

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11.4.2.3 Caractéristiques de la REUT au niveau des sites de recharge de nappes enquêtés


SITE DE L’OUED SOUHIL
Le site de l’Oued Souhil se trouve au niveau de la nappe phréatique côtière de Nabeul-Hammamet. Il
s’agit d’une nappe phréatique de faible épaisseur cantonnée dans les sables quaternaires. Elle repose
sur un substratum imperméable qui la sépare des structures sous-jacentes, mio-pliocènes. Le réservoir
est quasiment sableux et la zone non saturée aussi. La profondeur du plan d’eau est voisine de 12 à
15 m. La majorité des exploitations agricoles de la région de l’Oued Souhil sont agrumicoles et
disposent, à la fois, de leur propre puits de surface et d’une vanne d’irrigation.

Le site fait partie intégrante du PPI et aussi d’un foncier domanial. Il est placé dans l’enceinte d’une
ferme expérimentale de 25 ha, régie par l’INRGREF. Le champ d’expérimentation est principalement
axé sur la REUT et des boues en agriculture en adoptant différentes techniques et modes d’irrigation à
différentes espèces végétales. Sur le plan état de connaissance du milieu, on dispose de toutes les
données et paramètres hydrogéologiques et géochimiques de la nappe qui ont justifié ce site pour la
recharge artificielle.

Le site de recharge, datant de 1984, a été dans sa première phase composé de quatre bassins
d’infiltration de 20 m de côté et de 1,8 m de profondeur. Ensuite, cinq autres bassins, de mêmes
caractéristiques, ont été aménagés et sont distants des premiers de 200 m environ. Leur localisation
est indiquée sur la figure ci-dessous. Ces bassins ont été connectés au réseau d’irrigation par les EUT
et sont dotés de vannes et compteurs. L’approvisionnement en eau du site de recharge se fait de façon
gravitaire à partir d’un bassin réservoir tampon de 4 000 m3. Ce dernier reçoit les EUT pompées à partir
d’une station de pompage lointaine de 7 km appartenant au CRDA de Nabeul.

Figure 11-5 : Localisation des deux sites de recharge par bassins d’infiltration de l’Oued Souhil et de la STEP SE4

253

Source : google earth

Le réseau de contrôle de la nappe se fait à partir de 18 piézomètres crépinés à des horizons très variés.
Ces piézomètres sont de faibles diamètres (10 cm), disposés tout autour des bassins d’infiltration et
suivent l’axe d’écoulement préférentiel de la nappe, dans un rayon de 300 m environ. La variabilité
appliquée aux horizons de crépinage avait pour objectif de démontrer le rôle que pourrait jouer
l’épaisseur de la zone non saturée sur le degré d’épuration et de traitement complémentaire de l’effluent
rechargé. Au-delà, le réseau de contrôle est complété par une vingtaine de puits de surface.

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La recharge est réalisée par alternance entre couples de bassins d’infiltration. Ainsi, lors de la mise en
eau dans un couple de bassins, le couple à proximité est hors service (phase de chômage). Après une
quinzaine de jours environ, l’accumulation des MES au fond des bassins entraine une réduction notable
de la capacité d’infiltration à cause de ce film colmatant. On arrête alors la mise en eau dans le premier
couple de bassins et on fait fonctionner le second à proximité. C’est un procédé d’infiltration par
alternance. Il vise, d’un côté, à entretenir le fond des bassins de façon mécanique par décapage du film
colmatant notamment en période hivernale ; et par effet de l’ensoleillement en période estivale. D’un
autre côté, il vise à maintenir un niveau élevé d’aérobie dans la zone d’infiltration en dessous de chacun
des bassins afin de favoriser une meilleure oxydation et une élimination maximale des agents
pathogènes. Cela permet de valoriser au mieux le pouvoir épurateur de la zone non saturée. Ce procédé
permet aussi de réduire le développement indésirable au cours du temps, des bactéries filamenteuses
au fond des bassins d’infiltration qui contribuent avec l’accumulation de la MES à réduire la capacité
d’infiltration.

La première mise en eau date du 4 décembre 1985 et a été prolongée jusqu’à la fin de l’année 1987.
Durant cette phase, la recharge n’était pas continue surtout en période estivale où la demande en eau,
de la part des irrigants devient accrue. Dans sa première phase de mise en œuvre, l’administration a
bénéficié d’un support technique total, financé par le projet PNUD, dans l’usage des techniques
nucléaires (isotopiques) pour le traçage des eaux rechargées et leur propagation à travers la nappe
aquifère. Lors de la phase de démarrage de la recharge, les résultats ont fait l’objet de publications
multiples à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). Puis, les rapports sont devenus
internes, concernant essentiellement les volumes annuels mobilisés pour la recharge. Ces volumes
sont indiqués sur la Figure 11-6.

La station est hors d’usage depuis 2010. Les justifications avancées sont relatives au manque de
moyens en personnel et en sources de financement. Le volume maximal appliqué a atteint 279 000 m3
en 2000 et la moyenne du volume appliqué à la recharge est proche de 1 500 m3/j. Un total de
2 300 000 m3 a été rechargé depuis le démarrage du site en 1985.

Figure 11-6 : Volumes annuels rechargés au site de l’Oued Souhil entre 1986 et 2009
254

Source : CRDA Nabeul

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SITE DE KORBA
Au niveau de Korba, la nappe phréatique a une épaisseur supérieure à 100 m, cantonnée dans les
sables gréseux et argileux du Plio-quaternaire. Elle repose sur un substratum marneux miocène
imperméable qui la sépare des structures sous-jacentes. Le réservoir est quasiment sablo-gréseux et
la zone non saturée aussi. La profondeur du plan d’eau est voisine de 20 m. Tout autour de
l’emplacement du site, on relève l’existence de puits de surface. Les paramètres hydrogéologiques et
géochimiques de la nappe au droit du site sont bien connus. En effet, lors de l’étude du site, 17 forages
géotechniques de profondeurs variées y ont été exécutés afin de déterminer les caractéristiques
lithologiques et hydrauliques de la zone non saturée et de l’aquifère phréatique même.

Figure 11-7 : Localisation du site de recharge et de la STEP de Korba

255

La station, datant de fin 2008, se compose de trois bassins d’infiltration de forme rectangulaire et de
1 500 m2 chacun, avec une profondeur de 1,5 m et leur fond recouvert d’une couche de sable de 0,25 m.
Ces bassins sont connectés à un réservoir de 300 m3 doté de vannes et compteurs. A proximité de la
sortie des eaux de la STEP de Korba, il y a une station de pompage appartenant au CRDA de Nabeul.
La pompe, d’une capacité de 20 l/s, refoule les EUT vers le bassin tampon de 300 m3, à partir duquel
l’eau est desservie de façon gravitaire vers les bassins d’infiltration.

Le réseau de contrôle de la nappe se fait à partir de 12 piézomètres, de 30 m de profondeur et de 6


autres piézomètres de profondeur voisine aux précédents et équipés d’enregistreurs automatiques de
niveaux et de conductivité électrique des eaux souterraines et de 3 autres piézomètres de 7 m de
profondeur intéressant la zone non saturée. Au-delà, le réseau est complété par des puits de surface
dont le nombre est de 12 et leur profondeur voisine de 25 m.

Le protocole de mise en œuvre de la recharge prévoit la mise en eau simultanée de deux bassins et le
troisième en chômage (hors service). La capacité d’infiltration, dans les bassins, évaluée à 0,5 m/j, donc
un volume journalier de 1 500 m3/j pour une surface utile de 3 000 m2. Le procédé par intermittence
permet le renouvellement de l’oxygène dans la zone non saturée et l’intervention pour le traitement du
film colmatant au fond des bassins.

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La première mise en eau date du 25 décembre 2008. Le suivi a été confié, conjointement à l’INRGREF
et au CERTE jusqu’en 2014. Seuls deux ouvriers, le gardien et le pompiste, assurent le suivi des
volumes pompés et rechargés dans les bassins. Depuis 2015, l’Arrondissement des ressources en eau
du CRDA de Nabeul fait le suivi de la piézométrie (à l’échelle semestrielle) et de la conductivité
électrique des eaux souterraines (à l’échelle annuelle). Les enregistreurs automatiques mis en place
dans les piézomètres en vue de suivre le niveau de la nappe et la conductivité électrique des eaux
souterraines ont été complètement démantelés et la station est quasiment à l’état d’abandon. Les
raisons d’une telle situation semblent être justifiées par le manque de moyens en personnel et en
ressources financières. Les volumes annuels d’EUT qui ont été rechargés dans la nappe sont indiqués
sur la Figure 11-8. Le volume maximal a atteint 374 000 m3 en 2010, soit une moyenne de 1 000 m3/j.
La recharge ne s’applique pas durant toute l’année. Un total de 2 400 000 m3 a été rechargé depuis le
lancement du site en 2009.

Figure 11-8 : Volumes annuels rechargés au site de Korba entre 2009 et 2017

256

Source : CRDA Nabeul

Le Tableau 11-25 résume les principales caractéristiques des sites de recharge avec des EUT de l’Oued
Souhil et de Korba.

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Tableau 11-25 : Eléments factuels issus des enquêtes auprès des sites de recharge de nappe avec des EUT
Site de recharge de l’Oued Souhil Site de recharge de Korba
Date de démarrage de la
Décembre 1987, arrêt de la recharge en 2010 Décembre 2008
recharge
En moyenne 1 500 m3/j En moyenne 1 000 m3/j
3
Volume d’EUT réutilisé Maximum en 2000 : 279 000 m Maximum en 2010 : 374 000 m3
2009 : 178 000 m3 2017 : 289 000 m3
Stockage des EUT Bassin réservoir de 4 000 m3 Bassin tampon de 300 m3
Procédé de recharge 9 bassins d’infiltration de 720 m3 3 bassins d’infiltration de 2 250 m3
Périodes de recharge Toute l’année sauf en période estivale Toute l’année sauf en période estivale
Réseau de contrôle 18 piézomètres et une vingtaine de puits de surface 25 piézomètres et 12 puits de surface
Gestion CRDA de Nabeul, arrondissement des ressources en eau CRDA de Nabeul, arrondissement des ressources en eau
Tarification des EUT EUT fournies gratuitement par l’ONAS/CRDA EUT fournies gratuitement par l’ONAS
Autres coûts supportés Coûts liés à la station de pompage et à l’entretien des bassins Coûts liés à la station de pompage et à l’entretien des bassins
par le CRDA d’infiltration d’infiltration
Autres ressources en
257
Pas d’autres ressources en eau Pas d’autres ressources en eau
eau disponibles

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11.4.3 Analyse transversale de la REUT pour la recharge de nappes


RESULTATS DES SUIVIS DE L’OUED SOUHIL ET DE KORBA
Oued Souhil
Le suivi de l’impact de la recharge artificielle par les EUT au site de l’Oued Souhil a été assuré
conjointement par la DGRE et l’INRGREF. Ces deux institutions sont sous tutelle du MARHP. Les
publications de la DGRE à ce sujet ont concerné surtout les aspects :
 Hydrodynamiques (capacité et vitesse d’infiltration, porosité et coefficient d’emmagasinement,
piézométrie et propagation des écoulements souterrains, mécanisme de la recharge, etc.)
 Géochimiques en mettant l’accent sur l’importance du taux de mélange entre les eaux natives et
les eaux de recharge et ce par le recours des techniques de traçage isotopiques.

Les principaux résultats sont donnés dans le tableau ci-dessous.

ASPECTS PARAMETRES
 Capacité d’infiltration dans les bassins (0.5 à 1.5 m3/m2/jour)
 Porosité des horizons affectés par la recharge : 27%
 Manifestation d’un dôme piézométrique sous les bassins de
HYDRO DYNAMIQUE recharge et individualisation d’un cheminement préférentiel de
l’écoulement souterrain en direction de l’exutoire naturel de la
nappe qui est la mer.
 Mécanisme de la recharge : mode de piston flow.
 Remontée de la piézométrie de 4 m sous les bassins d’infiltration et
258 moins de1 m à 300 m de distance.

 Adsorption des phosphates dans la ZNS


 Réduction dans les teneurs des : phosphates, de l’ammonium,
l’azote total, l’alcalinité et le pH.
GEOCHIMIQUE  Légère élévation dans les teneurs en calcium et la dureté
 Stabilisation dans les concentrations en chlorures et en sulfates.
 Détermination de la perméabilité, par application des traceurs (k
varie de 0.07 à 0.30 m/j).

L’INRGREF, de son côté, a procédé à un suivi de l’aspect microbiologique. Ce suivi n’a pas été prolongé
durant toute la durée du projet et les résultats sont partiels. L’analyse microbiologique consistait en un
dénombrement des coliformes, des coliformes fécaux et des streptocoques fécaux. La méthode
appliquée était celle du nombre le plus probable (N.P.P) en milieu de cultures liquides conformément
aux Normes Tunisiennes 16.21 et 16.24.

La principale conclusion a été que les teneurs en DCO dans la nappe varient de10 à 48 mg/l, donc
bien inférieures à celles des EUT (60 à 100 mg/l). Bien qu’il y ait un abattement de la DCO, il reste
une présence significative de charge polluante (matière organique dissoute). Par conséquent,
l’abattement microbiologique n’est pas total. Ces résultats indiquent que les eaux rechargées ne
sont pas bien oxydées lors du processus de recharge comme en témoignent les concentrations en
azote. Ainsi, la ZNS n’est pas assez oxygénée pour permettre la dégradation aérobie des effluents lors
de leur percolation à travers la ZNS. Pour surmonter ce problème, il faudrait veiller à une oxygénation
élevée de la ZNS en procédant au raccourcissement du temps d’alternance entre bassins d’infiltration
(3 à 4 j au lieu de 15 j).

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Pour un certain nombre de paramètres physico-chimiques et microbiologiques, l’analyse rétrospective


des impacts de la recharge à l’Oued Souhil a permis de tirer les conclusions suivantes (DGEQV, 2009) :
 La capacité d’infiltration du massif filtrant diminue par effet de colmatage quand il n’y a pas
d’entretien de la plage d’infiltration,
 Les phosphates sont piégés dans la zone non saturée,
 L’ammoniaque subit une nitrification,
 Les sulfates, les chlorures et la conductivité restent à des valeurs identiques
 Il y a la présence de germes témoins de contamination fécale.

Concernant la recharge indirecte, une campagne d’analyse réalisée en septembre 2017 a permis l’étude
de qualité microbiologique et physicochimique de la nappe d’eau souterraine de Sfax pour avoir une
indication sur l’impact potentiel des EUT de la STEP de Sfax Sud utilisées pour l’irrigation (DGGREE,
2017). Les résultats ont mis en évidence la vulnérabilité de la nappe à la charge microbienne et à
un élément métallique, le zinc60.

Ces deux études montrent que la filtration des EUT lors de la recharge de nappe ne permet pas
l’épuration complète de l’eau, notamment au niveau microbiologiques. Ainsi, l’utilisation des eaux des
nappes rechargées par les EUT doit faire l’objet de mesures particulières et de restrictions en fonction
des usages. Cependant, à l’heure actuelle, les opérations de recharge ont eu lieu dans des nappes
surexploitées pour l’irrigation agricole et il n’y a, pour l’heure, pas de réglementation pour l’irrigation
des cultures maraîchères avec l’eau des nappes rechargées avec des EUT.

Korba
Pour ce qui est du cas du site de Korba, le suivi a été réalisé par le CERTE. L’information n’est pas
complètement accessible car elle fait l’objet de sujets de thèse. Toutefois, les quelques publications
traitant de ce sujet sont résumées dans le tableau ci-dessous.

ASPECTS PARAMETRES
259
 Capacité d’infiltration dans les bassins (< 1 m3/m2/jour)
HYDRO DYNAMIQUE  Remontée de la piézométrie de 1à 4 m sous les bassins d’infiltration
et moins de1m à 200 m de distance.
 Adsorption des phosphates dans la ZNS
 Réduction dans les teneurs des : phosphates, de l’ammonium,
l’azote total.
GEOCHIMIQUE  Stabilisation dans les concentrations en chlorures et en sulfates.
 Légère diminution dans les teneurs en résidu sec dans les
piézomètres proches aux bassins de recharge.

L’aspect microbiologique constitue le point faible en matière de suivi. En effet, l’état de la nappe avant
le démarrage de l’opération de la recharge n’a pas été relevé. Par ailleurs, tout près de la station, du
côté sud, l’Oued Sidi Othmane est en permanence submergé avec des eaux usées, parfois traitées,
parfois brutes, en provenance de la STEP de Korba à proximité. Ainsi, le site de recharge de Korba se
trouve soumis à une double influence des eaux provenant de la recharge à partir des bassins
d’infiltration et de la recharge à partir de l’infiltration dans le lit de l’oued. Seul un travail de recherche
approfondi permettrait de distinguer la part des choses.

En ce qui concerne l’aspect environnemental, la recharge n’a pas induit des nuisances, notamment
olfactives, sur l’environnement immédiat ou lointain (en dépit de la qualité des effluents arrivant à la
station en cas de dysfonctionnement au niveau des stations de traitement). Aucun dégagement de
mauvaises odeurs ni de développement de gîtes larvaires n’a été relevé pendant la durée de l’opération.
Seul un développement algal à la surface des eaux a pu être constaté ; mais ce phénomène accidentel
n’a pas duré.

60 La vulnérabilité de la nappe est peut-être exacerbée par l’utilisation de fumier en agriculture.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Sur le plan de gestion des bassins, Il a été montré que le procédé de rotation par bassin ou par
couple de bassin devrait varier en fonction des conditions climatiques. Lors des jours d’ensoleillement,
il serait intéressant d’exposer le fond des bassins aux rayonnements solaires car l’impact sur le
traitement au niveau de la MES accumulée est plus pertinent (assèchement, balayage, décapage, etc.).
En revanche, quelles que soient les conditions climatiques, la durée de rotation doit être raccourcie (3
à 4 jours) pour permettre une meilleure oxygénation de la ZNS sous les bassins d’infiltration, afin
d’assurer un degré d’oxydation assez élevé.

Sur le plan partenariat, bien qu’il n’y ait pas de conventions de partenariat établies entre le CRDA et
les autres institutions pouvant être intéressées par le projet, on a constaté que la structure régionale et
même locale de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la pèche (UTAP) était un acteur clé dans ce
cas de figure. Il a joué un rôle positif auprès de ses adhérents au niveau de la sensibilisation et de
l’encouragement à la réussite du projet tout en demandant à l’ONAS de livrer une meilleure qualité des
EUT. Il a même joué un rôle positif dans la médiatisation. Les paysans qui ont perçu l’effet positif de la
recharge, en voyant la productivité de leur puits s’améliorer, ont insisté pour que l’action soit maintenue
de façon durable.

Sur le plan hygiénique, le ministère de la santé publique a été impliqué dans le projet. Le personnel
opérant à la station de recharge a subi au démarrage du projet une vaccination. La direction régionale
de la santé procède à un échantillonnage et analyses périodiques dans son propre réseau de puits.

Cependant, que ce soit dans le cas de Korba ou de l’Oued Souhil, un certain nombre de défaillances
ont été relevées en termes de prévention, de contrôles et de suivi épidémiologique. Ces défaillances
sont présentées dans le paragraphe suivant.

ENSEIGNEMENTS DES ENQUETES SUR LES ASPECTS SOCIAUX, ENVIRONNEMENTAUX ET


SANITAIRES
La méconnaissance des risques et le non-respect des normes sanitaires propres à la REUT ont été
notées lors des enquêtes au niveau de l’Oued Souhil et de Korba (voir Tableau 11-26). Ce problème
est en partie dû à la déconnexion qu’il existe entre la recharge de nappe et l’utilisation des nappes qui
260 est faite par la suite. En effet, si les usagers perçoivent l’intérêt de la recharge de la nappe avec les
EUT, ils ne perçoivent pas toujours les risques associés. L’épuration des EUT après leur passage dans
le sol, ainsi que la dilution des EUT avec des eaux conventionnelles ne permet pas l’abattement total
des problèmes de qualité. Il est ainsi nécessaire que la recharge de nappe fasse partie d’un projet
plus large, englobant les prélèvements qui sont réalisés par la suite.

Tableau 11-26 : Analyse d’indicateurs sociaux, environnementaux et sanitaires pour la recharge de nappes

Aspects Indicateurs Oued Souhil/Korba Korba

Production de culture maraîchères avec


Oui oui
les eaux de la nappe
Connaissance des risques par les
Non non
agriculteurs
Sanitaire
respect des normes sanitaires propres
Non non
à la REUT
Analyses régulières de la qualité des
Non Non
EUT

Suivi de la piezométrie Oui Oui


Environnemental
Suivi régulier de la qualité des eaux de
Non Non
la nappe

Des employés Oui Oui


Social Acceptabilité
Des agriculteurs Oui Oui

N.B : l’acceptabilité sociale des agriculteurs concerne les agriculteurs qui savent qu’ils utilisent des EUT.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.4.4 Regard sur la REUT pour la recharge de nappes dans d’autres pays
La recharge artificielle de nappes dans le monde est réalisée essentiellement à partir des eaux de
surface. Il existe malgré tout des sites de recharge à partir d’eaux issues du dessalement, (Arabie
Saoudite, Emirat Arabes Unis, etc.) et d’EUT (Etats Unis, Australie, Israël, Turquie, Chypre, Chine,
Espagne et Italie).

Le tableau ci-dessous compare les normes en Espagne avec la NT 106.03. L’une des principales
différences concerne la microbiologie qui est un élément important dans la réglementation en Espagne.

Tableau 11-27 : Normes de qualité pour la recharge de nappe avec des EUT en Espagne
Escherichia
Nématodes Turbidité
Pays MES (mg/L) coli
(œufs/10L) (NTU)
(UFC/100mL)
Espagne : recharge par
< 35 - < 1 000 -
percolation
Espagne : recharge par
< 10 <1 0 <2
injection directe
NT 106.03 < 30 <1 - -
Source : (BRLi, 2017)

Dans la majorité des cas, la recharge avec des EUT est combinée avec d’autres eaux de recharge
comme à Phoenix aux Etats Unis où les eaux de la rivière Colorado sont additionnées aux EUT. Les
apports en eau de surface de la rivière varie au cours de l’année car son débit est très dépendant des
conditions climatiques. Les EUT permettent donc de continuer la recharge quand les eaux de surface
se font rares (Casanova & al., 2013).

11.4.5 Synthèse des contraintes au développement de la recharge de nappe avec


261
des EUT et recommandations
SYNTHESE DES POINTS FORTS ET DES CONTRAINTES
Les enquêtes et les entretiens effectués auprès des acteurs participant à la recharge de nappe avec
des EUT en Tunisie au niveau des sites de l’Oued Souhil et Korba ont permis de dresser la liste des
contraintes et des atouts au développement de cet usage. Ils sont indiqués dans le tableau suivant.

Tableau 11-28 : Hiérarchisation des contraintes au développement de la recharge de nappe avec des EUT
Niveau de Type de contraintes par aspects
contrainte

Contraintes Aspects institutionnels


majeures
 Pas d’organisme dédié à la recharge de nappe avec des moyens
suffisants pour porter les projets dans leur mise en place et surtout pour
leur suivi dans le temps, manque d’une vision claire et d’une stratégie
avec des objectifs bien définis
 Gestion des sites de recharge déléguée au CRDA de Nabeul mais pas
de budget ou compétences associés : difficultés pour exploiter
convenablement les sites, arrêt de la recharge
Aspects techniques
 Problèmes de qualité des EUT à cause de la surcharge de la STEP,
présence d’huiles et colmatage des bassins d’infiltration

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Niveau de Type de contraintes par aspects


contrainte

Aspects économiques
 Investissement importants réalisés pour la mise en place des sites mais
pas de moyens pour le suivi que ce soit au niveau de la recherche ou
de l’exploitation et de l’entretien des sites. Pas de participation des
usagers au coût de la recharge.
Contraintes Aspects institutionnels
modérées
 Manque de collaboration entre la recherche chargée des suivis des
nappes et des administrations :
- Manque de communication des résultats de la recherche vers les
administrations. Ex : la DGRE ne possède pas les suivis complets
des nappes (géochimie, piézométrie, microbiologie)
- Peu de valorisation des résultats obtenus quand ils sont
communiqués. Ex : peu de prise en compte des résultats du site
d’Oued Souhil pour celui de Korba donc ce dernier n’a pas apporté
les résultats supplémentaires attendu
- Conflits dans les partenariats établis. Ex : pas de renouvellement
de la convention entre la DGRE et le CERTE pour le suivi
microbiologique de la nappe de Korba donc plus de suivis
actuellement sur ces paramètres
 Déconnexion entre la recharge de nappe et l’utilisation de l’eau en aval,
pas de vision d’ensemble du projet de REUT
Aspects réglementaires
 Pas de normes de qualité des EUT spécifiques à la recharge de nappe
262 alors que besoins différents que l’usage agricole direct (notamment
pour N et P)
 Pas de réglementation pour l’irrigation des cultures maraîchères avec
l’eau des nappes rechargées avec des EUT
Aspects techniques
 Manque de suivi de la qualité des EUT au niveau parasitologique alors
que vulnérabilité possible des nappes à la charge microbienne
Contraintes Aspects environnementaux et sanitaires
mineures
 Piézomètres non protégés par un cadenas
 Résultats non satisfaisants sur l’impact de la recharge sur l’intrusion du
biseau salé, pas de conclusions possibles
 Pas d’état initial effectué sur la qualité des nappes avant la recharge
 Manque de respect des règles de recharge établies à l’origine des
projets comme le débit injecté par année
 Certains effets à long termes non étudiés sur la nappe et les usages en
aval : ETM, polluants émergents, etc. Risques de contamination
irréversible des nappes
Aspects institutionnels
 Manque d’une équipe de recherche pluridisciplinaire établie avec une
maîtrise des connaissances et des techniques à adopter afin
d’interpréter correctement les résultats de suivis des nappes malgré leur
complexité
Atouts au Aspects techniques
développement
 Expérience ancienne de la recharge en Tunisie avec le site d’Oued
Souhil (années 70)

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Niveau de Type de contraintes par aspects


contrainte

 Choix pertinents de localisation des sites de recharge : caractéristiques


de la ZNS, contexte hydrogéologique, proximité de la STEP, terrain
domanial, état de dégradation des nappes, etc.
 Amélioration de la qualité physico-chimique des eaux rechargées
notamment pour les MES, N, P, etc. Bon potentiel de traitement
complémentaire des EUT.
 Résultats acquis sur le plan hydrodynamique, géochimique et sur le
protocole de mise en œuvre de la recharge (rotation des bassins,
entretien, etc.) qui peuvent être réutilisés pour d’autres sites
Aspects environnementaux
 Remontées piézométriques des nappes observées
Aspects sociaux
 Bonne acceptabilité des agriculteurs car utilisation indirecte et permet
un apport complémentaire en eau d’irrigation dans des zones où les
nappes sont surexploitées et dégradées. Possibilité d’irriguer plus de
cultures et avec moins de risques sanitaires qu’avec une utilisation
directe des EUT si la recharge est bien effectuée

Au vu de de ce diagnostic, on s’aperçoit que malgré la mise en œuvre de la recharge artificielle à partir


des eaux usées traitées depuis plus de trois décades, les résultats atteints demeurent encore
inachevés, par rapport aux objectifs fixés. L’évaluation des résultats montre que les résultats quantitatifs
sont les plus satisfaisants (au niveau qualitatif, les résultats ne sont pas encore pleinement satisfaisants,
notamment pour les aspects parasitologiques).

Les sites de Korba et Nabeul ne sont plus en activité et des mesures urgentes sont à entreprendre pour
les réhabiliter et les garder comme sites de référence. 263
RECOMMANDATIONS

Les EUT constituent une ressource potentielle dont la disponibilité est régulière tout au long de
l’année. Cependant, la demande en eau est rarement régulière, notamment pour l’irrigation, où la
demande varie au rythme des saisons. Ainsi, le recours au stockage souterrain, au moins partiel,
permet :
 De stocker l’eau lorsque la demande est insuffisante par rapport à l’offre et, inversement, de
fournir l’eau en quantité suffisante lors des pics de demande ;
 De limiter les baisses piézométriques et d’améliorer la qualité de l’eau.

Afin de développer la REUT pour la recharge de nappes, les éléments présentés ci-avant
permettent de formuler les recommandations suivantes :
 Compte tenu de la complexité du processus de recharge de nappes, l'élaboration d'un guide
pratique décrivant les différentes actions à entreprendre au niveau d’un site de
recharge est essentielle pour les opérateurs de la recharge. Parmi les points que le guide doit
contenir, on peut noter les suivants : éléments concernant les bassins d’infiltration, rotations
de mise en eau, réseau de contrôle, maintenance, échantillonnage et rythmicité de certaines
de ces actions, etc.
 La qualité des EUT et le mode de gestion de la recharge des nappes sont deux éléments clés
pour garantir la maîtrise des risques sanitaires liés à la recharge artificielle avec les EUT. Afin
de garantir la qualité des EUT, il est nécessaire de définir les normes de qualité à respecter
pour la recharge de nappe et de développer les traitements nécessaires pour atteindre
cette qualité. A cet effet, la filtration sur sable permettrait d’éviter les problèmes de
colmatage de la plage d’infiltration. Ensuite, un traitement tertiaire semble essentiel
pour sécuriser la recharge du point de vue de la qualité microbiologique des EUT.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

 Il est essentiel d’avoir un suivi de la qualité de l’eau de la nappe régulier permettant l’utilisation
en toute connaissance des risques. On note l’absence de suivi dans les deux nappes de
Korba et de l’Oued Souhil, qui n’est pas compatible avec les usages qui sont faits de la nappe
par la suite.

11.5 VALORISATION ECOLOGIQUE : UN FLOU ENTRE LA VALORISATION ECOLOGIQUE


ET LE REJET DANS LE MILIEU NATUREL

11.5.1 Description générale du secteur et place de la REUT


Les zones humides s’étendent sur 5 % du territoire tunisien (DGEQV, 2012) et le maintien de ces
zones, surtout durant la période estivale, est essentiel pour la conservation de la biodiversité.
L’abondance de l’eau et des matières nutritives permet une production biologique intense et constitue
une attraction pour les oiseaux.

La carte ci-après présente les aires protégées en Tunisie, y compris les zones humides d’importance
nationale et internationale.

264

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Carte 11-3 : aires protégées localisées en Tunisie

265

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Pour certaines STEP, il a été choisi de rejeter les EUT dans un milieu aquatique superficiel dégradé
(sebkha ou oued) afin :
 D’améliorer la qualité de l’eau du milieu en y rejetant des EUT de bonne qualité ou,
 De maintenir une zone humide en évitant qu’elle s’assèche.

L'alimentation des zones humides avec les EUT permet aussi de stabiliser et de protéger les sols. En
effet, la végétation, adaptée à ce type de milieu maintient les berges et les rivages (cas de la lagune de
Korba). Les EUT qui alimentent les zones humides apportent souvent de la matière nutritive permettant
une certaine stabilité des écosystèmes et peuvent constituer des espaces pour l’autoépuration de l’eau.
C’est ce processus qui est exploité et amélioré dans les stations de lagunage.

33,5 Mm3 d’EUT auraient été réutilisés pour la valorisation écologique en 2017 (BPEH, 2017).
Cependant, cet usage est peu régulé et on note un manque global de suivi pour cette réutilisation.
Il est donc difficile de savoir si les 33,5 Mm3 correspondent réellement à un soutien aux
écosystèmes aquatiques ou s’apparentent plus à un simple rejet dans le milieu.

11.5.2 Les éléments factuels issus des enquêtes


11.5.2.1 Déroulement des enquêtes et description des sites visités
Deux sites de « valorisation écologique » ont été enquêtés lors de l’étude : la lagune de Korba à Nabeul
et la lagune de Bizerte. Ces sites ont été sélectionnés lors du premier COPIL de l’étude en janvier 2019,
en concertation avec les participants au COPIL.

HYDROLOGIE ET ECOLOGIE DE LA LAGUNE DE KORBA


La lagune de Korba est un site Ramsar et une ZICO (Zone Importante pour la Conservation des
Oiseaux) située dans le Nord-Est de la Tunisie (voir la localisation sur la Figure 11-9). La lagune de
Korba accueille chaque année une importante faune ornithologique représentée par environ une
266 cinquantaine d'espèces. Par ailleurs, il est à noter que parmi les espèces végétales recensées au niveau
de ce plan d'eau, il y a l'A. Barrondoni qui est une phanérogame signalée pour la première fois en
Tunisie. Cette dernière représente une vraie originalité biologique dans cet écosystème.

Figure 11-9: Localisation de la lagune de Korba

Ce plan d'eau est localisé dans une zone de climat semi-aride à hiver chaud. Il s’agit d’une dépression
allongée, positionnée parallèlement à la ligne du rivage sur environ 8,5 km mais relativement étroite
(350 m de largeur au maximum). Elle se caractérise par un fond plat et une profondeur maximale ne
dépassant guère un mètre dans sa partie orientale. Elle représente le seul plan d'eau permanent le long
de la côte orientale du Cap Bon et fait partie d’un système lagunaire côtier s’étendant entre Maamoura
et Kélibia.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

La lagune de Korba (dite Sebkha Charquia) est séparée de la mer par un cordon sableux entrecoupé
par quatre passes ouvertes qui permettent sa communication avec cette dernière. Son bassin couvre
une partie du bassin versant de l’oued Chiba et une partie de l’oued Korba. La superficie totale de ce
bassin est de l'ordre de 27,1 km2. Cette lagune est alimentée par les eaux pluviales directes ou
ruisselées par le bassin versant de la lagune, par l’Oued Chiba au moment des crues et par la
mer au cours des tempêtes. Etant donnée la complexité de l’alimentation de la lagune en eau
(différentes origines et différentes qualités), la qualité des eaux de la lagune est soumise à une
variabilité saisonnière fortement influencée par toutes ces contraintes.

En plus de ces apports en eau, la lagune de Korba reçoit les EUT de la ville et les rejets saisonniers
des eaux usées industrielles correspondant aux eaux de lavage des conserveries de tomate (en
Juillet, Août, Septembre).

HYDROLOGIE ET ECOLOGIE DE LA LAGUNE DE BIZERTE


La lagune de Bizerte est située à l’extrême Nord de la Tunisie. Elle s’étend sur une superficie de l’ordre
de 128 km2, avec une largeur maximale de 11 km et une longueur maximale de 13 km, et communique
avec la mer par un canal de 6 km de longueur. La largeur et la profondeur maximales du canal sont de
0,8 km et 12 m, respectivement. La lagune est reliée dans sa partie ouest à un second plan d’eau, le
lac Ichkeul, par le canal Tinja d’environ 5 km de long et de quelques mètres de profondeur (3 mètres en
période de crue). La lagune de Bizerte et sa localisation par rapport au lac d’Ichkeul et à la mer est
représentée sur la Figure 11-10.
Figure 11-10 : Situation géographique et délimitation du bassin versant de la lagune de Bizerte

267

Le réseau hydrographique de la lagune est composé de plusieurs cours d’eaux qui débouchent
principalement au niveau des bordures Sud et Ouest de la lagune. Ces cours d'eau sont représentés
par les oueds El Merdj et Abbés au Nord, les oueds Merazig et Halima au Nord-Ouest, les oueds Soula
et Tinja à l’Ouest, les oueds Guenniche, El Hella, Djedara et El Khima, à l’Est et les oueds Guennine,
Ben Hassine, Douamis, El Gouraya, Garek, Tliba et Chegui au Sud. La lagune draine un bassin versant
de l’ordre de 380 km2. La quantité d’eau qui arrive dans la lagune est estimée à 125 Mm3/an en
moyenne.
La surface de la lagune varie de 80 à 110 km² en été et sa salinité fluctue en fonction du bilan hydrique.
A ceci, s'ajoute l'impact lié à l'installation de trois barrages au niveau du bassin versant de l'Ichkeul. Ces
derniers ont diminué les apports d'eau douce alimentant l'écosystème lagunaire, ont perturbé ses
caractéristiques hydrologiques et augmenté sa salinité. La salinité élevée a engendré la disparition des
espèces d’eau douce, particulièrement, le poisson Barbus callensis et la Magnoliophyte Potamogeton
pectinatus, principale source trophique des oiseaux aquatiques hivernant à l’Ichkeul.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-29 : Déroulement des enquêtes des sites de valorisation écologique avec des EUT
Lagune de Korba Lagune de Bizerte

Localisation Gouvernorat de Nabeul Gouvernorat de Bizerte

Lieux visités STEP de Korba et rejet, lagune et alentours STEP de Menzel Bourguiba et rejet, lac et activités alentours, canal
de Tinja

Dates de visite 26 et 27 février 2019 1er mars 2019

Personnes rencontrées STEP : Chef de division régional et Chef de station ONAS STEP : Chef de station ONAS et chef exploitant privé

Présidente de l’ANTPE et président de l’association écotourisme et


environnement

Illustration

268

Lagune de Korba Lagune de Bizerte

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.5.2.2 Caractéristiques des STEP alimentant les sites enquêtés


Pour la STEP de Korba, les différentes caractéristiques sont détaillées dans la section précédente
dédiée à la recharge de nappe car cette station est aussi utilisée pour la recharge artificielle de la nappe
de Korba avec les EUT. Quant à la STEP de Menzel Bourguiba, elle rejette ses effluents au niveau de
la lagune de Bizerte.

Dans le cadre du "Programme de dépollution intégrée du lac de Bizerte - Volet assainissement", l'ONAS
a prévu l'assainissement de la ville de Menzel Bourguiba et ce à travers différentes actions :
 la mise à niveau de la STEP,
 la réhabilitation des réseaux vétustes et l'extension de certaines conduites,
 l'acquisition d'équipements d'exploitation des réseaux et
 la réutilisation des eaux traitées et des boues pour les activités agricoles.

Il est à mentionner que les EUT de la station de Menzel Bourguiba n'ont subi aucune activité de
réutilisation jusqu'à présent.

Le Tableau 11-30 reprend les principales caractéristiques des STEP de Korba et de Menzel Bourguiba.

269

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-30 : Description des STEP alimentant les sites de valorisation écologique enquêtés
Caractéristiques des STEP STEP de Korba STEP de Menzel Bourguiba

Date de création 2002 1997

270

Clarificateur de la STEP de Korba Source (BRLi, mars 2019) Chenal d’oxydation de la STEP de Menzel Bourguiba (BRLi, mars 2019)

Eaux domestiques de la ville de Korba et village de Mida + Eaux domestiques de la ville de Tinjah et de Menzel
Origine des EUB – industriels raccordés
eaux industrielles (teinturerie…) Bourguiba + eaux industrielles

Gestion du débit avec les bassins de maturation ou By pass vers l'oued puis la lagune en cas de fortes pluies
Gestion du trop plein
déversement dans l'oued en aval de la STEP

Population raccordée 75 000 EH 91 000 EH

Boues activées à faible charge (aération prolongée) Boues activées à faible charge
Type de traitement
Traitement complémentaire avec filtre à sable + bassins de
maturation

Capacité nominale 7 600 m3/j 11 000 m3/j

Débit journalier moyen et maximum (2017) 7 300 m3/j 8 200 m3/j

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Caractéristiques des STEP STEP de Korba STEP de Menzel Bourguiba

Volume d’EUT produit (2017) 2 700 000 m3 3 000 000 m3

Valorisation des sous-produits 100 % de valorisation des boues pour l'agriculture Pas de valorisation des boues

Réhabilitation des chenaux d'oxydation avec mise en place Réhabilitation il y a 6 mois de la plupart des équipements
Réhabilitations / Extensions d'un système fines bulles et extension pour atteindre (dégrilleurs, agitateurs, station de pompage des boues…)
20 000 m3/j prévues

Milieu de rejet Oued et lagune de Korba Oued puis lagune de Bizerte

Type de gestion ONAS Exploitation privée sous gestion de l’ONAS

Recharge de nappe : 288 000 m3 Alimentation de la lagune de Bizerte : 8 200 m3/j (total des
Usages REUT et volume réutilisé en 2017 EUT rejeté dans la lagune)
Alimentation de la lagune de Korba : 4 000 m3/j
Source : (ONAS, 2017)

271

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.5.2.3 Caractéristiques de la REUT au niveau des sites de valorisation écologique enquêtés


LAGUNE DE KORBA
La lagune de Korba a fait l'objet d'une attention très particulière dans le cadre des programmes
nationaux de préservation de la biodiversité et du développement durable, dont notamment le projet
MedWetCoast qui a démarré en 1999 sur les zones humides du Cap Bon.

En effet, ces zones renferment environ 35% des espèces menacées des côtes tunisiennes et de
nombreuses espèces caractéristiques de la biodiversité méditerranéenne. Parmi les objectifs de ce
projet figurait la protection du site de Korba contre différentes formes d'agressions dont notamment :
avancement des terres agricoles et urbanisation de la ville de Korba, déversement des eaux usées
domestiques et industrielles de quatre conserveries de tomates, pollution par les ordures ménagères et
les déchets solides, trafic routier reliant la ville de Korba à Menzel Temime qui perturbe la relative
quiétude des oiseaux

Figure 11-11 : Localisation de la lagune de Korba par rapport à la STEP

272

Des mesures urgentes entreprises dans le cadre du projet ont permis de rétablir l’équilibre des
écosystèmes lagunaires au niveau de la zone humide de Korba. Depuis le démarrage du projet,
plusieurs améliorations sont à noter, dont (APAL, 2003) :
 La fermeture de l’abattoir de la ville qui a, durant longtemps, pollué la lagune et empoisonné sa
faune et sa flore ;
 L’amélioration de la propreté du site ;
 Le développement de divers aménagements tels que l’installation de parcours écologiques et des
passerelles en bois pour protéger le site et permettre l’accès à la plage ;
 L’alimentation de la lagune par des eaux usées traitées depuis la STEP de Korba depuis 2002
 La mise en place de prétraitements au niveau des conserveries de tomates ;
 La création d’un écomusée et d’un observatoire pour le suivi de l’hydrologie et de l’avifaune de la
lagune.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Un plan de gestion a été développé en 2004 et devait être mis en œuvre par l’Agence de Protection
et d’Aménagement du Littoral (APAL). Ce plan de gestion a permis le balisage de la zone protégée de
la lagune pour éviter que l’urbanisation et les terres agricoles gagnent encore du terrain sur la lagune.
De plus, un Comité Local d'Appui à la Gestion (CLAG) a été créé rassemblant l’APAL, l’ONAS, le CRDA
de Nabeul, la municipalité de Korba et la société civile via l’Association Tunisienne de Protection de la
Nature et de l’Environnement de Korba (ATPNE). Cette dernière a pour rôle la sensibilisation à
l’environnement de la population locale, la contribution à la protection des écosystèmes et de la
biodiversité de la région et le développement de l’écotourisme au niveau de la lagune de Korba.

Aujourd’hui cependant, par faute de moyens, l’APAL n’est plus présente sur le site et les suivis
de la qualité de l’eau et de l’avifaune ne sont plus effectués.

Afin d’éviter l’assèchement de la lagune en été, une convention a été signée entre l’ONAS et le ministère
de l’environnement en 2005 pour que 4 000 m3/j d’EUT provenant de la STEP de Korba soient rejetées
dans la lagune plutôt que dans l’oued. Une conduite gravitaire a donc été mise en place de la sortie des
bassins de lagunage de la STEP jusqu’à la lagune. L’assèchement de la lagune a ralenti et un débit
minimal est maintenu lors de la période estivale. Cependant, l’APAL n’étant plus présente sur le site, il
n’y a pas de contrôles du rejet de l’ONAS dans la lagune, que ce soit en termes quantitatifs ou
qualitatifs. Par ailleurs, il n’y a pas de contrôle de l’utilisation des eaux de la lagune et il est possible
que l’eau de la lagune soit réutilisée pour le maraîchage d’après l’ATPNE.

LAGUNE DE BIZERTE
La dépression de la lagune de Bizerte est soumise à un ensemble de nuisances dont les causes sont
les suivantes (EUROMED, 2011) :
 Les rejets hydriques provenant des zones urbaines ;
 Les rejets industriels divers chargés en métaux lourds et hydrocarbures (cimenterie El Fouledh,
unité de fabrication de circuits imprimés Fuba, raffineries Stir et Sotolub, industrie Socomena pour
l’entretien des bateaux…) ;
 Les rejets de déchets solides divers provenant des zones urbaines et des activités industrielles ; 273
 Les rejets provenant des activités agricoles sur le bassin versant : En effet, la superficie agricole
totale autour de la lagune de Bizerte est de 12 700 hectares et comprend des grandes cultures
(7 800 ha), de l’arboriculture (500 ha) et des cultures maraîchères (3 400 ha).

Par ailleurs, comme cela est expliqué plus haut, l’installation des barrages à l’amont du lac Ichkeul a
aussi affecté fortement l'équilibre naturel de la lagune faisant varier son bilan hydrique et augmentant
fortement sa salinité.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Figure 11-12 : Localisation de la lagune de Bizerte par rapport à la STEP de Menzel Bourguiba

De par les nombreuses pressions exercées sur la lagune, il existe de forts enjeux au niveau de
la qualité de l'eau pour préserver l’intérêt environnemental du site et sécuriser les activités de
pêche et d’aquaculture.
274 Au vu de cette situation, un projet de dépollution intégrale du lac de Bizerte financé par l’UE dans le
cadre du Mediterranean Hot Spot Investment Program a été lancé en 2011. Un diagnostic de la lagune
a d’abord été effectué puis un plan d’action à l'horizon 2020 a été élaboré. Les rejets en EUT dans la
lagune sont suivis dans le cadre de ce programme, pour les 3 STEP concernées : Bizerte, Mateur et
Menzel Bourguiba. L’objectif du suivi est de prévenir l’impact des rejets sur la lagune notamment pour
les paramètres azote et phosphore. Ainsi, concernant la lagune de Bizerte, il semblerait que le rejet
dans la lagune s’apparente plus à un rejet qu’à une réutilisation environnementale.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-31 : Eléments factuels issus des enquêtes auprès des sites de valorisation écologique
Aspects enquêtés Lagune de Korba Lagune de Bizerte

Illustration

275
Pastoralisme à proximité de la lagune de Korba (BRLi, mars 2019) Activités de pêche et aquaculture dans la lagune de Bizerte (BRLi, mars 2019)

Démarrage de l’alimentation de la 2005 1997


lagune avec les EUT

Volume d’EUT réutilisé 4 000 m3/j 8 200 m3/j

Réseau de distribution Conduite gravitaire jusqu’à la lagune Conduite gravitaire jusqu’à la lagune

Protections réglementaires Zone Ramsar et ZICO Pas de protections

Suivis de la qualité de l’eau Non Oui (ANPE, APAL)

Gestion APAL APAL

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.5.3 Analyse transversale de la REUT pour la valorisation écologique


ENSEIGNEMENTS DES ENQUETES SUR LES ASPECTS SOCIAUX, ENVIRONNEMENTAUX ET
SANITAIRES
Les enquêtes ont montré des situations relativement différentes entre les lagunes de Korba et de
Bizerte. Le tableau ci-dessous renseigne plusieurs indicateurs sanitaires, sociaux et environnementaux.

Parmi les points importants, on relève que les services écosystémiques fournis par la lagune ne
font pas l’objet d’un suivi particulier (maraîchage, pâturage, baignade, pêche, etc.). Cette situation
est semblable à celle de la recharge de nappe. On est en effet dans une situation où l’utilisation
secondaire des EUT ne fait pas l’objet de mesures particulières, étant déconnectée de l’utilisation
première qu’est la valorisation écologique.

On note aussi que le suivi environnemental et de la qualité de l’eau est différent entre la lagune
de Korba où il n’y a plus de suivi et la lagune de Bizerte où il y a un suivi régulier. Enfin, dans le
cas de la lagune de Korba, il y a eu des campagnes de sensibilisation autour la REUT et l’acceptabilité
des riverains ne semble pas problématique. Dans le cas de la lagune de Bizerte, il n’y a pas eu de
campagne de sensibilisation et les riverains n’ont à priori pas connaissance du projet de valorisation
écologique des EUT.

Tableau 11-32 : Analyse d’indicateurs sociaux, environnementaux et sanitaires pour la valorisation écologique des EUT

Aspect Indicateur Lagune de Korba Lagune de Bizerte


Utilisation probable des eaux de la
Oui Oui
lagune pour le maraîchage
Pâturage à proximité de la lagune Oui Oui
Sanitaire
Baignade en sortie de lagune Oui Oui
276 Pêche et aquaculture Non Oui
Contrôle de l'accès au site Non Non
Essentiel au maintien de la biodiversité
Oui Non
du site
En amélioration (fermeture
de l'abattoir, prétraitement
Environnemental Rejets clandestins d'eau brute Oui
au niveau des conserveries
de tomates)
Contrôles de la qualité de l'eau Non Oui
Suivi environnemental Non Oui
les riverains n'ont pas
Acceptabilité des riverains Oui
connaissance de la REUT
Social
Communication sur le site à destination
Oui Non
des touristes

11.5.4 Regard sur la REUT pour la valorisation écologique dans d’autres pays
L’usage environnemental des EUT pour valoriser des services écosystémiques est relativement récent
dans le monde. On peut citer l’exemple au Mexique du lac Texcoco où la REUT a permis la restauration
des zones humides et de réservoirs d’eau douce. Le traitement des EUT utilisé est de type boues
activées, complété par une filtration sur sable et un traitement avancé avec processus d’élimination des
nutriments (N et P) (UN WATER, 2017). Les exemples de ce type de réutilisation utilisent souvent les
normes relatives aux rejets dans les milieux naturels. La mise en œuvre de « normes de qualité de l’eau
ambiante » permettrait de prendre en compte la capacité de l’écosystème concerné par la réutilisation
à absorber ou assimiler la pollution provenant des EUT. Elle se mesure par le volume maximum
admissible d’une substance dans un plan d’eau. Ces normes existent dans plusieurs pays dans la
législation nationale mais elles n’existent pas encore pour toutes les substances et tous les sites.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.5.5 Synthèse des contraintes de la valorisation écologique avec des EUT et


recommandations
RECOMMANDATIONS

En fonction des projets, la valorisation écologique répond à des objectifs très différents. Il est donc
difficile de dresser une synthèse des forces et des faiblesses communes à ces types de réutilisation
qui sont plutôt à considérer au cas par cas. On peut cependant proposer quelques recommandations
sur la base des enquêtes réalisées au niveau de la lagune de Korba et de Bizerte :
 En amont du projet de valorisation écologique, il est important d’établir un état initial du
milieu considéré. Sans cela, il est difficile d’étudier, par la suite, les impacts du rejet de
l’ONAS. De plus, il faut fixer des objectifs liés à cette réutilisation et établir des indicateurs
qui permettront d’évaluer si les objectifs sont atteints ou non (qualité de l’eau de la lagune,
hauteurs d’eau, espèces d’oiseaux présentes, etc.). L’ensemble des parties prenantes liées à
la lagune doivent se concerter pour définir les règles à respecter liées au rejet de l’ONAS (débit
journalier, qualité de l’eau en fonction de la sensibilité du milieu récepteur, notamment pour les
paramètres N et P, et des usages du milieu comme la pêche, l’irrigation agricole, etc.).
 Au cours du projet, un contrôle régulier à la fois quantitatif et qualitatif du rejet de l’ONAS
doit être effectué ainsi qu’une évaluation des impacts sur le milieu grâce à des suivis
hydrologiques, de qualité de l’eau, et écologiques (faune, flore, etc.). Ces suivis doivent être
confiés à une structure stable ayant les moyens et les compétences suffisantes pour les faire
sur le long terme (APAL, une association locale, etc.).
 Pour la réussite du projet, il faut que l’approche soit intégrée : l’ensemble des décisions liées
au milieu qui doit être valorisé doivent être prises en concertation avec toutes les parties
prenantes. Ces dernières peuvent être l’ONAS, la municipalité, le ministère de
l’environnement, la société civile (associations locales de protection de l’environnement, etc.),
des usagers (agriculteurs, pêcheurs, industriels, etc.). Le projet doit aussi être en cohérence
avec tout autre plan de gestion du milieu déjà mis en place (exemple du programme de 277
dépollution de la lagune de Bizerte ou du plan de gestion de la lagune de Korba).

11.6 UTILISATION PAR LES INDUSTRIELS : UN FORT POTENTIEL DE DEVELOPPEMENT


11.6.1 Description générale du secteur et place de la REUT
Chaque année, environ 130 Mm3 d’eau sont prélevés pour l’usage industriel, ce qui représente
5% des consommations annuelles d’eau en Tunisie (MARHP, 2015). Dans les zones où le stress
hydrique est important, les industriels recherchent des alternatives aux eaux conventionnelles afin
d’assurer la pérennité de leur entreprise. C’est pourquoi la demande de REUT pour l’usage industriel
existe, bien qu’elle ne soit pas développée pour l’heure. Les entreprises consommant de grandes
quantités d’eau et intéressées par la REUT sont surtout le secteur du textile, du cuir, de la cimenterie,
des carrières et des industries chimiques. Pour les industries agro-alimentaires, les exigences de qualité
de l’eau demandées sont très élevées.

Le Tableau 11-33 donne une vision d’ensemble de tissu industriel tunisien actuel et précise les secteurs
potentiels pour la REUT d’après les retours du ministère de l’industrie sur les entreprises demandeuses
d’utiliser les EUT.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-33 : Secteurs d’activités des industries tunisiennes


Part dans le Secteurs
Nombre potentiels
Secteurs d’activités tissu Centres techniques
d’entreprises pour la REUT
industriel
Industries textiles et de Centre Technique de
1 605 30 % x
l’habillement Textile (CETTEX)
Industries agricoles et Centre Technique de
1 093 20 %
alimentaires l'Agro-Alimentaire (CTAA)

Industries mécaniques Centre Technique des


639 12 % Industries Mécaniques et
et métalliques
Electriques (CETIME)
Centre Technique de
Industries chimiques 566 11 % x
Chimie (CTC)

Industries des Centre Technique des


Matériaux de
matériaux de 414 8% Construction, de la x
construction, de la
Céramique et du Verre
céramique et du verre (CTMCCV)
Industries électriques, Centre Technique des
électroniques et de 339 6% Industries Mécaniques et
l'électroménager Electriques (CETIME)
Industries diverses
(vannerie, papier, Centre Technique de
288 5% Conditionnement et
transformation de
d'Emballage (PAKTEC)
matières plastiques…)
Industries du cuir et de Centre National du Cuir et
235 4%
la chaussure de la Chaussure (CNCC)
Industries du bois, du Centre Technique de
278 liège et de 193 4% l'Industrie du Bois et de
l'ameublement l'Ameublement (CETIBA)
Total 5 372 100 %
Source : (APII, 2019)

Bien qu’il n’y ait pas de REUT actuellement, des essais ont déjà eu lieu, notamment avec le Groupe
Chimique Tunisien (GCT) à partir de la STEP de Gabès. Il existerait aussi des cas d’industries qui font
le traitement de leurs propres eaux usées et qui les réemploient à la sortie. Ce type d’usage
s’apparenterait plutôt à un recyclage des EUT.

Il est à noter que les grandes industries s’intéressent beaucoup à la solution du dessalement qui est
perçue comme plus fiable que la REUT au niveau de la qualité de l’eau par les industriels, malgré son
coût de mise en œuvre plus élevé.

11.6.2 Les éléments factuels issus des enquêtes


11.6.2.1 Déroulement des enquêtes et description des sites visités
Pour les enquêtes, le site du GCT de Gabès a été choisi ainsi que le site de Gafsa car ce dernier prévoit
de réutiliser les EUT prochainement en s’inspirant de l’essai ayant eu lieu à Gabès.

Le GCT valorise le phosphate extrait par la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) pour en faire
de l’acide phosphorique et des engrais pour l’agriculture. Le GCT traite près de 6,5 millions de tonnes
de phosphate naturel chaque année dans ses 4 sites de production : Gabès (la plus grande plateforme
de production), Sfax, Skhira et M’dhilla (mise en service souhaitée pour juin 2019), les deux derniers se
trouvant dans la région de Gafsa. Le secteur phosphatier occupe une place importante dans l’économie
tunisienne. En effet, le GCT emploie plus de 6 500 personnes, la Tunisie est le 5e producteur mondial
et le GCT exporte dans une cinquantaine de pays répartis sur les 5 continents.

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

L’acide phosphorique est produit en utilisant le procédé suivant : le minerai phosphaté est attaqué par
l’acide sulfurique et hydraté. Lors de cette phase, du phosphogypse est aussi produit qui sera par la
suite repulpé. Ces deux étapes demandent beaucoup d’eau, en continu et durant toute l’année.
Bien que le circuit soit fermé et que l’eau soit réutilisée, il y a beaucoup de pertes par évaporation,
notamment au moment du repulpage du phosphogypse. De plus, les unités de production se trouvent
dans le sud tunisien, région aride où les nappes sont surexploitées, particulièrement pour l’agriculture.

Dans le cadre de sa stratégie environnementale, la préservation des ressources en eau est une des
thématiques abordées par le GCT. Les actions prévues concernent notamment la REUT après
traitement tertiaire, ainsi que le dessalement de l’eau de mer.

Le Tableau 11-34 reprend le déroulement des enquêtes sur le terrain pour les sites du GCT de Gabès
et Gafsa.

279

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-34 : Déroulement des enquêtes des sites de réusitilisation industrielle des EUT
GCT de Gabès GCT de Gafsa

Localisation Gouvernorat de Gabès Gouvernorat de Gafsa

Lieux visités STEP de Gabès STEP de Gafsa

Dates de visite 14 mars 2019 27 mars 2019

Personnes rencontrées STEP : Chef de service épuration ONAS régional et chef de station STEP : Chef de service épuration ONAS régional

GCT Gabès : Directeur régional GCT Gafsa : Directeur régional et 3 ingénieurs chefs de division

280

Réseau de distribution des EUT vers le site de production du GCT de Gabès (BRLi, mars 2019) Ancienne STEP de Gafsa vue depuis la future STEP de Gafsa (en chantier).
Au fond l’usine de la GCT (BRLi, mars 2019

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11.6.2.2 Caractéristiques des STEP alimentant les sites enquêtés


Gabès est une ville industrielle considérée comme l’une des plus polluée en Tunisie et les enjeux
pour garantir la qualité des EUT sont forts, particulièrement car le rejet s’effectue en mer. En
2012, les lits de séchage des boues ont été interdits à cause des désagréments causés par les odeurs.
Avant la mise en place d’une centrifugeuse en 2017, il n’y avait pas d’autre solution pour traiter les
boues, elles ont donc été accumulées dans les bassins du chenal d’oxydation, ce qui a impacté très
fortement la qualité des EUT.

Outre la centrifugeuse, des investissements lourds ont été faits depuis 2017 pour changer les
équipements, notamment au niveau du prétraitement, du chenal d’oxydation et du clarificateur qui a été
remplacé par des laminaires. Cependant, ce nouveau système mis en place n’est pas bien calibré et
seuls 4,5 compartiments sur 8 fonctionnent actuellement. Cette situation crée une surcharge
hydraulique au niveau de la STEP, c’est pourquoi des problèmes de MES subsistent malgré la
réhabilitation. A part la réutilisation prévue pour le GCT, les EUT produites sont actuellement réutilisées
par le périmètre irrigué de Dissa.

La STEP de Gafsa, quant à elle, est une STEP avec un procédé de traitement par lagunage. 5
bassins, en série, permettent la décantation des EUB. Cependant, on note actuellement un problème
d’aération au niveau des bassins et un manque de curage régulier. Une nouvelle station, de type
boues activées, est en cours de construction et devrait être opérationnelle sous peu. Des moyens
importants ont été mis en place pour cette station : systèmes fines bulles pour le chenal d’oxydation, 2
décanteurs primaires, traitement de l’azote et du phosphore, 2 digesteurs pour la cogénération, etc.

Le Tableau 11-35 reprend les principales caractéristiques des STEP de Gabès et de Gafsa.

281

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Tableau 11-35 : Description des STEP prévues pour alimenter les sites de réutilisation industrielle des EUT du GCT de Gabès et Gafsa
Caractéristiques des STEP STEP de Gabès STEP de Gafsa

Date de création 1994 1985

Illustration

282

Chenal d’oxydation de la STEP de Gabès (BRLi, mars 2019) Système lagunaire de la STEP de Gafsa (BRLi, mars 2019)

Eaux domestiques de la ville de Gabès + eaux industrielles Eaux domestiques de la ville de Gafsa
Origine des EUB – industriels raccordés
(lavage de voiture…)

Gestion du trop plein Gestion du débit avec les bassins de lagunage

Population raccordée 180 000 EH 91 000 EH

Boues activées à faible charge (aération prolongée) Actuellement : lagunage prolongé


Type de traitement
En travaux : boues activées à moyenne charge, traitement
III avec les lagunes, cogénération

Capacité nominale 17 300 m3/j 6 000 m3/j

Débit journalier moyen et maximum (2017) 10 000 m3/j 1 500 m3/j - ?

Volume d’EUT produit (2017) 3 700 000 m3 3 000 000 m3

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Caractéristiques des STEP STEP de Gabès STEP de Gafsa

Valorisation des sous-produits Pas de valorisation des boues Utilisation des boues prévue en partie pour la cogénération

Réhabilitation à partir de 2017 de nombreux équipements Construction en cours de la nouvelle STEP avec boues
Réhabilitations / Extensions
(prétraitement, aérateurs, clarificateur, centrifugeuse…) activées, fin prévue en 2019

Milieu de rejet Mer Oued

Type de gestion ONAS ONAS

Usages REUT et volume réutilisé en 2017 Périmètre irrigué Dissa : 916 000 m3 Périmètre irrigué Aguila : 1 945 000 m3
Source : (ONAS, 2017)

283

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.6.2.3 Caractéristiques de la REUT au niveau des sites de réutilisation industrielle enquêtés


Le site de production du GCT de Gabès a été novateur dans le domaine de la REUT pour l’usage
industriel. Un essai a été mis en place à l’échelle expérimentale pendant 2 ans, entre 2014 et 2016. Le
volume réutilisé à partir de la STEP de Gabès a été de 3 000 m3/j. un piquage a été fait au niveau
du bassin de stockage des EUT du CRDA en aval de la STEP utilisée pour l’alimentation du périmètre
irrigué de Dissa.

Actuellement, les ressources en eau utilisées par le GCT proviennent de forages des nappes
souterraines à hauteur de 24 000 m3/j. Ces nappes sont surexploitées et les ressources disponibles
diminuent de plus en plus. A la suite de l’essai arrêté en 2016, un autre projet est prévu à hauteur de
10 000 m3/j.

Concernant le site de Gafsa, la consommation en eau est actuellement de 400 m3/h pour l’usine de
Skhira et 400 à 450 m3/h sont prévus pour l’usine de M’dhilla. Les ressources en eau actuelles
proviennent des eaux de forages des nappes de Zaroug (saumâtre à 12 g/L, utilisée que pour l'industrie)
et Aguila (douce à 3 g/L, usage aussi pour l'agriculture). Le projet de REUT actuellement en cours
prévoit l’utilisation de 4 000 m3/j au total pour les deux usines, sachant que les EUT de la STEP de
Gafsa sont déjà en partie réutilisées pour le périmètre irrigué de Aguila. Pour trouver des nouvelles
ressources en eau, le GCT de Gafsa réfléchit aussi à des projets de nouveaux forages ainsi qu’au
transfert des eaux de dessalement qui seront produites à Gabès, malgré le coût très élevé que va
représenter cette alternative.

Les projets de REUT pour les deux sites du GCT sont similaires :
 A l’aval des STEP, un réservoir de stockage des EUT sera construit pour permettre, de façon
continue, l’utilisation des EUT. Une station de pompage permettra ensuite le transfert des EUT
jusqu’aux sites de production. Ces équipements appartiendront au GCT.
 A la charge du GCT, il est aussi prévu de mettre en place des unités de traitement tertiaire par
ultrafiltration à l’aval des STEP pour assurer la qualité des EUT.
284
 Des conventions entre l’ONAS et le GCT sont en cours de signature. Ces conventions
comprendront la quantité d’EUT fournie par l’ONAS au GCT, les seuils de qualité exigés par le
GCT pour chaque paramètre des EUT ainsi que la tarification. En effet, le GCT achètera les EUT
à l’ONAS directement et la tarification, en cours de négociation, devrait être autour de
245 millimes/m3 (information orale donnée lors de l’entretien avec le GCT).

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.6.3 Analyse transversale de la REUT pour l’utilisation par les industriels


ENSEIGNEMENTS DES ENQUETES SUR LES ASPECTS SOCIAUX, ENVIRONNEMENTAUX ET
SANITAIRES
Bien qu’il y ait un fort potentiel de développement de la REUT par les industries, ce secteur n’est
actuellement pas développé. Les enquêtes sont ainsi essentiellement basées sur les ambitions du GCT
puisqu’il n’y a pour l’heure pas d’usage effectif.

On note au niveau sanitaire que des mesures très strictes sont prévues. Cela va dans le sens des
traitements additionnels prévus par le GCT pour avoir une eau d’une qualité répondant aux exigences
de l’usage industriel. Par ailleurs, le niveau de traitement ainsi que les conditions sanitaires prévues
doivent faciliter l’acceptabilité des employés du GCT qui sont pour l’instant réticents à la REUT.
Cette réticence est normale puisqu’il n’y a jamais eu de REUT industrielle en Tunisie, il faut donc que
la filière gagne la confiance des usagers, ce qui prend du temps.

Le tableau ci-après présente l’analyse de quelques indicateurs sociaux et sanitaires. Concernant les
indicateurs sanitaires, il s’agit des ambitions du GCT, puisque la REUT n’est pas effective.

Tableau 11-36 : Analyse d’indicateurs sociaux et sanitaires pour l’utilisation des EUT par les industriels
Aspects Indicateurs GCT Gabès/Gafsa
Vaccination annuelle employés Oui

Respect des règles sanitaires (tenue de travail, hygiène


Oui
individuelle, etc.)

Sanitaire Connaissances des risques Oui


Contact avec les EUT des employés Très faible 285
Analyses régulières de la qualité des EUT par le GCT Oui

Social Acceptabilité des employés Non

11.6.4 Regard sur la REUT au niveau industriel dans d’autres pays


Un exemple intéressant de réutilisation des EUT à des fins industrielles se situe au Maroc pour le
lavage des phosphates par le groupe OCP (Office Chérifien des phosphates).

Le groupe OCP est un grand consommateur d’eau qui prélevait historiquement environ
160 millions de m3 d’eau par an dans les nappes. La REUT a été incluse dans le programme « eau »
pour la préservation des ressources hydriques, en complément de mesures d’optimisation de l’utilisation
de l’eau. Pour cela, trois STEP ont été réalisées par l’OCP et l’utilisation des EUT a permis de réduire
la consommation en eaux souterraines de plus de 40 %. Les objectifs affichés de l’OCP sont d’utiliser
100 % de ressources en eau non conventionnelles d’ici 2028 avec la réutilisation des EUT et le
dessalement de l’eau de mer.

La valorisation du biogaz au niveau des STEP permet de réduire les coûts liés à leur fonctionnement.
Par ailleurs, 20% des EUT issues de ces STEP sont utilisées pour les espaces verts de la ville
Mohammed VI. Le traitement des eaux usées est avancé, il s’agit d’un traitement de type boues activées
avec décantation primaire, un traitement sur des filtres à bandes puis sur des filtres à charbon actifs et
finalement une désinfection au chlore (Ettazy, 2019).

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11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

11.6.5 Synthèse des contraintes de la réutilisation industrielle des EUT et


recommandations
SYNTHESE DES POINTS FORT ET DES CONTRAINTES
Les expériences tunisiennes sont encore peu nombreuses sur la réutilisation industrielle des EUT.
L’exemple du GCT permet cependant de mettre en évidence quelques freins rencontrés, la plus grande
contrainte étant la réticence des employés, mais aussi les atouts possibles de ce type d’usage comme
le montre le tableau suivant.

Tableau 11-37 : Hiérarchisation des contraintes au développement de la réutilisation industrielle avec des EUT
Niveau de Type de contraintes par aspects
contrainte

Contraintes Pas de contraintes majeures identifiées à ce jour


majeures

Contraintes Aspects sociaux


modérées
 Craintes des employés d’utiliser les EUT, peur
pour l’aspect sanitaire
Contraintes Aspects techniques
mineures
 Usage qui a besoin d’une très bonne qualité d’eau,
les paramètres variant en fonction du type
d’industrie
Aspects réglementaires
 Pas de normes adaptées à l’usage industriel
286 (qualité des EUT, cahier des charges spécifique
d’utilisation des EUT, etc.)
Aspects institutionnels
 Pas de cadre institutionnel existant pour l’usage
industriel
 Partage des ressources en EUT entre agriculteurs
et industriels provenant d’une même STEP peut
créer des conflits
 Besoin d’une stratégie de communication entre
l’ONAS et les industriels en cas de problème au
niveau de la STEP, que ce soit au niveau de la
distribution ou de la qualité des EUT.
Atouts au Aspects environnementaux
développement
 Nouvelle ressource en eau à long terme pour les
industriels dans les zones où les eaux
conventionnelles sont surexploitées
 REUT peut être un élément important de la
politique environnementale de l’entreprise
Aspects économiques
 Possibilité de mettre en place les moyens
nécessaires pour un traitement tertiaire performant
accompagnés des analyses de qualité des EUT
 Prix avantageux au m3 à la fois pour l’ONAS et
pour les industriels

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
11. DIAGNOSTIC TRANSVERSAL DE LA FILIERE REUT POUR LES DIFFERENTS USAGES

Niveau de Type de contraintes par aspects


contrainte

Aspects institutionnels
 Etablissement d’une convention entre les
industriels et l’ONAS pour se mettre d’accord sur
les quantités, la qualité et le prix d’achat des EU.
Permet l’établissement d’un lien de confiance
entre les deux acteurs. L’ONAS est alors
responsabilisé dans le projet de REUT et tient un
rôle de producteur et de vendeur des EUT.

PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Les éléments présentés ci-avant permettent de proposer les quelques recommandations suivantes :
 Tout comme pour les autres usages, il est nécessaire de définir des normes adaptées à
l’usage industriel, ce qui permettra d’adapter le traitement des eaux usées en conséquence.
Cela permettra par ailleurs de limiter les craintes des employés d’utiliser des EUT.
 De bonnes interactions avec les services de l’Etat en charge de la REUT sont nécessaires,
pour garantir l’appui institutionnel adéquat aux professionnels des Industries.
 Enfin, de bonnes interactions avec l’ONAS sont aussi essentielles, notamment, en cas de
problèmes de qualité.

287

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS


USAGES
12.1 OBJECTIFS
De façon générale, l’approche « Analyse Coûts Avantage » (ACA) permet d’évaluer la rentabilité
économique d’un projet donné. Dans le cas présent, il s’agit de projets de REUT qui sont comparés
avec des situations de référence sans REUT, situations de référence dans lesquelles on procède
tout de même à un traitement des eaux au niveau requis réglementairement pour leur rejet dans
un milieu.

L’approche ACA considère, du point de vue de la collectivité (au sens large), les coûts et les bénéfices
du projet, présents et futurs, supportés par l’ensemble des acteurs du système considéré. L’approche
intègre ainsi les porteurs du projet, ses usagers, ses financeurs, mais aussi tous les autres acteurs
concernés : l’Etat, en tant que représentant de l’intérêt général en terme d’environnement, de santé, de
bonne gestion des ressources en eau etc. mais aussi, par exemple, les « usagers » indirects du projet
(les promeneurs qui vont bénéficier d’un espace vert, les touristes qui vont profiter d’une plage plus
propre, etc.).

L’analyse peut être conduite pour des projets déjà mis en place, ou pour des projets à venir.

Dans cette phase de Diagnostic, l’approche porte essentiellement sur des projets déjà en place.

Précisément, les termes de référence indiquent : « une dizaine d’opérations de REUT [fera] l’objet (…)
d’une analyse détaillée coûts-avantage. » Il est mentionné que ces analyses permettront « d’évaluer la
valorisation économique, sociale et environnementale de l’eau usée traitée. » et que « les différents
types de valeur économique seront pris en considération : directe, indirecte, monétaire et non
288 monétaire ».

Les dix projets étudiés ont été choisis parmi la vingtaine de cas ayant fait l’objet d’enquêtes dans le
cadre de la présente phase d’étude et décrits au Chapitre précédent. Il s’agit des cas suivants :
 Périmètres irrigués : Cinq périmètres irrigués, parmi les dix périmètres enquêtés, ont été
étudiés :
- Aguila (gouvernorat de Gafsa) : il s’agit d’un périmètre de 137 ha, où on pratique
l’arboriculture (oliviers, palmiers, figuiers), la culture du fourrage et où on élève du bétail. Le
périmètre est irrigué à partir des eaux de la STEP de Gafsa.
- Ouardanine (gouvernorat de Monastir) : il s’agit d’un périmètre de 70 ha, sur lequel est
pratiquée essentiellement de l’arboriculture (oliviers, pêchers, grenadiers, néfliers, figuiers) et
sur lequel on trouve aussi du bétail. Le périmètre est irrigué à partir des EUT de la STEP de
Ouardanine.
- El Fahs (gouvernorat de Zaghouan) : il s’agit d’un périmètre de 30 ha où sont cultivés des
oliviers et un peu de fourrage pour le bétail. Le périmètre est irrigué à partir des EUT de la
STEP de d’El Fahs.
- Dhraa Tammar (gouvernorat de Kairouan) : il s’agit d’un périmètre de 330 ha où la culture
majoritaire est le fourrage pour le bétail. Il y a aussi 30 ha d’oliviers. Le périmètre est irrigué à
partir des EUT de la STEP de Kairouan.
- Oued Essid (gouvernorat de Kasserine) : il s’agit d’un périmètre irrigué de 191 ha où sont
cultivés essentiellement des oliviers mais aussi du fourrage pour du bétail. Le périmètre est
irrigué à partir des EUT de la STEP de Kasserine.
 Golf de Yasmine (gouvernorat de Nabeul) : La réutilisation concerne un parcours de 70 ha dont
45 ha sont irrigués à partir des EUT de la STEP SE1 de Hammamet.
 Espaces verts de l’aéroport de Tunis Carthage : il s’agit de 25 ha d’espaces verts qui sont
irrigués à la fois avec les EUT de la STEP de Charguia, et les eaux de la SONEDE.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

 Recharge de nappe de Korba (gouvernorat de Nabeul) : il s’agit d’un site de recharge artificielle
de nappe à partir des eaux de la STEP de Korba. Le site n’est plus en activité depuis novembre
2018.
 Lagune de Korba (gouvernorat de Nabeul) : la lagune de Korba est réalimentée à partir des eaux
de la STEP de Korba pour éviter son assèchement et préserver son potentiel ornithologique.
 Groupe Chimique Tunisien (Site de Gafsa) : cette réutilisation n’est pas encore opérationnelle
mais va permettre, à terme, d’utiliser une partie des EUT de la STEP de Gafsa en plus et/ou à la
place des eaux souterraines, dans le procédé industriel utilisé pour produire de l’acide
phosphorique et des engrais phosphatés.

Des informations complémentaires sur les projets étudiés sont présentées dans les résultats des
enquêtes de terrain (chapitre précédent).

12.2 APPROCHE METHODOLOGIQUE


Avant de présenter en détails la méthode, des éléments de bibliographie sur des ACA appliquées à des
projets de REUT sont indiqués.

ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE (NON EXHAUSTIVE) SUR DES ACA APPLIQUEES A DES CAS DE
REUT
Plusieurs documents traitant des ACA dans le domaine de la REUT ont été consultés. Dans l’ensemble
des références considérées :
 On retrouve l’approche globale sur laquelle repose une ACA : l’estimation du différentiel entre les
coûts et les bénéfices, pour un projet donné.
 Dans l’évaluation des coûts directs, ce sont, à chaque fois, les coûts spécifiques à la REUT (coûts
additionnels par rapport à une filière d’assainissement sans REUT) qui sont considérés, et non
l’ensemble des coûts de la filière assainissement. 289
Le principe est que, l’assainissement des eaux usées doit de toute façon être réalisé, qu’il y ait
REUT ou non, afin de respecter les normes de rejet dans le milieu.

On peut mentionner les exemples suivants.


 L’analyse réalisée par Arborea S., Giannoccaro G., de Gennaro B. C. et Iacobellis V. en 2016
(Cost Benefit Analysis of Wasterwater reuse in Puglia, Southern Italy). Dans cette analyse, les
auteurs comparent plusieurs types de traitements complémentaires, nécessaires pour la
réutilisation des EUT, avec les bénéfices tirés de la réutilisation à des fins agricoles.
- Les principaux coûts estimés dans l’article concernent le traitement tertiaire mis en œuvre
pour la réutilisation : “The evaluation of costs for the Future Scenario (i.e., technological
upgrading of current plants) took into account the “additional” processes of tertiary treatments
necessary for reusing the effluent in agriculture. In other words, we did not count the capital
and management costs of building new plants, only the cost of upgrading the existing
treatment plants to enhance the required effluent quality”61. Ainsi, les auteurs déterminent,
pour différents scenarios de traitement et différents scénarios de taille de stations, les coûts
associés aux traitements tertiaires.
- Les bénéfices liés à la réutilisation sont estimés à partir de la valeur de l’eau d’irrigation. Cette
valeur est estimée à partir de la méthode des prix hédoniques. Dans le cas présent, cette
méthode repose sur le fait que le prix des terres agricoles dépend notamment de la possibilité
d’irriguer. Les terres agricoles équipées pour l’irrigation ont une valeur à l’hectare supérieure
aux autres terres. Rapportée au volume d’eau d’irrigation pour 1 hectare, les auteurs
déterminent une valeur de l’eau d’irrigation (€/m3).

61 « l’évaluation des coûts du scénario futur (i.e l’amélioration technologique des STEP existantes) a pris en compte le process
de traitement tertiaire ‘additionnel’, nécessaire pour réutiliser l’effluent en agriculture. En d’autres mots, nous n’avons
pas pris en compte les coûts d’investissement et de gestion pour la construction de nouvelles stations, mais seulement les
coûts pour améliorer les stations de traitement existantes, pour atteindre la qualité requise pour l’effluent ».

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

 Le document « Analyse Coûts-bénéfices sur la mise en œuvre de projets de réutilisation des eaux
usées traitées (REUSE). Application à trois cas d’études français » (Loubier S. (Irstea) et
Declercq R. (Ecofilae), 2014). Dans cette analyse, l’ensemble des coûts et bénéfices directs
supportés par les acteurs concernés ou impactés par le projet sont évalués. Trois cas sont
étudiés :
- L’irrigation d’un périmètre de 700 ha à partir des EUT d’une sucrerie et d’une STEP.
- L’irrigation d’un golf à partir des EUT d’une STEP qui avait comme projet alternatif de réaliser
un émissaire en mer pour respecter les normes de rejets.
- Un cas de REUT multi-usages pour l’arrosage d’espaces verts et d’un golf pour limiter les
prélèvements d’eau potable qui compromettaient le développement urbain.
Les ACA concernent des projets déjà réalisés. Les auteurs ont identifié les coûts et bénéfices
indirects mais il est intéressant de noter que, dans l’analyse, seuls les coûts et bénéfices directs
sont pris en compte ; les externalités environnementales ne sont par exemple pas monétarisées
car d’après les auteurs elles sont difficilement quantifiables.
 Le document « Etudes de faisabilité pour les projets de réutilisation des EUT : valorisation
économique des bénéfices environnementaux » (Molinos-Senante M., Hernadez-Sancho F.,
Sala-Garrido R., 2014) propose une méthodologie pour estimer certains bénéfices
environnementaux obtenus lors d’un projet de REUT. Cette méthodologie repose sur l’évaluation
des coûts évités (coûts liés à la pollution de l’environnement par les rejets des EUT). A cet effet,
l’article propose la monétarisation de la pollution par certains éléments. Les éléments suivants
sont étudiés : éléments en suspension, nitrates, phosphates et composés organiques. Le gain lié
à la réutilisation est ensuite évalué comme étant le coût évité de pollution par ces éléments.

Indiquons par ailleurs que :


 Dans le document « Vers la durabilité du recyclage de l’eau” (Sala L., Serra M. (2004) dans Water
Science & Technology, Vol. 50 n°2, pp.1-7), les coûts marginaux de traitement nécessaire pour
la réutilisation des EUT sont comparés aux coûts associés à la mobilisation de ressources
alternatives et sont identifiés comme étant compétitifs.
290  Une évaluation de plusieurs types de coûts et bénéfices environnementaux liés à la réutilisation
des EUT a été réalisée en Tunisie, dans le document de Formulation du Programme de Gestion
des Ressources Naturelles dans les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie (H.Daly, IRAM,
2015). Cette évaluation a été réalisée, notamment pour les éléments suivants :
- Assèchement de la nappe,
- Lutte contre l’érosion,
- Séquestration de carbone.

PRESENTATION DE LA METHODE D’ANALYSE COUT-AVANTAGES (ACA)


Comme indiqué plus haut, l’approche ACA considère, du point de vue de la collectivité (au sens large),
les coûts et les bénéfices du projet, présents et futurs, supportés par l’ensemble des acteurs du système
considéré.

Coûts et bénéfices pris en considération


L’analyse intègre ainsi des coûts et bénéfices directs :
 Les sommes à dépenser pour mettre en place le projet. Par exemple, le traitement tertiaire, le
stockage, l’adduction, le réseau d’irrigation, les analyses d’eau, les vaccinations, l’exploitation,
l’entretien et la maintenance, etc.
 Et les bénéfices générés pour les usagers de l’eau traitée réutilisée. Par exemple, pour un projet
d’irrigation, les bénéfices en lien avec la culture qui a été irriguée avec les eaux usées traitées,
mais aussi le bétail qui est nourri avec le fourrage produit.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

L’analyse intègre aussi des coûts et bénéfices indirects :


 (a) La réduction de pollution dans le milieu récepteur (oued ou mer) du fait de la suppression ou
de la diminution du flux rejeté dans ce milieu. Ce bénéfice représente en fait une réduction de
l’externalité négative des effluents de STEP. Une valeur économique peut lui être attribuée en se
basant sur la méthode des coûts de réparation.
 (b) La diminution du volume d’effluent évacué dans le milieu (oued ou mer). Le projet de REUT
conduit en effet à supprimer ou réduire la quantité d’eau rejetée dans le milieu. Cette suppression
ou réduction peut être positive sur plan de la qualité (moindre pollution), comme considéré dans
le point précédent (a), mais peut cependant être négative d’un point de vue quantitatif : diminution
du débit disponible pour les milieux aquatiques, les nappes et/ou pour des usages situés à l’aval
(sauf rejet en mer).
 (c) L’augmentation des risques de pollution d’un sol ou d’une nappe.
 (d) les risques sanitaires sont également considérés et évaluées de manière qualitative dans
l’analyse.

Sources et méthodes utilisées pour l’évaluation des Coûts indirects


Pour l’évaluation des coûts indirects, nous avons principalement utilisé des éléments issus de Molinos-
Senante M., Hernadez-Sancho F., Sala-Garrido R., 2014 cité plus haut et de « Formulation du
Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie
- Note sur l’évaluation économique des bénéfices de l’action GRN du programme » établie pour le
Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche de Tunisie, par Hamed DALY
et l’IRAM, en 2015. Cette note propose des estimations de la valeur économique fournie par des
écosystèmes. La note fait elle-même référence à de nombreuses publications sur ce sujet.

Approche par différence avec une situation de référence


Pour conduire l’analyse coûts- avantages, il est nécessaire de déterminer au minimum deux situations :
 une situation de référence, « sans réutilisation des eaux usées traitées »,
 une situation de projet, « avec réutilisation des eaux usées traitées ». 291
Les gains ou pertes du projet sont évalués comme suit (illustré dans la figure ci-dessous) :
 calcul, dans un premier temps, pour chacune des deux situations :
- des avantages et des coûts,
- de la différence entre les avantages et les coûts pour la situation sans projet (Δ1) et pour la
situation avec projet (Δ2),
 calcul de la « différence des différences » (Δ2 – Δ1). Ce calcul peut conduire à une valeur positive
(projet présentant un gain économique par rapport à la situation de référence) ou à une valeur
négative (projet présentant une perte économique par rapport à la situation de référence).

Une approche économique mais aussi financière


Ce qui a été décrit ci-avant correspond à une analyse économique. Comme indiqué, elle permet de se
placer du point de vue de la collectivité.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Il est également possible de conduire une autre analyse, dite financière, en prenant en compte les seuls
coûts et bénéfices directs des projets de REUT considérés du point de vue de l’usager direct (par
exemple le groupe d’agriculteurs qui va utiliser des EUT pour irriguer, le gestionnaire d’un golf irrigué
avec des EUT, etc.). Cette seconde analyse prend en compte les seuls coûts supportés par l’usager
ainsi que les seuls bénéfices directs liés à l’usage et permet d’analyser la rentabilité du projet du point
de vue de l’usager.

Avec cette double analyse, plusieurs cas de figure peuvent se présenter :


 Le projet est rentable pour la collectivité et pour l’usager et peut être réalisé sans intervention
particulière.
 Le projet est rentable pour la collectivité, mais pas du point de vue de l’usager. Dans ces
conditions, il est possible de subventionner le projet pour créer une incitation positive à sa mise
en œuvre.
 Le projet est rentable pour l’usager, mais pas pour la collectivité. Dans ces conditions, il est
souvent préférable de dissuader la mise en œuvre du projet qui ne bénéficie pas à la collectivité
dans son ensemble ou de mettre en œuvre des taxes et/ou des redevances qui rétablissent la
rentabilité économique.
 Le projet n’est rentable ni pour l’usager, ni pour la collectivité. Dans ces conditions, il est
préférable de ne pas réaliser le projet.

Ces quatre situations sont illustrées dans le tableau ci-après.

292 Source : Irstea, ONEMA, Ecofilae (2014) Analyses coûts-bénéfices sur la mise en œuvre de projets de réutilisation des eaux usées traitées (REUSE). Application à trois
cas d’études français

LES PRINCIPAUX CONCEPTS ECONOMIQUES UTILISES


Un certain nombre de concepts sont utilisés dans les ACA. Ces concepts sont présentés dans l’encadré
ci-dessous.

Externalité :
Une externalité est un effet, positif ou négatif, produit par une activité économique sur des tiers ou sur
l’environnement sans qu’il y ait de contrepartie monétaire. Cet effet procure :
 Soit une utilité ou un avantage, on parle d’externalité positive (ex. réduction d’un rejet polluant dans
un cours d’eau)
 Soit une nuisance ou un dommage, on parle d’externalité négative (par ex. hausse de la prévalence des
maladies hydriques dans une population)
Dans les deux cas, il n’y a pas d’échange marchand. Ainsi, les bénéfices pour les autres agents économiques
et/ou l’environnement en cas d’externalité positive, sont fournis gratuitement. De la même manière, les gênes
ou dommages occasionnés sont produits sans compensation financière.

Service écosystémique :
Le concept de « service écosystémique » se situe à la jonction entre nature et sociétés humaines. Ainsi, les
structures ou processus biologiques naturels (par ex. les habitats forestiers) remplissent des fonctions
écologiques (par ex. filtration de l’eau), qui rendent des services à l’homme (par ex. épuration de l’eau). Ces
services possèdent donc une valeur économique pour les agents économiques qui ont alors un consentement
à payer pour leur préservation (via des politiques environnementales). Le Millenium Ecosystem Assessment
(MEA) propose une typologie de services écosystémiques qui distingue 4 grands types de services :

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

 Les services d’approvisionnement : nourriture, combustible, plantes médicinales, matériaux de


construction.
 Les services de régulation : maintien de la qualité de l’air, régulation du climat, cycle de l’eau, contrôle
de l’érosion, purification de l’eau, pollinisation,
 Les services culturels : activités récréatives, valeurs esthétiques, scientifiques, valeur patrimoniale,
 Les services support : nécessaires pour la production de tous les autres services (long terme) :
formation du sol, production d’oxygène atmosphérique, production primaire.
NB : Ces deux concepts (externalités et services écosystémiques) constituent les coûts et bénéfices indirects des
ACA. Ils sont non‐marchands, c’est‐à‐dire qu’il n’existe pas de marché pour échanger ces biens et services et
qu’il n’y a donc pas de prix qui pourrait servir à leur évaluation en tant que coûts ou bénéfices. Des méthodes
existent pour leur donner une valeur économique. Elles sont présentées ci‐dessous.

Méthode des coûts de remplacement ou de substitution :


La méthode des coûts de remplacement propose de donner une valeur monétaire à des biens ou services non
marchands en utilisant le coût de remplacement du bien ou service rendu par des artefacts assurant la même
fonction.
Par exemple : le service écosystémique de purification de l’eau par les zones humides peut être évaluée en
prenant en compte le coût d’investissement et de l’exploitation d’une usine de traitement de l’eau.

Méthode des coûts de réparation :


Une externalité négative (dommage ou nuisance sur l’environnement ou sur des tiers) peut être évaluée
économiquement en se basant sur les coûts de réparation nécessaires pour neutraliser le dommage ou la
nuisance.
Par exemple : la nuisance sonore et/ou olfactive d’une station d’épuration peut être évaluée économiquement
par la somme des coûts nécessaires à annuler ces nuisances (ou à les réduire au maximum) : système anti‐
odeurs, isolation phonique, etc. 293
Méthode des coûts évités :
Cette méthode évalue les bénéfices générés par un service écosystémique ou une externalité à partir des
coûts évités, c’est‐à‐dire des coûts qu’aurait à supporter la société si ce service n’était plus rendu.
Par exemple : en cas de déforestation, les phénomènes d’érosion peuvent entrainer des pertes de revenus pour
le secteur agricole. En maintenant la forêt, les « non‐pertes » de revenus constituent des bénéfices
environnementaux générés par la forêt. Autre exemple : si on augmente les prélèvements en eau dans une
nappe souterraine, on peut abaisser le niveau piézométrique global et augmenter les coûts de pompage pour
les prélèvements existants. En n’augmentant pas les prélèvements, la non‐augmentation des frais de pompage
constitue un bénéfice.

Méthode des prix hédoniques :


Cette méthode consiste à évaluer la valeur d’un service écosystémique ou d’une externalité en comparant le
prix de marché de deux biens identiques mais dont l’un possède une caractéristique environnementale que
l’autre ne possède pas ou dont l’un bénéficie/subit une externalité et l’autre non.
Par exemple : la valeur d’un paysage peut être estimée en comparant le prix d’un logement avec vue sur le
paysage en question et le prix d’un logement de même type (par exemple dans la même résidence) mais sans
vue sur ce paysage. Le différentiel de prix représente le consentement à payer pour bénéficier d’une vue sur le
paysage et peut être assimilable à la valeur du paysage.

LES PRINCIPALES HYPOTHESES DE CALCUL


Les principales hypothèses retenues pour les ACA sont présentées dans le tableau ci-dessous.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Tableau 12-1: Principales hypothèses retenues pour les ACA


Variable Valeur

Taux d’actualisation – analyse financière 6%

Taux d’actualisation – analyse économique 3%

Taux d‘inflation (index travaux) 5%

Période d’analyse 30 ans

12.3 PRESENTATION DES RESULTATS PAR TYPES D’USAGES


Les résultats des ACA sont présentés dans les paragraphes suivants, par type d’usage. Ces résultats
sont présentés pour chaque cas en trois temps :
 Présentation des situations de référence et détail des coûts et des avantages considérés,
 Présentation des données de base,
 Présentation des résultats.

PRESENTATION DES SITUATIONS DE REFERENCE ET DETAIL DES COUTS ET DES AVANTAGES


CONSIDERES
Pour chacun des usages, des tableaux récapitulent, la ou les situations de référence proposées.

Il est à noter que, pour les périmètres irrigués, pour le cas du golf et du GCT, nous avons considéré
plusieurs situations de référence pour enrichir la vision de l’intérêt de la REUT :
294  Dans le cas des périmètres irrigués, nous comparons l’utilisation des EUT qui est faite, avec,
dans un premier temps, une situation où aucune irrigation n’est pratiquée.
La question associée à une telle approche est : « Est ce qu’il est plus intéressant (i) de rejeter les
eaux usées traitées dans le milieu naturel et de ne pas irriguer ou (ii) de ne plus (ou moins) rejeter
les eaux usées traitées dans le milieu naturel et d’irriguer ? »
Cela permet de mettre en évidence l’intérêt de la REUT, mais le calcul est en partie biaisé : on
« mélange » en effet, dans une telle approche, l’intérêt de la REUT et l’intérêt de l’irrigation (par
rapport à une agriculture sans irrigation).
Afin d’isoler l’intérêt de la REUT, il nous a ainsi paru pertinent d’intégrer une deuxième situation
de référence où la comparaison se fait, cette fois, avec une situation où l’on irrigue aussi (comme
c’est le cas dans la situation avec projet), mais avec une autre ressource en eau. Nous avons fait
pour cela l’hypothèse d’une irrigation à partir d’eaux souterraines. Dans une telle approche, l’effet
« irrigation » est annulé par soustraction et la comparaison se focalise sur l’origine de l’eau.
La question devient : « Est ce qu’il est plus intéressant (i) d’irriguer avec des eaux souterraines
ou (ii) d’irriguer avec des eaux usées traitées ? »
 Dans le cas du golf (situé près du littoral), nous comparons l’utilisation qui est faite des EUT avec,
dans un premier temps, une alimentation par le réseau d’eau potable, et dans un second temps
avec le dessalement.
La première situation de référence est la plus intuitive sur un plan pratique.
Mais, si il est admis que l’irrigation des golfs ne doit pas concurrencer un usage prioritaire comme
l’eau potable, il devient, dans ce cas, plus naturel de comparer l’utilisation des EUT avec le
dessalement.
 Dans le cas de la réutilisation industrielle par le GCT à Gafsa, on considère deux situations de
référence : l’utilisation des eaux souterraines (situation actuelle) mais aussi le recours au
dessalement qui pourrait devenir une alternative plausible si les nappes utilisées aujourd’hui
s’assèchent.

Les tableaux présentent également les coûts et les bénéfices (à la fois directs et indirects) pris en
compte dans l’ACA, pour la situation sans projet, et pour la ou les situations avec projet.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Comme explicité plus haut, seuls les coûts et bénéfices directs sont intégrés à l’analyse financière.
L’analyse économique tient compte de l’ensemble des coûts et bénéfices, et considère donc les
externalités positives et négatives générées pour les situations avec et sans projet.

PRESENTATION DES DONNEES DE BASE


Pour chaque usage, les données de base qui ont permis de réaliser les ACA sont présentées (superficie
irriguée, volume d’eau consommé, etc.).

Les informations complémentaires, ainsi que les sources des différentes données sont fournies en
annexe.

PRESENTATION DES RESULTATS


Les résultats des ACA sont présentés, pour chacun des projets de REUT analysés, à la fois du point de
vue de l’usager (analyse financière), et du point de vue de la société dans son ensemble (analyse
économique).

Sont présentés, pour chaque usage :


 La VAN (Valeur Actuelle Nette) des projets (en DT). La VAN représente la somme, sur 30 ans,
des avantages moins les coûts, pour chacune des situations comparées.
 Les gains/pertes du projet. Ils représentent la différence entre la VAN ∆2 avec projet (c’est-à-
dire avec REUT) et la VAN ∆1 d’une situation de référence (sans REUT). Ils permettent de
mesurer la plus-value (ou non) de la REUT par rapport aux situations de référence. Ces
gains/pertes nets correspondent à l’écart (∆2 - ∆1) indiqué par la flèche rouge dans le graphique
ci-dessous
- Une valeur positive de (∆2 - ∆1) indique que la situation avec la REUT est plus souhaitable
(financièrement ou économiquement) que la situation de référence.
- A l’inverse, une valeur négative de (∆2 - ∆1) indique que la situation de référence est
préférable à la REUT. 295

Ces indicateurs sont présentés sur la période d’étude (30 ans) et également ramené à une valeur par
m3 afin de comparer plus aisément les différents cas étudiés.

12.4 IRRIGATION AGRICOLE DANS 5 PERIMETRES IRRIGUES


12.4.1 Situations de référence et détail des coûts et des avantages considérés
Pour les périmètres irrigués, comme expliqué plus haut, deux situations de référence ont été
considérées : une situation sans irrigation et une situation avec irrigation avec les eaux souterraines.

Le tableau ci-après présente les différents bénéfices et coûts (directs et indirects) qui ont été pris en
compte dans l’ACA, pour les différentes situations.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Tableau 12-2 : Coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans les ACA pour l’usage agricole
Situation de référence n°2
Situation de référence n°1
Situation avec projet de REUT « irrigation avec les eaux
« sans irrigation »
souterraines »
Rendement (supérieur à la situation Rendement (inférieur à la situation Rendement (inférieur à la situation
Bénéfices de référence) x surface x prix de vente avec projet) x surface x prix de vente avec projet) x surface x prix de
directs Elevage Elevage (dans le cas où il y a vente
production de fourrage) Elevage

- Moindre prélèvement dans les


ressources en eau locales
- Moindre rejet d’EUT dans le
milieu naturel : bénéfice
environnemental sur le plan
qualitatif
Bénéfices
indirects - Recharge de nappe : i. à partir - Recharge de nappe : à partir des - Recharge de nappe : i. à partir
des EUT utilisées pour rejets des STEP dans les oueds des eaux souterraines
l’irrigation et ii. à partir des prélevées et ii. à partir des
rejets des STEP dans les oueds rejets des STEP dans les oueds
- Lutte contre l’érosion
- Lutte contre l’érosion - Lutte contre l’érosion
- Séquestration de carbone
- Séquestration de carbone - Séquestration de carbone
- Investissement pour compléter - Investissement pour
le traitement à un niveau prélèvement d’une ressource
compatible avec l’usage locale
(traitement tertiaire) - Investissement pour
- Investissement pour l’adduction adduction et stockage
et le stockage des EUT - Fonctionnement prélèvement
- Fonctionnement du traitement, et adduction, dont énergie
296 de l’adduction et du stockage
des EUT, dont énergie
Coûts - Réalisation d’analyses de qualité
directs de l’eau
- Formation, sensibilisation
- Coût d’investissement supporté - Coût d’investissement
par l’agriculteur (réseau supporté par l’agriculteur
- Coût d’investissement supporté
d’irrigation, acquisition du bétail (réseau d’irrigation,
par l’agriculteur (acquisition du
et des plants) et de acquisition du bétail et des
bétail et des plants) et de
fonctionnement plants) et de fonctionnement
fonctionnement
- Coût lié à l’itinéraire technique : - Coût lié à l’itinéraire
- Coût lié à l’itinéraire technique :
intrants, etc. technique : intrants, etc.
intrants, etc.
- Diffusion potentielle de - Prélèvement dans une
polluants dans les sols et vers la ressource surexploitée
Coûts nappe (assèchement de la nappe)
indirects - Risque sanitaire - Rejet de la totalité des EUT dans - Rejet de la totalité des EUT
le milieu naturel (Coût dans le milieu naturel (Coût
environnemental) environnemental)

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

12.4.2 Données de base


Les données de base qui ont servi aux calculs pour les différents périmètres irrigués sont présentées
dans les tableaux ci-dessous. Les données complètes, ainsi que les sources, sont exposées en annexe.

D’une façon générale, parmi les cinq périmètres étudiés :


 des périmètres pratiquent l’arboriculture, en plus des oliviers, et produisent seulement un peu de
fourrage pour le bétail : il s’agit des périmètres d’Aguila et de Ouardanine.
 des périmètres où on ne trouve pas d’arboriculture en dehors des oliviers et où du fourrage est
produit pour le bétail : il s’agit des périmètres d’El Fahs, Dhraa Tammar et Oued Essid.

Tableau 12-3 : Présentation des données de base qui ont servi aux ACA pour l’irrigation agricole
Situation sans Situation sans Situation avec
projet n°1 projet n°2 projet
PERIMETRE D’AGUILA
Pas d'irrigation Irrigation eau Irrigation EUT
souterrain
Volume d'effluent rejeté dans l'oued (sortie de STEP)
3 065 000 3 065 000 2 031 700
(m3/an)
Apport en eau (m3/an) 1 033 300 1 033 300
Surface cultivée (total ‐ ha) 137 137 137
Oliviers à huile 125 120 120
Palmiers 0 5 5
Figuier 10 10 10
Blé dur 0 10 10
Orge en vert 0 5 5
Vesce avoine 0 25 25 297
Luzerne 0 70 70
Sorgho en vert 0 20 20
Elevage ‐ Nombre de têtes de bétail
Nombre de têtes ‐ Ovins 750 750
Nombre de têtes ‐ Bovins 135 135

Situation sans Situation sans Situation avec


projet n°1 projet n°2 projet
PERIMETRE DE OUARDANINE
Pas d'irrigation Irrigation eau Irrigation EUT
souterrain
Volume d'effluent rejeté dans l'oued (sortie de STEP)
594 000 594 000 454 000
(m3/an)
Apport en eau (m3/an) 140 000 140 000
Surface cultivée (total ‐ ha) 70 70 70
Oliviers à huile 70 27 27
Pêcher 35 35
Grenadier ‐ néflier ‐ figuier 7 7
Luzerne 1 1
Elevage ‐ Nombre de têtes de bétail
Nombre de têtes ‐ Ovins 500 500
Nombre de têtes ‐ Bovins 6 6

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Situation sans Situation sans Situation avec


projet n°1 projet n°2 projet
PERIMETRE D’EL FAHS
Pas d'irrigation Irrigation eau Irrigation EUT
souterrain
Volume d'effluent rejeté dans l'oued (sortie de STEP) (m3/an) 473 450 473 450 273 450
Apport en eau (m3/an) 200 000 200 000
Surface cultivée (total ‐ ha) 38 38 38
Olivier à huile 30 30 30
Vesce avoine 8 8 8
Elevage ‐ Nombre de têtes de bétail
Nombre de têtes ‐ Ovins 100 100 100
Nombre de têtes ‐ Bovins 4 4 4

Situation sans Situation sans Situation avec


projet n°1 projet n°2 projet
Irrigation eau
PERIMETRE DE DHRAA TAMMAR Pas d'irrigation Irrigation EUT
souterraine
Volume d'effluent rejeté dans l'oued (sortie de STEP) (m3/an) 5 723 000 5 723 000 4 473 000
Apport en eau (m3/an) 1 250 000 1 250 000
Surface cultivée (total ‐ ha) 330 330 330
Oliviers 30 30 30
Orge Grain 130 130 130
Blé dur 170 100 100

298 Avoine ‐ fourrage 0 70 70


Elevage ‐ Nombre de têtes de bétail
Nombre de têtes ‐ Ovins 650 650
Nombre de têtes ‐ Bovins 60 60

Situation sans Situation sans Situation avec


projet n°1 projet n°2 projet
Irrigation eau
PERIMETRE DE L’OUED ESSID Pas d'irrigation Irrigation EUT
souterraine
Volume d'effluent rejeté dans l'oued (sortie de STEP) (m3/an) 3 054 000 3 054 000 2 554 000
Apport en eau (m3/an) 500 000 500 000
Surface cultivée (total ‐ ha) 191 191 191
Olivier 131 131 131
Vesce avoine 60 60 60
Elevage ‐ Nombre de têtes de bétail
Nombre de têtes ‐ Ovins 0 0 0
Nombre de têtes ‐ Bovins 15 15 15

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

12.4.3 Résultats
PRESENTATION DES VAN ET DES GAINS DES DIFFERENTS PROJETS D’IRRIGATION
Les tableaux et graphiques suivants présentent les principaux résultats pour les cinq périmètres irrigués
étudiés. Les résultats complets des calculs sont présentés en annexe.

On présente essentiellement les valeurs suivantes :


 La VAN (Valeur Actuelle Nette) des projets (en DT). Comme indiqué plus haut, la VAN
représente la somme, sur 30 ans, des avantages moins les coûts, pour chacune des situations.
- ∆1 représente la VAN de la situation de référence « pas d’irrigation »,
- ∆1’ représente la VAN de la situation de référence « eau souterraine »,
- ∆2 représente la VAN de la situation avec REUT.
 Le gain du projet représente comme indiqué plus haut la différence entre les VAN avec REUT
et les VAN des situations de référence. Le gain du projet permet de mesurer la plus-value de la
REUT par rapport aux situations de référence.
- (∆2 - ∆1) (DT) représente le gain de la REUT par rapport à une situation sans irrigation,
- (∆2 - ∆1’) (DT) représente le gain de la REUT par rapport à une situation irrigation avec les
eaux souterraines.
 Le gain du projet est ensuite décliné en gain/m3 réutilisé (sur 30 ans) et en gain/ha cultivé.

Les principaux résultats sont présentés dans les figures des deux pages suivantes.

299

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Figure 12-1 : VAN financières et économiques des situations sans projet et de la situation avec projet de REUT sur la période d’étude (30 ans) en DT

VAN financière des différents périmètres irrigués ‐ dans les situations de référence et avec REUT (DT sur 30 ans) VAN économique des différents périmètres irrigués ‐ dans les situations de référence et avec REUT (DT sur 30 ans)

12 000 000 12 000 000

10 000 000 10 000 000

8 000 000 8 000 000

6 000 000 6 000 000

4 000 000 4 000 000

2 000 000 2 000 000

DT
DT

0 0

‐2 000 000 ‐2 000 000

‐4 000 000 ‐4 000 000

‐6 000 000 ‐6 000 000

300 ‐8 000 000 ‐8 000 000

‐10 000 000 ‐10 000 000


Aguila Ouardanine El‐Fahs Dhraa Tammar Oued Essid Aguila Ouardanine El‐Fahs Dhraa Tammar Oued Essid
PÉRIMÈTRE IRRIGUÉ PÉRIMÈTRE IRRIGUÉ

Situation de référence "pas d'irrigation" ∆1 Situation de référence "eau souterraine" ∆1' Situation avec REUT ∆2 Situation de référence "pas d'irrigation" ∆1 Situation de référence "eau souterraine" ∆1' Situation avec REUT ∆2

VAN financières sur 30 ans (DT) VAN économiques sur 30 ans (DT)

Périmètre irrigué Périmètre irrigué


Situation de Situation de Situation de Situation de
Situation avec REUT Situation avec REUT
référence "pas référence "eau référence "pas référence "eau
∆2 ∆2
d'irrigation" ∆1 souterraine" ∆1' d'irrigation" ∆1 souterraine" ∆1'

Aguila -2 766 000 3 109 000 8 493 000 Aguila -4 726 000 756 000 8 416 000
Ouardanine -1 135 000 4 981 000 10 078 000 Ouardanine 190 000 5 029 000 11 952 000
El-Fahs -582 000 -363 000 736 000 El-Fahs -706 000 -1 794 000 110 000

Dhraa Tammar -2 531 000 -2 190 000 3 512 000 Dhraa Tammar -2 662 000 -9 656 000 -1 073 000

Oued Essid -1 829 000 822 000 4 330 000 Oued Essid -3 312 000 -1 948 000 4 522 000

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Figure 12-2 : Gains nets financiers et économiques des situations avec projet de REUT par rapport aux situations de référence sur la période d’étude (30 ans) en DT
Gain net financier de la REUT par rapport aux cultures en pluvial (∆2‐∆1) et Gain net financier de la REUT par rapport à Gain net économique de la REUT par rapport aux cultures en pluvial (∆2‐∆1) et Gain net économique de la REUT par rapport à
l'utilisation des eaux souterraines (∆2‐∆1'), dans les différents périmètres irrigués (DT sur 30 ans) l'utilisation des eaux souterraines (∆2‐∆1'), dans les différents périmètres irrigués (DT sur 30 ans)
14 000 000
14 000 000

12 000 000
12 000 000

10 000 000
10 000 000

8 000 000
8 000 000

DT
DT

6 000 000
6 000 000

4 000 000
4 000 000

2 000 000
2 000 000

301
0
0
Aguila Ouardanine El‐Fahs Dhraa Tammar Oued Essid
Aguila Ouardanine El‐Fahs Dhraa Tammar Oued Essid
PÉRIMÈTRE IRRIGUÉ
PÉRIMÈTRE IRRIGUÉ

∆2‐∆1 ∆2‐∆1'
∆2‐∆1 ∆2‐∆1'

Gain net entre la situation avec projet et la Gain net entre la situation avec projet et la
situation de référence (DT sur 30 ans) situation de référence (DT sur 30 ans)
Périmètre irrigué Périmètre irrigué
∆2-∆1 ∆2-∆1' ∆2-∆1 ∆2-∆1'

Aguila 11 259 000 5 384 000 Aguila 13 142 000 7 660 000
Ouardanine 11 213 000 5 097 000 Ouardanine 11 762 000 6 923 000
El-Fahs 1 318 000 1 099 000 El-Fahs 816 000 1 904 000

Dhraa Tammar 6 043 000 5 702 000 Dhraa Tammar 1 589 000 8 583 000

Oued Essid 6 159 000 3 508 000 Oued Essid 7 834 000 6 470 000

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

On peut formuler les commentaires suivants à la lecture des graphiques :


 Lorsque l’on regarde le gain (∆2 - ∆1) retiré de la situation « avec projet » par rapport à la situation
« sans irrigation » (cas où se mêlent intérêt de l’irrigation et intérêt de la REUT), on constate, pour
l’ensemble des périmètres irrigués, que les gains, économiques et financiers, sont positifs, c’est-
à-dire que la VAN de la situation avec projet est supérieure à la VAN de la situation sans irrigation
((∆2 - ∆1) > 0).
 Pour isoler l’intérêt de la REUT par rapport à une irrigation avec une eau dite conventionnelle, il
faut s’intéresser plus particulièrement au gain (∆2 - ∆1’) généré par la REUT, par rapport à la
situation irrigation avec une autre ressource en eau (des eaux souterraines dans le cas modélisé).
De façon générale, les gains nets financiers et économiques sont tous positifs, ce qui démontre
l’intérêt de la REUT par rapport à l’irrigation avec les eaux souterraines pour l’ensemble des
périmètres.

ELEMENTS D’EXPLICATION DES GAINS FINANCIERS ET ECONOMIQUES


Concernant le gain financier, prenons l’exemple du périmètre d’Aguila. On note que le gain s’élève à
5.4 M DT sur 30 ans (gain par rapport à la situation d’irrigation avec les eaux souterraines). Cet intérêt
financier mis en évidence par le modèle peut s’expliquer pour deux raisons essentielles (que l’on va
retrouver également pour les autres périmètres) :
 Les rendements avec les EUT sont supérieurs à ceux observés avec les eaux souterraines. On
a ainsi supposé par exemple pour l’olivier que le rendement avec les eaux souterraines était de
2.5 T/ha avec les eaux souterraines et de 3.5 T/ha avec les eaux usées traitées (soit un ratio de
1.4).
 Les frais d’exploitation pour les cultures avec les EUT sont inférieurs dans le cas de l’utilisation
des EUT, pour deux raisons :
- Ceci est essentiellement dû à l’utilisation plus réduite d’engrais du fait que les EUT apportent
de l’azote et du phosphore. On prend aussi en compte qu’avec de meilleurs rendements, on
302 produit plus de fourrage pour nourrir le bétail et que l’on a donc moins besoin d’en acheter.
- Le reste du gain s’explique par la différence de frais d’exploitation lié à l’irrigation, avec en
particulier des frais en énergie plus élevés dans le cas des forages.

Concernant le gain économique, qui est lui aussi positif dans tous les cas, il est également intéressant
d’analyser l’intérêt des EUT. Considérons toujours l’exemple du périmètre d’Aguila. On considère dans
un premier temps le référentiel « irrigation avec eaux souterraines ». Il ressort que le gain économique
est de 7.7 M DT sur 30 ans. Cet intérêt économique peut s’expliquer pour trois raisons essentielles :
 Le gain financier présenté dans le paragraphe précédent. Dans le cas du périmètre d’Aguila, le
gain financier explique environ 60% du gain économique.
 Les externalités positives qui sont plus importantes dans la situation avec REUT que dans la
situation avec recharge de nappe. Avec les hypothèses retenues dans le modèle, les externalités
positives considérées sont :
- La séquestration de carbone et la lutte contre l’érosion qui dépendent des superficies cultivées
et ont donc le même poids que l’on soit en irrigation avec les EUT ou les eaux souterraines.
- La recharge de la nappe. Cette valeur dépend de :
- L’eau prélevée dans la nappe (pour l’irrigation avec les eaux souterraines)
- L’infiltration des eaux d’irrigation (pour les deux types d’irrigation),
- L’infiltration de tout ou partie des rejets de la STEP qui sont déversées dans l’oued (pour
les deux types d’irrigation).
Cette valeur est au final souvent positive dans le cas de la REUT et négative dans le cas de
l’irrigation avec les eaux souterraines. Dans le cas où la valeur est négative, il ne s’agit plus
d’une externalité positive mais d’une externalité négative : l’assèchement de la nappe.
 Les externalités négatives qui sont moins importantes dans la situation avec REUT que dans la
situation avec recharge de nappe. Avec les hypothèses retenues dans le modèle, les externalités
négatives considérées sont :
- La pollution du milieu de rejet (l’oued). La pollution de l’oued est en effet limitée lorsque les
EUT sont réutilisées car le volume réutilisé n’est plus rejeté dans l’oued.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

- L’assèchement de la nappe est plus important lorsque l’irrigation se fait à partir des eaux
souterraines.

Les figures suivantes présentent ces éléments pour les différents périmètres irrigués. Elles montrent le
poids relatif des facteurs expliquant les gains financiers et économiques de la REUT par rapport à
l’utilisation des eaux souterraines.

Figure 12-3 : poids relatif des facteurs expliquant les gains financiers et économiques de la REUT par rapport à l’utilisation des eaux
souterraines.

Part du gain financier de la REUT attribuable aux frais d'exploitation plus faibles et aux rendements plus élevés (en % du gain
net financier)

100%

90%

80%
45% 44%

56%
70%
65%

60%

95%
50%

40%

30%
55% 56%

44%
20%
36%

10%

0%
5% 303
Aguila Ouardanine El‐Fahs Dhraa Tammar Oued Essid

Moindre achat d'engrais, moindre frais d'énergie, pas d'achat complémentaire de fourrage Meilleur rendement des cultures

Part du gain économique de la REUT attribuable au gain financier, à la moindre pollution du milieu de rejet et à la recharge
des nappes (en % du gain net économique)

100%

90% 19% 18%


23%
28%

80% 2%
9%

57%
70% 16%

19%
60%

50%

40% 79%
73%
17%
30% 61%
53%

20%

26%
10%

0%
Aguila Ouardanine El‐Fahs Dhraa Tammar Oued Essid

Gain financier Externalités négatives moins importantes Externalités positives plus importantes

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Concernant le gain financier, on remarque que pour 5 des 6 périmètres irrigués, le gain s’explique à peu
près pour moitié par la baisse des frais d’exploitation et pour moitié par la hausse des rendements avec
la REUT. Dans le cas du périmètre de Ouardanine, c’est le meilleur rendement qui explique presqu’en
totalité le gain de la REUT par rapport à l’utilisation des eaux souterraines. Cela s’explique avec les
cultures à haute valeur ajoutée cultivées sur ce périmètre : l’amélioration du rendement a un effet très
important sur les bénéfices générés.

Concernant le gain économique, on note une tendance similaire pour les périmètres d’Aguila, de
Ouardanine, El Fahs et Oued Essid. Pour ces périmètres, c’est le gain financier qui explique pour plus
de la moitié, le gain économique. Le deuxième facteur concerne les externalités positives qui sont plus
importantes avec REUT, particulièrement la recharge de nappe. Enfin, une partie du gain s’explique
avec les externalités négatives qui sont moins importantes dans le cas de la REUT (pas d’assèchement
de la nappe à cause de l’irrigation avec les EUT, et la pollution de l’oued est moins importante).

Pour le périmètre de Dhraa Tammar, ce sont essentiellement les externalités positives avec REUT qui
expliquent le gain économique. Cela peut s’expliquer par les volumes en eau importants utilisés dans
ce périmètre irrigué et qui participent à la recharge de nappe.

VALORISATION DE L’EAU D’IRRIGATION EN FONCTION DE L’ASSOLEMENT


Les tableaux ci-dessous présentent :
 Les gains nets financiers et économiques de la situation avec REUT par rapport aux situations
de référence, en DT/m3 ;
 Les gains nets financiers et économiques de la situation avec REUT par rapport aux situations
de référence, en DT/ha

Cela permet ainsi d’étudier la valorisation d’un hectare de terre et d’un m3 d’eau dans la situation avec
REUT, par rapport aux autres situations.

304 Tableau 12-4 : Gains nets financiers et économiques des périmètres irrigués : en DT/m3 et DT/ha
Gain net financier entre la situation avec Gain net économique entre la situation avec
projet et la situation de référence (DT/m3) projet et la situation de référence (DT/m3)
Périmètre irrigué Périmètre irrigué
∆2-∆1 ∆2-∆1' ∆2-∆1 ∆2-∆1'

Aguila 0,38 0,18 Aguila 0,44 0,26

Ouardanine 2,76 1,26 Ouardanine 2,90 1,71


El-Fahs 0,23 0,19 El-Fahs 0,14 0,33
Dhraa Tammar 0,17 0,16 Dhraa Tammar 0,04 0,24

Oued Essid 0,42 0,24 Oued Essid 0,54 0,45

Gain net financier entre la situation avec Gain net entre la situation avec projet et la
projet et la situation de référence (DT/ha) situation de référence (DT/ha)
Périmètre irrigué Périmètre irrigué
∆2-∆1 ∆2-∆1' ∆2-∆1 ∆2-∆1'

Aguila 82 200 39 300 Aguila 95 900 55 900

Ouardanine 160 200 72 800 Ouardanine 168 000 98 900

El-Fahs 34 700 28 900 El-Fahs 27 200 63 500


Dhraa Tammar 18 300 17 300 Dhraa Tammar 4 800 26 000
Oued Essid 32 200 18 400 Oued Essid 41 000 33 900

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

La lecture de ces tableaux met en évidence les points suivants :


 la valorisation est meilleure pour les deux périmètres irrigués qui ont développé de façon
importante l’arboriculture. La production de fourrage pour le bétail ne valorise pas au mieux
l’utilisation de l’eau, le fourrage n’ayant pas une haute valeur ajoutée et les coûts associés à la
production du fourrage et de bétail étant importants. La valorisation de la REUT est maximale
dans les périmètres où sont produites des cultures à haute valeur ajoutée et qui consomment peu
d’eau.
 En regardant les deux tableaux du haut, dans le cas du périmètre de Ouardanine, où il n’y a
pratiquement pas de fourrage (plus consommateur d’eau), le gain net/m3 prélevé est bien
supérieur au gain des autres périmètres. Le gain net par m3 est ensuite relativement similaire
dans les autres périmètres irrigués.
 Les deux tableaux du bas confirment cette tendance puisque la valorisation de l’hectare cultivé
est maximale dans le cas de Ouardanine où il n’y a que de l’arboriculture, puis Aguila, El Fahs et
Oued Essid où l’arboriculture et le fourrage sont pratiqués de façons conjointes. Enfin, dans le
cas de Dhraa Tammar, où la culture de l’olivier est très minoritaire par rapport au fourrage, on
observe un gain/ha cultivé plus faible.

Ces commentaires n’ont pas vocation à montrer que tous les projets de REUT doivent cibler des
périmètres d’arboriculture, avec uniquement des cultures à haute valeur ajoutée. En effet, il n’est pas
possible de faire de l’arboriculture partout en Tunisie et il est important de considérer aussi les besoins
de production. Ainsi, lors de l’élaboration des projets de REUT agricole, il sera important de prendre en
compte les aspects socio-économiques et environnementaux que l’on peut obtenir à partir des ACA,
mais il faudra avant tout considérer les potentialités de la terre et considérer les besoins globaux du
territoire en optant pour des projets qui incluent la production de fourrage si nécessaire. Le cas d’Aguila
illustre bien le potentiel associé à un mix des productions pour, à la fois, produire du fourrage, mais
aussi garantir des revenus satisfaisants pour l’exploitation, via les productions à forte valeur ajoutée.

305

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

12.5 ARROSAGE DU GOLF DE YASMINE


12.5.1 Situation de référence et détail des coûts et des avantages considérés
Pour le golf de Yasmine, deux situations de référence ont été considérées :
 Une situation où le golf est irrigué avec l’eau de la SONEDE.
 Une autre situation où le golf est irrigué à partir d’une usine de dessalement.

Le choix de ces deux situations de référence est explicité plus haut.

Le tableau ci-après présente les différents coûts et bénéfices (directs et indirects) qui ont été pris en
compte dans l’ACA, pour l’arrosage du golf avec les EUT et pour les deux situations de référence.

Tableau 12-5 : coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans l’ACA du golf de Yasmine
Situation avec projet de REUT Situation de référence n°1 Situation de référence n°2
« eau potable » « dessalement »
Bénéfices
Non considérés dans le modèle car supposés identiques entre les situations.
directs
- Moindre prélèvement dans les
ressources en eau locales
- Moindre rejet d’EUT dans le
milieu naturel qui conduit à une
Bénéfices préservation de la qualité de
indirects l’eau (bénéfice
environnemental), la
préservation d’une attractivité
306 touristique (bénéfice pour
l’économie touristique)
- Investissement pour compléter le - Achat AEP - Investissement et
traitement à un niveau fonctionnement pour usine
compatible avec l’usage dessalement
(traitement tertiaire) - Investissement pour
- Investissement pour adduction - Investissement pour adduction et stockage
et stockage des EUT adduction et stockage
- Achat engrais
- Fonctionnement du traitement, - Achat engrais
de l’adduction et du stockage des
Coûts directs EUT, dont énergie
- Réalisation d’analyses d’eau et
de sols
- Formation, sensibilisation
- Vaccination
- Signalétique
- Coût additionnel pour entretien
asperseurs
- Diffusion potentielle de polluants - Prélèvement dans une - Pollution liée aux saumures
dans les sols et vers la nappe ressource surexploitée et du dessalement :
(non quantifié) concurrence avec un usage conséquences sur
- Risque sanitaire pour les prioritaire environnement et pêche
Coûts indirects
employés et les usagers du golf (non quantifié)
(non quantifié) - Rejet des EUT en mer - Rejet des EUT en mer

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

12.5.2 Données de base


Les données de base utilisées dans l’ACA pour le golf de Yasmine sont données dans le tableau ci-
dessous. Les données complètes sont présentées en annexe.

Tableau 12-6 : Données de base utilisées dans l’ACA pour le golf de Yasmine
Situation sans projet de Situation sans projet de Situation avec projet de
REUT n°1 REUT n°2 REUT
Eau de la SONEDE Dessalement REUT
Volumes d'EUT rejetés dans la mer
365 000 365 000 0
(m3/an)
Apport en eau au golf (m3/an) 365 000 365 000 365 000

Surface irriguée sur le golf (ha) 45 45 45

12.5.3 Résultats
L’ACA pour le golf de Yasmine montre que la REUT génère des gains nets, tant d’un point financier
qu’économique, et ce quelle que soit la situation de référence retenue, achat d’eau potable ou
dessalement.

Tableau 12-7 : Gains nets financiers et économiques de la REUT sur 30 ans et par m3 par rapport aux deux situations de référence
Gain net entre la situation avec projet (REUT)
et la situation de référence
(∆2‐∆1)
situation de référence situation de référence
n°1 n°2
Unité 307
Eau SONEDE Dessalement

Gains financiers nets de la REUT ‐ DT 30 ans 5 820 000 9 720 000 DT

Gains économiques nets de la REUT ‐ DT 30 ans 15 680 000 15 660 000 DT

Gains financiers nets de la REUT sur 30 ans (DT/m3) 0,55 0,92 DT/m3

Gains économiques nets de la REUT sur 30 ans (DT/m3) 1,48 1,48 DT/m3

Du point de vue du golf (analyse financière), il apparait en effet qu’il est plus intéressant d’utiliser les
EUT que l’eau de la SONEDE. Le gain net actualisé sur 30 ans est de près de 6 M DT, soit 0.55 DT
par m3. Les frais liés à la REUT (essentiellement station de pompage pour refouler les eaux jusqu’au
golf et frais d’analyse d’eau) sont en effet limités par rapport à la différence de coût entre l’eau de la
SONEDE (environ 1.3 DT / m3) et les EUT (ces eaux sont mises à disposition gratuitement).

Comparativement à une situation où le golf serait obligé d’utiliser des eaux issues du dessalement,
l’intérêt économique du projet REUT est encore plus manifeste. Le gain net actualisé sur 30 ans s’élève
alors à près de 10 M DT, soit 0.9 DT par m3. Ce résultat s’explique par le coût élevé d’une eau produite
par dessalement, avec des frais importants pour l’investissement (usine) et le fonctionnement, en lien
en particulier avec des frais d’énergie élevés (dépense énergétique de l’ordre 4 kWh/m3 pour le procédé
de dessalement).

Concernant l’analyse économique : le gain additionnel noté entre gain financier et gain économique
s’explique par une différence d’externalités positives entre REUT et autres solutions. En utilisant les
EUT pour le golf on évite le rejet des EUT en mer et on réduit ainsi la pollution en mer. Dans le cas de
l’utilisation de l’eau potable, s’ajoute en plus une externalité négative liée à la surexploitation de la nappe
et, dans le cas du dessalement, une externalité négative liée au rejet de saumures (pour mémoire, non
quantifié ici).

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

12.6 ARROSAGE DE L’ESPACE VERT DE L’AEROPORT DE TUNIS CARTHAGE


12.6.1 Situation de référence et détail des coûts et des avantages considérés
Pour l’arrosage de l’espace vert de l’aéroport de Tunis Carthage, la situation de référence considérée
consiste en l’arrosage des espaces verts avec les eaux de la SONEDE uniquement. Dans la situation
avec projet, qui est la situation actuelle, l’arrosage se fait en partie avec les eaux de la SONEDE et en
partie avec les EUT.

Le tableau ci-dessous précise les volumes des différentes ressources utilisées dans chacune des
situations.

Tableau 12-8 : Données de base utilisées dans l’ACA pour les espaces verts de l’aéroport de Tunis Carthage
Sans projet Avec projet

Eau de la SONEDE Mixe Eau SONEDE/REUT


Apport en eau REUT pour arrosage (m3/an) ‐ 204 400
Apport en eau SONEDE pour arrosage (m3/an) 270 100 65 700
Total apport en eau pour arrosage (m3/an) 270 100 270 100
Volume d'effluent de la STEP non réutilisé par l’OACA (m3/an) 11 549 000 11 344 600
Surface irriguée (ha) 25 25

Les données de base complètes utilisées dans l’analyse sont présentées en annexe.

Le tableau ci-après présente les différents bénéfices et coûts (directs et indirects) qui ont été pris en
compte dans l’ACA, pour les deux situations.
308
Tableau 12-9 : coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans l’ACA des espaces verts de l’aéroport de Tunis Carthage
Situation avec projet : Situation de référence :
Mix REUT/eau SONEDE seulement achat eau SONEDE
Bénéfices directs Pas de différence entre les deux situations
- Moindre prélèvement dans les ressources en
eau locales
- Moindre rejet d’EUT dans le milieu naturel qui
Bénéfices indirects conduit à une préservation de la qualité de
l’eau (bénéfice environnemental), la
préservation d’une attractivité touristique
(bénéfice pour l’économie touristique)
- Réseau d'irrigation - Réseau d'irrigation
Coûts directs - Investissement pour station de pompage - Achat d’eau à la SONEDE
- Fonctionnement de l’adduction
- Diffusion potentielle de polluants dans les sols - Prélèvement dans une ressource
et vers la nappe surexploitée
Coûts indirects - Risque sanitaire - Rejet des EUT dans le milieu naturel. Coût
environnemental et éventuellement
touristique

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

12.6.2 Résultats
L’utilisation d’un mixe REUT/eau SONEDE (situation avec projet) génère des gains nets, tant d’un point
de vue financier qu’économique, par rapport à une situation dans laquelle l’aéroport de Tunis utiliserait
uniquement de l’eau de la SONEDE pour l’arrosage de ses espaces verts.

Tableau 12-10 : Gains nets financiers et économiques de la REUT sur 30 ans et par m3 par rapport à l’achat d’eau potable

Gain net entre la situation avec


projet (REUT)
et la situation de référence (eau Unité
de la SONEDE)
(∆2‐∆1)

Gains financiers nets de la REUT ‐ DT 30 ans 2 640 000 DT

Gains économiques nets de la REUT ‐ DT 30 ans 4 680 000 DT

Gains financiers nets de la REUT sur 30 ans (DT/m3) 0,34 DT/m3

Gains économiques nets de la REUT sur 30 ans (DT/m3) 0,60 DT/m3

Comme pour le golf, du point de vue de l’usager, il apparait en effet qu’il est plus intéressant d’utiliser
les EUT que l’eau de la SONEDE. Le gain net actualisé sur 30 ans est de 2.6 M DT, soit 0.34 DT par m3.
Les frais liés à la REUT (essentiellement station de pompage pour refouler les eaux jusqu’aux lieux de
consommation et frais d’analyse d’eau) sont en effet limités par rapport à la différence de coût entre
l’eau de la SONEDE (environ 1.3 DT / m3) et les EUT (ces eaux sont mises à disposition gratuitement).

Comme pour le golf également, le gain additionnel noté entre gain financier et gain économique
s’explique par une différence positive d’externalités entre REUT et, dans le cas présent, l’utilisation des
eaux de la SONEDE. En utilisant des EUT pour l’arrosage des espaces verts on évite en effet le rejet
des EUT dans le milieu. Dans le cas de l’utilisation de l’eau potable, s’ajoute en plus une externalité
négative liée à la surexploitation de la nappe.
309

12.7 USAGE POUR L’INDUSTRIE DES PHOSPHATES A GAFSA (GROUPE CHIMIQUE


TUNISIEN)
12.7.1 Situations de référence et détail des coûts et des avantages considérés
Comme noté plus haut, il n’y a pas, pour le moment, de REUT au niveau du GCT de Gafsa. Les
procédés utilisent des eaux souterraines, prélevées par forage.

Dans l’analyse présentée ici, la situation avec projet consiste en la réutilisation d’une partie des EUT de
la STEP de Gafsa. Les échanges avec le GCT ont conduit à retenir une hypothèse de 4000 m3/j pour
cet usage, soit un volume annuel de près de 1 500 000 m3.Il est supposé que l’industriel procède, à ses
frais, aux investissements suivants :
 transfert (canalisation et station de refoulement) des EUT depuis la STEP de Gafsa jusqu’au site
industriel d’utilisation situé à environ 12 km de la station.
 mise en place d’un réservoir de temporisation entre production des EUT et utilisation pour le
procédé. Il a été retenu une hypothèse de 1000 m3 pour le volume de ce réservoir.
 mise en place d’un traitement additionnel des EUT par nano-filtration afin d’atteindre un niveau
de qualité conforme avec les exigences du personnel du site, en particulier sur les critères
microbiologiques,

Il est par ailleurs supposé que l’industriel assume les frais d’exploitation de ces investissements.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Notons par ailleurs que l’ONAS mettra à disposition les EUT de la STEP de Gafsa moyennant un tarif
spécifique. Son montant n’était pas définitivement arrêté au moment de l’enquête. Il était question d’une
valeur de 0.245 DT/m3 retenue ici dans le modèle (valeur communiquée oralement lors de l’entretien
avec le GCT de Gafsa le 27 mars 2019).

Deux situations de référence sont considérées :


 L’approvisionnement avec les eaux souterraines : il est supposé que le même volume de
1 500 000 m3 est obtenu par prélèvement dans un forage d’une profondeur de 200 m ;
 L’approvisionnement avec des eaux dessalées : il est supposé que le même volume est
acheminé depuis une usine de dessalement, située sur la côte, à 120 km de l’usine du GCT.

Le tableau ci-après synthétise les différents bénéfices et coûts, directs et indirects qui ont été pris en
compte dans l’ACA, pour les deux situations.

Tableau 12-11 : Coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans l’ACA de l’industrie des phosphates à Gafsa
Situation de référence : Situation de référence :
Situation avec projet de REUT
prélèvement eau souterraine dessalement
Bénéfices
Non pris en compte dans le calcul car pas de différence entre les trois situations.
directs
- Moindre prélèvement dans les - Moindre prélèvement dans
ressources en eau locales les ressources en eau locales
Bénéfices
indirects - Moindre rejet d’EUT dans le
milieu naturel. Bénéfice
environnemental.
- Investissement pour compléter - Investissement et - Investissement pour l’usine
le traitement des EUT à un fonctionnement pour de dessalement
niveau compatible avec l’usage forage + adduction et - Investissement pour
- Investissement pour adduction stockage l’adduction et le stockage
310 et stockage des EUT - Fonctionnement du
- Fonctionnement du dessalement, de l’adduction
Coûts traitement, de l’adduction et et du stockage des EUT,
directs du stockage des EUT, dont dont énergie
énergie
- Réalisation d’analyses de
qualité de l’eau
- Formation, sensibilisation du
personnel
- Vaccination
- Diffusion potentielle de - Prélèvement dans une - Pollution par les saumûres
polluants dans les sols et vers ressource surexploitée - Rejet des EUT dans le milieu
Coûts la nappe (limitée)
indirects - Rejet des EUT dans le naturel. Coût
- Risque sanitaire milieu naturel. Coût environnemental.
environnemental.

12.7.2 Résultats
Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau suivant.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Tableau 12-12 : REUT par le GCT - gains nets financiers et économiques de la REUT sur 30 ans et par m3 par rapport aux situations de
référence
Gain net entre la Gain net entre la
situation avec projet situation avec projet
(REUT) (REUT)
Unité
et la situation de et la situation de
référence (eau référence
souterraine) (dessalement)

Gains financiers nets de


-16 780 000 136 960 000 DT
la REUT - DT 30 ans

Gains économiques nets


-2 230 000 166 210 000 DT
de la REUT - DT 30 ans

Gains financiers nets de


la REUT sur 30 ans - -0,40 3,23 DT/m3
DT/m3
Gains économiques nets
de la REUT sur 30 ans - -0,05 3,93 DT/m3
DT/m3

A propos du résultat financier :

Avec les hypothèses formulées :


 L’usage industriel des EUT n’apparait pas intéressant financièrement pour l’industriel en
comparaison avec les eaux souterraines : cela lui revient plus cher d’utiliser les EUT que
les eaux souterraines. Le surcoût actualisé sur 30 ans s’élève à 400 millimes par m3. Ce surcoût
est lié pour environ 1/3 au tarif demandé par l’ONAS de 0.245 DT/m3. En annulant ce tarif, la
perte financière pour l’industriel passe en effet à 280 millimes en coût actualisé par m3 sur 30
ans. Les 280 millimes restants s’expliquent majoritairement par les forts investissements à
réaliser pour utiliser les EUT sur le site où sont transformés les phosphates (station de
refoulement, canalisation, bassin, traitement additionnel des EUT par nanofiltration) ainsi que,
secondairement, par les frais d’exploitation de ces installations.
 En revanche, l’usage des EUT est très intéressant en comparaison avec les eaux
provenant du dessalement. Le dessalement n’est en effet pas une option envisageable si on la 311
compare avec les eaux souterraines ou la REUT. Cela s’explique essentiellement par
l’investissement réalisé pour l’adduction depuis la côte mais aussi les frais très importants
d’énergie.

Dans tous les cas, l’approche ignore un aspect crucial pour l’industriel : la réalité des ressources en eau
dont il dispose (en d’autres termes, la raréfaction des ressources en eau souterraines). Il devient en
effet évident que l’eau usée traitée représente pour l’industriel un intérêt majeur au regard de ce que lui
coûterait le transfert des eaux dessalées depuis le littoral, et au regard des bénéfices engendrés par
son activité grâce à l’usage de l’eau.

Entre une ressource beaucoup plus éloignée (dessalement) ou pas de ressource (car
impossibilité ou interdiction de pomper plus dans les eaux souterraines), l’industriel a donc tout
intérêt à utiliser les EUT.

A propos du résultat économique : Avec les hypothèses formulées, il ressort que les différences
d’externalité entre l’usage des eaux souterraines et des eaux usées traitées ne compensent pas les
différences de coût. En intégrant les externalités positives liées à la REUT, la différence se réduit entre
les deux situations, avec et sans projet, mais le résultat reste négatif. Concernant le dessalement, le
résultat économique est du même ordre de grandeur que le résultat financier, avec des coûts prohibitifs
en comparaison de la solution REUT.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

12.8 RECHARGE DE LA NAPPE DE KORBA


12.8.1 Situations de référence et détail des coûts et des avantages considérés
La nappe de Korba n’est plus, à l’heure actuelle, alimentée par la STEP de Korba. La recharge a en
effet été arrêtée fin 2018, par manque de moyens pour la maintenance du site. Dans l’ACA, on considère
malgré tout que la situation avec projet est la situation dans laquelle la nappe est réalimentée à partir
des EUT, après un traitement tertiaire.

On considère un volume injecté de l’ordre 350 000 m3/an qui correspond à l’ordre de grandeur des
volumes maximums injectés dans la nappe pendant la période de fonctionnement (par exemple années
2009, 2010, 2012).

Dans la situation de référence, il est considéré que ce même volume est rejeté directement en mer.

On se focalise globalement, dans cette approche, sur les seuls volumes faisant l’objet d’une
réalimentation dans la nappe. Les volumes sortant de la STEP de Korba et réalimentant la lagune ne
sont pas considérés dans le présent calcul, ceci dans le but d’isoler le seul usage de recharge de nappe.

Le tableau ci-après présente les différents bénéfices et coûts (directs et indirects) qui ont été pris en
compte dans l’ACA, pour les deux situations.

Tableau 12-13 : Coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans l’ACA de la recharge de nappe de Korba

Situation avec projet : Situation de référence :


recharge de nappe avec des EUT rejet des effluents de la STEP dans la mer
Bénéfices
Pas de différence entre les deux situations
directs
312 Bénéfices
- Moindre rejet d’EUT dans le milieu naturel : bénéfice
environnemental et éventuellement touristique
indirects
- Réduction de la progression du biseau salé
- Investissement pour compléter le traitement des EUT
à un niveau compatible avec l’usage
- Investissement pour adduction et stockage des EUT
Coûts - Fonctionnement du traitement, de l’adduction et du
directs stockage des EUT, dont énergie
- Réalisation d’analyses d’eau
- Formation, sensibilisation du personnel
- Vaccination
- Diffusion potentielle de polluants dans les sols et vers
la nappe si le procédé de recharge est mal maîtrisé ou
Coûts si le traitement effectué par la STEP n’est pas suffisant
indirects (non quantifié)
- Rejet des EUT dans le milieu naturel.
- Risque sanitaire (non quantifié) Coût environnemental et
éventuellement touristique

12.8.2 Résultats
L’analyse qui est conduite ici suppose que l’objectif de la réinjection est une diminution de la progression
du biseau salé. Dans des analyses plus complètes, appliquées à des projets en routine, il serait
nécessaire de considérer des usages consommateurs éventuels des eaux de la nappe (pompage pour
de l’AEP ou pour de l’irrigation).

Dans les hypothèses formulées ici, la recharge de nappe par la REUT présente un intérêt économique
par rapport à une situation de rejets des effluents en mer.

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

Tableau 12-14 : Gains nets économiques de la REUT sur 30 ans et par m3 de la recharge à Korba
Sans projet
Unité
Rejet dans la mer

Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 1 300 000 DT

Gains économiques nets de la REUT ‐ DT/m3 sur 30 ans 0,13 DT/m3

Ce gain combine en pratique plusieurs aspects positifs du projet de REUT qui se révèlent, dans les
hypothèses formulées, supérieurs au coût de la REUT :
 Le projet de REUT évite la pollution de la mer (bénéfices environnemental et touristique).
Sur les 30 ans considérés, le gain associé à ce sujet (la « non » pollution maritime), selon
l’hypothèse retenue d’un coût de 0.57 DT/m3 rejeté (référence : Bénéfices du traitement des rejets
en mer, Les cahiers du Plan bleu, Juillet 2010), est d’environ 3.8 MDT sur 30 ans, en supposant
qu’on réinjecte 350 000 m3 chaque année.
 Le projet de REUT participe à la réduction de la surexploitation de la nappe.

L’approche économique dans un tel cas est sujette à de nombreuses incertitudes, en particulier sur les
coûts et bénéfices indirects. Il demeure que, si le risque de pollution de nappe par les EUT est maîtrisé
(hypothèse formulée ici, avec un coût environnemental nul lié à la recharge), l’usage est positif d’un
point de vue économique.

12.9 ALIMENTATION EN EAU DE LA LAGUNE DE KORBA


12.9.1 Situations de référence et détail des coûts et des avantages considérés 313
La STEP de Korba rejette un volume annuel de l’ordre de 2 millions de m3 par an. Nous nous focalisons,
dans la présente analyse, pour la situation « avec projet » sur la part qui est rejetée dans la lagune de
Korba. A raison de 4000 m3/jour, ce rejet représente près de 1,5 millions de m3/an.

Le reste du volume (différence entre 2 et 1.5 millions de m3) est en pratique sorti du présent calcul
(externalité associée nulle) pour isoler l’effet « alimentation de la lagune ».

La situation de référence considère que le rejet de 1,5 millions de m3 est va directement dans la mer.

Le tableau ci-après présente les différents bénéfices et coûts (directs et indirects) qui ont été pris en
compte dans l’ACA, pour les deux situations.

Tableau 12-15 : Coûts et bénéfices (directs et indirects) pris en compte dans l’ACA de la réalimentation de la lagune de Korba

Situation avec projet : Situation de référence :


alimentation de la lagune rejet des effluents dans la mer
Bénéfices
Pas de différence entre les deux situations
directs
- Préservation de l’ensemble des services - Préservation d’une partie des services
écosystémiques de l’écosystème « usager » écosystémiques de l’écosystème « usager »
Bénéfices
indirects - Moindre rejet d’EUT dans le milieu naturel :
bénéfice environnemental et éventuellement
touristique
- Investissement pour traitement III poussé des EU
Coûts - Investissement pour adduction et stockage des EUT
directs - Fonctionnement du traitement, de l’adduction et
du stockage des EUT, dont énergie

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12. ANALYSES COUTS AVANTAGES DE LA REUT POUR DIFFERENTS USAGES

- Réalisation d’analyses de qualité de l’eau


- Formation, sensibilisation du personnel
- Vaccination
- Diffusion potentielle de polluants dans les sols et
Coûts vers la nappe (à relativiser car le traitement III - Rejet des EUT dans le milieu naturel. Coût
indirects poussé) environnemental et éventuellement touristique
- Risque sanitaire

12.9.2 Données de base


Les données de base utilisées dans l’ACA sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Tableau 12-16 : Données de base utilisées dans l’ACA pour la réalimentation de la lagune de Korba
Sans projet Avec projet

Rejets en mer Alimentation lagune


Superficie lagune (ha) 250 250

Volumes rejetés en mer (m3/an) 1 500 000 0

Volume d'eau déversé dans la lagune par l'ONAS (m3/an) 0 1 500 000
Volume EUT non rejeté dans la lagune (pour information, non
500 000 500 000
considéré ici dans l’approche ACA)

12.9.3 Résultats
314 Le rejet des EUT dans la lagune présente un intérêt économique par rapport à une situation de rejets
des effluents en mer.

Tableau 12-17 : Gains nets économiques de la REUT sur 30 ans et par m3 de l’alimentation de la lagune de Korba

Sans projet
Unité
Rejet dans la mer

Gains économiques nets de la REUT DT ‐ 30 ans 9 770 000 DT

Gains économiques nets de la REUT (DT/m3) sur 30 ans 0,22 DT

Ce gain combine en pratique plusieurs aspects positifs du projet de REUT qui se révèlent, dans les
hypothèses formulées, supérieurs au coût de la REUT :
 Comme pour l’injection dans la nappe, le projet de REUT évite la pollution de la mer (bénéfices
environnemental et touristique).
Sur les 30 ans considérés, le gain associé à ce sujet (la non pollution maritime), selon l’hypothèse
retenue d’un coût de 0.57 DT/m3 rejeté (référence : Bénéfices du traitement des rejets en mer,
Les cahiers du Plan bleu, Juillet 2010), est d’environ 16 MDT sur 30 ans, en supposant qu’on
rejette chaque année 1 500 000 m3 dans la lagune.
 Le projet de REUT participe par ailleurs au maintien du bon état de la lagune. La REUT permet
en effet de conserver les services écosystémiques rendus par la lagune tout au long de l’année.
Dans la situation sans projet, on considère que ces services sont présents uniquement 7 mois
dans l’année, alors qu’ils sont présents 12 mois sur 12 dans le cas où on maintient en eau la
lagune avec l’apport d’EUT.

Ainsi, dans les hypothèses retenues, ce cas montre que les bénéfices environnementaux peuvent
compenser les coûts d’investissement et d’exploitation de la REUT.

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Partie D. GRANDS ENJEUX ET PROPOSITIONS


D’ORIENTATION

13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT


EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS
Objectifs du Chapitre
Sur la base des différents diagnostics, une analyse AFOM a été réalisée pour couvrir les différents
aspects de la REUT, étudiés dans ce rapport : aspects généraux/vision transversale ; aspects
techniques, réglementaires, institutionnels, économiques/financiers, sanitaires, sociaux,
environnementaux. A partir de cette analyse, les principaux points de blocage que rencontre la filière
REUT ont été identifiés et sont présentés.
Dans un deuxième temps, des recommandations générales sont formulées qui seront à développer
dans la deuxième phase de cette étude. Elles sont résumées dans un schéma, qui ne reprend
cependant pas toutes les conclusions et recommandations formulées à l’issue de chacun des chapitres.

13.1 ANALYSE AFOM


L’analyse AFOM est présentée dans le Tableau 13-1 ci-après.

315

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Tableau 13-1 : Matrice Atouts-Faiblesses-Opportunités-Menaces (AFOM) réalisée suite aux différents diagnostics
Aspects Forces Faiblesses

 Expérience en REUT  Choix des sites et projets de REUT


Aspects Périmètres irrigués avec des EUT depuis les années 1960. Définition du projet de STEP : pas de prise en compte systématique du potentiel de REUT
généraux / (localisation de la STEP, type de traitement, etc.)
Vision Programmes de recherche ambitieux dans les années
transversale 1980 : connaissance des impacts des EUT sur les Manque d’une vision transversale pour le choix des sites : notamment présence des eaux
matrices eau-sol-plante. conventionnelles, proximité entre la STEP et l’usage, besoins réels en eau des usagers.
Recul sur la REUT pour différents usages, surtout Manque de vision transversale avec tous les autres projets liés aux ressources en eau,
agriculture, golfs, espaces verts, recharge de nappe. manque de compétences GIRE en général en Tunisie
 Traitement des EUB  Collecte des EUB
Parc épuratoire important et encore en développement, Qualité des EUB : raccordement des rejets industriels non conformes et rejets clandestins
potentiel important d’EUT. (vidangeurs, abattoirs, etc.) dans les réseaux de l’ONAS, malgré l’obligation de pré-traitement.
Compétence du personnel du producteur des EUT. Surcharge : l’extension des réseaux des eaux usées et l’intrusion d’eaux pluviales ou
d’infiltration dans les réseaux entraînent des surcharges hydrauliques au niveau de certaines
 Usages : STEP. Cela nuit aux performances des STEP concernées.
316 Développement de l’irrigation en goutte à goutte.  Qualité des EUT :
Maîtrise des procédés de recharge de nappe. Selon un certain nombre d’acteurs, les problèmes de qualité des EUT représentent le frein
Adéquation entre le volume d’EUT traité quotidiennement principal au développement de la REUT. Ce constat s’explique avec les problèmes suivants :
et la demande dans certaines régions. ‐ Exploitation et Maintenance : Dysfonctionnements et vétusté des équipements,
Aspect procédures de maintenance lourdes et parfois peu efficaces, manque de main
technique d’œuvre. Ces problèmes entraînent un manque de fiabilité dans le traitement.
‐ Performance du procédé d’épuration : Stations majoritairement de type Boues
Activées, sans traitement complémentaire pour l’abattement des paramètres
microbiologiques (peu de sites avec un traitement tertiaire)
‐ Manque d’adaptation : peu de mise en relation entre usage à l’aval et performance
du traitement
‐ Traitements complémentaires peu présents pour l’usage agricole
‐ Peu de sensibilisation et de contrôles des rejets non conformes (industriels,
dépotages sauvages, etc.) dans le réseau d’assainissement

 Transfert des EUT


Décalage entre le lieu de production des EUT (pôles urbains sur les côtes) et les lieux
potentiels de réutilisation (zones agricoles à l’intérieur du pays) sachant que le transfert est
coûteux.

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Aspects Forces Faiblesses

Décalage entre production régulière des EUT et demande variable dans l’année. Manque de
stockage inter saisonnier.
 Usages
Colmatage des équipements d’irrigation par les MES, beaucoup d’entretien nécessaire
Souvent, pas de ressources de substitution en cas de problème de fourniture des EUT
(problème de qualité, panne des stations de pompage, etc.)
Possible source de conflits lors du partage des EUT entre les différents usagers (ex :
GCT/agriculteurs).
 Réglementation existante :  Manquements de la réglementation :
Bases du cadre réglementaire existant depuis les années Norme existant uniquement pour l’usage agricole, pas de normes spécifiques aux autres
1980 - 1990 en Tunisie usages
Discussions en cours pour élaborer des normes adaptées Normes non définies selon une évaluation quantitative des risques.
à chaque usage
Liste restrictive des cultures autorisées : peu de cultures à haute valeur ajoutée, notamment
Code de l’eau en cours de révision les plantes maraîchères (mais liste adadptée cependant aux moyens de traitement actuels).
Textes (code de l’eau) et normes nécessitent une mise à jour. Besoin de prise en compte des 317
derniers résultats de la recherche pour déterminer les seuils (études sur les effets de la REUT
Aspect sur les sols, les nappes et les plantes).
réglementaire
Arrêté très récent qui régit les niveaux de rejet des stations d’épuration : en attente de sa mise
en application opérationnelle au niveau des stations d’épuration.
Pas de prise en compte de la microbiologie dans la NT 106.03 (sauf pour les œufs de
nématodes)
Pas de normes pour les sols ni pour les produits agricoles issus de la REUT
Cadre réglementaire pour organiser l’accès à l’information entre les différentes institutions
mais peu appliqué.
Amendes non dissuasives en cas de non application de la réglementation

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Existence d’un comité REUT au niveau national et dans Compétences peu ou pas portées
chaque région
 Niveau central
Approche multi-sectorielle des questions de REUT et
implication des différents acteurs : agriculture, Pas d’organisme unique responsable du pilotage la REUT permettant d’unifier tous les acteurs
environnement, santé, industries, etc. (notamment autres que du monde agricole) et d’assurer la durabilité des projets
Bonne connaissance des problématiques liées à la REUT Peu de mise en œuvre des comités régionaux de la REUT (pas opérationnels dans toutes les
par les acteurs de la filière, volonté de contribution pour régions)
améliorer la situation
Manque d’implication du producteur des EUT dans la filière car manque d’intérêt
Processus de participation des usagers dans les projets
de REUT engagé surtout depuis 2010 Mécanisme de contrôle de l’ANPE et la DHMPE à revoir. Pas de police de l’eau indépendante
et sanctions non-dissuasives.
Rejets industriels non conformes : moyens juridiques existants pour contraindre les industriels
au prétraitement par l’ONAS et l’ANPE mais peu de sanctions réellement appliquées.
Sanctions non-dissuasives.
Manque de décentralisation pour l’émergence des projets de REUT (les usagers sont
rarement à l’initiative des projets de REUT, ils sont consultés mais il y a peu de véritable
concertation pour dessiner les contours des projets).

Aspect De façon générale, les différents acteurs ont l’impression de « rendre service », que ce soit
318 institutionnel en produisant des EUT ou en les utilisant. Il n’y a pas de prise de conscience généralisée de
la valeur des EUT et de l’opportunité qu’elles représentent.
Manque de stabilité des institutions : changements réguliers de ministres ou de directeurs,
donc peu d’actions prises pour le long terme.
 Niveau local
En cas de non-conformité des EUT, manque de communication entre l’ONAS et l’usager
(communication souvent assurée par le CRDA pour l’agriculture, mais pas d’intermédiaire
pour les autres usages)
Pas de contrôle de proximité, en région, qui peut intervenir rapidement si problème de qualité
Pas de structure responsable de la gestion des plaintes des usagers et des riverains,
notamment si problème environnemental
Délégation de l’exploitation des STEP à un privé : contrats très courts qui ne permettent pas
un suivi constant des STEP, pas d’obligation de résultats et pas de cadrage des niveaux de
performance exigée sur la qualité des EUT dans les contrats de délégation de l’exploitant privé
Peu ou pas de cadre institutionnel pour les usages autres que agricoles :
Golfs, espaces verts, industriels : pas de structures référentes qui peuvent conseiller les
usagers

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Recharge de nappe : responsabilité du CRDA mais pas de moyens et peu de compétences


pour assurer cette tâche
 Chevauchements ou mauvaises attributions de compétences
Chevauchement dans le contrôle des EUT entre ANPE, DHMPE et CRDA au niveau des lieux
de prélèvement, manque d’un document référent pour la coordination et l’optimisation des
contrôles.
Responsabilité d’imposer la réglementation répartie entre plusieurs ministères qui ne permet
pas une pleine efficacité (ministère de l’agriculture, de l’environnement, de la santé).
Pas de cadrage sur la prise en charge des frais liés au traitements complémentaires ou
tertiaires : ONAS, usagers, CRDA, autre ?
ONAS responsable de la conformité des eaux fournies à la NT 106.02 mais c’est le MARHP
qui est responsable de la conformité des EUT fournies pour l’irrigation. Or les CRDA n’ont pas
les moyens de prendre les mesures nécessaires en cas de non-conformité
Potentiels conflits d’intérêt concernant le contrôleur des EUT et le producteur qui
appartiennent au même Ministère (environnement)
Peu de structures qualifiées pour la délégation de services face aux nombreuses tâches
assurées par l’ONAS (nombreuses tâches assurées par l’ONAS : assainissement urbain et
rural, maîtrise d’ouvrage et exploitation des STEP, etc.) 319
Efforts pas assez développés pour la sensibilisation des usagers et manque de lisibilité dans
le rôle de chaque institution (AVFA, UTAP, CRDA, CTV, ministère de la santé, etc.)
Le MARHP est à la fois le gestionnaire des ressources en eau et le plus gros consommateur.
 Liens inter et intra institutions
Manque d’intégration des différents aspects de la REUT et manque d’une approche « filière » :
producteur – usager – consommateur. Les différents secteurs travaillent sans concertation.
Problèmes de communication, inter et intra-institutions, notamment ;
‐ ONAS vers usagers et autres institutions,
‐ ONAS et CRDA,
‐ Entre ministères (agriculture, environnement et santé),
‐ Entre arrondissements des CRDA,
‐ Entre les directions du MARHP.
Lien entre producteur des EUT et usager : manque d’intermédiaires, de communication et de
transmission des données. Pas de conventions établies pour garantir la quantité et la qualité
des EUT.
Manque de transparence pour la transmission des données sur la qualité de l’eau

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Aspects Forces Faiblesses

Manque de collaboration entre acteurs pour la planification des projets de STEP et les projets
de REUT
Pas de système d’alarme mis en place en cas de problème de qualité des EUT au niveau de
la STEP. Arrêt de l’irrigation souvent bien après les résultats de contrôles.
Centres de décisions de l’ONAS éloignés du terrain, procédures longues qui ne permettent
pas une réaction rapide quand il y a un problème sur une STEP
Pas assez de collaboration entre recherche et administrations : manque de moyens mis en
œuvre pour les transferts des technologies. Peu de valorisation des résultats des stations
pilotes et abandon des sites.
Manque de transmission de données de la part du ministère de la santé : liste des personnes
vaccinées par exemple.
Manque de capitalisation des données liées à la REUT pour faciliter l’échange de données et
la collaboration entre institutions
 Pour l’ONAS :  Financement des projets de REUT
Possibilité pour l’ONAS de vendre les EUT Souvent, financement disponible pour la mise en place du projet mais pas pour le suivi et
320  Pour les usages agricoles :
l’exploitation (ex : recharge de nappe, traitements complémentaires en aval des STEP,
valorisation écologique à Korba, etc.). Facteur limitant la durabilité des projets.
Augmentation des rendements (importante selon les Investissements importants effectués pour des projets (périmètres irrigués, recharge de
acteurs interrogés lors des enquêtes) nappe, etc.) mais qui ne répondent pas toujours à la demande car l’avis des usagers n’avait
Pourvoir fertilisant des EUT : diminution des charges pas été pris en compte lors de la naissance du projet
d’exploitation pour les agriculteurs Pas de budget prévu pour la recharge de nappe au niveau du CRDA
 Pour les usages autres qu’agricoles : Peu de budget pour la sensibilisation des usagers
Aspect
économique / Souvent avantageux au niveau financier/économique  Tarification et rentabilité des projets
financier d’utiliser les EUT par rapport aux eaux de forage ou de la
SONEDE (sauf si prise en charge d’un traitement Tarification trop faible pour supporter les coûts de recouvrement (autour des 20 millimes/m3).
complémentaire très coûteux). Les coûts de la REUT sont supportés en grande partie par les CRDA/l’Etat.
Certains usagers prêts à payer plus chères les EUT en Quand la qualité de l’eau est trop mauvaise, il est difficile d’imposer une tarification auprès
échange de la garantie d’une eau de meilleure qualité des usagers. C’est un cercle vicieux car si il n’y a pas de source de financement, la qualité de
l’eau ne peut pas s’améliorer.
Les modèles d’exploitations agricoles ne sont pas toujours compatibles avec les périmètres
irrigués avec des EUT : certaines sont de petites exploitations familiales où l’agriculture est
une activité secondaire pour les exploitants Ils n’ont pas les moyens d’investir dans
l’équipement d’irrigation malgré les subventions et ils ne voient pas l’intérêt d’intensifier leur
production avec l’irrigation.

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Aspects Forces Faiblesses

Sur certains sites, utilisation des EUT par les agriculteurs malgré la qualité médiocre : une fois
qu’ils ont investi dans le périmètre irrigué, ils se trouvent obligés d’irriguer pour préserver la
récolte et rentabiliser leurs investissements.
Coût du pompage pour CRDA/GDA très important, notamment quand les heures de pointe
correspondent aux heures d’irrigation. : nécessité de réaliser des ouvrages de stockage
Coût des suivis de la qualité des EUT importants pour les usagers : pas toujours effectués
malgré l’obligation.
Coûts importants des traitements III ou complémentaires pour celui qui doit les assumer
(ONAS, usagers, CRDA, autre).
Peu d’approches type ACA voire ACV pour évaluer les projets (pour étudier la meilleure
alternative d’un projet ou pour étudier sa pertinence à postériori).
Il existe dores et déjà de l’information sur les risques et les  Communication sur les risques sanitaires
impacts sanitaires (la recherche scientifique au niveau
national en dispose, même pour les polluants émergents). Manque de sensibilisation des usagers sur les risques liés aux EUT (notamment par manque
de moyens).
Peu de campagnes sanitaires et de vaccinations, parfois les frais ne sont pas toujours pris en
charge, donc les usagers ne se vaccinent pas. 321
Efforts souvent fournis au départ du projet pour informer les agriculteurs mais pas sur le long
terme. Certains ne sont même pas au courant qu’une réglementation existe.
Travailleurs saisonniers des exploitations agricoles : difficiles de le tenir informer des mesures
sanitaires à respecter
 Respect des mesures sanitaires, gestion des risques
Aspect
sanitaire Risque qui ne se voit pas sauf quand la qualité est vraiment médiocre (odeur, couleur), donc
peu de prise de conscience du risque par les usagers.
Problème de communication sur les risques, notamment au niveau des golfs où les usagers
ne sont pas informés.
Non-respect des fréquences de contrôle de la qualité des EUT et de l’ensemble des
paramètres à analyser, que ce soit au niveau de l’ONAS ou des CRDA.
Moyens de protection jugés contraignants (quand il fait chaud l’été, problèmes d’ergonomie,
etc.).
Quand irrigation gravitaire améliorée (périmètre irrigué, espaces verts…) ou aspersion (golf),
contacts possibles de l’usager avec les EUT.
Pas de contrôle sur les produits agricoles et les sols agricoles

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Aspects Forces Faiblesses

Mesures de sécurité peu respectées :


‐ Pâturage direct sur du fourrage irrigué avec les EUT
‐ Irrigation de cultures maraîchères avec les puits de surface à l’intérieur d’un
périmètre irrigué avec les EUT (Ex : Souhil)
‐ Aspersion avec des EUT pendant la journée pour les golfs (contact possible avec les
clients)
Il existe des cas de REUT qui ne sont pas considérés comme tels mais qui peuvent entraîner
des problèmes sanitaires : rejet dans l’oued des EUT, dilution avec les eaux conventionnelles
et pompage en aval pour l’irrigation (cas à Kasserine, Gafsa, Manouba, etc.).
Peu d’études sur l’évaluation des risques liés aux pratiques de la REUT, notamment absence
d’évaluation épidémiologique dans les périmètres irrigués.
Certains projets ont bien fonctionné car démarré sur une  Acceptabilité sociale
initiative locale, avec un petit projet pilote qui a bien
fonctionné, puis le périmètre irrigué a été étendu (ex : Freins sociaux surtout dus à la mauvaise qualité des EUT : manque de confiance dans la
Ouardanine, Souhil). La vision d’un projet réussi fait fiabilité des traitements, peur des maladies.
dépasser les freins sociaux que pouvaient avoir les Quelques freins éthiques/psychologiques dans certaines régions.
agriculteurs à l’origine.
Quelque freins des consommateurs quand ils savent que c’est irrigué avec des EUT.
322 Agriculteurs globalement motivés pour la REUT pour des
raisons économiques mais aussi lorsqu’il n’y a aucune Industries, espaces verts : grandes réticences de la part des ouvriers pour manipuler les EUT.
autre ressource alternative : demandeurs de réunions Pas de bénéfices directs pour eux qui permettraient de dépasser ce frein, à la différence des
d’informations. agriculteurs (augmentation des rendements).

Volonté de l’UTAP d’être plus impliqué dans la Quand échec important d’un projet de REUT, il est très difficile par la suite de convaincre à
sensibilisation des agriculteurs. nouveau les usagers (ex : Mornag).

Aspect social Industriels et hôtels sont demandeurs d’informations, Emérgence des projets de REUT ne répond pas toujours à une demande locale : parfois
intérêts économiques et environnementaux de la REUT. réticence d’utilisation du périmètre irrigué pour certains agriculteurs malgré les installations.
Pour les agriculteurs, quand une ressource en eau conventionnelle est disponible, ils préfèrent
ne pas utiliser les EUT.
 Sensibilisation
Certains CTV sont fermés dans les régions, peu de moyens mis en œuvre.
Certains GDA ne sont pas pleinement impliqués (existent pour répondre à la réglementation).
Importance d’un GDA impliqué pour motiver les autres agriculteurs.
L’aspect communication au niveau des usagers n’est pas systématique et consolidé, il est
occasionnel et dépend des changements de responsables des parties prenantes. Il manque
un programme cohérent et soutenu de sensibilisation pour les agriculteurs et les différents
utilisateurs des EUT

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Aspects Forces Faiblesses

Moins de rejets directs des EUT dans le milieu naturel et  Contexte environnemental
donc de pollution potentielle, notamment dans les zones
sensibles (lagunes, zones de baignade, nappes…) Contexte pédologique des sites des périmètres irrigués pas toujours adapté à l’irrigation avec
les EUT.
Pouvoir fertilisant des EUT : moins d’apports d’engrais
minéraux (si pas de traitement N et P à la STEP)  Risques : évaluation et suivi

Impact positif de la REUT sur l'amélioration des sols Risques de contamination du sol : pas de suivis réguliers au niveau des périmètres irrigués
(augmentation tdu aux de matière organique dans les sols) avec les EUT malgré le risque d’accumulation des ETM dans les sols et les risques
microbiologiques.
Aspect Préservation des ressources en eaux conventionnelles
environnemental (notamment recharge de nappe), particulièrement dans Risques de contamination des nappes : N, P, microbiologie, accumulation des ETM, etc.
les zones arides du Centre et du Sud de la Tunisie Cas des recharges de nappe : risques liés à l’utilisation indirecte des EUT pour l’irrigation de
Elément stratégique pouvant être intégré dans la politique cultures maraîchères
environnementale des grands consommateurs d’eau Peu d’études sur les risques combinés : microbiologiques, ETM, polluants émergents, etc.
(entreprises, municipalités, hôtels, etc.)
Valorisation environnementale avec la REUT : pas de définition précise, peu d’évaluation des
impacts de ce type d’usage sur l’environnement. Est-ce que le rejet a eu un impact
environnemental positif effectif sur l’écocsystème ?
323
Peu d’analyses des EUT de la part des usagers autre que CRDA

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Opportunités Menaces

 Ressources en eau et contexte tunisien  Ressources en eau et contexte tunisien


Changement climatique : réduction des ressources en eaux conventionnelles, Développement du dessalement (ex : industriels et eau potable) malgré le
contexte de stress hydrique de la Tunisie. coût bien plus élevé de cette alternative car manque de confiance dans la
REUT
Augmentation de la population tunisienne : augmentation des besoins globaux en
eau. Chute du dinar, difficultés de réaliser des projets car les montants à
l’investissement ont beaucoup augmenté ces dernières années.
Insuffisance de ressources conventionnelles disponibles dans les régions du Centre
et du Sud tunisien Politique de taxation des produits importés défavorable à l’utilisation
d’équipements fiables, éprouvés dans d’autres pays
Etude eau 2050 en cours : réflexion sur le cadre institutionnel global de la gestion de
l’eau en Tunisie. Augmentation importante du coût de l’énergie : poids dans le budget de
l’ONAS et CRDA, encore plus si traitement III.
Système d'information sur les ressources en eau en Tunisie (SINEAU) en cours de
développement Pas de stratégie dans le recours aux nouvelles énergies (énergie solaire ou
autre) dans le secteur eau conventionnelle ou non conventionnelle
Développement du tourisme golfique.
 Assainissement
Développement de l’énergie solaire et des biogaz pour l’assainissement et les
stations de pompage Problèmes financiers de l’ONAS et donc retards importants dans la
324 Coûts élevés en énergie du dessalement
planification et la réhabilitation des STEP
 Institutions
 Assainissement
Climat institutionnel global lourdeur administrative pour construire les dossiers
Programme important de réhabilitation des STEP
et les mettre en œuvre.
Augmentation de la redevance assainissement.
Projet de délégation de service public d’exploitation du parc épuratoire de l’ONAS.
Développement de l’assainissement en milieu rural par l’ONAS. Stations pilotes du
CITET pour le lagunage et la REUT à petite échelle en milieu rural.
Recherches en cours pour la valorisation des eaux pluviales pour les eaux
domestiques (CERTE).
Problèmes de pollution au niveau des zones de baignade : projets en cours
d’émissaires en mer coûteux, la REUT pourrait être une solution alternative.
 Réglementation
Possibilité d’autorisation de la réutilisation des eaux grises.
Projet de révision du code des eaux.
Projet d’un code de l’environnement en phase d’étude.

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

13.2 IDENTIFICATION DES DEFIS A RELEVER ET PROPOSITION DE GRANDES


RECOMMANDATIONS
Les diagnostics réalisés pendant la première phase de l’étude ont été riches d’enseignements. Ils ont
permis d’identifier les points forts du système en place ainsi que les pistes d’amélioration. Les résultats
des différents diagnostics sont consignés dans la matrice AFOM présentée ci-avant.

A partir de la matrice AFOM, les grands « points de blocages », gênant le développement de la


REUT, ont été identifiés. Ces points de blocage ont été regroupés, afin de proposer un nombre limité
de défis à relever pour la REUT. Ces « défis » représentent une incitation à dépasser les points de
blocage, afin d’améliorer la situation actuelle et permettre le développement de la REUT.

Pour chacun des défis, un objectif a alors été proposé. L’objectif constitue la cible à atteindre, il
représente la déclinaison des grandes attentes pour chacun des défis. La définition des défis et
objectifs à atteindre a permis de proposer ensuite de grandes recommandations, pour chacun de ces
défis.

Quatre grands défis ont ainsi été identifiés.

Défi 1 : L’approche intégrée

Le défi de l’intégration est transversal. Les points de blocage identifiés dans le cadre de ce défi ont été
décrits dans les différents diagnostics. Ce sont les suivants :
 L’absence d’approche filière et le manque d’intégration de la REUT dans la politique de
l’eau (dissociation entre les planifications des STEP et des projets de REUT, définition de projets
de REUT qui n’émergent pas d’une demande locale, définition des projets de REUT qui ne
s’inscrivent pas dans une vision GIRE pour replacer le projet dans le grand cycle de l’eau et
évaluer sa pertinence, etc.) 325
 Dans certains cas, l'acceptabilité de la REUT est encore problématique (nécessité de
prendre en compte un certain nombre de paramètres pour faciliter l’acceptabilité : disponibilité
des ressources conventionnelles, niveau du risque sanitaire, retombées économiques, liens de
confiance entre les acteurs)
 Les EUT ne sont pas encore pleinement valorisées (optimisation des projets grâce à
l’intégration des différents facteurs sociaux, environnementaux et économiques lors de la
définition des projets)
 Les problèmes de recouvrement des coûts associés aux projets de REUT gênent parfois la
durabilité des projets (problèmes sur la prise en charge du coût réel de l’eau et du traitement
tertiaire)

Défi 2 : La gouvernance

Le défi de la gouvernance fait suite à plusieurs grands points de blocage identifiés particulièrement dans
le diagnostic institutionnel :
 Le cadre institutionnel existant n’est pas pleinement opérationnel (la majorité des fonctions
sont pourvues mais ne sont pas pleinement opérationnelles, idem pour le processus de
décentralisation qui est en cours)
 A certains niveaux, il y a des difficultés dans la communication et la coordination entre les
acteurs de la filière (notamment entre le producteur des EUT et les usagers, mais aussi au sein
des différentes institutions en charge des EUT)
 Les contrôles de qualité de l'eau ne sont pas toujours réalisés de façon optimale (problèmes
de fiabilité, fréquence et échantillonnage) et les résultats ne sont pas partagés automatiquement
entre tous (il peut exister des conflits d’intérêt entre l’organisme de contrôle et l’organisme
contrôlé qui font partie de la même institution, il n’y a pas de cadre clair de répartition des
interventions des organismes de contrôle, etc.).

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Défi 3 : La qualité

Le défi de la qualité concerne les problèmes de qualité de l’eau qui gênent le développement de la
REUT. Les principaux points de blocages identifiés participent à expliquer les problèmes rencontrés :
 Une révision de la réglementation concernant la qualité de l'eau pour la REUT est
nécessaire (la réglementation actuelle n’étant que pour l’usage agricole sans distinction des
conditions d’irrigation et n’étant pas basée sur une évaluation des risques).
 Des dysfonctionnements sont constatés au niveau de certaines STEP (dysfonctionnements
liés à des coûts d’exploitation (maintenance, frais d’énergie) difficiles à supporter, un parc de
stations d’épuration vieillissant, le raccordement d’effluents bruts à traiter non biodégradables,
etc.)
 Peu de traitements tertiaires ou complémentaires existent pour compléter le traitement
secondaire et être conforme aux exigences des usages aval (notamment à cause de la difficile
prise en charge des frais associés, de la faible prise de conscience concernant les conséquences
notamment sanitaires, mais aussi par manque de cadre réglementaire complet et/ou de difficultés
d’application du cadre existant).

Défi 4 : La maîtrise des risques

La maîtrise des risques est un défi qui dépend directement du défi lié à la qualité. Cependant, au-delà
de la qualité, la maîtrise des risques nécessite aussi de prendre en compte la vulnérabilité et l’exposition
des populations. Les principaux obstacles identifiés pour la maîtrise des risques sont les suivants :
 Il y a encore des manques de connaissance et d’évaluation des impacts environnementaux
et sanitaires liés à la REUT et des risques associés (le manque de connaissances entraîne
parfois des pratiques non-sécurisées, ou qui causent des pollutions non-identifiées actuellement.
Cela gêne aussi la définition des normes pour les différents usages).
 Les usagers sont généralement trop exposés aux risques associés à la REUT (cela fait suite
au non-respect des règles de sécurité, notamment par manque de formation et sensibilisation).
326 La Figure 13-1 récapitule les différents défis et points de blocage identifiés. Le défi de l’intégration,
central et lié aux trois autres défis, est représenté à l’intérieur du cercle.

La figure suivante, Figure 13-2, présente enfin les grandes recommandations de la phase de diagnostic.
Les recommandations reportées ici ne sont pas exhaustives (l’ensemble des recommandations du
diagnostic ne sont pas résumées dans la figure). Ces recommandations seront importantes pendant la
phase de prospective et guideront la proposition de scénarios pour le développement de la REUT.

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Figure 13-1 : Défis, points de blocges et objectifs

La maîtrise des risques

• Il y a encore des manques de connaissance des


impacts environnementaux et sanitaires liés à
la REUT et des risques associés
• Les usagers sont généralement trop exposés aux
risques associés à la REUT

Objectif 4 - Développer la réutilisation en maîtrisant les


risques associés pour la santé humaine et
l’environnement

L’approche intégrée

• L’absence d’approche filière et le manque


d’intégration de la REUT dans la politique de l’eau
• Dans certains cas, l'acceptabilité de la REUT est
encore problématique
• Les EUT ne sont pas encore pleinement
valorisées
• Les problèmes de recouvrement des coûts
associés aux projets de REUT gênent parfois la
durabilité des projets

Objectif 1 - Intégrer le développement de la filière


dans le cadre de la GIRE et prendre en compte les
spécificités de la REUT à toutes les étapes des projets

La qualité La gouvernance

• Une révision de la réglementation concernant la • Le cadre institutionnel existant n’est pas 327
qualité de l'eau pour la REUT est nécessaire pleinement opérationnel
• Des dysfonctionnements sont constatés au • A certains niveaux, il y a des difficultés dans la
niveau de certaines STEP (traitements communication et la coordination entre les
secondaires inefficaces et ne favorisant pas le acteurs de la filière, dans la transparence, le
passage au traitement tertiaire) partage, l’utilisation et la valorisation des données
• Il y a actuellement peu de traitements pour la prise de décisions.
complémentaires et tertiaires et d’abattement • Les contrôles de qualité de l'eau ne sont pas
de la bactériologie toujours réalisés de façon optimale (problèmes de
fiabilité, fréquence et échantillonnage) et les
Objectif 3 - Adapter la qualité de l’eau aux différents résultats ne sont pas partagés automatiquement
usages que la Tunisie souhaite développer et garantir entre tous
sa disponibilité
Objectif 2 – Opérationnaliser le cadre institutionnel
existant, favoriser l’émergence de nouveaux projets et
garantir le suivi efficace et transparent des projets
existants

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13. SYNTHESE DU DIAGNOSTIC : ANALYSE AFOM DE LA FILIERE REUT EN TUNISIE ET PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS

Figure 13-2 : Synthèse des recommandations par aspects

328

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Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

ANNEXES 337

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Annexe 1 : Éléments synthétiques des principales


études stratégiques et thématiques effectuées
sur la REUT en Tunisie

ONAS (2002), Stratégie nationale de valorisation des eaux usées traitées


Description de l’étude Recommandations de l’étude
Objectif : Fournir un instrument Aspects techniques/planification : Maîtrise du traitement secondaire
de planification pour le des EUT, développement du traitement complémentaire,
développement durable de la diversification des domaines de réutilisation (recharge de nappe,
REUT espaces verts et réutilisation industrielle), planification de la REUT
Contenu : dès la conception des STEP, maximisation des bénéfices
environnementaux et économiques (ex : hôtels), valorisation des
- Diagnostic de la situation : effluents du Grand Tunis
identification des points forts et
Aspects institutionnels : Création d’un comité national et de comités
faibles de la REUT en Tunisie
régionaux pour la mise en œuvre de la stratégie des EUT, implication
- Proposition de 3 scénarii du secteur privé, définition des cadres institutionnels des usages
prospectifs (continuité des autres qu’agricoles et précision de celui de la recharge de nappe
projets en cours, diversification
Aspects réglementaires : Elargissement de la liste des cultures
des usages ou développement
autorisées, élaboration de normes pour les usages autres
de l’usage agricole) avec un
qu’agricoles 339
objectif minimum de 40 % de
taux de REUT à l’horizon 2016 Aspects économiques/financiers : Mise en place d’une tarification
- Priorisation des actions adéquate des EUT en tenant compte du traitement complémentaire,
mise en place d’un fond de développement de la REUT pour les
projets novateurs, développement des projets selon des études de
faisabilité au cas par cas
Autres aspects : Engagement d’un programme de communication et
de sensibilisation sur la REUT pour mettre en confiance les usagers
et les populations, renforcement des capacités nationales pour tous
les acteurs, suivi environnemental et sanitaire renforcé pour tous les
projets de REUT

Points forts Limites de l’étude Répercussions de l’étude


Implication forte de l’ONAS dans Pas d’enquêtes de terrain et de Première stratégie nationale
la valorisation des EUT prise en compte de l’aspect pour la REUT
Identification de contraintes et social (acceptabilité de la REUT) Constat déjà d’un manque de
d’opportunités toujours Pas d’analyse économique pour REUT par rapport au potentiel
d’actualité dans la filière REUT comparer les solutions Recommandation de mettre en
Volonté de développement des proposées et pas de prise en
place le scénario prospectif de
usages autres qu’agricoles compte de l’aspect énergétique diversification des usages non
Plan d’action peu détaillé sur agricoles, mais peu d’application
comment le mettre en œuvre et Difficultés pour la mise en œuvre
pas de priorisation des actions
des actions recommandées par
l’étude, notamment sur le
traitement des EUT

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

DGEQV (2009), Etude de faisabilité technico-économique de la recharge artificielle des nappes par les EUT
des STEP
Description de l’étude Recommandations de l’étude
Objectif : Etudier la faisabilité Aspects techniques : Modélisation des écoulements des nappes,
technique, économique et élaboration d’une base de données par région accompagnée d’un
environnementale de la recharge de SIG pour rassembler les résultats d’analyses
nappe avec les EUT et identifier des
nouveaux sites potentiels en Tunisie Aspects institutionnels : Amélioration des échanges entre acteurs
pour bonne disponibilité de l’information en temps réel (ONAS –
Contenu : GDA – société civile), renforcement des capacités
- Caractéristiques des nappes institutionnelles, création d’un comité national de coordination
étudiées pour mutualiser les données et transmettre les informations, mise
en place d’une charte de bons procédés intitulé « contrat de
- Site de recharge identifié pour nappe » pour fixer le cadre d’intervention des acteurs
chaque nappe
Définition du cadre institutionnel de la recharge : gestion des
- Modalités techniques de recharge et infrastructures et équipements de recharge au secteur privé
programme de suivi (exploitation, entretien et maintenance), investissements,
- Priorisation des sites à recharger en régulation et suivi par le CRDA, financement des charges
fonction de critères techniques, d’exploitation par les usagers/GDA, évaluation des performances
économiques et environnementaux de la recharge par la DGRE.
Points forts Limites de l’étude Répercussions de l’étude
Etude thématique portant Coût économique élevé de la Les recommandations
exclusivement sur la recharge de recharge de nappe : pas de plan de pour la réalisation de
nappe financement nouveaux projets de
Proposition d’un cadre institutionnel Aspects sanitaire et acceptabilité recharge n’ont pas
abouti.
340 pour la recharge de nappe sociale peu abordés
Réalisation d’enquêtes de terrain Manque d’une approche transversale Les recommandations
des ressources en eau pour les sites déjà
Prise en compte de critères existants (Souhil et
environnementaux et évaluation Korba) n’ont pas abouti.
économique

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

DGEQV (2009), Etude de faisabilité de transfert des EUT des STEP du Grand Tunis vers les zones de
réutilisation
Description de l’étude Recommandations de l’étude
Objectifs : Protéger le littoral du Grand
Tunis et transférer les EUT vers des Aspects techniques : Augmentation des capacités d’épuration
zones agricoles en stress hydrique du Grand Tunis, réhabilitation des STEP existantes et
Elaborer sur les plans techniques, renforcement de l’effort pour leur maintenance et leur
économiques et environnementaux la entretien, renforcement du contrôle des rejets industriels,
faisabilité de différents scénarios de programme de contrôle à l’aide d’automates, maîtrise du
transfert des EUT des STEP du Grand traitement II et développement de traitements
Tunis complémentaires, mise en place d’un protocole de suivi pour
la bonne gestion des ouvrages de transfert
Contenu :
Aspects institutionnels : Implication du secteur privé dans
- Rappel de la situation actuelle des
l’exploitation des STEP, création d’un comité de suivi pour la
EUT en Tunisie
recharge de nappe, élaboration d’un système de
- Identification des nouveaux projets communication sur les résultats de qualité des EUT, mise en
de réutilisation (périmètre irrigué et place d’une unité de gestion environnementale au sein des
recharge de nappe) CRDA pour assurer la qualité de l’eau livrée aux agriculteurs,
- Description des scénarios proposés renforcement des capacités pour un programme de formation
et des systèmes de transfert et d’accompagnement, création d’un comité AD-HOC pour la
possibles gestion du transfert des eaux

- Etude des émissaires en mer Aspects économiques : Adaptation de la tarification des EUT
pour couvrir les charges d’exploitation, création d’un Fond de
- Evaluation environnementale et développement de la REUT du Grand Tunis
économique des différents scénarios
et choix du scénario à retenir : envoi Aspects réglementaires : Elaboration d’une norme pour la
des EUT vers Zaghouan, Kairouan et recharge de nappe et mise à jour de la NT 106.03,
Tunis Ouest avec 4 systèmes de renforcement du contrôle sanitaire, réalisation des études
transfert d’impact pour chaque projet de transfert 341
- Etude institutionnelle, programme
d’investissement et plan d’action
Points forts Limites de l’étude Répercussions de l’étude
Prise en compte des projets potentiels Coût économique important La réalisation du réseau de
de recharge qui ont été étudiés en du transfert des EUT transfert proposé n’a pas
parallèle Pas de prise en compte des abouti
Identification de zones potentielles pour usages autres qu’agricoles et La faisabilité pour la mise en
l’irrigation avec les EUT de recharge de nappe place du fond de
Réflexion sur différents scénarios et Etude à l’échelle régionale développement de la REUT
choix du plus pertinent au niveau n’a pas été étudiée
économique et environnemental La construction de la STEP Al
Plan de financement abordé Attar a pris du retard

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

FAO (2013), Etude stratégique des formes de réutilisation des eaux usées en Tunisie – PISEAU 2, Banque
Mondiale
Description de l’étude Recommandations de l’étude
Objectif : Propositions de Aspects techniques : Amélioration de la gestion des eaux industrielles
solutions pour améliorer la REUT et priorisation des STEP à réhabiliter dans les zones pertinentes pour la
en Tunisie sur les plans REUT, mise en place de projets pilotes de traitement complémentaire
stratégiques, techniques et (filtre à sable et bassin de maturation, filtration sur sable, recharge
organisationnels artificielle de nappe)
Contenu : Aspects institutionnels : Lancement d’un plan directeur national de la
- Rappel des contraintes liées à REUT en Tunisie pour servir d’appui à la stratégie nationale, séparation
la REUT en Tunisie des fonctions de contrôles entre le MARHP, la DHMPE, la DGEQV et
les laboratoires agréés, hiérarchisation des rôles des différents acteurs,
- Rappel du projet de transfert renforcement institutionnel : création de comités régionaux pour la
des EUT du Grand Tunis gestion et la suivi des projets pilotes, renforcement des GDA (unité de
- Description des solutions et gestion environnementale)
activités proposées par l’étude Aspects sanitaires/environnementaux : Mise en place d’un protocole de
veille environnementale et sanitaire formalisé, élaboration de manuels
de procédure d’exécution des contrôles de la qualité
Aspects sociaux : Augmentation des moyens de sensibilisation pour
convaincre d’utiliser les EUT et apprendre à les manipuler sans risques
: supports de communication, sessions de formation et d’informations,
mise en place d’une stratégie de sensibilisation, visites de sites…

Points forts Limites de l’étude Répercussions de l’étude


Campagnes de terrain sur 3 Etude essentiellement Point de départ pour le lancement
périmètres irrigués existants bibliographique d’une étude pour l’élaboration du plan
342 Proposition d’un nouveau cadre Usages abordés seulement directeur national de la REUT en
Tunisie
institutionnel valorisant agricoles et recharges de
l’horizontalité dans les échanges nappe Mise en place de traitements
(création de comités…) Reprise de beaucoup de complémentaires au niveau de
recommandations des études certains périmètres irrigués
précédentes et pas de Pas de nouveaux sites de recharges
priorisation des actions créés ou de mise en place du système
Peu de précisions sur les de transfert des EUT
dysfonctionnements
institutionnels

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Ministère de la santé (2014), Evaluation de la qualité des eaux usées réutilisées à des fins agricoles en
Tunisie
Description de l’étude Recommandations de l’étude
Objectif : Prévenir les risques liés
à la REUT en agriculture en
évaluant la qualité des EUT Aspects réglementaires : Suspension de l’utilisation des EUT non
distribuée conformes pour l’agriculture, assurance de la réalisation d’un
contrôle régulier des EUT selon la réglementation, application de la
Contenu :
réglementation pour les eaux industrielles, révision de la NT 106.03
- Résultats des analyses de
Aspects techniques : Adéquation des procédés de traitement par
qualité et caractérisation
rapport aux EUB, responsabilisation des fournisseurs d’EUT pour
physico-chimique et
assurer une bonne qualité d’EUT distribuée
microbiologique des EUT des
STEP alimentant les Aspects sanitaires/environnementaux : Mise à disposition de guides,
périmètres irrigués manuels pour la gestion des risques environnementaux et sanitaires
liés aux EUT
- Conformité des rejets par
rapports aux normes Aspects sociaux : Programmes de communication pour les
manipulateurs des EUT et la population avoisinante des périmètres
- Propositions de mesures
irrigués
correctives et de surveillance

Points forts Limites de l’étude Répercussions de l’étude


Rappel des risques liés à une Usage seulement agricole Mise en évidence de la non-
mauvaise qualité des EUT pour d’abordé conformité à la NT 106.03 d’une
l’utilisation agricole Difficultés rencontrées pour quantité non négligeable des
Insistance sur les aspects de EUT utilisées en agriculture
sonder les agriculteurs ciblés
contrôle et de surveillance des Peu de recommandations Mise en évidence de la
EUT nouvelles par rapports aux distribution des EUT dans un 343
certain nombre de cas, malgré la
études précédentes
non-conformité avérée
Recommandations surtout sur
les aspects réglementaires mais
peu de solutions pour permettre
l’application de cette
réglementation, aspects
institutionnels et sociaux peu
abordés

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

DGEQV (2015), Stratégie nationale de communication et de sensibilisation à l’utilisation des EUT et des
boues de STEP, Banque Mondiale
Description de l’étude Recommandations de l’étude
Objectif : Elaboration d’une Aspects sociaux : Choix des outils de communication (plutôt radio,
stratégie de communication et de presse écrite, web, supports vidéo), bonne définition des actions de
vulgarisation en faveur de la REUT sensibilisation dans l’espace et dans le temps pour atteindre le
(2015 – 2019), mise en œuvre public ciblé (dont entourage des agriculteurs, société civile,
dans des régions pilotes (Nabeul, écoliers), surveillance de l’évolution des canaux de communication
Gabes, Kasserine) utilisés
Contenu : Pour la levée des réticences à l’utilisation des EUT : favorisation de
- Etat des lieux de l’utilisation des la transparence sur la qualité des EUT, établissement d’une relation
EUT et des boues des STEP en de confiance entre ONAS et GDA, visites de sites utilisant les EUT,
insistance sur les intérêts à long terme pour l’environnement et la
Tunisie
santé
- Sondages sur les
connaissances, attitudes et Aspects institutionnels : positionnement de l’AVFA comme leader
pratiques des agriculteurs et coordinateur de la stratégie de communication, renforcement
institutionnel et matériel de l’AVFA, CTV, groupements
- Stratégie et plan d’action interprofessionnels, ONG, conseillers agricoles…, demande de
- Réalisation et initiation l’appui des personnes « ambassadrices » ayant une bonne
d’activités de sensibilisation au pratique des EUT, intégration des actions de sensibilisation dans
niveau régional les programmes annuels des CTV, création d’un comité national et
de comité régionaux de sensibilisation à l’utilisation des EUT et des
- Evaluation de l’impact de la boues (avec administrations, organisations professionnelles et
campagne de sensibilisation société civile),
Points forts Limites de l’étude Répercussions de l’étude
Etude dédiée à l’acceptabilité Peu de propositions au niveau Mise en évidence du déficit de
sociale de la REUT, aspect du financement de la vulgarisation auprès des
344 jusque-là peu abordé dans les communication autour des agriculteurs utilisant les EUT,
études précédentes EUT. notamment au niveau des
Enquêtes auprès des agriculteurs AVFA proposé comme chef de risques sanitaires liés à la REUT

Rassemblement d’un cahier de file alors que peu de moyens Peu d’application de la stratégie
doléances des usagers pour actuellement pour appliquer la de communication jusqu’à
stratégie de communication aujourd’hui par manque de
mieux comprendre les réticences
et les problèmes rencontrés sur le Seul l’usage agricole est moyens
terrain abordé
Etude qui aborde en parallèle les Difficultés à toucher le public
EUT et les boues de STEP ciblé pendant la campagne de
sensibilisation qui a été menée

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

DGGREE (2017), Etude d’évaluation de la politique tarifaire et révision et mise en œuvre de nouveaux
modes de tarification (phase 1 diagnostic), KFW
Description de l’étude Recommandations de l’étude
Objectif : Evaluation de la tarification Aspects économiques/financiers : Révision de la tarification des
appliquée dans les périmètres EUT pour supporter au moins les coûts d’exploitation de
irrigués avec des EUT l’irrigation avec les EUT (énergie et service de gestion) avec en
Contenu : parallèle une amélioration de la qualité des EUT

- Rappel du cadre juridique et Aspects techniques : Séparation des eaux industrielles les plus
institutionnel de la REUT polluantes des eaux grises des ménages, consolidation du
fonctionnement des STEP, développement du traitement III,
- Diagnostic de 4 périmètres pratique plus rationnelle de l’irrigation pour une économie d’eau à
irrigués (Borj Touil, Oued Essid, la parcelle
Dhraa Tammar et Aguila) : coût du
Aspects institutionnels : Mise en œuvre d’un politique volontariste
service de l’eau et impact de la
pour développer la REUT, renforcement de la recherche et de
tarification actuelle
l’accompagnement des usagers
- Diagnostic comparatif des
périmètres irrigués étudiés Aspects réglementaires : Révision de la liste des cultures
autorisées
- Attitudes des acteurs vis-à-vis de
la tarification et recommandations
Points forts Limites de l’étude Répercussions de l’étude
Capitalisation de données Recommandations en fin Intégration dans une étude
économiques sur les périmètres d’étude apportant peu globale sur la tarification de l’eau
irrigués étudiés d’éléments nouveaux par Etude récente
Comparaison du coût de revient de rapport aux constats faits
dans les études précédentes
l’eau avec la tarification actuelle
Prise en compte de la vision des
différents acteurs sur la tarification 345
actuelle

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

DGGREE (2017), Etude préalable à un plan national REUT pour la Tunisie, SCP
Description de l’étude Recommandations de l’étude
Objectif : Elaboration d’un Aspects techniques : Réhabilitation des STEP et des périmètres
diagnostic de la REUT en Tunisie en irrigués, insistance sur une stratégie et des infrastructures de long
préalable à un plan directeur terme (recharge de nappe, projet de transfert des EUT…),
national diversification des usages, diversification des indicateurs de suivi
Contenu : de l’assainissement, amélioration du stockage au sein des
périmètres irrigués
- Etat de l’art de la REUT
Aspects réglementaires : Révision des normes NT 106.02 et 03
- Retour d’expérience (notamment pour N, P et microbiologie), élaboration de normes
internationale pour les usages autres qu’agricoles, allègement des restrictions de
- Diagnostic du système de contrôle cultures pour l’irrigation avec les EUT
de la qualité des eaux Aspects institutionnels : Réactivation des structures de dialogue
- Campagne d’analyse de la qualité inter-acteurs de la REUT, mutualisation des informations dans une
des eaux, des sols et des produits base de données, stratégie RH avec formation d’équipes pour les
agricoles, services d’assainissement, eau potable et hygiène, meilleure
implication des usagers (mise en place de procédures
- Base de données des opérations participatives institutionnalisées), renforcement de la confiance des
de REUT usagers dans le système, implication de la SONEDE pour
- Diagnostic des périmètres irrigués sensibiliser les usagers afin d’améliorer la qualité des eaux en
de Borj Touil et El Hajeb, amont du système d’assainissement, réorganisation des rôles des
acteurs pour le contrôle de la qualité des EUT, implication de
- Rapport de synthèse avec l’ANCSEP pour le contrôle des produits agricoles, choix d’une
recommandations structure de recherche fédératrice comme l’IRESA pour renforcer
les échanges entre instituts de recherche travaillant sur le REUT
Aspects économiques/financiers : Révision de la structuration
346 tarifaire de la REUT, identification des marchés porteurs,
diversification des cultures
Points forts Limites de l’étude Répercussions de l’étude
Enquêtes de terrain sur 2 périmètres Manque de données collectées Intégration des résultats de cette
irrigués avec des EUT pour un état de l’art sur la étude pour l’élaboration du plan
Prise en compte des différents REUT (données ONAS…) directeur national
aspects de la REUT : institutionnel, Peu d’informations sur les
réglementaire, social, sanitaire, usages autres qu’agricoles
environnemental, économique… Base de données non complète
Base de données pour les et pas assez de moyens pour la
informations de la REUT et SIG continuer
(STEP, usages…) en cours de Peu de précisions sur les
construction dysfonctionnements
Reprise des études déjà existantes institutionnels
Prise en compte de tous les usages Pas de prise en compte de
de la REUT l’aspect énergétique

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Annexe 2 : Analyse de la conformité des EUT à la NT


106.02 pour les 105 stations pour lesquelles 347
l’information est disponible

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Tableau 13-2 : Rejets vers le milieu hydraulique : Pourcentage de conformité vis-à-vis de la NT 106.02
Part de conformité vis-à-vis des normes

Echelle Echelle
Centre Grand Tunis Nord Sud Echelle nationale Centre Grand Tunis Nord Sud Centre Grand Tunis Nord Sud
nationale nationale
Nombre de STEP 20 4 32 13 69 20 4 31 13 68 20 4 31 13 68

Niveau de Conformité Non conforme = NC Conforme = C Non exploitable = NE


% des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP % des STEP
Paramètres STEP NC STEP NC STEP NC STEP NC % des STEP NC % des STEP NC STEP C STEP C STEP C STEP C % des STEP C STEP NE STEP NE STEP NE STEP NE
NC NC NC C C C C NE NE NE NE NE
DBO5 15 75% 4 100% 23 74% 12 92% 79% 4 20% 0 0% 6 19% 1 8% 16% 1 5% 0 0% 2 6% 0 0% 4%

DCO 15 75% 4 100% 27 87% 13 100% 87% 4 20% 0 0% 2 6% 0 0% 9% 1 5% 0 0% 2 6% 0 0% 4%

MES 14 70% 4 100% 25 81% 13 100% 82% 5 25% 0 0% 4 13% 0 0% 13% 1 5% 0 0% 2 6% 0 0% 4%

Coliformes fécaux 11 55% 4 100% 11 35% 13 100% 57% 4 20% 0 0% 0 0% 0 0% 6% 5 25% 0 0% 20 65% 0 0% 37%
Microbiologie

Stréptocoques fécaux 14 70% 4 100% 9 29% 13 100% 59% 3 15% 0 0% 1 3% 0 0% 6% 3 15% 0 0% 21 68% 0 0% 35%

Salmonelle 2 10% 0 0% 3 10% 9 69% 21% 7 35% 0 0% 3 10% 0 0% 15% 11 55% 4 100% 25 81% 4 31% 65%

Vibrion 1 5% 0 0% 0 0% 6 46% 10% 16 80% 4 100% 8 26% 6 46% 50% 3 15% 0 0% 23 74% 1 8% 40%

Mercure 10 50% 1 25% 13 42% 5 38% 43% 2 10% 1 25% 2 6% 7 54% 18% 8 40% 2 50% 16 52% 1 8% 40%

Cuivre 0 0% 1 25% 1 3% 2 15% 6% 17 85% 3 75% 24 77% 11 85% 81% 3 15% 0 0% 6 19% 0 0% 13%

Nickel 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0% 17 85% 4 100% 26 84% 12 92% 87% 3 15% 0 0% 5 16% 1 8% 13%

Zinc 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0% 16 80% 4 100% 24 77% 12 92% 82% 4 20% 0 0% 7 23% 1 8% 18%

Manganèse 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0% 14 70% 4 100% 23 74% 12 92% 78% 6 30% 0 0% 8 26% 1 8% 22%

348 Cyanure 0 0% 0 0% 0 0% 5 38% 7% 16 80% 0 0% 21 68% 8 62% 66% 4 20% 4 100% 10 32% 0 0% 26%
ETM

Cr6+ 6 30% 2 50% 3 10% 3 23% 21% 11 55% 2 50% 19 61% 10 77% 62% 3 15% 0 0% 9 29% 0 0% 18%

Cadmium 2 10% 0 0% 1 3% 1 8% 6% 15 75% 4 100% 22 71% 12 92% 78% 3 15% 0 0% 8 26% 0 0% 16%

Cobalt 0 0% 0 0% 0 0% 1 8% 1% 8 40% 3 75% 11 35% 12 92% 50% 12 60% 1 25% 20 65% 0 0% 49%

Aluminium 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0% 17 85% 0 0% 24 77% 13 100% 76% 3 15% 4 100% 7 23% 0 0% 21%

Fer 3 15% 0 0% 2 6% 2 15% 10% 10 50% 0 0% 19 61% 11 85% 59% 7 35% 4 100% 10 32% 0 0% 31%

Plomb 4 20% 1 25% 2 6% 1 8% 12% 11 55% 3 75% 16 52% 8 62% 56% 5 25% 0 0% 13 42% 4 31% 32%

Phosphore 17 85% 4 100% 29 94% 13 100% 93% 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0% 3 15% 0 0% 2 6% 0 0% 7%

Sulfate 3 15% 1 25% 0 0% 11 85% 22% 14 70% 3 75% 9 29% 2 15% 41% 3 15% 0 0% 22 71% 0 0% 37%

Chlorure 6 32% 4 100% 8 26% 9 69% 40% 10 53% 0 0% 20 65% 4 31% 51% 3 16% 0 0% 3 10% 0 0% 9%

Sulfure 0 0% 1 25% 2 6% 1 8% 6% 0 0% 3 75% 1 3% 0 0% 6% 19 100% 0 0% 28 90% 12 92% 86%

Azote organique et
16 80% 3 75% 21 68% 13 100% 78% 0 0% 1 25% 0 0% 0 0% 1% 4 20% 0 0% 10 32% 0 0% 21%
ammoniacal
Azote

Nitrate 0 0% 0 0% 3 10% 0 0% 4% 15 75% 4 100% 22 71% 13 100% 79% 5 25% 0 0% 6 19% 0 0% 21%

Nitrite 8 42% 2 50% 14 45% 4 31% 42% 7 37% 2 50% 13 42% 9 69% 46% 4 21% 0 0% 4 13% 0 0% 12%

Source : ONAS (Rapports annuels 2017)

NB : Le calcul des pourcentages de non-conformités des paramètres DBO5, DCO et MES a été effectué à partir des prélèvements mentionnés comme non conformes par l’ONAS dans les rapports annuels 2017 transmis.
Pour les autres paramètres, le calcul des pourcentages a été effectué à partir de la valeur indiquée (lorsque fournie) pour chaque mois. Il a été supposé que l’indication d’une seule valeur signifiait qu’un seul prélèvement avait été effectué.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Tableau 13-3 : Rejets vers le milieu maritime : Pourcentage de conformité vis-à-vis de la NT 106.02
Non conforme = NC Conforme = C Non exploitable = NE

Echelle Echelle Echelle


Centre Grand Tunis Nord Sud Centre Grand Tunis Nord Sud Centre Grand Tunis Nord Sud
nationale nationale nationale

Nombre de STEP 9 5 11 12 37 9 5 11 12 37 9 5 11 12 37

Niveau de Conformité Non conforme = NC Conforme = C Non exploitable = NE

% des STEP % des STEP % des STEP % des STEP


Paramètres STEP NC % des STEP NC STEP NC STEP NC % des STEP NC STEP NC % des STEP NC STEP C % des STEP C STEP C STEP C STEP C % des STEP C % des STEP C STEP NE % des STEP NE STEP NE % des STEP NE STEP NE % des STEP NE STEP NE % des STEP NE % des STEP NE
NC NC C C

DBO5 8 100% 5 100% 7 64% 12 92% 86,5% 0 0% 0 0% 3 27% 1 8% 10,8% 0 0% 0 0% 1 9% 0 0% 2,7%

DCO 8 100% 5 100% 10 91% 12 100% 94,6% 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0,0% 0 0% 0 0% 1 9% 0 0% 2,7%

MES 8 100% 5 100% 10 91% 12 100% 94,6% 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 2,7% 0 0% 0 0% 1 9% 0 0% 2,7%

Coliformes fécaux 6 75% 3 75% 7 78% 12 100% 84,8% 2 25% 0 0% 1 11% 0 0% 9,1% 0 0% 1 25% 1 11% 0 0% 6,1%
Microbiologie

Stréptocoques fécaux 7 88% 3 75% 8 89% 11 92% 87,9% 1 13% 0 0% 0 0% 1 8% 6,1% 0 0% 1 25% 1 11% 0 0% 6,1%

Salmonelle 1 13% 1 25% 3 33% 4 33% 27,3% 7 88% 1 25% 5 56% 8 67% 63,6% 0 0% 2 50% 1 11% 0 0% 9,1%

Vibrion 1 13% 0 0% 0 0% 5 42% 18,2% 7 88% 3 75% 8 89% 7 58% 75,8% 0 0% 1 25% 1 11% 0 0% 6,1%

Mercure 4 44% 0 0% 2 18% 0 0% 16,2% 3 33% 1 20% 3 27% 6 50% 35,1% 2 22% 4 80% 6 55% 6 50% 48,6%

Cuivre 0 0% 0 0% 0 9% 0 8% 5,4% 8 89% 4 80% 5 45% 3 25% 54,1% 1 11% 1 20% 5 45% 8 67% 40,5%

Nickel 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0,0% 8 89% 4 80% 7 64% 5 42% 64,9% 1 11% 1 20% 4 36% 7 58% 35,1%

Zinc 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0,0% 8 89% 4 80% 7 64% 5 42% 64,9% 1 11% 1 20% 4 36% 7 58% 35,1%

Manganèse 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0,0% 7 78% 2 40% 6 55% 3 25% 48,6% 2 22% 3 60% 5 45% 9 75% 51,4%
349
Cyanure 1 11% 0 0% 0 0% 4 33% 13,5% 7 78% 1 20% 6 55% 8 67% 59,5% 1 11% 4 80% 5 45% 0 0% 27,0%
ETM

Cr6+ 2 22% 0 0% 0 0% 0 0% 5,4% 6 67% 4 80% 5 45% 3 25% 48,6% 1 11% 1 20% 6 55% 9 75% 45,9%

Cadmium 2 22% 1 20% 0 0% 0 0% 8,1% 7 78% 3 60% 6 55% 7 58% 62,2% 0 0% 1 20% 5 45% 5 42% 29,7%

Cobalt 0 0% 2 40% 0 0% 0 0% 5,4% 2 22% 2 40% 2 18% 3 25% 24,3% 7 78% 1 20% 9 82% 9 75% 70,3%

Aluminium 0 0% 0 0% 1 9% 0 0% 2,7% 8 89% 1 20% 9 82% 12 100% 81,1% 1 11% 4 80% 1 9% 0 0% 16,2%

Fer 3 33% 1 20% 2 27% 0 50% 35,1% 5 56% 1 20% 7 64% 6 50% 51,4% 1 11% 3 60% 1 9% 0 0% 13,5%

Plomb 2 22% 0 0% 0 0% 0 0% 5,4% 6 67% 4 80% 7 64% 7 58% 64,9% 1 11% 1 20% 4 36% 5 42% 29,7%

Phosphore 9 100% 5 100% 10 91% 12 100% 97,3% 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 0,0% 0 0% 0 0% 1 9% 0 0% 2,7%

Sulfate 1 11% 0 0% 0 0% 6 50% 18,9% 8 89% 5 100% 2 18% 6 50% 56,8% 0 0% 0 0% 9 82% 0 0% 24,3%

Sulfure 2 22% 2 40% 1 9% 10 83% 40,5% 0 0% 2 40% 1 9% 0 0% 8,1% 7 78% 1 20% 9 82% 2 17% 51,4%

Azote organique et ammoniacal 6 67% 4 80% 8 73% 9 75% 73,0% 3 33% 0 0% 2 18% 3 25% 21,6% 0 0% 1 20% 1 9% 0 0% 5,4%
Azote

Nitrate 1 11% 1 20% 1 9% 0 0% 8,1% 8 89% 4 80% 9 82% 11 92% 86,5% 0 0% 0 0% 1 9% 1 8% 5,4%

Nitrite 2 22% 1 20% 1 9% 1 8% 13,5% 7 78% 4 80% 9 82% 11 92% 83,8% 0 0% 0 0% 1 9% 0 0% 2,7%

Source : ONAS (Rapports annuels 2017)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Annexe 3 : Présentation des hypothèses et des


résultats des analyses coûts avantages 351

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ANNEXES

Périmètre irrigué d’Aguila

1. HYPOTHESES SPECIFIQUES
Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Coefficient prix Source
Irrigation eau économique/prix
Pas d'irrigation Irrigation EUT financier
souterraine

Profondeur Forage (m) 200 Estimation

Volume d'effluent rejeté dans l'oued (sortie de STEP) (m3/an) 3 065 000 3 065 000 2 031 700 ONAS rapport annuel 2017
DGGREE ‐ Volumes réutilisés pour les PI
Apport en eau (m3/an) 1 033 300 1 033 300
avec EUT 2016‐2017

Donnée d'Expert : 25% du volume


Recharge de nappe (m3/an) 766 250 1 024 575 766 250
d'irrigation

Surface cultivée (total ‐ ha) 137 137 137


Oliviers à huile 125 120 120
Palmiers 0 5 5 353
Figuier 10 10 10
DGGREE ‐ Fiche des caractéristiques du
Blé dur 0 10 10
périmètre irrigué à l'eau usée traitée
Orge en vert 0 5 5
d'Aguila ‐ Campagne 2017‐2018
Vesce avoine 0 25 25
Luzerne 0 70 70
Sorgho en vert 0 20 20
Elevage ‐ Nombre de tête de bétail
Nombre de tête ‐ Ovins 750 750 DGGREE ‐ Fiche des caractéristiques du
périmètre irrigué à l'eau usée traitée
Nombre de tête ‐ Bovins 135 135
d'Aguila ‐ Campagne 2017‐2018
Rendement (t/ha)
Estimation d'Expert sur la base de la fiche
Oliviers à huile 0,5 2,5 3,5 technico économique d'entretien d'1 ha à
Aguila, situation après projet
Palmiers 4,0 5,0
Figuier ‐ abricotiers 2,0 4,0 5,0
Estimation du Consultant, sur la base des
Blé dur 1,6 3,0
enquêtes, de sa connaissance du contexte
Orge en vert 10,0 20,0
et de rendements dans des périmètres
Vesce avoine 20,0 32,0
irrigués similaires.
Luzerne 20,0 30,0
Sorgho en vert 20,0 40,0

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ANNEXES

Coût d'exploitation ‐ Culture (DT/ha)


Oliviers à huile 1 970 1 970 1 770
Palmiers 1 970 1 770
Figuier ‐ abricotiers 1 970 1 970 1 770
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Blé dur 1 292 1 067
périmètres publics irrigués (2017)
Orge en vert 730 580
Estimation BRLi
Vesce avoine 1 347 997
Luzerne 968 868
Sorgho en vert 1 537 1 087
Coût d'exploitation ‐ Elevage (DA/tête) sans fourrage
MARHP/DGACTA ‐ Diagnostic et
Ovins 52 52 perspectives de l'agriculture pluviale en
Tunisie (fiches technico‐économiques)
Valeur prise sans le fourrage :
Bovins 2 145 2 145 essentiellement soins, abreuvement et
gardiennage
Prix de vente ‐ Culture (DT/t)
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Oliviers à huile 1 000 1 000 1 000 0,85
périmètres publics irrigués (2017)
Estimation à partir de la fiche technico
354 Palmiers 4 000 4 000 0,85 économique d'entretien d'1 ha à Aguila,
situation après projet
Estimation à partir de la fiche technico
Figuier ‐ abricotiers 1 500 1 500 1 500 0,85 économique d'entretien d'1 ha à Aguila,
situation après projet
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Blé dur 1 536 1 536 0,9
périmètres publics irrigués (2017)
Orge en vert 0,9 consommé par le bétail
Vesce avoine 1,0 consommé par le bétail
Luzerne 0,9 consommé par le bétail
Sorgho en vert 0,9 consommé par le bétail

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ANNEXES

Unités fourragères (UF/ha)


Orge en vert 1400 2800
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Vesce avoine 2200 3520
périmètres publics irrigués (2017)
Luzerne 2200 3300
Estimation BRLi
Sorgho en vert 2200 4400
Besoin en unité fourragère du bétail (UF/J)
Recommandations pratiques en élevage
Ovins 1 125 1 125
ovin ‐ Conduite alimentaire (fellah trade)
Les besoins nutritifs des ruminants
Bovins 1080 1080
d’élevage (publication INRA)
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Prix de vente moyen Unité Fourragère (DT/UF) 0,340 0,34
périmètres publics irrigués (2017)
Prix de vente ‐ Elevage (DT/tête)
Ovins 235 235 0,9 MARHP/DGACTA ‐ Diagnostic et
perspectives de l'agriculture pluviale en
Bovins 5 430 5 430 0,9 Tunisie (fiches technico‐économiques)
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les PPI
Prix de l'eau pratiqué par le GDA (DT/m3) 0 0,005 0,031 (2017)
Donnée fournie par la DGGREE

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet


Coefficient prix
355
Irrigation eau Source
Pas d'irrigation Irrigation EUT économique/prix financier
souterraine

INVESTISSEMENT (DT)
Coût d'investissement supporté par les agriculteurs (coût intégré dans l'analyse financière et l'analyse économique)
CRDA de Gafsa, Etude d'avant projet pour la création du
Réseau d'irrigation à la parcelle 195 000 195 000 0,9
périmètre irrigué à partir de la STEP d'Aguila (1994)
Ministère de l’agriculture, du Développement rural et des
Acquisition cheptel (20 bovins et 100 ovins) et
410 000 410 000 0,9 Pêches maritimes ‐ Direction de l’élevage et estimation du
construction d'étables
consultant
Etude de création du périmètre irrigué El Fahs à partir de
Plantation olivier, palmiers, figuiers 408 483 408 483 408 483 0,160
la STEP d'El Fahs (CRDA de Zaghouan, 2006)
Coûts d'investissement commun aux scénarios avec Irrigation (coût intégré seulement dans l'analyse économique)
Ouvrage de régulation 84 000 84 000 0,8
Réseau de distribution 926 000 926 000 0,9
Réseau de drainage 96 000 96 000 0,9 CRDA de Gafsa, Etude d'avant projet pour la création du
Pistes 24 000 24 000 0,8 périmètre irrigué à partir de la STEP d'Aguila (1994)
Alimentation EP 48 000 48 000 0,9
Nivellement 36 000 36 000 0,9

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ANNEXES

Coûts d'investissement spécifique selon la ressource en eau mobilisée (coût intégré seulement dans l'analyse économique)
Forage 100 000 0,9 Estimation du Consultant
Adduction ouvrage de régulation 50 000 0,9 Estimation du Consultant
CRDA de Gafsa, Etude d'avant projet pour la création du
Adduction bassin ONAS ‐ Bassin stockage 17 000 0,9
périmètre irrigué à partir de la STEP d'Aguila (1994)
Bassin de stockage 199 000 0,8

4 Filtres à sable et filtre à disque 200 000 0,9 Estimation du Consultant

Station de pompage 217 000 0,9 CRDA de Gafsa, Etude d'avant projet pour la création du
Conduite de refoulement 172 000 0,9 périmètre irrigué à partir de la STEP d'Aguila (1994)
ENTRETIEN ET MAINTENANCE (DT/an)
Forage 3 000 0,9 3% des coûts d'investissement
Adduction ouvrage de régulation 500 0,9 1% des coûts d'investissement
Ouvrage de régulation 840 840 0,8 1% des coûts d'investissement
Réseau de distribution 9 260 9 260 0,9 1% des coûts d'investissement
Réseau de drainage 1 920 1 920 0,9 2% des coûts d'investissement
Pistes 240 240 0,8 1% des coûts d'investissement
Alimentation EP 480 480 0,9 1% des coûts d'investissement
Adduction bassin ONAS ‐ Bassin stockage 170 0,9 1% des coûts d'investissement
Bassin de stockage 995 0,8 0,5% des coûts d'investissement
4 Filtres à sable et filtre à disque 2 000 0,9 1% des coûts d'investissement
356 Station de pompage 6 510 0,9 3% des coûts d'investissement
Conduite de refoulement 1 720 0,9 1% des coûts d'investissement
EXPLOITATION (DT/an)
EUT : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les périmètres
Energie 0 136 625 41 100 0,9 publics irrigués (2017)
Eau souterraine : estimation à partir du coût de l'énergie
Analyse qualité de l'eau 0 0 2 000 0,9 Estimation du Consultant
Campagne de vaccination 0 0 1 000 0,9 Estimation du Consultant
EXTERNALITES (valeur négative = externalité négative ; valeur positive = externalité positive)
Valeur du m3 prélevé dans la nappe = valeur du m3
Assèchement de la nappe (DT/m3) 0,00 ‐0,12 0,00
réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)
Valeur du m3 non prélevé dans la nappe = valeur du m3
Recharge de la nappe (DT/m3) 0,12 0,12 0,12
réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)
coût de traitement additionnel nécessaire pour traiter les
Pollution de l'oued (DT/m3) ‐0,06 ‐0,06 ‐0,06
rejets des EUT dans l'oued
considérée non significative
Pollution de la nappe (DT/m3) (N et P absorbés par les
cultures)
Estimation d'après Daly H., IRAM (2015) Formulation du
Lutte contre l'érosion (DT/ha) 20,87 41,73 41,73
Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les
Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie. Note sur
Sequestration du carbone (DT/ha) 15,21 30,41 30,41 l’évaluation économique des bénéfices de l’action GRN du
programme

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

2. PRINCIPAUX RESULTATS

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Unité


Irrigation eau
Pas d'irrigation Irrigation EUT
souterraine

VAN financière ‐ 30 ans ‐2 765 794 3 108 609 8 492 793 DT


VAN économique ‐ 30 ans ‐4 726 197 755 598 8 415 639 DT

VAN financière par m3 NA 0,10 0,28 DT/m3

VAN économique par m3 NA 0,03 0,28 DT/m3

VAN financière par ha/an ‐696 782 2 138 DT/ha/an

VAN économique par ha/an ‐1 190 190 2 118 DT/ha/an


Prix de l'eau d'équilibre ‐ petit équilibre NA NA 0,06 DT/m3
Prix de l'eau d'équilibre ‐ grand équilibre NA NA 0,12 DT/m3 357
Prix de l'eau réel NA 0,005 0,031 DT/m3
Taux de recouvrement NA NA 54% %
Marge brute par m3 d'eau NA 0,28 0,64 DT/m3
Marge nette par m3 d'eau NA 0,24 0,61 DT/m3
Volume d'eau utilisée NA 1 033 300 1 033 300 m3/an
Pollution oued ‐3 712 657 ‐3 712 657 ‐2 523 011 DT
Recharge/Assèchement nappe 1 781 055 ‐20 280 1 781 055 DT

Pollution des nappes et des sols Code couleur

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Unité


Réf : Irrigation eau
Réf : Pas d'irrigation
souterraine
Gains financiers nets de la REUT ‐ 30 ans 11 259 000 5 384 000 DT
Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 13 142 000 7 660 000 DT
Gains financiers nets de la REUT ‐ 30 ans 0,4 0,2 DT/m3
Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 0,4 0,3 DT/m3

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ANNEXES

Périmètre irrigué de Ouardanine

1. HYPOTHESES SPECIFIQUES
Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Coefficient prix Source
économique/prix
Irrigation eau
Pas d'irrigation Irrigation EUT financier
souterraine

Profondeur Forage (m) 200 Estimation du Consultant

Volume d'effluent rejeté dans l'oued (sortie de STEP) (m3/an) 594 000 594 000 454 000 ONAS rapport annuel 2017
DGGREE ‐ Volumes réutilisés pour les
Apport en eau (m3/an) 140 000 140 000
périmètres irrigués avec EUT 2016‐2017

Donnée d'Expert : 25% du volume


Recharge de nappe (m3/an) 148 500 183 500 148 500
d'irrigation
Surface cultivée (total ‐ ha) 70 70 70
Oliviers à huile 70 27 27
DGGREE ‐ Fiche des caractéristiques du
Pêcher 35 35
périmètre irrigué à l'eau usée traitée de
358 Grenadier ‐ néflier ‐ figuier
Luzerne
7
1
7
1
Ouardanine ‐ Campagne 2017‐2018

Elevage ‐ Nombre de tête de bétail

Nombre de têtes ‐ Ovins 500 500 DGGREE ‐ Fiche des caractéristiques du


périmètre irrigué à l'eau usée traitée de
Nombre de têtes ‐ Bovins 6 6 Ouardanine ‐ Campagne 2017‐2018

Rendement (t/ha)
Oliviers à huile 1,0 2,5 4,0 Estimation du Consultant, sur la base des
Pêcher 10,0 15,0 enquêtes, de sa connaissance du contexte
Grenadier ‐ néflier ‐ figuier 10,0 15,0 et de rendements dans des périmètres
Luzerne 20,0 30,0 irrigués similaires.
Coût d'exploitation ‐ Culture (DT/ha)
Oliviers à huile 1 970 1 970 1 770
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Pêcher 5 510 5 310
périmètres publics irrigués (2017)
Grenadier ‐ néflier ‐ figuier 5 864 5 664
Estimation BRLi
Luzerne 968 868

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Coût d'exploitation ‐ Elevage (DA/tête)


MARHP/DGACTA ‐ Diagnostic et
Ovins 52 52
perspectives de l'agriculture pluviale en
Tunisie (fiches technico‐économiques)
Valeur prise sans le fourrage :
Bovins 2 145 2 145 essentiellement soins, abreuvement et
gardiennage

Prix de vente ‐ Culture (DT/t)


données du projet de réhabilitation du
Oliviers à huile 1 000 1 000 1 000 0,85
périmètre irrigué à partir des EUT de
Pêcher 1 500 1 500 0,85 Ouardanine trop anciennes (2004), il a donc
été préféré de prendre les mêmes
Grenadier ‐ néflier ‐ figuier 1 500 1 500 0,85 données que pour Aguila
Luzerne 0 0 0,90 Utilisé pour le bétail
Unités fourragères (UF/ha)
Luzerne 2200 3300 Idem Aguila
Besoin en unité fourragère du bétail (UF/J)
Recommandations pratiques en élevage
Ovins 750 750
ovin ‐ Conduite alimentaire (fellah trade)
359
Les besoins nutritifs des ruminants
Bovins 48 48
d’élevage (publication INRA)
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Prix de vente moyen Unité Fourragère (DT/UF) 0,340 0,34
périmètres publics irrigués (2017)
Prix de vente ‐ Elevage (DA/tête)

Ovins 235 235 0,9 MARHP/DGACTA ‐ Diagnostic et


perspectives de l'agriculture pluviale en
Bovins 5 430 5 430 0,9 Tunisie (fiches technico‐économiques)

200 DT/ha payés par les agriculteurs


Prix de l'eau pratiqué par le GDA (DT/m3) 0 0,005 0,100 (donnée obtenue lors des enquêtes)
Donnée fournie par la DGGREE

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ANNEXES

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet


Coefficient prix
Source
économique/prix financier
Pas d'irrigation Irrigation eau souterraine Irrigation EUT

INVESTISSEMENT (DT)

Coût d'investissement supporté par les agriculteurs (coût intégré dans l'analyse financière et l'analyse économique)
Estimation sur la base du coût total d'investissement
Réseau d'irrigation à la parcelle 161 000 161 000 0,9
réalisé en 1995 ‐ CRDA Monastir
Ministère de l’agriculture, du Développement rural et des
Acquisition cheptel (6 bovins et 75 ovins) et
128 000 128 000 0,9 Pêches maritimes ‐ Direction de l’élevage et estimation
construction d'étables
du consultant
Etude de création du périmètre irrigué El Fahs à partir de
Plantation olivier, palmiers, figuiers 211 806 208 780 208 780 0,160
la STEP d'El Fahs (CRDA de Zaghouan, 2006)
Coûts d'investissement commun aux scénarios avec Irrigation (coût intégré seulement dans l'analyse économique)
Estimation sur la base du coût total d'investissement
Investissement commun (régulation, distribution, drainage, etc.) 1 290 000 1 290 000 0,9
réalisé en 1995 ‐ CRDA Monastir
Coûts d'investissement spécifique selon la ressource en eau mobilisée (coût intégré seulement dans l'analyse économique)
Forage 100 000 0,9 Estimation du Consultant
Adduction ouvrage de régulation 50 000 0,9 Estimation du Consultant

360 Investissement initial PI 226000


Estimation sur la base du coût total d'investissement
réalisé en 1995 ‐ CRDA Monastir
Rehabilitation ‐ Nettoyage du génie civil 13000 0,8

Rehabilitation ‐ Nettoyage et réhabilitation


6000 0,9
des équipements existants
Rehabilitation ‐ Bassin de stockage 416 000 0,8
Rehabilitation ‐ Construction d'une unité de
31 000 0,9
filtration
Rehabilitation ‐ Equipements sur ouvrages et
49 000 0,9 CRDA Monastir ‐ Projet de réhabilitation du PI à partir des
réseaux
EUT de Ouerdanine (2004)
Rehabilitation ‐ Construction des ouvrages de
3000 0,8
sectionnement
Rehabilitation ‐ Construction d'un bassin de
21 000 0,8
filtration
Rehabilitation ‐ Aménagement des pistes 15 000 0,8
Rehabilitation ‐ Aménagement des ouvrages 6000 0,8

Rehabilitation ‐ Clôture du réservoir 19000 0,8

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

ENTRETIEN ET MAINTENANCE (DT/an)


Investissement commun (régulation, distribution, drainage, etc.) 12900 12900 0,9 1% des coûts d'investissement
Forage 3 000 0,9 3% des coûts d'investissement
Adduction ouvrage de régulation 500 0,9 1% des coûts d'investissement
Investissement initial PI 1 130 0,9 0,5% des coûts d'investissement
Rehabilitation PI
Nettoyage du génie civil 65 0,8 0,5% des coûts d'investissement
Nettoyage et réhabilitation des équipements
3 000 0,9 50% des coûts d'investissement
existants
Bassin de stockage 2 080 0,8 0,5% des coûts d'investissement
Construction d'une unité de filtration 210 0,9 1% des coûts d'investissement
Equipements sur ouvrages et réseaux 980 0,9 2% des coûts d'investissement
Construction des ouvrages de sectionnement 15 0,8 0,5% des coûts d'investissement
Construction d'un bassin de filtration 105 0,8 0,5% des coûts d'investissement
Aménagement des pistes 300 0,8 2% des coûts d'investissement
Aménagement des ouvrages 30 0,8 0,5% des coûts d'investissement
Clôture du réservoir 95 0,8 0,5% des coûts d'investissement
EXPLOITATION (DT/an)
EUT : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les PPI (2017)
Energie 0 18 511 21 000 0,9
Eau souterraine : estimation à partir du coût de l'énergie
Analyse qualité de l'eau 0 0 2 000 0,9 Estimation du Consultant
Campagne de vaccination 0 0 1 000 0,9 Estimation du Consultant 361
EXTERNALITES (valeur négative = externalité négative ; valeur positive = externalité positive)

Valeur du m3 prélevé dans la nappe = valeur du m3


Assèchement de la nappe (DT/m3) 0,00 ‐0,67 0,00
réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)
Valeur du m3 non prélevé dans la nappe = valeur du m3
Recharge de la nappe (DT/m3) 0,00 0,00 0,67
réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)
coût de traitement additionnel nécessaire pour traiter les
Pollution de l'oued (DT/m3) ‐0,06 ‐0,06 ‐0,06
rejets des EUT dans l'oued
considérée non significative
Pollution de la nappe (DT/m3) (N et P absorbés par les
cultures)

Estimation d'après Daly H., IRAM (2015) Formulation du


Lutte contre l'érosion (DT/ha) 20,87 41,73 41,73 Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans
les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie. Note sur
l’évaluation économique des bénéfices de l’action GRN
Sequestration du carbone (DT/ha) 15,21 30,41 30,41 du programme

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

2. PRINCIPAUX RESULTATS

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Unité


Irrigation eau
Pas d'irrigation Irrigation EUT
souterraine
VAN financière ‐ 30 ans ‐1 134 616 4 981 442 10 077 760 DT
VAN économique ‐ 30 ans 190 347 5 028 971 11 951 701 DT
VAN financière par ha/an NA 1,23 2,48 DT/m3
VAN économique par ha/an NA 1,24 2,94 DT/m3
VAN financière par ha ‐559 2 454 4 964 DT/ha/an
VAN économique par ha 94 2 477 5 888 DT/ha/an
Prix de l'eau d'équilibre ‐ petit équilibre NA NA 0,15 DT/m3
Prix de l'eau d'équilibre ‐ grand équilibre NA NA 0,67 DT/m3
Prix de l'eau réel NA 0,005 0,100 DT/m3
Taux de recouvrement NA NA 67% %
Marge brute par m3 d'eau NA 2,72 5,24 DT/m3
362 Marge nette par m3 d'eau NA 2,60 5,13 DT/m3
Volume d'eau utilisée NA 140 000 140 000 m3/an
Pollution oued ‐719 517 ‐719 517 ‐558 334 DT
Recharge/Assèchement nappe 1 620 907 585 929 1 901 161 DT
Pollution des nappes et des sols Code couleur

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Unité


Réf : Irrigation eau
Réf : Pas d'irrigation
souterraine
Gains financiers nets de la REUT ‐ 30 ans 11 212 000 5 096 000 DT
Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 11 761 000 6 923 000 DT
Gains financiers nets de la REUT ‐ 30 ans 2,8 1,3 DT/m3
Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 2,9 1,7 DT/m3

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Périmètre irrigué d’El Fahs


1. HYPOTHESES SPECIFIQUES
Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Coefficient prix Source
économique/prix
Irrigation eau
Pas d'irrigation Irrigation EUT financier
souterraine
Profondeur Forage (m) 200 Estimation du Consultant
Volume d'effluent rejeté dans l'oued (sortie de STEP) (m3/an) 473 450 473 450 273 450 ONAS rapport annuel 2017
DGGREE ‐ Volumes réutilisés pour les
Apport en eau (m3/an) 200 000 200 000
périmètres irrigués avec EUT 2016‐2017
Donnée d'Expert : 25% du volume
Recharge de nappe (m3/an) 118 363 168 363 118 363
d'irrigation
Surface cultivée (total ‐ ha) 38 38 38
Olivier à huile 30 30 30 Fiche des caractéristiques et de suivi du
périmètre irrigué à partir des EUT de
Vesce avoine 8 8 8 Khdirat Fahs (Campagne 2017‐2018)
Elevage ‐ Nombre de tête de bétail

Nombre de tête ‐ Ovins 100 100 100


Fiche des caractéristiques et de suivi du 363
périmètre irrigué à partir des EUT de
Nombre de tête ‐ Bovins 4 4 4 Khdirat Fahs (Campagne 2017‐2018)
Rendement (t/ha)
Estimation du Consultant, sur la base des
Olivier à huile 1,0 2,5 4,0
enquêtes, de sa connaissance du contexte
et de rendements dans des périmètres
Vesce avoine 12,0 20,0 32,0 irrigués similaires.
Coût d'exploitation ‐ Culture (DT/ha)
Données de l'étude de création du PI d'El
Olivier à huile 1 970 1 970 1 770 Fahs ne représentent pas la situation
actuelle (2006), on prend les mêmes
données que pour Aguila
Estimation BRLi (utilisation de deux fois
Vesce avoine 1347 1347 997 plus d'engrais avec les eaux
conventionnelles)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Coût d'exploitation ‐ Elevage (DA/tête) sans fourrage


MARHP/DGACTA ‐ Diagnostic et
Ovins 52 52 52 perspectives de l'agriculture pluviale en
Tunisie (fiches technico‐économiques)
Valeur prise sans le fourrage :
Bovins 2 145 2 145 2 145 essentiellement soins, abreuvement et
gardiennage
Prix de vente ‐ Culture (DT/t)

Olivier à huile 1 000 1 000 1 000 0,85 Données de l'étude de création du


périmètre irrigué d'El Fahs ne représentent
pas la situation actuelle (2006), on prend
Vesce Avoine 0 0 0 1,00 les mêmes données que pour Aguila

Unités fourragères (UF/ha)


DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Vesce avoine 1320 2200 3520 périmètres publics irrigués (2017)
Estimation BRLi
Besoin en unité fourragère du bétail (UF/J)
364 Ovins 150 150 150
Recommandations pratiques en élevage
ovin ‐ Conduite alimentaire (fellah trade)
Les besoins nutritifs des ruminants
Bovins 32 32 32
d’élevage (publication INRA)
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les PPI
Prix de vente moyen Unité Fourragère (DT/UF) 0,340 0,340 0,34
(2017)
Prix de vente ‐ Elevage (DT/tête)
MARHP/DGACTA ‐ Diagnostic et
Ovins 235 235 235 0,9
perspectives de l'agriculture pluviale en
Bovins 5 430 5 430 5 430 0,9 Tunisie (fiches technico‐économiques)

Donnée obtenue lors des enquêtes terrain


Prix de l'eau pratiqué par le GDA (DT/m3) 0 0,005 0,020
Donnée fournie par la DGGREE

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet


Coefficient prix
Source
économique/prix financier
Pas d'irrigation Irrigation eau souterraine Irrigation EUT

INVESTISSEMENT (DT)
Coût d'investissement supporté par les agriculteurs (coût intégré dans l'analyse financière et l'analyse économique)
Etude de création du périmètre irrigué El Fahs à partir de
Réseau d'irrigation à la parcelle 52 300 52 300 0,9
la STEP d'El Fahs (CRDA de Zaghouan, 2006)
Ministère de l’agriculture,du Développement rural et des
Acquisition cheptel (4 bovins et 10 ovins) et
118 000 118 000 118 000 0,9 Pêches maritimesDirection de l’élevage et estimation du
construction étables
consultant
Etude de création du périmètre irrigué El Fahs à partir de
Plantation olivier (30 ha) 90 774 90 774 90 774 0,160
la STEP d'El Fahs (CRDA de Zaghouan, 2006)
Coûts d'investissement commun aux scénarios avec Irrigation (coût intégré seulement dans l'analyse économique)
Ouvrage de régulation 132 000 132 000 0,8
Réseau de distribution 404 000 404 000 0,9 Etude de création du périmètre irrigué El Fahs à partir de
Alimentation EP 62 200 62 200 0,9 la STEP d'El Fahs (CRDA de Zaghouan, 2006)
Pistes 90 500 90 500 0,8
Coûts d'investissement sépcifique selon la ressource en eau mobilisée (coût intégré seulement dans l'analyse économique)
Forage 100 000 0,9 Estimation du Consultant
Adduction ouvrage de régulation 50 000 0,9 Estimation du Consultant
Adduction bassin ONAS ‐ Bassin stockage 7000 0,9
Bassin de stockage 104000 0,8
Filtre à gravier et filtre à tamis 50000 0,9
Etude de création du périmètre irrigué El Fahs à partir de
la STEP d'El Fahs (CRDA de Zaghouan, 2006)
365
Station de pompage 82000 0,9
Conduite de refoulement 7 600 0,9

ENTRETIEN ET MAINTENANCE (DT/an)

Ouvrage de régulation 660 660 0,8 0,5% des coûts d'investissement


Réseau de distribution 2020 2020 0,9 0,5% des coûts d'investissement
Pistes 1810 1810 0,8 2% des coûts d'investissement
Alimentation EP 622 622 0,9 1% des coûts d'investissement
Forage 3 000 0,9 3% des coûts d'investissement
Adduction ouvrage de régulation 500 0,9 1% des coûts d'investissement
Adduction bassin ONAS ‐ Bassin stockage 35 0,9 0,5% des coûts d'investissement
Bassin de stockage 520 0,8 0,5% des coûts d'investissement
Filtre à gravier et filtre à tamis 250 0,9 0,5% des coûts d'investissement
Station de pompage 410 0,9 0,5% des coûts d'investissement
Conduite de refoulement 38 0,9 0,5% des coûts d'investissement

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

EXPLOITATION (DT/an)
EUT : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les périmètres
Energie 0 26 444 11 400 0,9 publics irrigués (2017)
Eau souterraine : estimation à partir du coût de l'énergie
Analyse qualité de l'eau 0 0 2 000 0,9 Estimation du Consultant
Campagne de vaccination 0 0 1 000 0,9 Estimation du Consultant
EXTERNALITES (valeur négative = externalité négative ; valeur positive = externalité positive)
Valeur du m3 prélevé dans la nappe = valeur du m3
Assèchement de la nappe (DT/m3) 0,00 ‐0,22 0,00
réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)
Valeur du m3 non prélevé dans la nappe = valeur du m3
Recharge de la nappe (DT/m3) 0,00 0,00 0,22
réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)
coût de traitement additionnel nécessaire pour traiter les
Pollution de l'oued (DT/m3) ‐0,06 ‐0,06 ‐0,06
rejets des EUT dans l'oued

considérée non significative (N et P


Pollution de la nappe (DT/m3)
absorbés par les cultures)

Estimation d'après Daly H., IRAM (2015) Formulation du


Lutte contre l'érosion (DT/ha) 20,87 41,73 41,73
Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les
Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie. Note sur
Sequestration du carbone (DT/ha) 15,21 30,41 30,41 l’évaluation économique des bénéfices de l’action GRN du
programme

366

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

2. PRINCIPAUX RESULTATS

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Unité

Irrigation eau
Pas d'irrigation Irrigation EUT
souterraine
VAN financière ‐ 30 ans ‐581 592 ‐362 769 735 835 DT
VAN économique ‐ 30 ans ‐705 916 ‐1 794 080 110 497 DT
VAN financière par m3 NA ‐0,06 0,13 DT/m3
VAN économique par m3 NA ‐0,31 0,02 DT/m3
VAN financière par ha/an ‐528 ‐329 668 DT/ha/an
VAN économique par ha/an ‐641 ‐1 628 100 DT/ha/an
Prix de l'eau d'équilibre ‐ petit équilibre NA NA 0,06 DT/m3
Prix de l'eau d'équilibre ‐ grand équilibre NA NA 0,22 DT/m3
Prix de l'eau réel NA 0,005 0,020 DT/m3
Taux de recouvrement NA NA 32% %
Marge brute par m3 d'eau NA ‐0,04 0,35 DT/m3
Marge nette par m3 d'eau NA ‐0,08 0,30 DT/m3
Volume d'eau utilisée NA 200 000 200 000 m3/an 367
Pollution oued ‐573 493 ‐573 493 ‐343 232 DT
Recharge/Assèchement nappe 536 988 ‐136 424 536 988 DT
Pollution des nappes et des sols Code couleur

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Unité

Réf : Irrigation eau


Réf : Pas d'irrigation
souterraine

Gains financiers nets de la REUT ‐ 30 ans 1 317 000 1 099 000 DT


Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 816 000 1 905 000 DT
Gains financiers nets de la REUT ‐ 30 ans 0,2 0,2 DT/m3
Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 0,1 0,3 DT/m3

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Périmètre irrigué de Dhraa Tammar

1. HYPOTHESES SPECIFIQUES

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Coefficient prix Source
économique/prix
Irrigation eau
Pas d'irrigation Irrigation EUT financier
souterraine
Profondeur Forage (m) 200 Estimation du Consultant
Volume d'effluent rejeté dans l'oued (sortie de STEP) (m3/an) 5 723 000 5 723 000 4 473 000 ONAS rapport annuel 2017
DGGREE ‐ Volumes réutilisés pour les
Apport en eau (m3/an) 1 250 000 1 250 000
périmètres irrigués avec EUT 2016‐2017
Donnée d'Expert : 25% du volume
Recharge de nappe (m3/an) 1 430 750 1 743 250 1 430 750
d'irrigation
Surface cultivée (total ‐ ha) 330 330 330
Oliviers 30 30 30
DGGREE ‐ Fiche des caractéristiques du
Orge Grain 130 130 130
périmètre irrigué à l'eau usée traitée de
Blé dur 170 100 100
Dhraa Tammar ‐ Campagne 2017‐2018
Avoine ‐ fourrage 0 70 70
368 Elevage ‐ Nombre de tête de bétail

Nombre de têtes ‐ Ovins/Caprins 650 650 DGGREE ‐ Fiche des caractéristiques du


périmètre irrigué à l'eau usée traitée de
Nombre de têtes ‐ Bovins 60 60 Dhraa Tammar ‐ Campagne 2017‐2018
Rendement (t/ha)
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Oliviers 1,0 2,5 4,0 périmètres publics irrigués (2017)
Estimation BRLi
Banque Mondiale ‐ Projet d'irrigation du
Orge Grain 1,0 1,4 2,4 Sud Tunisien (1988)
Estimation BRLi

CRDA Monastir ‐ Projet de réhabilitation du


Blé dur 1,2 1,6 3,2 PI à partir des EUT de Ouerdanine (2004)
Estimation BRLi

DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les PPI


Avoine ‐ fourrage 0,0 20,0 32,0 (2017)
Estimation BRLi

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Coût d'exploitation ‐ Culture (DT/ha)


Oliviers 1 970 1 970 1 770
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Orge Grain 728 728 664
périmètres publics irrigués (2017)
Blé dur 1 302 1 302 1 067
Estimation BRLi
Avoine ‐ fourrage 1 255 1 255 1 005
Coût d'exploitation ‐ Elevage (DA/tête) sans fourrage
MARHP/DGACTA ‐ Diagnostic et
Ovins 52 52 52 perspectives de l'agriculture pluviale en
Tunisie (fiches technico‐économiques)
Valeur prise sans le fourrage :
Bovins 2 145 2 145 2 145 essentiellement soins, abreuvement et
gardiennage
Prix de vente ‐ Culture (DT/t)
Oliviers 1 000 1 000 1 000 0,85
Orge Grain 410 410 410 0,90 DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Blé dur 550 550 550 0,90 périmètres publics irrigués (2017)
Avoine ‐ fourrage 0 0 0 1,00
Unités fourragères (UF/ha)
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Avoine‐Fourrage 2200 3520 périmètres publics irrigués (2017)
Estimation BRLi 369
Besoin en unité fourragère du bétail (UF/J)
Recommandations pratiques en élevage
Ovins 975 975
ovin ‐ Conduite alimentaire (fellah trade)
Les besoins nutritifs des ruminants
Bovins 480 480
d’élevage (publication INRA)
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Prix de vente moyen Unité Fourragère (DT/UF) 0,340 0,34
périmètres publics irrigués (2017)
Prix de vente ‐ Elevage (DT/tête)
Ovins 235 235 235 0,9 MARHP/DGACTA ‐ Diagnostic et
perspectives de l'agriculture pluviale en
Bovins 5 430 5 430 5 430 0,9 Tunisie (fiches technico‐économiques)

Donnée obtenue lors des enquêtes terrain


Prix de l'eau pratiqué par le GDA (DT/m3) 0 0,005 0,020
Donnée fournie par la DGGREE

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet


Coefficient prix
Source
économique/prix financier
Pas d'irrigation Irrigation eau souterraine Irrigation EUT

INVESTISSEMENT (DT)
Coût d'investissement supporté par les agriculteurs (coût intégré dans l'analyse financière et l'analyse économique)
Estimation à partir de : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans
Réseau d'irrigation à la parcelle 264 000 264 000 0,9
les périmètres publics irrigués (2017)
Acquisition cheptel (4 bovins et 10 ovins) et Ministère de l’agriculture, du Développement rural et des
234 000 234 000 0,9
construction étables Pêches maritimes ‐ Direction de l’élevage et estimation
Etude de création du périmètre irrigué El Fahs à partir de
Plantation olivier (30 ha) 90 774 90 774 90 774 0,160
la STEP d'El Fahs (CRDA de Zaghouan, 2006)
Coûts d'investissement commun aux scénarios avec Irrigation (coût intégré seulement dans l'analyse économique)
Aménagements annexes (dont ouvrage de
Estimation à partir de : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans
régulation, réseau de distribution, réseau de 2 376 000 2 376 000 0,9
les périmètres publics irrigués (2017)
drainage pistes alimentation eau potable
Coûts d'investissement sépcifique selon la ressource en eau mobilisée (coût intégré seulement dans l'analyse économique)
Forage 100 000 0,9 Estimation du Consultant
Adduction ouvrage de régulation 50 000 0,9 Estimation du Consultant
Bassin de stockage et adduction ONAS‐Bassin Estimation à partir de : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans
1 131 000 0,8
de stockage les périmètres publics irrigués (2017)
Estimation à partir de : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans
Station de pompage 2 229 000 0,9
370 les périmètres publics irrigués (2017)
Estimation à partir de : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans
Conduite de refoulement 151 000 0,9
les périmètres publics irrigués (2017)
ENTRETIEN ET MAINTENANCE (DT/an)
Aménagements annexes (dont ouvrage de 23 760 23 760 0,9 1% des coûts d'investissement
Forage 3 000 0,9 3% des coûts d'investissement
Adduction ouvrage de régulation 500 0,9 1% des coûts d'investissement
Aménagements annexes (dont ouvrage de 23 760 23 760 0,9 1% des coûts d'investissement
Bassin de stockage et adduction ONAS‐Bassin 5 655 0,8 0,5% des coûts d'investissement
Station de pompage 22 290 0,9 1% des coûts d'investissement
Conduite de refoulement 1 510 0,9 1% des coûts d'investissement

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

EXPLOITATION (DT/an)
Energie 0 165 278 91 961 0,9 EUT : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les périmètres
Analyse qualité de l'eau 0 0 2 000 0,9 Estimation du Consultant
Campagne de vaccination 0 0 1 000 0,9 Estimation du Consultant
EXTERNALITES (valeur négative = externalité négative ; valeur positive = externalité positive)
Valeur du m3 prélevé dans la nappe = valeur du m3
Assèchement de la nappe (DT/m3) 0,00 ‐0,26 0,00
réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)
Valeur du m3 non prélevé dans la nappe = valeur du m3
Recharge de la nappe (DT/m3) 0,00 0,00 0,26
réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)
coût de traitement additionnel nécessaire pour traiter les
Pollution de l'oued (DT/m3) ‐0,06 ‐0,06 ‐0,06
rejets des EUT dans l'oued
considérée non significative
Pollution de la nappe (DT/m3) (N et P absorbés par les
cultures)
Estimation d'après Daly H., IRAM (2015) Formulation du
Lutte contre l'érosion (DT/ha) 20,87 41,73 41,73
Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans
les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie. Note sur
Sequestration du carbone (DT/ha) 15,21 30,41 30,41 l’évaluation économique des bénéfices de l’action GRN
du programme

371

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

2. PRINCIPAUX RESULTATS

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Unité


Irrigation eau
Pas d'irrigation Irrigation EUT
souterraine
VAN financière ‐ 30 ans ‐2 531 396 ‐2 190 485 3 511 689 DT
VAN économique ‐ 30 ans ‐2 661 659 ‐9 656 008 ‐1 072 547 DT
VAN financière par ha/an NA ‐0,06 0,10 DT/m3
VAN économique par ha/an NA ‐0,27 ‐0,03 DT/m3
VAN financière par ha ‐265 ‐229 367 DT/ha/an
VAN économique par ha ‐278 ‐1 009 ‐112 DT/ha/an
Prix de l'eau d'équilibre ‐ petit équilibre NA NA 0,07 DT/m3
Prix de l'eau d'équilibre ‐ grand équilibre NA NA 0,26 DT/m3
Prix de l'eau réel NA 0,005 0,020 DT/m3
Taux de recouvrement NA NA 30% %
Marge brute par m3 d'eau NA ‐0,09 0,23 DT/m3
Marge nette par m3 d'eau NA ‐0,10 0,21 DT/m3
372 Volume d'eau utilisée NA 1 250 000 1 250 000 m3/an
Pollution oued ‐6 932 312 ‐6 932 312 ‐5 493 177 DT
Recharge/Assèchement nappe 7 452 843 2 569 362 7 452 843 DT
Pollution des nappes et des sols Code couleur

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Unité


Réf : Irrigation eau
Réf : Pas d'irrigation
souterraine
Gains financiers nets de la REUT ‐ 30 ans 6 043 000 5 702 000 DT
Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 1 589 000 8 583 000 DT
Gains financiers nets de la REUT ‐ 30 ans 0,2 0,2 DT/m3
Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 0,0 0,2 DT/m3

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Périmètre irrigué de Oued Essid

1. HYPOTHESES SPECIFIQUES

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Coefficient prix Source
économique/prix
Irrigation eau
Pas d'irrigation Irrigation EUT financier
souterraine
Profondeur Forage (m) 200 Estimation du Consultant
Volume d'effluent rejeté dans l'oued (sortie de STEP) (m3/an) 3 054 000 3 054 000 2 554 000 ONAS rapport annuel 2017
DGGREE ‐ Volumes réutilisés pour les
Apport en eau (m3/an) 500 000 500 000
périmètres irrigués avec EUT 2017‐2018
Donnée d'Expert : 25% du volume
Recharge de nappe (m3/an) 763 500 888 500 763 500
d'irrigation
Surface cultivée (total ‐ ha) 191 191 191
Olivier 131 131 131 DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Vesce avoine 60 60 60 périmètres publics irrigués (2017)
Elevage ‐ Nombre de tête de bétail
Nombre de têtes ‐ Ovins
Nombre de têtes ‐ Bovins
0
15
0
15
0
15
DGGREE ‐ Fiche des caractéristiques du
périmètre irrigué de Oued Essid ‐
373
Rendement (t/ha)
Olivier 0,5 2,5 4,0 DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les PPI
(2017)
Vesce avoine 12,0 20,0 32,0 Estimation BRLi
Coût d'exploitation ‐ Culture (DT/ha)
Olivier 1 156 1 156 1 026 DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les PPI
(2017)
Vesce avoine 1347 1347 997
Estimation BRLi
Coût d'exploitation ‐ Elevage (DA/tête)
MARHP/DGACTA ‐ Diagnostic et
Ovins 52 52 52 perspectives de l'agriculture pluviale en
Tunisie (fiches technico‐économiques)
Valeur prise sans le fourrage :
Bovins 2 145 2 145 2 145 essentiellement soins, abreuvement et
gardiennage

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Prix de vente ‐ Culture (DT/t)

données du projet de réhabilitation du


Olivier 1 000 1 000 1 000 0,85
périmètre irrigué à partir des EUT de
Ouerdanine trop anciennes (2004), on
Vesce avoine 0 0 0 1,00 prend les mêmes données que pour Aguila

Unités fourragères (UF/ha)


DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Vesce avoine 1320 2200 3520 périmètres publics irrigués (2017)
Estimation BRLi
Besoin en unité fourragère du bétail (UF/J)
Recommandations pratiques en élevage
Ovins 0 0 0
ovin ‐ Conduite alimentaire (fellah trade)
Les besoins nutritifs des ruminants
Bovins 120 120 120
d’élevage (publication INRA)
DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les
Prix de vente moyen Unité Fourragère (DT/UF) 0,340 0,340 0,34
périmètres publics irrigués (2017)
Prix de vente ‐ Elevage (DA/tête)
374 Ovins 235 235 235 0,9
MARHP/DGACTA ‐ Diagnostic et
perspectives de l'agriculture pluviale en
Bovins 5 430 5 430 5 430 0,9 Tunisie (fiches technico‐économiques)

Donnée obtenue lors des enquêtes terrain


Prix de l'eau pratiqué par le GDA (DT/m3) 0 0,005 0,030
Donnée fournie par la DGGREE

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet


Coefficient prix
Source
économique/prix financier
Pas d'irrigation Irrigation eau souterraine Irrigation EUT

INVESTISSEMENT (DT)
Coût d'investissement supporté par les agriculteurs (coût intégré dans l'analyse financière et l'analyse économique)
Estimation à partir de : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans
Réseau d'irrigation à la parcelle 91 000 91 000 0,9
les périmètres publics irrigués (2017)
Ministère de l’agriculture, du Développement rural et des
Acquisition cheptel (5 bovins) et construction
130 000 130 000 0,9 Pêches maritimes ‐ Direction de l’élevage et estimation du
étables
consultant
Etude de création du périmètre irrigué El Fahs à partir de
Plantation olivier (131 ha) 396 380 396 380 396 380 0,160
la STEP d'El Fahs (CRDA de Zaghouan, 2006)
Coûts d'investissement commun aux scénarios avec Irrigation (coût intégré seulement dans l'analyse économique)
Aménagements annexes (dont ouvrage de
régulation, réseau de distribution, réseau de Estimation à partir de : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans
815 000 815 000 0,9
drainage, pistes, alimentation eau potable, les périmètres publics irrigués (2017)
etc.)
Coûts d'investissement spécifique selon la ressource en eau mobilisée (coût intégré seulement dans l'analyse économique)
Forage 100 000 0,9 Estimation du Consultant
Adduction ouvrage de régulation
Bassin de stockage et adduction ONAS‐Bassin
50 000 0,9 Estimation du Consultant
Estimation à partir de : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans
375
85 000 0,8
de stockage les périmètres publics irrigués (2017)
ENTRETIEN ET MAINTENANCE (DT/an)
Aménagements annexes (dont ouvrage de
8 150 8 150 0,9 1% des coûts d'investissement
régulation, réseau de distribution, réseau de
Forage 3 000 0,9 3% des coûts d'investissement
Adduction ouvrage de régulation 500 0,9 1% des coûts d'investissement
Bassin de stockage et adduction ONAS‐Bassin
425 0,8 0,5% des coûts d'investissement
de stockage
EXPLOITATION (DT/an)

EUT : DGGREE ‐ Tarification des EUT dans les périmètres


Energie 0 66 111 47 470 0,9 publics irrigués (2017)
Eau souterraine : estimation à partir du coût de l'énergie

Analyse qualité de l'eau 0 0 2 000 0,9 Estimation du Consultant


Campagne de vaccination 0 0 1 000 0,9 Estimation du Consultant

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

EXTERNALITES (valeur négative = externalité négative ; valeur positive = externalité positive)


Valeur du m3 prélevé dans la nappe = valeur du m3
Assèchement de la nappe (DT/m3) 0,00 ‐0,16 0,00
réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)
Valeur du m3 non prélevé dans la nappe = valeur du m3
Recharge de la nappe (DT/m3) 0,157 0,157 0,16
réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)
coût de traitement additionnel nécessaire pour traiter les
Pollution de l'oued (DT/m3) ‐0,06 ‐0,06 ‐0,06
rejets des EUT dans l'oued
considérée non significative
Pollution de la nappe (DT/m3) (N et P absorbés par les
cultures)
Estimation d'après Daly H., IRAM (2015) Formulation du
Lutte contre l'érosion (DT/ha) 20,87 41,73 41,73 Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les
Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie. Note sur
Sequestration du carbone (DT/ha) 15,21 30,41 30,41 l’évaluation économique des bénéfices de l’action GRN du
programme

376

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

2. PRINCIPAUX RESULTATS

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Unité

Irrigation eau
Pas d'irrigation Irrigation EUT
souterraine
VAN financière ‐ 30 ans ‐1 829 454 821 822 4 330 308 DT
VAN économique ‐ 30 ans ‐3 312 317 ‐1 947 700 4 522 314 DT
VAN financière par m3 NA 0,06 0,30 DT/m3
VAN économique par m3 NA ‐0,13 0,31 DT/m3
VAN financière par ha/an ‐330 148 782 DT/ha/an
VAN économique par ha/an ‐598 ‐352 816 DT/ha/an
Prix de l'eau d'équilibre ‐ petit équilibre NA NA 0,09 DT/m3
Prix de l'eau d'équilibre ‐ grand équilibre NA NA 0,16 DT/m3
Prix de l'eau réel NA 0,005 0,030 DT/m3
Taux de recouvrement NA NA 34% %
Marge brute par m3 d'eau NA 0,20 0,69 DT/m3
Marge nette par m3 d'eau NA 0,16 0,65 DT/m3
Volume d'eau utilisée NA 500 000 500 000 m3/an
377
Pollution oued ‐3 699 332 ‐3 699 332 ‐3 123 679 DT
Recharge/Assèchement nappe 2 412 832 1 227 747 2 412 832 DT
Pollution des nappes et des sols Code couleur

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Unité


Réf : Irrigation eau
Réf : Pas d'irrigation
souterraine
Gains financiers nets de la REUT ‐ 30 ans 6 160 000 3 508 000 DT
Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 7 835 000 6 470 000 DT
Gains financiers nets de la REUT ‐ 30 ans 0,4 0,2 DT/m3

Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 0,5 0,4 DT/m3

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ANNEXES

Golf de Yasmine

1. HYPOTHESES SPECIFIQUES

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Source

Eau de la SONEDE Dessalement REUT


Hypothèse: 100% des
Volumes d'effluents (m3/an) 365 000 365 000 0
effluents de la STEP
Apport en eau (m3/an) 365 000 365 000 365 000

Surface irriguée (ha) 45 45 45

Tarifs SONEDE (TND/m3/an) 1,315

378

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ANNEXES

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet


Source
Eau de la SONEDE Dessalement REUT
INVESTISSEMENT (DT)
Station de pompage 375 000 375 000
Estimation à partir du périmètre
Bassin de stockage 50 000 50 000 50 000
irrigué d'Aguila
Réseau 2 500 000 2 500 000 2 500 000
Usine dessalement 5 000 000 Estimation BRLi
ENTRETIEN ET MAINTENANCE (DT/an)
Entretien 51 000 158 500 58 500 Estimation BRLi
EXPLOITATION (DT/an)
Frais de main d'œuvre 1 500 1 500
Engrais 66 66
Estimation BRLi
Energie 261 700 13 500
Analyse de l'eau 1 000 2 000
Achat d'eau SONEDE 479 975
EXTERNALITES (valeur négative = externalité négative ; valeur positive = externalité positive)

Assèchement de la nappe Valeur du m3 non prélevé dans la


(DT/m3)
‐0,47
nappe = valeur du m3 réutilisé 379
cf. Bénéfices du traitement des
Pollution de la mer (DT/m3) ‐0,57 ‐0,57 rejets en mer, Les cahiers du Plan
bleu, Juillet 2010

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ANNEXES

2. PRINCIPAUX RESULTATS

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Unité


Eau SONEDE Dessalement REUT
Couts financiers ‐ 30 ans ‐9 767 226 ‐13 670 691 ‐3 951 099 DT
Couts économique ‐ 30 ans ‐20 051 611 ‐20 029 378 ‐4 373 728 DT
Assèchement nappe. Somme sur 30ans ‐3 319 603 DT
Pollution mer. Somme sur 30 ans ‐3 992 158 DT

Gain net entre la situation avec projet (REUT)


et la situation de référence
(∆2‐∆1)

Eau SONEDE Dessalement

Gains économiques nets de la REUT ‐ DT 30 ans 15 680 000 15 660 000 DT


380
Gains financiers nets de la REUT sur 30 ans (DT/m3) 0,55 0,92 DT/m3

Gains économiques nets de la REUT sur 30 ans (DT/m3) 1,48 1,48 DT/m3

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ANNEXES

Espace vert de l’aéroport de Tunis Carthage

1. HYPOTHESES SPECIFIQUES

Sans projet Avec projet Source


Eau de la SONEDE Mixe Eau SONEDE/REUT
Volumes d'effluents (m3/an) 11 549 000 11 344 600 ONAS rapport annuel 2017
Apport en eau REUT (m3/an) N.A 204 400
Apport en eau SONEDE (m3/an) 270 100 65 700
données de l'OACA
Surface irriguée (ha) 25 25
Apports en eau (m3/ha/j) 20 35
Tarifs SONEDE (TND/m3/an) 1,315 données SONEDE

Sans projet Avec projet


Source
Eau de la SONEDE Mixe Eau SONEDE/REUT
INVESTISSEMENT (DT)
Réseau d'irrigation 120 000 120 000 381
Réseau d'irrigation REUT données de l'OACA
Station de pompage 800 000
ENTRETIEN ET MAINTENANCE (DT/an)
Entretien (station de pompage, ré 2 400 18 400 estimation du Consultant
EXPLOITATION (DT/an)
Frais de main d'œuvre 306 000 306 000 estimation du Consultant
EXTERNALITES (valeur négative = externalité négative ; valeur positive = externalité positive)

Surexploitation nappe (DT/m3) ‐0,25 ‐0,25

cf. Bénéfices du traitement des rejets en


Pollution mer (DT/m3) ‐0,57 ‐0,57
mer, Les cahiers du Plan bleu, Juillet 2010

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

2. PRINCIPAUX RESULTATS

Sans projet Avec projet Unité


Eau SONEDE Mixe eau SONEDE/REUT
VAN financière ‐ 30 ans ‐9 138 551 ‐6 503 007 DT
VAN économique ‐ 30 ans ‐137 873 656 ‐133 198 346 DT
Surexploitation nappe (somme actualisée sur 30 ans) 1 295 700 ‐315 170 DT
Pollution mer (somme actualisée sur 30 ans) ‐126 316 253 ‐124 080 645 DT

Gain net entre la situation avec


projet (REUT)
et la situation de référence (eau Unité
de la SONEDE)
382 (∆2‐∆1)

Gains financiers nets de la REUT ‐ DT 30 ans 2 640 000 DT

Gains économiques nets de la REUT ‐ DT 30 ans 4 680 000 DT

Gains financiers nets de la REUT sur 30 ans (DT/m3) 0,34 DT/m3

Gains économiques nets de la REUT sur 30 ans (DT/m3) 0,60 DT/m3

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ANNEXES

GCT de Gafsa

1. HYPOTHESES SPECIFIQUES

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Source


Eau souterraine Dessalement REUT
Volumes d'effluents (m3/an) 1 460 000 1 460 000 0 Hypothèse: 400m3/h
nécessaire pour
l'industrie et pas de
Apport en eau (m3/an) 1 460 000 1 460 000 1 460 000
rejet dans le milieu car
REUT dans le
périmètre irrigué
Profondeur forage (m) 200
d'Aguila

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Source

Eau souterraine Dessalement REUT

INVESTISSEMENT (DT)
383
Station de pompage pour refouler
depuis STEP/usine de dessalement 7 000 000 1 500 000 Estimation du Consultant
vers le GCT
Bassin de stockage 1 400 000 1 400 000 Estimation du Consultant
Estimation du Consultant
Adduction entre Forages/usine de 12 km entre la STEP et l'usine du GCT
150 000 105 000 000 10 500 000
dessalement ou STEP et Usine 120 km entre l'usine de dessalement et l'usine du
GCT
Traitement tertiaire nanofiltration
1 700 000 Estimation du Consultant
4000 m3/h
Usine de dessalement 5 000 000 Estimation du Consultant
Forage 200 000 Estimation du Consultant

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Sans projet n°1 Sans projet n°2 Avec projet Source


Eau souterraine Dessalement REUT
ENTRETIEN ET MAINTENANCE (DT/an)

Entretien 7 000 1 184 000 151 000 Estimation du Consultant

EXPLOITATION (DT/an)

Energie 193 044 1 861 500 57 913 Estimation du Consultant

Analyse de l'eau 2 000 Idem PI Aguila

Tarification des EUT prévue dans le cadre de la


Achat d'eau à ONAS 357 700 convention (en cours de négociation) : 245
millimes / m3, payés à l'ONAS.

384
Redevance prélèvement eau souter 219 000

EXTERNALITES (valeur négative = externalité négative ; valeur positive = externalité positive)

Valeur du m3 non prélevé dans la nappe = valeur


Assèchement de la nappe (DT/m3) ‐0,49 ‐0,49
du m3 réutilisé (prix de l'eau du grand équilibre)

coût de traitement additionnel nécessaire pour


Pollution milieu de rejet (DT/m3) ‐0,06 ‐0,06
traiter les rejets des EUT dans l'oued

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

2. PRINCIPAUX RESULTATS

385

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Recharge de nappe de Korba

1. HYPOTHESES SPECIFIQUES

Sans projet Avec projet Source

Rejets en mer Recharge de nappe

Volume max imum


Volumes d'effluents dans la mer (m3/an) 350 000
réinjecté
Volume max imum
Volumes d'eau de recharge en nappe (m3/an) 0 350 000
réinjecté
Surface agricole concernée par le biseau salé (ha) 70 0 Estimation du Consultant
Surface agricole cultivée avec la nappe (avec les eaux qui Estimation du Consultant:
88
proviennent de la recharge) 4000 m3/ha irrigué

386

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Sans projet Avec projet


Source
Rejets en mer Recharge de nappe

INVESTISSEMENT (DT)

Estimation BRLi à partir de l'étude d'évaluation des


expériences de la recharge artificielle des nappes
Infrastructures et équipements 1 395 000 en Tunisie, janvier 2018
On suppose que tous les frais sont affectés à l'usage
analysé (hypothèse sécuritaire)
ENTRETIEN (DT/an)
Estimation BRLi à partir de l'étude d'évaluation des
Entretien (DT/an) 66 150 expériences de la recharge artificielle des nappes
en Tunisie, janvier 2018
EXTERNALITES (valeur négative = externalité négative ; valeur positive = externalité positive)
Recharge de la nappe évitant la
0,02
progression du biseau salé (DT/m3)
387
cf. Bénéfices du traitement des rejets en mer, Les
Pollution de la mer (DT/m3) ‐0,57
cahiers du Plan bleu, Juillet 2010
Marge brute par ha de production agricole
Estimation BRLi
(DT/ha)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

2. PRINCIPAUX RESULTATS

Sans projet n°1 Avec projet


Unité
Rejet dans la mer Recharge de nappe

VAN économique ‐ 30 ans ‐3 828 097 ‐2 529 997 DT

VAN économique par m3 ‐0,38 ‐0,25 DT/m3

Sans projet
Unité
Rejet dans la mer

Gains économiques nets de la REUT ‐ 30 ans 1 300 000 DT


388
Gains économiques nets de la REUT ‐ DT/m3 sur 30 ans 0,13 DT/m3

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Lagune de Korba

1. HYPOTHESES SPECIFIQUES

Sans projet Avec projet


Source
Rejet des effluents dans la mer Alimentation lagune
INVESTISSEMENT (DT)

Estimation BRLi à partir de l'étude d'évaluation des


expériences de la recharge artificielle des nappes en
Infrastructure et équipement REUT 1 395 000 Tunisie, janvier 2018
On suppose que tous les frais sont affectés à l'usage
analysé (hypothèse sécuritaire)

EXPLOITATION (DT/an)

Exploitation (DT/an) 283 500 Estimation BRLi

EXTERNALITES (valeur négative = externalité négative ; valeur positive = externalité positive) 389
cf. Bénéfices du traitement des rejets en mer, Les
Pollution de la mer (DT/m3) ‐0,57
cahiers du Plan bleu, Juillet 2010

Valeur biologique et écologique de la estimée sur la base de la disposition à payer pour la


58 100
lagune (DT/ha/an) lagune de Bizerte

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

2. PRINCIPAUX RESULTATS

Sans projet Avec projet Unité


Rejet dans la mer Alimentation lagune
VAN économique ‐ 30 ans ‐16 126 297 ‐6 355 216 DT

Sans projet
Unité
Rejet dans la mer

Gains économiques nets de la REUT DT ‐ 30 ans 9 770 000 DT

Gains économiques nets de la REUT (DT/m3) sur 30 ans 0,22 DT


390

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Annexe 4 : Synthèse des entretiens réalisés


dans la phase Diagnostic
Acteurs interrogés
Institutions Personnes interogées
DGGREE Mme GHARBI
BPEH M. OUASLI
Ministère de
DGRE Mme BEN SALAH, Mme MAMOU, M. GHRIBI
l’agriculture (MARHP)
DGACTA Mme SIFAOUI
AVFA Mme CHOUIKH, Mme BOUGHAMNI

Ministère de DGEQV Mme MESSAI


l’environnement ONAS Mme HAMROUNI, M. JAWADI, M. HAJJI
(MALE)
ANPE M. HARBAOUI
DHMPE M. RABHI, M. CHALLOUF
Ministère de la santé
ANCSEP Mme ABIDI, M. MANSOUR, M. EL HANI
Ministère de l’industrie DGRD M. MSOLLI BOUKSIAA
INRGREF M. HACHICHA, Mme MAHJOUB, Mme TRAD
Organismes de INAT Mme BAHRI
recherche CERTE M. GHRABI, M. TRABELSI, Mme HORRICHE
CITET M. MHIRI
UTAP Mme BEN HAMMADI 391
Usagers et société
STDG M. TRABELSI
civile
ASE Mme HELLALI
Méthodologie

 Description de l’institution et du service de la personne interrogée de manière globale puis au


niveau de la REUT :
- Historique
- Activités actuelles
- Liens avec les autres institutions de la REUT
 Présentation globale de l’étude et demande des attentes de l’institution vis-à-vis de l’étude
 Discussion autour de la REUT en Tunisie : point de vue de la personne interrogée sur les
forces, les faiblesses, les opportunités, les menaces sur les différents aspects (techniques,
réglementaires, institutionnels, économiques, sociaux, sanitaires, environnementaux…),
particulièrement ceux qui concernent le plus l’institution interrogée
 Partage des données/études pouvant être pertinentes pour l’étude, prise de contacts avec
d’autres personnes pouvant être interrogées dans le cadre de l’étude

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Synthèse des remarques pertinentes des personnes interrogées


Aspects de la
Atouts mentionnés Faiblesses mentionnées
REUT
Remarques  La REUT est déjà  Manque d’une approche « filière » de la
générales
expérimenté dans REUT. Il ne faut pas penser d’un côté la
différents domaines production des EUT et d’un autre l’usage, il
(golfs, périmètres faut une approche plus intégrée (Exemple
irrigués, industries, du projet de transfert des EUT du grand
recharges de nappes, Tunis)
espaces verts…)
 Dans certaines régions,  Suivi des dossiers et mise en œuvre des
pas d’autres ressources décisions ralentis depuis 2011
en eau disponibles
 Longue expérience
tunisienne sur la REUT
 Demandes existantes
pour certains usages au
vu des périodes de
stress hydrique
(industriels, hôtels…)
Aspect  Cas de réussites après  Traitements pas adaptés aux différents
technique
des initiatives usages
personnelles  STEP : problèmes de non conformités
(Ouardanine…) (surcharge, dysfonctionnements des
ouvrages, maintenance faible, manque de
personnel…)
392  Dégradation de la qualité des EUT au niveau
du transport et des lieux de stockage
 Manque de continuité dans
l’approvisionnement, surtout l’été pour
l’agriculture et pas d’autres ressources
alternatives possibles quand problème
technique
 Décalage entre lieux de production des
EUT (surtout au niveau du littoral) et des
lieux de besoins en eau (intérieur du pays,
zones agricoles)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Synthèse des remarques pertinentes des personnes interrogées


Aspects de la
Atouts mentionnés Faiblesses mentionnées
REUT
Aspect  Il existe déjà des  Réglementation ancienne peu souvent
réglementaire
normes existantes mise à jour
spécifiques à la REUT  Manquements au niveau des normes
(qualité des EUT et
existantes :
cahier des charges
d’utilisation des EUT en - Pas de normes pour les usages autres
agriculture notamment) qu’agricoles
- Irrigation de cultures à haute valeur
ajoutée non autorisée sauf
arboriculture
- Peu d’harmonisation entre NT 106.02
et 106.03
 Manquements dans l’application des
normes existantes :
- Agriculteurs pas assez sensibilisés
aux normes existantes (maraîchage
irrigué avec des puits de surface à
l’intérieur des périmètres irrigués, temps
entre utilisation des fourrages et
irrigation…)
- Réutilisations indirectes des EUT
existantes (pompage dans un oued à
l’aval d’un rejet de STEP), pas de
réglementation à ce sujet
- Fréquence des contrôles de la qualité 393
des EUT et des pratiques de réutilisation
pas toujours respectée
- Peu d’arrêts d’urgences de l’irrigation
agricole en cas de non respects des
normes de qualité des EUT
- Peu de prétraitements effectués par
les industriels
- Etudes d’impacts pas toujours
effectuées lors de la création de certains
périmètres irrigués, ou entrés en service
sans avis du ministère de la santé et de
l’ANPE (régularisation parfois à
posteriori)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Aspect  Il existe des Comités  Manque d’un intermédiaire entre l’ONAS


institutionnel et les usagers, notamment pour les usages
régionaux par
gouvernorats et un autres qu’agricoles
comité national pour la  Il faudrait réfléchir à un organisme unique
REUT afin de réunir les chargé de la valorisation des EUT pour
différents acteurs gérer l'ensemble des acteurs intervenant sur
concernés la filière
 Compétences  Les tâches de gestion et de contrôle ne sont
existantes en termes de pas correctement définies entre institutions
recherche sur la REUT
 Pour l’ONAS :
en Tunisie
- Il est peu impliqué dans les projets de
REUT, il n’est pas responsabilisé (peu de
sanctions liées à la qualité des EUT)
- Difficultés pour les institutions de
récupérer les données de
l’assainissement (qualité des EUT par
STEP, quantité réutilisée…)
- Problèmes structurels : manque de
personnel compétent, de moyens…
- Il s’est trop diversifié plutôt que de se
concentrer sur l’assainissement urbain,
trop de missions attribuées à l’ONAS
- A l’international, la maîtrise d’ouvrage
appartient souvent à l’état puis il y a des
délégations du service public pour
l’exploitation des STEP. Manque de
structures compétentes pour que
l’ONAS délègue la maîtrise d’ouvrage.
394 - La planification des STEP n’est pas
assez partagée entre les différents
acteurs possibles de la REUT
- L’ONAS produit les EUT et l’ANPE les
contrôle alors que les 2 sont sous tutelles
du ME : risque qu’ils soient juge et
partie
 Manque de collaboration entre
chercheurs, parfois conclusions
contradictoires sur des résultats (par
exemple interprétation des résultats des
suivis de la recharge de nappe)
 Laboratoires d’analyses pas toujours
performants pour tous les paramètres,
méthodes analytiques parfois différentes
selon les laboratoires. Importance d’utiliser
des laboratoires certifiés pour contrôler la
qualité des EUT
 Anciens périmètres irrigués construits pour
utiliser à tout prix les EUT, manque de
concertation au niveau local pour décider de
leur localisation
 Relâchement du suivi au niveau des sites
de recharge de nappe. Besoin d’une
équipe pluridisciplinaire travaillant sur la
recharge de nappe avec une connaissance
du terrain pour être capable d’analyser les
résultats
 Pas de cadre institutionnel pour les
réutilisations autres qu’agricoles

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Synthèse des remarques pertinentes des personnes interrogées


Aspects de la
Atouts mentionnés Faiblesses mentionnées
REUT
Aspect  Les agriculteurs se  Le prix des EUT au m3 est trop faible
économique disent prêts à payer pour couvrir les coûts liés à leur
et financier plus cher les EUT en réutilisation, certains GDA sont donc en
échange d’une faillite
meilleure fiabilité dans
la quantité et la qualité  L’exploitation de certains grands
des EUT fournies périmètres irrigués n’est pas optimisée,
certains investissements effectués n’ont
 Le pouvoir fertilisant pas été rentabilisés
des EUT peuvent
permettre de diminuer  L’aspect énergétique est important, c’est
les coûts liés aux le plus gros poste de dépenses pour
intrants pour les l’assainissement (60 % des dépenses de
agriculteurs l’ONAS) et pour les stations de pompage
pour la REUT

 Il y a eu des études pour le transfert des


EUT vers les zones de réutilisation mais
cette solution est très coûteuse
Aspect social  Les agriculteurs sont  La mauvaise qualité des EUT est la
intéressés par le sujet principale cause des réticences des
et sont demandeurs de agriculteurs à les utiliser
réunions au niveau
local  Il y a des peurs liées aux risques
sanitaires, certaines maladies sont
 Les journées attribuées à la REUT bien que ça ne soit
d’informations et de pas forcément le cas réellement 395
visites de terrain pour
les agriculteurs ont un  Il y avait plus de sensibilisation des
impact très positif pour agriculteurs au moment de la mise en
convaincre de l’intérêt place des périmètres irrigués mais
de la REUT aujourd’hui moins d’encadrement des
nouveaux arrivants, certains ne sont
même pas au courant qu’il existe une
réglementation à respecter.

 Les CTV sont chargés de la sensibilisation


mais beaucoup sont fermés ou
manquent de moyens, idem pour les
GDA.

 Il faut à la fois sensibiliser les


propriétaires et les ouvriers agricoles
Aspect  Manque de sensibilisation de tous les
sanitaire usagers sur les risques sanitaires et les
bonnes pratiques à adopter (équipements
de protection, périodes d’irrigation…)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 1 - Diagnostic
ANNEXES

Synthèse des remarques pertinentes des personnes interrogées


Aspects de la
Atouts mentionnés Faiblesses mentionnées
REUT
Aspect  Limitation des rejets  Pas de suivi des sols pour les périmètres
environne- directs des EUT dans irrigués avec des EUT malgré leur
mental le milieu naturel, mauvaise qualité et l’existence de risques
notamment au niveau parasitologiques et liés aux métaux lourds
des zones de baignade

 Diminution des
apports de
fertilisants minéraux
par les agriculteurs
grâce au pouvoir
fertilisant des EUT

396

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