ID525850
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ID525850
RAPPORT TECHNIQUE
Dr Bernard FAYE
Rapport n° 01-05
Février 2005
CIRAD-EMVT
Département Elevage et Médecine
Vétérinaire du CIRAD C iJ f::;; /..;., D " D o:.s î
Campus International de Baillarguet
TA30/ B
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34398 Montpellier Cedex 5 Bai !la rguet
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CIRAD
lllllllllllllllllllllllll/llllllllll/1/IIIIII/IIIIIIIII
*000064176*
CIRAD-EMVT 2005
A R TC QU
Dr Bernard FAYE
Rapport n° 01-05
Février 2005
CIRAD-EMVT
Département Elevage et Médecine
Vétérinaire du CIRAD
Campus International de BaiUarguet
TA30/ B
34398 Montpellier Cedex 5
France
AUTEUR: BffnMdFAYE ACCÈS au DOCUMENT :
Service Documentation du CIRAD
REFERENCE : 43 PA 0441
AU PROFIT DE :
Association BACTRIANE - 46 rue des Ecoles - 19230 Arnac-Pompadour
RÉSUMÉ:
Il s'agit de donner les spécifications techniques pour la mise en place d'un élevage de
grands camélidés en France {région Limousin) avec trois objectifs: écotourisme,
production agricole, insertion des handicapés. Le présent rapport, après quelques
rappels sur les conditions à mettre en œuvre pour gérer un troupeau de dromadaires et
chameaux, fait le point sur les conditions d'approvisionnement {droit et conditions
d'importation, types d'animaux, conditions d'accueil), l'utilisation des animaux
{dressage, productions) le matériel nécessaire {sellerie, attelages, matériel de traite et de
tonte, transport, logement), l'alimentation, les soins et les évènements à créer autour de
l'animal {course, randonnée, salons, expositions, musée. Les ressources potentielles du
projet sont également répertoriées.
SOMMAIRE
Introduction ...................................................................................................................................... 1
8 - CONCLUSION ........................................................................................................................ 24
I
ANNEXES
II
INTRODUCTION
L'expérience montre que l'élevage des grands camélidés en France est parfaitement possible et
plusieurs expériences, hors cirques et parcs zoologiques, en témoignent (pour plus de détails voir en
annexe: FAYE B., JOUANY J.P., CHACORNAC J.P., RATOVONANAHARY M., 1995. L'élevage
des grands camélidés. Analyse des initiatives réalisées en France. INRA Prod. Anim., 8, 3-17).
Toutefois un certain nombre de conditions doivent être remplies qui seront exposées dans le présent
rapport.
Au préalable, il faudrait rappeler que les grands camélidés comprennent deux espèces majeures :
A noter qu'il existe des hybrides fertiles entre les deux espèces (photo 3).
1
Dans la suite du rapport, on utilisera le plus couramment le terme de « chameau » qui est donc un
terme générique et désigne sous ce vocable, indépendamment le dromadaire ou le chameau.
Deux aspects doivent être soulignés en préambule : (i) le comportement général des chameaux
notamment vis-à-vis de l'homme, (ii) les règles générales de la gestion de ces animaux. Seront abordés
ensuite les aspects liés à l'approvisionnement des animaux, leur utilisation, le matériel nécessaire et les
règles de leur alimentation.
1-COMPORTEMENTDESCHAMEAUX
Par nature, le dromadaire est un animal assez grégaire. Il est généralement un animal docile et de
nature paisible. Avec les personnes connues, il peut devenir très tendre, mais on peut considérer qu'il
est moins «intelligent» qu'un cheval bien qu'il soit possible de le dresser et lui apprendre rapidement
des choses (comme des mimiques voire des pas de danse) qu' il peut répéter facilement.
Manipuler un chameau bien entraîné n'est pas difficile. Il sait se rendre «gentil» et obéissant à
l'exception toutefois du mâle en rut dont il faut vraiment se méfier et éloigner des enfants car il peut
être dangereux. Dans les pays d'origine, les jeunes garçons de 8 à 10 ans sont capables de les
manipuler, de tenir les rênes, d'entraîner l'animal qui obéit à l'enfant sans résistance et adopte toutes
les positions et attitudes qu'on lui commande même s'il impressionne quand il grogne (on dit qu'il
blatère). En principe, un chameau devient bien dressé à la maturité, soit vers 5-6 ans et obéit
parfaitement s'il est bien traité. Pour faciliter la manipulation des mâles, la castration est conseillée
comme cela se pratique dans de nombreux pays. Le chameau obéit facilement à une voix familière,
mais on peut utilisé une badine par exemple pour le faire accroupir (on dit « baraquer »).
Le chameau peut être utiliser à de multiples activités agricoles ou de loisir : labourage, hersage, semis,
traction attelée, exhaure de l'eau, noria, monte sellée, course et même danse comme à la foire de
Pushkar au Rajasthan. Des licous semblables à ceux utilisés pour les chevaux peuvent être affectés à la
manipulation des chameaux. Pour habituer un chameau dressé à l'utilisation de la selle et à la monte
sellée, quelques jours suffisent généralement. Dans le cas d'utilisation à la noria (exhaure de l'eau,
moulin à huile) où l'animal est appelé à marcher en rond pendant plusieurs heures, l'utilisation
d'œillères comme chez les chevaux est préconisée pour l'habituer pendant 2 ou 3 jours, puis il est
capable de marcher de lui-même en rond sans avoir à masquer ses yeux.
2
Si le chameau est un animal docile pour le travail, sa contention pour les soins ou les prélèvements est
parfois difficile. On verra plus loin, les techniques de contention qui peuvent être proposées, mais en
général, le maintien en situation baraquée ou l'attache des membres antérieurs suffisent dans la plupart
des cas. Sur les animaux les plus rétifs, on peut lier les membres postérieurs, voire attraper la lèvre
supérieure (comme avec le « tord-nez » des chevaux). Pour éviter des manipulations traumatisantes, il
est cependant plus simple de procéder à une tranquillisation chimique avec des molécules telles que la
xylazine ou la kétamine, classiquement utilisées dans la pharmacopée moderne vétérinaire. Les
prélèvements de sang s'il y a lieu sont réalisées communément à la veine jugulaire dans la partie
distale du cou, c'est-à-dire près de la tête.
Dans les systèmes extensifs d'où le chameau est originaire, les animaux doivent trouver leur nourriture
dans une zone très large et ils marchent donc sans s'arrêter (1 à 2 Km/h) lorsqu'ils pâturent. Ils
peuvent manger pendant 4 à 8 heures par jour selon les ressources alimentaires disponibles.
Habituellement, le chameau pâture le matin et le soir, et se tient au repos tout en ruminant pendant les
heures chaudes de la journée. Il lui arrive de pâturer en milieu de journée mais de préférence à l'ombre
des arbres s'il en trouve. Son comportement en milieu tempéré n'apparaît pas fondamentalement
différent. Habitué aux rations alimentaires plutôt pauvres, le chameau a développé de grande capacité
de récupération des éléments nutritifs au niveau intestinal et rénal. De ce fait, il faut lui éviter des
rations alimentaires trop riches et trop souvent des erreurs d'alimentation sont commises par les
éleveurs en pays tempérés. On verra plus loin quelques recommandations en la matière.
Pendant le rut, lié à des facteurs saisonniers, le mâle fait montre d'une intense activité sexuelle. Celle-
ci se traduit par des signes physiques très visibles : instinct belliqueux, contrôle difficile de l'animal,
grincement de dents, tête rejetée en arrière, mouvements de fouet de la queue, mouvements saccadés
du bassin. Au fur et à mesure qu'avance la saison de rut, l'animal perd de sa condition physique, il
maigrit et perd l'appétit ne pensant qu'à se reproduire. Il urine plus que de coutume, peut présenter de
la diarrhée et une salivation abondante marquée par de l'écume à la bouche. Des secrétions des
glandes occipitales (riche en stéroïdes sexuels) situées en arrière de la tête sont généralement
observées. Par ailleurs, il extériorise fréquemment son voile du palais (la dula) que les observateurs
non avertis confondent souvent avec la langue. Durant cette période qui revient chaque année pendant
plusieurs semaines, l'animal peut être agressif et devenir dangereux pour son entourage. Il convient
donc de le manier avec précaution. Seules les personnes habituées et s'occupant régulièrement de lui
sont susceptibles de l'approcher sans danger.
Contrairement aux autres espèces domestiques, il est difficile de détecter clairement le cycle sexuel de
la femelle sur la base de son comportement. Les chaleurs sont peu visibles. Cependant, l'acceptation
du mâle est en principe considérée comme un indicateur de chaleur de la femelle bien que les relations
entre cette acceptation et le cycle sexuel ne soient pas toujours bien claires. Il faut du reste rappeler
que la chamelle est un animal à ovulation provoquée par l'accouplement. Un comportement souvent
décrit permet de déterminer l'état de gestation de la femelle: face à un mâle ou même à tout étranger
s'en approchant, la femelle gestante prend une posture raide, tenant la tête haute et levant la queue. Ce
comportement survient dès le 15éme jour de la gestation. Il est considéré comme un indicateur fiable de
la gestation à 95%.
Bien que docile, le chameau est assez rétif à la contention, nécessaire lors d'interventions vétérinaires
(prise de sang, interventions de soins) ou de manipulations forcées. Il peut être nécessaire, notamment
pour les prélèvements de sang ou les biopsies, d'assurer une contention sévère de l'animal. Si
l'opérateur est rapide et habile, et l'animal naturellement calme ou habitué aux manipulations par
l'homme (animaux astreints à des activités de travail quotidiens), le prélèvement sanguin peut se
3
réaliser par une contention très légère (animal debout, membres entravés), voire même sans entraves.
Inutile de se faire des illusions, ce cas de figure est loin de représenter le plus fréquent.
La position naturelle de repos des grands camélidés est celle dite du baraqué, l'animal étant placé en
décubitus sternal, les membres repliés sous lui. En cas de contention classique, il importera de veiller à
susciter par la force ou la persuasion une telle attitude. Le plus souvent, le savoir-faire de l'éleveur
suffit. Il incite par la voix ou la simple mise en place d'un licol, le baraquage de l'animal. Il peut être
nécessaire d'ajouter au licol passé par un intervenant, le maintien d'un membre antérieur replié par un
second intervenant. Le baraquage s'impose généralement spontanément dans ces conditions. Il suffit
alors d'entraver les membres dès lors que la position est acquise pour empêcher le relevé au moment
de l'intervention. Cependant, l'animal peut être récalcitrant ou inquiet et refuser dans ce contexte de se
plier aux injonctions de son maître. Lorsqu'il s'agit de mâles entiers en période de rut ou de femelles
venant de mettre bas, l'exercice de contention peut devenir franchement difficile, sans un minimum de
savoir-faire. Il convient dès lors d'intervenir plus fermement.
Un des moyens largement utilisé par les éleveurs pour forcer le baraquage est le suivant: une corde est
passée derrière les membres postérieurs par deux intervenants situés de chaque coté de l'animal;
pendant qu'un troisième intervenant plie un des membres antérieurs. Les deux premières personnes
tirent la corde de façon à pousser les membres postérieurs vers l'avant de l'animal, l'obligeant ainsi à
plier l'ensemble de ses membres et à se reposer sur son coussinet sternal. Une fois baraqué, l'animal est
maintenu dans cette position par l'entrave des deux membres postérieurs ajoutée à celle des membres
antérieurs. En effet, pour se relever, les camélidés procèdent en deux temps, le premier étant
l'extension des membres postérieurs. Toute entrave limite donc considérablement la capacité de
l'animal à se relever (photo 5 et 6). Si nécessaire, la saisie de la lèvre supérieure au moment de
l'opération proprement dite de prélèvement assure l'immobilisation totale de l'animal. On peut être
amené à utiliser des méthodes destinées à tranquilliser l'animal, comme l'utilisation d'une cordelette
munie d'un noeud coulant, passée autour du cou. Cette corde provoque une constriction du flux
sanguin au niveau de la veine jugulaire, ce qui conduit à un inconfort calmant l'animal et a l'avantage
de susciter un gonflement de la veine jugulaire propice à une prise de sang ultérieure. La contention
d'un membre antérieur maintenu replié peut également suffire sans être amené à forcer le baraquage.
La contention forcée est toujours impressionnante car le chameau pousse des cris gutturaux
(blatèrements) continus. Il peut lui arriver de cracher du jus de rumen (le contenu d'une partie de son
estomac) sans que cela ait une quelconque conséquence.
4
II - GESTION GENERALE D'UN TROUPEAU DE CHAMEAU
Il ne sera pas fait part dans ce rapport de tous les éléments nécessaires à l'élevage du dromadaire. Pour
plus de détail, il sera renvoyé à l'ouvrage «Guide de l'élevage de dromadaire» (FAYE B., 1997.
Guide de l'élevage du dromadaire. Ed. Sanofi, Libourne, France, 126 pp.). Seuls quelques éléments
seront discutés en relation avec le présent projet.
On compte en principe un mâle reproducteur pour 10-15 femelles et il faut éviter de laisser deux mâles
reproducteurs ensemble car les combats ne sont pas rares pendant la période de rut. Il est conseillé
aussi d'isoler le mâle après la période des naissances car les cas d'infanticide peuvent survenir. La
cohabitation entre chameaux de Bactriane et dromadaires est possible et ne pose pas de problème,
mais il peut y avoir hybridations de façon naturelle. L'élevage du chamelon est toujours délicat car le
taux de mortalité est assez élevé. Il faut y apporter un soin particulier et veiller à ce que le jeune
reçoive correctement le colostrum après sa naissance. Les mises bas sont en principe faciles et les cas
de dystocie (accouchements difficiles) sont exceptionnels. Le chamelon est sevré vers 6 mois parfois
plus, mais des sevrages plus précoces sont possibles.
Les grands camélidés ont une pratique alimentaire déambulatoire comme il est expliqué plus haut. Ils
ont donc besoin d'espace, mais les ressources r
disponibles en France peuvent permettre une certaine
intensification que les chameaux supportent bien. Il est
préférable de fractionner leur repas et d'étaler les
périodes d'alimentation dans le temps. Les femelles
peuvent être traites moyennant d'être habituées dès la
première lactation. Il est fortement recommandé que le
chamelon soit présent au moment de la traite (photo 7)
pour faciliter la descente du lait. La traite peut être
réalisée plusieurs fois par jour, mais une traite
régulière est préférable. Les chameaux de Bactriane
ont une toison hivernale abondante et peuvent être
tondus au printemps. La tonte s' opère sur l'animal Photo 7. : La présence du chamelon
baraqué (Photo 8). est nécessaire à la traite
Photo 8. : Tonte de
dromadaire en Inde
5
distribuer suffisamment de fourrages et d'eau pour éviter
le stress si le voyage doit être long. Sur des animaux
craintifs, il peut être conseillé de bander les yeux pour les
rassurer. Si le voyage dure plusieurs jours, il faut prévoir
des haltes pour que l'animal se lève et fasse quelques pas.
Sur le plan du bien-être animal, il faut se rappeler que le chameau est adapté au climat et aux
conditions des régions arides. Il peut résister au manque d'eau et de nourriture, aux fortes différences
de température (il ne craint pas le froid surtout s'il s'agit de Bactriane), aux longues marches et au
travail difficile. Toutefois, il peut être très sensible au climat humide (veiller à l'abriter en cas de pluie
froide), aux plantes toxiques, aux intoxications médicamenteuses, à l'excès de nourriture, à des
contraintes trop sévères et aux attaques de prédateurs ou de chiens. Il n'est pas utile d'user de bâton,
car l'animal obéit facilement à la voix. Il faut éviter la surcharge pour les animaux de bât car les
blessures de harnais peuvent être traumatisantes.
Dans cette partie du rapport, seront abordés successivement 6 points majeurs : (i)
l'approvisionnement des animaux, (ii) l'utilisation potentielle des animaux, (iii) le matériel nécessaire
à l'utilisation d'un cheptel camélin, (iv) l'alimentation, (v) les soins, (vi) les évènements que l'on peut
proposer autour du chameau.
Le cheptel camelin français, voire européen est trop faible pour pouvoir permettre un
approvisionnement suffisant des dromadaires et des chameaux. Il est donc nécessaire de se les
procurer à l'extérieur. Le projet visant les deux espèces (dromadaire et chameau de Bactriane), il sera
probablement indispensable d'avoir deux sources d'approvisionnement pour chacune des deux espèces
en question.
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Photo 10. Jeunes dromadaires au marché d'Al-Ain
(Emirats Arabes Unis)
• Les chameaux de Bactriane: ces animaux sont plus rares. A noter qu'au niveau mondial
(statistiques FAO, 2003) la population de Bactriane est 20 fois moins importante (1 million de
têtes) que celle de dromadaires (20 millions de têtes). La solution probablement la plus
opérationnelle serait d'importer des animaux du Kazakhstan dans la région de la Mer Caspienne.
Région la plus proche de l'Europe, il pourrait être possible d'acheminer les animaux par camion
(10-15 jours de voyage) à travers la Russie et entrée en Pologne. Ce sont des animaux de race
Ouraloboukeevski, particulièrement rustique et robuste, appréciés pour leur laine (photo 11 ).
Les droits d'importation ne peuvent s'obtenir qu'au travers de la DGAL (Direction Générale de
I' Alimentation) à Paris (service relevant du Ministère de I' Agriculture) en fonction des accords
sanitaires liés aux pays exportateurs visés. Les règles sont généralement assez strictes. Pour
l'importation des chameaux de Bactriane, il est possible de prendre contact avec les services du
Ministère del' Agriculture dans la région d' Atyrau (K. lrzagaliev, chef du département d'agriculture
pour la région Atyrau, et Dr G. lbishev, chef du service vétérinaire de la région). En effet, il existe
dans cette zone à proximité de la Mer Caspienne, des élevages de race pure, avec des animaux
certifiés. Le contact peut être établi par l'entremise de G. Konuspayeva (konuspaveva@cirad.fr),
actuellement en formation au CIRAD. Pour l'importation d'animaux des Emirats Arabes Unis, les
contacts avec le Ministère de l'agriculture des Emirats pourront être mis en œuvre par l'entremise du
Dr Girot (France). Concernant les Iles Canaries, il est conseillé de prendre contact avec Mme U.
Schulz (ursulasc66<mhotmail.com) qui assure le suivi sanitaire du cheptel camélin de l'archipel.
7
1.2. Types d'animaux
On ne reviendra pas sur les espèces proposées ici, mais plutôt sur les types de chameaux à prévoir.
Compte tenu de l'utilisation ultérieure des animaux, il semble qu'il faut privilégier l'importation de
jeunes adultes (3-5 ans) permettant de démarrer les processus de dressage afin de faciliter la
manipulation par des enfants. Il peut être judicieux cependant qu'il y ait une ou deux femelles plus
âgées, en veillant cependant qu'elle ne soient pas en fin de gestation. La présence d'animaux plus
expérimentés peut être en effet un facteur favorable à des activités de dressage. Si l'objectif est de
travailler avec environ 25 têtes, deux mâles reproducteurs sont suffisants, mais le cheptel peut
comprendre aussi des mâles castrés. Il serait préférable de disposer pour chacune des espèces de
spécimens appartenant à une seule race si on tient à une certaine homogénéité du cheptel et un respect
de la biodiversité existante.
Les chameaux de Bactriane peuvent être acheminés en camion depuis leur lieu d'origine. Il faudra
veiller au départ et au long du transport que les règles de bien-être des animaux soient respectées :
fourrage suffisant, eau à volonté, arrêts journaliers pour permettre un minimum d'exercice. Il est
probable que les animaux subissent une quarantaine dans la mesure où il n'existe pas de vaccination
obligatoire dans cette espèce. I semble que cette quarantaine puisse être mise en œuvre en Pologne.
L'importation des dromadaires, s'ils proviennent de pays outre-mer, sera plus délicate, le bateau étant
le moyen le plus approprié. L'arrivée par avion-cargo est possible mais plus coûteuse. Les conditions
sanitaires d'importation seront les mêmes que pour les chameaux de Bactriane. Ne seront acceptés que
des animaux indemnes d'un certain nombre de maladies. Il convient de s'informer auprès de la DGAL
pour connaître ces conditions (contact: Anne-Marie Augay-fax n° 01 49 55 83 14; Tel: 01 49 55 58
44 email : anne-marie.augav@.agriculture.gouv.fr).
Bien que les vaccinations ne soient pas obligatoires, on peut suggérer qu'avant le départ, les animaux
soient vaccinés contre le charbon bactéridien (anthrax). Le chameau n'est pas sensible à la fièvre
aphteuse (cf. l'article récent de Werney et Kaaden, 2003 : Foot-and-Mouth disease in camelids: a
review. The vet. J.). Sa vaccination contre cette maladie est donc inutile. En revanche, il peut être
atteint de brucellose ou de tuberculose. Un dépistage sérologique pour la brucellose et une
tuberculination (selon le même protocole que pour les bovins) pourront être mis en œuvre. D'autres
vaccinations peuvent être proposés par l'exportateur en fonction des risques sanitaires locaux (rage,
pasteurellose, variole caméline). Un dépistage de la trypanosomose (maladie parasitaire transmise par
des insectes piqueurs et due à un parasite sanguin, Trypanosoma evansi) est conseillé, car, bien que la
maladie ne puisse exister en France (l'insecte vecteur étant absent), le stress du voyage peut permettre
l'expression de la maladie. Une sérologie peut être faite aussi pour détecter d'éventuels séropositifs à
la blue-tongue et à la peste bovine le cas échéant, bien que le risque ne soit quasi-nul. Enfin, les
animaux devront être déparasités contre les parasites intestinaux et indemnes de gale et autres
maladies cutanées.
L'arrivée des animaux en France devrait se faire idéalement à la fin du printemps (mai-juin) pour les
dromadaires afin qu'ils ne subissent pas un changement climatique trop stressant. En revanche, cela
pose moins de problème particulier pour les chameaux de Bactriane, le climat de la région Nord de la
mer Caspienne étant, sur le plan des températures, peu différent de nos contrées bien que plus marqués
(plus froid en hiver, mais plus chaud en été). Il faudra éviter de sortir les animaux en cas de période
pluvieuse, veiller à une bonne alimentation et laisser ensemble les animaux qui auront voyager dans
les mêmes compartiments.
8
La cohabitation avec d'autres espèces (chevaux, ânes) ne présente pas en général de problème
particulier. Au Maroc, par exemple, le dromadaire est couramment apparié au mulet ou à l'âne pour
tirer la charrue. Toutefois, il faut habituer progressivement les uns à la présence des autres s'il apparaît
une agressivité quelconque. Il faudra éviter de toute façon d'utiliser les animaux à des fins de dressage
immédiatement après leur arrivée. On peut estimer qu'au bout d'un mois, les animaux seront prêts
pour être manipulés à condition qu'ils se soient habitués à une présence constante et affirmée du
personnel pendant cette période.
Nous avons vu que le chameau est un animal qui se dresse sans difficulté particulière. Nous passerons
rapidement en revue ses caractéristiques pour (i) le dressage, (ii) la production de lait, (iii) la
production de viande.
Les capacités du chameau comme animal de bât sont bien connues. Les éleveurs ont su d'ailleurs au fil
des générations, sélectionner des types bien adaptés à ce genre d'activité. L'animal de bât se déplace
lentement, à une vitesse comprise entre 4 et 5 km/h voire moins en fonction de la charge. Il est capable
de marcher 40 voire 50 km par jour. Au Niger, des distances quotidiennes de 60 km sont mentionnées
(soit environ 16 heures par jour) et ce, pendant plusieurs semaines. Les déplacements très longs
(caravanes transsahariennes) ont quasiment disparus, mais des mouvements d' au moins un milliers de
kilomètres n'étaient pas rares dans ce contexte. La charge supportable par le dromadaire varie bien sûr
en fonction de son poids et de son entraînement. Quelques observations fournies par la littérature
mentionnent des charges variant de 100 à 680 kg (!). La tentation de la surcharge est monnaie
courante dans les pays d'origine. Il est préconisé un maximum de charge de 200 kg pour un
animal de 600 kg photo 12). Le chameau de Bactriane est capable de supporter des charges
plus importantes.
La pratique du bât nécessite de dresser les animaux. Ce dressage commence dès l'âge de 4-5 ans, mais
la pleine charge n' est affectée au dromadaire qu'à partir de 6-8 ans. La carrière d'un dromadaire
"porteur" peut durer 12 ans. Les mâles castrés excellent dans ce type d'utilisation.
9
2.1.2. Le chameau comme animal de traction
L'usage du chameau comme animal de traction est fréquent en Afrique du Nord et surtout au Pakistan
et en Inde (photo 13). On peut voir ces animaux dans ces pays, labourant, travaillant la terre et
transportant l'eau, les matériaux de construction, les fourrages, toutes sortes de marchandises. Il y a
même des "bibliocamels", c'est-à-dire des bibliothèques ambulantes portées à dos de dromadaire de
village en village. On peut imaginer donc des usages multiples en matière de traction (charrette pour
transporter les enfants, outils agricoles de démonstration, attelages divers).
En agriculture, le dromadaire est principalement destiné au travail de la terre. Il peut être alors utilisé
seul ou apparié au joug avec une autre espèce tel que le boeuf ou l'âne, voire le buffle domestique. Il
est alors capable de labourer un hectare en 3 jours à raison de 7 heures par jour, sur une profondeur de
16 à 20cm. A titre indicatif, les performances de travail de différentes espèces ont été comparées et
permettent de considérer que le dromadaire fournit les mêmes résultats que le cheval.
En cas de travail, il faut veiller à ce que les chameaux aient des périodes de repos. Cependant, la
récupération physique de l'animal est rapide et un repos de 2 heures après un cycle d'activité continu
de 4-5 heures est suffisant pour rétablir les fonctions. Le dressage pour les activités agricoles
commence dès l'âge de 3 ans, date à laquelle on peut placer un anneau dans les naseaux de l'animal.
Un seul homme est nécessaire à la conduite du dromadaire lorsqu'il est bien dressé. Selon les
conditions d'élevage, la vie productive du dromadaire au travail varie de 6 à 20 ans.
L'utilisation du dromadaire comme animal de selle est ancienne. C'était courant pour le déplacement
des caravaniers accompagnant le transport des marchandises et pour le mouvement des troupes à
vocation guerrière. Il existe d'ailleurs encore aujourd'hui des "compagnies méharistes" et autre "came/
corps". L'invention de la selle est fort ancienne et il est remarquable qu' elle ait évolué vers des formes
variables selon les régions et, de ce fait, ait conduit à des types de monte différents comme on le verra
plus loin (cf. partie« matériel»). Mais il est possible aussi de monter l'animal« à cru» comme le font
généralement les chameliers d'Asie Centrale.
10
Le dromadaire de selle est notablement plus efficace que le cheval en terrain sablonneux. Il peut se
déplacer à une v itesse moyenne de 10-12 km/h et parcourir 50 à 100 km par jour. Des trajets
quotidiens de 150 km sont parfois décrits dans la littérature. Lors de raids militaires, des animaux bien
entraînés peuvent couvrir dans la journée une distance de 200 km à la vitesse de 20-25 km/h.
Comme pour le bât, la monte en selle du dromadaire nécessite un dressage qui commence dès l'âge de
3 ans, mais seul l'animal adulte (vers 6 ans) est réellement utilisé. L'allure normale du dromadaire est
la marche et le trot à }'amble (les membres d'un même côté se déplacent parallèlement contrairement
au cheval), ce qui confère à l'animal cette démarche chaloupée si caractéristique. Cependant, dans les
courses rapides sur faibles distances, le dromadaire est
capable de galoper comme le cheval.
Le chameau est un producteur de lait, même si la proportion de lait de chamelle consommée dans le
monde est marginale (2% de la consommation mondiale). Pour le grand public et sans doute nombre
de décideurs politiques, le dromadaire est peu associé à de telles performances zootechniques autres
que la production de travail soit pour la selle, soit pour le transport. Le potentiel de production de
viande et de lait est peu connu comme étant une spéculation possible pour cette espèce. Cette
méconnaissance de la part du grand public peut être attribué à deux choses : (1) sur le plan
zootechnique, la production laitière caméline a très longtemps été destinée à l'autoconsommation ou,
en cas d'excédent, au don pour les plus démunis ou les hôtes de passage, (2) sur le plan scientifique,
on ne dispose que d'un faible nombre de références sérieuses sur le sujet, même si depuis quelques
années, on relève quelques données un peu plus fiables que par le passé. Les études disponibles ne
précisent pas toujours s'il s'agit des productions réellement produites ou s'il s'agit simplement des
quantités prélevées après que le chamelon ait réclamé son dû, ce qui peut sous-estimer
considérablement la production réelle, le prélèvement par le chamelon pouvant correspondre à plus de
40% de la production, voire à 75% dans certaines conditions. Enfin, le nombre de traites peut varier
selon les circonstances et les habitudes des producteurs ce qui peut jouer sur la production totale, celle-
ci augmentant en fonction du nombre de traites.
On ne s'attardera pas dans le cadre de ce rapport, aux performances espérées ou attendues relevées
dans la littérature scientifique. On pourra se reporter pour plus de détail à l'article: «FAYE B., 2003.
Performances et productivité laitière de la chamelle : les données de la littérature. Atelier Int. sur le
11
lait de chamelle en Afrique. FAO-CIRAD-KARKARA, Niamey (Niger), 5-8/11/03 ». Il faut retenir
qu'en moyenne, une chamelle peut produire entre 3 et 10 litres de lait par jour selon les conditions,
soit entre 1500 et 4000 litres de lait pour une lactation de 12 à 18 mois. On sait que les races asiatiques
sont plus productrices que les races africaines et que le chameau de Bactriane est moins performant
que le dromadaire. D'ailleurs, en Asie centrale, les stratégies de croisement entre Came/us
dromedarius et Came/us bactrianus pour l'obtention d'hybrides visent en priorité l'amélioration de la
production laitière. Les conditions de production sont comparables à celles de la vache en tout point.
La présence du jeune au pis est un élément important pour initier la descente du lait et maintenir
l'activité de production laitière de la mère. A l'instar de la vache, l'essentiel du lait expulsé lors de la
traite ou de la tétée est d'origine citernal plutôt qu'alvéolaire, ce qui oblige à la présence du chamelon
(photo 15 et 16).
Une fois habituée, la chamelle se laisse traire facilement. Les techniques varient peu d'un pays à
l'autre. La traite s'opère debout, le récipient de traite étant posé un genou replié. Il est possible aussi
d'attacher le récipient de traite autour du cou. Il existe enfin des machines à traire adaptées aux pis des
chamelles (celle-ci a 4 pis comme chez la vache), mais dans le cas du présent projet, cette technique ne
paraît pas conseillée car il est peu probable que la production de lait espérée quantitativement le
justifie.
Il n'existe pas de normes concernant le lait de chamelle au sein de l'Union européenne et il est peu
probable qu'il existe un marché important pour le lait cru. Mais il existe des techniques traditionnelles
faciles à mettre en oeuvre qui permettent de fabriquer du lait fermenté (appelé shubat par exemple au
Kazakhstan, chai et doïran au Turkménistan, « khoormog » en Mongolie). C'est un lait épais
légèrement acide qui se conserve bien et est d'un goût accessible aux consommateurs d'Europe
Occidentale (cf encadré et photo 17).
Shubat artisanal: En l'absence de shubat, le lait de chamelle cru est conservé à température
ambiante puis il reçoit des ferments composés à partir de pâte du blé fermentée ou d'aïran (kéfir).
Le mélange est remué pendant 30-40 min, puis laissé à température ambiante pendant 4-5 heures.
Après un nouveau brassage et un temps de repos de 5-6 heures le shubat est prêt. On peut préparer
aussi le shubat en ajoutant le lait de chamelle cru sur un shubat déjà fait qui joue le rôle de ferment
en proportion de 4 :1.
12
Shubat industriel: chauffer le lait cru jusqu'à 30-40°C et sous une pression de 10-15 MPa, puis on
l'homogénéise. Après pasteurisation à 85-87°C, on refroidit le lait jusqu'à 26-28°C et on ajoute les
ferments de shubat. On homogénéise pendant 15-20 min puis on laisse au repos pendant 8-10
heures dans un récipient fermé. Le produit est de nouveau homogénéisé pendant 40-70 min à
température de 18-22°C et mis au repos pendant 9-12 heures. Une nouvelle période de repos de 24
heures à 14-l 8°C est nécessaire avant la mise en bouteilles de 1,0 L. Ce shubat se conserve à 2-
40C jusqu'à 3 mois.
En tout état de cause, la valorisation d'un produit comme le lait de chamelle est largement possible et
pourrait être une source de revenus pour le projet. En s'appuyant sur des arguments publicitaires
scientifiquement fondés, il est aisé de promouvoir les qualités nutritionnelles, voire médicinales de ce
produit: le lait de chamelle contient 10 fois plus de vitamine C que le lait de vache, il est riche en
acides gras poly-insaturés et en protéines aux propriétés antibactériennes, antivirales et
anticancéreuses.
La production de laine chez le chameau de Bactriane est abondante et de meilleure qualité que chez le
dromadaire. La récupération de la toison chez les premiers se fait par tonte. Un mâle peut ainsi fournir
plus de 5 kg de toison, mais des chiffres record de 18kg sont rapportés dans la littérature (photo 18).
Chez le dromadaire la production lainière est généralement plus faible et la tonte peu pratiquée, la
toison étant récupérée en arrachant manuellement les fibres qui se détachent lors des changements de
saison. Les races africaines produisent environ 1kg de toison, parfois moins, certaines races étant
même pratiquement "nues" (comme par exemple, la race Guban en Somalie). En Afrique du Nord, il
existe des races plus "lainières" qui permettent de
récolter jusqu'à 3 kg de toison. Le poil du jeune
dromadaire est le plus recherché pour sa qualité
supérieure à celle de l'adulte. Vers l'âge de 2 ans, un
chamelon peut produire 3 kg de toison.
On n'abordera pas ici, le potentiel que représente la viande de chameau. D'une part il n'existe aucun
abattoir agrée en France pour ce genre d'abattage et une telle utilisation des animaux semble
incompatible avec l'éthique du projet. En revanche, il existe un réel marché (restreint mais
significativement intéressant) pour des animaux vivants en surplus. Il est donc indispensable que le
troupeau assure sa reproduction et même un certain croît pour une exploitation économique. Le prix
d'achat d'un chameau (environ 4500 euros) est en effet suffisamment attractif pour que la vente
d'animaux représente une utilisation lucrative. Le marché est restreint mais devant la difficulté
d'importer, les fournisseurs au niveau européen sont en situation favorable pour l'approvisionner.
Enfin, pour être complet, on peut noter
l'utilisation classique du fumier de chameau,
bien que celui-ci ne soit pas de la meilleure
qualité (photo 19).
dromadaire en Inde
3. MATERIEL NECESSAIRE
Il n'est pas possible ici d'être exhaustif. Tout au plus peut-on proposer quelques idées de matériel
ayant une vocation tout autant utilitaire que pédagogique pour un public désirant apprendre des
différents usages des grands camélidés.
Pour tirer une charrette ou une charrue, il existe deux grands types de harnais, ceux qui prennent appui
sur la bosse (utilisés au Soudan) et ceux qui se servent de la force du cou et des épaules (par exemple
en Afrique d Nord).
Concernant les selles, il existe trois types principaux. Chez les touareg, la selle munie d'un pommeau
en forme de croix caractéristique, se place à l'avant de la bosse (photo 20) et le cavalier se tient les
jambes s'appuyant sur le cou de l'animal. Chez les maures et les reguebats, la selle en forme de
vasque est placée sur la bosse et les pieds du cavalier pendent de chaque côté, éventuellement en appui
sur des étriers dans les formes modernisées mises en place pour les corps d'armée. Dans les pays du
Golfe, le cavalier se tient à l'arrière de la bosse sur une selle rudimentaire (photo 21) ou une selle
semblable à celle utilisée pour les chevaux. C'est d'ailleurs la position des jockeys dans les courses de
dromadaires organisés dans cette région du monde. Mais il existe aussi des installations particulières,
notamment pour le transport des femmes, lors des transhumances ou de différentes manifestations
14
festives. Pour les mariages par exemple, la jeune épousée est à l'abri des regards dans une sorte de
palanquin juché sur le dos de l'animal dans un amoncellement de coussins et de tissus colorés.
Les licols traditionnellement utilisés pour les chevaux peuvent parfaitement s'adapter à la tête du
chameau.
.•
.:a. -. -
-- -
Photo 20. : Selle touareg pour une Photo 21. : Selle arabe pour une
monte à l'avant de la bosse monte à l'arrière de la bosse
Sur le chameau de Bactriane, la selle se place entre les deux bosses comme signalé plus haut, mais il
n'existe pas de sellerie particulière. Il existe également plusieurs types de selle de bât. En général, elles
s'appuient sur la bosse et présentent des croisillons à l'avant et à l'arrière où s'accrochent les éléments
à transporter. Les selles d'Afrique du Nord conviennent parfaitement aux usages classiques des
randonnées réalisées en France. Il convient de rajouter également la richesse des possibilités
décoratives (tapis de selle, coussins et éléments décoratifs du cou ou de la tête. Il existe ainsi
notamment dans les pays du Golfe des «came/souk» où l'on peut se procurer tous les accessoires du
chamelier et du chameau de course ou de décoration. L'art de la décoration des chameaux atteint
cependant des sommets en Inde, en particulier lors du rassemblement de Pushkar (photos 22 et 23).
15
On peut envisager également divers matériels
agricoles à titre de démonstration, le chameau
pouvant tirer l'araire ou la herse en s'appuyant sur un
matériel adapté à l'animal.
Il existe à travers le monde des attelages et des chariots mis au point pour fonctionner sans difficultés
pal1iculières avec le chameau. On pourra trouver sur le site http ://camelides .cirad .fr un dossier
téléchargeable sur la traction caméline (au Niger) avec des plans détaillés de tombereaux et chariots
adaptés à la morphologie du chameau. Il est possible de construire des attelages pour transporter des
enfants en toute sécurîté. Le chameau marche lentement et se manœuvre facilement lorsqu'il est bien
dressé. On peut l'utiliser pour tirer des chariots parfois bien chargés (photo 26).
Il n'y a pas de matériel de traite spécifique. Même la traite mécanique avec des pots trayeurs comme
cela est pratiqué dans certains pays s'appuie sur un matériel provenant de celui utilisé pour le cheptel
bovin. Du reste, il n;est pas conseillé dans le cadre du présent projet de pratiquer autre chose que la
traite manuelle. De fait, il ne sera pas nécessaire d'installer une« salle de traite». La traite sera mieux
pratiquée en place en présence du chamelon dans les stalles ou à l'extérieur quand le temps le
permettra. Les seaux à traire en inox, les filtres et les récîpients de collecte en inox seront nécessaires
pour une collecte dans les meilleures conditions d'hygiène. Il faudra limiter au maximum les
manipulations de transvasement.
Le matériel de transformation n'est pas différent non plus de ce qu'on peut trouver pour la fabrication
de fromage de chèvre ou de vache. La production attendue avec un cheptel camélîn de Pordre de 25
têtes, n'excèdera pas 10 000 litres par an (hors quantité prélevée par le chamelon). La difficulté
résidera dans le traitement de cette faible quantité par une unité classique de transformation. Toutefois,
16
il existe sur le marché des matériels adaptés pour le traitement de petites quantités et destinés à
Péquipement de micro-laiteries (unité de pasteurisation pour moins de 100 litres par jour par
exemple). Plusieurs entreprises françaises spécialisées dans l'équipement des laiteries proposent ce
type de matériel. Pour la fabrication de fromage, il conviendra de faire le choix d'une forme pour se
procurer les moules adéquats. La présure est disponible comme on l'a vu plus haut. Bien que la
réglementation actuelle ne reconnaisse pas le lait de chamelle, il convient de se plier aux normes en
vigueur pour une distribution au public. Il sera nécessaire de prendre l'attache des services compétents
(notamment les services vétérinaires départementaux) pour mettre en œuvre une éventuelle laiterie
caméline.
Le matériel de tonte peut être identique à celui utilisé pour la tonte du mouton. Il peut s'agir de ciseaux
de tonte classiques ou de tondeuse électrique. Les professionnels s ;habituent facilement à l;usage des
outils pour une autre espèce que le mouton. Il conviendra probablement de se mettre en rapport avec
des filatures semi-industrielles pour valoriser au mieux le produit.
Pour les besoins d'animation ou autres activités nécessitant le transport des animaux, il faudra prévoir
une « bétaillère » pouvant transporter 3 ou 4 animaux. Nous avons vu précédemment que le transport
n'effrayait pas les animaux s'ils sont bien préparés. Le chameau s'y habitue aisément.
Compte tenu de la réticence du chameau à sortir quand le temps est humide et froid, le confort du
logement est important. On compte approximativement qu;it faut un espace de 5mi par animal pour
une hauteur optimale de 4m. Une litière paillée a l'avantage d'isoler l'animal de l'humidité du sol et
de constituer un fourrage fournissant du lest (voir la partie alimentation). On peut estimer les besoins
entre 3 et 5 kg de paille par m2 et par jour. Le mâle doit pouvoir être isolé en cas de besoin. Piusieurs
femelles en revanche peuvent cohabiter avec leur petit sur une même aire de couchage. Les jeunes
sevrés peuvent être regroupés sur une aire de couchage.
Le dromadaire a un long cou, il peut donc atteindre les fourrages dans des râteliers placés en hauteur.
Maîs îl peut aussi bien consommer sa nourriture placée à même le sol. Enfin, même si la résistance à
la soif du chameau est proverbiale, il a tout de même besoin d'eau. Il faut donc prévoir un
approvisionnement aisé en eau de boisson de préférence collective (abreuvoir collectif plutôt
qu;abreuvoir individuel). Un abreuvement un jour sur deux est en général largement suffisant. Avec
un fourrage vert de bonne qualité, le chameau peut même cesser de boire pendant plusieurs jours sans
en souffrir.
Les installations à visée pédagogiques (salle pédagogique, écomusée) pourront contenir photos et
matériels relatifs à l'élevage du chameau. Un certain nombre d'exemplaires de l'ouvrage « le
dromadaire pédagogique » pourra être mis à disposition du public et éventuellement mis en vente. Ce
document édité par le CIRAD comprend tous les éléments de base à connaître pour cette espèce. Il est
facilement accessible à un large public.
17
4. ALIMENTATION DES ANIMAUX
En tant qu'animai des zones arides et semi-arides, le chameau est habitué à la végétation des zones
sèches, généralement de faible valeur alimentaire. Dans les systèmes plus intensifiés, le chameau peut
avoir aisément accès à d'autres ressources issues de l'agriculture (brisures ou son de riz ou de blé,
orge, drêches de brasserie, sous-produits d'huilerie, etc ...) ou à des compléments du commerce. Il est
capable aussi d;utiliser des ensilages. Cependant, il n;est pas utile dans des conditions alimentaires
favorables d'augmenter inconsidérément le taux de protéines de la ration. En effet, le chameau a la
particularité de «recycler» une partie des sources azotées qu'il récupère par la digestion des plantes.
C'est un phénomène général chez les ruminants, mais alors qu'une vache ou un mouton recycle 30 à
40% de l'azote qu'il excrète dans ses crottes et son urine, le chameau et capable d'en réutiliser plus de
70%. Il faut donc éviter les rations enrichies en urée du fait de la toxicité potentielle qu'un trop plein
d;azote dans la ration alimentaire. On évitera donc par exemple les blocs de mélasse-urée dont la
distribution est encouragée chez les vaches laitières. Pour les mêmes raisons, il faut limiter le temps de
pâture sur des prairies jeunes bien engraissées, pour éviter des troubles digestifs et métaboliques.
Au demeurant, l'alimentation du chameau, bien qu'encore pas complètement bien connue, est assez
simpie. Il faut savoir qu'en moyenne, un chameau mange 2 Kg de MS/IOOkg de poids vif et par jour,
soit pour une chamelle de 500kg (poids approximatif d' une chamelle de Bactriane), la quantité
d'aliment ingérée ne devrait pas dépasser 10kg de matière sèche, ce qui correspond en matière fraîche
environ 40 à 50 kg de fourrages. Cette quantité peut être moins importante chez le dromadaire de
poids plus faible (environ 400kg). Sous réserve d'adaptation aux ressources alimentaires disponibles,
la ration suivante peut être suggérée :
A noter qu'il existe des granulés «chameaux» proposés par différentes entreprises d'aliments du
bétail (par exemple la compagnie Hobbyplus en Belgique). Il convient de se conforter aux
recommandations du fabriquant pour calculer les quantités nécessaires. Il s'agit aussi de ne pas oublier
que le chameau peut être sensible aux carences minérales, qu'outre mesure il supporte dans sa ration
des quantités importantes en sel et qu'une complémentation saiée est donc conseillée. Les besoins en
sel (chlorure de sodium) sont du reste élevés. Ils sont estimés à 20g par 100kg de poids vif. Cela
correspond pour un animal de 400 kg à un apport de 28 à 34kg de sel par an.
Le chameau, c' est connu est adapté à la privation d'eau. Les besoins d'entretien sont de ce fait assez
faibles. On estime que dans des conditions climatiques défavorables (chaleur et sécheresse), les
besoins quotidiens sont de l'ordre de 6 litres par 100 kg de poids vif. Ils sont divisés par deux lors de
conditions favorables. Chez la femelle allaitante, la production laitière augmente les pertes hydriques
du fait de la teneur en eau du lait et de !;augmentation du métabolisme de base induit par la
lactogénèse. La production d'un litre de lait nécessite 1,5 litres d'eau supplémentaire. Au cours du
dernier tiers de la gestation, les femelles gestantes augmentent leur besoin en eau de 20% environ. En
moyenne donc, en se basant sur une ration de base à base de foin, il faut prévoir une alimentation en
eau de l'ordre de 20 à 25 litres par jour pour un animal à l'entretien, et de 30 à 40 litres pour une
femelle en lactation. En période de pâturage, les besoins peuvent être très faibles et certains animaux
cessent de boire pendant plusieurs jours.
18
La présence d'animaux exotiques confrontés au grand public pose toujours un problème de gestion des
aliments distribués à tord et à travers par ce public. Les parcs zoologiques ont résolu plus ou moins le
problème par l'interdiction de toute distribution. On peut suggérer dans le cas présent de mettre à
disposition des aliments en quantité estimée pour une distribution libre aux animaux par le public, par
exemple des fanes de carottes, des carottes ou du pain rassis avec des règles de distribution
explicatives.
La pathologie du chameau est assez bien connue dans sa zone d'origine et les dominantes
pathologiques sont à peu près partout les mêmes : gale, trypanosomose, parasitisme gastro-intestinal,
variole caméline et autres maladies cutanées, maladie des abcès, diarrhée du chamelon. Il en est tout
autrement dans les pays tempérés d'importation. En effet, dans la plupart des cas il s'agit de troubles
métaboliques de cause difficîlement éiucidable. Les vétérinaires praticiens en France connaissent très
mal l'espèce et peu d'entre eux ont pu être confrontés à cet animal dans leur exercice quotidien. Il peut
être donc conseillé qu'un vétérinaire traitant intervenant dans la zone puisse se« spécialiser» quelque
peu â la médecine vétérinaire caméline, mais surtout puisse acquérir une expérience dans le contexte
locai d'autant plus que la pathologie du chameau en milieu tempéré est très peu connue. Quelques
conseils peuvent être donnés ci-après.
Au préalable, il paraît prudent de rappeler ici que le comportement adaptatif de cette espèce entraîne
aussi des particularités dans le domaine de la pharmacologie et en particulier du métabolisme des
molécules utilisées pour la lutte contre les maladies, ainsi que dans la prise en compte des signes de la
maladie. Ainsi il est connu que le signe de la fièvre ne correspond à aucune réalité chez le dromadaire
dont la température corporelle peut varier de 86 C dans une même journée afin de lutter contre la
chaleur. De même les particularités immunologiques de cette espèce commencent à être étudiées
(notamment les chaînes des immunoglobulines) et révèlent d'importantes différences avec les autres
mammifères, ce qui doit entra'mer une certaine prudence dans l'usage des vaccins et des kits de
diagnostics de maladies utilisés et testés sur d'autres espèces animales, ainsi que dans la connaissance
de la forme de la réaction de défense dans cette espèce. La comparaison et l'usage de références
pharmacocinétiques utilisées pour d'autres espèces animales (bovins notamment) reste ainsi
dangereuse car bien souvent peu adaptée. Il convient donc d'être prudent sur l'usage de médicaments
en s'appuyant systématiquement sur les doses « gros bétail» par exemple.
Le dromadaire présente souvent une symptomatologie frustre et le diagnostic n'est pas toujours aisé.
De nombreuses observations résument l'expression clinique du dromadaire par une simple phrase:
l'animal se couche et meurt sans signes annonciateurs avec une facilité déconcertante. Même si ces
propos sont sans doute exagérés, ils ne sont pas dénués de tout fondement. Il convient donc
d'interpréter au mieux les signes de la maladie. L'apparence de l'animal ne suffit pas pour porter un
jugement sur son état de santé. Un dromadaire efflanqué avec une bosse diminuée peut être aussi le
résultat d'une maladie que les conséquences de plusieurs semaines de privation d'eau. Dans ce dernier
cas, le gain de poids est rapide et l'apparence générale réversible dans un court laps de temps. L'aspect
"miteux" de son poil n'est souvent lié qu'aux changements de saison. Avant tout examen clinique, il
est donc indispensable de s'intéresser à l'environnement de l'animal, à l'historique des maladies dans
le troupeau, aux conditions alimentaires et d'abreuvement dans une période récente.
Un animal malade manifeste quelque réticence à se déplacer et aura tendance à s'isoler du troupeau.
Souvent, il adopte des postures assez caractéristiques. Il a tendance à rester en position baraquée et à
allonger son cou sur le sol ou à lancer des plaintes lancinantes. En cas de douleurs aigues, la
respiration peut devenir haletante, les naseaux et la bouche restent ouverts. Le dromadaire affecté de
19
douleurs abdominales se couche sur le côté, les jambes pédalent dans le vide et le cou se place en
extension. A l;agonie, l;écume peut souiller sa bouche et des cris plaintifs continus lui donnent un
rictus exprimant une extrême souffrance.
On peut suggérer, pour un examen clinique complet de l'animal, un protocole basé sur les critères
suivants:
a Information générale (anamnèse) sur le troupeau d'origine, le sexe, l'âge, Je poids
• Description des principaux symptômes visibles
• Appétit de l'animal
• Date du dernier abreuvement
• Prise de température rectale: la température normale est comprise entre 35,5 et 37,5°C le
matin et 39 et 4 i 6 C le soir
• Mesure de la fréquence respiratoire et examen de la respiration: la fréquence normale est de 5
à 12 inspirations par min; en cas de troubles respiratoires, la respiration devient laborieuse,
Panimal garde la bouche ouverte; il peut présenter de la toux (surtout la nuit) et du jetage,
signe d'inflammation ou de parasitisme nasal ou sinusal; lors d'infestation nasale par les
tiques, on peut observer des saignements de nez
• Mesure du pouls sur Panimal en position baraquée; plusieurs artères du membre postérieur
sont accessibles: l'artère tibiale postérieure, l'artère sacrale ou l'artère fémorale; chez le
chamelon, l'artère caudale est la plus facile; en cas de difficulté, l'auscultation cardiaque peut
être nécessaire; le pouls normal du dromadaire est souvent irrégulier et est compris au repos
entre 32 et 50/min
• Examen des muqueuses: pâleur, rougeur, piqueté hémorragique sont autant d'indicateurs de
P état de santé
• Palpation des ganglions lymphatiques accessibles (au nombre de 10); en cas de maladie
systémique, tous les ganglions périphériques sont atteints et deviennent douloureux, chauds et
enflés; en cas d'infection localisée, seul le ganglion associé à la zone anatomique affectée est
sensible
• Examen abdominal: la motricité gastrique du dromadaire est différente de celle des bovins
puisque 12 contractions par cycie de 4,5 min sont comptabilisés. Environ 2 à 3 contractions
sont audibles par min (contre une seule chez les bovins)
• Palpation rectale: elle est pratiquée chez l'animal en position baraquée; le rectum étant étroit
et fragîie chez le dromadaire, l'observateur doit utîiiser des gants lubrifiés pour éviter les
risques de perforation la voie rectale, on peut palper la vessie, le gros intestin, le rein gauche et
chez la femelle, le tractus génital, notamment pour porter un diagnostic de gestation possible
dès la fin du second mois
• Examen des fèces: leur consistance (plus ou moins molle, voire liquide), leur couleur ou la
présence d'oeufs ou de larves de parasites, renseignent sur les atteintes digestives ou sur la
qualité de la ration alimentaire
• Examen des urines: la quantité émise est de l'ordre de 0,5 à 5 litres/j selon l'état de
déshydratation; la couleur, normalement jaune claire, peut devenir brune foncée sur l'animal
déshydraté; des dépôts blanchâtres sont observables sur de tels animaux, notamment chez les
mâles: il s'agit d'un sédiment constitué d'ammonium, de bicarbonates et de magnésium, qui
précipite lorsque l'urine devient trop concentrée; une urine foncée peut aussi être le signe de la
présence de sang ou de myoglobine, témoins de troubles cliniques graves; les pasteurs savent
reconnaître la phase aigue de la trypanosomiase à l'odeur caractéristique de l'urine émise par
le chameau malade
• Examen de la salive: Phypersalivation, rare chez le dromadaire, signe une intoxication par les
plantes, une morsure de serpent, une paralysie faciale ou des troubles neurologiques centraux
(comme dans la rage); l'hypersalivation du mâle au moment du rut ou des animaux après une
course est physiologiquement normale
• Examen des déjections diverses: larmoiements, jetage, écoulements vaginaux
• Examen de toutes les lésions externes d'apparence anormale
20
Un tel examen clinique complet peut ne pas être suffisant pour porter un diagnostic. Il peut être
nécessaire de compléter cette approche par une série de prélèvements plus ou moins complexes pour
réaliser des analyses biologiques. Sur l'animal décédé, une autopsie bien menée peut être utile pour
préciser les causes de la mort.
Outre les vaccinations évoquées plus haut, l'essentiel des soins préventifs consiste à déparasiter
régulièrement les animaux. Comme cet animal vit traditionnellement dans des zones arides, son
implantation dans des régions plus pluvieuses le rend assez sensibles au parasitisme bien que les
parasites incriminés lui soient peu spécifiques. On le sait peu affecté par la douve du foie et les
strongles digestifs (parasites de l'intestin) présents dans nos contrées différent des parasites des zones
sub-tropicales. Il convient donc d;user d;un traitement saisonnier (en fonction des mises à Pherbe)
identique à celui des bovins.
Le chameau est sensible aux troubles affectant la peau et au parasitisme externe (gale, tiques
notamment). Un traitement approprié contre ce parasitisme peut s;appuyer sur les molécules classiques
utilisées pour d'autres espèces (comme l'ivermectine), mais cela nécessite d'écarter le lait de toute
consommation humaine.
Le chamelon est souvent fragile et les taux de mortalités souvent élevés. Il faut donc apporter un soin
particulier aux nouveaux-nés (photo 28) : éviter les naissances aux saisons difficiles, apporter à la
mère en fin de gestation les éléments nécessaires (compléments minéraux et vitaminés) pour obtenir
un petit robuste à la naissance, distribuer la totalité du colostrum (premier lait) rapidement après la
naissance, désinfecter le cordon ombilical, laisser le petit dans les bâtiments en cas de temps humide et
froid.
Le chameau est un animal emblématique qui se prête facilement à des évènements exceptionnels ou
insolites. Il attire la curiosité du grand public qui en ignore à peu près tout et véhicule même des
contrevérités scientifiques parfois répertoriés dans la littérature de vulgarisation scientifique
(l'exemple le plus notoire étant la croyance que la bosse est une réserve d;eau). Nous aborderons 4
aspects dans cette partie : les randonnées, les courses, les salons et les expositions.
La mode visant à utiliser des animaux pour les randonnées pédestres de plusieurs jours est en pleine
expansion (ânes, mulets, lamas). L'utilisation du chameau dans les méharées du Sahara est monnaie
courante. C;est un animal qui se prête bien à ce genre d'exercice. Ce type de randonnée est déjà
organisé en France (cf. par exemple, l'élevage de Mr Castagnier à Aguessac dans l'Aveyron). Des
randonnées de plusieurs jours avec des relais étapes sont possibles aussi bien en été qu'en hiver avec
21
des chameaux de Bactriane. Des randonnées exceptionnelles peuvent être suggérées comme par
exemple relier Pompadour à d'autres villes de haras ou bien Béziers dont le symbole est un
dromadaire ( en }'hommage de ces animaux utilisés autrefois dans les salines, et ce jusqu'au début du
:xxeme siècle). Le chameau est dans ce contexte aussi bien un animal de bât (il peut porter les sacs à
dos et les vivres) qu'un animal de selle pour les randonneurs fatigués.
La course de dromadaire est occasionnellement organisée dans la plupart des pays sahéliens, mais
c;est dans les pays du Golfe qu'elle est le plus formeilement institutionnalisée (sélection des mei1leurs
coureurs, recherches de pointe sur la physiologie de l'effort, courses organisées dans un camélodrome,
primes aux vainqueurs, etc.). Les meilleurs coursiers sont capables de galoper sur 10 Km à la vitesse
moyenne de 34 Km/h avec des pointes de 40 Km/h. La saison des courses à lieu d;août à avril. Les
distances parcourues varient de 4-6 Km en début de saison à 10 Km en fin de saison, mais des courses
plus longues (20 Km) sont parfois organisées en Arabie saoudite. Une telle activité est susceptible
d'intéresser les sociétés de course des Emirats dans un lieu (Pompadour) prestigieux pour les courses
r de chevaux. La course de chameau est une
Q institution de première importance dans la
0 société émiratis (photo 29). Il semble que des
courses similaires sont organisées en
Allemagne.
Si les lamas et alpagas ont participé régulièrement au salon de l'agriculture à paris, les chameaux y ont
toujours été très rarement présent. En 2000, le stand du CIRAD consacré aux productions animales
dans les pays du Sud a pu vendre du lait de chamelle de la laiterie Tiviski en Mauritanie, mais les
chameaux n'étaient pas présents. Le chameau se prête bien à la vie dans les salons s'il est habitué à
voir du monde. La participation du présent projet à cette manifestation représente à Pévidence un
tremplin incontestable pour la reconnaissance des activités d'insertion prévues.
La participation au salon du cheval doit être également encouragée, mais très fortement argumentée.
En effet, si la présence d;autres équidés (ânes et mulets) de pose pas de problème, il faut insister sur
les « fonctions » parallèles du chameau par rapport au cheval pour justifier sa présence dans un Salon
normalement consacré au cheval et aux équidés en général. Ses fonctions parallèles sont :
le chameau, animal de loisir et de randonnée
le chameau, animal de course
le chameau, animal de travail
le chameau, média pour plusieurs formes de psychothérapie.
22
6.4. Exposition et musée du chameau
La fonction pédagogique doit pouvoir être développée facilement autour d'une espèce aussi
emblématique que le chameau. En effet, cet animal renvoie à un ensemble de problématiques
d'actualité sur lesquelles les instituteurs et les professeurs peuvent aisément s'appuyer : désertification
et changements climatiques, biodiversité animale, pastoralisme et préservation des cultures nomades,
physiologie de la survie en milieu difficile, préservation des écosystèmes désertiques, développement
des productions animales dans les pays du Sud, produits animaux et diététique, etc.
Tous ces thèmes peuvent être abordés simultanément ou successivement. On pourrait envisager un
cheminement dans un lieu d'exposition permanent et une partie temporaire sur tous ces aspects en
commençant par l'animal (comme modèle biologique, machine à survivre dans les conditions
difficiles) et en terminant sur les écosystèmes désertiques et la place de l'animal dans ces systèmes.
Des expositions temporaires peuvent être proposées sur certains thèmes plus ciblés en s'appuyant sur
les matériels utilisés dans les cultures nomades (tentes, matériel de traite, éléments de décoration,
selleries, ... ), des photographies, des films et des ouvrages grands publics. Des relations avec des ONG
(Organismes non gouvernementaux) ayant des actions de développement dans les pays arides peuvent
être sollicités dans le cadre des projets d'éducation au développement. Des relations et échanges avec
le musée du chameau à Béziers peuvent être envisagés. Des liens avec des manifestations en rapport
au sujet peuvent ·être construits comme par exemple le festival du pastoralisme et des grands espaces
des Sept-Laux (festival du Cinéma).
En s'appuyant sur un cheptel de 25 femelles et 2 mâles au début du projet, on peut espérer une
production et des services pouvant représenter une sources de revenus. Les éléments à considérer sont
les suivants :
Ji" lait et produits laitiers: environ 10 000 litres de lait /an à valoriser (photo 30)
Ji" laine : environ 30 kg par an à valoriser
Ji" animaux : environ 12 chamelons par an dont 6 pour le renouvellement du troupeau (cf.
simulation en annexe 3)
Ji" randonnées et promenades : environ 90 jours par an
Ji" classes vertes : environ 8 semaines par an
Ji" visites grand public : environ 10 000 entrées par an
Ji" animations de rue : environ 8 par an
Ji" animations enfant au Club Méditerranée de Pompadour : 116 jours /an
Ji" Camélothérapie : 2 groupes par semaine
23
8. CONCLUSION
L'expérience déjà ancienne d'élevage de grands camélidés en France (et ailleurs en Europe) montre la
viabilité d'une telle activité sous d'autres latitudes que celles dont les chameaux sont originaires. La
principale difficulté réside dans la mise en œuvre des importations, le cheptel national étant largement
insuffisant pour dégager un effectif de 25 femelles dont la moitié au moins de Bactriane.
Techniquement, l'élevage des grands camélidés n'est pas plus complexe que l'élevage des autres
grands herbivores si quelques règles simples de gestion sont assurées telles qu'elles sont décrites dans
le présent rapport. Les résultats économiques liés à cette activité sont susceptibles d'assurer la viabilité
d'une telle exploitation sur le plan strictement agricole et agro-touristique nonobstant le rôle dans
l'insertion des handicapés, motivation centrale du projet.
24
,_
INRA Prod. Anim., B. FAYE, J.P. JOUANY*, J.P. CHACOR-
1995, 8 (1), 3-17 NA~ M. RATOVONANAHARY L'élevage des
INRA Laboratoire d'Ecopathologie, Theix,
63122 Saint-Genès-Champanelle
grands camélidés.
* INRA Station de Recherches sur la Nutrition des Her-
bivores, Theix, 63122 Saint-Genès-Champanelle
Analyse
des initiatives
réalisées
en France
qué vers 2000 avant JC. Il n'aurait pénétré ploitation « modernes » essentiellem
dans la zone saharienne qu'au début de la concentrés dans les pays du Golfe et en Isi
désertification de la région, soit environ au et destinés soit à la production laitière in1
début de l'ère chrétienne (Epstein 1971), bien sive, soit à l'élevage d'animaux de course.
qu'un ancêtre du genre camelus, ait été iden-
tifié en Afrique du Nord : des restes osseux l.1 / Les particularités
d'un Camelus thomasi ont été datés de
22 000 ans avant JC (Lhote 1987). Compara- physiologiques des grand~
tivement aux autres espèces polygastriques, camélidés
l'utilisation du dromadaire comme animal Animal adapté à des situations climatiq
d'élevage est donc relativement récente. désertiques et semi-désertiques, le dromadf
Les finalités de l'élevage de dromadaires (ou le chameau) présente des particulari
sont multiples et globalement beaucoup plus physiologiques qui lui permettent de ne J
variées que pour les autres espèces de rumi- être affecté par les contraintes du milieu : i
nants domestiques. Outre l'utilisation clas- écart thermique nycthéméral, aridité de l':
sique à des fins de production (lait, viande, faible valeur nutritive et dispersion des r
cuir, poil), le dromadaire joue encore un rôle sources alimentaires.
capital dans certaines zones comme animal
de bât ou de travail (exhaure de l'eau, noria, a / Adaptation aux contraintes
culture attelée), c'est aussi un animal de selle thermiques
et, à ce titre, il a représenté un auxiliaire
important pour l'utilisation des espaces semi- La plupart des mammifères adaptés à l'a
désertiques et désertiques par l'homme, voire dité et à la chaleur survivent aux effets de
pour la conquête militaire ou la chasse (Man- déshydratation en s'enfonçant dans le sol h
sard 1993). des heures les plus torrides de la journée (g,
Compte tenu de l'aire de répartition des boise, fennec) ce que ne peut évidemment i:
grands camélidés leur élevage traditionnel faire un animal de la taille du dromadaire. •
est plutôt associé au pastoralisme nomade ou thermorégulation chez cette espèce est asE
transhumant. Ces deux modes d'élevage se rée grâce à la concentration des réserves a,
distinguent par le caractère irrégulier (noma- peuses au niveau de la bosse, ce qui facili
disme) ou régulier (transhumance) des dépla- l'évaporation de la sueur sur le reste de la Sl
cements saisonniers. Contrairement à une face du corps quasiment dépourvue de couc
idée reçue, le grand nomadisme camelin est adipeuse. Ainsi, pour maintenir une tempér
peu fréquent à l'inverse de la transhumance ture interne constante, le dromadaire de
plus couramment pratiquée, y compris sur perdre deux fois moins d'eau que l'âne, pol
des courtes distances (Faye 1992). Il existe tant réputé pour sa résistance à la chale-
également un élevage sédentaire, parfois à (Schmidt-Nielsen et Schmidt-Nielsen 1952).
Le dromadaire caractère intensif, pour la production de vian- Par ailleurs, la température interne <
peut perdre de (embouche cameline particulièrement l'animal peut varier en fonction de la temp
jusqu'à 30 % de développée dans la corne de l'Afrique pour rature externe dans une proportion importa
l'exportation vers les pays du Golfe) et de lait. te, de l'ordre de 8 •C (34-42 °C) sans que l'a
son poids en eau, pétit ou l'activité générale de l'animal n'(
Dans ce dernier cas, on assiste depuis une
mais sa décennie à l'émergence de systèmes de pro- soient affectés.
récupération lors duction intensifs périurbains (Nouakchott, Cette capacité de modulation de la temp
de l'abreuvement Modagiscio, Djibouti), le lait de chamelle rature corporelle interne permet au drom:
est très rapide. étant économiquement bien valorisé. daire, en réduisant l'écart avec la températ1
A ces systèmes, que l'on pourrait qualifier re ambiante, de limiter l'augmentation d
de « traditionnels », s'ajoutent des types d'ex- métabolisme de base et, ainsi, d'économisE
de l'eau. Yagil (1985) estime qu'une élévatio
de la température corporelle de 6 ·c chez u
dromadaire de 600 kg, permet une économi
de 5 litres d'eau par jour. Un tel écart de ten
pérature est généralement fatal aux autn
animaux domestiques. ·
Le dromadaire présente également u
ensemble de particularités anatomique
(épaisseur du derme, nature des phanèrei
structure des glandes sudoripares, résea
sanguin dans les sinus) qui contribue à s
résistance aux écarts thermiques, caractérü
tiques des milieux désertiques (Lee e
Schmidt-Nielsen 1962, McFarlane 1977). Le
animaux transplantés dans les milieux tem
pérés résistent bien au froid hivernal dès lor
que l'hygrométrie est basse, ce qui se rap
proche des conditions nocturnes désertiques
En revanche, le froid humide détermine UI
milieu ambiant particulièrement inconfor
table pour ces animaux.
tons (Dulphy et al 1994a). Par ailleurs, 5 000 litres dans les zones irriguées (Knœss
Kayouli et al (1994), Dardillat et al (1994) et et al 1986). Des productions exceptionnelles
Dulphy et al (1994b) ont observé que l'addi- dépassant 10 000 litres sont citées dans la lit-
tion de concentré n'a pas d'effet négatif sur la térature (Richard 1984). De nombreuses
digestion du fourrage qui constitue la base de mesures ont également été réalisées chez le
la ration. Ce résultat s'explique par une plus chameau de Bactriane par les chercheurs
grande vitesse d'élimination des produits de russes : des productions situées entre 5 000
la digestion microbienne (acides, ammo- et 7 500 litres sont fréquemment citées (Wil-
niaque) liée à un tum over plus rapide de la son 1984). Les durées de lactation sont très
phase liquide des digesta et à une absorption variables : de 7 à 24 mois (Knœss et al 1986,
plus importante par la paroi digestive. Enfin, Richard 1984) mais la majorité est comprise
la sécrétion de bicarbonate et de carbonate entre 8 et 18 mois. Dans les mêmes condi-
par la muqueuse des préestomacs (Vallenas tions géoclirnatiques, la chamelle s'avère
et Stevens 1971) contribue fortement à l'ho- meilleure laitière que les zébus locaux ou
méostasie du milieu fermentaire et à l'effica- croisés avec des races européennes (Knœss et
cité digestive des microorganismes. Dulphy et al 1986). Pour une même production et dans
al (1994a) ont ainsi observé que la digestibi- les conditions comparables, la charnelle en
lité des pailles est d'environ 5 points supé- lactation exige moins de superficie de pâtura-
rieure à celle mesurée chez les moutons. ge que les vaches (Yagil 1986).
Par son comportement alimentaire sur par- Cependant, les performances laitières en
cours naturels, le dromadaire prélève préfé- milieu réel d'élevage extensif sont mal
Le dromadaire rentiellement les fourrages riches en sel et/ou connues compte tenu des difficultés méthodo-
digère les azote (légumineuses de type acacia en parti- logiques : une part très variable de la produc-
fourrages pauvres culier), ce qui lui permet de tirer un meilleur tion (de 25 à 60 % selon les sources) est
parti des écosystèmes pauvres en ressources consommée par le chamelon ; les facteurs ali-
mieux que les fourragères dans lesquels il a l'habitude de se mentaires sont mal connus, les aspects géné-
ruminants : le trouver (Faye et Tisserand 1989, Rutagwenda tiques ne sont pas maîtrisés.
temps de séjour et al 1990). L'évolution de la courbe de production lai-
dans les En zone tempérée, le dromadaire sera assu- tière a été peu étudiée. Les quelques données
préestomacs est ré, en principe, d'une alimentation abondante de la littérature indiquent cependant une
et de valeur alimentaire supérieure à celle bonne persistance de la lactation qui se tra-
plus long. des milieux arides et semi-arides. Le droma- duit par des pentes faibles (Richard et Gérard
daire étant sensible, à l'égal des autres rumi- 1989). Par ailleurs, la réponse des charnelles
nants, à la qualité du fourrage et de la ration à une alimentation améliorée est plutôt très
(Richard 1984), il tirera le meilleur profit bonne du point du vue de la production.
d'une am élioration de l'offre alimentaire . Le lait de chamelle est légèrement acide et
Cependant, ses capacités remarquables de sa composition générale assez proche de celle
recyclage de l'urée et de néoglucogénèse peu- des bovins. Toutefois, il est en moyenne un
vent conduire, plus rapidement que pour les peu moins riche en matières grasses
autres espèces de ruminants domestiques, à (tableau 1). En revanche, il se caractérise par
un véritable gâchis d'azote et d'énergie en cas une teneur très élevée en vitamine C et en
de suralimentation dont les conséquences acide linoléique.
pathologiques ne sont pas négligeables, bien
que, à l'instar du lama, le dromadaire ait la
capacité de limiter son ingestion lorsque les Tableau 1. Composition du lait de chamelle
besoins sont couverts (Cordesse et al 1992). en comparaison du lait de zébu selon divers
auteurs (en % du produit brut).
b / Croissance et production
de viande
Le poids à la naissance varie peu, semble-
t-il, en fonction des conditions d'alimentation
de la mère (Kamoun 1989), mais dépend sur-
tout du génotype : de 26 à 42 kg environ, avec
un poids observé sensiblement plus élevé
chez les mâles (Richard 1984). En milieu tra-
ditionnel, la croissance pondérale des chame-
lons est de l'ordre de 190 à 310 g/jour au
cours de la première année (Richard 1984).
Dans des conditions expérimentales, lorsque
la totalité du lait de la mère est mise à la dis-
position du jeune et qu'un apport alimentaire
complémentaire est proposé, le gain moyen
quotidien est de 440 à 580 g (Field 1979).
D'autres études citent des GMQ de l'ordre de
750 g dans des conditions alimentaires opti-
males, notamment en Libye. Il ne semble pas
que le sevrage constitue un moment pertur-
bant la courbe de croissance, le chamelon
s'habituant très vite à la consommation de
fourrages naturels. De ce fait, le sevrage est
naturellement très progressif (Richard 1984).
Entre 1 et 2 ans le GMQ est de l'ordre de
(animaux castrés à l'embouche), des rende- En Afrique du Nord, mais aussi en Afrique
ments approchant 70 % ont été cités. On peut de l'Est, au Pakistan et en Inde, le dromadai-
considérer globalement que ces rendements re est affecté à certaines tâches agricoles
observés sont plutôt bons compte tenu que la (araire, noria, puisard). Sa force de traction
plupart des animaux abattus, sont des ani- est loin d'être négligeable. Elle est générale-
. maux de réforme, assez âgés et non préparés ment considérée comme supérieure à celle
en vue de la production de viande. des bovins , en particulier dans les zones
La viande de dromadaire est relativement sableuses. Sa vitesse de travail (2,5 km/h) et
maigre. Elle ne contient que 0,92-1,01 % de la durée quotidienne d'effort qu'il peut four-
lipides contre 1,2-4,8 % chez les bovins (Nasr nir (5-6 heures) sont comparables à celles du
et al 1965). La concentration du tissu adipeux cheval (Schwartz et Walsh 1992).
au niveau de la bosse contribue à conférer à
la viande cette qualité de maigreur. La graisse d / Les performances de reproduction
de la bosse est recherchée par les nomades
comme réserve de matières grasses. Wilson Le dromadaire est un animal tardif
(1984) estimant un poids de carcasse moyen puisque les femelles ne sont capables de
de 210 kg dont 10 kg de matières grasses, soit concevoir qu'à partir de 3 ans. En milieu tra-
32,5 kg de protéines et 997 000 kj d'énergie ditionnel, elles sont rarement mises à la
considère que la masse de viande produite reproduction avant 4 ans ce qui, compte tenu
annuellement par un dromadaire couvre les de la durée de gestation, permet d'obtenir
besoins d'un homme adulte pendant 35 jours une première mise bas vers 5 ans (Richard
pour les protéines, mais seulement 5 jours 1984). Chez le mâle, les premières saillies
pour l'énergie. peuvent être assurées à partir de l'âge de
3 ans, mais la pleine maturité sexuelle n'est
c I La production de travail atteinte que vers 6 ans. Cependant, l'amélio-
ration des connaissances de base concernant
En zone saharienne et péri-saharienne, le la reproduction dans cette espèce ainsi qu'une
dromadaire est encore largement utilisé au meilleure maîtrise de l'alimentation et des
titre d'animal de selle. Il peut parcourir 50 à pratiques permettent d'accélérer sensible-
100 km par jour à la vitesse moyenne de 8 à ment la mise à la reproduction. Ainsi, en
12 km/h (Richard 1984). Dans les Pays du 30 ans (1961-1990), l'âge à la mise à la repro-
Golfe, l'activité de course représente l'objectif duction des femelles est passée de 3,8 à 3 ans,
premier de l'élevage du dromadaire et solli- l'âge à la l '° mise bas de 5,2 à 4 ans, dans la
cite une importante activité de recherche cen- région de Bikaner en Inde (Khanna et al
trée sur la physiologie de l'effort (Beaunoyer 1990). Au Kenya, Karimi et Kimenye (1990)
1992, Knight et al 1992). observent de fortes différences entre le trou-
L'utilisation du dromadaire comme animal peau de leur station expérimentale et les
de bât a considérablement diminué depuis la troupeaux traditionnels : respectivement 36
En Afrique et en motorisation des transports transsahariens. et 38 mois pour l'âge à la mise à la reproduc-
Cependant, les populations nomades ou tion ; 48 et 58 mois pour l'âge à la l" mise
Inde, le bas.
transhumantes continuent d'employer ce
dromadaire est moyen de transport lors des déplacements de La durée de gestation chez la chamelle
affecté à des l'unité familiale ou pour assurer le port de approche généralement 13 mois : en Inde 382
tâches agricoles marchandises en des lieux d'accès impossible à 389 j selon Khanna et al (1990), 404 j selon
alors que dans les pour les engins à moteur. En pratique, les Ram et al (1977) , 380 j en Afrique de l'Est
charges sont comprises entre 150 et 200 kg (Moallin et Mohamud 1990).
pays du Golfe il est par animal, transportées à la vitesse moyen-
surtout élevé pour Comme l'activité sexuelle est saisonnière
ne de 4 km/h sur 24-40 km par jour. Cette (du fait, en particulier de la variation saison-
la course. activité peut être assurée pendant plus de nière des ressources alimentaires), la saison
10 ans par un même animal (Richard 1984). des mise bas et la saison de reproduction
coïncident généralement. Les femelles qui
allaitent reviennent en chaleur assez tard
après la parturition, du moins dans les condi-
tions d'élevage traditionnel. De ce fait, la plu-
part des auteurs s'accordent pour considérer
que l'intervalle entre mise bas est supérieur à
2 ans : entre 24 et 26 mois selon Khanna et al
(1990), 30 à 40 mois selon Karimi et Kime-
nye, 30 mois selon Saley (1990) au Niger,
28,5 mois selon Saint-Martin et al (1990) au
Soudan. En revanche, en utilisant l'allaite-
ment artificiel pour séparer précocement lE
chamelon de sa mère, Moslah (1990) obtienl
des intervalles beaucoup plus faibles ,
gagnant ainsi près d'une année : 403,5 j ± 8,2.
Il résulte de ces considérations des taux dE
fécondité plutôt faibles, compris entre 30 ei
50 % (Richard 1984). Dans son enquête por
tant sur 834 troupeaux au Soudan, Saint
Martin et al (1990) ont observé un taux ne Celle-ci est décrite sous le nom de « Malla »
dépassant que rarement 40 %. par les éleveurs d'Afrique de l'Est, et se
La chamelle est une espèce à ovulation pro- caractérise par une forme externe (abcès fré-
voquée, ce qui peut perturber lors d'accouple- quents au niveau des ganglions cervicaux ou
ment les cycles ovariens de durées très ischiatiques) ou interne (Richard 1984). Les
inégales. Par ailleurs, les ovulations mul- agents responsables sont non spécifiques :
tiples sont rares, ce qui explique la rareté des Corynebacterium pyogènes et C. pseudotuber-
cas de gémellité dans cette espèce (moins de culosis (Domenech et al 1977).
0,5 %). La pathologie du dromadaire est cependant
dominée, dans les zones tropicales, par les
Ces faibles performances de reproduction parasitoses : la trypanosomose due à Trypa-
sont cependant compensées par une longévité nosoma euansi transmis par les taons et les
remarquable, comparée à celle des ruminants stomoxes ; les strongyloses gastro-intesti-
domestiques. La carrière de reproduction nales bien étudiées par Graber et al (1967) ; La gestation dure
peut perdurer jusqu'à 20 ans (Faye et al la gale qui affecte surtout les jeunes, mais est environ 13 mois et
1993). La durée de vie du dromadaire est de mieux maîtrisée aujourd'hui du fait de molé-
l'ordre de 30 ans, mais peut dépasser 40 ans. l'allaitement de 8
cules actives et efficaces contre le sarcopte à 18 mois, ce qui
Une bonne reproductrice est donc capable de (Hashim et Wasfi 1986).
produire dans sa vie 7 à 10 jeunes (Richard entraîne un
1984). . Le dromadaire est aussi sensible à un
ensemble de pathologies d'étiologie multifac- intervalle entre
Ces aspects ont été peu étudiés dans le torielle telle que le « complexe des affections deux mise bas d'au
contexte des pays tempérés. L'activité sexuel- respiratoires du dromadaire» ou les « diar- moins 2 ans.
le saisonnière est vraisemblablement pertur- rhées du chamelon ». Ce dernier est d'ailleurs
bée dans les conditions climatiques et alimen- très sensible aux maladies et sa viabilité est
taires du Nord. Quelques éleveurs déclarent plutôt mauvaise, puisque des taux de morta-
obtenir des intervalles entre mise bas de lité chez les jeunes de l'ordre de 30 à 40 %
l'ordre de 14 mois. sont fréquemment cités dans la littérature
Il convient de noter également, qu'en pério- (Richard 1984).
de de rut, le mâle peut devenir agressif et Le dromadaire peut être aussi affecté par
dangereux pour son entourage. Il n'est donc les maladies nutritionnelles par carence ou
pas conseillé de le conserver pour des activi- toxicité, mais de ce point de vue, les données
tés de loisir au cours de ces périodes. La cas- sont éparses et souvent anciennes (cf. revue
tration, qui peut s'effectuer assez tard (jus- de Faye et Bengoumi 1994). En Afrique du
qu'à 6 ans), a l'avantage de les rendre dociles Nord, on décrit la « Maladie du Kraft» qui
toute l'année et plus facilement utilisables semble associée à un déficit en phosphore.
pour le bât ou la selle. Des cas de carence en sélénium ont été
décrits au Maroc (Hamliri et al 1990).
1.3 / Les contraintes sanitaires Compte tenu de son milieu, le dromadaire
peut aussi être affecté par des carences en sel
La dispersion du cheptel camelin dans les provoquant boiteries et nécroses cutanées.
espaces désertiques n'a pas permis une Les éleveurs pratiquent la plupart du temps
connaissance aussi approfondie de la patholo- la cure salée pour parer à ces problèmes (Wil-
gie que pour les autres ruminants domes- son 1984). Enfin, bien que souvent mal dia-
tiques. Il existe cependant plusieurs ouvrages gnostiquées, il faut signaler l'importance de
qui font le point sur l'ensemble des troubles la mortalité due aux intoxications par les
sanitaires qui peuvent afffecter l'animal dans plantes. Si le dromadaire est très sélectif
son milieu naturel. L'ouvrage de Schwartz et dans ses choix alimentaires, il peut être faci-
Dioli (1992) est, à notre connaissance, le plus lement victime d'intoxications lors de dépla-
complet et le plus récent sur le sujet. Le British cements ou au moment des transhumances.
Veterinary Journal a également publié une
série de 8 articles sur la santé du dromadaire
(Higgins et Kolk 1984). Le dromadaire est sen- 1.4 / L'élevage du dromadaire:
sible à la plupart des grandes maladies infec- un élevage à risque
tieuses qui affectent les bovins des zones tropi- Malgré ses remarquables qualités d'adapta-
cales : charbon symptomatique, charbon tion aux conditions difficiles, le dromadaire
bactéridien, pasteurellose, salmonellose. La demeure , un animal de faible productivité, de
brucellose ne paraît pas, selon les enquêtes développement tardif, de reproduction lente,
sérologiques réalisées, d'incidence importante de viabilité faible chez le jeune, même si tout
(Domenech 1977). Concernant les grandes ceci est compensé en partie par une longévité
maladies virales, le dromadaire n'est pas remarquable pour un herbivore domestique.
réceptif à la peste bovine, ni à la fièvre aphteu- L'ensemble de ces considérations fait de l'éle-
se. En revanche il paie un lourd tribut à la vage de dromadaire un élevage à risque (Faye
variole cameline, maladie due à un Pox-virus 1992). Pour pallier ces inconvénients et pour
pour laquelle il existe aujourd'hui plusieurs répondre conjointement aux contraintes spéci-
vaccins (Saint-Martin 1994). fiques du milieu subdésertique, les éleveurs
Les maladies pyogènes sont très fréquentes ont développé des stratégies que l'on peut
chez le dromadaire. Elles se traduisent par résumer par 3 points essentiels :
des abcès ou des lésions suppuratives dont la Répartir les risques entre les espèces. Tous
forme la plus grave est une lymphadenite. les animaux ne sont pas sensibles aux mêmes
maladies ou, à un même degré, à la sécheresse constituer des réseaux de solidarité entre le
et la sous-nutrition. Aussi l'élevage spécifique pasteurs qui, lors de sécheresse ou d'épizoc
de dromadaire est plutôt rare. La plupart du tie, peuvent reconstituer leur cheptel en réci.;
temps les éleveurs associent camelins et pérant, çà et là, les animaux confiés à de
petits ruminants, voire bovins. De plus, la membres de leur clan ou de leur famille.
diversité des espèces qui n'ont pas le même Ces stratégies ne peuvent être mises e
comportement alimentaire permet de valori- œuvre dans le contexte des pays tempéré
ser au mieux les ressources fourragères dis- Les contraintes sanitaires et zootechniqm
ponibles entre graminées (bovins, ovins), for- ne sont pas les mêmes non plus. C'est afi
mations arbustives (caprins) et arborées d'évaluer, par une première approche, les pr
(camelins). blèmes spécifiques des élevages en Fraw
Répartir les risques dans l'espace . La trans- que nous avons réalisé un suivi des tro 1
humance ou le nomadisme sont avant tout peaux pendant une année.
des modes d'élevage centrés sur le déplace-
ment saisonnier ou non des animaux afin de
valoriser au mieux les ressources fourragères
et en eau disponibles. Les déplacements des 2 / Les élevages en France
troupeaux sont raisonnés en fonction de la
dispo,nibilité en pâturages et en points
d'abreuvement. 2.1 / Caractéristiques générale~
Répartir les risques dans le temps . Le prêt Une dizaine d'éleveurs sont actuellemE
d'animaux est une pratique courante en zone recensés en France, si on exclut les unités p
saharienne et sahélienne . Ces transferts sentes dans les parcs d'attraction. A u
d'animaux sur la base de contrats variés exception près, l'élevage des grands camélii
selon les régions et les ethnies, permettent de ne représente pas une activité de diversifi
• Lyon
•
Marseill
tion au sein d'une exploitation déjà existante. mal, ce qui paraît globalement insuffisant.
Ces élevages sont assez bien répartis sur le Pendant la journée, les animaux sortent
territoire national, mais une majorité se situe quelques heures si le temps le permet.
dans le Sud de la France (carte n• 1). L'effectif
total du cheptel représente moins d'une centai- La période estivale est aussi la période
ne de têtes et son expansion est faible pour d'activité maximale pour les animaux (ran-
deux raisons : il est très difficile d'importer de données, circuits de promenade, attractions
nouveaux animaux pour des raisons sani- diverses). Lorsqu'ils ne sont pas en déplace-
taires, et les perfor!Il.ances de reproduction et ment, les dromadaires sont en permanence
la viabilité des jeunes restent faibles. au pâturage (garrigue, sous-bois, pâturages
naturels). Quelques éleveurs mettent à leur
Ces élevages sont récents, puisque le plus disposition un pâturage articificiel (ray-grass,
ancien a été constitué en 1984 à partir d'un luzerne).
troupeau importé du Maroc. Ce troupeau ori-
ginel a d'ailleurs approvisionné beaucoup
d'autres troupeaux en constitution. Un 2.3 / Pratiques alimentaires
deuxième troupeau d'animaux en provenance
du Maroc s'est constitué en 1987, mais l'éle- La ration de base en période hivernale est
veur n'a pas centré son activité sur la repro- constituée de foin de prairie naturelle, de
duction. Un petit troupeau en provenance de luzerne ou de ray-grass. Quelquefois s'y ajou-
Tunisie importé par un éleveur d'origine tent les refus des rations distribuées aux
touareg, a également servi de noyau originel autres herbivores de l'exploitation. En période
pour d'autres troupeaux. estivale, les animaux sont mis au pâturage et
peuvent recevoir un peu de paille de blé.
Neuf troupeaux ont été suivis dans cette
étude, d'octobre 1991 à octobre 1992, ce qui Les pratiques d'alimentation se limitent à
représentait, à l'époque, la quasi-totalité des la distribution de la ration de base complé-
éleveurs recensés. L'effectif moyen par exploi- mentée parfois de pierres à lécher, chez la
tation est de 9 animaux (avec des extrêmes moitié des éleveurs.
de 4 à 18 animaux). L'effectif total est de Une complémentation protéo-énergétique
82 têtes avec la composition suivante: est assurée chez les autres éleveurs, généra-
Femelles en reproduction : 56 lement sous forme d'orge aplatie (400 à
Chamelles impubères > 1 an : 4 700 g/jour/animal) ou de concentré pour bovin
Chamelles < 1 an : 6 ou cheval (2 à 6 kg/jour/animal selon les éle-
Mâles reproducteurs : 10 (dont 2 chameaux veurs).
de bactrian) La plupart des éleveurs n'ayant pas de sur-
Mâles impubères > 1 an : 1 faces fourragères, toutes les opportunités
Mâles< 1 an: 5 sont donc saisies ; aussi, occasionnellement
Compte tenu du faible taux de renouvelle- les animaux reçoivent du maïs-grain, de L'alimentation
ment des troupeaux, l'âge moyen est assez l'avoine, des graines de lin ou du son de blé, pendant l'hiver est
élevé, bien que non précis du fait de l'absence voire des carottes. très variable selon
d'inventaire.
Les pratiques alimentaires relèvent donc les élevages et,
L'objectif de l'élevage des grands camélidés plutôt du « bricolage » , et elles sont donc for-
reste les activités de tourisme et de loisirs : surtout, peu
tement variables malgré le petit nombre de
attraction, promenade à dos de dromadaires troupeaux. Du point de vue bilan alimentaire, maîtrisée. En
sur les plages, dans les causses, films publici- si l'on en juge par l'état corporel des ani- période estivale,
taires ... Cependant, il existe une forte de- maux, on évolue de l'apport suffisant pour les animaux sont
mande d'animaux pour les parcs d'attraction, des besoins d'entretien vers une situation de
voire pour des particuliers, du fait de la diffi- au pâturage.
suralimentation importante.
culté d'importer de nouveaux individus.
Aussi certains éleveurs souhaitent dévelop-
per la reproduction afin de satisfaire cette
demande.
celles relevées dans la littérature pour les Cependant, les résultats de la présente étude
zones tropicales (Faye et Mulato 1991, Ben- confirment nos résultats antérieurs en milieu
goumi 1992, Al-Ani et al, 1992). En revanche, tropical (Faye et al 1986, Faye et Bengoumi
les écart-types observés en France sont beau- 1994). Les valeurs
coup plus importants, bien que les effectifs
entre les différentes études citées soient com- d'urémie sont très
b / Facteurs de variation des profils variables et
parables . On peut considérer que les condi-
tions d'alimentation protéique sont plus sanguins
élevées, traduisant
diversifiées dans les troupeaux constitués en Quatre profils peuvent être identifiés. Le des apports
France que ceux des zones semi-désertiques. profil 1 se caractérise par des valeurs basses
Pour des raisons similaires, l'urémie présente alimentaires
des indicateurs de la nutrition azotée et azotés plutôt
de très fortes variations (de 4,1 à 69 mg/ minérale et des valeurs relativement élevées
100 ml), ce qui est rarement observé en zones de GGT (tableau 3). Le profil 2 est caractérisé élevés.
tropicales (Mousa et al 1983, Kouider et al par des faibles valeurs de la cuprémie et de la
1988). De la même façon, la glycémie obser- céruloplasmine (Cp). Le profil 3, à l'inverse
vée dans les troupeaux français paraît par- du premier présente des valeurs élevées des
ticulièrement élevée (jusqu'à 160 mg/ indicateurs du niveau azoté et minéral.
100 ml), alors que les valeurs usuelles sont Enfin, le profil 4 est plutôt intermédiaire.
comprises entre 80 et 140 mg/100 ml (Chan-
drasena et al 1979). Le taux d'acides gras Trois facteurs sont significativement asso-
libres est comparable à celui observé à Dji- ciés à ces 4 profils : la saison, la complémen-
bouti (0,17 ± 0,12 µmole/1) par Faye et Mula- ta tion alimentaire et le statut sanitaire .
to (1991). Les valeurs des paramètres enzy- Ainsi, la mortalité des jeunes, la présence de
matiques sont également, en moyenne, troubles sanitaires et la saison hivernale sont
similaires à celles observées en zone tropicale associés au profil 1 (sous-nutrition azotée et
(Eldirdiri et al 1987, Faye et Mulato 1991, Al minérale, atteinte hépatique). L'association
Ani et al 1992). GGT élevée/troubles sanitaires se définit par
Calcium et magnésium varient dans les un risque relatif significatif (1,52). La présence
mêmes proportions que dans les zones arides de troubles sanitaires et de mortalité chez les
(Faye et Mulato 1991, Al Ani et al 1992). Les jeunes est également assez bien corrélée avec
valeurs de la cuprémie sont plutôt faible13 et le profil 2 (hypocuprémie) ; le risque relatif
quelques individus paraissent carencés. Les dans l'association céruloplasmine/mortalité
valeurs de la zincémie sont très basses et les des jeunes est d'ailleurs très élevé (5,4 7). Le
valeurs extrêmes (17-63 µg 100 ml) sont profil 3 (bon équilibre alimentaire) est associé
toutes comprises en dessous du seuil consi- au printemps, à l'absence de troubles sani-
déré comme déficitaire chez les ruminants . taires, à une alimentation complémentaire.
Cependant, une étude récente (Faye et al Enfin l'absence de complémentation minérale
1992b) a montré que le dromadaire régule sa ou sous forme de concentrés est plutôt asso-
zincémie à un niveau plus bas. D'ailleurs la ciée au profil 4 (intermédiaire).
complémentation en zinc, n'augmente pas la En zone tempérée, la période printanière
zincémie au delà de 35-40 µg/100 ml, résultat est associée à une meilleure valeur nutritive
en accord avec ceux d'Abdalla et al (1988) de l'herbe en particulier par son niveau azoté.
chez le dromadaire de course. A l'inverse, pendant la période hivernale, les
Peu d'informations sont disponibles concer- dromadaires reçoivent une ration plus pau-
nant la céruloplasmine chez le dromadaire. vre. Certains animaux présentent des valeurs ·
Tableau 3. Valeurs moyennes des paramètres sanguins dans les 4 classes issues de la classification des
profils métaboliques des dromadaires en France.
très élevées d'urémie (> 60 mg/100 ml) qui valeur élevée, de l'existence d'un processus
peuvent être considérées comme sub-toxi- inflammatoire. Chez le dromadaire, la corré-
que&. La plupart des animaux concernés lation cuivre plasmatique/céruloplasmine est
appartiennent à un éleveur qui distribuait nettement plus faible que chez les autres
des quantités de concentrés particulièrement ruminants (Faye et Mulato 1991). L'associa-
importantes (6 kg de concentrés pour tau- tion Cp/mortalité des jeunes peut s'expliquer
rillons permettant une GMQ de 1 500 g !). La par la présence d'un processus inflammatoire
capacité qu'ont les animaux de ce type à recy- en fin de gestation chez la mère. Cependant,
cler l'urée conduit dans le cas présent à un nous n'avons pas de données précises sur
véritable gâchis de l'azote et une hyperuré- l'origine de ces inflammations.
mie qui peut être néfaste pour les animaux.
La GGT plasmatique représente un facteur
discriminant de la situation sanitaire. Or, il
n'y a pas d'effet saisonnier sur cette enzyme
Conclusion
(Bengoumi 1992). L'augmentation de la GGT Les paramètres plasmatiques usuellement
plasmatique signe un trouble hépatique. mesurés chez les ruminants ne diffèrent pas
Nous n'avons pas eu de diagnostic précis sur chez le dromadaire selon qu'il est élevé dans
les troubles sanitaires observés . Cependant, son aire géographique d'origine ou en milieu
l'émaciation, l'acidose, la titubation et la diar- tempéré. Cependant, une plus grande diversi-
rhée qui sont les symptômes les plus fré- té des systèmes d'alimentation conduit à une
quemment enregistrés peuvent être rattachés plus grande variabilité des valeurs observées.
à des troubles métaboliques. L'activité cataly-
tique de la GGT est plutôt plus basse chez le Le dromadaire est adapté aux conditions
dromadaire que chez les autres ruminants écologiques désertiques, marquées, entre
(Braun et Rico 1986). Chez la vache, le seuil autres, par la faible valeur azotée de la
critique est évalué à 22 UI/1 (Barnouin et ration. Les pâturages naturels sont plus
Paccard 1988). Chez le dromadaire, on peut riches en Europe que dans le désert. Aussi, la
envisager un seuil critique inférieur, de distribution de grandes quantités de concen-
l'ordre de 15 UI/1. trés et de tourteaux conduit à un véritable
gâchis d'azote et d'énergie compte tenu des
La distribution d'un complément minéral processus physiologiques de recyclage qui
est associé au profil 1 (faibles valeurs des caractérisent cette espèce. Cela se traduit par
paramètres sanguins minéraux et azotés). Ce de l'hyperurémie et de l'hyperglycémie. Ces
résultat, apparemment contradictoire, est dû excès, en particulier en fin de gestation, peu-
en partie au fait que la complémentation vent faciliter des processus inflammatoires,
minérale est assurée principalement en hiver déjà observés chez la vache laitière (Barnouin
au moment où la ration proposée aux ani- et Chacornac 1992) et peuvent augmenter le
.maux est la moins riche. Or, une étude anté- risque de mortalité chez les jeunes.
rieure, réalisée en zone désertique (Faye et al
Du point de vue du développement, trois
1992b) a montré que la complémentation
enseignements peuvent être tirés de cette
minérale ne modifiait les taux sanguins que
étude:
si la ration était de bonne valeur alimentaire.
- il importe de décaler les mise bas vers
La céruloplasmine (Cp) est un indicateur une période climatique plus favorable pour le
de l'apport en cuivre de la ration et, en cas de chamelon;
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Abstract
Big camelids rearing GLDH (5.8 ± 10.8 Ul/1), GGT (10.1 ± 5.8 Ul/1), GOT
(48.1 ± 14.3 UI/1), calcium (10.2 ± 6.5 mg/100 ml),
The rearing of big camelids is a margin farming magnesium (2 .6 ± 0.3 mg/100 ml), copper
activity, developped by some farmers as diversifi- (65.4 µg/100 ml), zinc (34.6 ± 7.8 µg/100 ml) and
cation. These animals (dromedaries and camels) ceruloplasmin (41.4 ± 2.6 UO) are similar to the
are adapted to desertic areas, climatic stress, observed values in desertic areas, but with
draught and under-nutrition. From this point of higher standart-deviation due to the high varia-
view, they have .developped physiological meca- bility of the feeding systems.
nisms for this adaptation.
Their reproduction performances are low (fecon- The season, the feeding supplementation (parti-
dity rate, viability of the calves), but their pro- cularly minerai) and health status have a signifi-
duction performances (growth, meet and milk cant effect on the metabolic profiles of the she-
production) are not negligeable in spite of the camels. The winter season and the excess of
constraints from their original middle. nitrogen supplementation are risk factors for the
stillbirth and mortality of calves which overpass
One year study on 65 she-camels belonging to 40 % in our study.
9 farmers in France bas allowed to observe that
blood parameters as albumin (36.4 ± 4.7 g/1), total FAYE B., JOUANY J.P., CHACORNAC J .P., RATOVO-
globulin (32.7 ± 5.1 g/l) total protein (69.2 ± 6.1 g/l), NANAHARY M., 1995. L'élevage des grands camé-
urea (30.0 ± 14.8 mg/100 ml), glucose (111 ± lidés. Analyse des initiatives réalisées en France.
12.2 mg/100 ml), free fat acid (0.15 ± 0.15 mmole/1), INRA Prod. Anim., 8 (1), 3-17.
Abstract. Carnel herders attribute many properties for camel milk, including
medicinal or health effects. In fact, Carnel milk is also used in the treatment of
'
1
diabetes, liver diseases, general fatigue in old people and as a feed supplement to
milking mothers. Carnel milk yield varies from 650 to 12000 liters per lactation with
a mean of 2500 liters. In dry areas, milk yield tluctuates considerably from time of
abundance to time of acute scarcity according to the availability of grazing and feed
supply. Thus, transformation of the surplus of milk to cheese will allow for fighting
under nutrition and could constitute an income for herders.
The camel's milk is also known for its antimicrobial activity which is confirmed by
its late acidification and good stability. This activity is more important in whey than
in casein and is related to the high level of lactoferrin, lactoperoxidase and
lysozymes which varies from 280 to 648 mg/1 vs. 13 mg/1 in cow' s milk. The
spontaneous acidification and clotting of raw milk at 35 °C is longer in camel's
milk with a latent phase ranging from 4 to 8 hours vs. 2 to 3 hours for cow's milk.
Enzymatic coagulation of camel' s milk is also difficult and known by herders who
increase the rennet adjunction by 50 to 100 times than that used in the other
ruminant milk. The lower coagulation of camel's milk could be explained by its
poomess in casein , the bigger size of micelles, the lower dry matter content, the
' smaller size fat's globules and the low content of colloïdal calcium which is 35%
vs. 65% in cow's milk.
The extreme fragility of camel's milk curd is responsible for the lost of a major part
of dry matter in the whey. From the total dry matter of milk, camel's milk curds
contain only 30% vs. 50% in cow's milk and 68% in sheep milk.
The camel's cheese taste is slightly bitter with no specific tlavor, its texture 1s
medium.
Many types of came! cheese are made in some countries in intensive production
systems. Cheese making is also possible from camel's milk by nomadic herders.
Further studies are necessary to improve came! milk production and transformations
with new methods and adapted to nomadic herders and their lifestyle.
47 U!!TJ :ëI::::;LiûT}:ÈQUE
Büi ·-rgu et
Introduction
Among domestic ruminants, the dromedary came! is a species which survives and produces in high air
temperature despite the lack of drinking water and feed supply as result of physiological and
behavioural adaptation. In fact the came! and its productions provide for the survival of herders in dry
areas. Besides its contribution in traction, transports (caravanning), and agricultural work for more
than 5000 years, came! produces meat, milk, haïr and leather.
More than 60% of the world's agricultural land is not arable and is reserved to grazing and animal
production. The majority of these lands is arid or semi arid. In order to provide for the alimentary lack
in the world, the improvement of animal production in these areas is the way to stabilize nomadic
herders and constitutes a key element in socio-economic development ofthese countries [8].
Carnel herders, look at the came! as a gift of the sky, as anointing animal which is necessary to their
survival, trade and travel. Its milk is the base of theïr nutrition, its meat is much appreciated and its
haïr, renewed every year by moulting is used for tents and cloth fabrication. The camel milk is
important and in some times the only nutrient for nomadic people. However, the seasonality of milk
production induces a lack of milk during the dry season and an excess during the rainy season. Thus,
milk transformation to cheese is a precious nutritional source to fight under-nutrition during the dry
season. Producing came! cheese is not an easy task because of the difficulty of coagulating milk. The
purpose of this review is to present the milk production, composition and transformation in
subsaharian countries.
The statistics on came! numbers are difficult to ascertain because of the lack of reliable informations in
dry areas concerning nomadic herders. The camel population is estimated to more than 20 millions in
the world. This number is in continuous development in many countries in Africa which counts for
more than 80% of came! populations. In fact, the came! number in the world increases annually by a
mean of 0.4%. This increase could be related to the progression of dryness in Africa where some
nomadic people (Peulhs in West Africa or Borana in East Africa) mate over cattle and replace them by
camels.
Carnel density varies from 1 came! per 50 km2 in (Burkina-Faso, Iran, Turkey) to 1 animal per km2 in
(Kenya, Djibouti, Ethiopia, Sudan, Tunisia, Pakistan, United Arab Emïrates); the maximum being
observed in Somalia with more than 10 camels per km2 • However, density per country does not reflect
the real distribution because came! are concentrated in dry areas in each country. As an example in
India, more than 80% of camel population is located in Rajasthan. Reported to human population, one
can count 1 camel for 20 people in the countries of Africa and 1 for 350 people in 17 countries of
Asia. In Somalia, this figure arises to 2 camels per person [8].
ln many countries, camel has important socio-cultural roles. For example, In Somalia camel
exportation is the first source of currencies for the country. Milk for human consumption is provided
by camel and more than 80% of breeders sell camel milk. In Mauritania and south of Morocco, camel
milk commercialisation is important for cities supplying in milk. Moreover, camel milk is more
appreciated than cow milk. For example, in Morocco, the price of camel milk is 3 times higher than
the one of cow milk [7].
The estimation of milk yield potential of dairy camels is very difficult because of the variety of
techniques used in measurements including or not the quantity suckled but the young camel. In fact
the presence of calf with its dam during the day increases milk yields. Milk yields can decrease by
65% if calf is loosen. The major factors that affect came! milk yields include the forage (quality and
48
quantity), watering frequency, climate, breed, age and parity, milking frequency, calf survival and the
presence of calf, milking method, speed of milking, health status, reproductive status and individual
potential [3].
As for cow, camel has an udder with 4 quarters not clearly separated. Teats are notas long and have 2,
3 or 4 orifices. This peculiarity does not permit a local treatment of mastitis. The milk storage in the
mammary gland is not internai but alveolar that explain the difficulty of rnilk ejection with out the
calf. The posterior quarters are bigger than the anterior. Female carnets are generally milked twice a
day, in the morning and in the evening. In sorne intensive systems, they are rnilked up to 3 or 4 tirnes.
The increase in milking frequency frorn 2 to 4 tirnes induces an increase in milk yield by 12% [25]. In
sorne countries, ocytocin is used to increase milk yield. The great variability in shape and size of udder
and teats does not allow a large scale use of milking machines for camels. However, in sorne countries
milking machines are adapted to well-forrned udders and teats.
Carnel milk yield varies also according the breeds or types; Asian breeds produce more than African
ones. Milk yield varies from 650 to 12000 litres per lactation (10-12 months) [28] with a rnean of2500
litres. The daily production varies frorn 6 to more than 26 litres and the mean varies frorn 6 to 14 litres
[9]. Knoess et al. [13] showed that camel can produce a milk volume ranging from 17 to 26 litres
daily; these volumes remain often unchanged or only slightly lowered after one year.
The milk curve of female camels is comparable to the one observed in cows ; the peak of lactation is
recorded 2 to 3 months after calving. The persistence coefficient which relate to produced quantity in
the next month (m+l) compared to the one of the last month (m) is higher than 80% in many studies.
Under the same climatic conditions, camels produce generally more than cows [13]. The lactation
duration vary from 6 to 18 months according to the breeding systems, the availability of grazing and
the time of the last calving [8].
Carnel herders attribute many properties for carnel milk, including medicinal or health effects. In the
south of Morocco and other countries camel milk is used to treat diabetes. In fact, carnet milk contains
40 insulin units/1 and the low coagulation of camel rnilk in the stomach decreases insulin destroying.
This hypoglycaemic effect was confirrned in rabbit receiving carnel milk. Carnel milk is also used in
the treatment of liver diseases, general fatigue in old people and as a feed supplement to rnilking
rnothers [28].
Results conceming camel rnilk analysis are sparse and vary according to the breed, the stage of
lactation, watering frequency, feed supply and the technique of measurement. The titratable acidity is
slightly higher than the one observed in cow milk and the pH varies frorn 6.55 to 6.65 [5]. The density
that is correlated to the dry matter contents varies from 1.0240 to 1.0337. The cryoscopic point is
around -0.576°C [24].
The chemical composition of camel' s milk is comparable to the one in others domestic species [2].
Camel's milk composition ranges from 85 to 88% of water, 8 tol5% of dry matter, 3.4 to 5.6% of
lactose, 2.5 to 6.2% of fats, 3.5 to 4.5% of crude proteins and 0.7 to 0.95% of minerais. The water
deprivation induces an increase of water contents and does not affect the daily production. However,
the peculiarity of camel's milk is its richness in vitamin C which gives the milk its sweet taste often
masked if animais eat salty or bitter vegetation [28]. The fat composition of camel' s milk differs from
that in cows. It is richer in unsaturated fatty acids [6]. Crude protein levels are lower than the one
observed in cow's milk 4.07 ± 0.28 mg/ml vs. 5.16 ± 0.08 mg/ml [18]. Non protein nitrogen contents
of camel's milk is higher than the one in cow's milk which can be related to the higher concentration
of arnino-acids in camel's milk (46.5 M/100ml vs. 28.8 M/100ml). The casein contents expressed in
% of crude proteins in camel's milk (64 - 77%) is lower than that of cow's milk (77 - 82%). The
49
casein that is responsible for milk coagulation by rennet enzymes is very low in camel's milk and
represent 5% of total casein vs. 13% in cow's milk and its rate of sialic acid is higher (0.735% vs.
0.302%). In contrast, casein s1 and s2 are more concentrated in camel's milk than in cow's milk
(63% vs. 46%). The mean camel's milk casein micelle size (280 - 321 nm) is double of that in cow's
milk (140 - 180 nm) [6, 12].
The camel's milk is also known for its antimicrobial activity which is confirmed by its late
acidification and good stability. This activity is more important in whey than in casein [10] and is
related to the high level of lactoferrin, lactoperoxidase and lysozyme which varies from 280 to 648
mg/1 vs. 13 mg/1 in cow's milk. The antimicrobial activity inhibits pathogenic bacteria multiplication.
The antimicrobial activity increases carnet milk conservation and safety, but reduces its acidification
which hampers cheese fabrication [4].
Pasteurisation and sterilisation of camel's milk is used in Mauritania and Saudi Arabia despite its low
heat stability. However, phosphatase and peroxidase are not destroyed by pasteurisation and the
measure of the activity of these enzymes is not valid for camel's milk pasteurisation control [16].
Other enzymes as leucine arylamidase has been tested in Mauritania [15] and gamma glutamyl
transferase in Morocco [16]. Recombined powder and condensed camel's milk were also made in
some trials.
Separation of cream requires 5-6 days under refrigeration and must be repeated to obtain good yields
compared with several hours for cow's milk [1].
In Subsaharian countries, milk yield fluctuates considerably from time of abundance to time of acute
scarcity. The rain season stretches from June to August and corresponds to an important availability of
grazing and feed supply. During this period, camels are in good stoutness and the milk production is
abundant. However, during the dry season which is much longer, the milk production is scarce. Thus,
transformation of the surplus of milk to cheese will allow for fighting under nutrition and could
constitute an income for herders. Although cow cheese processed according to the pastoral traditions
in the desert is common, camel's milk transformation to cheese is sparse except in some tribes in the
Sahel and Middle East regions. Cheese making includes many procedures in order to reduce the water
activity and pH for which the balance is specific for each cheese type. Cheese fabrication includes
three successive operations: coagulation, draining and maturation [23].
6.1 Coagulation
Lactic acidification and enzymatic or rennet activity are the two methods used for milk coagulation.
The combination of these two actions is usually used and the part of each of them is characteristic of
the type of cheese produced. The acidification is conducted by transformation of lactose to lactic acid
by lactic bacteria normally present in the milk. Fermentation ability of camel's milk is lower than that
observed in the other domestic ruminants. The spontaneous acidification and clotting of raw milk at
35°C is longer in camel's milk with a latent phase ranging from 4 to 8 hours vs. 2 to 3 hours for cow's
milk. This peculiarity is related to antimicrobial activity of carnet milk and its richness in lysozyme,
lactoperoxidase, vitamin C and its high power buffer properties compared to cow's milk [23]. The
fermentation of camel's milk does not provide a veritable coagulum but a fleecy gel characterized by
the presence of three lay ers; a very soft and particle like curd on the surface, a soft layer in the middle
and a stronger one, like a curd in the bottom [11]. Enzymatic coagulation of camel's milk is also
difficult and known by herders who increase the rennet adjunction by 50 to 100 times than that used in
sheep, goats or cows milk. Under the same conditions, the clotting time is 2 to 4 times longer in
camel's rnilk than cow's milk [23]. The inhibitory enzyme activity depends on the enzyme; the best
50
activity was obtained with bovine pepsin. Calf rennet and Mucor miehei clotting protease have lower
activities and chymosine and clotting protease of Endothia parastica have very lower activity [20].
However, the bovine pepsin which has the highest proteolysis activity catalyses also the hydrolysis of
casein and releases some bitter peptides. This effect is accentuated when the pH of cheese is lower
than 6. Thus, the use of bovine rennet and Mucor miehei clotting protease is more recommended [22].
The lower coagulation of camel's milk could be explained by its poomess in casein , the bigger size
of micelles, the lower dry matter content, the smaller size fat's globules and the low content of
colloïdal calcium which is 35% vs. 65% in cows milk. The colloïdal calcium level decreases
significantly in dehydrated camels [27]. The low coagulation ability of camel's milk could be
corrected by blending with other ruminant milks, or adding calcium or ferments.
6.2 Draining
The extreme fragility of camel's milk curd is responsible for the lost of a major part of dry matter in
the whey. From the total dry matter of milk, camel's milk curds contain only 30% vs. 50% in cow's
milk and 68% in sheep milk (Figure 1) [21]. The whey of camel's milk is rich in dry matter and fat
which is 4 times than that in cow's whey for the same cheese. The colour of camel's lacto-serum milk
is white whereas it is greenish for cow. This peculiarity could be related to its richness in fat and
micelles and its poorness in riboflavin. Draining of camel's milk curds is fast and may be explained by
its high water content and its low retention of water. The slow curd acidification during draining is
related to the low fermentation of camel's milk [23].
6.3 M aturing
Few trials and observations on camel's milk cheeses processing and maturing are reported. Data
concerning the physical and chemical characterization of camel's cheese are not available. The taste is
slightly bitter with no specific flavour, its texture is medium but two defaults could be mentioned:
first, its low oiliness caused by its low fat content and the low hydration of proteins, and second its
sticky characteristic during mastication [23].
Nomadic herders in the Sub-Saharan African countries prepare cheese from cow's milk during the
rainy season. This cheese made by women for whom its constitutes a source of currency and a food
supply during the dry season is called tchoukou in Haoussa language or tikomart in Tamachek
language [14]. It is a dry cheese made by rennet coagulation just after milking and drained rapidly
because of its low thickness with no specific maturing technique. It is consumed in tea or in the millet
gruel after grinding.
Camel's milk is usually drunk fresh or after a little fermentation. Camel's milk cheese processing was
initiated by a FAO research project on improved processing methods which have leaded to the
availability of stabilised ferments (starters) minerais and vegetable protease having homogeneous
quality such as the camifloc®. The process is combining different activities: early and progressive
acidification, correction of unbalanced minerai contents of camel's milk, coagulation with an adapted
enzyme, and fermentation through use of lactic starters inoculum acting as acidifying agent with
aromatic characteristics. These starters have been experienced in pastoral areas in Niger and have
demonstrated a good ability to serve local practices in order to produce camel's tchoukou cheese. This
traditional fabrication including the following operations needs calabash, glass, sifter, straw or
Panicum sp. mat as materials.
One dose of the ferment (camifloc®) is dissolved in 30 ml of water in a tea glass and added to 2 litres
of sifted milk which is stirred during 3 minutes, then the calabash is covered by a clean mat during 36
hours.
51
Picture 1. The curd is filtered manually and the whey 1s
recuperated in an other calabash.
Picture 3. The curd is pressed between two mats in order to have a rectangular form.
Tchoukou composition includes 93.5% of dry matter, 55.1 % of crud proteins, 30.5% of fat, 6% of ash,
1.67% of lactose, 0.14% of galactose, 0.06% of glucose, 0.02% of fructose and 0.01% of saccharose
[19].
52
Picture 4. The Camel's tchoukou.
Camel's tchoukou is appreciated by nomadic people and preferred to cow's tchoukou. However, many
problems are observed including:
• Standardisation of the technique and products: the fonn, colour and weight of cheese are
extremely heterogeneous and its yield and component recovery is very low compared to cow's
milk.
• Respect of ferment dose
• Cheese making during moving periods is disturbed
• Hygienic quality of tchoukou do not allows its export
• Its price doubles the cow's tchoukou but its production is expensive considering the price of
camifloc®. Carnel herders are tending to reduce the cost by blending camel's milk with cow's
or goat's milk.
Conclusion
Camel's milk is distinguishable from other ruminant's milk by many physical, chemical, dietetic and
therapeutic properties. It is rich in vitamin C, inhibitory factors, chloride but it is poor in dry matter,
calcium and phosphorus. An important advance was made in the knowledge of physical and chemical
characterisation of camel's milk, However, studies concerning the technology and processing of
camel's milk transformation are sparse. Camel's milk ability to transformation is different from that in
other domestic ruminants. Many types of came! cheese are made in some countries in intensive
production systems. Cheese making is also possible from camel's milk by nomadic herders.
Further studies are necessary to improve came! milk transformations with new methods and adapted to
nomadic herders and their lifestyle. Others studies concerning its therapeutic and dietetic properties
will clarify this enigma. Such research will improve the came! milk production and well being of
came! herders. The standardization of recording method and the study of the genetic potential will
allow the identification of dairy breeds before any subsequent selection. The use of some new
biotechnological methods (embryo transfer, in-vitro fecundation ... ) could help in improving came!
milk production as fast as possible.
53
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55
Simulation des effectifs sur 10 ans
Les hypothèses de départ s'appuient sur un effectif de 25 femelles en âge de reproduire et 2 mâles. Il
s'agit donc d'une simulation pour une cohorte de femelles avec un taux de réforme de 2 femelles par
an et un taux de mortalité adulte nul. Le sex-ratio à la naissance est de 0.50 (noter que la durée de
gestation est de 13 mois chez les grands camélidés. Sont testés 3 scenarii :
1. Scénario pessimiste (S l ) :
Taux de fécondité faible : 0,35
Taux de mortalité des jeunes élevé : 0,20
70
60
- 50
t5 40
& 30
-
=
S1
S2
w
- S3
20
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
années
Au total, les effectifs de la cohorte en femelles adultes en hypothèse moyenne (S2) passent de 25 à 42
têtes en 10 ans et permettent un taux d'exploitation annuel dans l' hypothèse d'une stabilité des
effectifs de l'ordre de 14% (soit 3,7 animaux par an en moyenne). Ce taux varie de 8 (Sl) à 21 % (S3).
59
Evolution du nombre de femelles impubères selon 3 scenarii
45
40
j
_! 35
30
9
:$ 25
(.)
lw 20 2
3
15
10
5
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
années
L'effet des paramètres de reproduction et de survie est encore plus important sur les effectifs de
femelles impubères. Celui-ci passe de O à 10 en hypothèse basse, 0 à 23 en hypothèse moyenne et de 0
à 41 en hypothèse haute. A noter que dans le même temps, on fait l'hypothèse d'un nombre égal de
mâles.
En s'appuyant sur cette simulation, le nombre d'animaux exploitables à la vente en moyenne sur 10
ans est donc de 3 animaux jeune + 2 animaux de réforme soit 5 par an en hypothèse basse, 7 + 2 en
hypothèse moyenne, 10 +2 en hypothèse haute avec un effectif stable.
60